(Treize heures trente-sept minutes)
M. Lisée
: Alors,
bonjour à tous! Aujourd'hui, je pourrais vous faire la liste du bilan du gouvernement
libéral. Ce serait long, ce serait déprimant, et on est à la veille de Noël, alors
je vais essayer de nous épargner ça. Je vais aller à l'essentiel.
Au-delà de la désastreuse gestion de la
crise des délais dans la justice, au-delà de la mauvaise gestion de
l'agriculture par un ministre, Pierre Paradis, qui ne devrait plus être ministre,
au-delà de la mauvaise gestion de la crise au ministère des Transports, où la
seule personne qui voulait faire le ménage, Robert Poëti, est constamment mise de
côté au moment de changer, comme ils le font régulièrement, le ministre des
Transports, au-delà du constat d'échec que Gaétan Barrette a fait lui-même aujourd'hui
sur sa propre réforme de la santé, puisqu'il doit adopter une nouvelle loi qui
n'était pas prévue dans sa réforme d'origine, au-delà de tout ça, les libéraux
ont franchi cette année le point de non-retour. Ils ont définitivement brisé le
lien de confiance avec la population. Et je peux vous dire exactement le moment
ou les moments où ils ont franchi ce point de non-retour.
En septembre 2015, dans un communiqué, la Protectrice
du citoyen sonne déjà l'alarme sur les conséquences des compressions. Elle dit :
Au fil des interventions que j'effectue... la protectrice a constaté que
certains choix budgétaires se font au détriment des citoyens. Le 26 février
2016, Jacques Frémont, président de la Commission des droits, écrit au ministre
de l'Éducation pour dénoncer les effets des compressions dans les commissions
scolaires et en particulier la situation des élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation. Le mois suivant, en mars 2016, le premier ministre apprend du
ministère des Finances qu'il a déjà atteint le déficit zéro et qu'il pourrait
arrêter de couper. La protectrice lui dit que ça fait déjà trop mal. Le
président de la commission des droits lui dit que les élèves handicapés sont à
risque. Le premier ministre sait qu'il a atteint son objectif de déficit zéro.
Il dit : Continuez à couper.
Après 11 mois, le ministère des Finances
lui dit : Savez-vous, vous avez un surplus de 2 milliards. Le premier
ministre pourrait arrêter de couper. Les témoignages s'empilent, de misère
humaine aggravée par les compressions. Le premier ministre dit : Continuez
à couper.
Le 29 septembre 2016 dans son pire rapport
en carrière, la Protectrice du citoyen affirme que l'austérité fait mal et elle
donne des exemples clairs : cette dame handicapée, qui est victime du
rationnement des soins à domicile, qui choisit de dormir dans sa chaise
roulante plutôt que de choisir un autre service à lui rendre. En octobre, le
mois suivant, le premier ministre apprend qu'il est monté à 2,2 milliards
de coupures supplémentaires à son objectif du déficit zéro.
Et le premier ministre, face à ça, face à
sa responsabilité envers les citoyens du Québec, n'a jamais exprimé la moindre
inquiétude, le moindre remord. Il n'a jamais, lorsqu'interrogé sur ce point
précis, exprimé le moindre retour, recul sur les choses. Il n'a jamais dit :
J'aurais dû faire les choses autrement. Avoir su, je m'y serais pris autrement.
Non, il assume complètement. En connaissance de cause et contre les avis pressants
de la protectrice et du président de la commission, le premier ministre a
littéralement poussé des aînés québécois en situation de maltraitance, en
situation de maltraitance. Et, si on devait écrire la pierre tombale de ce
régime libéral, on écrirait : Ci-gît le gouvernement qui a provoqué
sciemment la maltraitance de beaucoup d'aînés du Québec.
Le premier ministre veut tourner la page,
commencer à neuf. Bien, s'il veut tourner la page, il devrait reprendre son discours
d'ouverture, le premier, où il s'était engagé à ce que les compressions n'aient
aucun impact sur les citoyens, et dire : Je m'excuse, je vous ai trompés.
Ça a eu de l'impact sur les citoyens. Il devrait dire ensuite, lors d'un bilan
de fin de session : Lorsque j'ai dit, et installé ici, que, oui, ça avait
des impacts, mais c'était la faute des autres, je m'excuse, ce n'était pas la
faute des autres. Et, lorsqu'il a dit finalement : Oui, c'est vrai qu'il y
a des impacts, mais il le faut pour avoir le déficit zéro, il devrait dire :
Je m'excuse, j'en ai fait davantage que le déficit zéro.
Pour moi, ce qu'il a fait, déjà, est
inexcusable, mais, s'il veut commencer à penser rétablir un lien de confiance
avec les Québécois, il doit les regarder dans les yeux et leur dire : Ce
que j'ai fait, c'est mal. Je n'ai pas été le bon serviteur des citoyens québécois
les plus démunis.
Lors des élections partielles, les Québécois
ont dit aux libéraux que ce qu'ils avaient fait était inexcusable. La réponse
du premier ministre : Je vous ai sauvés. Je vous ai sauvés. Les Québécois,
dans quatre circonscriptions, ont sanctionné la politique générale du
gouvernement. Sa réponse : faire un bâillon pour adopter une loi
propétrole réprouvée par la totalité des municipalités du Québec, y compris
dans les comtés libéraux, y compris dans les comtés où ils ont perdu des voix.
De notre côté, on prépare l'avenir. On
sait qu'on est au début du crépuscule de ce régime libéral, au début du
crépuscule. On compte les mois. 22. Il en reste 22. Et 22 mois, c'est
trop, évidemment, pour les libéraux, c'est trop pour le dommage qu'ils peuvent
encore causer, mais on va l'utiliser à plein pour préparer une alternative de
gouvernement. Et nous sommes en phase avec ce que veulent les Québécois parce
qu'on est à l'écoute des Québécois et on a le leadership de transformer en
proposition leurs attentes et leurs espoirs.
En environnement, le Parti québécois est
plus clair qu'il ne l'a été ces dernières décennies. Nous tournons le dos au
pétrole. Nous voulons une politique résolument verte de transition énergétique,
de sortie du pétrole.
La priorité pour nous, ce n'est pas de
baisser les impôts pour tous. La priorité pour nous, c'est de réinvestir dans
des services de qualité, des services publics efficaces mais à la hauteur des
besoins de nos enfants, et de nos patients, et de nos aînés. Et, oui, on veut
alléger le fardeau de ceux qui en ont besoin, les familles, pour des garderies
moins chères, comme dans notre temps. Comme dans notre temps que les gens ne
pensaient pas ne pas avoir le troisième enfant parce que ça coûtait trop cher,
les garderies. Dans notre temps et dans notre futur temps, cette question-là ne
sera pas posée. On peut avoir notre troisième enfant parce que les garderies
sont abordables. On veut faire en sorte qu'il y ait de la vraie gratuité
scolaire à l'école. On veut faire en sorte, et on l'a proposé cette semaine,
que les plus démunis, parmi les familles, qui voient arriver une hausse de
400 $ de leur facture d'alimentation l'an prochain, on puisse leur venir
en aide à elles, pas à ceux qui gagnent 200 000 $ par année, à elles.
C'est ça, notre politique.
Les Québécois nous ont dit puis ils disent
toujours ça : Rassemblez-vous. Rassemblez-vous. Arrêtez de vous chicaner.
Puis je l'ai dit à tous mes collègues, là, avec moi, les vieilles chicanes au
PQ, c'est fini! Seulement des nouvelles chicanes. Il faut innover. Et les
Québécois veulent que leurs politiciens, et leurs hommes, et leurs femmes
politiques se rassemblent. On l'a fait dans la course au leadership. D'abord,
j'ai rassemblé autour de moi. J'ai commencé à 8 % et j'ai fini avec une
victoire. C'est déjà un bon élan de rassemblement, puis je me suis dit :
On va continuer sur cet élan. Et donc les candidats avec lesquels on avait
débattu sur des sujets importants ont dit : La première chose à faire,
c'est qu'il faut se rassembler, et on l'a fait. Ensuite, on a dit : La
question la plus compliquée, c'est la question de l'identité. Est-ce qu'on peut
prendre quelques semaines pour se rassembler et être unanimes sur l'identité?
Nous l'avons fait dans l'aile parlementaire.
On a dit : Bien, il faut rassembler
les forces de progrès. Québec solidaire est certainement une force de progrès.
Est-ce qu'on pourrait les convaincre d'ouvrir un dialogue avec nous? Nous avons
réussi. Pour la première fois en 10 ans d'existence, QS accepte de dialoguer
avec nous. Et ensuite on s'est dit : Ça serait une bonne idée de rassembler
dans la boîte de scrutin dans les quatre partielles. Le score, c'est que deux
partis ont eu une stabilité dans leur proportion de vote, la CAQ et QS, un
parti a chuté de neuf points, les libéraux, et un seul parti a augmenté, le
Parti québécois, de six points. Alors, on a rassemblé aussi dans l'urne, là où
ça compte.
Et donc on termine cette session en se
disant : On est en phase, on est clairs, on a un cap. On a pris des
décisions, on est unis, et notre discours commence à porter et il va continuer
à porter, en 2017 et en 2018, et à nous porter au gouvernement, un gouvernement
à la hauteur des ambitions, des espoirs des Québécois, et donc un gouvernement
qui serait le contraire de celui-ci. Je vous remercie. Pascal va dire quelques
mots.
M.
Bérubé
:
Merci, cher collègue, pour le soutien tout au long de cette session
parlementaire. Peut-être indiquer que les parlementaires de l'opposition
officielle font leur travail avec beaucoup de coeur. Ils sont là pour inspirer.
Et aujourd'hui on réalise qu'on se fait imposer. Et c'est le cas d'un bâillon.
C'est comme ça que se termine la session parlementaire. Et, à l'image de cette
session parlementaire, d'abord, maigre bilan. Peu de projets de loi adoptés,
peu de projets de loi déposés, des projets de loi qui ont été annoncés, qui
n'ont jamais été déposés. On ne siège pas beaucoup au salon bleu. Ça ressemble
à une fin de régime. Le problème, c'est qu'on ne peut pas les sanctionner
maintenant, il reste encore deux ans.
Alors, pour les deux prochaines années, on
va continuer d'inspirer avec des propositions originales, avec des projets de
loi des députés, je pense, entre autres, à ce projet de la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve qui a été repris dans un projet de loi du ministre de
la Santé, faire des propositions originales mais aussi jouer le rôle
d'opposition officielle. Et on va le jouer aujourd'hui comme on l'a fait tout
au long de la session. Et, lorsqu'on se fait entendre à l'Assemblée nationale,
que ce soit en commission parlementaire ou au salon bleu, à la période des
questions, ce n'est pas seulement l'opposition qui parle, c'est la population
qui se tourne vers nous pour poser des questions essentielles, les questions
qu'elle aimerait poser au gouvernement libéral. Et, si ce gouvernement est
toujours en place, c'est sur la base de ses résultats de 2014, non pas sur
l'appui populaire qu'on retrouve maintenant sur le territoire du Québec.
Et, en ce sens, je suis fier de l'aile
parlementaire où tous les députés ont été mis à contribution avec leurs
talents, avec leur passion, dans leurs champs d'expertise, en collaboration
constante, avec une grande fraternité, et cette union de ce groupe
parlementaire qui fait front commun, on la doit beaucoup à toi, Jean-François,
à ce leadership, et nous sommes tous derrière toi. Nous sommes 30 présentement,
mais il y a encore de l'espace, et on souhaite que bientôt, le plus tôt
possible, on soit encore plus nombreux, pour qu'on soit une force de
changement. Et, à travers notre action, vous avez vu la rigueur, vous avez vu
un ton également, un ton positif. Et je pense que les Québécois ont apprécié le
ton de notre chef, des questions sérieuses qui importent les Québécois.
Alors, je termine en disant qu'on pourrait
faire ce bilan demain matin très tôt, on le fait maintenant. Le résultat est
prévisible. Le gouvernement libéral exerce sa majorité pour imposer, pour
contraindre, pour imposer un biais idéologique à ses projets de loi, et ça
donne quoi? Ça donne un bâillon ce soir où les valeureux députés de
l'opposition vont faire leur travail jusqu'au bout parce que c'est important et
parce que les gens qu'on représente sont importants.
M. Lisée
: Merci,
Pascal.
La Modératrice
: Alors,
on va maintenant passer à la période de questions. Je vous demanderais de poser
une question est une sous-question. Micro de gauche, Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Messieurs dames, M. Lisée. Est-ce que la population du Québec pourrait
être inquiète par vos changements d'orientation que vous avez eus au cours des
derniers mois?
M. Lisée
: Bien,
je ne pense pas parce que sur la question de l'identité, qui est une question importante,
il était important de créer une période où nous pouvions tous nous rassembler,
et nous sommes rassemblés, sur une position qui est claire, qui est équilibrée
entre la volonté d'assurer le succès de chaque nouveau Québécois et la volonté
d'affirmer résolument nos valeurs. Alors, je pense que c'est l'objectif qu'on
avait. Et, lorsque les gens regardent le Parti québécois aujourd'hui, ils
savent des choses qu'ils ne savaient pas il y a un an ou il y a deux ans. Ils
savent qu'en 2018 on veut prendre le pouvoir, qu'en 2022 on veut un mandat de
réaliser la souveraineté. Ils savent qu'on est environnementalistes puis qu'on
est contre Anticosti, contre la fracturation hydraulique. Ils savent qu'on est
pour les PME. Ils savent qu'on ne veut pas adopter le traité de libre-échange
avec l'Europe tant qu'on n'aura pas une compensation satisfaisante pour
l'industrie laitière et fromagère. Nous sommes d'une grande clarté. En fait, le
PQ n'a pas été aussi clair depuis très longtemps. Et c'est cette clarté-là qui
est porteuse pour la suite.
M. Laforest (Alain) : Il
y a un an à peine, là, à la Conférence de Paris, la plupart des parlementaires
ici, à l'Assemblée nationale, riaient du fait que le premier ministre ait
tourné le dos au pétrole. Vous venez de l'affirmer, là.
M. Lisée
: Philippe
Couillard n'a pas tourné le dos au pétrole. Philippe Couillard est dans le lit
du lobby pétrolier. Ce soir, il suspend les règles de la démocratie pour faire
adopter un projet de loi écrit par le lobby pétrolier, un projet de loi qui
permet aux pétroliers d'exproprier contre le voeu des propriétaires et contre
le voeu municipalités, d'avoir accès à l'eau contre le voeu des municipalités.
Il n'y a pas eu de loi plus propétrole que celle que Philippe Couillard essaie
d'adopter ce soir.
M. Laforest (Alain) :
Donc, Anticosti, c'est pour se donner une bonne conscience?
M. Lisée
:
Écoutez, je ne peux pas comprendre toutes les métamorphoses de M. Couillard
et je ne veux pas essayer. Et ce que je sais qu'il a fait, cependant, sur
Anticosti, c'est nuire considérablement à la réputation du Québec. Moi, à la
course au leadership, j'ai dit deux choses. J'ai dit : Il faut affirmer
authentiquement, sans hypocrisie, que le gouvernement du Québec a changé d'avis
sur Anticosti, c'est son droit, et qu'il se tourne vers ses partenaires
d'affaires et dise : Est-ce que légalement on vous doit quelque chose?
Peut-être que oui, peut-être que non, mais un bon partenaire d'affaires ne se
met pas à dénigrer ses partenaires pour essayer de se sortir d'un contrat,
sinon que dans l'honneur et la légalité. Et, pour ça, M. Couillard a la
note échec dans les deux cas.
La Modératrice
: Micro
de droite. Philippe-Vincent M. Foisy, Cogeco Nouvelles.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Oui, bonjour, M. Lisée. Cette session-ci, votre meilleur coup, c'est quoi,
puis votre pire coup, c'est quoi?
M. Lisée
: J'ai
été journaliste avant d'être élu et je sais que cette tradition existe. Mais
vous savez aussi que j'aime innover. Et donc j'innoverai en laissant aux très
nombreux...
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
En répondant à la question?
M. Lisée
:
...chroniqueurs le soin de choisir mon meilleur et mon pire coup. Et je pense qu'il
y a à boire et à manger dans les deux colonnes.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Un peu d'introspection, ce n'est pas votre tasse de thé?
M. Lisée
: C'est
ma réponse.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Bon. Par rapport au remaniement ministériel puis à la possible prorogation,
j'aimerais savoir quels projets de loi vous aimeriez qu'il garde... en fait,
quels projets de loi aimeriez-vous que le gouvernement garde ou, du moins,
réanime après la prorogation, si prorogation il y a, et lesquels vous aimeriez
qu'il passe à la trappe?
M. Lisée
: Bien,
moi, je n'embarquerai même pas là-dedans. Je sais que Pascal veut bondir, mais
je n'embarquerai pas là-dedans parce que, franchement, là, il y a des projets
de loi, il y a des projets de loi qui ne sont même pas déposés sur les
pitbulls, sur un certain nombre de choses...
M.
Bérubé
:
Sur l'accès à l'information.
M. Lisée
: L'accès
à l'information. Il y a des projets de loi qui sont en cours. Il n'y en a pas
de raison de recommencer à zéro. Il n'y en a pas. C'est juste une mise en
scène, des relations publiques. Des communicateurs... Des «focus groups», je
l'apprenais hier, des «focus groups» ont dit au premier ministre : Vous
savez, ça va tellement mal, il faut que vous faisiez semblant que ça
recommence. Et donc vous allez mettre du désordre dans le travail législatif déjà
extrêmement ténu juste pour faire semblant que ça recommence.
Alors, moi, non, je ne les aiderai pas à
faire semblant que ça recommence. Nous, on aurait aimé voter davantage de lois,
on aurait aimé voter de meilleures lois. On est au poste aux commissions
parlementaires. On ne regarde pas de série télévisée pendant les commissions
parlementaires. Nous autres, on regarde les amendements, on en propose. Alors,
non, moi, je ne participerai pas à cette nouvelle pièce de Kafka que le premier
ministre nous propose.
La Modératrice
: Micro
de gauche, Sébastien Bovet, Radio-Canada.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour, mesdames, bonjour, messieurs, bonjour, M. Lisée. Vous avez dit
que les Québécois savent beaucoup plus de choses à votre sujet. J'aimerais
ajouter une question à la liste de questions auxquelles vous avez répondu. Est-ce
que vous êtes pour ou contre l'équilibre budgétaire? Si vous êtes pour,
pourquoi? Si vous êtes contre, pourquoi?
M. Lisée
: L'équilibre
budgétaire? Ah! en période de croissance économique, je suis pour l'équilibre
budgétaire. En période de récession, je pense qu'on peut faire des déficits
pour que les citoyens n'assument pas le coût de la récession. Maintenant, nous
ne sommes pas en équilibre budgétaire, aujourd'hui, M. Bovet, comme vous
le savez très bien, nous sommes en surplus budgétaire considérable et nous
mettons au Fonds des générations plusieurs milliards par année.
Et, moi, ma prétention, c'est que, si la
croissance n'est pas assez forte, il est possible de prendre une partie des
sous du Fonds des générations pour faire des investissements structurels qui
vont doper la croissance. Alors, moi, je pense qu'on n'est pas impuissants.
Même avec l'équilibre budgétaire, il y a des marges de manoeuvre qu'on peut
aller chercher là, mais pas seulement là. Vous m'avez entendu dire souvent qu'à
mon avis la proposition du gouvernement de donner 700 millions de dollars
de plus par année aux médecins d'ici quatre ans est une très mauvaise idée et
que moi, j'ai plusieurs idées de comment utiliser ces 700 millions. Vous
m'avez entendu dire aussi que nous voulons être résolument actifs pour dénoncer
les conventions fiscales avec les paradis fiscaux pour rendre imposables les milliards
de dollars que des Québécois ont en ce moment légalement dans des paradis
fiscaux. C'est une boîte à surprise. On ne sait pas combien de dizaines ou de
centaines de millions de dollars supplémentaires on obtiendrait dès la première
année là-dessus.
M. Bovet (Sébastien) :
La mathématique de deuxième année du primaire nous apprend que, dans Verdun,
s'il y avait eu un candidat unique péquiste solidaire, ce candidat-la aurait
battu la candidate libérale. C'est la faut à qui si, aujourd'hui, il n'y a pas
un député péquiste solidaire à l'Assemblée nationale?
M. Lisée
: C'est
une très bonne question, et je choisirai de ne pas y répondre de la façon dont
vous l'avez posée. C'est la liberté d'information. Vous posez les questions que
vous voulez, je donne les réponses que je veux.
M. Bovet (Sébastien) :
Mais pourquoi il n'y a pas de...
M. Lisée
:
Pourquoi? Parce qu'on n'a pas réussi à temps. Et puis, la prochaine fois, on va
réussir à temps. Et moi, je pense que la dynamique politique, le fait qu'on a
beaucoup insisté sur Verdun, qu'on a mis en lumière cette mathématique-là avant
même qu'elle ne se produise a porté fruit avant même Verdun du fait que Québec
solidaire, qui était réticent, a réuni ses militants et, alors que ce n'était
même pas censé être à l'ordre du jour, ont modifié l'ordre du jour pour dire :
Bien, la prochaine fois, est-ce qu'on pourrait au moins en discuter? Et ils ont
dit oui avec une bonne majorité. Et c'est un point tournant pour la suite.
Alors, cette opération-là, elle nous est
très favorable. Je pense qu'elle ouvre des voies de rassemblement pour la
suite.
La Modératrice
:
Véronique Prince, TVA, micro de droite.
Mme Prince (Véronique) :
Oui. Bonjour, tout le monde. Ce matin, François Legault nous a expliqué qui il
aimerait voir rester au Conseil des ministres. Normalement, on vous demande qui
vous voulez voir partir. Dans votre cas, vous avez dit Pierre Paradis. Est-ce
qu'il y a des ministres qui doivent rester en poste pour une quelconque raison?
M. Lisée
: Moi, je
n'ai qu'un candidat : Robert Poëti, ministre des Transports. C'est ma
seule suggestion. Je l'ai déjà faite, je la réitère ici. Nous savons que Robert
Poëti voulait faire le ménage dans les scandales au ministère des Transports,
et il n'est plus ministre. Pourquoi? Et là on lit, dans vos analyses et selon
vos sources, qu'il n'est pas considéré pour être ministre. Pourquoi? Alors, c'est
mon candidat.
Mme Prince (Véronique) :
Vous avez une longue expérience comme stratège politique. Vous avez été député,
mais c'est différent d'être chef, et vous êtes arrivé le 8 octobre. Est-ce
que vous considérez que vous avez eu le temps, au cours des dernières semaines,
d'atteindre votre plein potentiel? Est-ce que vous considérez que c'est un
réchauffement?
M. Lisée
: Je pense
que le réchauffement, c'était la campagne. Le plein potentiel, on y tend
toujours, puis on ne l'atteint jamais. Je suis… Ce que je sais, c'est que je
donne le meilleur de moi-même. Je suis dans une fonction où tous les jours, à
toutes les heures, il faut donner le meilleur de soi-même et il faut tirer le
meilleur de l'équipe. Et je suis tellement ravi de la qualité de l'équipe qui
m'entoure, à la fois les membres du caucus, les candidats que nous avons eus,
les nouveaux députés mais aussi les candidats qui n'ont pas pu avoir une
pluralité, notre équipe de communication, des gens que vous avez vus quand j'ai
recomposé l'équipe. Je sens que nous donnons tous le meilleur de nous-mêmes
tous les jours pour les Québécois et que, ce faisant, on en apprend un petit
peu plus que la veille pour faire encore mieux le lendemain.
La Modératrice
:
Martine Biron, Radio-Canada.
Mme Biron (Martine) :
Bonjour à tous les députés. Bonjour, M. le chef de l'opposition. J'espère que
vous allez répondre à mes deux questions. Je continue sur la ligne de
Véronique. Ça fait deux mois que vous êtes là. Un des objectifs, en fait, quand
vous êtes arrivé, c'était de refaire l'unité au sein du caucus après une course
assez difficile. Est-ce que vous dites, à ce moment-ci, que c'est mission
accomplie?
M. Lisée
: Oui, vous
m'aviez posé la question ou un de vos collègues dans un des caucus, et j'avais
dit : Presque parce que je savais que l'étape du rassemblement autour de
l'identité allait être le vrai test et le vrai test à plusieurs niveaux.
D'abord, il fallait s'entendre, mais il fallait aussi que le processus par
lequel on allait s'entendre soit satisfaisant, et que, donc, je démontre à la
fois du leadership et de l'écoute, et que les membres de l'équipe participent à
la discussion et soient satisfaits de la façon dont la discussion a été faite.
Et ça, ça a été accompli dans les deux cas. Et donc, oui, là, on a une équipe
soudée, une équipe avec des gens qui sont très différents, qui ont des points
de vue, et donc on débat entre nous dans le respect.
Parfois, on se tourne vers moi, on me dit :
Bon, bien, tu es le chef, tranche. Mais chacun a été entendu. C'est normal que
le chef tranche. Je tranche. Puis il semble que parfois, le matin, on arrive,
avec Pascal, puis je dis : Bon, je voudrais poser une question sur ceci.
Puis là on débat. À la fin, ils disent : Vous avez raison. Tel autre sujet
est beaucoup plus important. On va partir avec ça. Et là je vois certains yeux
un peu surpris. Ils disent : Il nous a écoutés, il va faire ce qu'on a
dit. Oui, oui, oui parce qu'il y a une expérience politique combinée, dans ce
groupe, dont il serait complètement fou de se passer. Et je compte beaucoup sur
l'addition de nos talents.
Mme Biron (Martine) : Je
me réfère à votre préambule. Vous avez dit : Fini, les vieilles chicanes,
juste des nouvelles chicanes. Est-ce que vous pourriez nous donner un aperçu de
ces nouvelles chicanes?
M. Lisée
: On les
cherche, on les cherche. Bon, écoutez, on va avoir un congrès, là. Alors, je vous
promets des nouvelles chicanes, O.K.? Alors… Non, et c'est intéressant, on
travaille aussi à innover sur la façon dont on va se rendre jusqu'au congrès.
On va déposer une proposition principale à la mi-janvier. Ce sera peut-être un
des premiers événements de la rentrée. Donc, on va discuter autour de ça. Il y
aura sujet à débat. Mais, quand je dis nouvelles chicanes, c'est un peu pour
dire : Regarde, on se tourne vers l'avenir, O.K.? On prépare l'avenir. On
va discuter entre nous de la meilleure façon de relever le Québec après 15 ans
de tunnel libéral.
Mme Biron (Martine) : Donc,
ça sera un gros test, le congrès.
M. Lisée
: Il n'y
a que des gros tests au Parti québécois.
La Modératrice
: Martin
Croteau, La Presse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour à tous. Bonjour, M. Lisée. Qu'est-ce qui vous a fait changer
d'idée au sujet de la nomination de Tamara Thermitus à la Commission des droits
de la personne?
M. Lisée
: Bien,
je n'ai pas changé d'idée, je n'avais pas encore fait mon idée. Alors, dans la
journée, j'ai eu le dossier complet. Véronique a terminé ses consultations et
m'en a fait part, également du côté d'Agnès.
Moi, comme vous savez, je suis très proche
de la communauté haïtienne. Alors, beaucoup de membres de la communauté m'ont
fait valoir leurs arguments, et, au vu de l'ensemble du dossier, j'ai dit :
Bien, c'est une excellente candidate, et nous l'appuyons. Et d'ailleurs je suis
déçu qu'on n'ait pas pu voter aujourd'hui. Le Parti libéral était d'accord,
nous étions d'accord. Il y a quelqu'un qui manque.
M. Croteau (Martin) : Il
y avait des sources péquistes qui, selon un collègue, trouvaient que Mme Thermitus
était trop proche de Mme Anglade, trop multiculturaliste pour occuper
cette fonction. Est-ce qu'il y a l'unanimité au sein de vos troupes au sujet de
cette nomination?
M. Lisée
: Écoutez,
on a eu une rencontre de caucus ce matin où j'ai soumis la recommandation, et
personne ne s'y est opposé. Alors, on cherche la source.
M. Croteau (Martin) : Peut-être
juste une question. Vous êtes encore un nouveau chef de parti. Qu'est-ce que
vous avez appris dans les dernières semaines et que comptez-vous changer, en
2017, pour être un meilleur chef de parti?
M. Lisée
: Alors,
j'en apprends tous les jours, tous les jours. Je fais mes interventions... par
exemple, respecter le temps dans les périodes de questions, très important.
C'est 1 min 30 s, ensuite c'est 30 secondes. Ça, ça
s'apprend. Et, comme je ne veux pas lire, hein, on peut lire, puis ça va, je ne
veux pas lire, je veux improviser à partir de notes qu'on me fait. Donc, ça,
c'est un apprentissage. Je pense que je suis plus dans mes temps que le premier
jour. Ça, je me donne ça, O.K.?
Apprendre à mieux connaître les membres du
caucus, apprendre à mieux utiliser leurs forces puis se connaître mieux
personnellement. J'ai commencé une série de... bien, évidemment, je les avais
tous vus pendant 45 minutes au départ, mais là on fait des soupers puis,
en plus, on travaille en bilatérale sur plusieurs dossiers. Puis cet
approfondissement du lien personnel entre nous est quelque chose dont je
m'aperçois, de jour en jour, que c'est très précieux et que, cumulativement, ça
fait une différence dans la qualité de notre action.
La Modératrice
:
Alexandre Robillard, La Presse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour. M. Lisée, j'aimerais ça savoir est-ce que le fait d'être un chef
élu sans une majorité d'appuis au sein du caucus a un impact particulier sur
votre façon d'exercer votre leadership.
M. Lisée
: Ça a eu
un impact sur ma façon de composer mon équipe parce qu'il fallait que chacun y
trouve son compte et qu'on voit, dès le départ, qu'on transcendait les groupes
qui s'étaient formés pendant le leadership, mais ça, ça a été fait dans les
premiers jours. Et, à partir de ce moment-là, on ne retrouve pas, dans la
discussion, les groupes de la course au leadership. C'est chacun apporte son
affaire. Ça n'existe plus. On me dit que, dans d'autres partis, ceux qui
avaient appuyé tel candidat forment toujours une équipe, etc. Nous, on forme
une seule équipe, et ça s'est fait assez rapidement, assez naturellement.
M. Robillard (Alexandre) :
On a souvent entendu qu'une de vos faiblesses, c'était de peut-être manquer
d'aptitude au travail en équipe, peut-être de vous concentrer sur vos propres
idées. Est-ce que c'est des aspects qui ont changé chez vous, ça? Est-ce que
c'est vrai puis est-ce que c'est des aspects qui ont changé chez vous depuis
octobre?
M. Lisée
: Ah! si
vous dites que c'était une perception, je vous crois. Mais ceux qui avaient...
M. Robillard (Alexandre) :
Je vous rapporte des choses que je lis, là, comme vous, sûrement, là. Ce n'est
pas une surprise pour vous, ça.
M. Lisée
: Bien, je
ne vous en blâme pas, mais ceux qui me connaissaient au CÉRIUM, par exemple, où
je dirigeais une équipe quand même assez vaste, savent que ma porte est
toujours ouverte, je fais plein de réunions. Je veux toujours qu'il y ait beaucoup
de circulation d'information. Je suis contre les guerres d'ego, je suis contre
les guerres de territoire, je veux... Tu sais, je suis un travailleur d'équipe.
Puis les gens ont dit : Bien, s'il a des idées, il ne peut pas être travailleur
d'équipe. Bien oui, c'est possible.
La Modératrice
:
Charles...
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que 2017, ça va être une année de lutte à finir? Est-ce qu'il y a une
lutte à finir qui est engagée entre vous et M. Legault, pour 2017, en vue
de l'élection générale de 2018?
M. Lisée
: Elle va
finir en 2018.
La Modératrice
:
Charles Lecavalier, Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) : Bonjour,
M. Lisée. Est-ce qu'un hypothétique gouvernement Lisée renoncerait à
utiliser le bâillon?
M. Lisée
: Non, mais
j'aimais bien la règle qu'on avait établie, qu'on ne mettait, dans un bâillon,
que des lois à caractère budgétaire. C'est-à-dire que, s'il le faut pour que
l'État fonctionne, sinon on ne peut pas payer un certain nombre de gens, ça, ça
va. Une fois qu'on établit cette règle, on dit : Bien là, le coût
politique d'utiliser le bâillon devient plus grand, O.K.? Donc, peu importe la
règle qu'on se donne, la mécanique existe, mais elle devient plus lourde. Et,
si on devait l'utiliser, on devra faire la démonstration qu'il y a l'intérêt public
supérieur de le faire et payer le coût politique si on ne fait pas cette
démonstration. Mais, certainement, une loi écrite par le lobby du pétrole pour
développer une industrie dont le Québec n'a pas besoin et qui n'est
probablement pas rentable, là, vraiment, on est très, très loin du compte.
M. Lecavalier (Charles) :
Donc, vous pourriez utiliser le bâillon mais seulement pour les projets de loi
à caractère budgétaire?
M. Lisée
: Je
baliserais. Je dirais : Écoutez, je vais avoir une grosse vente à faire
pour vous puis pour l'opinion publique si je l'utilise autrement que pour des
lois à incidence financière.
M. Lecavalier (Charles) :
Je vous pose une question...
La Modératrice
:
Simon...
M. Lecavalier (Charles) :
Je pose une petite question qui n'a rien à voir avec Martine Ouellet. On vous
l'a posée hier, vous avez dit que vous alliez réfléchir. Est-ce qu'on peut être
chef de parti fédéral et député à l'Assemblée nationale du Québec en même temps?
M. Lisée
: Je
prends des avis là-dessus.
M. Lecavalier (Charles) :
À qui? Auprès de qui?
M. Lisée
: Quel
est votre avis?
M. Lecavalier (Charles) :
Je n'en ai pas.
M. Lisée
: Vous
n'avez pas d'avis. Bon, bien, passez le micro à quelqu'un d'autre.
La Modératrice
: Simon
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) : Vous
vous donnez combien de temps pour rendre une décision là-dessus?
M. Lisée
: Bien,
ça se peut que ça ne soit pas nécessaire si l'hypothèse ne se présente pas.
M. Boivin (Simon) :
Autrement?
M. Lisée
:
Autrement? Si ça devient nécessaire.
M. Boivin (Simon) :
Chaque fois qu'on lui demande, François Legault semble convaincu de pouvoir
attirer dans ses rangs certains membres de votre aile parlementaire.
M. Lisée
: Bien
oui! Comment ça va, ça?
M. Boivin (Simon) : Si
vous voulez redevenir journaliste pour poser des questions, libre à vous, mais
vous êtes dans la position de répondre aux questions. Donc, je me demandais
dans quelle mesure vous êtes capable de garantir que c'est quelque chose qui ne
se produira pas.
M. Lisée
:
Écoutez, ça, c'est une des joies d'être chef parce que, là, je me suis
renseigné. J'ai dit : Quand François Legault a annoncé aux journalistes qu'il
y avait au moins deux péquistes, deux députés qui étaient sur le point… de qui
parlait-il? Puis là j'ai des collègues qui ont dit : Moi! Moi! Pourquoi?
Bien, parce qu'ils ont essayé. Puis qu'est-ce que tu leur as dit? Je les ai
envoyés promener. Ah! c'était ça, son information. Alors, oui, est-ce qu'il
essaie? Oui. Est-ce que nous, on va essayer? Probablement. Mais il n'y a jamais
deux députés, ou trois, ou zéro qui n'ont jamais été sur le bord de. François
prend ses rêves pour des réalités. D'ailleurs, il vous a dit qu'il se voyait
déjà premier ministre, n'est-ce pas?
Des voix
: …
M. Lisée
: Bien,
moi, je serais très… c'est comme les journalistes, entre vous, qui n'étaient
pas sur la liste de la SQ pour écouter vos téléphones. Je sais que vous auriez
aimé être assez importants pour ça. Alors, je ne veux pas dire : Ceux
d'entre nous qui n'ont pas été jugés assez importants pour ne pas être
approchés par la CAQ.
M. Boivin (Simon) : Mais
vous avez dit : Nous aussi, on va essayer. Est-ce que vous allez, vous
aussi, faire des approches auprès des députés caquistes?
M. Lisée
: Oui,
mais on ne dira jamais : Ils sont sur le point de venir, sauf le lendemain
de leur arrivée.
La Modératrice
: Marco
Bélair-Cirino du Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, vous avez déjà amorcé de telles tentatives depuis votre arrivée à la tête
du Parti québécois?
M. Lisée
: Non. On
attendait le résultat des partielles.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous n'avez pas promis de réduire les taxes, les impôts, mais vous promettez — corrigez-moi
si je fais erreur — d'alléger le fardeau fiscal des Québécois par notamment
une baisse du tarif de garde. Pour vous, qu'est-ce qu'un tarif abordable? Est-ce
que c'est la fin de la modulation? Est-ce que c'est 8 $, 7 $,
12 $ par jour?
M. Lisée
: Bon, alors,
je n'aime pas le mot «fiscal», O.K.? Alors, on va faire la distinction entre
les deux partis fédéralistes de droite propétrole, la CAQ et les libéraux, qui veulent
des baisses d'impôt… des baisses d'impôt. Mais il paraît que des conditions
s'appliquent. Je n'avais pas vu ça dans leur pub, mais, en tout cas, ils
veulent des baisses d'impôt. Nous, on dit : On ne baissera pas les impôts
mais ce qu'on va faire, c'est qu'on va réduire des tarifs. Puis je ne vous
donnerai pas le chiffre pour les services de garde, là, mais on va remettre à
plat puis on va discuter, d'ici 2018, d'une proposition de services de garde
plus abordables, c'est sûr, on va en discuter.
Ensuite, on a
proposé d'envoyer 200 $ à toutes les familles qui gagnent moins que
50 000 $ par année pour les aider à amortir la hausse de
l'alimentation l'an prochain. Ça, c'est en se servant du crédit d'impôt
solidarité.
On a dit :
Pour les familles qui arrivent à l'école primaire et secondaire, ça ne devrait
pas coûter 150 $, 300 $ en frais au début de chaque année. Nous, on
veut aller vers la gratuité de ça. Ce sont toutes sortes de façons d'alléger le
fardeau de ceux qui en ont vraiment besoin.
Par ailleurs,
sur les tarifs, moi, ma proposition, c'est de dire : Les tarifs qui
s'appliquent aux individus ne devraient jamais augmenter plus rapidement pas
que l'inflation mais que le revenu médian des ménages, qui est la meilleure
indication de la capacité de payer des ménages. Et, si on est en récession et
que le revenu médian des ménages baisse, bien, les tarifs vont baisser. C'est
ça, ma proposition.
M. Bélair-Cirino
(Marco) : Oui. Comment expliquer que le Parti libéral du Québec figure
toujours en tête des intentions de vote? Vous parlez de fin de régime. Comment
expliquer cet état de fait là?
M. Lisée
:
Bien, écoutez, dans le dernier sondage crédible, O.K., il était dans la marge
d'erreur avec nous, et nous formions un gouvernement, minoritaire, mais nous
formions le gouvernement. Aux dernières partielles, bien, il a perdu dans trois
comtés sur quatre. Alors, il n'est pas en avance nulle part de façon
significative lorsqu'on a des données probantes.
La division des
forces, évidemment, pourrait concourir à une réélection qui me semble de plus
en plus difficile, et c'est pourquoi on travaille tellement fort sur plusieurs
fronts à étendre l'assise du Parti québécois en discutant avec nos amis de
Québec solidaire, en discutant avec… J'ai dit ce matin dans une radio de Québec :
Je cherche mon Rodrigue Biron. C'est sûr que des députés du Parti québécois de
Québec qui sont plus de centre droit, ça a existé dans le passé du Parti
québécois, je vois ça dans l'avenir du Parti québécois. Donc, il faut attirer
cette clientèle-là qui, en ce moment, a été attirée par la CAQ. Moi, je parle
constamment aux libéraux déçus en leur disant que leur parti est un grand
parti, mais pas la gang actuelle, celle qui devrait les envoyer dans
l'opposition, et je parle aux anglophones et aux non-francophones, et on va le
faire de plus en plus. Alors, je suis sur tous ces fronts-là à la fois pour
arrêter la division du vote mais, au contraire, créer une coalition plus large
autour du Parti québécois pour avoir un gouvernement majoritaire.
La
Modératrice
: On va maintenant…
M. Bélair-Cirino
(Marco) : Vous cherchez un Rodrigue Biron, mais cherchez-vous
également un Rambo Gauthier et un Gabriel Nadeau-Dubois?
M. Lisée
:
Je vais rester sur Rodrigue Biron.
La
Modératrice
: On va maintenant passer en anglais avec Ryan
Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Hi.
M. Lisée
:
Hi.
M. Hicks (Ryan) : I just wanted to know how you interpret the
Premier's decision, that we're hearing he's deciding to prorogue the National Assembly. How do you interpret
that?
M. Lisée
: Well, some of your colleagues found out that they made focus groups
that told him the depth of the insatisfaction, including in the Québec area, Québec
City area. And so, some wise communicators told them :
You know, you should open a new play, close this old play, open a new play,
pretend that you start anew, and maybe that will stick. The only reason why
this is contemplated is because they are in such dire conditions that they are
going to try to make belief that they are a new government, and it will not
work.
M. Hicks (Ryan) : In French, you said that the premier should apologize to Quebeckers. Why should he apologize?
M. Lisée
: What we learned these past few months is that there was a time in
late 2015, early 2016, when he, on the one hand, had reports saying that the
cuts were terrible for disadvantaged Quebeckers and, on the other hand, he knew that he was at the zero deficit
and more. And he could have said : Stop cutting. It hurts too much. But he
said : Keep cutting. Up to 2 billon dollars… too much, too much hardship,
and he took the…
For me, it's cannot be
excused. He had the ability, he had the means, he had the power, he had the
duty to say : We've reached our target, stop cutting. He didn't do that. And
the next report from the protectrice was even harsher, saying that it led to
this handicapped woman sleeping in her wheelchair because the cuts had been so
severe. And I never heard him… and I asked him point-black in my first or
second question period : Why didn't you say stop? And he shows no remorse,
no ability to see the harm he has caused, and I think that's the breaking point
for the confidence that the people can have for that Government.
La Modératrice
: Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Lisée. Hello, everyone. So, as far as you're concerned,
the only person who is missing really, truly, from the Couillard Cabinet is Mr.
Poëti.
M. Lisée
:. Yes.
Mme Johnson (Maya) : Why?
M. Lisée
: I think, you know, the only person who was bold enough to say there
was corruption and shenanigans in the Transport Department was Robert Poëti. He
was shoved aside, and then two other ministers were named at this position, but
not him. And we are being told again that he's not even
considered for a cabinet post. I campaign for Robert Poëti as Minister of Transportation. That's my campaign.
Mme Johnson (Maya) : What crossed your mind after you heard the Premier
referred to himself and to his Government as the saviour of this province?
M. Lisée
:
What crossed my mind? That he needs a long rest and then try to connect with
reality.
Mme Johnson (Maya) : So, you agree, then, with François Legault that the Liberals are
disconnected from the average Quebecker?
M. Lisée
:
Ah! They are completely disconnected from average Quebeckers. And, you know,
when you have a strong electoral signals, like the one they had at the
by-election, saying : You're going in the wrong direction, and they say :
Oh! We are going in the right direction, that's being completely disconnected.
La Modératrice
:
Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Is Mr. Poëti the saviour of Québec?
M. Lisée
:
I think he could save some million dollars at the Department of Transportation.
There is one thing, if I may. We just had news that Justin Trudeau announced
that he might not apply C‑29 and that he's open to reviewing the clause that
we've been fighting all week that is denying the rights of Québec consumers to
the protection of the Québec law. And I think that's a big win for us this
week. It is us hat had tabled the motion, a couple of weeks back, that was
unanimously adopted. It was us that asked the question this week that prompted
the Premier to say that he needed the Senate. We put that on the front burner.
And I think this pressure… and thanks to the Bloc québécois who, of
course, saw the danger within this big bill that we made this movement. It's
not a win yet, but certainly the pressure that we mounted had an impact.
Une voix
:
Ils demandent si tu le répètes en français pour ces deux-là, si c'est possible.
M. Lisée
:
Ah! c'est fini, le français. Non, non, c'est fini. Bien, en cadeau de Noël...
Mme Fletcher (Raquel) : Sorry, I have another question.
M. Lisée
:
Sure!
Mme Fletcher (Raquel) : You campaigned on putting off a referendum, at least in the first
mandate, which some though was maybe a risky move but obviously wasn't because
you won. Does that mean that you could potentially… or are you considering
putting off a referendum for even longer than that if Quebeckers don't change their
minds and there isn't support for it?
M. Lisée
:
Our path is clear : 2018, we want a clean, green dynamic government and,
in 2022, we will ask a mandate to bring Québec to independence. That's the
path. It will not change. That's it.
La Modératrice
:
Philip Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
:
My colleagues want you to say «He needs a long rest» in French.
M. Lisée
:
Il a besoin d'un très long repos et ensuite il devrait tenter de se reconnecter
avec la réalité québécoise. C'est beau?
M. Authier (Philip)
:
Just one question. Talking about elections, I'm asking all the leaders this :
What, in your opinion, will be the ballot box question in 2018?
M. Lisée
:
It's soon to tell, but I think the ballot question will be : Who has the
best team and the best ideas to bring Québec back? The Liberals will be out of
that ballot question. We'll replace the Liberals, that's a given, OK? Who's the
best team, who has the best ideas, who's the most trustworthy, the more
competent to have a good, clean, honest, dynamic government?
Une voix
:
Merci.
La Modératrice
: M.
Laforest, une dernière question?
M. Laforest (Alain) :
...juste une précision en français sur ce qui s'est passé avec C-29.
M. Lisée
: Oui.
Oui. Bon, alors, comme vous le savez, le gouvernement fédéral a adopté, à la
Chambre des communes, une loi qui enlève à tous les consommateurs québécois les
protections que lui donnait la loi québécoise de protection du consommateur
face aux banques. Alors, le Parti québécois, travaillant avec les groupes de
consommateurs, le Bloc québécois, qui avait identifié le danger dans le projet
de loi, on a déposé une motion. Ce n'est pas les libéraux qui l'ont déposée,
c'est nous. Elle a été adoptée à l'unanimité.
Cette semaine, je suis revenu à la charge
en posant des questions au premier ministre là-dessus. Ça a créé une pression
forte sur le gouvernement fédéral, et, aujourd'hui, on apprend que le premier
ministre fédéral admet que ce n'est peut-être pas une bonne idée puis il va
regarder ça.
Alors, on n'a pas encore gagné, on va
continuer à mettre de la pression, mais vous dire que l'opposition officielle,
à Québec, et le Bloc québécois, à Ottawa, travailler ensemble, avec les
consommateurs, on peut faire reculer Justin Trudeau. C'est une bonne nouvelle.
La Modératrice
: Merci.
M. Lisée
: Merci à
vous.
(Fin à 14 h 23)