Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
mardi 13 août 2019
-
Vol. 45 N° 21
Mandat d'initiative - Les enjeux de recyclage et de valorisation locale du verre
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures trente-quatre minutes)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, c'est ouvert. Donc, bonjour à vous tous et à vous toutes. Bienvenue à
cette importante commission. Alors, nous allons reprendre nos travaux que nous
avons ajournés hier, et je vous demande, bien sûr, d'éteindre la sonnerie de
vos appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières concernant le mandat d'initiative portant sur les enjeux de
recyclage et de valorisation locale du verre. Je m'excuse pour ce petit retard.
J'avais des journalistes qui voulaient faire une entrevue avec moi. Donc, ça a
créé un petit retard. Je... mes excuses.
Donc, Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements pour ce mandat?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Barrette (La Pinière) est remplacé par M. Kelley
(Jacques-Cartier) et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) par M. Gaudreault
(Jonquière).
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, avant de... Cet avant-midi, nous allons entendre l'Association Restauration
Québec, Bouteilles recyclées du Québec, Tricentris et le Conseil des
entreprises en technologies environnementales du Québec.
Je vous souhaite la bienvenue. Je souhaite
la bienvenue aux représentants d'Association Restauration Québec. M. Arsenault,
vous êtes président du conseil d'administration et propriétaire du restaurant
Tomate Basilic à Montréal. Donc, je vous invite à prendre la parole, vous avez
10 minutes, et je vous invite à présenter les deux personnes qui vous
accompagnent également.
M. Meunier (François) : Bien,
merci, Mme la Présidente. En fait, je vais faire l'introduction si vous le
souhaitez. Mon nom est François Meunier, vice-président affaires publiques et
gouvernementales pour l'Association Restauration Québec. Merci, Mme la Présidente
de la commission. Mmes et MM...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...donc je vous invite à prendre la parole, vous avez 10 minutes, et je vous
invite à présenter les deux personnes qui vous accompagnent également.
M. Meunier (François) : Merci,
Mme la Présidente. En fait, je vais faire l'introduction si vous le souhaitez.
Mon nom est François Meunier, je suis vice-président, affaires publiques et gouvernementales
pour l'Association Restauration Québec. Merci, Mme la Présidente de la commission,
Mmes et MM. les députés. On est très contents d'être avec vous aujourd'hui.
Donc, nous sommes de l'Association Restauration Québec qui était connue auparavant
sous le nom de l'Association des restaurateurs du Québec, mais qui a conservé l'acronyme
ARQ.
Je suis donc accompagné, à ma gauche, vous
l'avez dit, de notre président, M. Arsenault. M. Arsenault emploie 50 employés
à son restaurant de Pointe-aux-Trembles, dont 30 sont à temps plein et, à ma
droite, on retrouve M. Hugues Philippin qui est propriétaire du restaurant Chic
Alors dans la circonscription de Louis-Hébert ici, à Québec,
et administrateur au conseil d'administration de l'ARQ. M. Philippin a mis en
place plusieurs pratiques exemplaires en matière de développement durable dans
son établissement. Par ses initiatives, son restaurant s'est vu décerner, par
LEAF Canada, le prix du restaurant le plus vert au Canada en 2018. Font aussi
partie de notre délégation, mais à titre de participants silencieux, derrière
nous, le président-directeur général de notre association M. Alain Mailhot, et
l'analyste-recherchiste, Mme Julie Couture.
Alors, bien entendu, nous voulons tous
d'abord vous remercier de nous inviter à donner notre point de vue sur les
enjeux du recyclage et de la valorisation locale du verre. L'Association
Restauration Québec, avec ses 5 600 membres, est la plus importante
association de gestionnaires de la restauration au Québec, elle est aussi la
plus ancienne au Canada. L'industrie de la restauration au Québec est composée
d'environ 20 000 entreprises, essentiellement des petites et des moyennes
employant globalement près de 220 000 personnes dans toutes les régions.
D'ailleurs, on se plaît à dire souvent que, dans chaque ville et dans chaque
village au Québec, il y a une église, il y a une caisse populaire et un
restaurant, même si, depuis quelque temps, vous l'avec certainement constaté,
il ne reste plus bien souvent que le restaurant capable d'accueillir la
clientèle.
Nous sommes ici pour vous présenter un
résumé du mémoire déposé à la commission et partagé avec ses membres, notre
importante expertise en restauration et notre grande connaissance de la réalité
quotidienne des exploitants. D'entrée de jeu, l'ARQ appuie tous les efforts
consacrés à l'amélioration de la collecte des matières recyclables et entend
collaborer à son élargissement vers, très bientôt, la récupération des matières
organiques, ne l'oublions pas. Sur le recyclage du verre plus précisément,
l'ARQ veut par contre manifester son opposition à tout élargissement d'une
consigne sur les conteneurs à remplissage unique. Nous croyons qu'il faudrait
plutôt miser sur une meilleure desserte des industries, commerces et
institutions qu'on appelle les ICI, une modernisation des centres de tri ainsi
que l'ajout d'une obligation de contenu recyclé pour favoriser les débouchés.
Je laisse mon collègue le président de l'association, M. Vincent Arsenault,
vous expliquer davantage notre position.
M. Arsenault (Vincent) :
Merci, François. Je commencerais mon intervention avec un chiffre
23 millions, c'est approximativement le nombre total de bouteilles de vin
et de spiritueux acheté par les restaurateurs du Québec chaque année. C'est,
bien entendu, un volume important et l'imposition d'une consigne causerait,
sans aucun doute, un fardeau opérationnel additionnel à tous les exploitants
qu'on représente. L'enjeu, ce n'est pas tant le montant de la consigne que
l'entreposage et le retour des bouteilles. Chaque semaine, voire tous les
jours, je devrais rapporter plusieurs dizaines de bouteilles dans un centre de
dépôt désigné qui, pour certains de mes collègues en région rurale, pourrait
être situé à plusieurs dizaines de kilomètres de leur établissement. Aussi, il
faudrait peut-être me priver d'un aide-cuisiner en pleine situation de pénurie
de main-d'oeuvre qui ira porter les contenants à un point de service, plutôt
que de préparer des aliments pour les services, sans parler de devoir payer
pour les véhicules qui transporteront ces bouteilles.
Quant à la possibilité d'avoir un service
de cueillette autre que celle des matières recyclables, il faut rappeler que la
Société des alcools du Québec n'offre pas le service de livraison partout, et
il faudra donc se rabattre sur des sociétés privées qui vont, au mieux, se
payer sur une partie de la consignée «remboursées». Dans tous les cas, cela
veut dire que de nombreux exploitants vont devoir payer un service de
cueillette pour des bouteilles consignées et un autre service pour le reste des
matières recyclables. Ce n'est rien de moins qu'un dédoublement des coûts pour
un même service. Par ailleurs, nous sommes préoccupés quant à l'enjeu de
l'entreposage des bouteilles. Je ne vois pas en effet comment nous pouvons
garder à l'intérieur un tel volume de bouteilles, sachant qu'un restaurant est
fortement encadré par plusieurs réglementations interdisant la présence
d'insectes, principales les mouches à fruits dans tous les contenants de vin et
spiritueux même vides. Les restaurateurs risqueraient, pour respecter les
nouvelles obligations découlant de l'élargissement de la consigne, de recevoir
des sanctions administratives et pénales, allant jusqu'à la suspension de leur
permis d'alcool dû à la présence de mouche à fruits dans le stock de bouteilles
devant être mené au point de dépôt.
• (9 h 40) •
L'entreposage à l'extérieur n'est pas
davantage une solution, plusieurs établissements n'ont pas d'espace requis pour
aménager une cage à déchets sans nuire à leur espace de livraison ou de stationnement,
sans parler des réglementations municipales encadrant le nombre de bacs permis
et l'espace qui leur est accordé et toujours en se rappelant qu'il faudra
posséder, en pratique, un conteneur pour les consigner et un autre pour les
matières recyclables. À notre avis, l'élargissement de la consigne n'est pas la
solution au problème entourant la récupération et le recyclage du verre...
M. Arsenault (Vincent) :
...l'espace qui leur est accordé, et toujours en se rappelant qu'il faudra
posséder en pratique un conteneur pour les consignés et un autre pour les
matières recyclables. À notre avis, l'élargissement de la consigne n'est pas la
solution au problème entourant la récupération et le recyclage du verre et...
et le recyclage du verre, excusez-moi. Et mon collègue Hugues Philippin va vous
faire part des autres options privilégiées par notre association.
M. Philippin (Hugues) : Merci
beaucoup, Vincent. Et merci de votre accueil, mesdames et messieurs les
députés. Donc, si déposer ses contenants de verre dans un bac bleu est une
chose bien acquise pour la population en général, il est vrai qu'il y a encore
de la place pour l'amélioration, pour augmenter la récupération de ces matières
dans les restaurants. Un tel constat n'est pas dû à un manque de volonté de ces
exploitants, mais plutôt à une absence de services adéquats pour la collecte
des matières recyclables pour les petits commerçants. Alors, encore aujourd'hui,
il existe des municipalités qui n'offrent aucun service ou qui desservent non
seulement non adéquatement les institutions, les commerces et les industries, notamment
les petits commerces. Pourtant la distribution d'équipements appropriés, comme
les grands bacs ou conteneurs, une information efficace et surtout des
collectes régulières et fréquentes améliorerait la participation des
restaurants au programme de récupération des matières recyclables, dont le
verre.
Alors, il est donc essentiel qu'un service
de récupération des matières recyclables adapté aux besoins des petits
commerces soit offert dans l'ensemble des municipalités du Québec. Il s'agit
d'une solution simple répondant à l'objectif d'augmenter les taux de récupération
auprès des ICI. Une autre de nos recommandations, ce serait de continuer le
travail de modernisation de nos centres de tri, notamment par l'intermédiaire
du programme Verre l'innovation. Avec un taux de pureté de 97 %,
l'application de cette technologie à tous les centres de tri permettrait
d'améliorer la qualité du verre recyclé en provenance non seulement d'une
partie des contenants de verre circulant dans l'économie québécoise, mais de
tout le verre ramassé par la collecte sélective, incluant les pots de marinade,
de cornichons, de confiture, etc. Ce type de contenant représente d'ailleurs
62 % du verre clair déposé dans le bac bleu par les Québécois et
Québécoises. Une telle modernisation permettrait aussi d'encourager la création
d'emplois payants dans les centres de tri pour opérer ces nouvelles technologies.
Elle servirait aussi à diversifier des débouchés possibles du verre comme
l'inclusion de la poudre de verre à des fins d'ajout cimentaire. L'entente
annoncée hier entre Owens-Illinois et le Groupe Bellemare qui permettrait la
fabrication de bouteilles avec le verre de collective sélective n'est
certainement qu'un aperçu du potentiel de développement du programme Verre
l'innovation sans qu'il ne soit nécessaire de créer un autre réseau de
collecte. Alors, on retourne avec M. Meunier pour la conclusion.
M. Meunier (François) :
Écoutez, on vous remercie infiniment de votre accueil. On souhaite à nouveau
vous exprimer l'intention de l'industrie de travailler à l'amélioration de la
gestion responsable des matières résiduelles. On espère que nos recommandations
permettront d'approfondir votre réflexion. Et nous vous remercions infiniment
de votre écoute.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci beaucoup. Merci pour cette présentation.
Donc, nous passons la parole au côté gouvernemental. Vous avez 16 minutes.
M. Campeau : Merci, Mme
la Présidente. Merci de votre présentation ce matin. À l'intérieur de votre
mémoire, vous parlez d'une réglementation pour un seuil minimal de contenu
recyclé. Vous n'en avez pas vraiment parlé ce matin, vraiment, là, mais ça veut
dire quoi pour vous, ça. Y a-tu un chiffre? Y a-tu... C'est basé sur une étude?
Il y a quoi en arrière de ça?
M. Meunier (François) :
Alors, M. le député, merci de votre question. Je pense qu'on doit aussi en
préambule rappeler que nous ne sommes pas des experts en environnement. On est
davantage ici pour vous parler de notre réalité comme exploitants de
restaurants. Mais il est clair qu'il y a très certainement lieu d'envisager une
certaine forme de quantité de matières récupérées pour la fabrication de
nouvelles matières, et ce, peu importe que ça soit du verre, du carton ou du
plastique. Afin d'améliorer, si on veut, notre empreinte écologique, oui, on
pense que c'est une avenue qui peut être intéressante. Et le gouvernement a
certainement les outils législatifs pour s'assurer que, finalement, que ce
qu'on reproduit utilise minimalement déjà une matière récupérée.
M. Campeau : O.K. Ce que
je comprends, c'est que c'est une... C'est louable, là. C'est une bonne idée,
mais vous n'avez pas d'étude particulière, là. O.K. Je comprends.
M. Meunier (François) :
Tout à fait.
M. Campeau : Ma seule
inquiétude là-dedans, puis ça a l'air très négatif, là, c'est que c'est quoi un
seuil minimal? Et qui va le mesurer? Et moi, j'ai vécu ce que c'était qu'un
seuil minimal de papier recyclé. Le plus gros problème, c'était de la prouver.
Ça fait que ça... Ça fait qu'est-ce qu'on est en train de créer un monstre? En
même temps, ça reste une bonne idée. L'autre chose que je comprends... Est-ce
qu'il y a des gens à l'intérieur de votre association, ou est-ce que vous-même
comme association avez essayé d'encourager de façon proactive des restaurants à
dire : On veut faire notre part. On veut rapporter nos... Et on veut se
montrer comme verts. Là, vous nous dites : On veut collaborer et, pour
nous autres, c'est un problème. Mais est-ce que vous avez, comme association,
été de façon proactive à dire...
M. Campeau : ...avait essayé
d'encouragé de façon proactive des restaurants, à dire : On veut faire
notre part, on veut rapporter nos bouteilles et on veut se montrer comme verts.
Là, vous me dites : On veut collaborer, et, pour nous autres, c'est un
problème. Mais est-ce que vous avez, comme association, été de façon proactive,
à dire : On encourage nos membres à justement devenir plus verts pour...
et de s'en faire une marque de commerce? Avez-vous déjà regardé le problème de
cet angle-là?
M. Meunier (François) : En
fait, je ne vous cacherai pas qu'effectivement on a travaillé sur un programme
de certification de... qu'on a appelé le programme Resto vert, et notre analyse
n'a pas été concluante en termes de coûts, en termes d'investissement, et, pour
nous, il est apparu essentiel de travailler en amont... en aval sur l'éducation
et la sensibilisation des exploitants. Mais sachez que les exploitants maintenant
sont comme des citoyens comme les autres, là. Lorsqu'ils... Ils ont des
enfants, ils ont des petits-enfants et ils ont à coeur de laisser à la
génération future une planète en santé.
Alors, il y a énormément d'exemples où finalement
on a adopté des pratiques en développement durable. Je peux peut-être laisser
mon collègue faire état de ce qu'il a... l'initiative qu'il a prise lui-même.
M. Philippin (Hugues) : En
fait, c'est drôle parce que c'est l'ARQ qui m'a donné l'information, qui m'a
permis de faire certifier mon entreprise, donc, par l'organisme canadien LEAF,
là, Leaders in Environmentally Accountable Foodservice. On est un établissement
LEAF, le niveau trois, donc le plus élevé, donc, disponible. Il y en a, je
pense, deux au Québec mais six au Canada et puis... Donc, c'est vraiment grâce
à l'outil d'information de l'ARQ, qui est un organisme qui transmet beaucoup d'information
à ses membres.
M. Arsenault (Vincent) : ...peut-être
si je peux rajouter, moi, j'ai quand même la chance d'être à Montréal. Donc, il
y a quand même une partie de mon service qui est fait par la ville. Mais, ce
qu'il faut savoir, c'est que c'est totalement insuffisant, là. Donc, on est
limité dans ce que l'on peut mettre dans les bacs verts qu'on va faire enlever
par la ville.
Puis c'est sûr que je pense que tout le
monde a la volonté de faire mieux, sauf qu'il y a des coûts assez importants
qui sont rattachés à ça, puis je pense qu'il faut faciliter le travail aussi
des restaurateurs. Puis, dans ce sens-là, la cueillette est là pour... il y a
déjà une volonté de le faire présentement. Donc, je pense qu'il faut juste
améliorer ce service-là. Puis, ce qu'il faut savoir, c'est que ce n'est pas
répandu dans toutes les régions, là.
M. Campeau : Je sais que mon
commentaire avait l'air négatif et, oui, il l'était, mais, en même temps, je
reste sympathique au fait que, quand on dit qu'il faut simplifier les choses
pour le consommateur, il faut aussi essayer de les simplifier pour les petites
entreprises. C'est toujours la chose la plus simple. Quand on parle de
simplification et de distance, on règle déjà beaucoup de problèmes. Alors,
je... passer la parole à... les collègues.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Monsieur, c'est le député de Rivière-du-Loup qui m'a demandé la parole en
premier.
M. Tardif :
Alors, merci, Mme la Présidente. Rivière-du-Loup—Témiscouata. Bonjour. Merci de
votre dépôt. C'est clair qu'on... en tout cas, on se déchire dans notre tête,
dans la façon d'être, sur la cueillette, éventuellement, parce que vous abordé
le sujet, sur le tri, de la façon de faire le tri, et on va parler de
débouchés, vous l'avez abordé également. Donc, on... Pour moi, c'est un
triangle qu'on ne peut pas s'en sortir, là. L'un ne va pas sans l'autre.
Moi, j'aimerais quand même juste faire une
petite nuance parce que ça m'écorche un petit peu les oreilles. Vous me
permettrez de dire ça comme ça. Je suis un député de région, et, oui, les
régions ont des différences comme les milieux urbains. Nous autres, ça prend
peut-être 10 kilomètres pour aller reporter nos bouteilles ou des services,
puis vous autres ça vous prend deux heures pour faire un kilomètre. Je veux
dire, ce n'est pas une raison pour ne pas agir parce qu'on est en région. C'est
juste ça.
Depuis hier, là, on... les régions, les
régions et... On va se garder une petite gêne, si vous me permettez, et je vais
juste faire un petit rappel gentiment à l'ordre là-dessus. Ce n'est pas
vis-à-vis vous, c'est vis-à-vis l'ensemble des propos depuis hier. Les régions,
nous vivons différemment, comme les milieux urbains ont des habitudes un petit
peu différentes, mais il ne faudrait pas que ce soit une raison d'être pour
expliquer la non-action.
Ceci dit, ma question va se diriger, pour
ne pas le nommer, Chic Alors : Qu'est-ce que vous faites chez vous
concrètement pour les bouteilles?
M. Philippin (Hugues) : Pour
les bouteilles...
M. Tardif :
Parce que là, quand on est Canada LEAF, ça veut dire quelque chose, ça.
J'aimerais ça que vous nous expliquiez : Dans le quotidien, là, comment
que ça fonctionne?
• (9 h 50) •
M. Philippin (Hugues) : Bien,
ce n'est pas que les bouteilles. Nous, chez nous, on a... Donc, on détourne 98
et plus pour cent de nos matières résiduelles de la... des déchets ultimes.
Donc, on récupère autant... Les matières organiques vont être compostées. Le
verre, le métal, le papier aussi, c'est envoyé à la récupération et le carton
aussi. Donc, finalement... On a aussi, d'ailleurs, de la consigne avec les
canettes et les bouteilles de bière.
Mais donc c'est autant de voies qui
sont... que nous avons à...
M. Philippin (Hugues) : ...donc
on récupère autant les matières organiques qui vont être compostées. Le verre,
le métal, le papier aussi, c'est envoyé à la récupération, et le carton aussi.
Donc, finalement... On a aussi d'ailleurs de la consigne avec les cannettes et
les bouteilles de bière. Mais donc, c'est autant de voies qui sont... que nous
avons à aiguiller les matières pour la récupération.
Puis un des facteurs qui est un peu... qui
nous freine un peu, c'est justement le... plus qu'on complexifie, plus qu'on
ajoute des voies, plus que c'est de la formation et plus qu'on rend la tâche
difficile en amont. Alors, les employés, par exemple, il faut qu'ils
pensent : O.K. Ça, c'est une cannette consignée, il faut que je la mette
là; une cannette non consignée, il faut que je l'envoie là; du carton, ça,
envoie là. Donc, si on est capable de simplifier le plus possible le tri, plus
que... meilleur on va avoir un rendement, meilleur que notre rendement sera. Je
prends par exemple une assiette avec une paille, un «cup» de beurre puis une
croûte à pizza. Si on pouvait composter la paille puis le «cup» de beurre, ce
serait plus simple, on l'enverrait direct dans le compost, puis il n'y aurait
pas de tri à faire, de décision à faire, donc on aurait un meilleur taux de
«compliance», là. Alors, c'est un peu pour ça que je propose de continuer avec
les voies qu'on a actuellement, soit la récupération du verre, métal, plastique
dans le bac bleu, plutôt que d'ajouter une autre voie pour consigner les
bouteilles à usage unique seulement. Donc, c'est une des choses qu'on fait chez
nous, là, c'est que justement on trie, là, mais...
M. Tardif :
O.K. Donc, on y va sur une concentration, mais dans une deuxième étape plus
loin, là, au niveau du tri, qui n'est pas nécessairement la base de ce qui doit
se passer chez vous, là, qui serait la deuxième étape, là?
M. Philippin (Hugues) : Oui.
M. Tardif :
O.K., d'accord. Vous comprendrez, comme un jour j'ai passé plusieurs années de
ma vie dans le monde des affaires, en termes de coûts, j'apprécie beaucoup la
question des ressources humaines, que vous avez soulevée. En termes d'argent,
on va se parler, parce que vous êtes en affaires, là, vous êtes en affaires pas
pour faire de la récupération quand on est dans un restaurant, j'imagine qu'il
y a d'autres raisons d'être. Comment ça va au niveau de la gestion? Qu'est-ce
que ça vous implique, en termes de vraie vie, dans les coûts?
M. Philippin (Hugues) : En
fait, c'est... Être vert, dans le fond, c'est d'être efficace, puis l'efficacité,
ça rime avec le profit. Alors, c'est... en fait, ce n'est pas... il n'y a pas
d'anachronisme... il n'y a pas de problème à récupérer ou à être efficace dans
nos opérations. C'est certain qu'on a impliqué... Tous les processus de tri
puis de récupération, ça fait partie de la façon de travailler, ça fait partie
de nos processus, là. Alors, une fois que c'est bien organisé, ça va bien.
Mais, encore une fois, c'est pour ça que simplifier les processus, ça les rend
plus efficaces.
M. Tardif :
Alors, parfait, ça... Être vert, c'est d'être efficace.
M. Philippin (Hugues) : Être
vert, c'est d'être efficace, c'est...
M. Tardif :
C'est ce que je retiens. Merci, merci.
M. Philippin (Hugues) : Ça
fait plaisir.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Saint-Maurice et... Saint-Maurice et Laviolette.
Mme Tardif : Laviolette.
Laviolette et Saint-Maurice.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Laviolette—Saint-Maurice. J'ai inversé, excusez-moi.
Mme Tardif : Deux comtés
fusionnés. Voilà. C'est très intéressant, parce que vous nous avez apporté les
deux facettes... les problématiques : au départ, toute la problématique du
recyclage, de la collecte comme telle dans les villes, les villages, où il y a
des endroits où ça ne se fait pas, les réglementations municipales, qui sont
aussi différentes par rapport à l'entreposage, les difficultés pour
l'entreposage à l'intérieur, pas juste des difficultés physiques, mais des
difficultés normées aussi au niveau de la salubrité, et à l'extérieur, bien, on
embarque aussi dans toutes les normes; et vous nous amenez l'autre facette, qui
nous dit que ça a l'air facile à faire, mais vous nous dites : On est
contre.
Pour le 23 millions de bouteilles de
vin, si j'ai bien compris, qui sont achetées par les différents restaurateurs,
là, à travers la province par année, quel pourcentage est récupéré? Comment
vous gérez les consignes? Qu'est-ce qui est fait concrètement, là? Avez-vous
des chiffres un peu plus tangibles? Parce que sans ça, on va dire : Ça a
l'air facile, on s'en va tous vers là, mais vous allez vous le faire imposer,
l'ensemble des gens vont se le faire imposer dans la restauration. Qu'est-ce
qui fait qu'on n'est pas capables, tout le monde, de s'en aller où lui est rendu?
M. Meunier (François) : En
fait, tout le monde est capable de s'en aller où lui est rendu. Mais, si on met
en place un autre canal de collecte, bien, évidemment, on dédouble un peu ce
qui se fait déjà. Vous savez, il y a un camion qui passe devant chaque
résident... presque partout au Québec, il y a un camion qui passe devant chaque
résidence pour ramasser le bac bleu, et idéalement il faudrait qu'il y ait un
camion qui passe devant chaque ICI pour ramasser le bac bleu.
Mme Tardif : Qu'est-ce que...
C'est ma question à ce moment-là : Qu'est-ce que, lui, il a que d'autres
n'ont pas qui fait que ça devient un succès chez lui?
M. Philippin (Hugues) : C'est
aussi : Est-ce que la ville dessert les ICI dans les autres régions du
Québec? Je sais que, nous, chez nous, la récupération, c'est la ville qui
l'assume. Alors...
Mme Tardif : Vous accumulez
pour combien de jours? Le camion, il passe combien de fois?
M. Philippin (Hugues) : Il
passe une fois par semaine chez nous...
Mme Tardif : Une fois par
semaine.
M. Philippin (Hugues) : ...un
bac bleu avec...
M. Philippin (Hugues) :
...est-ce que la ville dessert les ICI dans les autres régions du Québec. Je
sais que nous, chez nous, la récupération, c'est la ville qui l'assume, alors...
Mme Tardif : Vous accumulez
pour combien de jours? Le camion, il passe combien de fois?
M. Philippin (Hugues) : Il
passe une fois par semaine chez nous.
Mme Tardif : Une fois par
semaine.
M. Philippin (Hugues) : Un bac
bleu avec multimatières, donc verre, métal, plastique, le carton, c'est à part,
puis on a aussi le compost à part, puis on a les déchets ultimes à part,
alors...
Mme Tardif : Donc, le camion
qui passe a ces compartiments aussi.
M. Philippin (Hugues) : Oui,
bien, c'est un bac compartimenté, moitié... non, deux tiers matières
recyclables, un tiers poubelle. Les poubelles, on la vide aux deux semaines,
donc c'est 0,9 verge, c'est l'équivalent de deux bacs roulants résidentiels.
Mme Tardif : Bien, pour être
certaine de bien comprendre, est-ce que c'est un camion qui ramasse tout ça, ou
vous avez quatre camions différents qui passent pour chaque matière?
M. Philippin (Hugues) : C'est
quatre camions différents.
Mme Tardif : Donc, c'est
quatre camions différents, voilà. Parfait.
M. Philippin (Hugues) : C'est
ça, plus le camion des consignes. Alors, c'est un cinquième camion qui passe.
Mme Tardif : Un cinquième
camion, donc cinq camions. Puis on parle de GES aussi, là, parce qu'on ne veut
pas faire exprès pour augmenter nos GES.
M. Philippin (Hugues) : À tous
les jours. C'est ça.
Mme Tardif : Parfait. Donc,
vous êtes à quelle distance de ces entreprises de récupération là?
M. Philippin (Hugues) : Chez
nous, l'entreprise de récupération doit être à peu près à sept, huit
kilomètres, je dirais, dans le coin de...
Mme Tardif : Ça fait que ça
facilite aussi, d'où la différence entre les municipalités rapprochées et les
villages. Mais je vous écoute.
M. Philippin (Hugues) : C'est
sûr, exactement. Mais, dans le fond, la question, c'était c'est quoi le taux de
récupération, parce que le but, c'est de récupérer ce verre-là. Alors, s'il est
récupéré dans le bac bleu ou bien il est récupéré par la consigne, il est
récupéré. L'enjeu, c'est plutôt la valorisation. Donc, avec les... Si la
consigne du verre à usage unique augmente la valorisation, c'est bien, mais,
d'un autre côté, si on a des technologies qui permettent d'atteindre des
niveaux de pureté, comme on voyait avec la rénovation de... 97 %, je pense
qu'on n'a pas besoin d'ajouter une voie de récupération. C'est pour ça que
notre position est celle-là.
Mme Tardif : Votre position,
malgré que vous le faites, est contre.
M. Philippin (Hugues) : Oui,
parce que, dans le fond, on le fait. C'est-à-dire que c'est récupéré, le verre
n'est pas jeté, chez nous, en tout cas, et dans la plupart des foyers
québécois. Parce que le succès de la récupération, je pense, est indéniable, je
ne sais pas c'est quoi, le pourcentage au niveau résidentiel, mais ça
fonctionne très bien.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Beauharnois, vous avez une question? Il reste
1 min 40 s.
M.
Reid
: Vous
avez parlé tout à l'heure que la consigne représentait... vous avez ici, je
cite : «La consigne est un fardeau.» Vous mentionnez quelques exemples qui
se font ailleurs au Canada, mais j'aimerais vous entendre, dans les autres
provinces du Canada, on parle de l'Ontario, qui a la consigne, comment ça fonctionne?
Si ça fonctionne dans ces... Il y a deux provinces, je pense, qui n'ont pas la
consigne, c'est ici puis au Manitoba, je crois. Comment ça fonctionne ailleurs?
Pourquoi ça fonctionne là-bas puis ça ne fonctionnerait pas ici?
M. Meunier (François) : Si on
prend l'exemple de l'Ontario, qui est l'exemple parfait, c'est The Beer Store
qui assume le service de collecte des bouteilles, de récupération des
bouteilles, totalement gratuitement, auprès des titulaires de permis. Il
récupère tout, autant les bouteilles de vin que les bouteilles de bière. Sauf
que c'est issu d'une entente avec les grands brasseurs, The Beer Store
appartient à un consortium des brasseurs. Et sachez que, présentement, le
nouveau gouvernement ontarien veut remettre en question le monopole accordé aux
brasseries dans les The Beer Store. Parce que jusqu'à il y a quelques mois à
peine, on ne pouvait pas acheter de bière à l'épicerie en Ontario, maintenant,
on peut acheter seulement des «six-packs», des contenants de six bouteilles,
mais on veut, disons... Le modèle québécois est très attirant, alors on
voudrait que le consommateur puisse acheter des caisses de 24 bouteilles, comme
on le fait ici. Or, évidemment, les brasseries remettent en question le travail
qu'elles font via The Beer Store pour récupérer la totalité des matières, parce
qu'on changerait leur modèle d'affaires, à ce moment-là. Ici... rappelez-le,
la SAQ est venue vous dire qu'elle était... qu'elle souhaitait... était favorable
à la consignation à condition que ça ne soit pas dans ses succursales. Bien,
nous, on est favorables à la consignation si la SAQ, qui nous vend 24 millions
de bouteilles, vient rechercher toutes nos bouteilles. C'est certain...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Nous allons passer maintenant du côté de l'opposition
officielle. M. le député de Jacques-Cartier, vous avez
10 min 40 s.
• (10 heures) •
M. Kelley
: Merci.
Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation et aussi pour votre
mémoire qui est... honnêtement, c'est bien recherché, il y a beaucoup de faits
dedans, beaucoup de citations concernant des études. Mais moi, je veux juste
parler, et aussi donner vous une opportunité de juste parler un petit peu d'un
changement que j'ai vu dans des restaurants un petit peu partout au Québec.
Full disclosure, mon beau-frère est propriétaire d'un restaurant dans le
Vieux-Port de Montréal, il a travaillé dans les bars depuis plusieurs années,
et c'est le fils de quelqu'un qui était un fermier laitier dans Ormstown, alors
quelqu'un qui était toujours proche de la terre, si on peut dire comme ça. Puis
lui était toujours là pour réduire l'utilisation du plastique unique, certains
produits en régénération, juste moins de...
10 h (version non révisée)
M. Kelley
: ...un
fermier laitier dans Ormstown, alors quelqu'un qui était toujours proche de la
terre, si on peut dire comme ça. Puis lui était toujours là pour réduire
l'utilisation du plastique unique, certains produits en régénération, juste
moins de «consumption», d'être, oui, plus efficace et aussi de faire plus un
profit.
Alors, une question juste pour vous
autres : Est-ce que vous avez vu un changement dans l'industrie, en termes
de gens qui veulent plus la ferme à la table, puis aussi des propriétaires qui
sont plus conscients de la réalité, que tout le monde doit faire un effort pour
être plus vert et aussi réduire la «consumption» des différents produits, être
plus efficaces...
M. Meunier (François) : Écoutez,
je pense qu'il y a des centaines d'exemples. Et, comme je vous le disais un peu
plus tôt, l'industrie évolue au même rythme que va évoluer la mentalité de la population.
Et il y a un mouvement très fort sur un approvisionnement de proximité, on veut
faire affaire avec des producteurs locaux, on a à coeur d'éliminer peut-être
les ustensiles ou les contenants à usage unique en plastique, il y a énormément
d'initiatives qui sont faites, et même parfois pour des grands réseaux. Vous
savez que Les Rôtisseries St-Hubert sont un modèle, en termes de pratiques en développement
durable, presque la totalité de leurs matières est compostée, on utilise des
emballages qui sont compostables ou minimalement récupérables et recyclables. Il
y a effectivement une sensibilisation puis une conscientisation dans notre industrie
aussi forte qu'elle l'est ailleurs. Mais évidemment tout le monde ne bouge pas
au même rythme, et c'est clair qu'à la fois il y a une pression de l'opinion
publique, une pression aussi des consommateurs qui souhaitent aussi avoir...
faire affaire avec des entreprises qui sont responsables sur le plan
environnemental ou qui sont responsables dans toutes sortes de domaines. Alors,
oui, effectivement, il y a... on n'a pas dressé l'inventaire, mais je pense que
vous êtes devant les représentants d'une industrie qui a apporté énormément de
choses.
Vous savez, il y a toutes sortes d'initiatives
qui sont parties, à gauche et à droite, le projet La tasse, notamment, qui est
un système de consigne volontaire qui est parti dans des petits cafés de Montréal,
qui fait en sorte qu'au lieu d'acheter un café et de jeter sa tasse en cours de
route, bien, on se promène avec la même tasse, qu'on laisse en dépôt un peu
partout. Bien, ça fait des petits, maintenant, le même modèle qui s'applique un
peu partout au Québec, à Sherbrooke, à Trois-Rivières. Alors, il n'y a pas...
C'est certain que le législateur peut faire bouger les choses plus rapidement,
mais sachez qu'il y a quand même des initiatives qui viennent de l'intérieur
qui sont extrêmement profitables, et on doit le noter.
M. Philippin (Hugues) :
...ajouter qu'il n'y a pas une semaine qui passe qu'il n'y a pas un
restaurateur qui m'appelle pour me poser des questions, demander des conseils par
rapport à un virage vert. Alors, oui, tout à fait, il y a de l'intérêt, énorme,
dans le milieu.
M. Arsenault (Vincent) : Si je
peux rajouter, c'est certain que, comme restaurateurs, on a aussi cette
pression-là de notre clientèle qui nous demande de mieux faire. Tantôt, on
parlait de... Je pense que c'est quand même assez répandu, la récupération. Le
problème que l'on a, si je donne un exemple, le mien, je remplis quatre bacs
pleins, parce que c'est ce que je peux faire, puis le reste est récupéré quand
même dans un container que je vais payer pour pouvoir envoyer à la
récupération. Mais on sait tous qu'est-ce qui arrive avec ces éléments-là, présentement,
là. Le problème, ce n'est pas que les gens ne récupèrent pas, le problème,
c'est qu'on n'a rien à faire avec, donc il faut développer des débouchés, des
solutions pour pouvoir utiliser ce matériel-là. Il n'y a pas personne qui a le
goût de mettre ça dans les poubelles, là, même dans l'industrie de la
restauration.
M. Kelley
: Non, mais
c'est exactement... Je pense que, sur le terrain, c'est... certainement, il y a
beaucoup des gens qui pensent que la consigne... c'est le gros bon sens, alors
c'est juste une question... Parce que l'industrie a pris beaucoup de mesures
pour être plus efficace, je pense que c'est très important et c'est quelque
chose que des citoyens ont demandé.
Mais je veux juste revenir sur le système.
Je sais que beaucoup des gens, pour acheter des bouteilles de vin, ça va être
le gérant du restaurant qui va aller directement à la SAQ pour chercher tous
les produits, mais pas... les SAQ où des restaurants peut acheter des
bouteilles de vin. Alors, c'est juste, quand j'ai lu ça... Je sais, il y a les
plus grands restaurants où, peut-être, d'avoir un système de consigne, c'est
plus complexe, mais, en même temps, je sais que... j'imagine, pour les gens,
les restaurateurs, c'est comme... il peut juste prendre les bouteilles qui sont
déjà consommées puis retourner ça, puis j'imagine que c'est fait une couple de
fois par semaine, déjà, par chaque restaurant. Il faut aller à la SAQ souvent,
c'est nécessaire, c'est important. Alors, est-ce que vous avez une idée juste,
ou quand même un chiffre, sur le nombre de fois qu'un restaurant doit faire une
commande à la SAQ?
M. Meunier (François) : Non, je n'ai
pas de chiffre là-dessus, puis sachez que le modèle est variable.
M. Kelley
: Oui.
M. Meunier (François) : Il y a...
M. Kelley
: ...chaque
restaurant. Il faut aller à la SAQ souvent, c'est nécessaire, c'est important.
Alors, est-ce que vous avez une idée
juste, ou quand même un chiffre, sur le nombre de fois qu'un restaurant doit
faire une commande à la SAQ?
M. Meunier (François) : Non, je n'ai
pas de chiffres là-dessus puis sachez que le modèle est variable.
Une voix
: Oui.
M. Meunier (François) : Il y a
probablement 50 % de l'industrie qui reçoit ses produits de la SAQ par
camion de la Société des alcools. Il y a des commandes faites maintenant par un
système totalement informatisé. Ces camions-là arrivent pleins, partent vides.
Alors, déjà là, on a la SAQ qui nous dit : Je ne veux pas reprendre vos
bouteilles, là, ça, c'est un premier constat. Vous avez des gens qui vont faire
leur commande mais qui vont avoir des besoins pour faire des commandes
d'appoint, alors qui devront se présenter des succursales qui sont dédiées.
Ici, à Québec, je vais vous donner un exemple concret, les restaurants sont
presque exclusivement obligés d'aller sur Einstein, c'est la seule place où ils
peuvent s'approvisionner. Alors là, il y a comme une espèce de SAQ Dépôt qui
n'est pas une SAQ Dépôt, qui est une SAQ réservée aux titulaires. Les gens
arrivent en voiture, vont faire leurs achats, souvent ont fait leurs commandes
auparavant et vont repartir avec leurs produits. Et évidemment ça se fait dans
une quantité beaucoup plus limitée, parce que, lorsqu'on se fait livrer, ça va
probablement être minimalement sept, huit, neuf, 10 caisses, donc faites le
calcul, c'est 100, 120 bouteilles, et là, évidemment, tout dépendant de votre
volume, bien, vous avez besoin d'y retourner à chaque semaine. Sachez qu'il y a
une question de cash-flow, hein, il n'y a pas grand... ce n'est pas tout le
monde qui est capable d'avoir 30 000 bouteilles dans la cave qui dorment
puis qui dit : Je vais les revendre dans cinq ans. Alors, il y en a
évidemment qui ont besoin de renouveler leurs stocks à une fréquence plus
rapide, et là, à ce moment-là, la quantité de bouteilles à chaque fois est
beaucoup moins importante. Alors, il n'y a pas de... rien d'universel, mais
c'est vrai qu'à la fin, pour l'industrie, on devra ajouter une couche
supplémentaire, en termes de gestion, quand finalement il y a déjà un camion
qui vient, et donc, si, à la fin, on peut... On convient d'une chose, le taux
de récupération est très bon. On convient d'une chose, les centres de tri
doivent être modernisés. On convient d'une chose, il faut trouver un débouché
au verre. Est-ce que la consigne va permettre d'améliorer ces trois choses-là?
Ça reste à démontrer, on pourrait très bien continuer avec le modèle de
collecte sélective et arriver à la fin au résultat qu'on veut, c'est-à-dire de
pouvoir réutiliser, recycler la matière récupérée plutôt que l'envoyer dans les
sites d'enfouissement, comme c'est le cas pour l'essentiel du verre, présentement.
M. Philippin (Hugues) : C'est parce
que, là, actuellement, on concentrerait... le projet ici vise à concentrer les
efforts vers la récupération des bouteilles de vin, mais ça n'enlèverait pas du
verre, quand même, de la matière sélective, il resterait quand même des pots de
marinade puis des pots de cornichons. Alors, on pourrait peut-être adresser le
problème en gros, plutôt en travaillant sur justement la valorisation du verre
qui est déjà dans la récupération, plutôt que de viser juste la récupération
des bouteilles à usage unique.
M. Kelley
: Je vais céder la
parole à mon collègue de Viau.
La Présidente (Mme St-Pierre) : Oui.
M. le député de Viau, vous avez deux minutes.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, merci beaucoup, monsieur, pour cette présentation, mémoire
très étoffé. Je constate aussi que l'association de la restauration du Québec
est très active aujourd'hui sur la colline parlementaire. Donc, ce matin, vous
êtes avec nous, un peu plus tard, vous allez être en commission parlementaire
sur un autre dossier, donc, le dossier de l'immigration.
Lorsqu'on connaît, donc, l'enjeu de la pénurie de
la main-d'oeuvre, donc pour l'industrie, donc pour le secteur de la
restauration, j'aimerais comprendre, est-ce que vous avez fait une évaluation
de quelle serait cette réalité-là en lien avec cet enjeu-là de pénurie de
main-d'oeuvre? Donc, avez-vous fait une analyse par rapport à ce fardeau
additionnel que serait, par exemple, une éventuelle consigne?
M. Campeau : ...
M. Benjamin : Oui, absolument.
Tout à fait. Donc, advenant, par exemple, qu'il y a la consigne, donc la
consigne soit obligatoire pour l'industrie de la restauration. Donc, ma
question : Est-ce qu'il y a une évaluation qui a été faite par
l'association de la restauration du Québec pour qu'est-ce que ce serait, ce
fardeau additionnel, pour vous?
M. Arsenault (Vincent) : Bien,
en fait, mon collègue en a fait mention un petit peu tantôt, donc, de la
récupération, c'est une question d'efficacité. La gestion de ces bouteilles-là
nécessite de les classer. Ce qu'il faut savoir, c'est que les couleurs de verre
ne doivent pas toutes être mélangées, etc., il faut les entreposer. Tantôt, je
mentionnais qu'il va falloir partir ou envoyer quelqu'un les envoyer à quelque
part, éventuellement. Donc, oui, il y a un coût relié à ça dans un contexte où
on a déjà beaucoup de difficulté à avoir du personnel. On a un taux de
roulement qui est quand même plus élevé qu'avant, donc, au niveau formation, ça
nécessite un peu plus de formation pour s'assurer que les gens vont le faire de
façon efficace, etc., tandis que, si on travaille avec une collecte sélective,
bien, tout le monde est capable de réaliser ce qui va dans le bac bleu, puis
c'est quand même plus efficace et plus rapide, là, on traite le produit une
seule fois.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, c'est terminé pour cette portion, M. le député de Viau. Maintenant, Mme
la députée de Mercier.
• (10 h 10) •
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Je voulais juste rappeler la raison
pour laquelle il y a une commission sur la crise du recyclage du verre qui se
tient en ce moment au Québec, c'est parce que, selon les derniers chiffres...
Une voix
: ...efficace
et plus rapide, là, on traite le produit une seule fois.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, c'est terminé pour cette portion, M. le député de Viau. Maintenant, Mme
la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Je voulais juste rappeler la raison
pour laquelle il y a une commission sur la crise du recyclage du verre qui se
tient en ce moment au Québec. C'est parce que, selon les derniers chiffres, le
taux de performance de nos centres de tri aujourd'hui, en 2019, et ce n'est pas
la première crise qu'on vit, il est de 37 % et... parce que la matière qui
sort n'est pas de bonne qualité. Donc, cette crise-là n'est pas seulement une
crise médiatique ou d'opinion publique, c'est une crise réelle qui existe, et
on a toujours des promesses qu'un jour ça va s'améliorer, ça va s'améliorer. Et
c'est pour ça qu'on est en train d'explorer différentes solutions, que ce soit l'amélioration
de la collecte sélective, mais surtout la consigne ou des centres de dépôt.
Donc, c'est juste... je voulais le rappeler, parce que j'avais l'impression que
vous ne réalisiez pas qu'en 2019 on est un petit peu la risée, parce que la majorité
de nos matières ne sont pas recyclées, alors que c'est ce qui se passe, par
exemple, ailleurs au Canada où la consigne existe, et les résultats sont
meilleurs.
Vous avez parlé des ICI. C'est vrai qu'ils
ne sont pas desservis par la collecte sélective des municipalités. Vous, dans
votre municipalité, ce n'est pas le cas, ce qui vous permet de recycler
100 % des bouteilles de verre, de vin, c'est ce que je comprends. Je
voulais savoir, parmi vos membres qui ont la collecte sélective, parce que
vous, vous aimeriez qu'elle soit étendue partout, mais est-ce que vous savez
c'est quoi, le taux de participation des membres qui ont cette collecte
sélective, qui peuvent mettre leurs bouteilles de vin dans les contenants des municipalités,
le taux de participation? Avant de l'étendre partout, est-ce que ça fonctionne?
M. Meunier (François) : Pour
les ICI ou... On arrive, là... dans les municipalités, on est à 56 % de
participation aux collectes sélectives municipales, puis, dans le privé, à
32 %. Alors, parfois, il peut y avoir... Tout ça se fait conjointement,
comme M. Arsenault vous le disait, parfois la ville prend une certaine quantité
de matières, et les gens ont un contrat privé pour une autre partie.
Mme Ghazal : Ça fait que vous,
par exemple, vous avez... vous, c'est la municipalité, mais ça peut être un
contrat privé. Mais ce que je veux dire, c'est que quand la ville fait cet
effort-là de desservir les ICI, 100 % des restaurateurs y participent, ou
tous leurs contenants vont être mis dans la collecte sélective?
M. Meunier (François) : En
fait... voir l'étude de caractérisation, et je ne pense pas que les études de
RECYC-QUÉBEC permettent d'aller aussi détaillé que vous le souhaitez, Mme la
députée.
Mme Ghazal : Mais vous, est-ce
que vous l'avez fait?
M. Meunier (François) : Non,
on n'a pas les moyens de faire cette étude-là.
Mme Ghazal : C'est ça. Parce
que, dans le fond, la question, c'est, si on le donne, il faut que ça soit
utilisé, parce que si, par exemple, ils trouvent que le bac n'arrive pas... il
est trop petit... Oui, allez-y.
M. Arsenault (Vincent) : Mais
je vous dirais, à 250 $ la levée, je pense que, s'il y a un bac vert
gratuit dans lequel je peux mettre mes bouteilles puis je vais les porter au
chemin, je ne verrais pas pourquoi un restaurateur ne le ferait pas.
Mme Ghazal : ...
M. Arsenault (Vincent) :
Bien... de le faire. Moi, si j'avais la capacité de mettre 100 % de mon
verre, je le mettrais, là, sans avoir à payer pour pouvoir l'envoyer dans un
site, donc...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous arrêter ici. M. le député de Jonquière, c'est à vous la parole.
M. Gaudreault : Oui. Merci. Merci
beaucoup de votre présence. Vous dites, à votre recommandation n° 1 :
«Qu'une priorité soit donnée au développement de nouveaux débouchés pour le
verre recyclé.» On en a parlé quand même pas mal ici hier. Je voudrais savoir
un peu votre opinion là-dessus, quels genres de nouveaux débouchés vous
entrevoyez?
M. Meunier (François) : Bien,
si on est capable de faire d'autres bouteilles, pourquoi pas? Mais on voit qu'il
y a toutes sortes d'initiatives ou, du moins, de tests qui ont pu être faits,
que ce soit dans l'ajout de poudre de verre ou même l'utilisation de
couvre-planchers, il y a probablement des types de débouchés qui ont probablement
plus de potentiel que d'autres, mais c'est certain qu'on a beau récupérer
90 % du verre, qu'il soit consigné ou pas, si finalement il aboutit au
centre d'enfouissement quand même, on n'aura rien gagné, personne. Alors, il
faut être capable de faire quelque chose avec ce verre-là.
M. Gaudreault : Consigne, pas
consigne, il faut...
M. Meunier (François) :
Consigne, pas consigne.
M. Gaudreault : Il faut quand
même le faire, effectivement. J'aimerais savoir, par votre expérience de
restaurateur, est-ce qu'il y a d'autres types de contenants qui commencent à
percer aussi dans le milieu? Bon, par exemple, la bière, on sait qu'il y a de
la bière en fut, mais bon, pour le vin, c'est moins courant. Est-ce que...
Parce que, dans le fond, l'objectif, c'est aussi de réduire à la source, est-ce
que, de plus en plus, vous voyez qu'il y a... Autrement dit, est-ce qu'on
pourrait pousser ça davantage, là, et, si oui, comment, et quels types de
contenants existent?
M. Philippin (Hugues) : Déjà,
pour les bouteilles d'eau, on ne vend plus de bouteilles d'eau au resto.
M. Gaudreault : Bravo!
M. Philippin (Hugues) : On est
contre ça, évidemment, et puis là je pense que l'opinion publique est vraiment
contre les bouteilles d'eau, puis c'est une bonne chose, parce qu'on a de l'eau
de qualité du robinet, et puis c'est ça qu'il faut promouvoir. C'est pareil
pour la bière, encore une fois, le gros de notre bière est en fut, alors c'est
encore une fois plus efficace. Le vin, c'est encore plus difficile, parce qu'il
y a... derrière le vin, il y a le producteur, il y a des centaines et des
milliers de sortes de vins différents, alors on pourra... Je vois mal comment
le vin peut venir à être ne fût, à part...
M. Gaudreault : Mais dans les
autres produits, par exemple, les contenants de cornichons, les fameux cornichons,
on en parle depuis hier, ou les vinaigrettes, etc.
M. Philippin (Hugues) : Bien,
en restauration, d'habitude, on a des contenants plus gros, premièrement. On a
des chaudières...
M. Philippin (Hugues) : ... des
centaines et des milliers de sortes de vins différents. Alors, on pourra... Je
vois mal comment le vin peut venir en... à être ne fût, à part...
M. Gaudreault : Mais dans les
autres produits, par exemple, les contenants de cornichons, les fameux
cornichons, on en parle depuis hier, ou les vinaigrettes, etc.
M. Philippin (Hugues) : Bien,
en restauration, d'habitude, on a les contenants plus gros, premièrement. On a
des chaudières d'olives ou de concombres, ou peu importe. Alors, ça vient surtout
en gros contenants. On essaie de trouver des contenants qui sont... qui peuvent
être récupérés ou qui peuvent être retournés. Les paniers de fruits maintenant,
les livreurs nous arrivent avec des fruits et légumes dans des bacs
retournables, comme les caisses de lait, un peu consignées aussi, là, dans un
sens.
Alors, de plus en plus, je pense qu'il y a
une diminution de l'emballage qui se voit dans le milieu. C'est sûr que ça
vient... Ce n'est pas sous notre contrôle, mais, évidemment, on peut influencer
de plus en plus les distributeurs pour, justement, nous livrer la matière dans
des contenants plus écologiques.
M. Gaudreault : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous arrêter ici, malheureusement. Alors, merci beaucoup pour cette
présentation ce matin au sein de notre commission. Je vous souhaite une
excellente journée et on va suspendre deux minutes, le temps d'accueillir notre
autre intervenant, M. Dalpé de Bouteilles recyclées du Québec.
(Suspension de la séance à 10 h 16)
(Reprise à 10 h 18)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons poursuivre nos travaux. Nous
allons entendre maintenant Bouteilles recyclées du Québec. M. Jacques Dalpé,
président et chef de direction, vous avez la parole pour 10 minutes et ensuite,
nous procéderons aux échanges avec les parties.
M. Dalpé (Jacques) : Merci.
Merci à la commission de votre accueil, de votre invitation et merci de
nous donner l'occasion d'exprimer notre point de vue sur la question du
recyclage du verre.
J'aimerais, d'entrée de jeu, mentionner
que les travaux de la commission sont particulièrement bien synchronisés, parce
qu'en plus de la crise actuelle, la problématique du recyclage du verre va
aller en s'augmentant, parce qu'au fur et à mesure que les contenants de
plastique vont subir une pression vers la sortie. L'élimination graduelle des
contenants de plastique crée inévitablement une demande accrue pour les autres
types de contenants, incluant le verre. Cette tendance est déjà bien observable
en Europe, où la demande pour les produits du verre est nettement à la hausse.
Se questionner sur les meilleures méthodes de recyclage du verre est donc
d'autant plus pertinent.
Bouteilles recyclées du Québec souligne
cette année son 25e anniversaire. Nous sommes l'un des plus importants
distributeurs de bouteilles de verre au Canada. Nous nous approvisionnons
principalement auprès des verriers européens et nord-américains. Nos produits
sont destinés aux microbrasseries, vignobles, cidreries, producteurs de
spiritueux et autres produits émergents.
• (10 h 20) •
À partir de notre siège social, situé à
Laval, nous desservons une clientèle partout en Amérique du Nord. Nous nous
spécialisons également dans le lavage des bouteilles de verre. Exception faite
des grands brasseurs, notre capacité de production est l'une des plus
importantes au pays. Nous pouvons laver plus de 100 000 bouteilles par
quart de travail. Nous avons actuellement une capacité de production inutilisée
de plus 30 millions de...
M. Dalpé (Jacques) : ...partout
en Amérique du Nord. Nous spécialisons également dans le lavage des bouteilles
de verre. Exception faite des grands brasseurs, notre capacité de production
est l'une des plus importantes au pays. Nous pouvons laver plus de
100 000 bouteilles par quart de travail. Nous avons actuellement une
capacité de production utilisée de plus de 30 millions de bouteilles par
année. Nous avons donc un préjugé favorable à l'égard du verre. Nous croyons
que le verre est le matériel le plus écologique non seulement en dehors de sa
production originale, mais surtout parce que le contenant de verre est le seul
qui peut être réutilisé. Les contenants de plastique ou d'aluminium peuvent
être recyclés mais ne peuvent pas être réutilisés. Nous croyons fermement que
la réutilisation du verre par le biais du lavage est une avenue qui mériterait
qu'on s'y attarde davantage.
La littérature est volumineuse et parfois
contradictoire sur les avantages du verre comparativement au plastique ou à
l'aluminium. Selon la plupart des experts, l'empreinte environnementale de la
production d'une bouteille de verre neuve se compare avantageusement à celle de
contenants de taille similaire en plastique ou en aluminium. En Europe, le
verre est composé en moyenne de 80 % de verre recyclé. De façon générale,
ce pourcentage est nettement inférieur en Amérique du Nord, on parle d'à peu
près 20 %, et c'est en grande partie dû à la qualité du verre recyclé, en
fait, la faible qualité du verre recyclé puis ceci résulte des méthodes de tri
utilisées, soit pour récupérer ou pour trier le verre.
En ce qui concerne le recyclage, le verre
présente un défi particulier en raison de sa fragilité. Entre le bac de
recyclage et son transport jusqu'au centre de tri, le verre a un périple qui le
laisse en mauvais état. Il est évidemment cassé et mêlé au reste des autres
matières, ce qui rend son tri difficile et qui laisse le verre trié
passablement contaminé limitant ainsi les possibilités de recyclage.
Nous croyons fermement que la récupération
telle qu'effectuée présentement par le biais de la consigne demeure la
meilleure alternative pour assurer la valorisation du verre. La consigne permet
au verre de ne pas se retrouver au bac de recyclage ni au centre de tri. Elle
assure l'intégrité de la bouteille. Elle permet la réutilisation de la
bouteille, ce qui, sans contredit, demeure l'alternative la plus écologique.
Même à des fins de recyclage, la consigne demeure, selon nous, la solution la
plus simple et la plus économique. Et j'ajoute, elle ne devrait pas être vue
comme une solution unique ni miracle. D'ailleurs, nous soumettons à la
commission que pour optimiser le recyclage du verre, il n'y a aucune raison de
mettre la consigne et le bac bleu en opposition. Selon nous, ils sont
totalement complémentaires. Faire le choix le plus écologique n'est pas
nécessairement le choix le plus simple. Par contre, dans le cas du verre, nous
croyons qu'il s'agit non seulement du choix le plus écologique mais aussi le
plus économique.
Comme vous le savez sans doute, le
recyclage des matières comporte de très nombreux défis, que ce soit la
récupération, le tri de qualité, le contrôle des coûts et la disponibilité des
marchés pour la revente des matières recyclées. Tour à tour, le papier, le
carton, l'aluminium, le plastique se sont butés à ces réalités à tel point que
maintenant, plusieurs de demandent si le recyclage a un avenir si le contenu du
bac de recyclage ne se trouve pas finalement en bonne partie au site
d'enfouissement, c'est certainement le cas pour le verre, et tout ceci malgré
les sommes colossales qui ont été investies et qui vont devoir être investies
dans un proche avenir pour améliorer l'efficacité des centres de tri. Les coûts
toujours grandissants du ramassage des bacs de recyclage et du transport ne
font qu'ajouter au problème. Essentiellement, l'opération de recyclage doit
être rentable pour être viable. Force est d'admettre que dans l'état actuel des
choses, il s'agit là d'une proposition assez incertaine. D'un point de vue de
recyclage, le verre n'échappe pas à cette réalité. Améliorer la qualité du
verre recyclé est absolument essentiel afin d'augmenter son potentiel de
revente. Améliorer la qualité du verre recyclé va demander des investissements
extrêmement importants dans les centres de tri assumant même que la technologie
sera disponible. Par la suite, le verre recyclé sera soumis aux mêmes pressions
de marché que les autres matières. Il faudra sans cesse trouver des débouchés
pour la revente, et obtenir des prix qui justifieront toutes ces dépenses et
investissements. Ceci étant dit, il ne faut pas abdiquer pour autant à l'idée
du recyclage du verre, notre proposition est à l'effet que la réutilisation du
verre doit absolument faire partie de l'équation.
La bouteille de verre est le seul
contenant qui offre la possibilité d'être réutilisé. Pour réutiliser une
bouteille de verre, il faut que la bouteille soit récupérée d'une manière qui
assure son intégrité physique, ce qui exclut donc le bac de recyclage, que la
bouteille soit acheminée dans un établissement de lavage comme le nôtre, que
ceux qui ont mis la bouteille en service aient un intérêt à acheter
prioritairement la bouteille lavée plutôt que la bouteille neuve. Traiter la
bouteille de verre avec autant de soin peut paraître prohibitif, mais il faut
savoir qu'aujourd'hui il se lave avec succès plus de 75 millions de
bouteilles de verre par année au Québec seulement...
M. Dalpé (Jacques) : ...ceux qui
ont mis la bouteille en service aient un intérêt à acheter prioritairement la
bouteille lavée plutôt que la bouteille neuve.
Traiter la bouteille de verre avec autant
de soin peut paraître prohibitif, mais il faut savoir qu'aujourd'hui il se lave
avec succès plus de 75 millions de bouteilles de verre par année au Québec
seulement. Il ne fait pas de doute que la réutilisation de la bouteille de
verre est le choix environnemental par excellence. L'empreinte environnementale
du lavage de bouteille est considérablement inférieure à tout autre mode de
recyclage. Considérant qu'une bouteille peut être réutilisée entre cinq et
10 fois dépendamment du type de bouteille, cet avantage est d'autant plus
important. Le coût pour augmenter la capacité de lavage du verre sont considérablement
inférieurs à toute autre forme d'investissement familière pour améliorer la
qualité du recyclage. Compte tenu que le marché pour la bouteille est déjà
existant, il n'y a pas beaucoup de risque que la bouteille lavée ne trouve pas
preneur. De plus, la bouteille lavée se vend toujours moins cher que la
bouteille neuve, ce qui constitue un incitatif naturel à l'achat de la
bouteille lavée. S'il est vrai que le lavage de bouteille représente un certain
défi technologique lorsque vient le temps de traiter plusieurs types et formats
de bouteilles de verre, il est également vrai que ce défi peut être relevé pour
une fraction du coût qui sera requis pour l'amélioration des techniques de tri
et de traitement du verre recyclé. Il est bien possible que le lavage de
bouteilles de verre ne soit pas une alternative pratique et possible pour tous
les formats de bouteilles de verre, mais nous croyons que la réutilisation de
la bouteille de verre devrait recevoir un traitement prioritaire, que le
recyclage ne devrait être envisagé que pour les cas où le lavage ne peut pas
l'être.
Considérant la consigne... Concernant la
consigne, comme dans plusieurs autres pays, la Québec a adopté la formule de la
consigne pour valoriser et récupérer plusieurs types de matières recyclables.
La consigne offre essentiellement un incitatif financier au consommateur pour
rapporter la matière à l'endroit désigné. De par sa nature même, le système de
récupération de la bouteille de verre qui s'attache à la consigne constitue la
meilleure solution afin que la bouteille de verre soit récupérée dans son
intégrité physique, condition essentielle au lavage de bouteille. Mais la lourdeur
administrative reliée à la gestion de la consigne, malgré la lourdeur
administrative, il ne nous appartient pas de déterminer si l'incitatif
financier propre à la consigne est encore nécessaire de nos jours afin de
récompenser la conscience sociale des citoyens. Par contre, il nous apparaît
évident que, si le citoyen a le choix entre la facilité d'utiliser le bac et
l'incitatif financier de rapporter ses bouteilles chez le détaillant, il
choisit trop souvent le bac de recyclage.
En permettant que le verre se retrouve
dans le bac de recyclage, le message lancé au citoyen est que le bac est un
moyen efficace de récupérer le verre. Il a été démontré que le bac de recyclage
ne convient pas à un recyclage efficace du verre et encore moins à une réutilisation
de la bouteille. Toutefois, avant de promouvoir l'idée que le verre ne devrait
pas aller au bac, il faut aménager une alternative. Il ne fait pas de doute
qu'actuellement le mode de récupération de la bouteille de verre par le biais
de la consigne ne fait pas le bonheur de tous les détaillants, dépanneurs,
épiceries puis, on l'a vu, les restaurateurs. La gestion de la bouteille sale,
le tri, l'espace d'entreposage, la gestion de la consigne sont autant de motifs
de récrimination. Ce sont ces mêmes défis qui semblaient, bien, jusqu'à hier,
refroidir l'enthousiasme de la SAQ à emprunter la voie de la consigne pour les
bouteilles de vin. Nous croyons que le temps est peut-être venu de réfléchir à
nouveau sur la meilleure façon d'assurer que tous les contenants de verre
puissent être récupérés de manière à favoriser en premier lieu la réutilisation
et ensuite le recyclage.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je vais vous demander de conclure.
M. Dalcé (Jean) : M. Dalpé
(Jacques) : Ah oui? Bien d'accord. Bien, je conclus.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous êtes rendu... Vous avez fait vos
10 minutes, là.
M. Dalpé (Jacques) :
Alors, il s'agit... Pour nous, le lavage, la réutilisation de la bouteille, il
s'agit du meilleur choix d'un point de vue environnemental, d'un modèle
d'affaires qui a déjà fait ses preuves et qui présente peu de risques
financiers. La capacité de production peut être augmentée à des frais
raisonnable. Puis relever le défi entourant l'aspect logistique de la
récupération de la bouteille permettrait de mettre à contribution avec
enthousiasme tous les intervenants du milieu. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci. Merci beaucoup. Alors, je passe la
parole au député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme
la Présidente. Merci de votre présentation. Je ne suis pas surpris par ce que
vous avez dit, mais vous êtes le premier qui le dites aussi clairement, que
moins de plastique va faire plus de verre.
M. Dalpé (Jacques) : Absolument.
M. Campeau : Et est-ce
que ceci est relié au fait que vous avez un immense pourcentage encore
inutilisé de capacité de production?
M. Dalpé (Jacques) : Ceci
étant?
M. Campeau : Bien, vous
avez dit que vous avez une très grande capacité encore inutilisée de lavage de
bouteille.
M. Dalpé (Jacques) : Oui.
Exact.
M. Campeau : C'est en
préparation de?
• (10 h 30) •
M. Dalpé (Jacques) : Non.
C'est en relation... C'est en réaction de. Aujourd'hui, particulièrement dans
la bière, il y a eu une transition importante, partout en Amérique du Nord, du
verre vers... du verre, v-e-r-e, vers, v-e-r-s, la canette. Donc, il y a cinq
ans, on était à pleine capacité...
10 h 30 (version non révisée)
M. Dalpé (Jacques) : ...en
relation, c'est en réaction de. Aujourd'hui, particulièrement dans la bière, il
y a eu une transition importante partout en Amérique du Nord du verre vers...
du verre, v-e-r-r-e, vers, v-e-r-s, la canette. Donc, il y a cinq ans, on était
à pleine capacité et aujourd'hui on est à moitié capacité. Donc, la canette a
pris le dessus dans la bière.
M. Campeau : Est-ce que...
Bien évidemment, les microbrasseries font preuve de beaucoup d'originalité dans
leurs contenants, ce qui est bien et, en fait, peut-être problématique pour
vous... bien, ce n'est pas problématique pour vous?
M. Dalpé (Jacques) : Pas du
tout. Nous, on peut laver... ou on lave aujourd'hui 25 types de bouteilles
différents, de la bouteille de vin... en fait, nous, on n'appelle pas ça une
bouteille de vin parce que, pour nous, la bouteille, on peut mettre n'importe
quoi dedans, donc nous, pour nous, c'est une bouteille bordelaise, c'est une
bouteille de 750 millilitres, c'est une bouteille de 500 millilitres. Donc, on
a une appellation un peu différente.
Mais toute bouteille qui a une épaule,
donc un goulot, qui exclut les pots de confiture, là, et qui a une ouverture de
26 millimètres, pour être un peu technique, là, se lave. Donc, ce n'est pas un
grand défi pour nous de laver des bouteilles différentes. Le principal défi,
c'est de les ramener à notre usine sans qu'elles soient cassées.
M. Campeau : Mais est-ce qu'il
n'y a pas un défi de les ramener à la microbrasserie pour qu'ils remplissent de
nouveau s'ils sont tellement petits?
M. Dalpé (Jacques) : C'est le
point... C'est le défi logistique alentour du lavage de bouteilles, de la
réutilisation de la bouteille de verre. C'est le principal défi. C'est un défi
logistique. Comment traiter la bouteille après son utilisation par le
consommateur pour qu'elle revienne dans un centre de traitement comme nous et
qu'elle retourne chez l'utilisateur, chez l'embouteilleur, chez le «copacker»,
chez le microbrasseur, d'une manière économique et efficace, en essayant
d'éliminer toutes les raisons pour lesquelles la bouteille de verre, surtout
dans la bière, a... sort du marché au bénéfice de la canette, qui est un
contenant peut-être plus pratique mais beaucoup moins écologique, c'est un
défi.
On n'a pas la réponse. Nous, on lave la
bouteille. On n'est pas des experts en logistique. Ce n'est pas un petit défi,
mais je pense que c'est un défi qui mérite qu'on s'y attarde et peut-être qu'on
ouvre un peu nos horizons, qu'on repense un peu à la façon dont on traite la
bouteille de verre.
M. Campeau : Vous parlez de
standardisation pour certains modèles de bouteilles, pour ne pas qu'il y en ait
trop. Est-ce que vous verriez ça...
M. Dalpé (Jacques) : La
standardisation facilite le tri. Du point de vue lavage, ce n'est pas un enjeu
parce qu'on peut arrêter la production, changer de modèle. Changer de type de
bouteille à l'intérieur de l'unité de production, ça se fait quand même assez
facilement. C'est une vingtaine de minutes, là. Donc, ce n'est pas un enjeu
pour nous.
C'est un enjeu logistique, encore une
fois, de dire : Bon, bien, est-ce que... Puis sans entrer dans trop de
détails, là, quand vous achetez une caisse de 12 ou une caisse de 24, vous
achetez toutes des bouteilles pareilles et vous achetez la boîte, donc c'est
plus facile de ramener les... de remettre les bouteilles dans la boîte et de
les retourner. Quand vous achetez de la bouteille de microbrasserie, bien,
typiquement, vous en achetez une ou deux d'un microbrasseur, une ou deux d'eux
autres, puis vous faites un petit... parce que vous avez le goût de goûter à
différentes choses. Le réflexe, pour ces bouteilles-là, ce n'est pas de les
retourner, c'est de les mettre dans le bac. Puis, s'ils vont dans le bac, ils
sont partis, ils ne reviendront jamais et ils vont se retrouver...
Donc, c'est de repenser du début à la fin,
de la mise en service de la bouteille jusqu'à sa réutilisation. Ça demande
qu'on se rassoie, qu'on y repense, puis de dire : Est-ce que je vais
imposer aux restaurateurs... et puis j'étais assez sensible avec... Mais, si ce
n'est pas ça, est-ce qu'on va aller dans la facilité? Est-ce qu'on va
dire : Bon, bien, aussi bien d'éliminer la bouteille ou on se met à
risque, on crée des centres de tri pour recycler, puis là il va se monter des
montagnes de verre?
Puis souvenez-vous de ce que je vous
dis : Dans cinq ans d'ici, on va avoir trouvé la solution pour trier le
verre. On va se faire des belles montagnes de verre propre, puis les
utilisateurs de verre, les fabricants, les verriers vont vous négocier ça. Vous
allez voir ça. Dès que la matière va devenir disponible, on va avoir de la
misère à la vendre. C'est vrai pour le plastique, c'est vrai pour le carton. Ça
fait 50 ans qu'on recycle du papier, et, pourtant, il y a des montagnes de
papier qui dorment à gauche puis à droite, parce que les gens en ont de besoin,
ils arrêtent d'en acheter pendant six mois et ils font... ils jouent sur les
prix. Ça devient une commodité, puis c'est difficile d'avoir un prix, pour une
matière recyclée, qui compense pour tout l'argent qui a été dépensé pour la
recycler.
M. Campeau : O.K. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...M. le député Rivière-du-Loup—Témiscouata, vous avez la parole.
M. Tardif :
Merci. J'aime les gens qui me sortent des sentiers battus. Merci. Maintenant...
M. Dalpé (Jacques) : Je
m'excuse. Le cheveu dans la soupe.
M. Tardif :
C'est excellent, vous... Je le sais que je suis probablement un des seuls dans
la salle et je suis hybride, donc...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...alors, M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata, vous avez la parole.
M. Tardif :
Merci. J'aime les gens qui me sortent des sentiers battus. Merci.
M. Dalpé (Jacques) : ...le
cheveu dans la soupe.
M. Tardif :
...je le sais que je suis probablement un des seuls dans la salle — et
je suis hybride, donc je viens autant d'un milieu urbain, que régional — d'avoir
connu des pintes de lait en verre dans des laiteries qu'on récupérait et qu'on
remettait aux laitiers. Alors, c'est une belle image, quand vous parlez d'un
choix plus écologique et également plus économique, parce qu'effectivement, peut-être
que votre réflexion nous permet... en tout cas, pour moi, je vais parler pour
moi, me permet d'élargir un petit peu plus ma vision, c'est-à-dire, oui,
comment récupérer, oui, comment reproduire, oui, l'aluminium prend plus de
place, mais il y a des coûts, et on parle d'écologie. Notre gouvernement a
décidé d'agir dans cette direction-là ou, du moins, d'avoir une commission pour
pouvoir aller plus loin par après, donc c'est intéressant. Et, une fois que le
produit est fait, bien là, on peut quand même donner, qu'on parle de
microbrasserie et autre, là, on peut donner plusieurs vies à ce produit-là.
Donc, ça aussi, c'est pour ma réflexion personnelle, et je vous en remercie beaucoup.
Ma question, puisque vous en avez parlé,
et j'aimerais quand même vous entendre parler de la valorisation du verre,
qu'est-ce qu'on peut faire pour valoriser plus le verre, parce qu'il y a quand
même un comportement, si je regarde au niveau du consommateur, mais également
au niveau des entreprises qui nous amènent à se tourner vers d'autres éléments,
et c'est là que votre clin d'oeil nous permet peut-être de dire : Ah! il y
a peut-être une autre piste ou il y a peut-être d'autres pistes. Alors,
j'aimerais vous entendre sur la valorisation du verre, comment vous voyez ça,
puis comment vous voulez agir, là, dans les prochains mois, dans les prochaines
années, s'il vous plaît.
M. Dalpé (Jacques) :
Évidemment, vous prêchez un converti, nous, on est dans le verre, donc je
pourrais parler longtemps des avantages du verre. C'est essentiellement
culturel parce qu'en Europe, dans les boissons, typiquement la bière, si tu
mets ta bière dans une canette, tu affiches, tu dis au consommateur que c'est
le bas de gamme. La bière, en Europe, c'est considéré avec plus d'égards que le
vin de table. En Amérique du Nord, ce qui a pris le dessus, c'est la facilité.
Donc, c'est le plastique, c'est facile, c'est léger, c'est assez résistant aux
chocs, l'aluminium, la même chose. On n'a pas été guidé, on n'a pas fait nos
choix en fonction de ce qui était le plus vert, mais le plus pratique. Ça ne
coûte pas plus cher une bouteille qu'une canette.
Ce n'est pas une question... évidemment,
si tu prends une bouteille qui a un look particulier, qui a un modèle
particulier, bon, c'est un peu comme une voiture, là, il y a différents modèles
puis il y a différents prix. Mais, dans la bouteille relativement standard, il
n'y a pas une grande différence, les utilisateurs, les brasseurs et
microbrasseurs ne feront pas le choix de la canette pour sauver des coûts, ils
font le choix de la canette parce que c'est plus simple. Et ils sont maintenant
aussi incités à aller vers un choix moins vert parce que c'est très compliqué
maintenant, la bouteille. La consigne, la récupération, tout le monde pousse
pour ne plus avoir de bouteille, alors que c'est le choix le plus vert.
Pour renverser cette tendance-là, là,
évidemment, le plastique, c'est l'ennemi public numéro un, c'est le chien pas
de médaille, là, et c'est correct, nous, on est parfaitement en accord avec ça.
Mais la noblesse du verre et le fait que le verre est plus vert que les autres,
on n'en fait pas assez la promotion. Il va falloir renverser cette espèce de
culture entre : Oui, mais ça prend moins de place dans mon frigo, oui,
mais je peux l'amener dans les shows parce que, bien, j'ai le droit à la
canette, mais je n'ai pas le droit... Ça fait qu'on a pris un paquet de
décisions pour toutes sortes de raisons qui n'étaient pas motivées par
l'écologie, mais qui étaient plus motivées par l'aspect pratique, et je pense
qu'on a du chemin à faire.
• (10 h 40) •
Je contais l'anecdote tantôt. J'étais en
Europe, en Italie, pour visiter de nos fournisseurs et, à la fin de mon séjour,
j'avais accumulé quelques bouteilles de vin puis du recyclage, je ne sais pas
pourquoi, et j'ai mis ça tout dans un sac de plastique, qui sont la méthode en
Italie pour recycler les matières et j'avais mis mes bouteilles de verre avec
les papiers puis les cartons. Je me suis fait ramasser comme si j'avais mis un
bébé naissant au recyclage. Le gardien de la bâtisse...
M. Dalpé (Jacques) : ... pourquoi.
Et j'ai mis ça tout dans un sac de plastique, qui sont la méthode en Italie
pour recycler les matières, et j'avais mis mes bouteilles de verre avec les
papiers puis les cartons. Je me suis fait ramasser comme si j'avais mis un bébé
naissant au recyclage. Le gardien de la bâtisse et le restaurateur en face... parce
que tu mets ça au coin de la rue, m'ont interpelé comme si j'avais commis un
crime de lèse-majesté. Ils ont ouvert le sac, pris les bouteilles comme si
c'était un bébé naissant pour aller les porter, puis ce n'est pas comme ça
qu'on traiter le verre. Pas de consigne, pas d'obligation, pas rien, pas de
contraintes légales, administratives. C'est juste une question de mentalité de
dire : On fait la bonne affaire... parce que c'est comme ça qu'il faut le
faire. Honnêtement, je pense qu'au Québec... peut-être pas partout en Amérique
du Nord, mais je pense qu'au Québec, on est rendus là. Je pense qu'on est
rendus là, je pense qu'on n'aura pas besoin de fouetter les citoyens pour
qu'ils fassent le bon choix d'un point de vue... personnellement. En tout cas,
je me le fais dire par mes enfants tous les jours.
M. Tardif :
Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, maintenant, je passe la parole à Mme la
députée d'Argenteuil. Il vous reste...
M. Dalpé (Jacques) :
C'est des longues réponses, je m'en excuse, là, si... N'hésitez pas à me...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Non, non, je vous...
M. Dalpé (Jacques) : O.K.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : On vous laisse finir. Fort intéressant. Mme la
députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Donc, cinq
minutes à peu près?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il reste quatre minutes.
Mme Grondin : Quatre
minutes? Je souhaiterais avoir des réponses un peu plus courtes, s'il vous
plaît.
M. Dalpé (Jacques) :
Oui... promis, promis.
Mme Grondin : Merci. Pour
bien saisir, là, s'il y avait une consigne sur les bouteilles de vins et spiritueux,
vous pourriez les laver, c'est ça que je comprends.
M. Dalpé (Jacques) : On
en lave déjà aujourd'hui, des bouteilles de vin typiques, absolument.
Mme Grondin : Et vous les
revendez à qui?
M. Dalpé (Jacques) :
Typiquement, aujourd'hui, à ceux qui... En fait, il y a des vignobles qui
achètent des bouteilles de vin recyclées, et il y a des gens qui utilisent la
bouteille, qu'on...
(Interruption) Pardon, qu'on appelle la
bouteille de vin, pour mettre autre chose dedans. Donc, ils mettent de la bière
dans du 750, ils mettent du cidre. Donc, on a des utilisateurs surtout aux
États-Unis de bouteilles. Ils l'achètent de nous parce qu'elles coûtent moins
cher.
Mme Grondin : Donc, cette
vente-là que vous faites pour des bouteilles, pour le moment, ça demeure
marginal au Québec.
M. Dalpé (Jacques) :
C'est parce qu'on a un volume marginal de bouteilles qui reviennent. Exact.
Mme Grondin : O.K. Mais
vous n'êtes pas inquiets de trouver preneur une fois que vous avez lavé vos
bouteilles?
M. Dalpé (Jacques) :
Dans... Je veux juste revenir au début. Ce n'est pas la consigne qui dicte le
retour de la bouteille. La consigne donne un incitatif financier à ce que ça se
fait. Est-ce que l'incitatif financier est aujourd'hui nécessaire? Peut-être
que oui, peut-être que non, je ne le sais pas. Dans la bouteille de vin,
c'est un peu plus problématique parce que, sur... Puis je n'ai pas le chiffre,
mais je m'aventure à dire 60 millions de bouteilles de vin qu'on met en
circulation au Québec. Est-ce qu'il y aurait des preneurs pour 60 millions
de bouteilles de vin lavées? Peut-être pas, parce qu'elles proviennent de
partout dans le monde. On consomme aujourd'hui des bouteilles de partout dans
le monde. Est-ce que toutes les bouteilles de vin sont lavables? Oui. Est-ce
qu'on peut imaginer...
Mme Grondin : Plutôt ça,
là. Moi, je voudrais juste savoir... Je comprends qu'elles sont lavables. Ce
que je voudrais juste comprendre, c'est : Est-ce que, sur les
60 millions de bouteilles de vin, il y a des... il y aurait facilement
preneur, d'abord, au Québec, ou ailleurs? Et est-ce qu'il y a des obstacles à
l'heure actuelle que vous pouvez envisager?
M. Dalpé (Jacques) : Au
Québec, clairement pas.
Mme Grondin : Parfait.
M. Dalpé (Jacques) : Il
n'y aurait pas un marché pour 60 millions de bouteilles de vin au Québec,
clairement pas.
Mme Grondin : Parfait.
Est-ce qu'au niveau... on parle de lavage. Et moi, mon expérience... j'ai une
expertise sur la question de l'eau, donc, tout à coup, j'ai comme le petit
diable, là, qui arrive. Lavage, ça veut dire consommation d'eau.
M. Dalpé (Jacques) :
Oui...
Mme Grondin : O.K. Est-ce
que vous avez une idée, en termes de consommation d'eau, là, ça veut dire quoi?
M. Dalpé (Jacques) : En
termes de quantité?
Mme Grondin : Oui.
M. Dalpé (Jacques) : Non,
je ne pourrais pas vous dire la quantité d'eau qu'on consomme à l'usine. Est-ce
que c'est une opération qui est totalement neutre d'un point de vue
environnemental? Bien sûr que non. Le lavage n'est pas un défi au point de vue
environnemental. Nous, on est à Laval. On a une entente avec la ville de Laval,
on contrôle le pH à la sortie. Et la...
Mme Grondin : Cette
eau-là, justement... Une fois que vous avez lavé vos bouteilles, cette eau-là,
c'est des eaux usées. Ça s'en va où?
M. Dalpé (Jacques) : Ça
retourne à la ville. C'est la ville de Laval qui traite, là.
Mme Grondin : Donc, c'est
la ville qui assume l'épuration.
M. Dalpé (Jacques) : ...
et nous charge une surcharge parce qu'il y a de la bière mélangée, parce que
c'est des bouteilles vides et des bouteilles pleines. Donc, il y a de la bière
mélangée, il y a du caustique dans l'eau. Donc, nous, on contrôle le pH, et la
ville de Laval fait le reste et nous charge... on paie une surcharge sur la
taxe.
Mme Grondin : Parfait.
Dernière question. À l'heure actuelle, là, quand vous lavez... Vous avez une
quantité. En termes de pourcentages, bouteilles versus... est-ce que vous lavez
des pots de cornichons?
M. Dalpé (Jacques) : Non.
Comme je vous ai dit tantôt, on ne lave pas de pots de cornichons parce que
l'équipement qu'on a aujourd'hui ne nous permet pas de laver une bouteille dont
le goulot est plus petit, comme la bouteille de...
Mme Grondin : ...une quantité, en
termes de pourcentage, bouteilles versus... est-ce que vous lavez des pots de
cornichons?
M. Dalpé (Jacques) : Non.
Comme je vous ai dit tantôt, on ne lave pas de pots de cornichons, parce que
l'équipement qu'on a aujourd'hui ne nous permet pas de laver une bouteille dont
le goulot est plus petit. Comme la bouteille de vinaigre, là, c'est un...
c'était vraiment un petit trou, là, donc on ne peut pas laver ça, et
l'équipement qu'on a ne nous permet pas de laver la bouteille de cornichons. Par
contre, les bouteilles de cornichons, c'est des vraies tanks, tu peux presque
lancer ça à terre, puis ça ne casse pas. C'est lavable et réutilisable.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais être obligée d'arrêter cet échange.
Mme Grondin : Merci. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Le cornichon est en train de devenir une grande vedette de cette commission.
Alors, M. le député de Jacques-Cartier,
vous avez la parole pour 10 min 40 s.
M. Kelley
: Merci.
Bien, bon, pour commencer, bonne fête, joyeux anniversaire. 25 ans, c'est
impressionnant.
Juste une clarification. Dans votre
mémoire, vous parlez que le verre est le matériel le plus écologique, puis
après ça il y a une partie qui parle des plastiques ou d'aluminium, qui sont
capables d'être recyclés, mais pas réutilisés, puis, juste en bas, ça parle
qu'en Europe le verre est composé en moyenne de 80 % de verre recyclé.
Alors, c'est juste une précision sur ça, parce qu'on sait qu'on ne peut pas
réutiliser une cannette de bière, mais quand même, on peut réutiliser le
produit. Mais juste de faire la distinction là, pour moi, on perd...
M. Dalpé (Jacques) : Oui.
Bien, en fait, c'est juste une distinction entre... c'est une question de
terminologie entre la réutilisation de la bouteille même sans être obligé d'en
faire une autre. Donc, d'un point de vue environnemental, la réutilisation,
c'est comme le sac d'épicerie : plutôt que d'avoir le sac jetable, bien,
tu as un sac réutilisable. La démonstration a été faite par tous ceux qui se
sont intéressés sur la question, la réutilisation du produit sans être obligé
d'en refaire une nouvelle, un nouveau produit, c'est ce qu'il y a de plus vert,
v-e-r-t. Le recyclage... En Europe, ils ont un long historique de recyclage du
verre. Donc, ils séparent le verre par couleurs. Il n'est pas mélangé avec le
reste, c'est vraiment traité comme une matière différente, ce n'est pas mêlé
avec le reste, ce qui fait que les grands verriers acceptent le verre et le
réutilisent beaucoup pour faire des nouvelles bouteilles. Parce qu'il n'est pas
mêlé avec le reste, il n'est pas contaminé, il est séparé par couleurs, donc,
pour eux il y a beaucoup de valeur au verre, ils n'ont pas besoin de faire de
traitements particuliers.
M. Kelley
: Parfait.
Merci pour...
M. Dalpé (Jacques) : Je ne
sais pas si ça répond à votre question.
M. Kelley
: Oui, oui.
Non, ça répond à ma question. Et est-ce que vous avez des études qui démontrent
quand même... si on est plus efficace avec le recyclage des bouteilles de
verre, que ça va réduire nos GES? Est-ce que c'est quelque chose qui...
M. Dalpé (Jacques) : On n'a
pas fait, nous, d'étude nous-mêmes, on se fie à ce qui est largement diffusé et
publié. Il y a sûrement des experts beaucoup plus pointus que nous sur cette
question-là. Mais c'est assez généralement reconnu que la réutilisation d'un
produit, c'est mieux que la fabrication. Même si c'est fait à 80 % de
verre recyclé, la consommation... — je ne sais pas si vous avez déjà
visité une usine de verre — ça consomme énormément d'énergie. Même si
la matière est une matière recyclée, c'est très lourd en termes d'empreinte
environnementale, la création d'une bouteille de verre. C'est moins lourd
qu'une cannette d'aluminium du même format, mais c'est quand même lourd.
M. Kelley
: Merci. Une
autre question. Sur la page numéro 3 de votre mémoire : «La consigne
demeure selon nous la solution la plus simple et la plus économique.» Pourquoi
c'est plus simple?
• (10 h 50) •
M. Dalpé (Jacques) : En fait,
le seul défi, vraiment, de la réutilisation, c'est un défi logistique :
Comment est-ce que je m'assure... Qui n'est pas nécessairement simple. Mais,
quand je compare... quand on compare... Quand on se compare, on se console, là.
Quand je compare le défi logistique de ramener la bouteille dans un état qui va
nous permettre de la relaver et de la réutiliser versus le défi du tri de la
bouteille dans le bac bleu, du tri de qualité, du retraitement puis de la
revente, du marché, je vais préférer neuf fois sur 10 le défi logistique qu'un
défi d'ensemble de la boucle. Donc, ce n'est pas parce que c'est simple, c'est
parce que c'est simple en comparaison du défi qui nous attend pour recycler le
verre de façon... avec un verre de qualité et trouver des débouchés de façon
constante et rentable. Donc, ça, c'est pour la question... La question
économique... Moi, je suis prêt à parier que, demain matin, je pourrais bâtir
une usine — puis là, je suis prêt à parier, on a fait les
chiffres — bâtir une usine 10 fois grosse comme la nôtre, cinq fois
grosse comme la nôtre, en bâtir deux qui soient...
M. Dalpé (Jacques) : ...et de
trouver des débouchés de façon constante et rentable. Donc, ça, ce n'est pas la
question... La question économique, moi, je suis prêt à parier que, demain
matin, je pourrais bâtir une usine... je suis prêt à parier, on a fait les
chiffres... bâtir une usine 10 fois grosse comme la nôtre, cinq fois grosse
comme la nôtre, en bâtir deux, qui soient géographiquement bien placées, pour
une fraction de ce que ça va coûter pour installer tous les centres de tri avec
de l'équipement pour trier le verre. Donc, on pourrait multiplier presque à
l'infini notre capacité de lavage de bouteilles à un coût relativement modique.
Le défi, c'est vraiment un défi logistique, c'est un défi de transport de
bouteilles. Ce n'est pas un défi technologique. Ce n'est même pas un défi de
marché parce que, quelqu'un qui a mis la bouteille en circulation, si tu
l'obliges ou tu l'incites financièrement en mettant le prix de la bouteille
lavée moins cher, puis c'est déjà le cas, ça va être un naturel, un débouché
naturel pour la bouteille.
Est-ce que toutes les bouteilles, de
toutes les catégories, de toutes les grandeurs, de tous les formats, incluant
les cornichons, il y a un marché pour ça? Peut-être que non. Et nous, on ne dit
pas que le lavage devrait être considéré comme la pilule magique. Ce n'est pas
le cas. Et on soumet à la commission que la commission ne devrait pas tenter de
trouver la solution magique, mais de regarder un ensemble de solutions qui
marchent.
M. Kelley
: Alors, si,
demain, il y a un élargissement du consigne, c'est quoi, votre besoin du
gouvernement pour avoir une autre usine? Est-ce que... Parce que, dans une
partie, là, votre mémoire parlait un petit peu de ça. Est-ce que vous pouvez
arriver avec une demande de financement de...
M. Dalpé (Jacques) : Bien, en
fait... Bien, moi, je viens du domaine privé. Notre premier réflexe, ce n'est
pas de faire des demandes au gouvernement. Tu sais, c'est l'expression en
anglais «build it and they will come», là. Mais là c'est un peu l'inverse. Si
la récupération de la bouteille dans une... d'une manière qui permet la
réutilisation est valorisée, le modèle d'affaires est déjà prouvé. On le fait à
tous les jours, 24 heures... bien, pas 24 heures maintenant, mais c'est
rentable, laver de la bouteille. Et c'est payant, pour ceux qui mettent la
bouteille en circulation, d'acheter de la bouteille lavée. C'est juste une
question d'avoir plus de bouteilles et de doser, d'avoir la bonne température
pour ne pas que 60 millions de bouteilles soient lavées, puis que là, on
soit pris avec un défi.
Donc, de dire... Bien, ça n'a pas besoin
d'être une formule unique. S'il y a trop de bouteilles de vin pour la capacité...
Et la question, tantôt, c'était local, mais moi, je ne vois pas ça local.
Pourquoi est-ce qu'on se limiterait à dire : Bien, il faut absolument
qu'au Québec il y ait assez de preneurs pour la bouteille... Pourquoi au
Québec? Moi, j'importe des bouteilles neuves d'Italie qui s'en vont jusqu'en
Californie. Pourquoi la bouteille lavée ne pourrait pas partir de Laval pour
s'en aller aux États-Unis? Pourquoi il faut que ce soit le marché québécois qui
absorbe toutes les bouteilles du Québec?
M. Kelley
: Et est-ce
que vous êtes en compétition avec des autres compagnies ici au Québec ou,
quand... même sur le marché international?
M. Dalpé (Jacques) : Non. Sur
le marché international, non, parce que, typiquement, la bouteille qui est
lavée ici, on ne l'exporte pas. Donc, on essaie de trouver des preneurs locaux.
Mais pour nous, local, ce n'est pas juste le Québec. C'est Québec, l'Ontario,
en fait, tout ce qui est... d'un point de vue transport, fait du sens, là, donc
le nord-est des États-Unis.
Compétition, bien, la vie est ainsi
faite... Pendant longtemps, RECYC-QUÉBEC était à peu près le seul laveur de
bouteilles. Il y a maintenant un autre joueur à Québec. C'est ça, la vie. On ne
prétend pas que, pour réussir dans un marché, il faut être le seul là-dedans.
Je pense qu'on est dans un milieu où la compétitivité amène à des
améliorations. Donc, Molson, aujourd'hui, lave à son usine, à Laval, 50 fois la
quantité qu'on fait à tous les jours. Donc, ce n'est pas un enjeu. L'enjeu,
c'est vraiment un enjeu logistique, de mon point de vue.
M. Kelley
: Parfait.
Puis juste une autre question. Hier, on a entendu que les centres de tri ne
sont pas bien réglementés, juste dans le sens qu'il manque, des fois, des
normes. Est-ce que vous avez des commentaires là-dessus?
M. Dalpé (Jacques) : Non.
Honnêtement, ce n'est pas mon domaine d'expertise. Je ne peux pas commenter
là-dessus. Je ne sais pas si c'est une question de réglementation ou une
question d'équipement, mais la bouteille de verre en morceaux... je ne connais
pas les centres de tri, mais ça ne doit pas être évident, ramasser ça.
M. Kelley
: O.K.,
parfait. Alors, c'est tout pour moi. Je ne sais pas si je suis capable de céder
le reste de mon temps avec les deux partis de... les deux autres partis de
l'opposition officielle?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, de consentement, vous pouvez le faire.
Une voix
:
Consentement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
D'accord. Alors, on va réajuster le temps. Et, Mme la députée de Mercier,
allez-y.
Mme Ghazal : Bien, merci.
Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. On parlait, c'est ça,
du lavage. Vous dites qu'actuellement vous lavez les bouteilles de vin ou de
cidre, vous le faites déjà. La SAQ, en ce moment, ils ont... c'est à peu
près...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...alors, on va réajuster le temps, et Mme la députée de Mercier, allez-y.
Mme Ghazal : Bien, merci.
Merci, Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. On parlait, c'est ça,
du lavage, vous dites qu'actuellement vous lavez les bouteilles de vin ou de
cidre, vous le faites déjà. La SAQ en ce moment, ils ont... c'est à peu près 40 millions
de bouteilles par année, c'est 20 % des bouteilles de la SAQ qui sont
importées, c'est du vin qui est importé en vrac dans des tonneaux...
M. Dalpé (Jacques) : Bien sûr.
Mme Ghazal : ...et qui est
embouteillé ici. Mais la SAQ, la présidente qui était ici hier nous a dit que
c'était impossible, qu'on ne pouvait pas faire des bouteilles de vin, que ce
soit lavable, ce soit des bouteilles qui soient réutilisables comme les
bouteilles de bière. Je voulais savoir qu'est-ce que vous pensez de ça.
M. Dalpé (Jacques) : Bien, en
fait, pour être lavables... je vais vous donner un peu de technique au niveau
de l'ouverture du goulot et il y a aussi l'épaisseur de la bouteille. Il y a
des bouteilles qui sont... que nous-mêmes, quand on les vend, puis qu'on nous
pose la question : Est-ce que c'est une bouteille qui est lavable? Non. La
bouteille est trop mince. Parce que la bouteille est lavée... il n'y a pas
d'action mécanique en fait. Notre laveuse qui est grande comme la pièce ici, ça
ressemble étrangement, en plus gros, au lave-vaisselle qu'on a à la maison, là.
C'est vraiment une succession de bassins de trempage avec des jets pour
rinçage, dont tout ça. Donc, il n'y a pas d'action mécanique, mais il y a un
choc thermique. Donc, les bouteilles doivent passer de température pièce et
graduellement vers une température d'à peu près 160 degrés puis ramener à
la température pièce. Donc, un verre qui n'est pas assez épais, même si on y va
assez graduellement, on ne peut pas avoir des écarts de plus de 40 degrés,
là, entre chaque étape. Et ce n'est pas visible à l'oeil nu, le verre peut se
fragiliser.
Le vin, sans rentrer dans trop de détails,
il n'y a pas de bulles dans le vin, en principe, il n'y a pas de fermentation.
En fait, la fermentation est grandement faite à emballer puis ensuite dans le
vin, donc la bouteille ne travaille pas très fort une fois remplie.
Contrairement à d'autres produits comme le kombucha, comme la bière, il y a des
produits qui sont très effervescents, donc ça prend... des petits tanks, là,
des bouteilles beaucoup plus épaisses pour résister à ça. Donc, le guide, c'est
plus en fonction de ce qu'on met dedans qu'en fonction de sa lavabilité. Est-ce
que demain matin on peut... bien, nous, on ne fera pas tous les types de
bouteilles, mais les types de bouteilles de vin de type de bouteilles de vin
sont lavables.
Mme Ghazal : Donc, on peut, ce
n'est pas impossible, on peut exiger que, quand c'est embouteillé ici, que ce
soit des bouteilles réutilisables mêmes, il n'y a pas... qu'on peut réemployer,
même, s'il n'y a pas cette culture-là dans le vin comme la présidente de la...
M. Dalpé (Jacques) : Il y aurait
un passage, là, on ne pourrait pas faire ça du jour au lendemain.
Mme Ghazal : ...ça fait que ce
serait quelque chose qu'on pourrait faire. On pourrait avoir des bouteilles...
M. Dalpé (Jacques) : Absolument.
Mme Ghazal : O.K., donc c'est
possible.
M. Dalpé (Jacques) : Mais on
ne pourrait pas faire ça demain matin parce qu'il y a tout un cycle, là.
Mme Ghazal : Non, c'est sûr.
Parce que là, il faut exiger...
M. Dalpé (Jacques) : Exactement.
Mme Ghazal : ...que ce soit
des bouteilles qui respectent les spécifications pour qu'elles soient en
réemploi, donc c'est possible.
Puis aussi vous avez... en fait, je
voulais savoir, ce serait quoi les...
M. Dalpé (Jacques) : Ce serait
un défi, ceci dit, parce que les bouteilles viennent d'un peu partout, puis les
usagers viennent d'un peu partout.
Mme Ghazal : Oui, mais celles
qui sont remplies ici...
M. Dalpé (Jacques) : Absolument.
Celles qui sont... les embouteilleurs d'ici...
Mme Ghazal : ...les 40 millions,
c'est 20 %, c'est déjà 20 % de plus que maintenant.
M. Dalpé (Jacques) : ...et on
pourrait les obliger, entre guillemets, ou les inciter à prendre des bouteilles
lavées plutôt que des bouteilles neuves.
Mme Ghazal : Comme on l'a fait
pour les bouteilles de bière il y a longtemps.
M. Dalpé (Jacques) : De bière.
Mme Ghazal : Puis aussi,
est-ce qu'il y aurait... est-ce que vous voyez comme un incitatif financier qui
pourrait être utilisé pour justement que les producteurs, on les encourage à
utiliser des bouteilles...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous...
Mme Ghazal : C'est déjà
terminé? Je pensais que j'avais bien le temps.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Si vous pouvez... vous pouvez donner votre réponse en cinq secondes, monsieur,
je vais vous laisser faire, là, mais cinq secondes.
M. Dalpé (Jacques) : Le
producteur, ce n'est pas facile, parce que typiquement, il n'est pas local, il
est loin. Mais localement, juste l'incitatif financier entre, je peux acheter
une bouteille à 0,80 $ ou l'acheter à 0,40 $, habituellement ça fait
la job.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bon. Alors, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci,
merci beaucoup. Je suis entièrement d'accord avec vous quand vous dites que la
meilleure façon ou la meilleure utilisation, c'est la réutilisation dans tout
le cycle de vie. Dans une optique d'économie circulaire, la réutilisation est certainement
la voie à privilégier. Sans exclure les autres, j'aime beaucoup votre point
quand vous dites : Il faut cesser d'opposer, là, il faut travailler en
complémentarité, centres de tri, consigne, etc. Moi, je suis très
curieux de vous entendre davantage sur la logistique de transports. Alors,
j'essaie de comprendre comment ça marche. Par exemple, vos clients qui vous
fournissent... bien, pas vos clients, mais vos fournisseurs en bouteilles, ils
vous les amènent, vous avez des camions sur la route, et comment, après ça, ça
s'en va de chez vous, là?
• (11 heures) •
M. Dalpé (Jacques) : En fait,
RECYC-QUÉBEC exige que, pour mettre une bouteille en circulation, tu dois avoir
un système de récupération. Puis je vais parler des microbrasseries, là, parce
que c'est plus un enjeu pour eux. Les gros brasseurs, Molson puis Labatt,
vont... ont leur route où ils font tous leurs «pits-stops» à tous les jours.
Donc, pour eux, ce n'est pas un enjeu. Ils ont leur propre flotte de camions,
ils sont assez gros pour se payer leur propre système de récupération de la
bouteille.
Les microbrasseurs, par définition, bien
c'est des artisans, c'est des plus petites...
11 h (version non révisée)
M. Dalpé (Jacques) : ...parce
que c'est plus un enjeu pour eux. Les gros brasseurs, Molson puis Labatt,
vont... ont leur route où ils font tous leurs «pit stops» à tous les jours.
Donc, pour eux, ce n'est pas un enjeu. Ils ont leur propre flotte de camions,
ils sont assez gros pour se payer leur propre système de récupération de la
bouteille.
Les microbrasseurs, par définition, bien
c'est des artisans, c'est des plus petites business, ils n'ont pas ces
moyens-là. Donc, ils se regroupent ensemble et ils font un pool. Donc, leurs
bouteilles, ils ont un parc de bouteilles qu'ils se partagent. Donc, si, moi,
je suis un microbrasseur puis j'ai mon propre réseau de distribution, bien je
vais ramasser des bouteilles — pas pour la nommer, la BN 50, qui est
une forme champenoise, très belle bouteille — je vais les ramasser,
mais je ne vais pas juste ramasser les miennes. Je vais ramasser toutes celles
qui sont identiques et ça fait partie d'un pool.
Évidemment, pour le dépanneur ou
l'épicerie qui est obligée de trier entre les bouteilles de Molson Dry puis la
bouteille de BN 50, il est obligé de tout répartir ces caisses-là pour les
remettre à la personne qui passe les rechercher. Ce n'est pas super cool. Je
peux bien imaginer qu'un dépanneur a d'autre chose à faire puis qu'un
restaurateur, encore plus. C'est là où le bât blesse, c'est dans l'aspect
logistique. Ça se fait aujourd'hui, mais c'est lourd et ça décourage
l'utilisation de la bouteille puis pour quelqu'un qui vit de la bouteille,
c'est une larme.
M. Gaudreault : Qui vit de la
bouteille au sens économique, on s'entend.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Gaudreault : Maintenant,
quelle serait la... Ça me faisait drôle de l'entendre comme ça. Quelle serait
la meilleure solution, en termes logistiques?
M. Dalpé (Jacques) : Je ne le
sais pas, honnêtement, et ce qu'on dit dans notre mémoire, c'est je pense qu'on
est... je pense que c'est le temps qu'on assoie des experts de logistique
ensemble dans une salle fermée, monte la température, pas d'eau, pas rien puis
dire : Vous avez deux jours pour nous trouver une solution, là. Il faut...
Il y a des enjeux qui sont difficiles, là, c'est envoyer quelqu'un sur Mars.
Ça, c'est tough. Figurer la logistique d'une bouteille, ça ne sera pas sans
défis, mais je pense que ça se fait.
M. Gaudreault : Les points de
dépôt volontaire, est-ce que ça pourrait être une option?
M. Dalpé (Jacques) : C'est certainement
une option. C'est certainement une option. Le dépôt volontaire, encore là,
c'est si vous parlez de la portion consommateur qui ramène sa bouteille, il y a
une question de millage. Est-ce qu'on est... Jusqu'où est-ce que le consommateur
va être prêt à transporter sa bouteille? L'Idée du dépanneur, c'est parce que
tu y vas de toute façon. Tu y vas pour racheter la bouteille, tu sais, tu y vas
pour acheter... Ça fait qu'il y a comme un échange entre la bière puis les
bouteilles vides. Donc, il y a un aspect pratique...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais être obligée de vous couper la parole ici. Vous avez beaucoup de
passion, mais malheureusement on doit passer à un autre invité.
M. Dalpé (Jacques) : J'aime
les bouteilles.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup pour votre collaboration. On suspend pendant quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 3)
(Reprise à 11 h 7)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, bonjour, nous allons reprendre nos travaux. Nous allons maintenant
entendre les représentants de Tricentris. Vous avez 10 minutes pour faire
votre présentation, ensuite il y aura un échange. Je vous prie de présenter les
personnes qui vous accompagnent.
M. Péloquin (Carl) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, merci à tout le monde, Mmes, MM. les
députés, de nous donner l'occasion de discuter aujourd'hui, là, des enjeux de
recyclage et de valorisation du verre. Mon nom est Carl Péloquin, je suis maire
de la ville de Lachute et président du conseil d'administration de Tricentris.
J'ai, à ma gauche, M. Grégory Pratte, qui est responsable des relations
publiques chez Tricentris, et à ma droite, M. Frédéric Potvin, qui est directeur
général depuis les tout débuts de l'organisation.
Donc, Tricentris Tri, transformation,
sensibilisation, c'est un organisme à but non lucratif issu du regroupement,
vers la fin des années 90, de 44 municipalités ayant décidé de prendre en main
la gestion de leurs matières résiduelles. Depuis maintenant plus de 20 ans,
Tricentris accomplit avec fierté et détermination sa mission en socialisant les
bénéfices de... pardon, provenant de la vente des matières recyclables. L'entreprise
contribue ainsi aux aspects environnementaux, sociaux et économiques de l'évolution
régionale. Ayant débuté ses activités en 1997 avec un premier centre de tri à
Lachute, Tricentris gère maintenant trois succursales. Donc, on gère trois
centres de tri, l'un à Terrebonne, le deuxième à Gatineau et l'autre à Lachute,
et, depuis 2012, maintenant un conditionneur, donc on a une usine de
micronisation du verre qui est située à Lachute, également.
L'entreprise emploie aujourd'hui près de
330 travailleurs. On dessert maintenant 234 municipalités membres ou clientes.
Tricentris étant la plus importante organisation de tri au Québec, on traite
près du tiers de toutes les matières recyclables d'origine domestique de la
province. Chaque année, l'entreprise reçoit, trie et met en marché près de 215
000 tonnes métriques de matières recyclables provenant des citoyens des régions
suivantes : Laurentides, Outaouais, Laval, Montérégie, Lanaudière, et même
jusqu'en Abitibi-Témiscamingue. Ces centres de tri traitent ainsi
32 000 tonnes de verre par année, dont une portion sans cesse
grandissante est ensuite conditionnée à son usine de micronisation du verre.
• (11 h 10) •
Tricentris, malgré sa taille et son
envergure, est un centre de tri mis sur pied en région pour les régions...
M. Péloquin (Carl) :
...ces centres de tri traitent ainsi 32 000 tonnes de verre par
année, dont une portion sans cesse grandissante est ensuite conditionnée à son
usine de micronisation du verre. Tricentris, malgré sa taille et son envergure,
est un centre de tri mis sur pied en région pour les régions. Donc, ce qu'on va
vous dire aujourd'hui, ça va se faire ne quatre points. M. Potvin va vous
parler de l'analyse de la situation. Ensuite, on va vous parler de collecte de
verre et de ses impacts. M. Pratte vous entretiendra par la suite des
projets en cours sur le verre au Québec. Et on va terminer avec notre
conclusion.
M. Potvin (Frédéric) :
Oui, bonjour. Merci de nous accueillir et de nous entendre. C'est gentil de
votre part. C'est une bonne idée d'ailleurs. Donc, si on est tous assis ici,
c'est qu'il y a une problématique. Alors, on a tenté un peu de la définir pour
vous en toute modestie. On a regardé du côté de la collecte du verre et, selon
les caractérisations faites par RECYC-QUÉBEC, le verre est récupéré à 80 %.
Puis, si on parle des bouteilles de vin, c'est 87 %. Donc, le verre, pour
ce qui est du bac, trône au sommet des matières les mieux récupérées par la
collecte sélective. Donc, on n'est sûrement pas devant un problème de collecte
ou de logistique de ce niveau-là. C'est la matière la mieux collectée dans le
bac parmi toutes les matières.
On est d'accord avec l'avant-dernière
présentation, c'est-à-dire que c'est plutôt des ICI, des bars et restaurants,
que la collecte est moins performante. Ils sont parfois desservis par une
collecte d'ordures mixtes avec du carton, parfois aussi avec le PVM, la plupart
du temps surtout une collecte d'ordures. Et à notre avis, en 2019, une collecte
d'ordures sans récupération, ça doit cesser. Les PGMR municipaux permettent
maintenant d'interdire cette pratique-là. Et il faut que ça cesse. On parlait
de 23 millions de bouteilles, là. Bon an mal an, c'est
25 000 tonnes à peu près de verre. On n'a pas le chiffre qui est récupéré
nous non plus, malheureusement, dans les ICI. Mais sûrement qu'il se perd
beaucoup de verre de ce côté-là.
Concernant les impacts, bon, il y a trois
manières de collecter le verre, la consigne, l'apport volontaire ou la
récupération. Il y a 99 % de la population qui a accès au service de
collecte sélective. Et 97 % de la population y participe. Si jamais on change
quelque chose de ce côté-là, on impacte 97 % de la population québécoise.
Ce n'est pas rien. L'apport volontaire, tout comme la consigne, nécessite un
effort supplémentaire, ça a été dit tantôt. C'est la voie de la facilité et
c'est ce qui marche auprès de la population la plupart du temps. Ça va exiger
de nos citoyens, maintenant, de conserver leurs contenants, de les transporter
vers un lieu de dépôt. Et c'est sans doute pour cette raison-là qu'on en trouve
encore 12 000 tonnes dans la collecte sélective, des contenants
consignés. C'est que c'est...
Et les citoyens ne sont pas nécessairement
intéressés à les retourner. Du côté ontarien, c'est 21,3 % des contenants
qui ne sont pas retournés selon la LCBO. Là-bas, il y a une organisation
semblable à Tricentris, là, un OBNL, trois centres de tri. C'est M. Veilleux
qui en est le D.G., de la Bluewater Recycling Association, qui, lui affirme
qu'il y a 40 % des contenants consignés qui sont encore dans son centre de
tri. Nous, on considère ce chiffre-là plus crédible, parce que ces centres de
tri là sont plus éloignés du Québec, donc, pas contaminés par les Québécois qui
retournent leurs contenants en Ontario pour aller «casher» 0,25 $ de la
bouteille. Donc, reste ensuite l'impact financier. Bon, les points de dépôt, la
main-d'oeuvre, la construction de ces points de dépôt là. Les études parlaient
de 250 millions de dollars. Ça reste, selon notre opinion, un peu
optimiste. Si on veut construire 400 points de dépôt, comme il y a autant
de SAQ, 250 millions, c'est très peu.
Pour terminer, bien, l'impact
environnemental, c'est le plus fondamental. Le transport additionnel des
citoyens et du transport vers le conditionneur, les études pointent vers
35 000 tonnes de gaz à effet de serre additionnelles. Aujourd'hui,
peu importe l'activité ou l'idée retenue, c'est les gaz à effet de serre qui
doivent dicter notre démarche. Et c'est une épée de Damoclès qu'on a tous
au-dessus de la tête. Alors, peu importe le choix, c'est en fonction des gaz à
effet de serre selon nous qu'il doit être fait. Enfin, considérant que chaque
tonne de poudre de verre induite dans le béton réduit d'autant les gaz à effet
de serre, c'est une solution qui mérite d'être retenue.
Alors, pourquoi avoir demandé aux citoyens
des efforts additionnels, payer 250 ou 500 millions pour implanter la
consigne puis augmenter la production des gaz à effet de serre, pourquoi on
ferait ça? On l'espère, pour augmenter le recyclage du verre, mais de combien
au juste? On a fait circuler un petit addenda à notre mémoire. Selon
RECYC-QUÉBEC, en 2018, là, la fiche de verre qu'ils ont publiée en 2018, il y
avait 159 000 tonnes de verre disponible au Québec. Si on enlève les
fameux pots de cornichon, l'alimentaire, on arrive à 116 000 tonnes.
De ce chiffre, il faut également soustraire le verre vert, là, qui ne sera pas
refondu localement et encore moins, là, avec la disparition progressive de la
bouteille brune, parce que c'est dans la bouteille brune qu'on met le verre
vert...
M. Potvin (Frédéric) :
...disponible au Québec. Si on enlève les fameux pots de cornichons,
l'alimentaire, on arrive à 116 000 tonnes. De ce chiffre, il faut également
soustraire le verre vert, là, qui ne sera pas refondu localement, et encore
moins, là, avec la disparition progressive de la bouteille brune, parce que
c'est dans la bouteille brune qu'on met le verre vert. Donc, je peine à croire
qu'on va investir, d'ailleurs, 250 millions pour envoyer du verre aux États-Unis
ou en Ontario.
C'est donc 80 % de ces 90 000
tonnes là qu'il faut enlever, c'est-à-dire 71 000 tonnes. Donc, il reste
44 000 tonnes. Comme les centres de tri ontariens l'ont dit, il y a
40 % du verre qui va retourner vers les centres de tri, même si consigné,
donc il en reste 26 000 tonnes, et le conditionneur, lui, va produire
30 % de particules fines. Que ça soit 2M, chez nous ou chez Bellemare,
c'est 30 % de particules fines qui sont produites. Donc, il reste
18 700 tonnes prenables, là, pour un conditionneur de verre qui voudrait
faire de la bouteille claire ou de la bouteille brune.
Donc, est-ce qu'on va demander tout ça au citoyen,
au final, pour 18 000 tonnes? 18 000 tonnes... Tantôt, je vous disais
25 000 tonnes chez les ICI. Là, on s'apprête à tout faire ça pour
18 000 tonnes. Il me semble que c'est beaucoup d'efforts, chambarder
toutes les habitudes de nos Québécois, pour si peu.
Et, encore une fois, lorsqu'on aura
récupéré ces bouteilles-là, ça va aller en appel d'offres. Il n'est pas dit que
celui qui remportera l'appel d'offres pour ces bouteilles-là les enverra pour
qu'elles soient refondues pour du verre. Donc, à combien... La réponse,
c'est... Combien on augmente la récupération du verre au Québec? Au mieux,
18 700 tonnes, et, au pire, on la diminue de 27 % comparé au système
actuel.
Donc, maintenant, voyons comment le Québec
peut faire mieux avec son verre.
M. Pratte (Grégory) : Bonjour.
Aujourd'hui, moi, je viens vous parler des avancées importantes en matière de
valorisation et de recyclage du verre.
Je vais débuter en vous parlant de notre
usine de micronisation. L'objectif de cette usine, c'est de traiter notre
propre gisement de verre qui provient des 32 000 tonnes de contenants de
verre qu'on reçoit annuellement. Notre but, c'est d'être une des solutions
disponibles afin de conditionner les contenants de verre mixte qui se
retrouvent dans la collecte sélective. Nous donnons une valeur à cette matière
et nous n'avons pas besoin de la séparer par couleurs pour y arriver.
À ce jour, 80 % du verre que nous
recevons chez Tricentris est valorisé ou recyclé. Comment on y arrive? Entre
autres, en proposant de multiples débouchés pour le verre, et ce, dans des
industries très variées.
Premièrement, avec nos granulats, le verre
plus gros, nos produits faits de verre recyclé sont utilisés dans le secteur
industriel, notamment pour le sablage au jet. On est aussi présents dans le
secteur résidentiel avec nos verres de filtration de piscine...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, monsieur, je suis un peu déchirée parce que votre 10 minutes est
terminé, mais je vais vous donner deux minutes de plus parce que c'est très intéressant,
puis je pense que, pour la commission, c'est important que vous puissiez... Je
vais vous demander deux minutes et conclure.
M. Pratte (Grégory) : ...oui.
Bien, merci. Deux minutes et conclure. Alors, on fait de la poudre, on fait du
gros verre. Il n'y a pas... On n'est pas tout seuls. Bellemare est là-dedans,
2M Ressources. Là, je vous dis, là, j'essaie de faire ça vite. 2M Ressources
recycle et valorise du verre aussi et conditionne du verre. Bellemare, on l'a
appris hier, va aussi s'occuper du verre de la collecte sélective. On le sait
ça aussi. Donc, on a plusieurs débouchés. Les débouchés sont multiples.
En conclusion, des entreprises d'ici contribuent
au développement de cette nouvelle ère de l'industrie du recyclage du verre. Je
pense notamment à Bellemare, comme je vous disais, et 2M Ressources, et bientôt
Owens-Illinois. Voici une occasion unique d'agir en leader et de travailler
dans un esprit collaboratif. Le but est simple : le verre consommé au
Québec est trié, conditionné, recyclé et vendu ici, localement, au Québec.
N'est-ce pas là de bien beaux projets de symbiose industrielle et d'économie
circulaire?
Nous vous demandons donc de considérer les
multiples possibilités locales de recyclage du verre ainsi que la recherche qui
se fait en ce moment et d'encourager les entreprises existantes qui sont déjà
dans l'action concrètement et dans des marchés innovateurs qui se déploient à
vitesse grand V. Voici l'effort que l'on a fait collectivement et que l'on
continue de faire quotidiennement. Merci de votre écoute.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Vous avez bien fait ça. Vous avez pris 1 min 24 s
seulement. Alors, je passe la parole au gouvernement. M. le député de Bourget,
vous avez 16 minutes.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Je trouve votre approche fort intéressante. Juste des bémols, et je
veux juste avoir votre réaction par rapport à ça, vous semblez dire dans votre
mémoire que le verre ne cause pas plus de désagréments au tri que les autres,
puis en même temps on a Owens-Illinois qui ne prend pas de verre au Québec. Il
y a quelque chose qui me surprend là-dedans. Puis en même temps dans votre
réflexion... ou dans votre réponse, plutôt, qu'est-ce que vous dites par
rapport à l'option que vous proposez par rapport à des bouteilles lavées, par
exemple?
• (11 h 20) •
M. Potvin (Frédéric) : Vous
opposez... Bonjour. Merci de votre question. Vous opposez deux principes, je
crois, qui ne s'opposent pas nécessairement. Donc, le verre ne crée pas de
problème en centre de tri ni en contamination des autres matières, là. On est
un des rares organismes qui avons fait cette étude-là qui dit que le verre ne
contamine pas les ballots et que le verre ne cause pas...
M. Potvin (Frédéric) :
...bonjour. Merci de votre question. Vous opposez deux principes, je crois, qui
ne s'opposent pas nécessairement. Donc, le verre ne crée pas problème en centre
de tri ni en contamination des autres matières, là, on est un des rares
organismes qui avons fait cette étude-là, qui dit que le verre ne contamine pas
les ballots et que le verre ne cause pas problème en centre de tri, ça, c'est
une chose. Maintenant, ça ne veut pas dire qu'on a le goût de vendre à
Owens-Illinois quand même, hein, vous opposez quelque chose que je ne vois pas,
que je ne comprends pas. Mais ce n'est pas parce que le verre est mal recyclé nécessairement
chez nous, là, qu'on ne vend pas chez Owens, on le vend à d'autres fins, probablement
parce que plus rentable, plus payant, les acheteurs paient plus normalement que
pour la refonte.
M. Campeau : O.K. Excellente
réponse. Et, par rapport aux bouteilles lavées, comment vous voyez l'impact de
ce que vous faites par rapport à une bouteille qu'on pourrait réutiliser...
laver et réutiliser comme tel.
M. Potvin (Frédéric) : Mais ce
que j'ai entendu tantôt, c'est qu'on n'avait pas de chiffre, là, M. Dalpé n'a
pas avancé beaucoup, mais il a avancé beaucoup d'opinions. Moi, je m'attends à
ce qu'une commission comme la vôtre cherche des chiffres, parce que là on est
contents que ça existe, cette commission-là, on veut voir des chiffres
apparaître puis on veut que la lumière soit faite. Tantôt, on n'a pas eu de
chiffres de ce côté-là, quant à l'eau, par exemple, qui est rejetée, quant à
l'effort en termes de gaz à effet de serre, la question a été posée, on n'a pas
eu de chiffre non plus là-dessus. Donc, moi, en ce qui me concerne, le lavage
des bouteilles, ça reste un point d'interrogation à ce moment-ci.
M. Campeau : Bien, je
comprends votre point de vue. Et, quand vous parlez qu'on devrait regarder
là-dedans l'effet sur les gaz à effet de serre, ça, je pense que c'est à nous
autres d'être contre cette approche-là. Je vais passer la parole...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je pense que Mme la députée de Laviolette avait demandé la parole avant. Non.
Non. Alors, Mme la députée d'Argenteuil, allez-y.
Mme Tardif : Je peux poser ma
question. Bien, il y a une des questions...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je sais que vous vous entendez bien, tout le monde ensemble...
Une voix
: ...qui a été
posée...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...alors, décidez qui va prendre la parole.
Mme Tardif : Donc, vitement,
parce que ma question a été couverte, là, par votre réponse, j'avais une autre question
qui était par rapport à la main-d'oeuvre, par rapport à ce qui est véhiculé
aussi quant aux blessures ou quand ils manipulent le verre. Est-ce que vous
voyez chez vous qu'il y a une problématique par rapport à ça?
M. Potvin (Frédéric) : Non, il
en a été question dans notre mémoire. D'ailleurs, là, ce n'est pas la matière
qui cause le plus de blessures chez nous, en fait, presque pas, c'est
négligeable, là, on n'a pas de problème de blessure chez nous par rapport au
verre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Parfait. Je vais
laisser mon collègue...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Beauharnois.
M.
Reid
: Pour
faire rapidement. En fait, vous traitez... vous triez un nombre incroyable de
bouteilles de verre à chaque année. Quel pourcentage retourne dans les sites d'enfouissement?
Est-ce que vous avez des chiffres là-dessus?
M. Pratte (Grégory) : Oui,
oui, bien sûr... sortir en fait des statistiques. Pour 2018, je vous dirais que
49 % du verre est valorisé, donc ce que vous appelez, là, les sites
d'enfouissement, donc c'est les routes, ça permet de ne pas utiliser des
ressources naturelles non renouvelables comme le sable, par exemple, là, dans
les routes. 41 % a été recyclé à notre usine de micronisation, et
10 % n'a pas trouvé preneur, effectivement, a été enfoui.
M.
Reid
: Qui
est retourné...
M. Pratte (Grégory) : Alors,
c'est comme ça qu'on arrive à ces chiffres-là. Puis 2019, je vous dirais que, jusqu'à
maintenant, on arrive aux mêmes chiffres à peu près.
M.
Reid
: Merci.
M. Péloquin (Carl) : Juste en
guise de réponse à ça, c'est sûr qu'il y a plusieurs projets qui sont actuels, il
y en a qui sont en développement également. On parle du verre cellulaire, on parle
également de la silice précipitée. Tricentris a conclu une entente avec une entreprise
privée récemment, on a été écourté dans le temps un peu, mais il y a eu beaucoup
de travail qui a été fait, beaucoup de recherche et développement. Puis, si je
pouvais faire un comparable, la filière du verre au Québec, c'est un peu comme
si on avait un ado chez nous, les gens... certains d'entre vous avez des
enfants, on arrive, on a un ado qui est à l'école, qui va bien, qui est sur le
point de devenir autonome, peut-être qu'il prend un an de plus à l'école ou
deux, mais il va bien quand même puis il est très prometteur. C'est le
comparable que je fais avec la filière du verre actuellement au Québec.
M. Pratte (Grégory) : Et je
voudrais juste en complément, pour l'entente qu'on a signée pour la silice
précipitée, c'est 30 000 tonnes de poudre de verre par année pendant 20
ans, pour faire de la silice précipitée au Québec. Ce sera la seule silice
précipitée faite à partir de verre recyclé en Amérique du Nord. Donc, je ne
pense pas qu'il y a beaucoup de centres de tri qui peuvent se vanter d'avoir
une attente d'approvisionnement de 20 ans, on devient leur gisement. Donc, ils
viennent même s'installer à côté de chez nous, à Lachute, pour éviter les GES
de transport.
Donc, c'est quand même quelque chose
d'intéressant, considérant que la silice précipitée, souvent, est fabriquée en
Asie ou en Europe, et là on va devenir un joueur majeur au Québec. Et c'est un
produit qui est déjà utilisé, là, quand vous vous brossez les dents le matin,
là, je vous annonce qu'il y a de la silice précipitée dans la pâte à dent.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée...
M. Pratte (Grégory) : ...donc
c'est quand même quelque chose d'intéressant, considérant que la silice
précipitée, souvent, est fabriquée en Asie ou en Europe, et là on va devenir un
joueur majeur, au Québec, et c'est un produit qui est déjà utilisé, là. Quand
vous vous brossez les dents, le matin, là, je vous annonce qu'il y a de la silice
précipitée dans la pâte à dents.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci d'apporter
un nouvel éclairage. En fait, c'était ma question : Comment ça se fait, RECYC-QUÉBEC,
là, nous dit qu'il y a 37 % du verre qui est trié dans les centres de tri
qui est recyclé, O.K.? De ce que je comprends, vous avez un taux plus important.
Toutefois, ça reste du verre mixte qui sort de chez vous, et ce verre-là,
mixte, vous ne pouvez pas l'envoyer pour la refonte. Ce que vous avez décidé de
faire, c'est de consacrer ou d'investir pendant des années en termes de
recherche et développement pour trouver des nouveaux débouchés. C'est ce que je
comprends, là, vous me corrigez, hein, si...
M. Pratte (Grégory) : Non,
non, mais je suis votre affirmation. Nous, notre plan, de la façon qu'on s'y
est pris dans notre réflexion, c'est qu'on s'est dit : On reçoit du verre
mixte, c'est ça qu'on reçoit de la part de nos citoyens. Donc, nos citoyens,
ils nous font confiance, ils le mettent dans le bac, donc on s'est dit :
Trouvons des solutions pour ce verre mixte là. Et c'est pour ça qu'on est
actifs dans beaucoup de projets de recherche dans des universités au Québec. On
travaille entre autres avec l'ÉTS, au niveau de l'enrobé bitumineux, on
travaille avec AU/LAB, qui est un laboratoire d'agriculture urbaine, et Vignes
en ville, pour des vignobles urbains faits avec un terreau avec du verre à
l'intérieur. Il y a déjà cinq vignobles qui ont été mis en place. On continue
de travailler avec l'Université de Sherbrooke au niveau de la recherche pour la
poudre de verre. Donc, tranquillement, nous, l'idée, c'est de dire :
Diversifions les marchés, diversifions les débouchés pour ne pas être captif
d'un seul débouché. Il y a des choses extraordinaires qui se font avec la laine
minérale...
Mme Grondin : Je vous arrête,
parce que je pense que... Il reste combien de temps?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Huit minutes.
Mme Grondin :
Huit minutes, ah! J'ai quand même beaucoup de questions.
M. Pratte (Grégory) : Vous
m'arrêtez pareil.
Mme Grondin : Oui.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Grondin : Donc, ce que je
comprends, c'est que, dans le fond, vous avez investi parce que vos membres...
Qu'est-ce qui fait que vous êtes différent des autres centres de tri au Québec?
M. Pratte (Grégory) : Bien, on
est différent parce qu'on est un centre de tri qui conditionne le verre, déjà.
Donc, normalement, un centre de tri, ça trie, ça sépare la matière et ça la
revend à des recycleurs, par exemple.
M. Péloquin (Carl) : Il y a
une décision, pardon, il y a une décision qui a été prise, ça fait longtemps,
quand même, d'investir en recherche et développement pour la filière du verre.
Donc, contrairement à ce qui se fait... On a vu, on recule en 2008, il y avait
eu la crise sur les papiers, bien, il y avait eu de mis en place un comité sur
le papier en 2009, qui a accouché d'un rapport, mais ça, ça fait 10 ans de ça.
Donc, la facilité au niveau du papier, des fibres, c'est qu'on a vendu en Asie,
parce que c'était plus facile. Il n'y a pas eu de recherche et de développement
de faits dans ce domaine-là, donc ça serait assez plate de mettre de côté tout
le travail qui a été fait au Québec. On est une référence, les gens viennent,
mais... Voilà deux ans, on avait eu une équipe de France, de scientifiques, qui
viennent voir ce qu'on fait. Donc, au niveau du recyclage du verre au Québec,
on est une référence dans le monde.
Mme Grondin : O.K. Ce que
j'entendais, tantôt... Dans le fond, vous ne fournissez pas pour faire de la
refonte de verre, hein, ni de la laine isolante ou des nouvelles bouteilles,
ça, je comprends. Vous avez mentionné que les débouchés comme le verre...
cellulaire, la poudre de verre, sont probablement une valeur ajoutée qui est de
plus en plus payante, donc de plus en plus lucrative par rapport à la refonte
de bouteilles, et donc, dans un marché libre, c'est cette tendance-là qui va
se...
M. Potvin (Frédéric) : Qui va
se... oui, on s'en va vers ça, là.
Mme Grondin : Se pointer.
• (11 h 30) •
M. Potvin (Frédéric) : Le
marché des poudres, que ce soit la poudre de verre ou n'importe quelle autre
sorte de poudre, là, les poudres en général prennent de plus en plus de place.
C'est un produit qu'on sera capable de vendre 200 $, 250 $ la tonne,
aisément. Le verre n'arrive pas, là, à ces prix-là pour la refonte.
D'ailleurs... on en a vendu, d'ailleurs, du verre, pour la laine minérale,
parce qu'on fait des échanges avec 2M, hein, on lui envoie nos particules plus
grosses, il nous envoie ses particules plus fines. D'ailleurs, on ne verra pas
ça, dans cinq ans, des montagnes de verre. Le problème qu'on a eu avec Klareco,
sur les montagnes de verre, c'était au niveau des particules fines, hein, parce
que, pour séparer le verre par couleur, le 3/8 de pouce et moins doit être mis
de côté. Alors, nous en micronisant le verre, les fines, on les veut. Donc, on
ne verra plus ça, des montagnes de verre accumulé comme on a vu...
11 h 30 (version non révisée)
M. Potvin (Frédéric) : ...
il n'y aura pas ça dans cinq ans, des montagnes de verre. Le problème qu'on a
eu avec Klareco sur les montagnes de verre, c'était au niveau des particules fines,
hein, parce que pour séparer le verre par couleurs, le trois huitième de pouce
et moins doit être mis de côté. Alors, nous, en micronisant le verre, les
fines, on les veut. Donc, on ne verra plus ça, des montagnes de verre accumulé
comme on a vu, là, dans le cadre des entreprises précédentes, parce qu'on
s'occupe des particules fines.
Mme Grondin : O.K. J'ai
deux dernières questions. Est-ce qu'il me reste du temps, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il vous reste 4 min 50 s.
Mme Grondin : O.K. Ce que
je comprends... dossier assez complexe, le verre, là. On peut voir que, dans
les différentes interventions précédentes, il y a comme une opposition qui...
On ne souhaite pas que ça devienne... Tout le monde souhaite qu'on soit
complémentaires dans les différents scénarios. Mais il y a des exigences
reliées à ce qui est refonte pour refaire des bouteilles. Donc, la partie
réemploi, réutilisation versus la valorisation, qui, finalement, est peut-être
plus lucrative au bout de compte, exige recherche et développement. Est-ce
que vous vous opposez, là, au fait de la consigne? Vous êtes un organisme qui
valorise beaucoup les débouchés. Est-ce que c'est important qu'il y ait quand
même une portion qui est retournée à la refonte?
M. Potvin (Frédéric) :
Ça... ce qui nous... Merci de votre question. Ce qui nous préoccupe, en fait,
c'est qu'on diminue la quantité de verre dans le bac et qu'à ce point on tombe
en bas de la masse critique qui permettrait, par exemple, aux centres de tri de
s'équiper davantage pour le verre, s'il ne reste que des pots de cornichons, je
vous l'ai dit. Donc, c'est une question de masse critique. Parce qu'on sait
qu'il va en rester dans le bac, hein, mais, tu sais, est-ce qu'il va en rester
assez pour que tout le monde se mette à investir pour ce qui va rester dans le
bac? Ça, c'est une préoccupation. On ne s'oppose pas ni à O-I, ni à la
consigne, ni à ce projet-là. Ce qui nous préoccupe, c'est qu'on diminue en bas
de la masse critique dans les centres de tri pour pouvoir s'occuper du verre.
Mme Grondin : Donc, le
statu quo actuellement n'est...
M. Potvin (Frédéric) : Ça
va.
Mme Grondin : ...vous
aide.
M. Potvin (Frédéric) :
Oui, ça va, ça va. Nous, on... bien... Puis nous, on ne voit pas ça comme une
crise, on voit ça comme une croissance, donc...
M. Péloquin (Carl) : Il y
a une problématique au niveau des ICI. Donc, ça, on en a parlé abondamment, là,
lors de... aujourd'hui. Mais c'est sûr que, dans les nouveaux... disons, la
nouvelle génération de PGMR, des plans de gestion de matières résiduelles, qui
sont émis par le ministère de l'Environnement, il y a des objectifs clairs en
ce sens, et les municipalités, c'est à géométrie variable. Donc, il y en a qui
sont rendus loin là-dedans. Il y en a qui débutent. Donc, c'est sûr que les
orientations, c'est de réduire au maximum dans les prochaines années. Les
outils sont là. Maintenant, il faut aider, continuer dans ce sens-là,
travailler avec les MRC et les villes pour leur permettre de réaliser les
objectifs de leur PGMR. Ça, c'est un point où on voit qu'il y a des choses à
faire.
L'autre chose, c'est concernant justement...
en lien avec ces matières-là qui sont recyclées de façon commerciale, les
centres de tri au Québec sont équipés pour recevoir de la matière provenant du
domestique, donc ils sont mal équipés pour recevoir du commercial puis de l'industriel.
Mme Grondin : O.K. Je
vous...
M. Péloquin (Carl) :
Donc, ça aussi... ça c'est un point à améliorer.
Mme Grondin : Ça, c'est
un autre enjeu. O.K.
M. Péloquin (Carl) :
Donc, ça, c'est notre... une recommandation qu'on fait également.
Mme Grondin : Peut-être,
dernière question. J'ai encore...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...minutes.
Mme Grondin : O.K., rapidement.
J'ai dit en début de commission que, oui, là, on met l'accent sur le verre,
mais je suis également préoccupée par les autres types de matière. Je considère
que, comme centre de tri, vous vous occupez également... vous avez une idée de
la collecte sélective, vous recevez les résultats de cette collecte-là
sélective. Qu'est-ce qui se passe avec le papier et avec le plastique?
M. Potvin (Frédéric) : Le
papier, il n'y a plus qu'un seul... Bien, en fait, hein, on a enlevé tout le
papier journal du bac, et on a un problème de... On n'a pas un problème de
qualité actuellement, on a un problème de composition de la matière dans le
bac. Il n'y a plus qu'un seul grade qui s'appelle le grade collecte sélective municipale,
hein? Il n'y a... ça n'existe plus, le grade papier journal. Et actuellement il
n'y a que l'Inde qui accepte le papier. Et on le remplit rapidement. Donc, il y
a une forme d'inquiétude par rapport à la récupération du papier actuellement,
c'est certain.
Mme Grondin : Donc, rapidement,
là... Là, on met énormément d'énergie pour le verre, mais finalement le papier
on...
M. Potvin (Frédéric) :
Qui représente 51 %...
M. Potvin (Frédéric) :
...remplit rapidement. Donc, il y a une forme d'inquiétude par rapport à la récupération
du papier actuellement, c'est certain.
Mme Grondin : Donc, rapidement,
là, si... là, on met énormément d'énergie pour le verre, mais finalement le
papier, on...
M. Potvin (Frédéric) : Qui
représente 51 %. Si on enlève le carton, là, c'est là le problème actuel.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je dois vous interrompre ici. Nous allons passer à l'opposition
officielle. Vous avez 11 minutes, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. Je vais continuer sur la même question. Est-ce que vous pouvez
juste faire un portrait de la situation globale des centres de tri et les
défis? Comme vous avez mentionné, vous êtes capables de remplir les demandes
d'Inde rapidement. Alors, juste nous faire un portrait de la situation.
M. Potvin (Frédéric) : En
fait, chez... Je ne répondrai pas pour l'ensemble des centres de tri, là, je
n'ai pas ce mandat-là. Mais, disons, pour ce qui est des plastiques, on a vu
que la Chine avait banni, là, toute forme de plastique. Ça n'a pas beaucoup
d'impact au Québec, ça. Le PET est recyclé localement chez Plastrec, le HDPE
est recyclé chez Soleno. Le problème quant au plastique, c'est les sacs de
plastique. Il est là, le problème, et ça fait 22 ans que le problème est là, en
fait. Nos marchés, c'étaient l'Afghanistan, l'Irak, l'Iran, c'était ça, nos
marchés pour les sacs de plastique. Il y avait un peu aussi la Chine. La Chine
a cessé, c'est vrai. Mais il n'y a pas de marché pour les sacs de plastique, ou
à peu près pas. Alors, ça, c'est un problème. Tout le reste, mis à part le
papier, est vendu localement. Donc, c'est le papier, la grande préoccupation,
et là le Vietnam n'en prend plus, ou à peu près, l'Indonésie n'en prend plus,
la Chine n'en prend plus. Donc, il nous reste l'Inde. Donc, il y a à peu près
un seul pays pour l'ensemble de toute la matière recyclée mondiale, et c'est
l'Inde. Donc, c'est préoccupant et ça urge de trouver une solution pour notre
papier recyclé au Québec. C'est ça, la situation actuelle.
M. Kelley
: juste une
question avec les sacs de plastique. Quand on envoyait ça en Afghanistan, par
exemple, ils faisaient quoi exactement avec les sacs de plastique? C'était
quoi? C'était vendu pour faire quoi?
M. Potvin (Frédéric) : Par le
biais d'un courtier. Je n'en ai aucune idée. Mais la question est... elle a
quelque chose d'intéressant. C'est qu'à partir du moment où on est payé pour
une matière, on n'a pas cette inquiétude-là de qu'est-ce qui est fait avec, les
gens nous paient pour la matière. À partir du moment où c'est nous qui payons
pour la matière, là, il y a lieu de se questionner, parce que, lorsque ça
s'inverse, les coûts d'enfouissement en Inde ne sont pas les mêmes qu'ici.
Donc, ça se pourrait par exemple qu'on paie, pensant que c'est recyclé, alors
que c'est enfoui, parce qu'on paie pour la matière. Donc, à partir du moment où
on paie dans la transaction, il y a lieu de s'inquiéter. Lorsqu'on est payé,
minimalement, on sait que ça va être recyclé. Bon. De quelle manière? Ça, on le
sait moins, on n'est pas allé visiter effectivement. Mais, lorsqu'on doit payer
pour disposer d'une manière, là il y a lieu de s'inquiéter sur qu'est-ce qui se
passe vraiment avec cette matière-là.
M. Kelley
: Et, juste pour
répondre à vos défis... solution du gouvernement, de société, c'est quoi
exactement? Je sais qu'il y a certaines recommandations dans votre mémoire,
mais c'est quoi, la priorité numéro un pour vous autres?
M. Potvin (Frédéric) : Bien,
nous, c'est le papier pour l'instant, puis je pense que le gouvernement actuel
est en pourparlers avec nos papeteries locales. Ça, ça doit... on encourage ça.
Il faut que nos papetières locales, là, s'équipent pour prendre la matière de
nos centres de tri québécois. Oui, on veut en faire, de l'économie circulaire,
autant avec le verre qu'avec le papier, là. Il faut que ça reste chez nous.
M. Kelley
: Puis je
reviens un petit peu sur la question de la contamination. À une certaine
époque, on a mis le verre ensemble, papier ensemble, plastique ensemble, mais
maintenant c'est tout mêlé. Est-ce qu'il y a toujours une... Est-ce qu'il faut
faire plus de publicité pour les gens? Quand même c'est juste une question de
laver des verres, de bouteilles de plastique, est-ce que ça demeure toujours un
enjeu qu'il y a trop de matériels qui arrivent chez vous, et c'est difficile de
les traiter parce qu'ils sont contaminés, en général?
M. Potvin (Frédéric) : Non.
M. Kelley
: Non?
M. Potvin (Frédéric) : Non. Ce
qu'on... Non. Chez nous, disons, oui, le citoyen met beaucoup de contaminants
en général dans son bac, mais de la matière recyclable contaminée, ça, c'est
négligeable. Ce qu'on va voir, par exemple, c'est des sacs fermés. Donc, on n'a
pas nécessairement le temps de les ouvrir ou on n'a pas le goût de les ouvrir
non plus. Donc, quand la matière arrive en sacs bien fermés, là... Imaginez un
sac de salle de bain, par exemple. Ça, on en reçoit pas mal. Donc, c'est ce
type de contamination là, là, tu sais, qu'on a plus que par exemple une boîte
de pizza trop contaminée, là. Ça, c'est anecdotique pour nous, ce genre de
choses là, ou, tu sais, trop de beurre de pinotte dans un pot de beurre de
pinotte, c'est anecdotique chez nous, là, ça, ce n'est pas un problème.
• (11 h 40) •
M. Pratte (Grégory) : Mais, en
complément à votre question, au niveau de la contamination, souvent, on entend
dans les...
M. Potvin (Frédéric) : ...plus
que, par exemple, une boîte de pizza trop contaminée. Ça, c'est anecdotique
pour nous, ce genre de chose là, ou, tu sais, trop de beurre de peanut dans un
pot de beurre de peanut. C'est anecdotique chez nous, là, ça. Ce n'est pas...
ce n'est pas un problème.
M. Pratte (Grégory) : Mais, en
complément à votre question, au niveau de la contamination, souvent, on entend,
dans les médias que le verre case dans le bac et contamine le reste de la
matière. Ça, c'est peut-être dans... L'angle où vous vouliez aller, là, je vous
affirme que non. Il y a des équipements qui existent, on les a. Beaucoup de
centres de tri sont équipés. D'ailleurs, j'ai hâte, là, RECYC-QUÉBEC devrait
sortir très bientôt, là, les caractérisations sur les ballots, les chiffres et
vous allez certainement prendre connaissance de document-là, qui viendra
appuyer notre affirmation que les ballots ne sont pas contaminés par les
morceaux de verre, tel que certaines personnes veulent le faire entendre, là.
Ce n'est pas une réalité dans la plupart des centres de tri du Québec, qui sont
très bien équipés pour ça.
M. Kelley
: Merci. Une
autre question : si le gouvernement décide d'aller de l'avant avec la
consigne élargie, c'est quoi, les impacts pour vous autres directement?
M. Potvin (Frédéric) : En
fait, bien... Il y a deux probabilités. Est-ce qu'on gagnera l'appel d'offres...
Lorsque le verre viendra en appel d'offres, une fois collecté par la consigne,
est-ce qu'on gagnera l'appel d'offres ou pas. J'imagine ce verre-là va être
vendu par appel d'offres, hein? Ce sera une institution gouvernementale,
j'imagine, qui sera propriétaire du verre. Donc, ça ira en appel d'offres,
est-ce qu'on gagnera l'appel d'offres ou pas.
Donc, si on gagne l'appel d'offres, bien à
ce moment-là, on pourra continuer nos projets de croissance, là, dans le développement
du recyclage du verre. Si on perd l'appel d'offres, bien, à ce moment-là, on
tentera de continuer avec le 40 % à 50 % de verre qu'il y aura dans
le bac à ce moment-là.
M. Kelley
: Une autre
question sur les GES. Est-ce que vous pouvez juste expliquer... J'ai vu dans le
mémoire, il y a une partie qui parle un petit peu des camions lourds, de
logistique et tout ça. Mais, à l'inverse, si on est plus efficace, on réutilise
des bouteilles de vin, ou de verre. Est-ce que vous avez des chiffres sur
comment ça peut aussi réduire nos GES ou c'est quelque chose que vous n'avez
jamais regardé?
M. Pratte (Grégory) : Bien,
oui, là, on en a notamment avec la poudre de verre, là. On sait que produire
une tonne de ciment, ça équivaut à une tonne de gaz à effet de serre. Donc, à
chaque fois qu'on remplace une tonne de ciment dans un mélange de béton, on
réduit les émissions de gaz à effet de serre et, en même temps, la poudre de
verre permet d'avoir des infrastructures plus durables, améliore la performance
du béton. Donc, on est gagnants, là... Ça, ce serait un chiffre.
Un autre chiffre qu'on pourrait imaginer,
on a une entreprise qui utilise notre poudre de verre dans ses membranes
d'imperméabilisation pour les toits verts. Avant, elle s'approvisionnait au sud
des États-Unis. Donc, elle prenait la matière du sud des États-Unis, elle
faisait monter en camion jusqu'au Québec. Maintenant, elle s'approvisionne chez
nous, à Lachute. Donc, ça serait un calcul facile en GES, de savoir, par
exemple, du sud des États-Unis, combien... c'est quoi le coût en GES de
transport et qu'est-ce qu'on sauvé. C'est un élément parmi tant d'autres, mais
on pourrait s'étendre là-dessus.
M. Potvin (Frédéric) : Et je
citerais un ex-employé de la SAQ, qui a déjà dit que la collecte sélective,
c'est le transport en commun de la bouteille. Bien, la consigne, c'est tout le
monde; c'est l'autosolo, tout le monde prend son auto pour aller porter ses
bouteilles quelque part, qui ne sera pas à la SAQ, donc, de toute évidence. Ça
fait qu'il y a là, déjà, augmentation des GES.
En, plus, il faut partir de ces points de
dépôt là, pour aller au conditionneur. Donc, déjà là, on en rajoute, là.
M. Kelley
: Parfait. Je
vais céder la parole à...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente.
Tricentris... Bon, salut, messieurs. Merci
pour votre présentation. Tricentris couver quand même un grand territoire, une
grande portion du territoire québécois. Jusqu'à présent, donc, vous annoncez
que le verre représente 14,5 % de l'ensemble des matières recyclables,
reçues et traitées au centre de tri.
Vous avez maintenant une micronisation.
Quelle est la stratégie de Tricentris par rapport à ce pourcentage-là? Est-ce
que vous êtes confortables avec ce pourcentage-là, ou bien est-ce que vous avez
des objectifs... Est-ce que vous êtes ambitieux par rapport au verre?
M. Potvin (Frédéric) : Oui, on
va devoir acheter du verre d'ailleurs, dans un horizon probablement de trois à
cinq ans pour satisfaire notre contrat avec SiliCycle, entre autres, hein...
C'est un contrat de 30 000 tonnes et chez Tricentris, on a 30 000
tonnes. Donc, on devra acheter du verre d'ailleurs, là, dans un horizon, disons
de cinq ans, une fois Silicycle installé chez nous. Donc, oui, on est confiants.
M. Benjamin : Et dans la
discussion actuelle que nous avons au sein de cette commission, quelle devrait
être, selon vous, une orientation qui vous permettrait peut-être d'avoir accès
un plus grand... des plus grandes quantités de verre québécois?
M. Potvin (Frédéric) : Bien,
le verre des ICI, mais comme on expliquait tout à l'heure, les centres de tri,
à mon humble connaissance, là...
M. Benjamin : ...discussion
actuelle que nous avons au sein de cette commission, quelle devrait être, selon
vous, une orientation qui vous permettrait peut-être d'avoir accès à une plus
grande quantité de verre québécois?
M. Potvin (Frédéric) : Bien,
le verre des ICI, mais, comme on expliquait tout à l'heure, les centres de tri,
à mon humble connaissance, là... Je suis un peu mal à l'aise de parler pour les
autres centres de tri, mais, en tout cas, pour les nôtres, on n'est pas si bien
équipés que ça pour recevoir de la matière commerciale. On en recevait, de la
matière commerciale, mais là il y a comme un engouement... ou de plus en plus,
par le biais des PGMR, beaucoup de matière commerciale nous est acheminée, et
ça commence à peser lourd. Ce n'est pas les... Il y a des centres de tri
commercial, des centres de tri domestique, et là ça commence à peser lourd sur
nos opérations, alors... Et on n'en reçoit pas actuellement, du verre des bars
et restaurants, là. On n'en reçoit pas du tout.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, voilà, ça conclut votre portion à vous. Nous allons passer la parole à Mme
la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci beaucoup.
Bien, merci pour votre présentation. Je n'ai pas beaucoup de temps, donc j'espère
que vos réponses vont être brèves.
Vous avez parlé de l'importance des
chiffres et des données. Moi, justement, j'ai des questions par rapport aux
chiffres qui sont dans votre mémoire. Sur les 32 000 tonnes, en fait, que
vous triez, selon les chiffres de RECYC-QUÉBEC, ça dit que, de tous les
conditionneurs, vous, vous avez généré 9 000 tonnes pour fins de
recyclage. C'est 9 000, alors que, par exemple, sur votre Internet, vous
dites que vous avez traité 29 000 tonnes par année. Bien, c'est quoi, le
chiffre, c'est 9 000? Parce que RECYC-QUÉBEC dit que, vous, ce qui est
sorti de votre centre de tri...
M. Potvin (Frédéric) : C'est
9 000 qu'on a...
Mme Ghazal : ...c'est
9 000, mais vous, vous dites que c'est 29 000 sur votre site
Internet.
M. Potvin (Frédéric) : Oui.
Sur notre site Internet, c'était ce qu'on avait prévu au budget l'an passé,
mais ça ne s'est pas passé comme on l'a budgété. Donc, c'est 9 000.
Mme Ghazal : Donc, ce n'est
pas le bon chiffre. Donc, c'est le 9 000. Puis donc, sur les 32 000
que vous triez, 9 000 sont sorties. La différence, qu'est-ce qui se passe
avec la différence? Qu'est-ce que vous avez fait avec?
M. Potvin (Frédéric) : Elle
est valorisée. Tantôt...
Mme Ghazal : Par... comment?
M. Potvin (Frédéric) : En site
d'enfouissement, de trois manières.
Mme Ghazal : Ce qu'EEQ et même
tous les gens qui sont contre la consigne aujourd'hui disent qu'il faudrait
qu'on interdise.
M. Potvin (Frédéric) : Oui.
Mme Ghazal : Vous êtes aussi
contre qu'on interdise d'utiliser le verre comme agent de recouvrement.
M. Potvin (Frédéric) : Non,
non, non, on n'est pas contre. Non. Leur point de vue, c'est... Eux sont contre
parce qu'ils croient que c'est un frein à l'initiative et au développement des
filiales du verre. Nous, on pense que ce n'est pas un frein.
Mme Ghazal : Donc, en ce
moment, sur les 32 000 que vous prenez des bacs de recyclage, uniquement
9 000... vous êtes capables de recycler 9 000 et vous ne voulez pas
vendre à, par exemple, à la refonte pour une question d'affaires, et non pas parce
que c'est de mauvaise qualité.
M. Potvin (Frédéric) : Non. Parce
que notre verre ne satisfait pas les besoins d'O-I.
Mme Ghazal : O.K. Très bien.
Je voulais aussi savoir pour le projet... Vous êtes un des centres de tri
participant au projet Verre l'innovation et vous avez aussi une usine de
micronisation. Vous êtes très fiers de ça, on le sent. Sauf que, si je cite le
rapport Verre innovation qui est sorti cette année, à la page 35, qui
dit : «En ce qui concerne Tricentris, le gestionnaire de projet a dû
expédier, donc, la quantité pour les fins de recouvrement, donc dans les sites
d'enfouissement. Cela a fait glisser le taux moyen de recyclage des projets
pilotes à 73 %.»
Donc, on se serait attendu qu'avec votre
expérience et votre connaissance vous auriez été en haut de la liste des cinq
centres, mais, dans le fond, avec ce projet-là, les 32 000 tonnes qui sont
sorties de là, vous, vous étiez en queue de peloton. Vous étiez à la fin.
Comment est-ce que vous expliquez cette situation?
M. Potvin (Frédéric) : On ne
veut pas répéter ce qui s'est passé avec Klareco. Donc, nous, on recycle le
verre au gré des ventes, et non pas selon ce que produisent nos centres de tri.
Mme Ghazal : ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois passer la parole, Mme la députée, à votre collègue M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup. Je veux saluer votre modèle et votre... vos initiatives. Je vais
aller rapidement aussi. J'aime beaucoup la conclusion de votre mémoire quand
vous dites, à la page 23, par exemple : «Il ne s'agit plus de discuter
d'un mode de collecte et de transport du verre. Ce débat doit être écarté. Il
est temps pour le Québec de prendre position en faveur du développement
économique local.»
Ensuite, vous proposez trois voies
d'action, que je partage, mais, par exemple, vous avez dit plus tôt, à la page
19, que la consigne n'assure pas le recyclage. C'est vrai, mais, je dirais, le
centre de tri non plus n'assure pas le recyclage.
Donc, moi, je veux qu'on arrête de se mettre
en opposition consigne versus centre de tri parce que, dans le fond, ce que je
comprends de vos propos, c'est que la consigne n'empêche pas d'aller dans la
direction que vous allez. Alors, qu'est-ce que ça prend pour éviter ce que vous
dites, que la consigne n'assure pas le recyclage? Vous me suivez?
• (11 h 50) •
M. Potvin (Frédéric) :
Probablement un système mixte comme vous l'entendez. Moi, je pense que le verre
doit continuer d'aller dans le bac. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait avec les
ICI? Est-ce qu'on ne pourrait pas envoyer les ICI, par exemple, du côté d'un
refondeur de verre? Pourquoi ça ne serait pas ce verre-là qu'on...
M. Potvin (Frédéric) : ...probablement
un système mixte, comme vous l'entendez. Moi, je pense que le verre doit continuer
d'aller dans le bac. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait avec les ICI? Est-ce
qu'on ne pourrait pas envoyer les ICI, par exemple, du côté d'un refondeur de
verre. Pourquoi ça ne serait pas ce verre-là qu'on pourrait envoyer chez O-I,
par exemple, pour le refondre.
M. Gaudreault : Donc, là,
il y a un enjeu de logistique, par exemple, qui...
M. Potvin (Frédéric) : Ah
oui! Oui.
M. Gaudreault : ...qui se
pose. Mais, bon, ça peut...
M. Potvin (Frédéric) : De
collecte.
M. Gaudreault : Ça peut
se régler. Donc, vous n'êtes pas opposé à la consigne comme telle. Vous
dites : Il faut, par exemple, quand il y aura la question des appels
d'offres pour récupérer le verre qui sera consigné, bien là, vous allez jouer
dans cette game-là comme d'autres.
M. Potvin (Frédéric) :
Oui. Oui. Exact.
M. Gaudreault : Et moi,
j'aimerais ça vous entendre un peu plus, il ne me reste pas beaucoup de temps,
sur c'est quoi, selon vous, les meilleurs marchés du futur. C'est toujours la
fameuse question, là.
M. Potvin (Frédéric) : Le
verre cellulaire. Le verre cellulaire.
M. Gaudreault : Le verre
cellulaire.
M. Potvin (Frédéric) :
Toutes les roches que vous avez devant vous, c'est le verre cellulaire.
M. Gaudreault : Cette
roche qui n'est pas lunaire, là.
M. Potvin (Frédéric) :
Oui, qui remplace le styrofoam dans tous les projets d'infrastructure. Ça a
coûté 9 millions de styrofoam sur le projet Bécancour, d'autoroute à
Bécancour. On aurait pu le faire en verre cellulaire.
M. Gaudreault : Puis il y
a de la demande. Il va avoir..
M. Potvin (Frédéric) : Et
ça fait 40 ans qu'on fait ça en Europe. On ne fait pas juste du verre avec
du verre en Europe, on fait du verre cellulaire aussi, et ça fait 40 ans
qu'ils en font en Europe. Et c'est un isolant hors pair. Et actuellement il y a
l'Université Laval qui travaille à trouver des équivalents pour le zéro trois
quart lorsqu'on produit... lorsqu'on fait une route. Et ça protège aussi le
pergélisol du dégel. Donc, on sait qu'on a un problème de dégel du pergélisol.
Ça sert à ça.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois...
M. Gaudreault : Je dois
faire une première, Mme la Présidente, dans l'histoire du Parlement, je demande
de dépôt du verre cellulaire en commission. Alors, ça sera consigné dans...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, merci. Merci beaucoup. Nous allons
prendre une très courte pause, parce que nous avons un petit peu retardé.
Alors, merci pour votre participation.
(Suspension de la séance à 11 h 52)
(Reprise à 11 h 53)
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, nous allons... nos travaux s'il vous
plaît. J'invite nos prochains invités, le Conseil des entreprises en
technologies environnementales du Québec.
Des voix
: ...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Vous êtes un petit peu disciplinés, là... indisciplinés, c'est-à-dire. S'il
vous plaît, il faudrait commencer, parce que nous avons pris un peu de retard.
M. le maire! J'aurai besoin d'un consentement de votre part si vous voulez que
nous poursuivions un peu après 12 h 30, parce que nous avons pris un
léger retard. Est-ce que vous voulez poursuivre ou si vous voulez arrêter à
12 h 30 pile?
Une voix
: ...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Ah! on est... Un bon cinq minutes. Cinq
minutes. Ça va? Alors, merci d'être avec nous. Vous allez avoir 10 minutes
pour présenter votre exposé. Je vous laisse la parole. Et, s'il vous plaît,
identifiez-vous.
M. Mimeau (Richard) :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Madame, messieurs, membres de la commission,
bonjour et merci de nous recevoir aujourd'hui. Mon nom est Richard Mimeau. Je
suis le directeur général du CETEQ, le Conseil des entreprises en technologies
environnementales du Québec. Et je suis accompagné aujourd'hui de
Mme Julie Gagné, propriétaire de Sani-Éco, ainsi que M. Gilbert Durocher
qui est président de Rebuts solides canadiens, tous deux, tous deux experts en
gestion de collecte sélective en opération de centre de tri et membres du
CETEQ. Vous avez tous reçu notre mémoire. Alors, nous n'en ferons pas la
lecture, mais nous sortirons les points qui méritent votre attention aujourd'hui.
Tout d'abord le CETEQ est l'association
qui représente l'expertise privée de l'économie...
M. Mimeau (Richard) :
...canadiens, tous deux experts en gestion de collecte sélective, en opération de
centres de tri et membres du CETEQ.
Vous avez tous reçu notre mémoire, alors
nous n'en ferons pas la lecture, mais nous sortirons les points qui méritent
votre attention aujourd'hui. Tout d'abord, le CETEQ est l'association qui
représente l'expertise privée de l'économie verte au Québec. Nous sommes
également membres du comité de modernisation de l'industrie de la récupération
et du recyclage du ministre Benoit Charette. Nous collaborons régulièrement
avec RECYC-QUÉBEC et le ministère de l'Environnement.
Nos membres, ce sont des femmes et des
hommes qui assainissent à tous les jours l'environnement du Québec, que ce soit
par la valorisation et la transition énergétique renouvelable, la gestion des
sols contaminés, des matières dangereuses, des matières de construction, des
matières technologiques et, finalement, le secteur qui intéresse la commission
aujourd'hui, la gestion des matières résiduelles, qui comprend l'opération des
centres de tri, des conditionneurs ainsi que la gestion du verre. Ce secteur
représente les métiers qui permettent le recyclage et la valorisation des
ressources. Ce sont des gens fiers de leur travail. Et d'ailleurs, pour mieux
connaître ce secteur d'activité essentiel dans l'environnement au Québec, nous
sommes toujours prêts à vous accueillir si vous désirez visiter les
installations de nos entreprises membres.
Vous remarquerez qu'il n'y a pas de
solution unique et que chacune d'entre elles peut avoir un impact économique
important, car c'est un écosystème fragile et complexe. Nous préconisons une
approche basée sur les disparités régionales et les différents milieux
économiques.
En conclusion, il ne faut pas mettre en
opposition consigne et collecte sélective. Il faut moderniser les deux systèmes
et leur gouvernance. Il faut implanter au Québec un système de traçabilité des
matières résiduelles et des matières dangereuses, comme nous l'avons fait avec
les sols. Il faut travailler à tous les jours à développer des débouchés. Il
faut impliquer et responsabiliser les producteurs.
Maintenant, dans un premier temps, Gilbert
Durocher vous présentera les enjeux actuels dans l'industrie, et Julie Gagné
vous expliquera ensuite les débouchés possibles.
Gilbert.
M. Durocher (Gilbert) :
Merci, Richard. Bonjour, merci pour l'invitation. Rebuts solides canadiens, un
groupe qui représente quatre centres de tri au Québec, celui de la ville de
Montréal, un à Châteauguay, un à Saint-Hubert et un à Saguenay. Le groupe
Rebuts solides canadiens reçoit près de 300 000 tonnes de matières recyclables
dans ses centres de tri par année, dont 45 000 tonnes de verre. Rebuts
solides canadiens, c'est aussi 75 camions qui font la collecte et le transport
de matières résiduelles.
Les centres de tri portent un grand
intérêt à cette commission. Depuis près de deux ans maintenant, plusieurs
centres de tri sont dans une situation très précaire, car c'est les exploitants
de ces centres de tri qui deviennent propriétaires de la matière recyclable,
une fois livrée aux centres de tri. Vous êtes déjà au courant qu'il y a eu une
crise du verre en 2013, suite à la fermeture de Klareco, seul preneur de verre
au Québec. Nous avions mis, à l'époque, tous nos œufs dans le même panier. Tous
les centres de tri se sont retrouvés en situation problématique. Les autorités
ont alors permis aux lieux d'enfouissement technique d'accepter le verre des
centres de tri comme matière alternative, malheureusement, à un prix de vente
négatif.
Les LET ont plusieurs applications pour
cette matière inerte : fondation de routes, enrobage de drains de captage
des biogaz, couche de drainage de recouvrement final des cellules, aménagement
des aires de réception des sols contaminés, aménagement des aires de
compostage, aménagement de la zone de broyage du bois. Ce qui est intéressant
avec les lieux d'enfouissement technique, mis à part les applications que je
viens de nommer, c'est que le verre remplace l'utilisation de matières vierges,
mais surtout, la proximité avec les centres de tri du Québec, ce qui amène une
réduction des coûts de transport et des gaz à effet de serre.
L'aspect négatif du verre en centres de
tri. Je vais détonner un peu de mon prédécesseur. Les centres de tri tentent
par tous les moyens de produire une qualité extrême de tous leurs produits
finis. Le verre est le pire contaminant pour tout acheteur de matières.
Exemple, Kruger s'approvisionne chez groupe RSC en papier et en carton. Le
verre est son pire ennemi et entraîne une usure prématurée de ses équipements.
Le verre est le produit le plus abrasif que l'on retrouve dans la collecte
sélective. Il augmente les coûts d'entretien non seulement de tous les
équipements des centres de tri, mais également des bennes de tous les camions
de collecte. Il est très difficile à capter manuellement depuis l'avènement de
la collecte en mode pêle-mêle. C'était plus facile à l'époque de la collecte en
mode séparé. Aujourd'hui, si le verre décide de suivre le papier dans le
procédé de tri, ça devient très problématique.
• (12 heures) •
Nous parlons beaucoup ces temps-ci de
modernisation des centres de tri. Ces derniers, pour ceux qui sont dans
l'obligation de soumissionner sur des appels d'offres publics, sont confrontés
à la courte durée des contrats, généralement, de un à cinq ans, ce qui freine
la possibilité pour les exploitants d'investir massivement dans les équipements
de procédés. Montréal a convenu d'un contrat de 10 ans, 2009 à 2018. À ce
moment-là, nous avons investi 5 millions de dollars...
12 h (version non révisée)
M. Durocher (Gilbert) :
...des contrats, généralement d'un à cinq ans, ce qui freine la possibilité
pour les exploitants d'investir massivement dans les équipements de procédés. Montréal
a convenu d'un contrat de 10 ans, 2009 à 2018. À ce moment-là, nous avons
investi 5 millions de dollars pour moderniser les équipements. Le contrat
de la ville de Montréal pour ces 10 années était à coût zéro pour la ville
et Rebuts solides canadiens a même remis 5,5 millions à titre de ristourne
à la ville durant cette période.
Les programmes de subvention actuels de RECYC-QUÉBEC
sont un très bon incitatif à l'investissement. À titre d'exemple, le centre de
tri de Saint-Hubert s'est doté d'un lecteur optique sur sa ligne de fibre grâce
à ce programme le printemps dernier. De plus, nous venons de déposer deux
demandes de subvention pour un projet de modernisation à Châteauguay, total du
projet, 9 millions, contribution de RECYC-QUÉBEC, 500 000 $, et
un pour le vieux centre de tri de la ville de Montréal, 2,5 millions avec
une contribution de 500 000 $ de RECYC-QUÉBEC.
Je vais terminer sur une note un peu plus
positive. La ville de Montréal s'est dotée d'un tout nouveau centre de tri dans
l'arrondissement Lachine. Ce centre de tri sera en opération le 5 novembre
prochain, recevra 100 000 tonnes de matières recyclables et sera
équipé à la fine pointe de la technologie. Il sera en mesure de produire une
qualité attendue par tous les acheteurs de matière. Merci. Julie.
Mme Gagné (Julie) : Plusieurs
pistes de solution existent dans la collecte du verre, mais il ne faut pas
seulement miser sur une méthode de collecte afin de ne pas répéter l'erreur
commise, donc on parle en 2013, avec Klareco. Il faut diversifier les marchés
pour des raisons économiques et logistiques.
Il existe deux types de collecte de verre,
soit le tri positif et le tri négatif. Le tri négatif est un tri qu'on peut
retrouver avec le bac bleu. Certains centres de tri font un tri de qualité et
certains autres ont beaucoup plus de difficulté à y parvenir, car le triage se
fait par l'enlèvement de produits autres que le verre. Les raisons principales
sont le manque d'effectifs et la rentabilité qui n'est pas au rendez-vous.
Le tri positif est, quant à lui, un triage
par enlèvement du verre, et cette méthode consiste deux façons de le faire, la
première étant la voie de la consigne qui passera chez les détaillants. Cette
méthode représente un impact majeur pour eux, tant au niveau de la santé et
sécurité au travail qu'au niveau des équipements de manutention, d'entreposage
et de bureaucratie. Dans plusieurs provinces, le programme de consigne ne remet
qu'une partie de la consigne en retour du contenant, le reste sert à financer
le programme. Sinon, ce sont les montants de la consigne des contenants non
récupérés qui financent le système, qui devient autrement un coût beaucoup plus
onéreux.
L'autre solution proposée est le point de
dépôt de verre ou les dépôts communautaires. Les frais d'opération sont
beaucoup moindres, et la qualité du verre est très acceptable et comparable à
la consigne. C'est un système qui peut s'implanter rapidement, facilement. Ce
type de démarche pourrait être complémentaire au système en place et beaucoup
moins dispendieux.
Il existe trois modèles d'affaires
présentement dans nos centres de tri au Québec. Il y a les régis, il y a les
OSBL et les privés. Ces dernières sont assujetties à des appels d'offres
volumineux, des règles très strictes, un système du plus bas soumissionnaire,
des rapports à soumettre aux villes ou à la MRC, une convention collective à
respecter, et tout ça en pleine crise de la main-d'oeuvre. Les contrats souvent
octroyés sont de courte durée, soit de trois à cinq ans. Dans ces conditions,
le privé a beaucoup de difficulté à réinvestir davantage dans de nouveaux
équipements de pointe et ainsi à créer une grande valeur ajoutée quant aux
procédés qui pourraient être développés. Les régis et les OSBL, quant à eux,
sont supportés par des subventions gouvernementales, et la matière est
régulièrement garantie dans le centre de tri.
Nous avons travaillé dernièrement avec les
lieux d'enfouissement technique afin de valoriser le verre provenant des
centres de tri. Les lieux d'enfouissement technique ont besoin de cette matière
afin de fabriquer du matériel de recouvrement. Si un manque de verre subsiste,
ils devront se procurer de l'agrégat, une matière première, afin de rencontrer
les normes environnementales. Est-ce que nous donnons la valeur noble du verre?
Non.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous arrêter ici puisque les
10 minutes sont écoulées. Alors, vous aurez l'occasion d'échanger avec les
députés. Je passe la parole à M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme
la Présidente. Ce que j'ai toujours apprécié du CETEQ, c'est que vous voyez
l'environnement d'une façon rentable.
Vous avez parlé tantôt de la trop courte
durée des contrats pour les centres de tri... Dans ce temps-là, c'est difficile
d'innover, c'est-à-dire, j'imagine, que ça vous prend une garantie de quelques
années pour dire : Je veux investir dans de l'équipement.
Alors, c'est quoi, le chiffre que vous
regardez là-dedans en nombre d'années? Quelle est votre idée par rapport à ça?
Une voix
: 10 ans...
M. Campeau : ...des contrats
pour les centres de tri. Dans ce temps-là, c'est difficile d'innover, c'est-à-dire,
j'imagine, que ça vous prend une garantie de quelques années pour dire :
Je veux investir dans de l'équipement. Alors, c'est quoi, le chiffre que vous
regardez, là-dedans, en nombre d'années? Quelle est votre idée par rapport à
ça?
M. Durocher (Gilbert) : 10
ans.
M. Campeau : 10 ans?
M. Durocher (Gilbert) : Je
mentionnais que la ville de Montréal l'a fait de 2009 à 2018, ce qui nous avait
permis, à l'époque, effectivement, d'investir 5 millions dans le centre de
tri de la ville de Montréal.
M. Campeau : O.K.
M. Durocher (Gilbert) : Lorsqu'une
municipalité va en appel d'offres pour un contrat d'un an ou de trois ans, il
est très difficile pour nous... Montréal est à part, hein, Montréal reçoit Montréal,
alors qu'un autre centre de tri, exemple, Châteauguay, reçoit plusieurs MRC qui
vont en appel d'offres une après l'autre. Donc, une MRC peut représenter
30 % de la matière qui va au centre au tri, puis une autre municipalité
peut ne représenter que 5 % de la matière.
M. Mimeau (Richard) : Je peux peut-être
ajouter aussi qu'il y aurait peut-être des nouveaux joueurs, là. Peut-être que
les membres chez nous ne seront pas contents que je dise ça, mais il y aurait
des nouveaux joueurs probablement aussi qui pourraient arriver sur le marché.
M. Campeau : On a parlé de
traçabilité, tantôt, vous l'avez juste esquissé, au début, du verre.
Pourriez-vous nous en dire plus? Comment vous verriez ça arriver?
M. Mimeau (Richard) :Bien,
c'est sûr que la traçabilité des matières résiduelles serait intéressante,
comme on fait avec les sols, là, les sols, il y avait une autre histoire qui
allait avec la traçabilité des sols. Celle pour les matières résiduelles... Je
crois que c'est important de pouvoir voir où vont toutes nos matières, les
comptabiliser. Ça va aider aussi RECYC-QUÉBEC à avoir des chiffres puis à
avoir... tantôt... Je suis la commission depuis hier, là, puis on a de la difficulté
à avoir les chiffres, alors je pense que de suivre et d'avoir la traçabilité de
nos matières, ce serait... c'est important, là. Tout ce qui est dans l'environnement,
donc, matières résiduelles, matières dangereuses, qui touchent aussi les
centres de tri de matériaux de construction qu'on appelle le tamisage des
fibres, là, de faire le suivi de toutes les matières serait bien.
M. Campeau : Dernière question.
Le dépôt volontaire, je sais que vous en avez parlé, qui en serait responsable?
Est-ce que vous verriez le privé s'impliquer là-dedans?
Mme Gagné (Julie) : Bien, le
privé, en fait... en fait, le privé peut s'occuper aussi de la collecte... la collecte
et le transport, mais c'est sûr qu'il va falloir que le verre s'en aille dans
des endroits où est-ce qu'eux vont pouvoir le retraiter. Parce qu'on ne se le
cachera pas, même si on met des dépôts volontaires, il peut y avoir autre chose
que du verre qui peut se retrouver dans les contenants, ça fait qu'il va y
avoir encore un pourcentage qu'il peut y avoir de contamination. Il faut que ça
soit renvoyé dans un centre qui vont faire le tri, tri spécialisé, mais qui va
être beaucoup plus facile à cause que les morceaux vont être beaucoup plus gros
aussi... les pièces soient plus grosses.
M. Mimeau (Richard) :
Peut-être ajouter aussi, j'entendais souvent, depuis hier, parler aussi
peut-être de genre de cloches ou... J'ai des membres chez nous, dans les
matières... au niveau du recyclage du vêtement, là, et quand il y a des
cloches, souvent aussi les gens mettent autre chose dedans ou... donc il faut
s'assurer de bien retrier ça par la suite, et c'est un peu complexe, des fois.
M. Campeau : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
J'ai Mme la députée de Saint-Maurice—Laviolette qui a demandé la parole avant
vous, M. le député de Rivière-du-Loup, et après ça Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Tardif : Ça ne sera pas
très long. On va permettre à tout le monde de parler. Merci pour votre
présentation. On entend plusieurs idées, et c'est intéressant de voir aussi...
et c'est aussi inquiétant de savoir que — et c'est évident — mais
que le prix des débouchés oriente le type de valorisation vers lequel on va. En
tant que société, par rapport justement... Vous, vous dites : Les centres
de tri ne voient pas la problématique qu'il y a, mais la population voit cette problématique-là.
Et d'un autre côté, c'est le marché qui oriente nos actions.
Mme Gagné (Julie) : Il faut
faire attention. Nous, ici, on représente surtout le secteur privé, et quand
c'est le privé, on regarde la rentabilité, hein?
Mme Tardif : C'est normal.
Mme Gagné (Julie) : C'est normal,
c'est notre poche, du moment qu'on investit, c'est notre poche, c'est notre
argent qu'on sort, là. Ça fait que c'est sur, effectivement qu'on va regarder
pour la rentabilité de... la survie de notre commerce, de... de notre commerce.
Mme Tardif : Et à ce
niveau-ci, par rapport au verre, par rapport aux quantités que vous recevez,
est-ce qu'il y a une quantité minimale pour dire que vous êtes rentable ou que
vous n'êtes pas rentable? Ou le fait que vous avez justement un tri qui est
varié, il n'y a pas un regard mathématique qui a été posé sur le verre comme
tel, uniquement?
• (12 h 10) •
Mme Gagné (Julie) : Mais c'est
sûr que pour nous...
Mme Tardif : ...est-ce qu'il y
a une quantité minimale pour dire que vous êtes rentable ou que vous n'êtes pas
rentable? Ou le fait que vous avez justement un tri qui est varié, il n'y a pas
un regard mathématique qui a été posé sur le verre comme tel, uniquement?
Mme Gagné (Julie) : Mais c'est
sûr que pour nous, je vais parler pour nos centres de tri, là, dans mon centre
de tri, c'est plutôt difficile de sortir une qualité acceptable, là, pour
refaire une refonte de verre parce que c'est ça qu'on espère tous, je crois,
là, une refonte de verre. Je n'ai pas eu le temps de le finir, mon texte, mais,
tu sais, il faut vraiment, peu importe le choix où est-ce que vous allez vous
dirigez, n'oubliez pas qu'on ne peut pas seulement miser sur une alternative.
Le verre dans le bac, il va toujours en avoir. Est-ce qu'on peut donner un
pourcentage de la valeur noble au verre en ayant soit la consigne ou l'apport
volontaire? Et à ce moment-là, oui, on va aller donner un aspect noble... plus
noble au verre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M. Tardif :
Merci. Alors, bonjour. Merci de votre présentation. On a parlé de traçabilité.
Moi, «rentabilité», j'entends bien ce mot-là aussi, je le comprends même très
bien. J'aimerais savoir, au niveau technologique étant donné dans la commission
qu'on est, au niveau de développements technologiques, est-ce qu'on peut penser
qu'on est rendu au bout de ce qui peut exister ou il y a encore place à
amélioration pour aller vers une plus grande rentabilité en même temps, là,
sans polluer plus que ce qu'on recueille évidemment, là?
M. Durocher (Gilbert) : Oui, effectivement.
On n'est pas rendu au bout, on n'est jamais rendu au bout au niveau
technologique. Si on regarde...
M. Tardif :
Oui. Bien, j'ai dit actuellement, là.
M. Durocher (Gilbert) :
Oui... Pardon?
M. Tardif :Actuellement. Je sais qu'on n'est jamais rendu au bout, mais actuellement?
C'était le mot clé qu'il y avait dans la phrase.
M. Durocher (Gilbert) : Mais actuellement,
il y a effectivement... si on ne parle que du verre, il y a effectivement des
projets, vous en avez parlé tantôt, les cinq centres de tri qui ont été équipés
via Éco Entreprises Québec, je crois que ça a été un grand pas en avant au
niveau technologique pour le traitement du verre. Dans le nouveau centre de tri
de la ville de Montréal, Éco Entreprises Québec a pris l'initiative de faire un
don à la ville de Montréal d'un système du traitement du verre qui est
complètement différent des cinq qui ont été installés il y a deux ans. Donc,
oui, effectivement, on avance encore aujourd'hui dans la technologie pour faire
des produits de qualité en centres de tri.
M. Tardif :
O.K. Alors, recherches de développement... oui, excusez.
Mme Gagné (Julie) : Moi, je
rajouterais quelque chose que Gilbert... Il faut dire que tantôt, on a
rencontré des gens qui vont transformer le verre dans leurs centres de tri.
Gilbert représente aussi un gros pourcentage. Je vais parler peut-être pour les
plus petits centres de tri que... moi, je suis plus petite, là, comme centre de
tri, là. Il ne faut pas oublier que tous les... oui, il existe des équipements,
des mécanismes qu'on va être capable d'aller chercher une qualité de verre.
C'est des équipements qui sont relativement très dispendieux, et un petit
centre de tri qui est retiré, ça devient un petit peu trop compliqué aussi,
c'est trop onéreux. La suggestion qu'on proposait aussi, c'est peut-être plus
outiller... de centraliser le verre à un même endroit, et que, là, on va
pouvoir le traiter aussi. C'est sûr qu'eux, ils ont plus de volume que moi et
ça devient un petit plus, comme je vous dis, plus onéreux, là, pour nous, là.
M. Tardif :O.K. En termes de volume, juste pour m'aider à comprendre.J'ai compris
ce que vous... Montréal s'autosuffit, de façon... Montréal accueille Montréal.
Ça peut représenter quoi chez vous par rapport... pas seulement vous, là, mais
à l'ensemble du Québec hors Montréal, en chiffres?
M. Durocher (Gilbert) : Bien,
Montréal reçoit 175 000 tonnes de matière, O.K. Donc, c'est...
M. Tardif :
Oui. Si on compare au reste du Québec, ça peut être quoi?
M. Mimeau (Richard) :
...nous... c'est peut-être 400 000. Tous les centres de tri qui sont
membres, là, au CETEQ, c'est environ, à peu près, je pourrais dire un
400 000 tonnes par année, là, qu'on traite.
M. Tardif :O.K., de là l'idée d'une certaine centralisation pour...
Mme Gagné (Julie) : Bien d'une
centrale... exactement. Parce que même si on est petit, il nous faut les mêmes
équipements qui nous coûtent presque le même coût qu'un gros.
M. Mimeau (Richard) : On a un
centre de tri en Gaspésie, là, Bouffard. Lui aussi, là, quand vous êtes en
Gaspésie, là, le verre, comment que... je sais qu'on a parlé de régions, là,
souvent, là, mais...
M. Tardif :
Oui, je vous ai éclairé tantôt, oui, d'accord.
M. Mimeau (Richard) : Oui,
c'est ça, oui. Mais bon, ils vivent cette problématique-là, là. Gilbert,
excuse.
M. Durocher (Gilbert) : Ce
que Julie tente de mentionner, c'est, corrige-moi si me trompe, mais tant qu'à
investir dans tous les centres de tri du Québec pour améliorer la qualité de
chacun d'eux, pourquoi ne pas équiper celui qui reçoit le verre dans l'état
actuel pour pouvoir en tirer une meilleure qualité?
M. Tardif :
Oui, bien... et vous arrivez vers où ma réflexion allait parce qu'on parle de
la moitié du Québec, on parle de l'autre moitié du Québec sur un territoire
immense. Puis il y a toute la question du transport qui est reliée à ça...
Une voix
: ...pour
pouvoir en tirer une meilleure qualité.
M. Tardif :
Oui, bien... et vous arrivez vers où ma réflexion allait, parce qu'on parle de
la moitié du Québec, on parle de l'autre moitié du Québec sur un territoire
immense. Puis il y a toute la question du transport qui est reliée à ça, alors
c'est cette gestion-là, voir comment on peut la faire, là. Alors, vous semblez
dire que c'est quand même possible pour obtenir une qualité de produits, c'est ce
que j'en retiens.
M. Mimeau (Richard) : Puis tantôt
je parlais de modernisation, là, puis je pense que c'est important aussi... la
compensation aussi. Alors, il y a des conditionneurs, les conditionneurs qui
sont membres au CETEQ, là, puis si on pouvait aussi aider les conditionneurs, je
pense que ça donnerait un coup de pouce aussi, les centres de tri, les
conditionneurs.
M. Tardif :Je vous remercie.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : En fait, j'ai
deux questions, mais j'aimerais ça bien saisir. Vous êtes une association principalement
des centres de tri privés, plus vous avez aussi... vous pouvez offrir tout ce
qui est collectes...
M. Mimeau (Richard) : Au
CETEQ, les membres, il y a le secteur des matières résiduelles qui comprend
collectes, sites d'enfouissement, centres de tri, conditionneurs, exemple,
Pyrowave, Enviroplast, 2M Ressources qui sont membres au CETEQ, tout ce qui est
LET, tout ce qui est centre de tri qui est privé, puis on a tous les autres
secteurs, comme je disais tantôt, de matières dangereuses, sols contaminés,
etc.
Mme Grondin : Et donc ce que
j'ai compris dans le message, c'est qu'en fait ce que vous alléguez, c'est,
vous n'avez pas réussi à augmenter la pureté du gisement du verre dans vos
centres de tri privés parce qu'en fait c'est une question de contrat court
terme. Donc, vous ne pouvez pas investir en recherche-développement pour
trouver des débouchés, et tout ça, parce que, dans le fond, vous n'avez pas...
c'est une vision à court terme. Est-ce que c'est bien ça que j'ai compris?
Donc, expliquez-moi, à Montréal, il y a combien de centres de tri privés, à
Châteauguay, il y en a combien. Donc, je ne suis pas sûre de saisir, en termes
de compétition...
M. Durocher (Gilbert) : À
Montréal, il n'y a qu'un centre de tri, ce centre de tri là reçoit et traite
100 % de l'île de Montréal.
Mme Grondin : Donc, la ville
de Montréal, si elle vous signe un contrat de deux ans ou de 25 ans, il y a
juste elle... elle peut juste le faire avec vous.
M. Durocher (Gilbert) : Pas
du tout.
Mme Grondin : C'est ça que je
ne comprends pas.
M. Durocher (Gilbert) : La
ville de Montréal ne signe pas un contrat, la ville de Montréal va en appel
d'offres public, et nous soumissionnons sur cet appel d'offres là.
Mme Grondin : O.K. Est-ce
qu'il y a d'autres soumissionnaires?
M. Durocher (Gilbert) : Le
contrat que je vous parlais tantôt de 10 ans, nous étions cinq
soumissionnaires. Lorsque la ville de Montréal est allée en appel de
propositions pour son nouveau centre de tri à l'arrondissement Lachine, nous
étions quatre soumissionnaires.
Mme Grondin : O.K. C'est bon.
La notion, vous avez... j'imagine que vous avez regardé, écouté les autres
interventions, toute la question de la valorisation, que vous appelez, du verre
dans les sites d'enfouissement en termes de matériaux de recouvrement ou tout
autre type d'utilité pour les sites d'enfouissement, vous comprenez que la
majorité des intervenants précédents s'opposent à ce type de valorisation là.
En fait, pour eux, ce n'est pas de la valorisation, c'est vraiment similaire à
l'enfouissement.
Que l'on soit dans un débat de définition
de valorisation, la perception sociale reste que, quand on fait du recouvrement
puis on envoie ça dans des sites d'enfouissement, c'est l'enfouissement du
verre, ce n'est pas moi qui le dis, mais c'est la perception sociale qui
ressort beaucoup. Qu'est-ce qu'il va arriver auprès de vos membres s'il y a un
bannissement du verre dans les sites d'enfouissement?
• (12 h 20) •
M. Durocher (Gilbert) : Bon.
D'abord, notre position n'est pas uniquement des lieux d'enfouissement
techniques, je pourrais dire que c'est un excellent plan B, on ne peut pas être
contre la vertu. Si, effectivement, économiquement parlant, ça se tient,
refondre ce verre-là, nous n'avons aucun problème. La consigne, le dépôt
volontaire, ce qu'on dit : Ne mettons pas, encore une fois, tous nos oeufs
dans le même panier et ne se fier qu'à un seul transformateur, gardons la
possibilité d'avoir plusieurs alternatives, dont les lieux d'enfouissement
techniques. Et ce n'est pas de l'enfouissement, je comprends que la croyance
populaire, c'est ça, mais...
M. Durocher (Gilbert) : ...encore
une fois tous nos oeufs dans le même panier et ne se fier qu'à un seul transformateur.
Gardons la possibilité d'avoir plusieurs alternatives, dont les lieux
d'enfouissement techniques. Et ce n'est pas de l'enfouissement. Je comprends
que la croyance populaire, c'est ça, mais économiquement parlant, je peux vous
dire que je paie, moi, 18,50 $ pour envoyer une tonne de verre au site
d'enfouissement, alors qu'une tonne de rejets coûte 75 $ la tonne. Ce
n'est pas de l'enfouissement, c'est une matière alternative.
Mme Grondin : Peut-être
dernière question...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois mettre... il reste sept secondes, je dois mettre fin à cet échange,
je suis désolée. Alors, maintenant, on va aller à l'opposition officielle. Vous
avez 10 minutes.
M. Kelley
: Merci. Dans
votre mémoire — et merci pour votre présentation et pour votre
mémoire — dans la conclusion, vous parlez que c'est proposé d'étudier
et de documenter un système combiné de consigne privée, de points de dépôt
volontaire et de collecte sélective. Alors, vous réclamez un projet pilote ou
juste étudier la question?
M. Mimeau (Richard) : Bien, un
peu des deux, probablement, là. C'est sûr que tout dépendant qu'est-ce que la
commission décidera, ou le gouvernement, vers où il peut aller. C'est certain
que, pour nous, possiblement qu'il va falloir faire des projets pilotes, tester
des choses, on va probablement le faire, là, avec la question de la
valorisation, là, des matières organiques, bientôt. Alors, je pense que, tout
dépendant vers où le gouvernement veut aller, effectivement, de voir à faire
quelques études et faire des projets pilotes serait une bonne idée. Julie.
Mme Gagné (Julie) : Moi,
qu'est-ce que je pourrais vous dire concernant... comme les dépôts volontaires,
on peut regarder les projets pilotes en Estrie, Opération Verre-Vert, à Racine,
ils sont déjà en train... ils ont déjà mis des conteneurs en place dans ma
région, il y a déjà beaucoup d'endroits, beaucoup de municipalités qui mettent
des conteneurs de verre en place. Ils n'ont pas attendu la commission, ils ont
déjà réagi, là.
M. Kelley
: Je pose la
question simplement parce que ça semble qu'on a beaucoup des projets pilotes,
puis des gens... le public veut qu'on agisse rapidement. Alors, quand même,
juste... c'est juste ce point de vue là, peut-être encore, juste réaffirmer
l'importance de faire des projets pilotes, des gains que vous avez vu dans des
différents... si c'est avec les centres de tri, n'importe quoi, l'importance
des projets pilotes, que ce n'est pas juste une mesure qui est utilisée par le
gouvernement pour acheter du temps, mais vraiment parce que ça donne des
résultats concrets.
M. Mimeau (Richard) : C'est
certain que, pour nous, en même temps, ça pourrait donner... laisser le temps,
parce que, tout dépendant, mettons, d'une modernisation de la consigne, mettons
qu'il y aurait un élargissement de la... de la consigne, alors ça veut dire
qu'il y a moins de...
Mme Gagné (Julie) : De
matières.
M. Mimeau (Richard) : De
matières, excuse. Merci. Il y a moins de matières dans le bac, alors donc
possiblement moins de revenus pour les centres de tri. Donc, comment qu'on
ajuste, comment qu'on peut compenser, etc., il y a tout ça à vérifier aussi.
M. Kelley
: Et juste
une question : Est-ce que vous avez une opinion, si on veut tester dans
une certaine région du Québec, une consigne plus élargie sur le territoire du
Québec, est-ce que c'est mieux de faire ça à Montréal, ou mieux de faire ça à
Sherbrooke ou...
M. Mimeau (Richard) : Je pense
que peut-être qu'à Montréal il y a quand même un grand bassin, là, alors je
pense que c'est peut-être... bon, puis je pense que ce qui est important, c'est
surtout tout ce qui est l'aspect économique puis comment que les citoyens vont
réagir face aux points de dépôt, etc. Je pense que, tu sais, il faut...
Mettons, il y a un point de dépôt à un point x, est-ce qu'il y a tant d'objets
qui peuvent être portés, mettons, à l'épicerie, puis d'autres objets vont aller
aux points de dépôt, ou tous aux points de dépôt. C'est toutes des affaires
techniques et logistiques, là, mais... C'est pour ça qu'il y a beaucoup de
choses à discuter quand on va arriver là, tu sais.
M. Kelley
: C'est sûr.
Une autre chose que... Je pense qu'à peu près chaque groupe a parlé des GES, et
encore je pose la question, je pense que, pour la population, c'est très
important que tout le monde a la même information. Alors, encore, si le
gouvernement décide de faire un système qui est un petit peu un système hybride,
est-ce que c'est important que le gouvernement explique clairement : Voici
les impacts sur les GES pour le Québec? Peut-être que c'est un gain, peut-être
qu'on va ajouter des GES, est-ce que c'est quelque chose qui est important pour
vous autres?
M. Mimeau (Richard) : Oui.
Mme Gagné (Julie) : Bien,
c'est sûr que le citoyen, ce n'est pas mauvais de l'informer pareil, là, c'est
sûr. Mais tout va dépendre où est-ce que vous allez faire soit vos points de
collecte de consigne ou les points de dépôt communautaires. Ça va être de
regarder d'où est-ce que logiquement... transport... Puis n'oublions pas, peu
importe quel choix vous allez prendre, on va avoir encore du verre dans le bac.
On va l'avoir, le verre. Ça fait qu'il faut se garder plusieurs alternatives.
Il ne faut pas juste miser sur une. Même si on met beaucoup d'emphase sur une
consigne, on va en ramasser...
Mme Gagné (Julie) :
...d'où est-ce que, logiquement, transport, statistique... Puis n'oublions pas,
peu importe que le choix vous allez prendre, on va avoir encore du verre dans
le bac. On va l'avoir, le verre. Ça fait qu'il faut se garder plusieurs
alternatives. Il ne faut pas juste miser sur une. Même si on met beaucoup
d'emphase sur une consigne, on va en ramasser encore dans le bac.
M. Mimeau (Richard) : Et
si on va vers autre chose puis qu'il reste du verre dans le bac, alors, les
centres de tri vont faire quoi avec ce restant de verre là. Ils ne pourront pas
payer 60 $ la tonne s'il va être enfoui. On ne veut pas non plus que ça aille
là. Alors, comment...
Une voix
: ...
M. Mimeau (Richard) :
Non, non. Si le recouvrement est interdit, alors, les chemins étaient... Tu
sais, tout ce qu'on fait présentement avec le verre est interdit puis il reste
du verre dans le bac apres avoir fait la consigne élargie, genre, bien, on fait
quoi avec ce verre-là? Alors, c'est des discussions qu'il va falloir avoir. Le
CETEQ va être présent pour avoir ces discussions-là, bien sûr.
M. Kelley
: Et je
pose la même question que j'ai posée avec le groupe avant vous autres, le
marché international, comment ça va présentement pour vous autres?
M. Durocher (Gilbert) :
Bien, c'est-à-dire qu'à l'instar de mon prédécesseur, effectivement, la matière
problématique en ce moment, c'est le papier. O.K. Le groupe Rebuts solides
canadien, tout comme Tricentris, vend 100 % de toutes ses autres matières
localement. Que ça soit le carton, le plastique, le métal, l'aluminium, tout
est vendu localement. Il n'y a que le papier qui, pour... En ce qui nous concerne,
une grande partie va également à l'exportation et, je vous dirais, un 10 %
est vendu localement. Donc, le défi des centres de tri, depuis novembre 2017,
c'est le papier.
M. Kelley
:
Parfait. Merci. Je vais céder la parole à...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente. Alors, merci, madame, merci, messieurs, pour votre présentation.
Donc, à la page 10 de votre mémoire, vous affirmez que la santé de
l'industrie est beaucoup plus fragile en 2019, donc, que les années auparavant.
Et hier, lors des audiences de cette commission, il y a un groupe qu'on a reçu
avant vous. On adressait la problématique, pas de la santé de l'industrie, mais
la problématique de la santé des travailleurs de cette industrie-là. Donc... Et
la réponse qui nous avait été donnée par rapport aux activités des centres de
tri, c'est qu'il y aurait un besoin qu'il y ait un meilleur encadrement
législatif des centres de tri. Quel est... J'aimerais entendre les représentants
de la CETEQ sur cette affirmation.
M. Durocher (Gilbert) :
Bien là, vous parlez de santé et sécurité en centre de tri.
M. Benjamin : Oui,
absolument.
M. Durocher (Gilbert) :
O.K. J'imagine que vous faites référence à un article paru il y a deux semaines
dans LaPresse. Bon, mon prédécesseur disait que le pot de
beurre d'arachide ou le pot de mayonnaise ne lui posait pas problème. Mais il
n'y a pas que ça. Et, entre vous et moi, tous les centres de tri reçoivent des
pots de mayonnaise puis des pots de yogourt, des couches souillées et etc.
Donc, effectivement, c'est une problématique. Nous travaillons présentement
conjointement avec la CNESST, la Santé publique, le syndicat des cols bleus de
la ville de Montréal et la ville de Montréal à résoudre les problématiques
engendrées par les bioaérosols au centre de tri.
M. Benjamin : Alors,
pensez-vous que, quand on parle de besoin de modernisation de cette
industrie-là, est-ce que vous pensez, donc, je réitère ma question, que cette modernisation
devrait s'accompagner d'un meilleur encadrement législatif de cette industrie
aussi?
M. Durocher (Gilbert) :
Il pourrait. Oui, des initiatives ont déjà été prises. Je vous parlais du
nouveau centre de tri de la ville de Montréal dans l'arrondissement de Lachine
qui, lui, sera doté de captation à la source. Et les trieurs seront dans des
cabines de tri à pression positive pour, justement, encadrer le danger, le
risque. Au niveau de la législation, serait-ce une législation municipale? Oui,
peut-être. Mais ce que je peux vous assurer, c'est que nous travaillons sur cet
item-là.
M. Mimeau (Richard) : Je
peux peut-être... Dans les subventions de modernisation, peut-être qu'il
pourrait avoir un montant qui pourrait être alloué pour ce genre de technologie
là aussi, peut-être.
Mme Gagné (Julie) : Moi,
je rajouterais par contre... Moi, je rajouterais qu'il faudrait vraiment
sensibiliser à tous les niveaux à la base, sensibiliser les citoyens. Il faut
une meilleure sensibilisation, une éducation, même que ça soit dans le programme
d'éducation à l'école pour les enfants aussi, là. Il n'y a pas... Il n'y a rien
qui sensibilise à la base. Il faut revenir à la base parce que, là, on
repellette le problème aux centres de tri. Si on ne gérait pas de couches
souillées, je n'aurais pas ce problème-là. Ça fait qu'à la base c'est quelqu'un
qui nous l'a mis dans le bac. Ça fait qu'il faut vraiment sensibiliser la base,
le citoyen.
• (12 h 30) •
M. Benjamin : Alors, on
n'a pas beaucoup de temps. Donc, une dernière question. Donc...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Gagné (Julie) : ...à
la base, parce que, là, on repellette le problème aux centres de tri. Si on ne
gérait pas de couches souillées, je n'aurais pas ce problème-là. Ça fait qu'à
la base c'est quelqu'un qui nous l'a mis dans le bac. Ça fait qu'il faut
vraiment sensibiliser la base, le citoyen.
M. Benjamin : Alors, on
n'a pas beaucoup de temps, donc une dernière question, donc, pour les gens qui
nous écoutent parce que ce dossier-là pour le commun des citoyens peut être un
peu complexe. Dans votre mémoire, vous faites une affirmation que le verre est
valorisé en totalité au Québec. J'aimerais vous entendre là-dessus, sur votre
pratique. Pouvez-vous expliquer aux gens qui nous regardent actuellement, donc,
comment, en quoi le verre est valorisé en totalité au Québec?
M. Durocher (Gilbert) :
Bien, nous avons effectivement mentionné ce fait dans le sens où on n'a pas
mentionné que le verre était à 100 % recyclé mais valorisé. Je le
mentionnais un peu plus tôt, l'envoi du verre en lieu d'enfouissement technique
est une valorisation de cette matière-là.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, maintenant, nous allons passer la parole
à Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Merci beaucoup pour votre présentation.
Dans votre mémoire, puis tout à l'heure
aussi vous l'avez mentionné au début, vous dites qu'il y a une grande... la
grande présence du verre crée une usure prématurée des équipements et réduit la
valeur des matières. Donc, vous représentez des centres de tri. Tout à l'heure,
on a eu aussi... on a eu la présentation de Tricentris, qui affirmait
exactement le contraire, qui disait que le verre ne posait absolument aucun
problème, ni aux équipements ni à la valeur qui sort. Je veux dire, c'est des
centres de tri que vous représentez, ils sont un centre de tri. Comment est-ce
que c'est possible? Comment est-ce que vous expliquez cette contradiction?
M. Durocher (Gilbert) :
Mais pas d'usine de micronisation du verre.
Mme Ghazal : Mais je
parle du centre de tri.
M. Durocher (Gilbert) :
Bien oui.
Mme Ghazal : Ah! O.K.
M. Durocher (Gilbert) :
Moi, je n'ai aucun intérêt...
Une voix
: ...
Mme Ghazal : Mais il y a
des conditionneurs, vous pouvez l'envoyer à des conditionneurs.
M. Durocher (Gilbert) :
Moi, je n'ai aucun intérêt à avoir du verre en centre de tri. O.K.? On parlait
de systèmes parallèles, consigne, dépôt volontaire, lieu d'enfouissement
technique. Le moins de verre je reçois, le mieux je me porte.
Mme Ghazal : Parce que...
M. Durocher (Gilbert) :
Et chez nous, malheureusement, des gens se coupent avec des bouteilles de
verre, oui.
Mme Ghazal : O.K. Vous
vouliez ajouter quelque chose? Non.
Mme Gagné (Julie) : Moi,
je dirais, j'ai parallèlement une usine dans le recyclage plastique, on fait de
la transformation, et, quand j'achète des ballots de différents centres de tri,
je retrouve de la silice dans mes ballots, puis c'est du plastique que j'ai
acheté, et j'ai de la silice...
Mme Ghazal : À cause du
verre.
Mme Gagné (Julie) :
...dans mes ballots.
Mme Ghazal : Dans votre mémoire
aussi, vous disiez que, malgré la faible valeur du verre une fois qu'il est
mélangé, parce que le verre à l'origine il a une très, très bonne valeur, c'est
une source de revenus à l'entrée pour les centres de tri parce que, s'il y a
des centres de tri qui ne veulent pas qu'on l'enlève, c'est parce que... c'est
à cause de son poids, et ça leur permet d'avoir plus d'argent.
Est-ce que vous nous... Supposons qu'on
met en place la consigne, on enlève au moins la moitié du verre. Est-ce que
vous êtes capables d'évaluer le montant que les centres de tri vont... dans le
fond, se priver?
M. Durocher (Gilbert) :
... sur-le-champ, mais, oui, on serait en mesure de quantifier cela.
Il faut bien comprendre qu'un centre de
tri qui charge à sa collectivité, je ne sais pas, moi, 50 $ la tonne pour
traiter, et que ça lui en coûte 18,50 $ pour disposer du verre, oui, il y
a un manque de revenus. Le centre de tri qui charge 7 $ la tonne pour
traiter la matière et qui en paie 18,50 $ pour s'en départir n'a pas le
même impact.
Mme Ghazal : Est-ce qu'on
a cette valeur-là ou c'est très, très différent? C'est-à-dire de toute...
M. Durocher (Gilbert) :
C'est très différent, tous les... c'est différent.
Mme Ghazal : On ne peut
pas dire, en moyenne, pour toutes les matières, le revenu qu'on a, c'est-à-dire
l'argent qu'on a avec les matières. On n'a pas comme une moyenne des centres de
tri.
M. Durocher (Gilbert) :
Je n'ai pas les données de tous les centres de tri du Québec. D'autres
organismes pourront sûrement vous répondre.
M. Mimeau (Richard) :
Puis, une chose est certaine, c'est que, si jamais il y avait une consigne plus
élargie, c'est certain qu'il va y avoir un manque à gagner pour les centres de
tri. Il faudrait l'évaluer, mais on parle de plusieurs millions de dollars.
Mme Ghazal : C'est ça.
D'où la résistance.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Je dois vous couper la parole ici...
M. Mimeau (Richard) :
Bien oui, ou d'avoir une compensation.
Mme Ghazal : Mais pas de
votre côté, oui.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Bon,
j'aurais plusieurs questions, mais j'ai vraiment été frappé, M. Durocher
par votre intervention au point de départ sur la contamination des autres
matières par le verre, sur les défauts, je dirais, inhérents au verre.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
Parce que je sens qu'il y a comme un
débat, là, depuis hier là-dessus. Vous, vous arrivez quand même avec une
position assez tranchée en cette matière. Pouvez-vous nous en dire un peu plus
ou... Sur quoi vous vous basez, outre votre expérience personnelle? Est-ce
qu'il y a aussi des études que vous pouvez nous communiquer ou des analyses
là-dessus?
M. Durocher (Gilbert) :
RECYC-QUÉBEC procède à des caractérisations des produits finis, c'est-à-dire
qu'ils viennent chercher en centre de tri des ballots, des parties de ballots,
et en font la caractérisation, de quoi ce ballot de papier est composé. O.K.?
22 centres de tri, 22 réalités
différentes, 22 procédés différents. Dans les centres de tri modernisés,
le centre de tri de la ville de Montréal, le 5 novembre prochain, tout le verre
est enlevé dès l'entrée du procédé. Le vieux centre de tri de la ville de
Montréal, celui qu'on opère en ce moment, est tout à fait le contraire, et le
verre se retrouve partout...
M. Durocher (Gilbert) :
...dans les centres de tri modernisés. Le centre de tri de la ville de Montréal,
le 5 novembre prochain, tout le verre est enlevé dès l'entrée du procédé. Le
vieux centre de tri de la ville de Montréal, celui qu'on opère en ce moment,
est tout à fait le contraire et le verre se retrouve partout dans le centre de
tri et suit très souvent le papier dans les séparateurs. Dans le fond, il
flotte sur le papier au niveau des équipements et se retrouve sur la ligne de
tri de fibres et, comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, manuellement, il est
très difficile de retirer ces petits morceaux de verre.
Donc, oui, c'est un contaminant. Je vous
ai dit tantôt que je vendais 10 % de mon papier à Kruger. Le verre est le
pire ennemi d'une papetière.
M. Gaudreault : Et avez-vous
des chiffres, par exemple, à nous déposer là-dessus, qui pourraient éclairer la
commission ou...
M. Durocher (Gilbert) : Pas
en ce moment.
M. Gaudreault : Pas en ce
moment, mais donc, vous allez en avoir.
M. Durocher (Gilbert) : Si
vous en demandez, vous en aurez.
M. Gaudreault : Bien, j'en
demande.
M. Durocher (Gilbert) : Vous
en aurez.
M. Gaudreault : Alors, si vous
pouvez nous le fournir éventuellement. Maintenant ce que je comprends du CETEC,
c'est que vous n'êtes pas opposé à un système diversifié qui pourrait
comprendre de la consigne, parce que, dans le fond, l'objectif, c'est de
trouver la meilleure façon de récupérer, de recycler, de réemployer le plus
possible de verre.
M. Mimeau (Richard) : Oui,
mais toujours en prenant en compte des impacts économiques qu'on pourrait avoir
puis comment s'assurer qu'on puisse passer à travers.
M. Gaudreault : Oui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
On finit cet échange ici. Merci beaucoup pour votre participation à cette commission.
Une voix
: Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Nous ajournons nos travaux jusqu'à 14 heures. Merci. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 1)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Donc,
nous reprenons nos travaux. Je vous rappelle que la commission est réunie afin
de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières concernant le mandat d'initiative portant sur les enjeux de
recyclage et de valorisation locale du verre.
Cet après-midi, nous entendrons la Régie
intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie, Reloop,
2M Ressources... ou 2M Ressources, j'imagine que c'est en français,
Owens-Illinois Canada et la SAQ Consigne.
Donc, je vous souhaite la bienvenue à
notre commission parlementaire, qui est fort intéressante, et je vous donne la
parole pour 10 minutes. Ensuite, vous pourrez échanger avec mes collègues
députés.
M. Côté (Daniel) : Parfait.
Merci, Mme la Présidente. Chers parlementaires, merci de nous accueillir et
de...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...d'abord vous nommer.
M. Côté (Daniel) : Oui.
Parfait. Je me présente, je suis...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Et de présenter la personne qui est avec vous.
M. Côté (Daniel) : Parfait. Je
suis Daniel Côté, je suis maire de Gaspé. Je suis également président du conseil
d'administration de la Régie intermunicipale de traitement des matières
résiduelles de la Gaspésie. Je suis accompagné aujourd'hui de notre spécialiste
des matières résiduelles dans la région et directrice générale de notre régie,
Mme Nathalie Drapeau. Mme Drapeau a plus de 30 années d'expérience en gestion
des matières résiduelles et en environnement, et elle est un modèle en innovation
au Québec. Bien fier de travailler avec elle et...
Voilà, je voulais remercier, d'abord et
d'entrée de jeu, de nous accueillir et de vous pencher, comme parlementaires,
sur la question du recyclage au Québec. On est vraiment contents, nous, d'être
ici. Comme petit centre de tri en région, on a rarement l'occasion de faire
entendre notre voix, donc merci de nous permettre de le faire aujourd'hui.
Notre régie a été créée en 1999 par la MRC
du Rocher-Percé et la ville de Gaspé. Son conseil d'administration est composé
d'élus, et nous avons à coeur l'innovation. Actuellement, notre régie est
propriétaire et opératrice, d'abord, d'un lieu d'enfouissement technique qui
inclut un centre de traitement des biogaz, d'un site de compostage qui inclut
la gestion des eaux par la culture de saules. On a également trois écocentres,
sans compter les quatre autres écocentres qui sont gérés directement par les municipalités
du territoire. On gère le contrat de collecte et de transport, qui inclut la
gestion par puce électronique, et, ce qui nous amène particulièrement ici, on
est propriétaire et opérateur d'un centre de tri qui inclut la transformation
et la mise en marché du verre.
Notre régie dessert 32 000 citoyens,
1 300 industries, commerces et institutions, et elle traite chaque année
4 400 tonnes de matières recyclables, 450 tonnes de verre, 3 000
tonnes de compost, et elle valorise 6 800 tonnes de matière en écocentre.
Notre régie, malgré sa distance des marchés
et son immensité... l'immensité du territoire qu'elle a à couvrir, est un
modèle d'innovation, d'efficacité et de résultats dont le Québec peut
s'inspirer, et nous en sommes très, très fiers. Nathalie.
Mme Drapeau (Nathalie) :
Merci, Daniel. Alors donc, notre centre de tri accueille les matières de deux
types de clientèle, donc le résidentiel et les... ce qu'on appelle les ICI,
institutions, commerces, industries, et ça, depuis les tout débuts. Pour le
résidentiel, c'est en collecte par bac, et, pour le côté ICI, c'est soit par
bac soit par conteneur ou même par collecte manuelle via un centre de travail
adapté.
Donc, l'ensemble des matières sont reçues
au centre de tri, donc, et ça donne trois formats, si on veut, de verre
accueilli. Alors, on se retrouve avec des bouteilles complètes, on se retrouve
avec du verre brisé, en partie ou en tout, qui passe sur la ligne de tri et qui
est trié par les trieurs, mais on se retrouve aussi avec des petits formats de
verre qu'on retrouve particulièrement dans les... ce qu'on appelle les rejets
de convoyeur. Donc, quand la matière est traitée en centre de tri, on se
retrouve avec beaucoup de petits formats et qui... et ces rejets de convoyeur
là contiennent 60 % de verre.
Avant 2017, bien, ces rejets-là, ces rejets
de convoyeur étaient enfouis, et, le verre, bon, on l'envoyait vers les grands
centres à raison...
Mme Drapeau (Nathalie) :
...donc, quand la matière est traitée en centre de tri, on se retrouve avec beaucoup
de petits formats et ces rejets de convoyeur là contiennent 60 % de verre.
Avant 2017, bien, ces rejets-là, ces rejets de convoyeur étaient enfouis, et le
verre, bon, on l'envoyait vers les grands centres à raison de 30 tonnes
par voyage, et chaque voyage nous coûtait 4 000 $ en transport, donc,
parce que c'est quand même à 800 km, mine de rien, et les rejets, donc, on
les enfouissait. Alors, tout ça nous coûtait extrêmement cher dans une année,
tout près de 80 000 $ pour gérer le verre en soi.
On s'est tanné, et puis on a décidé
d'accumuler le verre et de réfléchir à tout ça, et les astres se sont alignés.
Éco Entreprises Québec a lancé un appel de propositions pour retenir, donc, les
cinq centres de tri à participer à un projet pilote. C'était tout à fait en
phase avec les décisions du conseil d'administration parce que, nous, on
cherchait visiblement une solution, là, il n'était plus question pour nous de
transporter du verre sur des longues distances comme ça.
Alors, le projet qui a été implanté,
c'est... il y a comme deux volets à ce projet-là. D'abord, il y a, oui,
l'implosion du verre, donc le verre qui arrive sur la ligne, qui est implosé
pour faire un granulat de verre, mais on a ajouté à ces équipements-là, la
possibilité aussi de, je dirais, valoriser les rejets de convoyeur parce qu'on
voulait aller chercher le verre qui était dans les rejets de convoyeur, alors
il y a quand même un aimant qui a été ajouté pour retirer le métal des rejets.
On a aussi un cyclone pour retirer la fibre, et ça nous permet à ce moment-là
de valoriser 80 % de ces rejets de convoyeur là.
Alors, le projet a été implanté en 2017 et
depuis ce temps, ce qu'on a comme résultats, donc, mettons en une année, là, à
peu près, entre 450 et 500 tonnes par année, là, qu'on peut transformer,
donc 500 tonnes de verre, de granulats, 0,6 mm, j'ai apporté un
échantillon ici, qu'on pourra laisser à la commission, ça nous fait plaisir,
c'est un petit format bien sûr. Donc, on a détourné de l'enfouissement à
80 % de nos rejets, un taux de pureté de 99,5 %, je peux juste vous
dire que les employés s'en pètent les bretelles, implosion, donc, de près de
450 tonnes. On a vendu donc 75 % de verre implosé en région en 2018,
mais cette année, ça va être 100 % du verre implosé qui est vendu chez nous
localement. Un projet qui a coûté 800 000 $, dont 275 000 $
à peu près de la part de la régie, mais on a une économie nette dans une année
de 70 000 $. Alors, nous, la récupération sur l'investissement est
sur quatre ans. Alors, que des bénéfices parce qu'on réduit les gaz à effet de
serre, on réduit le transport, on développe les marchés chez nous. Il y a aussi
un sentiment de fierté qu'on remarque auprès des employés mais aussi auprès des
citoyens.
Qu'est-ce qu'on fait avec le verre
implosé? Alors donc, nous, ce verre implosé là, on a beaucoup travaillé les
deux dernières années sur le développement des marchés. Vous aurez compris que,
si on nous compare à Tricentris, on est juste 100 fois moins gros, mais ça
nous a donné quand même un petit kick pour dire, bien, il faut voir quelles
sont les réelles applications en région, et on n'est pas le seul centre de tri
en région, soit dit en passant. Donc, pour le verre, il y a, je vous dirais,
trois grandes familles de débouchés. L'application au niveau aménagement
paysager, donc je vous dirais qu'il y a à peu près, là, 28 %, 30 % du
verrequi
est vendu pour paillis en aménagement paysager, des sentiers. Pour ceux qui
sont venus se promener dans les sentiers de Nova Lumina, donc vous marchez sur
du verre dans une certaine section, très populaire. Ensuite, il y a, je vous
dirais, un 12 %, 15 % qu'on a utilisé en remblai, c'est-à-dire, quand
on fait des travaux de réfection de conduite, d'eau potable, d'eau usée, il a
été démontré, suivant une étude avec l'ÉTS, que le verre a un pouvoir isolant
quand on l'applique en couche juste au-dessus des conduites. Et ça, c'est
intéressant parce que les lentilles de gel, donc on vient limiter, là, les
effets, là, de vallons, comme ça, là. Donc, chez nous, il y a des vallons,
assez vallons, hein? Donc, alors, ça, c'est un aspect intéressant. Et, le
dernier qui est l'abrasif de rues, alors donc... et les municipalités, ça,
l'abrasif de rues, l'an passé il y a eu des projets pilotes, et cette année,
mais nos volumes de verre sont déjà tous réservés. Parce que, ce qu'ils font,
c'est qu'ils utilisent une partie du verre en remplacement du sable et pour
appliquer sur les routes en hiver. Et particulièrement entre zéro et moins 10
degrés, l'effet est particulièrement intéressant, noté par des employés
municipaux.
• (14 h 10) •
Donc, pour nous le verre, c'est une
excellente nouvelle chez nous, et l'implosion a clairement démontré son
efficacité et l'application facile et...
Mme Drapeau (Nathalie) :
...l'effet est particulièrement intéressant, noté par les employés municipaux.
Donc, pour nous, le verre, c'est une excellente nouvelle chez nous, et
l'implosion a clairement démontré son efficacité et l'application facile et, je
vous dirais, intéressante en région, donc, du verre généré chez nous, transformé
chez nous, utilisé chez nous.
Bon. La consigne dans tout ça? La
consigne. Juste vous dire qu'en 2015, nous, on avait déjà fait un sondage
auprès de 800 citoyens et on avait posé la question : S'il y avait une
consigne, est-ce que vous continueriez à mettre la bouteille de vin au bac bleu
et récupérer la consigne... et ne pas récupérer la consigne ou bien aller la
porter et récupérer une consigne? 50 % d'entre eux ont dit : Nous
allons continuer à mettre la bouteille au bac bleu. Pourquoi? Moins compliqué à
gérer; le bac bleu, il passe devant chez nous «anyway»; moi, je n'ai pas envie
d'accumuler des bouteilles chez nous. Il y avait une quatrième raison :
ils n'ont pas le temps de se rendre aux points de dépôt. Bon. Alors, ça, déjà
en 2015, chez nous, ça nous plaçait par rapport à la consigne.
Pour la régie qui opère le centre de tri,
une consigne, ça ne change pas... je vous dirais, ce n'est pas nécessairement
la solution qui va régler le problème, c'est-à-dire : il va falloir qu'on
continue, comme centre de tri, de s'équiper, d'opérer, d'être efficace dans
notre opération, il va falloir continuer...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous allez devoir conclure, il reste 30 secondes.
Mme Drapeau (Nathalie) : Ah!
Pour la suite, je passe la parole à mon président.
M. Côté (Daniel) : En fait, je
n'aurai pas assez des 30 secondes pour vous formuler nos quatre
recommandations. Mais, si j'avais à résumer nos recommandations... En fait,
elles sont au mémoire, là, vous les avez. Si j'avais à les résumer, je
reprendrais un peu ce que Nathalie vient de mentionner, c'est-à-dire qu'on
s'est inscrits, nous, dans une chaîne d'économie circulaire au niveau du
recyclage du verre : on élimine beaucoup de gaz à effet de serre, on
réutilise localement ce qu'on produit comme matières résiduelles de façon
locale. Puis, si j'avais à conclure la conclusion, je vous dirais, il faudrait
éviter le mur-à-mur. Une solution qui peut s'appliquer dans un grand centre
urbain n'est pas nécessairement la même solution qui s'appliquerait chez nous,
et, si on peut éviter un mur-à-mur, bien, on va peut-être éviter de frapper un
mur aussi.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, vous comprenez que vous allez pouvoir échanger et
poursuivre sur vos lancées. M. le député de Bourget, vous avez 16 minutes.
M. Campeau : Merci. Bien,
premièrement, juste quand vous avez mentionné Nova Lumina, vous m'avez conquis
déjà. J'ai tellement aimé ça, aller là. C'est plus petit, ce n'est pas
nécessairement plus simple à organiser, et... Bien, féliciations! C'est
vraiment extraordinaire, ce que vous avez réussi, quand on regarde les
kilomètres impliqués et le peu de population. Puis quand, dans le fond, on se
dit : Aïe! Ce n'est pas possible dans ces cas-là, bien là, il y en a qui
vont devoir avaler des paroles, parce que ça doit être possible.
Qu'est-ce que vous faites de plus, s'il
vous plaît, au niveau des ICI, d'aller chercher les matières là-bas?
Pourriez-vous nous expliquer comment vous procédez, s'il vous plaît?
Mme Drapeau (Nathalie) : En
fait, le gisement de verre auprès des ICI, on le reçoit de deux façons, hein?
Tu sais, il y a un apport manuel, parce qu'on a choisi une méthode de collecte
manuelle sur une partie de territoire, puis l'autre partie, c'est... les ICI
sont inclus, nous, dans la desserte. Donc, la matière arrive par la collecte
conventionnelle, donc par chargement avant, par contre, là, donc, et ça arrive
au centre de tri, c'est mélangé au reste des matières, et le verre utilise le
même chemin, donc, du tri, de la table de tri, et donc... Alors, nous, c'est
l'ensemble... 100 % des ICI sont desservis chez nous.
M. Campeau : Une autre chose :
vous parlez de pureté à 99,5 %. Comment définissez-vous ça, la pureté?
Mme Drapeau (Nathalie) : La
pureté, c'est en fait quand on regarde... Je vous avoue que les résultats
proviennent d'Éco Entreprises Québec. Tu sais, quand ils faisaient
les essais, là, donc, il y avait un suivi des échantillonnages, des
caractérisations, et je sais qu'hier il y a des questions qui se sont posées,
oui, mais quand même, on retrouve quand même comme du grès, de la céramique, et
tout et tout, là, mais chez nous ça représentait moins de 1 %, O.K., quand
je regarde, là, les données compilées, là, par rapport à ça.
Alors, quand on regarde le verre qui est
produit chez nous, bien, ce qu'il reste en impuretés, c'est des petits morceaux
de papier qui souvent vont se désintégrer avec le temps et, visiblement, là,
dont on va perdre la trace après peut-être une ou deux pluies, parce que c'est
complètement désintégré, mais c'est tout à fait petit. Alors, je pourrais le
définir comme ça, pour la pureté.
M. Campeau : C'est vraiment
minimal. Maintenant, pour obtenir ce 99,5 %-là, l'épuration que vous
faites, est-ce que vous en perdez beaucoup au niveau de volumes de verre? Même
pas?
Mme Drapeau (Nathalie) : Non.
Non, parce que.. Mais c'est vrai qu'un petit centre de tri, on est un petit peu
plus flexible, on n'est pas... notre chaîne de transformation du verre n'est
pas directement en ligne avec la chaîne de traitement...
M. Campeau :
...l'épuration que vous faites, est-ce que vous en perdez beaucoup au niveau du
volume de verre?
Mme Drapeau (Nathalie) :
Non.
M. Campeau : Même pas.
Mme Drapeau (Nathalie) :
Non, parce que... Mais c'est vrai qu'un petit centre de tri, on est un petit
peu plus flexible. On n'est pas... Notre chaîne de transformation du verre
n'est pas directement en ligne avec la chaîne de traitement des matières
recyclables. Donc, on a un petit peu plus de souplesse et de flexibilité au
niveau du traitement. On a un trieur très motivé aussi je dois vous le dire.
Alors, ça, ça aide beaucoup. Donc, on porte une grande attention aux préprix.
Et quand le verre passe à l'imploseur, nous, on peut se permettre de ralentir,
si on veut, un etle tempo du traitement. Donc, je pense que ça peut expliquer.
M. Campeau : O.K. Bien,
comme je représente un comté urbain, je suis mieux de passer la parole aux
autres. Je vais m'en faire parler autrement.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, M. le député de
Rivière-du-Loup—Témiscouata, vous avez des questions.
M. Tardif :
Merci. Très heureux de vous accueillir, les gens de l'Est-du-Québec, les gens
de la Gaspésie. Et le Bas-Saint-Laurent, ce n'est pas la Gaspésie et l'inverse,
là. Il y a 350 kilomètres entre les deux régions, mais...
Mme Drapeau (Nathalie) :
À peine.
M. Tardif :
...on se reconnaît. Merci d'être là. Puis juste pour vous rappeler que nous ne
sommes pas obligés d'être les plus gros pour être les meilleurs.
Mme Drapeau (Nathalie) :
Ah! On prend des notes.
M. Tardif :
À ne pas oublier. Alors, écoutez, effectivement vous avez quelques petits
vallons en Gaspésie. C'est un grand territoire. Puis, souvent, dans les
discussions, on se ramène, puis c'est correct, on se ramène dans l'autre moitié
du Québec, dans des milieux plus urbains. Moi, ce qui m'intéresse... Je vais y
aller d'ordre un petit peu plus philosophique, mais concret également. Quand je
lis... Nos organismes, vous faites du bon travail visiblement. En tout cas, je
peux... Je vais vous croire sur parole. Est-ce qu'il n'y a pas un bris d'isolement
dans ce que vous faites. Quand vous dites : Ça serait bon que les
gestionnaires puissent se rencontrer et échanger pour pouvoir aller plus loin.
Alors, j'aimerais quand même que vous développiez en quelques mots là-dessus,
parce que j'ai d'autres petites questions.
Mme Drapeau (Nathalie) :
Bien, en fait, c'est que... Et on l'a beaucoup entendu lors de la commission,
il y a quand même beaucoup d'expertise au sein des centres de tri, il y a
beaucoup d'expérience. Et ce qu'il faudrait probablement, c'est quand il y a
des questionnements qui sont soulevés, comme dans le cadre de la crise, ce
qu'on appelle, en fait, la crise du verre, chez nous, on appelle ça de la
petite houle, là, mais donc, ce dossier-là donne l'occasion de profiter de
cette expertise-là, de se regrouper et d'échanger ensemble sur les solutions.
Donc, l'objectif, ce n'est pas de venir challenger la consigne contre la
mécanique actuelle. C'est plus de dire : Bon, bien, comment on peut
travailler ça de façon globale et trouver une meilleure solution.
M. Tardif :
O.K. la question. Excuse. La question s'adresserait à qui? Vous demandez à qui
vous souhaitez de vous retrouver plus souvent?
Mme Drapeau (Nathalie) :
La question a déjà été lancée. Et moi, j'ai demandé plus de leadership de la
part de RECYC-QUÉBEC, Éco Entreprises Québec et le gouvernement, le ministère
de l'Environnement.
M. Tardif :
Parfait. Je vous remercie. L'autre question serait : Est-ce que vous aviez
d'autres projets de développement pour une région telle que la vôtre, là?
Mme Drapeau (Nathalie) :
Certainement. On travaille déjà sur le dossier du plastique, donc, les sacs et
films plastiques, être capable de transformer ces matières-là chez nous en un
produit de deuxième... à valeur ajoutée, un petit peu plus ajoutée, éviter son
transport et de se cogner le nez sur la porte des marchés.
M. Tardif :
O.K. Si je comprends bien, vous essayez... Ce que vous récupérez, vous essayez
quand même de le réutiliser ou de le réemployer en région, dans votre région.
Mme Drapeau (Nathalie) :
Au maximum, parce qu'on a un enjeu de transport, oui, par les coûts, mais aussi
par la disponibilité des transporteurs. Et la préoccupation au niveau des gaz à
effet de serre est quand même là. Et d'ailleurs, je trouve que c'est ce qui
manque un peu. On trouve, en tout cas. On en a parlé souvent au conseil, mais
c'est ce qui manque un peu dans l'exercice, c'est qu'on dirait qu'on n'arrive
jamais à faire le portrait global de l'analyse du dossier. Et, quand je dis
qu'il y a beaucoup d'expertise, il faudrait faire cette analyse-là, être
capable de comparer des pommes avec des pommes quand on analyse des chaînes de
valeurs, là, puis de se questionner sur quelle chaîne a le plus d'impact au
niveau GES, finalement.
M. Tardif :
O.K. Juste une dernière question. J'en aurais d'autres, là, mais au niveau du
marché à venir, des pistes à court terme qui sont là-dessus pour les produits
toujours réutilisables ou les transformations, est-ce que vous avez ça en main
ou des projets là-dessus aussi?
• (14 h 20) •
Mme Drapeau (Nathalie) :
Bien, en fait, oui, c'est qu'actuellement c'est... On a fait la démonstration
auprès, peut-être, d'une ou deux municipalités, là. Maintenant, on sait qu'il y
a plus de municipalités qui sont intéressées. On veut être capable d'élargir un
petit peu plus ces marchés-là, qui sont peut-être moins à valeur ajoutée. Le
verre cellulaire, c'est super intéressant et la poudre de verre. Mais nous, ce
n'est pas accessible chez nous. Il faut vraiment qu'on regarde un petit peu
plus au niveau des infrastructures municipales et démontrer au milieu municipal
que ces matières-là ont une qualité de remplacer des matériaux qui...
Mme Drapeau (Nathalie) :
...d'élargir un petit peu plus ces marchés-là qui sont peut-être... à valeur
ajoutée, le verre cellulaire, c'est superintéressant et la poudre de verre,
mais, nous, ce n'est pas accessible chez nous, il faut vraiment qu'on regarde
un petit plus au niveau des infrastructures municipales et démontrer au milieu
municipal que ces matières-là ont une qualité de remplacer des matériaux qui
sont plus nobles, vierges. Et, à ce moment-là, bien, pour nous, c'est la piste
qui est en développement et sur laquelle on met de l'accent.
Une voix
: Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, maintenant, Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci de nous
expliquer un peu votre réalité. En fait, la question que je souhaite vous
poser, on a entendu d'autres intervenants, d'autres centres de tri, qu'est-ce
qui fait, selon vous, le succès de votre capacité à faire face à ces défis-là?
Bon. Est-ce que vous avez une idée pourquoi, chez vous, en région éloignée,
avec peu de volume, comparativement à ailleurs, vous avez cette vision-là du
verre qui est «chez nous, c'est magnifique»?
M. Côté (Daniel) : J'aurais
envie de répondre, j'aurais envie de répondre, c'est grâce à des spécialistes
comme Nathalie, qui accompagne un conseil d'administration qui embarque toujours
dans ses méthodes innovantes. La question du verre en particulier, quand
Nathalie a développé le concept, avec Éco Entreprises Québec, etc., le conseil
d'administration a évidemment embarqué là-dedans. C'est une méthode qui venait
répondre à un de nos besoins en même temps, parce que, oui, on avait besoin
d'écouler le verre. Et le verre, en fait, c'est ce qui représentait pas mal le
plus gros coût de transport parce que c'est lourd du verre et le camionnage est
facturé à la tonne. Donc, la lourdeur de ça sur... au niveau des transports,
l'impact qu'il y avait au niveau des gaz à effet de serre puis, en plus, on
avait besoin de matière première, si on voulait évoluer des abrasifs pour...
dans les opérations de déneigement, si on voulait évoluer au niveau de ce qu'on
met dans nos platebandes, etc., si on voulait évoluer, on avait une matière qui
était là, qu'on envoyait dans des centres à l'extérieur, qui pourrait être
revalorisée d'une autre manière, alors qu'on était capable de le faire chez
nous avec des méthodes et technologies qui existaient. Donc, voilà.
Ça fait que je dirais, en complément, puis
je reviendrai en réponse un peu à la question du député de Rivière-du-Loup tout
à l'heure. On a des spécialistes qui existent au Québec, qui peuvent
accompagner le gouvernement, qui peuvent accompagner RECYC-QUÉBEC, qui peuvent
accompagner tout le monde. Nathalie en est une puis, comme conseil
d'administration, on est très prêts à vous la prêter n'importe quand, à vous
offrir ses services à elle et aux autres gens qui gravitent avec elle dans
l'industrie. On est capables de trouver des solutions au Québec, oui, pour le
verre. Le verre, c'est une petite partie du verre, mais il y a plein d'autres
matières, il y a la fibre, il y a les plastiques, il y a les sacs de plastique
en particulier, où il y a plein d'enjeux. On est capables de trouver des
solutions québécoises en économie circulaire pour être capables de valoriser
ces matières-là chez nous, plutôt que d'envoyer ça dans des containers à
l'autre bout du monde.
Mme Grondin : Est-ce que...
et, moi aussi, c'est un peu des questions légèrement philosophiques, mais, je
pense, c'est important, là, d'établir certains principes, ça nous aide à mieux
prendre des décisions. Est-ce que vous pensez, parce que là vous gérez, c'est intéressant,
à la fois le milieu résidentiel, à la fois les ICI, concernant la
contamination, hein, ce que j'entends, dans le fond, c'est que ça ne vous pose
pas... vous n'avez pas de problème de contamination, est-ce que c'est parce
qu'en amont il y a eu énormément d'éducation de sensibilisation? Est-ce que
c'est parce que les citoyens, les ICI, font déjà un tri meilleur, ou c'est la
façon que vous triez la matière?
Mme Drapeau (Nathalie) :
Bien, en fait, non, je vous dirais qu'au niveau du bac bleu il y a encore du
boulot à faire, là, malgré toute la sensibilisation qui a été faite, là, et on
a fait des rappels d'ailleurs au mois de juin. Et on a encore la contamination
au niveau du bac brun, mais le verre, le verre, chez nous, en tout cas, avec la
ligne qu'on a maintenant, la nouvelle ligne de transformation, on est capables
de gérer ce niveau de contamination là. On est équipés différemment peut-être
que, tu sais, des autres centres de tri. Alors, chaque centre de tri a besoin
d'une petite analyse pour être sûr et certain qu'on applique la bonne solution.
Donc, au niveau de la contamination par
rapport au verre, là, je vous dirais que ça, on est capables de le gérer. Pour
les autres matières, il y a plus d'enjeux, pour les fibres, c'est un
casse-tête.
M. Côté (Daniel) : Au niveau
du verre, en fait, la technologie existe, nous, on l'applique avec... puis on
arrive avec un résultat avec un taux de pureté de 99,5 % sur notre verre.
La technologie, elle est là. Est-ce qu'elle peut être implantée dans tous les centres
de tri du Québec? Peut-être, et ça viendrait résorber une bonne partie de ce
qu'on appelle la crise du verre, que, nous, on appelle la petite houle du verre
chez nous.
Mme Grondin : Et l'inverse,
est-ce que les ballots de papier ou le plastique, ils sont contaminés par le
verre?
Mme Drapeau (Nathalie) : Pas
chez nous, chez nous, on n'a jamais eu d'enjeu par rapport à ça.
Mme Grondin : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le député de Beauharnois, vous avez... vous pouvez poser des
questions et vous avez votre collègue aussi qui veut en poser.
M.
Reid
:
Parfait. Bien, rapidement...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste 3 min 30 s.
M.
Reid
: Ah!
Parfait. O.K. Je vais essayer de faire ça rapidement, laisser la chance à ma
collègue. Bon. Vous avez mentionné tout à l'heure que vous utilisez le granulat
pour l'aménagement paysager, le remblai, abrasif de rue, très original, vous
avez des solutions intéressantes...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...Beauharnois, vous avez... vous pouvez poser des questions, et vous avez
votre collègue aussi qui veut en poser.
M.
Reid
:
Parfait. Bien, rapidement...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste 3 min 30 s.
M.
Reid
: Ah!
Parfait, O.K., je vais essayer de faire ça rapidement pour laisser à ma collègue.
Bon, vous avez mentionné tout à l'heure que vous utilisez le granulat pour
l'aménagement paysager, le remblai, l'abrasif de rue. Très original, vous avez
des solutions intéressantes. Si on fait l'hypothèse qu'on est efficace et qu'on
réussisse à valoriser, transformer le verre en granulat, et là que votre région
réussisse à faire, puis, à un moment donné, bien, on est efficace, on a du
granulat, on a du granulat. Mais qu'est-ce qu'on fait par la suite? Quels
peuvent être les autres débouchés? Si votre région fait ça, une autre région, à
un moment donné, on va avoir un surplus d'inventaire de granulat.
Mme Drapeau (Nathalie) :
Bien, je vous dirais... juste pour quand on l'utilise comme remblai, là, moi...
ce qu'on génère, chez nous, je ne peux même pas suffire aux besoins d'une municipalité.
M.
Reid
: C'est
pour les vallons.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
il y a beaucoup de vallons. Mais donc tout ça pour dire que, oui, nous, on a
trois débouchés intéressants qui répondent aux besoins régionaux, mais ceci,
c'est en complément à ce qui se fait ailleurs et ce qui se travaille déjà, donc
qui a beaucoup plus de valeur ajoutée quand on le regarde comme ça, le verre
cellulaire, etc., là, la poudre de verre. Moi, je pense que tout ça est
complémentaire. Le résultat de ça ou la conclusion, c'est que c'est ça qui est important,
au niveau du verre, ce n'est pas un problème de collecte, qu'on a, il faut
travailler beaucoup sur les débouchés, il faut accompagner au niveau des développements
de marché. C'est là qu'il faut peut-être investir un peu plus, solidifier
l'utilisation au Québec et mieux, peut-être, équiper au niveau des centres de
tri, qu'on soit un petit peu plus performants, et répondre aux besoins des
utilisateurs de verre, des conditionneurs.
M.
Reid
:
...secondes.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste...
M.
Reid
:
1 minute. Est-ce que... Vous avez parlé, tout à l'heure, de modèle de
communication entre les régions. Est-ce que d'autres régions sont allées vous
voir pour s'inspirer de votre modèle?
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui.
M.
Reid
: Et
qu'est-ce que ça a donné?
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
et puis je vous dirais que, qu'on soit petit, qu'on soit plus grand, là, il y a
quand même des échanges. Moi, j'échange avec... j'ai beaucoup de collègues, là,
qui sont venus chez nous, on est allés chez eux, et puis on s'échange des
compliments.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Drapeau (Nathalie) : Et
des trucs aussi, beaucoup de soutien. Mais je pense qu'on doit... C'est une
belle leçon de cette commission-là ou de ce dossier-là, c'est de dire : Il
faut le faire plus encore. Il faut se réunir un peu plus, il faut focuser sur
les priorités, c'est en cibler trois, mais travailler pour de vrai puis ne pas
les lâcher. Donc, moi... c'est un peu la réflexion qu'on fait avec cette
commission-là, une excellente opportunité. Merci encore.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice, vous avez quelques secondes. Une
cinquantaine.
Mme Tardif : Mme Nathalie,
étant donné votre expertise, est-ce que vous pensez que la répartition des
régies des écocentres à travers le Québec habité est suffisante ou s'il va
falloir construire d'autres entreprises comme ça pour traiter le verre qu'on a?
Mme Drapeau (Nathalie) :
Bien, moi, je pense... bien, des centres de tri, il y en a suffisamment, à mon
avis, là, écoutez, je ne suis pas une spécialiste, là, honnêtement, là, puis je
pense qu'il y a des opportunités, il y a beaucoup d'opportunités sur la table,
il faudrait voir, il faudrait faire l'inventaire, à l'heure où on est. C'est
quoi la capacité de toutes ces opportunités-là, peut-être qu'on a déjà la
réponse à la quantité de verre qui est générée, actuellement. Je pense qu'au
niveau de la commission, peut-être que ça pourra ressortir comme exercice ou
comme réponse.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci. Nous allons passer du côté de l'opposition officielle. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. J'ai juste une question : C'est
quoi, votre vision? Vous êtes vraiment un exemple de succès ici, au Québec,
alors c'est quoi, la suite des choses, l'avenir pour vous autres?
Mme Drapeau (Nathalie) : Au
niveau du verre ou globalement pour le recyclage?
M. Kelley
: Verre.
Globalement. Les deux, oui.
Mme Drapeau (Nathalie) : Je
pense que le verre a mis la table à une réflexion. Le milieu du recyclage a 20
ans, 25 ans, on s'est frappé... comme dirait mon président, on s'est frappé le
nez dans le mur au moins deux fois depuis le début, et je pense que la question
de la consigne, de la gestion du verre, pour moi, a accéléré ces échanges-là,
et c'est le début, c'est le début d'un exercice de réflexion plus global. Et le
verre, c'est 10 % du bac, on est bien contents que ça se fasse, mais j'ai
bien, bien hâte qu'on passe aux autres matières, et ça urge. Donc, pour les
fibres, il faut qu'on se réunisse rapidement, il faut qu'on fasse le même type
d'exercice rapidement, parce qu'on va vivre un problème très bientôt, nos collègues
de Tricentris l'ont mentionné ce matin. Donc, pour moi, là, cet échange-là, là,
qui se passe actuellement il faut juste que ça se poursuivre, mais avec un plan
de match plus serré, je vous dirais, au niveau des échéanciers.
M. Kelley
: Parfait. Et
en même temps, juste aussi une question : C'est quoi, le majeur défi dans
l'avenir aussi? Est-ce qu'il y a des choses... est-ce que vous avez des
inquiétudes avec certaines politiques en place, présentement? Est-ce que vous
avez des changements que vous souhaitez que le gouvernement fasse en termes de règlements,
des trucs comme ça?
• (14 h 30) •
Mme Drapeau (Nathalie) :
J'aimerais bien qu'on ne perde pas trop de temps en administratif et qu'on ne
perde pas le focus sur un plan...
14 h 30 (version non révisée)
M. Kelley
: ...des inquiétudes
avec certaines politiques en place présentement. Est-ce que vous avez des
changements que vous souhaitez que le gouvernement fasse, en termes de règlements,
des trucs comme ça?
Mme Drapeau (Nathalie) :
J'aimerais bien qu'on ne perde pas trop de temps à l'administratif et qu'on ne
perde pas le focus sur un plan d'action. Donc, je pense qu'il faut rapidement
passer à l'action. Et, oui, ça peut être intéressant de se doter de règles,
d'un cadre de travail. De là à se... je ne sais pas si on doit questionner
normes, exigences, etc., mais... sans s'embourber, mais qu'on se donne un cadre
pour que, quand on parle d'un chiffre, qu'on parle tous du même chiffre. Quand
on parle d'une qualité, qu'on parle tous de la même qualité. Donc, qu'on ait un
même langage. On a un petit peu de misère dans ce domaine. Au niveau des
matières recyclables, là, on a un petit peu de difficulté, là, à arrimer
parfois nos versions au niveau du langage.
M. Kelley
: Merci. Puis
une autre question : Est-ce que, dans votre région, il y a toujours un
petit plus que les citoyens peuvent faire? Comme, est-ce que tout le monde fait
le recyclage? Ou est-ce que, des fois, les gens vont juste dire : Ah!
c'est chaque deux semaines. Moi, je vais juste mettre ça dans les déchets? Ou
est-ce que c'est vraiment un esprit de... Est-ce que vous avez des chiffres
aussi concernant ça?
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui.
En fait, nous, on sait quel taux... avec les puces sur les camions, on sait que
le taux de participation est à 85 %, le régulier, au niveau du bac bleu.
On sait qu'on a un taux de rejet, un taux de contamination de 6 % à
8 % selon les saisons. Donc, on a encore du boulot à faire de ce côté-là.
Et c'est sûr que, quand on vient changer une pratique, curieusement, les dépôts
sauvages peuvent augmenter parce qu'on a beaucoup d'espace, donc ça devient
peut-être plus facile. Donc, il faut être prudents dans nos avancées. Il faut
toujours y aller de façon sympathique, mais, en même temps, un petit peu
cadrée, voilà.
M. Kelley
: Puis vous
avez dit qu'il y a une différence entre les saisons, à ce que... Si je
comprends bien, c'est, en hiver, les gens recyclent moins?
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
il y a...
M. Kelley
: Ou ça
dépend plus sur les produits que les gens consomment?
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
puis aussi, en été, hein, avec le touriste. Mine de rien, au Québec, là, il y a
quand même des endroits où c'est le bac vert qui est le bac de recyclage. C'est
fou, mais, tu sais, on n'a même pas eu la bonne idée d'adopter la même couleur
de bac, donc, alors ça peut... c'est un enjeu. Bien, juste ça, c'est un enjeu.
M. Kelley
: Parfait.
Puis est-ce que votre relation avec Éco Entreprises Québec... est-ce que vous
pouvez juste expliquer un petit peu comment cette démarche a été prise et vos
relations présentement? Est-ce que c'est un bon partenaire dans tout ça ou...
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
tout à fait.
M. Kelley
: Oui?
Mme Drapeau (Nathalie) :
C'est-à-dire que j'appelle «bon partenaire»... Quand on avait quelque chose à
dire, on était écoutés, et, quand on n'était pas bien entendus, on répétait.
Mais on a eu une excellente relation. Et, je vous dirais, ce que j'ai aimé de
la démarche avec Éco Entreprises Québec, quand on a implanté le projet, ça n'a
pas pris un an et demi, de six à huit mois, on était fonctionnels. Et ça, c'est
très apprécié, quand tu arrives pour démarrer quelque chose, quand tu as un
petit fond d'entrepreneur. Même si on est une régie intermunicipale, on a un
petit côté entrepreneur, et donc... Et ça, c'est important d'être capable de
bouger vite, se revirer de bord. Donc, Éco Entreprises Québec a été là pour
nous soutenir.
M. Kelley
: C'est
important parce que... On a discuté de ça aujourd'hui, mais les projets
pilotes, des fois, les gens disent : Un autre projet pilote. Mais je pense
que c'est toujours important juste de rappeler un petit peu l'importance...
comme pour votre région, une... comme l'entreprise a fait avec vous, Éco
Entreprises a fait avec vous parce que ça démontre que c'et possible de faire
quelque chose rapidement avec un projet pilote. Alors, je pense que c'est très,
très intéressant.
Sur votre territoire, vous avez combien de
SAQ puis des épiceries?
Mme Drapeau (Nathalie) :
Combien de SAQ? Hum! il y en a une à Chandler...
M. Côté (Daniel) : On doit
être capable de les compter. On va réfléchir.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Drapeau (Nathalie) :
Oui... réfléchir.
M. Côté (Daniel) : Je vous
dirais, maximum... une dizaine de SAQ sur le territoire, maximum. Peut-être,
huit à 10 SAQ, maximum. En termes d'épiceries, peut-être, je ne sais pas, moi,
entre 30 et 40, tout au plus, incluant les très petites épiceries des villages.
M. Kelley
: O.K. Alors,
c'est... Parce que, c'est sûr, si, avec une consigne, ils agissent... C'est
très différent pour Montréal que dans votre région, que peut-être des SAQ sont
un petit peu loin. J'essaie plus d'avoir une meilleure idée parce que je sais,
j'ai visité une couple de fois votre région, qui est magnifique. Mais quand
même, entre Chandler puis Percé, c'est un voyage, hein? Puis Richmond, et tout
ça, ce n'est pas juste à côté. Alors, quand même, pour des gens qui sont entre
les deux coins, je ne dis pas que ce n'est pas une bonne idée d'avoir la
consigne, mais je comprends que c'est un défi un petit peu différent pour des
personnes qui habitent dans une région un petit... plus urbaine. Alors, merci
juste pour ces chiffres-là.
Puis présentement, juste à côté de votre
territoire, est-ce qu'il y a des autres centres de tri? Est-ce que vous êtes
vraiment le seul dans la région? Parce que je sais... j'ai vu sur la petite
carte, dans votre mémoire, ça, c'est le territoire. Alors, à côté, est-ce qu'il
y a quelque chose à Matane ou...
Mme Drapeau (Nathalie) :
Oui, à Matane... à Mont-Joli. Le prochain centre de tri est à Mont-Joli.
M. Kelley
: O.K. Alors,
ça, c'est encore beaucoup de chemin entre...
M. Kelley
: ...des
autres centres de tri, est-ce que vous êtes vraiment le seul dans la région? Parce
que je sais... j'ai vu sur la petite carte dans votre mémoire, ça, c'est le
territoire. Alors, à côté, est-ce qu'il y a quelque chose à Matane ou...
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
à Matane... à Mont-Joli. Le prochain centre de tri est à Mont-Joli.
M. Kelley
: O.K. Alors,
ça, c'est encore beaucoup de chemin entre les deux parties là. Et vous avez
parlé une couple de fois concernant les GES. Alors, est-ce que c'est quelque
chose que vous avez chiffré ou c'est juste... vous avez implémenté des
pratiques pour réduire des routes ou d'être plus efficaces en termes de
logistique?
Mme Drapeau (Nathalie) : On
n'a pas documenté. Je vous dirais que ça fait partie de notre liste de «to-do» parce
que, pour nous, c'est vraiment une préoccupation. C'est de savoir par où on le
prend pour être sûrs que, quand on va faire l'exercice, on va le faire de façon
crédible et fiable.
M. Côté (Daniel) : ...de façon
globale, on sait que les GES, la plupart des GES sont émis par les transports.
Donc, on sait que, si on arrive avec une méthode de consignation du verre chez
nous, on sait que ça va générer beaucoup plus de transport sur le territoire
puis hors territoire également, à moins qu'on dise qu'on ouvre des centres de
nettoyage des bouteilles dans toutes les régions du Québec, mais ça me
surprendrait que ce soit rentable.
Donc, inévitablement, nos bouteilles de
verre vont prendre la route d'un centre urbain à quelque part en camion, parce
que le train ne se rend toujours pas chez nous... bien, à l'heure actuelle,
donc ça risque de se faire par camion, j'ai plogué mon train, c'est une blague.
Sérieusement, mais honnêtement, on va générer davantage de gaz à effet de
serre, c'est inévitable. On ne les pas chiffré, mais c'est clair que, pour
nous, l'implantation de la consigne signifie beaucoup plus de gaz à effet de
serre dans la région. Présentement, on a le système circulaire. On prend le
verre chez nous, on le traite chez nous, on le réutilise chez nous. Il y a
beaucoup moins de gaz à effet de serre, c'est évident.
M. Kelley
: Puis j'ai
apprécié le fait que vous avez dit : Ce n'est pas la consigne contre une
autre, ce n'est pas une bataille, une chicane. Et juste une question, quand
même, s'il y a un élargissement de la consigne partout au Québec, j'imagine, ça
va avoir des impacts, c'est sûr, mais quand même, il y a des pots de cornichons
qui s'en vont toujours dans le bac bleu. Alors, pour vous autres, c'est un
enjeu, mais vous pouvez exister avec un système hybride ou un système avec
une...
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
mais ça ne sera pas... comme l'ont dit les collègues de Tricentris, ça va juste
diminuer le coût... tu sais, ça va augmenter le coût de revient par tonne,
parce qu'on va avoir moins de tonnes mais autant de frais d'opération. Donc, au
final, c'est sûr qu'on ne serait pas gagnants au niveau du centre de tri.
Maintenant, pour le reste, ça demeure à
être démontré ou à être... un exercice complet, là, d'identification des sommes
à investir ou à commettre.
M. Côté (Daniel) : Si on
implante la consigne, c'est clair, c'est un doublon, c'est doublon au niveau de
la collecte. Donc, on va avoir une collecte pour les bouteilles de vin, puis on
va avoir une collecte pour les pots de confiture, puis les pots de cornichons.
D'un autre côté, au niveau de la rentabilité des opérations du centre de tri,
c'est certain que si on nous enlève la moitié du verre qu'on traite en centre
de tri, on a les mêmes équipements, les mêmes employés, on a les mêmes frais
puis on génère deux fois moins de revenus avec la vente de la matière qu'on
produit au niveau du centre de tri. Donc, c'est certain que ça a un impact
économique, ça a un impact écologique au niveau des gaz à effet de serre puis
il y a une forme de doublon qui se crée. Ça, c'est pour la région chez nous.
Comme je vous disais, on n'est pas en mode
mur-à-mur. Nous, ce qu'on souhaite, c'est des solutions qui sont optimales pour
chacune des régions du Québec. Peut-être que si, en fait, si la consigne est
implantée à la grandeur du Québec, on va vivre avec, là, mais je vous dis :
Nous, il y a une petite mise en garde qu'on lève : Pour la région chez
nous, on est déjà organisés, on a un système d'économie circulaire qui
fonctionne bien et si on implante la consigne de façon obligatoire chez nous,
bien ça veut dire plus de gaz à effet de serre, ça veut dire doublons au niveau
de la collecte et ça veut dire pertes de revenus pour le centre de tri. Donc,
je ne pense pas que... Nous, comme région, on ne serait pas gagnants, mais on
vous le mentionne.
M. Kelley
: Parfait.
Juste une dernière question, rapidement. Dans votre flotte, vous avez combien
de camions qui circulent?
Mme Drapeau (Nathalie) : De
la collecte?
M. Kelley : Oui, oui.
Mme Drapeau (Nathalie) : Sur
le territoire, il y en a sept... huit.
M. Kelley
: O.K.,
parfait, C'est tout. J'ai terminé, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation.
Vous nous avez parlé des enjeux en lien
avec le fait que vous êtes en région éloignée, notamment, par exemple, pour le
transport du verre pour... vers les centres de tri qui sont beaucoup plus
éloignés. Donc, vous faites beaucoup d'efforts pour trouver des débouchés. Ce
n'est pas de l'économie circulaire, c'est plus, par exemple, de l'ajout
cimentaire ou de paillis. Ça, c'est plus de la valorisation que pour la
refonte, mais, en fait, le système actuel, comment il fonctionne, c'est que les
producteurs qui mettent des produits sur le marché, ceux qui paient pour le bac
de recyclage, ils ne paient que seulement pour que la matière se rende cers les
centres de tri. Mais une fois que les centres de tri veulent les envoyer vers
les centres de conditionnement, là c'est assumé par les centres de tri.
• (14 h 40) •
Hier, Éco Entreprises Québec parlait
justement de l'élargissement de la responsabilité des producteurs, qui avaient
une ouverture et qu'en ce moment, ils paient pour le bac de tri puis après ça,
le reste, ils ne s'en occupent pas. Donc, là, ici, on est en mode de recherche
de solutions. Est-ce que vous trouverez intéressant, par exemple, puis
peut-être que vous le changerez, vous direz : On pourrait envoyer le verre
un peu plus loin pour qu'il soit recyclé, si ces frais-là, de transport
n'étaient pas assumés par les centres de tri, mais plutôt par les producteurs,
surtout quand on sait qu'il y a une étude qui a sorti, qui dit qu'on peut
aller, environnementalement...
Mme Ghazal : ... par exemple,
puis peut-être que vous le changerez, vous direz : On pourrait envoyer le
verre un peu plus loin pour qu'il soit recyclé. Si ces frais-là de transport
n'étaient pas assumés par les centres de tri, mais plutôt les producteurs,
surtout quand on sait qu'il y a une étude qui a sorti, qui dit qu'on peut
aller, environnementalement parlant, jusqu'à 2 000 kilomètres de transport
pour que ça vaille la peine, si c'est pour faire de la refonte du verre. Donc,
ça vaut la peine, 2 000 kilomètres, on peut se rendre loin, là.
Mme Drapeau (Nathalie) : Mais
une précision, parce que... en tout cas, pour la compensation, là...
Mme Ghazal : Oui, exactement.
Mme Drapeau (Nathalie) :
...le système de compensation, en fait, nous, c'est la dépense nette et donc,
le transport est inclus, fait partie des frais d'opérations. Donc, cette
dépense-là, il y a une compensation.
Mme Ghazal : Le transport, si
vous l'envoyez au centre de conditionnement...
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
tout à fait.
Mme Ghazal : ...il serait compensé.
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
ça fait partie de la compensation, donc qui était associée.
Mme Ghazal : Donc, ce n'est
pas un coût qui pourrait... c'est-à-dire, vous serait...
Mme Drapeau (Nathalie) : Non,
qui n'est pas supplémentaire.
Mme Ghazal : O.K. Mais pour
quelle raison, par exemple, vous voulez absolument avoir des débouchés locaux,
si c'est possible de les envoyer au centre de conditionnement?
Mme Drapeau (Nathalie) :
Bien, parce qu'au final, on l'a vécu ça. Même, on triait, nous, par couleur
avant 2017. Mais on se retrouvait toujours avec la même situation :
problèmes de marché, problèmes de transport, problèmes de coûts, d'explosion de
coûts.
Alors, forcément... Oui?
Mme Ghazal : Parce que vous
disiez qu'ils étaient assumés par les producteurs, par exemple, pour le
transport.
Mme Drapeau (Nathalie) : Oui,
mais, quand même, on a une préoccupation. Tu sais, nous, là, même si Éco
Entreprises Québec assume par la compensation, moi, je ne prends pas pour
acquis qu'on a une compensation, parce que ce qu'on cherche avant tout, c'est
de réduire les coûts d'opération.
Alors, quand on voyait les coûts
augmenter, et ça, c'est quand on trouvait un transport, là, parce que c'est
assez complexe, là, ce n'est pas n'importe quel camion qui peut prendre du
transport, bien là, quand on se retrouvait face à ça, à chaque fois, c.était un
casse-tête. Nous, on a accumulé pendant un an et demi dans la cour, là.
Mme Ghazal : O.K. ça fait
que... J'avais juste une question pour le 10 000 $...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez... Vous avez terminé votre question, ma chère madame. M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, en
moyenne, vous diriez chez vous que vous récupérez... vous recyclez plus de
verre que la moyenne québécoise?
Mme Drapeau (Nathalie) : Non.
Oui?
M. Gaudreault : Est-ce que
votre système, autrement dit, est plus performant que la moyenne québécoise?
Mme Drapeau (Nathalie) : Je
ne sais pas. On reçoit 4 000 tonnes au centre de tri puis ça va être entre
450, 500 tonnes, là, de verre. Donc, on est à peu près au 12 %, là, du bac
bleu. Donc, ça, je pense qu'on se tient dans la moyenne.
Là où a peut-être un gain, c'est au niveau
des rejets de convoyeur, donc tous les petits morceaux de deux pouces et moins,
bien ça, nous, on récupère 100 % ou à peu près, là, de ce verre-là qui,
avant, était destiné vers l'enfouissement, faute de marché.
M. Gaudreault : O.K.
Maintenant, moi, c'est sûr que j'aime beaucoup cette idée de traitement,
l'ensemble de la filière, là, du traitement local, autant au niveau de
l'approvisionnement que du traitement en aval.
Là, je me dis : Bon, est-ce qu'on
serait capables, tu sais, de multiplier le cas Gaspésie à la grandeur du
Québec? Mais, selon vous, pour bien arriver à cet objectif de traitement local
le plus possible, elle est où, la barre, là? C'est quoi, le «break even», là,
pour dire... Est-ce que c'est dans le transport? Est-ce que c'est dans la
main-d'oeuvre? C'est où, là, qu'on doit dire : Faites attention au feu
rouge, là, ou feu jaune, là?
Mme Drapeau (Nathalie) :
C'est une bonne question. Je serais... Honnêtement, je ne le sais pas. J'aurais
comme réflexe d'analyser peut-être deux paramètres, c'est-à-dire... justement,
l'impact du transport, là, et l'impact aussi de l'implication, du «commitment» des municipalités. Donc, chez nous, ça prend une
implication des municipalités, il faut que les municipalités disent : Oui,
ça m'intéresse au niveau de l'abrasif. Tu sais, donc, il faut que tu aies des
acheteurs potentiels dans ton coin pour faire ça. Donc...
Mais la question de est-ce que c'est à 10 000
tonnes? Est-ce que c'est à 5 000 tonnes? Est-ce que c'est à 500
kilomètres? Ça, honnêtement, je suis embêtée et ça fait partie des
recommandations. On peut-u, s'il vous plaît...
M. Gaudreault : Se parler.
Mme Drapeau (Nathalie) :
...compléter l'exercice puis faire... aller chercher les données qui nous
manquent pour faire une analyse de comparer les pommes avec des pommes, donc,
sur une chaîne complète, tu sais, de chacun des scénarios. C'est un peu ça
dans... nous, dans une des quatre recommandations que je n'ai pas laissé
temps...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, il ne nous reste que sept secondes. Donc, je pense que...
M. Gaudreault : Bon, bien,
sept secondes pour vous dire merci. Profitez du temps pour visiter Québec un
peu avant de retourner chez vous.
Mme Drapeau (Nathalie) :
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Merci beaucoup. Merci d'avoir participé à cette commission. Je vous
souhaite un beau retour en Gaspésie et nous allons suspendre quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 45)
(Reprise à 14 h 48)
La Présidente
(Mme Grondin) : Nous allons reprendre les travaux, s'il
vous plaît! Je souhaite donc la bienvenue à Mme Clarissa Moraswki. Je vous
rappelle, madame, que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons par la suite à la période d'échange, comme vous avez pu le
constater, entre les différents membres de la commission. Je vous invite à vous
présenter. La parole est à vous.
Mme Morawski (Clarissa) :
Merci beaucoup. Alors, je m'appelle Clarissa Morawski.
En avance, je m'excuse parce que mon français
n'est pas très bon. Je suis montréalaise mais, depuis beaucoup d'années, je
suis en Ontario et présentement je suis en Espagne, en Europe. Et je veux
raconter une histoire, ce qui se passe en Europe.
Alors, au sujet du recyclage et économie
circulaire, il y a un point tournant maintenant, et c'est pour... La raison,
c'est que l'Union européenne a juste passé une directive, une nouvelle loi qui
disent aux producteurs et aux pays membres de... les 28 pays, qu'on doit
atteindre des taux de 90 % recyclage, vrai recyclage, pas ce qui passe des
centres de tri, mais seulement le matériau qui est recyclé sans contamination,
de 90 % plastique, bouteilles, boisson et aussi 25 % de contenants
recyclage dans les nouvelles bouteilles en plastique. Alors, c'est des taux
très ambitieux, et alors tout est changé en Europe.
• (14 h 50) •
On a beaucoup de systèmes de consigne qui
arrivent en Europe. Oui, on a des systèmes collecte sélective pour tous les
déchets. C'est payé par les producteurs dans des systèmes REP partout en
Europe. Mais, quand même, on ne peut pas atteindre des taux comme 90 %. Et
c'est pourquoi... c'est pour la raison, là, que c'est un point tournant. Même
en France, on a des gros changements. Ils vont introduire un système en France
consignation ou «deposit return». Et ce qui est très intéressant, c'est que
normalement c'est les producteurs qui sont anticonsigne, mais maintenant ça
change en Europe, compagnies comme Coca, Nestlé...
Mme Morawski (Clarissa) : …on
a des gros changements. Ils vont introduire un système en France, consignation
ou «deposit return». Et ce qui est très intéressant, c'est que normalement
c'est les producteurs qui sont anticonsigne, mais maintenant ça change en
Europe. Les compagnies comme Coca, Nestlé, Danone et même le EEQ de France qui
s'appelle Citeo, ils ont changé leurs avis, ils ont dit : On ne peut pas
atteindre des taux comme 90 % sans système de consigne. Et c'est pour ça
que ça change. Ça change en Turque, Roumanie, Angleterre, Portugal et plein
d'autres, vous allez voir.
Seconde, je vais parler un peu des
systèmes de consigne. La plus importante chose que ce que ça soit convénient
pour tous les consommateurs. La facilité, l'accès, c'est très important que, si
je n'ai pas d'automobile, je n'ai pas de bicyclette, je peux quand même
retourner mon contenant pour une consigne. C'est très important. Si tu n'as pas
l'accès, c'est seulement une taxe, ce n'est pas une consigne.
Notamment, on parlait un peu de la
réduction des gaz, le GES, et je veux dire que je sais que ça se peut que, pour
le verre, on va avoir des camions sur la route, mais le fait qu'on récupère
beaucoup plus de matériaux, pas seulement du verre, les cannettes, les
plastiques, et la qualité est supérieure, tous les matériaux peuvent être
recyclés, vraiment recyclés. Recyclés dans une manière où on remplace les
matériaux vierges, où on prend le verre et on fondre dans un four pour faire
des nouvelles bouteilles. La réduction des GES par recyclage, c'est beaucoup plus
haut que les émissions qui vont être générées par les camions. Et ça, c'est
déjà étudié et ça, c'est la vérité. Alors, écoutez que recycler tous les
matériaux a des très, très gros effets pour la réduction des gaz GES.
À mon avis, si on a un système de consigne,
la qualité de tous les matériaux sont pas mal que collectés dans les bacs
bleus. Et ça donne des opportunités à Québec pour avoir des nouvelles
entreprises de recyclage, parce que ça va stimuler l'investissement à Québec.
Parce qu'à Québec vous allez avoir encore plus de quantité, qualité
performante, et ça va initier des investissements.
Et finalement je veux juste dire que,
quand on parle du verre, oui, il y a du verre qui n'est pas dans des boissons,
mais ce n'est pas beaucoup. C'est seulement à peu près 20 % de tout le
verre, ces verres non-boissons. Alors, quand on parle d'il va avoir encore du
verre dans le bac bleu, oui, il va avoir du verre dans le bac bleu, mais c'est
diminué beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et, quand on diminue le verre dans le bac
bleu, les systèmes pêle-mêle, c'est beaucoup mieux non seulement pour le verre
total, mais c'est mieux pour les autres matériaux. Et vous pouvez demander aux
industries de papier, industries aluminium, industries du plastique qu'est-ce
qu'ils pensent du verre, qui sont des petits morceaux de verre qui sont dans
leurs matériaux qui viennent dans leurs usines, c'est un problème énorme.
Alors, ça, c'est très important de le savoir aussi.
J'ai combien de temps, qu'il reste?
La Présidente (Mme Grondin) :
Il vous reste 4 minutes.
Mme Morawski (Clarissa) :
Parfait. Alors, je vous suggère que, dès que vous avez fait la décision
d'élargir et moderniser votre système, qui est très important, vous savez que
Québec, il est presque le dernier en performance au Canada. Vous avez une
consigne la plus basse au Canada. Vous avez une consigne qui est seulement pour
bières et/ou gazeuses. Même aux États-Unis, ils ont élargi leur programme pour
eau et d'autres contenants comme Tetra Pak, etc. C'est tout possible
aujourd'hui avec les technologies, et ça marche. Vous pouvez regarder sur le
site weloop, on a beaucoup de rapports qui donnent la performance de tous les
systèmes de consigne. C'est à vous maintenant. Vous avez un très bon temps
maintenant, parce que vous pouvez regarder tous les systèmes au monde et
choisir tous les «best practice» de tous les différents pays pour le verre,
pour le plastique, etc. Alors, ça, c'est le moment. Vous avez tellement de…
Mme Morawski (Clarissa) :
...vous avez un très bon temps maintenant, parce que vous regardez tous les systèmes
au monde et choisir tous les «best practices» de tous les différents pays, pour
le verre, pour le plastique, etc.
Alors, ça, c'est le moment. Vous avez tellement
de «best practices» et pour le système de collecte sélective, qui est un très,
très important système, ça doit aussi avoir des investissements, parce que ces
centres de tri là doivent trier beaucoup plus. On a beaucoup d'emballages qui
ne rentrent pas dans les centres de tri. Alors, ça aussi, c'est un taux qu'on
doit avoir de collecter encore plus, trier encore plus, mais les contenants de
boissons, laissez pour les systèmes de consigne. Ce sont des systèmes qui
travaillent très, très bien, ils ne sont pas très chers quand vous organisez
dans une manière efficace et j'ai beaucoup de confiance dans les producteurs
pour un Système REP consigne, comme on a en Colombie-Britannique,
Norvège, Estonie, Lithuanie, etc. Ça fonctionne très bien, les producteurs
aiment beaucoup, les détaillants en Lithuanie aiment beaucoup, ça marche très,
très bien, les taux sont très, très hauts. Après deux années en Lithuanie, le
taux est de 92 %, deux années.
Alors, ça, c'est un système «best practice».
C'était implémenté il y a quelques années, mais on peut vraiment avoir des taux
supérieurs. Même en Oregon, ils ont augmenté leurs consignes à 0,10 $, ils
ont élargi leur système pour inclure l'eau et maintenant, leur taux, c'est plus
que 90 %. Et ça, c'est le recyclage réel, parce que les systèmes de
consigne, on compte unité par unité. Alors, neuf bouteilles, c'est 90 %,
ce n'est pas comme les systèmes collectes sélectives où on mesure le poids de
matériaux avec toute la contamination. Et je peux dire, en Europe, on a changé
la manière qu'on calcule. On ne peut pas calculer le taux avec les
contaminations maintenant. Alors, imagine les protecteurs en Europe, comme
c'est un challenge pour eux parce que c'est un nouveau mesurement et les taux
sont très, très hauts. Et c'est pour ça qu'on choisit les systèmes de consigne.
Le verre, la meilleure place pour le verre utilisé, c'est de refondre et faire
une nouvelle bouteille. Ce sont des émissions... la réduction des émissions,
GES, et les autres émissions, c'est énorme, et c'est pour ça qu'ils sont ici
maintenant, cette industrie, c'est très important. Et c'est eux qui,
idéalement, reçoivent la plupart de verre qui est géré à Québec... généré à
Québec, doit rester à Québec et être recyclé à Québec dans des nouvelles
bouteilles qui peuvent être vendre à Québec. Ça, c'est l'économie circulaire,
et, ça, c'est l'économie circulaire locale. Merci.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup. Merci pour votre exposé. Nous allons
débuter la période de questions avec la partie gouvernementale. M. le député de
Bourget.
M. Campeau : Merci de votre
présentation. Pourriez-vous nous parler un peu plus de c'est quoi Reloop?
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. Bon, alors, moi, je suis consultante depuis 20 ans, CM Consulting, c'est
sur le Web. Moi, je suis allé en Europe pour un changement de vie et j'ai fondé
l'association Reloop. C'est une association internationale basée à Bruxelles.
C'est une association qui représente gouvernements, industries et les NGO's qui
ont une mission, la même mission pour l'économie circulaire. Alors, Reloop en
informe les personnes qui font les décisions, on connecte les personnes dans
l'industrie et on donne l'inspiration pour les personnes qui ont ces problèmes
devant eux pour donner l'information et les «best practices» pour tels
différents systèmes, consignes, collectes sélectives, etc. Alors, nous sommes
là depuis quatre ans, nous... continue être là, et on va même élargir un bureau
Reloop North Amercia pour aider les gouvernements, aux États-Unis, et au Canada
aussi.
M. Campeau : J'aimerais vous
parler de sensibilisation. Est-ce qu'il y a eu beaucoup de sensibilisation en
Europe de façon générale, en France ou en... peu importe quel pays, je vous
laisse choisir le pays, mais est-ce que c'est une faiblesse qu'on a ici, qu'on
ne fait pas assez de sensibilisation?
Mme Morawski (Clarissa) :
Non, c'est...
M. Campeau : Est-ce que ça
doit être «ongoing», est-ce que c'est...
• (15 heures) •
Mme Morawski (Clarissa) :
C'est toujours «ongoing», mais c'est dur. C'est dur d'éduquer les personnes,
c'est dur d'éduquer les touristes, les personnes qui habitent dans des gros
appartements...
15 h (version non révisée)
M. Campeau : ...mais est-ce que
c'est une faiblesse qu'on a ici qu'on ne fait pas assez de sensibilisation?
Mme Morawski (Clarissa) :
Non, c'est...
M. Campeau : Est-ce que ce
doit être «ongoing»? Est-ce que c'est...
Mme Morawski (Clarissa) :
C'est toujours «ongoing», mais c'est dur, c'est dur d'éduquer les personnes,
c'est dur d'éduquer les touristes, les personnes qui habitent dans des gros
appartements. On a toujours besoin d'éducation, mais c'est toujours difficile
d'avoir beaucoup de participation en France, en Allemagne, aux États-Unis,
nulle part. Ce n'est pas une question d'augmenter la sensibilisation, c'est
plus que ça, vous avez besoin d'un «incentive» économique.
M. Campeau : Parce que parfois
on dit qu'il y a de plus en plus de condos qui se construisent ici et que ça,
c'est un problème, mais je me rends compte qu'en Europe, en France en
particulier, la plupart des gens demeurent dans des tours.
Mme Morawski (Clarissa) :
Dans des quoi?
M. Campeau : Dans des tours...
dans des appartements étagés, alors donc, c'est le même problème, donc c'est
une belle excuse, ce n'est pas une occasion pour ne rien faire.
Mme Morawski (Clarissa) : Exactement.
M. Campeau : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme
Grondin) :Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Bonjour. Merci.
Merci d'être venue nous rencontrer et nous dire qu'on n'est pas très bons,
c'est pour ça qu'on veut s'améliorer... Vous nous parlez, par contre...
Mme Morawski (Clarissa) : Je
m'excuse.
Mme Tardif : Pas du tout, on
le prend, et c'est pour ça qu'on travaille, on veut améliorer des choses, donc
ça nous fait... ça nous donne le petit coup de pouce que ça nous prend.
Allons-y donc moins... avec moins de farces. Vous parlez d'incitatif, mais vous
parlez aussi d'un côté punitif. Donc, beaucoup de ce que vous avez dans votre mémoire
est basé sur le côté législatif, l'obligation des entreprises, l'obligation des
citoyens, et le côté aussi punitif. Parlez-moi-z-en un peu plus, parce que nous
autres, les punitions, on est passés à autre chose avec les enfants ici.
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon. Alors, la consigne, si vous ne retournez pas votre contenant, la punition,
c'est que tu perds votre 0,10 $ ou 0,05 $.
Mme Tardif : Ah! Bien, O.K.,
c'était une punition comme ça.
Mme Morawski (Clarissa) :
Punitif au sujet des lois en Europe, si un État ne rend pas le 90 % pour
les bouteilles en plastique ou 55 % pour tout l'emballage plastique
recyclé, vrai recyclé, il va y avoir des pénalités financières pour les États
membres.
Mme Tardif : Comment c'est
organisé chez vous, justement, là, pour que ce soit applicable, cette forme...
Mme Morawski (Clarissa) : En
Europe?
Mme Tardif : Oui.
Mme Morawski (Clarissa) :
C'est dans les régulations nationales, il y a des pénalités là-dedans,
normalement, financières.
Mme Tardif : Donc,
l'entreprise qui n'atteint pas l'objectif doit payer au gouvernement ou...
Mme Morawski (Clarissa) : Ça
dépend quel pays, les pays ont la flexibilité de dessiner leur système REP
comme il veut, mais ce qui est important, c'est qu'il atteint les taux qui sont
dans la législation.
Mme Tardif : Et la
législation, si je comprends bien, est différente d'un pays à l'autre...
Mme Morawski (Clarissa) :
Pays par pays, oui.
Mme Tardif : ...même de ceux
qui sont membres de votre regroupement.
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, c'est leur compétence, c'est leur compétence. Alors, ça dépend, ça dépend.
Alors, il y en a des pays où il n'y a pas beaucoup de pénalité, mais il y en a
où c'est vraiment pas mal dur si...
Mme Tardif : Mais vous, vous
nous suggérez de mettre ces pénalités-là.
Mme Morawski (Clarissa) :
Absolument. Une loi sans pénalité, il n'y a pas de dents... de dents.
Mme Tardif : C'est ça, il n'y
a pas de dents dedans.
Mme Morawski (Clarissa) : Il
n'y a pas de dents dedans, oui.
Mme Tardif : Il n'y a pas de
dents dedans. Parfait.
La Présidente (Mme
Grondin) :O.K. Donc, M. le député de
Beauharnois.
M.
Reid
: Merci,
madame, merci d'être là. J'aimerais vous entendre. Dans votre mémoire, à la
page 7, vous mentionnez «faire financer le système de consigne par l'industrie
des boissons, y compris les importateurs.» Est-ce que vous pouvez élaborer
là-dessus, s'il vous plaît?
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. Normalement, les systèmes de consigne, c'est très dur de... Si vous avez
un producteur de Chine, il envoie ses boissons pour être vendues à Québec, on
ne peut pas avoir des frais de la compagnie en Chine. Alors, normalement, pas
seulement les systèmes de consigne, mais les systèmes REP, c'est pour les
producteurs dans une région, ou dans un pays, ou dans une province ou non, le
premier qui importe ce produit. Alors, on dit : Producteur et premier
«importeur» pour qu'on puisse avoir des frais de ces compagnies-là. Alors,
normalement, les détaillants comme Loblaws et tous les gros, gros détaillants y
sont. Vraiment, ils donnent beaucoup de frais à des organismes comme EEQ, parce
qu'eux, ils sont beaucoup de fois les premiers «importeurs», et c'est comme ça
que ça...
Mme Morawski (Clarissa) : ...
Alors, normalement, les détaillants comme Loblaws et tous les gros, gros
détaillants, ils sont... vraiment, ils donnent beaucoup de frais à des
organismes comme EEQ, parce qu'eux, ils sont beaucoup de fois les premiers
«importeurs», et c'est comme ça que ça marche. Clair?
M.
Reid
: Oui.
La Présidente (Mme
Grondin) :M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M. Tardif :
Oui. Alors, bonjour. Merci, premièrement, de nous avoir présenté en quelques
mots l'organisme ou votre entreprise que vous représentez. Moi, je vais
poursuivre... Je comprends un peu les prémisses de votre réflexion concernant
votre orientation sur la collecte par rapport... pourquoi on irait plus sur
la... moins, c'est-à-dire, sur la collecte que sur la consigne. Ma question
est : Sur un grand territoire... Parce que les pays que vous nous
nommez — on va parler de l'Europe dans son ensemble — les
gens qui ont passé juste avant vous parlaient d'un territoire dont la distance
juste entre nous et eux est de 1 000 kilomètres, et ce ne sont pas
les plus loin, là, nécessairement. Bon. D'accord pour la Norvège, d'accord pour
la... tous ces beaux petits pays-là. Sur un territoire vaste comme le nôtre, il
n'y a pas de place pour un système hybride, peut-être, pour nous aider à
atteindre les objectifs que vous souhaitiez sur la qualité des produits et
ultérieurement à transformer ou à récupérer? Parce qu'on parle juste de
consigne, puis il me semble que...
Mme Morawski (Clarissa) :
Non, non. Moi, je suis... je pense qu'on doit avoir un système hybride,
absolument...
M. Tardif :
Ah! O.K., d'accord.
Mme Morawski (Clarissa) :
...consigne plus collecte sélective. Optimiser, optimiser. Qu'est-ce que ça
veut dire, «optimiser»? Ça veut dire, par exemple, on collecte les recyclables
pas plus que les déchets, par exemple. «Optimiser», ça veut dire : pour la
collecte sélective et les déchets, on a un système «user-pay». Ça veut
dire : on paie pour les sacs de réduits... les déchets. On a peut-être un
camion avec deux parties : une partie pour les organiques, une partie pour
les déchets. La semaine qui vient : organiques pêle-mêle, comme Toronto,
par exemple. Ça, c'est des systèmes optimisés. Et quand... si on a un système de
consigne qui travaille avec un système optimisé, il y a beaucoup d'efficacité,
et ça va marcher très bien. Et tous les pays que j'ai nommés en Europe, ce sont
des pays hybrides : Norvège, Lithuanie, Estonie, France. Espagne va avoir
un système hybride. On a besoin des deux systèmes, parce qu'on n'a pas collecté
tous les emballages qui sont là, on collecte seulement quelques
emballages : plastiques 1 et 2; peut-être numéro 5, peut-être; un peu de
verre. On doit vraiment récupérer tout, tout, tout.
M. Tardif :
Alors, très bien. Merci pour cet éclaircissement. Maintenant, si je comprends
bien, pour reprendre votre expression, «des lois avec des dents», vous demandez
de la rigueur économique, sinon... une rigueur économique dans cette
démarche-là pour atteindre les objectifs souhaités. Donc, il nous faut des
objectifs également très clairs par rapport à ce qu'on veut en faire, là,
que... peu importe, là, à ce moment-là, l'un ou l'autre des systèmes?
• (15 h 10) •
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. Moi, je dirais que le rôle du gouvernement... Quand vous passez une loi,
ce qui est très important, vous donnez la liberté aux producteurs de dessiner
un système qui est efficace, qui utilise peut-être leurs camions, qui seront
vides après qu'ils délivrent les... ils donnent les bouteilles dans les
magasins. Ça s'appelle «logistique réverse». Alors, c'est le... le rôle du
gouvernement doit être de définir tout, comme toutes les définitions doivent
être très, très claires, qui sont les producteurs, qui sont les «importeurs» premiers,
etc., mais aussi que vous avez des taux de recyclage, pas taux de collecte, pas
taux que... ce qui sort du centre de tri, taux recyclage, et les recycleurs
peuvent vous dire quels sont ces taux, parce qu'eux, ils savent très bien
quelle est la situation avec contamination. Les centres de tri voient ici un
peu, mais, vraiment, c'est les recycleurs qui savent ça et c'est eux qui me
disent : Oui, les plastiques PET, ils ont un taux de contamination de
30 %. Ça, c'est normal. Mais, en entente, ce n'est pas ça, des centres de
tri, parce qu'ils savent...
Mme Morawski (Clarissa) :...centres
de tri voient ici un peu, mais, vraiment, c'est les recycleurs qui savent ça et
c'est eux qui me disent : Oui, les plastiques, PET, ils ont un taux de
contamination de 30 %. Ça, c'est normal. Mais, en entente, ce n'est pas
ça, des centres de tri, parce qu'ils ne savent pas. Pour eux, c'est vendre les
matériaux à un marché qui donne de l'argent, c'est leur rôle, mais c'est le
rôle du gouvernement de mettre des paramètres dans ce programme, taux de
recyclage par matériaux, taux, moi, je dirais, taux de l'arrêt incorporation de
matériaux recyclables dans les bouteilles, très important, et des paramètres au
sujet de la «conveniance » pour les consommateurs. Ça veut dire, c'est très
important, comme j'ai dit avant, que les consommateurs aient beaucoup d'accès,
accès en voiture, ce sera assez facile, comme quand je vais faire mon shopping.
M. Tardif :
Parfait. Donc, on parle d'une économie, si je vous saisis bien, on parle d'une
économie verte qui est dirigée. J'aimerais juste que vous me parliez
rapidement, comment vous voyez le rôle de la technologie... du développement technologique
à l'intérieur de ça, de façon pratique, là, pour nous, en Amérique du Nord, qui
semblent ne pas être les meilleurs nécessairement, là, mais comment vous voyez
ça dans l'application?
Mme Morawski (Clarissa) :
Alors, il y a beaucoup de développement technologique dans les dernières dix
années. Premièrement, les gobeuses pour les contenants, il y a à peu près sept
compagnies globalement, et cette technologie est vraiment améliorée, c'est
incroyable. C'est plus vite, c'est plus facile, c'est plus petit, on a des
petites, petites gobeuses maintenant, elles peuvent écraser les matériaux, des
matériaux de très, très bonne qualité, mais aussi, on a de la technologie pour
les centres de tri qui est vraiment incroyable, spécifiquement pour les
plastiques, ou on a plusieurs compagnies au monde qui ont cette technologie-là.
À mon avis, moi, je dirais, on pourrait vraiment mettre tout le bac de déchets,
sans organique, on pourrait mettre dans un centre de tri très, très, très
moderne, et on pourrait sortir tous les matériaux qui ont de la valeur. Ça,
c'est peut-être le futur. Mais ce n'est pas seulement un problème que vous
avez, ici, à Québec, c'est partout au monde. On a pensé qu'on pouvait avoir un
système collecte sélective et on va avoir des très, très gros taux, et tout va
être très facile, et on va trier, et ce n'est pas un problème. Mais le
problème, c'est que, non seulement pas tout le monde a l'accès de collecte
sélective, pas tout le monde va participer dans la collecte sélective, pas tout
le monde va participer bien dans la collecte sélective, alors on a toujours des
taux qui sont plus bas qu'on veut, et c'est pour ça qu'on doit vraiment
organiser multiples systèmes pour adresser multiples types d'emballage et
multiples types de «behaviors» des gens. Par exemple, les boissons de
contenants sont beaucoup générées hors foyer. J'ai vu les bacs hors foyer dans
les rues pas seulement à Québec, Canada, en Espagne, en France, ça ne marche
pas. Quand vous êtes dans un aéroport, quand vous êtes sur la route, regardez
dans le bac, regardez, c'est un bordel. On ne sait pas si c'est recyclage ou
déchet. Et c'est la même... partout au monde. Alors, on doit avoir des
stratégies pour changer ça. On doit travailler avec ça, on doit avoir des
systèmes anti «bespoke», des systèmes spéciaux pour différents types
d'emballage, et systèmes de consigne, on le sait, ça marche très, très bien
pour les boissons de contenants... les contenants boisson. Verre, aluminium,
plastique, Tetra Pak aussi.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup. Nous allons poursuivre les échanges
avec le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci.
Merci beaucoup pour votre présentation. Je veux juste commencer, dans votre
mémoire, le point n° 6, vous parlez d'une taxe
environnementale progressive ou l'augmentation de la valeur du dépôt. Je pense
que c'est une des choses que peut-être certains de mes collègues ont eu des
réflexes : Ah! non, une autre taxe, on ne veut pas ça, les entreprises ne
veulent pas ça. Mais quand on parle d'un projet de loi qui a des dents dedans,
comme on a dit, est-ce qu'il faut vraiment passer par une taxe ou est-ce qu'il
y a d'autres exemples, partout dans le monde, avec votre expérience, des taxes
environnementales...
M. Kelley
: ...les entreprises
ne veulent pas ça. Mais, quand on parle d'un projet de loi qui a des dents
dedans, comme on a dit, est-ce qu'il faut vraiment passer par une taxe ou
est-ce qu'il y a d'autres exemples, partout dans le monde et de toute votre
expérience des taxes environnementales progressives, qui a vraiment fonctionné
bien? Et comment ça a marché, est-ce que tout l'argent qui était récupéré par
l'État était mis dans le système directement?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon. Alors, ça dépend, pays par pays, État par État. Système de consigne, il y
en a des systèmes de consigne au Canada qui sont des taxes. Comme, par exemple,
en Colombie-Britannique, ce n'est pas les producteurs qui paient pour le système
de consigne, c'est les consommateurs qui paient avec une petite taxe quand ils
achètent le produit. Même chose en Est du Canada, vous donnez 0,10 $, vous
recevez seulement 0,05 $. C'est une taxe de 0,05 $, O.K., à mon avis,
ça ne marche pas. Prendre les monnaies des consommateurs qui font les bonnes
choses, les mettre dans des autres programmes environnementaux, moi, je ne suis
pas... je n'aime pas ça.
Pour le système collecte sélective,
normalement, ça doit être les producteurs qui paient pour tout, tout, tout et,
eux, ils vont augmenter leurs prix, ça s'appelle «cost internalisation»,
l'internalisation des coûts, et ça, c'est juste. Mais juste avoir des taxes
comme ça, si ce n'est pas facile à éviter les taxes, ça ne va pas marcher.
C'est un peu comme la consigne, si je veux éviter de ramener ma bouteille, je
ne rends pas ma consigne, c'est comme une taxe, mais c'est un «polluter tax»,
«polluter pays». Alors, ça, ça marche, mais, normalement, je dis si le
gouvernement utilise ces programmes comme ça pour générer des revenus, c'est un
peu dur parce qu'ils sont un peu «addictés» à ces revenus, et c'est comme ça un
peu dans des États aux États-Unis, où ils ont des systèmes de consigne et les
gouvernements prennent les consignes non remboursées, parce qu'il y a beaucoup
de monnaie, ils mettent ça dans leurs coffres, et, normalement, ça aide avec
les coûts et ces taxes comme ça, ça n'aide pas à atteindre nos buts.
M. Kelley
: Merci.
Prochaine question, c'est concernant sur la page... je pense que c'est 2, avec
le petit tableau, l'économie circulaire, je veux juste parler des questions de
réduire la consommation juste en général, puis je veux... j'ai posté sur
Facebook que je siège sur la commission. Puis quelqu'un a posé une
question :
There is a lot of talk
about recycling glass these days, but what about reducing how much we used in
the first place and reusing it where possible. How important has that been to
recycling in general across the board... from all the examples you have seen in
different jurisdictions?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon. Alors, la réutilisation des emballages, par exemple...
M. Kelley
: C'est ça.
Mme Morawski (Clarissa) :
...c'est très important. C'est probablement toujours, toujours meilleur d'une
bouteille qui est usage unique presque tout le temps. Nous, on supporte ça tout
le temps. C'est dur dans une économie où l'industrie fait toutes les décisions
et les gouvernements ne veulent pas avoir des lois avec des taux multiusages.
J'ai entendu récemment que Québec va changer leur loi pour les brasseurs et les
bouteilles à multiusage. C'est dommage, vraiment dommage parce que Canada et
Québec, ce sont un système qui est connu partout au monde avec une bouteille
brune, servir toutes les compagnies domestiques à Canada, c'est vraiment
dommage. Nous, on travaille beaucoup sur ça, mais c'est un... «it's a fight»
qui est très difficile et très dur.
• (15 h 20) •
Mais, comme j'ai dit, c'est le point
tournant maintenant, et on parle beaucoup plus de la réutilisation des
déchets... des emballages. Et, moi, j'espère que les compagnies qui sont des
producteurs et qui paient pour les programmes REP vont voir que les taux de ces
programmes sont... et j'espère qu'il va avoir des compagnies qui vont
introduire des emballages réutilisables qui peuvent être gérés comme dans le
système de consigne. On va avoir...
Mme Morawski (Clarissa) :
...va voir que les taux de ces programmes sont hauts, et j'espère qu'il va y
avoir des compagnies qui vont introduire des emballages réutilisables qui
peuvent être gérés comme dans le système de consigne. On va avoir des
bouteilles réutilisables comme c'est maintenant, mais ça se peut que quand vous...
élargit votre système de consigne, vous allez voir que le taux de bouteilles
réutilisables va augmenter. Parce que maintenant, c'est parti d'un programme de
récupération plus grand et ça va être un peu plus facile à gérer, des
bouteilles réutilisables, par exemple. Mais, moi, je vois un système où on a beaucoup
d'emballages réutilisables, non seulement les bouteilles, mais les paquets pour
les fruits dans le détaillant, par exemple, parce qu'on a cette technologie
améliorée avec «scanning technology», et tout ça, «unique coding», etc., «block
chain», «Web-based», etc. Il y a plusieurs différentes choses, on peut faire,
pour gérer des emballages réutilisables. Et je suis très contente que vous
m'avez posé cette question parce qu'on peut donner l'information sur ça, on
travaille sur ça beaucoup en Europe maintenant avec les compagnies qui sont
dans le business, de gérer les emballages réutilisables. C'est très important.
M. Kelley
: Non, c'est
sûr, parce que, quand même, ici, avec un élargissement de notre consigne,
certains pots vont toujours être dans le bac bleu comme... c'est sûr, ce n'est
pas... le verre de vin, ce n'est pas le seul verre qui existe, on va avoir des
autres choses qu'on va trouver dans les bacs bleus. Alors, quand même, l'importance
d'avoir des centres de tri qui sont prêts à accepter toutes des différentes
sortes de verre, c'est très important.
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, mais juste clarification. Système de consigne pour les vins et spiritueux
va prendre toutes les bouteilles, vins et spiritueux, pour recycler ou
réutiliser, O.K.? Même si c'est une bouteille de France qui rentre dans une
maison, cette bouteille va avoir une consigne là-dessus, ça va être récupéré
par le système de consigne, et ça va être, j'espère, fondre dans la compagnie
de O-I à Montréal, si ça marche bien. Alors, si c'est une bouteille d'Europe,
c'est la même chose que si c'est une bouteille faite au Canada et vendue par un
producteur local, c'est toute la même chose. Ce sont des emballages recyclables
qui vont être gérés à Québec.
M. Kelley
: Parfait.
Une autre question, dans votre mémoire, à la fin, il y a plusieurs exemples des
modèles que Québec peut suivre. J'aime... juste que vous pouvez juste
m'expliquer vos expériences avec Norvège, juste parce que, je pense, c'est un
petit peu un territoire similaire au Québec, ce n'est pas pareil exactement,
mais deux pays qui sont un petit peu plus dans le nord avec des vastes
territoires. Alors, est-ce qu'il y a des meilleures pratiques qu'on peut...
Mme Morawski (Clarissa) : O.K.
Alors, premièrement, c'est un système qui est totalement géré par les
producteurs. Alors, le gouvernement, ils ne font rien, là. En Norvège, c'est un
peu différent, il n'y a pas une loi de consigne, c'est un système de taxes.
S'il n'a pas un taux de 90 %, ou quelque chose comme ça, il doit payer des
taxes. Et le plus... dès que le taux baisse, il paie plus de taxes. Alors, en
Norvège, c'est un système volontaire que tous les producteurs de boissons non
alcooliques ont décidé de gérer parce qu'ils ne voulaient pas payer les taxes,
O.K.? Mais dans des autres pays, c'est une loi, Lituanie, Estonie. Alors, je
vais parler un peu de Norvège et Lituanie parce qu'ils ont des programmes...
La Présidente (Mme
Grondin) : ...il vous reste une minute.
Mme Morawski (Clarissa) :
...O.K., pas mal modernes, nous avons beaucoup d'information chez nous, mais
c'est géré par les producteurs et quelques détaillants qui ont des produits
eux-mêmes, c'est non profit, c'est totalement payé par les producteurs, et la
valeur des matériaux et les consignes non remboursées. Alors, trois flots de
revenus pour payer pour le système. C'est des bonnes consignes de 0,10 $
ou 0,20 $ européens, alors c'est beaucoup plus que 0,10 $, et on a
des... c'est «conveniant», c'est, la plupart, c'est «return to retail»,
retourner au détaillant, petites, grandes, gobeuses, sans gobeuse, ça ne fait
rien...
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup.
Mme Morawski (Clarissa) :
...tout le monde peut récupérer. Merci beaucoup, tout le monde...
Mme Morawski (Clarissa) :
...européens, alors c'est beaucoup plus que 0,10 $, et on a des
inconvénients : la plupart, c'est «return to retail», «retournez au
détaillant», petit, grand, gobeuse, sans gobeuse, ça ne fait rien...
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup.
Mme Morawski (Clarissa) :
...tout le monde récupère. Merci beaucoup, tout le monde.
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci. Je suis désolée. Nous allons poursuivre les
questions avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation très, très éclairante. Moi, je veux
parler... que vous nous parliez d'un sujet qui n'a pas beaucoup été discuté
durant la commission, mais dont vous parlez dans votre mémoire, et c'est la
valeur de la consigne, justement, sur les bouteilles, 0,05 $, 0,08 $,
0,10 $, 0,20 $. Il y a des gens même qui nous ont dit que ça n'avait
aucun impact sur le comportement des consommateurs et sur leur pourcentage de
retours. Ce n'est pas ce que vous dites dans votre mémoire. J'aimerais que vous
nous en parliez un peu plus, et peut-être aussi une suggestion de départ sur,
par exemple, la valeur qui devrait être mise sur les contenants si on élargit
la consigne ou les valeurs de départ et, après ça, comment est-ce que ça peut
varier avec le temps, dépendamment du taux de retour.
Mme Morawski (Clarissa) :
O.K. Alors, le taux de retour est vraiment dépendant au taux de consigne, et,
si vous «plottez» sur un graphe, vous pouvez voir que la consigne monte et le
taux monte. Ça va comme ça. Par exemple, en Allemagne, c'est une consigne de
0,25 $ européens, et ils ont un taux de 98 %, totalement gérée par
l'industrie. À Québec, vous avez un taux de 70 %, quelque chose, avec une
consigne de 0,05 $. Moi, je dirais que vous avez... vous allez... vous
deviez... devriez augmenter à 0,10 $, minimum, et c'est ça que, si vous
n'avez pas entendu, Colombie-Britannique, récemment, le gouvernement a décidé
d'augmenter la consigne en Colombie-Britannique de 0,05 $ à 0,10 $.
Alors, 0,10 $, minimum. Et, oui, c'est une des choses les plus importantes
pour avoir des taux augmentés et aussi la «convenience», parce que, si ce n'est
pas «convenient» pour les consommateurs... Comme moi, je n'ai pas d'auto, je
n'ai pas de bicyclette, je ne peux pas participer. Alors, ça se peut que je
mette dans mon bac ou je mette sur mon... je mette sur mon bac ou je mette
partout, je mette sur la route, quelqu'un va pogner.
Mme Ghazal : Oui, comme Les
Valoristes ou... Oui.
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. Comme en Alberta, c'est un système de dépôt. On doit conduire quelque part
pour redonner notre contenant et recevoir notre consigne. Mais, quand vous
regardez le type de personnes qui récupèrent et reçoivent les consignes, ce
n'est pas vraiment tous les consommateurs, ce sont des personnes qui sont un
peu plus pauvres, etc. Alors, à mon avis, c'est très important qu'on ait une
haute consigne et que ce soit «convenient»...
La Présidente (Mme
Grondin) : Merci beaucoup. Je suis désolée, on doit poursuivre.
Mme Morawski (Clarissa) :
...pour que tout le monde puisse participer.
La Présidente (Mme
Grondin) : On va terminer les échanges avec le député de
Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Merci
infiniment. C'est extrêmement intéressant, j'aurais mille questions. Vous
dites : «Prévoir la participation des détaillants dans le système de
consigne.» Alors, on a eu beaucoup de représentations des détaillants.
J'aimerais que vous nous expliquiez rapidement en quoi et comment ils peuvent
participer, surtout considérant les enjeux de manutention, de sécurité, de
salubrité également.
Mme Morawski (Clarissa) :
O.K. Alors, en Europe, partout, c'est les détaillants qui récupèrent les
contenants, et en Europe, notre expérience, c'est que les grands détaillants
ont des gobeuses; les petits détaillants n'ont pas de gobeuses, ils récupèrent
comme ça. Comme si tu vas dans une station de gaz en Allemagne, tu donnes la
bouteille, ils ont un petit sac, ils te donnent le 0,25 $, et c'est comme
ça. Ce qu'on a vu, c'est que normalement, les personnes disent : Ah! Les
petits détaillants! Ah! Ça va être un vrai, vrai problème, il va y avoir
beaucoup, beaucoup de contenants dans les petits, petits détaillants. Mais ce
qu'on a vu, Norvège, Lithuanie, Estonie, etc., c'est que... Je donne l'exemple
de Lithuanie : 15 000 points de collecte dans Lithuanie. 1 000
sont des gobeuses, 14 000 sont des petits «mom and pop shops». Vous voyez?
90 % des contenants qui sont retournés sont retournés via les gobeuses. Ça
veut dire que, même s'il y a les petits magasins qui doivent récupérer parce
que c'est important, que c'est «convenient», la plupart des gens, quand ils
retournent leurs contenants...
M. Gaudreault : Utilisent la
gobeuse.
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui.
M. Gaudreault : O.K. Une autre
question. Exiger un contenu minimum de contenu recyclé dans les nouveaux
contenants, à combien vous fixez ce minimum?
Mme Morawski (Clarissa) : Ah!
Ha!
M. Gaudreault : La question
qui tue.
• (15 h 30) •
Mme Morawski (Clarissa) : Bon.
C'est différent pour les différents matériaux. Moi, je dirais, pour le verre,
50 %, c'est un bon numéro, mais c'est encore plus important pour les
classiques, et en Europe c'est 25 %... 20 %, 25 % et 30 %,
20 %, 20 %, 20 %, 30 %, dans les 20 %-30 %. Moi,
je dirais 50 %...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Morawski (Clarissa) :
...pas pour les différents matériaux, moi, je dirais pour le verre, 50 %,
c'est un bon numéro, mais c'est encore plus important pour les plastiques. Et,
en Europe, c'est 25 % et 30 %, 2030, l'année 2030, moi, je
dirais 50 %. Si on a un système de consigne pour les producteurs qui font
les bouteilles en plastique, on peut avoir des taux de 50 %,
contenants-recyclage, mais on doit avoir la quantité et la qualité. Et je
dirais qu'eux...
M. Gaudreault : Et des
pénalités...
Mme Morawski (Clarissa) :
...ils diraient la même chose.
M. Gaudreault : Et des
pénalités s'ils n'atteignent pas les objectifs. Est-ce qu'il me reste du temps,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Grondin) : Il vous reste 15 secondes.
M. Gaudreault : 15 secondes.
Donc, vous êtes quand même favorable à un système hybride, consigne-collecte...
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, absolument.
M. Gaudreault : ...pour donner
plus de chances possibles de récupérer. Mais si vous aviez à faire une
proportion dans le système hybride, consigne-collecte, ce serait combien 50-50,
80 consignes, 20 collectes? Est-ce qu'on peut le dire comme ça?
Mme Morawski (Clarissa) : Hein?
Non.
M. Gaudreault : Non. O.K.
La Présidente (Mme
Grondin) :Merci beaucoup...
M. Gaudreault : On n'a pas
assez de temps. C'est beau.
La Présidente (Mme
Grondin) : ...merci beaucoup, madame, pour votre exposé. Je
suspends les travaux quelques minutes afin de permettre aux prochains représentants
de venir s'installer.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
(Reprise à 15 h 32)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Nous allons reprendre nos travaux. S'il vous plaît! Alors, ça va? Merci. Merci
d'être avec nous aujourd'hui. Nous allons maintenant entendre... S'il vous
plaît! Un petit peu de silence. Alors, nous allons entendre 2M Ressources,
merci d'être avec nous. Vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation, ensuite il y aura un échange avec les députés, merci. Veuillez, s'il
vous plaît, vous présenter.
M. Rousseau (David) : Merci, Mme
la Présidente, MM., Mmes les députés et membres de la commission. Je suis David
Rousseau, directeur général de 2M Ressources, et j'ai à mes côtés ma collègue,
Elena Gabrysz, ainsi que notre président, M. Michel Marquis.
2M Ressources, c'est une entreprise
familiale québécoise fondée il y a 20 ans et qui est en opération dans ses
installations de Saint-Jean-sur-Richelieu depuis 2007. Nous sommes spécialisés
dans le tri et le conditionnement des matières recyclables, mais le verre
constitue notre activité principale.
Brièvement. Notre usine est dotée de deux
lignes de production pour traiter le verre. La première traite le verre en
provenance des différents systèmes de consignation, des dépôts volontaires
ainsi que des différents distributeurs de verre. La deuxième, dotée de lecteurs
optiques, traite le verre de la collecte sélective. Au sujet des circuits de
collectes du verre sur le territoire québécois, il y a cinq sources
d'approvisionnement distinctes.
Pour commencer, le système privé de
consignation des grands brasseurs, donc Molson, Labatt, Sleeman. Deuxièmement,
il y a la consigne publique, donc en exemple, la bouteille Corona.
Troisièmement, il y a des distributeurs de contenants de verre, en exemple, les
fournisseurs de bouteilles. Quatrièmement, la collecte sélective, notre
traditionnel bac de recyclage que vous connaissez tous. Et cinquièmement, ça a
été grandement médiatisé dernièrement, les dépôts volontaires, en exemple, le
projet de Racine en Estrie. Toutefois, le taux de recyclage du verre au Québec
est relativement faible et ça s'explique par les quatre facteurs
suivants :
Pour commencer, on a la faible valeur du
verre sur les marchés; deuxièmement, la qualité du verre provenant de la
collecte sélective; troisièmement, le sous-financement de la filière du verre
et quatrièmement, la compétition avec les débouchés de matériaux de
recouvrement dans les sites d'enfouissement. Oui, vous avez bien entendu, les
sites d'enfouissement se remplissent inutilement. À notre avis, pour arriver à
donner une deuxième vie à notre verre, les axes prioritaires du gouvernement devraient
être en ordre de priorité, la qualité du verre, et, deuxièmement, le coût.
Pourquoi? Parce que le principal enjeu du verre est à son niveau de qualité. Le
verre issu de la consigne constitue encore...
M. Rousseau (David) : ...à
notre avis, pour arriver à donner une deuxième vie à notre verre, les axes
prioritaires du gouvernement devraient être en ordre de priorité, la qualité du
verre, et, deuxièmement, le coût. Pourquoi? Parce que le principal enjeu du
verre est à son niveau de qualité. Le verre issu de la consigne constitue
encore la source de verre de la plus grande qualité par rapport à celui issu de
la collecte sélective qui arrive chez nous avec des contaminants à la hauteur
de 30 % à 40 %, par exemple, les matières qui se retrouvent dans le bac
de recyclage qui peuvent se mélanger au verre comme la céramique, le papier, le
plastique ou tout autre contaminant du genre, c'est un problème parce que le
marché de la refonte au Québec se trouve privé d'une quantité significative de
verre qui n'a d'autre choix que d'aller vers le recouvrement dans les sites
d'enfouissement. Notre compétiteur est donc un centre d'enfouissement. C'est
triste de penser que le verre qui est recyclable à l'infini n'aura pas de
deuxième vie et ira plutôt remplir un centre d'enfouissement.
Face à ce constat, Éco Entreprises Québec
a effectué des essais pilotes en 2017 et 2018 dans cinq centres de tri
sélectionnés pour tester des équipements de nettoyage du verre. Cependant, pour
que l'ensemble des 23 centres de tri au Québec puissent arriver aux mêmes
résultats que le projet pilote, l'État devrait investir environ
50 millions de dollars supplémentaires. Le conditionnement des matières
n'a jamais fait l'objet de compensations par les entreprises contributrices, ce
qui crée un déséquilibre financier dans la chaîne de valeurs du verre. Le
résultat, c'est que le coût de conditionnement de certaines matières, dont le
verre, qui nécessite cette étape de traitement avant d'être acheminé chez un
recycleur, n'est pas compensé. Pourtant, cette étape est cruciale pour que les
matières reçoivent le traitement nécessaire pour que la qualité soit elle
qu'elle puisse être concurrentielle de façon durable dans le libre marché des
matières recyclables. J'aimerais rappeler qu'à notre avis, pour arriver à
donner une deuxième vie à notre verre, les axes prioritaires du gouvernement
devraient être en ordre de priorité soit, en premier lieu, la qualité du verre
et, deuxièmement, le coût. Encore une fois, au sujet de la qualité du verre,
vous devez savoir que la qualité dépend directement de son mode de collecte.
Étant donné que le verre a une faible valeur sur le marché, plus les coûts de
traitement sont élevés, moins le verre québécois est compétitif.
Avant de sélectionner des recommandations,
gardons en tête et considérons les six facteurs suivants, premièrement, la
filière du verre au Québec aura toujours besoin d'une étape de conditionnement
avant qu'il puisse être acheminé à un recycleur. Deuxièmement, le Québec serait
gagnant s'il aidait ces conditionneurs à se moderniser. Troisièmement, le verre
collecté par des systèmes de consigne ou de dépôt volontaire est d'une qualité
supérieure. Quatrièmement, des centres de tri constituent déjà un filet de
sécurité pour les contenants consignés et doivent être modernisés afin de
produire un verre de meilleure qualité. Cinquièmement, le verre, issu de
certains de centre de tri n'est pas acheminé aux conditionneurs en raison d'un
coût de conditionnement plus élevé que celui exigé comme matériau de recouvrement
dans des centres d'enfouissement. Et sixièmement, nos installations sont en
mesure de traiter tout le verre du Québec. J'insiste, nous, 2M Ressources, nous
conditionnons même le verre provenant des États-Unis.
Avant de terminer, nous proposons quatre
orientations pour faire un pas vers la saine gestion du verre que je réitère
est une matière qui est recyclable à l'infini. Premièrement, maintenir des
systèmes de consignation publics et privés; deuxièmement, collaborer à la
réalisation d'un premier de projet pilote de dépôt volontaire en région urbaine
afin d'évaluer son efficacité. Notre troisième recommandation est d'ajuster le
régime de compensation actuel pour encourager le conditionnement du verre et
décourager son utilisation comme recouvrement dans les sites d'enfouissement.
Et notre quatrième point est de créer un programme de modernisation dédié au
centre de conditionnement pour permettre d'augmenter la qualité du verre à
traiter et développer des débouchés à valeur ajoutée.
Mme la Présidente, Mmes, MM. les députés,
vous avez entendu un jeune dirigeant d'entreprise, mais, avant tout, un jeune
papa de deux enfants, qui a la chance de travailler au sein d'une entreprise
familiale qui prépare un Québec de demain plus vert. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Merci beaucoup. Alors, nous allons procéder à la période des échanges.
Nous passons à la partie gouvernementale. M. le député de Bourget.
• (15 h 40) •
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Quand on parle du fait que les conditionneurs n'ont pas été
suffisamment financés, soutenus, à quoi vous vous attendez? Avez-vous quelque
chose à proposer plus précisément...
M. Campeau : ...Merci, Mme la
Présidente. Quand on parle du fait que les conditionneurs n'ont pas été suffisamment
financés ou soutenus, à quoi vous vous attendez? Avez-vous quelque chose à
proposer plus précisément? Qu'est ce que vous verriez qui solutionnerait le
problème?
M. Rousseau (David) : Bien, actuellement,
en fait, nous, depuis les 20 dernières années, on a été... ce n'est pas vrai
qu'on n'a reçu aucune subvention, on a reçu une subvention à la hauteur de 450 000 $
en 2016 pour une nouvelle ligne de traitement provenant de la collecte sélective.
Cependant, une ligne pour traiter le verre de la collecte sélective, c'est bien
au-delà de 450 000 $, on parle aux alentours de 10 millions de
dollars pour mettre une ligne en place pour être en mesure de traiter tout le
verre provenant du Québec. Ça fait des années que, nous, on demande que le
système de compensation actuel soit réajusté, parce qu'actuellement ce n'est
pas tout le système qui est compensé. Ça s'arrête aux centres de tri et tous
les conditionneurs, que ce soit autant pour les plastiques, les papiers, ne
sont pas compensés actuellement.
M. Campeau : Vous voulez dire
qu'à part ce montant de 450 000 $, vous voudriez avoir un montant
continuel.
M. Rousseau (David) :
Exactement.
M. Campeau : Selon le volume,
le poids ou...
M. Rousseau (David) :
Exactement.
M. Campeau : O.K., je
comprends. Quand Éco Entreprises Québec parle d'un taux de pureté de 97 %,
vous en dites quoi?
M. Rousseau (David) : Bien,
en fait...
M. Campeau : Avez-vous...
votre expérience là-dessus.
M. Rousseau (David) : Nous,
en fait, c'est leurs résultats à eux. Ils peuvent le témoigner de la façon
qu'ils le peuvent. Nous, de notre côté, par contre, quand on les reçoit, comme
on a mentionné dans notre mémoire, même après les projets pilotes, on reçoit
encore des contaminations, parce qu'eux, ce qui est important, c'est que la
céramique, la porcelaine, tous les infusibles, si on veut, n'ont pas fait
partie du taux de contamination. Mais, pour nous, dans nos marchés de refonte,
c'est un énorme contaminant, même si le plus gros contaminant qu'on peut
retrouver, et c'est la raison pour laquelle on a besoin des lecteurs optiques
qui coûtent excessivement cher pour être en mesure de traiter le verre de la
collecte sélective.
M. Campeau : J'imagine que
même les lecteurs optiques bien dispendieux n'iront pas chercher quelque chose
de minuscule non plus.
M. Rousseau (David) : Ça
arrête à 7mm. C'est un petit peu technique, là, mais tout en dessous de 7mm, on
n'est pas en mesure de le capter avec des lecteurs optiques actuellement.
M. Campeau : O.K. Merci
beaucoup.
M. Rousseau (David) : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil, je sais que vous avez beaucoup de questions.
Mme Grondin : Je voudrais
d'abord vous remercier, là. Vous avez fait un... déposé un mémoire super
intéressant, là, notamment pour quelqu'un comme moi, qui ne connaissais moins
toute la partie conditionnement. Félicitations.
Justement, j'aimerais ça que vous
m'expliquiez... Dans le fond, vous traitez le verre issu des consignes, vous le
triez par couleur et ce verre-là est destiné à ce qu'on appelle du recyclage.
C'est bien ce que je comprends?
M. Rousseau (David) : Exact.
Mme Grondin : Vous traitez
également du verre issu de la collecte sélective ou pas?
M. Rousseau (David) : Oui, on
en traite actuellement.
Mme Grondin : Et c'est ce
qu'on appelle le verre mixte.
M. Rousseau (David) : Le
verre... nous, dans nos termes, de collecte sélective, qui provient de la
collecte sélective.
Mme Grondin : O.K. Du point de
vue des investissements, du point de vue des clients, si on prend le verre issu
de la consigne, d'une part, il est trié par couleur. De ce que j'entends, il
est plus pur, donc plus facilement accepté. Qui sont vos clients?
M. Rousseau (David) : Bien...
Mme Grondin : Qui achète ce
verre-là, qui est plus pur et qui est trié par couleur?
M. Rousseau (David) : Dans
les deux cas, nous, autant du verre provenant de la collecte sélective ou du
verre provenant de la consignation, on est en mesure de le traiter et de le
conditionner pour les marchés de la refonte. Donc, quand on parle des marchés
de la refonte, c'est soit refaire une bouteille neuve ou de la laine minérale
en soi.
Pour revenir à votre question, ce n'est
pas nécessairement la façon de collecte qui est importante. C'est la qualité du
verre et nous, c'est la ristourne qu'on va associer à la qualité du verre.
Donc, si on reçoit du verre provenant de la collecte sélective, la ristourne
qu'on va remettre va être probablement négative, étant donné la qualité du
verre. Donc, on va charger nos fournisseurs, qui sont les centres de tri, pour
qu'ils soient en mesure d'envoyer le verre à notre centre de conditionnement,
tandis que via la consigne, étant donné que le verre est plus pur et de
meilleure qualité, on va donner une ristourne positive ens oi pour qu'ils nous
acheminent le verre et pour encourager d'autant plus le système, étant donné
qu'il doit relativement coûter plus cher, via le système de transport. Donc, on
doit financer ça en donnant une ristourne positive et, d'autant plus, nous, ça
nous aide dans notre traitement.
Mme Grondin : Quand on regarde
dans les différents débouchés du verre, il y a la refonte pour refaire une
bouteille. On ne parlera pas du lavage, là, on a eu un autre intervenant qui
nous a parlé de ça, du réemploi. Il y a donc...
M. Rousseau (David) :
...ristourne positive et d'autant plus, nous, ça nous aide dans notre
traitement.
Mme Grondin : Quand on
regarde dans les différents débouchés du verre, il y a la refonte pour refaire
des bouteilles. Bon, on ne parlera pas du lavage, là, on a eu un autre intervenant
qui nous a parlé de ça, du réemploi. Il y a donc refaire des bouteilles. Ça,
c'est le verre... actuellement, c'est du verre vert, c'est du verre brun, c'est
du verre clair. Est-ce qu'un grand pourcentage du verre que vous conditionnez
va à la refonte?
M. Rousseau (David) :
Bien, pour revenir à la question, 100 % de notre verre va pour la refonte.
Donc, il y a deux acheteurs au niveau de la refonte, la bouteille, pour ce qui
est de la bouteille claire et la bouteille ambrée. Donc, la bouteille brune, la
bouteille des grands brasseurs, elle va être être recyclée et elle pourra faire
une nouvelle bouteille à Montréal, donc sur le territoire québécois. Pour ce
qui est de la bouteille verte actuellement, on est en mesure de le vendre du
côté un petit peu plus lucratif, donc c'est la raison pour laquelle qu'on
l'envoie du côté américain pour la laine minérale.
Mme Grondin : O.K. Donc,
le verre vert, la bouteille de la SAQ s'en va faire pour être de la laine
minérale. C'est bien ce que je comprends?
M. Rousseau (David) :
Entre autres, la bouteille de la SAQ.
Mme Grondin : Et est-ce
que c'est plus payant de faire pour vous? Sans connaître les chiffres, mais
qu'est-ce qui est plus intéressant, pour vous, c'est de refaire du verre, une
bouteille ou de l'envoyer comme laine minérale, en termes de...
M. Rousseau (David) :
Mais, actuellement, pour les couleurs, ça dépend des couleurs. Comme je le
mentionnais, la couleur ambrée et la couleur claire, c'est plus économique pour
nous de l'envoyer pour la refonte pour en faire une bouteille neuve localement.
Et la bouteille verte, dont un exemple, la bouteille Heineken, la bouteille
Corona... excusez, pas la bouteille Corona, mais la bouteille de vin, c'est
plus économique de l'envoyer vers la refonte pour la laine minérale.
Mme Grondin : O.K.
Parfait. Pour le moment, j'ai...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Il y a Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice
qui a demandé la parole, puis, après ça, M. le député de Beauharnois.
Mme Tardif : Vous
indiquez à plusieurs endroits, là, dans votre... en tout cas, de ce que j'en
comprends, dans votre rapport, et avec verve et émotion que beaucoup de
matériaux de verre se retrouvent indument dans les sites d'enfouissement comme
matériel de recouvrement. Et ce que j'en comprends de votre interprétation,
c'est que c'est une grande perte. Et je déduis aussi, par vos écrits, que c'est
en raison des coûts plus élevés qui sont demandés par les conditionneurs de
verre. Quelle est la proportion du verre qui est récupéré et qui est envoyé aux
sites d'enfouissement comme matériau de recouvrement? Quels sont les coûts en
fait qui sont demandés chez vous par rapport à un site d'enfouissement qui
feraient que ça ferait changer la donne pour choisir d'envoyer ça chez vous
plutôt que dans un site d'enfouissement.
M. Rousseau (David) : En
fait, chaque site d'enfouissement actuellement pour le verre, c'est une des problématiques
qui ne sont pas régies par un frais environnemental qu'on appelle donc une redevance
environnementale. Donc, le site d'enfouissement peut décider du prix d'entrée
de sa matière, le verre, sur son... dans son centre. Donc, ça, ce n'est pas
égal partout au Québec actuellement, donc je ne pourrai pas nécessairement
répondre en profondeur. Ce que je peux vous dire, nous, c'est que, lorsqu'on
reçoit le verre à notre usine, il est caractérisé. On regarde la qualité du
verre. Puis, par la suite, tout dépendamment de la qualité qu'on reçoit, bien,
si c'est un verre propre, nous allons payer. Si c'est un verre provenant de la
collecte sélective, actuellement nous chargeons entre 15 $ et 20 $ la
tonne pour recevoir ce verre-là, donc autant canadiens qu'américains parce
qu'on est en mesure de prendre aussi la collecte sélective des États-Unis.
Donc, si on regarde certains centres d'enfouissement qui chargent, dans le
Grand Montréal, aux alentours de 18 $ la tonne, transport inclus,
nous, dans le fond, on charge aux alentours de 15 $ à 25 $ plus le
transport, donc il y a peut-être un différentiel de 10 $ à 15 $ la
tonne actuellement, là, pour certains centres de tri.
Mme Tardif : Puis, pour
terminer, pour laisser la chance à d'autres de poser des questions, quel est le
pourcentage de verre que vous recevez qui provient du Québec? En avez-vous
d'ailleurs ou ça provient juste de la province de Québec?
M. Rousseau (David) :
Juste pour approfondir votre question, provenant de tous les systèmes
actuellement?
Mme Tardif : Oui.
M. Rousseau (David) :
Actuellement, on traite environ 50 000 tonnes de verre provenant du
Québec via les différents systèmes, soit de dépôt volontaire, consignation,
collecte sélective.
Mme Tardif : En le verre
que vous recevez revient uniquement... vient, provient uniquement du Québec ou
non?
M. Rousseau (David) :
Non.
Mme Tardif : C'est ça, ma
question.
M. Rousseau (David) :
Non, non. En fait, c'est pratiquement 50-50 provenant des États-Unis et du
Québec.
Mme Tardif : O.K. Et vous
en retournez quel pourcentage?
M. Rousseau (David) :
C'est à peu près... je vous dirais, c'est à peu près 60-40 actuellement, là,
60 % au Québec, 40 $ à l'extérieur du Québec, oui.
• (15 h 50) •
Mme Tardif : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Beauharnois...
Mme Tardif : ...uniquement du Québec
ou non...
M. Rousseau (David) : Non.
Mme Tardif : ...c'est ça ma
question.
M. Rousseau (David) : Non,
non. En fait, c'est pratiquement 50-50 provenant des États-Unis et du Québec.
Mme Tardif : Et vous en
retournez quel pourcentage au Québec?
M. Rousseau (David) : C'est à
peu près...je vous dirais, c'est à peu près 60-40 actuellement, là, 60 %
au Québec, 40 % à l'extérieur du Québec.
Mme Tardif : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Beauharnois.
M.
Reid
: Je
vais vous ramener sur le verre vert. Vous mentionniez tout à l'heure à ma
collègue ici que vous exportez... en fait, vous vendez aux États-Unis le verre,
des bouteilles de vin. C'est bien ça que vous avez mentionné parce que c'est
plus payant?
M. Rousseau (David) : Oui,
exact.
M.
Reid
: Quels
sont les... est-ce qu'il y a des débouchés autres que la laine minérale? Est-ce
que ça, ça pourrait revenir au Québec? Est-ce qu'on peut réutiliser ce verre-là
pour d'autre chose? Est-ce qu'on peut le refondre ou...
M. Rousseau (David) : Bien,
actuellement, au Québec, il n'y a aucune fonderie qui est en mesure de faire la
bouteille verte avec du verre vert.
M.
Reid
: Mais
c'est possible de le faire.
M. Rousseau (David) : Il n'y
a aucune entreprise qui est en mesure de le faire au Québec. Donc, c'est une
des raisons pourquoi nous devons exporter le verre plutôt que de le recycler au
Québec actuellement.
M.
Reid
: Est-ce
qu'il y a des solutions qui ont été regardées, étudiées, selon votre
connaissance, au cours des dernières années, connaissances de ça? Est-ce qu'il
y a des études ou des choses qui ont été mises en place, des projets pilotes
pour essayer de faire quelque chose avec le verre vert?
M. Rousseau (David) : Oui, on
travaille fort aussi, depuis les dernières années, avec O-I, Owens-Illinois à
Montréal, pour qu'ils soient en mesure de recycler 100 % du verre vert
qu'on conditionne à notre usine. C'est des discussions qu'on a rapprochées,
très, très, très rapprochées à tous les mois pratiquement, là, pour essayer de
l'incorporer au maximum dans leur production actuelle. On a même fait des
essais, dans les derniers mois, dernières années, d'incorporer un pourcentage
de verre vert dans la bouteille. Mais, actuellement, pour nous, tu sais, on
s'entend, une entreprise, c'est une question économique aussi, à un certain
moment donné, c'est plus lucratif pour nous d'envoyer le verre vert à
l'exportation plutôt que de l'envoyer localement actuellement.
M.
Reid
: Donc,
au Québec, actuellement, il n'y a rien qui se fait, mais de refondre du verre
vert, ça se fait ailleurs, c'est possible.
M. Rousseau (David) : Ça se
fait ailleurs, oui, effectivement. Ça se fait même au Canada, là. À Brampton en
Ontario, ils sont en mesure... c'est une usine O-I aussi, ils sont en mesure de
faire la bouteille verre avec du verre vert.
M.
Reid
: Du
verre vert.
M. Rousseau (David) : Exact.
M.
Reid
: Puis
est-ce que vous vendez du verre vert à Brampton, Ontario?
M. Rousseau (David) : Pas
actuellement.
M.
Reid
:
Entièrement aux États-Unis.
M. Rousseau (David) :
Entièrement aux États-Unis.
M.
Reid
: Quel
pourcentage que vous avez de ce que vous recevez en verre? Quel pourcentage
retourne dans les sites d'enfouissement? Est-ce que vous avez une idée
là-dessus, ou c'est traité à 100 % chez vous?
M. Rousseau (David) : Quand
le verre nous est acheminé, il n'y aucun pourcentage de verre qui n'en ressort
pour le centre d'enfouissement, là, 100 % du verre qu'on reçoit à notre
usine, c'est pour être conditionné et recyclé, donc...
M.
Reid
: Il a
été traité avant.
M. Rousseau (David) : Mais il
est conditionné à notre usine.
M.
Reid
: C'est
ça. O.K. Moi, ça va. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, il n'y a pas d'autre question de ce côté? M. le député de Bourget?
M. Campeau : Ça va.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Non. Alors, nous allons passer du côté de l'opposition officielle. M. le député
de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Première chose, félicitations, vous avez beaucoup de fierté dans
votre entreprise, entreprise familiale. J'imagine que... de commencer une
entreprise comme ça, c'est beaucoup de travail et c'est très important pour
vous. Alors, félicitations à votre succès, mais, je comprends, des défis qui
existent toujours.
Alors, je veux juste laisser un petit peu
plus de temps à vous d'expliquer l'importance de votre entreprise. Est-ce que
vous avez d'autres choses à ajouter, des bons exemples des bonnes pratiques que
vous partagez avec nous?
M. Rousseau (David) : En
fait, nous, 2M Ressoures, ça fait 20 ans qu'on est en opération, puis ce qui
est le fun, c'est mon père, je suis son garçon...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Rousseau (David) : Ce
n'est pas ma soeur.
M. Kelley
: O.K. Non.
M. Rousseau (David) : Mais il
y a aussi d'autres membres de la famille qui travaillent avec nous, puis on est
en constante évolution dans toutes les façons de faire ou dans tous les
procédés pour trouver une façon d'amener une valeur ajoutée au verre du Québec
en soi. Puis on est super-ravis, en fait, de pouvoir témoigner à cette commission
étant donné qu'enfin on va peut-être être capable de changer quelque chose dans
le système qui date de plusieurs anées, on ne se le cachera pas. Puis il n'y a
pas eu nécessairement de modernisation, dans les dernières années, qui a été
faite, vraiment, qui a changé la donne au Québec, avec une ampleur, que nous
pouvons dire qu'il y a eu une réussite.
Je crois qu'aujourd'hui, avec tous les
gens qui ont passé en commission depuis les dernières journées, on va être en
mesure peut-être de créer quelque chose tous ensemble pour faire avancer les
débouchés pour le verre et peut-être d'apporter une valeur ajoutée à ce fameux
verre québécois là, qui, actuellement, n'est pas nécessairement très, très,
très beau au sein des médias nécessairement. Mais, pour revenir à notre
entreprise, c'est d'autant plus de continuer à évoluer puis de travailler très
fort pour...
M. Rousseau (David) : ...qu'actuellement
il n'est pas nécessairement très, très, très beau au sein des médias, nécessairement.
Mais pour revenir à notre entreprise,
c'est d'autant plus de continuer à évoluer puis de travailler très fort pour
apporter le soutien au système actuel, soit de la collecte sélective, des
dépôts volontaires, qui va prendre place et que nous appuyons grandement, actuellement.
Donc, c'est de ne pas fermer les portes à tous les systèmes qui peuvent nous
être proposés, mais plutôt d'ouvrir les bras comme un grand frère qui accueille
son petit frère à l'école. Mais on continue d'arrache-pied à évoluer dans le
domaine, puis on en est très fiers.
M. Kelley
: Merci. Et
vous avez parlé de vos deux enfants, alors l'avenir, c'est très important pour
vous. Dans tout le système, peut-être pour votre entreprise, mais quand même
dans tout le système de tri, est-ce que vous avez des suggestions,
recommandations pour nous, concernant la réduction des GES dans le système,
présentement?
M. Rousseau (David) : Bien,
actuellement, concernant les GES, personnellement, je ne suis pas assez
technique pour voir où est-ce qu'elles pourraient être, les meilleures façons.
Cependant, ce qu'on sait, c'est qu'Owens-Illinois, c'est une entreprise qui
peut faire la donne sur les GES en utilisant de la matière recyclée plutôt que
de la matière première. Donc, si on est en mesure d'augmenter le taux de
recyclage dans les contenants de bière ou de vin, ou peu importe le contenant
qu'Owens-Illinois vont faire, bien, c'est d'autant plus un gain pour les GES,
là, de ce côté-là.
M. Kelley
: Si je
comprends bien, vous avez participé au projet pilote en Estrie, n'est-ce pas?
M. Rousseau (David) : Oui.
M. Kelley
: Est-ce que
vous avez des résultats du projet pilote? Était-ce un succès ou...
M. Rousseau (David) : Bien,
actuellement, 100 % du verre provenant des dépôts volontaires au Québec,
il est conditionné à notre usine et recyclé par la suite pour le marché de la
refonte. Donc, les résultats sont très positifs, on n'a aucune perte reliée à
ce nouvel approvisionnement là, donc on est très satisfaits et on appuie ce
nouveau mouvement là, étant donné que nous manquons de verre, nous,
actuellement, en tant que conditionneur au Québec, là.
M. Kelley
: Merci. Dans
votre mémoire, vous avez une recommandation pour un autre... de créer un autre
programme. J'essaie juste de trouver la page, je pense que c'est sur la page
n°6, une création d'un programme de modernisation des centres de
conditionnement. Est-ce que vous avez des autres éléments à ajouter sauf que juste
des points qui sont là? Est-ce que c'est important que c'est considéré, un
programme comme ça dans nos recommandations qu'on va faire ensemble ici au
ministère?
M. Rousseau (David) : Bien,
nous, en fait, nos quatre orientations qu'on propose, là, c'est de maintenir
des systèmes de consignation, et privés. C'est de collaborer à la réalisation
d'un premier projet pilote de dépôt volontaire que je mentionnais, que la
qualité est supérieure pratiquement à tous les systèmes actuellement en place.
Ajuster le régime de compensation pour moderniser les centres de
conditionnement de verre pour justement trouver des façons à apporter une
valeur ajoutée au verre, sachant très bien que le verre, actuellement, a un
prix qui peut être favorable à d'autres marchés aussi. Puis de créer un
programme de modernisation dédié aux centres de conditionnement pour permettre
d'augmenter la qualité du verre. Mais c'est aussi de créer un système de
modernisation dans certains centres de tri, je crois, en régions plus urbaines,
où est-ce qu'il y a la plus grande population et là où est-ce que le plus de
contenants aussi est consommé, là, sur le territoire québécois, là.
M. Kelley
: Parfait.
Merci. Et dans le même sens, vous avez parlé, dans le mémoire, de mettre en
place un projet pilote. Je sais que vous étiez présent toute la journée, puis
j'ai posé une couple de questions aux différents groupes concernant les projets
pilotes, mais encore... Juste répéter votre idée puis aussi l'importance du
gouvernement de continuer le travail sur certains projets pilotes, mais quand
même d'avancer sur la question «at large» aussi, qu'il faut aussi... pas juste
acheter du temps avec des projets pilotes, mais il y a des résultats concrets
pour la société.
• (16 heures) •
M. Rousseau (David) : Bien,
en fait, concernant les projets pilotes, actuellement, ce qui serait très le
fun à faire... actuellement, ils sont beaucoup plus dans les régions éloignées,
tous les projets qu'on a, de dépôt volontaire. Si on était en mesure de faire
une première implantation de dépôt volontaire en région urbaine, ça nous
donnerait une grande vision d'ensemble d'où est-ce qu'est la masse, autant de
population et de volume de contenants de verre. Donc ça serait... c'est à
partir de là qu'on pourrait plus trouver des solutions, si on doit apporter des
solutions, ou, si c'est comme en région plus éloignée, des résultats très
satisfaisants, actuellement, pour les conditionneurs et recycleurs...
16 h (version non révisée)
M. Rousseau (David) : ...d'où est-ce
qu'il est la masse, autant de population et de volume de contenants de verre.
Donc, ce serait... c'est à partir de là qu'on pourrait plus trouver des
solutions, si on doit apporter des solutions, où... si c'est comme en régions
plus éloignées, des résultats très satisfaisants actuellement pour les
conditionneurs et recycleurs.
M. Kelley
: Une autre
question. C'est sur le dépôt volontaire. Est-ce que vous pensez que, si on a un
système mixte, ça, c'est une bonne façon peut-être de mieux récupérer les
verres de vin et...
M. Rousseau (David) : En tout
cas, de notre côté, nous, on est autant en mesure de prendre le verre de tous
les systèmes en place, donc je ne pourrais pas débattre sur un système ou
l'autre. La seule chose que je peux dire, c'est qu'on donne des ristournes en
conséquence de la qualité de la matière qu'on reçoit.
M. Kelley
: Parfait.
Puis juste une dernière question. C'était sur... excusez-moi, je regarde mes
notes ici... Ah oui! La dernière présentation, on a parlé beaucoup sur une
révision, une présentation d'un autre projet de loi ou un encadrement plus
étoffé, le système de consigne, le système de recyclage, en général. Est-ce que
vous avez des commentaires là-dessus, sur le système... la législation qui est
en place présentement? Est-ce que vous souhaitez des changements? Je veux juste
entendre vos commentaires là-dessus.
M. Rousseau (David) : Pour
nous, du côté de... pour 2M Ressources, en fait, on est... peu importe le
système, pour ne pas me répéter, on est en mesure de le prendre, puis ce n'est
pas vraiment nous qui peut établir la façon de légiférer les systèmes. Encore
une fois, nous allons donner une ristourne en conséquence de la qualité du
verre qu'on va recevoir à notre centre.
M. Kelley
: Parfait.
C'est tout pour moi, Mme la Présidente. Je veux céder le reste de mon temps à
mes collègues de l'opposition officielle.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Ça me prend un consentement.
Des voix
:
Consentement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Consentement? Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
On va faire les calculs pour vous, là.
Mme Ghazal : Oui, c'est ça.
Merci beaucoup pour votre présentation, c'était vraiment très, très bien. Moi,
j'ai une question par rapport à l'annonce d'hier, qui a été faite hier matin
par Groupe Bellemare, qui dit qu'ils vont se procurer des équipements haute
technologie, là, des trieurs optiques pour trier la couleur. Mais au début de
votre présentation, vous avez dit que vous en aviez, des trieurs optiques.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer la différence, puis est-ce que vous
êtes... pourquoi vous n'êtes pas aussi dans ce projet-là?
M. Rousseau (David) : En
fait, nous aussi, on se posait la question. Mais on est aussi en mesure de
faire le même système. En fait, les trieurs optiques qu'ils vont probablement
se procurer, Bellemare, vont être les mêmes trieurs, lecteurs optiques que nous
avons actuellement. Donc, ce n'est pas rien de nouveau pour nous. Bien, ce
n'est pas rien de nouveau pour le Québec en soi. C'est déjà un marché que des
conditionneurs en place fournissent amplement actuellement. Donc, ce n'est pas
une nouvelle innovation pour nous, là. On n'est pas surpris de ça, là, du tout.
Mme Ghazal : O.K. Donc, très
bien. Bien, j'avais aussi une autre question par rapport au... Est-ce que... Parce
qu'on a entendu des gens... Il y a beaucoup de gens qui disent : Il
faudrait que ce soit complémentaire, le système de consigne, le système du...
Les deux, on a besoin des deux. Vous aussi, vous dites ça. Mais on entend des
gens dans l'industrie qui disent «c'est un ou l'autre, on ne peut pas
dédoubler», qui sont contre, dans le fond, la consigne au Québec. Est-ce que
vous sentez... Est-ce que c'est vraiment par souci de l'environnement que les
gens s'opposent à la consigne puis disent : C'est parce qu'on ne veut pas
dédoubler, puis ça fonctionne bien? Ou est-ce qu'il y a comme des... une
certaine tension, peut-être, ou des pressions qui sont faites dans... sur
certains dans l'industrie?
M. Rousseau (David) : Il y a
peut-être des pressions. Nous, on n'en fait pas partie, de ça. On est en mesure
de prendre les deux systèmes. Je crois que les deux systèmes sont
complémentaires aussi parce que... étant donné le fameux pot de cornichons. Si
on ne peut pas le retourner dans un point de dépôt, où est-ce qu'il va être...
une consigne va être remise, il va se retrouver probablement dans un bac de
recyclage. Je crois que c'est mieux de le retrouver dans le bac de recyclage
que de le retrouver à l'enfouissement.
Mme Ghazal : Mais vous avez
entendu, vous avez suivi la commission, comme nous, puis vous allez continuer à
la suivre. Vous avez entendu, où il y a vraiment des positions que... «écoutez,
ça ne marchera pas, il ne faut rien toucher, il faut le laisser tel quel».
C'est par souci environnemental, ou parce que c'est plus économique, ou il y a
autre chose?
M. Rousseau (David) : Ça doit
être par souci d'intérêt de certaines personnes. Pour notre part, on est en
mesure de prendre le verre autant de la collecte sélective, que les dépôts
volontaires, que de la consignation.
Mme Ghazal : Disons que vous
dites que les solutions existent.
M. Rousseau (David) : Les
solutions existent déjà. C'est de continuer à travailler tous ensemble pour...
Moi, je crois davantage... La première étape, c'est de trouver une façon de
détourner le verre de l'enfouissement. Si, déjà, on réussit à faire ça, bien,
ça va déjà être un énorme gain. Parce qu'il ne faut pas oublier que c'est
depuis une fermeture d'un conditionneur tel que 2M Ressources, en 2013,
Klareco, que le gouvernement a décidé de mettre... d'exonérer une taxe
environnementale sur le verre pour, justement, ne pas mettre certains centres
de tri en déficit, donc.
Mme Ghazal : C'est ça. Comme
si on voulait sauver les centres de tri, alors que l'objectif, c'est de
détourner le verre puis de le recycler.
Vous avez parlé, puis ça, vous le
mentionnez dans votre...
M. Rousseau (David) : ...en
2013, Klareco, que le gouvernement a décidé de mettre... d'exonérer une taxe
environnementale sur le verre pour justement ne pas mettre certains centres de
tri en déficit, donc...
Mme Ghazal : C'est ça, comme
si on voulait sauver les centres de tri, alors que l'objectif, c'est de
détourner le verre puis de le recycler.
Vous avez parlé, puis ça, vous le mentionnez
dans votre mémoire... dans la réglementation, le règlement sur la compensation,
on dit que le conditionnement aussi doit faire partie des coûts assumés par les
producteurs dans la loi sur... la LQE aussi. Mais comment ça se fait que vous
dites que vous dites que vous n'avez pas... il n'y a pas cet... vous ne recevez
pas cet argent-là du système de compensation, alors que c'est dans la loi?
Est-ce qu'on vous a oubliés ou on n'applique pas la loi?
M. Rousseau (David) : D'après
nous, ils nous ont oubliés.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Ghazal : Ça veut dire que
les autres conditionneurs le reçoivent?
M. Rousseau (David) : Je ne
crois pas, non, les autres conditionneurs ne le reçoivent pas.
Mme Ghazal : O.K. Donc, on
n'applique pas la loi.
M. Rousseau (David) : En
fait, on est les seuls aussi qui conditionnons le verre à cette ampleur-là, actuellement,
au Québec. Mais par contre c'est la raison pour laquelle on est ici aujourd'hui,
c'est justement pour regarder le système de compensation. Parce qu'il ne faut
pas oublier que le verre qui provient des centres de tri a une contamination, actuellement,
puis pour la raison...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous couper la parole, malheureusement, il faut qu'on passe au député
de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
merci, Mme la Présidente. Je veux d'abord saluer l'entrepreneuriat québécois et
la relève entrepreneuriale. On pense souvent à la première génération d'entrepreneurs,
mais la deuxième, la troisième génération qui prennent la relève d'entreprises
familiales a des défis particuliers, parfois, d'amener ça plus loin. Alors, je
veux vraiment saluer ça.
Le mot que je retiens de votre intervention
depuis le début, c'est celui que vous avez dit le plus souvent, c'est
«qualité». Je vois que vous travaillez vraiment sur la qualité, autant en amont
qu'en aval, par rapport à ce que vous vendez comme production. Je comprends
que, pour les autres contenants, à part les bouteilles, bon, le fameux pot de
cornichon, pot de confiture, etc., vous le traitez, mais c'est surtout via, ou,
voire même, exclusivement via les centres de tri, là. C'est ça? Et vous, vous
suggérez de continuer dans ce sens-là pour les pots... justement, ces
contenants.
M. Rousseau (David) : Bien,
en fait, s'il y a à y avoir une consigne sur les pots de cornichons, on va être
en mesure de le recevoir quand même, donc peu importe la façon qu'il va nous
être acheminé, s'il est d'une meilleure qualité, on va tout simplement donner
une ristourne en conséquence de la qualité qu'on va recevoir le verre.
M. Gaudreault : Tout à
l'heure, Mme Morawski nous a suggéré de mettre des taux de contenu recyclé dans
les contenants, là. Est-ce que vous trouvez que ça peut être une bonne idée,
également, dans les contenants de verre, là, pour le Québec? Est-ce qu'on
devrait aller vers ça au Québec?
M. Rousseau (David) : Pour
nous, ça ne changera absolument rien. C'est déjà comme ça, actuellement. Tu
peux peut-être en témoigner...
M. Marquis (Michel) : Je
m'excuse. C'est déjà comme ça. O-I ont la responsabilité de l'intégrer dans
leur fabrication, mais eux autres, leur avantage, c'est d'en avoir le plus
possible de haute qualité pour avoir moins de coûts par rapport aux gaz, par
rapport à tous les impacts, là, qui... Mais ça, c'est plus eux autres qui vont
vous expliquer...
M. Gaudreault : En amont, oui.
O.K.
M. Marquis (Michel) : ...leur
position.
M. Gaudreault : Je me
questionne sur le transport. Comment ça marche pour le transport et l'impact du
transport sur la rentabilité? Parce que vous êtes situés à
Saint-Jean-sur-Richelieu, quand même, vous vous approvisionnez un peu partout,
vous expédiez, également, alors quel est l'impact du transport?
M. Rousseau (David) : Bien,
en fait, le transport fait partie d'un tout. Donc, lorsqu'on reçoit la matière,
le transport est soit... tout dépendamment des ententes que nous avons avec nos
fournisseurs et clients, va être payé par l'entreprise qui va avoir cette
condition dans son contrat, là.
M. Gaudreault : O.K. Et vous
voyez... pour l'avenir, avec le dépôt, avec un projet pilote de dépôt
volontaire, comment ça marcherait pour le transport? Ce serait une collecte qui
se ferait dans les différents dépôts et qui pourrait s'acheminer dans des entreprises
semblables aux vôtres?
M. Rousseau (David) : Exact. Actuellement,
pour tous les centres de dépôt volontaire avec qui nous travaillons, c'est la municipalité
en soi qui assume le transport, et nous, nous donnons une ristourne positive, étant
donné que la qualité du verre est belle, sur la matière. Donc, ça couvre actuellement
pratiquement... bien, en fait, à certains endroits, le coût de transport, plus,
il en reste à la fin, là, un coup que le verre nous est acheminé, là.
M. Gaudreault : O.K.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Ceci met fin à votre intervention. Merci beaucoup d'avoir été parmi nous aujourd'hui.
M. Rousseau (David) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons prendre une courte pause et nous allons accueillir nos
prochains participants.
(Suspension de la séance à 16 h 10)
(Reprise à 16 h 13)
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, nous allons reprendre nos travaux. Tout
d'abord, je veux vous dire que nous aurons la traduction simultanée pendant
cette période. C'est une demande qui a été faite officiellement par nos
invités, une demande qui a été acceptée par le comité directeur. Donc, il y
aura la traduction simultanée.
Mme la députée de Mercier, vous avez aussi
une déclaration à faire avant que nous commencions les travaux.
Mme Ghazal : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Donc, comme je l'ai annoncé il y a plusieurs semaines, je
vais suivre la recommandation de la Commissaire à l'éthique
et, pour éviter tout conflit ou toute apparence de conflit d'intérêts, donc, je
vais me retirer pour la prochaine intervention puis je vais revenir après.
Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci beaucoup. Donc, bienvenue à cette commission.
Je vous invite à vous présenter et ensuite prendre la parole. Vous avez
10 minutes pour faire votre présentation, ensuite il y aura un échange
avec nos députés, donc.
Welcome to this commission. You have the floor.
M. Carrier (François) :
Eh bien, bonjour à tous. Je me nomme François Carrier, je me trouve à être
directeur de l'usine de O-I à Montréal depuis les sept dernières années. À mes
côtés, deux personnes travaillant au siège social d'Owens-Illinois à Perrysburgh
en Ohio, M. Ryan Modelin, vice-président des affaires gouvernementales de
l'Amérique du Nord et M. Jim Nordmeyer, vice-président du développement
durable au niveau mondial.
Vous savez, O-I a une riche histoire de
fabrication de verre dans la province de Québec. Notre histoire débute en 1905 lorsque
le site de Montréal a été construit par Canadian Glass Manufacturing Limited.
Le site fonctionne de façon continue depuis 114 ans, crée des emplois de
qualité pour plus de...
M. Carrier (François) :
...durable au niveau mondial. Vous savez, O-I a une riche histoire de
fabrication de verre dans la province de Québec. Notre histoire débute en 1905,
lorsque le site de Montréal a été construit par Canadian Glass Manufacturing
Ltd. Le site fonctionne de façon continue depuis 114 ans, crée des emplois de
qualité pour plus de 400 personnes en fabriquant 450 tonnes par jour
d'emballages en verre pour l'industrie des aliments et des boissons au Québec
et aussi en Amérique du Nord. O-I investit plus de 36 millions de dollars
annuellement en salaires et avantages sociaux pour l'ensemble des employés de
l'usine de Montréal, en plus d'injecter 20 millions de dollars par année
dans les biens et services auprès de la communauté locale. L'usine de Montréal
fabrique plus de 1,5 million de contenants de verre par jour, ce qui
représente 450 tonnes, comme je viens de le mentionner, quotidiennement, pour
divers clients spécialisés dans la production de boissons et d'aliments,
notamment Moslon Coors, Diageo, entre autres, Crown Royal, Labatt, les eaux
Eska, Sleeman, PepsiCo, Kraft, Pernod Ricard, Jim Beam et de nombreux autres
clients.
Le verre possède une qualité intrinsèque
qui en fait un produit d'emballage et de remplissage multiple de grande valeur
pour les aliments et boissons. Le verre est sûr, pur, naturel, polyvalent et
parfaitement réutilisable s'il est recyclé convenablement.
Pour l'année 2018, à Montréal seulement,
O-I Canada a utilisé plus de 70 000 tonnes de calcin, le terme qu'on
utilise pour caractériser le verre recyclé. Il nous importe de souligner que le
recyclage du verre offre des avantages environnementaux considérables et
mesurables, et seulement pour l'usine de Montréal, chaque augmentation de
10 % de la quantité de verre recyclé utilisé dans notre processus de
fabrication entraîne une réduction de 2 % à 3 % de consommation
énergétique de l'usine et d'entre 4 % et 10 % de réduction des
émissions de gaz à effet de serre. À l'heure actuelle, l'usine de Montréal
utilise entre 33 % et 54 % de verre recyclé, selon le produit
fabriqué. Nous estimons toutefois qu'il serait possible de hausser cette
utilisation à plus de 80 % de notre matière première, du moins en prenant
exemple de la proportion de verre recyclé utilisée dans les usines soeurs de
l'entreprise situées en Europe.
Le recyclage du verre au Québec n'est pas
seulement requis à des fins environnementales, il l'est également pour des
impératifs d'affaires. En effet, les entreprises que nous desservons exigent
désormais que leurs produits soient recyclés ou qu'ils contiennent davantage de
verre recyclé. C'est notamment le cas pour les clients importants de l'usine de
Montréal, en occurrence Diageo et Moslon Coors. Le défaut de répondre à de
telles exigences risque de mettre en cause nos partenariats d'affaires avec
certains d'entre eux. Même si notre usine de Montréal souhaite ardemment
hausser son approvisionnement en matières recyclées, O-I Canada ne reçoit à
l'heure actuelle aucun verre du système de collecte sélective effectuée par le
biais des bacs bleus. Notre approvisionnement s'effectue plutôt auprès du
système québécois de consigne des bouteilles de bière ou encore des provinces
de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick, où il y a un système de consigne qui a
été instauré pour tous les types de contenants de verre.
Le programme de consigne du Québec, auquel
O-i Canada participe, connaît d'ailleurs un grand succès. Nous sommes en mesure
d'utiliser tous les produits de verre provenant de la consigne de bière, ce qui
démontre l'utilité d'un système efficace de recyclage. Notre collaborateur, 2M
Ressources, situé à Saint-Jean-sur-Richelieu, est un atout important et agit
comme conditionneur du verre ainsi récupéré. Compte tenu de ce qui précède, il
est impératif que des solutions concrètes soient trouvées, ce à quoi nous
aspirons avec nos partenaires, incluant le gouvernement du Québec.
Le verre est le partenaire idéal dans
l'économie circulaire. Recycler le verre réduit le besoin en matières premières
vierge, soit le sable, le calcaire et le bicarbonate de soude. Aussi, les
emballages de verre peuvent être utilisés 25 à 30 fois avant d'être retirés de
la boucle. De plus, les emballages de verre sont renouvelables à l'infini, et
le verre peut être fabriqué avec des sources d'énergie renouvelable. Le verre
incarne les principes de l'économie circulaire, et l'usine d'O-I à Montréal est
bien placée pour jouer un rôle-clé dans l'économie circulaire au Québec et dans
l'ensemble du Canada en tant que principal débouché pour le verre collecté par
le biais du système de consigne et aussi du système de collecte sélective. Les
nouveaux contenants de verre peuvent avoir jusqu'à 90 % de matière
recyclée lorsque c'est disponible. La disponibilité actuelle sur le marché
québécois permet un contenu de recyclage global d'environ 34 %. La moyenne
est pondérée parmi le verre clair et ambré.
• (16 h 20) •
Dans les circonstances actuelles, l'usine
de Montréal n'a d'autre choix que d'acheter du verre recyclé à partir du
système de consigne de d'autres provinces canadiennes, notamment le
Nouveau-Brunswick, et en Ontario. À titre d'exemple, au cours de l'année 2018,
nous avons dû investir plus de 1 650 000 $ pour l'achat de
matières recyclées provenant de la consigne auprès de ces deux provinces, une
somme que nous aurions volontiers investie au Québec s'il avait été possible de
le faire...
M. Carrier (François) :
...notamment le Nouveau-Brunswick et en Ontario. À titre d'exemple, au cours de
l'année 2018, nous avons dû investir plus 1,65 million de dollars
pour l'achat de matière recyclée provenant de la consigne auprès de ces deux
provinces. Une somme que nous aurions volontiers investie au Québec s'il en
avait été possible de le faire.
Depuis plusieurs années, O-I travaille
avec EEQ, RECYC-QUÉBEC, la SAQ, et aussi Groupe Bellemare afin de développer
une solution complète pour la récupération du verre à partir du système actuel
de la collecte sélective au Québec. Pour que cette solution fonctionne de
manière économique, une garantie pour l'approvisionnement est nécessaire en
verre trié par l'entremise des centres de tri, et à cette fin nous croyons que
le gouvernement du Québec doit maintenant et sérieusement mettre fin à
l'enfouissement du verre pour servir de matériau de recouvrement.
Si le ministre de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques annonçait qu'il choisissait de mettre
fin à cette pratique, ainsi que soutenir pleinement le recyclage du verre, O-I
s'engage à collaborer avec EEQ, avec Groupe Bellemare pour finaliser l'accord
de principe pour ainsi... de fait que les matériaux supplémentaires estimés
seraient disponibles pour l'exploitation.
De plus, le potentiel de réduction des
émissions de gaz à effet de serre serait près de 10 000 tonnes par
année tout au long du cycle de vie du verre. En outre, l'augmentation du
contenu de recyclage permettra à l'usine de Montréal de répondre aux besoins
des clients ayant des objectifs similaires tels que Diageo, Molson Coors,
Pernod Ricard et ceux que j'ai nommés tantôt. En bref, plusieurs scénarios
peuvent être envisagés pour faciliter le traitement du verre recyclé et
permettre qu'il soit utilisé dans un produit à valeur ajoutée qu'est le
contenant de verre fabriqué à notre usine de Montréal.
En conclusion, O-I Canada est heureuse de
constater l'attention que suscite la question du recyclage du verre au Québec
et les enjeux liés à la situation actuelle. Nous sommes également
reconnaissants qu'une démarche comme celle-ci soit entreprise par votre
commission. Nous réitérons toutefois que des solutions concrètes doivent être
mises en place, et ce, rapidement. Une telle approche, nous en sommes
persuadés, permettra d'atteindre les objectifs gouvernementaux en matière de
protection de l'environnement tout en soutenant plusieurs acteurs économiques
québécois et en assurant le maintien d'emplois rémunérateurs. Nous vous
remercions.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci beaucoup, monsieur. Avant que nous
commencions les échanges, Mme la députée de Mercier a souhaité donner son temps
de questions à son collègue le député de Jonquière. J'ai besoin d'un
consentement de votre part.
Des voix
:
Consentement.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : D'accord. Merci. Alors, M. le député de
Bourget.
M. Campeau :Thank
you very much for your presentation first of all. If I understand well, if the
plan is clear, O-I can follow. What you need is a clear plan from the
Government, and whatever the plan will be, you can live with that.
M. Carrier (François) : Tout
à fait.
M. Campeau : Vous pouvez
me répondre en français si vous voulez.
M. Carrier (François) :
Voulez-vous que je reprenne en français?
M. Campeau : Ça ne me
dérange pas.
M. Carrier (François) :
Si la question s'adresse à...
M. Campeau : Je peux
faire la même chose aussi, là.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : On a la traduction.
M. Carrier (François) :
O.K. Nous, ce qu'on a besoin... je pense que, la première étape, c'est vraiment
de bannir l'enfouissement du verre dans le sol dans les sites d'enfouissement.
Ça, je pense que c'est la première étape.
Ce qu'on dit aussi, avec un plan, un plan
de récupération du verre, un plan qui est clairement défini, le verre qui est
généré au Québec pourrait être réutilisé à l'usine de Montréal.
M. Campeau : Le fait...
quand vous avez travaillé avec EEQ on parle d'un taux de 97 % de pureté.
Je me pose toujours la question : C'est; moyenne, minimum, en tout temps?
Bon. Est-ce que vous pouvez vivre avec ça? Est-ce que c'est un niveau
acceptable?
M. Carrier (François) :
Le taux de 97 % qu'EEQ mentionne, c'est qu'ils ont fait des expériences et
puis ils sont arrivés avec ce taux-là à une occasion, et puis c'est une
expérience qui a été avec les centres de tri. Nous, on ne peut pas vivre avec
des taux de 3 % de céramique ou d'autres matières. Ce qu'on veut, on ne
veut pas des déchets, on veut vraiment du verre. On veut que la pureté du verre
soit là, puis c'est pour ça qu'on entend souvent parler de la qualité du verre.
Ce qu'on veut à l'usine, c'est du verre. On ne veut pas d'autres choses. Mais
c'est sûr que, de temps en temps, il y a des bouts de papier, des bouts
d'étiquettes. On est prêts à vivre avec ça. On ne veut pas de céramique, on ne
veut pas de roches. Puis, dans le taux de 97 %, je ne me souviens pas
exactement du taux de roches puis de céramique, mais ça avait été mentionné par
EEQ, mais, nous, ce n'était pas utilisable à l'usine.
M. Campeau :So,
whenever we hear 97%, we should not be impressed to much. It depends what is
contained within that 3% that really matters.
M. Carrier
(François) : You want to answer?
M. Nordmeyer
(Jim) : That is correct. 97% is the total glass content of the mixed
colors for us to be most effective in recycling in our operations. We need to
have the colors sorted and the 3 % contaminants removed to insure high
quality containers manufactured for our customers.
M. Campeau : Quand on
parle de...
M. Nordmeyer (Jim) : ...glass
content of the mixed colors for us to be most effective in recycling in our
operations, we need to have the colors sorted and the 3 % content...
removed to insure high quality containers manufactured for our customers.
M. Campeau : Quand on parle de
standardisation des bouteilles par rapport... ça dépend qui sont vos clients à
ce moment-là, là, et vous avez évidemment des gros fournisseurs, c'est peut-être
différent. Quand vous arrivez avec des petits fournisseurs, c'est... comme on
dit en anglais, «it's different animal». Mais est-ce que vous voyez ça comme
une façon de vous aider au niveau rentabilité?
M. Carrier (François) : Au
niveau de nos clients?
M. Campeau : Oui.
M. Carrier (François) : O.K.,
parfait. Alors, la standardisation... On a un bon système ici au Canada, qui
est le système de bouteilles de bière brunes. C'est un système... c'est une
bouteille qui est solide, qui est réutilisable. On la réutilise, selon les statistiques,
jusqu'à 20 fois. La moyenne, c'est une douzaine de fois. Donc, la
bouteille s'en va sur... on la vend à Molson, Labatt, Sleeman, peu importe,
même des microbrasseries aussi. Ils vont la remplir, la laver, puis il y a un système
de boucle comme ça qui est très, très, très efficace. Quant à nous, c'est le
système le plus efficace qu'on peut retrouver. Je pense qu'il ne faudrait pas
le laisser tomber. Donc, la bouteille est solide, est faite en bon matériau
puis est réutilisable. Puis je pense qu'au niveau des GES, c'est ce qu'il y a
de plus rentable pour tous les partis.
M. Campeau : Ce que je
retiens le plus de votre présentation, c'est que c'est un chiffre fort
intéressant, que, que si on augmente de 10 % le verre recyclé, qu'on
diminue de plus de 10 % les gaz à effet de serre. Donc, quand on parlait
de tenir compte en particulier de l'effet sur les gaz à effet de serre, c'est
évidemment peut-être le chiffre le plus important qui retient mon attention.
M. Carrier (François) :
Pour répondre... vous donner d'autres détails aussi, les chiffres sont que,
chaque fois qu'on insère une tonne de calcin de verre recyclé dans nos
processus, on réduit les gaz à effet de serre de 350 kilogrammes. Ça vaut
la peine.
M. Campeau : En effet. O.K.
D'autres...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci.
Merci, messieurs. Deux questions, en fait, pour pouvoir laisser l'opportunité à
mes collègues d'en poser aussi.
Si j'ai bien compris, vous utilisez...
votre fonderie utilise le verre brun et le verre clair. Si on élargit la
consigne à l'ensemble des vins et spiritueux, c'est surtout du verre vert. Est-ce
que vous utilisez le verre vert pour faire d'autres bouteilles?
M. Carrier (François) : Actuellement...
en 2018, on a utilisé... en fait, du mois d'octobre 2017 jusqu'au 3 décembre
2018, on a utilisé jusqu'à 10 % de verre de couleur verte qui provenait de
la bouteille de Heinenken, Stella Artois et puis de Moosehead aussi dans nos
processus, puis ça fonctionnait très, très bien. On insérait le verre vert,
qu'on appelle verre émeraude, dans le processus du verre ambré, puis ça roulait
très, très bien. Pourquoi pas plus? Parce qu'on n'a pas été capables d'en avoir
plus non plus. C'est ce qu'on a... C'est la quantité qui était disponible.
Maintenant, au niveau de la bouteille de
vin, je ne veux pas vous faire un cours de science sur le verre, mais, dans la
bouteille de vin, principalement c'est du verre qu'on appelle «dead leaf» ou
feuille morte, et puis l'autre verre, c'est... what's the other one? It's the
leaf and...
Une voix
: Dead leaf
grain and antique grain.
M. Carrier (François) :
Puis le verre antique. Dans un processus, là où il y aurait un tri avec des
trieuses optiques, avec un système de convoyeur, bon, ces deux types de verre
là, habituellement, selon ce qui se passe en Europe, selon ce qui se passe
aussi États-Unis, ces deux verres là, ces deux couleurs-là sont réinsérées dans
le verre ambré, puis ça fonctionne très bien aussi. Ça fait que, oui, c'est
possible de passer les bouteilles de vin.
La bouteille de champagne, c'est un verre
UV, qu'ils appellent. À ce moment-là, c'est différent. Mais la bouteille de
champagne, ce n'est pas ça qui est très, très... ce n'est pas ça qui est en
majorité dans nos bacs ou dans un système de collecte non plus, c'est plus la
bouteille de vin, puis c'est réutilisable à l'usine.
Mme Grondin : Le pot de
cornichons. Vous me voyez venir! En fait, c'est du verre clair.
M. Carrier (François) :
Oui.
Mme Grondin : S'il était
consigné, est-ce que vous l'utiliseriez?
M. Carrier (François) :
Bien, pourquoi pas?
Mme Grondin : O.K.
M. Carrier (François) :
Tout à fait, tout à fait. On a besoin de verre clair autant que de verre ambré,
autant que les deux types de verre que je vous ai mentionnés tantôt. Pourquoi
ne pas utiliser le... Si le pot est consigné, aussi. Si on est capables de se
le procurer, c'est sûr, sûr, sûr que... on va favoriser un retour l'usine. On
en a besoin de plus de verre
• (16 h 30) •
Actuellement, on utilise une moyenne,
comme.... Actuellement, si on regarde aujourd'hui, si on prendrait le portrait
de l'usine, on est à 65 % de verre ambré... de verre recyclé dans le verre
ambré, 45 % dans le verre clair. Mais ces pourcentages-là vont changer
dépendant des saisons, dépendant de... si on est capables de s'approvisionner.
Puis, à un moment donné, dans le verre ambré, on peut descendre jusqu'à
10 %. Le verre clair...
16 h 30 (version non révisée)
M. Carrier (François) :
...comme actuellement, si on regarde aujourd'hui, si on prendrait le portrait
de l'usine, on est à 65 % de verre ambré, de verre recyclé dans le verre
ambré, 45 % dans le verre clair. Mais ces pourcentages-là vont changer
dépendant des saisons, dépendant si on est capable de s'approvisionner. Puis, à
un moment donné, dans le verre ambré, on peut descendre jusqu'à 10 %, le
verre clair, seulement 5 %. Ça fait qu'on utilise beaucoup, beaucoup de
matière neuve, parce qu'on n'est pas capable de s'approvisionner sur une base
constante tout au long de l'année. Puis, si vous me posez la question :
Pourquoi vous n'êtes pas capables d'augmenter votre verre recyclé, par exemple,
dans l'ambré, êtes-vous limités à 65 %, dans le verre clair, êtes-vous
limités à 45 %? La réponse, c'est : On ne le sait pas parce qu'on n'a
jamais été capables de s'approvisionner d'une quantité suffisante pour pouvoir
augmenter ce taux-là, puis je pense que ça vaudrait la peine.
Au niveau environnemental, ça vaut la
peine de modifier notre système pour qu'on puisse s'approvisionner et,
environnementalement parlant, diminuer les gaz à effet de serre puis, en même
temps... bien, parce que, si je regarde juste les coûts de la bouteille neuve
avec du verre recyclé versus sans verre recyclé, pour nous, c'est à peu près le
même coût. Là où on va sauver de l'argent, c'est au niveau du poids énergétique
pour produire nos bouteilles et puis au niveau... à la fin de l'année,
lorsqu'on calcule les tonnes d'émissions de gaz dans l'atmosphère puis on
achète les crédits carbone, c'est là qu'on sauve de l'argent.
Une voix
: Parfait.
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M. Tardif :
Merci, madame. Merci du dépôt. Et je vais vous dire, je suis encore estomaqué
de voir que nous sommes sous-approvisionnés en verre recyclé et qu'il faut
aller le chercher à l'extérieur. Effectivement, il y aura non seulement une
réflexion d'ensemble à faire avec des points et, comme on le mentionnait un peu
plus tôt, avec des objectifs qui sont clairement établis.
Ceci m'amène à vous parler que vous avez
mentionné d'avoir eu une discussion récemment avec différents organismes, dont
EEQ, pour voir un nouveau système de récupération au Québec. Est-ce que vous
pourriez en préciser un peu les teneurs de ce nouveau système là que vous
voyez?
M. Carrier (François) : Bien,
en fait, c'est que Groupe Bellemare.. vous faites référence à l'annonce, là,
d'hier?
M. Tardif :
Oui, mais on peut-u y aller plus précisément, là? Je comprends l'annonce d'hier
stratégiquement, puis la commission est là pour ça, le gouvernement a de la
place pour ça. On est bien heureux, maintenant on va aller un petit peu plus
loin dans notre réflexion du moins.
M. Carrier (François) : Ça
marche. O.K. Mais il n'y a pas aucune cachette. En fait, nous, on a besoin de
verre puis on le décrie, on le crie, on l'annonce dans le journal. Ça fait sept
ans, là, que je suis directeur d'usine à Montréal, puis ça fait sept ans qu'on
prêche le même message, puis on a toujours de la difficulté à avoir du verre.
Alors, il y a quelqu'un... nous, on est intéressés, que ce soit du verre de la
consigne, c'est ce qu'on a actuellement, c'est du verre qui provient de la
consigne, ça fonctionne très bien. Puis, si c'est possible d'avoir une autre
source comme, par exemple, des centres de tri, on va le prendre aussi. Si c'est
possible d'avoir du verre du dépôt volontaire, «let's go», on a besoin de
verre.
Ce que je veux vous dire, c'est qu'il y a
une compagnie qui lève sa main puis qui dit : Bien, nous autres, on serait
intéressés, puis ils ont un projet en main, on a regardé, avec nos
laboratoires, la configuration des équipements. Je n'ai pas leur plan
d'affaires, là, je n'ai pas tous les documents que ça me prend pour répondre
précisément... ou, dans le détail, à vos questions, je ne l'ai pas vu, mais, par
contre, ce que je peux vous dire, c'est qu'ils proposent un «setup», un
alignement d'équipement qui ferait en sorte que, oui, ça pourrait marcher.
Puis, nous autres, ce qu'on dit, bien, on s'engage, en tant que compagnie, à
acheter toute la quantité qu'ils ont estimée dans leur projet, puis ça va être
utilisé à l'usine de Montréal. Ça fait qu'on a pris l'engagement de trouver
leurs débouchés.
Depuis hier, on entend parler : Ah!
Il faut trouver des nouveaux marchés, il faut trouver des nouveaux marchés,
puis c'est correct qu'il y ait des nouveaux marchés, on ne veut pas couper
l'herbe sous le pied à personne. Mais ce qu'on dit, O-I, c'est qu'on a un beau
«channel», on a une belle opportunité de récupérer le verre puis d'y ajouter vraiment
une valeur en boucle avec une économie circulaire qui était superintéressante.
Puis on va supporter toutes les initiatives qui peuvent être proposées par la
compagnie et analysées et on va les supporter. Oui, on supporte ce projet-là,
au même titre que... ça aurait pu être 2M qui lève sa main : Puis on va
vous en donner plus de verre, puis ça va la même réponse, oui, on supporte le
fait qu'il y a plus de verre recyclé qui peut être acheminé à Montréal.
M. Tardif :O.K. En termes de pourcentage, vous l'avez peut-être mentionné,
là, j'ai compris le coût en argent que vous êtes allés chercher à l'extérieur, en
termes de pourcentage, pour vous, ça représente combien, 10 %, 15 %,
20 %, parce qu'on a donné un montant d'argent, approximativement?
M. Carrier (François) : Je
vous dirais, là, grosso modo, à peu près 30 %, 35 % qu'on est allés
chercher à l'extérieur de la province.
M. Tardif :
O.K. Et ça, dans le recyclage, on serait capable d'aller chercher, à partir
d'une proposition, d'aller chercher...
M. Tardif :
... parce qu'on a donné un montant d'argent.
M. Carrier (François) : Je
vais... Oui...
M. Tardif :Approximativement, là?
M. Carrier (François) : Je
vous dirais, là, grosso modo, là, à peu près 30 %, 35 %...
M. Tardif :
D'accord.
M. Carrier (François) :
...qu'on est allé chercher à l'extérieur de la province.
M. Tardif :
O.K. Et ça, dans le recyclage, on serait capable d'aller chercher... à partir
d'une proposition, d'aller chercher ce 30 %? On a assez de tonnes pour
pouvoir répondre positivement à ça?
M. Carrier (François) : Avec
tout le verre, bien oui. On génère 120 000 tonnes de verre à recycler ici
au Québec, 120 000 tonnes. L'année passée, on a utilisé, à l'usine de
Montréal, 70 000 tonnes. Ça fait que je pense que, oui, si on créerait, là
des canaux, là, pour réacheminer le verre... On n'a pas besoin de trouver des
nouveaux marchés, là, on... C'est une belle opportunité, ça, chez... oui. Puis
dans les matériaux de refonte, comme ça, bien, on refond le verre, c'est
recyclable à l'infini. On refait des bouteilles, qui vont être refondues plus
tard après usage des consommateurs. Je pense que c'est... la boucle, c'est
l'avenir. C'est ça qu'il faut penser. Il faut tenir ça en considération.
M. Tardif :
Alors, on parle encore d'économie verte?
M. Carrier (François) : Bien
oui, bien oui.
M. Tardif :
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Beauharnois.
M.
Reid
: Merci
beaucoup. Rapidement. Tout à l'heure, vous avez mentionné que certains nouveaux
clients exigent un minimum de verre recyclé dans la fabrication, notamment, des
bouteilles. Et ça, ça semblait poser un défi. C'est ce que j'ai interprété tout
à l'heure. Et, si ça, ça devenait... Par exemple, à la fois, le gouvernement
imposait... comme dans certains pays, imposait un minimum de verre recyclé dans
la fabrication d'une bouteille, comment... ou les... ou vos clients, comment
est-ce que vous réagissez à ça?
M. Carrier (François) : Bien,
je peux vous dire d'emblée que nos clients... Molson Coors y... parce qu'ils
ont demandé formellement à notre compagnie d'utiliser une plus grande portion
de verre recyclé ou le plus possible. Ça fait que c'est sûr qu'eux autres
accueilleraient ça d'une façon très, très, très favorable. Puis nous, bien, on
serait... on accueille ça aussi favorablement. Ça fait que je pense qu'il n'y a
pas aucun problème là-dessus. Le seul hic, que je vous dis, avant d'adopter une
loi comme ça, il faut être sûr qu'on est capable de s'approvisionner aussi. Il
faut être sûr que les canaux, là, de réapprovisionnement sont existants.
M.
Reid
: O.K.
Et tout à l'heure, il y avait 2M, le représentant de 2M qui était ici, puis
j'ai posé la question sur le verre vert, qui était vendu aux États-Unis. Il m'a
parlé de votre usine à Brampton, Ontario, qui est capable de concevoir des
bouteilles de vin, en fait, à partir de verre vert. Pourquoi ce n'est pas
possible ici? Est-ce que c'est une question de technologie? Est-ce que, même
s'il y avait une consigne sur les bouteilles de vin ici, vous pourriez
fabriquer, refondre des bouteilles?
M. Carrier (François) : À
Brampton, c'est facile. À l'usine à Brampton, ils font des bouteilles de vin,
ils font des bouteilles de champagne. Ça fait que c'est sûr qu'eux autres c'est
direct. On prend un camion de verre de couleur verte, juste du verre vert, on
l'envoie à Brampton, ils le passent tout de suite. Tandis que nous, ce qu'on
dit, tantôt, ce que j'essayais d'expliquer, c'est qu'il faudrait le trier aussi
par type de verre vert, par type de couleur. Puis à ce moment-là, il y a deux
types de verre, la bouteille de vin, vert antique puis vert feuille morte, qui
pourraient être insérés dans le verre ambré que l'usine de Montréal fabrique.
M.
Reid
: O.K.
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il ne reste que 20 secondes. Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice, un
petit commentaire.
Mme Tardif : Peut-être
vitement. Vous demandez au gouvernement qu'on vous établisse un plan clair.
Quels sont les éléments de ce plan clair?
M. Carrier (François) : Un
plan clair? Une phrase bien, bien simple. C'est défendu, ça devient criminel,
on bannit l'enfouissement du verre dans les sites d'enfouissement, dans les
sols. Puis je pense qu'on serait capable de récupérer ça, puis peut-être qu'on
serait une province autonome, qui serait capable de vivre avec une économie
circulaire, puis une boucle aussi parce que le verre, c'est recyclable à
l'infini.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Alors, nous allons passer du côté de l'opposition officielle. M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Je ne sais pas si... Vous avez des autres choses à ajouter à la
question de ma collègue ou c'est tout?
M. Carrier (François) : Ça
va, merci.
M. Kelley
: Bien, merci
beaucoup. Welcome here. I believe, from our discussion
yesterday, we have... From Washington and from Toledo, right, originally?
Une voix
:
Correct.
M. Kelley
:
So, welcome here, welcome here. I do have a... Just a first question I want to
start out with was a little bit more... Your companies work around the world
and... where it operates around the world... What are, in some cases, the best
examples that you guys have experienced where glass is recycled and it returns
to you in very high qualities? And I just ask this question because one example
is Maine, from what I understand, that Maine actually does a very exceptional
job of recuperating a lot of glass. And their system is based a lot of just the
good will of people going to the local city town hall to drop off glass and to
drop off beer bottles and cans. So, I just was wondering if you can maybe, from
your company's experience... because in your document here, you clearly have
operations across the world. So, perhaps you could just elaborate to us some
best practices in the world.
• (16 h 40) •
M. Nordmeyer
(Jim) : So, the European region, where we
operate, is, by far, our best practice...
M. Kelley
: ...so I just
was wondering if you could maybe, from your company's experience... because in
your document here, you clearly have operations across the world, so perhaps
you could just elaborate to us some best practices in the world.
M. Nordmeyer (Jim) : So the
European region, where we operate is by far our best practice region. So if we
take France as an example, we have facilities there that operate at 80%
recycled content all day, every day, 365 days a year. Why? Because France has a
deposit system, They also have selective collection at the curbside. So the
stream is very good going to a beneficiator, that then further cleans that,
sorts it, removes labels, color sorts it so that we can use it in a clear
furnace, a brown furnace, a green furnace.
So that system in Europe works very well
and I would say it works across the European member States. Italy might be an
exception. I mean, the glass that comes out of Italy is also very contaminated
and when I say «contaminated», 15% to 20% contamination. Again, additional
beneficiation needed to clean it to make it furnace ready and again, they clean
it by color-sorting it, removing organics, removing plastics, removing paper,
such that we make a high quality bottle for our customers.
M. Kelley
: Just out of
curiosity, cause you mention there brown, green clear, do they all burn at the
same rate or some need a higher temperature to be smelted down?
M. Nordmeyer (Jim) : No.
Glass basically melts at 1,300o C.
M. Kelley
: It has
nothing to do with the color of it, nothing changes.
M. Nordmeyer (Jim) : Now,
what happens... Yes, glass is glass. The basic composition of silica sand, soda,
ash and limestone is constant across those. The chemistry is slightly different
to get to that particular color and that's the only difference. So the
properties of the glass are the same, the heat transmission, the heat sink rate
is different but that's the only difference.
M. Kelley
: Et, M.
Carrier, vous avez mentionné la bouteille de Stella. Pourquoi est-ce que comme
10 %, c'est le maximum du verre vert qu'on peut utiliser dans une
bouteille brune, ou est-ce qu'il y a un autre montant?
M. Carrier (François) : Bien,
il y a sûrement un autre montant, mais...
M. Kelley
: Mais ça,
c'est le...
M. Carrier (François) : ...on
n'a pas été capables d'en avoir plus.
M. Kelley
: Ah! O.K.
M. Carrier (François) : Ça
fait que, donc, on s'est limités à 10 %, mais ça aurait peut-être été
possible puis je... je ne peux pas vous répondre, on ne l'a pas essayé. Mais
jusqu'à 10 %, il n'y a aucun problème. Puis là, on parle de vert émeraude,
hein?
M. Kelley
: Oui,
c'est... Oui. Et on revient un petit peu avec l'annonce de la technologie de
Bellemare, que je pense que plusieurs d'entre nous trouvent très, très
intéressante. Est-ce que la technologie de Bellemare va avoir... Pour ... du
verre de qualité, il y a trois conditionneurs au Québec, la technologie vaut
4 millions de dollars. Alors donc, techniquement, comme 12 millions
de dollars, on règlerait le problème, oui ou non? En général, la condition
du...
M. Nordmeyer (Jim) : In terms
of conditioning, what Groupe Bellemare is looking at is state-of-the-art
technology. Its technology that we ourselves use in... call it beneficiation
plants that we operate, one in the United States, one in Australia, joint
venture on, call it plants in Europe. So it's very similar technology. The
capacity they are installing can almost sort these... the 120,000 tons that are
being talked about in the curbside system.
M. Kelley
: And that
would includes also to solving somewhat that ceramic problem that we were
talking about, right? I mean...
M. Nordmeyer (Jim) : That is
correct. That is correct. I mean, the...
M. Kelley
: That is
correct and it would take that processing
M. Nordmeyer (Jim) : Yes.
M. Kelley
: So it is
something that is quite exciting and, again, just to be clear, is that type of
technology found anywhere else in North America right now or is that a proposition
that is pretty unique?
M. Nordmeyer (Jim) : No, it's
not a proposition that's unique. So the technology being used originates in
Austria. It's optical sorters that can detect non-glass materials and eject
those. Also can determine color and sort on color, so they're multifunction
machines. The majority of the processors in North America use similar
technology, some from the same suppliers, some from other suppliers. The base
technology in the machines are essentially the same.
M. Kelley
: We've
heard, in other presentations, that... and we spoke a bit of an... you know,
you guys asking fronm Quebec a clear action plan. Do you have any comments with
regards to significant changes to legislation here in Quebec for the entire
industry or do you feel that you're operating quite fine with how things are
right now?
M. Carrier (François) : En
fait, ce qu'on demande, tu sais, comme plan d'action, c'est, comme je
réitère... C'est très simple, c'est juste de bannir l'efouissement du verre
dans le sol puis je pense que le restant... Il y a de quoi qui va arriver dans
le marché. Il va falloir...
M. Kelley
: ...feel the
operating quite fine with how things are right now.
M. Carrier (François) : En
fait, ce qu'on demande, tu sais, comme plan d'action, c'est, comme je réitère,
c'est très simple, c'est juste de bannir l'enfouissement du verre dans le sol.
Puis je pense que le restant, il y a de quoi qui va arriver dans le marché, il
va falloir... si ça coûte énormément cher, s'il y a des amendes, peu importe,
des pénalités qui sont données aux gens qui enfouissent du verre dans le sol,
bien, il y a quelque chose qui va se créer qui va faire en sorte que le verre
va revenir à l'usine. Donc, ça peut être un système de dépôt volontaire, ça
peut être un système de collecte sélective, ça peut être un système aussi de
consigne. Je pense qu'on est capable de trouver quelque chose avec trois
items-là qui va faire en sorte que le verre revient à l'usine.
M. Kelley
: Dans le questionnement
de réglementation, le marché du carbone, est-ce que, pour vous autres... je ne
dis pas que c'était un défi, mais est-ce que vous avez adapté, est-ce que vous
avez essayé d'utiliser le Fonds vert pour améliorer des processus à votre usine
ici, au Québec?
M. Carrier (François) : En
fait, le processus, il a été optimisé à l'usine de Montréal. Puis d'ailleurs, il
y a des projets d'investissement qui continuent, comme par exemple de bâtir, de
refaire, de moderniser nos fournaises. Mais le fait demeure qu'on va sauver...
on va émettre moins de GES si on utilise un plus grand contenu de verre
recyclé, puis c'est pour ça qu'on veut... on a besoin d'aide là-dessus, parce
que c'est l'avenir, hein, il faut réduire le maximum de GES. Il faut produire
les quantités qu'on a à produire avec le minimum d'émissions de gaz à effet de
serre, puis c'est en utilisant du verre recyclé qu'on va réussir.
M. Kelley
: J'ai vu
beaucoup d'échanges de cartes d'affaires avec des différentes entreprises ici,
alors il y a clairement une connexion à faire, dans le sens que vous avez
besoin de plus de verre, puis des gens veulent un système qui peut trier le
verre d'une meilleure façon, alors je pense qu'il y a quelque chose là, c'est
sûr. Mais je veux juste aussi poser une question, just coming back...
l'approche globale de votre entreprise. Est-ce que vous avez des cibles pour
réduire des GES, ou est-ce que ça change sur les différents États, pays, etc.?
M. Nordmeyer (Jim) : So, in
october of 2018, O-I established a global target to reduce green house gaz
emissions on an absolute basis by 25 % by the year 2030. We have a clear
path to do that. One is to invest in clean power, and it's clean energy on the
electrical side. Second is we increase our collect usage, cause that reduces
our green house gaz emissions, 350 kilos per ton that we use. Third thing
we're doing, we're active, very active in looking at alternates fuels. Instead
of burning natural gas, we will burn a low CO2
or a zero CO2 fuel to fire the furnaces. So,
there's a lot of technology. And when François speaks of using the latest
technology in the furnaces, we will have to make changes to that technology,
and perhaps the Green Fund could be a source of financing for some of these
changes that are true step changes in how glass is made.
M. Kelley
: In your
experience, you know... I just note, kind of the larger scale, at one point,
the US administration put a lot of money in new green technologies. It wasn't
necessarily based of a direct tax from the people or from a circular carbon
market, but in most jurisdictions, do you have access to a program that will
help you fund greener technologies, or is it completely variable, especially
across United States and other jurisdictions? I mean, is this type of program
we have here in Québec, granted its going under a vision, which is completely
OK... I'm just more curious about... Is that something that your company looks
at and says : Eh! Québec has... a type of program like that exists, it
makes it a very interesting market to stay in...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
You have 15 seconds.
M. Kelley
: Oh! Very
quickly.
M. Nordmeyer (Jim) : Very
quickly, OK. So, we are actively in the green bond market. In fact, I am
working on a project with our treasurer as we speak, on a 500 million
dollar green bond, so...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Thank you. So, nous allons aller maintenant au député de Jonquière. M. le
député, vous avez plus de 2 min 45 s, vous avez le double de
cela.
• (16 h 50) •
M. Gaudreault : Deux fois
2 min 45 s. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous savez, moi,
je suis un indépendantiste, alors, pour y arriver, je crois à l'indépendance
alimentaire, l'indépendance énergétique, l'indépendance culturelle,
l'indépendance environnementale, et on dirait que j'allume, là, sur une
nouvelle expression qui pourrait être aussi l'indépendance du verre ou quelque
chose du genre, parce que...
M. Gaudreault :
...l'indépendance alimentaire, l'indépendance énergétique, l'indépendance
culturelle, l'indépendance environnementale, et on dirait que j'allume, là, sur
une nouvelle expression qui pourrait être aussi l'indépendance du verre, ou quelque
chose du genre, parce que je n'en reviens pas que des usines situées au Québec,
qui produisent du verre ou des bouteilles au Québec, ne soient pas capables de
s'approvisionner au Québec. Il y a comme quelque chose, là, qui ne me rentre
pas dans la tête, parce que c'est absolument incroyable qu'on ait quand même
des producteurs importants avec des centaines d'emplois. Puis on est comme
ailleurs, dans le monde, on consomme du vin, on consomme des cornichons, on
consomme toutes sortes de choses et on n'est pas capable de le vendre et de le
transformer chez nous pour être les champions puis être les meilleurs.
Donc, je fais un lien avec l'annonce
d'hier. Je comprends que c'est une entente de principe, on pourra y revenir
tout à l'heure, mais vous nous dites, dans le communiqué d'hier, que, bon, vous
allez pouvoir... vous seriez capables d'obtenir des garanties en approvisionnement
pour votre partenaire qui est Bellemare, et ça permettrait également à cette
entente de principe de fabriquer des bouteilles avec le verre de la collecte
sélective, bon, parce que là c'est le régime réglementaire qui est présentement
en cours, mais si, demain matin, le gouvernement du Québec élargit la consigne,
vous allez aussi vous approvisionner à partir de la consigne, sans aucune
espèce de problème, avec un projet comme celui-là, c'est ce que je comprends.
M. Carrier (François) : Ah
oui, c'est sûr, évidemment, tu sais, on a besoin plus de verre, ça fait que
tout le verre qu'on est capable de produire, qu'on produit ici, au Québec,
qu'on génère, le verre recyclé, ça revient à l'usine, on aimerait ça. Puis là-dessus,
je vous rejoins, je suis très indépendantiste, puis j'aimerais ça être encore
plus indépendantiste vis-à-vis le verre recyclé.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Gaudreault : Écoutez, c'est
une belle annonce, on pourra se reparler après la commission.
M. Carrier (François) :
S'échanger des cartes.
M. Gaudreault : Là, vous venez
de me déstabiliser. Écoutez, bon, c'est une entente de principe qui tombe bien,
hein, c'était hier, on comprend le jeu des médias, ça tombait bien. Et là
est-ce qu'on va voir la réalité de ça, là? Est-ce que ça va réellement se
signer au final pour... parce que vous souhaitez des changements
réglementaires, est-ce que c'est une pression supplémentaire? Est-ce que c'est
un truc que vous utilisez pour mettre une pression supplémentaire sur le gouvernement,
ou vous êtes en bonne voie de pouvoir vraiment régler ça?
M. Carrier (François) : En
fait, en fait, il nous arrive quelqu'un ici, une compagnie qui lève la main,
ils nous proposent un projet, ils nous proposent et ils disent qu'eux autres, il
y aurait un alignement d'équipement qui ferait en sorte qu'ils seraient
capables de... il y aurait 32 000 tonnes de verre recyclé qui
provient du système de collecte sélective. Et puis, est-ce que vous autres,
O-I, vous êtes prêts à l'acheter? Puis la réponse, c'est oui. Comme j'ai dit
tantôt, on a juste une parole, puis, oui, on en veut plus, de verre recyclé,
c'est du verre recyclé qui serait fait au Québec, ça fait que, oui. On a
regardé l'alignement des équipements puis c'est faisable. Puis, nous, ce qu'on
dit, c'est que, oui, on supporte ça. Ça fait qu'on vient, comme, de garantir
son «output» à lui, ou, autrement dit, on vient de sécuriser ses ventes jusqu'à
32 000 tonnes, c'est ce qu'il estime dans le projet. Alors, je pense
que le défi pour eux, maintenant, c'est d'avoir vraiment leur «input» à eux
autres, c'est d'être capable de mettre la main sur cet... d'être approvisionné
comme il faut à partir des centres de tri. Je pense que le challenge est là
actuellement.
M. Gaudreault : Mais idéalement
vous aimeriez signer l'entente finale quand?
M. Carrier (François) : Le
plus rapidement possible, évidemment. 32 000 tonnes, c'est intéressant
pour nous autres, on a besoin du 32 000 tonnes. Puis si ça serait
50 000, bien, oui, on prendrait 50 000 tonnes aussi. Ça fait
que, quant à moi, ce n'est pas quelque chose qu'on veut voir arriver dans deux
ans, dans un an, c'est le plus rapidement possible.
M. Gaudreault : O.K. Je veux
revenir sur les gaz à effet de serre, parce qu'on a beaucoup entendu dans cette
commission-ci : Ah! avec un système de consigne, on augmente les GES à
cause du transport, et, en particulier, dans les régions, là, justement, comme
si on était pire que les autres, les gens vont prendre leur auto pour aller
porter leurs bouteilles de vin, mais, ce que je comprends, dans le fond, vous
appuyer ce que Mme Morawski nous a dit tout à l'heure dans son
mémoire : Pour chaque augmentation de 10 %du calcin utilisé, les gaz
à effet de serre et autres polluants courants sont réduits. Donc, l'enjeu réel,
la masse de réduction de GES possible est bien plus là-dedans que dans du
transport ici et là par des autos ou par toutes sortes d'autres moyens. La
vraie game, si vous me permettez l'expression, est davantage dans la capacité
de recyclage plutôt que dans les impacts reliés au transport, par exemple.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez cinq secondes.
M. Nordmeyer (Jim) : So five
seconds?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Five seconds.
M. Nordmeyer (Jim) :Transportation's 5 % of the total CO2
emissions for glass, so transportation's not an issue. You've got to focus on
the 95 %, which is...
M. Gaudreault :
...l'expression, est davantage dans la capacité de recyclage plutôt que dans
les impacts reliés au transport, par exemple.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous avez cinq secondes.
M. Nordmeyer (Jim) : It's
five seconds, yes?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Five seconds.
M. Nordmeyer (Jim) : ...5% of
the total CO2 emissions for glass. As so,
transportation is not an issue. You got to focus on the 95%, which is the
combustion of the fuel, and the use of recycled glass.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Thank you very much. Merci beaucoup. Alors, ceci met fin à votre portion.
Nous allons prendre une courte pause pour
accueillir nos prochains invités. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 55)
(Reprise à 16 h 58)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons poursuivre nos travaux. Alors, je vous
invite à prendre place, chers amis. D'accord. Donc, bienvenue à cette commission.
On va attendre quelques secondes.
Des voix
: ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Merci. Il y en a qui suscitent beaucoup
d'enthousiasme. C'est la fin de la journée, mais c'est encourageant. Alors, merci
beaucoup d'être parmi nous aujourd'hui. Nous allons commencer les travaux.
Des voix
: ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
S'il vous plaît! Voilà. Nous allons poursuivre nos travaux. Merci d'être avec
nous aujourd'hui. Nous... Vous représentez SAQ Consigne, donc permettez-moi de
vous souhaiter la bienvenue. Je vous dis que vous avez 10 minutes — vous
le savez déjà — et dites-nous vos noms et vos titres avant de
commencer.
M. Blaquière (Denis) : Mon
nom est Denis Blaquière. Je suis un réalisateur de documentaires. En 2012, j'ai
fait un documentaire sur la gestion des matières résiduelles au Québec qui
s'intitulait La poubelle province. C'est un documentaire qui a eu un
retentissement assez grand avec plus d'un-demi million de Québécois et de
Québécoises qui l'ont vu. Je dénonçais, dans ce documentaire-là, des failles
dans le système de gestion des matières résiduelles au Québec. Une des
problématiques, c'était le verre dans le bac de récupération et le gaspillage
du verre au Québec.
Ce documentaire-là a donné naissance à
toutes sortes de mouvements citoyens qui ont été scandalisés de cette
situation. Il y a eu Opération Verre-Vert, et on a créé aussi, dernièrement,
SAQ Consigne. Et voici la personne, ma compagne ici... pas ma compagne, ma
consoeur, Maude Ménard-Dunn, qui est la personne qui est venue me voir pour me
dire : Denis, il faut repartir le débat, et on fait SAQ Consigne. Vas-y,
Maude.
• (17 heures) •
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Donc, bonjour, je m'appelle Maude Ménard-Dunn. Je suis enseignante et
citoyenne, et, comme un nombre grandissant de Québécois et de Québécoises, je
suis extrêmement préoccupée par la crise climatique et l'état du Québec que
nous laisserons aux générations qui nous succéderont. C'est donc en ma qualité
d'instigatrice du mouvement citoyen SAQ Consigne mais aussi...
17 h (version non révisée)
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
...Donc, bonjour, je m'appelle Maude Ménard-Dunn. Je suis enseignante et citoyenne
et, comme un nombre grandissant de Québécois et de Québécoises, je suis extrêmement
préoccupée par la crise climatique et l'état du Québec que nous laisserons aux
générations qui nous succéderont. C'est donc en ma qualité d'instigatrice du
mouvement citoyen SAQ consigne, mais aussi en ma qualité de maman — vous
avez eu le papa tantôt, là, vous avez la maman de Rémi, neuf ans, Margot, six
ans, et Ulysse, deux ans — que je m'adresse à vous. C'est dans leur intérêt
que je suis là aujourd'hui, que je suis venue à Québec.
Donc, comme 90 % des Québécois et des
Québécoises, je suis favorable à la consigne sur les bouteilles de vin. Ainsi,
avec d'autres citoyens et d'autres citoyennes préoccupés par la crise du
recyclage, nous avons lancé le mouvement SAQ consigne il y a quelques mois, où
nous encouragions la population à rapporter symboliquement ses bouteilles vides
à la SAQ. Cette initiative citoyenne visait à faire pression sur la SAQ pour
qu'elle assume ses responsabilités environnementales et consigne les quelque
240 millions de bouteilles de vin et de spiritueux qu'elle met sur le
marché chaque année.
Au chapitre de la consigne, le Québec fait
figure de cancre environnemental. Avec le Manitoba, il est seul à ignorer
jusqu'à maintenant ce que toutes les études scientifiques indépendantes sur le
sujet démontrent : la consigne est un système gagnant pour l'économie et
pour l'environnement. Comme beaucoup d'autres groupes et d'experts, le
mouvement SAQ consigne croit que nous devons impérativement sortir tout le
verre du bac à récupération et que la façon d'y arriver est une consigne sur
tous les contenants de verre, à commencer par ceux de la SAQ, car ils
représenteraient de 50 % à 75 % du verre présent dans notre bac à
récupération.
Comme vous le savez sans doute, et on l'a
d'itinérance beaucoup aujourd'hui, le verre est une ressource recyclable à
l'infini. Pour une réelle économie circulaire et une gestion environnementale
optimale, on ne fait pas de l'abrasif avec du verre, on ne fait pas du paillis
de verre avec du verre. C'est une matière tellement précieuse... avec du verre,
on refait du verre. Donc, imaginez, avec une consigne sur le verre, ça nous
permettrait de dégager une matière pure à 100 %. Personne ne parle
d'envoyer des bouteilles de vin en France, d'où elles viennent. L'objectif,
c'est de broyer ce verre-là consigné de manière à pouvoir le faire fondre ici
au Québec afin d'en faire... pardon, de nouvelles bouteilles de vin. Pour
l'heure, notre seule fonderie, Owens-Illinois, doit s'approvisionner en verre
dans d'autres provinces ou États où le verre est consigné et nous estimons que
c'est scandaleux.
La tendance mondiale est à la consigne, et
pour une raison, c'est le système de récupération le plus performant. Rien ne
bat la consigne pour la quantité des contenants récupérés et surtout, surtout
pour la qualité des matières récupérées. En général, un système de consigne
récupère deux fois plus de contenants que la collecte sélective. Les contenants
ne sont jamais contaminés par d'autres matières, comme c'est le cas,
malheureusement, dans notre bac de récupération, où le verre, le plastic et le
papier se contaminent entre eux. Cette contamination a pour effet de
compromettre le recyclage du papier et du plastique.
Ainsi, non seulement la consigne
permet-elle de recycler réellement le verre, mais elle permet aussi d'augmenter
la valeur des autres matières recyclables, et ça, c'est vraiment crucial. Une
consigne permet aussi d'augmenter le taux de récupération de la matière, car
les gens sont plus enclins à valoriser la matière lorsqu'ils ont payé une
consigne... pardon, de 0,20 $, 0,30 $ ou 0,50 $ sur la
bouteille. Au Québec, nous rapportons actuellement 70 % des cannettes
consignées et 95 % des bouteilles consignées. C'est une performance qui
est remarquable. Il ne fait aucun doute que les gens rapporteront leurs
bouteilles de vin à la SAQ avec le même enthousiasme que les Ontariens et les
Ontariennes, qui ont actuellement une consigne sur leurs bouteilles, et ça,
depuis 2007.
M. Blaquière (Denis) : Alors,
moi, j'aimerais continuer avec une approche très spéciale. Je voudrais vous
dire pourquoi un élu devrait appuyer la consigne. Moi, je suis ici, je
m'adresse à des élus, alors moi, je vais vous le dire, pourquoi un élu devrait
appuyer la consigne : parce que la consigne, c'est bon pour l'économie,
c'est bon pour l'environnement et ça réduit le fardeau fiscal des
contribuables. Ça, c'est de la musique, supposément, aux oreilles de nos
députés, et avec raison, parce que l'économie, c'est qu'avec la consigne on va
préserver les 400 emplois bien payés qu'on a chez Owen-Illinois, peut-être
même que l'usine va s'agrandir, on va sauver des emplois dans notre industrie
du tri et du recyclage en mettant fin à la contamination par le verre, aider
nos centres de tri et nos recycleurs, parce que le verre est responsable de
23 % des pertes encourues par les centres de tri, alors je ne parle même
pas des blessures, et tout ça.
Et la consigne permet de créer des
nouveaux emplois. En Ontario, depuis 2007, la consigne sur les bouteilles de
vin a créé 7 000 nouveaux emplois, puis ça, ce n'est pas inventé, c'est le
gouvernement ontarien qui le dit, alors donc... Et un autre point qui est très
intéressant, c'est que ça réduit le fardeau fiscal des villes. L'Ontario a une
consigne sur les bouteilles de vin depuis 2007. Les deux premières années que
la consigne sur les bouteilles de vin a été mise en place, la ville de Toronto
à elle seule a épargné 900 000 $ en frais...
M. Blaquière (Denis) : ...intéressant,
c'est que ça réduit le fardeau fiscal des villes. L'Ontario a une consigne sur
les bouteilles de vin depuis 2007. Les deux premières années que la consigne
sur les bouteilles de vin a été mise en place, la ville de Toronto à elle seule
a épargné 900 000 $ en frais d'enfouissement, de nettoyage des rues,
de blessures de ses employés, et la valeur ajoutée, la qualité qui sortait des
centres de tri. Alors, la province... en plus, au total, la province fait une
économie récurrente de 40 millions par année, 40 millions par année
depuis 2007. Et leur système de consigne? Combien est-ce qu'il coûte, leur
système de consigne? Je l'ai fait, j'ai épluché tous les rapports annuels de la
LCBO depuis 2007. En moyenne, ça leur a coûté 20 millions par année. Ils
épargnent 40 millions. Mais, écoutez, ça ne leur coûte rien. Ils sont
morts de rire. Puis là, il y a Éco Entreprises Québecqui a fait une
campagne de peur pour dire aux maires : Vous aller perdre de l'argent.
Imaginez-vous, je pense que les maires ontariens, ils seraient morts de rire en
entendant de pareilles sornettes.
Et c'est sûr que c'est bon pour
l'environnement aussi. On l'a dit, ça réduit les GES : six tonnes de verre
récupéré évitent d'émettre une tonne de GES. Si Owens utilise
100 000 tonnes de verre récupéré, c'est comme si on retirait
4 500 voitures sur nos routes.
Et j'aimerais aussi vous parler de
pourquoi on a besoin de vous, nos députés. Nous, on est des citoyens ordinaires
qui sommes scandalisés et nous faisons face à un lobby anticonsigne mené par
Éco Entreprises Québec. C'est David contre plusieurs Goliath. Vous le
savez, c'est quoi? 3 400 entreprises, 100 milliards de profits. Quels
sont les intérêts qu'Éco Entreprises Québec défend? Certainement pas
le futur environnemental du Québec. Éco Entreprises Québec défend les
intérêts des actionnaires des compagnies qu'elle représente, point à la ligne.
Et c'est pour ça qu'on a besoin de vous autres, nos députés, pour reprendre le
leadership de qu'est-ce qu'on fait au Québec avec nos matières résiduelles,
comment on gère nos matières résiduelles et vers quel avenir on va s'en aller.
On assiste ici non seulement à un pollueur-payeur, mais c'est rendu qu'on est
avec un pollueur-décideur. On dirait que RECYC-QUÉBEC est rendu un
sous-traitant d'Éco Entreprises Québec. Moi, je trouve ça
inadmissible. On vous demande...
Puis le plus ironique dans tout ça, c'est
que toutes ces grosses compagnies là, elles font affaire dans les huit autres
provinces canadiennes qui ont des systèmes de consigne. Je n'ai pas entendu
qu'elles ont fait faillite, hein, en faisant affaire dans des provinces où il y
a de la consigne. Comment ça se fait qu'ici au Québec, elles déchirent leur
chemise, ça va être la fin du monde? Bien, ça ne sera pas la fin du monde. Puis
j'espère que ça ne sera pas la fin du monde grâce à vous autres, vous allez
avoir le courage politique de changer les choses au Québec pour le mieux. La
tendance mondiale, Mme Morawski nous l'a démontré de façon magistrale... Est-ce
qu'on veut doter le Québec d'un système de recyclage bas de gamme qui va vous
coûter 50 millions au lieu d'avoir la vraie machine miracle, la consigne?
On l'a, la machine miracle, ça s'appelle la consigne.
Alors donc, c'est ce qu'on vous demande,
on vous demande de reprendre le leadership et que c'est les élus du Québec qui
vont donner la marche à suivre, le comment le Québec va gérer ses matières
résiduelles dans le futur.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bon. Merci beaucoup. Vous avez le sens du timing, pour un réalisateur. Bravo!
M. Blaquière (Denis) : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
10 minutes pile. Alors, je passe la parole du côté du gouvernement. M. le
député de Bourget.
M. Campeau : Vous n'avez pas
juste le sens du timing, vous avez aussi le sens du spectacle. C'est présenté
avec enthousiasme.
M. Blaquière (Denis) : Je m'excuse.
M. Campeau : Et c'est très
correct, ça, surtout quand on est assis toute la journée.
M. Blaquière (Denis) : Je me
suis dit, je pense que je vais...
M. Campeau : Il est évident
qu'on est dans le bas de gamme et qu'on ne veut pas rester là, sinon on
n'aurait pas ce genre de commission là. Je pense que ça, c'est évident que le
statu quo n'est plus acceptable. Consigne ou pas, on peut tous en parler,
tourner autour longtemps, mais le but, c'est d'améliorer ça.
Et la SAQ nous dit oui, mais pas dans nos
magasins. Vous en dites quoi?
M. Blaquière (Denis) : Ça, je
trouve ça... Bien, premièrement, je salue le changement d'attitude de la SAQ,
mais la SAQ, elle est l'instrument des Québécois et du gouvernement québécois
et c'est un instrument qui devra répondre à ce que le gouvernement va lui dire
de faire.
• (17 h 10) •
L'excuse de «on n'a pas de place», là,
bien, je m'excuse, parce que les employés de la SAQ qui travaillent dans les
succursales et dans les entrepôts, ils nous l'ont dit qu'il y a des centaines
de succursales, qu'il y a des...
M. Blaquière (Denis) : ...qui
devra répondre à ce que le gouvernement va lui dire de faire. L'excuse de «on
n'a pas de place», là, bien, je m'excuse, parce que les employés de la SAQ qui
travaillent dans les succursales et dans les entrepôts, ils nous l'ont dit qu'il
y a des centaines de succursales qui ont des plafonds dont la moitié n'est pas
utilisée. Ils nous ont dit que les camions repartent vides vers les entrepôts
de Montréal, ce qui ne fait aucun sens dans une entreprise de transport, en
passant. Donc, qu'est-ce que ce serait, pour les camions, de... quand ils
arrivent à la succursale, ils mettent les bouteilles de vin pleines puis ils
rapportent les vides à Montréal, où, là, toutes les bouteilles vides vont
converger, et ça va faire un énorme centre à partir duquel on peut apporter ça
presque directement à la fonderie.
Donc, il est impératif qu'on puisse
rapporter nos bouteilles à notre succursale de la SAQ par un moyen ou par un
autre. Et, quand j'entends dire : Bien oui, mais là ça va être plein de
GES parce que les gens vont devoir apporter leurs bouteilles à la SAQ... On y
va pareil à la... On est obligés d'aller à la SAQ acheter notre vin. Qu'est-ce
que c'est de mettre nos bouteilles vides dans notre petit sac de six bouteilles
puis de les rapporter à la SAQ? Ça, ça s'appelle du covoiturage avec les
bouteilles de vin vides. Si le bac bleu et l'autobus, bien, moi, je propose le
covoiturage avec...
M. Campeau : C'est bien dit.
Bien, moi, j'ai une voiture électrique, alors je peux y aller plusieurs fois.
M. Blaquière (Denis) : Moi
aussi. Moi aussi.
M. Campeau : Il n'y a pas de
problème à... Mais moi, je suis surpris à quel point vous insistez sur Éco
Entreprises Québec parce que, je veux dire, on a entendu lors de la commission
toutes sortes de choses, et Éco Entreprises Québec n'était qu'une des parties
prenantes qui sont venues faire une présentation. On a eu beaucoup d'autres
présentations. Elles n'étaient pas toutes dans ce sens-là...
M. Blaquière (Denis) : Bien,
c'est-à-dire que je peux...
M. Campeau : Alors, je pense
qu'on a autour de la table des gens qui ont bien écouté et qui ont une
multitude de points de vue. Je pense que Mme Morawski ne nous a pas parlé...
nous a parlé d'une façon bien déterminée comment ça se passait en Europe.
Alors, je pense qu'on a énormément d'informations pour agir. Est-ce qu'il y a
quelqu'un qui a d'autres questions de notre côté?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata, qui avait des questions.
M. Tardif :
Oui. Alors, merci. Bonjour. Bienvenue. Ça fait du bien, cette dernière swing
avant de terminer la journée. C'est bon. Écoutez, rapidement, si je regarde un
peu ce que la presse ou certains médias pouvaient titrer suite au passage de la
SAQ, les cimetières, dit-on, sont remplis de bonnes intentions.
Moi aussi, je suis d'accord avec votre
approche, mais, cependant, j'aimerais ça préciser : Comment on peut les
inviter? Où est le bénéfice à dire... sans y aller avec nos gros sabots, là,
pour leur dire : Écoutez, la population souhaite peut-être une
récupération, d'aller sur une consigne au niveau des contenants? Qu'est-ce que
vous feriez concrètement pour les inviter? Disons qu'on part du principe que la
population est pour, là, dans notre discussion.
M. Blaquière (Denis) : Ce
qu'on voit, là, c'est que, dans toutes les réformes dans la gestion des
matières résiduelles au Québec, les citoyens et les citoyennes ont toujours
fait leur part. On a toujours été game. Ah! il n'y a plus de sac à la SAQ. On
n'apporte plus de sac à la SAQ. Ah! on a des sacs réutilisables à l'épicerie.
On apporte... Alors, il s'agit que le mot soit donné. Puis on est fiers de
notre SAQ, hein, quand on a enlevé les sacs de plastique, et tout ça.
Imaginez-vous comment est-ce qu'on va être fiers de notre SAQ quand on va
pouvoir rapporter nos bouteilles.
Alors, ce n'est pas... La SAQ, elle est
une entreprise avec une expertise formidable qui est actuellement gaspillée. Il
n'y a pas une entreprise dans le monde qui est aussi habile à gérer des
bouteilles, qu'elles soient pleines ou vides. Alors donc, ils vont trouver les
moyens de le faire, là, je peux le dire. Je ne peux pas croire qu'ils ne seront
pas capables de gérer ça.
M. Tardif :
Alors, vous vous fiez sur le savoir-faire... Dans notre discussion toujours,
vous vous fiez sur le savoir-faire de cette SAQ là pour faire le virage, le
faire rapidement pour que vous alliez vers votre covoiturage.
M. Blaquière (Denis) :
Exactement.
M. Tardif :
O.K. D'accord. Alors, si j'enchaîne aussi, j'aimerais quand même qu'on reparle
un peu de l'avenir de la collecte sélective. Comment vous voyez ça? Parce qu'il
reste qu'on peut parler de la SAQ, mais, si on parle de la collecte
sélective...
M. Blaquière (Denis) : Bien,
moi, je suis d'accord avec Mme Morawski que oui. Nous, on est mouvement
proconsigne. C'est sûr qu'on met ça de l'avant, mais on est d'accord qu'un
système hybride, c'est ce qui fonctionne le mieux, parce qu'il va y avoir
toujours du plastique, et tout ça. Mais ce qui est...
M. Tardif :
...la SAQ, mais si on parle de la collecte sélective.
M. Blaquière (Denis) : Bien,
moi, je suis d'accord avec Mme Morawski que oui. Nous, on est un mouvement
proconsigne. C'est sûr qu'on met ça de l'avant, mais on est d'accord qu'un système
hybride, c'est ce qui fonctionne le mieux, parce qu'il va y avoir toujours du
plastique et tout ça. Mais ce qui est intéressant, avec un système de consigne
qui est vigoureux et qui est mis en place, c'est qu'on peut y rajouter d'autres
contenants. Un coup que le système est en place, et tout ça, bien là, on peut peut-être
rajouter les bouteilles d'eau en plastique et tout ça, donc... Et c'est sûr
qu'il faut en arriver à une complémentarité. Nous, on mise sur la consigne et
tout ça, mais il peut y avoir des dépôts volontaires... Mais la consigne reste
un moyen optimal, et le plus efficace, ça a été prouvé par les études, on le
voit partout dans le monde. Ici, au Québec, même au Québec, là, les cannettes
d'aluminium... notre système de consigne récupère deux fois plus de cannettes
d'aluminium que le bac bleu. Alors donc, si on cherche une preuve locale, là,
que c'est plus efficace, c'est plus efficace.
M. Tardif :
Mais on continue à garder les centres de tri et même à continuer de les
moderniser...
M. Blaquière (Denis) : Oui.
M. Tardif :
...peut-être, ce n'est pas encore fait. Mais pour les pots de cornichons, que
ma collègue prend souvent comme exemple...
M. Blaquière (Denis) : Oui,
bien ça, les pots de cornichons, moi, je vous lance... Moi, je vous pose une question :
Quand vous regardez dans votre bac bleu, là, combien de pots de cornichons vous
voyez, et de vieilles paires de lunettes, versus des bouteilles de vin? Moi, je
vais vous le dire, là : Je ne crois pas à cette statistique de 55 %
ou 50 % de bouteilles de SAQ dans le bac bleu. C'est impossible que les Québécois
mangent autant de cornichons, je veux dire, écoutez...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Blaquière (Denis) : En
tout cas, ça, c'est un... Il y a une petite étude de caractérisation à refaire parce
que... Et même, il y a...
M. Tardif :
C'est une chose multiple, là, aussi. C'est du moyen terme.
M. Blaquière (Denis) :
Oui. Mais il y a quelqu'un dans un centre de tri en Gaspésie, je crois que,
lui, il nous a dit que c'est 90 % du verre que c'est des bouteilles de la
SAQ, là. Ce n'est pas 50 %. Alors donc...
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Est-ce que je peux ajouter quelque chose?
Une voix
: Oui.
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Moi, je crois que le système idéal, ça serait donc d'avoir une consigne sur les
bouteilles de vin et d'avoir une consigne aussi sur les autres contenants de
verre qui pourraient être rapportés chez les détaillants ou, à tout le moins,
être remis dans des pots de verre. Je pense que l'idéal, ce serait d'abolir la
présence du verre dans le bac de la collecte sélective. C'est ce qui serait
optimal.
M. Tardif :
Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci. Merci
à vous. Merci pour votre fougue et votre enthousiasme. Donc, c'est plaisant.
Toutes les personnes qui ont passé, entre autres, on voyait que c'était des
passionnés. Et c'est important pour nous et c'est important pour le Québec
aussi qu'il y ait des gens aussi passionnés et aussi dévoués pour leur travail.
Donc, merci. Par contre, moi, les fonderies, parce que vous parlez de refondre
le verre entre autres, et je ne connais pas tellement les fonderies, mais j'ai
une inquiétude par rapport à l'émission de gaz à effet de serre qu'une fonderie
pourrait occasionner. Est-ce que les fonderies utilisent des combustibles
fossiles ou si ces grosseurs de fonderies là sont à l'électricité?
M. Blaquière (Denis) :
Tout à l'heure, nos amis de Owens-Illinois ont élaboré là-dessus. Et ils sont
vraiment très, très proactifs. Et c'est vraiment dans la capacité... dans la
diminution de l'utilisation de l'énergie qu'ils travaillent. Et c'est là qu'ils
sauvent le plus de gaz à effet de serre. Et pour diminuer la quantité d'énergie
qu'ils ont besoin, il n'y en a rien qu'une solution, c'est du verre... de
mettre du verre récupéré de qualité dans le four parce que le verre récupéré,
il fond plus rapidement qu'essayer de faire du verre à partir du sable et de la
silice. Donc, c'est là qu'on épargne, et c'est le nerf de la guerre pour la
réduction des gaz à effet de serre dans les fonderies.
Et j'aimerais mentionner aussi que, oui,
il y a des gaz à effet de serre, mais c'est quoi les gaz à effet de serre quand
on prend des bouteilles qui ont été manufacturées, qu'on les réduit en
grenailles puis qu'on les met dans un dépotoir? C'est quoi, les gaz à...
Mme Tardif : Non, non, mais
c'est ça...
M. Blaquière (Denis) : C'est
ça. Oui, c'est ça.
Mme Tardif : ...c'est ça qu'on
doit évaluer. C'est pour ça que ça me prenait cet élément-là.
M. Blaquière (Denis) : Bien,
c'est ça, mais les fonderies, elles travaillent sur des... plein de... des combustibles
alternatifs.
Mme Tardif : Donc, il y a
encore du travail à faire à ce niveau-là aussi pour...
M. Blaquière (Denis) : Oui,
oui.
Mme Tardif : C'est bien. Vous
parlez aussi de consigne. On parle de consigne sur toutes les bouteilles, donc
tant sur les bouteilles de la SAQ et que sur les bouteilles des épiceries.
M. Blaquière (Denis) : Oui.
• (17 h 20) •
Mme Tardif : Qui, selon vous,
va fixer le taux de la consigne pour la même bouteille? Est-ce qu'il ne va pas
y avoir une confusion, à un moment donné? Vous conviendrez avec moi, si
c'est... si le propriétaire de l'épicerie...
Mme Tardif : ...et que sur les
bouteilles des épiceries. Qui, selon vous, va fixer le taux de la consigne pour
la même bouteille? Est-ce qu'il ne va y avoir une confusion à un moment donné?
Vous conviendrez avec moi, si le propriétaire de l'épicerie décide qu'il met un
prix, est-ce que ça se pourrait, ça, que ça arrive comme ça, comme dans les
postes d'essence et...
M. Blaquière (Denis) : Non, non,
parce que, comme en Ontario, les bouteilles de vin, c'est 0,20 $.
Mme Tardif : Comme pour la
bouteille de bière, c'est partout pareil. Parfait.
M. Blaquière (Denis) : Non,
non, la consigne est 0,20 $, puis je recommande d'ailleurs au gouvernement
d'aligner la consigne des bouteilles de vin sur l'Ontario, pour éviter les
petits trafics, et tout le monde serait bien avec un 0,20 $ partout, ce
serait parfait.
Mme Tardif : Excellent. C'est
ce que je voulais entendre. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Combien de
temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste quatre minutes.
Mme Grondin : O.K.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est bon.
Mme Grondin : J'avais
plusieurs questions, je vais essayer de me concentrer sur, au moins, une, là.
On voit, dans les statistiques, tous les contenants à remplissage unique, là,
ils sont en baisse en termes de performance. Donc, c'est des contenants qui
sont consignés, et là on voit que le taux de récupération, depuis quelques
années, est en baisse. Avez-vous une idée de ce qui explique ce résultat-là?
M. Blaquière (Denis) : Quand
vous parlez de performance, de quelle performance vous parlez?
Mme Grondin : Bien, on l'a vu
au niveau... en termes de récupération, donc il y a de moins en moins de
contenants consignés à remplissage unique...
M. Blaquière (Denis) : Bien
oui.
Mme Grondin : ...qui sont
rapportés.
M. Blaquière (Denis) : Bien,
c'est peut-être parce qu'il faut, en modernisant le système de consigne, comme
l'a dit si bien Mme Morawski, c'est qu'il faut augmenter la consigne, tu sais,
à un moment donné, là, tu ne penches même pas à terre pour ramasser un
0,05 $, hein, tu le laisses là. Alors, je pense qu'il faut, dans le
concept de moderniser et d'élargir la consigne, il faut aussi augmenter la
consigne pour que ça vaille la peine.
Mme Grondin : Parfait. Une
autre question rapide. On constate, avec les autres intervenants, il y a deux
intervenants qui, genre... la régie intermunicipale en Gaspésie, par exemple,
et tout le centre de tri, Tricentris, qui ont opté pour toutes sortes de raisons
vers la valorisation du verre et pas le recyclage. Je constate que vous en
mettez des mots qui sont comme peut-être plus dénigrants, est-ce que vous
pourriez m'expliquer... vous le voyez dans un système mixte, à un moment donné,
tôt ou tard, le verre, vous souhaitez qu'il soit retiré complètement de la
collecte sélective. Ce qu'on entend comme défi, c'est que si ça, ça arrive, il
va falloir aussi être capable... il y a comme une masse critique pour être
capable de gérer les autres matières. Qu'est-ce que vous répondez à ça?
M. Blaquière (Denis) : Si le
Québec génère 120 000 tonnes de verre par année, il va continuer à en
générer 120 000 tonnes, et peut-être même plus, peu importe le système
qu'on utilise pour le récupérer. Si nos amis de Tricentris ont besoin de verre,
ils pourront peut-être l'acheter de la régie du dépôt de la consigne du Québec
et ils vont être bien contents, parce que ce verre-là, il va être très, très,
très propre, ils vont pouvoir le microniser immédiatement.
Mme Ménard-Dunn (Maude) : Ce
n'est pas des mauvaises solutions, mais c'est des solutions de deuxième ordre,
et là on les présente...
Mme Grondin : Qu'est-ce que
vous entendez par deuxième ordre?
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Bien, c'est que c'est du décyclage, ce n'est pas du recyclage. On parle de valorisation,
on ne parle pas de recyclage dans les...
Mme Grondin : Et là le verre
de la SAQ, qui est beaucoup vert, ce qu'on comprend, c'est qu'il n'est pas
encore refondu ici, à Montréal.
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Mais ce qu'on comprend aussi, c'est qu'avec une volonté politique, il serait
possible de le faire.
Mme Grondin : Pouvez-vous...
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Bien, je ne travaille pas pour une fonderie, mais j'ai assisté à une certaine
portion de la commission, je vois qu'il y a quand même un intérêt de la part
des fonderies à se doter de technologies qui pourraient le permettre, je pense qu'il
y a cette ouverture-là, si on le fait ailleurs, je ne vois pas pourquoi on ne
le ferait pas au Québec. Mais c'est sûr que, si, présentement, il n'y a pas la
masse critique de verre vert disponible, je ne vois pas pourquoi des industries
se doteraient de cette technologie-là.
Donc, je pense que ça prend un leadership politique,
ce pas politique là, et ensuite les industries, très certainement, suivront.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je dois vous interrompre ici. Nous allons passer maintenant à l'opposition
officielle. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Je vais poser la même question que j'ai posée au P.D.G. de la SAQ...
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
...donc, je pense que ça un leadership politique, ce pas politique là, et
ensuite, les industries, très certainement, suivront.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je dois vous interrompre ici. Nous allons passer maintenant à
l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Je vais poser la même question que j'ai posée à la P.D.G. de la SAQ
hier : C'est quoi, les avantages pour la SAQ, un élargissement de la
consigne?
M. Blaquière (Denis) : Bien,
premièrement, je pense que, pour la SAQ, quand on parle de responsabilité
élargie d'un producteur ou d'un commerçant... Nos grandes brasseries le font.
Pourquoi est-ce qu'une société d'État, qui doit donner l'exemple, ne le fait
pas? Bien, je pense qu'elle doit le faire. La SAQ a investi je ne sais pas
combien de sommes — c'est difficile à savoir, là — dans des
technologies pour faire... mettre de la... enfouir du verre dans des planchers
de succursales. Ils sont peut-être à... Ils vont... S'ils pouvaient mettre du
verre, je ne sais pas, moi... mon Dieu, s'ils pourraient faire des bouchons
avec, n'importe quoi. Mais tout, sauf la consigne. Maintenant, on voit qu'ils
vont peut-être changer.
Mais ce qui est intéressant avec la
consigne... Moi, je ne suis pas dans les... je ne suis pas un spécialiste du
marché du verre, mais, s'il y a une consigne sur les bouteilles de vin,
premièrement, ce n'est pas supposé coûter grand-chose à la SAQ. Si on voit ce
qui se passe en Ontario, là, ce n'est vraiment pas cher, là, le
20 millions que ça leur coûte. Et puis, en passant, en Ontario, la prime
qu'ils donnent pour manipuler le contenant, là, à la... ils donnent
0,105 $ pour les Beer Store pour manipuler chaque bouteille de bière.
Alors, quand j'entends les doléances de nos détaillants, là, bien, ils ont
peut-être raison aussi, les détaillants, de dire : Bien là, il faudrait
peut-être augmenter un peu la... Alors, quand on modernise la consigne, bien là
on pourrait tout augmenter ça, donc augmenter le prix de la consigne puis
augmenter ce qu'on donne aux détaillants pour manipuler tous ces trucs-là.
Mais l'avantage de la SAQ, bien, c'est
que, là... Moi, je n'en suis pas revenu. Je ne sais pas si vous êtes allés
voir, là, les déchets de votre succursale de la SAQ. Moi, je suis allé. Je suis
allé en arrière voir dans le container. Je n'en suis pas revenu. La SAQ génère
deux matières hautement recherchées, hein? Le verre pas contaminé et le carton.
Bien, croyez-le ou non, ils ont tout... ils avaient tout jeté avec toutes les
affaires des autres commerces dans la bâtisse où ils sont. Tout était mélangé.
Peut-être que la SAQ pourrait au moins, au moins avoir des contrats avec un
container ou... séparé en deux. Ils mettent le carton d'un bord, puis le verre
de l'autre, puis ils disent aux autres : Bien, ne mettez pas rien dedans,
tu sais. En tout cas...
Mais donc la SAQ, elle n'a rien à gagner à
faire ça, mais elle ne perd rien, et elle devient une société verte, qui
contribue à l'avancement, à l'établissement au Québec d'une vigoureuse
industrie du recyclage, alors... Puis on va être fiers de notre SAQ, on va être
bien contents d'elle.
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Puis moi, j'ajouterais que la SAQ, bien, c'est nous. Ça fait que, quand
j'entends «quel est l'avantage pour la SAQ?», j'entends : Quel est
l'avantage pour les Québécois et les Québécoises? Et pour moi, il clair,
l'avantage pour les Québécois. En fait, la question, c'est plutôt : Quel
est le désavantage de ne pas faire la consigne? Et pour moi, c'est clair. Les
coûts environnementaux sont trop énormes, puis en 2019, on ne peut pas se permettre
de continuer dans cette direction-là.
M. Kelley
: Merci
beaucoup pour votre réponse. Hier, l'association des détaillants était ici,
puis ils n'étaient pas vraiment chauds à l'idée. Ce n'est pas un argument qui
est nouveau non plus. Mais est-ce que vous avez une réplique aussi? Parce que
c'était un petit peu le même point. «Ah! il n'y a plus de place, on ne veut pas
ajouter quelqu'un, un «staffer» de travail là-dessus. Alors, vous, votre
réplique là-dessus?
• (17 h 30) •
M. Blaquière (Denis) : Nous,
là, nous là... Je ne sais pas dans quelle voie le gouvernement va aller, mais
nous, on demande au gouvernement de caller le bluff des détaillants. Vous ne
voulez plus la consigne? Désistez-vous de la consigne, et le gouvernement met
aux enchères les permis de centres de dépôt, et voyons voir qui va les acheter.
Moi, je suis un Metro puis j'ai un IGA en face. Je pense que je vais me battre
en tabarouette pour acheter le permis de dépôt pour ne pas que mon concurrent
en face, il ait le dépôt des bouteilles. Alors, des genres d'initiatives comme
ça, où l'État crée des PPP avec le système de consigne de l'État, un peu comme
ça fonctionne en Nouvelle-Écosse. En Nouvelle-Écosse, dans mon film...
17 h 30 (version non révisée)
M. Blaquière (Denis) :
...acheter le permis de dépôt, pour ne pas que ton concurrent en face, il ait
le dépôt des bouteilles. Alors, des genres d'initiatives comme ça, où l'État
crée des PPP avec le système de consigne de l'État, un peu comme ça fonctionne
en Nouvelle-Écosse. En Nouvelle-Écosse, dans mon film, je suis allé là, je n'en
revenais pas, tout est consigné : les Tetra Pak, les cannettes de jus en
métal, je n'en revenais pas et les centres de dépôt, ce sont des petites
entreprises, des PME en PPP avec le système de consigne de la Nouvelle-Écosse,
et plein de petits entrepreneurs privés, et tout le monde va au «bottle
exchange» porter leurs affaires.
Mais ça, c'est un système qui existe
depuis des années, les gens sont habitués et tout le monde va là. Ils
rapportent même leurs vieux téléviseurs, leurs vieilles peintures. À chaque
fois que le gouvernement néo-écossais dit : Ah! on récupère une autre
affaire, les gens le savent, on les apporte au «bottle exchange».
M. Kelley
: Autre question...
bien, on a aussi entendu hier l'Association des dépanneurs et c'est sûr qu'on a
des Couche-Tard, des grands dépanneurs, c'est une chose. Mais le petit
dépanneur du coin, quelqu'un que c'est leur entreprise, des fois, on sait, il
n'y a pas beaucoup d'espace. Si on met plus une responsabilité sur eux autres,
est-ce que vous croyez que c'est important peut-être d'augmenter la prime,
l'entente entre la société que... O.K., on va faire ça, mais ça va prendre un
peu plus d'argent pour nous. Est-ce que vous croyez que ça, c'est quelque chose
qui est sensible? Puis une bonne approche, si on allait de l'avant avec la
consigne allégée.
M. Blaquière (Denis) : Oui,
encore là,, moi, je ne suis pas un expert, mais ce que Mme Morawski a dit m'a
ouvert les yeux, qu'est-ce qui se passait en Lithuanie, où là, il y avait 14 000...
des petits commerces, mais il y avait beaucoup de ces dépanneurs-là qui avaient
des gobeuses et là, ils se sont aperçus que 90 %... parce que des gobeuses
pour le verre, ça existe aussi, pas rien que des gobeuses pour l'aluminium.
D'ailleurs, dans les... En Ontario, les employés, là, il y a des gobeuses dans
l'entrepôt des succursales, en arrière, et puis là, tu as une machine qui broie
le verre vert, une machine qui broie le verre transparent et tout ce que
l'employé a à faire, c'est qu'il met la bouteille dedans. C'est «crunché» sur
place puis là, il y a quelqu'un qui passe puis qui vide les machines
régulièrement.
Alors, donc... mais je pense... je pense
qu'il faut augmenter, évidemment, le truc de manutention puis peut-être voir si
on peut faire la même chose avec les gobeuses, mais c'est certain qu'un tout
petit dépanneur du coin, je comprends leur désarroi à manipuler des bouteilles
de vin, je le sais. Mais je n'ai pas la solution.
M. Kelley
: Est-ce que
ça va prendre des gobeuses dans toutes les SAQ puis des détaillants aussi, là?
M. Blaquière (Denis) : Non,
mais ça, c'est un... C'est à la SAQ puis aux experts à décider quelle est la
meilleure technique puis d'aller voir en Ontario ce qui se passe, ou ailleurs.
Tu sais... En tout cas, en Ontario, c'est ce qu'ils font puis ça a l'air à bien
marcher. Écoutez, en Ontario, ils récupèrent... ils sont à des taux de 85 %
des bouteilles récupérées puis 90 % du verre est recyclé. Il est vraiment
recyclé, il n'est pas envoyé dans des.. dans des cimetières...
Une voix
: ...
M. Blaquière (Denis) : C'est
ça, dans le cimetière de notre avenir environnemental.
M. Kelley
: On parlait
de la Gaspésie, mais on a eu le groupe aujourd'hui qui était présent pour
parler de leur réalité dans une région où ils sont tellement loin des gros
centres de tri puis ils ont dit : Bien, ça fonctionne pour nous. Aussi,
une réalité que le camion vient seulement à chaque deux semaines.
Alors, est-ce qu'au minimum... au début,
un système hybride, vous n'êtes pas contre ça. Si on commence, par exemple,
avec juste des centres urbains, avec un élargissement de la consigne, est-ce
que ça, c'est une bonne part pour vous autres ou est-ce que ça doit être un
système partout au Québec?
M. Blaquière (Denis) : Bien,
moi, je pense que le système de consigne doit être partout au Québec. Ça serait
un cauchemar administratif puis là, je sais que la CMM veut l'établir sur son
territoire. Ce n'est pas rien, là, hein, 50 % de la population du Québec,
80 villes, mais il faut l'établir partout.
Mais je pense que la solution pour les
régions éloignées, bien c'est qu'il faut absolument que le transport du
verre... il faut aider ces gens-là à transporter leur verre vers des
conditionneurs, même s'ils sont loin. On l'a dit, on peut transporter du verre
2 000 ou 3 000 kilomètres sans perdre — si c'est du verre
qui est bien trié ou je ne sais pas quoi, en tout cas — mais sans
perdre notre bilan de gaz à effet de serre. Donc...
Une voix
: ...
M. Blaquière (Denis) :
D'empreinte carbone, voilà.
Mme Ménard-Dunn (Maude) : Et
je voudrais ajouter, justement, étant enseignante, juste d'un point de vue
pédagogique, on en a parlé tantôt, le bac bleu étant le bac vert, là, je pense
que si justement, on veut habituer...
M. Blaquière (Denis) : ...et
sans perdre notre bilan de gaz à effet de serre, donc l'empreinte carbone.
Voilà.
Mme Ménard-Dunn (Maude) : Et
je voudrais ajouter, justement étant enseignante, juste d'un point de vue
pédagogique, on en a parlé tantôt, le bac bleu étant le bac vert, là, je pense
que, si justement on veut habituer les Québécois puis les Québécoises à prendre
l'habitude de rapporter leur bouteille, ça doit être fait à l'échelle
nationale. Si on commence à y aller de manière régionale, moi, je pense que ça
va devenir un cauchemar et très difficile à comprendre pour le consommateur.
M. Kelley
: Dernière...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste quelques secondes...
M. Kelley
: Oui, juste
dernière question rapidement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...18 secondes.
M. Kelley
: Est-ce que
vous êtes prêts à accepter une période de transition de deux ou trois ans pour tout
le monde, adapter un système de consigne?
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Moi, je pense qu'on est en période de transition depuis bientôt 15 ans, puis ça
fait 30 ans qu'on parle de la consigne. Donc, je dirais qu'on est prêts à une
consigne dès maintenant.
M. Kelley
: O.K.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Alors, nous allons passer à Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup pour votre présentation. Vous avez dit que vous avez... les citoyens,
vous avez besoin d'élus qui se tiennent debout puis qui fassent bouger les
choses. Bien, à mon tour, puis je pense que les membres de la commission sont d'accord
avec moi, on a besoin aussi que les citoyens se mobilisent pour l'environnement,
pour des enjeux importants de société. C'est important pour nous parce que ça
n'avance pas vite, là, du côté... de l'autre côté.
Vous avez parlé qu'il y avait des études
indépendantes qui ont été faites par rapport à la consigne et qui font beaucoup
de démonstration que c'est une bonne chose, est-ce que c'est possible de les
déposer à la commission?
M. Blaquière (Denis) : Oui, certainement,
puis je pourrai... bien, ce sont des études, un document notamment qui a été
écrit par Mme Morawski. Il y a 27 études qu'elle a colligées à travers le
monde, des fois, des pays entiers, des villes, et là tous les avantages pour
les villes et ces régions-là sont chiffrés. Et il n'y en a pas une sur les 37
études, où le système de consigne n'a pas marché et n'a pas fait économiser de
l'argent aux contribuables.
Mme Ghazal : On a eu son
mémoire, ça fait que vous parlez de ces études-là. Puis un chiffre aussi que
vous avez mentionné, vous avez dit que, dans les centres de tri, il y a une
perte de 23 % à cause du verre, d'où ça vient de 23 %?
M. Blaquière (Denis) : Ça,
c'est une... j'ai la citation ici, mais c'était une étude du CRIQ, ou je ne
sais pas quoi, là...
Mme Ghazal : O.K. C'est juste
parce qu'on ne le voyait pas.
M. Blaquière (Denis) :
...c'est vraiment... ce n'est pas moi qui l'a inventé, là.
Mme Ghazal : O.K. Non, ça, je
suis sûre de ça, mais c'est juste pour un besoin d'information. Puis, écoutez,
vous parlez de la prime de manutention qui est de 0,10 $ en Ontario, ici,
elle est de 0,02 $, puis là les détaillants veulent que ce soit plus
élevé. Ma question, en Ontario, parce que c'est vraiment des centres de dépôt,
ce n'est pas l'endroit où les gens vont magasiner, c'est des centres de dépôt,
et donc...
M. Blaquière (Denis) : Non.
Mme Ghazal : O.K.
Corrigez-moi.
M. Blaquière (Denis) : Au
«bier store», tu achètes de la bière aussi.
Mme Ghazal : Ça fait que ce
n'est pas uniquement un... par exemple, si, au Québec, on décide qu'on va avoir
des centres de dépôt, la prime de manutention va être beaucoup plus élevée que
pour un détaillant parce que là, le centre de dépôt existe uniquement pour la
récupération du verre. Mais, vous, vous dites que non, c'est aussi des
détaillants, donc ça leur crée de l'achalandage...
M. Blaquière (Denis) : Oui,
c'est ça, oui, oui.
Mme Ghazal : ...donc le 0,10 $
serait justifié. Puis vous avez fait le film La poubelle province.
Est-ce qu'on est dû aujourd'hui? C'était en quelle année déjà?
M. Blaquière (Denis) : En
2012.
Mme Ghazal : O.K. Est-ce qu'on
est dû, aujourd'hui, en 2019, peut-être, pour l'année prochaine, la poubelle
2.0, La poubelle province 2.0?
M. Blaquière (Denis) :
L'appât du... m'achale pas mal pour faire La poubelle province 2, et il
y aurait beaucoup de choses à faire, mais je ne le sais pas...
Mme Ghazal : Ou peut-être
quand la consigne va être mise en place, vous pouvez le faire avec une bonne
nouvelle, ça va vous motiver.
M. Blaquière (Denis) : Oui,
c'est ça, parce qu'il n'y a pas beaucoup de choses qui ont bougé. Écoute, quand
j'ai fait mon film, moi, pour vous donner un exemple, Klareco était encore en
fonction, je suis allé filmer chez Klareco...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il faut que je vous coupe ici.
M. Blaquière (Denis) : ...je
suis allé filmer...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre, mais vous pourrez continuer peut-être avec M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
merci beaucoup d'être là. C'est intéressant d'entendre un cri du coeur citoyen,
je vais dire ça comme ça. Moi, quand je regarde l'histoire de la SAQ, ça a
commencé avec la Commission des liqueurs, ils se sont adaptés. C'est devenu la
Régie des alcools, ils se sont adaptés. C'est devenu la SAQ commerciale qu'on
connaît aujourd'hui, ça a été une adaptation aussi. Alors, je pense que la prochaine
adaptation, c'est vraiment celle de passer à une consigne moderne. S'ils ont
été capables de s'adapter dans le passé, depuis les années 20, depuis la fin de
la prohibition jusqu'à aujourd'hui, ils sont sûrement capables de s'adapter
aujourd'hui à la consigne.
Je veux juste être sûr de bien comprendre
le modèle idéal. Si on vous donnait le crayon, là, puis on vous assoyait sur le
siège du ministre, là, on a fait, nous, le modèle idéal, ce serait quoi en
termes de consigne, est-ce que ça implique les détaillants? Est-ce que ça
implique un réseau de dépôt volontaire? Décrivez-moi, avec madame aussi, là,
votre modèle idéal demain matin.
• (17 h 40) •
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Bien, évidemment, je ne suis vraiment pas une experte, mais, avec les lectures
et avec nos conversations, moi, ce que j'en retiens, c'est que le modèle idéal,
ce serait qu'il y ait une consigne donc sur les bouteilles de vin et donc...
M. Gaudreault : ...moi, avec
madame aussi, là, votre modèle idéal demain matin.
M. Blaquière (Denis) : Vas-y.
Mme Ménard-Dunn (Maude) : J'y
vais?
M. Blaquière (Denis) : Oui.
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Bien, évidemment, je ne suis vraiment pas une experte, mais avec les lectures
et avec nos conversations, moi, ce que j'en retiens, c'est que le modèle idéal,
ce serait qu'il y ait une consigne, donc, sur les bouteilles de vin. Et donc on
rapporterait nos bouteilles de vin à la SAQ. Donc, premier élément. Et que tous
les autres contenants de verre soient consignés et rapportés chez les
détaillants. Par exemple, mon pot de cornichons que j'ai acheté chez Metro,
bien, je le rapporte chez Metro et j'obtiens 0,10 $ ou 0,15 $ pour
mon pot. Voilà.
M. Gaudreault : O.K. M.
Blaquière, vous êtes dans le même esprit?
M. Blaquière (Denis) : Bien,
c'est certain que... Je pense qu'il faut avoir une approche... Effectivement,
la consigne, en partant, là, il faut la mettre, puis il faut casser le... Comme
vous le disiez si bien, la couleur de la margarine, c'est fini, là, on va
arrêter d'en parler. Il faut qu'il y ait une consigne, et tout ça. Maintenant,
il peut y avoir une période de transition. Il faut trouver les bons mécanismes.
Il y a toutes sortes de belles suggestions qui sont sur la table, les dépôts
volontaires de nos amis d'Opération Verre-Vert... Je pense qu'il faut mettre
tous les moyens en même temps. Il faut sortir le verre par tous les moyens,
mais il faut mettre tous les moyens en même temps. Donc, un modèle hybride, où
tout le monde... Oui, il faut même moderniser les centres de tri, mais
peut-être ne pas y aller avec autant de... Les machines miracles, là, moi, je
n'en peux plus, là. On nous a fait le coup trois fois, là, les machines
miracles.
Mme Ménard-Dunn (Maude) :
Puis en même temps, le dépôt volontaire, c'est une merveilleuse idée. Moi, à
Cowansville, où j'habite, on a un dépôt volontaire, et je vais porter mes
bouteilles. Mais qui va porter ses bouteilles au dépôt volontaire? Bien, c'est
des personnes qui ont l'environnement à cœur. Tu sais, c'est quand même une
minorité de personnes qui va porter ses bouteilles au dépôt volontaire, donc ça
ne peut pas être la solution miracle pour la crise du verre à laquelle on fait
face. Tu sais, c'est un élément de plus.
M. Gaudreault : C'est un
cocktail... Ça prend un cocktail de mesures.
M. Blaquière (Denis) : ...il
faut un... oui.
M. Gaudreault : Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
J'ai le mauvais rôle. Je dois vous interrompre ici. Alors, je vous ai laissé
quelques secondes de plus. Merci beaucoup pour ce témoignage.
M. Blaquière (Denis) : C'est
nous qui vous remercions parce qu'au départ on n'était pas sur la liste. Il y a
quelqu'un qui s'est désisté, et vous nous avez invités. Alors, c'est nous qui
vous remercions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Tant mieux. Le hasard fait bien les choses. Merci beaucoup. Bonne fin de
journée.
Je dis à mes collègues députés :
N'oubliez pas, nous avons une séance de travail à huis clos, alors on se revoit
dans quelques minutes.
(Fin de la séance à 17 h 42)