Journal des débats de la Commission des transports et de l'environnement
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
lundi 12 août 2019
-
Vol. 45 N° 20
Mandat d'initiative - Les enjeux de recyclage et de valorisation locale du verre
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14 h (version non révisée)
(Quatorze heures une minute)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je vous souhaite la bienvenue à cette commission, une commission qui est
fort intéressante et qui suscite énormément d'intérêt : nous avons reçu 36
mémoires. J'espère que vous avez passé un très bel été. Nous allons travailler
très fort. Ça commence bien, parce que c'est un sujet d'intérêt qui intéresse beaucoup,
beaucoup de monde.
Donc, ayant constaté le quorum, je déclare
la séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir, bien sûr,
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques. La commission est réunie
aujourd'hui afin de procéder aux auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières concernant le mandat d'initiative portant sur les enjeux de
recyclage et de valorisation locale du verre. Alors, Mme la Présidente... Mme
la secrétaire, plutôt, y a-t-il des remplacements pour ce mandat?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. M. Barrette (La Pinière) sera remplacé par M. Kelley
(Jacques-Cartier); et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) par M. Gaudreault
(Jonquière).
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, nous allons débuter par les remarques préliminaires puis nous entendrons RECYC-QUÉBEC,
la Société des alcools du Québec, Éco Entreprises Québec, l'Association
des détaillants en alimentation du Québec et l'Association des marchands
dépanneurs et épiciers du Québec.
Pour les remarques préliminaires, nous
allons débuter avec le groupe parlementaire formant le gouvernement. Je cède
donc la parole à la députée d'Argenteuil, qui est également vice-présidente de
cette commission. Vous disposez, Mme la députée... C'est ça, c'est bien ça?
Une voix
: ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui, j'allais vous parler de vous, ne vous inquiétez pas.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Ah! Donc, j'avais Mme Grondin. Bien, voulez-vous prendre la parole en premier?
Alors, vous avez... Tous les deux, vous avez six minutes pour vos remarques
préliminaires. Donc, M. le député de Bourget, vous avez la parole.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Bien, bonjour à tout le monde, merci. On a vraiment beaucoup de
gens qui ont montré de l'intérêt envers cette commission-là. C'est la première
journée d'une commission au mois d'août. Oui, ça débute tôt, mais ça nous
rappelle aussi que l'environnement, bien, il faut y penser tout le temps, en
été, au camping, tout le temps. J'aimerais remercier la députée de Mercier pour
avoir amené ce mandat d'initiative. Je sais que ça paraît toujours bien devant
une caméra de remercier les partis d'opposition, mais je suis sûr que la
députée de Mercier le sait, que c'est très sincère.
Sans cette commission, bien sûr que le
ministère travaille, et donc le ministère de l'Environnement et de la Lutte aux
les changements climatiques a continué à faire évoluer la pensée :
Qu'est-ce qu'on devrait faire avec les matières résiduelles? Ce n'est pas
quelque chose qui reste stagnant. Et nous allons donc regarder la situation et
la façon de gérer les matières résiduelles au Québec de façon générale. Par
contre, cette commission-là va nous permettre d'avoir de façon très claire de
très nombreux points de vue et, ce que j'apprécie particulièrement, rendre
visible cette situation-là aux yeux de tous.
On a reçu une grande quantité de mémoires.
C'est très bien. Tous les intervenants veulent toujours faire des
présentations, bien sûr. Malheureusement, il y a un impératif de temps, parce
que, comme gouvernement, il faut écouter, il faut bouger aussi. Alors, désolé
pour les groupes qui ne font pas de présentation formelle. Mais, au minimum,
vous pouvez être assurés que les mémoires vont être lus, parce qu'il y a un
sommaire qui est transféré à tous les membres de la commission de toute façon.
Quand on a vu des bateaux de déchets qui
ont été détournés vers des pays en voie de développement venant des pays
occidentaux, moi, j'ai trouvé ça gênant et inacceptable. Ça veut dire que la
consommation, ça amène une responsabilité, une responsabilité qui va jusqu'au
bout, qui ne doit pas arrêter à moitié.
En terminant, je voudrais utiliser le mot
«pragmatisme». C'est un mot que j'aime bien, et je pense qu'il qualifie notre
gouvernement ou la façon dont nous voulons que notre gouvernement soit, un
gouvernement pragmatique et terre-à-terre qui donc vise à trouver des solutions
à des problèmes réels, avec des solutions réelles pour le court terme et pour
la suite des choses. Il ne faut jamais oublier que dans le cas du marché du
verre, il y a un marché, donc des variations de prix, d'intervenants, de lieux
de livraison, de matières à recycler. Donc, ça bouge, et c'est dans ce
contexte-là qu'il faut regarder les choses. On n'a pas des solutions uniques à
100 % des problèmes, mais on a quand même une situation bien réelle...
M. Campeau : ...il y a un
marché, donc des variations de prix, d'intervenants, de lieux de livraison, de
matières à recycler, donc ça bouge. Et c'est dans ce contexte-là qu'il faut
regarder les choses. On n'a pas des solutions uniques à 100 % des
problèmes, mais on a quand même une situation bien réelle, problématique, à
régler. Cette commission servira de carburant pour alimenter nos réflexions
vers des solutions concrètes. Et l'avantage de ce carburant-là, c'est qu'il ne
provoquera pas de gaz à effet de serre. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci, M. le député de Bourget. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée d'Argenteuil. Vous avez un petit peu plus que 3 minutes,
trois secondes de plus.
Mme Grondin : Parfait. Merci, collègue.
Merci, Mme la Présidente. À mon tour de remercier mes collègues députés qui
sont ici aujourd'hui et pour le reste de la semaine malgré la saison estivale.
Merci.
Le dossier des matières résiduelles, et
plus particulièrement celui du verre est un enjeu... est un dossier important,
complexe, certes, et la contribution des membres aux travaux et à la réflexion
s'avère très intéressante, et pertinente, et, à mon avis, essentielle. Je
souhaite également saluer l'ensemble des intervenants — ça me touche toujours — qui
ont pris le temps de rédiger un mémoire et qui seront présents cette semaine
pour nous faire part de leur réalité. Je souhaite également, Mme la Présidente,
remercier à mon tour ma collègue députée de Mercier pour son initiative
demandant aux membres de la commission de se pencher sur les enjeux du verre.
Je souhaite remercier les membres de la commission d'avoir accepté ce mandat,
cette ouverture et cette volonté de trouver des solutions.
Les délais, certes, sont serrés,
effectivement, le ministre de l'Environnement souhaite présenter un plan
d'action sur les matières résiduelles dès le début de l'automne. Nous avons
donc peu de temps pour déposer un mémoire qui sera... avec des recommandations,
dès la première semaine de la session parlementaire. Merci à ceux qui nous ont
présenté ou qui nous ont transmis un mémoire et qui ne pourront être des nôtres
au cours de la semaine. Soyez assurés que nous en tiendrons compte dans notre
analyse.
Le dossier du verre est éminemment
complexe, et je souhaite ardemment qu'au cours de la semaine... que l'on mette
en lumière les différents enjeux qui s'y rattachent. La question n'est pas si
simple, la question n'est pas noire ou blanche. Ma contribution personnelle,
cette semaine, sera guidée selon les principes directeurs suivants :
éviter le mur-à-mur, mettre en valeur la contribution des régions et
avoir — le principe qui est, à mes yeux, le plus
important — une vision intégrée de la gestion des matières
résiduelles, donc du papier et du plastique, également. Merci, Mme la
Présidente. Bons travaux à tous.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci, Mme la députée d'Argenteuil et vice-présidente de la commission. Alors,
je passe maintenant la parole au député de Jacques-Cartier qui est le
porte-parole de l'opposition officielle.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. Je veux aussi... souhaite saluer l'ensemble de mes collègues et
de remercier l'ensemble des 31 groupes qui viendront présenter leurs points de
vue sur le dossier de recyclage du verre cette semaine. Pour moi, cette
semaine... moi, je vais penser à des citoyens du Québec, parce qu'on parle d'un
enjeu qui touche notre vie quotidienne, le recyclage des différents matériaux
de notre société. Alors, pour moi, je veux vraiment qu'on discute des
différentes options qui existent, mais aussi de l'option... et j'espère qu'on
va choisir ou discuter des options que c'est le plus simple pour les citoyens
d'utiliser, et avoir un vrai impact sur comment notre système peut être plus
efficace. Puis aussi je vais considérer aussi le fait que c'est important, on
est tous d'accord, il faut réduire nos GES, comme une société, alors que les
décisions ou les recommandations qui sont prises après cette discussion cette
semaine... Alors, prendre ça en considération, qu'il n'y ait aucune
augmentation des GES sur notre société.
• (14 h 10) •
Mais honnêtement je crois qu'ensemble...
c'est vraiment un enjeu, je trouve, qui est transpartisan, on est tous ici avec
une intention de trouver une façon de mieux recycler le verre, puis des autres
produits aussi, hein, parce que c'est sûr que le marché a changé, on a vu une
évolution dans le marché. Oui, on était gênés de voir les autres pays dire non
à nos déchets, puis, quand même, on était un petit peu choqués par le fait que,
oui, c'est vrai qu'on... Canada, l'Amérique du Nord a envoyé des produits à
l'extérieur, à des pays en développement. Alors, c'est une question pour nous
maintenant de régler ça, et pas juste... On a une expression, en anglais, «out
of sight, out of mind» mais présentement, it's in mind, alors...
M. Kelley
:
...choqués par le fait que, oui, c'est vrai qu'on... Canada, l'Amérique du Nord
a envoyé des produits à l'extérieur dans des pays en développement. Alors,
c'est une question pour nous maintenant de régler ça, et pas juste... on a une
expression en anglais, «Out of sight, out of mind», mais présentement, «it's in
mind». Alors, il faut vraiment réfléchir sur tous les différents aspects de ce
dossier-là.
Alors, c'est tout pour moi. Je vais
participer à ça avec une tête ouverte. Je suis ici pour discuter avec tous les
différents groupes, poser des différentes questions avec l'objet de mieux
recycler notre verre puis aussi, comme je le dis, juste de poser des questions
sur notre système en général. Alors, c'est tout pour moi, Mme la Présidente, et
merci beaucoup.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci, M. le député de Jacques-Cartier. Maintenant,
je passe la parole à la porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière
d'environnement et députée de Mercier à faire ses remarques préliminaires. Vous
avez une minute.
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. À mon tour, je veux remercier très, très sincèrement les membres
de cette commission qui ont accepté à l'unanimité la tenue de ce mandat
d'initiative que j'ai demandé sur la crise du verre. Donc, non seulement vous
reconnaissez qu'il y a une crise, mais vous reconnaissez aussi que le statu quo
n'est plus une option aujourd'hui au Québec. Les citoyens nous demandent de
trouver des solutions. Je veux que la commission garde en tête que l'objectif,
c'est de détourner le verre des sites d'enfouissement, tout le verre des sites
d'enfouissement.
Et aussi il y a beaucoup d'informations
qui ont été dites, donc je souhaite que cette commission nous permettre d'avoir
une vision commune et qu'on trouve, donc, des solutions parce qu'elle 2019
c'est inacceptable. L'image du Québec est ternie par cette crise du recyclage.
Donc, merci beaucoup, tout le monde, et bons travaux.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci, Mme la députée de Mercier. Maintenant,
j'invite le porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière
d'environnement et de lutte contre les changements climatiques et le député de
Jonquière. Vous avez la parole pour une minute.
M. Gaudreault : Oui,
merci, Mme la Présidente. Je veux saluer tout le monde.
D'emblée, je veux dire que j'aurais
apprécié la présence du ministre ici parce qu'on a un travail extrêmement
important à faire. Et je souhaite également que notre travail serve réellement.
Et je vais écouter avec attention les questions et les interventions des députés
du gouvernement parce qu'on sait déjà qu'à l'occasion de leur conseil national
ou conseil général sur l'environnement au printemps dernier, la Coalition
avenir Québec avait pris position contre la consigne sur le verre, mais pour
les bouteilles d'eau. Donc, il ne faudrait pas que l'idée du gouvernement soit
déjà faite à l'avance avant qu'on ait fait les recommandations et le travail
ici. Donc, moi, c'est très important, ce travail-là, en tout respect aussi pour
les personnes qui sont présentes et qui prennent la peine de déposer des
mémoires, et que je salue. Donc, première chose, c'est ça.
Deuxième chose, évidemment, mes grandes
préoccupations, c'est la récupération au maximum, et diminution des GES, et,
troisièmement, s'assurer du développement, du déploiement d'une économie verte
d'innovation, d'emplois chez nous dans le secteur du verre.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci, M. le député de Jonquière. Donc,
maintenant, nous passons... nous allons passer au début de ces témoignages, de
ces témoins qui sont devant nous. Je vous souhaite la bienvenue et je souhaite
la bienvenue à tous ceux et celles qui se joignent dans l'assistance. Il y a
des gens qui sont ici par simple curiosité, vous êtes là parce que vous vous
intéressez à ce dossier. Sachez que c'est votre maison ici et vous êtes
également bienvenus.
Donc, nous allons commencer par le groupe
RECYC-QUÉBEC. Vous avez 10 minutes pour faire votre exposé. Je vous invite, Mme
la présidente-directrice générale, à présenter les personnes qui vous accompagnent
et ensuite de nous faire part de votre réflexion par rapport à cette question.
Mme Gagné (Sonia) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Messieurs et mesdames de la commission, bonjour.
Je suis donc Sonia Gagné, présidente-directrice générale de RECYC-QUÉBEC et je
vous présente Sophie Langlois-Blouin, vice-présidente Performance aux
opérations, et Stéphane Devernal, qui, lui, est vice-président Gestion
financière. Donc, mes collègues m'accompagnent pour pouvoir répondre de manière
plus précise à des points de clarification que vous pourriez avoir.
Je vous remercie de recevoir RECYC-QUÉBEC
aujourd'hui et je suis honorée d'ouvrir cette commission. Je prends
l'opportunité au nom de mes collègues de contribuer aux travaux entourant le
recyclage et la valorisation du verre au Québec. Cette période sera utilisée,
en introduction, pour faire, dans un premier temps, un état de situation actuel
de la situation du verre au Québec, mais aussi, dans un deuxième temps, nous
vous présenterons nos recommandations.
Avant d'aller plus loin, quelques mots sur
la société d'État qu'est RECYC-QUÉBEC, créée en 1990 et dont la mission est
d'amener le Québec à réduire, réutiliser, recycler, valoriser les matières
résiduelles dans une perspective d'économie circulaire et de lutte aux
changements climatiques. Nos divers champs d'intervention visent à soutenir et
mobiliser les acteurs de la chaîne de valeur des matières résiduelles, de
réaliser, financer...
Mme Gagné (Sonia) : ...d'amener
le Québec à réduire, réutiliser, recycler, valoriser les matières résiduelles
dans une perspective d'économie circulaire et de lutte aux changements
climatiques. Nos divers champs d'intervention visent à soutenir et mobiliser
les acteurs de la chaîne de valeurs des matières résiduelles, de réaliser,
financer et promouvoir des travaux de recherche et de développement, de faire
évoluer les comportements des Québécois en matière de gestion de matières
résiduelles et en les sensibilisant à poser le bon geste. Nous accompagnons également
les organismes municipaux dans l'optimisation de la gestion de leurs matières
résiduelles, notamment en analysant et en approuvant leurs plans de gestion de matières
résiduelles. Nous coordonnons l'effort gouvernemental en économie circulaire et
nous administrons le système de consigne publique, et nous contribuons également
à l'administration du système de collecte sélective.
En lien avec ce dernier point, nous avons
donc cette responsabilité de gérer l'un des deux systèmes de récupération du
verre qu'est la consigne publique. Cependant, je vous rappelle qu'il existe un système
de consigne privée sur les contenants de verre à remplissage multiple de bière
qui, lui, est géré par les brasseurs. Nous contribuons également à la
performance de la collecte sélective avec l'ensemble des parties
prenantes : les citoyens, les entreprises, l'organisme agréé qu'ils
représentent, les centres de tri, les recycleurs, les conditionneurs et, bien
entendu, le gouvernement du Québec. C'est donc par ces trois systèmes, la
consigne publique, la consigne privée et la collecte sélective, que le verre
post-consommation est récupéré, actuellement, au Québec. Globalement, la
complémentarité des systèmes nous permet d'atteindre des taux de récupération
qui sont intéressants pour le verre si nous partons du principe que peu importe
le mode de récupération. Beaucoup de données, cependant, ont circulé au cours
des derniers mois, et nous comprenons l'importance d'avoir un portrait actuel
et clair. Nous sommes donc les mieux placés pour vous donner un portrait
fiable, actuel, afin de prendre des décisions éclairées, mais nous vous
rappelons cependant que les données que nous recueillons depuis 1992 sont
fournies sur une base volontaire et que nous devons travailler avec diligence à
nous assurer qu'elles sont fiables et pertinentes.
Ceci étant dit, voici les données sur
lesquelles je voudrais aujourd'hui attirer votre attention. Le citoyen, au Québec,
récupère 78 % des contenants de verre à la maison. Ce qui veut dire que
deux contenants sur 10, aujourd'hui, par les citoyens, est mis à la poubelle.
Ensuite, au niveau du centre de tri, dépendamment des équipements qui sont
présents dans un centre de tri, une portion de verre peut se retrouver soit
dans les rejets qui seront envoyés à l'élimination, soit le verre peut être
utilisé comme matériel de recouvrement ou à un autre usage dans un centre
d'enfouissement, ou enfin le... le verre, pardon, peut être trié et acheminé à
des conditionneurs, qui vont le trier à leur tour par couleur et enlever les
contaminants. Au centre de tri... le centre de tri envoie donc 37 % du
verre qu'ils reçoivent au recyclage. La donnée qui figurera maintenant au
prochain bilan de gestion de matières résiduelles 2018 est celui de
l'acheminement aux fins de recyclage, qui représente la performance conjointe
entre celle du citoyen et du centre de tri. Il s'agit donc, pour le verre,
d'une donnée qui représente 28 % en 2018, comparativement à celle que vous
avez entendue dans les médias au courant de la dernière année, qui était de
14 % en 2015. Donc, 72 % est mis dans les déchets par le citoyen ou
destiné à l'élimination par les centres de tri. Ces chiffres confirment pour
nous la nécessité de travailler à améliorer le recyclage du verre au Québec.
• (14 h 20) •
Des mesures ont été prises depuis pour
faire augmenter le taux, et permettez-moi de vous en nommer quelques-unes.
Depuis les dernières années, nous avons investi 25 millions dans les
centres de tri et chez les recycleurs au Québec, et près de 2 millions ont
été spécifiquement dédiés à des projets concernant le verre. Outre ces
investissements, RECYC-QUÉBEC a travaillé de concert avec un ensemble de
parties prenantes pour encourager la création de nouveaux débouchés à valeur
ajoutée pour le verre de la collecte sélective. Des débouchés intéressants sont
actuellement en phase de développement et de commercialisation, comme, par
exemple, celui du verre micronisé en ajout cimentaire ou celui du verre
cellulaire. Donc, stimuler les débouchés est une partie de la solution, mais il
faut également travailler sur les systèmes en place. A priori, la collecte
sélective est un système simple pour le citoyen, mais les défis opérationnels
sont importants. Le verre se brise dans le camion de collecte, cela rend plus
difficile son tri une fois au centre de tri, et, en se brisant, le verre
devient aussi contaminé par les autres matières, les petits morceaux de papier,
de plastique...
Mme Gagné (Sonia) : ...
est un système simple pour le citoyen, mais les défis opérationnels sont
importants. Le verre se brise dans le camion de collecte. Cela rend plus
difficile son tri une fois au centre de tri. Et, en se brisant, le verre
devient aussi contaminé par les autres matières, les petits morceaux de papier,
de plastique, ce qui diminue sa valeur au marché. Les morceaux de verre brisés
sont aussi plus difficiles à traiter et ont moins de débouchés intéressants à
forte valeur ajoutée, ils sont donc souvent utilisés comme abrasif.
L'initiative des points de dépôt
volontaires est une avenue intéressante à évaluer pour améliorer le tri à la
source et réduire la contamination. Plusieurs municipalités mettent actuellement
des projets pilotes dans ce sens. Par contre, l'implication de l'évaluation des
coûts pour ces municipalités, tant pour elles que pour les entreprises qui
financent aujourd'hui au Québec le système de collecte sélective, doit être
faite. Nous avons d'ailleurs mené récemment une étude à ce sujet pour
accompagner les municipalités dans leurs prises de décision.
Maintenant, si on parle de la consigne,
son principal avantage est que la matière livrée chez les conditionneurs est déjà
triée, sans mélange de couleurs, et pratiquement, donc, exempte de
contaminants. Elle possède une valeur intéressante pour les marchés. Cependant,
aujourd'hui, selon la portée actuelle de la consigne, le volume généré de verre
est insuffisant pour combler les besoins des acheteurs québécois en matière de
verre recyclé. Il y a une autre limite importante à la consigne actuelle — qui,
je vous le rappelle, a été mise en place en 1984 — et qui vise le
contenu plutôt que le contenant. Cette situation crée une confusion importante
chez les citoyens et peut éventuellement nuire au taux de récupération des
contenants.
En somme, le statu quo n'est pas une
solution. Les systèmes de consignation publics et de collecte sélective doivent
fonctionner en complémentarité afin d'atteindre les objectifs souhaités, et
nous espérons que nous éviterons le piège de les mettre en opposition. RECYC-QUÉBEC
recommande donc quatre recommandations.
Recommandation un : moderniser globalement
les deux systèmes afin de répondre aux enjeux récurrents et d'optimiser la
performance. Cette modernisation devrait inclure des objectifs de récupération
et de recyclage cohérents, notamment pour préciser un seuil minimum de
recyclage au Québec. Un mécanisme d'échange entre les deux systèmes, incluant
un flux financier optimisé et des campagnes de sensibilisation citoyenne
intégrées. Une traçabilité complète de la matière qui transige par ces
systèmes, de la mise en marché au recyclage, afin de permettre une reddition de
comptes efficace. Une plus grande implication et une plus grande imputabilité
de l'industrie quant aux matières qu'elle met en marché et quant à la
performance des systèmes de récupération et de recyclage en place. Et enfin la
révision des éléments clés de la consigne, à titre d'exemple, le montant de la
consigne, la prime de manutention, le nombre de points de retour, l'optimisation
des réseaux de logistique et de transport ainsi que la portée du système, selon
le contenant et non selon le contenu.
La deuxième recommandation vise à
développer et diversifier les débouchés pour le verre, surtout locaux, et ce, peu
importe le mode de récupération retenu. Il est essentiel de s'assurer que les
spécifications du verre trié répondent aux besoins actuels et futurs de ceux
qui vont les recycler et conditionner.
Recommandation trois : réduire l'utilisation
du verre comme matériel de recouvrement journalier dans les lieux
d'enfouissement. Cette pratique, de même que le coût actuel de l'enfouissement,
impacte directement les modèles d'affaires du développement de la filière du
verre au Québec.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...vous avez fait vos 10 minutes. Est-ce que
vous acceptez, du côté du gouvernement, qu'elle continue pour sa quatrième recommandation?
Une voix
: ...je crois.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Oui? C'est ça.
Mme Gagné (Sonia) :
Merci. Recommandation quatre : soutenir activement les conditionneurs et
recycleurs de verre afin de les aider à atteindre les plus hauts standards de
qualité attendue par les recycleurs et permettre la possibilité que le verre
soit refondu.
Je vous remercie, Mme la Présidente,
messieurs dames de la commission, et on est prêts à répondre à vos questions.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci beaucoup. Donc, maintenant, je passe la
parole au groupe parlementaire du gouvernement. Vous avez
16 min 30 s.
M. Campeau : O.K. Si je
peux me permettre de commencer, premièrement, je voudrais juste ramener ce qui
a été mentionné tantôt par le député de Jonquière. Ce qui avait été mentionné
par... au niveau du Conseil général de la Coalition avenir Québec, c'était
d'augmenter de façon significative le pourcentage de récupération du verre.
C'est vrai qu'il y avait un amendement sur la consigne qui n'avait pas passé.
Mais l'idée, c'était de garder les options ouvertes à ce moment-là, ce n'était
pas contre la consigne ou pour la consigne, c'était plutôt dans cet ordre
d'idées là que c'était intervenu.
Mme Gagné...
M. Campeau : ...significative
de pourcentage de récupération du verre. C'est vrai qu'il y avait un amendement
sur la consigne qui n'avait pas passé, mais l'idée, c'était de garder les
options ouvertes, à ce moment-là, ce n'était pas contre la consigne ou pour la
consigne, c'était plutôt dans cet ordre d'idées là que c'était intervenu.
Mme Gagné, je reviens sur la recommandation
deux. Vous avez d'abord parlé de complémentarité, au début, et ça, ça, ça
ressort dans toute votre présentation. À votre recommandation deux, vous parlez
de diversifier les débouchés locaux. Pouvez-vous expliciter un petit peu plus?
Mme Gagné (Sonia) :
Actuellement, les principaux conditionneurs et recycleurs de verre font du...
avec soit des contenants de verre, de la poudre à béton, du matériel de
filtration, du sable. Mais il y a matière à pouvoir faire en sorte, au Québec,
avec du soutien, d'améliorer le fait que ce verre-là soit recyclé et valorisé
au Québec. Je pense au verre vert, par exemple, qui actuellement est envoyé à
l'extérieur du Québec pour être valorisé.
M. Campeau : Dans le but de
créer une industrie locale qui permettrait de faire une boucle, dans le fond.
Mme Gagné (Sonia) : L'objectif,
ça fait partie même du mandat de RECYC-QUÉBEC, on parle de favoriser une économie
circulaire. Donc, nos déchets deviennent donc une matière secondaire à
valoriser, et cette richesse-là, donc, effectivement, crée une industrie, une
vitalité au niveau de cette filière-là. On peut aussi parler de vitalité au
niveau de certaines régions qui peuvent avoir des responsabilités particulières
par rapport à certains produits. On peut penser à la recherche et au développement
qui se fait ici, au Québec, le but étant que la valeur ajoutée à nos produits
soit faite ici. On peut les exporter, mais une fois que le produit est
transformé, et non pas, comme vous l'avez dit tout à l'heure, d'exporter le
déchet lui-même.
M. Campeau : D'accord.
Dernière question, pour ne pas prendre... pour ne pas mobiliser tout le temps.
Vous avez parlé de données sur une base volontaire. Je comprends. Est-ce que
vous sous-entendez qu'elles devraient être obligatoires?
Mme Gagné (Sonia) : Oui. Je
crois que la déclaration... une déclaration de quelques données simples,
claires... Année après année, il y a des déclarations qui se font par les municipalités
dans le cadre du régime de compensation, mais, outre ça, pour être capable de
prendre des décisions éclairées et de faire une reddition de comptes plus
régulière... Vous l'avez remarqué, on a un bilan 2015 suivi d'un bilan 2018,
qu'il nous faut un an à réaliser parce que c'est fait par téléphone. Et, Dieu
merci, il y a un bon vouloir de l'industrie de collaborer, mais il reste que,
si on a une reddition de comptes un peu plus performante, on peut être plus
agile et prendre des décisions plus éclairées.
M. Campeau : D'accord. Je
passe la parole à un autre membre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Combien de
temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste 13 minutes... 12 min 30 s, à peu près.
Mme Grondin : Parfait. Merci.
Bonjour, Mme Gagné, bonjour. Plusieurs questions, en fait, la première est
concernant... Vous avez parlé beaucoup de l'implication ou la contribution au
niveau des citoyens par le biais de la collecte sélective, par exemple. Est-ce
que vous avez des chiffres concernant toute la question du verre pour tout ce
qui est les institutions, commerces et industries?
Mme Gagné (Sonia) :
Aujourd'hui, très peu. La déclaration se fait par les municipalités dans le
cadre du régime de collecte sélective. Il y a quelques quantités, qui sont
assez marginales, qui sont déclarées par les municipalités qui offrent le
service à des ICI, des institutions, commerces et industries qui sont
considérés assimilables à des résidences, donc qui sont plus petits. Il n'y a
pas de données récentes sur la génération du verre en ICI.
Mme Grondin : Et où
croyez-vous que, par exemple, dans les restaurants ou ailleurs, vont justement
les résidus de verre ou les déchets de verre?
Mme Gagné (Sonia) :
Aujourd'hui, n'ayant pas de traçabilité sur ces quantités-là, je ne peux pas
vous répondre.
Mme Grondin : Donc, on n'en a
aucune idée, ça peut modifier complètement le portrait que l'on a, actuellement.
Mme Gagné (Sonia) : Il y a une
quantité pour laquelle nous n,avons pas de données récentes, oui.
Mme Grondin : Parfait. Que
fait-on avec le verre? Il y a des projets pilotes actuellement de dépôt
volontaire très intéressants, que fait-on avec le verre qui est récupéré?
Mme Gagné (Sonia) : Il est, et
là vous me corrigerez si je me trompe, il est directement envoyé aux
conditionneurs, donc chez un ou deux conditionneurs qui ont des contrats.
Sophie, peut-être que tu peux compléter.
• (14 h 30) •
Mme Langlois-Blouin (Sophie) :
Oui, exact. Donc, c'est effectivement le...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Grondin : ...que fait-on
avec le verre qui est récupéré?
Mme Gagné (Sonia) : Il est — et
là, vous me corrigerez si je me trompe — il est directement envoyé
aux conditionneurs, donc chez un ou deux conditionneurs qui ont des contrats.
Sophie, peut-être que tu peux compléter.
Mme Langlois-Blouin (Sophie) : Exact.
Donc, c'est... effectivement, le verre est envoyé chez un conditionneur qui a
le travail de le trier par couleurs et de l'envoyer à un recycleur par la
suite.
Mme Grondin : Et de façon
générale, est-ce qu'on en fait donc, dans le fond, du recyclage complètement à
100 %? Donc, il est trié par couleurs et il est transmis par la suite?
C'est comme ça...
Mme Langlois-Blouin (Sophie) :
Exact, exact.
Mme Grondin : O.K. Autre
question : Si vous aviez, au niveau de la consigne, à nous recommander,
sur quel type de contenants? Comment on approche? La consigne porterait sur
quoi? La bouteille de vin de la SAQ? Le pot de cornichons? Sur quoi il faudrait
mettre l'emphase? Sur l'ensemble des contenants de verre?
Mme Gagné (Sonia) :
Aujourd'hui, par rapport aux meilleures pratiques qu'on a observées, la
consigne sur les contenants de boisson, tout contenant... on parle de
contenants de boisson, c'est un modèle, effectivement, qui mérite d'être
observé. Tout à l'heure, je parlais de l'opposition entre contenant et contenu.
Aujourd'hui, la consigne porte sur les contenants de bière et de boissons gazeuses,
peu importe dans quel type de contenant ils sont mis en marché. On a dit la
consigne date de 1984, et il y avait peut-être trois sortes de bières et trois
couleurs de liqueur. Ce n'est pas le cas, aujourd'hui, quand vous regardez les
tablettes dans votre supermarché. Donc, il y a une multiplication des produits
à boire et des contenants, donc, qui s'y rattachent.
Mme Grondin : Je reviens à mon
pot de cornichons. Comme personne qui mange des cornichons, je mets mon pot de
cornichons dans mon bac bleu. Si la consigne porte sur les boissons, donc, mon
pot de cornichons va revenir dans le bac bleu. Si on retire, par le biais de la
consigne, le verre dédié à la boisson, il va rester du verre dans le bac bleu.
À votre avis, quel sera l'impact de la collecte sélective, tant au niveau
municipal que citoyen, si une partie du verre est retirée et une autre non?
Mme Gagné (Sonia) :
Aujourd'hui, on a dit modernisation des deux systèmes. Il reste que la
modernisation des centres de tri, aujourd'hui, permet d'optimiser le tri. Et le
verre qui reste dans les bacs... et qui ne sont pas des contenants de boissons
sont de l'ordre de 30 % à 35 % de ce que représente la totalité du
verre dans le bac, donc la quantité est relativement faible. On a parlé de pas
de solution mur à mur, des solutions qui sont progressives. On pourrait, dans
ce cas-là, dire : Le contenant de cornichons reste au bac.
Mme Grondin : Et est-ce que...
Si j'ai bien compris, hein, le dossier est assez complexe, mais, au niveau de
la collecte sélective, cet intrant-là, pour les municipalités, leur permet, en
termes de redevances... si je comprends bien. Pouvez-vous nous expliquer quel
est l'impact, surtout financier,que pourrait avoir cette approche-là?
Mme Gagné (Sonia) : Une
municipalité déclare ses coûts de collecte, transport, tri et conditionnement,
annuellement. Et ces coûts-là sont compensés par les metteurs en marché
d'emballage, de journaux, d'imprimés. Et donc ce qu'ils nous déclarent, c'est
les coûts de collecte, transport, tri et conditionnement de la matière sur leur
territoire.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste encore 6 min 30 s. Mme la députée de...
Mme Tardif :
Laviolette—Saint-Maurice.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Merci de me rafraîchir la mémoire.
Mme Tardif : Il n'y a aucun
souci. Il semble que, on l'entend quand même régulièrement, pour ne pas dire
abondamment, que la collecte sélective telle qu'elle est, actuellement, elle
est dépassée. Vous nous l'avez dit, vous aussi. Comment voyez-vous la
modernisation de cette collecte sélective là?
Mme Gagné (Sonia) : Comme je
l'ai dit plus tôt dans l'allocution, d'abord, ce qui nous semble important,
c'est un regard posé sur la collecte sélective,en termes de responsabilité de
l'industrie, du produit qu'il met en marché jusqu'à la fin de sa vie utile.
Alors, de travailler de concert avec l'industrie, ça nous permet de pouvoir
parler du produit qui est mis en marché, de sa conception...
Mme Gagné (Sonia) : ...un
regard posé sur la collecte sélective, en termes de responsabilité de
l'industrie, du produit qu'il met en marché jusqu'à la fin de sa vie utile.
Alors, de travailler de concert avec l'industrie, ça nous permet de pouvoir
parler du produit qu'il met en marché, de sa conception, donc d'utiliser, par
exemple, un produit qui, à sa conception, est recyclable; qui contient, par
exemple, dans sa conception, un pourcentage de contenu recyclé. C'est une autre
alternative et voie à explorer, par exemple.
Au niveau de l'optimisation de la collecte
sélective, on a parlé plus tôt de la traçabilité de la matière, de savoir d'où
elle vient, où elle s'en va, pour prendre de meilleures décisions, et enfin,
avoir... pouvoir prendre des décisions qui permettent que la fragilité du système,
quant à la variation des prix de matière, soit mieux sous contrôle.
Mme Tardif : Et comment vous
voyez la complémentarité entre les deux systèmes? Parce que vous avez amené ça
aussi comme piste de solution, donc, entre la collecte sélective et la
consigne.
Mme Gagné (Sonia) : Il y a
plusieurs points de complémentarité qui peuvent avoir lieu, notamment en termes
d'échanges de flux financier. Donc, aujourd'hui, c'est soit collecte sélective
ou consigne alors qu'il peut y avoir des passerelles qui sont établies selon
des modalités à convenir.
L'autre point est au niveau citoyen. Les
campagnes de sensibilisation actuellement portent soit sur la collecte
sélective, soit sur les contenants consignés alors qu'il peut y avoir une synergie,
au niveau des efforts citoyens, des deux systèmes.
Mme Tardif : Est-ce que... là
peut-être que j'étais un peu... votre rôle et votre mandat, mais est-ce que
vous voyez une similitude entre les citoyens qui font leur recyclage ou leurs
consignes en ville et dans les campagnes? Est-ce que vous voyez qu'il y aurait
des problématiques si on se dit qu'on va appliquer telle mesure? Est-ce que ce
serait applicable, mur à mur, à travers la province?
Mme Gagné (Sonia) : Une mesure
mur à mur, comme on l'a dit d'entrée de jeu, on essaie autant que possible
d'avoir des solutions qui permettent d'être adaptées en fonction des
différentes régions. Les données actuelles ne me permettent pas de dire qu'il y
a un comportement citoyen en région versus en ville. Les dessertes, bien sûr,
sont différentes. Mais, dans un contexte de modernisation, il est absolument,
absolument nécessaire de parler des réalités régionales. Oui, vous avez raison.
Mme Tardif : Avez-vous des
données par rapport au dépôt volontaire, le projet qui se fait dans la MRC de
Val-Saint-François? Comment ça va? Est-ce que c'est concluant?
Mme Gagné (Sonia) :
Aujourd'hui, ce qui nous a intéressés particulièrement, l'angle qu'on a évalué,
les taux de récupération sont très bons. Il y avait deux points en termes,
encore une fois, de traçabilité, c'est-à-dire d'où vient la matière qui est au
point de dépôt, est-ce qu'elle est de la région, est-ce qu'elle est...
probablement que les représentants qui sont impliqués dans le projet sauront vous
en parler.
L'autre point, c'est les impacts sur les
coûts de la collecte sélective. On peut déclarer les coûts de ce point de dépôt
comme un coût de collecte sélective municipale. Donc, sur un point de vue
environnemental, les résultats sont là; sur un point de vue financier, c'est
une collecte qui est un petit peu plus onéreuse que celle par bac bleu.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Beauharnois, il vous reste 2 min 30 s.
M.
Reid
: À la
recommandation 2, vous expliquez : Développer et diversifier les
débouchés pour le verre; recommandation 3 : Réduire l'utilisation du
verre comme matériel de recouvrement journalier dans les lieux d'enfouissement.
Est-ce que vous avez des exemples de débouchés qui ont été mis sur pied au cours
des dernières années? Et qu'est-ce qui peut être... dans le futur, qu'est-ce
qui peut être fait à ce niveau-là?
Mme Gagné (Sonia) : Au niveau
de la recherche et développement, qu'on peut constater... en fait, excusez-moi,
je le retrouve dans... je vais reprendre la fiche sur laquelle on le mentionne.
Ce qu'on peut dire d'entrée de jeu... oui, exactement, ça va, merci. Pour le
débouché, ce qu'on a vu est l'utilisation du verre micronisé, par exemple, pour
l'ajout dans le béton ou alors, de la même manière, pour les enrobés
bitumineux, donc des recherches sont faites pour le mettre dans les produits
d'asphalte. Le verre micronisé, on en a parlé tout à l'heure, il y a eu un
projet de dalles écologiques, qu'on a supporté, en 2016.
• (14 h 40) •
Également, les points de dépôt dont on a
parlé, mais... fait en sorte que la recyclabilité du verre est devenue un petit
peu plus importante et que les débouchés liés à ce verre-là étaient de
meilleure valeur. Donc, aujourd'hui, sur les débouchés actuels...
Mme Gagné (Sonia) : ...Également,
le fait, les points de dépôt dont on a parlé, mais fait en sorte que la
recyclabilité du verre est devenue un petit peu plus importante et que les
débouchés liés à ce verre-là étaient de meilleure valeur.
Donc, aujourd'hui, sur les débouchés
actuels, au Québec, c'est ce qu'on peut observer. Donc, l'ajout cimentaire,
enrobé bitumineux, abrasifs, notamment.
M.
Reid
: Il
n'y a rien d'autre qui s'est fait depuis. C'est ce qu'on regarde actuellement,
là.
Mme Gagné (Sonia) : C'est
ce qu'on a actuellement en emplacement.
M.
Reid
: Est-ce
qu'on a des exemples d'ailleurs, ce qui s'y se fait actuellement qui pourraient
nous aider à avancer davantage là-dessus?
Mme Gagné (Sonia) : C'est
quelque chose qu'on pourrait éventuellement...
Une voix
: Si on n'a
pas de réponse.
Mme Gagné (Sonia) :
...vous soumettre, là. Je n'ai pas ça sous les yeux.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci. Merci beaucoup. Maintenant, nous allons
aller du côté de l'opposition officielle. Vous avez 11 minutes.
M. Kelley
: Merci,
Mme la Présidente et merci à Mme Gagné pour votre présentation. Première
question. Si demain le gouvernement décide d'élargir la consigne, est-ce que
c'est en lien avec votre mandat présentement?
Mme Gagné (Sonia) :
Aujourd'hui, RECYC-QUÉBEC a le mandat de gérer la consigne publique. Donc,
demain, si la consigne était élargie et qu'il s'agit d'un mandat de
modernisation, le format de la gestion n'est pas encore déterminé. Mais,
clairement, nous serions impliqués dans la détermination de ce modèle-là en
termes de rôle-conseil.
M. Kelley
:
Parfait. Merci. Une autre question. Si, demain, le gouvernement arrive puis il
demande à vous autres si on décide d'aller à l'avant avec un élargissement de
la consigne, est-ce que ça va réduire nos gaz à effet de serre, ici, au Québec,
ou augmenter ou c'est nul, là? Votre réponse, est-ce que vous avez des études
là-dessus ou est-ce que c'est une question que vous avez réfléchir sur la
question des GES si on ajoute cette consigne-là?
Mme Gagné (Sonia) :
Lorsque dans le camp de la modernisation de la consigne et des travaux ont été
confiés à Deloitte's pour travailler sur l'optimisation des transports et de la
logistique. C'est un point qui a été étudié en ce sens qu'aujourd'hui, tous les
points où on peut acheter bière et boissons gazeuses sont des points qui sont
desservis pour la collecte. Donc, c'est des milliers de points où on va déposer
nos contenants.
Il y a une question qui se pose quand on
constate que 80 % des contenants sont ramenés dans 20 % des points
collectes. Il y a une optimisation à faire là. Donc, qui pourrait
éventuellement aussi se traduire en gaz à effet de serre. Donc, il y a des
points de collecte plus achalandés que les autres. C'est la raison pour
laquelle une de nos recommandations est de regarder la consigne sur un point de
vue de la logistique et du transport.
Est-ce qu'il y a des points où les
contenants sont ramassés en plus grand nombre? Et comment on peut optimiser les
routes parce qu'actuellement, effectivement, plusieurs camions peuvent passer
pour récupérer des contenants.
M. Kelley
:
Parfait. Merci beaucoup. Pendant votre présentation, vous avez parlé la
contamination des autres résidus par le verre. J'ai une question : Est-ce
que c'est aussi un impact sur les produits papier? Est-ce que vous pouvez juste
expliquer un petit peu sur cet élément-là, la contamination des autres produits
dans le bac bleu?
Mme Gagné (Sonia) : Au
niveau du verre, ce qu'on a observé, c'est surtout les petites particules. Je
vous donne un exemple, là, vous croyez faire le bon geste en traitant vos
papiers confidentiels, vous les déchiquetez, vous mettez ça dans un sac, vous
mettez ça à la récupération. Jusque là, tout va bien.
Quand le sac se brise, les petits morceaux
de papier entrent en contact avec les autres particules et c'est là que se
forme la contamination au froid, à la neige, à l'eau. Dans le centre de tri, ça
devient une pâte qui fait en sorte que le morceau de verre va être très
difficile à... pardon, à trier et à valoriser. Pour les petites particules de
plastique, c'est la même chose.
Donc, c'est là qu'on voit le plus grand
intérêt à une collecte séparée ou enfin à ce qu'il y ait une technologie de
pointe pour faire en sorte que cette contamination-là ne se fasse pas.
Dans l'autre sens, la contamination est
très faible.
M. Kelley
:
Parfait. Merci. Et est-ce que RECYC-QUÉBEC a participé à des projets pilotes
pour examiner la question de réduire la contamination des produits? Est-ce que
vous avez des chiffres, des exemples de succès qui existent présentement et des
résultats en général? Est-ce que vous pouvez expliquer un petit peu si vous
avez des chiffres exacts là-dessus?
Mme Gagné (Sonia) : Le
plus récent projet qu'on a observé, c'est celui des points de dépôt au
Val-Saint-François et l'angle qu'on a observé est plutôt celui de l'impact
financier sur le modèle de collecte sélective pour les régions qui implantent
les points de dépôt.
M. Kelley
:
Parfait. Juste encore sur la consigne privée...
Mme Gagné (Sonia) : ...celui
des points de dépôt au Val-Saint-François, et ce qu'on... l'angle qu'on a
observé est plutôt celui de l'impact financier sur le modèle de collecte
sélective pour les régions qui implantent les points de dépôt.
M. Kelley
: Parfait.
Juste encore, c'est ça, la consigne privée qui fonctionne super bien parce que,
bien, présentement, il y a une entente entre les brasseurs du Québec et les
entreprises qui reçoivent les bouteilles, mais aussi parce que les bouteilles
de verre consignées présentement sont très standardisées et donc réutilisées. Est-ce
qu'on peut s'attendre à une efficacité aussi élevée dans le cadre des
bouteilles de vin?
Mme Gagné (Sonia) : Le marché
de la... À ma connaissance, le marché de la réutilisation des bouteilles de vin
est relativement faible au Québec. On est un... On importe beaucoup les
bouteilles de vin, et elles sont très peu reremplies. Donc, l'usage multiple
des bouteilles de vin est une pratique qui est marginale.
M. Kelley
: Parfait. Je
me souviens, quand j'étais plus jeune, le bac bleu chez les maisons Kelley,
c'était toujours divisé entre le papier, plastique et le verre. Maintenant,
c'est juste dans un gros bac bleu, alors tout est dedans.
Mais, selon vous, est-ce qu'il y a aussi
un élément, une campagne de publicité qui doit être faite encore? Je sais que
l'information circule, mais est-ce que c'est toujours pertinent et partie de
notre approche de rappeler les gens des meilleures pratiques?
Et je comprends maintenant que les centres
de tri sont capables de faire la division des différents produits eux-mêmes,
mais, quand même, est-ce que ça, c'est un élément que le gouvernement doit
réfléchir sur, que c'est de vraiment informer les gens comment de faire leur
recyclage? Je sais que c'est «basic», mais c'est toujours quelque chose qui est
très important si on veut vraiment augmenter le taux de recyclage du verre
juste en général.
Mme Gagné (Sonia) : Vous avez
raison et, dans ce sens-là, oui, les campagnes de sensibilisation citoyennes,
ça doit être en continu. Parce que, oui, le choix a été fait sur la quantité de
la matière récupérée, mais comment le mettre dans son bac, comment séparer la
matière, comment faire une boule avec un papier d'aluminium, comment enlever
les journaux d'un sac de plastique, ça fait une différence très importante. Et
ce qui va ou pas dans le bac aujourd'hui, ça, c'est encore des questions qui se
posent.
On a célébré le 100 000e téléchargement
de l'application Ça va où?, l'application de RECYC-QUÉBEC qui accompagne le
citoyen dans son geste de tri, mais on peut encore faire mieux.
M. Kelley
: Parfait. Je
pense, on... la parole à... collègue... Viau.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Donc, c'est un dossier
important dans la mesure que moi, comme député de la circonscription de Viau,
dans le territoire de ma circonscription, j'ai un centre, le centre de tri.
Je vous ai entendu parler de cette vision
qui... presque qui s'oppose, corrigez-moi, entre la modernisation des centres
de tri et la consigne. Et est-ce que vous avez fait une... Est-ce qu'il y a une
évaluation qui existe à l'heure actuelle à RECYC-QUÉBEC sur les enjeux autour
de la modernisation, les coûts, quels sont les défis autour de la modernisation
des centres de tri?
Mme Gagné (Sonia) :
Aujourd'hui, il y a déjà dans le budget du gouvernement du Québec des sommes
qui sont allouées à la modernisation des centres de tri, et on a annoncé en
mars dernier... le gouvernement du Québec a annoncé des sommes qui sont dédiées
à ça.
Si on prend un pas de recul, et que votre
question concerne le verre, le verre représente 13 % du bac bleu au moment
où on se parle. Donc, l'équilibre entre les sommes à investir pour des
technologies propres au verre versus la modernisation d'un centre de tri dans
ses opérations courantes, c'est clair qu'ils doivent être accompagnés pour la
totalité de leurs opérations.
Aujourd'hui, on observe que des technologies
issues des recherches au niveau de l'intelligence artificielle permettent
d'avoir un tri extrêmement précis, et là il y a des opportunités pour le Québec
de mettre de l'avant des technologies qui sont développées ici et qui amènent
une très grande valeur ajoutée dans les centres de tri.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...encore quelques secondes.
M. Benjamin : Quelques
secondes. Donc...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Non, vous avez deux... 1 min 30 s environ.
M. Benjamin : Merci. Donc,
vous avez abordé cette notion notamment au niveau que... lorsque vous abordiez
la question de la promotion, donc autour de la consigne et du recyclage, qu'il
est important de rejoindre de... il y a un effort. J'aimerais peut-être vous
entendre un peu plus là-dessus. Quels sont les efforts qu'on pourrait faire
rapidement pour faciliter une meilleure conciliation et renforcer justement le
recyclage du verre au Québec?
• (14 h 50) •
Mme Gagné (Sonia) : Donc,
mettre ensemble les efforts de campagne au lieu d'avoir des campagnes séparées
sur quoi faire avec un contenant de bière, ou de boisson gazeuses, ou de...
M. Benjamin : ... il y a un
effort. J'aimerais peut-être vous entendre un peu plus là-dessus. Quels sont
les efforts qu'on pourrait faire rapidement pour faciliter une meilleure
conciliation et renforcer, justement, le recyclage du verre au Québec?
Mme Gagné (Sonia) : Donc,
mettre ensemble les efforts de campagne. Au lieu d'avoir des campagnes séparées
sur quoi faire avec un contenant de bière, ou de boisson gazeuse, ou
d'emballage à la maison, bien il s'agit de la gestion de la matière résiduelle
à la maison. Donc, peu importe le système, le citoyen doit être accompagné dans
les gestes qu'il a à poser, peu importe si le système soit de consigne ou de
collecte sélective. Le but, c'est qu'on puisse accompagner le citoyen dans le
geste qu'il pose.
Donc, unir les efforts, c'est à la fois
les efforts financiers, mais de campagne, pour être plus percutant et puis pour
accompagner le citoyen dans le geste qu'il pose.
M. Benjamin : Merci.
Mme Gagné (Sonia) : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
D'accord. Alors, merci beaucoup. Merci pour cette intervention. Nous allons
maintenant passer au deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier,
vous avez 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation. Je suis contente d'avoir notre
société d'État ici, devant nous, pour répondre à ces questions importantes.
Écoutez, il y a des constats, je vais les
dire rapidement, que vous avez déjà faits, qui nous amènent dans cette
situation d'échec. Ça, vous le reconnaissez, par rapport au recyclage du verre,
que ça soit le manque de traçabilité de la matière, manque de reddition de
comptes des partenaires. Vous dites que vous avez de la difficulté à avoir des
données, c'est fait sur une base volontaire.
On voit aussi qu'il y a eu un échec avec
l'entente avec les brasseurs, qui fait qu'aujourd'hui, l'aluminium, les
contenants en aluminium prennent la place des contenants à remplissage
multiple, qui sont beaucoup mieux pour l'environnement. Il y a aussi une
confusion dans les informations, vous l'avez reconnu. Vous venez de corriger un
chiffre qui circulait, qui était de 14 %. Vous dites qu'aujourd'hui, on
est à 37 % de taux de matière acheminée pour fins de recyclage. Il y a eu
un autre chiffre qui a circulé, qui était de 50 % de recyclage par Éco
Entreprises Québec et ça, je ne vous ai jamais entendu le corriger, alors que
plusieurs intervenants, dans leurs mémoires, reprennent le chiffre très bon de
50 %, alors que ce n'est pas la réalité.
Moi... On a l'impression que RECYC-QUÉBEC
n'a pas répondu à sa responsabilité au mandat que RECYC-QUÉBEC a. Est-ce que
vous, vous faites... vous reconnaissez ça, que vous avez peut-être... En fait,
je vais vous poser la question : Est-ce que vous trouvez que vous avez eu
assez de leadership dans la question du recyclage? Est-ce que vous avez fait
preuve de leadership ou vous avez plutôt sous-traité toute cette question aux
entreprises privées et à leurs représentants?
Mme Gagné (Sonia) : Bien,
quand on parle de leadership par rapport à la récupération au Québec, il est
clair que tant au niveau des programmes qui ont été mis en place que des sommes
qui ont été allouées, de faire en sorte, par exemple, puis là, je vais corriger
un chiffre, le 14 % de 2015 est devenu 28 %. C'est la performance
combinée des citoyens et des centres de tri. Le 37 %, c'est autre chose
encore.
Mme Ghazal : Seulement les
centres de tri.
Mme Gagné (Sonia) :
Exactement. Donc, une fois qu'on parle de la même chose...
Mme Ghazal : ... constat
d'échec d'avoir 28 %. Moi, ce que je veux savoir, est-ce que... En fait,
ma question, c'est : Est-ce qu'il vous manque des outils? Comme vous
disiez que les données étaient volontaires, est-ce qu'il faudrait qu'on les
rende obligatoires? Le manque de traçabilité de la matière, comment est-ce que
vous, vous voyez qu'elle devrait être faite? Est-ce qu'il y a des choses, des
outils légaux qui pourraient vous être donnés, des changements au pouvoir de
RECYC-QUÉBEC qui font qu'aujourd'hui, on est devant ce constat d'échec, pour ne
pas que dans 10 ans, on fasse une autre commission avec ce constat d'échec une
autre fois.
Mme Gagné (Sonia) : Je
comprends et je ne pense pas que ça soit dans les pouvoirs de RECYC-QUÉBEC
qu'on doit porter notre attention aujourd'hui que, dans les deux systèmes
réglementaires qui sont autour de la collecte sélective et de la consigne.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Madame...
Mme Ghazal : Mais est-ce que
oui ou non, vous reconnaissez que vous avez une responsabilité dans l'échec
qu'on vit aujourd'hui?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé. Alors, maintenant, je passe la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci,
Mme la Présidente. Je voulais savoir ce qu'il s'est passé chez RECYC-QUÉBEC
parce qu'à l'automne 2016, il y avait eu un document, Modernisation de la
consigne, fait par RECYC-QUÉBEC, qui avait été soumis au gouvernement à
l'époque, qui proposait, entre autres, de hausser de cinq à 10 cents la
consigne, qui proposait aussi que tous les contenants de 900 ml ou moins soient
consignés. Puis j'ai vérifié, là, pour les pots de cornichons, j'en ai un
devant moi, là, il fait 720 ml. Donc, il est... il aurait été admissible à
cette réforme proposée par Modernisation de la consigne en 2016.
On sait qu'il y a eu beaucoup de
critiques. Le gouvernement libéral, à l'époque, avait renoncé à aller de
l'avant avec ces propositions-là. Je vous sens plus frileux aujourd'hui. On ne
sait pas clairement où vous logez sur la consigne, il n'y a pas de proposition
claire d'augmenter les montants. Alors, qu'est-ce qui s'est passé entre 2016
puis aujourd'hui?
Mme Gagné (Sonia) : La
consigne et la collecte sélective sont deux systèmes qui reposent sur des
appareils réglementaires. Donc, nous, à partir du moment où on opère le système
actuel, il est basé sur le règlement actuel. Donc...
M. Gaudreault :
...d'augmenter les montants. Alors, qu'est-ce qui s'est passé entre 2016 puis aujourd'hui?
Mme Gagné (Sonia) : La
consigne et la collecte sélective sont deux systèmes qui reposent sur des
appareils réglementaires. Donc, nous, à partir du moment où on opère... le
système actuel, il est basé sur le règlement actuel. Donc...
M. Gaudreault : Mais,
entre le document Modernisons la consigne qui était une analyse ou des recommandations
faites par RECYC-QUÉBEC et votre mémoire d'aujourd'hui, je sens RECYC-QUÉBEC,
pas vous personnellement, mais l'institution RECYC-QUÉBEC un peu plus hésitante
à faire des propositions plus claires, plus tranchées, par exemple, sur l'augmentation
des montants, là, des sommes, des montants de la consigne de 0,05 $ à
0,10 $, par exemple.
Mme Gagné (Sonia) : Non, effectivement,
on n'est pas aventurés sur des montants en particulier. Ce qu'on a dit, dans le
mémoire, c'est qu'il fallait revoir le montant, revoir la portée de la consigne
sur le contenant et non pas sur le contenu. Je pense que ce sont des quand même
des positions assez claires.
Là, où, nous, on souhaite ne pas tomber,
c'est dans la mise en opposition des systèmes qui fait en sorte que, quand deux
systèmes s'affrontent, ça n'avance pas. Donc, si on doit choisir collecte
sélective ou consigne, c'est là que, nous, on ne veut pas aller, et s'il y a de
la frilosité, c'est à dire un ou l'autre, alors que, RECYC-QUÉBEC, sa position,
c'est un et l'autre.
M. Gaudreault : Mais, en
2016, vous disiez que tous les contenants de 900 millilitres ou moins
pouvaient être consignés, incluant les pots de cornichons, et là, aujourd'hui,
tantôt, vous avez dit non, si j'ai bien compris, là, à la question de la
collègue d'Argenteuil.
Mme Gagné (Sonia) : Dans
une démarche progressive, si je ne m'abuse, on parle aujourd'hui dans des... la
collecte aujourd'hui... la consigne aujourd'hui porte sur les contenants de
boissons. Donc, la modernisation de la consigne, pour nous, en fait porte sur
les contenants de boissons.
M. Gaudreault : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : C'est terminé. Alors, merci beaucoup pour cette
intervention. Nous allons suspendre deux minutes afin d'accueillir la Société
des alcools du Québec. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 14 h 57)
(Reprise à 14 h 59)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...s'il vous plaît! Nous allons maintenant accueillir la Société des alcools du
Québec. Mme Catherine Dagenais, présidente en chef et chef de
direction, dis-je, bienvenue à cette commission. Je vous invite à nous
présenter la personne qui vous accompagne, et vous avez 10 minutes pour
votre exposé.
Mme Dagenais (Catherine) :
Merci, Mme la Présidente. Mmes, MM. les députés membres de la commission,
bonjour. Permettez-moi, tout d'abord, de vous présenter la personne qui
m'accompagne, Mme Cédéanne Simard, directrice de la responsabilité
sociétale à la SAQ.
• (15 heures) •
Alors, on est...
15 h (version non révisée)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...et vous avez 10 minutes pour votre exposé.
Mme Dagenais (Catherine) : Merci,
Mme la Présidente. Mmes et MM. les députés, membres de la commission, bonjour.
Permettez-moi, tout d'abord, de vous présenter la personne qui m'accompagne,
Mme Cédéanne Simard, directrice de la responsabilité sociétale à la SAQ. Alors,
on est heureuses d'être ici aujourd'hui pour participer à la discussion sur le recyclage
et la valorisation locale du verre. C'est un sujet qui nous tient à coeur, et
nous sommes reconnaissantes de pouvoir faire entendre notre voix.
Comme vous le savez, la SAQ est intimement
liée au sujet, hein, nous sommes régulièrement interpellées par le sujet de la
consigne, et les Québécois s'attendent à ce que la SAQ assume un leadership
fort dans le dossier du verre. Si de nombreux Québécois réclament, depuis
quelques années, la mise en place d'une consigne sur les contenants de la SAQ,
c'est qu'ils sont outrés par le fait que, bien qu'ils aient intégré le geste de
déposer leurs contenants dans le bac, ceux-ci finissent par se retrouver
largement dans les sites d'enfouissement. Sachez que la SAQ partage cette
préoccupation des Québécois de réduire... en fait, d'éliminer l'enfouissement
du verre, et c'est là toute la problématique qu'il faut solutionner ensemble.
Rappelons que 87 % des contenants de
la SAQ sont présentement récupérés, ce qui en fait la matière la plus récupérée
du fameux bac. L'enjeu n'est donc pas la récupération du verre largement passée
dans les moeurs des Québécois, mais bien ce qu'on fait avec ensuite. Il est
urgent que l'on mette en place des mesures qui permettront vraiment d'améliorer
le taux de recyclage de l'ensemble du verre postconsommation au Québec. Et, si
l'atteinte de cet objectif passe par un changement de type de collecte et donc
par la mise en place d'une consigne sur le verre, la SAQ appuiera l'initiative.
Depuis plus de 30 ans, nous nous préoccupons du verre que nous mettons en
marché. D'ailleurs, dès 1988, nous avons appuyé l'implantation de la collecte
sélective que nous finançons depuis ses débuts en 1991. C'est près de
150 millions de dollars que nous avons investis jusqu'à maintenant.
Au cours des années, la SAQ a également
multiplié ses investissements en recherche et développement pour trouver des
débouchés concrets au verre récupéré. Ses recherches ont, entre autres, permis
la reconnaissance par l'Association canadienne de normalisation de l'utilisation
de la poudre de verre comme remplacement cimentaire dans la fabrication du
béton. Ses actions de la SAQ démontrent à quel point nous partageons la volonté
des Québécois de réduire la quantité de verre enfoui. Comme entreprise citoyen
et, encore plus, comme société d'État, nous souhaitons participer activement à
trouver une solution durable et globale aux défis que représente le recyclage
du verre.
Un portrait rapide, là, du verre de la
SAQ, c'est 200 millions de bouteilles mises en circulation par nos
succursales et les détaillants d'alimentation chaque année. Ce sont des
bouteilles qui proviennent de 81 pays et de plus de 3 000 fournisseurs
partout dans le monde. Il nous est donc impossible de les retourner aux
producteurs pour des remplissages multiples. Nos bouteilles représentent
50 % du verre déposé dans le bac de la collecte sélective et environ
9 % de l'ensemble des matières récupérées. C'est important de savoir que
seulement 20 % des bouteilles de la SAQ sont constituées de verre clair ou
ambré, qui peut être utilisé par la seule usine de refonte au Québec, alors que
80 % de notre verre est coloré vert, d'où l'importance d'identifier des
débouchés locaux au Québec.
On est donc conscients que notre commerce
a un impact sur l'environnement. Pour l'amoindrir, nous croyons que la solution
retenue doit aller au-delà de la méthode de collecte et d'offrir une solution
pour améliorer le taux de recyclage du verre afin d'éviter son enfouissement.
Pour y arriver, la SAQ propose quelques pistes de solution. Tout d'abord, la
solution retenue pour s'assurer de donner une seconde vie au verre récupéré
devra prendre en charge la totalité du verre, donc 100 % du verre, sans
égard de son contenu ou de sa couleur. Advenant le choix de la consigne, il
faudra prévoir un plan soutenu pour modifier le comportement des Québécois,
puisqu'ils ont tout de même intégré le geste de déposer les contenants de verre
dans le bac, permettant un taux de récupération de 87 % de nos contenants.
Par ailleurs...
Mme Dagenais (Catherine) :
...advenant le choix de la consigne, il faudra prévoir un plan soutenu pour
modifier le comportement des Québécois puisqu'ils ont tout de même intégré le
geste de déposer les contenants de verre dans le bac, permettant un taux de
récupération de 87 % de nos contenants.
Par ailleurs, l'accessibilité, l'espace,
le nombre et les coûts d'implantation et d'opération des points de collecte
seront des facteurs déterminants pour assurer le succès de ce mode de
récupération. À ce titre, le réseau de la SAQ ne serait pas optimal pour
accueillir les points de collecte. Nos succursales, dont la superficie est de
plus en plus limitée, n'auraient pas l'espace... n'ont pas l'espace... pardon,
requis pour reprendre 100 % de notre inventaire, qui, rappelons-le, représente
environ, là, 200 millions de bouteilles par année. Reprendre des
bouteilles vides sur place nous obligerait donc à agrandir ou à déménager la majorité
de nos succursales, et nos succursales, vous le savez, ce ne sont pas nos
bâtisses, ce sont des... on loue l'espace et on a des baux de 10 à 15 ans.
Donc, un autre point à considérer, avec
l'ajout de ce nouveau mode de récupération, la collecte sélective devra prévoir
un plan de financement, évidemment, pour combler le manque à gagner laissé par
le retrait des bouteilles de la SAQ qui étaient dans le bac. La contribution de
la SAQ pour le verre dans le bac de la collecte sélective au Québec représente
12 % du financement global de la collecte. Alors, en effet, enlever les
bouteilles de la SAQ du bac ne changerait ni le parcours ni la fréquence de la
collecte sélective et n'en réduirait probablement pas les coûts. De plus, si
l'on voulait faire une évaluation juste des impacts environnementaux
occasionnés par la cohabitation de deux systèmes de récupération, il faudrait
évaluer les émissions de gaz à effet de serre générées par les déplacements des
Québécois et des camions assurant le transport des matières consignées qui
s'ajouteraient à ceux de la collecte sélective.
Peu importe le mode de collecte adopté,
nous réitérons qu'il est inacceptable que le verre récupéré se retrouve à
l'enfouissement. Nous proposons que soient mis en place des critères de
gouvernance pour les centres de tri du Québec, afin d'assurer le recyclage des
matières. En fait, il nous semble inacceptable que le système économique actuel
permette et rende l'enfouissement du verre plus profitable pour les centres de
tri que son envoi au centre de conditionnement. Et ça, la population n'est pas
au courant de ça. Une piste de solution pourrait être de subventionner plutôt
l'envoi de la matière aux filières de recyclage.
Évidemment, la meilleure façon d'éviter
l'enfouissement du verre, c'est de développer des débouchés pour le verre
postconsommation. La refonte pour en faire de nouvelles bouteilles n'est pas la
seule option, d'autant plus que les débouchés locaux existent déjà pour le
verre récupéré. Il pourrait toutefois être développé davantage si l'État
devenait lui-même une vitrine technologique pour les débouchés du verre en
imposant l'utilisation du verre postconsommation dans la construction des
infrastructures publiques. L'implication du gouvernement contribuerait ainsi à
stimuler l'économie circulaire locale et à faire progresser la valeur du verre
postconsommation.
En conclusion, vous pouvez le constater,
il existe de nombreuses pistes de solution au défi que représente le recyclage
du verre au Québec. Il s'agit d'un enjeu complexe qui devra prendre en compte
chacune des étapes du cycle de vie du verre. En matière de collecte, il faut
garder en tête que la solution retenue devra absolument permettre de réduire
l'enfouissement, voire même de l'éliminer, et d'obtenir un meilleur taux de
recyclage local pour l'ensemble du verre postconsommation, ce qui est
l'objectif ultime recherché par toute la population québécoise. Je souhaite que
la commission retienne que la SAQ travaillera en étroite collaboration, comme
par le passé, avec l'industrie et le gouvernement du Québec, afin de trouver
une solution plus performante, tant sur le plan environnemental qu'économique
pour atteindre le meilleur taux de recyclage du verre possible. La réflexion
collective que permet cette commission est un premier pas dans la bonne
direction. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Mme Dagenais. Alors, maintenant, je passe la parole aux membres du
gouvernement. M. le député de Bourget, vous avez 16 min 30 s.
• (15 h 10) •
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à tous. Mme Dagenais, première question, la SAQ avait
commandé une étude sur l'implantation d'un système de consigne en 2015. Est-ce
que c'est une étude publique? Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit
peu? Est-ce que ça a évolué, la pensée, depuis...
Une voix
:
...16 min 30 s.
M. Campeau : Merci, Mme
la présidente. Bonjour à tous. Mme Dagenais, première question, la SAQ
avait commandé une étude sur l'implantation d'un système de consigne en 2015. Est-ce
que c'est une étude publique? Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit
peu? Est-ce que ça a évolué, la pensée, depuis ce temps-là?
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui, l'étude de LIDD, je n'ai pas les détails de... Excusez-moi un instant.
M. Campeau : O.K. Bien,
je peux peut-être procéder à une autre question pendant ce temps-là. Si je
comprends bien, on veut alléger les bouteilles de verre pour les bouteilles qui
coûtent moins de 16 $. Je comprends l'idée, ça va être moins pesant, on va
en avoir moins à recycler. Point. C'est simple, là. C'est excellent. Très bonne
idée. Pourquoi 16 $? D'où vient ce 16 $ là? Pourquoi ce n'est pas un
chiffre rond comme 15 $, ou 20 $, ou, tu sais...
Mme Dagenais (Catherine) :
La question est très bonne. En fait, c'est que le prix moyen vendu des
bouteilles de vin à la SAQ est autour de 16 $, les prix... les produits
réguliers que vous retrouvez dans les tablettes de la SAQ. Et donc on a voulu
commencer en quelque part, parce qu'on visait la majorité des produits. Mais
c'est un début seulement. Et on vise rapidement à augmenter en fait le taux...
le verre allégé pour toutes les bouteilles en bas de 20 $, qui
représenteraient autour de 80 % de ce que nous mettons en... de ce que
nous vendons.
M. Campeau : O.K. Est-ce
que vous avez des données par rapport à l'étude de 2015?
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui. Bien oui, c'est ça. Alors, un instant. En fait, c'est que l'étude de LIDD,
quand on avait fait ça en 2015, c'était de voir si on avait... on mettait en
place des centres de dépôt indépendants pour accueillir, pour aller chercher, justement,
des... voyons, pour aller porter, pour que le client, le consommateur aille
porter ses bouteilles, on voulait voir si c'était viable de le faire. Et en
fait ce qui a été la conclusion de l'étude, c'est qu'il y avait une... En fait
c'était très coûteux pour, en fait, le gouvernement, la SAQ, de mettre en place
ces dépôts-là, là. Ça coûtait 250 millions sur cinq ans avec des frais
d'exploitation de 30 millions annuellement. C'est ce qui avait été étudié.
Donc, c'est ce qui avait... Ça n'avait pas été retenu à l'époque. Mais c'était complètement
indépendant à la SAQ. Parce que, dans nos succursales, on n'avait pas l'espace
pour vendre ces produits-là.
M. Campeau : Ce que vous
avez mentionné tantôt, l'étroitesse des lieux.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui.
M. Campeau : Une idée
comme ça que je lance, et je ne sais même pas ce... On verra la réaction. Vous
mentionnez que les bouteilles viennent essentiellement de l'extérieur du Québec
en forte majorité. On le sait. Donc, on n'a pas beaucoup de contrôle sur le
type de bouteille qui va nous arriver et la couleur du verre. Est-ce qu'il n'y
aurait pas, là, une belle opportunité de favoriser les vins québécois et les
spiritueux québécois et, à ce moment-là, d'aller mieux contrôler le verre,
aller s'entendre avec les fournisseurs localement? Avez-vous pensé à cette
avenue-là?
Mme Dagenais (Catherine) :
En fait, déjà la SAQ, vous le savez, on reconnaît puis on supporte l'industrie
des vins québécois. On vend tous les produits québécois, ou presque, qui sont
mis en marché. En fait, je pense que c'est 95 % de ce qui est produit au
Québec est vendu dans les SAQ en matière de vin. Et c'est sûr que, si vous
référez à l'embouteillage à... voyons, au recyclage des bouteilles... Voyons,
ce n'est pas ça que je veux dire. Les bouteilles à usage multiple, pardon, si
c'est à ça que vous référez, ce n'est pas une option qui existe dans le marché
nord-américain actuellement. C'est même très peu en Europe. Ce n'est pas... Ce
n'est pas une option qui existe pour le moment. Je ne dis pas que je suis
fermée à l'idée, mais ça n'existe pas. Mais par contre je sais qu'il y a des
embouteilleurs et des producteurs québécois qui favorisent l'achat de produits
de verre québécois, là, qui sont faits ici au Québec, mais c'est encore... Il y
a une opportunité, mais vous savez aussi que le prix du verre, on ne se le
cachera pas, est moins cher à l'extérieur du Québec, mais il y a effectivement
des opportunités là-dessus.
M. Campeau : Dernière
chose, une comparaison avec l'Ontario, avec ce qu'on appelle les «beer stores»
là-bas, le fait que la bière soit vendue par la LCBO. Est-ce que vous voyez une
avenue là-dedans ou ce n'est pas une idée regardée? Avez-vous une opinion sur
ce sujet-là?
Mme Dagenais (Catherine) :
Je ne suis pas certaine de comprendre votre question.
M. Campeau : Bien, en
Ontario, le «beer store», c'est souvent là qu'on vend la bière.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui.
M. Campeau : Et alors, à
ce moment-là, là, ces gens-là récupèrent les bouteilles localement.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui. En fait, les «beer stores», ce n'est pas le LCBO, hein, vous le savez, ce
sont les compagnies de bière, là, qui détiennent...
M. Campeau : ...une opinion sur
ce sujet-là?
Mme Dagenais (Catherine) : Je
ne suis pas si certaine de comprendre votre question.
M. Campeau : Bien, en Ontario,
le Beer Store, c'est souvent là qu'on vend la bière, et alors, à ce moment-là,
ces gens-là récupèrent les bouteilles localement.
Mme Dagenais (Catherine) :Oui,
en fait, les Beer Store, ce n'est pas le LCBO, hein, vous le savez, ce sont les
compagnies de bière, là, qui détiennent les Beer Store, et on n'a pas ce modèle-là,
ici, au Québec. Donc, c'est difficile de comparer. Il n'y a pas de Beer Store,
ici, au Québec.
M. Campeau : O.K., donc vous
n'avez pas comparé le modèle qui existait là-bas? Bon, ça n'a pas été retenu.
Mme Dagenais (Catherine) :
Non. Bien, en fait, c'est l'étude LIDD de tout à l'heure, l'étude LIDD, quand
on a fait l'étude en 2015 où on a regardé la possibilité d'ouvrir
522 dépôts à travers le Québec, bien, c'était justement en lien avec
qu'est-ce qui est offert, si je peux comparer, là, avec qu'est-ce qui est
offert en Ontario.
M. Campeau : O.K., je
comprends que c'est redondant comme question. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Rivière-du-Loup.
M. Tardif :
Merci, Mme la Présidente, Rivière-du-Loup—Témiscouata.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est ça, je manquais un mot, là.
M. Tardif :
Écoutez, merci pour le dépôt de votre mémoire. Moi, ma question va être
relativement simple, là, du moins pour la question, là. On fait de la
recherche. Moi, la valeur ajoutée, on parle de souvent de ciment, là, je suis
comme enterré dans le ciment à en entendre parler, et vous avez investi, je
sais que vous avez des pistes, vous avez d'autres alternatives. Est-ce qu'on
pourrait en entendre parler un petit peu, les directions qu'on pourrait donner
puis qui nous aideraient? Je comprends le manque de places, je comprends toute
la question d'éducation, des coûts. Disons que je vais sauter cette étape-là
puis je veux arriver... quelle est la valeur ajoutée que je peux donner? Quelle
est la solution? Ou, qu'est-ce qui fait que je peux être gagnant avec ce paquet
de belles bouteilles là à récupérer?
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui. Alors, bien, oui, ça me fait plaisir de répondre à la question. La SAQ
travaille avec la chaire de l'Université de Sherbrooke depuis 2005 pour justement
trouver des débouchés locaux au verre, et un des débouchés qui est très
prometteur, c'est celui du remplacement cimentaire. En fait, la poudre de verre
est un remplacement... est un équivalent, un substitut au ciment pour faire le
béton. Et, en fait... donc on pourrait... jusqu'à 30 % du ciment pourrait
être remplacé par la poudre de verre. Alors, c'est une opportunité qui existe,
qui est faisable, qu'en fait, qu'on a même fait dans nos magasins avec les
planchers de béton, les trottoirs de la ville de Montréal, notamment. Ça, c'est
un débouché qui est concret, qui est local, qui... on parle de développement
d'économie circulaire. Ça répond exactement à ça. C'est un des plus gros
débouchés, en fait. Si on utilisait toute la poudre de verre pour faire le
béton, je pense qu'on n'aurait pas assez de verre au Québec.
M. Tardif :
Alors, si je comprends bien, pour ne pas interpréter vos paroles, on a le
débouché, mais on n'a pas assez de verre pour répondre au besoin. On a la
matière... il nous manque de matière première pour répondre parce que là, on en
fait, du ciment. Puis on dit qu'on pourrait même en manquer, de bouteilles, là.
C'est un beau problème, là, de manquer de première matière surtout quand on
sait qu'on remplit les dépotoirs à côté, là.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui. En fait, le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de demande.
M. Tardif :
Ah!
Mme Dagenais (Catherine) :
C'est ça, le problème. Alors, même si ça a été certifié par la CSA, il faut
qu'il y ait une demande pour la poudre de verre en tant que substitut au
ciment. C'est là où le bât blesse.
M. Tardif :
O.K. Et je comprends que...
Mme Dagenais (Catherine) :
C'est là où on a besoin...
M. Tardif :
...ce n'est pas dans votre dossier de créer cette demande-là.
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, j'aimerais... c'est-à-dire que l'offre, elle est là, et, en fait, il
faudrait peut-être un petit coup de pouce de la part des donneurs d'ordre à ce
niveau-là.
M. Tardif :
Merci. Intéressant.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Bonjour. Merci
pour votre contribution. J'ai quelques questions. En fait, la première serait
plus... Vous mentionnez que vous faites la promotion de contenants alternatifs,
très curieuse, ce qui veut dire?
• (15 h 20) •
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, des contenants alternatifs, vous savez, il y a du vin maintenant
vendu dans l'aluminium. Les contenants alternatifs, si vous achetez le vin dans
les Tetra Pak, notamment, ce sont des contenants alternatifs. C'est encore, je
dirais, marginal. L'offre est là. La demande de la clientèle est... il faut
changer les habitudes de... les comportements d'achat du client. Mais de plus
en plus, quand on va dans les salons d'achat de vin, l'offre est définitivement
là. Et on augmente à chaque année notre offre en fonction de...
Mme Dagenais (Catherine) :
...l'offre est là. La demande de la clientèle est... Tu sais, il faut changer
les habitudes de... les comportements d'achats du client. Mais de plus en plus,
quand on va dans les salons d'achats de vins, l'offre est définitivement là. Et
on augmente à chaque année notre offre en fonction de la demande du client.
Mme Grondin : Ces
contenants-là vont finir au bac bleu?
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui.
Mme Grondin : O.K. L'autre
question, c'est : Le coût actuel, là, d'une bouteille, est-ce qu'il inclut
le montant pour couvrir vos frais quant à la collecte de...
Mme Dagenais (Catherine) :
Effectivement, dans le prix de la bouteille... le montant de la collecte
sélective est inclus dans le prix, et c'est... je ne me rappelle plus combien,
de... Je voulais vérifier, mais j'ai oublié. C'est... 0,08 $? C'est
0,08 $ la bouteille.
Mme Grondin : Parfait. Mme la
Présidente, il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste 5 min 30 s.
Mme Grondin : Est-ce que tu
avais une question?
Mme Tardif : Oui.
Mme Grondin : O.K., je vais...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci. On parle
d'effets d'émissions de gaz à effet de serre, et c'est aussi un point qu'on
doit considérer, vous comprendrez. Vous l'avez mentionné. Et on ne doit pas
compenser ou trouver une solution en ajoutant une problématique. Donc, il faut
voir, là, à ce niveau-là. Et vous dites que vous êtes d'avis que la stratégie
devrait proposer une solution pour compenser les déplacements et les GES.
Avez-vous cette solution-là à nous proposer?
Mme Dagenais (Catherine) : Bien,
j'aimerais ça dire oui, mais, en fait, c'est que ça prend une solution globale.
C'est-à-dire que, si on déplace la moitié du bac pour le faire transporter
d'une autre façon, la question que je pose ici à la commission, c'est :
Comment allons-nous réduire vraiment les gaz à effet de serre alors qu'on sait
que le camion de collecte va passer, de toute façon, à domicile à toutes les
semaines? Peut-être une piste... Parce qu'on est beaucoup sur la collecte
versus la consigne, mais, si on changeait... Je parlais à mes collègues. Quand
on a commencé la... Moi, comme consommatrice, quand on a commencé la collecte
il y a 30 ans, on séparait nos matières. Et pourquoi est-ce qu'on ne sépare
plus ces matières-là dans le bac, bien, il faudrait se poser la question. Et
peut-être que c'est une solution.
Mme Tardif : Aviez-vous eu une
demande pour appuyer un projet de recherche... parce que vous faites, comme
vous l'avez dit, plusieurs projets de recherche... de EEQ, là, EEQ, Verre
l'innovation?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, on a participé...
Mme Tardif : Vous participez,
donc.
Mme Dagenais (Catherine) : On
a collaboré, en fait, à l'étude.
Mme Tardif : Il y avait une
demande, je pense, de 50 millions qui avait été faite?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, c'est à travers les montants de la collecte sélective qu'on paie
déjà. Donc, on n'a pas déboursé des dollars additionnels pour ça.
Mme Tardif : Ça représente
combien environ? Savez-vous?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, à chaque année, la SAQ... évidemment, les volumes augmentent,
là, mais la dernière année, on a payé... on a remis 18 millions pour
assurer la collecte sélective, alors, de... tout comme tous les partenaires,
là, qui vendent, en fait, des biens qui sont dans le bac de collecte sélective.
Alors, c'est à partir de ces montants-là qu'EEQ a géré son budget, mais je ne
suis pas au courant de leur gestion de budget.
Mme Tardif : Et quand vous
nous dites que les institutions, les bâtisses des SAQ partout à travers la
province, à ce que j'entends, là, ne peuvent pas, ne sont pas équipées, là,
pour avoir... Il n'y a pas d'entrepôt pour récupérer. Est-ce qu'à tous les
endroits l'étude a été faite? Est-ce que c'est certain? Est-ce qu'on se dit, en
partant, qu'on ne regarde pas cette possibilité-là qu'il y en ait un certain
pourcentage qu'ils puissent récupérer?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, c'est que, dans les dernières années, vous savez, la SAQ a revu
tout son modèle d'affaires pour améliorer sa performance, ce qui était une
attente du gouvernement, mais de la population en général, hein? Il y a des
attentes de performance. Et, en fait, dans les derniers cinq ans, on a réduit
notre pied carré et on le réduit année après année pour s'assurer qu'on a, en
fait, la marchandise qu'on offre dans nos magasins et la marchandise qui va
être vendue dans la semaine. Et on réapprovisionne nos succursales à toutes les
semaines. Donc, c'est dans ce contexte-là que je dis : Il n'y a pas
d'espace pour... La SAQ, même, pour vendre ses produits, n'entrepose pas plus
que, tu sais, une semaine ou deux d'inventaire dans ses magasins, en général.
Mme Tardif : Alors, à ce
moment-là, pensez-vous que ce serait un frein, justement, aux citoyens? Parce
que moi, en région, les gens me disent qu'ils ne feront pas plus de kilométrage
ou ils ne feront pas deux endroits, un pour aller acheter et un pour aller
porter leurs bouteilles.
Mme Dagenais (Catherine) :
C'est une grosse gestion de changements qu'il y a à faire avec la population.
J'étais en Suède dernièrement, en vacances, puis je me suis permis de
rencontrer la présidente du modèle suédois, là-bas, d'alcools. Et là-bas, en
fait, c'est... le citoyen est responsabilisé et apporte ses trucs, mais tous,
tous ses trucs de toutes ses matières...
Mme Dagenais (Catherine) :
... j'étais en Suède dernièrement, en vacances, puis je me suis permis de
rencontrer la présidente du modèle suédois là-bas d'alcool, et là-bas, en fait,
c'est... le citoyen est responsabilisé et apporte ses trucs, mais tout, tous
ses trucs, de toutes ses matières résiduelles, les apporte à des dépôts. Mais
c'est... De penser que 400 succursales, ça serait suffisant pour le citoyen...
On est tous citoyens ici autour de la table, on n'a tous pas de temps. Et
là-bas ils ont 5 000 points de dépôt, et la population de la Suède
n'est pas supérieure à celle du Québec, puis c'est un pays qui n'est pas aussi
gros que celui du Québec. Donc, ça demanderait beaucoup, beaucoup de dépôts, ça,
c'est certain.
Mme Tardif : Et beaucoup
d'éducation aussi.
Mme Dagenais (Catherine) :
Beaucoup d'éducation. Mais, quand on a la volonté...
Mme Tardif : Merci.
Mais... C'est ce qu'on veut. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, est-ce que... Il restait juste
30 secondes de votre côté.
M. Campeau : Bien,
peut-être une...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Vous pouvez le prendre.
M. Campeau : Bien,
peut-être une question très rapide ou un commentaire, c'est... Le fait que vous
nous parliez que vous voulez mettre de la poudre de verre dans le ciment, c'est
une chose connue, je suis d'accord. Je suis surpris de voir à quel point la SAQ
a été loin là-dedans. Est-ce que c'est de l'argent de la SAQ qui a été investi
pour faire ce genre de recherche là, ou c'est parallèlement avec un ministère,
ou... Je suis surpris.
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, c'est que la SAQ, par... dans... Depuis 2005, on a travaillé.
Les gens disent : Qu'est-ce que la SAQ fait pour trouver des débouchés au
verre? Alors, oui, on avait un budget alloué par année, qui n'était pas un très
gros budget, avec une chaire universitaire, où il y avait d'autres parties
prenantes pour être en mesure d'identifier justement des débouchés où ce n'est
pas la SAQ qui a fait la recherche, bien entendu.
M. Campeau : Je
comprends. Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Merci beaucoup. Alors, maintenant, au tour de
l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Merci beaucoup pour votre présentation. Puis juste une question pour
vous : C'est quoi les avantages pour la SAQ de participer à la consigne?
Mme Dagenais (Catherine) :
En fait, c'est une très bonne question. Quels sont les avantages? En fait,
ici... Je suis ici aujourd'hui pour dire : Comme entité, comme société
d'État, la SAQ a un devoir de s'assurer que le verre qu'elle met en circulation
soit recyclé. Et notre préoccupation, ma préoccupation, c'est qu'actuellement
il y a beaucoup de verre qui est enfoui, et l'enfouissement du verre, ce n'est
pas ce qu'on souhaite. Alors, peu... Il n'y a pas d'intérêt particulier d'avoir
un mode de récupération plus que l'autre. L'intérêt est vraiment d'avoir un
impact sur l'environnement qui est souhaitable, donc de ne pas enfouir la
matière... j'ai perdu le fil, je voulais dire autre chose. En fait, c'est...
dans le fond, ça va être... La meilleure solution va être dans notre intérêt.
M. Kelley
:
Parfait. Puis, sur l'autre côté, c'est quoi, les défis majeurs pour la SAQ
d'ajouter un système de consigne plus grand? Alors, est-ce qu'il y a des défis
dans des régions? Parce qu'on sait, dans... le collègue a expliqué ça un petit
peu, mais, dans la Gaspésie, par exemple, il n'y a pas beaucoup des SAQ
partout. Montréal, c'est complètement différent, il est vraiment... dans les
différentes régions du Québec, ce n'est pas... c'est différent. Mais, bref,
c'est juste... C'est quoi, les défis aussi pour la SAQ si le gouvernement
décidait d'aller à l'avant avec tel système?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, je pense que les défis pour la SAQ et pour la société en général
seraient d'avoir des endroits, des... donc, des endroits de dépôt qui soient à
proximité de la population, pour que ça fonctionne. Si on regarde d'autres
modèles européens, tantôt je parlais de la Suède... Le succès du modèle
suédois, c'est la proximité de ces dépôts aux citoyens.
Maintenant, les défis qu'on aura à voir
tout le monde ensemble, c'est... Il y a deux défis. Il y a le défi
environnemental, hein? Comment générer le moins possible de gaz à effet de
serre, puis comment ne pas enfouir les matières qui peuvent être recyclées.
Puis le deuxième défi, c'est un défi financier. Comment pouvons-nous, en fait,
le faire de façon... la façon la plus économique, mais environnementale aussi
possible? C'est ça, nos défis.
• (15 h 30) •
M. Kelley
: C'est
intéressant que mon collègue a parlé du «beer store» parce que j'ai étudié à
Queen's, à Kingston, puis je me souviens, la première fois que j'ai visité un
dépanneur, j'étais tellement déçu que je n'étais pas capable d'acheter un
«six-pack» là, là, c'était un gros changement pour un jeune Québécois, là, mais
honnêtement, quand on a décidé d'aller au «beer store», le système, c'était...
honnêtement, c'était une expérience parce qu'un «beer store», il y a un menu
comme un McDo, faire une commande pour les bières, puis ça sort en arrière
après, puis il n'y a aucune bière qui a été en vue des clientèles...
15 h 30 (version non révisée)
M. Kelley
: ...mais, honnêtement,
quand on a décidé d'aller au beer store, le système, c'était... honnêtement,
c'était une expérience, parce qu'un Beer Store, il y a un menu, comme à un
McDo, on fait une commande pour les bières, puis ça sort en arrière après. Il
n'y a aucune bière qui était en vue des clientèles. Je sais que c'est différent
à chaque Beer Store partout en Ontario, mais les gens qui retournent leurs
bouteilles de bière, le système était comme créé pour ça.
Alors, je sais que la SAQ a fait des
révisions au plan stratégique, et ils ont sorti des... maintenant, ils ont
leurs propres magasins partout au Québec. Mais, juste le point, c'est que le
Beer Store, c'est... ils ont vraiment créé des magasins qui sont prêts pour
avoir tous des matériels recyclables sur des bouteilles de bière, bouteilles de
vin.
Alors, j'ai juste une question : Si
le gouvernement décide qu'on va aller à l'avant avec une consigne plus logée, est-ce
que la SAQ est prête de faire les espaces en arrière de leurs propres magasins
partout au Québec pour avoir toutes les bouteilles de vin, pour attendre pour
un camion ou n'importe quoi pour ramasser ça? Est-ce que c'est quelque chose
qui va être très difficile pour la SAQ ou c'est, honnêtement, juste une
question logistique et facile à faire?
Mme Dagenais (Catherine) : En
fait, la SAQ a 404 succursales, et c'est impossible pour la SAQ d'avoir de...
En fait, avec l'espace que nous avons actuellement dans nos succursales, il n'y
a pas d'espace pour accueillir les 200 millions de bouteilles que nous
mettons en circulation. Nos magasins sont bâtis sur un principe de «just in
time». Donc, on commande, on vend, on recommande, on reçoit, on revend. Il n'y a
pas d'entrepôts dans nos magasins assez grands pour supporter, justement, ce
modèle-là. En fait, si demain matin le gouvernement me demandait de le faire
dans le contexte actuel de nos succursales, dans un contexte aussi respectable
de santé et sécurité au travail,
on ne pourrait pas, on n'a pas l'espace, vraiment
pas.
M. Kelley
: Mais
c'est... Alors, c'est un défi...
Mme Dagenais (Catherine) : Ah
oui!
M. Kelley
: ...mais quand
même, ce n'est pas impossible de...
Mme Dagenais (Catherine) :
C'est impossible.
M. Kelley
:
...envisager comme un bac bleu à une telle... Il y a un grand bac bleu à chaque
SAQ, quelque chose comme ça. Non, mais je comprends que c'est un défi.
Puis une autre question : les coûts
d'implémenter ça que ça va coûter à la SAQ en termes des emplois d'ajouter du
staff et tout ça. Est-ce que vous avez évalué les coûts pour la SAQ
d'implémenter la consigne élargie?
Mme Dagenais (Catherine) : En
fait, le plus gros coût relié à l'agrandissement de nos succursales est lié à
nos coûts de loyer. En fait, les coûts de loyer sont la... je pense, c'est la
deuxième dépense importante de la SAQ, et, bien, vous le savez, nos succursales
sont dans des endroits commerciaux où le coût de loyer est très élevé. Alors,
le montant de l'étude, je crois que ça montait à 35 millions, là, par
année de plus, mais là j'y vais de mémoire. L'étude Delisle était de
50 millions par année.
M. Kelley
: Juste une
autre question, parce que, quand j'étais dans mon comté puis j'ai parlé avec
mes citoyens que je vais participer à cette commission-là, les gens ont
dit : Bien, pourquoi la SAQ ne parle pas avec la France, puis on va juste
faire un échange des bouteilles comme ça? C'est bien simple, Greg, juste
proposer ça. J'ai dit : Je pense que c'est plus compliqué que ça. Mais, quand
même, est-ce qu'il y a une demande des pays comme la France, l'Espagne pour
retourner les bouteilles de vin ou est-ce que ce n'est vraiment pas quelque
chose de possible et quand même pas la responsabilité de la SAQ?
Mme Dagenais (Catherine) : En
fait, il y a deux choses à penser là-dessus. La SAQ importe de 81 pays dans le
monde. C'est vrai que 30 % de ce qu'on importe provient de la France, mais
d'autres pays... tu sais, il y en a d'autres pays aussi. Mais la bouteille à
usages multiples n'est pas un modèle dans le monde du vin qui est retenu
partout dans le monde de façon, je dirais, à grande échelle. On peut trouver
des endroits qui le font, mais c'est encore très marginal. Alors, il y a cet
aspect-là, qu'il n'y a pas vraiment de possibilité. Puis l'autre possibilité,
en fait, que moi, je voudrais creuser, si on est préoccupé par l'environnement,
c'est quels seraient les coûts. Parce que vous savez que le verre, c'est lourd.
Et quels seraient donc les coûts d'un point de vue gaz à effet de serre? Ça
fait que ça serait quoi, l'augmentation des... Ce seraient quoi, les effets de
gaz à effet de serre de ramener des bouteilles vides là-bas?
M. Kelley
: Et sur les
GES, est-ce que la SAQ a comme des cibles pour atteindre?
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui, on a des cibles.
M. Kelley
: O.K.
Mme Dagenais (Catherine) : Je
vous les donne dans une minute.
M. Kelley
: Parfait,
parfait. Non, c'est juste parce que je sais que, sur votre site Web, c'est
l'heure des initiatives, un petit peu, d'efficacité énergétique, implémentation
des murs solaires et des trucs comme ça, mais je pose juste la question parce
que c'est important, comme une société, de toujours être prudents avec nos GES.
Est-ce qu'on va ajouter à ça? Est-ce que... Alors...
Mme Dagenais (Catherine) :
Alors, notre cible, je ne me rappelais pas par coeur, là, mais de...
M. Kelley
: ...des murs
solaires, et des trucs comme ça, mais je pose juste la question parce que c'est
important, comme une société, de toujours être prudent avec nos GES, qu'est-ce
qu'on va ajouter à ça, est-ce que... alors...
Mme Dagenais (Catherine) :
Alors, notre cible, je ne m'en rappelais pas par coeur, là, mais d'ici 2020,
c'était de réduire de 2,5 % les kilogrammes équivalents de CO2 par litre de produit alcoolique vendu, puis,
en fait, on a déjà dépassé cette cible-là, alors c'est quelque chose qu'on
suit, qu'on mesure, et qui est dans notre plan stratégique actuel, et qu'on va
continuer d'ailleurs à mesurer.
M. Kelley
: Parfait.
Alors, c'est vraiment sur cette question-là, ça va être un défi, certainement,
si des camions sont la responsabilité de la SAQ, si c'est la SAQ qui doit créer
ce système de ramasser toutes les bouteilles, ça...
Mme Dagenais (Catherine) : Il
faut le regarder, je pense, d'un point de vue global. Si, globalement, les gaz
à effet de serre diminuent, tout le monde gagne. C'est ce que je dirais à ça.
M. Kelley
: Je vais
céder la parole à mon collègue...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Oui. M. le député de Viau, il reste 1 min 45 s.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, merci pour votre présentation, madame. Une seule question,
donc, vous avez mentionné que la SAQ fait venir, importe des vins venant d'au
moins 83 pays, je crois.
Mme Dagenais (Catherine) :
...pays.
M. Benjamin : 80 pays. Maintenant,
j'aimerais savoir, quelles sont les orientations de la SAQ, puisque cet
enjeu-là... Bien sûr, beaucoup d'acteurs vont nous parler de ce qui se fait en
aval, mais en amont... et ce que je veux dire par amont, c'est l'achat avec les
fournisseurs. Quelles sont les orientations de la SAQ auprès de vos
fournisseurs? Est-ce qu'il y a des incitatifs? Est-ce qu'il y a... pour avoir
du verre allégé?
Mme Dagenais (Catherine) :
Alors, effectivement, il y a des incitatifs. Quand on va en appel d'offres pour
introduire de nouveaux produits, on accorde des points sur le sujet du verre
allégé. Donc, le fournisseur, le producteur qui soumet un produit avec verre
allégé avait des points supplémentaires, mais là, comme je le disais tout à
l'heure, les produits en bas de 16 $, ce n'est même plus une question de
points, c'est une attente. Si la bouteille en deçà de... de 16 $, pardon,
n'est pas en verre allégé, nous ne la vendrons pas. Et là, c'est 16 $
cette année, mais, dans les prochaines années, qui viennent rapidement, ça va
être 20 $. Alors, ça serait ça, le... ce n'est même pas un incitatif,
c'est une attente.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, maintenant, nous allons au deuxième groupe d'opposition.
Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Donc, j'ai 2 min45 s pour vous parler. Je veux saluer
votre ouverture à la consigne. Je voulais parler... Vous avez fait beaucoup
référence à l'étude LIDD de 2015, est-ce que c'est possible de la déposer à la commission?
Aux membres de la commission. Premièrement, est-ce que c'est public? Ou tout
simplement la déposer pour le bénéfice des membres, parce que vous y avez beaucoup
fait référence.
Mme Dagenais (Catherine) : Je
vais vérifier, je vais...
Mme Ghazal : Oui, oui, oui.
Bien, c'est ça, parce que ça serait important. L'autre chose, justement, dans
cette étude-là... Puis vous, ce que vous dites, c'est que ça coûte extrêmement
cher, en fait, il n'y a pas d'espace pour... de mettre ça à la SAQ, c'est pour
ça qu'il faut avoir des endroits séparés. Mais dans le mémoire qui a été déposé
par le syndicat de la SAQ, il était mentionné qu'au moins 150 succursales SAQ
Sélection... où il y a suffisamment d'espace. Qu'est-ce que vous répondez à ça?
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait...
Mme Ghazal : Est-ce que vous
faites le même constat?
Mme Dagenais (Catherine) :
Non, je ne fais pas le même constat qu'eux. Nos magasins réduisent année après
année, et comme je le disais tout à l'heure, on a vraiment, dans le plan de la
SAQ, c'est de réduire les baux.
Mme Ghazal : Oui, je
comprends, là, juste à temps... Mais donc d'où vient leur chiffre de 150
succursales, leur évaluation? Est-ce que vous en avez déjà parlé avec eux?
Mme Dagenais (Catherine) :
Non. Non.
Mme Ghazal : Ça fait que... Très
bien. Bien, vous allez pouvoir suivre l'échange qu'on va avoir avec eux quand
ils vont présenter.
Mme Dagenais (Catherine) :
Effectivement, oui.
Mme Ghazal : Les investissements
en recherche, on parle d'ajout cimentaire, en communication, représentation,
des études comme celle-là, combien... c'est quoi, le montant global que ça vous
a coûté en recherche de débouchés, en communication, en représentation auprès
des différents ministres de l'Environnement quand il était question, il y a
trois ans, de la consigne, et où vous avez travaillé en fait pour faire éviter
la consigne? Tout ça, ça a coûté combien à la SAQ?
Mme Dagenais (Catherine) : Bien,
en fait, les recherches qu'on a effectuées avec la chaire de l'Université de
Sherbrooke, de mémoire, c'est une entente de... En fait, depuis 2004, pardon,
on a versé 1,7 million à la chaire de Sherbrooke dans les...
Mme Ghazal : Mais ça n'inclut
pas, par exemple, les représentations, ça n'inclut pas le coût de l'étude LIDD
ou peut-être d'autres études que quand on... Quand on regarde ça, en fait,
c'est pour éviter la consigne. Tous ces efforts-là pour éviter la consigne, qui
peut-être... même si, là, il y a une ouverture, vous considérez qu'elle va vous
coûter cher. Puis, si c'est possible d'avoir ce montant-là, global, puis aussi
par bouteille, pour savoir combien ça a coûté aussi aux citoyens.
• (15 h 40) •
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui, on pourra vous la soumettre, là, je ne m'attendais pas à cette question-là
maintenant. Mais c'est certain que...
Mme Ghazal : ...pour éviter la
consigne qui, peut-être... même si là il y a une ouverture, vous comprenez
qu'elle va vous coûter cher. Puis, si c'est possible d'avoir ce montant-là
global puis aussi par bouteille, pour savoir combien ça a coûté aussi aux citoyens.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui, on pourra vous la soumettre. Je ne m'attendais pas à cette question-là maintenant,
mais c'est certain que la SAQ, quand on a travaillé avec... moi, ça fait
19 ans que je suis à la SAQ, je ne ne suis pas toujours occupée du dossier
du verre, mais ce que je peux vous dire, c'est que, quand on a fait affaire
avec une firme externe, c'était justement pour avoir une évaluation de combien
ça coûterait, parce que si c'est la SAQ qui fait l'exercice, certains
pourraient dire que c'est biaisé. Donc...
Mme Ghazal : Puis ça fait que
c'est juste d'avoir peut-être le montant global. Puis, sauf votre respect, vous
avez dit que, par exemple, le débouché de mettre le verre recyclé en tant
qu'ajout cimentaire, ce n'est pas de l'économie circulaire.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois passer la parole à votre collègue. Je vais laisser 20 secondes de
plus. Alors, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci. Merci
beaucoup. On dirait que les travailleurs de la SAQ qui sont dans les
succursales, dans les entrepôts sont plus prêts à traiter les bouteilles
consignées que la direction, si je relis... j'ai fait comme ma collègue de Mercier,
là, je suis allé relire le mémoire des syndicats. Alors, ça m'étonne.
Mme Dagenais (Catherine) :
Bien, en fait, la SAQ n'est pas contre la consigne. La SAQ va favoriser le mode
de récupération qui va assurer le meilleur taux de recyclage de la matière à la
fin de la journée, c'est plus ça, l'orientation de la SAQ. Et en matière
d'espace, on n'a pas l'espace pour gérer, manipuler l'équivalent de ce que nous
vendons. En fait, on est un commerce de détail, on n'est pas structurés pour
entreposer des bouteilles vides dans notre entrepôt.
M. Gaudreault : Mais le camion
de la SAQ, quand il arrive à la succursale d'Arvida, là, que je fréquente le
plus souvent, quand il a vidé ses boîtes, là, sa palette de bouteilles de vin,
il repart vide. Alors, pourquoi... puis là on en sauverait, des GES, là, parce
que le camion, il repart de la succursale d'Arvida, puis il s'en va à une autre
succursale, alors il pourrait, en partant, remettre une palette de bouteilles
vides puis ramener ça à l'entrepôt de la SAQ qui, elle, est beaucoup plus
grande, puis là il y aura une gestion à faire, là.
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui, il y a toute une manipulation, puis... Il faudrait le regarder, là. Je ne
dis pas qu'on ne peut pas le faire, mais il y a toute une logistique à ce que
vous venez d'expliquer, parce que le camion à Arvida, premièrement, ce n'est
pas un camion de la SAQ, c'est un camion externe à la SAQ. Dans la région du
Saguenay-Lac, c'est comme ça et... donc il passe une fois par semaine
peut-être. Donc, s'il passe une fois, qu'est-ce qu'il arrive avec les autres
journées? Comment est-ce que je gère mon excès d'inventaire de bouteilles vides
si je n'ai pas l'espace pour le gérer? Est-ce que je dis à la clientèle :
Bien, venez juste le lundi parce que mon camion vient le mardi? C'est ce genre
de... Il y a une logistique, c'est à... il faut vraiment le comprendre.
M. Gaudreault : Mais ce n'est
pas impossible, là?
Mme Dagenais (Catherine) : Il
faut le comprendre.
M. Gaudreault : Je veux dire,
ça peut se regarder, parce qu'un camion qui repart vide, ça veut dire qu'il y a
de l'espace sûrement pour mettre des palettes de bouteilles vides aussi.
Mme Dagenais (Catherine) :
C'est certain qu'il y a de l'espace.
M. Gaudreault : O.K. En tout
cas, pour moi, il m'apparaît... je ne veux pas faire de mauvais jeux de mots
avec la SAQ, là, mais qu'il y a sûrement un débouché, là, à regarder pour...
Mme Dagenais (Catherine) :
Oui. Mais quel débouché trouvez-vous après? Une fois qu'il est rendu chez nous,
qu'est-ce que vous faites avec? L'envers de votre...
M. Gaudreault : Ah! mais là...
Normalement, c'est moi qui pose les questions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Nous devons conclure sur votre question, Mme Dagenais. Merci beaucoup pour
cette intervention.
Alors, maintenant, nous allons suspendre
deux minutes, le temps d'accueillir Éco Entreprises Québec. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 44)
(Reprise à 15 h 46)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Nous
accueillons maintenant Éco Entreprises Québec. Mme Maryse Vermette,
présidente-directrice générale, bienvenue à cette commission. Je vous invite à
nous présenter les personnes qui vous accompagnent. Ensuite, vous aurez 10
minutes pour faire votre exposé. Merci.
Mme Vermette (Maryse) : Mme
la Présidente, Mmes, MM. les députés, merci beaucoup de donner l'opportunité à
Éco Entreprises Québec de présenter les résultats de ses travaux sur le
recyclage du verre ainsi que notre point de vue. Alors, je suis accompagnée, à
ma droite, de mon collègue M. Pierre Benabidès, qui est conseiller principal au
niveau du développement des marchés, des matières recyclables; et de Me Joëlle
Chiasson, conseillère principale, Affaires juridiques et relations
gouvernementales.
Alors, vous savez, Éco Entreprises Québec,
qui nous sommes, bien, nous sommes l'organisme qui représente toutes les
entreprises au Québec, qui mettent en marché des produits emballés et des
imprimés et qui, depuis 2005, agréé par la société d'État RECYC-QUÉBEC, a le
mandat de faire de la perception auprès de toutes ces entreprises qui ont la
responsabilité de financer nos programmes de recyclage qui sont offerts par les
municipalités aux différents citoyens du Québec, on parle d'à peu près de
150 millions de dollars par année, les coûts du système de collecte
sélective. Depuis notre création, mais aussi au cours des dernières années, on
a travaillé beaucoup à optimiser le système, à travailler à son optimisation
parce que, vous savez, le système de collecte sélective, c'est un système qui
est en constante évolution et qui a besoin, autant en amont, en aval, que
d'être optimisé, écoconception des emballages, une meilleure collecte des
matières, tri et son conditionnement ainsi que, naturellement, le développement
des marchés.
Alors, vous savez, en tant que financier
du système, mais on souhaite l'améliorer. Les entreprises, on parle de plus de
3 400 entreprises, là, que nous représentons en vertu de la loi, bien,
pour nous, c'est important de faire en sorte que ce système-là fonctionne et
soit efficace et performant. Alors, vous savez, pour le verre, on a vécu
plusieurs crises dans le passé et un constat demeure, c'est que le verre, c'est
un peu une matière qui est mal-aimée dans le bac de récupération. C'est pour ça
qu'à un moment donné on s'est dit : Il faut trouver une solution, il faut
travailler à la recherche de solutions. On l'a fait dans le cadre du plan Verre
l'innovation, mais c'est clair qu'on veut le faire pour l'ensemble des matières
que les citoyens mettent dans leur bac de récupération. Alors, finalement,
c'est de trouver des solutions pour recycler 100 % du verre de la collecte
sélective.
Alors, pour ce plan Verre l'innovation,
qu'est-ce qu'on a fait? C'est qu'on a mis en place des projets pilotes dans
cinq centres de tri pour trouver... justement pour faire la démonstration de
technologies de tri dans les centres de tri, donc de tri et de traitement du
verre dans cinq centres de tri et aussi de travailler au niveau du
développement des marchés. Et c'est clair que, dans le cadre du bilan qu'on a
déposé en février dernier, on a appris beaucoup sur la chaîne de valeur du
recyclage, sur les pratiques opérationnelles et d'affaires des centres de tri, ce
qui nous a permis d'adresser 18 recommandations. Et c'est clair que... bien, il
y a des investissements qui sont requis dans notre système de recyclage au
Québec, dans notre système de collecte sélective, autant dans les centres de
tri, mais aussi chez les conditionneurs et les recycleurs.
• (15 h 50) •
À titre d'information, c'est important de
mentionner qu'il y a le centre de tri qui fait un tri de la matière, il y a le
conditionneur qui va nettoyer et conditionner la matière et il y a le
recycleur, lui, qui va lui donner une deuxième vie à la matière. Alors, c'est
important de comprendre la chaîne de valeur. Alors, nos recommandations
adressent certains enjeux. Alors, dans le passé puis encore aujourd'hui, il
faut l'admettre que nous n'avons pas les conditions gagnantes pour avoir une
industrie du recyclage du verre performante...
Mme Vermette (Maryse) :
...et le recycleur, lui, qui va lui donner une deuxième vie à la matière.
Alors, c'est important de comprendre la chaîne de valeur. Alors, nos recommandations
adressent certains enjeux. Alors, dans le passé puis encore aujourd'hui, il
faut l'admettre, que nous n'avons pas les conditions gagnantes pour avoir une industrie
du recyclage du verre performante. Pourquoi? Bien, c'est parce que, nos centres
de tri, ils n'ont pas eu les moyens pour produire un verre de qualité et aussi
tout le volet de la diversification des marchés du verre parce qu'il faut créer
de la valeur au verre. C'est fondamental.
Donc, on a adressé, comme je vous l'ai
dit, 28 recommandations, mais en voici les principales. Alors, notre
première recommandation, c'est qu'il faut investir dans nos centres de tri au
Québec pour faire du verre de bonne qualité. Peu de centres de tri sont équipés
pour bien traiter le verre et il n'y a pas d'incitatifs financiers actuellement
à le faire, surtout dans une période de crise. Vous savez, l'industrie du
recyclage vit, à l'échelle mondiale, une période particulière. Le verre est
donc plein de contaminants à sa sortie du centre de tri parce qu'il n'est pas
traité. Alors, toutefois, il est faux de prétendre, comme plusieurs allèguent,
que le verre contamine le papier et le carton. D'après une étude en cours dont
nous sommes partenaires, il y a une quantité infime de verre dans les ballots
de papier et de carton. Donc, ce n'est pas une raison... là, je veux dire, le
verre lui-même n'est pas bien traité, mais il ne va pas contaminer les autres
matières en grande quantité. Le problème de la contamination du verre ne
provient pas de la collecte sélective, mais bien de l'absence d'équipements
adaptés aux réalités des centres de tri. Nos projets pilotes ont permis
d'obtenir des taux de pureté allant de 70 % dans le passé, et on sait
qu'on peut atteindre 95 %, 97 % et même 99 % pour certains
centres de tri.
Alors, notre deuxième recommandation,
c'est d'atteindre 100 % du recyclage du verre, c'est une priorité, hein?
Comme l'a mentionné notre collègue de la SAQ, il faut vraiment s'attaquer au
développement des marchés et à la diversification des marchés. Pour éviter
d'autres crises, il faut donner de la valeur à notre verre, et pour ça il faut travailler
les marchés selon les régions et selon aussi les besoins des recycleurs. Dans
le passé, on a mis tous nos oeufs dans le même panier, on avait très peu de
compétiteurs dans ce secteur d'activité, et ce qui s'est passé, bien, quand il
y a une crise, il y a une fermeture des marchés, et là on se retrouve... on n'a
pas d'acheteurs, et ça met l'industrie très à risque. Alors, il y a un seul
marché qui existait justement au début, dans les années 2000, et... soit
la laine minérale dont les usines sont situées principalement aux États-Unis.
Et ce marché a fermé temporairement, ce qui a résulté la crise de 2013.
Aujourd'hui, la bonne nouvelle, c'est
qu'il existe beaucoup de potentiel au Québec. Ça, il faut regarder les bons
côtés, il faut travailler. Il y a eu beaucoup d'innovation. Il y a beaucoup de
recherche au niveau du développement des applications du verre. Et il y a une
bonne nouvelle aussi aujourd'hui, c'est que pour la fabrication de contenants,
les tests réalisés ont démontré qu'il n'y a aucune raison qui empêcherait le
verre de la collecte sélective d'entrer dans la fabrication de bouteilles une
fois trié en centre de tri, mais aussi traité par un conditionneur équipé pour
répondre aux spécifications de la refonte. Vous savez, les marchés dont je
parlais, bon, oui, l'ajout cimentaire, la poudre de verre comme additif. Il y a
toujours les abrasifs, la filtration de piscine, le verre cellulaire, et aussi
naturellement, bon, le marché existant depuis longtemps, la laine minérale.
Troisième recommandation, bien, c'est
clair, pour nous, qu'il y a beaucoup de centres de tri actuellement qui, bon,
n'investissent pas pour trier le verre et ont une solution facile qui est
l'utilisation du verre comme matériel de recouvrement dans les lieux
d'enfouissement. Pour nous, il faut aller vers une interdiction progressive de
l'utilisation du verre en recouvrement journalier au fur et à mesure que les
nouveaux débouchés vont se développer parce que c'est l'oeuf ou la poule.
Actuellement, il y a vraiment... il y a peu d'incitatifs, et il faut donner,
comme je le disais, de la valeur au verre. Le verre qui a été utilisé comme
matériel de recouvrement, bien, il est directement en compétition avec les
conditionneurs québécois. Les lieux d'enfouissement technique acceptent du
verre contaminé à bas coût alors les conditionneurs ont besoin de verre de
qualité. Et donc l'ennemi numéro un du développement des marchés, c'est
l'utilisation du verre en recouvrement journalier. Alors, pour nous, c'est un
des constats qu'on a faits dans le cadre de notre bilan. Et comme je le disais,
bien, il y a une entente de principe qui a été annoncée aujourd'hui entre le
principal... bien, le fabricant, hein, de contenants de verre Owens-Illinois et
un conditionneur, le Groupe Bellemare, de Trois-Rivières, qui explique qu'il
sera possible de fabriquer des bouteilles de verre de la collecte sélective.
Des échanges de nature technique sur la qualité...
Mme Vermette (Maryse) :
...entre le... bien, le fabricant, hein, de contenants de verre Owens-Illinois
et un conditionneur, le Groupe Bellemare, de Trois-Rivières, qui explique qu'il
sera possible de fabriquer des bouteilles de verre de la collecte sélective.
Des échanges de nature technique sur la
qualité du verre requis pour la refonte, le type d'équipements optimaux à
installer pour le conditionnement et le tri par couleurs de même que les
conditions d'approvisionnement ont été retenus par le groupe de travail que
nous avons mis en place, le tout, à la satisfaction des parties.
Groupe Bellemare dispose maintenant d'un
plan d'affaires complet et prêt à réaliser les investissements requis pour
acheter les nouveaux équipements dès qu'il obtiendra des garanties en
approvisionnement. Une dernière condition doit cependant être remplie par le
gouvernement du Québec, il s'agit de mettre fin à une situation temporaire qui
dure depuis 2014.
Notre dernière recommandation. Vous savez,
les entreprises membres d'EEQ font partie de la solution, hein? Ça fait des
années qu'on en parle à nos partenaires. On a vraiment établi différents
partenariats avec le monde municipal, avec les centres de tri, les
conditionneurs, les recycleurs. Toutefois, il y a un constat qui nous devient
de plus en plus... à notre face, c'est que l'élargissement de leur rôle doit
être mis de l'avant dans toute forme de réforme...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
En conclusion, s'il vous plaît.
Mme Vermette (Maryse) : ...de
la modernisation à la mise en place d'un nouveau modèle de la collective
sélective.
Alors, pour nous, si on veut que les
entreprises soient imputables et responsables des matières qu'elles mettent en
marché, elles doivent avoir davantage de responsabilités, et elles vont pouvoir
investir, justement. Oui, actuellement, elles compensent un système, mais elles
pourront et elles auront l'obligation, l'imputabilité d'investir davantage...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci.
Mme Vermette (Maryse) : ...et
de prendre les décisions appropriées...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci.
Mme Vermette (Maryse) :
...pour que cette chaîne du recyclage soit une réussite. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je pense que vous avez beaucoup de choses à dire. Alors, nous allons passer du
côté du gouvernement. Vous avez 16 min 30 s. M. le député de
Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mme Vermette. Question probablement bien exagérée : Le
verre, c'est à peu près 13 % du bac, dépendant où on regarde, là, l'ordre
de grandeur, et on parle d'investissements de 50 millions, encore une
fois, comme ordre de grandeur, est-ce que ça veut dire que, pour les 87 autres
pour cent, vous voyez aussi qu'il y aura encore beaucoup d'investissements à
faire ou si ces investissements-là vont contribuer à aider aussi la pureté des
autres matières?
Mme Vermette (Maryse) :
Alors, merci de cette question. Effectivement, on a 23 centres de tri au Québec
et on a un réseau de centres de tri qui a été mis en place au siècle dernier.
Quand le système de collecte sélective a été mis en place au Québec dans les
années... fin des années 80‑90, beaucoup d'installations de tri sont les mêmes
que ces années.
Mais, vous savez, toute industrie
nécessite des investissements sur une base continue. Et, nous, le constat qu'on
fait, avec toutes les démarches, les rencontres que l'on a, les visites, les
échanges avec les centres de tri, bien, les centres de tri effectivement ont
besoin d'investissement pour bien gérer ce... comme on dit, nous, avoir des
centres de tri du XXIe siècle. On est rendus là, et les entreprises qui
mettent en marché les matières veulent ce tournant-là et savent très bien que
nous devons investir, que la... qu'on doit investir dans la technologie.
Il existe énormément de technologies de
disponibles, et nos centres de tri ont besoin, entre guillemets, d'amour. Donc,
c'est une réalité. Et, oui, ces investissements-là... Vous savez, pour nous,
50 millions, on parlait d'une vingtaine de millions pour les centres de
tri puis l'autre moitié pour développer les marchés. Bien, dans une industrie,
là, pour nos matières secondaires pour redonner vie à ces 800 quelques mille
tonnes de matière, bien, je pense que la société, on est rendus là, et il faut
investir pour l'avenir.
M. Campeau : Ceci
contribuerait, comme vous l'avez dit, à améliorer la pureté. Comment
définissez-vous la pureté? C'est l'absence de contaminant? Est-ce que c'est la
couleur qu'on tient... dont on tient compte là-dedans? Les deux? Comment vous
pourriez définir ça, s'il vous plaît?
• (16 heures) •
Mme Vermette (Maryse) : Vous
savez, il y a très, très peu de centres de tri dans le monde qui font du tri
par couleurs. Pourquoi? Parce que ce sont des équipements qui sont très
sophistiqués, et qu'ils ont besoin d'un volume important, et c'est... Quand
j'expliquais tantôt les... au niveau de la chaîne de valeur, le conditionneur
est vraiment l'endroit où on conditionne, c'est-à-dire qu'on fait un tri
souvent optique, là, des matières. Donc, on sépare les couleurs et on enlève ce
qu'on appelle les infusibles. Les infusibles, ce sont, entre autres... Parce
que le citoyen met dans le bac de récupération des matières qui sont... qui ne
sont pas nécessairement visées par le bac, donc il faut...
16 h (version non révisée)
Mme Vermette (Maryse) :
...optique, là, des matières. Donc, on sépare les couleurs et on enlève ce
qu'on appelle les infusibles. Les infusibles, ce sont, entre autres... parce
que le citoyen met dans le bac de récupération des matières qui ne sont pas nécessairement
visées par le bac. Donc, il faut nettoyer et enlever, bon, bien, la vaisselle,
le grès, la pierre et c'est le conditionneur qui peut avec les équipements le
faire.
Le centre de tri vient enlever les
bouchons, les crayons... Il y a énormément de matière dans nos centres de tri,
là, et ça, il va y avoir du travail à faire beaucoup au niveau de la
sensibilisation des citoyens. Mais le centre de tri vient enlever ces petites
matières. Mais il y a un travail qui doive être fait aussi au niveau du
conditionnement.
M. Campeau : ...mais dans un
centre de tri, si vous améliorez la façon de traiter, ça veut dire qu'il y aura
des nouvelles technologies. On parle donc de formation. Est-ce que la main-d'oeuvre
qui est là actuellement, est-ce que la main-d'oeuvre est adéquate? Est-ce
qu'elle est suffisamment formée? Est-ce qu'il y a un problème de pénurie de
personnel? Est-ce que vous voyez des niveaux de salaire? Quel est votre constat
autour de tout ce qui touche main-d'œuvre, salaire, formation, s'il vous plaît?
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
dans le cadre de nos travaux, on a fait effectivement, dans le cadre de nos
recommandations, on a adressé tout le segment qui touche la gestion des
opérations au niveau de la maintenance des équipements, au niveau de la santé
et sécurité, au niveau... Bien, vous savez, au niveau de l'emploi, c'est un
défi dans toutes les entreprises. C'est pour ça que, pour nous, les emplois
doivent être améliorés en centre de tri. Les conditions doivent être améliorées
et les emplois, les gens doivent devenir des contrôleurs de qualité et non pas
des trieurs parce qu'il existe maintenant des équipements pour faire le tri et
les emplois, de bons emplois, bien rémunérés pour le contrôle de la qualité.
Alors, c'est ce qu'on a vu aussi dans plusieurs centres de tri, entre autres,
en Europe.
M. Campeau : O.K. Ce qui veut
dire que la main-d'oeuvre actuelle devra soit être formée, soit on devra avoir des
personnes différentes pour un centre de tri du XXIe siècle comme vous l'avez
décrit?
Mme Vermette (Maryse) : Comme
dans toute industrie, il y a une évolution au niveau de la main-d'oeuvre et
c'est sûr qu'au niveau de l'industrie du recyclage, c'est le cas également.
M. Campeau : Merci beaucoup.
Mme Vermette (Maryse) : Merci
à vous.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Beauharnois.
M.
Reid
: ...de
votre mémoire, vous affirmez, c'est souligné ainsi : EEQ est défavorable à
l'élargissement du système de consigne qui viendrait fragiliser encore
davantage le système de collecte sélective au lieu de contribuer à l'optimiser.
Est-ce que vous pouvez m'expliquer cette affirmation-là? Parce qu'on sait que,
par exemple, les bouteilles de bière, c'est une consigne. Donc, il y a un
retour assez exceptionnel qui revient donc pour les utilisateurs. Mais comment
ça peut fragiliser le système de collecte sélective?
Mme Vermette (Maryse) : Vous
savez... pour la consigne des bouteilles de bière, bien, c'est de la consigne
pour des contenants à remplissages multiples et on a toujours été favorable
parce qu'il y a un réemploi au niveau du contenant.
Concernant tout ce qui touche le fait de
fragiliser le système, bien, vous savez, à l'échelle du Québec actuellement, on
parle de 800 quelque mille tonnes de matière qui transitent par nos centres de
tri. C'est sûr qu'on souhaite que le taux de récupération augmente également.
Mais, ce qui arrive, c'est qu'il y a une capacité pour pouvoir investir dans
ces équipements technologiques plus sophistiqués. Il nous faut une masse
critique. Il nous faut une quantité suffisante de matière pour faire en sorte
que ces équipements-là puissent être optimisés.
Et c'est dans ce contexte-là qu'on dit
qu'à chaque fois qu'on vient enlever de la matière au système, bien, c'est
qu'on vient enlever de la matière au système de collecte sélective qui, si on
veut dans une perspective globale d'investissement pour des équipements qui
sont de haut niveau, qui sont technologiques, bien, on a besoin de volume pour
rentabiliser ces équipements-là.
M. Campeau : En lien avec ça,
j'ai l'exemple chez moi où on avait un bac bleu qui était séparé. Maintenant,
on met tout ça dans le même bac. Ça s'en va dans le camion puis au cours des
dernières années, en fait, les gens se sont dit : Ah! Ça va tout à la même
place. Ça s'en va au site d'enfouissement. Puis il n'y a plus de tri qui est
fait. En termes de confiance, auprès du citoyen, de M. Mme Tout-le-monde qui
nous écoute actuellement, qu'est-ce qu'on leur dit là-dessus?
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
écoutez, nous, pour être un observateur, hein? Parce que vous savez que le rôle
d'Éco Entreprises Québec actuellement, c'est de signer...
M.
Reid
: ...au
site d'enfouissement puis il n'y a plus de tri qui est fait. En termes de
confiance auprès du citoyen, M. Mme Tout-le-monde qui nous écoute actuellement,
qu'est-ce qu'on leur dit là-dessus?
Mme Vermette (Maryse) :
Bien, écoutez, nous, pour être un observateur, hein, parce que vous savez que
le rôle d'Éco Entreprises Québec, actuellement, c'est de signer des chèques
pour compenser les municipalités, bien, ce qu'on a observé, c'est qu'écoutez,
là, la très grande majorité de la matière est réellement recyclée. Puis ce qui
est acheminé dans les centres de tri, on parle de toutes matières confondues.
On sait qu'il y a l'enjeu du recyclage du verre, et que vous êtes au courant,
là, des taux de recyclage. Donc, le citoyen... Vous savez, on est passé à la
collecte pêle-mêle. C'est un choix de société qui a été fait il y a à peu près
une douzaine d'années. Mais, chez Éco Entreprise Québec, on est très ouvert
aussi à peut-être repenser le mode de collecte. Vous savez, on a des camions à
chargement arrière pour des matières recyclables qui ressemblent beaucoup à des
camions de déchets. C'est sûr que, pour le citoyen, ça peut être confondant.
Donc, nous, au niveau du mode de collecte,
on est d'avis qu'effectivement il faudrait peut-être arriver à se remettre en question
comme société puis à revoir les modes de collecte. D'ailleurs, ces modes de
collecte là ont existé il y a une quinzaine, vingtaine d'années. Donc, nous, on
n'est pas fermés à faire des projets pilotes puis à regarder... Même pour le
verre, je pense qu'il y a eu des projets intéressants pour le verre. Et ça
serait une possibilité.
M.
Reid
:
...était séparé à une certaine époque.
Mme Vermette (Maryse) :
Oui. Bien, il était mélangé avec d'autres contenants, les fibres d'un côté et
les contenants de l'autre.
M.
Reid
: O.K.
Merci. Pour moi, ça va.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci. Merci
beaucoup. C'est très intéressant, votre compte rendu. Par contre, vous me
permettrez de faire un petit peu l'avocat du diable parce que vous nous dites
qu'en... Votre argument, je crois, si j'ai bien compris, là, tient sur le fait
qu'avec des investissements supplémentaires, on pourrait arriver à la
modernisation des centres de tri et qu'il serait possible d'obtenir un verre de
qualité et de diversifier les débouchés. C'est bien ça? Par le fait même, vous
nous présentez, là, différents débouchés de recyclage, donc, comme la laine
minérale, la poudre, etc., là. Mais en me faisant l'avocat du diable, je vous
dirais que certaines personnes nous disent que ces débouchés-là sont de valeur
inférieure au recyclage comme tel. Qu'est-ce que vous me répondez par rapport à
ça? Et j'aurais une sous-question. En quoi l'élargissement de la consigne à
d'autres contenants... Qu'est-ce qui vous dérange dans ça? Qu'est-ce qui fait
que ça vous nuirait ou ça nuirait, là, au système de collecte?
Mme Vermette (Maryse) :
Pour la première question, c'est sûr que... Vous savez, les débouchés des
matières recyclables, hein, les marchés des matières recyclables, dans une
vision... Oui, on peut faire des contenants avec des contenants, là. Ça, c'est
sûr que c'est un marché qui est important. Par contre, pour s'assurer que, dans
l'avenir, on donne une deuxième vie à nos matières, il faut aussi s'attarder à
d'autres types de... Nous, on les appelle les écomatériaux. La preuve, dans le
domaine des plastiques, on fait des tuyaux de drainage avec des contenants de
lessive. On fait du papier de toilette avec du papier. Alors, si on a une
perspective trop... J'ai le terme...
Une voix
: Linéaire.
Mme Vermette (Maryse) :
...linéaire ou trop restreinte, c'est que, pour l'avenir, comme on veut à tout
prix développer les marchés pour nos ressources secondaires, il faut regarder
différents marchés. Puis je le disais aussi tantôt, il ne faut pas se limiter à
un seul marché parce que, si jamais ce marché-là tombe, après ça, on est en situation
fragilisée.
Concernant l'optimisation du système,
c'est sûr qu'à l'échelle du Québec on reste... Bon, on est quand même une
société, là, de huit point quelques millions de population avec une génération
x. Pour avoir des installations de haut niveau, bien, il nous faut, comme je le
disais tantôt, il nous faut du volume pour les rentabiliser. Alors, oui, il y a
un aspect financier, de rentabilité. Et vous savez, il nous faut des gens aussi
pour financer ce système-là. Donc, les entreprises qui mettent en marché les
contenants, emballages et imprimés, si on enlève une part importante de ces
financiers-là, bien, il se retrouve moins de gens aussi pour financer le
système. Donc, c'est sûr que, oui, il y a des considérations économiques, mais
il y a des considérations aussi de masse critique pour pouvoir développer des
marchés intéressants.
• (16 h 10) •
Mme Tardif : Puis là, me
diriez-vous qu'actuellement...
Mme Vermette (Maryse) : ...de
ces financiers-là, bien, il se retrouve moins de gens aussi pour financer le
système. Donc, c'est sûr que, oui, il y a des considérations économiques, mais
il y a des considérations aussi de masse critique pour pouvoir développer des
marchés intéressants.
Mme Tardif : Et là, me
diriez-vous qu'actuellement vous êtes sur un seuil de masse critique? Ou si
vous en avez moins, jusqu'où, là, le seuil est, là, si on veut trouver un
compromis?
Mme Vermette (Maryse) : Actuellement,
on sait que dans la... on a à peu près 120 000 tonnes de verre au Québec.
Donc... et ça, c'est avec un taux de récupération d'autour de 78 %, là. Ma
collègue de RECYC-QUÉBEC en a parlé tantôt. Donc, c'est clair qu'il faut viser
une augmentation aussi du taux de récupération, et ce 120 000 tonnes
là fait en sorte que, bien, il peut répondre aux conditionneurs en place puis
aux entreprises aussi qui veulent investir pour développer les marchés, ils
veulent avoir de la matière. Dans une vision à moyen terme, ces entreprises
doivent avoir accès à la matière. Et d'ailleurs, dans l'annonce d'aujourd'hui
d'Owens-Illinois et de Bellemarre, ils veulent avoir aussi la garantie d'avoir
de la matière pour pouvoir mettre en place ce partenariat.
Mme Tardif : Quelle est la
quantité en termes de tonnage que ça prend pour qu'une entreprise de
recyclage... vous parlez, là, des conditionneurs et tout. Quelle est la
quantité que ça prend pour que ce soit viable?
Mme Vermette (Maryse) : Ça
dépend des marchés.
Mme Tardif : Ça fait que ça
pourrait être petit et adapté aux...
Mme Vermette (Maryse) : C'est
sûr qu'il y a certains conditionneurs qui doivent investir beaucoup dans
l'équipement. Donc, eux aussi, pour ces investissements-là, ils doivent avoir
une masse critique importante. Je ne sais pas si... Pierre, toi, tu as... C'est
différent d'un débouché à l'autre.
M. Benabidès (Pierre) : C'est
ça, ça va être différent d'un débouché à l'autre parce que vous allez avoir des
processus et des équipements qui vont être complètement différents. Quand vous
parlez de produire du verre qui doit être trié par couleur, vous devez avoir plusieurs
trieurs optiques qui doivent être installés en cascade, puis on parle de quand
même plusieurs milliers... quasiment 1 million de dollars presque par
trieur optique et équipement complémentaire.
À l'inverse, vous avez des marchés qui
vont nécessiter plus de chauffer le verre, le rendre à l'état de poudre et
former ce verre cellulaire que vous voyez ici. C'est des équipements qui sont
plus petits et qui produisent, en tout cas, dans les exemples européens, autour
de 10 000 tonnes de verre. Donc, ce n'est pas le même niveau de
traitement en termes de quantité qui est requis.
Mme Tardif : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, il reste une quarantaine de secondes. Mme la députée d'Argenteuil, vous
m'avez dit que... vous avez levé la main. Allez-y rapidement et concluez
rapidement.
Mme Grondin : En fait, petite
question peut-être rapide. Si on y va avec la consigne, on dévie le verre du
bac de recyclage, est-ce qu'il est possible d'ajouter des nouvelles matières
dans le bac?
Mme Vermette (Maryse) : De
verre?
Mme Grondin : Des nouvelles
matières?
Mme Vermette (Maryse) : Ah!
des nouvelles matières. Bien, vous savez, les centres de tri, c'est un procédé
manufacturier, hein? C'est comme... dans toute forme d'industrie, il y a une
matière première qu'on traite et on a des intrants et des extrants. Donc, c'est
sûr que si... dans un système, c'est déjà complexe, les centres de tri, parce
que les matières intrants, ce sont des matières post-consommation. Donc, c'est
des matières qui peuvent... on le sait qu'elles sont altérées, hein, bon, O.K.,
dans le sens que ce n'est pas une matière vierge. Alors, si on pense à ajouter
d'autres matières, bien, il faut toujours avoir en tête que le système
opérationnel, hein, les équipements soient en mesure d'accueillir et de gérer
ces matières-là. Donc, si vous me dites : Bien, on va rajouter les
grille-pain, hein? Parce que...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Vous allez devoir terminer votre réponse parce que je dois passer à
l'opposition officielle.
Mme Vermette (Maryse) : Oui.
Parfait. Donc, dans le fond, ma réponse, c'est dire que c'est un système
manufacturier puis on ne peut pas décider comme ça d'ajouter plein de matières
parce que...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci.
Mme Vermette (Maryse) :
...les équipements sont faits pour des contenants emballages et imprimés.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Alors, voilà. Donc, maintenant c'est au tour de l'opposition officielle.
Vous avez 11 minutes.
M. Kelley
: Merci, Mme
la Présidente. Dans plusieurs des mémoires, on parle d'investir dans les
centres de tri. Mais c'est quoi le chiffre? Les entreprises ont besoin de
combien d'argent du gouvernement du Québec?
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
écoutez, on a... nous, on a fait l'analyse en fonction de notre réseau actuel,
hein. Et on a différents types de centres de tri, on a des petites capacités,
des moins de 5 000 tonnes, on a des moyennes capacités, puis on a de
grandes quantités... plus grandes quantités au niveau des centres de tri. Et
chaque centre de tri nécessite des équipements qui sont différents. Et on est
d'avis aussi qu'il faut envisager des lieux satellites, hein, avoir un effet...
si on investit...
Mme Vermette (Maryse) : ...on
est des moyennes capacités, puis on de grandes quantités, plus grandes
quantités au niveau des centres de tri, et chaque centre de tri nécessite des
équipements qui sont différents. Et on est d'avis aussi qu'il faut envisager
des lieux satellites, hein, avoir un effet... si on investit davantage pour
avoir de l'équipement plus sophistiqué, on peut penser de regrouper ces centres
de tri dans une région.
Donc, c'est un petit peu le travail qu'on
avait fait. Dans le cadre de notre bilan, on avait parlé de centres de tri
satellites et de centres de tri en région éloignée, qu'il devait avoir un
minimum d'équipement pour produire un verre qui pouvait être traité localement.
Donc, on parlait d'à peu près 20 millions pour doter le Québec, là,
d'équipement de tri pour le verre.
M. Kelley
: Merci
beaucoup. Et quand même, si le gouvernement décide d'ajouter une consigne plus
élargie, est-ce que ça va réduire le chiffre, dans le sens j'imagine quand
même. Si les centres de tri ont besoin d'investissement pour améliorer le
système de recyclage en général, est-ce que ça, c'est quelque chose que vous avez
évalué, pas vraiment ou pas encore?
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
c'est sûr que nous, on évalue en fonction du gisement actuel. Comme je
l'expliquais, il faut une masse critique pour investir dans des équipements
plus sophistiqués. Alors, c'est sûr que si on enlève une quantité importante de
verre, bien, il va falloir de toute façon investir dans les équipements. Il
faut des équipements pour le verre, sinon on va se retrouver toujours avec le
verre qui est contaminé, comme il l'est dans certains centres de tri
actuellement. Il faut donner de la valeur au verre, donc il faut le trier et le
traiter en centre de tri.
M. Kelley
: Sur les
équipements, est-ce qu'il y a présentement des barrières? Est-ce que les
centres de tri doivent acheter la majorité de ces équipements à l'extérieur du
Québec ou quand même du Canada? Est-ce que c'est quelque chose qu'il faut
acheter en Europe, ou Chine, ou n'importe quoi?
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
c'est... Effectivement, il y a de la technologie européenne, de la
technologie... on a travaillé, nous, avec la firme Machinex. On a eu des
enseignements aussi, des projets pilotes, parce que, vous savez, ce sont des
projets pilotes, là, c'est pour ça qu'on a fait des tests et on a tiré beaucoup
d'enseignement sur le type de technologie et... On sait actuellement qu'il y a
des équipements entiers, de nouveaux équipements entiers qui seraient intéressés
à offrir des équipements pour le tri et le traitement divers, donc des
équipements entiers québécois. Alors, ça, c'est bien aussi de créer une
compétition pour que nos centres de tri puissent avoir accès à différentes
offres au niveau des équipements entiers.
M. Kelley
: Alors, il y
a bien des opportunités pour les entreprises québécoises si le gouvernement
décide d'aller de l'avant avec des investissements majeurs dans les centres de
tri ici, au Québec, c'est bien ça?
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
les informations qu'on a de certains équipements entiers sont à l'effet que
oui.
M. Kelley
: Parfait.
Puis vous avez mentionné le projet pilote, que j'ai lu avec grand intérêt, que
le plan Verre l'innovation, il y a une partie qui parle de réduction des GES.
Est-ce que vous pouvez juste expliquer un petit peu comment vous avez fait ça.
C'est où, exactement, la réduction des GES dans tout ce processus?
Mme Vermette (Maryse) : On a
fait une analyse avec une firme externe spécialisée dans le domaine des GES,
mais encore, Pierre, tu peux peut-être donner...
M. Benabidès (Pierre) : On a
fait ça avec le Groupe AGECO. On a modalisé en fait divers scénarios parce
qu'un des importants gains au niveau des GES, c'est le recyclage. Donc,
dépendamment du débouché de la fin de vie des différents... du verre en fait,
finalement, on a modalisé différents scénarios et on arrive à environ une
économie de 20 000 tonnes d'équivalents en CO2
avec un recyclage justement de 120 000 tonnes de verre qui est
effectivement recyclé.
M. Kelley
: Dans tout
ce processus, c'est juste avec un meilleur tri de verre? J'essaie juste de
comprendre, quand on parle de la réduction des GES, c'est où, exactement, dans
tout le processus? Est-ce que c'est le fait qu'on garde juste un camion qui va
récupérer tous les aliments dans le bac bleu? Est-ce que c'est vraiment avec
les technologies?
• (16 h 20) •
M. Benabidès (Pierre) : Bien,
les technologies vont aider à un meilleur tri des matières, qui vont aider à
amener les matières à des filières de recyclage. Donc, oui les technologies
vont permettre justement l'amélioration et le gain au niveau des GES, surtout
que la collecte sélective, on l'a toujours un peu décrite comme le transport en
commun des matières recyclables, c'est vraiment... le principal bénéfice, c'est
ça, c'est de mettre toutes les matières ensemble, dans des endroits qui sont
spécialisés pour séparer ces matières et...
M. Benabidès (Pierre) : ... les
technologies vont permettre, justement, l'amélioration et le gain au niveau des
GES, surtout que la collective, on l'a toujours un peu décrit comme le
transport en commun des matières recyclables. C'est vraiment... Le principal
bénéfice, c'est ça, c'est de mettre toutes les matières ensemble, dans des
endroits qui sont spécialisés pour séparer ces matières et l'envoyer ultimement
à des filières de recyclage.
M. Kelley
: Je vais
céder la parole à...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Écoutez, je vous ai entendu, madame, parler, effectivement,
des emplois qui doivent être améliorés aux centre de tri. Et j'ai le goût de
vous soumettre, je ne sais pas, c'est un article qui est paru il y a quelques
jours, puisque si on doit comprendre cet enjeu-là, il faut le comprendre dans
sa globalité, lorsqu'on parle des emplois qui doivent être améliorés. C'est
paru, l'article, dans le journal La Presse, Centre de tri de Montréal :
danger, air contaminé et ça adonne que c'est un centre de tri qui est dans ma circonscription
où on parle d'une problématique exposant quelque 125 travailleurs à de
graves problèmes respiratoires.
Maintenant, à partir de cet élément-là,
donc, évidemment... Et donc une enquête, d'ailleurs, a même été demandée, donc,
par moi à la Direction de la santé publique sur des enjeux relatifs à la
qualité de l'air aux abords. Quand on parle des compétences des centres de tri,
actuellement, pour prendre ce dossier-là, qui serait un dossier additionnel, maintenant,
j'aimerais savoir, est-ce qu'il y a une analyse complète qui a été faite au
niveau des capacités des centres de tri, des compétences des centres de tri à y
arriver, et donc quand on parle de l'utilisation du... du recyclage du... de
la... du recyclage du verre? Pardon. Et aussi on parle beaucoup de moyens
financiers. Mais qu'est-ce qui est en place comme mesures visant à favoriser, justement,
l'amélioration des conditions de vie des travailleurs dans les centres de tri?
Mme Vermette (Maryse) :
Vous savez, nos centres de tri au Québec ne sont pas encadrés par des normes.
Hein, les centres de tri opèrent, bon, doivent respecter la réglementation en
vigueur au niveau de la Loi sur la qualité de l'environnement, Me Chiasson
pourrait renchérir à cet effet, mais il n'y a pas de normes établies de gestion
de nos centres de tri. Il y a certains types d'industrie qui sont très normées,
hein, on le sait, entre autres dans différents secteurs industriels. Par
contre, au niveau des centres de tri, c'est une industrie qui est relativement
jeune et peu mature en termes de développement des meilleures pratiques. Alors,
c'est clair qu'il faut aller vers un encadrement de nos centres de tri. Et,
entre autres, ce qui touche tout le volet santé et sécurité des employés, bien,
c'est un élément important aussi qu'il faut adresser. Et il y a des normes qui
existent actuellement en Europe pour les centres de tri. Je ne vois pas
pourquoi on ne les appliquerait pas au Québec. Mais, comme je disais, on a un
réseau de centres de tri qui date de plusieurs années. Et là on est rendu à le
rénover et à se doter d'une infrastructure du XXIe siècle.
M. Benjamin : Donc, ce
que j'entends... Ce que j'entends, est-ce que c'est ce que vous souhaiteriez,
qu'on aille jusqu'à un encadrement législatif des centres de tri?
Mme Vermette (Maryse) :
Bien, il faut développer un cadre normatif. Je ne sais pas, Me Chiasson, si
vous voulez...
Mme Chiasson (Joëlle R.) :
Bien, oui, on irait jusque là. En fait, dans le cadre de nos recommandations du
plan Verre l'innovation, on a retenu beaucoup d'enseignements, notamment en ce
qui a trait à la santé et sécurité au travail, aux besoins de formation aussi,
aux besoins d'encadrement. Et, étant donné que c'est une jeune industrie qui,
des fois, a de la difficulté à s'autoréguler, on est favorable à un encadrement
normatif législatif des centres de tri, oui. Par contre, on doit vous le dire, ça
va requérir une gestion de changement assez drastique. Par contre, aussi, je
tiens à dire que, sur les 23 centres de tri au Québec, ils ne sont pas
tous égaux. Donc, il y a des centres de tri qui mettent beaucoup d'emphase sur
la santé et sécurité de leurs employés, alors que d'autres pas nécessairement.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Ça va de ce côté-ci? Donc, Mme la députée de Mercier,
vous avez la parole pour deux petites minutes quarante-cinq secondes.
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Donc, je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai quelques questions.
J'aimerais que vous répondiez par oui ou par non pour m'aider. Donc, dans le rapport
du projet Verre l'innovation, vous mentionnez un taux de pureté de 97 %.
C'est exact? Est-ce que vous confirmez que ce taux inclut les infusibles,
c'est-à-dire de la céramique, de la porcelaine, qui, donc, rendent ce verre
impropre à la refonte et donc réduit ce taux de pureté.
Mme Vermette (Maryse) : C'est
mentionné dans le rapport, effectivement, que les infusibles sont dans le
97 %. Et il faut un conditionneur pour enlever...
Mme Ghazal : ...vous confirmez
que ce taux inclut les infusibles, c'est-à-dire de la céramique, de la
porcelaine qui, donc, rendent ce verre impropre à la refonte, et donc réduit ce
taux de pureté.
Mme Vermette (Maryse) : C'est
mentionné dans le rapport, effectivement, que les infusibles sont dans le
97 %, et il faut un conditionneur pour enlever les matières.
Mme Ghazal : Donc, ce
projet-là n'amène pas un taux de pureté de 97 %, vous le confirmez. Est-ce
que vous êtes...
Mme Vermette (Maryse) : C'est
parce que c'est très difficile de pouvoir faire l'évaluation de la
caractérisation en centre de tri.
Mme Ghazal : Je comprends.
Mme Vermette (Maryse) : C'est
pour ça qu'on a fait des tests avec les conditionneurs.
Mme Ghazal : Je comprends.
Mais c'est moins que ça. Est-ce que vous êtes d'accord avec le chiffre, le taux
de performance des centres de tri de 37 % pour 2018 que RECYC-QUÉBEC nous
a mentionné tout à l'heure? Est-ce que vous êtes d'accord avec ce pourcentage-là
ou est-ce que vous maintenez votre 50 % qui a été utilisé par plusieurs
intervenants dans leurs mémoires?
Mme Vermette (Maryse) : On
l'a toujours dit, ce sont des estimations, il n'y a pas d'obligation au Québec
de déclarer cette information-là, c'est sur une base volontaire, alors RECYC...
Mme Ghazal : Donc, le
37 %, vous le remettez en question.
Mme Vermette (Maryse) :
...collige l'information, mais nous, on ne peut pas confirmer ou infirmer,
alors il faut aller vers une obligation, au Québec, de déclaration.
Mme Ghazal : Parfait. Et le
50 % que vous avez mentionné dans un mémoire et qui a été repris par... en
fait, dans un communiqué de presse, qui a été repris, est-ce que lui, vous le
confirmez ou, encore une fois, vous dites la même chose, c'est difficile de le
savoir?
Mme Vermette (Maryse) : À ce
moment-là, on avait eu des confirmations qu'à cette date-là on était à
50 %.
Mme Ghazal : Et aujourd'hui?
La réponse, c'est gros point d'interrogation.
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
ce qu'on comprend, c'est que, là, les données changent parce que le système de
collecte d'information est...
Mme Ghazal : Donc, on est à
l'aveugle par rapport à ce chiffre-là, puis vous ne confirmez pas celui de
RECYC-QUÉBEC.
Vous avez payé, pour les cinq centres de
tri participant au projet Verre l'innovation, 28 $ la tonne. Est-ce que,
selon vous, si vous ne l'aviez pas fait, est-ce que ce verre-là qui est sorti,
23 000, c'est la moitié de ce qui a été recyclé au Québec, en fait,
récupéré, acheminé vers fins de recyclage... est-ce que vous confirmez qu'il
n'aurait pas trouvé preneur, ce verre-là si vous n'aviez pas payé 28 $ la
tonne en augmentant artificiellement la demande?
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
ce n'est pas en augmentant artificiellement la demande. Comme je vous dis, il y
a un sous-financement au niveau de la gestion des matières dans les centres de
tri, et pour faire de l'expérimentation, on a demandé beaucoup d'efforts de la
part des centres de tri participants, et c'est pourquoi...
Mme Ghazal : C'est pour ça que
vous avez subventionné, si on veut, ça.
Mme Vermette (Maryse) :
Bien... Et je vous dis que, si jamais on fait un plan sur certains plastiques,
il va falloir le faire aussi, parce qu'il faut... Vous savez, nous, on compense
des coûts deux ans plus tard, c'est difficile pour un centre de tri de
participer à un projet pilote.
Mme Ghazal : ...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé pour cette partie. M. le député de Jonquière, vous avez la
parole.
M. Gaudreault : Oui. Merci
beaucoup. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Ce qui m'étonne, dans votre
position, c'est à quel point vous êtes vraiment défavorable à l'élargissement
du système de consigne. Vous dites même, dans votre mémoire, «une fausse bonne
idée». Alors. J'imagine que vous croyez au principe des RRRVE, récupération,
réemploi, recyclage, valorisation... Est-ce qu'il n'y a pas de la place pour
deux? Est-ce qu'il n'y a pas... On a vu tantôt la SAQ qui a fait un pas en
avant important, il faut qu'ils en fassent d'autres, on a eu l'occasion
d'échanger avec eux.
Mais pourquoi cette opposition si ferme
entre consigne et collecte sélective? Est-ce qu'on ne pourrait pas, à ce
stade-ci, là... Moi, j'ai l'impression... Quand j'étais jeune, le gros débat,
là, existentiel, au Québec, qu'on n'était pas capable de régler, c'était la
couleur de la margarine. Là, j'ai l'impression qu'on vit la même chose avec la
consigne ou pas. Moi, je veux dire, les jeunes d'aujourd'hui, ils vont nous
dire, dans 20 ans : Ah! Mon Dieu, le débat sur la consigne, comme je le
dis sur la couleur de la margarine. Est-ce qu'on ne pourrait pas être capables
de trouver une piste d'atterrissage? Et je vous lance tout de suite mon autre
point, parce que vous plaidez énormément sur comment diversifier les marchés du
recyclage, sur les innovations. J'en suis, je suis le premier à appuyer ça, go,
bravo! Mais en même temps, on a été peut-être paresseux, parce que la Chine
achetait beaucoup nos matières, là, on a vu ce qui est arrivé avec la crise,
là, il y a un an et demi, deux ans, la Chine qui ferme...
Mme Vermette (Maryse) : On
est encore dedans.
M. Gaudreault : Pardon?
Mme Vermette (Maryse) : On
est encore dedans.
M. Gaudreault : Puis on est
encore dedans, tout à fait. Bien là, on a été un peu paresseux, on n'a pas
développé nos marchés, on n'a pas développé nos produits chez nous. Alors, on
n'est pas capables de faire les deux en même temps, au Québec?
Mme Vermette (Maryse) : Bien,
nous, on avait dit, il y a déjà près de cinq ans, qu'il fallait travailler à
développer des marchés, là, donc ça fait longtemps qu'on fait part de ce
besoin-là.
• (16 h 30) •
Au niveau du système de consigne, vous
savez, on a participé à des groupes de travail de façon très ouverte avec
RECYC-QUÉBEC, et ce qui se passe, c'est que nous, on a foi dans le système de
collecte sélective et on sait que les citoyens participent, on a des taux de
récupération qui sont quand même similaires au taux de consigne. Parce que,
vous savez, on a beaucoup de contenants consignés qui se retrouvent dans nos
centres de tri. Et ça, ce n'est peut-être pas dit assez souvent, mais les taux
de consigne sont calculés...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Vermette (Maryse) :
... et on sait que les citoyens, on participe. On a des taux de récupération
qui sont quand même similaires aux taux de consigne. Parce que, vous savez, on
a beaucoup de contenants consignés qui se retrouvent dans nos centres de tri.
Et ça, ce n'est peut-être pas dit assez souvent, mais les taux de consigne sont
calculés avec la matière que les citoyens mettent dans leur bac de récupération
avec les matières consignées. Alors, quand on commence à comparer les
rendements des deux systèmes, on s'aperçoit que les taux sont... se ressemblent
beaucoup. C'est pour ça qu'on ne voit pas l'avantage d'aller déshabiller un
système pour augmenter dans une optique où il va falloir développer tout un
réseau au Québec de points de dépôt...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois malheureusement vous couper la parole.
Mme Vermette (Maryse) :
... c'est beau.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, merci beaucoup. Merci d'avoir été avec
nous aujourd'hui.
Donc, nous allons faire une courte pause
et accueillir l'Association des détaillants en alimentation du Québec.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
(Reprise à 16 h 36)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je m'excuse pour ce léger retard. Il y avait
un embouteillage. Donc, merci d'être avec nous.
Nous allons poursuivre nos travaux avec le
représentant de l'Association des détaillants en alimentation du Québec. M.
Pierre-Alexandre Blouin, président-directeur général, bienvenue. Je vous invite
à nous faire votre présentation, et dites-nous le nom de la personne qui vous
accompagne également.
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Donc, Pierre-Alexandre Blouin. Je suis accompagné de Stéphane Lacasse,
directeur des affaires publiques pour notre organisation. Merci beaucoup,
d'emblée, Mme la Présidente, messieurs, mesdames, de nous entendre aujourd'hui.
Nous ne sommes pas des gérants d'estrade
sur l'enjeu de la gestion du verre. Nous sommes un des maillons importants de
la récupération des contenants sous consigne au Québec. On va pouvoir vous en
parler abondamment. On va pouvoir, on l'espère, vous permettre de mieux
comprendre le système si vous n'avez pas encore eu la chance de visiter des
magasins ou des établissements de manutention des contenants.
Évidemment, on parle beaucoup de consigne,
mais il y a beaucoup plus que la consigne dans des contenants de verre. On va
également aborder d'autres éléments. Pensons à d'autres types de contenants qui
ne sont... dont je n'ai pas entendu parler dans les questions précédentes lors
des autres présentations ou très peu, mais il y a beaucoup d'autres contenants
qui sont en verre. Il y a différentes tendances dans notre secteur, puis on
pourra toutes les aborder.
Nos détaillants sont des détaillants
d'alimentation, prioritairement, qui sont très normés, j'entendais la période
de questions tout à l'heure, beaucoup de réglementation, d'inspections,
notamment au niveau de la salubrité et de l'innocuité de nos commerces. Donc,
il y a aussi des enjeux liés avec la gestion de contenants postconsommation
dans nos établissements.
Donc, je vais céder la parole à mon
collègue pour vous parler des différents aspects dont on voulait éclaircir les
enjeux liés au verre. Merci.
M. Lacasse (Stéphane) : Merci
beaucoup. Donc, je vais commencer à vous parler de la... des contenants à
remplissages multiples. Vous le savez, vous visitez probablement des... vous
faites chacun votre épicerie une fois par semaine. Vous savez que la bonne
vieille bouteille brune... donc, ça, c'est un contenant qui est réutilisé
environ 10 fois, donc on en retrouve beaucoup dans nos magasins, et on a une
entente privée entre justement L'Association des brasseurs et les détaillants
sur le principe de consigne.
Donc, c'est un principe de livraison.
Donc, le brasseur vient livrer la bière, et nos détaillants, bien sûr, par la
suite, le remettent au brasseur, et le consommateur... Parce qu'on n'a pas
beaucoup entendu parler, dans les interventions, du consommateur, la personne
qui vient en magasin, le citoyen, en fait. Donc, le citoyen paie une consigne
de 0,10 $ et, lorsqu'il ramène ses bouteilles brunes, on lui donne
également le 0,10 $ de consigne.
Donc, on a beaucoup d'enjeux, parce que
vous savez qu'une bouteille est souvent, bon, contaminée, que ce soient des
cigarettes, que ce soit de la lime, que ce soient plein de contenants qu'on
retrouve. Donc, il y a toute une manutention qui est faite dans nos magasins.
Par exemple, là, vous arrivez à la courtoisie, vous remettez vos bouteilles,
vous recevez la consigne. Il y a tout un processus qui se fait, donc ils
doivent l'amener en entrepôt, c'est récupéré deux à trois fois par semaine.
Donc, il y a toute une manutention, et ça crée plusieurs problèmes, donc des
problèmes de salubrité, des problèmes de bris, des choses comme ça que nos
employés doivent travailler au quotidien.
Et puis il y a l'enjeu aussi des
microbrasseries. Les microbrasseries, il y a plusieurs types de formats. Donc,
c'est encore là une fois une question d'entreposage. On doit entreposer, on
doit classer, on doit trier selon les types de formats, et il y a certaines
microbrasseries qui récupèrent, mais il y en a d'autres qui ne récupèrent pas.
Donc, souvent, on a cet enjeu-là également, et il y a plusieurs formats.
Mais de plus en plus, vous le voyez dans
notre mémoire, les gens vont de plus en plus vers la canette. Donc, les
microbrasseries, on parle d'une hausse à peu près de 20 %. Donc, on a tous
ces enjeux-là d'entreposage et de main-d'oeuvre, parce qu'il faut toujours
expliquer à nos employés comment ça fonctionne, les changements... donc, on a
beaucoup de changements d'employés, donc on doit refaire de l'enseignement à ce
niveau-là.
• (16 h 40) •
RECYC-QUÉBEC a parlé aussi des contenants
à remplissage unique. On n'a pas mentionné beaucoup de pourcentages...
M. Lacasse (Stéphane) : ...donc
on a tous ces enjeux-là d'entreposage et de main-d'oeuvre, parce qu'il faut
toujours expliquer à nos employés comment ça fonctionne les changements, donc
on a beaucoup de changements d'employés, donc on doit refaire de l'enseignement
à ce niveau-là. RECYC-QUÉBEC a parlé aussi des contenants à remplissage unique,
ils n'ont pas mentionné beaucoup de pourcentage. En fait, pour la bière, pour
le verre clair et le verre vert, on parle d'à peu près 72 % de
récupération, pour les boissons gazeuses, on parle de 25 % et pour les
gros formats, on parle de 51 % qui sont consignés, le reste va... passe
par la collecte sélective.
Donc, aussi, on voulait parler un peu de
la consigne élargie. Tantôt, la SAQ a parlé d'un 200 millions de mises en
marché de bouteilles, et la SAQ a mentionné qu'ils ne voulaient pas récupérer
en magasin ces 200 millions là. Imaginez-vous que, présentement, ces
200 millions là de bouteilles arrivaient dans mon magasin, incapacité de
récupérer cet ensemble de bouteilles là, manque d'espace, nos entrepôts ne sont
pas faits pour ça. Aussi, au niveau de la gestion, les types de formats, juste
en France, au niveau des appellations d'origine contrôlée, il y a plusieurs
types de formats, juste, vous regardez chacune des régions françaises, ils ont
des types de formats différents. Donc, est-ce qu'il faudrait classer par format?
La manipulation, la lourdeur, les bris, bon, c'est toutes des choses
qu'effectivement on aurait l'incapacité de gérer dans nos magasins.
Je ne sais pas si vous avez déjà tous
visité des entrepôts dans vos épiceries, sinon on vous invite à le faire, nous,
on serait prêts à vous accompagner, d'aller en magasin, d'aller voir un peu,
c'est quoi, la réalité des détaillants sur le terrain. Je pense que vous allez
tous et toutes faire l'épicerie, donc je pense que ce serait une bonne manière
de comprendre notre réalité, comprendre nos enjeux qu'on a et puis je pense
qu'on pourrait... Pierre-Alexandre peut conclure aussi, parce qu'on préfère
discuter avec vous des questions que de faire une grande présentation.
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
C'est sûr qu'il faut... je prendrais peut-être une petite minute additionnelle
pour vous parler des autres types de contenants parce qu'on a beaucoup parlé du
vin tout à l'heure, parce qu'on avait des intervenants qui étaient particulièrement
visés, mais on a toute... une foule d'autres produits qui se retrouvent dans
nos magasins, qu'on pense aux pots de confiture, à d'autres types de
contenants. Il y a aussi des nouveaux produits qu'on retrouve. Il y a aussi des
contenants qui sont ramenés par nos clients au niveau de contenants
réutilisables, c'est des nouvelles tendances dont on pourra parler avec vous si
ça vous intéresse. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci beaucoup. Donc, on va aller du côté du gouvernement. M. le député
de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Je constate que vous venez répondre à des questions, mais vous
n'arrivez pas avec des solutions toutes faites d'avance, là, et c'est correct
comme ça. Quand vous parlez de santé, sécurité, où on parle, aujourd'hui, de
moucherons, de potentiel problème de vermine, à quel point c'est sérieux?
Êtes-vous capable de décrire un peu plus ce qui arrive de façon typique?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, on est en période estivale, M. le député, on se retrouve avec des
contenants qui ne sont pas nécessairement ramenés instantanément chez nous, on
va les entreposer là où le peut à votre domicile. Certains vont les mettre dans
des conditions optimales, d'autres non. Et il y en a qui vont récupérer des
contenants dans des festivals, à différents endroits. Donc, nous, on n'a aucun
contrôle sur les intrants. Au niveau des contenants à remplissage multiple, on
a droit de refuser les contenants légalement. Mais, au niveau des contenants à
remplissage unique, si on vend des contenants, on a l'obligation de les
récupérer, peu importe comment ils sont. Évidemment, dans la vraie vie, ça veut
dire que, parfois, on les refuse, ça veut dire que, parfois, il y a des
consommateurs qui font des plaintes, qui sont très fâchés.
Mais, écoutez, d'un point de vue de
salubrité, d'innocuité, c'est la moindre des choses que de s'assurer qu'on
maintient une innocuité adéquate en magasin. Il y a des enjeux, évidemment, si
les produits restent plus longtemps dans nos arrière-boutiques, ça devient plus
problématique, si les produits sont partis plus rapidement. Vous comprendrez
que, sur le territoire, on n'est pas tous égaux comme détaillant. Si vous êtes
dans la vallée de la Matapédia ou en région plus éloignée, vous allez avoir
moins de récurrences de visite que si vous êtes sur un grand axe routier d'un
grand centre urbain. Donc, on va se retrouver avec des contenants qui vont...
je n'aime pas le terme, là, mais ça va maturer à l'intérieur du contenant, puis
on risque d'avoir plus de propagation.
M. Campeau : Tantôt, il y a
d'autres intervenants qui nous ont parlé des dépôts volontaires en Suède, que
j'ai déjà eu l'occasion de voir. Si on regarde dans une épicerie au Québec, il
y a normalement un stationnement à côté, vous allez peut-être me dire que, des
fois, le stationnement est trop petit, là, mais il semble que ce serait un bon
endroit pour penser à cette idée-là de dépôt volontaire. Est-ce que vous avez
regardé cette avenue-là?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Je vous répondrais par deux volets. D'abord, il existe déjà des dépôts
volontaires, là, on ne parle pas de consigne, on parle de déposer des
contenants dans plusieurs commerces, notamment dans les Cantons-de-l'Est, ou à
proximité d'édifices municipaux. Il y a plusieurs municipalités qui ont décidé
d'aller dans cette direction-là, on ne s'oppose pas à ça, pas du tout. Quand
vient le temps, par contre, de l'implanter de façon plus élargie dans les
stationnements ou d'autres endroits avoisinants de nos commerces, souvent, nos
détaillants ne sont même pas propriétaires des terrains, ils peuvent être
locataires, ils n'ont pas nécessairement accès à ces espaces-là pour pouvoir
les utiliser en dehors de leurs employés ou de leurs clients comme
stationnement.
Il y a beaucoup de contraintes qu'on
pourrait regarder, mais, je vous dirais, à l'échelle nationale, ce ne serait
pas pour nous une solution très, très...
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
...ne sont même pas propriétaires des terrains. Ils peuvent être locataires.
Ils n'ont pas nécessairement accès à ces espaces-là pour pouvoir les utiliser
en dehors de leurs employés ou de leurs clients comme stationnement. Il y a
beaucoup de contraintes qu'on pourrait regarder, mais je vous dirais à
l'échelle nationale, ça ne serait pas pour nous une solution très, très
intéressante. Puis, si vous voulez notre opinion, écoutez, on est prêts à faire
notre travail, on est prêts à faire notre part, mais ce qu'on veut vous dire
aujourd'hui, c'est qu'on n'est pas aptes à en faire davantage dans le système
de consigne. Je pense que c'est ça qu'il est important de comprendre. Il y a
des irritants majeurs, et puis on ne peut pas devenir la courroie de
transmission de davantage de contenants.
M. Campeau : Si je
reviens à mon idée de dépôt volontaire, là, je n'y tiens pas mordicus,
j'explore tout simplement. C'est juste que c'est une bonne façon d'attirer
quelqu'un au dépôt volontaire qui devient ensuite un client du magasin juste à
côté. C'est comme un incitatif à attirer un client en même temps.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Possiblement en fonction des contraintes qui
seront pour chacun des emplacements. Mais, comme je vous dis, ça ne crée pas un
système, un dépôt volontaire. Actuellement, on a à peu près
8 000 détaillants qui reprennent des contenants sous consigne. Tout à
l'heure, on parlait d'autres régions du Canada. On parlait des «beer stores»
par exemple, qui sont des établissements privés qui ont été conçus pour ça. Ça
peut être intéressant. Mais, en même temps, il ne faut pas oublier qu'en
Ontario on n'a pas de consigne sur la canette d'aluminium. Donc, on en a sur le
verre, on n'en a pas sur l'aluminium. Donc, c'est difficile de compare d'autres
juridictions, puis je pense que c'est un des éléments qui, pour lequel on a
l'air de se répéter, mais on vous inviterait à venir visiter des magasins, ça
serait intéressant de le faire.
M. Campeau : Je vais le
faire. Dernière question, on parle d'une prime d'encouragement à la
récupération de la bouteille, c'est relié à l'Association des brasseurs, comme
mentionné déjà qui est passée, de 2008 à 2012, de 0,10 $ à 0,24 $ par
caisse de 24 bouteilles. Ça me semble une longue phrase pour dire pas
grand-chose, pas grand-chose qui est relié à ça. Il y a peu d'argent là-dedans.
Est-ce que c'est ça que ça veut dire? Ce n'est pas suffisant ou...
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Écoutez, ce n'est pas tant une question d'argent
que c'est une question relations d'affaires. On fait un travail, on n'a jamais
eu la prétention que ça couvrait nos coûts d'opération parce qu'il faut
comprendre que, quand on parle de contenants de verre, on parle de tri manuel
de contenants, donc beaucoup d'employés, beaucoup d'espace. Évidemment, ça ne
couvre pas les coûts, mais on n'est pas en croisade pour faire une augmentation
de la prime de manutention. C'est une relation d'affaires qu'on avait depuis de
nombreuses années avant cette entente-là avec l'Association des brasseurs qui
heureusement bénéficie à tous les détaillants qui font leur part. Mais on n'est
pas en croisade actuellement là-dessus.
M. Campeau : D'accord.
Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, M. le député de
Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M. Tardif :
Merci, Mme la Présidente. Merci, bienvenue. Oui, je connais bien les épiceries
et je connais un «back store» d'épicerie également, en bon français. Alors,
écoutez, je suis quand même sensible, je reçois et je comprends bien ce que
vous dites. Cependant, j'aimerais quand même redévelopper puis un peu ce que
mon collègue abordait sur l'angle : il n'y aurait pas une opportunité
d'affaires à être un centre de dépôt? Qu'il soit à l'extérieur ou à
l'intérieur, là, je comprends qu'on est dans la micro gestion, là. Mais, pour
vous autres, vous ne voyez pas une opportunité que gens, en allant porter
différents contenus, en profitent pour aller également à votre place
d'affaires.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Bien, en fait, nous sommes des....
M. Tardif :
Je le sais qu'on n'a pas...
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Oui, oui, je comprends, mais nous sommes des
centres de dépôt aujourd'hui.
M. Tardif :
Oui.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Ce qu'on vous dit, c'est qu'il n'y a pas, selon
nous, d'opportunité à augmenter ce volume-là parce que ça ne serait pas une
opération qui serait rentable.
M. Tardif :
O.K. Alors, vous proposez et vous seriez d'avis, comme je vois dans mes notes,
vous seriez d'avis qu'on est mieux de se diriger vers les centres de tri avec
une technologie plus développée.
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Bien, je vous parlais tout à l'heure de
8 000 centres actuellement, d'établissements d'alimentation qui
reprennent des contenants. Vous avez... nous, on a écrit 26, dans notre
mémoire, parce qu'on pensait que c'était 26, il y en a 23, puis on l'a entendu
tout à l'heure de la part d'Éco Entreprises. Donc, si vous privilégiez des
investissements dans 8 000 points de vente ou encore dans
23 centres de tri, je pense que la mathématique va être assez évidente.
M. Tardif :
Un dernier petit clin d'oeil. Parlez-moi donc des microbrasseries, ça
m'intéresse quand même le fait des bouteilles.
• (16 h 50) •
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, en fait, on a emboîté le pas des microbrasseries, on est sauté dans un
marché fort intéressant puis fort apprécié par les consommateurs, sauf que
force est de constater que plusieurs ont voulu plus privilégier l'originalité
du contenant que le contenu. Puis, ce que ça a créé, c'est des gros maux de
tête dans nos magasins parce que, certaines microbrasseries, comme mon collègue
le disait, font un très bon travail de nous accompagner dans la récupération
des contenants, puis il y en a d'autres, bien, ils collectent un frais de
consigne, puis ils ne viennent pas les chercher chez nous. Il y a certaines
pistes d'améliorations qui sont sur la table. Deux ententes privées signées par
les microbrasseurs. D'autres issues, comme, par exemple, l'implantation de
boîtes de récupération...
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
...de nous accompagner dans la récupération des contenants. Puis il y en a
d'autres, bien, ils collectent un frais de consigne, puis ils ne viennent pas
les chercher chez nous.
Il y a certaines pistes d'amélioration qui
sont sur la table. Deux ententes privées signées par les microbrasseurs.
D'autres issues, comme, par exemple, l'implantation de boîtes de récupération
qui peuvent se couper en deux, mais on ne les a pas encore vues dans les points
de vente, ces belles innovations-là. On veut continuer à outiller les
microbrasseries qui veulent réutiliser leurs contenants parce que, comme je
vous disais, c'est un contenant réutilisable, puis on veut les aider à pouvoir
continuer à se commercialiser. Mais il va falloir qu'il y ait une épuration au
niveau de l'originalité des nouveaux contenants, parce qu'on ne pourra pas
suivre.
M. Tardif :
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Merci. Bonjour.
Je voudrais poursuivre sur l'idée de mon collègue. Compte tenu... J'ai bien
compris que, dans le fond, vous êtes déjà un point de dépôt. Les défis que vous
rencontrez, c'est en termes de pluralité, là, des contenants, donc ce n'est pas
toujours facile. Il y a également... Vous soulignez la non-collecte des
contenants vides. Donc, deux enjeux importants. Vous nous dites que ce serait
non rentable d'augmenter le volume. C'est ce que je comprends bien. Toutefois,
il y a plusieurs municipalités au Québec qui souhaitent porter le projet pilote
de dépôt volontaire. Est-ce que, s'il y avait des points de dépôt près de vos
membres... est-ce que vous considéreriez que ça pourrait alléger le fardeau ou
amoindrir les défis que vous rencontrez?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
C'est très difficile de vous répondre parce qu'on n'a pas un modèle à analyser,
on n'a pas quelque chose de précis. On parle de quels contenants? On parle de
quelle proximité? Quelle est l'implantation? Qui fait la récupération de tout
ça? Est-ce que nos obligations demeurent ou pas? Est-ce qu'on se retrouve
peut-être avec encore moins de services parce qu'on va mieux desservir ces
points de dépôt là pour la récupération? Il y a beaucoup... Ça crée beaucoup
d'incertitude au niveau des détaillants parce qu'ils ne savent quel va être le
modèle qui est proposé. Puis des modèles, on s'en est fait proposer une foule,
de modèles, puis je vous dirais qu'ils n'ont jamais su nous... répondre à nos
questions adéquatement.
Puis ce n'est pas faute d'être ouverts à
la discussion, là. On parlait tout à l'heure de comités de travail de
RECYC-QUÉBEC. On y a collaboré également abondamment, puis force est de
constater que ce n'est pas si facile d'envisager des modèles alternatifs, tant
d'un point de vue logistique, d'un point de vue économique, d'un point de vue
environnemental. On peut regarder d'autres juridictions puis les trouver très
alléchantes, comme... avec des modèles très intéressants, mais quand vient le
temps de faire l'implantation, il y a beaucoup de défis.
Mme Grondin : Vous soulignez
dans votre mémoire que la diminution du verre au profit de l'aluminium, vous
avez identifié un 20 %, en fait. Est-ce que c'est un pourcentage qui va en
augmentant assez rapidement?
M. Lacasse (Stéphane) : Bien,
à chaque année, en fait, ça augmente. J'ai fait le tour de plusieurs magasins
dans la région de Québec la semaine dernière, puis sur les tablettes, surtout
en microbrasseries, il y a une augmentation de volume, beaucoup. Même, si je
prends deux microbrasseries, que ce soit La Voie Maltée ou l'Archibald, ils
n'ont pas de bouteilles. Ils ont directement passé à la canette, Brasseurs du
Monde également. Ils ont de plus en plus de canettes. Une question d'espace,
une question de récupération, une question de coûts aussi. Donc, nous, on voit
une augmentation, là, je vous dirais, dans les deux, trois dernières années,
assez fulgurante, là, oui.
Mme Grondin : Donc, au sein de
nos microbrasseurs québécois, là?
M. Lacasse (Stéphane) : Oui,
tout à fait, oui, puis...
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Les grands et les petits.
M. Lacasse (Stéphane) : Oui.
Mme Grondin : Dernière
question. Vous mentionnez l'importance, là, de réfléchir, de regarder,
d'établir le portrait, de mieux saisir tout ce qui est hors foyer.
Pouvez-vous...
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
En fait, le consommateur, en regardant les données, lorsqu'il est à son
domicile, il pose des gestes qui sont adéquats. Il sait quoi faire avec les
contenants. On prenait certains exemples. Tout à l'heure, on parlait de la
fameuse bouteille, à 0,20 $, de bière, qui est un peu plus grosse que la
bouteille standard de l'industrie, qui est beaucoup moins récupérée, mais on
peut aussi croiser le fait qu'elle est consommée hors du foyer.
Donc, que les personnes... que le produit
soit consigné ou non, lorsqu'il consomme hors foyer, il a moins de chances de
poser le bon geste environnemental parce qu'il n'y a pas de matériel en bordure
de rue, il n'y a pas d'outil pour l'aider à poser le bon geste rapidement.
Autrement dit, quand on consomme un produit, un breuvage, on veut une
alternative rapide. On ne prend pas le produit, le mettre dans son veston ou
dans sa sacoche pour le conserver pendant quatre coins de rue. Si on croise une
poubelle, bien, ça se peut qu'il aille là. S'il y avait un bac avec «Matières
recyclables», bien, il y a des bonnes chances qu'il serait mis dedans.
Puis c'est une des choses qu'on invite la
commission à étudier. C'est des éléments qui reviennent périodiquement. La
commission sur le transport, en 2008, dans son rapport avait... en parlait
également, du hors foyer. Je pense que c'est un des endroits où il faut
vraiment mettre l'accent. Puis de le faire uniquement pour les breuvages, je
pense que ce serait une erreur parce qu'il y a des...
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
... puis c'est une des choses qu'on invite la commission à étudier. C'est des
éléments qui reviennent périodiquement. La Commission sur le transport en 2008
dans son rapport avait... en parlait également du hors foyer. Je pense que
c'est un des endroits où il faut vraiment mettre de l'accent. Puis de le faire uniquement
pour les breuvages, je pense que ça serait une erreur parce qu'il y a des films
qui se retrouvent dans les lieux publics, il y a de l'aluminium, il y a
différents types de matières, puis il faut toutes les récupérer, pas uniquement
les contenants.
Mme Grondin : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce que vous avez d'autres questions? Parce
que vous avez encore 3 min 20 s.
Une voix
: ...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Ça va de votre...
Mme Tardif : ...En nous
donnant des informations additionnelles comme vous le faites, là, c'est très intéressant
parce que ça m'amène à me poser des questions moi-même.
Puis, si on s'en va vers une récupération,
recyclage, peu importe, là, du verre et qu'à moyen horizon cette quantité de
verre là pour lequel on va instaurer et mettre sur pied de nouvelles
entreprises diminue, on ne s'aide pas. Là, vous me dites qu'il y a de plus en
plus de canettes d'aluminium qui sont sur le marché. Est-ce qu'on entrevoit ça
aussi, parce que tantôt on en parlait un peu avec RECYC-QUÉBEC qu'il y a des
contenants différents, même pour le vin, il y a des... ça ressemble à des
contenants de jus maintenant puis c'est du vin qu'il y a dans ça, dans un
carton ciré. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Écoutez, nous on répond aux tendances en
respectant la réglementation. Donc, quand des contenants sont autorisés à la
commercialisation puis que le client en veut, bien, on lui fait de la place sur
les tablettes. Puis ce qu'on constate, c'est que les manufacturiers actuellement
cherchent à délaisser un peu le verre, justement, parce que le verre a mauvaise
presse puis parce qu'ils ont aussi envie de s'assurer d'avoir des... potentiellement
des débouchés, puis parce que c'est un contenant qui... on parle beaucoup
d'aluminium, là, c'est un contenant qui est très avantageux au point de vue
logistique, très léger, on peut en mettre plus dans une caisse métrique. Donc,
les entreprises y voient des avantages, puis nous, bien, on ne fait que suivre
la tendance à ce niveau-là.
Mme Tardif : Est-ce que...
Je pousse, là. Est-ce que vous pensez que les distributeurs, les commerçants,
les dépanneurs, et tout, pourraient, en région, avoir plus d'aluminium que de
verre, puis, en ville, peu importe, parce que le procédé de récupération puis
de recyclage est plus facile et... au niveau des GES, au niveau de...
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : J'aurais de la difficulté à vous dire s'il y a
une différence rural-urbain.
Mme Tardif : Mais est-ce
qu'on pourrait envisager ça? Je vous dis, là... je lance des idées, là.
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Mais je vous dirais que ça ne me surprendrait pas que d'ici quelques années on
voie certains détaillants qui ne vendent que de la bière en canette, par
exemple.
Mme Tardif : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, merci. Donc, maintenant, on passe du
côté de l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci.
Merci beaucoup pour votre présentation. Si demain le gouvernement décide
d'aller à l'avant avec la décision d'élargir la consigne, vous faites quoi exactement?
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : C'est une très bonne question. Je vous dirais, on
va se retourner vers nos membres parce qu'ils ne sont pas très chauds, si vous
avez bien compris, au niveau d'en reprendre davantage, puis on a été... on a eu
l'avantage d'être, justement, une espèce de soupape au niveau de la gestion des
contenants, à faire beaucoup de travail sans nécessairement être compensés de
façon correcte. Je ne vous dis pas que demain matin la terre arrête de tourner
parce que la consigne est implantée, mais c'est sûr qu'il y a des aménagements
extrêmement importants qui devraient être faits dans nos commerces. Puis ce
n'est pas vrai qu'avec une prime de manutention à 0,02 $, on est capables
de faire ça. Puis, au-delà de la prime, du frais, les grandes questions qu'on
se pose, c'est au niveau de toute la structure logistique qui est en arrière.
Qu'est-ce qui va nous garantir que les contenants vont sortir à une régularité
suffisante pour qu'ils ne restent pas dans nos magasins, qu'on...
Actuellement, on a des récupérateurs
nombreux, on a, dans la boisson gazeuse, généralement, à peu près trois
récupérateurs différents par magasin. Dans la bière, on peut avoir trois,
quatre, cinq, six, 10 récupérateurs différents de contenants. Ça fait
qu'aujourd'hui qui vient récupérer le vin dans nos magasins? On n'a aucune
idée. On ne sait pas quelle quantité, on ne sait pas où le client va les
porter. Vous comprendrez que, d'un point de vue de commerçants, c'est difficile
de faire des projections qui nous permettent de vous dire qu'on va être
capables de le faire.
M. Kelley
: Alors,
juste en lien avec ça, c'est intéressant parce que vous avez mentionné les
coûts. Est-ce que... Pour la prime, est-ce qu'il y a un chiffre en tête si le
gouvernement, comme j'ai dit, décide : O.K., on va faire ça? Est-ce que
vous avez un chiffre? Ça va prendre combien d'argent pour apaiser un petit peu
vos clients? Ou est-ce que c'est une discussion que vous n'avez pas encore eue
avec les membres?
• (17 heures) •
M. Blouin
(Pierre-Alexandre) : Je vous ramènerais juste à 1984 uniquement. 1984,
on avait 0,02 $ pour la consigne publique. En dollar constant, on est
au-dessus de 0,04 $ aujourd'hui, juste pour être égal avec ce qu'on avait
à l'époque, puis on ramassait beaucoup moins de contenants. Donc, je vous
dirais, il faudrait faire une étude pour qu'on puisse venir dire... s'assurer
que les détaillants...
17 h (version non révisée)
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
...je vous ramènerais juste à 1984 uniquement. 1984, on avait deux sous pour la
consigne publique. En dollars constants, on est au-dessus de quatre sous aujourd'hui,
juste pour être égal avec ce qu'on avait à l'époque puis on ramassait beaucoup
moins de contenants. Donc, je vous dirais, il faudrait faire une étude pour
qu'on puisse venir dire, s'assurer que les détaillants ne font pas ce
travail-là à perte, mais évidemment, chaque fois qu'on rajoute des sous en
frais de manutention, c'est tout le système dans son ensemble qui coûte
beaucoup plus cher, parce qu'il faut... Le système de consigne se finance par
les contenants non rapportés des consommateurs. Ça, on l'oublie aussi, donc
c'est une bonne chose, d'un point de vue de système, que la consigne soit à
70 % de retour, parce que c'est le 30 % de contenants non récupérés
par le consommateur qui finance le système.
Donc, si on se ramassait avec un taux trop
performant, bien il faudrait rajouter des gens qui paient pour le système, puis
je vous dirais qu'ils ne sont pas très chauds à l'idée.
M. Kelley
: Et
j'imagine quand même, il y a toute une question aussi d'embaucher des gens pour
faire ce type de job, là, parce que quand même, il y a des gens qui font juste
ça, si je comprends bien. À l'épicerie, il fait juste ça, ramasser des
bouteilles de bière ou quand même des cannettes, retourner ça en arrière puis
revenir et ça, c'est leur job. Alors, c'est un impact majeur. Ça, ça dit qu'il
faut trouver des gens un travail, parce que ce n'est pas... C'est rien que
présentement au Québec partout, on a un manque de main-d'oeuvre, là. Alors...
Mais c'est sûr que c'est quelque chose que ça va mettre beaucoup de pression
sur vous autres et, quand même, sur les personnes qui travaillent là,
présentement.
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Oui, vous avez touché un point très sensible. Actuellement, dans beaucoup de
régions, les détaillants ont des problèmes majeurs de main-d'oeuvre puis je
vous dirais que ce n'est pas non plus considéré comme étant un privilège que
d'avoir à aller trier les contenants dans l'arrière-boutique. Je dirai que
c'est plutôt le contraire, parce que premièrement, il faut être compétent, parce
qu'avec toute la multitude de contenants qu'on a à trier, on ne peut pas
envoyer n'importe quel employé. Ça nous prend quelqu'un qui est un peu
expérimenté, sinon on se ramasse avec un fouillis puis il faut y repasser.
Donc, oui, il y a quelque chose de
problématique puis quand on parlait tout à l'heure de centre de dépôt, moi, je
serais très perplexe d'avoir à embaucher des gens uniquement pour faire du tri
de contenants. Dans le marché de l'emploi aujourd'hui, au Québec, ça serait
tout un défi.
M. Kelley
: Mais quand
même, c'est possible. Vous êtes prêt à faire ça si c'est la décision du
gouvernement.
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
On va s'asseoir avec le gouvernement puis on va voir comment ça va être
faisable.
M. Kelley
: Est-ce que
vous n'avez jamais discuté avec vos membres, de prendre des... de regarder vos
options légales? Si le gouvernement ou... Je pose juste la question. Est-ce
que... À quel point est-ce que vous êtes prêts à faire la bataille contre la
consigne?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
On vous reparlera dans l'éventualité où ce sera nécessaire.
M. Kelley
: O.K.,
parfait. Je pose juste la question.
Je reviens un petit peu avec juste
encore... Le manque d'espace, je sais que c'est un point qui revient puis aussi,
après le prochain groupe a le même argument. Est-ce que c'est vrai que c'est
partout qu'il n'y a aucun, aucun espace dans vos magasins? Ou est-ce que ça
dépend un petit peu?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, la tendance que décrivait tout à l'heure la SAQ à réévaluer nos espaces
de travail, d'entreposage, le «just-in-time», ce sont des tendances générales
d'industrie, parce que les coûts d'opération, ils n'arrêtent pas d'augmenter et
malgré ce qu'on peut penser, le prix des aliments n'augmente pas tant que ça.
Puis l'autre élément, c'est que nous,
notre rôle principal, c'est de vendre des aliments, donc, d'en acheter, de les
entreposer et de les vendre au client. De venir entreposer des contenants
vides, ce n'est pas tout à fait notre modèle d'affaires puis ce n'est pas comme
ça qu'on fait, justement, nos analyses commerciales. Donc, est-ce qu'on nous
demanderait de devenir vraiment des centres de dépôt élargis? On aurait des
grosses questions à se poser sur notre capacité, comme je le disais tout à
l'heure.
M. Kelley
: Est-ce que
vous avez une idée de combien de centres d'achats que vous partagez avec la SAQ
comme... Combien des SAQ sont juste à côté d'une épicerie? Est-ce que ça, c'est
quelque chose qui est chiffré ou pas, à votre connaissance?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Je n'ai pas l'information pour vous. Par contre, je rajouterais un autre
élément. Il y a 400 SAQ et il y a 400 détaillants dits agences SAQ en régions
plus éloignées qui font le travail pour la société d'État là où elle ne peut
pas exploiter des points de vente. Puis ces commerces-là, souvent, ce sont des
commerces alimentaires. Donc, on a déjà fait une ponction d'espace, on y a
installé une agence, puis elle fonctionne selon certains critères, mais là non
plus, il n'y a pas plus de place.
Puis je vous dirais, on a toute une
variété de types de détaillants. Évidemment, il y a peut-être un 5 % qui a
de la place, comme je vous disais tout à l'heure, peut-être parce qu'il est sur
des bons axes routiers puis qu'il est récupéré de façon plus efficace, mais
quel pourcentage d'une arrière-boutique on peut allouer à des contenants vides?
Il faudrait faire des études pour le démontrer.
M. Kelley
: Est-ce que
vous avez une idée de combien de fois le camion passe par un magasin pour
ramasser des bouteilles de bière? Est-ce que c'est deux fois par jour? Trois
fois? Ou est-ce qu'on parle des fois par semaine?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Ça va...
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
...et quel pourcentage dans l'arrière-boutique on peut allouer à des contenants
vides? Il faudrait faire des études pour le démontrer.
M. Kelley
: Est-ce que
vous avez une idée de combien des fois le camion passe par un magasin passe
pour ramasser des bouteilles de bière? Est-ce que c'est deux fois par jour?
Trois fois? Ou est-ce qu'on parle deux fois par semaine?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Ça va varier beaucoup selon les volumes. Mais je vous dirais vous avez...
prenons les grands joueurs, Molson, Labatt, Sleeman qui vont passer au moins
une fois semaine. Puis ensuite vous avez des micro brasseries dépendamment des
volumes. Donc, on peut se retrouver avec jusqu'à cinq visites, six visites par
semaine.
M. Kelley
: Alors,
c'est beaucoup. Alors, ce système-là marche pas mal bien. Mais quand même, ça
prend beaucoup d'organisation de la part des brasseuses de faire tout ça.
Juste une autre question. Je reviens sur
des loyers que ça va coûter plus cher pour vos membres. Je sais que c'est non
seulement juste des espaces physiques, mais est-ce que vous pouvez bien
expliquer ce point-là pour nous? Ou est-ce que c'est simplement juste ça?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, écoutez, il y a l'espace physique lié à l'entreposage et l'espace de
réception parce qu'il faut prévoir un espace qui est suffisant et adéquat à la
quantité de contenants également. Actuellement, vous avez aussi des espaces
liés aux machines récupératrices, les bonnes communément gobeuses, si on
combine tout ça puis qu'on ajoute davantage de contenants, il faut peut-être
une courtoisie élargie. Donc, peut-être plus d'espace, plus d'entreposage,
peut-être reconfigurer carrément le magasin pour s'assurer justement qu'on ne
passe pas à travers le magasin avec des chariots pleins de bouteilles plusieurs
fois par jour. C'est important comme modification.
Évidemment, si vous construisez un magasin
neuf en 2020, ça peut peut-être être fait. Mais si vous avez un magasin qui est
en opération depuis 1980, essayez pour le fun de faire tout ça. Ce n'est pas
évident.
M. Lacasse (Stéphane) : La
prochaine fois que vous allez faire votre épicerie, regardez l'espace en entrée
du magasin puis imaginez le volume qui rentre, la capacité d'entreposage à
l'entrée du magasin pour les contenants, ça va vous donner un bon indicatif.
M. Kelley
: Je suis
bien prêt à faire une visite. Alors, merci pour l'invitation. Puis dernière
question. Encore, je reviens si le gouvernement décide d'aller à l'avant avec
la consigne, est-ce que c'est possible que ça va prendre une période de
transition pour vous autres en termes est-ce qu'on parle qu'est-ce que c'est...
Je pense tout le monde pense qu'on est capable de faire ça comme ça? Mais ce
n'est pas vrai. Et c'est bien complexe. Alors, c'est quelque chose que vous
avez pensé, c'est demander une période de transition?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Fort évidemment. Mais comme je vous disais tout à l'heure, je n'ai pas de
scénario devant moi, donc je ne peux pas vous le commenter d'une façon précise.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau, vous avez un commentaire? Alors, maintenant nous allons
passer au deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Donc, en fait, c'est ça. Bien, vous avez exposé les effets
négatifs, là, d'avoir la consigne. Puis on parle beaucoup des coûts que ça
engendre pour les détaillants. Mais on parle peu des revenus.
Dans le mémoire de L'Association des
brasseurs du Québec, ils ont parlé que ça apporte quand même la consigne pour
les détaillants un avantage financier, notamment la prime de manutention de
30 millions de dollars rien que pour l'année 2018. Il y a aussi évidemment
quand les gens viennent pour apporter leurs contenants, ils achètent de la
bière, donc les détaillants vendent pour 2 milliards de dollars par année
de bière. Et aussi il y a une étude qui a démontré que quand les gens viennent
rapporter leurs contenants, la majorité, plus de 90 %, en profitent pour
faire des achats, toute leur épicerie de plus de 100 $.
Donc, est-ce que vous avez estimé... le
coût, ça, vous l'estimez puis les nuisances. Mais les revenus que la consigne
vous rapporte?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Je pense qu'il faut mettre en... quand même, il faut évaluer correctement le
montant. Ça a l'air énorme 30 millions de dollars. Mettez-le par
8 000 magasins divisé par le nombre d'heures travaillées par l'espace
utilisé, je ne pense pas que c'est un montant qui est déraisonnable, tout
d'abord.
Deuxièmement, le coût d'opportunité ou
l'avantage d'avoir un retour de contenants, il y en a évidemment un puis on ne le
remet pas en question.
Mme Ghazal : Évalué en termes
monétaires ou est-ce que vous aurez l'intention de le mettre en place si, par
exemple, la consigne est à... de l'évaluer des revenus?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, écoutez, on pourra traverser le pont lorsqu'on y sera. Mais, par contre,
je vous dirais... l'étude dont vous me parlez, c'est intéressant qu'on cite des
études. Mais je ne pense pas que c'est une étude qui est publique. Est-ce
qu'elle est disponible pour les...
Mme Ghazal : Ça, c'est
L'Association des brasseurs du Québec qui ont amené ça. Ils ont fait un sondage
pour connaître le comportement de leurs consommateurs. Là, c'est ça, vous dites
que vous allez, par exemple, discuter. On va en jaser. Là, je vous amène une solution.
On jase. Qu'est-ce que vous pensez, par exemple, de l'idée de faire une mise
aux enchères de permis de collecte de la consigne? Si, par exemple, la consigne
est élargie et que les détaillants qui trouvent que c'est pénible et qui
trouvent qu'ils n'ont pas d'espace, qu'ils laissent tomber la consigne. Il n'y
en a pas. Mais ceux qui en ont, bien, puissent en bénéficier puis qu'ils aient
un permis pour la collecter.
• (17 h 10) •
Parce que RECYC-QUÉBEC nous a dit que
80 % des contenants sont ramassés par 20 % des détaillants. Donc, il
y en a beaucoup, si peu, ce n'est peut-être pas avantageux. Qu'est-ce que vous
pensez d'une...
Mme Ghazal : ...qui trouvent
que c'est pénible et qui trouvent qui n'ont pas d'espace, qui laissent tomber
la consigne, il n'y en a pas, mais que ceux qui en ont, bien, ils puissent en
bénéficier puis ils aient un permis pour la collecter. Parce que RECYC-QUÉBEC
nous a dit que 80 % des contenants sont ramassé par 20 % des
détaillants. Donc, il y en a beaucoup, c'est peu, ce n'est peut-être pas
avantageux. Qu'est-ce que vous pensez d'une... comme ça ils n'auront plus les
bénéfices mais non plus les nuisances de la consigne, puis ceux qui la veulent,
bien, ils vont garder les avantages. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, il y a deux grandes questions reliées à une proposition comme celle-là.
D'abord, la première, c'est qu'il y a un grand principe actuellement dans le
système, c'est qui vend reprend. Donc, vous vendez des contenants consignés,
vous devez en récupérer.
Mme Ghazal : Un système qui
peut être revu, là, vu qu'on est en train de regarder, là, oui.
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Ah! un système qui peut être revu, mais c'est un principe de base du système
actuel. Ensuite de ça, si on se met à faire des appels d'offres sur qui va
récupérer, qui ne va pas récupérer, bien, ce que vous me dites aussi, c'est que
vous privilégiez ceux qui ont les moyens de se le payer puis de faire les
aménagements nécessaires. Donc, vous aurez probablement une surreprésentation
dans certains endroits ou dans certains types de magasins par rapport à
d'autres types de magasins. Puis là, la grande question, c'est : Est-ce
que ça va répondre aux attentes des consommateurs en termes de proximité,
d'efficience, pour pouvoir s'y rendre facilement à proximité?
Mme Ghazal : C'est sûr mais...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous couper la parole. Alors, M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci.
Merci beaucoup. Moi, ce que je constate, c'est que depuis quelques dizaines
d'années, disons, votre industrie a beaucoup changée, s'est beaucoup adaptée,
on a très grande surface dans laquelle on peut trouver un peu de tout, il y a
de la nourriture mais, oups, des vêtements, oups, des articles de sport, il y a
toutes sortes de succursales, même, il y a beaucoup de suremballages, là. Si on
veut faire un débat sur l'environnement et comment on peut atteindre des objectifs
environnementaux, je pense qu'on pourrait questionner même le suremballage.
Mais ce que je comprends de ce que vous dites, c'est qu'en matière de consigne,
c'est comme, là, on tire un trait. Est-ce que j'interprète bien votre pensée si
je dis que, dans le fond, consigne ou... Oui, admettons que le gouvernement va
de l'avant avec l'élargissement de la consigne, c'est juste que vous n'avez pas
le goût de vous en occuper, ça peut être d'autre chose. Vous n'êtes pas contre
la consigne en soi, mais c'est juste que, dans nos espaces, dans nos entrepôts,
avec notre main-d'oeuvre, c'est non. Est-ce que je comprends bien ça?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
On n'est pas contre un système pour lequel on collabore depuis le tout début
puis même avant l'introduction d'un système public. Par contre, comme on vous
l'explique, c'est la capacité d'en prendre davantage. Puis...
M. Gaudreault : Bien, c'est
pour ça... ce que je veux dire, c'est l'élargissement de la consigne. Qu'est-ce
que vous pensez, par exemple, de la position de la SAQ tout à l'heure qui a
dit : Bien, oui, nous, finalement on est prêt à collaborer à l'ouverture
de la consigne, mais... Est-ce que vous seriez prêts à dire aussi la même
chose, mais, mettons, pas chez nous, pas dans nos épiceries, pas chez nos
membres?
M. Blouin (Pierre-Alexandre) :
Bien, je vous dirais, je ne pense pas que c'est la meilleure des solutions pour
récupérer les contenants qui sont visés pour la raison qu'on expliquait tout à
l'heure. On parle principalement... les principales problématiques des
contenants non récupérés, parce que là, on parle bien de deux modèles de
récupération, que ce soit la collecte sélective ou la consigne, c'est des
modèles de récupération et non des modèles de recyclage. Bien, dans les deux
cas, on ne voit pas l'avantage d'aller introduire une consigne additionnelle,
les taux sont à peu près égaux. Quand on regarde certains contenants dont on
vous parlait tout à l'heure, on a des contenants qui sont à 50 % de taux
de retour, sont sous consigne à 0,20 $. Ça fait que là, vous allez me dire
que c'est nécessairement ça qui fait que le contenant revient, c'est beaucoup
plus lié à la facilité d'usage. Un client qui achète un six-pack de bière en
bouteilles brunes, il a une caisse, il est capable de l'empiler, il est capable
de l'amener facilement. Le consommateur qui achète une bouteille un petit peu
plus grosse en contenant unique, le taux de retour est inférieur. Je vous
dirais que c'est vraiment une question de facilité pour le consommateur qui
fait que généralement il y a un retour des contenants beaucoup plus qu'en
termes de... Puis tout ce qu'il va consommer, dans le fond, en étant, par
exemple, dans un parc, en étant dans un aréna, s'il n'a pas les facilités à
proximité, que le contenant soit consigné ou pas, il risque de ne pas le
rapporter.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, on doit s'arrêter ici. Merci beaucoup pour votre collaboration à cette
commission. Nous allons prendre une courte pause pour accueillir l'Association
des marchands dépanneurs et épiciers du Québec. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 14)
(Reprise à 17 h 16)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. S'il vous plaît, veuillez prendre
place. Nous allons accueillir l'Association des marchands dépanneurs et
épiciers du Québec. Merci d'être avec nous aujourd'hui. Donc, M. Servais, directeur
général, vous avez la parole pour 10 minutes. S'il vous plaît,
présentez-nous la personne qui vous accompagne.
M. Servais (Yves) : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Je remercie aussi les gens de... les députés, membres de la Commission
parlementaire des transports et de l'environnement pour nous accueillir, nous
permettre de nous exprimer. Encore une fois, je me présente, Yves Servais, directeur
général pour l'AMDEQ, et je suis accompagné de M. Odina Desrochers, qui
est responsable ou consultant aux affaires gouvernementales et relations
publiques pour l'association. Peut-être il y en a qui connaissent
M. Desrochers, c'est un ancien député à la Chambre des communes, même s'il
n'aime pas que je dise ça.
Donc, c'est sûr que notre position ressemble
étrangement à l'association précédente, l'ADA, avec qui, bien entendu, à
l'occasion, on partage de l'information, mais, quand même, on apprécie d'avoir
le temps de venir vous présenter notre position là-dessus. Ça va être quand
même assez bref, puis on pourra discuter par la suite.
Donc, un petit mot, vitement, sur l'association,
sur l'AMDEQ. On représente, nous, à peu près 1 200 propriétaires de
dépanneurs indépendants et des petites épiceries de village. Donc, il n'y a
aucune grande chaîne d'alimentation comme Sobeys, Metro ou Provigo membre chez
nous, et non plus les chaînes corporatives comme Couche-Tard ne sont pas
membres de l'association. Donc, on existe depuis 35 ans, puis étrangement,
moi, lorsque j'ai commencé pour l'association à titre de représentant, il y a à
peu près ça, 35 ans, on se retrouvait en 1984, lors de l'introduction justement
de la consigne publique sur les contenants consignés.
M. Desrochers (Odina) :
J'aimerais ajouter que, parmi les 1 200 membres, il y en a 40 %
maintenant que ce sont des Asiatiques qui travaillent dans les régions, parce
que vous savez que la relève n'a pas été facile, mais nos Asiatiques font un
bon travail, ils s'intègrent, apprennent le français, alors c'est un plus pour
nous autres également.
M. Servais (Yves) : Donc,
d'entrée de jeu, j'aimerais tout simplement exprimer vitement la position de
l'association, bien entendu, sur la récupération ou sur la consigne, parce que
je ne vous parlerai pas de valorisation ou de recyclage, parce que c'est à un
autre niveau, malgré qu'on a de l'intérêt aussi à ce niveau-là. Donc, depuis 1984,
les épiceries et dépanneurs participent à la collecte des contenants consignés.
C'est près de 2 milliards de contenants consignés qui transitent dans nos
commerces, et je pourrais vous dire que la tendance est à la hausse. Tout à
l'heure l'ADA nous l'a expliqué un petit peu. Les microbrasseries actuellement
se lancent plus dans la cannette que dans le verre, donc... puis les ventes de
microbrasseries explosent également. Donc, les contenants d'aluminium sont à la
hausse chez nous. Il y a une multiplication aussi d'autres produits, comme les
alcomalts, les alcomalts qui prennent de plus en plus de place dans nos
commerces. Ça fait qu'il y a une plus grande variété de produits qui rentrent
chez nous.
M. Desrochers (Odina) : On
pourrait ajouter aussi que 1 milliard de contenants de plastique
pourraient s'ajouter à cette liste-là. Alors, comme vous pouvez voir, on va
être occupés pas mal au cours des prochains mois.
• (17 h 20) •
M. Servais (Yves) : Ça fait
qu'en réalité, oui, on parle de la consigne du verre, mais comme
M. Desrochers disait... puis la CAQ d'ailleurs, dans un conseil général ce
printemps, avait pris comme résolution... puis comme les autres gouvernements
aussi avant eux, comme les libéraux qui ont été au pouvoir, il y a une
problématique avec les contenants de plastique ou les contenants d'eau à
remplissage unique. Donc, nous, lorsqu'on voit ça... on récupère
2 milliards de contenants actuellement, il y a 1 milliard de
contenants d'eau qui vont peut-être se rajouter à ça, puis là on parle de
peut-être 250 millions de bouteilles de verre, de vin...
M. Servais (Yves) : ...ou les
contenants d'eau à remplissage unique. Donc, nous, lorsqu'on voit ça, on
récupère 2 milliards de contenants actuellement, il y a 1 milliard de
contenants d'eau qui vont peut-être se rajouter à ça, puis là on parle de peut-être
250 millions de bouteilles de verre, de vin. Donc, c'est énorme, puis on
en parlait tout à l'heure, bien, de l'espace, on n'en a plus dans nos petits
entrepôts, chez nous.
Ça fait que c'est énormément de contenants
qu'on va devoir gérer, récupérer, avec peu d'espace puis beaucoup de
manutention, si les contenants de verre et les contenants d'eau sont consignés
éventuellement.
L'autre point, c'est...
M. Desrochers (Odina) :
...ajouter... O.K. Vas-y, continue.
M. Servais (Yves) : O.K.
L'autre point aussi, c'est qu'actuellement la collecte sélective, nous, on
considère que ça fait bien la job. Selon certaines statistiques, près de
90 % des bouteilles de vin sont récupérée par la collecte sélective. Donc,
c'est énorme. C'est... Puis le... Ça fait que la collecte sélective fait bien
la job. Si on regarde les contenants consignés à remplissage unique, que ce
soit la canette ou les bouteilles de plastique, quand on parle de taux de
récupération d'à peu près 70 % et 75 %, donc c'est moins de... le
pourcentage est moins élevé pour des contenants consignés de ce genre-là que le
vin, les bouteilles de vin qui ne sont pas consignées mais qui sont récupérées
par la collecte sélective.
M. Desrochers (Odina) : On
va... Nous autres aussi, on est pris avec le petit problème que nos collègues
ont dit auparavant, la question de l'hygiène et de la salubrité. Vous devriez
voir des fois comment que les bouteilles ou des autres contenants arrivent au
dépanneur. Alors, c'est plate, et je pense qu'il faudrait un jour que le gouvernement
québécois se penche sur une campagne de sensibilisation pour inviter les
consommateurs à changer leur comportement, et tout le monde serait gagnant. Ça
irait beaucoup plus vite, et ce serait plus agréable pour les employés de nos
détaillants.
M. Servais (Yves) : O.K.
L'autre point, je voudrais revenir aussi sur les bouteilles de vin et sur la
SAQ. Antérieurement, la SAQ a toujours été contre une consigne sur les bouteilles
de vin. Aujourd'hui, on a su qu'il y avait peut-être une ouverture. Est-ce
qu'ils seront prêts à les récupérer ou bien ils vont donner ça à d'autres types
d'entreprises pour les récupérer? On ne le sait pas.
Mais, nous, il faut dire aussi qu'on vit
un phénomène, mettons, au niveau des contenants consignés actuels. Il y a
beaucoup d'entreprises qui en vendent, des contenants consignés. Les
pharmacies... La pharmacie vend des contenants consignés, et, selon la loi...
ou d'après la loi, ils sont obligés de les récupérer. Mais allez porter des
contenants consignés à votre pharmacie. Vous allez voir, il n'y en a pas une
qui va les ramasser, qui va les récupérer. Ils vont dire : Allez à votre
dépanneur.
Si un jour la SAQ... vous consignez les
bouteilles de vin, est-ce que la SAQ va les... vous incluez la SAQ pour les
récupérer ou vous donnez ça à d'autres entreprises? Mais, si vous les
consignez, moi, je peux vous dire que le consommateur, oui, il y en a qui vont
aller peut-être les reporter à la SAQ, mais il y en a plusieurs qui vont venir
les porter chez nous. Donc là, on se ramasse encore avec une plus grande
quantité. Ils ont peut-être plus de contenants que l'on vend, de bouteilles de
vin que l'on vend que l'on va récupérer dans nos commerces. Donc, ça aussi,
c'est une crainte pour nous s'il y a une consigne sur les bouteilles de vin.
Ça fait que vitement, là, ça fait un petit
peu le tour dans notre position, mais on aimerait quand même... là, finalement,
à titre de conclusion, on aimerait vous dire qu'on n'est pas favorables à
l'imposition d'une consigne sur le verre. On n'est pas intéressés à être
permis, les établissements ciblés, à récupérer les contenants de verre s'ils
sont consignés.
On préfère que le gouvernement continue à
privilégier la collecte sélective comme mode de collecte des contenants de
verre et qu'il appuie les centres de tri, et les entreprises et les
organisations qui sont impliquées dans la valorisation du verre. Je pense qu'il
y a du progrès qui a été réalisé au cours des dernières années, et, avec
l'entente justement qui est survenue aujourd'hui avec... entre Éco Entreprises
et certains fournisseurs, je pense qu'on peut encore... la collecte sélective
et la revalorisation du verre peuvent quand même faire d'autres pas intéressants
au cours des prochains mois ou des prochaines années.
Et, bien entendu, si on n'a pas le choix,
et que vous consignez les bouteilles de vin, bien, c'est sûr que ça passe à ce
moment-là... puis peut-être avoir la collaboration des détaillants, ça passe
par une augmentation de la prime au détaillant. Encore une fois, on en a parlé
tout à l'heure, l'ADA en a parlé tout à l'heure, le 0,02 $ de la prime
avait été mis en vigueur en 1984 lorsque les salaires minimums étaient
peut-être de 4 $ à 5 $. On est rendus en 2019 avec des salaires
minimums de 12,50 $, puis il y a plusieurs d'entre vous qui militez pour
un salaire minimum à 15 $. Donc, comment on fait pour réaliser l'opération
de gestion, de manutention et d'entreposage des contenants? C'est une problématique
pour nous.
M. Desrochers (Odina) : Et le
ministre Charette s'est engagé à régler le problème de la consigne et il est
conscient, puis on espère qu'il va tenir parole, que ça date de 1984. 1984 à
2019, je pense que c'est une période assez longue pour bouger et agir...
Une voix
: ...pour nous.
M. Desrochers (Odina) : Et le
ministre Charette s'est engagé à régler le problème de la consigne, et il est
conscient, puis on espère qu'il va tenir parole, que ça date de 1984. 1984 à
2019, je pense que c'est une période assez longue pour bouger et agir.
M. Servais (Yves) : Et même,
M. Charette avait d'ailleurs exprimé la possibilité d'augmenter la prime au
détaillant, ce qu'on avait apprécié lorsqu'on a vu ça dans les médias. Donc, ça
clôt un peu notre présentation, on est disponibles pour répondre à vos questions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. Merci beaucoup. Vous faites un beau duo. Alors, je vais passer la parole
du côté gouvernemental. M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Vous me permettrez de poser des questions à votre beau duo.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Campeau : J'avoue que,
quand vous dites que des bouteilles achetées à la SAQ pourraient se retrouver
chez vous, je pense que vous avez raison, ça pourrait nettement arriver. C'est
plus facile de dire : Je vais à l'épicerie et j'amène tout ça en même
temps, donc je ne vous dis pas que c'est une orientation ou quoi, mais je suis
sympathique à l'idée que ça pourrait causer un débalancement.
Qu'est-ce que vous dites au fait que L'Association
des brasseurs trouve ça assez rentable, la consigne?
M. Servais (Yves) : Bien,
regardez, nous, on regarde l'augmentation de nos frais d'opération, on parle de
salaires, mais on parle de tous les autres... les différents permis que l'on
doit payer. Depuis 30 ans, ça a considérablement augmenté. Les assurances, le
téléphone, peu importe, tous les postes de dépenses d'un petit commerçant ont
considérablement augmenté. Oui, il y a un certain montant, un certain revenu
qu'on en retire, mais pas suffisamment pour rentabiliser l'ensemble d'opérations
de gestion et d'entreposage. Peut-être qu'il y a quelqu'un qui va me poser la question,
chez vous, dernièrement, j'avais un conseil d'administration, là, il y a à peu
près quatre semaines. Un de mes membres me disait : Tu sais, Yves, mon
entrepôt, là, il n'est pas tellement grand, mais j'ai peut-être 30 à 40 sacs de
contenants vides dans mon entrepôt, puis quand la compagnie de bière vient me
livrer, je n'ai même pas de place pour les mettre. Ça fait que ça, c'est une
réalité que l'on vit, actuellement, compte tenu de la multiplication des
contenants consignés.
M. Desrochers (Odina) : On
vit déjà un problème avec les microbrasseries, hein, parce que les gens
ramènent toutes leurs bouteilles de microbrasseries, puis ce n'est pas nécessairement
conforme aux normes actuelles. Alors, le réflexe des gens, quand... Ça va être
la même chose. Quand ils arrivent avec leur microbrasserie, pas de problème, on
va aller chez le dépanneur. Là, vous pensez, quand il va y avoir des bouteilles
de vin, là... pas de problème, on va chez le dépanneur. C'est encore nous
autres qui va encaisser, puis c'est des comportements qu'il faut que les gens
changent, parce que, sinon, on va avoir beaucoup de difficulté à répondre aux
attentes du gouvernement.
M. Campeau : Quand vous parlez
de dépanneur, on peut voir les petits dépanneurs du coin puis on peut voir les
dépanneurs associés à la livraison d'essence en même temps, par exemple, et il
y a différentes possibilités. Souvent, pour attirer les gens, ils ont offert
des produits de plus en plus diversifiés, pour que justement les gens
n'arrêtent pas juste pour une chose. Qu'est-ce que vous verriez d'un dépôt
volontaire, que vous seriez le site d'un dépôt volontaire? Il me semble que
vous avez l'espace. Ce n'est pas toujours vrai, certains, quand même pas mal,
ont l'espace, surtout le long des routes. Évidemment, ce n'est pas là qu'on va
avoir le plus de dépôt de bouteilles. Vous avez quand même pas mal d'endroits
comme ça qui pourraient devenir des dépôts volontaires et attirer des clients à
venir faire un tour, là. Est-ce que vous y voyez un avantage, comme un développement
de marché de votre part?
M. Servais (Yves) : L'idée...
à brûle-pourpoint, je vous dirais que l'idée n'est pas mauvaise, mais ce serait
quand même une minorité de dépanneurs qui seraient prêts à le faire, des
dépanneurs qui ont un grand terrain de stationnement et qui ont de l'espace, en
masse d'espace pour rentrer un container. Mais il faudrait aussi voir les coûts
d'opération de ça, là. Qui qui va payer pour le container qui va être là? Parce
qu'il y a des coûts, là, reliés à ça, tu sais.
Par contre, je ne sais pas si vous voyez
un dépôt ou bien si c'était juste une consigne, ou bien vous voyez juste comme
un dépôt, comme... certaines municipalités en Montérégie ou en Estrie, actuellement,
mettent un grand container sur le terrain municipal ou sur le terrain de
l'hôtel de ville, et les gens, volontairement, viennent porter les dépôts, ce
qu'on ne décourage pas, même, c'est une très belle initiative, ça facilite la
gestion du verre. Peut-être que certains gros dépanneurs pourraient être
intéressés à être à l'avant-garde puis à avoir un dépôt, mais pas... il ne
faudrait pas qu'il y ait des frais, à ce moment-là, reliés à ça. En ville, ça
serait très difficile, parce que vous avez des petits dépanneurs, le seul
stationnement qu'ils ont, c'est le côté du trottoir en avant du dépanneur,
c'est tout, là, donc... Mais c'est une idée, que je reçois, peut-être que ce
serait à regarder un autre tantôt, là.
• (17 h 30) •
M. Desrochers (Odina) : Je
rajouterais, là-dessus, que le plan de consigne élargie devrait être fait aussi
en fonction du territoire actuel de chacune des régions du Québec. Les gens qui
vivent loin des grands centres, là, ils n'ont pas les facilités qu'on vient
d'énumérer, alors j'espère que le gouvernement, quand il prendra une décision,
il...
17 h 30 (version non révisée)
M. Servais (Yves) : ...un
autre tantôt, là.
M. Desrochers (Odina) :
J'ajouterais là-dessus que le plan de consigne élargi devrait être fait aussi en
fonction du territoire actuel de chacune des régions du Québec. Les gens qui
vivent loin des grands centres, là, ils n'ont pas les facilités qu'on vient
d'énumérer. Alors, j'espère que le gouvernement, quand il prendra une décision,
il ne fera pas comme on dit, tu sais, une décision globale puis ajustez-vous.
J'espère qu'ils vont avoir un regard sur le territoire actuel du Québec et des
différentes régions qui ont chacune identité différente.
M. Campeau : Bien, c'est
un commentaire que j'aime bien. Et dans le fond le but d'une telle commission,
c'est d'écouter ce genre de commentaire là. Parce qu'il est évident que ce qui
se passe en Gaspésie par rapport à ce qui se passe à Montréal, la facilité
d'aller chercher des bouteilles vides là-bas n'est pas la même chose.
M. Servais (Yves) : Je
vous dis, si c'est un exercice volontaire de la population, des gens qui sont
concernés par l'environnement puis qui veulent vraiment que le recyclage puis
la valorisation du verre se fasse bien... Tu sais, il y a combien de grands
centres d'achat au Québec? Il y en a plusieurs. Actuellement, vous avez des
dépôts de linge dans... sur le terrain de certains centres d'achat. Qu'est-ce
qui empêcherait un centre d'achat d'avoir aussi un conteneur pour les
bouteilles de vin puis qu'elles soient déposées volontairement par le
consommateur? C'est une idée. Il s'agit qu'on... Je pense que c'est intéressant
aussi comme idée, là, comme d'autres municipalités l'ont fait dernièrement, là.
M. Campeau : O.K. Bien,
merci beaucoup. Je vais laisser la parole à l'autre menbres.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Est-ce que Mme la députée d'Argenteuil vous
avez... Collègue, vous n'avez pas d'autres questions? Parfait.
Mme Grondin : Bonjour.
Vos membres gèrent les deux consignes, hein, la consigne publique, la consigne
privée. Dans les entrepôts, vous avez mentionné que, souvent, la question au
niveau, notamment, des microbrasseries qui ne viennent pas rechercher leurs
bouteilles, donc, ça provoque un manque d'espace.
M. Servais (Yves) : Aussi,
oui.
Mme Grondin : Est-ce
qu'il y a aussi un effet économique en quelque part à ce point de vue là? Dans
le fond, est-ce que le consommateur qui vient chez vous, c'est celui qui a
acheté la bouteille de bière et qui vient la reporter ou... Êtes-vous capable
de nous décrire un peu mieux le comportement?
M. Servais (Yves) : Pas
nécessairement, parce que c'est le monde des microbrasseries. C'est nouveau,
hein? Les gens... Puis, tu sais, ce n'est pas comme la Molson Coors ou la
Busweiser, là. C'est... Tout le monde en prend puis, regarde, il n'y a pas de
problème. Mais souvent, dans le monde de la microbrasserie, le consommateur
aime essayer. Aime essayer. Ils vont en acheter une, une bouteille de
750 ml ou un pack de 500 ml. Mais ils ne reviendront peut-être pas,
parce qu'ils ne l'ont peut-être pas aimée, tu sais. Puis c'est là qu'on reste
pris avec des contenants de verre que le microbrasseur ne vient pas récupérer.
Puis c'est tellement... Des fois, pour certaines microbrasseries, c'est tellement
peu. Mais quand le consommateur vient nous les rapporter, bien, ça demeure
longtemps, puis on ne sait même pas qui... bien, coment est-ce... qui qui vient
nous les récupérer. J'étais à côté de M. Léger-Bourguoin tout à l'heure
puis il m'expliquait qu'il avait des problèmes, lui aussi, là, parce qu'il se
ramassait dans son parc d'inventaire qu'il collecte, la bière industrielle,
comme on dit, bien, il avait plein de contenants de bières de microbrasseries
aussi qu'il récupérait, mais ce n'était pas sa job de le faire. Mais ça existe,
tu sais. Donc...
Mme Grondin : Donc, vous
avez un problème à la fois de salubrité et à la fois d'espace au niveau de la
consigne actuelle, existante, qu'elle soit privée ou publique.
M. Servais (Yves) : Oui.
Mme Grondin : Ce que
j'entends de la part des intervenants précédents, est-ce que, vous aussi, vous
voyez que, de plus en plus, il y a une modification au niveau des comportements
des consommateurs? De plus en plus, il va y avoir plus d'aluminium que de verre?
M. Desrochers (Odina) :
Bien, c'est ce que je disais, ça va prendre définitivement une campagne
d'information et de sensibilisation pour changer les comportements des gens.
Puis ça, ça ne se fait pas en deux mois puis en six mois, hein? On sait quand
on est habitué de faire des choses, c'est difficile à changer, mais il va
falloir définitivement, avec tout le débat qui se fait actuellement sur
l'environnement, il va falloir que les gens apprennent à changer puis il va
falloir que les gens acceptent les changements. Alors, c'est tout un défi qui
s'en vient, mais on est là pour le relever.
M. Servais (Yves) : Les
cannettes, vous avez absolument raison. Moi-même le premier, c'est très rare
que j'achète de la bière, que ce soit la bière industrielle ou la bière de
microbrasserie, que j'achète la bière en bouteille, mais beaucoup plus en
cannette. C'est plus facile de manipuler puis de transporter qu'une caisse de
24 en bouteille, là.
Mme Grondin : Dernière
question en fait. Je l'ai perdue, là. Je suis désolée. Ah oui...
M. Servais (Yves) :
...canette, plus facile de manipuler puis de transporter qu'une caisse de 24 en
bouteilles, là.
Mme Grondin : Dernière question,
en fait... Je l'ai perdue, là. Je suis désolée. Ah oui! Vous...
En fait, vos membres, ils sont vraiment
des acteurs importants au niveau de la collecte, hein, ou de la récupération du
verre. Vous l'avez mentionné d'entrée de jeu, vous ne parlez pas de ce qui se
passe après en termes de recyclage ou de valorisation, mais vous êtes intéressés
par cette question-là.
On sait très bien que le recyclage du
verre ambré, donc, ou du verre clair est très facile. On peut le refondre
facilement. Si on mettait une consigne, parce que c'est ce qu'on parle depuis
le début, sur des bouteilles de la SAQ, 80 % de ces bouteilles-là a une
couleur différente du brun et du clair, on fait quoi une fois qu'on a ramassé
toutes ces bouteilles-là de la SAQ? Est-ce que vous avez une idée de ce qu'on
fait avec ça?
M. Servais (Yves) : Je
ne suis pas vraiment... pas un spécialiste dans le recyclage et la
valorisation. On est là, nous, pour les récupérer, puis, après ça, on les
achemine... les compagnies qui viennent les chercher chez nous les acheminent à
des recycleurs. Ça fait que je ne pourrais pas vraiment vous le dire. Mais dernièrement
dans les médias il y avait une série d'articles, justement, sur la
valorisation, sur des nouveaux débouchés pour le verre, donc je trouve ça
intéressant.
Aujourd'hui, bien, on a annoncé... Éco
Entreprises annonçait une entente avec certains partenaires qui seraient
intéressés maintenant à prendre du verre, récupérer, des centres de tri, parce
que le taux de pureté est supérieur à ce que c'était avant, puis ça ne serait
pas... le verre serait... oui, il serait probablement utilisé, là, pour le sablage,
pour les autoroutes, pour le déglaçage, peu importe, mais il pourrait être
aussi refondu pour refaire des bouteilles de verre à partir du verre récupéré
dans les centres de tri parce que la technologie puis les... il y a eu de
l'investissement aussi qui ont été fait à ce niveau-là.
Ça fait que moi, je pense qu'il faut
laisser la chance à l'industrie, aux centres de tri puis à des entreprises qui
ont des initiatives de ce côté-là. Puis moi, je ne veux pas déshabiller... on
dit déshabiller Jacques pour mieux habiller Jean, là. Je pense que le système
de tri actuellement fonctionne bien puis va s'en aller en s'améliorant. Puis je
pense qu'il faut laisser le temps aux centres de tri de s'adapter. Puis je
pense qu'avec ce qui se passe ces dernières années puis ces derniers mois, je
pense qu'on est sur la bonne voie. Ça fait que c'est pour ça qu'on ne veut pas
dédoubler puis avoir une consigne sur le vin, sur les bouteilles de vin.
Mme Grondin : Au niveau
de vos matières résiduelles, est-ce qu'il y a un pourcentage important de bris
des bouteilles?
M. Servais (Yves) : Ah!
il y en a tout le temps, ça fait que ça, ça... même, ça fait partie...
Mme Grondin : Avez-vous
une idée?
M. Servais (Yves) : Non,
non. Non, pas comme tel.
Mme Grondin : Ça dépend
de...
M. Servais (Yves) : Oui.
Mme Grondin : D'un
dépanneur à l'autre ou de..
M. Servais (Yves) : Oui.
Puis il y a des bris, effectivement, du verre cassé. Puis c'est là qu'on
parlait tantôt des risques, hein, pour des employés de se blesser.
Effectivement, ça, c'en est un. On parlait des problèmes d'hygiène et
salubrité.
Vous savez que nos entreprises doivent
payer des fois des firmes — bien, même, il y en a que c'est des
contrats annuels — paient des firmes d'extermination pour faire
traiter leur magasin contre les fourmis, les bibittes, et toutes sortes de
choses, là, tu sais. On a des dépanneurs... tout à l'heure, M. le député
parlait de... On offre des services... des produits et des services très
diversifiés maintenant parce qu'on veut garder notre monde puis on veut donner
le plus de services. Mais on fait du prêt-à-manger dans nos commerces, puis
c'est de plus en plus important... puis dans les dépanneurs. Ça fait que, là,
si tu as des petites bibittes, des fourmis qui se promènent partout dans le
prêt-à-manger, c'est une problématique.
Ça fait que, oui, on est prêts à... puis
on est prêts à faire notre part pour l'environnement. On est prêts à gérer des
contenants consignés, mais, à un moment donné, il y a des limites qu'on ne peut
pas dépasser. Si ce n'est que... juste la capacité d'entreposage des
contenants.
Mme Grondin : Merci.
La Présidente
(Mme St-Pierre) : ...encore, de votre côté,
2 min 30 s. Est-ce qu'il y a quelqu'un... M. le député de
Beauharnois.
M.
Reid
:
Très rapidement. Merci. Bien, tout à l'heure, M. Desrochers, je pense,
vous avez mentionné... vous avez parlé de changer les comportements des
citoyens, des consommateurs. On parle de... On parle ici de recyclage et
valorisation du verre, mais vous avez parlé également de... parlé de
l'aluminium. Qu'est-ce que... si vous aviez le choix à faire, là, dans vos
commerces, qu'est-ce qui est le plus simple, les bouteilles ou l'aluminium?
M. Servais (Yves) : ...
l'aluminium. L'aluminium, effectivement.
M.
Reid
:
C'est plus simple.
M. Servais (Yves) : Oui.
M.
Reid
:
Et, quand on parle de sensibilisation, qu'est-ce qu'on pourrait faire
là-dessus? Vous avez parlé de campagne. C'est un changement de comportements
qu'on peut implanter, qu'on peut...
• (17 h 40) •
M. Servais (Yves) :
Bien, regardez... On parlait tantôt d'un taux de récupération dans l'aluminium,
mettons, de 70 à...
M.
Reid
: ...les
bouteilles ou l'aluminium?
M. Servais (Yves) : Ce serait
l'aluminium, effectivement.
M.
Reid
: C'est
plus simple?
M. Servais (Yves) : Oui.
M.
Reid
: Et,
quand on parle de sensibilisation, qu'est-ce qu'on pourrait faire là-dessus?
Vous avez parlé de campagnes. C'est-u un changement de comportement qu'on peut
implanter, qu'on peut...
M. Servais (Yves) : Bien,
regardez, l'ADA... On parlait tantôt d'un taux de récupération dans l'aluminium,
mettons, de 70 % à 75 %, là, si on se fie aux chiffres de
RECYC-QUÉBEC. La problématique, c'est... tu sais, c'est la consommation hors
domicile, tu sais, autant pour les... Tantôt, dans un autre tantôt, on va
peut-être se croiser dans une commission parlementaire qui va traiter des
bouteilles d'eau, hein? Bien, dans les deux cas, là, c'est des... c'est lors de
consommations à domicile, c'est ça qui se ramasse dans les centres de tri ou
dans la nature à ce moment-là. Ça fait que c'est... Oui, c'est de la
sensibilisation, puis je pense que... Bien là, là, là, si je m'en vais du côté
des bouteilles de plastique, je pense que la population s'attend à quelque
chose, parce qu'on voit tous les reportages sur les océans, etc. Ça fait qu'il
y a une problématique, puis je pense que le consommateur est prêt à adopter
puis à faire des changements.
Regardez, il y a une gourde d'eau ici, là.
Je trouve ça bien. Mais pourquoi acheter à ce moment-là... Là, je parle du
plastique. Mais, tu sais, pourquoi acheter des 500 ou des 600 millilitres?
Pourquoi ne pas acheter une bouteille de quatre litres puis la mettre dans son
frigidaire? Il pourrait remplir sa gourde à ce moment-là. Ça fait que, là, tu
viens diminuer la consommation de bouteilles d'eau de 500 ou 600 millilitres.
Ça fait que, ça, c'est de la sensibilisation à ce moment-là.
M.
Reid
:
...sensibilisation. Merci, ça répond à ma question. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci beaucoup. Donc, nous passons du côté de l'opposition officielle.
Vous avez 10 minutes.
M. Kelley
: Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
11 minutes, pardon.
M. Kelley
: Bon. Merci
pour votre présentation, vous êtes un excellent duo. Je suis bien d'accord avec
la présidente. Puis juste une question sur la question de la prime. Vous avez
eu des échanges avec le ministre, et c'est plus «at large» ici que je pose la
question. Votre association demande une prime de quoi exactement? C'est quoi,
le chiffre que vous cherchez?
M. Servais (Yves) : ...une idée
précise. Je vous dirais : L'ADA vous a quand même bien répondu tout à
l'heure. On parle d'une prime de 0,02 $ qui avait été mise en place en
1984. Si vous actualisez le 0,02 $ sur x nombre d'années, bien, on arrive
à 0,04 $ ou 0,05 $ approximativement. Donc, c'est sûr que nous...
parce que, là, on parle aussi, tu sais, on parle de tous les contenants
consignés. Parce que le 0,05 $, aujourd'hui, là, ça ne vaut plus
grand-chose, vous le savez, hein, on a perdu... la Banque du Canada a retiré la
cent du marché, puis même la Banque du Canada, des fois, on les entend parler,
ils pensent peut-être retirer le 0,05 $ du marché. Donc, 0,05 $, ce
serait comme un minimum, tu sais, pour pouvoir... puis ça dépend aussi de la
consigne, la consigne sous les contenants de base comme l'aluminium puis la
bouteille de plastique est de 0,05 $, est-ce que vous allez l'augmenter à
0,10 $? Est-ce que le gouvernement va l'augmenter à 0,15 $? Ça fait
qu'à ce moment-là est-ce que la prime au détaillant peut varier selon la valeur
de la prime?
D'ailleurs, je me souviens, il y a
quelques années, on avait... la consigne était de 0,05 $, mais, lorsque
les compagnies de bière puis l'alcomalt sont arrivés... puis là ils vont faire
des canettes de 700 millilitres, la consigne a monté à 0,20 $. Nous
autres, on a dit : Aïe! Si la consigne augmente à 0,20 $, bien, on va
être capable d'augmenter la prime puis de passer à 0,05 $. Mais non, ça a
été 0,02 $ sur l'ensemble des contenants, peu importe la grosseur du contenant.
Consigner des bouteilles de vin, vous allez mettre quoi, 0,15 $,
0,20 $, 0,25 $? Bien, c'est sûr que, si on est pris, puis le
gouvernement passe une loi puis il faut ramasser les bouteilles de vin, mais
j'espère que vous allez être plus généreux que le 0,02 $ qui existe actuellement.
M. Desrochers (Odina) : Quand
on parle d'une solution globale, ce n'est pas compliqué, là, il va falloir tout
mettre ce qui est recyclable, qu'est-ce qu'on peut mettre avec la consigne
parce que là, actuellement, comme mon collègue disait, ça dépend de la
grosseur, ça dépend du poids. Alors, imaginez-vous, là, moi, je pense que le
gouvernement devrait tout mettre ça ensemble, dire : Là, écoutez, là, on
va uniformiser ça, les gens vont plus se comprendre. Les détaillants, tout le
monde va savoir quand il va rentrer, telle place, c'est ça, parce
qu'actuellement, et je reviens encore avec ma campagne d'information, mais ça
fait partie aussi également d'un projet pour amener les gens... parce que là,
les gens, ils se sentent un peu... ils trouvent ça compliqué, là, tu sais. Mais
là, si on uniformise les primes et puis qu'on dit que les contenants, c'est ça,
et là je pense qu'on va faciliter la vie à la fois aux détaillants et à la fois
aux consommateurs.
M. Kelley
: Merci. Une
prochaine question, vous avez environ 1 100 membres de votre association,
c'est sûr que chaque dépanneur est différent, je pense que le Couche-Tard sur
le coin... pas loin de la maison de mes parents, il y a beaucoup d'espace. Je
me souviens, depuis plusieurs années, il y a eu une place pour les bouteilles
de bière, mais j'habite à Verdun, puis c'est là qu'on trouve un dépanneur...
M. Kelley
: ...je pense
que le Couche-Tard, sur le coin, pas loin de la maison de mes parents, il y a beaucoup
d'espace. Je me souviens, depuis plusieurs années, ils ont eu une place pour
les bouteilles de bière. Mais j'habite à Verdun, puis c'est là qu'on trouve le
dépanneur traditionnel québécois qu'on pense de ça, il n'y a pas beaucoup
d'espace, c'est tellement petit. J'imagine que c'est un gros défi, quand même,
juste le système avec des bouteilles de bière pour vos membres, parce que
chaque dépanneur est différent, n'est-ce pas?
M. Servais (Yves) : C'est
sûr. Mais, comme je le disais tantôt, la diversification, dans un dépanneur,
c'est important, puis il y a tellement de compétition sur le marché actuellement,
il faut qu'un détaillant, un dépanneur, même une épicerie... mais nous, on est
plus dépanneur, là, il faut qu'il se démarque de différentes manières. Puis actuellement,
la bière de microbrasserie, c'est un beau créneau à développer parce que le
consommateur est prêt à essayer d'autres choses que... en tout cas, je ne veux
pas... la Molson Coors ou la Labatt, mais le consommateur est prêt à essayer
d'autres choses aussi. Puis, comme je le disais tantôt, au niveau des
alcomalts, là, il y a une effervescence actuellement, donc il faut se démarquer
de ce côté-là. Tantôt, on a parlé des mets préparés, des mets surgelés, ça
aussi, c'est un autre beau créneau pour un dépanneur pour garder son monde chez
lui puis augmenter ses ventes de différentes manières, en développant
différents créneaux.
M. Kelley
: Puis est-ce
que vous faites présentement... concernant des différents produits dans un
dépanneur, est-ce que vous avez des plans d'action, des stratégies pour ajouter
plus de bouteilles de vin par hasard? Est-ce que c'est quelque chose qui est
intéressant pour vos membres?
M. Servais (Yves) : Des
bouteilles de vin?
M. Kelley
: Oui.
M. Servais (Yves) : C'est
très intéressant. Quand vous me donnerez l'opportunité de venir parler de la
commercialisation des boissons alcooliques, je vous dirais que : Pourquoi
on ne vendrait pas les meilleurs vins dans nos commerces? Pourquoi on ne
vendrait pas des spiritueux dans nos commerces? J'attends juste ça, moi, du
gouvernement. Je regarde... Encore une fois, l'effervescence des spiritueux
québécois, je suis frustré de voir tout ce qui se vend, à la SAQ, au niveau des
spiritueux, puis moi, mes membres ne sont pas capables d'en vendre. Tu regardes
ce qui se passe aux États-Unis, j'avais fait une recherche, là, tu as
peut-être, je ne sais pas, moi, pas loin d'une vingtaine d'États où les
spiritueux sont vendus en dépanneur, pourquoi on ne le ferait pas ici, sans
avoir toute la gamme des spiritueux, mais en avoir une certaine partie? D'avoir
de meilleurs vins, pourquoi... mais oui, c'est sûr qu'on vend des vins embouteillés
ici, qui arrivent ici en bateau-citerne, puis c'est embouteillé au Québec,
c'est la réglementation, pourquoi on ne pourrait pas changer la réglementation
puis nous permettre de vendre du vin embouteillé à l'étranger? Puis on est
capables de le faire parce qu'on a des membres qui sont spécialisés en bières
de microbrasseries puis qui sont des employés qui sont formés dans les bières
de microbrasseries puis qui sont capables de conseiller leurs consommateurs sur
les différents types de bière.
Ça fait qu'on serait capable aussi de
faire la même chose avec le vin, mais pour l'instant, bien, la réglementation
nous empêche de le faire. Mais c'est un très beau créneau aussi à développer.
On pourrait devenir... Un dépanneur pourrait devenir un genre de caviste, si
vous voulez. Comme il se passe en France.
M. Kelley
: Non, et
c'est sûr qu'il y a plusieurs exemples partout au Québec où des dépanneurs ont
décidé d'essayer d'avoir une expertise dans les différents produits, les
différentes microbrasseries ici au Québec. C'est important, c'est un fleuron du
Québec.
Juste une prochaine question : Dans
votre mémoire, il y a un paragraphe qui parle d'un sondage. Alors, est-ce que
vous avez le sondage avec vous?
M. Servais (Yves) : Je ne
l'ai pas ici, mais je pourrais vous le mettre... Je pense que c'est Éco
Entreprises ou... Non, c'est peut-être...
M. Kelley
: C'était en
2015-2016, par CROP...
M. Servais (Yves) : Oui, je
pourrais... J'ai peut-être ça en quelque part, mais vitement, là... Mais ce
qu'on dit dans ce sondage-là, c'est que le consommateur, tout ce qui est de
plus facile, c'est la proximité. Ça fait qu'aller porter, mettons, une
bouteille de vin à la SAQ quand il vient à toutes les semaines acheter sa
caisse de bière chez nous parce qu'on a une diversité dans la bière que la SAQ
n'a pas, bien, c'est sûr que s'il a deux, trois bouteilles de vin qui trainent
dans son garde-robe, bien, il va venir les porter à nos commerces avec sa
caisse de bières vides, tu sais. Ça fait que c'est la facilité pour les
détaillants.
Encore une fois, pour les consommateurs,
moi, je vous dis que quand je prends du vin, mais mettons, je passe deux
bouteilles de vin la fin de semaine, mais je rouvre la porte de la maison puis
mon bac bleu est là, puis je les mets là. Tu sais, ça fait que ça ne reste
pas... ça ne traîne pas dans la maison comme les cannettes ou des bouteilles de
plastique ou... qui trainent peut-être pendant deux, trois semaines avant que
j'aille les porter au super marché, au dépanneur.
• (17 h 50) •
M. Kelley
: Mais est-ce
que ce n'est pas un avantage, une consigne, dans le sens que des gens vont
aller au dépanneur à la place d'aller à l'épicerie ou quand même à la SAQ
comme : O.K., je vais aller déposer ma bouteille de vin, bouteille de bière,
mais en même temps je vais acheter quelque chose d'autre?
...
M. Servais (Yves) : ...au
supermarché ou au dépanneur.
M. Kelley
: Mais est-ce
que ce n'est pas un avantage la consigne, dans le sens les gens vont aller au
dépanneur à la place d'aller à l'épicerie ou quand même à la SAQ, comme, O.K.,
je vais aller déposer ma bouteille de vin et bouteille de bière, mais en même
temps je vais acheter quelque chose d'autre?
M. Servais (Yves) : Il y
a quelque chose de vrai dans ce que vous dites. Il y a quelque chose de vrai
dans... il faut toujours...
M. Kelley
: Non,
je comprends que ça ne change rien que c'est un défi, mais en même temps on
peut regarder ça comme un avantage pour vos membres aussi parce que, c'est
comme, moi, je vais aller acheter maintenant du lait, je vais aller acheter des
fruits, une bonne bière québécoise, je ne sais pas.
M. Desrochers (Odina) :
Tout le secteur des dépanneurs, l'alimentation est en pleine mutation, là. Il
faut être conscient de ça aussi, là.
M. Kelley
: Oui.
M. Desrochers (Odina) : C'est
un virage majeur qu'on est en train de vivre, là.
M. Servais (Yves) : Je
comprends ce que vous dites, mais à 0,02 $, ce n'est pas rentable.
M. Desrochers (Odina) :
Voilà.
M. Kelley
: Je
comprends. Mais peut-être, ça, c'est... et je sais que mes collègues du
gouvernement posent la question sur une place pour déposer des bouteilles de
vin ou des autres produits. Peut-être que c'est intéressant parce que quand
même, particulièrement dans les régions, honnêtement ce n'est pas différent à
Montréal, les dépanneurs sont vraiment partout. Alors, s'il y a une place où
les gens disent : Ah, oui, je peux déposer une bouteille de vin là, je
vais aller là. Alors, ça demeure toujours une option intéressante. Mais, O.K.,
bien merci pour votre présentation, et je pense que...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : M. le député de Viau.
M. Benjamin : ...
La Présidente
(Mme St-Pierre) : Alors, maintenant, nous passons à Mme la
députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Merci pour votre présentation. Juste une petite question. Dans
votre mémoire, vous parlez justement de la prime de manutention, vous dites
qu'il faudrait l'augmenter de 0,02 $ à 0,04 $. Et là, tout à l'heure
en parlant, vous avez dit : Il faudrait que ça soit 0,05 $ minimum
pour que ce soit rentable. Donc, ça serait quoi le bon chiffre qui va faire en
sorte que vous allez financement être ouverts à la l'élargissement de la
consigne?
M. Servais (Yves) :
J'avais arrondi. C'est parce que j'ai vu un tableau dernièrement, puis c'était
0,044 $ à peu près, donc j'avais arrondi.
Mme Ghazal : Si on
l'augmente à ça, est-ce que vous seriez prêts à dire comme la SAQ qui avant
n'était totalement pas ouverte à la consigne, que, là, vous seriez ouverts à la
consigne?
M. Desrochers (Odina) : Mais,
de toute façon, ça n'a pas bougé...
Mme Ghazal : Vu que vous
voulez avoir des contenants de vin chez vous... les ventes.
M. Desrochers (Odina) : Oui,
ce n'est pas juste ça. Mais, regarde, ça n'a pas bougé depuis 1984, ça fait que
c'est sûr qu'on va être contents si elle passe à 0,05 $, là.
M. Servais (Yves) : Mais
c'est juste de les récupérer.
Mme Ghazal : Donc, vous serez
d'accord pour l'élargissement.
M. Desrochers (Odina) : Il
faudrait voir parce que, regardez...
M. Servais (Yves) : La prime,
c'est une chose, mais qui va venir les... tout à l'heure, l'ADA l'a dit :
Qui, qui va venir nous débarrasser des bouteilles de vin chez nous, là?
Mme Ghazal : Exact. Je veux
juste... J'ai comme très peu de temps. Il y a une expression que j'ai beaucoup
aimée, que vous avez dite dans votre mémoire : Le bac fait la job. Mais
aujourd'hui, en fait, de plus en plus, on a la démonstration que... Moi,
j'aimerais ça qu'il fasse la job, mais il ne la fait pas, la job, actuellement.
Vous aviez parlé aussi... vous avez cité le 97 % de taux de pureté. Ce
n'est pas vrai parce qu'en fait ça contient d'autres matières qui sont
impropres à la refonte et au recyclage, mais ça, ce n'est pas votre domaine.
Donc, en ce moment, il ne fait pas la job, mais ça ne veut pas dire qu'on va
mettre le bac de recyclage aux poubelles. Il n'y a personne ici qui veut... ou
le recycler. Ce n'est pas en parallèle, c'est deux systèmes complémentaires.
Vu que c'est... Ça, c'est... On jase. Je
vous propose quelque chose. Vous avez dit que c'est une bonne chose que les
gens amènent leurs contenants dans des dépôts volontaires. Si c'est vers ça
qu'on va au Québec, puis que la SAQ accepte, et est ouverte, et en ramasse,
est-ce que... ça vous cause tellement de nuisances, la consigne, est-ce que
vous seriez prêts à dire : Bien, finalement, on pourrait vous en
débarrasser, de ça, puis vous ne l'aurez plus chez vous du tout? Est-ce que
vous accepteriez ça? Puis la consigne est tellement peu que, dans le fond, ce
n'est pas une grosse perte.
M. Servais (Yves) : De
l'ensemble de la consigne?
Mme Ghazal : Oui. Parce que
vous dites...
M. Servais (Yves) : Tous les
contenants consignés... Ça serait une révolution, je vous dirais, là, parce que
depuis 1984 qu'on vit ça, donc... Comme j'ai dit aussi, on est prêts à faire de
la job. On est prêts à faire notre job.
Mme Ghazal : O.K. Vous y tenez
quand même un peu, là.
M. Servais (Yves) : Oui.
Mme Ghazal : Vous voyez
l'avantage.
M. Desrochers (Odina) : C'est
toujours une question de changement de comportement, là. Le dépôt volontaire,
il y a combien de personnes qui vont adhérer à ça?
Mme Ghazal : Bien, en fait,
vous parlez de sondage. Je ne sais pas, on n'a pas vu votre sondage, peut-être
vous pouvez nous le dire. Les sondages actuellement le disent : Plus de
91 % des gens veulent, sont prêts à faire l'effort de rapporter leurs
contenants, par exemple, à la SAQ, parce qu'ils savent que ça va donner un
résultat au lieu de le mettre dans le bac. C'est un geste facile, mais ils
savent que ça ne donne pas de résultat. La majorité sont enfouis, et ça, les
gens, ça les frustre beaucoup en 2019.
Donc, ils sont prêts, surtout que vous
dites que vous êtes ouverts puis vous avez envie. Vous avez beaucoup de vision
pour vos dépanneurs pour vendre, par exemple, des spiritueux ou des bouteilles
de vin. Bien, c'est sûr que, si, par exemple, le gouvernement du
Québec — ce n'est pas ça, le sujet — est ouvert à ça, ça
veut dire que vous allez devoir aussi ramasser les contenants. Attention à ce
que vous souhaitez, là.
M. Servais (Yves) : Bien,
premièrement, je voulais juste vous dire que, des bouteilles de vin, on en vend
déjà, là. Je vous dirais qu'une bouteille de vin sur quatre est achetée dans
les épiceries et dépanneurs.
Mme Ghazal : O.K. Je ne
connaissais pas...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois passer à votre collègue le député de Jonquière.
M. Gaudreault : ...merci,
merci beaucoup. Bienvenue. Comment ça se passe ailleurs? Vous avez des
contacts, j'imagine, avec les autres associations de dépanneurs et d'épiciers,
par exemple, dans les autres provinces du Canada où il y a de la consigne.
Comment ça...
M. Servais (Yves) : ...il y a
comme deux associations au Québec. Vous avez l'ADA, qui était ici avant nous,
puis il y a nous aussi, là, qui est... Mais nous, contrairement...
M. Gaudreault : ...comment ça
se passe ailleurs? Vous avez des contacts, j'imagine, avec les autres associations
de dépanneurs et d'épiciers, par exemple, dans les autres provinces du Canada
où il y a de la consigne, comment ça...
M. Servais (Yves) : Bien,
nous autres, il y a comme deux associations au Québec, vous avez l'ADA, qui
était ici avant nous, puis il y a nous aussi, là qui... Mais nous,
contrairement à l'ADA, on ne regroupe pas de grandes chaînes d'alimentation,
genre Sobeys...
M. Gaudreault : O.K., mais
ailleurs au Canada, je veux dire, comment ça se passe, dans les dépanneurs?
M. Servais (Yves) : O.K.
Bien, le système de consigne est différent en Ontario, là, tu sais, il n'y a
aucune... tout passe par les centres de dépôt, là, ce qui... C'est ça, je ne
sais pas combien de centres de dépôt qu'ils ont dans la province, mais... Au Nouveau-Brunswick
aussi, mais au Nouveau-Brunswick, apparemment... Tu sais, je jase des fois avec
les gens de Tomra, là, Tomra, c'est la compagnie qui installe... une des compagnies
qui installe des gobeuses. Au Nouveau-Brunswick, oui, il y a des centres de
dépôt, mais c'est très, très ordinaire, comme centres de dépôt. En Ontario, je
ne le sais pas, je sais que ça fonctionne, mais je ne pourrais pas vous dire,
là, du côté... Je sais qu'ils sont bien contents, en Ontario, de pouvoir vendre
de la bière, maintenant, là, mais je vous dirais...
M. Gaudreault : ...je vais
vous poser la même question que j'ai posée tout à l'heure à vos collègues
précédents : Dans le fond, c'est vraiment une question, pour vous, de
manutention, de gestion, de salubrité, c'est plus ça. Donc, si le gouvernement
va de l'avant avec un élargissement de la consigne et avec des dépôts
volontaires, avec une collaboration de la SAQ, vous n'êtes pas... vous n'avez
pas d'opposition de principe.
M. Servais (Yves) : Là, ça
dépend si vous me dites que vous voulez enlever... vous voulez mettre...
enlever les produits consignés des dépanneurs, là... vous me dites, là.
M. Gaudreault : Là, on revient
à la question que ma collègue posait tout à l'heure, là. Oui, on n'est pas là,
là.
M. Servais (Yves) : O.K.
M. Gaudreault : C'est vraiment
l'élargissement de la consigne qui vous...
M. Servais (Yves) : Oui,
parce qu'on en fait déjà beaucoup, là, actuellement, là, ça fait qu'il ne
faudrait pas trop en rajouter, surtout, comme je vous disais, actuellement, au
niveau de la bière, il y a une tendance vers la canette, des alcomalts, ça se
multiplie sur le marché aussi. Ça fait que, déjà là, juste avec les contenants
consignés actuels, c'est déjà beaucoup, puis je ne suis pas favorable à ça,
mais j'imagine que, dans quelques mois, bien, il va peut-être y avoir une
consigne sur des bouteilles d'eau à remplissage unique individuelles.
M. Gaudreault : Maintenant, il
y a plusieurs de vos membres qui se sont adaptés aux formats différents des
microbrasseries, ça s'est quand même bien passé, de façon générale, alors
pourquoi ils ne s'adapteraient pas à d'autres types de formats encore?
M. Servais (Yves) : Bien, je
ne vous dirais pas qu'au niveau des microbrasseries ils se sont adaptés, parce
qu'il y a vraiment encore beaucoup de détaillants qui se plaignent, là, justement,
de la...
M. Gaudreault : La diversité,
oui.
M. Servais (Yves) : ...les
contenants divers sur le marché. D'ailleurs, au prochain congrès, bien, je vais
probablement avoir la présidente de l'Association des micro-brasseries... de
venir nous faire un genre de topo sur la situation actuelle, là, des problématiques
que représente la gestion des différentes bouteilles des microbrasseurs, là.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...ajourner nos travaux à ce moment-ci. Merci beaucoup pour votre venue à cette
importante commission parlementaire, on vous souhaite une très belle fin de
journée. J'ajourne les travaux à demain matin, 9 h 30. Bonne soirée à
tous.
(Fin de la séance à 17 h 58)