Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mercredi 30 septembre 2020
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Vol. 45 N° 61
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 56, Loi visant à reconnaître et à soutenir les personnes proches aidantes et modifiant diverses dispositions législatives
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Intervenants par tranches d'heure
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Lecours, Lucie
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Blais, Marguerite
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Blais, Marguerite
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Lecours, Lucie
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Guillemette, Nancy
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Samson, Claire
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Blais, Suzanne
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Maccarone, Jennifer
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Sauvé, Monique
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Zanetti, Sol
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Zanetti, Sol
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Lecours, Lucie
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LeBel, Harold
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Blais, Marguerite
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Blais, Suzanne
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Guillemette, Nancy
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Lecours, Lucie
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Sauvé, Monique
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Maccarone, Jennifer
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Zanetti, Sol
11 h (version révisée)
(Onze heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je
vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes dans la salle
de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 56, Loi visant à reconnaître
et à soutenir les personnes proches aidantes et modifiant diverses dispositions
législatives. Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Picard (Soulanges) est remplacée par Mme Guillemette (Roberval);
M. Barrette (La Pinière), par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); Mme Dorion
(Taschereau), par M. Zanetti (Jean-Lesage).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la secrétaire. Y a-t-il des droits de
vote par procuration?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) dispose d'un droit de vote par
procuration au nom de Mme Samson (Iberville); Mme Sauvé (Fabre), au nom de M.
Kelley (Jacques-Cartier).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, ce matin, nous entendrons les groupes suivants par
visioconférence, c'est-à-dire Parents jusqu'au bout! ainsi que le Collège des
médecins du Québec.
Je suis donc... je souhaite donc, pardon,
la bienvenue aux représentants de Parents jusqu'au bout!, c'est-à-dire <Mme Geneviève
Dion et Mme Anouk...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
…
Alors, ce matin, nous entendrons les groupes
suivants par visioconférence, c'est-à-dire Parents jusqu'au bout! ainsi que le
Collège des médecins du Québec.
Je suis donc... je souhaite donc,
pardon, la bienvenue aux représentants de Parents jusqu'au bout!, c'est-à-dire >Mme Geneviève
Dion et Mme Anouk Lanouette Turgeon. Je vous rappelle, mesdames, que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à débuter votre exposé.
Auditions (suite)
Parents jusqu'au bout!
(Visioconférence)
Mme Dion (Geneviève) : Bonjour
à tous. Mon nom est Geneviève Dion. Je suis maman de deux enfants, Naomie, huit
ans, qui est lourdement handicapée, qui souffre d'une maladie génétique unique
au monde. Elle a une trisomie partielle 14 et une monosomie partielle 9.
Naomie a aussi un grand frère qui s'appelle William, qui a 12 ans. Vous
savez, quand on met au monde un enfant qui est lourdement handicapé et qu'on a
l'annonce du diagnostic, c'est comme un tsunami qui se passe dans notre vie, donc
ça amène des impacts majeurs dans nos vies.
• (11 h 20) •
Le premier impact, pour ma part, ça a été
une crise familiale. Il y a des impacts flagrants qui se sont fait ressentir
pour le grand frère de Naomie, qui a développé des troubles du comportement
très graves, qui a même nécessité un placement temporaire pendant deux ans dans
une famille d'accueil pour que les comportements violents à mon endroit
arrêtent. Donc, heureusement, il a réintégré ma maison, il va très bien, mais
ça a amené des gros impacts pour son grand frère aussi.
Un autre impact familial s'en est suivi,
d'une séparation. Comme beaucoup de couples viennent à se séparer quand ils ont
un enfant gravement malade, malheureusement, je n'y ai pas échappé. Il y a un
impact notable également au niveau du travail. Ça m'a amenée à vivre, malheureusement,
une grande crise financière. Étant donné que je n'avais pas le choix d'être au
chevet de ma petite, qui était suivie par une dizaine de spécialistes à
Sainte-Justine, ça m'a amené beaucoup d'absences, de retards, de pertes
salariales, d'arrêts de travail. Et puis si on n'avait pas eu la création du
programme SEHNSE, malheureusement… bien, heureusement, ça m'a permis de ne pas
faire faillite, alors ça m'a permis de me sortir la tête d'en dessous de l'eau,
comme on dit. Il y a des impacts au niveau de la condition féminine, notables,
parce qu'une grande majorité c'est les femmes qui écopent pour cette situation-là.
La conciliation travail et proche aidance
est carrément chaotique. L'organisation personnelle qui est nécessaire quand on
vit avec un enfant lourdement handicapé est excessivement <lourde…
Mme Dion (Geneviève) : ...les
femmes qui écopent pour cette
situation-là.
La
conciliation travail et proche
aidance est carrément chaotique. L'organisation personnelle qui est nécessaire
quand on vit avec un enfant lourdement handicapé est excessivement >lourde.
Ça amène une charge mentale, si vous saviez, là, de niveau olympique. J'ai un
agenda littéralement digne d'un premier ministre, des rendez-vous, des suivis,
des formulaires à poster, à faxer, la liste est énorme, si vous saviez. Cette
lourdeur-là, quotidienne, fait qu'on a, que j'ai, et que les autres parents
comme moi... fait qu'on a besoin de répit. Je bénéficie des services du Phare
Enfants et Familles. J'ai droit à 30 jours par année où je peux envoyer
Naomie. Malheureusement, c'est insuffisant, mais c'est tout ce qui existe présentement
pour m'aider, c'est ma seule bouée de sauvetage. Parce que les heures de chèque
emploi-service que je bénéficie pour du répit à domicile, malheureusement, sont
insuffisantes. Ce n'est pas normal, si vous saviez, de surveiller son enfant
jour et nuit sur une caméra, même quand elle dort, en plus de la quantité de
médicaments que je dois lui administrer. Elle est nourrie par gastrostomie, par
un gavage plusieurs fois par jour, et elle consomme aussi de la nourriture
spécialisée, que je dois moi-même préparer à la maison et lui donner d'une
façon spéciale, d'une façon thérapeutique. Imaginez, je fais tout ça, puis ma
fille a besoin d'énormément de soins, et je ne suis même pas encore reconnue
comme proche aidante, selon la loi actuelle, parce qu'elle n'a pas 18 ans.
Ça, c'est un gros problème, présentement. On s'efface littéralement pour
prendre soin de quelqu'un.
Donc, en terminant, je vous demanderais de
prendre en compte ceci pour votre futur projet de loi, c'est que, si vous
envisagez une prestation unique, ce n'est pas bon pour nous, quand on a un
enfant lourdement handicapé, parce que nous, on est à un autre niveau, c'est du
24 heures sur 24 et c'est à très long terme, sur plusieurs années. Puis,
quand vous parlez aussi, dans le projet, de reconnaissance, sachez que...
gardez en tête ceci, c'est que, quand on fait un marathon, on n'a pas besoin
juste d'une tape dans le dos, on a besoin de plusieurs bouteilles d'eau pour
continuer notre course. Je vous remercie et je vous laisse à mon amie et
collègue, Anouk.
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Bonjour. Donc, changement de masque. Donc, Anouk Lanouette-Turgeon, j'ai deux
enfants avec deux diagnostics différents : Éli, trisomie 21, neuf ans, et
Lhassa, cinq ans pour toujours, puisqu'elle est décédée en novembre dernier,
donc le 15 novembre 2019. Lhassa était atteinte d'une <maladie...
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
...j'ai deux enfants avec deux diagnostics différents : Éli, trisomie 21,
neuf ans, et Lhassa, cinq ans pour toujours, puisqu'elle est décédée en
novembre dernier, donc le 15 novembre 2019. Lassa était atteinte
d'une >maladie génétique dégénérative orpheline, donc très rare aussi,
quelques cas dans le monde.
Et, bon, je vais vous raconter une petite
tranche de vie très personnelle, c'est pour un peu illustrer, dans le fond, ce
qui devrait changer, ce qui ne devrait pas se produire dans le réseau public.
Donc, j'ai pris soin de ma fille avec un grand bonheur pendant cinq ans,
parce qu'elle faisait les plus beaux sourires de toute l'histoire de l'humanité,
je tiens à le dire, mais c'est quand même des soins complexes quotidiens, des
suivis médicaux, des hospitalisations répétées, de plus en plus longues, la
peur constante du prochain virus aussi. Là, maintenant, c'est mondial, mais, je
veux dire, nous, on a vécu sans arrêt dans cette peur-là pendant cinq ans parce
que le prochain virus pouvait menacer sa vie. Et puis c'est ce qui a fini par
l'emporter. Donc, c'est une hypervigilance de chaque instant.
Par contre, j'avais réussi, quand même,
parce que je suis très combative, à obtenir toutes les ressources possibles,
donc on avait des heures de chèque emploi-service, à la fin, on était rendus à
48 heures de chèques emploi-service par semaine pour qu'en fait quelqu'un
puisse s'occuper de ma fille en collaboration avec moi. Et moi, ça m'a permis
de garder un emploi à temps partiel, très partiel, mais, quand même, c'était
nécessaire aussi, pour mon équilibre, de sortir de la maison de temps en temps.
Donc, ça questionne notre vie pendant cinq
ans. Et, une fois qu'elle décède, le 15 novembre, tout à coup, le CLSC
disparaît. Là, moi, j'ai été sa proche aidante principale pendant cinq ans, je
reste la proche aidante de mon fils, qui a aussi une condition qui requiert des
soins et un soutien dans ses activités quotidiennes, de tous les jours. Je
tombe en arrêt de travail, congé indéterminé qui dure à ce jour, je suis jugée
inapte à toute activité professionnelle par mon médecin, mais je devrais être
censée de m'occuper de mon enfant parce que, là, bientôt, justement, ça va être
la pandémie, le confinement, on est ensemble en permanence, mais le CLSC est
disparu, la travailleuse sociale n'est plus en poste, et ça a pris des mois
avant que je puisse parler à quelqu'un. Ma fille est décédée en novembre, le
premier contact que j'ai eu avec le CLSC, ça a été le
20 février 2020. Et là je remplis des formulaires, je subis des
évaluations, j'explique notre situation, je justifie que je suis en deuil, que
je suis triste, que mon enfant me voit pleurer, que ça n'a pas de bon sens, que
j'aimerais que quelqu'un puisse m'aider à m'en occuper. J'ai un conjoint, oui,
mais qui est aussi dans une passe difficile. Bref, demande jugée irrecevable
par le CLSC. On est rendus le 26 mai. Et donc les bras me tombent, alors,
je n'en reviens pas.
Et je me rends compte, puisque, là, on
doit réagir à un projet de loi en proche aidance, qu'on n'est absolument pas
considérés comme proches aidants. Tout ce qui a été considéré, c'est la <situation
de mon...
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
…et donc, les bras me tombent. Alors, je n'en reviens pas et je me rends
compte, puisque, là, on doit réagir à un
projet de loi en proche
aidance, qu'on n'est absolument pas considérés comme
proches aidants.
Tout ce qui a été considéré, c'est la >situation de mon enfant
trisomique, qui est handicapé, oui, mais pas assez lourdement pour correspondre
aux critères du chèque emploi-service, soi-disant, qui sont un peu flous, en
passant.
Donc, j'ai décidé de récidiver, de
continuer de revenir à la charge auprès du CLSC, fournir des lettres de
médecins, d'organismes communautaires qui nous soutiennent dans la demande de
répit, pour que, finalement, ils nous accordent quelques heures de répit
pendant cinq semaines. Après ça, là, c'est fini. Ça, c'était… on a réussi
à obtenir ça pour le mois d'août. Donc là, c'est terminé, retour au néant. Là,
je suis juste, dans le fond, plus épuisée qu'avant. Je n'en reviens pas d'avoir
eu à livrer… tu sais, à dépenser autant d'énergie pour aussi peu d'aide.
Donc, je ne suis pas seule dans cette
situation-là. Je ne vous raconte pas tout ça pour que vous régliez mon cas
personnel, ce n'est pas ça. C'est que ça illustre, dans le fond, des situations
qui sont très répandues dans le… Il y a eu, pendant le confinement, pendant la
pandémie, le Regroupement des aidants naturels du Québec qui a rassemblé des
données et qui a abouti avec les statistiques suivantes, qui sont quand même
effarantes, que jusqu'à 60 % des proches aidants estiment qu'ils ne seront
plus capables de prendre soin de leurs proches encore très longtemps, jusqu'à
52 % souhaitent laisser les soins de leurs proches à quelqu'un d'autre.
Dans le cas des parents qui sont proches aidants d'enfants, c'est 80 % qui
n'ont reçu aucune aide financière pendant le confinement. On imagine que ce
n'est pas beaucoup mieux en d'autres temps. Donc…
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mme Turgeon, je dois juste vous demander de conclure,
malheureusement, le 10 minutes est terminé. Je vous laisse conclure.
Mme Lanouette Turgeon (Anouk)T :
Oui. Donc, pour terminer, effectivement, moi, quand je lis le projet de loi,
j'ai un malaise profond avec le degré d'abstraction de ce projet. C'est des
belles phrases, mais on n'est pas dans le comment. Donc, «reconnaître l'apport
considérable des proches aidants, favoriser la préservation de leur santé», on
est loin, en ce moment, du but, et à quand des engagements concrets? Voilà.
Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, mesdames. Tout d'abord, je vais juste me
permettre de vous souhaiter mes sincères condoléances, en mon nom, au nom des
membres de la commission ici.
Alors, on en est maintenant rendus à la
partie d'échange avec les membres de la commission. Nous allons commencer avec Mme
la ministre, pour une période de 16 min 30 s.
• (11 h 30) •
Mme Blais (Prévost) :
Mme Lanouette Turgeon, Mme Dion, écoutez, on est tous pas mal
chamboulés, ici, là, pendant cette commission. Tout d'abord, j'aimerais,
Mme Dion, vous offrir les salutations de la députée de Soulanges qui a
fondé avec vous Parents jusqu'au bout! Elle n'est pas ici, par éthique, parce
qu'elle ne voulait pas vous poser des questions, ce qui est tout à fait <normal,
et je la…
>
11 h 30 (version révisée)
<1263
Mme Blais
(Prévost) : ...Tout d'abord, j'aimerais, Mme Dion, vous offrir
les salutations de la députée de Soulanges qui a fondé avec vous Parents
jusqu'au bout!V Elle n'est pas ici, par éthique, parce qu'elle ne voulait pas
vous poser des questions, ce qui est tout à fait >normal, et je la
remercie.
Votre témoignage va faire probablement une
grande différence. Vous le savez, vous vous posez des questions : Pourquoi
une loi? C'est parce que, dans une loi, oui, c'est plus vague, c'est un cadre
qui vient dire, là : Il va falloir que, quand on met en place des
politiques… Hier, on disait : Il y a une politique Chez soi : le
premier choix, mais, s'il n'y a pas d'argent qui va avec la politique, si la
politique n'est pas renouvelée, si on ne s'occupe pas de la politique, s'il n'y
a pas une loi pour faire avancer ces politiques, puis ces rapports-là, puis ces
plans d'action là, bien, ça n'avancera pas. Ça fait qu'on veut changer les choses.
Quand vous me parlez du CHSLD qui ne veut
pas vous donner des services, je considère que c'est inacceptable. C'est n'est
pas compliqué, c'est inacceptable. Alors, moi, je veux vous entendre, là, qu'est-ce
que vous aimeriez dans une politique, un plan d'action, qu'est-ce que vous
aimeriez concrètement qu'un gouvernement... Parce que c'est ça qui se passe,
là, c'est la première politique sur les proches aidants, la première loi sur
les proches aidants, qu'est-ce que vous aimeriez qu'on fasse différemment pour
appuyer des parents comme vous qui vont jusqu'au bout?
Mme Dion (Geneviève) :
Bien, premièrement, comme j'ai mentionné, c'est que, nous, c'est à long terme,
O.K., puis c'est 24 heures sur 24, donc on a une lourdeur. Donc,
premièrement, cette lourdeur-là qu'on vit, quand on a un enfant lourdement
handicapé, on souhaite que vous la reconnaissiez puis que ça soit... Si c'est
via une prestation quelconque, ou une déduction, ou quoi que ce soit, il faut
que ça soit quelque chose qui est juste, qui est en fonction de notre tâche, si
je peux la nommer ainsi. Parce qu'en s'en occupant autant on apporte un
bénéfice social notable à la société. On fait sauver beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'argent parce qu'on s'en occupe à la maison. Donc, en faisant ça, on évite des
placements dans des hôpitaux ou dans des centres x, là, qui coûtent une fortune
à l'État. Donc, gardez ça en tête, il faut que ça soit quelque chose qui soit
équitable par rapport à la lourdeur que nous, on fait.
Pour les CLSC, bien entendu, c'est des
enveloppes budgétaires qui varient d'une région à l'autre. Ça fait que ça, il y
a une grande iniquité d'une région à l'autre. Il y a un gros roulement de
personnel aussi dans les CLSC. Anouk est une preuve flagrante, il y a eu un
arrêt de services, carrément, parce que la travailleuse sociale est tombée
malade, il n'y a pas eu personne pour la remplacer. Ça fait que de passer par
des organismes locaux, ou autres, là, ça pourrait être une <idée à...
Mme Dion (Geneviève) :
...aussi dans les CLSC. Anouk est une preuve flagrante, il y a eu un arrêt de
services, carrément, parce que la travailleuse sociale est tombée malade, il
n'y a pas eu personne pour la remplacer. Ça fait que de passer par des
organismes locaux, ou autres, là, ça pourrait être une >idée à explorer,
là, pour aider. Parce que le maillon faible, malheureusement, c'est souvent le
CLSC.
Mme Blais (Prévost) : C'est
la porte d'entrée. Le CLSC est la porte d'entrée, et, en plus, ça varie d'une
région à l'autre, comme vous l'avez dit. C'est comme si la prescription ne
suivait pas la personne, parfois, quand elle change de région, elle n'obtient
pas toujours les mêmes services d'un endroit à l'autre. Et ça, c'est aberrant,
il faut que ça change aussi, vous devez avoir les mêmes services tout le temps.
Les gens pensent souvent que, dans la loi,
la politique, le plan d'action, on ne va parler que d'aînés. Non. Il faut que
ce soit une politique qui touche tous les proches aidants et, en particulier,
les parents. Ce n'est pas parce qu'on est parent qu'on n'est pas proche aidant
quand on vit ce que vous vivez comme situation. Vous ne l'avez pas demandé. Ça
a mis votre carrière en veilleuse, ça a touché votre vie familiale, ça a touché,
pour vous, le comportement de votre enfant. Vous, vous êtes une personne, aussi,
endeuillée et vous devez continuer à vous battre. Bien, il faut qu'à quelque
part le gouvernement le voie, voie ce que vous faites et vous accompagne. C'est
pour ça qu'on veut faire une politique, un plan d'action, un plan
d'intervention aussi pour vous, là, qu'il s'appelle «dossier médical» ou «dossier...»
autrement, mais un dossier qui va tenir compte de votre capacité d'être proche
aidant. Il ne faut pas que vous soyez instrumentalisés là-dedans. Vous avez
besoin d'avoir du répit, on considère que le répit, c'est fondamental. Il faut
que vous soyez considérés parents et proches aidants 24 heures sur 24.
J'aimerais... Je pourrais épiloguer
longtemps, là, je suis partie, là, dans mes émotions avec vous. Vous me touchez
beaucoup puis vous en touchez d'autres, mais j'aimerais laisser mes collègues
vous poser des questions, si vous le permettez. Merci beaucoup d'être là et de
faire avancer la société par vos passages dans les médias et par votre passage
ici aujourd'hui.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Alors, je me tourne du côté de la
députée de Roberval qui m'a demandé la parole, on va avoir une autre
intervenante après, pour... À votre groupe parlementaire, il reste
10 min 35 s.
Mme Guillemette :
Parfait, merci. Bien, premièrement, merci, Mme Lanouette Turgeon et Mme Dion
d'être présentes ici aujourd'hui. Pour nous, c'est très important parce que
vous êtes de celles, avec vos familles, qui le vivent directement. On a eu
beaucoup d'autres témoignages d'associations, de regroupements, mais vous, vous
êtes directement impactées par la situation, et merci d'être ici pour nous le
partager.
Je vous écoutais tout à l'heure dire qu'on
devrait moduler l'aide financière selon la <lourdeur...
Mme Guillemette : ...
beaucoup
d'autres témoignages mais d'associations, de regroupements, mais vous, vous
êtes directement impactées par la situation, et merci d'être ici pour nous le
partager.
Je vous écoutais tout à l'heure dire
qu'on devrait moduler l'aide financière selon la >lourdeur. De quelle
manière on pourrait faire en sorte de moduler l'aide financière? Je comprends
qu'il y a des situations où c'est plus ou moins lourd, d'autres, c'est vraiment
beaucoup plus lourd, mais comment nous, en tant que citoyens, là, on pourrait
moduler cette aide-là pour qu'elle soit en lien avec ce que vous vivez vraiment?
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Je vais tenter une réponse, parce qu'à brûle-pourpoint, là, je n'ai pas une
formule magique. Nous, ce à quoi on avait pensé, dans une de nos rondes de revendications,
en fait, par rapport aux familles d'accueil, parce qu'on se comparait… Nous, dans
le fond, en tant que famille naturelle, on n'a pas le même soutien financier
qu'une famille d'accueil aurait, disons, pour s'occuper des enfants qui sont
des cas lourds comme les nôtres. Puis il existe, avec la DPJ, une espèce de
charte de six niveaux de lourdeur de cas selon la situation de l'enfant. Tu
sais, honnêtement, c'est des degrés, des fois, il y a des problèmes
psychiatriques, il y a toutes sortes de cas dont il faut tenir compte, des
troubles de comportement graves, tout ça. Donc...
(Interruption)
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Je suis désolée, je pensais qu'on avait éteint tous nos appareils, et il y en a
un qui sonne. Bon, donc ça, c'est par rapport à notre situation spécifique
d'enfants handicapés avec différents degrés de lourdeur. Là, il y a un niveau
de prestation intermédiaire qui a été établi avec le centre. Mais là, par
rapport à l'ensemble des situations des proches aidants et des gens qui
s'occupent de leurs conjoints, de leurs pères, de leurs mères, est-ce qu'on
peut mesurer en termes d'heures de soins par semaine qui sont consenties? Moi,
je considère que notre travail, c'est de dire : Il y a quelque chose qui
ne marche pas. Votre travail, c'est de trouver comment on peut faire pour que
la situation soit moins lourde pour nous. Parce qu'on a déjà assez de
formulaires à remplir, je vais vous dire, honnêtement, les tâches
administratives s'accumulent, donc là ce serait difficile pour moi de vous
arriver avec une solution.
Mais la chose que je voudrais souligner
aussi, c'est que, dans le fond, Mme Blais demandait : Qu'est-ce qu'il
faut de concret? La première porte, justement, celle à laquelle on cogne puis
qu'il n'y a pas de réponse, c'est le CLSC. Donc, il est là, le premier
problème, d'après moi. On demande des services et on se fait répondre qu'on ne
fitte pas dans telle case. Donc, le premier problème, pour moi, c'est : il
faut changer la mentalité, il faut changer le paradigme, il faut changer
quelque chose pour que l'écoute soit là puis que ça soit possible. Tu sais, ma
travailleuse sociale, là, même si elle a la meilleure volonté, elle ne peut pas
répondre à notre besoin, parce que je ne fitte pas, on ne fitte pas dans la
case. Donc, il est là, le premier problème, selon moi. Je n'ai pas...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Mme la <députée...
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
...
que l'écoute soit là puis que ça soit possible. Tu sais, ma
travailleuse sociale, là, même si elle a la meilleure volonté, elle ne peut pas
répondre à notre besoin, parce que je ne fitte pas, on ne fitte pas dans la
case. Donc, il est là, le premier problème, selon moi. Je n'ai pas...
La Présidente (Mme Lecours,
Les Plaines) :
Merci, Mme la >députée, je vois que la ministre
veut reprendre la parole.
• (11 h 40) •
Mme Blais (Prévost) :
Oui, juste pour préciser que c'est pour ça qu'on est là. Une loi va faire en
sorte que ça va changer le paradigme. Ils n'auront pas le choix, ça va être
dans une loi. La loi, c'est pour faire en sorte de mettre en place des actions,
mais de les faire évoluer dans le temps aussi, parce que ça va évoluer, et de
changer cette culture-là. Quand vous parlez... C'est vrai que c'est la porte
d'entrée, le CLSC, mais en ayant un dossier, que le proche aidant soit
reconnu... Quand on parle de reconnaissance, ce n'est pas une tape dans le dos,
là. Qu'il soit reconnu au même titre que la personne qui est aidée, bien, fort probablement
que ça va changer au niveau de l'approche. En tout cas, c'est ce qu'on
souhaite, c'est ce qu'on veut, on veut qu'on tienne compte de la santé et du bien-être
du proche aidant. Alors, je voulais juste vous le dire, que ça va inévitablement
changer, peut-être pas le lendemain matin, là, mais il va falloir que cette
culture-là bouge. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Je vois la députée d'Iberville qui
veut prendre la parole. Il reste 5 min 50 s.
Mme Samson : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, mesdames. Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que
j'ai beaucoup d'empathie pour ce que vous vivez et j'ai beaucoup d'admiration
pour votre courage, votre détermination et votre dévouement. Bravo à vous deux.
Dans votre document, vous souhaitez que
les personnes proches aidantes se voient accorder un statut légal. Vous n'êtes
pas les seules à y avoir fait allusion dans les différents mémoires, mais j'aimerais
mieux comprendre les avantages que cela pourrait vous conférer ou les avantages
que cela pourrait vous donner qu'il y ait un statut légal accordé aux proches
aidantes.
Mme Dion (Geneviève) :
Bien, à ma connaissance, là, en ne l'étant pas présentement, on n'est même pas
admissibles au crédit d'impôt pour aidants. Et puis, en ayant le statut de
proche aidant, comme la ministre a expliqué tantôt, ça va évoluer dans le temps
puis ça va être des moyens qui vont perdurer. C'est un statut qu'on va aller
chercher qui va nous aider.
Mme Samson : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Est-ce que j'ai d'autres interventions? Mme
la ministre? Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Bonjour, mesdames. Alors, dans un premier temps, je veux vous féliciter. Je
vous admire, je vous admire beaucoup de votre résilience. Souvent, vous
travaillez... Vivre quotidiennement avec un enfant handicapé n'est pas de tout
repos et souvent très <inquiétant. Alors, une chose que vous...
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
…b
onjour, mesdames. Alors, dans un premier temps, je veux vous
féliciter. Je vous admire, je vous admire beaucoup de votre résilience.
Souvent, vous travaillez... Vivre quotidiennement avec un enfant handicapé
n'est pas de tout repos et souvent très >inquiétant. Alors, une chose
que vous souhaiteriez qu'on fasse pour améliorer la situation des parents, qu'est-ce
que vous aimeriez? Quel serait votre plus grand souhait?
Mme Dion (Geneviève) :
C'est très difficile de simplifier ça dans un souhait, si vous saviez. Au
niveau... Est-ce que vous voulez savoir un souhait financier, un souhait pour
la santé, un souhait familial? Ce serait quoi? Dans quelle catégorie?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Votre priorité numéro un que vous aimeriez qui soit changée serait quoi?
Mme Dion (Geneviève) :
Vas-y. Pour moi, c'est trop compliqué, là, bien…
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Moi aussi, il y a beaucoup de choses qui me viennent, là, mais je dirais que, par
rapport à un projet de loi en proche aidance, ce qui serait, disons, peut-être
le plus central, ça serait d'arrimer les services qu'on donne à la personne
aidée puis les services qu'on donne aux proches aidants, parce que, là, c'est comme...
c'est deux personnes séparées, c'est deux dossiers séparés, c'est deux... puis il
n'y a comme pas... Tu sais, si moi, je demande de l'aide en tant que proche
aidante pour du répit, quand on évalue mon enfant, on ne me considère pas, moi,
tu sais. Donc, il faut que... En arrimant au moins les besoins des deux, bien,
ça serait un début.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, mesdames. Mme la ministre va terminer la
ronde de cette première période d'échange, 2 min 30 s.
Mme Blais (Prévost) :
Oui. Écoutez, vous venez de toucher le point... un point fondamental. Il faut vraiment
qu'il y ait une dyade, il faut vraiment qu'il y ait ce partenariat-là, il faut vraiment
qu'on tienne compte de la personne proche aidante en même temps que la personne
qui est aidée. Puis on est même allés plus loin, hein, quand on était en commission
parlementaire, on parle de postaidance. Alors, quand on perd un enfant, ce
n'est pas fini, la proche aidance, je pense qu'on continue de vivre cette situation-là.
On a des deuils à faire, mais ça reste avec nous toujours. Alors, moi, ce
partenariat-là m'apparaît essentiel. Si on veut réellement réussir au niveau du
projet de loi, de la politique, du plan d'action, du comité des partenaires, ça
nous prend des personnes aussi comme vous sur nos comités qu'on va mettre en
place, des gens qui vivent, évidemment, l'expérience du terrain. Alors, je
souhaite vraiment qu'avec vous on puisse réaliser des changements profonds dans
notre société.
En terminant, vous parlez d'une création
d'un fonds d'urgence pour les proches aidants. Alors, parlez-moi de ce
fonds-là.
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Bien, en fait, moi, ce qui m'a donné... bien, en tout cas, ce qui nous a donné
cette idée, c'est le fait qu'on semble être, quand même, encore à des années,
vu que la <machine...
Mme Blais (Prévost) :
... terminant, vous parlez d'une création d'un fonds d'urgence pour les proches
aidants. Alors, parlez-moi de ce fonds-là.
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Bien, en fait, moi, ce qui m'a donné... bien,
en tout cas, ce qui nous a
donné cette idée, c'est le fait qu'on semble être,
quand même, encore à
des années, vu que la >machine est ce qu'elle est, là, on fait un cadre,
on fait un projet de loi, après ça on fait une politique, après ça on fait un
plan d'action. Bon. Je trouve qu'on est à plusieurs années d'avoir quelque
chose de concret. Ça fait que je me disais : Non, c'est maintenant, là, tu
sais, les gens sont en détresse là, tout de suite. Donc, il faut... (Panne de
son) …les aider... (Panne de son) …à défaut d'attendre plusieurs années, est-ce
qu'on peut mettre en place quelque chose rapidement? Je trouve que vous êtes un
gouvernement parfois très dans l'action. Donc, go! Tu sais, là, là.
Mme Blais (Prévost) :
Oui. Bien, la politique est pas mal écrite. On veut la jumeler avec le projet
de loi, là. On ne veut pas faire une politique qui n'a pas de concordance avec
le projet de loi. On a un an pour déposer le rapport, mais, entre le dépôt du
rapport, on a quand même des sommes d'argent dans le budget pour faire avancer
les dossiers de proches aidants. Ça fait qu'on ne veut pas attendre 10 ans,
là, pour faire les choses, on veut que ça se fasse rapidement, là. Moi, je suis
pressée, hein? Rendu à mon âge, je suis très, très, très pressée, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup.
Mme Blais (Prévost) :
Alors, il faut que les choses avancent.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Merci, mesdames. Je me
tourne maintenant du côté de l'opposition officielle, et on m'indique que la députée
de Westmount—Saint-Louis veut prendre la parole. Votre groupe parlementaire a
11 minutes.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, mesdames. D'emblée, Mme Lanouette Turgeon, j'aimerais
offrir mes sincères condoléances en personne, en vive voix, pour le décès de la
soeur. Vous avez absolument raison, elle avait un sourire magnifique, et je
suis toutes les interventions que vous faites pour amener la lumière sur sa
condition orpheline. Alors, je vous félicite encore, même qu'elle n'est plus
avec nous, puis elle est maintenant une étoile dans le ciel, que vous continuez
vos démarches. C'est inspirant… (Panne de son) …puis je joins ma voix aussi aux
collègues qui ont dit que vous êtes inspirantes toutes les deux, parce que vous
portez une bataille... vous menez une bataille pour plusieurs parents dans la
province.
Alors, je sais que, Mme Dion, vous
avez d'emblée dit que le rôle des proches aidants est essentiel. C'est vrai,
mais je dirais que les proches aidants sont une aide essentielle à la société.
Alors, ça, je pense que c'est la phrase plus importante pour moi, puis je sais
que nous jouerons probablement tous un jour le rôle de proche aidant. Je suis proche
aidante, comme vous le savez. On a déjà eu des discussions, mais ce qui me
frappe vraiment dans vos recommandations, et j'ai aussi lu avec grand intérêt
vos mémoires et le mémoire de L'Étoile de Pacho, que je regrette que Mme Richard
n'ait pas été accepté de venir présenter en commission parlementaire avec vous,
mais je sais que vous avez travaillé en collaboration, c'est la reconnaissance,
vraiment, au niveau légal du proche aidant. Puis je sais que vous avez fait
demander la question, mais je vous dirais que ça va être <important
qu'on...
Mme Maccarone : ...que Mme
Richard n'ait pas été acceptée de venir présenter en commission parlementaire
avec vous, mais je sais que vous avez travaillé en collaboration, c'est la
reconnaissance, vraiment, au niveau légal du proche aidant. Puis je sais que
vous avez fait demander la question, mais je vous dirais que ça va être >important
qu'on rajoute la proche aidance au niveau légal pour éviter la discrimination
aussi. C'est ça.
Vous avez fait demander la question :
Pourquoi que c'est important? Mais je dirais, à moins que vous n'êtes pas
d'accord avec moi, c'est important pour éviter la discrimination, il faut que
ce soit écrit dans la charte des droits et libertés. Je pense que c'est
important, le statut des proches aidants, pour éviter la discrimination
systémique, que ça soit au niveau d'emploi, que ça soit au niveau d'accès aux
subventions, de l'argent, pour que... Vous avez aussi mentionné, proches
aidants, que nous n'avons pas accès à moins de 18 ans, quand nos enfants
sont dans le secteur jeunesse.
• (11 h 50) •
Alors, ma question pour vous, c'est :
Dans l'état actuel du projet de loi, pensez-vous qu'il y aura vraiment un
changement? Parce que, dans mon estime, c'est une très bonne volonté de la part
de la ministre, puis je la salue d'avoir émis quelque chose pour discussion,
mais, dans le fond, il n'y a rien à l'intérieur du projet de loi qui va faire
un changement légal. Alors, est-ce que vous êtes d'accord avec cette analyse?
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Bien, en fait, je suis parfaitement d'accord que ça devrait être intégré
jusqu'à dans la charte, carrément, que ce soit au même titre que discrimination
interdite sur l'orientation sexuelle, ou l'origine ethnique, ou quoi que ce
soit, ça serait un changement tout à fait souhaitable. Après, il y a tout un
changement de mentalité, après, à faire même chez les employeurs aussi, là, parce
que c'est beau de dire que c'est interdit, mais après, sur le terrain, bon, c'est
une autre histoire.
Le statut légal, en fait, je le voyais
aussi d'une façon fiscale. C'est que, là, il faut trancher qui est proche
aidant, qui ne l'est pas, parce que, sinon, tout le monde l'est puis personne
ne l'est, tu sais. Quand on demande un soutien financier, bien, il faut avoir
quelque part un... Justement, ce statut-là aurait… confirmerait qui est proche
aidant, qui ne l'est pas. Encore là, à quel degré, à quel nombre d'heures de
soutien par semaine commence la proche aidance? Je ne suis pas capable de
répondre à cette question-là. Ça, c'est à vous.
Mais, bon, dans l'état actuel du projet de
loi, il y a une autre chose que je voudrais mentionner, c'est qu'en fait je
vois très peu d'obligations de résultat, ce qu'on appelle «clause d'impact»,
là, quelque part vers la fin, je ne sais plus à quel point. En fait, est-ce que,
vraiment, les autres ministères, dont les actions, dont les mesures ont des
conséquences sur les personnes proches aidantes, vont être tenus de respecter
cette éventuelle loi puis de <démontrer que...
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
…
ce qu'on appelle «clause d'impact», là, quelque part vers la fin, je ne
sais plus à quel point. En fait, est-ce que, vraiment, les autres ministères,
dont les actions, dont les mesures ont des conséquences sur les personnes
proches aidantes, vont être tenus de respecter cette éventuelle loi puis de
>démontrer que leurs mesures ne vont pas, justement, porter atteinte ou
faire en sorte qu'il y ait de la discrimination envers les personnes proches
aidantes? Il y a… Ça ne semble pas être clair, que les autres ministères vont
avoir… vont être imputables, disons… (Panne de son).
Mme Maccarone : Ça fait que,
dans le fond, qu'est-ce qui va changer dans la vie d'une proche aidante, selon
votre avis, si on adopte le projet de loi actuel aujourd'hui?
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Bien, en fait, moi, je n'ai pas la réponse à cette question, c'est justement
pour ça que je manifeste mon impatience. Je suis contente de savoir que la
politique est déjà en cours de construction, là, mais, moi, dans l'état actuel,
le projet de loi… Moi, ça m'irrite, lire des choses comme ça qui ne sont que
théoriques. J'ai été traductrice longtemps, puis j'en ai traduit beaucoup, du
langage de fonctionnaire, là, puis je suis un petit peu allergique. Donc, je
suis désolée de vous l'exprimer. Mais donc j'ai hâte, là, parce que moi, je ne
vois pas qu'est-ce que ça va changer dans ma vie si, là, tout de suite, on
l'adopte, le projet de loi. Ça va être plus tard, au moment de la politique, du
plan d'action, que là, j'espère, il va y avoir des choses concrètes. Je reste
sceptique d'ici là.
Mme Maccarone : Moi aussi, j'ai
hâte à mettre du concret dans le projet de loi, ça fait qu'on est solidaires. Je
pense, je vais juste poser deux questions rapides avant de passer la parole à
ma collègue, mais je suis très intéressée à vous faire entendre qu'est-ce qu'il
faut changer. Je sais que vous avez abordé un peu le niveau de CLSC et
partenariat, quand on parle de la dyade pour les personnes proches aidantes.
Alors, est-ce que vous pourriez élaborer juste un peu sur les mesures les plus
importantes, s'il faut trancher, pour ces deux sujets?
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Deux sujets étant partenariat et?
Mme Maccarone : CLSC.
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Oui, CLSC. Bon, bien, en fait, ce qu'on a élaboré dans le mémoire, c'est en
considérant... comme Geneviève le soulignait tantôt, que, souvent, le maillon
faible, c'est le CLSC, c'est la travailleuse sociale, qui est supposée être
l'intervenante pivot, mais souvent il y a le roulement. Il est tel qu'il faut
tout le temps recommencer notre histoire, il faut tout le temps relancer la
demande de services, puis ça devient vraiment pénible.
Donc, moi, ce que je... bien, ce qu'on
avait imaginé, c'est un modèle de partenariat qui impliquerait organisme
communautaire, équipe pivot du CLSC, pas une intervenante mais une équipe.
Comme ça, s'il y en a une qui tombe, bien, au moins, il y en a une autre qui
n'est pas loin, qui pourrait être ergo, qui pourrait être psychoéducatrice, qui
pourrait être... Ce n'est pas obligé d'être toutes des TS, là, parce que,
malheureusement, ils sont beaucoup en burn-out, ces gens-là, je suis désolée, je
leur offre mes sympathies, bon, mais c'est vrai, le taux de roulement est
ahurissant, là, chez les travailleuses sociales, travailleurs sociaux.
Donc, je parle d'un écosystème, j'aime
bien ce mot, autour de la dyade, personne aidée et proche aidante, parce qu'il
y a des modèles de partenariat qui existent, là, déjà, qui ont été formalisés
plus du côté anglophone, d'après ce que j'ai trouvé, là, des trucs axés sur la
personne, sur les <besoins...
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
...
travailleurs sociaux.
Donc, je parle d'un écosystème, j'aime
bien ce mot, autour de la dyade, personne aidée et proche aidante, parce qu'il
y a des modèles de partenariat qui existent, là, déjà, qui ont été formalisés
plus du côté anglophone, d'après ce que j'ai trouvé, là, des trucs axés sur la
personne, sur les >besoins de la personne. Donc, c'est une équipe qui
entoure la personne handicapée ou la personne malade, qui est formée de
quelques membres de la famille, quelques membres de son réseau plus informel et
les membres du réseau, justement, public.
Puis on ne peut pas ici décharger toute la
responsabilité sur le réseau informel, comprenez-moi bien, mais que ce soit un
travail d'équipe et que ce soit pour décharger... pour éviter l'épuisement de
la personne proche aidante, parce que, souvent, c'est, justement... tout repose
sur les épaules d'une seule personne qui n'a pas l'espace mental pour imaginer
de s'organiser autrement pour avoir un meilleur soutien, parce qu'on est dans
l'épuisement constant. Donc, moi, ça serait ça, mon... (Panne de son) …en fait,
que ma travailleuse sociale, par exemple, m'aide à construire, autour de mon
enfant handicapé, celui qui me reste, un réseau d'aide puis de... pour l'aider
à atteindre ses buts, cet enfant-là, dans toutes les sphères de sa vie,
auxquelles moi, je ne fournis pas à mes tâches.
Mme Dion (Geneviève) : Si je
peux me permettre, je vais ajouter un petit quelque chose pour vous donner un
exemple concret d'à quel point que c'est lourd pour nous. À chaque année, ma
travailleuse sociale me fait remplir un questionnaire obligatoire pour
justifier pourquoi Naomi est encore handicapée. C'est une maladie génétique,
elle ne guérira jamais. Je leur ai dit, à partir du jour un, et, à chaque année,
je dois rejustifier pourquoi Naomi est encore handicapée, sinon ils me coupent
mes heures. On en est là, là.
Mme Maccarone : …c'est
ridicule et inacceptable, là, il faudrait absolument changer ça. Alors, ceci...
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je vais... Pour 1 min 26 s, la parole
est à la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci, Mme la
Présidente. Mme Dion, Mme Lanouette Turgeon, merci pour votre
témoignage. Et j'ai le goût de vous dire... au-delà de tous les mots que vous
avez entendus puis notre sensibilité, j'ai vraiment le goût de vous dire
qu'avec ce que vous venez de nous dire il faut que ça soit au centre du projet
de loi. Et vous avez clairement nommé à quel point ce projet de loi n'apporte
aucune action concrète qui vous donne de l'oxygène, qui vous donne du soutien
de plus demain matin. Les délais sont grands, puis on est un peu à la même
place que vous à se dire qu'on aimerait drôlement être devant une politique,
alors qu'on serait déjà dans du plus concret.
Moi, ce que j'ai le goût de vous dire
clairement, puis dites-moi simplement si j'ai la bonne lecture... On parle
d'écosystème, mot que j'aime beaucoup. Dans le fond, là, ça prendrait vraiment,
de façon très concrète, des intervenants qui se parlent, l'intervenant pivot,
l'action communautaire, du répit qui est plus intense, parce que, clairement,
30 jours par année, ce n'est pas suffisant. Alors, on est en train de
parler d'une intervention en approche globale autour de vous dans la
simplification. C'est quelque chose de très humain, c'est un <principe
de...
Mme Sauvé :
...
des
intervenants qui se parlent, l'intervenant pivot, l'action communautaire, du
répit qui est plus intense, parce que, clairement, 30 jours par année, ce
n'est pas suffisant. Alors, on est en train de parler d'une intervention en
approche globale autour de vous dans la simplification. C'est quelque chose de
très humain, c'est un >principe de partenariat. Or il n'y a rien qui
existe dans le projet de loi. Moi, j'ai le goût de vous dire qu'il faut qu'on
travaille là-dessus, vraiment dans la bonification du projet de loi, tout cet
espace de partenariat très tricoté serré autour de vous, puis de se garder en
tête votre témoignage pour s'assurer que tout ce qu'on mettra de plus dans ce projet
de loi, bien, c'est du concret de plus pour vous.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée de Fabre. Je me tourne
maintenant vers le deuxième groupe d'opposition, avec le député de Jean-Lesage,
pour 2 min 45 s.
M. Zanetti : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation qui est très touchante et
bouleversante. Vous avez parlé de la question du répit, qui est fondamentale. J'aimerais
savoir... Je ne sais pas si vous avez pu identifier un endroit dans le projet
de loi en particulier où on pourrait ajouter des éléments sur le répit ou,
sinon, si vous pourriez nous décrire de quoi vous avez besoin. Qu'est-ce qui
pourrait… Qu'est-ce qu'on pourrait ajouter dans… pour donner du répit?
Mme Dion (Geneviève) : Bien,
écoutez, présentement, Le Phare, Enfants Familles est la seule maison de soins
palliatifs pédiatriques au Québec. Non seulement ils offrent le volet soins
palliatifs pédiatriques, mais ils ont le volet répit aussi. Ils ont seulement
12 lits. C'est la seule au Québec, et ils ont seulement 12 lits. Je
pense que c'est grandement insuffisant. Des enfants lourdement handicapés,
d'année en année, il y en a de plus en plus qui viennent au monde et qui
survivent parce que la médecine est de plus en plus poussée.
Alors, le volet répit doit être
considérablement mieux subventionné par l'État, en aidant Le Phare, entre
autres, à peut-être faire un agrandissement, à ouvrir d'autres maisons comme Le
Phare, Enfants Familles. Parce que nous, comme parents, ça ne nous coûte rien
quand on l'envoie là-bas parce que Le Phare a des subventions du gouvernement
et a des dons aussi, et leurs revenus viennent de ces deux sources-là
essentiellement. Donc, ce n'est pas assez. On en manque. Et nous, ça ne nous
coûte rien, quand on les envoie, comme je vous dis. Parce qu'il y en a
probablement d'autres, endroits pour du répit, mais ce n'est pas nécessairement
ces soins-là, et il y a souvent des frais qui sont… qui doivent être déboursés
par les parents.
M. Zanetti : Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous avez encore 30 secondes, s'il y a un petit
message.
M. Zanetti : Ah! bien, je vous
remercie beaucoup, puis c'est… une chance que vous faites ce que vous faites et
que vous êtes là pour tout le monde. Ça doit donner beaucoup de courage à tout
le monde de savoir aujourd'hui que vous venez nous donner vos témoignages.
Alors, on va en faire bon usage. Merci.
Une voix
: Merci.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Je me tourne maintenant du
côté du <député de…
>
12 h (version révisée)
<17955
M.
Zanetti : …bien, je vous remercie beaucoup, puis c'est… une chance que
vous faites ce que vous faites et que vous êtes là pour tout le monde. Ça doit
donner beaucoup de courage à tout le monde de savoir aujourd'hui que vous venez
nous donner vos témoignages. Alors, on va en faire bon usage. Merci.
Une voix
: Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
Merci beaucoup, M. le député. Je me
tourne maintenant du côté du >député de Rimouski, pour une période de
2 min 45 s.
M. LeBel : Bonjour, mesdames.
Moi aussi, c'est sûr que j'ai été touché par ce que vous avez dit, mais je peux
comprendre, par exemple, plusieurs personnes doivent se dire qu'elles sont
touchées par ce que vous dites, mais vous dites : C'est beau être touché,
mais donnez-nous… faites des actions. Les belles paroles, c'est bien, mais on a
besoin d'actions.
Vous dites que la loi… vous parlez d'un exercice
diplomatique. Moi, je vous dis, je suis plutôt d'accord avec l'histoire de la
loi, parce que c'est une loi-cadre qui va faire en sorte qu'il y aura des politiques
sur cinq ans, les prochaines années. Ça fait que la loi qu'on fait là… c'est
hyperimportant, ce qu'on fait. Je trouve ça un peu spécial, par exemple, que la
ministre nous dit que la politique est déjà pas mal prête, avant même que la
loi-cadre soit faite. C'est un peu particulier, mais on va travailler tout le
monde ensemble.
Vous dites aussi qu'il y a déjà cette
affaire, là, maintenant, même là, maintenant, avant que les politiques se
mettent en place, puis un des gestes, là, c'est le fonds d'urgence. Moi,
j'aime, je comprends le mot «urgence», ça veut dire que ce n'est pas un fonds
que vous voulez voir trop, trop loin, c'est un fonds… parce qu'il y a des
urgences maintenant, là, maintenant, puis je peux comprendre que, dans une
période de pandémie, il y a plein de proches aidants qui ont des cas d'urgence.
Comment vous le voyez, ce fonds-là? Il serait géré comment, et comment vous
pensez qu'on pourrait le mettre en place rapidement? Et vous pensez à quelle
sorte de fonds?
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
Honnêtement, je vais être obligée de vous renvoyer la question parce que
j'admets que ça dépasse mes compétences d'y répondre. Moi, ce que… l'idée d'un
fonds d'urgence, c'est par rapport au fait que, si je demande tout de suite,
là, justement, de l'aide à mon CLSC, la réponse, c'est : Non, nos
enveloppes sont vides, vous ne cadrez pas dans les critères. Donc là, il
faudrait une enveloppe qui soit plus discrétionnaire, peut-être, je ne sais
pas, qui soit hors balises. Parce que c'est ce que mon CLSC m'a dit, finalement,
après des semaines de lutte et d'acharnement, ils ont fini par nous consentir
quelques heures de répit en nous disant : On prend ça dans l'enveloppe du
chèque emploi-servicesmême si votre enfant ne cadre pas dans les critères,
c'est une entente hors balises. Bon, en tout cas, je n'ai pas trop compris.
Donc, moi, c'est ça, ce que je trouve très difficile à vivre pour les proches
aidants, c'est d'être constamment pris dans un système où, on dirait, il n'y a
que des failles, on tombe… on ne cadre pas dans telle série de critères, donc
on est refusé. Donc, c'est ça qui est épuisant, là.
Je verrais quelque chose de plus global,
qui serait, disons, moins contraignant, puis où on peut répondre aux besoins
des familles, tu sais. Nous, on peut parler pour nous. Le proche aidant qui s'occupe
de son conjoint en perte d'autonomie a peut-être d'autres besoins. C'est sûr
que le répit semble un besoin généralisé, mais il y en a pour qui ça va être
plus un soutien vraiment financier qui va être requis. Donc, il faudrait
pouvoir s'adapter, que ce soit à géométrie variable, là, s'adapter à la situation
de la personne au lieu d'essayer de faire fitter la personne dans un système
où, bien, elle ne <fitte…
Mme Lanouette Turgeon (Anouk) :
...
peut-être d'autres besoins. C'est sûr que le répit semble un besoin
généralisé, mais
il y en a pour qui
ça va être plus un soutien
vraiment
financier qui va être requis. Donc, il faudrait pouvoir s'adapter, que ce soit
à géométrie variable, là, s'adapter à la
situation de la personne au
lieu d'essayer de faire fitter la personne dans un
système où, bien,
elle ne >fitte nulle part, finalement — excusez les
anglicismes.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Mesdames, merci beaucoup pour votre témoignage, merci pour
votre exposé, votre contribution à la commission.
Alors, nous allons suspendre quelques
instants, le temps d'installer le prochain groupe en visioconférence. Merci
encore.
(Suspension de la séance à 12 h 03)
(Reprise à 12 h 05)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Alors, je souhaite la bienvenue aux gens du Collège des
médecins, Dr Gaudreault ainsi que Dr Trudeau. Alors, bienvenue à
cette séance. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
présenter les grandes lignes de votre mémoire. Nous procéderons par la suite à
un échange avec les membres de la commission. Alors, pour l'heure, voici, je
vous invite à vous présenter et à débuter votre exposé.
Collège des médecins du
Québec (CMQ)
(Visioconférence)
M. Gaudreault (Mauril) :
Merci, Mme la Présidente. Bien, comme vous l'avez dit, je suis le
Dr Mauril Gaudreault, président du Collège des médecins du Québec, et je
suis accompagné du Dr Jean-Bernard Trudeau, qui est le directeur général
adjoint mais aussi <responsable...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
…Alors, pour l'heure, voici, je vous invite à vous
présenter et à débuter votre exposé.
(Visioconférence)
M. Gaudreault
(Mauril) :
Merci, Mme la Présidente. Bien, comme vous
l'avez dit, je suis le Dr Mauril Gaudreault, président du Collège des
médecins du Québec, et je suis accompagné du Dr Jean-Bernard Trudeau, qui
est le directeur général adjoint, mais aussi >responsable chez nous des
relations avec les ordres professionnels.
Mme la ministre, Mmes et MM. les
parlementaires, le Collège des médecins du Québec vous remercie de lui
permettre de vous présenter ses réflexions concernant le projet de loi
n° 56, Loi visant à reconnaître et à soutenir les personnes
proches aidantes et modifiant diverses dispositions législatives.
Permettez-nous, d'entrée de jeu, d'appuyer
et de saluer les objectifs de reconnaissance et de soutien des personnes
proches aidantes poursuivis par le projet de loi. Il était temps que le
gouvernement du Québec reconnaisse formellement la contribution significative
des personnes proches aidantes au bien-être et au soutien des personnes
vulnérables et en perte d'autonomie de tous âges. Plus que jamais, les
personnes proches aidantes ont non seulement besoin d'être reconnues et d'avoir
des canaux de communication formels avec l'État pour exprimer leurs besoins
mais elles ont besoin de services pour... (panne de son) ...et les personnes
dont elles ont la charge, dont le nombre ira d'ailleurs en grandissant.
Autrement dit, les proches aidants ont besoin d'aide, et le projet de loi est
un pas dans la bonne direction.
Les personnes proches aidantes apportent
une contribution significative aux personnes vulnérables en perte d'autonomie
dans notre société. Principalement, elles offrent un soutien émotionnel,
prodiguent des soins ou répondent à des besoins liés à la situation de la
personne, par exemple, transport, rendez-vous avec des professionnels, repas,
ménage, etc. Elles le font en complément des soins et services dispensés par le
réseau public de santé et de services sociaux. Elles soutiennent la personne
aidée de manière occasionnelle ou continue, à court ou à long terme, selon
l'évolution de l'intensité de la situation. Elles jouent leur rôle soit à
domicile ou au domicile de la personne âgée ou, encore, dans des lieux de
résidence d'hébergement comme les CHSLD.
Offrant leur soutien volontairement, selon
leur propre situation de vie et leurs capacités, les personnes proches aidantes
peuvent à tout moment décider de le réduire ou de mettre fin à leur implication
auprès de la personne aidée. Avec toutes ces responsabilités, les personnes
proches aidantes se négligent souvent, cependant. Et pourtant elles ont, comme
les personnes dont elles prennent soin, des besoins fondamentaux. Il faut les
aider à ne pas s'oublier.
Si le collège reconnaît l'utilité de la
mise en place de structures comme des comités et des observatoires qui assurent
une vigie de la situation des personnes vulnérables et des proches aidants,
nous pensons que ces structures ne devraient pas être le principal
investissement de l'État pour les soutenir. Les investissements doivent se
faire dans les soins et services à domicile, le soutien économique et l'offre
de répit. Ils <doivent…
M. Gaudreault (Mauril) :
...observatoires qui assurent une vigie de la situation des personnes
vulnérables et des proches aidants, nous pensons que ces structures ne
devraient pas être le principal investissement de l'État pour les soutenir. Les
investissements doivent se faire dans les soins et services à domicile, le
soutien économique et l'offre de répit. Ils >doivent aussi faciliter
l'accès aux ressources d'hébergement en temps opportun pour les personnes qui
présentent une incapacité. L'épuisement est probablement le principal problème
des proches aidants, et, actuellement, le système de soins et de services
possède des lacunes lorsqu'il s'agit de le prévenir ou de le soulager. L'amélioration
des soins à domicile est donc, selon nous, l'élément le plus important.
• (12 h 10) •
Toutefois, bien sûr, nous remarquons que
certaines décisions gouvernementales prises au fil des années ont malheureusement
fait en sorte que de moins en moins de médecins se tournent vers cette pratique
qui va à l'encontre des exigences de productivité établies par le gouvernement.
Il suffit de penser à la Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de
médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions
législatives en matière de procréation assistée. En vertu de cette loi, les médecins
de famille doivent notamment assurer le suivi médical d'un nombre minimal de
patients et se rendre disponibles auprès des personnes assurées en utilisant un
système de prise de rendez-vous mis en place conformément à cette loi. À défaut
pour un médecin de se conformer à ces obligations, la loi prévoit même la
réduction de sa rémunération par la Régie de l'assurance maladie. Nous pensons
donc que l'État doit trouver un juste équilibre entre des exigences de
productivité, avec lesquelles nous sommes d'accord, mais aussi le désir de
maintenir le plus longtemps possible à domicile les personnes vulnérables tout
en maintenant la qualité des soins et des services offerts.
Par ailleurs, il est utile de rappeler que
le collège a adopté, au cours des dernières années, plusieurs règlements
d'autorisation, le but étant d'être plus flexible afin que d'autres
professionnels — je fais référence ici aux infirmières praticiennes
spécialisées, aux pharmaciens ou encore aux inhalothérapeutes... — afin
qu'ils puissent exercer certaines activités réservées aux médecins et ainsi
offrir des traitements et des soins plus facilement et plus rapidement. Vous
aurez compris, notre première recommandation est donc d'insister davantage sur
le développement et la consolidation des services et de soins à domicile plutôt
que sur des structures.
Dans un deuxième temps, le collège
aimerait souligner sa grande ouverture quant à une collaboration éventuelle
avec le Regroupement des aidants naturels du Québec. Nous avons rencontré ses
dirigeants dans le cadre de la vaste consultation publique menée par le collège
au cours de l'année 2019 et nous croyons qu'il est essentiel de travailler
étroitement avec eux afin de connaître les besoins réels des personnes proches
aidantes.
Un des problèmes importants pour les
personnes proches aidantes est la difficulté d'accès, par ailleurs, à des
ressources d'hébergement pour les personnes présentant une incapacité. À
l'heure actuelle, les listes d'attentes sont telles qu'elles représentent un
fardeau additionnel pour les proches aidants qui ne bénéficient pas d'un
soutien à <domicile...
M. Gaudreault (Mauril) :
...
Un des problèmes importants pour les personnes proches aidantes est
la difficulté d'accès, par ailleurs, à des ressources d'hébergement pour les
personnes présentant une incapacité. À l'heure actuelle, les listes d'attentes
sont telles qu'elles représentent un fardeau additionnel pour les proches
aidants qui ne bénéficient pas d'un soutien à >domicile, comme nous le
mentionnions dans notre première recommandation. Il faudrait donc, dès maintenant,
faciliter l'accueil en hébergement afin de réduire les listes d'attentes. Bien
sûr, la mise en place des maisons des aînés avec la possibilité d'y intégrer
une participation complémentaire des personnes proches aidantes sera un pas
dans la bonne direction.
Enfin, dans le cadre d'une éventuelle
politique concernant les personnes proches aidantes, celles-ci devraient
pouvoir être soutenues de façon appropriée par un meilleur accès au réseau de
la santé et des services sociaux et en repoussant les limites de services et de
soins offerts à domicile afin de répondre à leurs besoins spécifiques ainsi
qu'à ceux des personnes qu'elles aident, notamment, ici, par des mesures
économiques et des moyens d'obtenir du répit.
En conclusion, le collège approuve la
reconnaissance des compétences des personnes proches aidantes et la mise en
place par le projet de politique nationale de véritables partenariats de soins
et de services au bénéfice des personnes qui présentent une incapacité et des
personnes proches aidantes elles-mêmes. Il considère cependant que cette mesure
n'aura de sens et ne sera effective que si elle s'accompagne d'abord et avant
tout d'une meilleure offre de soins et de services publics aux personnes qui
présentent une incapacité, aussi bien à domicile qu'en ressources
d'hébergement, et d'un soutien privilégié aux proches qui les assistent.
Voilà, le Collège des médecins du Québec
vous remercie de lui avoir permis de partager ses réflexions, et c'est avec
plaisir que nous répondrons à vos questions. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Dr Gaudreault, Dr Trudeau. Alors,
nous entamons la période d'échange avec les membres de la commission. Je me
tourne du côté de la ministre, pour une période de 16 min 30 s.
Mme Blais (Prévost) :
Dr Trudeau, Dr Gaudreault, on va terminer nos consultations
particulières avec vous, avec le Collège des médecins, on a eu l'association
canadienne médicale aussi. Vos réflexions sont importantes pour nous.
Tout d'abord, peut-être, pour mon collègue
de Rimouski, mentionner qu'en premier lieu nous devions déposer une politique
nationale des proches aidants, donc les consultations ont commencé le
11 décembre 2018. Donc, on était... on a recueilli beaucoup de matériel, mais,
en cours de route, avec nos consultations, la loi s'est profilée à l'horizon
pour enchâsser la politique, pour enchâsser un plan d'action. Et je tiens à
vous dire que l'observatoire, ça ne sera pas une grosse structure, là, c'est
avec les RUISSS, ce qui existe, donc avec un matériel existant, là, mais c'est
pour faire en sorte que nous puissions faire avancer les actions, le plan
d'action, tenir compte aussi de la <santé...
Mme Blais (Prévost) : ...Et
je tiens à vous dire que l'observatoire, ça ne sera pas une grosse structure,
là, c'est avec les RUISSS, ce qui existe, donc avec un matériel existant, là,
mais c'est pour faire en sorte que nous puissions faire avancer les actions, le
plan d'action, tenir compte aussi de la >santé et du bien-être du proche
aidant, que tous les ministères, lorsqu'ils déposent des lois, des modifications
réglementaires, tiennent compte des proches aidants si telle est l'orientation
dans leurs lois et dans leurs changements de règlements.
Écoutez, vous avez un peu parlé, comme
l'Association médicale canadienne, du fait que le maintien à domicile, le
soutien à domicile, c'est la clé, hein, c'est la clé de tout, parce qu'il n'y a
pas un gouvernement qui va être capable de soutenir annuellement la
construction de 3 000 places d'hébergement, et les gens veulent
rester à la maison le plus longtemps possible.
Vous avez parlé des médecins. C'est vrai
qu'avec une certaine loi passée on a restreint en quelque sorte le fait que les
médecins puissent se déplacer à domicile, et c'est tellement important que les
médecins puissent aller à domicile, puissent aller aussi dans les CHSLD. Moi,
je me souviens, quand j'étais plus jeune, mon médecin venait à domicile, et c'est
comme ça qu'on peut garder les gens dans nos villes, dans nos villages le plus
longtemps possible et que l'hébergement soit réellement pour les personnes qui
sont en très, très lourde perte d'autonomie.
Avant de vous poser la question sur un
plan d'accompagnement, je tiens aussi à vous féliciter pour votre souplesse en
lien avec les infirmières praticiennes, en lien avec les inhalothérapeutes, en
lien avec les pharmaciens. C'est une très belle collaboration et une belle
ouverture qui va apporter beaucoup d'air, hein, de l'air, en tout cas, au
réseau de la santé, qui est souvent écorché et malmené.
Ma collègue de Fabre parlait d'un plan
d'accompagnement, parlait d'un dossier médical. On veut que le proche aidant,
quand il... quand l'aidé voit le médecin, on veut que le proche aidant soit
considéré aussi par le médecin. Le proche aidant n'a pas nécessairement un
dossier médical, comme tel, mais un plan d'accompagnement pourrait faire en
sorte que le médecin ou l'infirmière pivot, les gens qui s'occupent de la
personne aidée, bien, pourraient prendre en considération la santé, le
bien-être de la personne proche aidante. C'est un partenariat, ça devient une
dyade. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
M. Gaudreault (Mauril) :
Bien sûr. Vous savez, vous parliez, tout à l'heure, quand vous étiez plus jeune…
Moi, pendant 40 ans, j'ai pratiqué la médecine de famille à Chicoutimi,
notamment, toujours à Chicoutimi, puis j'ai fait beaucoup de visites à domicile,
et j'ai eu le privilège aussi d'amener des résidents en médecine de famille
avec moi pour faire de telles visites à domicile. Pour moi, les visites à
domicile et le soin à domicile, quand je dis qu'il faut mettre l'accent
beaucoup là-dessus, le <collège...
M. Gaudreault (Mauril) :
...
et j'ai eu le privilège aussi d'amener des résidents en médecine de
famille avec moi pour faire de telles visites à domicile. Pour moi, Les visites
à domicile et le soin à domicile, quand je dis qu'il faut mettre l'accent
beaucoup là-dessus, le >collège se porte garant de collaborer avec vous,
le gouvernement, avec les partenaires que sont aussi les fédérations et les
autres ordres professionnels, les autres professionnels, pour faire en sorte… Et
je l'ai dit souvent depuis deux ans, parce que je suis président depuis deux
ans, que le collège ferait tout son possible pour collaborer à l'amélioration
du réseau des services de santé au Québec, mais pas seul. On va faire ça
ensemble, en équipe.
Et, en ce sens-là, je pense que le
maintien à domicile des personnes qui le nécessitent, c'est une affaire
d'équipe avec d'autres professionnels de la santé, mais, également, dans
l'équipe, il doit y avoir le patient, évidemment, mais aussi le proche aidant,
la personne proche aidante. Donc, à mon avis, il faut… il faudra revoir, plusieurs
organismes ensemble, comment on pourrait mieux organiser les soins à domicile
pour les personnes qui le nécessitent.
Mme Blais (Prévost) :
Dr Gaudreault, je pense qu'il va y avoir un changement de culture à opérer,
parce qu'on a eu des témoignages comme : Oh oui! On s'occupe de l'aidé,
mais on ne s'occupe pas du proche aidant et le proche aidant était malade, ou
on demande des services au CLSC, une personne proche aidante qui a un enfant
lourdement handicapé, puis on ne peut pas vous offrir les services souhaités. Alors,
je pense qu'il va y avoir beaucoup de travail, au niveau d'un changement de
culture, pour vraiment considérer le proche aidant comme faisant partie d'un
tout et que le proche aidant soit aussi informé quand le médecin prend des
décisions par rapport à l'aidé, pour être en mesure de pouvoir suivre
l'évolution de la personne aidée.
• (12 h 20) •
M. Gaudreault (Mauril) :
Oui. C'est en ce sens-là. La collaboration doit être une collaboration de tous
les niveaux, avec tous les partenaires, puis c'est important. Et nous, au
collège, on a commencé, il y a quand même quelque temps, à impliquer ce qu'on
appelle des patients partenaires à l'intérieur de nos comités statutaires et
permanents, pour voir comment, ensemble, on pourrait participer de meilleure
façon à l'amélioration du système.
Donc, à mon avis, les proches aidants doivent
absolument être considérés comme des partenaires de l'équipe à part entière. Je
ne sais pas si Jean-Bernard a quelque chose de plus à dire là-dessus.
M. Trudeau (Jean-Bernard) :
Oui, bien, j'aimerais ça. Je trouve ça intéressant, ce que vous dites par
rapport à l'accompagnement. Vous avez raison, on est dans du changement de
paradigme, là, puis il y a des enjeux de formation puis de bien faire connaître
le proche aidant, rendre visible l'invisible, là, comme on dit souvent, là.
C'est que ces personnes-là, peut-être que les médecins puis les autres
professionnels de la santé ne comprennent pas toujours bien leur rôle, puis je
pense que des formations, là, pourraient être envisagées.
On travaille déjà des formations avec les
universités, la formation interdisciplinaire, plusieurs professionnels. On
implique de plus en plus les patients à l'intérieur de ces formations-là, et
ça, ça change les paradigmes puis ça change les <façons...
M. Trudeau (Jean-Bernard) :
...
peut-être que les médecins puis les autres professionnels de la santé
ne comprennent pas toujours bien leur rôle, puis je pense que des formations,
là, pourraient être envisagées.
On travaille déjà des formations avec
les universités, la formation interdisciplinaire, plusieurs professionnels. On
implique de plus en plus les patients à l'intérieur de ces formations-là, et
ça, ça change les paradigmes puis ça change les >façons... ça aide
beaucoup plus rapidement à faire évoluer les pratiques.
L'idée d'avoir un dossier commun puis
d'arrêter de se rabattre derrière la confidentialité… Je pense qu'il faut
enseigner à nos médecins, mais il faut enseigner à tous les professionnels. On
peut maintenir la confidentialité, mais ça ne veut pas dire de couper la
communication. On peut très bien communiquer, on peut très bien sensibiliser,
on peut très bien démystifier sans nécessairement brimer la confidentialité. Ça
fait qu'il faut arrêter d'avoir cette équation-là, qui est malsaine : c'est
confidentiel, je ne peux pas vous communiquer. Ce n'est pas vrai. C'est
confidentiel, mais on peut communiquer plein de choses qui vont aider puis qui
vont permettre d'avoir les conditions gagnantes pour faire... pour avancer au
niveau des soins à domicile.
Puis je veux juste vous dire qu'au cours
des dernières années, au Collège des médecins, on a beaucoup de professionnels
qui sont venus nous voir pour avoir notre appui pour plus d'autonomie à
domicile, ne pas être obligés d'aller à domicile puis là de revenir au médecin,
avoir, des fois, juste une signature ou une autorisation. On a fait des
avancées, mais je pense que ces avancées-là, on n'a pas nécessairement réussi à
bien les communiquer. Ça fait que, là, on a un défi de communication. On l'a
fait avec les IPS, on l'a fait avec les pharmaciens, on l'a fait avec les
diététistes, on l'a fait avec les inhalothérapeutes, les ergothérapeutes, les
physiothérapeutes, les travailleurs sociaux, les psychologues. C'est tous des
gens qui, à un moment donné ou à un autre, peuvent aussi aller à domicile, mais
ces gens-là, là, il faut qu'ils aient une intégration.Tantôt, vous parliez
d'infirmières pivots. Ça pourrait être un professionnel pivot. La personne la
plus significative, c'est la personne la plus significative pour la personne
aidée puis la personne aidante, qui, peut-être, peut devenir le pivot, à ce
moment-là, puis faire la différence.
Puis d'avoir un dossier commun pour que
tout le monde voie la même information, l'information du médecin et des autres,
pour éviter les duplications puis optimiser le travail à domicile, c'est
certain, il faut aller vers ça, parce que, écoutez, imaginez la fragilité
supplémentaire du réseau de la santé et des services sociaux si on n'avait pas
de proches aidants. Ça serait épouvantable, tu sais, on ne veut même pas
l'imaginer, mais il faut reconnaître à un moment donné que ces personnes-là,
là, font la différence. Puis c'est de l'altruisme pur, ça fait que cet
altruisme-là, il faut le reconnaître puis mettre les énergies à la bonne place.
Puis ça, bien, il faut sensibiliser les gens puis les former dans ce sens-là.
Mme Blais (Prévost) : Dernière
question avant de céder la parole à mes collègues. Bon, j'imagine que vous êtes
en faveur du projet de loi sur les proches aidants. On questionne beaucoup ici
à savoir est-ce que c'est nécessaire d'avoir une loi. Moi, je pense qu'une loi
va venir pérenniser, au-delà des gouvernements et dans le temps, le fait que le
proche aidant sera reconnu, qu'il obtiendra des services, des soins, et qu'il
va faire partie aussi de la vision que le réseau de la santé aura ou jettera
sur le proche aidant. Donc, le proche aidant va devenir <quelqu'un...
Mme Blais (Prévost) : ...
le
fait que le proche aidant sera reconnu, qu'il obtiendra des services, des
soins, et qu'il va faire partie aussi de la vision que le réseau de la santé
aura ou jettera sur le proche aidant. Donc, le proche aidant va devenir >quelqu'un
d'important dans l'accomplissement, dans l'accompagnement qu'on fera à la
personne aidée. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que j'énonce?
M. Gaudreault (Mauril) :O.K., Ah! absolument. Puis, dans mon mot d'introduction, et, de
même, dans le mémoire, on ne veut pas diminuer l'importance des structures, ce
n'est pas ça, je veux dire, ça en prend, des structures, puis il faut qu'elles
soient là, puis on est d'accord avec le projet de loi, totalement. Vous aurez
compris que ce qu'on veut, c'est d'aller plus loin encore par rapport au
maintien à domicile et par rapport au travail de collaboration qu'il va falloir
faire ensemble pour que ça fonctionne adéquatement, mais, oui, tout à fait, on
appuie le projet de loi à 100 %.
Mme Blais (Prévost) : Donc, de
toute façon, il n'y a pas un gouvernement, quel que soit le gouvernement, qui
ne peut plus ne pas se pencher sur les soins à domicile et faire en sorte que
les gens puissent vivre à la maison le plus longtemps possible.
M. Gaudreault (Mauril) :
C'est ça.
Mme Blais (Prévost) : Ça,
écoutez, je le dis, là, mais il me semble que c'est une vérité, là, qui nous
apparaît comme ça. Alors, merci pour votre témoignage. Merci pour votre
précieuse collaboration. Maintenant, je cède la parole à mes collègues s'il y a
des collègues qui veulent poser des questions.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la ministre. Alors, je vois que la députée
d'Abitibi-Ouest a quelques questions à poser. Il reste
5 min 11 s.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci, Mme la Présidente. Messieurs, merci pour votre présentation. Vous nous
sensibilisez au fait qu'un autre problème vécu par les personnes proches
aidantes est non-accessibilité au réseau de la santé et aux services sociaux.
Vous spécifiez la difficulté à joindre un professionnel pouvant les aider dans
l'accomplissement de leur... Pouvez-vous nous aider... bien, pouvez-vous nous
donner des exemples concrets, s'il vous plaît?
M. Gaudreault (Mauril) :
Bien, comme médecin qui est allé à domicile souvent dans sa vie, par rapport
aux proches aidants de patients que je visitais, moi, je leur donnais mon
numéro de téléphone puis je leur donnais une façon rapide de me joindre. Parce
que le problème, c'est ça, c'est que, s'il n'y a personne avec laquelle elles
peuvent communiquer, par rapport à la personne aidée mais par rapport à
elles-mêmes aussi, parce que, souvent, ces personnes-là vont s'oublier... Et
ça, c'est bien important, par rapport à prendre soin de la personne aidée et
prendre soin de la personne aidante.
Et quand, tout à l'heure, on disait ou on
spécifiait qu'elles doivent faire partie à part entière d'une équipe, à ce
moment-là, dans l'équipe, il y a d'autres professionnels de la santé, et le proche
aidant va pouvoir communiquer avec un des autres professionnels de façon
facile. Parce que ça, c'est compliqué, là. C'est sûr que, quand le médecin va à
domicile et que le proche aidant ou le patient en question n'a pas un accès
privilégié soit au médecin de famille ou à l'infirmière, le but visé du
maintien à domicile, nous ne <l'atteindrons pas. Il faut...
M. Gaudreault (Mauril) :
…Parce que ça, c'est compliqué, là. C'est sûr que, quand le
médecin va à domicile et que le proche aidant ou le patient en question n'a pas
un accès privilégié soit au médecin de famille ou à l'infirmière, le but visé
du maintien à domicile, nous ne >l'atteindrons pas. Il faut faciliter la
communication à cette personne-là.
La communication, là, c'est le gros défi
qu'on a, nous, en 2020, toute notre société. Quand je suis allé présenter le
mémoire du collège par rapport à favoriser les infirmières praticiennes
spécialisées, qu'elles deviennent plus autonomes, je disais à ce moment-là aux
membres de la commission : Je n'ai pas de problème du tout, le collège n'a
pas de problème à faire en sorte que les infirmières praticiennes soient plus
autonomes, mais si elles pratiquent en silo, le but que nous visons, nous ne
l'atteindrons pas. Le défi, ça va être que ces deux professionnels-là, le
médecin et l'infirmière praticienne, communiquent ensemble, comme le défi de
l'équipe de maintien à domicile et d'une personne proche aidante. Voilà.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je me tourne du côté de Mme
la députée de Roberval, pour 2 min 28 s.
Mme Guillemette : Merci, Mme
la Présidente. Merci, Dr Gaudreault, Dr Trudeau. On a chez nous
Jonquière-Médic — je crois que vous connaissez,
Dr Gaudreault — qui est un très beau modèle, qu'on pourrait
exporter un peu partout, de soutien à domicile et d'aide pour nos gens. On
voit… Ce qu'on a entendu dans les derniers échanges, c'est que c'est souvent la
porte d'entrée, au CLSC ou peu importe, c'est souvent là que ça se joue. Qu'est-ce
qu'on pourrait faire pour améliorer l'accès au réseau, comme vous l'avez dit
tout à l'heure, puis améliorer les services qu'on pourrait offrir aux proches
aidants? Parce qu'on sait que, souvent, quand il y a un décès, après, le proche
aidant, il n'existe plus, il est abandonné, puis, après, bien, on voit beaucoup
de dépressions, de burn-out, de troubles qui deviennent des troubles physiques.
Je sais que ma question est peut-être en plusieurs volets, là, mais comment
faire pour aider ces gens-là dans le pendant puis dans l'après aussi?
M. Gaudreault (Mauril) :Bien, je peux me permettre un début de réponse, mais je le
redis, là, le Collège des médecins du Québec n'a pas, là, de solution magique à
ce problème-là, là, mais ce que je veux que vous compreniez bien — et
j'aimerais ça être interpellé plus tard, par la suite, là — c'est
l'offre de collaboration du collège afin de faire partie, avec d'autres
partenaires, avec vous, etc., de discussions, comment on pourrait améliorer
ensemble les choses par rapport à tout ce désir de maintien à domicile.
• (12 h 30) •
Oui, je connais très bien les gens de
Jonquière-Médic, ayant pratiqué dans la ville à côté pendant 40 ans, là,
mais c'est une belle réussite, d'ailleurs, que les médecins de famille ont pu
faire dans votre territoire. Mais l'idée, vraiment, le collège, de <collaboration…
>
12 h 30 (version révisée)
< M. Gaudreault
(Mauril) :
...ce désir de maintien à domicile.
Oui, je connais très bien les gens de
Jonquière-Médic, ayant pratiqué dans la ville à côté pendant 40 ans, là,
mais c'est une belle réussite, d'ailleurs, que les médecins de famille ont pu
faire dans votre territoire. Mais l'idée, vraiment, le collège, de >collaboration
avec tous les autres partenaires pour faire en sorte d'améliorer les soins.
M. Trudeau (Jean-Bernard) : Si
je peux me permettre, rapidement, la notion de professionnel intégrateur, là,
tu sais, on parlait d'infirmière pivot, mais, s'il y a un professionnel qui est
capable d'être identifié pour une personne aidée, là, ça permet, justement, de
dynamiser les interfaces, là, dans le réseau de la santé puis de permettre
d'être comme sous un filet d'air, je dirais, où on peut circuler plus
librement. Mais il n'y a rien qui empêcherait, si la personne décède...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup.
M. Trudeau (Jean-Bernard) :
...qu'il y ait une bascule qui se fait pour s'assurer que ce professionnel
aidant là, ce professionnel intégrateur puisse prendre le relais.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, docteur. Merci beaucoup. Je suis désolée, hein? Je
suis, comme on dit, la «time keeper», là, la gardienne du temps. Alors, je me
tourne maintenant du côté de la députée de Fabre, qui bénéficie, pour son
groupe parlementaire, de 11 minutes.
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Dr Gaudreault, Dr Trudeau, un plaisir de vous
entendre. Écoutez, merci pour toute cette réflexion.
Et je veux un peu ramener... Parce que,
tantôt, on a parlé de notre regard par rapport au projet de loi, je veux bien
dire que, pour nous, ce qui est important, ce n'est pas de se dire est-ce
que ça prenait un projet de loi ou pas, ce qui est important, c'est que le projet
de loi puisse amener des actions concrètes et rapidement. Et, oui, nous sommes
à trépigner d'impatience à voir la politique qui va amener des éléments
concrets. Mais je vous entends bien quand vous faites l'analyse du projet de
loi et que vous dites que, vous aussi, oui, c'est bien beau les structures,
mais il faut qu'il y ait des actions concrètes qui soient mises de l'avant et particulièrement
en soutien à domicile. Je vous dirais qu'à travers tous les débats qu'on a eus,
et c'est une très bonne nouvelle, le soutien à domicile s'est invité dans
l'agenda du débat. Et, dans le fond, ça nous démontre à quel point le plus
grand répit qu'on peut offrir, entre autres aux proches aidants, c'est bien
sûr, ça passe par le soutien à domicile, et il y a bien du travail à faire de
ce côté-là, évidemment.
Moi, je retiens beaucoup, d'abord, bravo,
cette collaboration avec le Regroupement des aidants naturels, je pense que c'est
une belle nouvelle aussi, puis je retiens beaucoup votre désir de collaborer à
toute cette notion d'interdisciplinarité, pour... autour... que ce soit le
dossier médical ou un plan d'intervention et d'accompagnement. J'ai été
heureuse aussi d'entendre qu'on peut maintenir la communication et maintenir la
confidentialité.
Là, je vous amène tout de suite dans un
espace de collaboration. J'ai besoin de vous entendre. Vous avez parlé qu'il
faut, bien sûr, soutenir les proches aidants, mais il faut aussi prévenir leur situation
d'épuisement, et tout ça. Et je pense que vous conviendrez avec moi que
l'action communautaire, en termes de prévention, peut jouer un rôle avec
l'ensemble des partenaires. Il n'y a rien dans le projet de loi qui définit
vraiment tous les partenariats dont on a besoin autour du proche aidant.
Comment vous voyez ça, par exemple, là, dans un plan d'intervention et
d'accompagnement, le rôle d'intervenants non <professionnels...
Mme Sauvé :
…et je
pense que vous conviendrez avec moi que l'action communautaire, en termes de
prévention, peut jouer un rôle avec l'ensemble des partenaires. Il n'y a rien
dans le projet de loi qui définit vraiment tous les partenariats dont on a
besoin autour du proche aidant. Comment vous voyez ça, par exemple, là, dans un
plan d'intervention et d'accompagnement, le rôle d'intervenants non >professionnels,
qui ont une approche professionnelle mais qui sont des intervenants
communautaires, qui font de la prévention puis tranquillement qui doivent se
mettre en lien avec, bien sûr, des professionnels de la santé? Comment… C'est
quoi, un peu, votre vision de ça?
M. Gaudreault (Mauril) :
Je dirais, là, ici je vais faire un début de réponse puis je vais donner la
parole à mon collègue, mais la première chose la plus importante pour moi,
c'est de faire en sorte que les membres de l'équipe, là, soient conscients que
les proches aidants s'oublient souvent, et de prévenir ça, de les soigner
autant, finalement, que les personnes aidées. Parce que ça, pour avoir connu
cela, j'imagine que, peut-être, vous aussi, moi, j'ai connu ça souvent, les proches
aidants qui s'épuisent. C'est fantastique ce qu'elles peuvent faire, ces
personnes-là, mais, à un moment donné, si elles s'oublient, ça ne peut pas être
longtemps fantastique. Donc, pour que ça reste important, il faut qu'elles
prennent soin d'elles aussi par rapport à cela.
Et, à mon avis, certains membres de
l'équipe seraient plus… je dirais, veilleraient plus à ce que la personne
aidante prenne soin d'elle. Si elle fait partie d'une équipe, on va s'en
apercevoir à l'intérieur de l'équipe, si elle est partenaire vraiment à part
entière de l'équipe, que, tout à coup, elle risque de s'essouffler et elle
risque de faillir à la tâche. Donc, pour moi, c'est un membre de l'équipe qu'on
peut… ça peut être un intervenant en action communautaire, comme vous le dites,
ça peut être un psychologue, ça peut être n'importe quel membre de l'équipe, le
médecin de famille aussi, la travailleuse sociale de l'équipe, tout le monde.
Si on partage une vision puis si on discute ensemble de plan de traitement par
rapport à la personne aidée, l'épuisement qu'elle va éventuellement vivre, la
personne proche aidante, les gens vont s'en apercevoir, et ils vont être là
pour l'aider.
M. Trudeau (Jean-Bernard) : Si
je peux me permettre, vous vouliez voir si le rôle des organismes
communautaires, quand vous parlez du communautaire... C'est ça? O.K. Bien, vous
savez, pour moi… Moi, je viens du domaine de la santé mentale, avant d'avoir
été au Collège des médecins, là, ça fait que j'ai vu la force aussi du réseau
communautaire, des organismes communautaires. Pour moi, ce n'est pas
incompatible, loin de là. Ils sont déjà reconnus, les organismes communautaires,
je pense, dans la loi santé et services sociaux. C'est des joueurs aussi
excessivement importants.
Ça, je pourrais dire la même chose que
j'ai dite tout à l'heure par rapport aux proches aidants, sans les organismes communautaires,
le réseau de la santé serait en difficulté encore plus grande actuellement. Écoutez,
les organismes communautaires, on regarde les centres de crise, on regarde tout
ce qu'ils ont apporté, là, au réseau québécois, là, c'est un filet important.
Des fois, ils ne sont pas reconnus eux-mêmes à leur juste valeur, mais ça
pourrait être une belle opportunité de synergie. Mais, pour moi, il n'y a vraiment
aucune incompatibilité, au contraire, je pense qu'on travaille bien avec les organismes
communautaires, on pourrait travailler mieux, et il n'y a pas <d'incompatibilité
à ce…
M. Trudeau (Jean-Bernard) :
... au réseau
québécois, là, c'est un filet
important. Des fois,
ils ne sont pas reconnus eux-mêmes à leur juste valeur, mais ça pourrait être
une belle opportunité de synergie. Mais, pour moi, il n'y a
vraiment
aucune incompatibilité, au contraire,
je pense qu'on travaille bien avec
les
organismes communautaires, on pourrait travailler mieux, et
il
n'y a pas >d'incompatibilité à ce qu'il y ait une synergie puis une
dynamique, là, qui puisse s'installer, là, avec les proches aidants, puis que
des organismes communautaires puissent être en appui à eux, et vice versa, là,
tu sais, pour l'échange d'information, là. Pour moi, il n'y a pas
d'incompatibilité.
Mme Sauvé : Merci beaucoup.
Il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il vous reste encore 5 min 30 s.
Mme Sauvé : Je vais poser une
question, puis ensuite je vais céder la parole à ma collègue.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Parfait.
Mme Sauvé : Alors, merci pour
votre réponse. Et ce que j'entends aussi, c'est que, dans votre désir de
collaborer, il va falloir venir bien camper tout ce partenariat-là, toute cette
zone d'approche globale, avec, évidemment, le rôle multidisciplinaire de
chacun. Je pense que ça va être important de le bien camper dans le projet de
loi. C'est ce que j'entends, puis votre désir de collaborer, alors je salue ça.
Il y a un aspect, honnêtement, puis vous
êtes probablement les seuls, là, à ma mémoire, mais qui avez amené cette
réalité-là qui est tout le temps le rôle du proche aidant qui se poursuit alors
que l'aîné est en train d'attendre une place en établissement. Et ça, c'est un
élément. C'est d'ailleurs une de vos recommandations, c'est la recommandation deux.
Moi, je trouve ça important de vous entendre là-dessus, parce qu'effectivement
il y a un espace-temps qui se prolonge, là, pour le proche aidant qui se
retrouve dans l'insécurité de savoir à quel moment l'aîné va être en
établissement. Alors, il faut effectivement être attentifs à ça, ça peut amener
de l'insécurité, de l'anxiété, problématiques de santé mentale. Je veux vous
entendre sur cet aspect-là de la réalité du proche aidant puis ce que vous
suggérez.
M. Gaudreault (Mauril) :
Bien, le raccourcissement des listes d'attente, si je puis dire. L'attente,
lorsque la personne aidée est dans un état qui nécessiterait un hébergement
ailleurs qu'au domicile et que le proche aidant soutient la personne encore
pendant des semaines et des mois de plus parce que la liste d'attente est ainsi
faite, contribue à l'épuisement du proche aidant. Et, dans ce sens-là, c'est
afin de faciliter la vie de la personne proche aidante, au cas où elle ne
serait pas proche aidante juste pour une personne aidée. Donc, je pense que, là-dessus,
il faut aussi mettre l'accent, et, là non plus, là, je n'ai pas de solution
miracle à vous proposer, mais tous ensemble en faire une priorité, comment on
pourrait alléger, comment on pourrait accélérer l'admission de ces personnes
aidées en ressource d'hébergement lorsque cela est nécessaire.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je me tourne maintenant du
côté la députée de Westmount—Saint-Louis. Et il reste 3 min 10 s.
Mme Maccarone : Bon, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci beaucoup, chers docteurs, pour votre
témoignage et pour le mémoire que vous avez déposé.
Moi, je vais ramener un peu la discussion par
rapport aux personnes, les proches aidants qui s'occupent des personnes <handicapées.
Vous l'avez...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
...
Westmount—Saint-Louis. Et il reste
3 min 10 s.
Mme Maccarone : Bon.
Merci
beaucoup,
Mme la Présidente.
Merci beaucoup, chers docteurs, pour
votre témoignage et pour le mémoire que vous avez déposé.
Moi, je vais ramener un peu la
discussion
par rapport aux personnes, les proches aidants qui s'occupent
des personnes >handicapées. Vous l'avez dit, c'est sûr, et je pense que
ça mérite d'être répété, les proches aidants offrent une aide essentielle à la
société, et c'est précieux, mais on se comprend que, pour ces familles-là,
surtout ces parents qui s'occupent des enfants handicapés, lourdement
handicapés, entre autres, mineurs, majeurs, ils sont proches aidants pour la
vie.
• (12 h 40) •
Alors, à l'intérieur de ce que vous avez
présenté, j'ai été, honnêtement, surprise de ne pas voir quelque chose qui
était quand même identifié uniquement pour eux, parce que la réalité de leur
vie est totalement différente de quelqu'un qui va s'occuper d'un proche aidant,
qu'un parent qui devient plus âgé, par exemple, ou quelqu'un qui va devenir
inapte à cause d'un accident ou autre. Est-ce que vous avez des recommandations
ou des précisions que vous pourriez nous apporter par rapport à ces familles-là
puis ces proches aidants, étant donné que c'est vraiment particulier, ce que
ces familles vivent comme proches aidants?
M. Gaudreault (Mauril) :
Bien, le travail en équipe multidisciplinaire, je ne veux pas me répéter, là,
mais c'est sûr que ça, c'est majeur, la personne aidée de même que le proche
aidant, qui font partie à part entière de l'équipe, et la communication entre
ces personnes-là, et, je le dis, en ressource d'hébergement de tout âge, hein,
tu sais. Et j'honore, moi, plusieurs patients, plusieurs familles que j'ai pu
voir et connaître au cours de ma pratique de médecin de famille. Mais un
travail d'équipe, absolument nécessaire, on ne peut pas s'en sortir s'il n'y a
pas ce travail d'équipe et la communication à l'intérieur de l'équipe.
M. Trudeau (Jean-Bernard) :
Tantôt, on parlait des organismes communautaires. Si je peux me permettre, il y
a des... tu sais, il y a là un espace, là, qui peut être aidant. C'est sûr que
la réalité est différente parce que, là, le parent, là, sait que c'est pour la
vie, là, qu'il va être avec la situation. Tantôt, on parlait d'une dimension
peut-être différente, plus dans un espace vie où on est plus avec des personnes
plus âgées, mais il y a déjà des organismes qui existent, là, par rapport au
répit, par rapport à l'entraide, etc. Ça fait que c'est... Je pense qu'il faut
regarder, s'asseoir ensemble puis vraiment être plus agiles, mais regarder, au
fur et à mesure, les différents besoins. Là, on ramène encore l'idée, tu sais,
d'une personne, un professionnel intégrateur, mais une personne qui peut mettre
en action, là, différents organismes.
Personnellement, là, puis au niveau du
collège, quand on interagit avec le milieu, ce qu'on réalise, des fois, même
auprès de nos médecins de famille puis même auprès des autres professionnels,
ils ne sont pas toujours connaissants de tout ce qui est existe dans le réseau.
Puis il y a des situations paradoxales où on a l'impression que, des fois, des
ressources sont sous-utilisées par non-connaissance. Ça fait que je pense qu'il
faut faire un exercice aussi de bien rendre visible l'invisible, toutes les
compétences qui existent au niveau des organismes communautaires, puis de créer
de la synergie pour <produire...
M. Trudeau (Jean-Bernard) :
…
puis il y a des situations paradoxales où on a l'impression que, des
fois, des ressources sont sous-utilisées par non-connaissance. Ça fait que je
pense qu'il faut faire un exercice aussi de bien rendre visible l'invisible,
toutes les compétences qui existent au niveau des organismes communautaires,
puis de créer de la synergie pour >produire de l'agilité, pour s'ajuster
au fur et à mesure aux besoins.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup pour vos réponses. Le temps imparti à l'opposition
officielle est complété. Je me tourne maintenant du côté du deuxième groupe d'opposition,
avec une période de 2 min 45 s pour le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci beaucoup.
Alors, je voudrais revenir sur une portion de votre présentation où vous
parliez de la question de l'information et la confidentialité pour dire,
essentiellement, qu'il y a moyen, disons, tout en respectant la
confidentialité, de faciliter l'échange d'information. J'ai deux questions.
Tout d'abord, est-ce que vous pourriez développer un peu qu'est-ce que vous
entendez par là? Où vous changeriez quelque chose dans les lois? Puis est-ce
que ce serait dans le projet de loi n° 56 que vous verriez une bonne
opportunité de le faire?
M. Gaudreault (Mauril) :
J'en profite pour vous saluer, M. Zanetti, bonjour.
M. Zanetti : J'avais peu de
temps, je suis allé vite, je m'excuse, mais allez-y.
M. Gaudreault (Mauril) :
Bien, écoutez, je pense que oui, la confidentialité, c'est important. Quand le
Dr Trudeau parlait de ça tout à l'heure, c'est que, si un proche aidant
fait partie de l'équipe à part entière comme partenaire, a accès au dossier
commun des observations et plan de traitement proposé par la travailleuse
sociale ou quelque autre professionnel dans l'équipe, c'est dans ce sens-là.
Oui, il y a la confidentialité, mais comme partie prenante de la même équipe,
avec un même dossier, par rapport à partager à la fois le plan de traitement et
de suivi de la personne aidée, c'est dans ce sens-là.
M. Zanetti : …
M. Gaudreault (Mauril) :On ne vous entend plus.
M. Zanetti : Ah! Est-ce que,
là, vous m'entendez?
M. Gaudreault (Mauril) :
Oui, là, c'est correct.
M. Zanetti : Donc, selon vous,
est-ce qu'il y aurait une place dans ce projet de loi là pour insérer un
élément par rapport à ça?
M. Gaudreault (Mauril) :
À mon avis, oui. Tu sais, il faut le faire. Ça fait que, dans ce projet de loi
là, c'est à ma satisfaction, certainement, bien sûr, sans oublier aussi ce sur
quoi on a appuyé également et que je pense qu'il faut appuyer encore plus,
quand on parle d'offres de répit pour la personne, et quand on parle de soutien
économique pour celle-ci aussi, quand elle s'oublie. C'est ça que je veux dire
également.
M. Zanetti : Parfait. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il vous reste un petit 30 secondes pour un petit
message.
M. Zanetti : Ah! bien, je vous
remercie pour tout. Je vais tout de suite passer la parole… Ah! non, c'est
terminé. Donc, merci pour votre présentation.
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Alors, merci beaucoup…
M. Trudeau
(Jean-Bernard) : Si je peux ajouter, je
pense que c'est important de prendre du temps, puis nos codes de déontologie
nous obligent aussi, les professionnels, à bien communiquer puis à prendre le
temps de bien communiquer, même s'il y a des éléments qui sont sensibles ou
confidentiels. Ça fait qu'on a un travail aussi à faire avec nos professionnels
puis dans le cadre du travail d'équipe par rapport au partage d'information.
Documents déposés
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Donc, avant de conclure les auditions, je dois procéder au
dépôt des mémoires des organismes qui n'ont pas été entendus lors de ces
auditions publiques, ceci étant <dit et…
M. Trudeau (Jean-Bernard) : …ça
fait qu'on a un travail aussi à faire avec nos professionnels puis dans le
cadre du travail d'équipe par rapport au partage d'information.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) :
Donc, avant de conclure les auditions, je dois
procéder au dépôt des mémoires des organismes qui n'ont pas été entendus lors
de ces auditions publiques, ceci étant >dit et fait en même temps.
Je vous remercie, Dr Trudeau,
Dr Gaudreault, pour votre contribution aux travaux de la commission.
Alors, la commission, ayant complété son
mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 45)