Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
mercredi 10 février 2021
-
Vol. 45 N° 117
Étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels
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11 h (version non révisée)
(Onze heures seize minutes)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! Bon
matin. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte. La commission est réunie afin de poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des
dispositions législatives en matière de protection des renseignements
personnels.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui. M.
le Président, M. Lemieux (Saint-Jean) est remplacé par M. Poulin
(Beauce-Sud); M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) par M. Barrette (La Pinière);
M. Fontecilla (Laurier-Dorion) par M. Nadeau-Dubois (Gouin);
Mme Hivon (Joliette) par M. Ouellet (René-Lévesque).
Le Président (M.
Bachand) : Avant d'aller plus loin, je vous rappelle qu'en
fonction des mesures de distanciation physique annoncées par la Santé publique,
vous devez conserver votre place assise en commission et respecter la
distanciation de deux mètres. Si vous souhaitez vous déplacer ou changer de
place, un page devra désinfecter votre place. De plus, s'il vous plaît, vous le
faites très bien, vous êtes disciplinés, mais je vous le rappelle, le port du
masque de procédure est obligatoire en tout temps, hormis au moment de prendre
la parole dans le cadre des travaux.
Lors de l'ajournement de nos travaux,
jeudi dernier, nos discussions portaient sur l'article 9 amendé du projet
de loi et l'article 8 était suspendu. Interventions sur l'article 9?
M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui. M. le
Président, alors, l'article 9, et on me corrigera si j'ai tort,
l'article 9 parle beaucoup... donc introduit un nouvel article et on
parle... qui est 53.1, et j'en étais à un échange avec le ministre, puis on
s'était laissés là-dessus abruptement, puis j'y ai pensé toute la fin de
semaine, M. le Président, on parle des qualificatifs : manifeste, libre,
éclairé, et être donné à des fins spécifiques. «Libre et éclairé», j'avais dit
au ministre : Ça, ça va de soi, là, ça va de soi, là, c'est un duo, là,
qui va de pair...
M. Tanguay
: ...abruptement,
puis j'y ai pensé toute la fin de semaine, M. le Président, on parle des
qualificatifs : manifeste, libre, éclairé, et être donné à des fins
spécifiques. «Libre et éclairé», j'avais dit au ministre : Ça, ça va de
soi, là, ça va de soi, là, c'est un duo, là, qui va de pair pour faire une
redondance. «Manifeste», par contre, ça venait d'où? Puis je pense que le
ministre commençait à nous expliquer. Ça vient d'où, ça, «manifeste»? Parce
qu'après ça, on... j'aimerais ça savoir quelles précisions seront données aux
organismes publics puis tantôt, parce que 9 se reproduit, je n'ai pas
l'article, mais dans les entreprises privées. «Manifeste», ça veut dire quoi dans
le concret?
M.
Caire
:
Alors, toujours sous réserve que Me Miville-Deschênes peut corriger mes
propos, si tant est qu'il le juge nécessaire, «manifeste» s'entend par
opposition à «implicite». Donc, il faut qu'il y ait un geste qui soit posé qui
équivaut à demander et octroyer son consentement. Par exemple, si on est dans
une finalité, ça peut être, genre, une case à cocher où on case la coche comme
quoi on consent, ça peut être, appuyer le bouton «j'accepte», donc, je donne
mon consentement.
Et là je vois dans les yeux de
Me Miville-Deschênes qu'il y a des nuances à apporter. Et donc pour le
bénéfice de la commission, et avec son consentement, je passerais la parole à
Me Miville-Deschênes.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix
: ...
Le Président (M.
Bachand) : Pour la séance? Merci. Me Miville-Deschênes,
s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Bonjour. Bien, en fait, le terme «manifeste»,
ça veut dire que c'est un consentement qui est certain, indiscutable, qui est
évident, mais ce n'est pas automatiquement un consentement qui va être exprès,
là, qui va nécessiter vraiment un geste actif posé par la personne qui consent.
M. Tanguay
: Donc, «manifeste»
peut ne pas être un geste actif, donc «manifeste» pourrait être implicite?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Ce n'est pas exclu. D'ailleurs, la Commission
d'accès à l'information, dans son rapport quinquennal, pour la première fois
reconnaissait que... parce que les critères de manifeste, libre, éclairé, ça se
retrouve déjà dans la loi sur le secteur privé, l'article 14 contient déjà
ces trois critères-là, puis la commission a reconnu, dans son rapport
quinquennal, a reconnu que, oui, «manifeste», ça veut dire qu'il faut que ça
soit certain, qu'il n'y ait pas de doute, mais ce n'est pas nécessairement un
consentement qui est exprès ou explicite.
• (11 h 20) •
M. Tanguay
: O.K. Ce
qu'on se dit là, M. le Président, est pertinent à 9 et va l'être à 102, O.K.?
Puis ce que l'on a entendu... à 102 pour les entreprises privées. Ce que l'on a
entendu, à dialoguer avec celles et ceux qui auront à vivre avec la loi dans le
domaine privé, c'est lorsque l'on dit, bon, «manifeste, libre et éclairé»,
«manifeste», moi, j'ai encore des zones d'ombre. Vous dites : «Manifeste»,
il pourrait être implicite. Dans le jour, le jour, est-ce que... donc, vous
nous dites qu'il pourrait être manifeste sans qu'il n'y ait de trace, que ce
soit... que je clique sur «je consens» ou sans que ce soit la signature d'un
formulaire, sans qu'il y ait un geste positif, vous dites qu'il pourrait être
manifeste. Comment cela est-il possible?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est une bonne question...
M. Tanguay
: …dans le
jour le jour, est-ce que donc… vous nous dites qu'il pourrait être manifeste
sans qu'il y ait de trace, que ce soit je clique sur «je consens» ou sans que
ce soit la signature d'un formulaire, sans qu'il y ait un geste positif, vous
dites qu'il pourrait être manifeste. Comment cela est-il possible?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, c'est une bonne question qui a été soulevée
par les entreprises, parce que le terme «manifeste» portait à interprétation,
là, donc les entreprises soulevaient la question à savoir : Est-ce que
c'est automatiquement explicite? Mais la Commission d'accès à l'information a
reconnu que ce n'était pas nécessairement le cas. Donc, un consentement peut
être… tu peux être certain que la personne consent à une utilisation, à une
communication sans que cette personne-là ait à signer ou à cocher une case, là.
Donc, c'est plus un niveau de certitude qu'une preuve du consentement.
M. Tanguay
: Donc,
là-dessus, on reste dans le flou, quant à l'exécution, là, c'est du cas par
cas, là, parce que je veux juste qu'il y ait des lignes directrices. Puis,
encore une fois, à 9, on fait aussi un peu le débat. Ce qu'on se dit, là, M. le
Président, à 9, on ne le répétera pas à 102, ça fait que c'est pour ça que
c'est important, parce que la rédaction, la dernière fois que j'ai regardé, est
exactement la même pour le domaine privé. Donc, «manifeste, doit être
manifeste», on peut-u avoir plus de précisions? Parce que, moi, j'aurais dit…
j'aurais arrêté ma ligne de questions, si vous m'aviez dit : Non, ça va
prendre une trace à quelque part, soit dans un formulaire signé, soit sur
«j'accepte», «je consens», manifeste, c'est poser un geste, c'est manifeste.
Manifeste est synonyme, dans mon livre, à explicite, et manifeste ne peut pas
aller de pair avec implicite, tout comme on ne peut pas l'avoir explicite et
implicite. Le ministre est-il…
M.
Caire
: Mais,
en même temps, M. le Président, puis je suis le raisonnement du collègue, sauf
que je retiens de la réponse de Me Miville-Deschênes que c'est une disposition
qui existe dans la loi. Donc, cette disposition-là existe depuis que la loi a
été adoptée, c'est-à-dire il y a 39 ans.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Dans la loi sur le privé, donc depuis 1993.
M.
Caire
: 1993.
Bon. Merci de cette correction. Ce qui nous amène quand même dans un horizon de
27 ans d'application, alors…
M. Tanguay
: Oui, mais
la qualité de son application, c'est un peu n'importe quoi, c'est du gros
n'importe quoi, puis on l'a vu, là, dans les exemples récents. Alors, il faut
juste mettre un peu de chair autour de l'os.
M.
Caire
: Mon commentaire,
collègue, ne visait pas à dire que le législateur ne peut pas modifier la
chose, s'il le juge à propos, mais sur l'interprétation qu'on en fait, il n'en
demeure pas moins qu'on vit avec ce libellé-là dans les 27 dernières années. Ça
fait que je me dis, est-ce qu'il existe déjà de par la jurisprudence ou l'application
de la loi, une notion qui est bien établie au niveau des tribunaux? Et ma préoccupation,
c'est de répondre à la préoccupation de mon collègue qui est légitime, mais
c'est toujours aussi de ne pas réparer ce qui n'est pas brisé…
M.
Caire
: ...de
par la jurisprudence ou l'application de la loi, une notion qui est bien
établie au niveau des tribunaux. Et ma préoccupation, c'est de répondre à la préoccupation
de mon collègue, qui est légitime, mais c'est toujours aussi de ne pas réparer
ce qui n'est pas brisé. Alors, il faut garder l'équilibre dans la loi. Et si
une loi, dans son application, a démontré son efficacité, je ne dis pas qu'on
ne peut pas le changer, là, ceci étant, je dis juste qu'avant de le changer,
soyons certains qu'on pose le bon geste et surtout qu'on le fait pour mieux.
M. Tanguay
: La CAI, la
Commission d'accès à l'information, est venue nous dire, page 38 de son
mémoire : «Par ailleurs, comme l'indiquait la commission dans son dernier
rapport quinquennal de 2016, elle considère qu'il serait pertinent de préciser
les exigences liées au critère de validité du consentement. Qu'est-ce qu'un
consentement libre, éclairé, donné à des fins spécifiques. Une autre option
serait de donner à la commission le pouvoir d'émettre des lignes directrices en
cette matière. Ce pouvoir prévu pour d'autres organismes de surveillance, notamment
à l'international, permettrait à la commission de préciser certaines notions et
de les faire évoluer avec le contexte de l'évolution technologique.»
M.
Caire
: Si je
peux me permettre, collègue, puis ça va peut-être répondre à votre
interrogation, nous sommes — et je vais y aller avec toute la
prudence que requiert la situation —nous sommes à évaluer l'opportunité de
donner suite à cette recommandation-là de la Commission d'accès à
l'information, à savoir de lui permettre d'émettre des lignes directrices,
comme effectivement ça se fait ailleurs, et je devrais,... si tout se passe
bien, je devrais pouvoir répondre, sans présumer des décisions qui sont prises
par d'autres instances, on s'entend.. mais on devrait pouvoir répondre
positivement à cette demande-là.
M. Tanguay
:
Détrompez-moi si j'ai tort, que le projet de loi n° 64,
prévoyait déjà le pouvoir .à la Commission d'accès à l'information d'émettre de
telles lignes directrices.
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: Non? Pas
du tout?
M.
Caire
: Non.
Non, c'est d'ailleurs... lorsque j'ai rencontré Me Poitras, vendredi dernier,
elle a réitéré cette demande-là, que j'ai reçue positivement.
M. Tanguay
: Ce serait
important...
M.
Caire
: Bien,
le collègue est allé au gouvernement puis il sait de quoi je parle, il sait
qu'il y a un cheminement avant qu'on amène des modifications... bien, en fait,
il y a un cheminement à faire avant d'en arriver à ce qu'on puisse déposer un
amendement de cette nature-là, qui permet les discussions.
Le Président (M.
Bachand) : ...M. le député.
M. Tanguay
: Oui, rapidement.
M.
Caire
: Mais
il est... Il y a une volonté certaine d'aller dans cette direction-là, collègue.
M. Tanguay
: Je vais
compléter, je vais faire une dernière intervention pour laisser les autres collègues...
l'opportunité de s'inscrire.
Mais, moi, je ne suis pas satisfait et
rassuré à 100 %. Je vais lire l'extrait du mémoire de Commission d'accès à
l'information qui dit : Bien, moi, j'aimerais ça avoir le pouvoir de le
préciser puis de le dire. On le sait, dans la pyramide réglementaire ou dans la
pyramide...
M. Tanguay
: ...je
vais faire une dernière intervention puis laisser les autres collègues
l'opportunité de s'inscrire.
Mais, moi, je ne suis pas satisfait et
rassuré à 100 %. Je vais vous lire un extrait du mémoire de Commission
d'accès à l'information qui dit : Bien, moi, j'aimerais ça avoir le
pouvoir de le préciser puis de le dire.
M. Caire
: Oui.
M. Tanguay
: On le
sait, dans la pyramide réglementaire ou dans la pyramide juridique ou légale,
il y a la loi, il y a le règlement puis il y a le reste qui s'appelle les
directives de la Commission d'accès à l'information. Là, on est rendu au top de
la pyramide qui est la loi. Moi, je pense, puis je conclus là-dessus, M. le
Président, puis j'aurai l'occasion de me réinscrire, de faire le débat ici au
niveau de la loi, puis de le préciser, puis peut-être même de changer des mots
parce que, quand on me dit «manifeste», ça veut dire aussi implicite, je pense
que c'est mal parti, le cas échéant, pour le ministre de faire un règlement ou
encore pire, entre guillemets, à la Commission d'accès à l'information de
dire : Bien, ça, très large puis, à première vue, contradictoire, ça va
être ça, ça, ça. On aurait fait l'économie, autour de la table, d'un débat qui
doit être fait, là, puis j'aurai l'occasion de revenir, mais je n'achète pas.
Oui, des directives, mais ça passerait après la loi et les règlements.
M. Caire
:
J'entends, là, le propos du collègue. Loin de moi l'idée de faire l'économie du
débat. Au contraire, je pense que ça pourrait même éventuellement, à ce que les
parlementaires exprimeront comme volonté, pourrait amener des éléments de
précision, sans nécessairement modifier le libellé. Puis je le dis encore une
fois, là, je ne suis pas hostile à changer le libellé, mais je pars du principe
que ce libellé-là existe depuis quand même un certain nombre d'années, puis je
n'ai pas l'expérience du collègue de l'application la loi, là, peu s'en faut.
Mais le sentiment que j'ai, puis en discutant avec les légistes de l'État, on a
pensé qu'il était souhaitable de garder ce libellé-là.
Maintenant, la notion supplémentaire qu'on
amènerait, c'est de permettre à ce tiers-là qui est la Commission d'accès à
l'information, elle, de fixer ses lignes directrices et d'avoir la souplesse de
le faire dans le respect dans ce qui quand même a déjà été fait
législativement, là. Ce n'est pas... l'article est nouveau, mais ce libellé-là
n'est pas du droit nouveau, donc c'est quand même du droit qui est ancré dans
les habitudes et à partir desquelles la Commission d'accès à l'information
dit : Si vous m'en donnez le pouvoir, je serai capable d'émettre des
lignes directrices qui vont permettre de préciser ça, puis de l'ancrer
peut-être dans la réalité actuelle.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre.
M. Caire
: Puis,
s'il y a des amendements, je serai tout à fait ouvert à les entendre. Je veux
juste dire que, des fois, à réparer quelque chose qui ne semble pas être brisé,
bien, on fait plus de tort que de bien.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
• (11 h 30) •
M. Nadeau-Dubois : Bien,
justement, sur la question du consentement, je ne sais pas s'il y a quelque
chose de brisé, mais il y a... en tout cas, en matière de protection des
renseignements personnels, il y a un gros défi lié à la question du
consentement parce que ça peut devenir... puis je ne dis pas que c'est
l'intention du ministre, je ne dis pas que c'est ce que fait son projet de loi,
mais le consentement peut devenir une espèce d'écran de fumée qu'on met au
visage des citoyens...
11 h 30 (version non révisée)
M. Nadeau-Dubois : …en matière
de protection des renseignements personnels, il y a un gros défi lié à la
question du consentement, parce que ça peut devenir — puis je ne dis
pas que c'est l'intention du ministre, je ne dis pas que c'est ce que fait son projet
de loi — mais le consentement peut devenir une espèce d'écran de
fumée qu'on met au visage des citoyens, citoyennes, et, au nom du consentement,
et surtout on peut questionner la qualité, la validité, la profondeur de ce
consentement-là, peut devenir, comment dire… Au nom de ce consentement-là, on
peut faire toutes sortes de choses, puis je pense que les législateurs peuvent
aussi dire… d'une part, on pourrait dire — puis on y reviendra dans
le projet de loi — peut-être qu'il y a certaines choses auxquelles on
ne devrait pas, même, pouvoir consentir, parce que ça va manifestement à
l'égard… à l'encontre du bien commun. Puis ça, on le fait dans notre société de
droit de plein de manières, on ne peut… il y a plein de… Le consentement, ce
n'est jamais absolu. Donc, par exemple, moi, je ne peux pas vendre mes organes
même si j'y consens, par exemple. Puis, là, je prends volontairement un exemple
extrême, mais c'est pour montrer que le consentement, ce n'est… même dans une
société de droit de type libéral, ce n'est pas absolu, A majuscule.
Et c'est vrai aussi en matière de renseignements
personnels, on ne peut pas se contenter de dire : S'il y a consentement,
tout est permis. Il faut, d'une part, faire le tri entre ce qui peut exister
comme type de consentement, puis d'autre part définir la notion de
consentement. Puis à l'article 9, il y a des éléments, quand même, de
définition de ce qui est un consentement valide. Mon collègue de LaFontaine
parlait de «manifeste», de «libre», d'«éclairé», mais, moi, c'est la deuxième…
puis c'est… Je partageais ses questionnements, moi, j'ai envie de passer à la
deuxième phrase de l'article, où on dit : Il est demandé à chacune de ces
fins, en termes simples et clairs, distinctement de toute autre information
communiquée…
M.
Caire
: M. le
Président, si je peux me permettre d'interrompre respectueusement mon collègue,
on a amendé ce libellé-là lors de la dernière séance, collègue. Vous allez
retrouver l'amendement où, justement, après le terme
«simples et clairs», il n'y a plus de virgule, il y a un point. Donc, la
phrase s'arrête là, justement parce qu'on souhaite clarifier cette
situation-là, et je vous lis ce que nous avons aussi rajouté. Donc, après
«simples et clairs», M. le député, vous allez mettre un point au lieu d'une
virgule, et on va rajouter «lorsque la demande de consentement est faite par
écrit, elle doit être présentée», puis là, vous continuez avec «distinctement
de toute autre information communiquée». Donc, on précise que… avec
l'amendement qui a été adopté, on précise que donc c'est «en termes simples et
clairs», point, et «par écrit», là, il faut qu'il soit «distinct de toute autre
forme d'information», justement pour ne pas noyer le poisson à travers des
textes qui n'en finissent plus de finir. Puis on a tous, M. le député, le même
exemple en tête, donc, ce nouveau libellé-là, je pense, vient répondre à vos
préoccupations. En tout cas, sans présumer, là, je pense que ça répond à vos
préoccupations.
Le Président (M.
Bachand) :…député de Gouin?
M. Nadeau-Dubois : Mais le
ministre a bien fait de me mettre…
M.
Caire
: ...pas
de noyer le poisson à travers des textes qui n'en finissent plus de finir. Puis
on a tous, M. le député, le même exemple en tête. Donc, ce nouveau libellé là,
je pense, vient répondre à vos préoccupations. En tout cas, sans présumer, là,
je pense que ça répond à vos préoccupations.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Bien, le ministre
a bien fait de me mettre à jour. Je ne suis pas en mesure de suivre tous les
travaux de la commission et, en effet, je n'avais pas capté...
M.
Caire
: Pas
de faute, il n'y a pas de faute.
M. Nadeau-Dubois : Ah non,
puis je le sais. Je fais, de toute façon, ce que je peux. Mais néanmoins, moi,
ce qui m'intéresse... puis tant mieux qu'on ait coupé la phrase en deux comme
ça pour vraiment séparer les deux éléments, mais j'aimerais que le ministre
nous dise concrètement, là... admettons qu'on... faisons l'hypothèse qu'il y a
des citoyens et citoyennes de... qui nous écoutent puis qui veulent comprendre
concrètement qu'est-ce que ça peut vouloir dire de demander un consentement
distinctement de toute autre information communiquée à la personne concernée.
Parce que, comment on fait pour éviter que le... Comment on fait pour que...
Comment on a l'assurance que la personne qui donne son consentement saisi toute
la portée du consentement en question? C'est quoi, les assurances dans le texte
de la loi que ce n'est pas une demande de consentement trop générale, trop
floue, trop englobante, qui fait en sorte que, oui, il y aurait consentement,
la personne signe ou la personne clique, mais, au fond, c'est un consentement tellement
général et générique qu'il n'y a pas un consentement au sens fort du terme?
Comment on met des balises pour que ce soit un consentement inefficace puis
comment on fait pour que ça ne génère pas un faux sentiment de sécurité auprès
de la personne?
M.
Caire
: Bien,
en fait...
M. Nadeau-Dubois : Et je suis
content d'entendre... Parce que la solution que la CAI évoque dans son mémoire,
c'est de dire : Bien, donnez-nous le pouvoir de mettre ces éléments de
définition là en place. Là, j'entends que le ministre est en réflexion sur
cette question-là, mais on sait déjà ce qu'il peut nous dire, dans quelle
direction vont ses réflexions, là. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on pourrait
mettre en place comme balises pour que le consentement soit véridique?
M.
Caire
: Sur
la question de la Commission d'accès à l'information, collègue, je vous le dis
en transparence, là, il y a des discussions qui vont... qui devraient trouver
un dénouement final aujourd'hui et qui devraient permettre de vous présenter,
dans les prochains jours, les différents amendements pour qu'on puisse discuter
en toute connaissance de cause. Mais sur cette question-là de ligne directrice,
de pouvoirs de la CAI d'émettre des lignes directrices, mois, je vous le dis,
c'est une idée qui me séduit. C'est une idée qui me séduit parce que je trouve
que nous avons là le compromis entre une loi pour laquelle on change un libellé
sans vraiment avoir mesuré les impacts positifs, négatifs...
M.
Caire
:
...moi, je vous le dis, c'est une idée qui me séduit. C'est une idée qui me
séduit parce que je trouve que nous avons là le compromis entre une loi pour
laquelle on change un libellé sans vraiment avoir mesuré les impacts positifs,
négatifs, alors que, dans la pratique, on se rend compte qu'il n'y a peut-être
pas un enjeu là qui est aussi grand que celui de dire : Bien, est-ce qu'on
donne à notre tiers neutre, notre chien de garde, le pouvoir, lui, de préciser
ces éléments-là, si tant est qu'ils ont besoin d'être précisés. Parce que le
processus législatif, il est complexe, alors que la CAI, avec son indépendance,
avec sa compétence juridique — puis là-dessus moi, je le dis haut et
fort, je pense que la CAI a démontré qu'elle avait une compétence juridique que
je ne questionne pas — moi, je pense qu'on aurait le meilleur des
deux mondes.
Maintenant, dans la notion du consentement,
il y a aussi dans la phrase : «Il est demandé à chacune des fins...», donc
à chaque fois que je collecte des renseignements personnels sur vous, je dois
vous dire pourquoi, je vais faire quoi exactement avec ça et tout ce que
j'entends faire avec ça s'il y a plusieurs fins. Et chacune de ces fins-là doit
recevoir votre consentement. Puis, avec le collègue de LaFontaine, à la
dernière séance, on prenait cet exemple où on entre dans une boutique de linge,
où on achète un vêtement et où, à la caisse, on nous demande quel est notre
code postal et notre...
Une voix : ...
M.
Caire
:
Pardon?
Une voix : ...
M.
Caire
:
Adresse courriel, code postal, numéro de téléphone, et où on légitimement se
questionner : Quel est le lien entre cette collecte de renseignements
personnels et la fin qui est d'acheter un vêtement? Alors là, vous devez
m'expliquer quelles sont les fins, toutes les fins. Et à chacune de ces fins-là,
donc on peut vous expliquer : Bien, écoutez, c'est parce que nous, on a
une politique de remboursement sans présentation de facture, donc si vous
n'avez pas votre facture, ce n'est pas grave, on a vos informations puis on
peut vous rembourser. O.K., ça, c'est une fin, ça me plaît, consentement. On
veut aussi constituer des listes d'appel pour vous envoyer des informations sur
nos produits. Ah! non, ça, c'est une fin qui ne me plaît pas, non. Alors, on
est capables de découper comme ça les fins puis de faire en sorte que, quand il
y a une collecte de renseignements personnels, je sais à quoi je consens.
Pour la dernière étape de la question du collègue,
comment la loi peut s'assurer que le citoyen comprend? Bien, c'est dans le
libellé où on parle effectivement qu'il est libre et éclairé. Alors, évidemment,
c'est des concepts, là, au niveau juridique, je ne sais pas comment ça se
définit. Mais je me dis que ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les
mots pour le dire viennent aisément. Donc, on va, j'imagine, s'assurer... Puis
c'est ce que le texte, dans le fond, dit, c'est que...
M.
Caire
:
…Alors, évidemment, c'est des concepts, là, au niveau juridique, je ne sais pas
comment ça se définit. Mais je me dis que ce qui se conçoit bien s'énonce
clairement, et les mots pour le dire viennent aisément. Donc, on va, j'imagine,
s'assurer… Puis c'est ce que le texte, dans le fond, dit, c'est que ce n'est
pas compliqué, là. Tu fais de la collecte, pourquoi? Tu sais, c'est-u pour
politique de remboursement, c'est-u des télémarketings, c'est-u… c'est quoi,
là?
Donc, je pense qu'on… avec ça, de façon
raisonnable… Puis j'entends la préoccupation du député. Je ne sais pas si le
député a eu l'occasion d'aller au Musée de la civilisation, sur l'exposition
sur le numérique, où on exposait sur les murs les contrats d'acceptation qui
étaient proposés par différentes entreprises, dont nous tairons le nom, mais
dont nous savons tous de qui on parle, et qui avaient une longueur
inimaginable. C'est clair que le juriste, qui a écrit ça, était payé au mot
puis il a fait une solide passe d'argent, là.
• (11 h 40) •
M. Nadeau-Dubois : Je n'ai pas
visité le musée, mais j'ai pris connaissance du… d'une statistique, qu'avait
sortie le commissaire de la vie privée du Canada, qui disait que l'internaute
moyen au Canada devrait consacrer 244 heures par année pour lire toutes
les politiques de confidentialité. Ça fait que… Et c'est l'esprit de ma
question, noyés dans une telle quantité d'informations et de consentements à
donner, parce que c'est ça le quotidien, maintenant, numérique, et pas
seulement des citoyens et citoyennes, noyés dans une telle quantité
d'informations puis de consentements à donner. Puis je sais qu'on ne peut pas
rentrer dans la tête des gens, hein, la loi ne peut pas entrer dans la tête des
gens pour vérifier que les gens ont bien compris, là, c'est un principe de
base. Il y a quand même des balises qu'on peut mettre en place pour maximiser
nos chances que chacun de ces consentements-là est donné de manière pleinement
informée.
Puis, juste pour savoir, parce que le
ministre nous fait comprendre subtilement, mais pas tant que ça, qu'il s'en
vient avec une amélioration à ce niveau-là. Juste pour savoir, est-ce que ce
sera à l'article 9? Est-ce qu'on est mieux de le suspendre pour y revenir?
Comment on fait pour… Parce que, moi, je trouve ça très important cette
question-là du consentement, je vais y revenir souvent, au fur et à mesure où
on va avancer dans le projet de loi. Puis l'article 9 est quand même un
des articles importants où on traite de la notion de consentement. Le ministre,
et je le comprends, il a des travaux à faire, tout ça, puis il a des affaires
qui ne peut pas nous montrer avant de pouvoir nous les montrer, je conçois ça
bien. Comment on fait pour travailler de manière productive et intelligente
ensemble? Parce que sinon, moi, je pourrais être intéressé à déposer un
amendement parce que c'est… la question du consentement, elle est centrale,
elle est essentielle. Puis, ça peut être une notion fourre-tout, puis c'est utilisé
par certains acteurs, là, comme une notion fourre-tout pour permettre toutes
sortes d'affaires.
Ce projet de loi là, il ne sera pas révisé
à chaque fois, donc, moi, le… l'idée qu'évoque le ministre de donner à la CAI
ce pouvoir d'établir des lignes directrices, je le trouve intéressant. Et puis
il est d'autant plus intéressant que la CAI pourra s'adapter dans le temps, ce
que le législateur, souvent, a plus de difficulté à faire...
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Nadeau-Dubois : ...parce
que ces lois-là, on ne les ouvre pas tout le temps. Ça fait que moi, je suis
très ouvert aussi puis je trouve ça bien intéressant, mais, juste, comment
veut-il procéder? Comment on fait pour travailler de manière productive…
M. Nadeau-Dubois : ...de
donner à la CAI ce pouvoir d'établir des lignes directrices, je le trouve intéressant.
Et puis il est d'autant plus intéressant que la CAI pourra s'adapter dans le
temps... ce que le législateur, souvent, a plus de difficulté à faire...
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Nadeau-Dubois : ...parce
que ces lois-là, on ne les ouvre pas tout le temps. Ça fait que moi, je suis
très ouvert aussi puis je trouve ça bien intéressant, mais, juste, comment
veut-il procéder? Comment on fait pour travailler de manière productive? Parce
que l'article 9, pour moi, tel qu'il est rédigé en ce moment, il est
imparfait s'il n'est pas complémenté, d'ores et déjà, par ce que le ministre
semble insinuer.
M.
Caire
: Oui.
Bien, j'entends parfaitement le message de mon collègue de Gouin. Comme je lui
dis, ces volontés-là ont traversé, je vous dirais, les premières étapes, qui,
généralement, sont les plus névralgiques, là. Je pense que le collègue de
La Pinière sait de quoi je parle de façon peut-être un peu plus spécifique.
Ces étapes-là sont franchies. La conclusion devrait être trouvée aujourd'hui,
devrait se voir terminée aujourd'hui. Après ça, bien évidemment, il y aura
toute la mécanique par lesquelles on déposera les amendements, les
10 amendements à la commission pour que les collègues puissent évaluer de
leur pertinence.
Mais, d'entrée de jeu, je dis au collègue
que je suis à la même place que lui. Je pense que la définition que nous
donnons à l'article 9 avec 53.1 resserre quand même assez bien,
circonscrit assez bien la notion de consentement. Elle offre, oui,
effectivement, une certaine souplesse qui, je pense, est correcte dans la loi,
si et seulement si — et là je rejoins le collègue — d'une
autre façon on arrive à avoir ce resserrement-là qui offre une autorité
certaine... en fait, oui, une autorité certaine, à défaut d'une certaine
autorité, mais qui a aussi cette indépendance d'action, qui a les moyens et qui
bientôt aura les dents pour le faire.
Puis, là où je ramène une idée que j'avais
mise au jeu, pour répondre à la question du collègue, on a collectivement
accepté de revoir un peu le fonctionnement de la CAI. Je peux vous dire que les
discussions... puis ce n'est pas des éléments confidentiels, je peux vous dire
que Me Poitras s'est montrée ouverte à l'idée aussi. Je pense qu'il y a une
belle ouverture de la part de tout le monde pour s'assurer qu'on donne à la
Commission d'accès à l'information tous les outils dont elle a besoin pour
remplir l'important mandat qu'on lui confie.
Donc, il y aura cette possibilité-là, il y
aura ce souci-là de s'assurer que toutes les compétences se retrouvent à la CAI
pour remplir son mandat. Et je terminerai en disant à mon collègue, en plus,
c'est que la CAI a maintenant des dents avec... Si l'Assemblée nationale adopte
le projet de loi n° 64, la CAI aura des dents avec les sanctions
administratives pécuniaires...
M.
Caire
: …de
s'assurer que toutes les compétences se retrouvent à la CAI pour remplir son
mandat. Et je terminerai en disant à mon collègue, en plus… c'est que la CAI a
maintenant des dents. Avec… si l'Assemblée nationale adopte le projet de loi
n° 64, la CAI aura des dents, avec les sanctions administratives
pécuniaires, avec les sanctions pénales, évidemment, ça, ce n'est pas la CAI,
c'est un autre tribunal qui s'en occupe, mais quand même, la CAI, avec le
mécanisme de surveillance, pourra s'assurer que, si tant est qu'on n'est pas
collaboratif, bien, on va trouver d'autres moyens pour ramener les organismes
qui gèrent des renseignements personnels dans le rang.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Et donc,
sur le comment on procède, qu'est-ce que propose le ministre?
M.
Caire
: Bien,
quand on arrivera aux différents articles qui traitent de la CAI, d'une part…
M. Nadeau-Dubois : Je parle…
sur la question du consentement, là.
M.
Caire
: Bien,
en fait, moi, je vous propose un libellé. Je pense que tel qu'il est là, il…
dans la perspective globale de ce que la loi fait… Parce que, n'oubliez pas,
là, il y a d'autres articles qui vont traiter aussi du consentement dans
d'autres aspects, là, c'est le premier article qui en traite puis ce n'est pas
le dernier article.
Donc, moi, je pense que si on regarde
l'article 9, bon, il y a l'article 14 qui s'en vient, dont on va
discuter, qui traite aussi du consentement, il y aura d'autres articles, un peu
plus loin, au niveau du privé, qui vont aussi aborder ces questions-là, donc ce
n'est pas la dernière fois et ce n'est pas le dernier article qui va en
traiter, mais je pense qu'il donne une bonne idée de ce que le législateur
souhaite maintenant sur la notion du consentement puis de comment ce
consentement-là doit être exercé. On pourra préciser notre pensée dans les
autres articles, M. le député, comme je vous le disais.
Puis, sur la CAI, bien, il y aura
effectivement, aussi, des discussions à y avoir avec les collègues, parce que
j'ai fait une proposition, mais, tu sais, on s'est entendus qu'on en
discuterait, donc nous en discuterons le moment opportun. Puis, on arrivera à
une solution de compromis, j'en suis sûr.
Sur la question des lignes directrices,
comme je vous dis, moi, je suis très positif par rapport à cette demande-là. Il
y a d'autres aménagements qu'on va faire au niveau de… des pouvoirs et devoirs
de la CAI, là, qui vont venir, je dirais, préciser différents éléments aussi,
dont on discutera quand on sera rendu là.
M. Nadeau-Dubois : Je vais
laisser les collègues, M. le Président, puis je reviendrai.
Le Président (M.
Bachand) : Parfait. M. le député de La Pinière, s'il
vous plaît.
M. Barrette : Je… Il y a une
espèce de flou, là, dans la discussion qu'on a, actuellement, puis je ne pense
pas que ce soit un flou intentionnel, là. Je ne suis pas… Ah! oui, c'est vrai,
il faut que j'enlève ça. Je ne pense pas que ça soit un flou intentionnel, là,
ce n'est pas ça du tout, je ne prête pas d'intentions, M. le Président, au
ministre, au contraire. Je voudrais juste, quand même, clarifier un certain
nombre de choses. Pourquoi? Parce que le ministre nous dit à plusieurs
reprises : Pourquoi changer quelque chose qui n'est pas brisé? Ça fait
27 ans, 29 ans qu'on fonctionne comme ça. Bon.
Je veux juste revenir en arrière parce que
la réflexion puis le débat qu'on a actuellement, il y a quand même, je dirais,
une source…
M. Barrette : ...pourquoi?
Parce que le ministre nous dit à plusieurs reprises : Pourquoi changer
quelque chose qui n'est pas brisé? Ça fait 27 ans, 29 ans qu'on fonctionne
comme ça.
Bon, je veux juste revenir en arrière,
parce que la réflexion, puis le débat qu'on a actuellement, il y a quand même,
je dirais, une source, qui est ce que signifie le mot «manifeste». En 2016,
là... quand on parle du rapport quinquennal, c'est celui de 2016... il y a eu
une position prise par la Commission d'accès à l'information parce que le mot
«manifeste» n'était pas assez clair. Est-ce que c'est correct, là, ce que je
dis là? Est-ce qu'on s'entend là-dessus?
M.
Caire
: Qu'il
y aurait lieu de le préciser.
M. Barrette : Et à ce
moment-là, si la CAI, elle, dit ça, c'est que les mots qu'on a utilisés depuis
27, 28, 29 ans ont posé des problèmes d'interprétation, sinon, il n'y aurait
pas eu cette prise de position là de la Commission d'accès à l'information en
2016. Là, je ne veux pas piéger personne. Je veux juste qu'on...
M.
Caire
: Non,
non, non. Non, mais c'est pour ça, je pense, que la CAI... Parce que ce que la
CAI dit... Puis je vais faire du pouce sur ce que le député de La Pinière
amène, puisque c'est vrai, manifestement, mais ce que la CAI dit, puis, à moins
que je me trompe, là, corrigez-moi, quelqu'un, ce n'est pas utiliser tel ou tel
mot. Ce que la... Parce que, par expérience... M. le député de La Pinière,
vous et moi, on va s'entendre qu'on va utiliser un autre mot, puis là on va se
lancer dans une bataille de définitions, puis...
Ce que je dis, puis ce que je crois
comprendre de la CAI, c'est qu'elle souhaiterait être capable par les lignes
directrices, de préciser ce que «manifeste» veut dire, et de le préciser, mais
ancré dans la pratique, ce qu'une loi peut rarement faire, dans le sens où la
loi ne va pas s'adapter à la situation. On va plutôt demander à la situation de
s'adapter à la loi. Et c'est pour ça que je dis...
Puis je le répète, M. le député de
La Pinière, là, je ne suis pas hostile à déposer des amendements, mais ce
que j'amène comme argument, c'est de dire, bien, je pense que le libellé, comme
il est là, il cadre bien l'intention du législateur. Et j'aurais plutôt
tendance à donner raison à la CAI, en disant : Bon, bien, oui, émettez des
lignes directrices, puis par la pratique, et ancré dans une pratique plus
quotidienne, venez préciser ces éléments-là, si tant est qu'ils ont besoin de
l'être. C'est juste ça que je dis.
• (11 h 50) •
M. Barrette : Mais je
comprends bien puis, là-dessus, je pense qu'on est à la même place. Mais je
reviens sur la question que je pose. Pas pour en faire un débat à n'en plus
finir, là, mais si la CAI, la Commission d'accès à l'information, a jugé utile
et, je dirais, impératif, dans son rapport quinquennal, de faire commentaire,
de prendre une position sur un mot qui laissait à interprétation, bien, on peut
se poser la question : Est-ce le bon mot? Ou, en corollaire, est-ce que le mot
devrait être clarifié dans la loi...
M. Barrette : …impératif, dans
son rapport quinquennal, de faire un commentaire, de prendre une position sur
un mot qui laissait à interprétation, bien, on peut se poser la question :
Est-ce le bon mot ou, en corollaire, est-ce que le mot devrait être clarifié
dans la loi plutôt que dans une ligne directrice?
M.
Caire
: La
question qui se pose inévitablement suite à la réponse, c'est O.K., mais quel
mot? C'est là où je dis puis c'est là où je suis la CAI, je pense, puis je ne
veux pas faire dire à la CAI des choses qu'elle n'a pas dite, là, mais c'est là
où je dis, si… compte tenu du fait qu'on reprend quand même un libellé qui
existe dans notre corpus législatif, compte tenu que la CAI dit : Écoutez,
si vous m'en donnez le pouvoir, moi, j'aurai, par les lignes directrices, la
capacité de venir préciser ça, ancrer dans la pratique, puis je suis le député
de La Pinière, manifestement, la CAI dit : Ça, ce n'est pas très clair. Ça
aurait besoin d'être précisé. Ça, on n'aura pas de débat, personne, c'est
clair.
Maintenant, est-ce que cette précision-là
doit venir du choix d'un autre mot qui, à mon sens, va nous amener dans le même
débat, à savoir, mais est-ce que ce mot-là est assez précis? Est-ce que… Puis
est-ce qu'il y aura lieu, dans un rapport quinquennal de la CAI, de
réécrire : Bien, finalement, le mot que vous avez mis, ça n'a pas vraiment
changé les choses. Puis moi, c'est ce que je pense, mais, si les collègues
veulent faire des amendements, on va les regarder puis on va évaluer ça à sa
juste mesure, mais je pense qu'on serait plus avisés de garder ce libellé-là,
que la CAI comprenne par les débats que nous avons qu'on a reçu le message, que
ça doit être précisé et que nous lui donnerons, à travers les différents
pouvoirs qui vont lui échoir de par l'adoption de la loi, si tant est que c'est
la volonté de l'Assemblée nationale, qu'à travers ces pouvoirs-là, on va lui
donner le mandat, par des lignes directrices, de venir préciser l'intention du
législateur qui, à travers nos débats, je pense, m'apparaît assez clair, qu'on
souhaite… ce qu'on souhaite, ce qu'on comprend par un consentement manifeste.
M. Barrette : O.K. Le ministre
ne sera pas surpris, M. le Président, si je lui dis qu'à toutes les étapes du
cheminement du projet de loi ce que je considérerais comme étant une loi
idéale, c'est une loi qui, spécifiquement, fait référence à certains éléments.
Je m'explique. C'est toujours dans le même esprit que le ministre connaît de ma
part.
Là, aujourd'hui, là, ce que le ministre
nous dit, il y a un mot qui peut prêter à certaines interprétations, à un point
tel qu'en 2016 il y a eu un rapport quinquennal de la Commission d'accès à
l'information qui venait le dire et qui demandait que des précisions.
Aujourd'hui, on sait, et on comprend, et on est contents…
M. Barrette : …aujourd'hui, là,
ce que le ministre nous dit… il y a un mot qui peut prêter à certaines
interprétations, à un point tel qu'en 2016 il y a eu un rapport quinquennal de
la Commission d'accès à l'information qui venait le dire et qui demandait qu'il
y ait des précisions. Aujourd'hui, on sait et on comprend et on est contents
que la CAI veuille bien aller dans cette direction-là et mettre en place des
directives. Je comprends qu'aujourd'hui, là, on va avoir… peut-être qu'on va
prendre… au moins, le ministre va prendre connaissance de directives. C'est ce
que je comprends, bon. C'est bon, ça, c'est une bonne nouvelle.
Maintenant, le problème que je vois puis
qui est toujours le même, c'est que la CAI arrive après le fait, puis elle ne
peut pas arriver après le fait dans tous les cas. La CAI ne peut pas faire un
rapport, inspecter… Elle n'a pas la capacité. Elle le peut, mauvais choix de
mot de ma part. Elle ne peut pas tout faire, elle peut tout faire, mais elle
n'a pas les capacités de tout faire. On s'entend là-dessus.
Alors, n'y aurait-il pas lieu, dans la
loi, d'avoir une provision du genre de… en concordance, tel qu'édicté par les
règles… les directives de la Commission d'accès à l'information? Je n'en fais
pas un amendement formel, là, mais n'y aurait-il pas lieu que la loi puisse,
par une provision, prendre en compte, obliger le demandeur de consentement
d'être conforme aux directives courantes de la Commission d'accès à
l'information, qui, elles, peuvent changer dans le temps?
Alors, ça, ça va dans le sens du ministre
qui dit que… Je le comprends, il n'y a pas de mot parfait. La langue française
est une langue plus précise que beaucoup d'autres langues. Juste pour vous
amuser, il y a des langues où on ne conjugue pas les verbes. Le français
conjugue tout, pour à peu près toutes les situations, là. Mais malgré tout il y
a des situations où on ne peut pas faire la perfection, puis on est là-dedans.
Mais est-ce qu'on ne devrait pas avoir une référence, dans la loi, une
obligation au demandeur de consentement d'être conforme aux directives
contemporaines de la Commission d'accès à l'information?
M.
Caire
: Bien,
en fait, ce qui va être le cas, dans le sens où le pouvoir de directive qui est
donné… qui sera donné ou, peut-être, sera-t-il donné à la CAI… Non, c'est
plate, là, mais que voulez-vous, hein, on…
M. Barrette : En effet.
M.
Caire
: C'est
ça. C'est dans ce cadre-là qu'on travaille, donc… Mais, ceci étant dit, le
pouvoir de directive n'est pas un pouvoir qui est laissé à la discrétion, et
c'est… en fait… Parce que la question du député de La Pinière est bonne,
j'ai posé la même question à la présidente de la CAI en disant : O.K.,
mais vous allez émettre des guides, vous allez émettre des… Votre pouvoir de
directive, là, pourquoi vous… Et c'est… la réponse est venue de la présidente
de la CAI, c'est qu'une directive tu n'as pas le choix, tu dois la suivre…
M.
Caire
: …est
bonne. J'ai posé la même question à la présidente de la CAI, en disant :
O.K. , mais vous allez mettre des guides, vous allez mettre des… sous votre
pouvoir de directive, là, pourquoi vous… Et c'est… la réponse est venue de la
présidente de la CAI, c'est qu'une directive tu n'as pas le choix, tu dois la
suivre, tu dois suivre ce qu'il y a dans la directive, sans quoi tu t'exposes à
des sanctions. Alors… puis le pouvoir de directive de la CAI, tel qu'il est
demandé, il est plus large que sur le simple consentement, là, il y a d'autres
éléments sur lesquels la CAI souhaite pouvoir émettre des directives.
Donc, si tant est que nous donnons ce
pouvoir-là à la CAI, l'observation du député de La Pinière est très
pertinente et elle est implicite, si j'ai bien compris, au pouvoir de
directive, à savoir que l'entreprise n'aura pas le choix de s'y conformer. Et,
comme il le sait lui-même, les sanctions qui sont prévues à la loi sont, à mon
avis, de nature à inciter les entreprises à suivre les directives, parce que
les sanctions administratives pécuniaires sont quand même conséquentes, là, on
s'entend. Donc, non seulement le pouvoir, éventuellement, serait clair, mais
les conséquences de ne pas s'y conformer sont lourdes.
M. Barrette : O.K. Alors, si
je comprends bien, M. le Président, c'est qu'on est en suspens, actuellement.
Je vais poser la question : Est-ce que l'article 9, compte tenu de la
conversation que l'on a actuellement, peut être adopté sans avoir eu les
informations que le ministre disposera potentiellement aujourd'hui, dans
l'esprit du commentaire que moi, je fais, là?
M.
Caire
: Non,
je comprends, puis la question est excellente. Je vais laisser les collègues
juger de l'à-propos de ça. Moi, je leur dis quelle est mon intention. Je leur
dis : Il y a un processus… au-delà de l'intention, il y a le processus
administratif. Je leur dis : Les étapes névralgiques ayant été franchies,
je pense que la conclusion à laquelle nous allons en arriver sera positive.
Maintenant, je ne peux pas le garantir, évidemment, mais j'ai un très, très bon
espoir que cette conclusion-là serait positive. Je pense qu'il n'y a pas
d'enjeu à ne pas adopter l'article 9 tel qu'il est. Et si tant est, et si
tant est que la conclusion n'était pas positive, rien n'empêche la commission
de réouvrir l'article et de le modifier à sa satisfaction.
M. Barrette : Mais je
comprends, M. le Président, qu'aujourd'hui on va… si tout se passe comme le
ministre nous l'a annoncé, là, puis je comprends qu'il ne puisse pas être attaché
par sa déclaration. Les informations qu'il aura ou les propositions qu'il aura,
il va nous en faire part aujourd'hui, au micro ou à huis clos.
M.
Caire
: Bien,
je ne serai peut-être pas en mesure de la déposer aujourd'hui même parce qu'il
y a une question d'heure, mais je m'engage à le faire…
12 h (version non révisée)
M. Barrette : ...le ministre
nous l'a annoncé, là, puis je comprends qu'il ne puisse pas être attaché par sa
déclaration. Les informations qu'il aura ou les propositions qu'il aura, il va
nous en faire part aujourd'hui au micro à huis clos.
M.
Caire
: Bien,
je ne serai peut-être pas en mesure de la déposer aujourd'hui même parce qu'il
y a une question d'heures, mais je m'engage à le faire aussi rapidement que
possible et très certainement avant la prochaine séance de la commission.
M. Barrette : O.K., très bien.
Bien, on retient ça.
Je vais revenir à la question des
conditionnements que je vais qualifier de spécifiques, bien, ils sont qualifiés
comme ça. Là, je comprends bien que le ministre, là... ma lecture, elle est
bonne, là, j'imagine, là, je ne peux pas croire, parce que c'est écrit, le
ministre souhaite que, dans le consentement, il y en ait un décliné par
l'élément spécifique.
M.
Caire
: Oui,
à chaque fin spécifique.
M. Barrette : À chaque fin
spécifique. Donc, je comprends donc du ministre que les organisations
commerciales, de quelque nature que ce soit, qui souhaiteraient avoir un
consentement en bloc, il va être rébarbatif à ça, là.
M.
Caire
: Bien,
c'est-à-dire que je ne suis pas rébarbatif à ça, mais on va les voir plus loin.
Il y aura plus loin des... la loi va prévoir des situations où, manifestement,
le consentement peut être considéré comme implicite. Mais la règle de base...
en fait, ce qu'on fait, c'est qu'on établit la règle de base. On dit : Un
consentement... une fin, un consentement. Ça, c'est la règle de base. Ça, c'est
ce qu'on définit ici.
Plus tard, il y aura des articles pour
lesquels on dira : Bon, bien, écoutez, dans ce cas-là, le consentement
peut être considéré comme implicite parce que, par exemple, il est
manifestement dans l'intérêt de la personne... cette utilisation-là des
renseignements personnels est manifestement dans l'intérêt de la personne
puis... Tu sais, à un moment donné, il y a des situations de gros bon sens,
puis des situations de gros bon sens qui vont éviter peut-être un excès.
Je m'explique. C'est qu'à un moment
donné... puis le député de Gouin amenait un peu cette notion-là, c'est que je
peux aussi vous noyer sous les consentements puis faire en sorte qu'à un moment
donné vous vous écoeuriez tellement de donner des consentements que vous ne
lisez plus, là. Consentement, consentement, consentement, là. Donc, la règle
générale, ce qu'on établit, c'est de dire : Bien, une fin, un
consentement, puis plus tard, on dira : Bon, O.K., mais dans ces
situations-là, dans ces situations-là x, y, qui sont prévues par la loi et dont
nous discuterons dans les articles plus loin. Mais je ne suis pas hostile au
consentement en bloc. Je pense que ça ne doit pas être la règle générale, mais
je pense que ça peut être la règle d'exception.
M. Barrette : Et comment on va
décider ce qui est... je vais le placer comme ça, là, quels sont les
incontournables qui doivent être itemisés versus ce qui peut être finalement
implicite? Puis là je fais référence... bon, on est... oui, malgré mon âge très
avancé, je «download» quand même, je télécharge des applications, puis ça m'amuse
toujours...
M. Barrette : ...comme ça, là.
Quels sont les incontournables qui doivent être itemisés versus ce qui peut
être, finalement, implicite. Puis là je fais référence... bon, on est... oui,
malgré mon âge très avancé, je «download» quand même... je télécharge des applications,
puis ça m'amuse toujours, quand je regarde le consentement, de voir la litanie
d'itemisations, là, des... vous consentez à, à, à, il y en a une quarantaine.
Puis là, évidemment, on fait comme tout le monde puis...
Une voix
: ...
M. Barrette : Non, non, c'est
parce qu'on n'a pas de choix à chaque item. J'ai lu et j'accepte. Alors,
comment ça va être... est-ce que le ministre pense, dans sa loi, mettre des
choses incontournables à itemiser?
M.
Caire
: Bon,
alors...
M. Barrette : Puis je vais
aller... je vais dire tout de suite où je vais avec ça parce que j'ai un autre
item qui suit. Parce qu'au-delà de l'itemisation, là, il y a ce qu'on a
consenti, qui mène à un autre consentement peut-être qui est implicite parce
qu'il n'est jamais apparu nulle part. Puis je donnerai un exemple dans un
instant, là.
M.
Caire
: Bien,
écoutez, dans l'exemple que le collègue amène, c'est justement, quand on parle
d'une fin, un consentement, c'est justement pour éviter : je vous demande
40... je vous indique 40 histoires que je vais faire avec vos
renseignements personnels, mais je vous demande un consentement en bloc. Donc,
la loi dirait : Non, non, tu ne fais pas ça. Là, c'est : Tu demandes
40 consentements.
Ceci étant, on ne veut pas aller non plus
à l'autre bout du spectre où, là, je vous demande votre consentement pour à peu
près n'importe quoi, dans l'objectif avoué de vous écoeurer puis de vous faire
cocher toutes les petites cases sans que vous ne lisiez, hein? On peut penser
que ça peut arriver. Et là il y aura des situations où on pourra dire :
Bien, dans ce cas-ci, le consentement va être implicite.
Puis je donne un exemple — mais
écoutez, là, on aborde ça à l'article 14, je pense, Me Miville-Deschênes,
là, les exceptions où le consentement est implicite? En tout cas, des articles
plus loin — si ... l'utilisation de vos renseignements personnels
dans le cadre d'un emploi. Bien, oui, comme employeur, j'ai des obligations qui
requièrent que j'utilise vos renseignements personnels, donc je considère qu'en
me les transmettant, vous comprenez qu'il y a un certain nombre de choses que
je dois faire, comme employeur, avec ces renseignements personnels là, puis je
ne demanderai pas un consentement pour la paie, un consentement pour les
retenues à la source, un consentement pour la CNESST, un consentement pour...
Bon, je fais ça, je fais ça, et je dois le faire.
Donc, il y a des situations comme
celles-là. Puis, écoutez, on les étudiera ensemble puis on aura le débat sur
ces situations-là où, effectivement, le consentement pourrait être implicite
dans le fait que l'utilisation des renseignements personnels va de soi.
M. Barrette : Bien, c'est
parfait, M. le Président, parce que c'est exactement là où je pense qu'on aura
la plus grande difficulté, le «va de soi». Ça ne sera pas défini dans la loi,
là. Je l'ai regardé, là, je n'ai pas vu comment... si on définissait le «va de
soi»...
M.
Caire
:
...renseignements personnels va de soi.
M. Barrette : Bien, c'est
parfait, M. le Président, parce que c'est exactement là où je pense qu'on aura
la plus grande difficulté, le «va de soi». Ça ne sera pas défini dans la loi,
là. J'ai regardé, là, je n'ai pas vu comment... si on définissait le «va de
soi».
Je vais donner un exemple, là, de mon
domaine, évidemment, là, parce que c'est toujours... peut-être pas toujours,
là, mais c'est souvent dans mon domaine qu'on voit des bizarreries comme on en
a vu quand il y a eu toute l'histoire de Cambridge Analytica, là, c'est
l'espèce de consentement cascade, domino, là.
Je vais vous... un exemple qui existe dans
mon domaine. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va contester le fait que, pour un
médecin, d'avoir accès à des données cliniques pour suivre son patient, bien
là, à un moment donné, il faut bien qu'il les ait, les données de laboratoire,
là, alors on ne peut pas demander un consentement pour la biochimie, un consentement
pour la prise de sang, un consentement pour... on ne peut pas, il y a un consentement
pour l'endoscopie, mais, pour le résultat, à un moment donné, le médecin, il
faut qu'il ait les résultats des examens.
Alors là, aujourd'hui, on va consentir,
c'est clair. Mais le médecin, lui, là, des fois, le patient ne sait pas que le
médecin va donner des données à des chercheurs de l'industrie pharmaceutique,
ça existe, dans les cabinets. Ça, est-ce que c'est implicite que le consentement,
il va basculer chez le médecin? Ça existe.
Le consentement qui est donné dans
d'autres domaines commerciaux, bien, c'est un peu ce qui est arrivé chez
Cambridge, là... quand bien même qu'on consent à ce que Facebook utilise
certaines données, certaines données sont allées ailleurs. Ça, là, ça... Il va
être où le «va de soi»? Là, je prends deux exemples où la réponse va
être : C'est bien évident qu'il ne va pas de soi que Facebook doit donner
nos données à gauche puis à droite. Maintenant, du côté de la santé, c'est-u si
évident que ça?
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, encore là, même sur l'utilisation des renseignements personnels
pour des fins de recherche, il y a des articles qui sont là-dessus. Puis le
débat que suggère le député de La Pinière est extrêmement intéressant. Je
veux juste nous inviter à le faire au moment où on parlera des articles qui
concernent ces éléments-là. Puis là l'idée n'est pas de faux-fuyant ou... mais,
tu sais, ce n'est pas dans l'article 9 que la réponse à cette
question-là se trouve, c'est dans les articles subséquents, mais il y a des
articles qui traitent de cette utilisation-là spécifique pour des fins de
recherche ou... Puis il y a une notion, comme je vous dis, où c'est
manifestement dans l'intérêt de la personne.
Donc, ces notions-là, on va les voir plus
loin puis on pourra les circonscrire, ou les élargir, ou les moduler, les
définitions. Mais je vous dirais que l'article 9, lui, vise vraiment à
donner une idée, une règle générale, là... un consentement.
M. Barrette : Oui. Mais,
en même temps... Parce que 9, s'adresse à une notion qui n'est pas écrite, la
notion de l'implicité, là...
M.
Caire
:
...les élargir ou les moduler, les définitions. Mais je vous dirais que l'article 9
vise vraiment à donner une idée, une règle générale, là, une fin, un consentement.
M. Barrette : Mais en
même temps... parce que 9 s'adresse à une notion qui n'est pas écrite, la
notion de l'«implicité» — là, je ne suis pas sûr que c'est un mot, là — mais
c'est-à-dire qui est implicite, là. 9, quand on parle de 9, on a
l'impression... ou du moins ça donne l'impression qu'on ne parle que de ce qui
est explicite. Mais il peut y avoir des choses qui sont implicites, ou bien
donc est-ce que... le ministre, est-ce qu'il considère que 9 ne peut être
considéré comme étant un article qui s'adresse à de l'explique? Est-ce qu'il
n'est pas explicite, puis on ne peut pas le faire?
• (12 h 10) •
M.
Caire
: C'est-à-dire
que ce que 9 amène, c'est la notion de finalité, pourquoi on collecte des renseignements
personnels. Donc, il découpe cette idée-là que les renseignements personnels
sont collectés, qu'ils sont collectés dans l'objectif de faire quelque chose
avec. Et l'article 9, il dit juste : Tout ce que vous voulez faire
avec ces renseignements personnels que vous collectez, vous devez demander...
pour chacune de ces finalités-là, vous devez demander le consentement. 9, il
fait ça. Le reste... puis le débat du député de La Pinière est extrêmement
pertinent, je ne conteste pas la pertinence de son propos, au contraire. Mais
c'est juste que 9, il établit une règle générale. Donc, on a découpé ces
notions-là, à l'intérieur du projet de loi, pour dire : Bien, 9, il dit
une fin, un consentement, puis il faut que ce soit distinct du reste. Là, tu ne
peux pas noyer ça... tu ne peux pas noyer le poisson dans un long texte qui
n'en finit plus.
M. Barrette : O.K.
M. Caire
: Après
ça, les autres précisions, on les discute dans les articles subséquents.
M. Barrette : O.K. Juste de
même, là, d'une façon purement théorique, là, si c'est aussi explicite, comment
peut-on avoir de l'implicite dans les articles suivants?
M. Caire
: Bien,
c'est parce que, cette notion-là, elle existe, et on va la définir. Donc, la
règle générale, c'est ça. Cette règle-là comme toute règle va avoir son lot
d'exceptions, mais c'est à nous, comme législateurs, de définir quelles sont
ces exceptions-là.
M. Barrette : O.K. C'est
parfait. Ça clarifie la pensée du ministre, puis, moi, je l'apprécie. Donc,
pour le ministre, là, l'implicite doit être une exception. Il n'y aura pas
d'implicite qui n'est pas une exception. C'est important, la nuance entre les
deux, là.
M. Caire
: Oui,
oui... non, non, je... la question est pertinente.
M. Barrette : Explicite, là,
moi, je regarde ça, là, puis je me dis : Des fois, il y a des choses qui
sont implicites.
M. Caire
: Oui.
M. Barrette : Hein, c'est
des choses qui peuvent être implicites. Et là, le ministre nous dit : Non,
non, non, l'implicite, on va définir ça, puis ça va être une exception.
M. Caire
: Oui,
oui.
M. Barrette : Donc, il
n'y aura jamais de... donc ça va être, là aussi, itémisé, là.
M.
Caire
: Bien,
c'est parce que je veux juste être sûr que je...
M. Barrette : Les
exceptions.
M. Caire
: Non,
mais ce que le député de La Pinière amène c'est important, puis la réponse
à ça c'est oui, l'implicite c'est l'exception, ça, cette affirmation-là je dis
oui.
M. Barrette : O.K.
M.
Caire
: Je ne
suis juste pas sûr de comprendre ce qu'il veut dire par la définition de
l'implicite, là. C'est là où je ne sais pas…
M. Barrette : Ah, bien,
non, ce n'est pas...
M.
Caire
: …ce
que le député de La Pinière amène c'est important, puis la réponse à ça
c'est oui, l'implicite c'est l'exception, ça, cette affirmation-là je dis oui.
M. Barrette : O.K.
M.
Caire
: Je ne
suis juste pas sûr de comprendre ce qu'il veut dire par la définition de
l'implicite, là, c'est là où je ne sais pas…
M. Barrette : Ah, bien, non,
ce n'est pas tant la… justement, c'est ça l'idée, c'est la définition de
l'implicite, c'est exactement ça. Alors là, ça, ça veut dire… puis c'est
correct, là, moi j'aime ça.
M.
Caire
: Non,
mais ce que je veux dire c'est que…
M. Barrette : C'est-à-dire
qu'on va autoriser explicitement certaines choses et on va explicitement
déterminer des…
M.
Caire
: des
exceptions
M. Barrette : …des exceptions
et donc personne ne va pouvoir évoquer que : Oui, mais votre consentement,
implicitement, voulait dire telle affaire.
M.
Caire
: Oui.
Non, bien écoute… non, bien c'est ce qu'on souhaite. Ceci étant dit, là où je
veux être sûr que je comprends, c'est est-ce que la nomenclature des exceptions
va être adressée à des cas extrêmement particuliers, très précis, dans la loi?
Mais je veux juste être sûr, parce que ça, c'est non. Tu sais, on va donner des
lignes directrices.
Comme je disais tout à l'heure, le
principe que l'utilisation ou la communication du renseignement personnel se
fait manifestement dans l'intérêt de la personne. Je pense que l'exemple que le
député de La Pinière apportait est un bon exemple, dans le sens où est-ce
que moi, là, qui suis traité pour x problèmes de santé, je veux que mon médecin
ait accès à tous les renseignements dont il a besoin pour assurer le meilleur
traitement? Bien, je pense qu'on peut partir du principe que la réponse c'est
oui. On peut partir du principe que la réponse c'est oui.
Est-ce que dans le traitement d'un dossier
le fait de communiquer des renseignements personnels pourrait m'amener à
bénéficier d'un avantage dont je n'ai pas connaissance? Bien, oui. Puis, là, je
prends l'exemple de crédits d'impôt qui n'ont pas été utilisés par des groupes
de personnes qui n'en avaient pas connaissance puis, tu sais, manifestement
dans leur intérêt ça aurait bien qu'on puisse échanger ces informations-là,
puis qu'on puisse leur signaler le fait que : Oups, «by the way,» vous
aviez droit à tel ou tel crédit d'impôt puis vous ne l'avez pas utilisé, là,
puis ça vous aurait donné un remboursement de tant… Mais, tu sais, ça, c'est
manifestement dans l'intérêt de la personne, là.
Alors… mais est-ce qu'on va dire :
Bon, bien, est-ce que telle organisation peut communiquer des renseignements
personnels à tel… puis ça, c'est considéré comme…? Non, tu sais, on n'ira pas
dans cette granularité-là, mais… ou peut-être, là, je veux dire, les collègues,
on va le faire ensemble, là, puis les collègues me diront comment ils voient
ça, là, mais moi je pense qu'on peut donner des lignes directrices encore là,
on peut aller, je pense, à un certain niveau de précision, mais faut quand
même…
M. Barrette : Je comprends
bien, M. le Président, il y a des limites à la granularité, puis on s'entend
là-dessus, là, on ne sera pas moléculaire.
M.
Caire
: Voilà
M. Barrette : Bon. Maintenant,
il faut être suffisamment macroscopique pour avoir un effet correct, là.
M.
Caire
: Oui,
on s'entend.
M. Barrette : Bon, c'est
correct. O.K. là-dessus, ça va, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci.M. le député de
LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Merci, M.
le Président. Est-ce que le ministre a la certitude…
M. Barrette : …on s'entend là-dessus,
on ne sera pas moléculaire. Voilà. Bon. Maintenant, il faut être suffisamment
macroscopique pour avoir un effet correct.
M.
Caire
: Oui.
M. Barrette : Bon. On
s'entend. C'est correct. O.K. Là-dessus, ça va, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine, s'il vous plaît.
M. Tanguay
: M. le
Président, est-ce que le ministre a la certitude, tel que rédigé qu'en aucun
cas ne serait vu comme un consentement, l'application du vieil adage : Qui
ne dit mot consent?
M.
Caire
: Non…
Oui, oui à votre question : Est-ce que j'ai la certitude? Oui.
M. Tanguay
: Par quel
mot?
M.
Caire
: Parce
que, pour moi, quand on dit que le consentement doit être manifeste, libre,
éclairé, bien, pour moi, la notion de manifeste, j'ai… puis ce que Me
Miville-Deschênes a dit, c'est que la situation me garantit que le citoyen qui
a donné son consentement a vraiment donné son consentement, là, ce n'est pas quelque
chose qui est passé en dessous du radar, puis…
M. Tanguay
: Parce que
c'est important ce qu'on dit là, dans l'interprétation, et, le cas échéant,
dans ce que mettra la CAI dans ses directives, c'est important ce qu'on se dit
là. En aucun cas d'espèce, ici, là, pour l'application de 53.1, on pourrait
dire : Bien, j'ai, moi, organisme public… puis un organisme public
pourrait être très performant et très proactif, de dire : Monsieur X, nous
avons l'intention de faire ça avec vos renseignements personnels. Puis je suis
capable de confirmer qu'il a reçu le courriel, par exemple, j'ai un accusé
réception qu'il a reçu, et à défaut d'avis contraire, nous allons procéder dans
les 10 jours.
Est-e qu'on s'entend qu'une telle
approche ne pourrait jamais être considérée, même si je suis capable de faire
la preuve hors de tout doute raisonnable, il l'a reçu, le courriel, il l'a lu,
il lit le français, c'était clair, «à moins d'avis contraire, nous procédons
dans les 10 jours». Pouf! Le 11e jour, on procède. Est-ce que ça, c'est clairement
exclu, puis on ne retrouvera pas ça dans les directives?
M.
Caire
: Bien,
je vais laisser Me Miville-Deschênes compléter ma réponse, mais, moi, je vous
dirais que, pour le fait que, oui, j'ai une confirmation que le courriel a été
ouvert, mais du fait que je n'ai pas la confirmation que c'est bel et bien la
personne à qui il a été adressé, M. le député, j'imagine que c'est, chez vous, la
même chose que chez moi, là, les enfants ont accès aux ordinateurs puis, bon,
tu sais, des fois, ou la conjointe ou… tu sais, un accusé réception n'étant en
rien une preuve que la personne, à qui le courriel était destiné, est bien la
personne qui a lu le courriel. Donc, pour moi, puis je vais laisser Me
Miville-Deschênes compléter la réponse, mais, pour moi, ce ne serait pas un consentement
manifeste, parce que je ne peux pas vous garantir que la personne qui a ouvert
le courriel, c'était M. Untel…
M.
Caire
:
...courriel était destiné est bien la personne qui a lu le courriel. Donc, pour
moi, puis je vais laisser Me Miville-Deschênes compléter la réponse, mais,
pour moi, ce ne serait pas un consentement manifeste, parce que je ne peux pas
vous garantir que la personne qui a ouvert le courriel, c'était M. Untel,
puis ce n'était pas son fils aîné par inadvertance, ou madame qui a oublié de
lui en parler, puis... Vous comprenez? Ça fait que, pour moi, la réponse à
votre question, c'est non, ce ne serait pas un consentement manifeste. Mais,
avec votre permission, M. le député, je laisserais les juristes. Peut-être la
loi a-t-elle une interprétation différente des techniciens en... des gens
d'informatique.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, juste pour compléter, sur le terme
«manifeste», il faut qu'il n'y ait aucun doute, là, sur la volonté de la
personne. Mais ce n'est pas automatiquement la personne... Le consentement ne
sera pas automatiquement explicite, et la personne n'aura pas automatiquement à
dire oui. Ce que je veux dire par là, c'est que, dans une situation où tu es
dans un organisme public, tu demandes un service, puis il dit : Bon, bien,
parfait, ce service-là va nécessiter que je communique à telle personne. Tu
sais, ça peut être manifeste sans que la personne expressément dise : Oui,
je le veux. Il peut y avoir quand même un consentement qui est manifeste sans
que la personne ait à nécessairement verbalement, là, donner son accord.
M. Tanguay
: Donc, à ma
question, la réponse est oui. Un citoyen pourrait recevoir un courriel d'un
organisme public disant : M. X, à moins que vous nous... à moins
d'avis contraire de votre part, dans 10 jours, nous allons faire ceci avec
votre renseignement personnel. Je confirme qu'il a reçu le courriel, c'est
marqué «lu». Et j'ai même, puis je rajoute au cas du ministre, une confirmation
que c'est lui qui l'a lu. Il ne parle pas. Est-ce que, oui, ça pourra être
interprété par l'organisme public comme se qualifiant sous 53.1?
M.
Caire
: Si
j'ai l'absolue certitude que c'est lui qui a lu le courriel, je ne sais pas.
M. Tanguay
: Puis il
n'a pas parlé.
M.
Caire
:
Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je ne penserais pas, non. Ce n'est pas comme
la situation où tu as la personne devant toi, là, puis tu l'informes, puis tu
vois qu'elle comprend la situation, c'est clair. Là, je... Écoutez, c'est une
bonne question. Mais, dans un cas comme ça, je ne pense pas qu'on pourrait
conclure, là, que c'est vraiment manifeste et éclairé comme consentement.
• (12 h 20) •
M. Tanguay
: Vous
comprenez l'importance de ce qu'on fait là? Parce que ça, là, c'est le pain, le
beurre, c'est matin, midi, soir, 365 jours, là, dans nos organismes. Puis, à un
moment donné, trop vouloir en faire, des fois, on dessert ce qu'on veut. On
veut une efficacité de l'administration publique. Puis ça, il faudrait le
préciser à ce stade-ci puis ne pas laisser la CAI le déterminer.
Donc, ce que vous me dites, c'est qu'à la
fin, corrigez-moi, là, qui ne dit mot consent ne se qualifierait pas, sachant
qu'il l'a reçu puis que c'est lui qui l'a lu, ça ne se qualifierait pas, ça ne
passe pas la rampe pour nos organismes publics. C'est-u le message, M. le
ministre, qu'on envoie aujourd'hui aux organismes publics?
M.
Caire
: Bien,
moi, le message que...
M. Tanguay
: …à la fin,
corrigez-moi, là, qui ne dit mot consent ne se qualifierait pas, sachant qu'il
l'a reçu puis que c'est lui qui l'a lu, ça ne se qualifierait pas, ça ne passe
pas la rampe pour nos organismes publics. C'est-u le message, M. le ministre,
qu'on envoie aujourd'hui aux organismes publics?
M.
Caire
: Bien,
moi, le message que j'enverrais aux organismes publics, c'est… va dans le sens
de ce que vous dites. J'aimerais autant que nos organismes publics utilisent
une façon qui ne soulève aucun doute quant à l'utilisation des renseignements
personnels, comprenons-nous bien, je ne parle pas de données en général. Et toujours
dans… parce que… puis ça, ça va dans le sens de ce que le député de La Pinière
amenait comme élément. Parce qu'il y aura des exceptions où l'organisme public
agira manifestement dans l'intérêt du citoyen. Vous inscrivez votre enfant à
l'école, bien, c'est sûr que vous allez donner les bulletins, là. Tu sais, ça
prend une preuve qu'il a réussi son année. Ça fait qu'est-ce que je vais vous
demander manifestement votre consentement pour prendre… pour demander les
bulletins de votre enfant, pour préciser qu'il a réussi son année? Bien non.
Pour moi, c'est… comprenez-vous ce que je veux dire? Donc, je pense que ces
exceptions-là vont venir temporiser les situations où la bureaucratie
l'emporterait sur le gros bon sens. Et…
M. Tanguay
: En tout
respect, je peux… Oui.
M.
Caire
: Mais,
juste pour vraiment répondre précisément à votre question. Pour ce qui requiert
un consentement manifeste, moi, je pense que, dans les organismes publics,
effectivement, on pourrait s'assurer que, qui ne dit mot consent n'est pas la
règle qu'on devrait suivre.
M. Tanguay
: Qui ne dit
mot consent ne devrait en aucun cas d'espèce se qualifier sous 53.1.
M.
Caire
: On
s'entend.
M. Tanguay
: Bon, ça,
c'est clair. Par contre, là, on jase, là, il ne faut pas mélanger deux choses.
Je donne mon dossier médical, il y a tout là-dedans. Je suis à l'hôpital x pour
un traitement spécifiquement. Il y a une urgence x cas d'espèce, peu importe,
je dois être transféré dans un autre hôpital, dans un autre département pour un
autre traitement. Là, il ne faut pas mélanger la valide utilisation d'une
information, dans un contexte qui coule de source ou lorsque je l'ai donné
initialement, elle va pouvoir être utilisée pour la suite de la chaîne, là. Ce
n'est pas vrai que de département à département, il s'en va en radiologie, il
s'en va en cardiologie, tu sais, on change d'étage, on rentre dans l'ascenseur
puis tout ça. Il ne faut pas mélanger, donc, une utilisation. Puis je pense
qu'on va en reparler, puis c'est important des concepts. Une utilisation qui
découle et qui est inclus dans le consentement initial versus je suis un
organisme public, j'ai ramassé le renseignement pour une utilisation a, là,
j'aimerais en faire une utilisation b. Ça, c'est un autre cas d'espèce où, là,
je devrais me qualifier en vertu de 53.1. Puis c'est important ce qu'on se dit
là, qui ne dit mot consent, est-ce que…
M. Tanguay
: ...versus
je suis un organisme public, j'ai ramassé le renseignement pour une utilisation
a, là, j'aimerais en faire une utilisation b. Ça, c'est un autre cas d'espèce
où, là, je devrais me qualifier en vertu de 53.1.
Puis c'est important, ce qu'on se dit là,
qui ne dit mot consent. Est-ce que... Parce que ce qu'on fait là, c'est important,
ça a une implication, entre autres, à l'article 102 de la loi qui va introduire
un nouvel article 14, c'est copier-coller. Est-ce que ça serait donc aussi le
même étalon de mesure, le même nom, qui ne dit mot consent, dans le secteur
privé?
M.
Caire
: Je ne
vois pas de raison qu'il y ait une différence entre les deux.
M. Tanguay
: Et là le ministre
va être peut-être d'accord avec moi, qui ne dit mot consent, il y a des fins
privées qui demandent peut-être, puis j'aimerais l'entendre là-dessus parce que
c'est important, je ne suis pas en train de prendre position... Est-ce que les
fins privées doivent être analysées de façon plus restrictive que les fins
publiques quant à l'intérêt public, l'utilisation, on est là pour servir... ou
dans les deux cas, public, privé, puis c'est important ce qu'il va dire là, le ministre,
c'est les mêmes standards, les mêmes restrictions? Ça, c'est une philosophie
qu'il faut savoir avant de rédiger la loi.
M.
Caire
: Bien,
écoutez, pour moi... si on parle de 53.1, pour moi, c'est la même chose, à
savoir que chaque finalité amène un consentement qui est distinct. Puis là le
député de LaFontaine ne m'en voudra pas de réserver mon commentaire à l'article
9, puis quand on arrivera aux autres articles qui traitent des exceptions ou
des nuances, on refera... nous ferons le débat. Mais dans le principe général,
une finalité, un consentement explicite et distinct de d'autres informations,
pour moi, ce principe-là, il s'applique au public, il s'applique au privé.
M. Tanguay
: Une fois
qu'on a dit ça, c'est important, c'est la... de notre maison, là, on va mettre
le solage. Ce qu'on n'a pas au privé puis ce qu'on a au public, c'est ce à quoi
le Barreau nous faisait référence quand il disait : «L'utilisation de renseignements
personnels sans le consentement de la personne visée — et il faisait
référence à l'article 6 du règlement européen — prévoit certaines
autres fins licites concernant cette utilisation-là.» Et on parlait de la
sauvegarde des intérêts vitaux, la mission d'intérêt public, l'intérêt
légitime. Donc, j'en suis, j'en suis au niveau public.
Comment... Le ministre est-il d'accord
avec ça, que l'utilisation qui en découle pour d'autres fins d'intérêt public,
vitaux, mission d'intérêt, intérêt légitime... et comment ça, qui n'est pas une
fin commerciale... Est-ce que c'est son intention de légiférer pour que ça soit
plus...
M. Tanguay
: …avec ça
que l'utilisation qui en découle pour d'autres fins d'intérêts publics vitaux,
missions d'intérêt, intérêt légitime, et comment ça, qui n'est pas une fin
commerciale, est-ce que c'est son intention de légiférer pour que ça soit plus
facile pour les fins d'intérêts publics vitaux que pour les fins d'intérêt
commercial qui, dans les deux cas, pourraient en découler, là?
M.
Caire
: Mais
on va le faire, on va le faire.
M. Tanguay
: On le fait
où?
M.
Caire
: On va
le faire. Bien, un peu plus tard, notamment quand on va parler de la recherche,
notamment. Le collègue va constater qu'il y a des éléments qui touchent le
public qui ne sont pas vrais dans le privé.
M. Tanguay
: À quel
article, s'il peut nous les indiquer?
M.
Caire
: Je ne
l'ai pas en tête, M. le député, là, pour être honnête avec vous. Mais c'est
clair, au niveau… Puis on s'entend qu'au niveau des organismes publics, il y a
une mobilité de la donnée qui existe, qui ne peut pas nécessairement exister
dans l'entreprise privée, et je m'explique. Vos renseignements personnels sont,
par définition, sont détenus par plusieurs organismes publics parce que dans la
prestation de ces organismes-là, ces renseignements-là sont nécessaires. Et
donc, dans un objectif d'améliorer la qualité du service, de simplifier la vie
du citoyen, éventuellement ces transferts d'informations là vont pouvoir se
faire d'une façon plus fluide, puis ça, on va en parler quand on va introduire
l'article 70.3 et suivant avec le gestionnaire des renseignements personnels.
Le député de La Pinière va reconnaître l'empreinte que nous avons mise dans le projet
de loi n° 14 et pour lesquels nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il
faudrait adopter des projets de loi à chaque fois qu'on déploie un nouveau
système, puis que ce n'était pas nécessairement très efficace.
Donc, c'est sûr que cette disposition-là
va exister au public, n'existera pas au privé, clairement, clairement. Donc,
oui, pour répondre à sa question, il y aura des dispositions qu'on va retrouver
au public qu'on ne retrouvera pas au privé. Mais le principe général, une fin,
un consentement distinct de toute autre information, qui est amené par 53.1, ce
principe-là, il va s'appliquer indépendamment du public ou du privé.
M. Tanguay
: …mon
collègue de La Pinière veut revenir? Il y aura dans le public ce qu'on n'a pas
au privé, des atermoiements, à 53.1, quand on dit «manifeste», «clair», papi,
papa.
M.
Caire
: Je
n'utiliserais pas le mot «atermoiements», j'irais plutôt pour des
assouplissements, mais encadrés par ce que nous déciderons comme législateurs.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de La Pinière, s'il vous plaît.
M.
Caire
: …Me
Miville-Deschênes voudrait corriger mes gaffes.
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Me Miville-Deschênes, oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Rapidement. Non, c'est la maxime, quand on
dit : Qui ne dit mot consent, là.
M. Tanguay
: Elle vous
turlupine, celle-là.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Elle me…
12 h 30 (version non révisée)
M.
Caire
:
...mais encadré par ce que nous déciderons comme législateur.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M.
Caire
: Me
Miville-Deschênes, vous voulez corriger mes gaffes?
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Me Miville-Deschênes, oui?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Rapidement. Non, c'est la maxime qu'on dit :
Qui ne dit mot consent, là.
M. Tanguay
: Elle vous
turlupine, celle-là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Elle me turlupine parce que la loi nous dit :
Bon, je suis... une entreprise, j'informe la personne, qu'est-ce que je
communique, à quelles fins, etc. Puis suite à ça, évidemment, il peut consentir
de façon expresse, mais aussi, on peut déduire son consentement ne serait-ce du
fait qu'il nous communique les renseignements. Tu sais, je suis... on veut
envoyer ma facture par courriel, je vous donne mon adresse courriel. C'est une
évidence que je... mon intention est manifeste.
Donc, tu sais, je ne voudrais pas qu'on
interprète le «Qui ne dit mot consent» comme nécessitant, là, vraiment un «oui,
je consens». Des fois, ça se déduit de la communication du renseignement, là.
Puis je pense que c'est important, là.
M.
Caire
: Mais
ce que je comprenais du député de LaFontaine, c'est que le fait de ne pas
répondre, le fait de rester silencieux par rapport...
M. Tanguay
: ...à une
question...
M.
Caire
: ...à
une situation qui nous est présentée n'est pas une preuve de consentement
manifeste. Donc, ce que vous nous amenez comme situation, Me Deschênes, il y a
quand même une interaction, il y a un geste qui est posé par la personne de
répondre, d'envoyer l'adresse courriel, de communiquer ses renseignements. Il y
a un geste qui est posé qui peut nous donner à penser que le consentement est
manifeste.
Mais ce que le député de LaFontaine
amenait comme principe, c'est de dire : Je reste muet, je ne bronche pas,
je ne donne pas signe de vie, ne prenez pas ça comme un consentement manifeste.
J'ai-tu bien compris votre pensée, M. le député?
M. Tanguay
: Oui.
M.
Caire
:
C'était plus dans ce sens-là, je pense, que... Puis là-dessus, je pense qu'effectivement
on ne peut pas présumer que... Parce qu'il y a tellement de situations qui
peuvent expliquer le silence d'un citoyen, qui n'ont rien à voir avec son
consentement, qu'on ne peut pas dire qu'il est... Je ne veux pas utiliser les
mots «hors de tout doute raisonnable», là, parce que je me sors du contexte de
la loi n° 64. Mais qu'il est clair que c'est un geste de...
Ne pas poser de geste n'est pas un geste de consentement.
M. Tanguay
:
Et juste... M. le Président, 30 secondes. Certains sont venus dire :
Changez donc... Vous venez d'utiliser le mot «clair». Certains qui sont venus
dire : Changez donc «manifeste» pour «clair». Ce serait plus clair.
M.
Caire
:
Oui, «éclairé», pour moi, c'est clair. Puis après ça, quand on dit aussi «qui
est demandé en termes clairs et distincts», je pense qu'on... le libellé, comme
tel, il couvre pas mal tous les angles morts, si tant est qu'il y en a.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M. Barrette :
Ah! là, je ne veux pas faire de débat de sémantique, là, mais «éclairé», ça ne
veut pas dire «clair», là. Ce n'est pas la même chose, là.
M.
Caire
:
Partant du principe qu'on ne veut pas faire de débat de sémantique...
M. Barrette : On
n'en fera pas, hein?
M.
Caire
:
...j'arrêterai ça.
M. Tanguay
:
On va en faire un...
M.
Caire
:
Je vais arrêter ça là, je vais arrêter ça là.
Des voix
: Ha,
ha, ha!
M. Tanguay
:
...
M. Barrette : Je
pense que le «clair», c'est pour...
M.
Caire
:
Oui, oui, oui, mais ça lui arrive, de temps en temps, d'avoir raison, là, c'est
correct.
M. Barrette : Je
le sais, je le sais, mais qu'est-ce que tu veux. Mais le «clair», c'est pour
remplacer «manifeste»...
M.
Caire
:
Bon, c'est vrai.
M. Barrette :
...pas pour remplacer «éclairé».
M.
Caire
:
O.K., c'est correct.
M. Barrette :
Bon. Puis j'ai bien aimé la formule imprévue de mon collègue. L'implicite, ça
se traduit dans le langage courant par : Qui ne dit mot consent, là. Ça fait
que...
M. Barrette :...je pense que le «clair», c'est pour...
M.
Caire
:
Oui, oui, oui, mais ça lui arrive, de temps en temps, d'avoir raison, là, c'est
correct.
M. Barrette : Je
le sais, je le sais, mais qu'est-ce que tu veux. Mais le «clair», c'est pour
remplacer «manifeste»...
M.
Caire
:
Bon, c'est vrai.
M. Barrette :
...pas pour remplacer «éclairé».
M.
Caire
:
O.K., c'est correct.
M. Barrette :
Bon. Puis j'ai bien aimé la formule imprévue de mon collègue. L'implicite, ça
se traduit dans le langage courant par : Qui ne dit mot consent, là. Ça fait
que ce débat-là va rester, là. Mais ça, on l'aura plus loin.
Là, je comprends qu'à 73 et 74, on va
débattre suffisamment en profondeur de la circulation intragouvernementale de
la donnée. Donc, on s'en va vers une libéralisation dans des balises
spécifiques, spécifiées.
M.
Caire
: Bon.
M. Barrette : Non, non, mais
je suis d'accord.
M.
Caire
: Bon,
le choix de mot m'interpelle...
M. Barrette : Bien, je veux
dire...
M.
Caire
:
Libéralisation, il faudrait préciser ce qu'on entend par là, là. Mais, non...
Oui, oui, oui.
M. Barrette : Bien, je ne peux
quand même pas dire : «caquistaniser», là.
M.
Caire
: En
fait... Bien, en fait... bien, non, mais si je peux me permettre, moi, je
préfère parler... puis là on va faire un débat de sémantique, je préfère parler
de mobilité de la donnée, M. le député.
M. Barrette : Non, non, c'est
correct. Mais disons qu'on va partir de la situation actuelle qui est plus de
la nature d'un silo à une donnée qui devient fonctionnelle dans un État. Je
pensais partir là-dessus, mais...
M.
Caire
: Oui,
qui travaille autant horizontalement que verticalement.
M. Barrette : C'est correct.
Je pensais partir là-dessus à cette étape-ci, mais si le ministre nous dit, M.
le Président, qu'on va en parler en détail à 73, je vais ne pas consommer du
temps inutilement, là. Mais on en parlera à ce moment-là.
M. Tanguay
: Pour finir
l'analogie, là...
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine,
oui.
M. Tanguay
: ...comme
The Sims, là, quand votre personnage... je ne joue pas à ça, mais ma fille
jouait à ça. Personnage, quand c'est lui qui est actif, il a de quoi au-dessus
de la tête. Quand le ministre parle de mobilité de la donnée, il y a deux
choses qu'il faut ajouter dans notre jeu The Sims, le conducteur, c'est le consentement
donné. Et le conducteur pourra tomber sur pilote automatique, c'est la mission
de l'État et la justification de ne pas avoir de consentement conducteur. C'est
important, les concepts, là, puis l'analogie, elle est presque parfaite, là.
M.
Caire
:
Presque.
M. Tanguay
: Parce que
«mobilité», là, il y a une petite auto, puis il y a tous mes renseignements qui
se promènent, mais là je ne veux pas qu'ils se promènent n'importe où n'importe
comment, là. Je ne veux pas me dire que mon auto est rendue au Saguenay, là, je
reste à Montréal.
M.
Caire
: D'où
l'importance...
M. Tanguay
: Mon
conducteur, c'est mon consentement parce que c'est lui qui guide.
M.
Caire
: Oui,
mais d'où l'importance, dans... bien, d'abord, personnellement d'adopter 9,
donc d'établir ce principe général de base, qui est contraignant et restrictif,
et d'arriver subséquemment avec des situations où on comprend que le consentement
ou la mobilité de la donnée se fait dans l'intérêt du citoyen et dans un objectif
non pas d'abuser de l'utilisation de ces renseignements personnels, mais bien
de les utiliser pour son plus grand bénéfice. Mais ça, on le verra avec le
gestionnaire de données puis on va l'inscrire, M. le député de La Pinière,
dans le débat qu'on a eu sur 14 où, je pense que, et vous et moi, on s'est
dit : Bien, tabarouette, là! Ce n'était pas… Ce n'est pas simple, là. 14,
ce n'est pas simple, là. Bien, c'est ça. À court terme, c'était nécessaire,
mais là ayons une vision à long terme...
M.
Caire
: …va
l'inscrire, M. le député de La Pinière, dans le débat qu'on a eu sur 14,
où je pense que et vous et moi, on s'est dit : Tabarouette, là! Ce n'était
pas… Ce n'est pas simple, là. 14, ce n'est pas simple, là. Bien, c'est ça. À
court terme, c'était nécessaire, mais là, ayons une vision à long terme, puis, lorsque
nous tous… Peut-être pas le député de Gouin, là, parce qu'il y a un petit écart
d'âge, quand même, là. Mais, quand nous tous serons dans nos maisons des aînés
respectives, on regardera aller ça, le député de Gouin, puis on se dira :
Eh! Une chance qu'on a fait ça.
M. Tanguay
: On a vu
que l'ex-collègue Amir Khadir nous a prédit où allait être le député de Gouin à
ce moment-là…
M.
Caire
: Absolument.
Absolument, absolument.
M. Tanguay
: …en fin de
semaine passée : à la tête du Québec.
M.
Caire
:
Voilà. Bien, je lui souhaite…
M. Tanguay
: C'est une
prophétie.
M.
Caire
: …mais
plus tard, beaucoup plus tard.
M. Tanguay
: Vous allez
vous occuper de nous. Aïe! Il va avoir des comptes à rendre quand ça va être
nous qui vont vouloir avoir les services, là.
M.
Caire
: Non, c'est
ça.
M. Tanguay
: Livre, à
cette heure!
M.
Caire
: Nous
serons à La Joute, messieurs, nous serons à La Joute…
Le Président (M.
Bachand) :O.K. J'ai le député de La Pinière…
M.
Caire
: …en
train d'analyser les faits et gestes du député de Gouin.
M. Tanguay
: C'est ça.
Le Président (M.
Bachand) :O.K. M. le député de La Pinière,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Selon la
prophétie de M. Khadir.
M.
Caire
: Oui, absolument.
M. Barrette : Je ne sais pas,
M. le Président, si on avait choisi d'aller alinéa par alinéa, ainsi de suite,
là.
Le Président (M.
Bachand) : On fait ça globalement, l'article, là, finalement.
Donc, le temps est additionné.
M. Barrette : Je vais rester dans
le premier alinéa, là, pour… Je ne veux pas casser la conversation, là, mais…
L'autre élément, là, ça, c'est toujours des… c'est quand même un voeu pieux,
là, parce que ça ne dit pas vraiment exactement jusqu'où on peut… on doit
aller, pas peut, mais on doit aller. Quand on dit, là, que lorsque la personne
le requiert, «il lui est prêté assistance», là, prêter assistance, là, pour
comprendre la portée du consentement, c'est vaste. Est-ce que le ministre a une
idée plus précise de ce qu'est l'assistance?
M.
Caire
: Bien,
je pense qu'on a eu cette discussion-là dans les articles… dans l'article 1,
qui introduisait l'article 8…
M. Barrette : Je n'étais
peut-être pas là.
M.
Caire
: …sur
les comités. On reste dans les mêmes définitions, là, de ce qui est… de ce qui
demeure raisonnable.
M. Barrette : C'est-à-dire?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, c'est une… Bien… Non, mais c'est parce qu'en tout respect, on a eu
cette discussion-là sur les comités, l'obligation de porter assistance pour
comprendre une décision. C'est-u l'article 1? L'article 6, article
6 — merci, Me Deschênes — où on a, je pense, abondamment
discuté du fait que s'entend de ce qu'il est raisonnable de faire pour qu'une
personne comprenne ce que le consentement signifie, puis ça nous amène
peut-être à ce que le député de Gouin amenait comme argument. Je veux dire, c'est
des notions qui sont généralement balisées, si je ne m'abuse, notamment dans le
droit civil, là, c'est des notions qui sont balisées par la pratique. C'est
des…
M.
Caire
: …à ce
que le député de Gouin amenait comme argument. Je veux dire, c'est des notions
qui sont généralement balisées, si je ne m'abuse, notamment dans le droit
civil, là, c'est des notions qui sont balisées par la pratique, c'est des
libellés qui sont généralement reçus.
M. Barrette : Bien,
pouvez-vous m'éduquer?
M.
Caire
: Non.
Ça, ça, c'est au-dessus de mes forces. Mais je peux essayer de vous renseigner,
par contre.
M. Barrette : Non, non, ne
vous gênez pas, là. Mais je le sollicite, là. Moi, je lis un consentement, là,
d'une application x, d'un logiciel x, d'une… d'un service x,
puis il y a deux paragraphes que je ne comprends pas, là. En général, je
n'ai pas de numéro de téléphone où appeler pour dire : C'est quoi que vous
voulez dire par ça, là? O.K. C'est quoi, la jurisprudence de ça, là, s'il y en
a une? Qu'est-ce que le Code civil prévoit?
Moi, je vais juste dire ça comme ça, là,
je pense m'avancer assez pour pouvoir affirmer… assez… pour pouvoir affirmer
que je n'ai pas de numéro de téléphone où appeler, moi, là, là.
• (12 h 40) •
M.
Caire
: Je
vais laisser Me Miville-Deschênes vous répondre à cette question. Mais je
le… puis, je le dis, là, puis c'est correct, on va répondre à la question, mais
on… c'est quand même un débat qu'on a eu abondamment à l'article 6, là. Et
c'est une notion qu'on va retrouver ailleurs, dans le projet de loi. Je dis ça
de même.
M. Barrette : Alors, pour
utiliser des mots qui sont appropriés dans cet article-là, éclairez-moi.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, le devoir d'assistance, à titre d'exemple,
dans la loi sur l'accès, est déjà présent quand on veut déposer une demande
d'accès. On peut s'adresser au responsable qui doit nous prêter assistance pour
nous aider à identifier le document qu'on cherche. Donc, l'objectif est
vraiment de… d'assurer que… Puis là, on a fait un ajout pour dire qu'une fois
que la décision est rendue, le devoir d'assistance se poursuit, là, pour aider
la personne à comprendre la décision.
Quand on lit les organismes publics, tu
sais, les coordonnées du responsable, là, sont diffusées, sont accessibles.
Donc, l'objectif, c'est de clarifier le fait que le responsable doit… si les
coordonnées sont accessibles et qu'il doit, sur demande, là, prêter assistance
pour comprendre vraiment la portée du consentement qui est demandé, là.
Dans le secteur privé, là, on crée la
fonction de responsable aussi, de par le projet de loi. On va y revenir, là.
Donc, ça sera la responsabilité de ce… de cette nouvelle personne-là, désignée
par la loi, de prêter assistance, là, à la personne pour bien comprendre,
justement, d'où… qu'est-ce qu'il y a… inclut le consentement.
M. Barrette : O.K. Donc, la
réponse, c'est, pour les organismes publics, d'après vous, il y a nommément une
personne qui a la compétence pour m'aider, disons, juridiquement. Parce que
c'est un peu le juridique, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, il y a au moins un… comment dire? Un point de
chute, c'est-à-dire le responsable de la protection des renseignements
personnels, qui peut être contacté. Puis, suite à ça, bien, là, pour le
consentement, s'il n'est pas en mesure de répondre personnellement, là, sur la
portée de ce consentement-là, bien, il va être en mesure d'aller chercher le renseignement,
là.
M. Barrette : Bien, vous allez
être d'accord avec moi que…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …point de chute, c'est-à-dire le responsable de la
protection des renseignements personnels qui peut être contacté. Puis suite à
ça, bien, là, pour le consentement, s'il n'est pas en mesure de répondre
personnellement, là, sur la portée de ce consentement-là, bien, il va être en
mesure d'aller chercher le renseignement, là.
M. Barrette : Bien, vous allez
être d'accord avec moi que… bien, peut-être que je n'ai pas porté attention,
mais j'ai rarement vu, dans les organismes publics, également dans le privé,
une référence, à la fin du consentement, à côté de «J'accepte», «J'ai lu et
j'accepte que…», et «by the way», si vous avez des questions, voici la personne
que vous pouvez contacter, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, dans les politiques de confidentialité, il y a
généralement le nom d'un responsable, là. Je dis «généralement», il faudrait
que je vérifie, mais il y a le nom d'un responsable dans le secteur public, là,
ou, du moins, peut-être pas son nom mais les coordonnées ainsi qu'un numéro de
téléphone pour le contacter.
M. Barrette : Mais il n'est
pas prévu dans nos lois, là, que le demandeur de consentement, dans n'importe
quelle organisation, ait l'obligation d'afficher la personne ou le numéro de
téléphone qui donne accès à une personne responsable de… Moi, je dis juste ça
comme ça, là. Parce que, vous savez, au gouvernement, par exemple, je vais dans
une entité communément connue, là, le gouvernement, quand on cherche la
personne responsable, elle est dans le site du ministère en question. En général,
on ne le trouve pas. D'ailleurs, trouver quelque chose sur les sites des ministères,
c'est comme, en général, impossible. Ça, c'est de l'ironie, là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, j'ai compris, mais je vais souligner le fait
que le Règlement de diffusion oblige tous les ministères du gouvernement du
Québec à afficher le nom du responsable dans une section dédiée à cette fin,
qu'on trouve généralement en bas de la page, avec les coordonnées, là, du
responsable de l'accès et de la protection des renseignements personnels.
Dans le projet de loi, il y a une
disposition qui va venir un peu plus tard sur les politiques de confidentialité
qui, bon, qui prévoient, de façon générale, là, l'obligation de la diffuser
puis d'informer lors d'une mise à jour de la politique, puis il y a aussi un
pouvoir réglementaire, là, qui pourrait être utilisé, notamment pour exiger,
là, que le nom du responsable apparaisse dans cette politique-là. Nom du
responsable qui apparaît déjà sur le site Internet dans le cas des
120 organismes.
M. Barrette : Mais là on n'a
pas ça dans nos lois, là, cette obligation-là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, le nom du responsable…
M. Barrette : Qu'en bas, là, à
côté de «J'accepte», là, puis si vous avez des questions, là… vous appelez la
personne responsable à telle place.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Il n'y a pas cette exigence-là précise dans la loi.
M. Barrette : Non. C'est ce
que je pensais.
M.
Caire
: C'est
réglementaire. Ce n'est pas légal, mais c'est réglementaire.
M. Barrette : Ah! je le sais,
mais les règlements, hein, c'est comme les sites Internet, des fois, c'est
obscur, en application.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le député. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
:
LaFontaine? Oui, merci.
Le Président (M.
Bachand) : Oui, c'est vous.
M. Tanguay
: Dans le
contexte de la loi d'accès à l'information des organismes publics, «à des fins
spécifiques» est de droit nouveau… serait de droit nouveau. «À des fins
spécifiques», on ne le retrouve pas, hein?
M.
Caire
:
Me Deschênes.
M. Tanguay
: «Spécifiques»,
le caractère spécifique est de droit nouveau.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, il est de droit nouveau… il est à
l'article 14 du privé.
M. Tanguay
: Je parle,
au public.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, au public, effectivement, il est de droit
nouveau, mais la Commission d'accès à l'information a déjà… utilise déjà ces
critères du consentement là, autant dans le privé que dans le public. Donc,
même s'il n'était pas ajouté, je vous dirais qu'on fait plus… en ajoutant la
première phrase, là…
M. Tanguay
:
…spécifique, le caractère spécifique et de droit nouveau.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Mais le droit nouveau, il est à l'article 14 du
privé.
M. Tanguay
: Je parle,
au public.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, au public, effectivement, il est… droit
nouveau, mais la Commission d'accès à l'information a déjà… utilise déjà ces
critères du consentement là, autant dans le privé que dans le public. Donc,
même s'il n'était pas ajouté, je dirais qu'on fait plus… en ajoutant la
première phrase, là, sur le «éclairé et manifeste», «fins spécifiques», on fait
un peu plus codifier la jurisprudence que vraiment du droit nouveau.
M. Tanguay
: Dans ma
petite automobile rouge qui contient tous mes renseignements, puis qu'il y a la
petite icône au-dessus parce qu'elle est active, elle est mobile, elle se
promène. «Spécifiques», ça veut dire qu'il va y avoir des barrages, il va y
avoir une couple de barrages sur la route, là? Qu'est-ce que ça veut dire?
M.
Caire
: Bien,
spécifiques, c'est que…
M. Tanguay
:
Spécifiques, pour moi, c'est saucissonné. Spécifiques… moi, c'est saucissonné.
M.
Caire
: Mais
spécifiques, oui, oui, spécifiques, c'est… Bien, comme je vous l'ai dit, c'est
la règle générale qu'on tente d'établir, à savoir que, quand je collecte des
informations, des renseignements personnels, vos renseignements personnels, je
dois vous dire à quelle fin je veux les utiliser. Et s'il y a plusieurs fins,
je dois les décliner, je dois décliner toutes les fins.
M. Tanguay
: O.K., mais
il faut que vous me donniez l'opportunité, s'il y a six fins, de dire :
Oui, oui, non, oui, oui, non.
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Tanguay
: Ça, ça
ajoute. Autrement dit, mon «spécifiques» dans le contexte… je suis toujours
dans le contexte du public, là, je ne suis pas dans le contexte du privé, vous
allez acheter du maquillage, M. le ministre, et vous… on vous demande votre
adresse courriel…
M.
Caire
: M. le
Président, on me prête des intentions, là.
M. Tanguay
: C'est bien
correct. C'est bien correct.
Le Président (M.
Bachand) : C'est légal.
M. Tanguay
: C'est très
bienvenu. Et on vous demande votre… dans le privé, c'est quand on vous demande
votre courriel pour vous envoyer la facture, c'est correct, c'est pour envoyer
la facture, mais ne vendez pas la liste de courriels pour que j'aie de la
publicité pour d'autres choses. Ça, on comprend qu'on peut le saucissonner. Je
reviens avec mon saucisson, là, je coupe des tranches.
Mais c'est un peu antinomique, puis je
pose la question, je ne suis pas en train de dire : Nous, on loge là, on
veut ça puis on va faire un amendement, je pose la question spécifique dans le
contexte public, alors qu'on sait qu'il va y avoir une mobilité des données
qu'on ne retrouvera pas à l'intérieur du privé. Puis je reviens à mon
questionnement philosophique, il faut qu'à un moment donné il y ait des petites
différences dans les articles de principe. Est-ce que, dans le contexte public,
je pose la question, manifeste, libre et éclairé, ça ne couvrirait pas et ça ne
serait pas… ça ne serait-il pas suffisant, ces trois qualitatifs-là, versus à
des fins spécifiques où dans des cas d'espèce, on risque, pour des fins de
recherche… mon commentaire du Barreau, là, on risque d'avoir une enfarge qui ne
serait pas légitime, peut-être?
M.
Caire
: Bien,
là-dessus, moi, je répondrais non. J'aime autant une règle générale qui est
claire, qui s'interprète de façon claire, simple et précise, il y a une fin, il
y a un consentement.
Après ça, où je rejoins le député de
LaFontaine, et c'est ce qu'on va faire plus loin, là, on comprend, là, qu'il y
a un contexte dans le public qui est particulier, on le comprend. Et c'est…
M.
Caire
: …de
façon claire, simple et précise, il y a une fin, il y a un consentement. Après
ça, où je rejoins le député de LaFontaine, et c'est ce qu'on va faire plus
loin, là, on comprend, là, qu'il y a un contexte dans le public qui est
particulier, on le comprend. Et c'est là où je lui disais : Il y a des
dispositions qui vont être spécifiques au public. J'entends par là, notamment, notamment,
le gestionnaire des renseignements personnels. Vous ne retrouverez pas ça dans
le privé, là, c'est une fonction qui va exister dans le public et dans le
public exclusivement. Parce qu'on comprend tous que vos renseignements
personnels seront partagés… En fait, actuellement, la façon dont ça fonctionne,
c'est, ils sont collectés par chaque organisme public qui vous doit une
prestation de service. Ce qui amène son lot d'erreurs, de désagrément, de
lenteurs, de bureaucratie, de toute l'hypothèque que ça amène au niveau du
citoyen, et où, là, on se dit : Bon bien, attends un peu, là. On
pourrait partager ces renseignements-là, et c'est là… Mais ça, ça, c'est
l'exception à la règle générale puis cette exception-là, nous la codifierons,
ici, par la loi. Et on verra à qui et comment et quand et pourquoi on veut
donner ces exceptions-là. Mais la règle générale s'entend bien, s'entend
clairement, elle s'applique à tout le monde. Moi, je pense… je préfère avoir un
article 9 tel qu'il est libellé, comme ça, puis, après ça, dire :
Nonobstant à ce qu'on a dit dans l'article 9, on comprend que telle,
telle, telle situation. Regarde, il ne faut pas virer fou non plus, là.
M. Tanguay
: On va voir
à l'article 12 qu'on introduit deux autres concepts. Puis, là, on est à la
veille d'en terminer, à 53.1, de retourner toutes les pierres parce que
c'est important, là. On introduit à l'article 12 du projet de loi des
amendements qui seront à 59 de la Loi d'accès publique. Ce consentement, on
fait la distinction «renseignement personnel sensible», ça fait qu'on aura un
débat à un moment donné, j'imagine qu'on va le définir — qu'on me
corrige si j'ai tort, mais il y aura un article qui va nous permettre de
définir «renseignement personnel sensible».
M.
Caire
:
Est-ce qu'il est déjà défini ou est-ce qu'il va être défini?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est à même l'article 12, 59, à la fin.
• (12 h 50) •
M. Tanguay
: O.K. Ça
fait qu'on fera le débat rendu là, c'est quoi un «renseignement personnel
sensible» pour l'application de la présente loi et sensible… Parfait, on fera
le débat là. Mais on dit : Pour ce type de renseignements là, le
consentement doit être «manifesté de façon expresse». Alors là, il faut que je
doive… je dois lire ça comme étant plus lourd comme fardeau qu'à 53.1? Alors,
que veut dire et quelle est la différence entre «manifeste» de 53.1 et
l'alourdissement de mon fardeau, comme organisme public, à «manifesté de façon
expresse»?
M.
Caire
: Monsieur…
Me Deschêches... subtilités juridiques.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien là, un consentement express, on est dans la
situation où on ne…
M. Tanguay
: ...que veut
dire et quelle est la différence entre «manifeste» de 53.1 et l'alourdissement
de mon fardeau, comme organisme public, à «manifester de façon expresse»?
M.
Caire
:
Me Deschênes... subtilités juridiques.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, là, un consentement express, on est dans la
situation où on ne peut pas le déduire des actions ou des actes de la personne.
On ne pourra pas le déduire, que j'ai consenti à une utilisation ou à une
communication, parce que je communique le renseignement ou parce que je donne
l'information verbalement, il va falloir vraiment, là, qu'on est dans une
situation où je pose un geste positif...
M. Tanguay
:
...explicite...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...explicite : signature, cocher une case,
répondre expressément oui à la question par rapport au consentement.
M. Tanguay
: Et mes
autres critères de «à des fins spécifiques», pourquoi on ne les remettrait pas?
On va faire le débat rendu à 12, mais on parle, là... Pourquoi on ne les
mettrait pas, à 12, «manifeste et spécifique»?
M.
Caire
: Bien,
je ne le sais pas, on verra ça à 12, M. le député, là. Honnêtement, j'ai l'article 9
devant moi puis je ne veux pas...
M. Tanguay
: Non, non,
mais question de compréhension.
M.
Caire
: Mais
je ne le sais pas, on regardera ça. On regardera ça et je ne dis pas non, là.
Non, non, mais c'est vrai, là, je ne suis pas...
M. Tanguay
: C'est
parce que les qualificatifs, il y en a quatre.
M.
Caire
: Vous
me prenez par surprise, M. le député, là.
M. Tanguay
: Pas
possible.
M.
Caire
: Hein?
M. Tanguay
: Pas
possible.
M.
Caire
: Je
vous le dis.
M. Tanguay
: Plus que
pour le maquillage de tantôt?
M.
Caire
: Ah,
non, quand même pas.
M. Tanguay
: Ça,
c'était quand même...
M.
Caire
: Quand
même pas.
M. Tanguay
: Mais mon
point, il est tout simple. On rédige 53.1 puis on a quatre qualificatifs pour
le renchausser, là, c'est-à-dire mon plant de tomates, il ne partira pas au
vent, j'ai renchaussé, il a quatre qualificatifs. Puis là on parle d'un plant
de tomates encore plus précieux, il donne des tomates en or, puis là j'ai juste
un qualificatif.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Mais je me permettrais, en fait, 53.1 va s'appliquer
à tous les consentements de la loi. Donc, c'est...
M. Tanguay
: Ah! ça
fait que ça s'ajoute.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est le minimum, c'est ça. Quand on a «express»,
là, là, on rajoute...
M. Tanguay
: Bonne
réponse.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
...des tomates en or, là, ou bretelles.
M. Tanguay
: O.K. Puis
je reviens là-dessus. Je sais qu'on a fait le débat, une bataille qu'on a
perdue, mais à la fin de la journée, il y a juste un projet de loi, ça fait
qu'on va avancer. L'article 6, qui introduisait le nouveau 50, où on
disait : «Pour l'aider à comprendre la décision à motiver le refus de...»
On s'entend que ce n'est pas la même application, «pour l'aider à comprendre la
décision» versus «pour l'aider à comprendre la portée du consentement.»
M.
Caire
: Vous
parlez-vous?
M. Tanguay
: Autrement
dit, c'est d'autres contextes. Je le sais qu'il en a parlé, là, mais nous, on
voulait introduire, par un amendement à 50, l'article 6, un étalon de
mesure objectif : «d'une façon suffisante et compréhensible pour une
personne raisonnable». Mais là, pour l'aider à comprendre la portée du
consentement, ça, il va falloir, le cas échéant, aussi que ça soit précisé, peut-être
par des directives de la Commission d'accès à l'information, mais on aurait peut-être
pu souhaiter quelque chose de plus précis. Mais ça aura été dit.
Est-ce que... pour clore là-dessus en ce
qui me concerne, là, à ce stade-ci, est-ce qu'on a eu des renseignements par
rapport, vous savez, les différents régimes de protection, le tuteur aux biens
versus le tuteur?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui.
M.
Caire
: Oui?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, on a fait des vérifications.
M. Tanguay
: Ah! si je
ne posais pas la question, je n'avais pas la réponse...
M. Tanguay
: ...ça
aura été dit. Est-ce que... pour clore là-dessus en ce qui me concerne à ce
stade-ci, est-ce qu'on a eu des renseignements par rapport, vous savez, les
différents régimes de protection, le tuteur aux biens versus le tuteur?
M.
Caire
: Oui.
Sais-tu?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui.
M.
Caire
: Oui?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, on a fait des vérifications.
M. Tanguay
: Ah!
puis, si je ne posais pas la question, je n'avais pas la réponse?
M.
Caire
: Non,
bien, ça, je... parce que j'avais été clair sur le fait qu'aussitôt que les
réponses étaient colligées, elles devaient vous être transmises, M. le député.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : La prochaine fois, ça va être fait sans faute.
Premier élément, en fait, c'est que tous
les mineurs sont sous la tutelle de quelqu'un, incluant la tutelle de leurs
parents, la tutelle légale, ou la tutelle d'un tiers, là, qui peut être désigné
par le tribunal. Donc, c'est le seul régime applicable aux mineurs, c'est la
tutelle, à moins d'émancipation.
Autre élément aussi que vous avez posé par
rapport à la surveillance de cette tutelle-là puis de l'exercice par le tuteur,
notamment, du consentement, bien, le mécanisme de surveillance, c'est le
conseil de tutelle pour les tuteurs, là, qui ne sont pas... pour une tutelle
qui n'est pas légale, là. Donc, c'est un... Le conseil de tutelle, c'est la nomination
de trois personnes par une assemblée de parents et d'amis, puis c'est ce
conseil-là qui a comme responsabilité de surveiller l'exercice de la tutelle
par le tuteur, incluant, là, tous ces aspects, là, donc incluant aussi la façon
qu'il va consentir et à quelle fin il va consentir à la communication ou à l'utilisation
des renseignements personnels.
M. Tanguay
: Donc,
ce que vous me dites, si je résume, corrigez-moi si j'ai tort, dans tous les
cas d'espèce, toutes les tutelles ont un conseil de tutelle.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, tous les enfants sont sous tutelle.
Donc, moi, mon fils est sous ma tutelle, c'est comme un... mais...
M. Tanguay
: Bien,
l'autorité parentale.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, effectivement. Sinon, il y a un conseil de
tutelle, là, dans les autres cas.
M. Tanguay
: Mais
c'était le cas où on avait une tutelle spécifique aux biens versus une tutelle
générale, où là, moi, je vais dire pour le mineur : Je consens ou je ne
consens pas, versus une tutelle aux biens. Quel est le contrepoids qui nous
dirait : Ah! bien là, là, toi, va jouer ailleurs, tu ne peux pas, parce
que tu es juste aux biens, donner un consentement?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien là, ça va être le conseil de tutelle qui va
s'assurer que les actes du tuteur sont limités à tout ce qui touche au
patrimoine du mineur.
M. Tanguay
: Puis
là il y a tout un processus puis là c'est...
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : C'est ça. Puis c'est...
M. Tanguay
: C'est
un autre régime en soi, là. O.K. Puis il n'y a pas d'autre régime, donc ça
ferme la porte, là. C'est autorité parentale, le 14 ans et plus ou la
tutelle.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Exact.
M. Tanguay
:O.K. Merci.
Le
Président (M. Bachand) :M. le député de Gouin,
s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Je
veux revenir sur la conversation que j'ai eue tout à l'heure... Quand on l'a,
il nous énerve, le masque. Puis là on finit par l'oublier. Puis, au moment où
on a fini par l'oublier, là, il faut l'enlever pour parler. Là, ensuite, on le
remet, puis ça redevient insupportable.
M.
Caire
: Il
recommence à nous énerver. C'est...
M. Nadeau-Dubois : Mais il
y a des femmes, surtout, et des hommes également qui le portent à journée
longue pendant des chiffres de 16, 17, 18 heures dans nos établissements
de santé, ça fait qu'on serait très mal placés...
M.
Caire
: De
s'en plaindre.
M. Nadeau-Dubois :
...pour chialer. Fin de la parenthèse.
M.
Caire
: Je
partage votre point de vue.
M. Nadeau-Dubois :
...j'ai commencé à chialer, puis en commençant...
M.
Caire
: Après
ça, tu t'es dit...
M. Nadeau-Dubois : ...je
me suis tout de suite senti mal, en disant : Aïe! Sérieux, il y a pas mal
pire que ça, ça fait que...
M.
Caire
: Quand
on se compare, on se console.
M. Nadeau-Dubois : Oui.
Je me suis corrigé d'entrée de jeu.
Je veux revenir sur la discussion que j'ai
eue avec le ministre tantôt sur l'article 9. Je me demande pourquoi est-ce
qu'on ne le suspend pas, tout simplement, pour mieux y revenir lorsqu'on
connaîtra la nature de l'amendement que veut faire le ministre sur la question
du...
M. Nadeau-Dubois : ...aïe!
sérieux, il y a pas mal pire que ça. Ça fait que...
M.
Caire
: Quand
on se compare, on se console.
M. Nadeau-Dubois : Oui, je me
suis corrigé d'entrée de jeu. Je veux revenir sur la discussion que j'ai eue
avec le ministre tantôt sur l'article 9. Je me demande pourquoi est-ce
qu'on ne le suspend pas tout simplement pour mieux y revenir lorsqu'on
connaîtra la nature de l'amendement que veut faire le ministre sur la question
du consentement, je pense ça nous permettrait d'avancer. Moi, je le crois quand
il nous dit : Je suis en réflexion, ça s'en vient. Je comprends aussi, là,
qu'il ne peut pas nous dire ce qu'il voudrait nous dire.
Ça fait que juste pour écarter
l'ambiguïté, moi, je proposerais qu'on suspende l'article 9 le temps que
le ministre soit... ait toute la latitude de nous proposer son amendement sur
la question du consentement de la CAI, des lignes directrices, et on y
reviendra. Parce que moi, sinon, l'article tel que rédigé actuellement, j'ai
encore des questions puis il me pose encore problème. Peut-être que suspendre l'article
serait la manière d'avancer tout en revenant à cet enjeu qui nous préoccupe, parce
que je ne suis pas le seul, les collègues aussi.
M.
Caire
: Bien,
je comprends. Puis, sans qu'on ne jure personne sur la Bible, là, je comprends
que ce que le député de Gouin me demande, c'est un peu comme le député de LaFontaine
qui nous a dit : Écoutez, suspendez 8 le temps qu'on adopte 9, si on
adopte 9, 8, ça va aller de soi. Donc, je comprends que, si je dépose les amendements...
ou lorsque, si ou lorsque je déposerai les amendements qui vont dans le sens de
ce qu'on a dit au niveau des lignes directrices de ce pouvoir-là donné à la Commission
d'accès à l'information, je comprends que ça répondrait aux interrogations ou, en
tout cas, aux craintes du député de Gouin, et que, dans ce sens-là, tel que
libellé, l'article 9 s'entendrait mieux, et on pourrait l'adopter. J'ai-tu
bien compris?
M. Nadeau-Dubois : Sous
réserve, bien sûr, de lire ledit amendement en question.
M.
Caire
: Je
comprends parfaitement cette réserve-là.
M. Nadeau-Dubois : Mais, comme
dit le collègue leader du gouvernement, si d'aventure l'amendement était en
effet très, disons, très satisfaisant, bien oui, ce serait ce scénario-là qui
se déroulerait.
M.
Caire
:
Alors, M. le Président, consentement.
Le Président (M.
Bachand) :On a un consentement pour
suspendre l'article 9.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 36)
Le Président
(M. Bachand) :À l'ordre, s'il vous
plaît! Bon début d'après-midi.
La Commission des institutions reprend ses
travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection
des renseignements personnels.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Caire
: Oui. Merci,
M. le Président. Bien, conformément aux discussions que nous avons eues avec le
député de Gouin, et compte tenu que l'amendement dont j'ai parlé a passé les
tests dont je parlais, je l'ai déposé sur le site du greffe de la commission,
il est donc disponible conformément à ce que j'avais dit que je ferais. C'est
fait. À partir de là, je considère que nous pouvons revenir à l'étude de
l'article 9 et disposer, le cas échant, et de l'article 9 et
conséquemment de l'article 8. M. le Président, c'est comme ça que j'avais
compris que nous allions organiser nos travaux.
Le Président
(M. Bachand) : Cela dit, M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
est-ce qu'on rouvre l'article 9? C'est ce que je comprends.
Le Président (M.
Bachand) : Non. C'est un élément d'information sur l'amendement,
et si, à ce moment-là, tout le monde est d'accord, on va effectivement
retourner à l'article 9, adoption ou modification et, après ça, on ira à
l'article 8. Après ça, on procédera... vous m'avez avisé d'un amendement.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
faisons ça, faisons ça, bien sûr.
Le Président
(M. Bachand) : Parfait.
M.
Caire
: Mais
c'était-u correct, l'amendement?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
je n'ai pas eu le temps d'en prendre connaissance, je viens de l'apprendre. On
peut peut-être suspendre le temps qu'on en prenne connaissance, M. le
Président.
Le Président
(M. Bachand) : Oui, on va suspendre quelques instants pour
s'assurer de la suite des choses. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 38)
(Reprise à 14 h 40)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît, la commission reprend
ses travaux. Alors, donc, l'amendement a été déposé. M. le ministre, je ne sais
pas s'il y a des choses à rajouter ou sinon on peut avec consentement… oui.
M.
Caire
: M. le
Président, en fait, l'amendement avait pour objectif de rassurer les collègues
par rapport à l'adoption ou non de l'article 9 dans sa forme actuelle et
donc, puis je vous dirais, M. le Président, qu'à ce moment-ci je vais valider
avec les collègues si l'amendement leur donne satisfaction et si on peut
procéder maintenant à l'étude de l'article 9.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Intervention? M. le député de Gouin, s'il
vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : C'est sans
doute parce que j'avais mal compris. Je comprends que c'est un amendement à
l'article 41 du projet de loi. Est-ce que je… moi je m'attendais plutôt,
puis c'est sans doute parce qu'on s'est mal compris, là, ce n'est pas plus
grave que ça, à un amendement à l'article 9.
Mais, est-ce que je comprends que… en fait
ma question, ce pouvoir, là, d'élaborer des lignes directrices pour faciliter
l'application de la loi, ça s'applique, est-ce que je lis bien? Si je lis que
ça s'applique à l'ensemble de la loi et donc, notamment, à la question du
consentement. Parce que moi, tantôt, je parlais spécifiquement de l'importance
pour la Commission d'accès à l'informationde venir préciser la portée puis la…
de venir baliser ce concept qui est flou, là, qui est celui du consentement,
notamment pour préciser les exigences liées aux critères de validité du
consentement, et ça c'est un pouvoir qui est dévolu à d'autres organismes de
surveillance comme la CAI, ailleurs dans le monde, notamment en Europe avec le
RGPD. Est-ce que je comprends que cet amendement-là couvre cette
préoccupation-là? Puis, peut-être que le ministre peut m'expliquer comment cet
amendement-là couvre la préoccupation que je viens…
M. Nadeau-Dubois : …pouvoir
qui est dévolu à d'autres organismes de
surveillance, comme la CAI, ailleurs dans le monde, notamment, en Europe avec
le RGPD, est-ce que je comprends que cet amendement-là couvre cette
préoccupation-là? Puis peut-être le ministre peut m'expliquer comment cet amendement-là
couvre la préoccupation que je viens de résumer puis que je nommais tout à l'heure avant la pause.
Le Président (M.
Bachand) : Juste pour informer les gens qui nous écoutent, l'amendement,
c'est pour fins de discussion, donc elle a été distribué, mais non déposé officiellement.
Donc, c'est en avance des argumentaires qui ont été faits ce matin. M. le
ministre.
M.
Caire
: Mais
je comprends en même temps, M. le Président, puis votre remarque est tout à
fait pertinente, mais je comprends en même temps que l'amendement a pour but de
rassurer les collègues sur le fait que, dans
sa forme actuelle, l'article 9 n'a pas nécessairement besoin d'autres
précisions.
La réponse à la question de mon collègue de Gouin est oui. Et je vous dirais que
c'est même… c'est dans le mémoire, dans le fond, de la Commission d'accès à
l'information où, à juste titre, le député de La Pinière soulignait le
fait que la Commission d'accès à l'information soulevait un questionnement sur
l'utilisation du mot «manifeste» et la définition qu'on pouvait lui donner,
mais aussi, dans la même foulée, la Commission d'accès à l'information nous dit
qu'avec ce pouvoir-là elle sera en mesure d'émettre
des lignes directrices qui pourraient avoir pour effet de préciser cet
élément-là de l'article. Donc, la garantie que le député a, c'est le mémoire de
Commission d'accès à l'information. Et donc en répondant à la demande de la
présidente et donc en donnant à la Commission d'accès à l'information ce
pouvoir-là de l'aveu même de la Commission d'accès à l'information, ça vient
lui permettre de régler cette situation-là.
Le
Président (M. Bachand) : Ça va? Est-ce
qu'il y a consentement pour retourner à l'étude de l'article… Oui, M. le député
de La Pinière. Oui, allez-y.
M.
Barrette : …sur l'article 9, sur ce qui a été déposé, là.
Le
Président (M. Bachand) :L'amendement. Allez-y, M. le député, oui.
M.
Barrette : Non, mais je veux dire…
Une voix
: Oui, oui,
vas-y.
M.
Barrette : O.K., ça marche. Alors, d'abord, M. le Président, je
remercie le ministre, il… Bien, je pense que
la Commission d'accès à l'information, effectivement, doit être heureuse
d'avoir ce pouvoir-là. Juste pour faire le chemin comme il faut. Alors,
élaborer… bon, la loi 123, c'est la loi de l'accès aux documents. Ça, c'est la
loi de la CAI, là, c'est de ça qu'on parle, là?
Une voix : Oui.
M.
Barrette : Et là, «élaborer des lignes directrices pour faciliter
l'application de la présente loi et de la Loi sur la protection des
renseignements personnels dans le secteur privé», là, on parle de cette loi-ci,
évidemment.
M.
Caire
: Les
deux.
M.
Barrette : Les deux.
M.
Caire
: La
loi d'accès à l'information, donc la loi qui touche les organismes publics, et la loi qui touche le privé.
M.
Barrette : Alors, je vais juste faire le commentaire suivant, puis peut-être
même que ça pourrait nous mener à un amendement. Je comprends que ça, là, ce
qui nous est présenté, puis j'en suis heureux, c'est une belle ouverture du
ministre et de la Commission d'accès à l'information, ça dit essentiellement
que la CAI va élaborer des lignes directrices, O.K., afin de faciliter l'application
de la présente loi et la loi...
M. Barrette : …ça, là, qui nous
est présenté, puis j'en suis heureux, c'est une belle ouverture du ministre et
de la Commission d'accès à l'information, ça dit essentiellement que la CAI va
élaborer des lignes directrices, O.K., afin de faciliter l'application de la
présente loi et la loi… Ces lignes directrices là, cet article-là dit que ça
doit… la Commission d'accès à l'information, elle va élaborer, il n'y a pas de
«peut», il n'y a pas de «doit».
M.
Caire
: En
fait, il faudrait lire l'amendement dans le contexte de l'article.
M. Barrette : C'est parce que
je ne l'ai pas à portée de main, là.
M.
Caire
: Non,
je comprends, mais c'est parce que ça, on comprend que c'est l'alinéa 9, il
s'ajoute à un certain nombre d'autres alinéas qui sont déjà prévus à la loi.
M. Barrette : Oui, mais les
autres alinéas, là, en haut, là, avant 1, là, c'est «peut», «doit»?
M.
Caire
: Bien,
c'est un pouvoir qui lui est donné, ce n'est pas une obligation qui lui est
faite, donc…
M. Barrette : C'est exactement
là où je veux aller, là. Alors, ça, essentiellement, ça nous est présenté comme
étant une réponse aux arguments qu'on a développés, tout le monde, moi en
particulier, à savoir que moi, j'aurais souhaité que ce soit clair dans 53. La
réponse du ministre, M. le Président, a été : Faites-vous-en pas, on va
avoir un amendement que... la Commission d'accès à l'information qui va établir
les directives. Alors, j'ai, après, contre-argumenté bien gentiment que... est-ce
une obligation? Vous avez répondu : La loi est construite d'une telle
manière que s'il y a des directives, ils sont obligés d'appliquer la directive.
Maintenant, la directive, ici, là, n'a pas
de référence spécifique à 53.1, n'a pas de référence spécifique au
consentement. Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas avoir un sous-amendement qui
dit que... là, je suis en train... là, je réfléchis à haute voix, là, on est en
train d'écrire ça, là, qui dit : Oui, oui, vous avez le pouvoir d'élaborer
des directives, mais vous devez en faire, eut égard, mettons, là, ce n'est peut-être
pas le bon langage, là, au consentement tel que prévu à 53?
Parce que, là, ce que ça dit, c'est qu'on
donne le pouvoir à la CAI de déterminer les directives, ce qui est une
excellente nouvelle. Mais ce qui serait encore mieux, pour moi, c'est que dans
toutes les directives qu'elle a le pouvoir de mettre en place, c'est qu'il y
ait spécifiquement une obligation de mettre en place des directives en regard
de 53.1, le consentement. Moi, là, ça me ferait tellement plaisir, là, parce
que ça, c'est une grosse sécurité. On donne à la CAI un pouvoir, là, puis ce
qui nous occupe, là, depuis ce matin, c'est la signification puis la portée des
provisions dans la loi du consentement. Parfait. On donne un pouvoir à la CAI,
regardez, vous avez un pouvoir, là, mais assurez-vous de l'utiliser pour le
consentement. On ne leur dit pas quoi faire, on leur dit : Vous avez un
pouvoir, utilisez-le comme bien vous semble, mais on vous donne une figure
imposée, là, faites des directives pour le consentement.
M.
Caire
: Bien
oui, M. le Président, on en discutera lorsque ce sera... lorsqu'on sera rendu
là. Je n'ai aucun problème à avoir ces discussions-là avec mon collègue de
La Pinière...
M. Barrette : ...vous avez un
pouvoir, utilisez-le comme bien vous semble, mais on vous donne une figure
imposée, là, on fait des directives puis un consentement.
M.
Caire
: Bien,
oui, M. le Président, on en discutera lorsqu'on sera rendus là, je n'ai aucun problème
à avoir ces discussions-là avec mon collègue de La Pinière.
Le Président (M.
Bachand) :Parce que je vous rappelle que l'amendement
déposé...
M.
Caire
: On ne
discute pas de l'amendement, là, M. le Président, moi, je veux être bien clair.
Le Président (M.
Bachand) : ...est pour fin de discussion générale sur
l'ensemble du projet de loi.
M.
Caire
: On n'est
pas en train de faire le débat sur l'amendement, là.
M. Barrette : Non, je
comprends, là.
M.
Caire
: O.K.,
O.K. C'est correct.
M. Barrette : Mais il est là,
là. Je veux dire, je saisis l'occasion de non pas faire simplement le débat,
là, mais demander au ministre s'il y a une ouverture dans son esprit pour faire
ça.
M.
Caire
: Ah
oui! Absolument. Oui, oui, absolument.
M. Barrette : Parfait. Alors,
où est-ce...
M.
Caire
: Je
veux dire, on regardera avec... Puis, en même temps, le député sait dans quel
contexte je travaille. Mais moi, de prime abord, je n'ai pas la théorie, là.
M. Barrette : C'est parfait.
Alors, juste, parce que ça m'est déjà arrivé, dans ma vie parlementaire de
passer dans le vide, dans la mite, où est-ce que ça sera le bon moment d'en
parler?
M.
Caire
: Bien,
lorsqu'on discutera de cet amendement-là. Je ne sais pas l'article... 41. C'est
à l'article 41.
M. Barrette : Parfait. Ça va
très bien, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de Gouin, s'il vous
plaît.
M. Barrette : L'après-midi
commence bien.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de Gouin.
• (14 h 50) •
M. Nadeau-Dubois : Donc,
lorsqu'on parlera de l'article 41, on parlera de l'amendement à
l'article 41.
Mais le ministre parlait de la
recommandation de la CAI dans son mémoire. J'ai juste eu besoin de quelques
instants pour le retrouver. Puis, à la page 39, la commission, à sa
recommandation 21, dit : «La commission recommande de préciser les
exigences liées aux critères de validité du consentement.» Donc, ça, c'est ce
dont je parlais dans le cas de l'article 9, puisque l'article 9,
c'est l'article sur... un des articles sur le consentement.
La commission fait deux recommandations
dans son mémoire. Une de celles-ci, c'est : «En donnant à la commission le
pouvoir d'émettre des lignes directrices en la matière.» Je comprends que
l'amendement projeté du ministre va répondre à cette recommandation-là de la
commission.
Par contre, la recommandation qui
l'accompagne est la suivante : «En les explicitant directement dans le
projet de loi.» Donc, la commission dit : Donnez-nous le pouvoir d'émettre
des lignes directrices sur la question du consentement. On y viendra puisque
c'est à l'article 41 qu'on fait la liste des fonctions de la commission.
Puis là je comprends que le ministre veut ajouter à cet article-là la fonction
ou le pouvoir d'émettre des lignes directrices, puis on regardera si on vient
mettre un «notamment sur», on verra à ce moment-là.
Mais là, quand même, sur l'enjeu qui nous
occupait dans le cas de l'article 9, il y a quand même une recommandation
de la CAI qui dit : «En les explicitant directement dans le projet de
loi.» Je me demandais qu'est-ce que le ministre a l'intention de faire avec
cette recommandation-là en particulier de la Commission d'accès à
l'information.
M.
Caire
: Bien,
de mon point de vue, c'est ce qu'on a fait avec l'amendement qui a été apporté
à l'article qui lui-même est une reformulation de l'article. Donc, avec
l'amendement, on vient effectivement, je pense, préciser et clarifier cette
situation-là.
M. Nadeau-Dubois : Juste pour
qu'on se comprenne bien, quel amendement?
M.
Caire
:
Bien...
M.
Caire
: …avec
l'amendement qui a été apporté à l'article, qui, lui-même, est une
reformulation de l'article. Donc, avec l'amendement, on vient effectivement, je
pense, préciser et clarifier cette situation-là.
M. Nadeau-Dubois : Juste pour
qu'on se comprenne bien, quel amendement?
M.
Caire
: Bien,
l'amendement dont je vous parlais ce matin, notamment, qui dit, là, en fait,
qui ferait qu'on lit l'article en disant, bon : Il est demandé à chacune
de ces fins en termes simples et clairs. Donc, ça, on arrête ça là. Et là, on
reprend en disant… c'est ça : Lorsque la demande de consentement est faite
par écrit, elle doit être présentée distinctement de toute autre forme… de
toute autre information communiquée à la personne concernée. Donc, je pense que
cette reformulation-là, dans notre esprit, répondait à cette demande de la CAI.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : C'est une
reformulation somme toute légère, quand même, là, le ministre en conviendra, de
la version originale de l'article. Et la commission, dans son mémoire, mémoire
qui portait sur la version non amendée, bien sûr, du projet de loi, là, insiste
quand même, là, sur l'importance de donner des critères de validité du
consentement qui soient explicitement décrits dans le projet de loi. Donc, je
ne suis pas sûr...
Puis là j'ai ressorti le fameux amendement
à l'article 9, dont parlait le ministre ce matin. De faire cette
reconfiguration-là de l'amendement, il se lit mieux, il est plus précis, mais
c'est... on ne vient pas, par cet amendement-là... je pense qu'en toute
sincérité, là, on ne vient pas inscrire de manière explicite des critères de
validité du consentement. On reste très général. On dit : Ça doit être
clair, ça doit être donné à des fins spécifiques. On n'est pas plus explicite,
dans cette version-là de l'amendement... de l'article amendé, en fait, qu'on ne
l'était avant que l'article soit amendé, pas significativement.
Donc, j'aimerais bien avoir la Commission
d'accès à l'information ici pour trancher la question, mais ça m'apparaît
périlleux de dire qu'avec cet amendement-là on a pleinement rempli la
recommandation de la commission, qui parlait d'expliciter directement, dans le
projet de loi, les critères de validité du consentement. Parce qu'ils ont
formulé cette recommandation-là avec, grosso modo, le même article sous les
yeux. Le ministre comprend ce que je veux dire.
M.
Caire
: Mais
quand même, je pense que l'amendement amène plus que des... une modification
cosmétique sur la clarification du consentement. Puis là où, peut-être, je
prends une petite distance avec ce que mon collègue dit, c'est que je pense que
cet article-là, tel que libellé, avec l'amendement, il se lit bien, là. Tu sais,
dans le fond, ce qu'on dit, c'est quelque chose qui est relativement simple. Si
vous collectez des renseignements personnels, vous devez dire à quelles fins et
vous devez recevoir... pour chacune des fins, vous devez recevoir un
consentement, consentement qui doit être manifeste, libre et éclairé.
Or, moi, personnellement...
M.
Caire
: …qui
est relativement simple, si vous collectez des renseignements personnels, vous
devez dire à quelles fins et vous devez recevoir, pour chacune des fins, vous
devez recevoir un consentement, consentement qui doit être manifeste, libre et
éclairé.
Or, moi, personnellement, M…. Puis
j'entends la commission, puis je pense que c'est notre rôle de prendre en
compte ce que la commission dit, mais moi, comme législateur, je pense que
l'article, il fait le travail. Rajouter à ça la possibilité pour la commission
de… d'élaborer des lignes directrices, moi, je pense que l'article fait
vraiment… Puis, à ce moment-ci du projet de loi, là, parce que ce… le projet de
loi, là, on va reparler du consentement, on va ramener toutes sortes d'éléments
dans le consentement. Mais pour moi, cet article-là fait ce pour quoi il a été
rédigé, c'est-à-dire écrire une règle de base sur le consentement qui est
claire.
En tout cas, moi, personnellement, je m'en
déclare satisfait tel qu'amendé et dans la perspective où il y a ce nouveau
pouvoir là qui est donné à la commission. Personnellement, je pense qu'on... je
m'en déclare satisfait. Maintenant, je peux comprendre que les collègues ne
soient pas d'accord avec moi puis je vais écouter attentivement ce qu'ils ont à
dire.
Le Président (M.
Bachand) : Si vous êtes d'accord, parce que, là, on parle maintenant
de l'article 9, sans le rouvrir, on a parlé de l'amendement à l'article 41...
Si vous êtes d'accord de revenir à l'article 9... Consentement? Donc, on
revient à l'article 9. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
l'affaire, c'est que le ministre, dans les exemples qu'il me donne, il me
dit : Là, on est venu préciser que c'est un consentement manifeste, c'est
un consentement libre, c'est un consentement éclairé, donné à des fins
spécifiques. Mais tous les exemples qu'il me donne, c'est des exemples qui
étaient déjà dans la formulation initiale de l'article 9, qui ne satisfaisaient
pas la Commission d'accès à l'information. Il me donne ces exemples-là pour
appuyer sa conviction d'avoir répondu à la commission, mais il me donne des exemples
que la commission n'a pas jugé satisfaisants, parce qu'ils ont fait le commentaire
que ce n'était pas assez explicite.
M.
Caire
: Bien,
M. le Président, là, je vais apporter une subtile nuance. Je ne sais pas si cet
article-là donne satisfaction à la commission. Ce que je dis à mon collègue,
c'est que moi, comme législateur, je le trouve satisfaisant. Et en aucun temps
je ne vais me dédouaner de ma responsabilité de législateur qui est de
trancher. J'entends la commission, on écoute la commission, mais nous sommes le
législateur et nous décidons de ce qui doit être dans la loi et de ce qui ne
doit pas y être.
Nous sommes conseillés par des professionnels,
par des juristes, par la commission, ça, je l'entends. Puis dans la mesure où
on écoute ces avis-là puis que ça trouve écho, on donne suite, mais tout ce que
je dis... je n'en dis pas plus, mais je n'en dis pas moins : Tel que
libellé avec l'amendement, cet article-là, moi, comme législateur, me
satisfait, et je dis qu'avec ces nouveaux pouvoirs d'élaborer des lignes
directrices la commission a tout ce qu'il lui faut... à mon avis, la commission
a tout ce qu'il lui faut entre les mains pour faire son travail adéquatement...
M.
Caire
:
...avec l'amendement, cet article-là, moi, comme législateur, me satisfait. Et
je dis qu'avec ces nouveaux pouvoirs d'élaborer des lignes directrices la commission
a tout ce qu'il lui faut, à mon avis, la commission a tout ce qu'il lui faut
entre les mains pour faire son travail adéquatement. C'est juste ça que je dis.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : La raison
pour laquelle je présentais cet argument, M. le Président, c'est que le ministre
m'a dit il y a quelques instants... c'est lui qui a fait allusion à la recommandation
de la commission en me disant : Avec cet amendement-là, parlant de l'amendement
éventuel à l'article 41, avec ça, on vient pleinement satisfaire. Et là je
suis allé voir puis je constate quand même que ça peut être discuté, ça, cette
allégation de pleinement satisfaire.
Je ne suis pas en train de dire que c'est
la commission qui devrait écrire la loi à sa place, je fais juste dire que je pense
qu'il y a moyen de poser des questions sur l'idée selon laquelle l'éventuel amendement
à 41 viendrait répondre complètement au mémoire de la commission puisque la commission,
dans son mémoire, fait deux recommandations sur la question du consentement,
dont celle d'expliciter directement dans le projet de loi les critères de
validité du consentement.
Une des inquiétudes qui est soulignée par
la commission, c'est ce que la commission appelle les formules tout ou rien.
Ça, c'est des modes de consentement qu'on voit de plus en plus, là, où on nous
présente en bloc une série de dispositions qui peuvent aller de ce qu'on va
récolter comme données à ce qu'on va en faire en passant par à qui on va les
transmettre puis pendant combien de temps on va les garder. Puis il y a comme
une espèce de salade de fruits de dispositions juridiques parfois particulièrement
opaques ou difficilement compréhensibles pour les gens qui ont une littéracie
moyenne, normale, mettons.
La commission nous dit : Attention,
cette formule-là tout ou rien, là, qu'on pourrait assimiler... Ils disent
«assimilable à un contrat d'adhésion», là, comme si c'était un grand contrat
avec une série de dispositions, on coche ou on signe en bas, puis là on vient
de consentir à toute une série de choses. La commission nous dit : Ça,
bien, ce n'est pas un consentement qui est satisfaisant. Est-ce que, selon le ministre,
avec l'article 9 tel qu'on le discute en ce moment, est-ce que ce type de consentement
là tout ou rien serait encore légal?
• (15 heures) •
M.
Caire
: Bien,
en fait, il ne serait plus possible. Parce qu'où je suis tout à fait le député
de c'est qu'effectivement, avec un consentement, on acquiesce à une série de
finalités toutes plus disparates les unes que les autres. Donc, ce que la loi
vient dire, c'est que le consentement, il est demandé à chacune des fins en
termes simples et clairs. Et que, si jamais ce consentement-là est donné par
écrit, bien, il doit être distinct de toute autre information. Donc, tout ce
qui ne relève pas du consentement qu'on donne à une finalité, tu ne peux pas
mettre ça à travers un autre paquet des patentes qui n'ont pas rapport, de un.
Donc...
15 h (version non révisée)
M.
Caire
: …en
termes simples et clairs et que, si jamais il… ce consentement-là est donné par
écrit, bien, il doit être distinct de toute autre information. Donc, tout ce
qui ne relève pas du consentement qu'on donne à une finalité, tu ne peux pas
mettre ça à travers un autre paquet de patentes qui n'ont pas rapport, de un.
Donc, déjà là, ça, c'est une partie de la réponse au député de Gouin. Et, quand
on dit «chacune des fins», donc, chaque chose que j'entends faire avec les
renseignements personnels que je collecte, je dois… d'abord, je dois les
nommer, je dois t'en informer et, pour chacune de ces fins-là, je dois te
demander ton consentement. Et c'est là où je prenais l'exemple de : on
achète un vêtement, on nous demande courriel, code postal, numéro de téléphone.
Alors, parfait. Pourquoi vous collectez ces renseignements personnels là? Bien,
parce qu'on a une politique de remboursement sans facture, parce qu'on veut
être capables de vous envoyer des promotions sur nos produits, parce que, soit
dit en passant, on peut peut-être vendre ça à des entreprises qui font du
télémarketing. Mais, ça, c'est… ce sont toutes des fins spécifiques, et toutes
ces fins-là doivent recevoir le consentement de la personne de qui on collecte
les renseignements personnels, et aucune de ces fins-là — évidemment,
si elles sont par écrit — ne doit être amalgamée à quelque autre
information que ce soit.
Donc, pour répondre plus simplement à la
question du député, effectivement, la situation qu'il nous décrit, avec
l'adoption de l'article 9, donc, 53.1 viendrait mettre fin à ces pratiques-là.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que…
En fait, l'autre exemple qui est donné par la commission dans son mémoire puis
dans le chapitre de son mémoire qui porte sur les conditions de validité du
consentement… Puis là, je sais que je vais donner l'exemple… un exemple qu'on
voit plus dans le secteur privé, mais ce n'est pas impossible de penser qu'un
organisme public pourrait avoir recours à une sollicitation du consentement
similaire, là. La commission, dans son mémoire, donc, page 37, parle de comment
le caractère libre du consentement peut être fragilisé par certaines méthodes
et moyens par lesquels on demande le consentement. La commission donne
l'exemple de sites Internet qui vont, par exemple, demander l'obtention du
consentement pour recueillir par exemple des… — j'essaie de trouver
le mot français — des cookies, des…
Une voix : Je dirais «fichiers
témoins».
M. Nadeau-Dubois : …des
fichiers témoins, puis on va présenter à l'internaute une bande, une certaine
mise en page, là, puis on va mettre un énorme bouton écrit «J'accepte», et puis
en tout petit, en bas : «Si vous voulez en savoir plus sur ce que vous…
M. Nadeau-Dubois : ...puis on
va présenter à l'internaute une bande... une certaine mise en page, là, puis là
on va mettre un énorme bouton écrit «J'accepte», et puis en tout petit, en bas,
«Si vous voulez en savoir plus sur ce que vous acceptez, cliquez ici». Puis là
c'est des stratégies de... tu sais, de présentation de l'information qui, on
s'entend, là... Puis, tu sais, on le voit bien, là. Tu sais, si c'est pour
faciliter l'obtention du consentement, puis ça prend une certaine volonté
d'investigation de la part de l'internaute pour cliquer puis aller faire
dérouler l'information, ce type-là de...
Puis là encore une fois, je sais que je
prends un exemple qui est surtout dans le domaine privé. Le ministre pourrait
me dire : Là, on est sur un article qui parle de la loi sur le public.
Mais ce n'est pas impossible non plus, ce ne serait pas impossible qu'un
organisme public utilise des méthodes comme celle-là. Ça ne m'apparaît pas
farfelu de faire l'hypothèse, là.
Donc, dans l'hypothèse où un organisme
public utiliserait une méthode comme celle-là pour aller chercher le
consentement, est-ce que l'article 9, tel que libellé actuellement, empêche un
organisme public de procéder de la sorte, c'est-à-dire solliciter le consentement...
Puis là je prends un exemple. Je ne peux pas en donner tous les détails, mais,
tu sais, une grande icône où on demande de cliquer ou de cocher, avec des
dispositions, par la suite, qu'il faut aller dérouler, en cliquant sur un lien,
et où là, on a une litanie de... Ou pas une litanie, hein? Ça pourrait être
seulement quelques indications.
Moi, ce que j'essaie de venir cerner ici,
c'est à quel point... Parce que le ministre me dit : Cet article-là, selon
moi, il vient répondre à la préoccupation fondamentale de la commission.
M.
Caire
: Bien,
à la règle de base.
M. Nadeau-Dubois : Ça fait que
là, j'essaie de dialoguer avec lui pour voir, dans le fond, en prenant les
exemples que prend la commission dans son propre mémoire, qu'est-ce qui devient
impossible maintenant. Puis là je donne cet exemple-là.
M.
Caire
: Bien,
c'est...
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
cet exemple d'un gros bouton «J'accepte», avec ensuite un lien où l'utilisateur
doit lui-même faire le geste d'aller chercher l'information pour savoir ce
qu'il accepte, cette méthode de sollicitation du consentement, est-ce que c'est
encore permis si on adopte l'article 9, tel que libellé actuellement?
M.
Caire
: Bien,
c'est-à-dire que ce n'est pas à l'article 9 qu'on règle cette question-là, le
qui collecte quoi, de quelle façon. Comme j'ai dit, il y a d'autres articles
subséquents où on va traiter de cette information-là. Comme je le dis, ce que
l'article 9 fait, c'est de jeter les bases du comment on...
Le consentement, il est nécessaire, il est
requis pour quoi? Bien, pour chacune des fins auxquelles j'entends utiliser les
renseignements personnels que je collecte. Donc, ça amène cette obligation de
ne pas faire ce que le député de Gouin... dont le député de Gouin parlait tout
à l'heure, à savoir de faire une espèce de grand consentement fourre-tout, où
j'accepte... puis là j'ai accepté un paquet d'affaires qui n'avaient pas
rapport entre elles. Donc, ça, c'est que l'article 9 va faire.
Sur les politiques qui doivent être
élaborées, sur la sécurité, bien, c'est-à-dire, le respect de la vie privée par
défaut, sur les autres mesures qui doivent être prises pour s'assurer que le...
M.
Caire
:
...affaires qui n'avaient pas rapport entre elles. Donc, ça, c'est ce que
l'article 9 va faire.
Sur les politiques qui doivent être
élaborées, sur la sécurité, bien, c'est-à-dire, le respect de la vie privée par
défaut, sur les autres mesures qui doivent être prises pour s'assurer que le
consentement n'est pas donné ni à tout vent ni collecté pour ou par des façons
qui sont litigieuses, il y a d'autres articles du projet de loi qui viennent
préciser ces éléments-là.
M. Nadeau-Dubois : Bien sûr,
que l'exemple que je donne, par son essence même, concerne plusieurs dispositions
du projet de loi, ça, j'en conviens. Néanmoins, c'est à l'article 9 qu'on
vient, je vais le dire dans mes mots, puis je ne suis pas juriste, mais qu'on
vient définir de quoi on parle quand on parle de consentement.
Et l'intervention de la commission, c'est
de dire : Bien, il faut réfléchir à qu'est-ce qui est un consentement
valide puis qu'est-ce qui est un consentement invalide. Puis moi, c'est cette
question-là très spécifique qui m'interpelle, puis c'est sur cette
considération très spécifique que je pose des questions au ministre. Parce que,
bien sûr, ça engage d'autres considérations, qu'est-ce qu'on peut demander,
qu'est-ce qu'on ne peut pas demander, combien de temps on peut le garder, bon,
mais ça, on y viendra, mais sur ce qui est un consentement valide, la
commission nous dit quand même : Il faudrait le définir plus explicitement.
Puis elle donne des exemples de ce qu'elle
considère comme étant des modes de sollicitation du consentement qui sont
inadéquats. Elle parle... puis dans le paragraphe où la commission parle de
l'exemple que je viens de donner, donc des boutons, là, surdimensionnés, puis
ensuite un hyperlien discret où il faut cliquer pour découvrir le paramétrage
du consentement, la commission mentionne que c'est d'ailleurs documenté que ce
type de méthode pour solliciter le consentement a tendance à amplifier le taux de
consentement. Puis je pense que le sens commun nous permet de toute façon
d'arriver à cette conclusion, mais là la commission nous dit que c'est appuyé
par de la littérature scientifique. Ma question pour le ministre,
c'était : Est-ce que ce mode-là assez répandu de sollicitation du
consentement... est-ce qu'un organisme public pourrait l'utiliser si on adopte
l'article 9? Je ne suis pas certain d'avoir eu de sa part un oui ou un non
clair.
M.
Caire
: Bien,
en fait, c'est que la réponse...
M. Nadeau-Dubois : Juste sur
la question du consentement.
M.
Caire
: La
réponse, c'est non, parce que 9 n'a pas cette finalité-là. L'article 9, puis je
le dis en tout respect, ne règle pas toutes les questions relatives à tous les
aspects du consentement. On a découpé dans différents articles du projet de loi,
et le projet de loi, il s'entend dans sa globalité. Donc, on va en reparler à
14, on va en reparler à 102, il y a...
Parce que ce que le député de Gouin
illustre à merveille, c'est que le consentement, il a toutes sortes de
facettes. Si on veut que le projet de loi se lise et s'entende, bien, on ne
peut pas faire une espèce d'article de 100 pages juste sur le consentement...
Alors, il y a toutes sortes de, puis je le dis sans dérision aucune, je vous le
jure, mais il y a toutes sortes d'articles qui vont venir. Bien, on a parlé du
comité, par exemple, du comité...
M.
Caire
: ...si
on veut que le projet de loi se lise et s'entende, bien, on ne peut pas faire
une espèce d'article de 100 pages juste sur le consentement qui... Alors,
il y a toutes sortes de... puis je le dis sans dérision aucune, là, je vous le
jure, mais il y a toutes sortes d'articles qui vont venir... Bien, on a parlé
du comité, par exemple du comité d'accès à l'information et protection des renseignements
personnels. Déjà, le comité, il va avoir des prérogatives, des responsabilités,
notamment d'élaborer des politiques sur l'utilisation des renseignements
personnels, et donc, in extensio, sur la façon de solliciter le consentement.
Il y a des obligations de faire connaître ces politiques-là.
Donc, il y a différentes mesures qu'on va
voir plus tard dans les autres articles qui viennent répondre chacun à leur
façon, chacun dans leurs spécificités, chacun dans... ce pourquoi ils sont
rédigés aux différents aspects de la demande de consentement, à quoi ils
s'appliquent, qui le demande, c'est quoi, la finalité, etc.
Donc, 9, je le ramène dans son contexte,
établit une règle de base. Pour chaque fin, il y a un consentement qui est
demandé, puis ce consentement-là ne peut pas être mélangé avec d'autres
informations. Il ne fait que ça, mais il fait tout ça en même temps.
• (15 h 10) •
M. Nadeau-Dubois : Je ne veux
pas fétichiser non plus l'avis de la commission, néanmoins c'est un acteur
central incontournable...
M.
Caire
: Je
suis tout à fait d'accord avec vous.
M. Nadeau-Dubois : ...dans le
débat qu'on a. Puis son avis, il est aussi pertinent que tous les autres qu'on
a entendus dans les consultations particulières puis il est même particulièrement
pertinent dans la mesure où cette loi-là, c'est eux qui vont l'appliquer au
jour le jour. Puis la commission, ce qu'elle nous dit, c'est : La commission
recommande au législateur de revoir le libellé du nouvel article 53.1. Ça
fait qu'il y a quand même une... c'est spécifique sur le 53.1, qui est
l'article modifié par l'article 9. Donc, il y a quand même lieu de
s'interroger spécifiquement sur : est-ce que l'article 9 va
suffisamment loin ou pas?
Est-ce qu'il y a des exemples de
législation où on a donné des critères plus explicites sur la validité du
consentement? Ma question, là, c'est : Est-ce que je poursuis quelque
chose en ce moment — puis je la pose avec toute la candeur dont je
suis capable — est-ce que je poursuis quelque chose qui n'existe pas
nulle part? Et si la réponse, c'est oui, ce sera oui, puis s'il y a des
exemples ailleurs, j'aimerais bien que peut-être les juristes nous disent
qu'est-ce qui existe ailleurs comme définition encore plus explicite que ce
qu'on a en ce moment sur ce qui est un consentement valide.
M.
Caire
: Je
vais écouter la réponse de Me Miville-Deschênes avec la même candeur.
Le Président (M. Bachand) :
Me Miville-Deschênes, s'il vous plaît.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, par rapport aux critères de validité du
consentement, écoutez, je n'ai pas fait le tour du monde, là, mais ce qu'on a
mis comme critère... évidemment, le «manifeste», l'«éclairé», ça, se retrouve
dans tout type de consentement. Pour ce qui du consentement par finalité et
ainsi distinguer des autres renseignements, là, on s'est inspirés vraiment de,
à ma connaissance, là, des législations qui sont allées plus loin dans le
détail pour s'assurer que le consentement soit spécifique, là, à une finalité
puis qu'il puisse être distingué. C'est ce que je peux dire. Je regarde le
projet de loi fédéral, là, en ce moment, qui a été déposé, mais...
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
...à ma connaissance, là, des législations qui sont allées plus loin dans le
détail pour s'assurer que le consentement soit spécifique, là, à une finalité
puis qu'il puisse être distingué. C'est ce que je peux dire.
Je regarde le projet de loi fédéral, là, en
ce moment, qui a été déposé mais pas adopté, là, puis il y en a... Bien, le député
de LaFontaine en parlait, là, eux autres, ils prennent, comment dire, le
critère de la personne raisonnable qui s'attendrait à une telle collecte ou à
une telle utilisation. Mais sinon...
M. Nadeau-Dubois : C'est moins
sur le consentement, ça, que sur ce qui peut être collecté, en fait.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Je ne vois pas honnêtement de... je n'ai pas en
tête des législations qui allaient plus loin, là, dans des détails, ou des catégories,
ou des critères, là.
M. Nadeau-Dubois : Merci de la
réponse. Je peux peut-être passer la parole au collègue de La Pinière s'il
a des commentaires à faire.
Puis, de toute façon, on y reviendra, parce
que ça va être important pour moi, lorsque le temps viendra puis lorsqu'on
discutera de l'article 41, que ce qu'on vient de préciser, que les lignes
directrices, qu'on invite la commission ou, en tout cas, on donne le pouvoir à
la commission d'en faire, des lignes directrices, bien, que ça porte notamment
sur la question du consentement, parce que c'est une question absolument
centrale en matière de protection de renseignements personnels, parce que c'est
tellement... ça peut tellement facilement devenir un écran de fumée derrière
lequel se cachent certains acteurs. Et c'est bien important... Puis le ministre
a dit souvent lui-même : On ne rouvre pas cette loi-là à chaque année. Je
suis bien d'accord puis ça va être bien important d'envoyer un message qu'on
s'attend à ce que la commission surveille bien des choses, notamment les
pratiques des acteurs en matière de consentement. Parce qu'on sait qu'il y a de
l'abus, puis, si on ouvre cette loi-là, c'est notamment pour venir palier ce
genre de choses.
M.
Caire
: Puis
je vais juste avoir ce très court commentaire. Je suis d'accord avec le collègue
qu'il y a de l'abus, mais il y avait... disons qu'il y avait une législation
qui n'était pas très adaptée non plus, là.
M. Nadeau-Dubois : L'abus
était notamment facilité par le fait qu'il y avait un flou législatif, j'en
conviens.
M.
Caire
: Oui,
c'est ça. Mettons qu'il n'y avait pas de berger, ça fait que... Mais c'est
justement pour ça que je pense que cette refonte-là, elle est majeure et elle
est extrêmement attendue.
M. Nadeau-Dubois : Et d'où la
pertinence de s'occuper de la question du consentement avec attention.
M.
Caire
:
Absolument. Oui, oui, tout à fait.
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Interventions? M.
le député de La Pinière.
M. Barrette : Je me sens
obligé, là...
M.
Caire
: Ah!
sentez-vous pas obligé.
M. Barrette : Non, non, je me
sens obligé, sérieusement, là... important, là. Bon, je suis d'accord, évidemment,
avec les propos qui ont été tenus par le collègue de Gouin. Ce qu'on là, on vit
actuellement, là, c'est que, depuis hier matin, on tourne autour essentiellement
du même concept, qui, lui, vient des mêmes circonstances. Alors, la
circonstance, c'est que les consentements sont, je vais les qualifier comme ça,
là, sont forcés, dans une certaine mesure. Oui, en effet, les consentements
sont forcés, dans une certaine mesure, sont enrobés, pour le moins, pour...
M. Barrette : …qui, lui, vient
des mêmes circonstances. Alors, la circonstance, c'est que les consentements
sont, je vais les qualifier comme ça, là, sont forcés, dans une certaine
mesure. Oui, en effet, les consentements sont forcés, dans une certaine mesure,
sont enrobés, pour le moins, pour amener une certaine confusion qui amène le
signataire à, en général ou par habitude, d'aller directement en bas de la
liste puis cliquer «Je consens», «J'accepte». Bon.
Et là, on essaie, tout le monde, le
collègue de Gouin, moi, mon collègue de LaFontaine, on essaie, tout le monde,
de trouver une manière. Puis, on n'a pas la manière idéale, là, personne, là, parce
qu'on tombe dans le vocabulaire. Ça fait qu'on tombe dans le vocabulaire pour
essayer d'avoir quelque chose de plus, j'allais dire structuré, ce n'est peut-être
pas le bon mot, mais de plus charnu pour le consentement.
La… le commentaire fait dans le mémoire de
la Commission de l'accès à l'information, là, il est très clair, là. Lorsque
lui dit que ça doit être plus explicité, le consentement, et qui, à la suite,
il lit le texte, puis il conclut, à la fin, une deuxième fois en disant :
Bien, il faut réécrire 53.1, bien, force est de constater qu'on le fait peu. Je
comprends qu'actuellement, avec ce qui a été déposé aujourd'hui, ça répond à la
deuxième question. Mais comment peut-on aujourd'hui prétendre que ça répond à
la première question? Ce n'était pas une question. La première remarque…
M.
Caire
: O.K.
Bien, parce que, comme je l'ai dit, M. le Président, puis en tout respect
pour la commission, puis je vais répéter ce que j'ai déjà dit, là,
l'article 9, pour moi, il est d'une simplicité déconcertante, là. Et ce
qu'il vient dire, il le fait avec beaucoup de précision, surtout tel qu'amendé.
Je veux dire, ce n'est pas compliqué, là, tu collectes tes renseignements
personnels, tu dois dire à la personne de qui tu collectes les renseignements
personnels qu'est-ce que tu vas faire avec, tout ce que tu vas faire avec, et
chacune des choses que tu entends faire avec, tu dois lui demander son
consentement. Puis, pour être bien sûr, là, qu'il comprend ça, là, puis qu'il a
une équation d'égal à égal, là, tu ne peux pas mélanger ça avec aucune autre
information, dans le cas du consentement écrit. Moi, je veux bien réécrire
l'article, là, mais qu'est-ce qu'il peut dire de plus, de plus précis, que ce
qu'il dit là?
Moi, je pense, puis je le redis,
l'article, il se lit dans la globalité du projet de loi. Donc, il y a d'autres
articles, et je sais que les collègues en ont pris connaissance puis qu'ils ont
pris le temps de les analyser, il y a d'autres articles qui traitent du
consentement, donc qui viennent parler des différentes situations d'exception,
de collecte, d'utilisation, de transmission, de communication, dans quels cas.
Alors, 9…
M.
Caire
: ...les
collègues en ont pris connaissance puis qu'ils ont pris le temps de les analyser,
il y a d'autres articles qui traitent du consentement, donc, qui viennent
parler des différentes situations d'exception, de collecte, d'utilisation, de
transmission, communication, dans quels cas.
Alors, 9, le réécrire? O.K. Pourquoi? Qu'est-ce
qu'il y a là-dedans qui n'est pas clair? Qu'est-ce qu'il y a dans le fait qu'on
dit qu'il est demandé à chacune des fins en termes simples et clairs, à chaque
fois que tu veux faire quelque chose avec les renseignements personnels, il
faut que tu demandes le consentement? Puis, s'il est écrit, là, il doit être
écrit distinctement de toute autre information communiquée à la personne
concernée. Tu ne peux pas mélanger ça avec une macédoine de n'importe quoi.
Je le dis en tout respect pour les
collègues, pour moi, cet article-là, tel qu'amendé, à mon sens à moi... Puis je
comprends qu'on a des divergences d'opinions, puis c'est bien correct, faisons
le débat. Mais, pour moi, il fait le travail tel qu'il est écrit là. Puis, si
j'avais à le réécrire, M. le Président, je le réécrirais tel qu'amendé.
Alors...
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Ça puis «je
suis bon», ça se rapproche pas mal.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Nadeau-Dubois :
C'est... qui est le troisième à passer.
M. Barrette : Tellement
bon que...
M. Nadeau-Dubois : Je
l'écrirais de la même manière...
M.
Caire
: Je
n'étais même pas là.
M. Nadeau-Dubois : Tu
n'étais même pas là.
M.
Caire
: Je
n'étais même pas là. Tu n'étais même pas là.
Le Président (M.
Bachand) : O.K., s'il vous plaît. M. le député de
La Pinière.
M. Barrette : Je suis
tellement bon que je referais de la même manière.
M. Nadeau-Dubois :
Écoute, je dirais à ma collègue...
M. Barrette :
Sérieusement, M. le Président, bon, manifestement, le ministre nous l'a
confirmé à plusieurs reprises, là, il est quand même en communication régulière
pendant l'étude détaillée avec la Commission d'accès à l'information. Ce que je
dis n'est pas un reproche. Maintenant, j'imagine qu'il a peut-être eu,
peut-être que oui, peut-être que non, une conversation sur ce sujet-là avec la
CAI. Si... Puis je vais faire confiance à la réponse du ministre. Est-ce qu'ils
ont vu ça, est-ce qu'ils ont commenté ça, est-ce qu'ils sont contents de ça?
• (15 h 20) •
M.
Caire
:
C'est-à-dire que non, M. le Président...
M. Barrette : Non? Non à
quoi?
M.
Caire
:
Non... Bien, en fait, sur l'article 9, donc l'introduction de
l'article 53.1, je n'ai pas eu de discussion spécifique avec la Commission
d'accès à l'information ni eu de commentaires sur l'amendement qui a été adopté
par cette commission la semaine dernière.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin...
M. Nadeau-Dubois : Je suis
allé voir dans le RGPD, parce que c'est une inspiration... même pas... c'est
une inspiration assumée de ce projet de loi là. Quand le ministre l'a écrit, il
s'en est inspiré ouvertement. Mais, sérieusement, le...
M. Nadeau-Dubois :
…inspiration, même pas… en tout cas, une inspiration assumée de ce projet de
loi là. Quand le ministre l'a écrit, il s'en est inspiré ouvertement. Mais sérieusement
le gouvernement a dit, à maintes reprises, que le RGPD était officiellement une
inspiration. Puis, dans le RGPD, je me permets de lire un extrait un peu long,
là, on dit :
«Le consentement devrait être donné par un
acte positif clair par lequel la personne concernée manifeste de façon libre,
spécifique, éclairée et univoque son accord au traitement des données à
caractère personnel [le] concernant, par exemple au moyen d'une déclaration
écrite, y compris par voie électronique, ou d'une déclaration orale. Cela
pourrait se faire notamment en cochant une case lors de la consultation d'un
site internet, en optant pour certains paramètres techniques pour des services
de la société de l'information ou au moyen d'une autre déclaration ou d'un
autre comportement indiquant clairement dans ce contexte que la personne
concernée accepte le traitement proposé de ses données à caractère personnel.
Il ne saurait dès lors y avoir de consentement en cas de silence, de cases
cochées par défaut ou d'inactivité. Le consentement donné devrait valoir pour
toutes les activités de traitement ayant la ou les mêmes finalités. Lorsque le
traitement a plusieurs finalités, le consentement devrait être donné pour
l'ensemble d'entre elles. Si le consentement de la personne concernée est donné
à la suite d'une demande introduite par voie électronique, cette demande doit
être claire et concise et ne doit pas inutilement perturber l'utilisation du
service pour lequel il est accordé.»
Il y a quand même là-dedans, disons, un
peu plus de… puis je le dis, ça me semble factuel, là, plus de chair autour de
l'os que ce qui est sous nos yeux en ce moment dans le cas de l'article 9. Est-ce
qu'il n'y a pas, là-dedans, des notions dont on pourrait s'inspirer?
M.
Caire
: Oui. Maintenant,
je dis, en tout respect, que la loi n° 64, le RGPD sont effectivement des…
il y a des inspirations, mais la loi ici n'est pas rédigée de la même façon, et
donc n'est pas découpée de la même façon, donc… et aussi l'organisation de la
loi et l'application dans les différents pays européens, on comprend que ça ne
se fait pas non plus tout à fait de la même façon, parce que le RGPD doit être
appliqué par les États membres de l'Union européenne, puis qui ont quand même
une certaine latitude dans l'application. Donc, ce n'est pas…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …
M.
Caire
: Hein?
Puis, bon, puis Me Miville-Deschênes me dit que c'est le préambule, ce
n'est pas l'article de loi, donc… mais ce que je dis au député de Gouin, de
toute façon, c'est un petit peu ce que je dis, essentiellement, à savoir que,
sur le consentement, j'invite mes collègues à considérer le projet de loi dans
sa globalité. Tout ne sera pas…
M.
Caire
: …mais
ce que je dis au député de Gouin, de toute façon, c'est un peu ce que je dis,
essentiellement, à savoir que sur le consentement j'invite mes collègues à
considérer le projet de loi dans sa globalité.
Tout ne sera pas dit dans
l'article 9, j'en suis conscient, c'est comme ça qu'on rédige les projets
de loi, c'est comme ça que nos projets de loi sont rédigés. Les articles vont
adresser des situations qui sont plus spécifiques et il y a des considérations
qui sont apportées par mon collègue de Gouin qui sont tout à fait pertinentes,
ceci étant, je ne dis pas le contraire, qui vont se retrouver, qui vont trouver
écho dans d'autres articles, et il y aura lieu aussi d'appliquer la loi au
Québec, parce qu'on est dans un contexte nord-américain aussi, là, il ne faut
pas de désincarner de notre univers, et il y aura des articles qui seront
appliqués, mais dans le contexte nord-américain, là.
Mais sur les finalités, là, j'entends ce
que le député de Gouin dit, puis moi je suis d'accord, là, je suis d'accord, mais
pour ce qu'il a à faire, je pense que l'article 9 fait bien le travail
même si ce n'est pas moi qui l'a écrit.
Le Président (M.
Bachand) : M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : La notion
d'acte positif clair me semble une notion importante. Est-ce qu'en ce moment
dans le libellé de 53, bien, de 53.1 modifié par 9, là, mais est-ce que dans le
libellé actuel il y a, peut-être que les juristes peuvent répondre à ma
question, est-ce qu'il y a dans ce libellé-là l'équivalent dans notre langage
juridique, dans notre culture juridique, de la notion d'acte positif clair?
Et je pose la question parce que ça me
permet… ça me semble permettre, puis je ne suis pas juriste, mais cette notion
d'acte positif clair me semble permettre de venir bloquer certaines pratiques
en matière de consentement, notamment de présumer d'un consentement, notamment
que certaines cases soient cochées par défaut. Est-ce qu'il y a l'équivalent
dans 53.1?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, l'acte positif clair au sens du
projet de loi n° 64, c'est un consentement exprès. Un consentement exprès,
c'est-à-dire un consentement justement où il faut qu'il y ait un acte positif,
là, pour valider le fait que tu donnes ton consentement. Donc, c'est un peu
l'approche du RGPD qui est différente, dans la mesure où il demande un
consentement exprès d'emblée, mais par contre ils ont plus, je dirais,
d'exceptions au consentement, là, ou d'autres bases sur lesquelles tu peux
traiter les renseignements personnels.
M.
Caire
:
…consentement implicite.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, l'approche est différente parce que chez eux
tu peux traiter les renseignements avec le consentement, mais tu peux les
traiter aussi, si c'est nécessaire, au respect des obligations légales, la
sauvegarde des intérêts vitaux, les intérêts légitimes du responsable. Donc, il
y a plus d'exceptions au consentement et par conséquent leur consentement est
toujours, de la façon qu'ils l'exigent, exprès.
M. Nadeau-Dubois : Et
l'approche qui a été choisie par le gouvernement c'est plutôt…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...ou si c'est nécessaire ou une espèce d'obligation
légale, ou la sauvegarde des intérêts vitaux, les intérêts légitimes du responsable.
Donc, il y a plus d'exceptions au consentement, et par conséquent leur
consentement est toujours, selon la façon qui l'exige, exprès.
M. Nadeau-Dubois : Et
l'approche qui a été choisie par le gouvernement, c'est plutôt de distinguer
plus fortement deux types de consentement : le consentement exprès puis le
consentement défini à l'article 9
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Effectivement. Là, il y a le consentement à
l'article 9 puis il y a le consentement exprès dans les cas où, puis là,
ça va être plus tard dans le projet de loi, dans les cas où il y a... avec
renseignements sensibles.
M. Nadeau-Dubois : Est-ce
que, pour des renseignements qui ne sont pas sensibles... puis on reviendra aux
enjeux de définitions qui s'en viennent par ailleurs bientôt, là. Mais, est-ce
que, dans le cas de renseignements personnels qui ne sont pas jugés sensibles,
il serait possible pour un organisme public, en vertu de 53.1, tel que libellé
comme il l'est actuellement, de récolter des renseignements personnels, par
exemple, par le fameux phénomène d'une case qui serait cochée par défaut puis
que l'utilisateur devrait décocher?
M. Caire
: Non
parce qu'on va arriver plus loin, dans le projet de loi, et on va demander que
les mesures de protection relatives à la vie privée et aux renseignements
personnels soient les mesures mises en place par défaut. Donc, c'est l'inverse,
c'est-à-dire que, si votre application collecte de l'information d'une façon x,
y, mais qu'il y a un moyen de désactiver ça, par défaut il doit être désactivé.
Et si votre application collecte des renseignements personnels, et que ça
requiert un consentement, bien, le consentement doit être demandé de façon
manifeste. Donc, nous, on fait l'inverse, c'est qu'on oblige l'organisme
public, puis on va faire la même chose avec le privé, à activer la mesure qui a
la plus haute valeur en matière de protection des renseignements personnels.
Donc, c'est ça que la loi va dire. C'est pour ça que je vous dis, là...
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je...
M. Caire
: Je
comprends ce que vous me dites, mais... puis, dans d'autres articles, on va
arriver avec ces éléments-là. Mais je...
M. Nadeau-Dubois : Puis
est-ce que le ministre peut me dire c'est à quel article est-ce que ça sera
fait?
Une voix : C'est un amendement
qu'on n'a pas.
M. Caire
: Oui,
c'est un amendement qu'on va apporter. C'est un amendement qu'on va apporter.
M. Nadeau-Dubois : C'est
pour ça que je posais la question parce qu'on se demandait de quel article.
C'est un amendement qui va être déposé.
M. Caire
: Je vais
être d'une totale candeur avec vous, M. le député, cet amendement-là, nous
venons de l'amener et nous venons de le... justement parce que cette
préoccupation-là trouvait écho chez nous, et qu'on voulait s'assurer que ça se
reflète dans le...
M. Nadeau-Dubois : Donc,
il y a un amendement qui s'en vient sur la notion de «plus haut niveau de
confidentialité par défaut».
M. Caire
: Oui, de
vie privée par défaut.
M. Nadeau-Dubois : Ce que
certains appellent «privacy by design», là.
M. Caire
: C'est
ça.
M. Nadeau-Dubois : O.K. C'est
ça. C'est pour ça. C'est ça. Je posais la question parce que je ne me rappelais
pas l'avoir lu. Mais là je comprends que c'est parce que ce n'est pas déposé.
Et...
15 h 30 (version non révisée)
M.
Caire
: …et
qu'on voulait s'assurer que ça se reflète dans le…
M. Nadeau-Dubois : Donc, il y
a un amendement qui s'en vient sur la notion de plus haut niveau de
confidentialité par défaut.
M.
Caire
: Oui.
De vie privée par défaut.
M. Nadeau-Dubois : Ce que
certains appellent «privacy by design», là.
M.
Caire
: C'est
ça.
M. Nadeau-Dubois : O.K. C'est
ça. Je posais la question parce que je ne me rappelais pas l'avoir lu, mais là,
je comprends c'est que c'est parce que ce n'est pas déposé. Et donc, ça, ça
s'en vient autour de… un amendement à quel article? Article 100?
M.
Caire
: Je
vais vous dire ça.
Une voix : …
M.
Caire
: C'est
14. Voilà, c'est ça que je disais. 14.
M. Nadeau-Dubois : 14, donc
tout bientôt. O.K.
M.
Caire
: Et ce
n'est pas loin, mais en même temps ça peut être très loin.
M. Nadeau-Dubois : Et donc,
quand on viendra à 14, il y aura amendement pour venir boucher, bloquer cette
possibilité de demander des renseignements personnels par défaut, avec par
exemple une case qui est… quand on a une interface, là.
M.
Caire
: Oui, tout
à fait. Absolument.
M. Nadeau-Dubois : On ouvre
l'interface, la coche est déjà cochée, il faudrait la décocher. Ce sera rendu
impossible par un amendement à venir à l'article 14.
M.
Caire
:
Voilà.
M. Nadeau-Dubois : Et donc, si
je comprends bien l'argument du ministre, ce n'est pas nécessaire de venir le
préciser dans la définition du consentement.
M.
Caire
: Non, parce
que cette mesure-là va être adoptée plus tard. Bien, en fait, adoptée… je ne
veux pas présumer de la décision de la commission, mais je militerai fortement
pour que nous adoptions cet amendement-là.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bien,
c'est une conversation productive.
M.
Caire
: Nous
n'avons que des conversations positives, collègue.
M. Nadeau-Dubois : C'est une
affirmation, ça… audacieuse.
M.
Caire
: Même
quand vous parlez de mes talents de rédacteur.
M. Nadeau-Dubois : Oui. C'est
une affirmation audacieuse. O.K. Je… Pour le moment, ça répond à mes questions.
Bien hâte de discuter de l'article 14, parce qu'en effet, c'est une pratique
qu'il faut baliser.
M.
Caire
: On
est deux.
M. Nadeau-Dubois : Et
d'ailleurs, si l'amendement est prévu pour le public, je présume que
l'amendement similaire est prévu pour le privé?
M.
Caire
: Oui,
mais est-il déjà dans la loi pour le privé?
Une voix : …
M.
Caire
: Il
est déjà dans la loi pour le privé. Oui, c'est ça.
M. Nadeau-Dubois : Ah! il
l'était déjà, voilà. C'est ça, il était là pour le privé, mais il n'était pas
là pour le public.
M.
Caire
: C'est
que c'est le public qui n'avait pas cette disposition-là. Le privé l'avait
déjà.
M. Nadeau-Dubois : Vous
m'excuserez. C'est un projet de loi qui est touffu puis où il y a des fois des
effets miroir, mais pas toujours, alors je voulais juste préciser
l'information.
M.
Caire
: On
comprend ça.
M. Nadeau-Dubois : Mais, M. le
Président, ça fait le tour pour moi pour le moment.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Ça va.
Le Président (M.
Bachand) : S'il n'y a pas d'autre intervention à l'article 9.1,
nous allons procéder à sa mise aux voix. Alors, Mme la secrétaire, s'il vous
plaît, tel qu'amendé.
La Secrétaire
: M.
Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire… pardon, formant le gouvernement, M.
Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Pour.
La Secrétaire
: M.
Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 9, tel qu'amendé, est
adopté. Et, suite aux conversations, je crois qu'il y avait consentement pour
revenir à l'article 8. Donc, article 8. Interventions? Interventions sur
l'article 8, une fois, deux fois, trois fois. S'il n'y a pas d'autre
intervention sur l'article 8, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: M.
Caire (La Peltrie)?
Le Président (M.
Bachand) : …et suite aux conversations, je crois qu'il y avait
consentement pour revenir à l'article 8. Donc, article 8. Interventions?
Interventions sur l'article 8, une fois, deux fois, trois fois. S'il n'y a pas
d'autre intervention sur l'article 8, nous allons procéder à sa mise aux voix.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: M.
Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Pour.
La Secrétaire
: M.
Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) :Abstention. Donc, l'article 8
est adopté. Merci beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui.
Merci, M. le Président. Donc, l'article 10 se lit comme suit : L'article…
Le Président (M. Bachand) :
Excusez-moi… le député de Gouin m'avait informé d'un amendement. M. le député
de Gouin, pardon, désolé.
M.
Caire
: Oui.
9.1. Excusez, M. le député. C'est de sa faute.
M. Nadeau-Dubois : Pas de
problème. On a fait quelques allers-retours dans le projet de loi depuis qu'on
s'était parlé, M. le Président. J'aimerais déposer un amendement pour ajouter
un article 9.1, et on pourrait suspendre le temps qu'on le fasse parvenir aux
membres de la commission.
Le Président (M. Bachand) :
Parfait. Alors, on va suspendre quelques instants. Merci infiniment.
(Suspension de la séance à 15 h 34)
(Reprise à 15 h 40)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Alors, amendement à l'article 9.1. Insérer, après l'article 9 du
projet de loi, l'article suivant :
9.1. Cette loi est modifiée par le
remplacement de l'article 54 par l'article suivant :
«54. Sont personnels les renseignements
qui concernent une personne physique qui peut être identifiée directement ou
indirectement, notamment par référence à un identifiant, tel qu'un nom, un
numéro d'identification, des données de localisation, un identifiant en ligne,
ou à un ou plusieurs éléments spécifiques propres à son identité physique,
physiologique, génétique, psychique, économique, culturelle et sociale, ainsi
que toute inférence produite tirée d'un renseignement à l'aide de systèmes
automatisés qui concerne une personne physique et permet de l'identifier.»
Alors, cet amendement, il est certes
touffu, mais il a un objectif bien clair, moderniser la définition même de ce
qu'est un renseignement personnel. Le projet de loi, le ministre l'a dit, c'est
un projet de loi qui est ambitieux, qui est vaste, qui, à plusieurs égards,
représente une avancée, mais c'est un projet de loi qui fait le choix
particulier de ne pas moderniser la définition même de ce qu'est un
renseignement personnel. Le projet de loi va venir, plus loin, introduire deux
nouvelles catégories de renseignement. Donc, plus loin, on va intégrer la
notion de renseignement dépersonnalisé et de renseignement anonymisé, c'est
bien, c'est perfectible, on y viendra. Mais le projet de loi qui se veut un
projet de loi de modernisation, puis ça m'a surpris…
M. Nadeau-Dubois : …nouvelles
catégories de renseignements. Donc, plus loin, on va intégrer la notion de
renseignements dépersonnalisés et de renseignements anonymisés, c'est bien,
c'est perfectible, on y viendra. Mais le projet de loi, qui se veut un projet
de loi de modernisation, puis ça m'a surpris quand je l'ai lu avec mon équipe,
fait le choix de ne pas toucher à la définition de base de ce qui est un
renseignement personnel. Or, c'est une définition qui, je n'ai pas besoin de le
dire, a été écrite à une époque bien différente de la nôtre du point de vue des
capacités technologiques d'identifier des gens à partir de certains
renseignements. Et donc c'est une… la définition actuelle de ce qui est un
renseignement personnel, elle est pour le moins incomplète, et il y a même
certains acteurs qui sont venus, puis ce n'est pas mes mots, là, en commission
parlementaire, nous dire que c'est une définition qui est même déficiente à l'égard
des nouvelles possibilités technologiques.
En ce moment, on dit : «Dans un
document, sont personnels les renseignements qui concernent une personne
physique et permettent de l'identifier.» Oui. C'est un peu… bien, c'est bref
dans le nouveau contexte qui est le nôtre. Et il y a beaucoup de… il y a
plusieurs législations qui ont, à cause des évolutions technologiques récentes,
cherché à préciser cette notion de renseignement personnel pour mieux cerner sa
portée. Puis… et c'est une question qui est fondamentale parce que, et je me
rappelle les gens de la Commission de l'éthique en science et technologie qui
sont venus nous le dire, puis il y a un juriste également de l'Université
d'Ottawa qui était venu nous en parler, la définition de renseignement personnel,
c'est la fondation sur laquelle est construite tout le projet de loi. Puisque
c'est une loi qui vise la protection des renseignements personnels, la question
de ce qu'est ou de ce que n'est pas un renseignement personnel, c'est une
question absolument fondamentale.
La définition que je soumets au ministre
dans cet amendement-là, elle n'est pas sortie de mon chapeau. C'est une
définition qui est fortement, fortement inspirée de celle qui est dans le RGPD,
RGPD qui, le ministre en convenait avec moi il y a quelques instants, est une
des inspirations fortes du gouvernement pour ce projet de loi là. Ceci étant
dit, ce n'est pas seulement une inspiration du RGPD, la loi californienne nous
a également inspirés.
Et au-delà de tout ce qu'il y a dans cet amendement,
moi, je veux insister sur un aspect. Cette définition de renseignement
personnel que je soumets au ministre, elle vient introduire un élément, là, qui
est sans doute celui qui va le plus monopoliser nos conversations dans les
prochaines minutes parce qu'il est essentiel, elle vient inclure, dans la
définition de renseignement personnel, les renseignements qu'on appelle
inférés. Et ça, c'est essentiel parce qu'on sait que les renseignements
personnels sont de plus en plus traités par des systèmes automatisés, certains
diraient : Des algorithmes, des protocoles d'intelligence artificielle…
M. Nadeau-Dubois : …vient
inclure, dans la définition de renseignement personnel, les renseignements
qu'on appelle inférés. Et ça, c'est essentiel parce qu'on sait que les
renseignements personnels sont de plus en plus traités par des systèmes
automatisés, certains diraient, des algorithmes, des protocoles d'intelligence
artificielle qui peuvent, à partir d'un renseignement spécifique, inférer
d'autres renseignements. En ce moment, la loi qui est incluse dans la Loi sur
l'accès, elle est… elle n'inclut pas les renseignements inférés. Et donc, je
m'appuie sur, à cet égard, une recommandation de la Commission d'accès à
l'information et de la Commission de l'éthique en science et technologie qui
ont toutes deux dit : Il faut préciser la définition même de ce qu'est un
renseignement personnel notamment pour y inclure les renseignements inférés, et
les renseignements qui, non seulement identifie quelqu'un, mais permette de
l'identifier directement ou indirectement. Donc, c'est une recommandation, je
le répète, de la CAI et de la Commission de l'éthique en science et
technologie, alors ça m'apparaît un élément important. Je ne pense pas que ce
soit un amendement frivole, loin de là. Et j'aimerais savoir ce que le ministre
en pense.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le député. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui.
Bien, merci, M. le Président. Comme vous pouvez le constater, on… disons qu'on
discute. Parce qu'à la base, je dois dire qu'effectivement, la définition
n'avait pas été revue pour la raison qu'on en était arrivé à la conclusion
qu'une définition large servait mieux l'intérêt public au sens où ça permettait
d'inclure plus d'éléments que moins d'éléments. C'était la conclusion à
laquelle on en arrivait.
J'ajoute à ça qu'au niveau de la
jurisprudence, il y a quand même, déjà, pas mal d'éléments qui ont été intégrés
et reconnus justement sur la base du fait que la définition est large. Puis je
concède, d'emblée, au député de Gouin que la définition actuelle, elle est très
large. Mais il y a une jurisprudence qui a amené quand même les différents
acteurs à se prononcer et à inclure des éléments propres à ce qui devrait être
un renseignement personnel notamment, notamment, plus récemment, notamment, via
l'utilisation des technologies de l'information. Je lui concède, effectivement…
Écoutez, moi, je ne suis pas hostile, là, ceci étant, je ne suis pas hostile à
ce qu'on modifie la définition. Je fais juste me questionner sur la pertinence…
M.
Caire
: …je
lui concède, effectivement… Écoutez, moi, je ne suis pas hostile, là, ceci
étant, je ne suis pas hostile à ce qu'on modifie la définition. Je fais juste
me questionner sur la pertinence d'être aussi détaillé puis de ne pas en
arriver à la finalité non souhaitée, ni par moi ni par le député de Gouin,
qu'on puisse exclure des éléments parce qu'ils ne sont pas dans la liste
précisément. Donc, des fois, trop de précision, c'est… ça dessert l'intérêt
public que pas assez.
Mais je ne suis pas hostile, là, je ne
suis pas hostile du tout à revoir cette définition-là. Je me demande juste si
la nomenclature n'est pas trop détaillée, si on ne peut pas y aller avec des
concepts plus larges qui nous permettraient de garder ce que la jurisprudence
nous a donné, les acquis de la jurisprudence, puis peut-être d'amener les
futures décisions à se pencher, peut-être, sur des éléments où, là, il y aura
effectivement des lacunes ou des zones d'ombre.
Ça fait que je ne veux pas dire non à
l'amendement de mon collègue, mais peut-être qu'on pourrait réfléchir à
travailler peut-être plus sur des concepts, des lignes directrices qui nous
permettraient, qui permettraient à la CAI, qui permettraient aux tribunaux
d'avoir… d'abord, de conserver les assises qu'ils ont avec la jurisprudence
actuelle, donc de ne pas éliminer des éléments qui ont déjà été l'objet de
décisions puis de guider puis… effectivement, peut-être, d'être un peu plus
précis. Mais je ne sais pas… M. le Président, à ce moment-ci, je demanderais
peut-être à la commission une courte suspension. Ah oui! O.K.
M. Nadeau-Dubois : Peut-être…
• (15 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) : Allez-y, M. le député.
M. Nadeau-Dubois : …juste
avant, parce que je sens, en fait… j'espère sentir qu'on… je pense qu'on
partage un objectif, hein? C'est-à-dire que mon objectif ici n'est pas
d'arriver avec une définition précise au sens de limitative. Mon objectif,
c'est qu'elle soit précise au sens d'englobante et de ne pas… En fait, ce que
je ne veux pas, c'est qu'elle soit trop vague. Parce qu'il y a une différence
entre large et vague.
Et ce que la Commission d'accès à
l'information et la Commission d'éthique en science et technologie viennent
nous dire, c'est il faut s'assurer qu'au fondement de notre projet de loi, là,
on met une définition de «renseignements personnels» qui va résister à
l'épreuve du temps puis qui va inclure les nouvelles possibilités offertes par
la technologie d'inférer des renseignements. Puis, dans son mémoire, la
Commission d'éthique en science et technologie donne deux exemples qui, moi,
m'ont…
M. Nadeau-Dubois : ...de renseignements
personnels qui va résister à l'épreuve du temps puis qui va inclure les
nouvelles possibilités offertes par la technologie d'inférer des renseignements.
Puis, dans son mémoire, la Commission
d'éthique en science et technologie donne deux exemples qui, moi, m'ont
renversé. Puis c'est des exemples véridiques, notamment d'entreprises privées
qui ont inféré, du comportement en ligne d'internautes, que l'internaute en question
était enceinte. Puis, évidemment, l'internaute n'a jamais volontairement
transmis ce renseignement personnel là. Ce n'est pas un renseignement qui a été
transmis, il n'y a pas eu de... mais par inférence du comportement en ligne, par
un algorithme, on vient inférer que la personne est enceinte. Ça devient un
renseignement et ça peut être vendu à un tiers.
M.
Caire
: Ça
peut être... Ça, c'est peut être l'orientation sexuelle...
M. Nadeau-Dubois :
L'orientation sexuelle, c'est l'autre exemple qui est dans le mémoire de la
commission.
M.
Caire
:
...l'orientation politique, les convictions religieuses. J'entends ça.
M. Nadeau-Dubois : Et ce
renseignement-là, si on ne le fait pas... ce renseignement inféré, si on ne
l'inclut pas, si on n'est pas sûrs et certains de l'inclure dans notre
définition de renseignement personnel, il peut tomber à côté du champ de
protection du projet de loi. Ça fait que moi, mon objectif, c'est de
m'assurer... puis c'est l'objectif de la commission d'accès puis de l'éthique
en science et technologie, c'est eux qui nous ont mis sur cette piste en
disant : Attention, il ne faut pas que ces renseignements tombent à côté.
M.
Caire
: D'où
l'idée...
M. Nadeau-Dubois : C'est mon
objectif.
M.
Caire
: D'où
l'idée de garder peut-être le principe de concept plutôt que d'éléments précis.
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que
j'ai fait dans l'amendement, c'est que je me suis inspiré de la source
d'inspiration du projet de loi, je suis allé... on est allé voir dans le RGPD.
Puis c'est une inspiration pas mal directe, là. S'il faut échanger pour trouver
une formulation peut-être plus conforme au vocabulaire juridique du Québec et
du reste du projet de loi, j'en suis. Peut-être que faire une liste... Moi, tu
sais... Peut-être que de faire une liste, ce n'est pas la bonne manière de
procéder. Moi, je suis ouvert à ces discussions-là. Mon objectif, je veux qu'il
soit bien compris, ce n'est pas de faire une liste infinie, d'ailleurs, c'est
le risque qu'on oublie quelque chose dans la liste, c'est d'avoir une
définition de renseignements personnels qui fasse entrer dans la définition les
renseignements inférés, c'est mon objectif ici, ou les renseignements qui
pourraient indirectement permettre d'identifier. C'est deux cas légèrement
différents. Et on peut suspendre s'il faut prendre le temps d'y réfléchir et
d'en discuter.
M.
Caire
:
...couples de minutes, pas long. Juste...
Le Président (M.
Bachand) : Parfait.
On va suspendre quelques instants. Merci
infiniment.
(Suspension de la séance à 15 h 54)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 7)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Merci,
M. le Président. On a eu des discussions hors micro. Puis, j'ai refait
rapidement certaines lectures. Ce que je comprends, c'est que le ministre
partage une, en tout cas, de mes intentions, là, certainement, l'intention de
venir inclure dans la définition de renseignement personnel les renseignements
qui permettent d'identifier une personne, même indirectement. Est-ce que j'ai
bien compris l'intention du ministre?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Et par la
notion d'indirectement, moi, ce que je souhaite, c'est qu'on vienne englober
l'utilisation de certaines technologies, où, notamment par des argorithmes… des
algorithmes d'intelligence artificielle, de l'inférence, on recoupe des données
qui, prises isolément, ne permettent peut-être pas d'identifier la personne,
mais quand on les recoupe entre elles, on acquiert une capacité d'identifier.
Cet objectif-là, donc, le ministre le partage aussi.
M.
Caire
: Je le
partage.
M. Nadeau-Dubois : Parfait.
J'ai peut-être une autre version de mon amendement à présenter, M. le
Président. Donc, avec le consentement, on pourrait retirer celui-ci puis en
déposer un autre.
Le Président (M.
Bachand) : Consentement?
Une voix
:
Consentement.
Le Président (M.
Bachand) : Consentement.
Donc, on va suspendre quelques instants
pour préparer le nouvel amendement.
M. Nadeau-Dubois : Oui, pour
faire circuler le…
Le Président (M.
Bachand) : Merci.
On va suspendre quelques instants. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 8)
(Reprise à 16 h 17)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux.
Alors, M. le député de Gouin, s'il vous
plaît. M. le député de Gouin, vous avez la parole.
M. Nadeau-Dubois : Oui, merci,
M. le Président. Alors, donnez-moi un instant, je vais… On a tellement parlé de
l'amendement, mais je ne l'ai pas ressorti, je ne l'ai pas sous les yeux.
Donnez-moi un petit instant.
Alors, amendement : insérer après l'article
9 du projet de loi, le suivant : «9.1 L'article 54 de cette loi est
modifié par l'insertion, après «permettent», de «,directement ou
indirectement,». Donc, on est passé d'une première version d'amendement qui est
extrêmement touffue à une deuxième beaucoup plus succincte, c'est le moins
qu'on puisse dire. Mais, on va y aller étape par étape pour s'assurer d'aboutir
à la fin du processus avec la définition la plus englobante qui soit de renseignements
personnels, parce que c'est mon objectif. J'aimerais… Et bien sûr, je vais
poser une série de questions au ministre, parce que ce qu'on dit ici, c'est
déterminant pour la manière dont… la manière que les tribunaux vont interpréter
la loi que nous sommes en train de rédiger.
L'objectif ici de l'amendement, là, c'est
de venir inclure, dans la définition de renseignements personnels, les renseignements
qui sont inférés, c'est-à-dire les renseignements…
M. Nadeau-Dubois : …que les
tribunaux vont interpréter la loi que nous sommes en train de rédiger. L'objectif
ici de l'amendement, là, c'est de venir inclure, dans la définition de renseignements
personnels, les renseignements qui sont inférés, c'est-à-dire les
renseignements qui, de prime abord, peuvent sembler anodins, mais qui, après
avoir été traités par des systèmes informatiques, permettent d'inférer d'autres
renseignements qui, eux, peuvent être très précis, très sensibles. Autrement
dit, on fait des corrélations entre différents renseignements, à partir de ces
corrélations-là, on génère un nouveau renseignement. Donc, c'est un
renseignement qui n'est pas collecté auprès de l'individu directement, mais qui
est le produit de l'organisation qui détient les renseignements. La définition
actuelle de renseignements personnels, selon plusieurs acteurs, ne couvrait pas
ces renseignements inférés.
Est-ce qu'en parlant de renseignements qui
permettent directement ou indirectement d'identifier, est-ce qu'on vient
couvrir ces renseignements inférés?
M.
Caire
: Oui,
et en fonction des technologies présentes, mais aussi en fonction des possibilités
futures, parce que toute notion indirectement peut faire référence à des évolutions
technologiques qui permettraient d'arriver au résultat qui est décrit par le
député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Dans la loi
californienne, on a opté pour une définition plus touffue de renseignements
personnels, et on dit notamment que… en fait, les renseignements personnels
sont définis — donnez-moi un instant — comme tout
renseignement qui non seulement concerne une personne physique, mais également
qui décrit une personne physique ou qui est raisonnablement susceptible d'être
associé à une personne physique, ou un renseignement, on dit également,
pourrait raisonnablement être lié à une personne physique. Est-ce qu'en disant,
comme je propose de le faire… est-ce qu'en définissant, comme je propose de le
faire, les renseignements personnels comme des renseignements qui permettent
d'identifier une personne directement ou indirectement, est-ce qu'on va couvrir
aussi large que la définition que je viens de citer?
• (16 h 20) •
M.
Caire
:
Clairement, clairement, parce que, dans le fond, la conclusion à laquelle on
doit en arriver, c'est : Est-ce que, de façon directe ou indirecte, j'ai
été en mesure d'identifier quelqu'un? Donc, à partir de là, peu importe le
moyen, peu importe le processus, peu importe la quantité, la qualité des
informations qui ont été colligées, agrégées, si la finalité, c'est
d'identifier…
M.
Caire
: ...on
doit en arriver, c'est : Est-ce que, de façon directe ou indirecte, j'ai
été en mesure d'identifier quelqu'un? Donc, à partir de là, peu importe le
moyen, peu importe le processus, peu importe la quantité, la qualité des
informations qui ont été colligées, agrégées, si la finalité, c'est
d'identifier quelqu'un, à ce moment-là, on tombe sous le coup de la définition
d'un renseignement personnel.
M. Nadeau-Dubois : Donc, bien
sûr, un nom est un renseignement personnel...
M.
Caire
: Le
nom... et ça peut aller, comme on l'a dit, jusqu'à l'opinion politique, ça
peut...
M. Nadeau-Dubois : O.K. Est-ce
qu'une donnée, on va... J'ai envie qu'on procède, comme, de manière structurée
pour être sûr qu'on couvre large ensemble, là. Est-ce qu'une donnée de
localisation est un renseignement personnel en vertu de cette définition... de
la définition que je propose?
M.
Caire
: Si
elle est utilisée à des fins où elle permet d'identifier un individu, donc,
selon la méthode dont on a discuté, la réponse est oui.
M. Nadeau-Dubois : Sauf
que, là, notre définition à 54 ne parle pas de la finalité...
M.
Caire
: C'est-à-dire
que... bien...
M. Nadeau-Dubois : ...de l'utilisation,
on parle de la nature du renseignement. On ne dit pas...
M.
Caire
: C'est-à-dire
qu'on dit que, dans un document, document au sens très large qu'on doit lui
donner, sont personnels les renseignements qui concernent une personne physique
et permettent de l'identifier. Et, avec l'amendement que vous apportez, se
lirait : «permettent de l'identifier directement ou indirectement».
M. Nadeau-Dubois : Mais il
n'y a pas, dans cette définition de renseignement personnel, d'allusion à la
finalité ou à l'utilisation. Il s'agit de la nature même du renseignement. Ça
fait que, moi, ma question, c'est : La donnée de localisation, en soi,
est-ce que c'est une donnée personnelle en fonction de cette définition-là?
M.
Caire
:
Écoutez, je... pas comment le tribunal l'interpréterait, mais, dans la mesure
où elle ne me permet pas d'identifier quelqu'un... Je ne sais pas. J'aurais
tendance à courageusement passer la puck, en bon français, à Me
Miville-Deschênes, là.
Parce que, moi, ce que j'en comprends,
c'est que, dans un document, là, quand je collige toute l'information, si ça,
ça me permet d'identifier quelqu'un, ça devient un renseignement personnel.
Maintenant, votre question, c'est : Est-ce que, de façon éclatée, est-ce
que de façon éclatée, c'est un renseignement personnel? Et je vais aller plus
loin que ça : Est-ce qu'on veut que ce soit un renseignement personnel?
Est-ce qu'on le souhaite? Je ne sais pas. Je pose la question.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
moi, l'objectif de mon amendement initial était de couvrir ces éléments-là
parce que... la nature des avancées technologiques fait en sorte qu'on peut, à
un moment a, collecter une donnée... en 2004... Et c'est des pratiques qui
existent chez certaines entreprises du Web. On peut, à un moment donné,
mettons, un moment a, collecter une donnée et, au moment où on la collecte,
cette donnée, on ne dispose pas des capacités technologiques qui nous
permettent...
M. Nadeau-Dubois : …moment a,
collecter une donnée, mettons en 2004, et c'est des pratiques qui existent chez
certaines entreprises du Web. On peut à un moment donné, mettons un moment a,
collecter une donnée et au moment où on la collecte cette donnée, on ne dispose
pas des capacités technologiques qui nous permettent de faire l'inférence, et
par exemple, chez Google, c'est des pratiques qui ont été documentées. Google,
pendant des années, a collecté des données personnelles en n'ayant pas les
capacités technologiques de faire des inférences puis de les rendre
monétisables ou de les recouper avec d'autres pour créer des profils
d'utilisateur à des fins publicitaires. Mais on collectait les données quand
même en faisant le pari, vérifié finalement par l'histoire, qu'un jour on
aurait les capacités technologiques nous permettant de traiter ces données-là
et d'en faire quelque chose que ce soit à des fins, d'ailleurs on pourrait dire
au-delà des fins commerciales, ça pourrait être d'autres finalités, de
recherche, bon, de politique publique même, bon.
Ce qu'il faut s'assurer puisqu'on ouvre
aujourd'hui la loi sur les renseignements personnels, puis qu'on ne la rouvrira
pas pendant un petit bout, c'est d'être sûr qu'aujourd'hui, des acteurs, bien
ou mal intentionnés, là, peu importe, ne puissent pas collecter aujourd'hui une
donnée qui aujourd'hui ne permet pas d'identifier quelqu'un parce
qu'aujourd'hui on n'a pas encore trouvé la technologie qui permet de le faire,
et que dans 15 ans il y ait un nouvel algorithme d'apprentissage profond
ou d'intelligence artificielle qui fait que dans 15 ans, finalement, ce
qu'on a collecté en 2020 là c'est devenu utilisable, puis en 2020 on ne pouvait
pas en inférer une identification d'une personne, mais 20 ans plus tard,
la technologie ayant avancée, là ça devient possible d'identifier. Et donc
comment on fait pour que dès le moment où on collecte, ce soit déjà un
renseignement personnel?
M.
Caire
: Bien,
c'est là où la notion…
M. Nadeau-Dubois : Et, parce
que, juste pour finir, parce que c'est à cette définition de renseignement
personnel qui est suspendue tout le reste des dispositions du projet de loi, notamment
le consentement.
M.
Caire
: Bien,
c'est là où le «indirectement» entre en ligne de compte et fait en sorte que la
réponse à votre question devient oui.
M. Nadeau-Dubois : O.K. mais
c'est parce que tout à l'heure j'ai posé… j'ai demandé est-ce qu'une donnée de
géolocalisation c'est une donnée personnelle. Le ministre semblait dire non.
M.
Caire
: C'est
parce que dans le contexte où vous placez cette information, là, elle prend un
sens différent. Donc, si moi je collecte les informations de géolocalisation,
si je les collecte puis que, bien, je m'en sers et je finis par vous
identifier, faire du traçage ou faire toutes sortes de choses qu'on ne souhaite
pas, c'est un renseignement personnel.
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
ce que je veux…
M.
Caire
: Mais,
si cette donnée-là n'est pas collectée, mais comprenez-vous ce que je veux
dire? C'est que moi je me sers de mon GPS, là, bon, est-ce via de la
géolocalisation, évidemment, bon, pour cette finalité-là, est-ce que c'est
considéré comme un renseignement personnel?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi
ce que… l'objectif de mon amendement c'est que l'entreprise d'application
devrait vous demander votre consentement.
M.
Caire
: Si
elle les collecte, mais on ne veut pas qu'elle les collecte. Mais si elle les
collecte, je vous suis. Ce que je veux dire c'est que…
M. Nadeau-Dubois : Mais pour
qu'elle demande… pour qu'elle soit obligée par la loi de demander mon
consentement…
M. Nadeau-Dubois : …moi, ce
que… l'objectif de mon amendement, c'est que l'entreprise d'application devrait
vous demander votre consentement.
M.
Caire
: Si
elle les collecte. Mais on ne veut pas qu'elle les collecte. Mais si elle les
collecte, je vous suis. Ce que je veux dire, c'est…
M. Nadeau-Dubois : Mais pour
qu'elle demande… pour qu'elle soit obligée par la loi de demander mon
consentement, il faut que la donnée en question soit considérée comme un
renseignement personnel. Il faut que notre définition soit bonne, parce que si
on fait une mauvaise définition, l'entreprise pourrait dire : Ce n'est pas
une donnée personnelle, donc je n'ai pas besoin de lui demander son
consentement.
M.
Caire
: Je
pense qu'on dit la même chose, et, oui, la réponse à votre question, dans ce
contexte-là, oui. Est-ce qu'une entreprise, avant de collecter mes données de
géolocalisation, devrait me demander mon consentement? La réponse à ça, c'est
oui.
M. Nadeau-Dubois : Donc…
M.
Caire
: Parce
que cette donnée-là…
M. Nadeau-Dubois : …est un
renseignement personnel.
M.
Caire
: Avec
d'autres informations, va certainement servir à m'identifier, donc la réponse à
votre question, c'est oui.
M. Nadeau-Dubois : Donc, une
donnée de localisation, c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Un
identifiant en ligne, est-ce que c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
Ça a été d'ailleurs… Me Miville-Deschênes me disait que ça a déjà été statué en
cour que l'adresse IP, notamment, là… puis il y a… différents éléments que vous
allez retrouver dans les métadonnées sont des renseignements personnels. Ça…
C'est pour ça, tantôt, je vous disais : Il ne faut pas jeter le bébé avec
l'eau du bain, là, il y a une jurisprudence qui nous donne déjà des contours
puis des assises juridiques sur les renseignements personnels.
M. Nadeau-Dubois : Oui, mais
là l'objectif, comme législateurs, c'est d'aller chercher une définition qui…
M.
Caire
: …qui
englobe ça et plus.
M. Nadeau-Dubois : Qui englobe
et qui met la barre assez haute…
M.
Caire
: C'est
ça. C'est ça.
M. Nadeau-Dubois : …puis qui
met le standard juridique.
M.
Caire
: Qui
ne rejette pas ça, qui l'inclut, mais qui va en chercher un peu plus large. On
s'entend.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Un
élément propre à mon identité physique, mettons, la couleur de mes yeux, est-ce
que c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Puis ma
question, c'est toujours en fonction de la définition qu'on est en train de
rédiger ensemble. Mettons, mon revenu?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Ma
situation sociale, mettons, je suis célibataire ou marié?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Je
pourrais continuer longtemps, là, mais je voulais faire… je voulais qu'on fasse
l'exercice ensemble.
M.
Caire
: Non,
je vous suis, je comprends, absolument.
M. Nadeau-Dubois : Pour qu'on
établisse ensemble c'est quoi le périmètre de cette nouvelle définition là.
Parce que, je le répète, c'est absolument essentiel parce qu'il faut que des
renseignements… il faut que tout renseignement qui, pas juste aujourd'hui mais
dans un avenir prévisible, puisse par référence, corrélation, traitement
automatisé, un jour, peut-être, devenir source d'identification.
M.
Caire
: On
s'entend.
M. Nadeau-Dubois : Il faut
que, dès aujourd'hui, on soit très clairs dans la loi qu'on écrit, que tout ça,
d'entrée de jeu aujourd'hui, c'est déjà un renseignement personnel selon la
loi, et donc que ce renseignement-là est couvert par la loi.
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Avec tout
ce que ça implique de consentement.
M.
Caire
: Mais
dans les exemples que vous venez de me donner, ça, c'était déjà statué.
M. Nadeau-Dubois : Oui… bien,
en tout cas, on… pas indirectement. Par exemple, un code postal…
M.
Caire
: Non.
Non, c'est ça, pas indirectement.
M. Nadeau-Dubois : C'est ça.
Un code postal, c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : O.K., parce
que ça permet directement ou indirectement d'identifier quelqu'un. Voilà…
16 h 30 (version non révisée)
M. Nadeau-Dubois : …bien, en
tout cas, on… pas indirectement. Par exemple, un code postal…
M.
Caire
: Non.
Non, c'est ça, pas indirectement.
M. Nadeau-Dubois : C'est ça.
Un code postal, c'est un renseignement personnel parce que ça permet,
directement ou indirectement, d'identifier quelqu'un. Voilà.
Dans la loi californienne, on parle d'un
renseignement qui décrit quelqu'un. Est-ce que, dans notre culture juridique,
puis en fonction des… de la jurisprudence puis des précédents, est-ce que la
notion de… quand on dit en ce moment «un renseignement concerne quelqu'un»,
est-ce que c'est plus englobant qu'une loi qui dirait «un renseignement qui
décrit quelqu'un»?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : «Tout renseignement qui te concerne», là, je… il me
semble que le terme «décrire», c'est vraiment d'expliquer un peu la… le…
Comment dire? De décrire le physique ou la personnalité d'une personne, tandis
que «qui concerne», là, on couvre tous les aspects, là, de la personnalité, là.
Ça fait que «qui concerne», ça peut être l'adresse, ça peut être les
métadonnées, ça peut être tout renseignement de nature financière, santé, etc.,
là.
M. Nadeau-Dubois : Un historique
de navigation, est-ce que c'est un renseignement personnel?
M.
Caire
:
Solide question.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, juste pour mettre en contexte, tu sais, c'est
toujours qu'il faut qu'il puisse être lié à la personne physique. Donc, si je
prends l'exemple à… de votre code postal, bien… ou homme, 31 ans, cheveux
bruns, ce n'est pas un renseignement personnel de la minute où il n'est pas… il
ne peut pas être lié à une personne physique. C'est un peu là.
Ça fait qu'une donnée de géolocalisation,
ça va, presque dans tous les cas, être un renseignement personnel, mais il y a peut-être
des cas où il ne sera pas lié à une personne physique. Bien, il y en a,
évidemment, quand c'est une donnée qui… sur un drone ou je ne sais quoi d'autre,
là.
M. Nadeau-Dubois : Bien, là,
on est au coeur de l'enjeu, là, de mon amendement. Parce que, homme,
31 ans, cheveux bruns, au moment où moi, comme… je suis un acteur d'une
entreprise publique ou privée, au moment où je collecteur ce renseignement, je
peux, en effet, le collecter dans une volonté qui n'est pas celle d'identifier
la personne. Et ça peut être le cas pendant de nombreuses années. Mais une fois
que j'ai acquis le renseignement, si, dans 10 ans, une nouvelle
technologie fait son apparition et maintenant, comme organisation… J'ai acquis
le renseignement personnel il y a un… il y a 10 ans, à l'époque, ça ne me
permettait pas d'identifier. Aujourd'hui, ça me permet parce qu'il y a une
nouvelle technologie.
Donc, quand vous me dites : Ça ne
permet pas d'identifier, ça, c'est, comme, au moment où la donnée est
collectée. Moi, ce que je veux, c'est que notre définition des renseignements
personnels, elle s'étire à tout ce qu'on peut faire avec cette donnée-là, et
donc que dès le premier jour ce soit considéré comme un renseignement
personnel.
M.
Caire
: Mais
c'est ce que l'amendement vient faire.
M. Nadeau-Dubois : Mais, ce
que l'exemple de M…. Me Miville-Deschênes, j'imagine.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Miville-Deschênes.
M. Nadeau-Dubois : Que M….
Mais c'est Me Miville-Deschênes.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui.
M. Nadeau-Dubois : L'exemple
de Me Miville-Deschênes était de dire homme, 31 ans, cheveux bruns,
ce n'est pas un renseignement personnel parce que ça ne permet pas
d'identifier. Mais si on le recoupe avec une autre donnée, ça permet
d'identifier. Donc, indirectement, ça permet d'identifier, donc c'est un
renseignement personnel.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, effectivement. Bien, quand il va être collecté,
il va assurément être lié à une autre donnée…
M. Nadeau-Dubois : …c'est
Me Miville-Deschênes ou…
M.
Caire
: Oui
M. Nadeau-Dubois : L'exemple
de Me Miville-Deschênes est allé dire : Homme, 31 ans, cheveux
bruns, ce n'est pas un renseignement personnel parce que ça ne permet pas
d'identifier. Mais, si on le recoupe avec une autre donnée, ça permet
d'identifier, donc indirectement ça permet d'identifier, donc c'est un
renseignement personnel?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, effectivement.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Quand il va être collecté, il va assurément être lié
à une autre donnée, donc ça va être… Ce que je veux dire, c'est que ça, ça va
être lié, soit à adresse IP, ça va être lié à d'autres éléments. Puis
effectivement la minute qu'on va pouvoir identifier une personne, ça va être un
renseignement personnel ou relié à un identifiant quelconque.
M. Nadeau-Dubois : Mais, au
moment où l'acteur, l'entreprise fait la collecte, est-ce qu'à ce moment-là, le
renseignement «homme, 31 ans, cheveux bruns» est un renseignement
personnel au sens de la loi?
M.
Caire
: Oui,
oui. Non, c'est parce que… Je comprends…
M. Nadeau-Dubois : C'est parce
que j'ai l'impression d'entendre, un peu, deux réponses ou c'est peut-être
juste qu'on se comprend mal. Mais, dans le fond, moi, je veux… Bien, mon
objectif, là, c'est qu'au moment où la donnée est collectée, elle est déjà
considérée comme un renseignement personnel, pas après son traitement par
l'organisation.
M.
Caire
: Non,
non, non. Mais c'est juste que… c'est juste…
M. Nadeau-Dubois : Dès le
moment où on la collecte même si, à ce moment-là, elle ne permet pas
directement d'identifier.
M.
Caire
: Ce
que Me Miville-Deschênes dit c'est qu'éventuellement cette information-là
peut être anonymisée et, donc ne plus être un renseignement personnel. Donc, si
je décide dans une idée de dire : Bon bien, moi, je veux tous les hommes
de 30 ans, na, na, na. Dans un projet de recherche, puis j'arrête ça là,
donc je n'ai pas la capacité de vous identifier, j'ai anonymisé ma… Parce qu'il
ne faut pas perdre de vue, puis c'est important, collègues, là, parce qu'il y a
d'autres éléments aussi, là qui doivent être… que nous, législateurs, devrons
prendre en compte, c'est la possibilité d'anonymiser une donnée.
M. Nadeau-Dubois : Puis ça
viendra plus loin dans le projet de loi par ailleurs, là.
M.
Caire
: Puis
ça viendra plus loin. Mais ce que je veux dire aux collègues, c'est que la
réponse à sa question, c'est oui. Ceci étant dit, cette information-là, dans un
processus d'anonymisation de la donnée, peut faire en sorte qu'elle n'est plus
un renseignement personnel.
M. Nadeau-Dubois : Mais, ça…
Bien, c'est-à-dire on y viendra plus loin. Il y a des dispositions puis…
M.
Caire
: Oui.
Mais c'était… Je pense que c'était ça qui était l'enjeu, là.
M. Nadeau-Dubois : …ça va être
une nouveauté dans la loi, on va introduire cette notion-là de donnée
anonymisée. J'aurai, à ce moment-là, aussi des… Il y aura des discussions puis
des amendements parce que ça pose… Il y a tout un débat sur l'anonymisation :
ça marche, ça ne marche pas, un peu, beaucoup, passionnément. Mais ça viendra
plus loin. Et c'est sûr que la donnée… une donnée personnelle, au moment où
elle est collectée, on la traite d'une certaine manière… Moi, je… je comprends
bien que, si on l'anonymise, ensuite, il peut y avoir des nouvelles obligations
juridiques, soit plus serrées, soit plus… ou, soit moins serrées sur cette
donnée maintenant anonymisée. Ça, moi, j'en conviens. Moi, je parle du
processus exactement inverse, c'est-à-dire une donnée qui, au moment où on la
collecte, peut sembler anonyme, elle peut être anonymisée, parce que «homme
brun, cheveux blancs», mettons…
M.
Caire
: Non,
mais…
M. Nadeau-Dubois : …«homme…
M. Nadeau-Dubois : …sur cette
donnée maintenant anonymisée. Ça, moi, j'en conviens. Moi, je parle du processus
exactement inverse, c'est-à-dire une donnée qui, au moment où on la collecte,
peut sembler anonyme, elle peut être anonymisée, parce qu'homme, cheveux bruns,
cheveux blancs, mettons…
M.
Caire
: Non,
mais…
M. Nadeau-Dubois : Homme, âge
moyen, cheveux bruns, ici on est plusieurs, quand même, qui pourraient
correspondre à ce renseignement-là, donc ce n'est pas un renseignement, au
moment où on le collecte, qui permet d'identifier une personne. Mais, lorsqu'on
va… lorsque l'organisation va traiter la donnée, ça peut devenir un renseignement
qui permet d'identifier.
M.
Caire
:
Exact.
M. Nadeau-Dubois : Moi, ce que
je veux savoir, c'est, au moment où on le collecte, le renseignement homme, âge
moyen, cheveux bruns, c'est-u déjà considéré comme un renseignement personnel?
M.
Caire
: Oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …s'il est en mesure, plus tard, de le lier ou de l'inférer
avec un autre. C'est qu'il détient ou il va détenir d'autres renseignements,
qui va permettre de lier le renseignement à l'individu, et donc qu'il va le
concerner.
M. Nadeau-Dubois : Et donc
même pris séparément, ces renseignements-là ont le caractère de renseignement personnel
en vertu de la loi.
M.
Caire
:
Personnel.
M. Nadeau-Dubois : Même pris
séparément.
M.
Caire
: Oui.
M. Nadeau-Dubois : Pas juste
quand ils sont corrélés les uns entre les autres. Est-ce que je comprends bien?
M.
Caire
: Oui.
Oui, puis on ne s'est même pas regardé puis on a répondu en même temps.
M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est
important parce que, tu sais, je…
M.
Caire
:
C'est… Oui
M. Nadeau-Dubois : Je ne suis
pas ici pour couper les cheveux en quatre, c'est juste…
M.
Caire
: Non,
non, non, je comprends.
M. Nadeau-Dubois : …c'est des
enjeux extrêmement importants.
M.
Caire
: Je
voulais juste amener la notion, puis on aura ce débat-là, parce que je
comprends la préoccupation du collègue puis je la partage, mais moi, j'ai aussi
une préoccupation, puis je ne veux pas faire le débat maintenant, on le fera
plus tard quand ça sera le temps, là, qui est de tellement protéger la donnée
qu'on la rend complètement inutile. Ça ne donne plus rien. On a tellement mis
ça dans un coffre-fort, qui lui-même est dans un autre coffre-fort, qui lui-même
est dans une forteresse, qui lui-même est protégé par… puis là on est sûr que
c'est protégé, puis c'est tellement bien protégé, là, que je ne peux plus rien
faire avec.
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
n'en est pas là, là.
M.
Caire
: Non,
non, non, c'est pour que je…
M. Nadeau-Dubois : On est à la
définition de c'est quoi un renseignement personnel.
M.
Caire
:
…c'est pour ça qu'on amène les nuances qu'on amène, collègue. Ce n'est pas
parce que je ne suis pas d'accord avec vous, je suis d'accord avec vous. Puis
j'aime mieux que ce soit un peu plus large qu'un peu moins large, mais
n'oublions jamais que, si ces données sont collectées, il y a un but…
M. Nadeau-Dubois : Non, mais…
M.
Caire
: …qui
est de rendre… puis, dans le cas du public, parce que, là, on parle de la loi
sur les renseignements personnels dans le public, qui est de servir la
population. Et la loi actuelle est tellement hypothéquante sur l'utilisation
des données que les citoyens du Québec vivent des aberrations au quotidien dans
leur relation avec le gouvernement, puis ça, je pense qu'on a aussi le devoir
de mettre fin à ça.
M. Nadeau-Dubois : Mais on…
Oui, puis on y viendra, c'est juste que ce qu'il faut éviter, c'est que, par
imprécision de la définition, il y ait des renseignements qui tombent juste
carrément à côté de la loi.
M.
Caire
:
J'entends ça.
M. Nadeau-Dubois : Puis ça il
y a un juriste, je pense, qui était de l'Université d'Ottawa, et la commission
de la science éthique…
M. Caire
: ...avec
le gouvernement, puis ça, je pense qu'on a aussi le devoir de mettre fin à ça.
M. Nadeau-Dubois : Mais
on y vient. Oui, puis on y viendra. C'est juste que ce qu'il faut éviter, c'est
que, par imprécision de la définition, il y ait des renseignements qui tombent
juste carrément à côté de la loi.
M. Caire
:
J'entends ça.
M. Nadeau-Dubois : Puis
ça, il y a un juriste, je pense, qui était de l'Université d'Ottawa et la commission
de la science éthique et technologique qui est venue nous le dire :
Attention! Si des renseignements qui tombent à côté de la définition, ils ne
tombent pas juste à côté de la définition, ils tombent à côté de la loi et de
tout ce qui peut être à la fois interdit et permis en vertu de la loi.
• (16 h 40) •
M.
Caire
:
D'où l'idée d'avoir quelque chose qui est un peu plus large, beaucoup plus
englobant, puis qui va permettre, je pense, d'arriver à l'objectif qui est visé
par la commission en fait.
M. Nadeau-Dubois : Et si
on ajoutait... je me demande... parce que nos échanges sont instructifs pour
les personnes qui nous écoutent, peu importe s'ils sont nombreux ou pas, là,
mais ils vont rester dans le procès-verbal puis ils vont être une référence
pour comprendre l'intention du législateur.
Mais nos échanges témoignent quand même de
la complexité de cet enjeu-là puis des potentielles confusions autour de ce qui
est vraiment un renseignement personnel. C'est des enjeux qui vont être
vivement... qui sont déjà vivement discutés puis qui vont continuer à l'être
devant les tribunaux. Pourquoi ne pas, par... pour mettre la ceinture et les
bretelles comme on dit des fois, pourquoi ne pas non seulement conserver directement
et indirectement, mais pourquoi ne pas venir préciser, par exemple, par l'utilisation
de «notamment», là, «notamment, toute inférence produite tirée d'un renseignement
à l'aide d'un système automatisé»? Quelque chose qui viendrait vraiment
préciser, hors de tout doute, que le législateur, en adoptant cette loi, veut
inclure manifestement, là, pas juste par une interprétation juridictionnelle
d'indirectement, là. Pourquoi pas carrément dire puis envoyer le message que ça
inclut les renseignements inférés?
M. Caire
: Bien,
parce que la précision qui est apportée... parce que déjà l'amendement est une
précision à ce qui existe dont l'objectif est justement de s'assurer que le
moyen soit direct ou indirect. Donc, l'inférence est, par définition, un moyen
indirect, donc, par définition, elle est incluse dans la précision que nous
apportons, donc là on viendrait préciser la précision.
M. Nadeau-Dubois : Mais
c'est une précision qui élargit. Mon amendement est une précision qui vient
élargir.
M. Caire
: Bien,
ça englobe plus de possibilités et donc notamment l'inférence, et l'inférence
est un moyen. Par définition, c'est un moyen indirect. Donc, en disant qu'on ne
peut pas le faire ou quand c'est utilisé par un moyen indirect, ça tombe dans
la catégorie des renseignements personnels, on vient déjà de préciser... le
législateur vient déjà de préciser que l'inférence...
M.
Caire
: ...et
l'inférence est un moyen... par définition, c'est un moyen indirect. Donc, en
disant qu'on ne peut pas le... ou quand c'est utilisé dans un moyen indirect,
ça tombe dans la catégorie des renseignements personnels, on vient déjà de
préciser... le législateur vient déjà de préciser que l'inférence, ce qui est
fait par inférence, c'est... ou ce qui est utilisé dans l'inférence, ce sont...
deviennent, par le fait même, des renseignements personnels. Donc, on a déjà
apporté une précision à l'article, tel qui est rédigé dans la loi actuelle.
M. Nadeau-Dubois : Je ne sais
pas s'il y a des collègues...
M.
Caire
: Mais
je comprends la préoccupation du collègue puis je pense que les discussions
qu'on a eues sont utiles aussi, parce que, comme il l'a mentionné, ça permet
aussi, éventuellement, de préciser la pensée du législateur, mais je pense que l'amendement,
tel qu'il a été rédigé et discuté, pour moi, il couvre l'ensemble des cas de
figure.
M. Nadeau-Dubois : Puis ce
serait quoi le danger, le risque de venir le préciser, juste... bien, pas... en
fait, ce n'est pas une précision, de venir... de faire apparaître dans la loi
la notion d'inférence? Pour avoir la ceinture et les bretelles puis être bien
sûr que, comme législateur, on envoie un signal qui soit bien compris par les
acteurs, que l'inférence ou on pourrait parler de traitement du renseignement
par des systèmes automatisés, en quoi faire apparaître cette notion-là vient
affaiblir le caractère général de la définition?
M.
Caire
: Ce
n'est pas...
M. Nadeau-Dubois : Parce que
je ne suis pas juriste, mais il me semble, faire apparaître la notion pour
dire : Elle est... on insiste là-dessus, comme législateur, puis on veut
que ça soit clair que ça implique ces renseignements-là, en quoi ça vient
affaiblir la généralité de ce qui précède, où on dit «directement ou
indirectement»?
M.
Caire
: Bien,
ça n'affaiblit pas, la question, n'est pas de savoir si ça affaiblit, le
«notamment» viendrait donner un exemple. C'est juste que c'est une précision
qui n'est pas utile. Ce n'est pas de savoir : Est-ce que ça nuit? La question,
c'est de savoir : Est-ce que c'est utile? Puis la réponse à ça, c'est non.
Puis ce n'est pas utile parce que.... puis, croyez-moi, M. le député, quand
tous les juristes sont d'accord, ça doit être ça. Alors, quand tous les
juristes vous disent : Oui, cette définition-là, elle englobe l'inférence,
ça doit être ça. Donc, ce que je veux dire, en terminant, par ailleurs, mes collègues
juristes, ce que je veux dire, c'est qu'on vient préciser ce qui a déjà été
précisé et il n'y a pas d'utilité à dire qu'un moyen qui, à sa face même, est
indirect est inclus dans la notion d'indirect.
M. Nadeau-Dubois : Peut-être
laisser les collègues, puis revenir.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? M. le député de La Pinière, s'il vous
plaît.
M. Barrette : Oui. Regardez, M.
le Président, je dois féliciter les collègues pour les échanges qui viennent
d'avoir lieu, c'est plus que pertinent. Mais je dirais qu'il y a peut-être...
ça soulève chez moi un certains nombres d'interrogations qui vont dans...
Le Président (M.
Bachand) : …M. le député de La Pinière, s'il vous plaît.
M. Barrette : Oui. Regardez, M.
le Président, je dois féliciter les collègues pour les échanges qui viennent
d'avoir lieu, c'est plus que pertinent, mais je dirais qu'il y a peut-être… ça
soulève, chez moi, un certain nombre d'interrogations qui vont dans le sens du ministre,
là, le ministre ne sera pas surpris. On est parti d'un premier amendement qui a
été retiré, qui était extrêmement large parce qu'il détaillait tout, un peu le
reproche que me faisait, à plusieurs reprises, le ministre en me disant, dans
les articles précédents : On ne peut pas tout mettre dans le projet de loi.
M.
Caire
:
Reproche, reproche, les grands…
M. Barrette : Bien, reproche
amical, amical, amical. Le collègue de Gouin a fait essentiellement la même
démarche que la mienne, mais sur ce sujet-là, puis je ne le lui reproche certainement
pas. Ça fait que je trouvais ça bon, la première mouture, je la trouvais bonne
parce qu'elle était contemporaine. C'est ça qu'on a aujourd'hui, là, dans les
collectes de données. Bon.
Là, à la suite des commentaires que le ministre
a faits en ondes et hors d'ondes, c'est correct, là, je ne le qualifie pas, on
est revenu à quelque chose de plus général. Bon. Moi, je le regarde, le
général, là, puis je vais commencer par cette question-ci, là :
Pensez-vous vraiment, là, vraiment — et ça, je pense que le collègue
de Gouin va vouloir entendre la réponse à ça, là, je
pense — pensez-vous vraiment que ce texte-là va passer le test de la
cour dans n'importe quelle cause? Pourquoi je pose cette question-là? Bien,
c'est parce qu'essentiellement, de la manière que l'amendement est écrit, tout,
absolument tout, aujourd'hui ou dans le futur, va être dans les renseignements
personnels. Puis je reprends les arguments qui ont été évoqués :
Aujourd'hui, on n'a pas la technologie, mais, à un moment donné, on va
peut-être l'avoir, et ça, c'est parfaitement vrai. O.K.
Il faut avoir travaillé, dans des bases de
données, pour comprendre qu'aujourd'hui… c'est-à-dire qu'il y a 10 ans…
peut-être pas 10 ans, il y a 15 ans, on ne la voyait pas, l'intelligence
artificielle, faire le cheminement qu'il a fait. Puis on ne voyait pas la «machine
learning», passez-moi l'anglicisme, là, l'apprentissage automatisé, là, on ne
le voyait pas comme ça. Puis je vais vous faire une caricature de la chose, je
ne voyais pas, un jour, un ordinateur lire mon écriture. Bon. C'est parce que
je l'ai testé, là, pour m'amuser avec quelqu'un qui était là-dedans, là, les
ordinateurs sont rendus bons en titi, ils apprennent, ils apprennent,
caricaturalement parlant, l'écriture du docteur, et c'est bon. Moi, j'ai vu des
logiciels, dans certaines entreprises, parce que l'entreprise fait exactement
ce que nos Bengio font à l'université, là, ils ont des Bengio dans les
compagnies, là. À 80 % d'exactitude, là, ils lisent une écriture
manuscrite laide, c'est plate, là, mais c'est…
M. Barrette : …entreprise,
parce l'entreprise fait exactement ce que nos Bengio font à l'université, là.
Ils ont des Bengio, là, dans les compagnies, là. À 80 % d'exactitude, là,
ils lisent une écriture manuscrite laide. C'est plate, là, mais c'est comme ça.
Alors, moi, je peux vous dire qu'on m'aurait dit ça il y a 15 ans, là,
j'aurais ri, là, aux éclats.
Alors, ceci étant dit, ce que je viens de
dire là, bien, quand on regarde l'amendement, là, l'amendement nous attache aujourd'hui
et dans le futur, parce qu'à cause, potentiellement, d'un développement
n'importe quoi peut devenir ou va devenir un renseignement personnel. Ah! là,
je vois le ministre dire non de la tête. Attention, je viens de le dire, là,
c'est exactement ça que je disais. Moi, j'aurais dit, il y a 15 ans :
Eh! un ordinateur, là, on va prendre une feuille dans un dossier médical de
notre clinique quotidienne avec des abréviations, là, puis il va être capable…
le lire, le transposer en texte, le texte va être analysé… Bien, c'est… je vous
annonce qu'aujourd'hui, là, ça, ça se fait à 80 % d'exactitude. Je vous
concède qu'à un moment donné il faut avoir une lettre reconnaissable, mais ça
se fait, bon.
Moi, je regarde 54, là. Alors, si, comme
c'est écrit là, là, dans un document, sont personnels les renseignements qui
permettent une identification directement ou indirectement, là, je vais
reprendre l'exemple que vous avez tous pris : 31 ans, homme, cheveux
bruns, bien, ça, peut-être qu'indirectement, par la question de l'inférence, va
pouvoir être… va pouvoir permettre d'identifier quelqu'un. Alors, moi, je vois
très bien une corrélation de : homme, 31 ans, cheveux bruns, à telle
adresse, à telle place régulièrement et qui, après, s'en va à telle autre place
pouvoir faire l'identification, parce que j'ai aussi la donnée de ses cookies
quand il est dans son salon puis qu'il regarde Internet.
Alors, moi, je pose la question, là. Si
vous me dites, là, que ça, ça passe le test des tribunaux séquentiellement, là,
aujourd'hui, dans cinq ans, dans 10 ans, bien, ça, ça veut dire que tout,
toujours, est un renseignement personnel. Alors, je pose cette question-ci, là,
vous pensez vraiment, là, que ça, ça passe le test des tribunaux?
M.
Caire
: Bien,
je vais laisser Me Deschênes…
Le Président (M. Bachand) :M. le ministre, si vous le permettez, le député de La Pinière
a parlé d'un premier amendement déposé par le député de Gouin. Il avait été
distribué, non déposé.
M. Barrette : …
Le Président (M.
Bachand) : Juste… non, non, mais juste pour les gens qui nous
écoutent.
M. Barrette : Vous avez
raison, M. le Président. Vous faites… vous avez tout à fait raison de faire
cette correction-là. Je pense que les collègues ont compris ce que…
Le Président (M.
Bachand) : Oui, c'est juste pour les fins de ceux qui nous
écoutent.
M. Barrette : Mais vous avez tout
à fait raison, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Bien,
je vais laisser…
Le Président (M.
Bachand) : M. Miville… Me Miville-Deschênes.
M.
Caire
: …sur
la question du test des tribunaux, je vais laisser notre spécialiste répondre à
cette question-là. Sur le fait… Juste un petit commentaire où… là, je ne suis
pas d'accord avec le député de La Pinière que tout va devenir… Non, ça, je
pense que c'est exagéré. Mais l'avenir nous le dira. Mais sur le test des
tribunaux, je vais laisser Me Miville-Deschênes répondre.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, moi, je n'ai pas de doute, là, à l'effet que
ça va être… ça va passer le test des tribunaux. Ça doit toujours être lié à une
personne physique, quand même. C'est directement ou indirectement lié à une
personne physique, là…
M.
Caire
:
...avec le député de La Pinière, que tout va devenir... Non, ça, je pense
que c'est exagéré. Mais l'avenir nous le dira. Mais, sur le test des tribunaux,
je vais laisser Me Miville-Deschênes répondre.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, moi, je n'ai pas de doute, là, à l'effet que
ça va être... que ça va passer le test de tribunaux. Ça doit toujours être lié
à une personne physique, quand même. C'est indirectement ou directement lié à
une personne physique, là, à l'origine, qui a créé ou, en tout cas... le renseignement
découle de lui. Donc, je ne vois pas de problème constitutionnel ou autre avec
cette définition-là, là. Puis c'est un peu vers là que la jurisprudence s'en
allait aussi de reconnaître qu'un renseignement, exemple, une empreinte
digitale qui est transformée numériquement en un code, bien, ce code-là est un renseignement
personnel qui concerne la personne à qui appartient l'empreinte digitale. Donc,
c'est le type de renseignements personnels, je pense, qu'il faut... de renseignements
qu'il faut reconnaître qu'ils sont personnels de par la loi, là.
M. Barrette : O.K. J'ai
des doutes, moi, personnellement, là, mais ce n'est pas grave... Puis je le dis
dans l'esprit de : Est-ce que ça paralyse la donnée, là? Ça, c'est dans le
sens de ce que le ministre a... En même temps, je suis d'accord qu'il y a une
définition qui soit la plus claire possible. Maintenant, est-ce que ça paralyse
la donnée? Ça, c'est une autre affaire.
M.
Caire
:
...permettre là-dessus, puis je... Le député de La Pinière m'ouvre une
porte dans laquelle je voudrais entrer.
M. Barrette : Mais soyez
le bienvenu.
M.
Caire
: Le
fait qu'une donnée soit un renseignement personnel, puis c'est... Mon appel à
la commission était justement sur le fait que moi, je n'ai pas d'enjeu à ce
qu'on donne une définition large au renseignement personnel. Je vais avoir un
enjeu si avec cette définition-là vient un sentiment de paranoïa qui fait en
sorte que notre seule préoccupation, c'est de tellement la protéger qu'il n'y a
plus rien à faire avec.
Alors, moi, je n'ai pas d'enjeu à
dire : C'est un renseignement personnel, il faut traiter ça avec un
certain respect puis avec un niveau de responsabilité. Et on ne peut pas se
déresponsabiliser par rapport à l'utilisation qu'on en fait. Mais, une fois
qu'on a dit ça, là, il faut qu'on puisse l'utiliser, le communiquer, le renseignement
personnel parce que, si on l'a collecté, là, il y a une raison, il y a une
finalité, là, qui peut être très positive et qui, dans la grande majorité des
cas, va être très positive pour le citoyen.
Ça fait que c'est dans ce qu'on va fait
avec après dans la loi, de ce que la loi va nous permettre de faire avec, c'est
là où on a une réflexion à faire comme législateurs. Puis on ne peut pas sortir
d'ici : Moi, les renseignements personnels sont superprotégés, regarde, il
n'y a rien là-dedans qui peut être utilisé par personne, j'ai fait ma job. Non,
on n'a pas fait notre job. Puis je sais que le député de La Pinière, là-dessus,
on s'entend quand même assez bien, là. On n'a pas fait notre job parce qu'on a tellement
attaché ça qu'il n'y a plus rien à faire avec. On n'a pas fait notre job, justement.
On n'a pas une bonne loi entre les mains si on fait ça.
M. Barrette : Là-dessus,
on est d'accord. M. le Président, je vais juste poser une question, là, au ministre,
là. Dans son esprit, là, est-ce que les...
M.
Caire
: …fait
notre job, justement. On n'a pas une bonne loi entre les mains si on fait ça.
M. Barrette : Là-dessus on est
d'accord. M. le Président, je veux juste poser une question, là, à la… au
ministre, là. Dans son esprit, là, est-ce que les renseignements dits
personnels, dans l'amendement qui est présenté ici, est-ce que ça comprend les
renseignements qui sont acquis, on va dire, sans consentement de la part de
l'individu?
M.
Caire
: Il
faudrait que j'aie un exemple en tête, là, à quoi le député de La Pinière
fait référence, parce qu'à date je vous dirais que les…
M. Barrette : Ah! bien le plus
évident, c'est la géolocalisation.
M.
Caire
: Bien,
encore là, il va y avoir une notion de consentement. Bien oui. Parce que, puis
c'est là où on avait… Je veux dire, si j'utilise, si j'utilise une application
de géolocalisation, je sais qu'elle fait de la géolocalisation, là. J'ose
croire que je n'apprends rien à personne, là.
M. Barrette : Non. Mais est-ce
que, M. le Président, le ministre a consenti à ce que quelqu'un les recueille?
M.
Caire
: Ça,
c'est la question qu'on posait avec… au député de Gouin. Puis plus tard… mais
plus tard on pourra jaser dans les dispositions sur la collecte, on pourra
avoir ces discussions-là, là.
M. Barrette : Alors, moi, je
prends cet exemple-là, parce que… 31 ans, brun, homme, là, 31 ans, homme brun,
aux cheveux bruns, là, mais tout seul, ça n'identifie personne. C'est la
corrélation d'autres données qui permet d'identifier une personne, là.
M.
Caire
: Le
collègue a raison. Puis c'est la même chose pour la géolocalisation. Toute
seule…
M. Barrette : Bien, c'est… la
géolocalisation permet ce genre de chose.
M.
Caire
: Mais
on a dit oui pour l'homme, 31 ans, brun. Donc, c'est oui pour la
géolocalisation.
M. Barrette : Oui, mais je
n'ai jamais… moi, je ne me souviens pas avoir consenti. Peut-être que j'ai mal
lu mes affaires, là, à ce que… oui.
M.
Caire
: Non,
mais… O.K., je vous ramène à l'article 9 qu'on a adopté. Quelle est la finalité
du renseignement? Et le consentement… Si moi, ma finalité n'est pas de vous
indiquer qu'entre le point a et le point b vous devez passer par là. Ça, là,
c'est ce que l'application fait, puis quand j'utilise l'application, elle me
géolocalise, puis je pense que c'est assez implicite que j'accepte qu'elle me
géolocalise si je lui demande de m'amener du point a au point b. Maintenant, si
l'application veut faire un autre usage de l'information, ce que l'article 9
vient de faire, c'est justement de dire s'il y a une autre finalité, il doit y
avoir consentement. Me Deschênes, corrigez-vous si je me trompe, mais il doit…
C'est ce qu'on vient de dire dans l'article 9 que nous avons adopté. Si tu t'en
sers pour d'autre chose que ce pour quoi tu m'as dit que tu t'en servais, qui
est de me permettre d'aller du point a au point b, là ça va prendre un
consentement. Puis si tu t'en sers juste pour ça, moi, j'utilise l'application…
M.
Caire
: ...me
trompe, mais il doit, c'est ce qu'on vient de dire dans l'article 9 que
nous avons adopté, si tu t'en sers pour d'autres choses que ce pour quoi tu
m'as que tu t'en servais, qui est de me permettre d'aller du point a au point
b, là ça va prendre un consentement. Puis, si tu t'en sers juste pour ça, moi,
j'utilise l'application, donc c'est sûr que je consens à ce que tu me
géolocalises, c'est une application de géolocalisation. Alors, M. le Président,
on est en plein dans l'article 9.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le député de LaFontaine, s'il
vous plaît.
M.
Caire
: Je
comprends que le député a été tellement satisfait de ma réponse.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le ministre. M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Bien, je trouve ça intéressant dans la discussion
qu'on a, mais je pense qu'on mélange ici certains concepts. Puis là vous
pourrez me dire : Aïe! en vertu de 211, ce n'est pas pertinent,
l'article 8, il a été adopté, il a été fermé, le 53, on n'a pas à y
retourner. Mais, quand même, on est à 54 ici.
On parle de trois choses : personnel,
confidentiel, consentement. Et j'aurais eu une question, mais je suis hors
d'ordre parce que ce n'est plus pertinent, ce n'est plus l'objet du débat.
L'article 53 dit : «Les renseignements personnels sont
confidentiels — donc personnels et confidentiels — sauf
dans les cas suivants :
«1° la personne consent à leur
divulgation...»
Donc, on parle du consentement à la
divulgation. Ne devrions-nous pas, dans le débat qu'on fait, faire la
distinction entre un renseignement personnel, confidentiel, dont partie de la
confidentialité est levée découlant du consentement spécifique qui a été donné?
M.
Caire
: Bien
là, M. le Président, en tout respect pour le collègue, là, c'est vrai qu'il y a
hors d'ordre. Je suis désolé, là. C'est parce que là on était dans l'article 54,
le collègue de...
M. Tanguay
: L'amendement.
M.
Caire
: Oui, l'amendement.
C'est ça, c'est parce que...
M. Tanguay
: Mais là on
parle d'identification, là. On parle de l'identification, là.
M.
Caire
: O.K.
Bien, je n'ai peut-être pas compris ce que vous vouliez dire, d'abord.
M. Tanguay
: Directement
ou indirectement, là. Sur les concepts, là, sur les concepts, si le ministre me
suit, sur les concepts, le ministre est-il d'accord que ce n'est pas parce que
j'ai donné... J'ai un renseignement personnel qui est confidentiel, renseignement
personnel qui est confidentiel. Je donne à une certaine personne pour une
certaine utilisation un consentement pour qu'il soit utilisé, donc pour qu'il
soit transféré à tiers à utiliser. J'en suis sur le concept. Ce n'est pas parce
que je donne mon consentement d'utiliser un renseignement qu'il n'est plus, par
ailleurs, pour le reste de la planète, confidentiel. Est-ce que le ministre me
suit là-dessus?
M.
Caire
:
...parce que là l'article se lit comme suit : «Dans un document, sont
personnels les renseignements qui concernent une personne physique et
permettent de l'identifier.» Donc, on est dans la définition de ce qu'est un
renseignement personnel.
M. Tanguay
: Je suis
d'accord avec lui. Je suis à 53. S'il veut, on pourra rouvrir le 53, là.
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: Je suis à
53. Non, pas le rouvrir, mais avoir une discussion par rapport au concept.
C'est ce à quoi je l'invitais à faire. Puis c'est important, la compréhension
que l'on a. Le ministre est-u d'accord avec moi qu'un renseignement personnel,
à la base, est confidentiel, oui ou non?
M.
Caire
: Bien,
c'est parce que, M. le Président, là, puis là j'essaie d'être...
17 h (version non révisée)
M. Tanguay
: ...on
pourra rouvrir le 53, là.
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: Je suis à
53. Non, pas le rouvrir, mais avoir une discussion par rapport au concept.
C'est ce à quoi... je l'invitais à faire. Puis c'est important, la
compréhension que l'on a. Le ministre est-u d'accord avec moi qu'un renseignement
personnel, à la base, est confidentiel, oui ou non?
M.
Caire
: Bien,
c'est parce que, M. le Président, là, puis là j'essaie d'être aussi ouvert que
possible, mais là on parle... on est dans une discussion sur 54, qui vise à
définir qu'est-ce qu'un renseignement personnel, puis là mon collègue de
LaFontaine m'invite à rouvrir l'article 53 pour parler d'un autre concept.
Le Président (M.
Bachand) : Bien, M. le ministre, je pense que c'est de bon
aloi, il n'y a pas personne qui...
M. Tanguay
: ...M. le
Président.
Le Président (M.
Bachand) : Mais, M. le député de LaFontaine, je pense...
M.
Caire
:
...que je ne comprenne pas, là, mais...
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre. M. le ministre, s'il vous plaît. À
l'occasion, d'autres membres de cette commission citent des articles déjà
adoptés, alors je pense qu'il faut faire ça... On y va chronologiquement, mais
on fait souvent... donc...
M.
Caire
:
...avec ça, c'est juste que je ne comprends pas, compte tenu qu'on est à
définir qu'est-ce qu'un renseignement personnel. Là, on est sur le
consentement, mais le consentement n'a rien à voir avec la définition qu'on
donne d'un renseignement personnel. Je veux dire, je ne suis pas hostile, là, à
discuter du consentement, on va en rediscuter, du consentement, mais ce que le
député de Gouin amène comme discussion, puis qui n'est pas complétée, puis qui
est pertinente, et qui est très utile, c'est quand on parle de directement,
indirectement, est-ce qu'on inclut l'inférence, est-ce que... qu'est-ce que cet
impact-là — puis la discussion qu'on a eue avec le député de
La Pinière — qu'est-ce que ça a comme impact sur la définition
de ce qu'est un renseignement personnel. Ça fait que c'est la notion de
consentement puis de données confidentielles que je ne vois pas en quoi ça
vient... bien, peut-être, puis comme je dis, peut-être que je ne comprends pas,
je vais laisser le député de LaFontaine m'expliquer, puis je ne veux surtout
pas, surtout pas l'empêcher d'expliquer son point de vue, là, mais...
M. Tanguay
: ...M. le
Président, puis il a raison, puis c'était ça, mon... en début d'intervention,
je ne suis pas là-dessus. Alors, pas de problème. À l'article 10, j'annonce au
ministre que j'aurai cette discussion avec lui lorsqu'on traitera du caractère
public d'un renseignement personnel.
M.
Caire
: Ah!
avec un immense, là, sérieux. Puis j'espère qu'il ne voit rien d'hostile dans
mon intention, au contraire, là, c'est juste que disposons de l'amendement de
mon collègue de Gouin et éventuellement, bon, de l'amendement 9.1, puis ça va
me faire plaisir de... De toute façon, il y a plusieurs autres articles où on
va discuter du consentement puis on pourra discuter des préoccupations du
député avec plaisir.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. D'autres interventions sur l'amendement du
député de Gouin? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons passer à la
mise aux voix de... Oui, M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Je vais
solliciter l'avis des juristes qui accompagnent le ministre sur une question
que j'ai posée tantôt, puis ce n'est pas parce que je n'ai pas apprécié la
réponse du ministre, mais juridiquement, j'ai peut-être besoin de l'entendre de
la bouche de spécialistes, là. Ma question, c'était : En quoi le fait de
venir ajouter la notion, de la faire apparaître explicitement, là,
d'inférence... juste m'expliquer en quoi ça viendrait amoindrir le caractère
général qu'on cherche à atteindre avec notre définition ici, là...
M. Nadeau-Dubois : …ajouter la
notion, la faire apparaître explicitement, là, d'inférence, juste m'expliquer
en quoi ça viendrait amoindrir le caractère général qu'on cherche à atteindre
avec notre définition ici là, puis que je cherche à atteindre par mon
amendement.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Bien, oui, en termes juridiques, en fait, il y a une règle d'interprétation qui
prévoit que si on rajoute un terme générique dans une loi, bien ça, je vais le
dire un peu comme elle se lit, là, ça limite la nature de la définition qui la
précède aux termes qui sont de même nature. C'est-à-dire que si on met
«inférence» ou on mettait un «notamment par inférence,» bien il y a quand même
un risque d'interprétation que la définition soit du indirectement ou du
renseignement personnel, soit limitée à des termes qui sont de même nature que
l'inférence. C'est pour ça qu'on essaie, de façon générale, d'éviter, quand on
a une définition qu'on considère claire, d'ajouter des éléments qui sont déjà…
qu'on estime qui sont déjà inclus.
M. Nadeau-Dubois : Et notre
compréhension commune comme commission c'est que la notion d'inférence ou de
traitement automatisé des données est déjà clairement incluse quand on dit
indirectement.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, je n'ai pas de doute que les renseignements
inférés, à partir d'autres renseignements personnels ou d'autres informations,
sont inclus dans cette définition-là, là, qui est proposée.
M. Nadeau-Dubois : Et même des
renseignements inférés, à partir de renseignements qui ne sont pas des
renseignements personnels, sont inclus.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Ça va être inclus si c'est lié, évidemment, si ça
peut être lié, d'une façon ou d'une autre, à une personne physique, là.
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien
sûr. Si c'est des renseignements à propos d'une route, ce n'est pas un
renseignement personnel.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, on se comprend.
M. Nadeau-Dubois : Là-dessus,
on… bien je voulais juste qu'on cerne bien l'enjeu ici puis qu'on s'assure
qu'on a une compréhension commune, parce que je passais d'un amendement très
touffu à quelque chose de plus succinct, parce que je veux que ça soit adopté
puis je veux atteindre mon objectif. Mais je veux juste être sûr que l'objectif
a été atteint, puis j'ai atteint un niveau suffisant de certitudes à cet égard.
Merci, M. le Président, ça va être tout pour moi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. S'il n'y a pas d'autres interventions, nous
allons procéder à la mise aux voix de l'amendement introduisant le nouvel
article 9.1. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour
La Secrétaire
:
M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Merci,
beaucoup. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
: Oui,
merci, M. le Président. Donc, l'article 10 se lit comme suit : «L'article 55
de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin du premier alinéa, de la phrase
suivante : «N'est pas non plus soumis à ces règles un renseignement personnel
qui concerne l'exercice par la personne concernée d'une fonction au sein d'une
entreprise, tel que son nom, son titre et sa fonction, de même que l'adresse,
l'adresse de courrier électronique et le numéro de téléphone de son lieu de
travail.»»
M.
Caire
: …est
modifié par l'ajout, à la fin du premier… du premier alinéa, pardon, de la
phrase suivante : «N'est pas non plus soumis à ces règles un renseignement
personnel qui concerne l'exercice par la personne concernée d'une fonction au
sein d'une entreprise, tel que son nom, son titre et sa fonction, de même que
l'adresse, l'adresse de courrier électronique et le numéro de téléphone de son
lieu de travail.».
Donc, M. le Président,
l'article 55 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels est modifié afin de prévoir
qu'un renseignement personnel qui concerne l'exercice par la personne concernée
d'une fonction au sein d'une entreprise n'est pas soumis aux règles de
protection des renseignements personnels prévus par le chapitre III de
cette loi.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le député de LaFontaine, s'il vous
plaît.
M. Tanguay
: Il
n'allait pas sans dire pourquoi il est important de le mentionner, ici.
M.
Caire
: Avec
la permission, je vais laisser Me…
M. Tanguay
: Parce
qu'on précise le principe de la première phrase, là, en ajoutant ça, mais on
règle quoi, dans le fond?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, le… bien en fait, le fait qu'une personne
travaille au sein d'une entreprise, la fonction d'une personne au sein d'une
entreprise, c'est un renseignement personnel, bon, de prime abord.
Effectivement, de plus en plus, en
jurisprudence, la Commission d'accès à l'information a reconnu que… mais ce
n'est pas… je dirais que ce n'est pas une jurisprudence constante, a reconnu
qu'un renseignement personnel qui ne porte que sur le fait que je suis
président-directeur général, bien, ce n'est pas un renseignement confidentiel,
ou ce n'est pas un renseignement personnel, tout dépendant des décisions, parce
que, bon, ils se fondent sur le fait qu'il n'y a pas une expectative de vie
privée importante là-dessus, puis ça ne porte pas vraiment sur des caractères
personnels de la personne, là, ou… Donc, c'est un peu de reconnaître cette
jurisprudence-là et de donner suite à une recommandation de la Commission
d'accès à l'information de clarifier le fait que ce n'est pas un renseignement
personnel.
M. Tanguay
: O.K. Et
quels seraient les autres, plus… puisqu'on les précise ici, fonction au sein de
l'entreprise, nom, titre, numéro de téléphone, quels seraient les autres que
l'on connaît? La première phrase réfère à quoi? Parce qu'on pourrait, à
première lecture, dire, bien, dans le fond, ce qui est ajouté comme amendement,
c'est la liste complète des renseignements personnels à caractère public. Mais
dans le contexte d'organismes publics, ça seraient quoi, d'autres types de
renseignement personnel à caractère public?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, l'article 55, dans le fond, c'est la
règle générale qui dit qu'un renseignement personnel qui a un caractère public
n'est pas sous les règles de protection. Mais il y a d'autres lois qui vont
prévoir des caractères publics, je pense à des registres, entre autres, là,
évidemment, les registres en ligne, registres des entreprises, des choses comme
ça. Il y a la Loi sur les cités et villes qui prévoit le caractère public, là,
des…
M. Tanguay
: Les
registres fonciers, j'imagine. Les propriétaires.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Registres fonciers, effectivement. Donc, il y a
certaines dispositions comme ça dans des lois sectorielles. C'est souvent des
registres, là, mais il peut y en avoir d'autres qui reconnaissent le caractère
public des renseignements personnels, exemple, permis de construction. Le
permis de construction a été reconnu à caractère public parce qu'il est affiché
hors de construction. Donc les informations personnelles qui s'y retrouvent
sont à caractère public.
M. Tanguay
: O.K. C'est
là où j'aimerais ça avoir, M. le Président, avec le ministre, une
discussion qui met en lien 55 avec «renseignement personnel qui a un
caractère public». Parce qu'on joue avec des concepts, puis on veut s'assurer
que, parce qu'on revisite la loi, qu'on est corrects sur nos concepts puis nos
compréhensions…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …personnelles qui s'y retrouvent sont à caractère
public.
M. Tanguay
: C'est là
où j'aimerais ça, avoir, M. le Président, avec le ministre une discussion qui
met en lien 55 avec «renseignement personnel qui a un caractère public», parce
qu'on joue avec des concepts puis on veut s'assurer que, parce qu'on revisite
la loi, qu'on est corrects sur nos concepts puis nos compréhensions. Les
renseignements personnels, on dit à 53, sont confidentiels, sauf : «La
personne concernée par ces renseignements consent à leur divulgation.» Mon
point, ce que je dirais davantage mon étonnement — puis j'aimerais ça
que le ministre me précise sa compréhension de ce qu'on fait, là, comme
législateurs — c'est qu'un renseignement personnel, là, on vient de
constater qu'il y en a qui sont à caractère public, et, s'ils ne sont pas à
caractère public, sont confidentiels, j'imagine. Est-ce que cette
affirmation-là est exacte?
• (17 h 10) •
M.
Caire
: Je vais
laisser Me Miville-Deschênes le confirmer pour être bien sûr de vous donner la
bonne information. Je vous dirais que oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, effectivement, mais il y a comme deux… il y a
des renseignements qui sont à caractère public puis il y en a d'autres, comme
ceux qui sont désignés à 53, qui sont non confidentiels. Le résultat est
similaire, en fait. Mais, à caractère public, c'est des renseignements qui sont
désignés publics parce qu'ils sont vraiment là pour informer la population, là.
Donc, c'est bon.
M. Tanguay
: O.K.
Autrement dit, il y a renseignements personnels, il y a deux catégories, à
caractère public et confidentiels, puis je comprends que 53 va donner des
atermoiements : renseignements personnels confidentiels; 53, 1° et 2°, va
donner des atermoiements. Mais ça ne reste pas qu'au départ, c'étaient des
renseignements confidentiels.
M.
Caire
: Je
comprends que, si… ils peuvent être aussi non confidentiels, mais n'ont pas nécessairement
un caractère public, dans le sens…
M. Tanguay
: À cause de
53, dans les exceptions. O.K.
M.
Caire
: C'est
ça, et du fait que ce n'est pas des renseignements qui sont diffusés de façon
large, tels la fonction que vous occupez, M. le député, qui a un caractère
public.
M. Tanguay
: Mon
point : Est-ce qu'ici on veut faire référence… Dans la rédaction de la
loi, à 53, là, je pars du principe… puis le caractère public de 54, mon point,
c'est : Est-ce qu'on veut dire à 53 qu'un renseignement personnel est
confidentiel, ça veut dire que, si le ministre est dépositaire d'un
renseignement personnel et qu'il est confidentiel, il y a juste lui qui est
dépositaire, il ne peut pas le donner à un autre? Mais, si je lui donne mon
consentement — puis on revient à tout le débat qu'on a eu sur les
consentements spécifiques, papi, papa — il peut le transférer à son
voisin de gauche, mais ce n'est pas parce que le consentement spécifique de le
transférer au voisin de gauche enlève le statut de, par ailleurs, confidentiel,
vous comprenez, du renseignement.
M.
Caire
:
Exact. Oui. Oui.
M. Tanguay
: Oui, j'ai
raison ou…
M.
Caire
: Oui,
vous avez raison, oui, vous avez raison.
M. Tanguay
: O.K. Donc…
M.
Caire
: Le
fait… Le traitement que je vais faire du renseignement… En fait, le caractère
confidentiel va m'indiquer le traitement que je peux faire de l'information. Le
traitement que je fais de l'information ne le dédouane pas de son statut, à
savoir : s'il était confidentiel, il reste confidentiel.
M. Tanguay
: Et le
consentement sera limité, sera une brèche à la confidentialité sur la
spécificité du consentement : Vous pouvez le dire au voisin de gauche.
M.
Caire
: Qui…
Bien, c'est ça.
M. Tanguay
: Parfait.
M.
Caire
: C'est
que, dans son caractère…
M.
Caire
: ...de l'information.
Et le traitement que je fais de l'information ne le dédouane pas de son statut,
à savoir, s'il était confidentiel, il reste confidentiel.
M. Tanguay
: Et le consentement
sera limité, sera une brèche à la confidentialité. Sur la spécificité du consentement,
vous pouvez le dire au voisin de gauche?
M.
Caire
:
Qui... Bien, c'est ça.
M. Tanguay
: Parfait.
Mon point...
M.
Caire
: C'est
que son caractère confidentiel va me prescrire comment je... comment et sous
quelles conditions... bien, en fait, est-ce que je peux le communiquer,
premièrement. Si oui, à qui, de quelle façon.
M. Tanguay
: C'est
balisé, là.
M.
Caire
: Puis
est-ce qu'il y a des... Et là il y a une série de choses...
M. Tanguay
: C'est
balisé.
M.
Caire
: ...du
fait qu'il est confidentiel. Versus il est public. Donc, évidemment, à partir
de là, les règles de communication ne sont pas les mêmes.
M. Tanguay
: Il est de
caractère public.
M.
Caire
: Parce
qu'il y a un caractère public, c'est ça.
M. Tanguay
: Bon, c'est
ça. Mon point, mon point, il est juste b.a.-ba. A plus B égale C. C'est ben,
ben simpliste, là. 53, tel que rédigé, je le lis, puis ça se redit, on ne va
peut-être pas l'amender : «Les renseignements personnels sont
confidentiels, sauf dans les cas suivants : 1° la personne concernée par
ces renseignements consent à leur divulgation». Je ne voudrais pas que, quand
le ministre est dépositaire de mes renseignements personnels, et que je consens
de façon spécifique à ce que son voisin de gauche y ait accès, que, ce faisant,
pour tout le reste de la planète, il perd son caractère confidentiel.
M.
Caire
: On
s'entend, on s'entend.
M. Tanguay
: Je sais
que ce n'est pas ça, mais tel que rédigé, il faut le lire comme ça. On veut-u
aller l'amender ou pas? Probablement pas, mais au moins, si ça aura été dit
dans les transcrits...
M.
Caire
: Mais,
si je peux me permettre...
M. Tanguay
: Parce que,
tel que rédigé, c'est ça que ça dit.
M.
Caire
: Bien,
je ne sais pas. Je vais laisser Me Miville-Deschênes... Mais ce que ça dit,
c'est que... Bon, je relis l'article : «Les renseignements personnels sont
confidentiels, sauf dans les cas suivants : la personne» a consenti à leur
divulgation. Donc là, c'est la personne elle-même qui a levé la
confidentialité. Parce que c'est la personne elle-même qui m'a dit : Vous
pouvez la diffuser. Donc, ce n'est pas la divulgation qui lui fait perdre sa
confidentialité. C'est le consentement de la personne qui lève cette
confidentialité-là.
M. Tanguay
: Mais pas
entièrement.
M.
Caire
: Bien,
dans la mesure où...
M. Tanguay
: Uniquement
dans les mesures du consentement.
M.
Caire
: Dans
la mesure où... Dans la mesure du consentement.
M. Tanguay
: Mais tel
que rédigé, ça sous-tend que la... il perd sa confidentialité, parce que j'ai
consenti à lever partie de la confidentialité. Tel que rédigé, c'est ça que ça
dit, là. Puis en français, le sujet, verbe, complément... «Les renseignements
personnels sont confidentiels, sauf». Donc, il perd son caractère de
confidentialité...
M.
Caire
: Oui,
dans le cas suivant.
M. Tanguay
: ...quand
la personne consent à ce qu'ils soient divulgués. Mais ce n'est parce que je
consens à ce qu'ils soient divulgués à monsieur de gauche que je consens que
tous les autres l'aient.
M.
Caire
: Non,
non, non. Quand on parle d'une divulgation, on ne parle pas de... Puis là je ne
veux pas m'embarquer, là. Alors, je ne parle pas... Quand vous dites qu'ils
soient divulgués, vous ne dites pas : Je vous consens... Je consens à ce
que vous les communiquiez à Me Miville-Deschênes. Je consens à ce que vous les
divulguiez. Je consens à ce que vous les rendiez publics. C'est une
divulgation. Ce n'est pas une communication.
M. Tanguay
: Donc, je
reviens à ma question initiale. Il ne faut pas lire ça…
M.
Caire
: Puis
là, si je dis des niaiseries, Me Deschênes…
M. Tanguay
: Parce que
là, vous m'aviez dit oui, tantôt, à ma question initiale, quand je disais... Ce
à quoi on fait référence ici, c'est-u le consentement dont on a parlé tantôt?
Vous m'avez dit oui, le consentement manifeste, libre...
M.
Caire
: …je
consens à ce que vous les rendiez publics, c'est une divulgation, ce n'est pas
une communication.
M. Tanguay
: Donc, je
reviens à ma question initiale, il ne faut pas lire ça…
M.
Caire
: Puis
là, si je dis des niaiseries, Me Miville-Deschênes…
M. Tanguay
: Parce que,
là, vous m'aviez dit : Oui, tantôt, à ma question initiale, quand je
disais : Ce à quoi on fait référence ici, c'est-u le consentement dont on
a parlé tantôt? Vous m'avez dit : Oui, le consentement manifeste, libre,
éclairé et spécifique. Quand il est manifeste, libre, éclairé et spécifique, il
est balisé, là. Je vous dis : O.K., vous voulez communiquer, pourquoi?
Voisin de gauche, O.K., parfait, consentement. Il ne vient pas de perdre son
caractère de confidentialité, là, n'allez pas la mettre sur Internet. Vous
aviez le consentement juste de le dire à votre voisin de gauche.
M.
Caire
: Oui,
j'entends ça.
M. Tanguay
: C'est ça.
À moins que vous me disiez, puis c'est correct, parce que c'est de même que je
le lis… si vous me dites : Non, non, non, 53, ça ne réfère pas à
manifeste, libre, éclairé et spécifique, ça réfère à au cas où je
dis : Bien, il est confidentiel, mais je lève entièrement la confidentialité,
il peut aller public, faites ce que vous voulez avec, il est public, public,
public.
M.
Caire
: Oui,
mais je vais apporter une nuance importante, parce que vous parlez de 9, donc
de 53, puis : «Un consentement prévu à la présente loi doit être manifeste,
libre, éclairé et être donné à des fins spécifiques.» Ça fait que le
consentement de 53.1, il est à des fins spécifiques. Quand on parle du
consentement à 53, on parle du consentement à divulguer les renseignements
personnels, donc une divulgation. Donc là, là…
M. Tanguay
: «At
large», il perd totalement… C'est ça que je veux savoir.
M.
Caire
: Bien,
vous venez… bien oui, c'est ça.
M. Tanguay
: Alors, 53,
je ne sais pas si Me Miville-Deschênes est d'accord avec ça.
M.
Caire
: C'est
53.1, il y a une notion de la finalité. Parce que je vous dis… M. le député, je
vous dis : Vos renseignements personnels, j'en ai besoin pour votre
formulaire de paie. Bien, O.K. prends-les pour les formulaires de paie, donc
j'ai une finalité spécifique, puis ils servent à ça. Dans le cas qui est ici,
on dit : Bien, un renseignement, il est confidentiel, sauf si tu
m'autorises à les divulguer. Il n'est plus confidentiel, tu viens de
m'autoriser à les divulguer. Ça fait qu'il y a une incompatibilité entre la
divulgation puis la confidentialité.
M. Tanguay
: Là, on va
faire de légistique, là… on a tout dit ça : Spécifique, manifeste, libre
et éclairé, à 53.1. Dans la légistique, 53.1 vient-il tout de suite après le
titre, caractère confidentiel des renseignements personnels? Parce que s'il est
dans cette section-là, on ne peut pas dire ça.
M.
Caire
: Non.
M. Tanguay
: …ou il
vient avant?
M.
Caire
: Bien,
il vient après.
M. Tanguay
: Il vient
avant.
M.
Caire
: 53.1
vient après 53.
M. Tanguay
: Ah! ça
fait que… vous avez tout à fait raison, tout à fait raison. Donc, comment
pouvez-nous dire… Donc, le consentement de 53.1 n'est pas le même consentement
que 53 parce que 53, ça serait un consentement général et complet pour la
confidentialité. Comprenez-vous mon point?
M.
Caire
: 53,
quand on parle du consentement à la divulgation…
M. Tanguay
: C'est «at large».
M.
Caire
:
Effectivement, c'est un… bien, c'est un consentement à la divulgation, ça le
dit, là, je dis : La personne…
M. Tanguay
: Public.
M.
Caire
: Bien,
c'est parce que, là… oui. Bien, en fait, il perd son caractère confidentiel.
M. Tanguay
:
Totalement.
M.
Caire
: Bien
oui, parce que, là, vous dites : Là, je vous dis, M. le député, je vais
prendre vos renseignements personnels puis je vais mettre ça sur le site Web de
l'Assemblée. Vous me dites : Il n'y a pas de problème, allez-y.
M. Tanguay
: Si c'est
ça, c'est correct.
M.
Caire
: Vous
venez de consentir à ce que je divulgue vos renseignements. Donc, ils ne
peuvent plus…
M.
Caire
: ...il
perd son caractère confidentiel.
M. Tanguay
: Totalement.
M.
Caire
: Bien
oui, parce que, là, vous dites... Là, je vous dis : M. le député, je vais
prendre vos renseignements personnels puis je vais mettre ça sur le site Web de
l'Assemblée.
M. Tanguay
: Si
c'est ça, c'est correct.
M.
Caire
: Vous
me dites : Il n'y a pas de problème, allez-y.
M. Tanguay
: Si
c'est ça, c'est correct.
M.
Caire
: Vous
venez de consentir à ce que je divulgue vos renseignements. Donc, ils ne
peuvent plus, par définition, avoir un caractère confidentiel.
M. Tanguay
:
Parfait. Je voulais juste m'assurer de cela, puis je ne sais pas si Me
Miville-Deschênes confirme qu'on parle ici de deux consentements. Et mes
critères de...
M.
Caire
:
J'espère, parce que je me trouvais brillant en maudit, là.
M. Tanguay
:
Mais... Il y a une logique, mais je veux juste être sûr qu'on a la bonne
logique. 53.1, c'est : Manifeste, libre et spécifique. Cet étalon de qualification
là quadruple ne s'applique pas au consentement de 53.
M.
Caire
: Non.
53, là, quand on parle du consentement à 53, c'est sur la...
M. Tanguay
: Il
n'est pas spécifique, manifeste...
M.
Caire
: Non,
non, non.
M. Tanguay
: ...c'est-à-dire,
il n'est pas spécifique «at large».
M.
Caire
: Non,
c'est sur la divulgation. C'est sur la divulgation. Puis je veux... Mais, on
s'entend, là...
M. Tanguay
: Je ne
sais pas.
M.
Caire
: Non,
mais c'est un consentement à la divulgation parce que ça touche la
confidentialité. Et il y a incompatibilité entre divulguer quelque chose et le
garder confidentiel.
M. Tanguay
: Oui,
dans la mesure de mon consentement, qui est spécifique, c'est ça, ma question.
M.
Caire
: Oui,
spécifique à la divulgation.
M. Tanguay
:
Alors, êtes-vous... Là, je peux-tu poser la question à Me Miville-Deschênes?
M.
Caire
: Vous
le pouvez.
M. Tanguay
:
Êtes-vous d'accord, Me Miville-Deschênes, que je... Quand je dis que je consens
en vertu de 53, ce n'est pas spécifique, c'est «at large», puis je perds totalement
ma confidentialité?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, je suis d'accord pour les consentements de 53
et un consentement de divulgation, donc, public. Donc, tu perds la
confidentialité si tu veux consentir à une communication, c'est plus en vertu de
59. Puis là, évidemment, quand on consent uniquement à une communication, c'est
limité, là, à la portée du consentement.
Par contre, 53.1 s'applique quand même à
tout consentement prévu par la loi. Ça fait que, tu sais, le consentement de 53
à la divulgation doit quand même être libre, éclairé. Tu sais, la personne doit
savoir à quoi elle consent, là. Mais c'est sûr que la finalité, ça va être la
divulgation. Donc, ce n'est pas à certaines finalités, mais le 53.1 s'applique
au consentement prévu à la loi. Donc, le consentement doit tout de même
demeurer libre, éclairé, manifeste, même si au final on divulgue des
renseignements.
M. Tanguay
: Mais
on s'entend que l'aspect spécifique, on vient de le perdre en chemin, là.
M. Miville-Deschênes (Jean-Philippe) :
Oui... divulgation...
M. Tanguay
: C'est
juste ça que je veux savoir, moi.
M.
Caire
: Bien,
je veux juste qu'on s'entende. Le consentement, il est spécifique à la
divulgation. Je consens à ce que vous les divulguiez. Ça ne veut pas dire que
je consens à ce que vous mettiez ça dans une liste de télémarketing puis que
vous m'appeliez tous à les dimanches matin pour me vendre je ne sais pas quoi,
là.
• (17 h 20) •
M. Tanguay
: Non,
ça, je comprends ça. Mais le ministre est toujours en paix avec l'affirmation
qu'il a faite il y a trois minutes quand il m'a dit : Quand il y a
consentement en vertu de 53, il perd, ceci dit, toute confidentialité.
M.
Caire
: Oui,
je suis à l'aise avec ça.
M. Tanguay
: Il ne
pourra pas dire : Parce que tu... Oui, j'ai consenti à ce que tu le mettes
sur le site. Mais, depuis que tu l'as mis sur le site, Pierre, Jean, Jacques
m'en parlent, ils sont tous au courant, ça n'a pas de bon sens. Vivez avec les
conséquences. Il n'y a plus aucune protection de confidentialité parce que, si
8,5 millions de Québécois sont allés voir votre site, «that's it».
M.
Caire
: Bien,
je ne peux être plus d'accord avec ce que le député de LaFontaine vient de
dire. Mais c'était juste parce que je voulais être sûr parce que...
M. Tanguay
: ...Pierre,
Jean, Jacques m'en parlent, ils sont tous au courant. Ça n'a pas de bon sens,
vivez avec les conséquences, il n'y a plus aucune protection de confidentialité
parce que 8,5 millions de Québécois sont allés voir votre site. «That's
it».
M.
Caire
: Bien,
je ne peux être plus d'accord avec ce que le député de LaFontaine vient de
dire.
M. Tanguay
: O.K.
M.
Caire
: Mais
c'était juste que je voulais être sûr parce que, quand on disant consentement
«at large», moi, je voyais : je les utilise à toutes sortes de finalité
qui... Puis c'est là où je me disais : Non, non, non, ce n'est pas un...
c'est un consentement à la divulgation. Mais sur ce que M. le député vient de
dire, c'est oui totalement.
M. Tanguay
: Alors, il
y aura... c'est deux analyses distinctes, 53 et 53.1, je vais résumer ça de
même. Peut-être pas deux analyses distinctes, mais deux applications
distinctes.
M.
Caire
: Oui,
ça, c'est clair.
M. Tanguay
: Parce qu'à
53, on a les quatre mêmes critères...
M.
Caire
: C'est
clair. Puis les finalités...
M. Tanguay
: ...mais
plutôt que de consentir à donner ça au voisin de gauche, là, je consens à... il
perd sa confidentialité. Parce que ce n'est pas parce que, de façon spécifique,
53.1, je vous dis : Vous pouvez le communiquer au voisin de gauche, que
là, vous dites : Bien, oui, bien, je l'ai communiqué à Pierre, Jean,
Jacques, Monique, Huguette.
M.
Caire
: Non,
non, au contraire, 53.1 est clair là-dessus, sur le fait que, s'il y a une
autre finalité pour laquelle j'ai donné mon consentement, un nouveau
consentement est requis, là.
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Tanguay
: Oui, oui,
merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Gouin, s'il
vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. Le Barreau, lors des consultations particulières, a porté à notre
attention l'existence de débats de jurisprudence sur...
M.
Caire
: Hum!
je salive déjà.
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M.
Caire
: Je
salive déjà.
M. Nadeau-Dubois : Mais moi
aussi. Je suis content que le ministre ait l'appétit pour en discuter. ...a
soulevé des préoccupations, c'est ça, sur... le Barreau a soulevé des
préoccupations sur des débats de jurisprudence, moi, j'en ai appris, je ne
savais pas que ces débats-là existaient, sur la question des opinions qui sont
émises dans le cadre de fonctions professionnelles. Il semblerait que certaines
décisions de la CAI concluent qu'une opinion émise dans le cadre de fonctions
professionnelles est un renseignement personnel concernant la personne qui a
émis l'opinion, et qu'a contrario, il y a d'autres décisions de la CAI qui
iraient dans un sens inverse, c'est-à-dire qui auraient déterminé que l'opinion
émise dans l'exercice des fonctions n'est pas un renseignement personnel
concernant la personne qui émet l'opinion. Donc, on a comme des décisions de la
CAI, et je me réfère au Barreau, qui iraient dans les deux sens. Et, par
conséquent, le Barreau suggère de modifier l'article qu'on étudie présentement
pour préciser...
M.
Caire
: L'article 55?
M. Nadeau-Dubois : Oui,
l'article 55. ...pour mettre fin à cette ambiguïté et, dans le fond,
mettre fin aux débats jurisprudentiels qui ont cours. La question notamment
a été tranchée au fédéral, si mes informations sont...
M. Caire
: ...
M. Nadeau-Dubois : Oui, l'article 55.
Pour mettre fin à cette ambiguïté et dans le fond mettre fin aux débats
jurisprudentiels qui ont cours. La question notamment a été tranchée au fédéral,
si mes informations sont bonnes. On dit notamment, dans la Loi sur la
protection des renseignements personnels au niveau fédéral, on dit : Les
renseignements, quelle que soit leur forme et leur support concernant une
entité identifiable, notamment et là il y a un petit e) ses opinions ou ses
idées personnelles à l'exclusion de celles qui portent sur un autre individu.
Bref, le Barreau recommande de préciser,
dans l'article 55, qu'une opinion qui est émise dans le cadre de fonction
professionnelle, n'est pas un renseignement personnel sur la personne qui émet
l'opinion, mais que ce serait plutôt un renseignement personnel pour la
personne qui à propos de laquelle l'opinion a été émise.
Je mentirais si je disais au ministre que
c'est une... que c'est quelque chose qui m'empêche de dormir, mais c'est quand
même une recommandation du Barreau. Et je me demandais s'il en avait pris
connaissance, ce qu'il pensait de cette recommandation du Barreau, et s'il
avait l'intention d'y donner suite.
M. Caire
:
Écoutez, pour être très honnête, j'ai eu des décisions à prendre récemment sur
d'autres sujets plus polarisants. On aura l'occasion d'en discuter. Je n'ai
pas... de la part des juristes, je n'ai pas eu de recommandation d'aller dans
ce sens-là. Je vous dirais que j'apprends même certains éléments de la bouche
même du député de Gouin, à savoir qu'il y avait un débat jurisprudentiel
là-dessus. Je n'ai pas... je ne vois pas, non plus, un appétit démesuré par mes
collaborateurs d'aller dans ce sens-là, ça fait que je vous dirais que...
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends. En même temps, si le Barreau prend la peine de formuler une
recommandation, ce ne doit... tu sais, moi, je fais la présomption que c'est
parce que ça doit être sérieux. J'imagine quand même que l'équipe du ministre
s'est au moins penchée sur la recommandation. Peut-être qu'il y a un membre de
l'équipe qui peut-être juste prendre la parole rapidement, nous dire qu'est-ce
qui motive le fait qu'on n'ait pas retenu cette recommandation du Barreau.
Parce que, sans avoir une opinion ferme et arrêtée sur le fond de la question,
ce que je lis, c'est qu'il y a une même instance, la CAI, qui, en ce moment,
rend des décisions qui vont dans les deux côtés. Et est-ce que ce n'est pas le
travail du législateur, à l'occasion qu'on a d'ouvrir la loi, de venir donner
le la...
M.
Caire
:
Bien, je vais laisser...
M. Nadeau-Dubois : ...à
la commission pour s'assurer qu'au moins on mette fin à ce qui semble être un
flottement, là, dans...
M. Nadeau-Dubois : ...dans les
deux côtés. Est-ce que ce n'est pas le travail du législateur, à l'occasion
qu'on a d'ouvrir la loi, de venir donner le...
M.
Caire
: Bien,
je vais laisser...
M. Nadeau-Dubois : ...à la
commission pour s'assurer au moins qu'on mette fin à ce qui semble être un
flottement, là, dans l'interprétation du cadre juridique actuel?
M.
Caire
: Oui.
Je vais laisser Me Miville-Deschênes compléter ma réponse. Mais, de mon
côté, je peux vous dire que, d'une part, dans ses écrits, la CAI n'a pas
soulevé cet élément-là. D'autre part, dans la rencontre que j'ai vu... que j'ai
eue, pardon, avec Me Poitras, ce n'est pas un sujet qu'elle a porté à ma
connaissance. Et croyez-moi que je ne pense pas prêter d'intentions en disant
que si ça avait été une préoccupation, Me Poitras me l'aurait laissé
savoir très certainement.
En plus, je vous dirais, le fait que la
commission rende des jugements qui vont dans certaines directions, bien, le
propre même d'un jugement, c'est de s'ancrer dans une réalité puis de tenir
compte de tous les éléments. Puis je ne pense pas que ça traduise
nécessairement un vide juridique. Maintenant, je vais laisser Me Deschênes
compléter cette excellente réponse.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bon, par rapport aux opinions, il y a une chose qui
est bien... Pour ma part, je trouve que la jurisprudence est assez claire, là.
L'opinion d'une personne qui est rendue dans le cadre de l'exercice, de sa
profession, dans le cadre de ses fonctions, n'est pas un renseignement
personnel. Puis l'inverse serait absurde parce que tout employé de l'État qui
aurait une opinion sur l'admissibilité d'une personne ou quoi que ce soit, on
ne pourrait pas prétendre que c'est un renseignement personnel inaccessible.
Donc, au niveau de l'opinion... dans le cadre de ses fonctions, c'est assez
clair que ce n'est pas un renseignement personnel qui la concerne.
Là, où est-ce que... puis je vais aller
dans le deuxième volet, les... Souvent, la jurisprudence de la commission a à
se pencher sur des opinions. Dans un contexte, exemple, de harcèlement en
milieu de travail, où là il y a une enquête, puis là il y a y a un témoin qui
dit : Bien, lui, je pense que ta ta ti, puis l'autre témoin dit : Oui,
lui, je pense que ta ta ta, puis là ce n'est pas une opinion qui est faite dans
le cadre de l'exercice de leurs fonctions, mais c'est plus une opinion
personnelle de deux individus au sujet d'un autre. Puis dans ce cas-là la
jurisprudence de la commission puis la loi sur l'accès dit que les
renseignements concernent les deux personnes, donc sont accessibles aux deux
personnes, à moins... puis là, ça, c'est un article spécifique, mais à moins
que ça... il y a un risque, là, de nuisance sérieuse, là.
Donc, c'est un cas par cas, la commission
pourrait déterminer que je ne rends pas accessible l'opinion d'une personne à
mon sujet parce qu'il pourrait y avoir un risque, là, dans le cas de... comment
dire, de harcèlement psychologique, là, il pourrait y avoir un risque de... pas
de récidive, mais de conséquence. Mais je... ça fait que je ne vois pas de
débat... tant que ça, j'ai l'impression que c'est plus une... S'il y a eu une
décision de la commission, là, qui est citée dans le rapport, j'ai l'impression
que c'est plus une anomalie, parce que, moi, ce que j'ai vu, ce que j'ai lu,
puis la façon qu'on le présente, là, aux autres organismes quand on a des
formations, ou quoi que ce soit, c'est que c'est assez clair, là, que l'opinion
émise par une personne dans le cadre de ses fonctions...
M. Nadeau-Dubois : Quand vous
dites, Me Miville-Deschênes, que ce n'est pas une opinion personnelle, ce
n'est pas une opinion personnelle sur...
17 h 30 (version non révisée)
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...moi, ce que j'ai vu, ce que j'ai lu, puis la
façon qu'on le présente aux autres organismes quand on a les formations, ou
quoi que ce soit, c'est assez clair, là, que l'opinion émise par une personne
dans le cadre de ses fonctions...
M. Nadeau-Dubois : Quand vous
dites, Me Miville-Deschênes, que ce n'est pas une opinion personnelle, ce n'est
pas une opinion personnelle sur la personne qui émet l'opinion.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, dans le cas... Exact, ce n'est pas... Si je
suis un employé d'un organisme public puis je rends une décision, là, sur l'admissibilité
d'un programme ou quoi que ce soit, ce n'est pas un renseignement personnel qui
concerne l'employé, c'est bien ça que je veux dire, effectivement.
M. Nadeau-Dubois : Exactement.
Voilà. Est-ce que... Parce que, mettons qu'on parle... puis c'est un bon exemple
que vous donnez, là, une décision relative à l'admissibilité d'une personne à
un programme gouvernemental, disons, l'aide sociale, par exemple, ça tombe...
je ne suis pas un spécialiste, mais le sens commun, là, en effet, me semble
aller dans votre sens, c'est-à-dire la personne qui émet l'opinion : cette
personne n'est pas admissible, cette opinion-là n'est pas un renseignement
personnel concernant la personne qui est l'auteur de l'opinion. Mais est-ce que
ça pourrait constituer un renseignement personnel pour la personne à propos de
laquelle l'opinion a été émise?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Ah! ça, c'est certain. C'est certain qu'aussitôt
qu'il y a une décision qui est prise à mon sujet, avec des recommandations, un
avis ou une opinion sur l'admissibilité, ça me concerne.
M. Nadeau-Dubois : Et c'est un
renseignement personnel.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Un renseignement personnel sur la personne qui est
l'objet de la décision ou de l'opinion.
M. Nadeau-Dubois : Et
là-dessus, la loi est claire, selon vous.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Oui, oui, ça, c'est... la définition de
renseignement personnel actuelle et à venir est limpide à l'effet que ça
concerne la personne qui est l'objet de l'opinion.
M. Nadeau-Dubois : Et donc
l'invitation du Barreau à clarifier une fois pour toutes cette question-là ne
vous apparaît pas... ce n'est pas nécessaire d'y donner suite, selon vous,
parce que c'est déjà clair que c'est un renseignement personnel qui concerne la
personne à propos de laquelle l'opinion a été émise, mais ce ne l'est pas pour
la personne qui émet l'opinion.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Exact. Ça, c'est clair. Je ne vois pas de doute.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bien,
au moins, l'échange nous aura permis de clarifier cet élément-là.
J'ai une autre question. Dans l'article
proposé par le projet de loi, la notion qui est utilisée, c'est la notion d'entreprise.
Pourquoi est-ce que c'est la notion d'entreprise qu'on a retenue plutôt
que...et là je le dis... par exemple, la notion d'organisme public, puisqu'on
est ici, à moins que je me trompe, en train de modifier la loi qui concerne les
organismes publics? Est-ce que ce sont des notions... encore une fois, je ne
suis pas juriste, est-ce que ce sont des notions interchangeables ou est-ce
qu'il n'y a pas possibilité d'une confusion ici?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, l'article 57, là, qui vient plus
loin, prévoit depuis longtemps que le nom, les coordonnées, les titres des
employés d'organismes publics, ça, c'est un renseignement à caractère public.
L'enjeu puis la demande de la commission, c'est quand il...
M. Nadeau-Dubois : ...ou est-ce
qu'il n'y a pas possibilité d'une confusion ici?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, l'article 57, là, qui vient plus
loin prévoit, depuis longtemps, que le nom, les coordonnées, les titres des
employés d'organismes publics, ça, c'est un renseignement à caractère public. L'enjeu
puis la demande de la commission, c'est quand il y a beaucoup de renseignements
qui concernent les entreprises qui sont détenus par les organismes publics.
J'ai un renseignement sur une demande dans les villes, là, que ça soit une
demande de...
M. Nadeau-Dubois : De permis.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : ...de permis, etc. Puis ces renseignements-là, il y
a beaucoup de renseignements personnels, sur un ingénieur, peu importe, là, qui
concernent la personne dans l'exercice de ses fonctions. Ça fait que c'est
l'organisme public qui va traiter cette demande-là. Il va avoir une demande
d'information, une demande de permis, puis, grâce à la modification à 55,
l'information sur le représentant de la compagnie, le représentant de... l'arpenteur,
ça va être des renseignements qui vont pouvoir être communiqués à tout
demandeur.
M. Nadeau-Dubois : Donc, en
fait, c'est justement... ça ne concerne justement pas les organismes publics.
On utilise le terme «entreprise» parce que l'objectif est de parler des
renseignements qui justement ne sont pas des renseignements relatifs à des gens
qui ont une fonction dans un organisme public, mais dans une entreprise privée.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Exact. Mais qui sont détenus, dans ce cas-là, par
les organismes publics.
M. Nadeau-Dubois : Mais qui
sont détenus par un organisme public. Mais ça répond, ça aussi, à ma question.
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bachand) : Merci, M. le député de Gouin. M. le député de LaFontaine,
s'il vous plaît.
M. Tanguay
: ...La FQM
est venue nous parler de l'air grandissant du télétravail. La frontière entre
le lieu de travail et le lieu de résidence est devenue quelque peu floue.
Est-ce que le numéro de téléphone et le lieu de travail réfèrent également au
numéro de cellulaire fourni par l'employeur d'un fonctionnaire qui travaille à
la maison ou même, à défaut, au numéro de téléphone de sa résidence, désormais
son lieu de travail? Autrement dit, oui, les renseignements pour des
entreprises que détiennent les organismes publics. Mais je l'appliquerais même
à des renseignements sur les employés de l'organisme public qui font du
télétravail.
Je vais vous donner un exemple, M. le
Président, là, puis je ne nommerai pas la personne. Une personne qui travaille
à l'Assemblée nationale, je vais arrêter aux ressources humaines. Puis, durant
la pandémie, ça fait un an, puis tout ça, puis je l'appelais, je l'appelais,
puis on se parlait, puis c'était correct, on se parlait entre 9 heures
puis 5 heures. Puis, à un moment donné, j'ai réalisé que je l'appelais sur
son téléphone à la maison. Aïe! je vous dis que j'ai filé cheap. J'ai
dit : O.K., je vais me calmer les nerfs, là. Parce que, quand tu appelles
au bureau, elle est partie dîner ou elle n'est pas là. Mais là j'appelais à 12 h 48,
puis elle répondait, puis j'entendais les couteaux puis les fourchettes. Puis
là... Puis elle dit : Oui, oui, je fais du télétravail, tout ça. Puis je
filais tellement mal.
Tout ça pour vous dire... Puis je sais que
le gouvernement, peut-être, jusqu'à quel point considère d'augmenter le
télétravail, puis tout ça. On pourrait-u mettre, comme dit... un atermoiement,
l'adresse et le numéro de téléphone autre que celui de la résidence?
M.
Caire
: En
fait, c'est une excellente question. Parce qu'effectivement j'entends la
préoccupation, puis le télétravail va très certainement prendre racine pour un
certain temps, puis c'est certainement des questions qu'il faut se poser ici et
dans d'autres lois.
M. Tanguay
: Il me
semble que je protégerais ça.
M.
Caire
: Je...
M.
Caire
: …parce
qu'effectivement j'entends la préoccupation, puis le télétravail va, très certainement,
prendre racine pour un certain temps, puis c'est certainement des questions
qu'il faut se poser ici et dans d'autres lois.
M. Tanguay
: Il me
semble que je protégerais ça, je le protégerais, ça…
M.
Caire
: Le
téléphone et l'adresse…
M. Tanguay
: …et
l'adresse résidentielle.
M.
Caire
:
J'aurais tendance à vous dire oui, mais, en même temps, nos adresses ont quand
même…
M. Tanguay
: Parce que
ce n'est pas public, ça, je veux dire. Moi, je ne voudrais pas que la personne
sache… ça peut se trouver où est-ce que je demeure.
M.
Caire
: Bien,
Canada 411, on en trouve pas mal, vous seriez surpris, collègue, de voir
comment est-ce qu'on en trouve.
M. Tanguay
: Je pense
que je n'ai même plus de fixe, je pense que je n'ai même plus de fixe.
M.
Caire
: Oui.
Bien, dans ce cas-là…
M. Tanguay
: En tout
cas, si vous appelez sur mon fixe, là, vous allez vous ramasser dans le bas du
mur au bout du fil, puis vous ne sortirez pas du fil…
M.
Caire
: Non,
je comprends, mais…
M. Tanguay
: …parce qu'il
y a un fil qui sort du bas du mur, je ne sais même pas c'est quoi, mon
téléphone, mais le cellulaire, par exemple.
M.
Caire
: Je
veux juste que le collègue comprenne mon a priori, c'est qu'il y a des… puis peut-être
que c'est son cas. J'en ai des employés qui me disent : Écoute, au lieu de
me fournir un cellulaire, paie mon forfait, parce que j'aimerais ça garder mon
numéro puis j'aimerais ça pouvoir m'en servir.
M. Tanguay
: Oui, oui,
oui, ça se fait.
M.
Caire
: Mais
à partir de là, ça le devient-u, ça? Moi, je considère que ça devient son
travail.
M. Tanguay
: Non, le
cellulaire de travail, je l'exclus, mais je parle… il y en a qui ont encore des
fixes. Alors, quand je parle de téléphone de résidence, ce n'est pas un
cellulaire. Un téléphone de résidence, c'est, contrairement à moi, quand le fil
sort dans le bas du mur, il y a un téléphone au bout, puis il y a un 450 ou 514
ou 418. Je dirais autre que le téléphone ou l'adresse de la résidence.
M.
Caire
: Vous
voulez dire que, puis je veux juste être sûr que je vous comprends…
M. Tanguay
: Ça, ce
n'est pas public.
M.
Caire
: …vous
diriez que le téléphone et l'adresse de la résidence peuvent avoir un caractère
public puisque…
M. Tanguay
: Je les
exclurais de ce qui pourrait être mis dans la liste de ce qui est un caractère
public. Je protégerais la résidence…
M.
Caire
: La
résidence…
M. Tanguay
: …qui
deviendrait… Parce que là, ça, c'est des questions intéressantes parce que le ministre
dit : Écoutez, on veut libéraliser puis on est tous là, plutôt que de
payer des locaux, puis tout ça, puis on veut que les propriétaires de building
puissent vivre aussi, mais ils loueront ça à d'autres personnes. Puis le
télétravail, pas tout le temps, ça, c'est comme le macaroni, c'est bon le lundi
soir, mais, à un moment donné, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, c'est…
M.
Caire
: Oui,
c'est…
M. Tanguay
: Alors,
télétravail, deux jours-semaine, il y en a plus qu'hier, moins que demain, le
télétravail. Puis je connais du monde même qui sont en train de regarder, là,
ils sont en train de regarder pour changer d'emploi, je connais du monde, puis
ont mis ça. Écoute, moi, je vais demander un deux jours-semaine, télétravail,
c'est rendu… la COVID aura eu ceci, de changer des mentalités.
M.
Caire
: Ah oui!
Ah oui! Ah oui! Solide, solide.
M. Tanguay
: …mais je
ne voudrais pas que cette personne-là qui est mon ami, sa maison soit un
caractère public ou son téléphone soit un caractère public. Le cellulaire,
quand… écoute, le cellulaire, ça, c'est le travail, c'est un outil de travail,
ça, il pourrait être public, mais la résidence, là, le foyer…
M.
Caire
: C'est
parce que, puis on jase, là, c'est parce dans la mesure où l'employé donne son
adresse comme lieu de travail…
M. Tanguay
: …travail,
c'est un outil de travail. Ça, il pourrait être public. Mais la résidence, le
foyer…
M.
Caire
: C'est
parce que… puis on jase, là. C'est parce que dans la mesure où l'employé donne
son adresse comme lieu de travail, c'est parce qu'à un moment donné…
M. Tanguay
:
C'est-à-dire techniquement, l'adresse serait le bureau-chef, l'adresse, adressé
à X, j'envoie une lettre, puis… Maintenant, je dirais même si on fait renvoyer
le courrier ou… Parce que le lieu de travail ne sera jamais l'adresse
personnelle d'un employé, ça ne sera pas le lieu de travail, ça va être le
chef-lieu, comme on dit.
M.
Caire
: Je ne
pense pas, non. Oui.
• (17 h 40) •
M. Tanguay
: Si on peut
y penser. Moi, j'ajouterais juste à quelque part dans la phrase «autre», donc
on dit : n'est pas soumis à ces règles de renseignements personnels. Donc,
a un caractère public, papi, papa, adresse, téléphone, autre que l'adresse ou
le numéro de téléphone de sa résidence.
M.
Caire
: Mais…
puis je ne suis pas hostile à l'idée, là, on en jasera, mais c'est juste
qu'effectivement, le téléphone à la résidence, ça ne sera jamais le téléphone
au travail. Donc, de par la loi, il n'y a pas un caractère public. Donc, il
demeure dans le giron de ce qu'on fait tous avec nos numéros de téléphone,
puis, ceci étant dit, je recommande à mon collègue de se faire installer un
téléphone fixe pour tous les achalants de télétravail, c'est parfait.
M. Tanguay
: Non. Je ne
veux pas payer pour ça.
M.
Caire
: Vous
savez, quand c'est ce téléphone-là qui sonne, vous n'y répondez pas. C'est
parfait. Puis sur vos formulaires, vous mettez un numéro de téléphone, puis ils
vous sacrent patience.
M. Tanguay
: Mais je
suis certain que je suis comme le ministre, là, quand j'ai un message, là, je
ne peux pas souper, je vais l'écouter, mon message.
M.
Caire
: Non,
mais je ne réponds pas, là. Ça, c'est le téléphone que je donne à ceux à qui je
ne veux pas parler.
M. Tanguay
: Mais si je
ne réponds pas dans 15 minutes, je vais filer cheap puis je vais le prendre, le
message, là. Tu veux être disponible, là.
M.
Caire
: Oui,
je comprends. Mais fermez le son, ça marche. «Anyway».
M. Tanguay
: C'est ça.
M.
Caire
: Ceci
étant, puis on pourra regarder, là, ce que le député propose. Ceci étant, à sa
face même, là, on parle, quand même, là, du numéro de téléphone de son lieu de
travail. Le télétravail : On travaille de la maison. La maison ne devient
pas le lieu de travail officiel, c'est-à-dire que le lieu de travail officiel,
c'est le chef-lieu de l'organisme qui vous embauche. Puis, dans le cas de
l'administration publique, on demeure avec l'obligation de fournir un
environnement de travail à nos employés. Le télétravail devient une option qui
est offerte aux employés, selon certains paramètres qui vont devoir évoluer
dans le temps, au fur et à mesure de l'utilisation, puis on est en train de
travailler là-dessus. Mais il n'en demeure pas moins qu'un travailleur du public,
bien, son lieu de travail, il est défini par l'employeur, et même s'il
travaille de la maison, la maison ne devient pas son lieu de travail au sens de
ce qui est prévu dans 55, et je vais me valider.
M. Tanguay
: Je
voudrais juste m'en assurer dans la loi…
M.
Caire
: Oui.
Bien, c'est pour ça que je…
M.
Caire
:
…bien, son lieu de travail, il est défini par l'employeur, et même s'il
travaille de la maison, la maison ne devient pas son lieu de travail au sens de
ce qui est prévu dans 55, et je vais me valider…
M. Tanguay
: Je
voudrais juste m'en assurer dans la loi…
M.
Caire
: Oui.
Mais, c'est pour ça que je vais…
M. Tanguay
: …parce que,
si on ajoutait…
M.
Caire
:
…faire un 90° dans ce sens-là.
M. Tanguay
: …«, autre
que l'adresse ou le numéro de téléphone de sa résidence», ça le dirait dans la
loi. Donc, en aucun cas d'espèce, parce que vous acceptez puis vous avez une
entente avec l'employeur, organisme public ou privé, ou privé, parce qu'on dit que
ça touche le privé aussi, de travailler de la maison.
M.
Caire
: Pas
55. 55 touche-tu le privé?
Une voix
: Non.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …55, ça déclare le caractère non confidentiel des renseignements…
M.
Caire
: de,
de, de… O.K., oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : N'importe quel représentant d'une entreprise.
M.
Caire
: O.K.,
je comprends.
M. Tanguay
: Des
publics et des privés, c'est ça?
M.
Caire
: Oui,
oui, oui.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, 55, c'est les privés. 57, c'est là qu'on dit
que les renseignements…
M.
Caire
: Oui,
tu as raison, tu raison, tu as raison.
M. Tanguay
: Oui. O.K.,
O.K. Donc, ça s'applique dans les deux cas. Il y a du télétravail au privé que…
parce que je ne voudrais pas qu'à l'inverse, justement, vous m'embauchez, je
suis content, je vais faire du télétravail puis, à un moment donné, je
réalise : Eh! Tu as mis sur le site Internet mon adresse personnelle. Moi,
je ne veux pas que le monde, parce que je tonds ma tondeuse le dimanche matin,
vienne me voir, là. Tu sais, mon expectative de confidentialité chez nous.
Une voix
: On peut-u
suspendre le…
Le Président (M.
Bachand) : Suspendre quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 43)
(Reprise à 17 h 53)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît, la commission reprend
ses travaux. M. le ministre.
M.
Caire
: Oui,
mais merci, M. le Président. Je pense que je vais laisser, de toute façon, mon
collègue le dire lui-même, mais je pense qu'on s'entend pour dire qu'on ne
souhaite évidemment pas qu'un travailleur en télétravail voie son adresse de
résidence considérée comme son lieu de travail ni même son téléphone à la
résidence.
Ceci étant dit, il y a des cas où
clairement, puis c'est la discussion qu'on avait à micro fermé et que nous
aurons à micro ouvert, il y a des cas où ces travailleurs-là ont comme adresse
de travail leur adresse personnelle, et dans le cas qui nous préoccupe on ne
peut pas les exclure parce que là on va à contre-sens de ce l'article souhaite
faire. Mais la conclusion est que le pouvoir d'élaborer des directives que nous
allons donner à la CAI subséquemment pourrait servir à la CAI à, effectivement,
clarifier cette zone d'ombre où dans un cas spécifique, donc laissez la loi
dans l'état actuel, tel que proposé, mais demander à la CAI qu'elle clarifie
avec son pouvoir de directive…
M.
Caire
:
...donner à la CAI subséquemment pourrait servir à la CAI à effectivement
clarifier cette zone d'ombre où, dans un cas spécifique... donc, laisser la loi
dans l'état actuel, tel que proposé, mais demander à la CAI qu'elle clarifie,
avec son pouvoir de directive, ces zones d'ombre là. C'est essentiellement les discussions
qu'on avait avec le député de LaFontaine et le député de Gouin.
M. Tanguay
: Puis pour
le dire... pour être sûr, là, ce ne sera pas long, juste pour que ce soit fait
à double trait, autrement dit, le souhait, puis le collègue me détrompera si
j'ai tort, le souhait de la Commission des institutions, tel qu'exprimé, serait
que la Commission d'accès à l'information, lorsqu'elle aura, le cas échéant, le
pouvoir d'émettre des directives, des bulletins d'interprétation... suite à l'adoption
du projet de loi n° 64, que la Commission d'accès à
l'information aille dans le sens du souhait exprimé par les membres de la
Commission des institutions qui analysent et qui rédigent le projet de loi n° s64 de manière à protéger et de prévoir les cas
d'espèce, parce qu'on ne fera pas ça dans la loi, mais de protéger le travailleur
qui fait du télétravail et qui aurait une expectative de conserver confidentiel
son numéro de téléphone de résidence personnelle et son adresse de résidence
personnelle. Ce n'est pas parce que vous faites du télétravail un, deux, trois,
quatre, cinq jours semaines que, de facto, vous renonceriez à cette
confidentialité-là de votre téléphone, numéro de téléphone à la maison, à la
résidence, et de votre adresse à la maison, à la résidence.
Ça, c'est appliqué uniquement dans le cas
bien spécifique des gens qui font du télétravail et qui ne seraient pas, par
ailleurs, des travailleurs autonomes qui ont pignon sur rue dans un quartier
résidentiel et aussi à zonage commercial, qui font des déductions d'impôt parce
qu'ils sont travailleurs autonomes à la maison, et ainsi de suite. Là, c'est
réellement leur lieu de travail, alors là il y a une perte de l'expectative de
protection de ces renseignements-là, mais que ce soit prévu dans un bulletin
par la CAI et que ça soit vécu comme ça sur le terrain. Voilà. C'est bien ça,
M. le ministre?
M.
Caire
: Tout
à fait. Entièrement d'accord. Je souscris entièrement, M. le député.
M. Tanguay
: Super.
Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Intervention sur l'article 10? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Caire (La Peltrie)?
M.
Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M.
Nadeau-Dubois (Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
: M.
Bachand (Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention. Donc, l'article 10 est adopté. M. le
ministre, s'il vous plaît.
M.
Caire
:
Merci, M. le Président. Donc, article 11, qui se...qui se lit, pardon, comme
suit :
L'article 57 de cette loi est modifié :
1° dans le premier alinéa :
a) par l'insertion, dans les paragraphes
1° et 2° après «l'adresse», de «, l'adresse de courrier
électronique» — j'ai dit alinéa, M. le Président, mais je précise, ce
sont des paragraphes, désolé;
b) par le remplacement, dans le texte
anglais du paragraphe 1°, de «a member, the board of direction of the
management personnel of a public body» par «a member of a public body, its
board of directors or its management personnel»...
M.
Caire
:
…désolé.
b) par le remplacement, dans le texte
anglais du paragraphe 1°, de «a member, the board of direction of the
management personnel of a public body» par «a member of a public body, its
board of directors or its management personnel»;
Dans le 2° paragraphe, par
l'insertion, dans le deuxième alinéa et après «travail», de «d'une personne
ou».
M. le Président, donc,
l'article 57 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels est modifié en raison d'une
demande du service de traduction en ce qui concerne le texte anglais.
Il est également modifié compte tenu du
fait qu'il est communément admis que l'adresse de courriel électronique fait
désormais partie des coordonnées professionnelles d'une personne et afin de ne
pas conférer un caractère public à ces renseignements si leur divulgation est
de nature à nuire ou à entraver le travail d'une personne ou d'un organisme
qui, en vertu de la loi, est chargé de prévenir, détecter ou réprimer le crime.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Bachand) :
Merci. Interventions? M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Le
collègue de Gouin nous a emmenés à avoir un débat et à faire préciser que 55,
et je pense, corrigez-moi si j'ai tort, mais c'est réellement uniquement par le
truchement de l'amendement qu'on a adopté à 55. On disait «au sein d'une
entreprise», ça, c'était pour les privées, 55. Puis, on disait, vous allez
voir, à 57, on est là, ça c'est pour les organismes à caractère public. C'est
ça.
M.
Caire
: Oui.
M. Tanguay
: Vous allez
me le dire, c'est où, à 57? 55, je le vois, «une entreprise». 57, ça serait où?
Vous allez me… pouvoir me l'indiquer rapidement, j'imagine, que c'est 57, au
public.
M.
Caire
: Que
ça s'adresse aux organismes publics.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : En fait, c'est les alinéas un et deux qui prévoient
le caractère public du nom, du titre, de la fonction, des coordonnées des
membres des organismes publics. Mais là…
M.
Caire
: Oui,
c'est ça, dans les cas d'un ministère ou d'un sous-ministre ou de ses adjoints
ou de son personnel d'encadrement. Si vous allez à la fin
du 1° paragraphe, M. le député, vous allez le voir, là, qu'on
parle spécifiquement… Puis, dans le fond, dans le… à la fin
du 2° paragraphe, on parle aussi d'un membre du personnel d'un
organisme public. Donc, c'est 1° et 2° qui le précisent.
M. Tanguay
: O.K. Avant
aujourd'hui, on ne prévoyait pas, donc, l'adresse de courrier électronique,
hein?
M.
Caire
: Non,
c'est ça. Le reste était déjà défini, mais là on ajoute le courrier
électronique.
M. Tanguay
: Puis, la
dernière fois que le législateur, nos prédécesseurs… c'était en 2006. Ils
ne l'ont pas ajouté. Parce que l'article 57, sa dernière modification,
c'est en 2006. Ils auraient pu l'ajouter. Mais là, on… j'allais
dire : On se réveille. Oh! je ne veux pas être méchant.
M.
Caire
: On a
passé droite, mais ce n'est pas grave, on se rattrape, là.
M. Tanguay
: L'adresse
de courriel électronique. On les ajoute comme de quoi que c'est public.
M.
Caire
: C'est
ça. Ça fait partie de l'adresse, mais, tu sais, sur les cartes d'affaires,
maintenant, c'est ajouté systématiquement.
M. Tanguay
: Et les…
Est-ce que le ministre peut m'expliquer, donc, pourquoi on vient toucher à la
version anglophone, l'anglaise? J'essaie de voir.
M.
Caire
:
Écoutez, ma connaissance de la langue de Shakespeare étant relativement
limitée, pourquoi il était nécessaire de faire…
18 h (version non révisée)
M.
Caire
: …cartes
d'affaires, maintenant, c'est ajouté systématiquement.
M. Tanguay
: Et les…
Est-ce que le ministre peut m'expliquer, donc, pourquoi on vient toucher à la
version anglophone… anglaise? J'essaie de voir.
M.
Caire
:
Écoutez, ma connaissance de la langue de Shakespeare étant relativement
limitée… Pourquoi il était nécessaire de faire ces modifications-là? Tout ce
que je peux vous dire, c'est que c'est une demande du service de traduction.
J'imagine que la traduction qui avait été faite initialement n'était pas
suffisamment précise.
M. Tanguay
: On va se
fier à eux autres, là, mais tous les mots sont… ont l'air à être là, mais c'est
juste… le casse-tête est fait différemment.
M.
Caire
: Oui,
moi, je les ai prononcés, ne me demandez pas de les traduire.
M. Tanguay
: Non, non,
c'est ça… C'est bon. Puis là je ne ferai pas mon laïus sur l'adoption des lois
québécoises en version anglaise, là. D'habitude, à tous les projets de loi,
quand on tombe sur ces articles-là, je pars cinq, 10 minutes, hein, cinq
minutes. Je peux le faire en deux minutes aussi. Moi, je ne comprends pas, puis
c'est correct. Il y a eu un débat avec le Barreau du Québec. À un moment donné,
il y avait un litige, parce que les deux lois ont force de loi, M. le Président.
Ça y est, je suis parti. Deux minutes, faire ça en deux minutes.
M.
Caire
: Bien,
moi, je vous dis juste, je ne l'ai jamais entendu.
M. Tanguay
:
10 minutes, vous avez le droit au «long play». Je vais vous faire ça.
Rapidement…
M.
Caire
: Bien,
la version en deux minutes pourrait me plaire, par exemple.
M. Tanguay
: Ah! très clair.
Il a été jugé… parce que la première mouture de la loi 101 faisait en
sorte que de modifier, je pense que c'est l'article 133 de la Constitution
canadienne… L'article 133 de la Constitution canadienne dit que, dans
toutes les assemblées législatives, vous pouvez parler en français, en anglais,
les lois sont en français, en anglais, et il y a d'autres garanties
constitutionnelles également en matière de justice. Première mouture, Camille
Laurin, on en a parlé récemment, de la loi 101, a dit : Loi 101,
toutes les lois du Québec uniquement en français puis tous les débats
judiciaires puis les procédures uniquement en français. La Cour suprême a
dit : Bien, non, vous ne pouvez pas, article 133 de la Constitution
canadienne. Donc, ils ont cassé ça, ce qui fait en sorte qu'au Québec la loi en
français, vous la plaidez devant les tribunaux et la version anglaise, elle a
aussi force de loi, même titre, même force que la version française devant les
tribunaux.
Mais, moi, M. le Président, on ne
travaille, les législateurs, puis on n'écrit exclusivement que les versions
françaises. On n'adopte jamais, jamais la version anglaise. Mais la version
anglaise, par fiction, elle est adoptée de nuit, quand la traduction est
terminée par je ne sais pas qui, mais, à un moment donné, quand la traduction
est finie, traduction est finie… Vous pouvez partir avec la version, elle est
sanctionnée, vous pouvez partir avec la version anglaise, aller devant le
tribunal, je poursuis monsieur qui est d'expression anglaise, moi, je suis
d'expression d'anglaise, on veut un procès en anglais, c'est notre choix, puis
on va ne plaider que la loi anglaise. Puis là on se rend compte, au fur et à
mesure qu'on avance, bien, là, il faut aller amender la traduction. Parce
qu'une fois que la traduction s'est faite durant la nuit suivant la sanction du
lieutenant-gouverneur, on en parlait lui aussi. On a parlé de Camille Laurin,
on a parlé du lieutenant-gouverneur, il y a un fil conducteur.
M.
Caire
: On
est partout.
M. Tanguay
: On est
là-dedans, puis je conclus là-dessus. Je l'aurai fait en cinq minutes. Bien, à
un moment donné, on se dit : Ah! il y a eu des erreurs de traduction, mais
ça prend nous autres, à ce moment-là, pour aller corriger…
M. Tanguay
: ...parce
qu'une fois que la traduction s'est faite durant la nuit suivant la sanction du
lieutenant-gouverneur, on en parlait, lui aussi, on a parlé de Camilla... on a
parlé du lieutenant-gouverneur. Il y a un fil conducteur.
M. Caire
: On est
partout.
M. Tanguay
: On
est là-dedans, puis je conclus là-dessus. Je l'aurais fait en cinq minutes.
Bien, à un moment donné, on se dit : Ah! il y a eu des heures de
traduction, mais ça prend nous autres, à ce moment-là, pour aller corriger la
traduction. Ça fait que j'ailleurs toujours eu un malaise de dire : C'est
correct, on va faire... puis on vient d'avoir un échange assez surréel :
Qu'est-ce c'est qu'on fait? Je ne le sais pas, on semble changer des mots. Mais
ça, demain... quand ça va être sanctionné, ça pourra être plaidé devant les
tribunaux uniquement la version anglophone. Puis les mots ont un sens, mais ça,
on ne joue jamais là-dedans. Alors, voilà. C'est juste mon... j'allais dire une
fiction dans le parlementarisme québécois, puis c'est ça, puis ça du bien de le
dire une fois de temps en temps.
M. Caire
: Bien,
moi, je l'ai aimé, votre laïus, M. le député.
M. Tanguay
: Je
l'ai fait en cinq minutes, je pense.
M. Caire
: Ah!
oui, absolument. Est-ce que le projet... l'article 11 est adopté?
M. Tanguay
:
Avez-vous fini? L'avez-vous fini à cette heure? À cette heure, l'avez-vous
fini? C'est ça.
Le Président
(M. Bachand) :Interventions sur l'article 11?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à sa mise aux voix. Mme
la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention, M. Caire (La Peltrie)?
M. Caire
: Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Pour.
La Secrétaire
: Pour
les membres du groupe de l'opposition officielle, M. Tanguay (LaFontaine)?
M. Tanguay
: Pour.
La Secrétaire
: M. Nadeau-Dubois
(Gouin)?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
La Secrétaire
:
M. Bachand (Richmond)?
Le Président
(M. Bachand) :Abstention. Donc, l'article 11
est adopté. Merci. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Caire
: Oui,
merci, M. le Président. Donc, l'article 59... pardon, l'article 12 se
lit comme suit :
L'article 59 de cette loi est modifié :
Paragraphe 1°, par l'ajout, à la fin
du premier alinéa, de la phrase suivante : «Ce consentement doit être
manifesté de façon expresse dès qu'il s'agit d'un renseignement personnel
sensible.»;
Paragraphe 2°, dans le deuxième
alinéa :
a) par le remplacement, dans ce qui
précède le paragraphe 1°, de «tel renseignement sans le consentement de
cette personne» par «renseignement personnel sans le consentement de la
personne concernée»;
b) par l'insertion, au début du
paragraphe 3°, de «à une personne ou»;
c) par la suppression du paragraphe 5°;
d) par le remplacement, dans le paragraphe 8°,
de «61, 66, 67, 67.1, 67.2, 68 et 68.1» par «61, 63.7, 66, 67, 67.1, 67.2,
67.2.1, 68 et 70.5»;
3° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Pour l'application de la présente loi,
est un renseignement... pardon, un renseignement personnel est sensible
lorsque, de par sa nature ou en raison du contexte de son utilisation ou de sa
communication, il suscite un haut degré d'attente raisonnable en matière de vie
privée.».
Pourquoi je sens qu'on va en parler de
celle-là? Prêt à accepter... oups! pardon. Alors, M. le Président, voilà ce qui
constitue l'article 12.
Le Président (M. Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, M.
le Président, je suis content qu'on pourra bénéficier de l'éclairage de mon
collègue de La Pinière parce qu'on va parler beaucoup de sensibilité ici,
puis je sais qu'il est capable d'en faire preuve.
M. Caire
: C'est
un homme très sensible effectivement, oui...
M. Tanguay
: Il
est capable d'en faire preuve à tous les jours et...
M.
Caire
: …oups,
pardon. Alors, M. le Président, voilà ce qui constitue l'article 12.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay
: Oui, M. le
Président, je suis content qu'on pourra bénéficier de l'éclairage de mon
collègue de La Pinière, parce qu'on va parler beaucoup de sensibilité ici,
puis je sais qu'il est capable d'en faire preuve.
M.
Caire
: C'est
un homme très sensible effectivement…
M. Tanguay
: Il est
capable d'en faire preuve à tous les jours et en témoigner.
M.
Caire
: …dans
l'intimité.
M. Tanguay
: M. le Président,
in fine, in fine, du nouvel article 59. Cette définition-là parce que là
on voit qu'il y a lieu, il y a urgence. Première question, dans la loi
actuelle, l'état des choses, on oublie 64, est-ce que le corpus juridique
québécois fait cette distinction-là? Ce qui est sensible au degré d'atteinte,
ce qui est… «un renseignement personnel sensible», est-ce que la loi actuelle
fait cette distinction-là?
M.
Caire
: Je
pense que, bien en fait, la loi actuelle, non.
M. Tanguay
: C'est du
droit nouveau.
M.
Caire
: Mais
cette notion-là de «au degré d'attente raisonnable» elle a été définie
ailleurs, notamment par la CAI il me semble, c'est-tu la CAI ou les tribunaux?
Je vais peut-être laisser Me Deschênes vous renseigner là-dessus, parce que…
M. Tanguay
: Moi, ma
question…
M.
Caire
:
…parce que n'est pas un concept, c'est un concept qu'on a repris dans le 14,
qui avait déjà été élaboré dans... ailleurs, là, qu'on retrouve maintenant.
M. Tanguay
: O.K. dans
le 14, ça, c'était un projet de loi sur quoi? Parce que ça m'intéresse.
M.
Caire
: 14,
c'est le projet de loi qui nous permettait de, par décret, d'amener des
organismes publics à s'échanger des renseignements personnels dans le cadre de
la réalisation d'un projet en technologie de l'information d'intérêt
gouvernemental.
M. Tanguay
: O.K. et le
débat vous l'aviez fait sous le 14 avec la même définition de «sensible?»
M.
Caire
: Oui,
oui, c'était cette définition-là qui a été utilisée.
M. Tanguay
: Vous
importez ça ici, là.
M.
Caire
: Qui
était importée elle-même d'une autre, d'une décision. Donc, qui a été reprise
dans 14 et qu'on reprend dans 64.
M. Tanguay
: O.K. et
est-ce que, tel que rédigé, les décideurs, décideuses, vont savoir où mettre la
ligne? C'est ça ma question, là. C'est quoi…
M.
Caire
: Bien,
là-dessus, c'est ça, je vais peut-être Me Miville-Deschênes nous… me
rafraîchir la mémoire, parce que dans mon cas il me l'a déjà expliqué puis je
me suis dépêché à l'oublier, et dans votre cas peut-être vous indiquer, là,
d'où l'origine de cette définition-là.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Bien, en fait, le terme «au degré d'attente raisonnable»,
en matière de vie privée ou de… est une notion qu'on retrouve dans la
jurisprudence constitutionnelle, là, sur l'article 8 de la Charte
canadienne des droits et libertés, puis elle permet de désigner des
renseignements, en fait, qui, compte tenu du degré d'intimité pour la personne,
là, puis du contexte, là, bien, nécessite une protection… il y a des attentes
plus importantes en matière de vie privée, puis dans notre contexte, là,
nécessite une protection plus importante.
Compte tenu que c'est très contextuel,
c'est-à-dire qu'il y a des renseignements qui peuvent, généralement, comme des
renseignements de santé être considérés comme sensibles, mais dans certaines
circonstances ou pour certains d'entre eux peut-être moins, et à l'inverse il y
a des renseignements qui ne sont, généralement, pas sensibles comme l'adresse
d'une personne, qui ne sera pas, nécessairement, considérée très sensible…
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : … Compte tenu que, ça, c'est très contextuel, c'est-à-dire
qu'il y a des renseignements qui peuvent généralement, comme des renseignements
de santé, être considérés comme sensibles, mais, dans certaines circonstances
ou pour certains d'entre eux, peut-être moins, et à l'inverse il y a des renseignements
qui ne sont généralement pas sensibles, comme l'adresse d'une personne, qui ne
sera pas nécessairement considérée très sensible, mais qui pourrait l'être pour
certaines personnes, des juges, une personne victime de violence conjugale,
bien, c'est de là l'importance, là, de… pour nous de maintenir une définition
qui renvoie vraiment au contexte et de ne pas… Bien, voilà. C'est un peu mal…
M. Tanguay
: … Vous
avez parlé de l'article 8 de la charte canadienne?
• (18 h 10) •
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui, sur les fouilles abusives.
M. Tanguay
: Mais l'article
8, c'est les garanties judiciaires, 7 et 15… 7 à 15?
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : L'article 8, c'est l'article de protection contre
les fouilles abusives…
M. Tanguay
: Oui, c'est
ça.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : …qui, pour déterminer si la fouille est abusive, on
doit voir quelle était l'attente en matière de vie privée de la personne pour
juger si la fouille est abusive…
M. Tanguay
: O.K. Puis
c'est dans ce contexte-là que… Parce qu'on est loin d'une fouille abusive, là,
mais c'est dans ce contexte-là que les termes se sont définis. O.K.
M. Miville-Deschênes
(Jean-Philippe) : Oui. Oui, effectivement.
M. Tanguay
: O.K. Et le
Barreau du Québec disait et référait, lui, à l'article 10 de la Charte des
droits et libertés de la personne, donc la charte québécoise : «Nous
saluons l'ajout d'une définition de la notion "renseignement
sensible", mais nous proposons qu'elle soit complétée par une liste non
exhaustive de renseignements qui sont de façon… qui sont faits de
renseignements sensibles. Les motifs interdits de discrimination, à l'article
10 de la charte québécoise, constituent une avenue de réflexion intéressante.»
Autrement dit, l'article 10 liste : Vous ne pouvez pas discriminer
notamment basé sur le sexe, l'âge, la grossesse, le ci, le ça. C'est
«notamment», ce n'est pas limitatif. Est-ce qu'on pourrait considérer d'avoir
une telle liste : notamment papi, papi, papa? Le Barreau le suggérait. Ça
nous tente-tu?
M.
Caire
: Bien,
je… Puis je vous soumets juste le commentaire que Me Miville-Deschênes a fait tout
à l'heure quand on rajoute un «notamment», puis, moi, j'entends son appel à la
prudence. Est-ce qu'on n'amène pas une notion où on va avoir une interprétation
plus restrictive? Parce que le «notamment» nous donne des critères, nous
définit des critères qui pourraient avoir pour effet de restreindre
l'interprétation plutôt que de la laisser plus large. Et, si oui, est-ce que
c'est ce qu'on veut faire, comme législateurs, ou on souhaite plutôt que la
jurisprudence se construise avec une idée que le législateur souhaite peut-être
une définition plus large? Mais je… on jase, là.
M. Tanguay
: Oui, oui. Parce
que mes amis qui le disent, cette analogie-là de l'article 10 de la charte
québécoise, vous l'avez noté, c'est le Barreau du Québec, c'est la FQM puis
c'est Fasken qui chantent en choeur là-dessus, sur cette proposition-là d'avoir
une liste non exhaustive pour nous aider à mieux illustrer ce qu'on entend par
un concept qui est somme toute assez abstrait, là, puis qui…
M. Tanguay
: ...charte québécoise,
vous l'avez noté, c'est le Barreau du Québec, c'est la FQM puis c'est Fasken
qui chantent en coeur là-dessus, sur cette proposition-là, d'avoir une liste
non exhaustive pour nous aider à mieux illustrer ce qu'on entend par un concept
qui est somme toute assez abstrait, là, puis qui peut-être peut ne pas vouloir
dire la même chose dans la tête de l'un et versus de l'autre.
Première question, on jase : On
serait-u capable de faire une telle liste ou vous dites non? Oui, ils nous
proposent de faire une liste, mais est-ce que nous serions capables d'en faire
une telle liste? Puis je vous pose la question : Que contiendrait une
telle liste d'exemples?
M.
Caire
: Bien,
pour en avoir jasé, puisqu'on l'a lu aussi, la recommandation, puis on s'est
posé la question, on en est arrivé à la conclusion qu'en tout cas, moi, je
pense que c'est un terrain mou, là, on n'est pas sur le dur. On ne s'y est pas
risqué, parce qu'on aurait... sinon, on aurait déposé l'amendement. On ne s'y
est pas risqué.
Par contre, puis à visière levée, je vous
le dis, là, on n'était pas hostile à l'idée non plus. Mais moi, j'ai plutôt
tendance à aller du côté de Me Miville-Deschênes en disant : Bien, si
on fixe des critères, ces critères-là vont amener des caractéristiques, ces caractéristiques-là
vont amener peut-être une conception contraignante et restrictive de ce que
c'est, un haut degré d'attente raisonnable en matière de vie privée. Puis là,
bien, peut-être qu'on va avoir l'effet contraire de ce qu'on souhaite.
Donc, la conclusion à laquelle nous, on en
est arrivé, c'est : On le laisse comme ça. De toute façon, c'est une
notion qui est en train de s'installer dans le corpus législatif québécois, là.
Je vous l'ai dit, on l'a fait à 14. On n'a pas mis cette liste exhaustive là à
14 parce qu'on est arrivés à cette conclusion-là que la définition pouvait être
autoportante présentement. On la ramène de façon plus large en toute cohérence
avec ce qu'on a fait dans 14, qui, je rappelle, n'a pas une telle liste
exhaustive.
Donc, je ne suis pas fermé à l'idée. Mais
à la question que le collègue pose, ma réponse, c'est : Bien, moi, je ne
me sens pas à l'aise de faire cette liste-là et j'aurais peut-être l'a priori
d'établir des critères qui vont aller à contresens de ce qu'on souhaite, à mon
avis. Mais...
M. Tanguay
: Puis
j'ouvre une parenthèse pour la refermer immédiatement, puis on pourrait me
dire : Oui, c'est cosmétique. Mais, in fine, là, je ne l'aurais pas mis à
59, je l'aurais mis plus à 54 ou à 53, ça. Parce qu'on dit...
M.
Caire
: La
description?
M. Tanguay
: Pour l'application
de la présente loi, ça fait que je me sors de 59, qui parle d'une expectative,
là, renseignements personnels sensibles...
M. Tanguay
: ...mais in
fine, là, je ne l'aurais pas mis à 59. Je l'aurais mis plus à 54 ou à 53, ça, parce
qu'on dit...
M.
Caire
: La
description?
M. Tanguay
: «Pour
l'application de la présente loi». Ça fait que je me sors de 59, qui parle
d'une expectative, là, renseignements personnels sensibles... En tout cas, je
ne l'aurais peut-être pas mis là. Je l'aurais mis plutôt...
M.
Caire
: Oui,
mais en même temps...
M. Tanguay
: J'aurais
défini «renseignements personnels sensibles»...
M.
Caire
: C'est
parce que 59 amène la notion de ce qu'est un renseignement sensible, notion que
vous ne retrouvez pas à 53, 54.
M. Tanguay
: Oui, O.K.
Je suis d'accord. O.K. «Au degré d'attente raisonnable en matière de vie
privée», est-ce qu'on peut me donner des exemples auxquels vous avez pensé,
puis qu'on ne mettrait peut-être pas...
M.
Caire
: Oui,
bien oui. Comme Me Miville-Deschênes disait, là, vous allez jouer dans mon
cellulaire. Je pense que là, vous êtes en train de jouer dans ma vie privée pas
si pire. Vous... Mon automobile... Tu sais, de façon arbitraire, là, vous
commencez à... Ça ne fonctionne pas, là. Je fais référence à un événement où
des documents ont été...
M. Tanguay
: Est-ce
que... J'introduis un nouveau concept... Est-ce que le type de renseignement
qui pourrait faciliter un vol d'identité pourrait être déclaré comme sensible?
M.
Caire
: Comme
étant un... Clairement.
M. Tanguay
: Oui,
genre, le numéro d'assurance sociale?
M.
Caire
: Ça,
c'est clair. Ça, c'est clair.
M. Tanguay
: Le numéro
de... Ça, c'est hautement sensible.
M.
Caire
: Ça,
c'est clair, clair, clair.
M. Tanguay
: Moi, je
fais cette adéquation-là. Parce que moi, si... Écoute, l'homme brun, 31 ans,
puis tout ça... Mais des renseignements hautement sensibles. Moi, je le
lis : Si ça te prend ça, ça et ça, puis tu es capable de voler mon
identité, bien, ça, ça et ça, c'est sensible.
M.
Caire
: Ah!
puis je vous dirais... Je me lance, là. Un identifiant, un mot de passe qui...
Pour moi, c'est sûr que là, tu t'en vas dans des sphères de ma vie privée où tu
n'as pas d'affaire, là.
M. Tanguay
: Tout ce
qui touche à l'intégrité physique aussi, dossier médical...
M.
Caire
:
Clairement. Dossier fiscal.
M. Tanguay
: Dossier
fiscal, l'assurabilité ou non.
M.
Caire
:
Dossier bancaire.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. J'aurais le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Merci, M.
le Président. C'est une question importante. Parce que là, on en parle
maintenant, mais on va y revenir lorsqu'on va parler du secteur privé
également. Quand même, la Commission de l'éthique en science et technologie et
le Barreau, qui sont, grosso modo... qui ont fait des recommandations plutôt
convergentes, là, qui vont dans le sens de la réflexion que vient de lancer le
collègue de LaFontaine, c'est-à-dire de compléter la définition de «renseignements
sensibles»...
J'ai été témoin de l'échange. Je comprends
qu'il y a de la jurisprudence. Néanmoins, je ne peux pas m'empêcher de trouver
ça quand même extrêmement général et flou...
M. Nadeau-Dubois : …la
définition de renseignement sensible. J'ai été témoin de l'échange, je
comprends qu'il y a de la jurisprudence, néanmoins, je ne peux pas m'empêcher
de trouver ça, quand même, extrêmement général et flou.
Et le Barreau fait une recommandation sur
laquelle j'aimerais entendre le ministre, c'est-à-dire si on veut compléter
cette définition là, pourquoi ne pas le faire, par une liste non exhaustive — on
s'entend, non exhaustive — parce qu'il faut garder la flexibilité de
s'adapter au contexte. Puis c'était déjà une préoccupation que j'avais, puis
les propos de Me Miville-Deschênes me confirment… confirment cette
intuition-là que j'avais. Ça fait que, tout en gardant la flexibilité, aller
ajouter une liste non exhaustive de renseignements qui sont, par nature,
sensibles comme au-delà du contexte. C'est-à-dire, il y a comme un genre… On
pourrait, dans cet article, définir qu'un certain nombre de règlements qui, par
nature, sont sensibles tout en se gardant la flexibilité d'en désigner d'autres
comme sensibles en fonction du contexte.
• (18 h 20) •
Puis, le Barreau propose un point de
départ, moi, qui m'apparaît intéressant puis objectif. Le Barreau nous
dit : Pourquoi ne pas partir des motifs interdits de discrimination prévus
à l'article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne?
Pourquoi ne pas utiliser, si c'est des… Si on juge déjà dans notre Charte des
droits et libertés de la personne que ce sont des motifs interdits de
discrimination, est-ce qu'il n'y a pas là une base, objective et solide, pour
déterminer que les renseignements qui sont relatifs à ces motifs de
discrimination là sont, par nature, sensibles? Puis que, par nature, ils
méritent d'être traités différemment. Puis je trouve ça intéressant parce que
c'est un appui solide. Ce n'est pas une liste qu'on ferait ici, en commission
parlementaire, à la va-vite ou de manière ad hoc. Puis les… Dans la Charte des
droits et libertés de la personne, là, l'article 10, on dit : «Toute
personne a droit à la reconnaissance et à l'exercice, en pleine
égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou
préférence fondée sur» Et là, on fait une liste de motifs interdits donc «la
race, la couleur, le sexe, l'identité ou l'expression de genre, la grossesse,
l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge sauf dans la mesure prévue par la
loi, la religion, les convictions politiques, la langue, l'origine ethnique ou
nationale, la condition sociale, le handicap ou l'utilisation d'un moyen pour
pallier à ce handicap.»
Pourquoi ne pas s'inspirer
de cette liste-là pour venir préciser que les renseignements, puis on pourrait
préciser, là, tu sais, à titre d'exemple que les…
M. Nadeau-Dubois : …pallier à
ce handicap. Pourquoi ne pas s'inspirer de cette liste-là pour venir préciser
que les renseignements, puis on pourrait préciser, là, tu sais, à titre
d'exemple que les renseignements qui sont relatifs à ça sont, par nature,
sensibles. Est-ce que ça a fait partie des réflexions du ministre suite aux
consultations en commission?
M.
Caire
: Bien,
en fait, quand on… les discussions qu'on a eues, puis je comprends l'argument
du collègue de Gouin, mais la conclusion à laquelle on arrive… puis comme je
dis, si les collègues souhaitent se lancer dans l'élaboration d'une telle
liste, moi, je ne suis pas hostile, là. Mais nous, de notre côté, on ne l'a pas
fait parce qu'on s'est dit, bon, d'une part, il y a effectivement certaines
évidences, mais d'autres parts, puis c'est là où je pense qu'inévitablement on
aller, il y a les trucs moins évidents qui, par définition, vont amener une
interprétation, puis c'est un peu ça que Me Miville-Deschênes expliquait
tantôt. Inévitablement, ça va amener une interprétation. Cette
interprétation-là va avoir un caractère plus restreint, plus contraignant que plus
large.
Alors, la conclusion à laquelle nous on en
est arrivés, c'est de se dire : Bon, bien, je ne suis pas sûr que c'est au
bénéfice de nos concitoyens de se lancer dans l'élaboration de cette liste-là.
Puis, si les collègues veulent se livrer à l'exercice, comme j'ai dit, moi, je
ne suis pas hostile, mais je pense que… D'abord, il y a les trucs qui sont
évidents, là, puis qu'à leur face même vont… puis je pense que le député de
LaFontaine et moi, on en a nommé quelques-uns qui, oui, on peut les mettre dans
la liste, mais c'est tellement évident que ça, c'est un renseignement sensible
que le mettre ou ne pas le mettre, pour moi, ça n'a pas d'effet. Puis ce n'est
pas là que la liste va gagner en intérêt. Ce n'est pas à énoncer des évidences
que la liste gagne en intérêt, c'est lorsqu'on s'en va dans le terrain,
peut-être, là où la frontière est moins claire.
Puis, c'est là où je dis : On veut-tu
aller là? Moi, personnellement, la réponse c'est : Bien, on a choisi de ne
pas le faire. Si la commission fait un autre choix, moi, je suis prêt à me
rallier à ça. Mais je le répète, là, ce n'est pas dans les évidences, là. Tu
sais, c'est sûr que les renseignements biométriques de mon collègue de Gouin
sont des renseignements sensibles, il n'y a personne qui va contester ça, puis
devant un tribunal, là, ça ne prendra pas des heures à délibérer, là. C'est sûr
que les renseignements de santé, les renseignements financiers, les
renseignements bancaires sont des renseignements confidentiels, personne qui va
s'obstiner longtemps là-dessus…
M.
Caire
: …les
renseignements biométriques de mon collègue de Gouin sont des renseignements
sensibles. Il n'y a personne qui va contester ça, puis devant un tribunal, là,
ça ne prendra pas des heures à délibérer, là. C'est sûr que les renseignements
de santé, les renseignements financiers, les renseignements bancaires sont des
renseignements confidentiels, personne qui va s'obstiner longtemps là-dessus,
là. Puis on peut bien le mettre dans la liste, mais c'est… excusez le
pléonasme, là, mais c'est une évidence évidente. Puis je ne suis pas sûr que
quand le Barreau nous interpelle, c'est à ce niveau-là. Parce que pour moi,
c'est évident… c'est tellement évident pour tout le monde que je pense que le
Barreau nous invite à aller plus loin. Et la question que je pose aux
collègues : Sont-ils prêts à y aller?
M. Nadeau-Dubois : Bien, ça
mérite au moins qu'on en discute et qu'on évalue cette possibilité-là, et il
m'apparaît que… tu sais, si, dans cette loi fondamentale, là, la Charte des
droits et libertés de la personne, on affirme que ces dimensions-là de la
personne sont des dimensions sur la base de laquelle c'est interdit de faire de
la discrimination, c'est parce que c'est des caractéristiques de la personne
qui sont relatives à sa dignité puis à son intimité, puis à… Je dirais, en
fait, à sa dignité, en fait. C'est pour ça qu'on dit sur ces
caractéristiques-là, notre société ne peut pas discriminer. Si ces
caractéristiques de la personne sont à ce point sacrées, est-ce que, comme
législateur, ce n'est pas juste logique et cohérent de dire : En vertu de
ce principe-là, fondamental, les renseignements personnels de cette nature-là,
ils sont par nature sensibles, au-delà de l'utilisation qu'on voudrait en
faire. Je… puis… et le Barreau fait cette proposition-là. Je la trouve… je
trouve qu'elle porte à réflexion. Puis le Barreau ajoute également la question
des données biométriques en soulignant que, dans la loi, concernant le cadre
juridique des technologies de l'information, il y a déjà une disposition à
l'article 44 qui porte spécifiquement sur les caractéristiques et les mesures
biométriques, là, je l'ai sous les yeux.
Donc, il y a quand même des précédents, on
peut dire, dans certaines lois, où on vient dire : Ça, ce n'est pas des
informations comme les autres, puis on les nomme. On prend la peine de les
nommer pour dire : Ce n'est pas comme un code postal. Par exemple,
l'identité de genre ou la religion. C'est d'une nature telle, puis ça se
rapporte à la dignité de la personne…
M. Nadeau-Dubois : ...ce n'est
pas comme un code postal, par exemple, l'identité de genre ou la religion.
C'est d'une nature telle, puis ça se rapporte à la dignité de la personne, donc
on le traite particulièrement.
Ça fait que moi, je pense que l'exercice
est intéressant puis je pense que, si ce n'est pas une liste qui est fermée, ça
peut être un socle, une fondation qu'on met dans le projet de loi pour envoyer
ce message-là que... puis l'envoyer aux organismes publics, mais je vais faire
la même proposition quand viendra le temps des organismes privés, tu sais,
en... envoyer le message, donc, à ces acteurs qu'on s'attend d'eux que ces
informations-là soient traitées différemment. Parce que je pense que les lois,
ça sert aussi à ça, là, à parler puis à dire les choses importantes.
Ça fait que je pense, si on est prêts, que
je vais déposer un amendement, ne serait-ce que pour qu'on ait l'occasion d'en
discuter. Et puis on peut peut-être suspendre, M. le Président, pour qu'on le
fasse circuler.
Le Président (M.
Bachand) : Suspendre rapidement. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 28)
(Reprise à 18 h 29)
Le Président (M.
Bachand) :À l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Un
instant, je prends... je dois avoir la version finale, ça vient d'être envoyé
par courriel, mais on va faire ça à la bonne franquette. Alors, amendement à l'article 12 :
Insérer, après «vie privée», dans le
dernier alinéa proposé par l'article
12 du projet de loi :
«dont, à titre d'exemple, la race, la
couleur, le sexe, l'identité ou l'expression de genre, la grossesse,
l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge, la religion, les convictions
politiques, la langue, l'origine ethnique ou nationale, la condition sociale,
le handicap ou les caractéristiques biométriques.»
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Donc, on va le
retrouver, cet amendement, sur Greffier.
Cela dit, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 30)
18 h 30 (version non révisée)
(Fin de la séance à 18 h 30)