Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
jeudi 1 octobre 2020
-
Vol. 45 N° 64
Étude détaillée du projet de loi n° 51, Loi visant principalement à améliorer la flexibilité du régime d’assurance parentale afin de favoriser la conciliation famille-travail
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-trois minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît!! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare
cette session de la Commission de l'économie et du travail ouverte. Je demande
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 51, Loi visant
principalement à améliorer la flexibilité du régime d'assurance parentale afin
de favoriser la conciliation famille-travail .
Mme la secrétaire, y a -t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Bélanger (Orford) est remplacé par M. Caron
(Portneuf); Mme Chassé (Châteauguay) est remplacée par M. Poulin
(Beauce-Sud); M. Jacques (Mégantic) par M. Provençal (Beauce-Nord);
Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé) par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis) et Mme Richard (Duplessis) par Mme Hivon
(Joliette).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Mme la secrétaire, y a-t-il des droits de vote par procuration?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Derraji (Nelligan) dispose d'un droit de vote par
procuration au nom de M. Leitão (Robert-Baldwin).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est tout?
La Secrétaire
: Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait.
Avant de commencer, je vous informe de la
motion adoptée par l'Assemblée le 15 septembre 2020, les votes pour ce mandat
devront se tenir par appel nominal, et ce, jusqu'au 9 octobre 2020.
Nous débutons avec les remarques
préliminaires. Alors, M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, vous disposez de 20 minutes.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Permetttez-moi d'abord de saluer l'ensemble des collègues.
On entame l'étude détaillée du projet de loi
n° 51. Je pense qu'on a un excellent climat de travail, ça a été souligné
lors des interventions sur l'adoption du principe du projet de loi n° 51.
Je suis extrêmement reconnaissant à mes collègues des partis d'opposition pour
leurs commentaires, pour leur état d'esprit positif et je réalise constamment,
quand on parle d'assurance parentale, qu'au-delà des commentaires que nous
entendons souvent, c'est un régime qui est généreux, qui est progressiste, qui
fait l'envie de plusieurs pays à l'échelle internationale. Nous partageons,
tous les partis politiques, un intérêt commun ou un objectif commun, c'est
d'aller plus loin pour améliorer le régime actuel en partageant trois
principaux objectifs, qui sont sous-jacents à ce projet de loi là.
Un, améliorer sa flexibilité. Il faut tenir
compte aussi de l'évolution du marché du travail. Il faut, deuxièmement,
encourager un plus grand partage des prestations parentales. Ce qu'on réalise,
on l'a répété souvent, les pères ne s'investissent pas suffisamment dans la
sphère familiale. Il faut certainement convenir d'un incitatif qui va permettre
aux pères de partager beaucoup plus dans les prestations parentales. Trop
souvent, on se limite au congé de paternité...
M. Boulet : ...les pères ne
s'investissent pas suffisamment dans la sphère familiale. Il faut certainement
convenir d'un incitatif qui va permettre aux pères de partager beaucoup plus
dans les prestations parentales. Trop souvent, on se limite au congé de
paternité de cinq semaines. Mais je réfère souvent à l'exemple de mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, qui disait : Je suis allé dans un parc,
récemment, puis j'ai réalisé qu'il y avait beaucoup de pères. Et ça, c'est un
courant social que nous devons entretenir et développer avec le temps.
Et enfin il faut adapter notre régime à
l'égard de parents qui vivent des situations particulières. Vous le savez, les
naissances, adoptions multiples, quand il y a des décès puis... bon. Je pense
que le projet de loi n° 51 rencontre ces trois
principaux objectifs là. Quant à ses modifications, quand on parle de
flexibilité... Et ça, ça me tient à coeur, parce que ça réfère notamment aux
besoins du marché du travail, les employeurs sont confrontés à un phénomène de
pénurie de main-d'oeuvre. Tout ce qui concerne les revenus concurrents, donc ce
qu'on peut gagner, au-delà de la prestation parentale que nous recevons,
actuellement, c'est limité à 25 %. Cette exemption-là va être augmentée à
l'équivalent entre la prestation et le revenu habituel de la personne. Donc, si
son revenu habituel était de 700 $ et que sa prestation est de 400 $,
la personne peut gagner l'équivalent de 300 $ par semaine sans être
affectée. Donc, ça, ça va jouer un rôle qui m'apparaît extrêmement bénéfique
pour le marché, permettre aux parents de travailler à temps partiel et de
répondre à leurs besoins aussi en même temps.
L'augmentation de 52 à 78 semaines pour la
prise effective, donc, c'est un étalement dans le temps pour la prise des
semaines de prestations. Même chose pour le congé de maternité, quand il y a
des accouchements prématurés, notamment, la période de temps va passer de 18 à
20 semaines pour la prise des prestations de maternité. Je le mentionnais, il y
a des semaines additionnelles. Le mécanisme que nous trouvons répond le plus
aux besoins d'y aller de manière graduelle dans la société, c'est d'ajouter un
quatre semaines additionnel partageable entre les deux parents, qui dialoguent
et qui conviennent de prendre minimalement 10 semaines de congé parental
partageable. On pense que c'est bénéfique parce que ça encourage la discussion
et ça fait comprendre au papa l'importance de s'impliquer. Et plus il
s'implique, plus ce sera bénéfique, d'où l'incitatif de quatre semaines
additionnelles. Il y a d'autres façons de faire, j'ai entendu les partis
d'opposition, nous avons entendu des groupes venir s'exprimer là-dessus. Mais
tenant compte de la situation...
M. Boulet : …aux papas
l'importance de s'impliquer, et plus ils s'impliquent, plus ce sera bénéfique,
d'où l'incitatif de quatre semaines additionnelles. Il y a d'autres façons de
faire, j'ai entendu les partis d'opposition, nous avons entendu des groupes
venir s'exprimer là-dessus, mais tenant compte de la situation financière du
fonds et tenant compte de notre besoin d'y aller de façon graduelle, on pense
que c'est la meilleure formule. Ceci dit, vous me connaissez, on n'est pas
fermés, on va regarder les options en tenant compte des avantages et des
inconvénients, mais en ne perdant jamais de vue l'importance de la santé
financière du fonds d'assurance parentale.
• (11 h 40) •
Il y a, au-delà de ça, des mesures qui
sont proposées afin d'améliorer et d'adapter le régime, et ça j'en suis fier,
mais c'est une fierté que je partage notamment avec ma collègue du Parti
québécois et la professeure, Mme Lavallée, que nous avons entendue lors des
consultations particulières, et bien sûr mes collègues de Québec solidaire et Parti
libéral. La création, c'est une grande première sociale au Québec, d'une
prestation d'accueil et de soutien relative à une adoption. Ça nous permet
d'accroître la période de temps consacrée à l'enfant adopté qui vit des
problématiques humaines et sociales qui lui sont vraiment spécifiques. Et,
au-delà de tout ça, bon, on atteint l'égalité parfaite entre le nombre de
semaines, que ce soit le régime de base ou le régime particulier, entre les
parents adoptants puis les parents biologiques. Vous vous souvenez de
l'historique du projet de loi. Au départ, on faisait un grand pas en avant, on
réduisait substantiellement l'écart et donc on a respecté notre engagement, on
a écouté, on s'est adaptés, et je ne redirai jamais assez souvent l'importance
de la contribution de ma collègue de Joliette dans ce dossier-là.
Il y a le report aussi de la cessation du
versement des prestations lors du décès de l'enfant. Ça, c'est un dossier qui
est cher à plusieurs collègues aussi. Actuellement, pas la mère qui continue à recevoir
ses prestations de maternité, mais il y avait cessation du versement des
prestations dès la semaine où intervenait le décès. Donc là, il y a une
présomption de deux semaines. Donc, on reporte de deux semaines la cessation du
versement des prestations.
Il y a des semaines de prestations
additionnelles exclusives à chacun des parents lors d'une naissance ou d'une
adoption multiple. Il y a aussi une habilitation réglementaire qu'on va devoir
peaufiner en équipe, en coopérant tous les uns avec les autres, pour mettre en
place des projets pilotes. Parce que, malheureusement, les lois sont souvent
enracinées ou s'accrochent à un temps qui n'évolue plus. Il faut, avec le
projet pilote ou les projets pilotes, se donner la capacité de s'adapter à des
nouvelles réalités sociales qu'on ne peut…
M. Boulet : …projet pilote parce
que, malheureusement, les lois sont souvent enracinées ou s'accrochent à un
temps qui n'évolue plus. Il faut, avec le projet pilote ou les projets pilotes,
se donner la capacité de s'adapter à des nouvelles réalités sociales qu'on ne
peut peut-être même pas anticiper en date d'aujourd'hui, ou que nous réalisons
suite aux consultations particulières. On a parlé des étudiants,
étudiantes. On a parlé des jeunes entrepreneurs autonomes, on m'a parlé des proches
aidants, on m'a parlé de plusieurs… évidemment, il va falloir que ce soit bien
défini, il va falloir que ça colle bien à la réalité d'un projet pilote qui est
donc limité dans le temps et qui fait l'objet d'une reddition de comptes. On
détermine les avantages et les inconvénients et on décide, par la suite, de la
pertinence ou de l'opportunité de pérenniser.
Enfin, il y a des modifications techniques
et de concordance aux règlements d'application de la Loi sur l'assurance
parentale, et nous estimons, parce que ce n'est jamais coupé au couteau, là,
que les nouvelles mesures proposées dans le projet de loi augmenteront les
déboursés du fonds de 95,1 millions de dollars. Encore une fois, c'est une
estimation. Il y a des mesures qui peuvent être dans le concret, dans la
réalité du terrain, être beaucoup plus attrayantes et beaucoup plus utilisées
que ce que nous pouvons anticiper.
Donc, moi, Mme la Présidente, ça complète
mes remarques préliminaires, mais je veux remettre l'accent sur l'importance de
la discussion raisonnée que nous avons amorcée. Quand je parle de
collaboration, ça va au-delà de l'esprit de nos communications, ça va dans
l'argumentaire. On n'est pas ici pour défendre des intérêts opposés, on est ici
parce qu'on a des objectifs communs, je le redis, il y a des solutions. Et
quand, dans une commission parlementaire, on embarque en équipe dans un
processus de recherche de solutions, on est condamnés à avoir un grand succès
pour le bénéfice de la société québécoise.
Merci, Mme la Présidente, on peut débuter
l'étude détaillée du projet de loi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, M. le ministre. Nous invitons maintenant le porte-parole de
l'opposition officielle et le député de Nelligan, de faire ses remarques
préliminaires pour une durée maximale de 20 minutes.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, chers membres de la commission, collègues, M. le
ministre, ma collègue qui m'accompagne. Encore une fois, comme je l'ai dit, M.
le ministre, on a eu l'occasion de connaître mon sentiment quant au dit projet
de loi. Donc, je l'ai exprimé au salon bleu, je l'ai exprimé au début des
consultations. Ma motivation, elle est double. Je dirais, c'est très rare que
je mets des sentiments en analysant un projet de loi. J'essaie de laisser mes
sentiments en rentrant dans la salle où on étudie les articles par article,
mais je suis interpellé par ce projet de loi parce que je suis aussi père et je
me demande…
M. Derraji : ...ma motivation,
elle est double. Je dirais, c'est très rare que je mets des sentiments en analysant
un projet de loi. J'essaie de laisser mes sentiments en rentrant dans la salle
où on étudie les articles par article, mais je suis interpellé par ce projet de
loi parce que je suis aussi père et je me demande moi-même, si j'analyse ce projet
de loi à l'extérieur de l'Assemblée nationale en tant que père, est-ce que je
vais vraiment être motivé à jouer mon rôle, en tant que père, avec les mesures
qu'on s'apprête à voter?
Et je salue, encore une fois, l'esprit de
collaboration de la part de l'ensemble des membres de cette commission,
l'esprit d'ouverture du ministre, je le redis encore une fois, et j'en suis sûr
et certain que nous avons un bon climat, Mme la Présidente, de continuer nos
échanges par rapport à ce projet de loi, et, probablement, on va s'entendre sur
pas mal de choses. Je sens en vous, M. le ministre, la volonté vraiment d'avoir
un impact et je veux aussi qu'on contribue. Et je l'ai dit, au salon bleu,
qu'en 2006, lors de l'annonce du projet de loi de l'assurance... du RQAP,
j'étais étudiant à l'université. Donc, on voit l'impact que parfois certaines
lois peuvent avoir. Et, c'est vrai, ce projet de loi ramène pas mal de
nouveauté, et, sur ce point, je tiens à rassurer le ministre qu'on veut avoir
un bon climat d'échange, dans le respect, parce que l'impact, il est énorme sur
la société.
Donc, dans le cas des politiques de congés
parentaux, deux préoccupations, Mme la Présidente... initialement en jeu :
le bien-être de l'enfant et l'intérêt de soutenir l'égalité entre les sexes, et
nous l'avons entendu de la part du groupe Valorisation de la paternité, un
groupe qui m'a interpellé, probablement peut-être parce que je suis un père
moi-même, comme je l'ai dit, et que je sais que beaucoup de papas autour de moi
ne disent pas du tout ce que tout le monde sait tout haut.
Il y a aussi la Pre Lavallée, de
l'Université de Sherbrooke, que nous avons reçue ici, qui a bien mis le doigt
sur le coeur de ce qui devrait être notre préoccupation commune. C'est bien là
l'objectif à atteindre, outre bonifier les avantages conférés aux mamans, celui
de donner davantage de latitude aux enfants pour nouer des liens forts, dès la
naissance, avec les pères, mais aussi, aux pères, de l'effet de s'insérer dans
le développement des enfants.
Dans le rapport réalisé à l'attention du
conseil de gestion 2016, qui s'intitule Revue de la littérature et impacts
sociaux du Régime québécois d'assurance parentale et d'autres régimes
comparables, l'auteure entendait jeter la lumière sur l'impact des congés
parentaux sur les mères. Les résultats ont pu démontrer que les congés payés
pris par les mères auraient comme effet de réduire la dépression et l'anxiété.
Les congés pris par les pères peuvent également réduire les symptômes
dépressifs chez les mères. Cependant, il s'agirait davantage de l'implication
du père dans les soins prodigués aux enfants plus que seulement sa présence qui
influencerait positivement la santé mentale des mères.
Donc, encore une fois, la volonté
d'impliquer les pères est quelque chose...
M. Derraji : …réduire les
symptômes dépressifs chez les mères. Cependant, il s'agirait davantage de
l'implication du père dans les soins prodigués aux enfants plus que seulement
sa présence qui influencerait positivement la santé mentale des mères. Donc, encore
une fois, la volonté d'impliquer les pères est quelque chose qui est extrêmement
important. Il est évident que, s'il s'agit de la mère, il s'agit aussi plus que
jamais du père. L'arrivée d'un enfant est un événement important pour l'ensemble
de la famille devenant des parents. Donc, ce n'est pas quelque chose qu'on
apprend sur les rangs de l'université, ce n'est pas quelque chose où on peut
aller chercher un diplôme pour devenir parent.
Je pense qu'il y a une raison pour
laquelle on considère que le Québec est le paradis des familles, ça a été
mentionné à pas mal de reprises par des conférenciers que nous avons eu l'occasion
de rencontrer en commission, qu'ils nous ont partagé, Mme la Présidente, leur
fierté, leur fierté de parler de notre modèle à l'extérieur, et je les ai
invités à continuer à être nos ambassadeurs et ambassadrices aussi de ce climat
qui aide les familles au Québec.
Mme la Présidente, nous entreprenons l'étude
détaillée du projet de loi n° 51. Je garde à l'esprit que, lors du dépôt
de la première mouture de ce projet de loi, la députée… notre collègue la
députée de Joliette avait réagi fortement sur le fait qu'il existe une
inégalité, dans le projet de loi, envers les parents adoptants à
l'international qui disposent de moins de semaines de congés. En effet, avec le
dépôt de ce projet de loi, le ministre venait à l'encontre d'une promesse de
son gouvernement à l'effet d'accorder le même nombre de semaines de congés
parentaux pour les parents biologiques et adoptants.
• (11 h 50) •
Le ministre s'est engagé, par la suite, à
revoir cette facette de son projet de loi, et il a déposé des amendements, et
je salue son ouverture. C'est très rare de le voir, mais je tiens à le saluer,
Mme la Présidente. Par ce signe d'ouverture, nous serons tous tout aussi
disposés à bonifier avec lui le projet de loi afin de répondre aussi aux
quelques préoccupations des groupes qui ont été consultés et qui sont venus
s'exprimer ici. M. le ministre, je profite donc de ces remarques préliminaires
pour vous tendre la main. Du côté de l'opposition officielle, nous avons bien
compris que les nécessités familiales, d'une part, et le contexte économique,
d'autre part, vont nous demander de trouver un juste milieu afin que ce projet
de loi puisse aller de l'avant. Je suis aussi très sensible comme vous, M. le
ministre, à ce que ce projet de loi puisse aller de l'avant et à garder en tête
le juste milieu.
J'ai dit, dans mon intervention sur le
principe de projet de loi, des groupes qui sont venus nous dire, lors des consultations
particulières : Écoutez, le régime, il y a 10 000 personnes qui
ne l'utilisent pas. Et il y a aussi des groupes qui nous ont dit :
Écoutez, il y a des situations exceptionnelles que, parfois, le régime oublie.
Et ces groupes nous ont tous invités à regarder ça de près. Mme la Présidente,
je peux vous assurer que je suis… je vais être en mode solution pour ces gens.
Je veux qu'on fasse un pas de plus, et il y a des oubliés, et j'ai…
M. Derraji : ...qui nous ont
dit : Écoutez, il y a des situations exceptionnelles que parfois le régime
oublie. Et ces groupes nous ont tous invités à regarder ça de près. Mme la
Présidente, je peux vous assurer que je suis... je vais être en mode solution
pour ces gens, je veux qu'on fasse un pas de plus, et il y a des oubliés, et
j'ai entendu l'ouverture du ministre. J'ai entendu aussi la volonté du
ministre, avec des projets pilotes, de passer à l'action. Je ne passerai pas
par quatre chemins, je vais vous dire les principaux objectifs que j'ai, et je
suis ouvert à cheminer avec le ministre.
Le Conseil du statut de la femme, premier
groupe qui nous a interpellés par rapport à l'impact de la monoparentalité
après la naissance, et le congé du parent absent, donc père très souvent,
pourrait être transféré à la mère. Là, on parle de 2 200 cas par année. Le
ministre a démontré une ouverture. Mais est-ce qu'on va tout passer cela sur le
cas des projets pilotes? Donc, est-ce que la plupart des exclus ou des oubliés,
la solution du ministre qu'il a devant lui aujourd'hui pour nous, c'est passer
via les projets pilotes? Pourquoi ne pas intégrer cette problématique
directement dans la loi et laisser une marge de manoeuvre au ministre pour la
mettre en oeuvre? On pourra en discuter, Mme la Présidente.
Un autre impact majeur, ça, ça a été
aussi, Mme la Présidente, un des éléments ramenés sur la table par le Conseil
du statut de la femme, et j'ai été moi-même interpellé, parce que, comme je
vous ai dit, j'étais étudiant au moment du lancement de la RQAP, et ça concerne
les étudiants universitaires qui recevaient une bourse et qu'avec cette bourse,
ces 1 300 étudiants n'arrivaient pas à bénéficier de notre régime. Donc,
M. le ministre, j'aimerais aussi qu'on trouve des solutions pour ces oubliés.
Le projet de loi prévoit un partage de
semaines entre le père et la mère. On devrait plutôt proposer plus de semaines
dédiées au père. Peut-on en discuter sérieusement? Là, ce que le Conseil du
statut de la femme nous mentionne, c'est qu'il est pour l'idée, mais il faut
dédier plus de semaines au père. J'en suis sûr et certain, Mme la Présidente,
que le ministre a entendu avec moi les mêmes groupes. Encore une fois, renoncer
aux semaines pour la mère, ce n'est pas quelque chose qui est souhaitable, et
je tiens à le souligner, car c'est important et c'est ce qui va nous guider
tout au long de cette étude.
Je veux qu'on parle des pères, de leur
implication, de leur engagement pour la famille. Je ne suis pas en mode
soustraction, je suis en mode bonification pragmatique. Au Québec, les hommes
ont droit à cinq semaines de prestations de congé de paternité. Ils peuvent
aussi partager avec leur conjointe les 32 semaines de prestations de congé
parental qu'accorde le Régime québécois d'assurance parentale aux deux parents.
Que se passe-t-il dans la réalité, Mme la Présidente? Là, je vais vous ramener
à l'étude de CRHA en 2016. 78 % des naissances ont donné lieu à l'octroi
de la prestation RQAP en 2014; à titre de référence, 69 % seulement en
2006. C'est une excellente nouvelle, puisque cela veut dire qu'il y a une
amélioration. Mais l'inconvénient est que 50 % des hommes considèrent que
la prise du congé paternité pourrait nuire à leur travail. 29 % des
gestionnaires dissuaderaient des pères de profiter de...
M. Derraji : ...seulement en
2006. C'est une excellente nouvelle, puisque cela veut dire qu'il y a une amélioration.
Mais l'inconvénient est que 50 % des hommes considèrent que la prise du
congé paternité pourrait nuire à leur travail. 29 % des gestionnaires
dissuaderaient des pères et... profiter de leur congé parental, contre 3 %
des cas pour les femmes. Un tiers des travailleurs estiment que le congé
paternité est mal perçu par la direction. Dans les faits, seules neuf semaines
sont prises par les pères en termes de prestation du RQAP. Et j'en sûr et
certain, Mme la Présidente, l'essence même de cette étude, et c'est pour cela
que je la partage avec M. le ministre, son combat et le mien est le même, c'est
que nous avons des préjugés, nous avons un constat clair, et sa volonté, c'est
avoir une implication des pères. Donc, donnons-nous les moyens pour réellement
atteindre l'objectif escompté en impliquant les pères au sein de la cellule
familiale.
Donc, Mme la Présidente, vous auriez bien
compris qu'il est fondamental d'aider davantage les mères et les enfants par
une meilleure implication des pères. C'est un point très important. Beaucoup le
désirent, mais encore faut-il aider notre société à faire un pas drastique en
avant. Ce sont autant de pistes que nous devrions envisager sérieusement pour
faciliter le cheminement des mentalités. Et j'insiste sur le cheminement des
mentalités. Il y a des groupes qui nous ont dit : Probablement, il faut
aller pas à pas pour atteindre l'objectif. Est-ce qu'on va l'atteindre à la
première année de la mise en application de la loi, la deuxième année,
troisième année, quatrième année, cinquième année? Mais donnons-nous cet
objectif que nous avons en face de nous une montagne à déplacer.
Côté économique, Mme la Présidente, ce que
l'on doit garder à l'esprit, dans nos discussions... Toutes les entreprises ne
sont pas équipées d'un département de ressources humaines pour pouvoir arbitrer
les départs et organiser les quarts de travail. C'est de veiller à ne pas faire
peser une charge trop importante sur les épaules de nos entreprises et de nos
entrepreneurs. Ils sont tous ouverts à la possibilité de développer des projets
pilotes, mais sans que l'analyse réglementaire... ne soit pas importante sur
leurs épaules, surtout dans le contexte de la COVID. Ils demandent tous à ce
que les projets pilotes soient encadrés et qu'ils ne puissent en aucun cas
porter préjudice à la charge et au fardeau qui pèsent déjà sur les épaules.
Les femmes entrepreneures, plusieurs
groupes nous ont mentionné ça et, j'en suis sûr et certain, il y a même des
groupes qui ont fait des représentations auprès du ministre. C'est un drapeau
rouge levé par plusieurs femmes entrepreneures au Québec. Puisque nous abordons
la dimension économique, l'autonomie des femmes, nous devrions nous… davantage
sur la question des femmes entrepreneures qui se trouvent dans la situation
délicate de vouloir prendre un congé de maternité. Lorsque vous écoutez à la
fois le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, mais aussi en
lisant le mémoire de la Jeune Chambre de commerce de Montréal, on se rend
compte que les femmes entrepreneures, c'est encore plus compliqué. Pourtant,
elles constituent la moitié du poumon économique du Québec. La croissance
économique dépend d'elles aussi, et surtout dans le contexte de la pandémie,
Mme la Présidente, où la plupart des études nous démontrent que les femmes sont
les…
M. Derraji : ...mémoire de la
Jeune Chambre de commerce de Montréal, on se rend compte que les femmes
entrepreneures, c'est encore plus compliqué. Pourtant, elles constituent la
moitié du... économique du Québec. La croissance économique dépend d'elles
aussi. Et surtout dans le contexte de la pandémie, Mme la Présidente, où, la
plupart des études le démontrent, que les femmes sont les plus affectées par la
pandémie. Donc, sans toute autre considération, je pense que nous avons
l'opportunité numéro un d'envoyer un signal positif à ces femmes.
Comment voulez-vous qu'elles se prévalent
de leur congé lorsque l'enjeu financier est cause d'un stress énorme provenant
de l'incertitude quant à leurs capacités à subvenir aux besoins de leurs
enfants tout en menant à bout de bras une entreprise ou un organisme? C'est un
indice d'ailleurs qui nous permet de comprendre parfois, pourquoi des
entreprises portées par des femmes ferment. Comment voulez-vous qu'elles se
prévalent de leur congé lorsque c'est difficile pour elles d'assurer une
stabilité opérationnelle de leurs activités, ou encore, lorsque des
investisseurs ne parviennent pas à justifier la baisse des investissements, ou
encore, qu'elles soient obligées de contracter des dettes supplémentaires pour
continuer?
Les étudiants étrangers, un autre angle
qui n'a pas été abordé et que nous devrions garder à l'esprit lors de l'étude
détaillée est celui des étudiants. L'angle mis de l'avant par la Fédération
étudiante collégiale du Québec est celui des stages. En effet, pour les étudiants
stagiaires, la durée et la nature des activités de stage privent, dans
71 % des cas, les stagiaires d'un type de compensation financière. Bien
entendu, encore une fois, les populations les plus touchées restent les femmes,
historiquement majoritaires dans des programmes d'études en santé, en éducation
et en services sociaux.
Donc, Mme la Présidente, j'interpelle le
ministre par rapport à cette problématique parce que les trois programmes que
j'ai mentionnés, la plupart, c'est des femmes ciblées. Encore là, devrait-on
réfléchir à une idée innovante par le biais de projets pilotes? Jetons une
perche au ministre, Mme la Présidente. Et quand il est des étudiants, dans le
contexte de l'immigration et de la société du savoir que nous souhaitons créée,
plusieurs étudiants doctorants et ou des immigrants pourraient contribuer de
devenir des bénéficiaires du RQAP.
Mme la Présidente, la banque d'heures
était l'une des plus importantes innovations du projet de loi n° 74, non
pas des semaines, mais une banque de journées pour les enfants. Ces journées-là
pouvaient être prises à partir de la naissance de l'enfant sur une période de
trois ans. Et on sait bien que les premières années, les enfants sont malades,
notamment quand ils rentrent à la garderie, donc les parents ont besoin de
temps pour s'en occuper. Très concrètement, ça signifie que les parents, au
lieu de prendre tout leur congé parental, pouvaient se réserver jusqu'à
10 jours de congé pour les prendre sur une période de trois ans, jour
après jour.
• (12 heures) •
Je m'explique, Mme la Présidente. L'implication
du père, elle est extrêmement importante. La première année, c'est la
découverte d'avoir ce sentiment d'être père et impliqué au sein d'une cellule
familiale. Les problèmes commencent parfois à la première année où l'enfant
quitte la maison pour une garderie ou un CPE. Et c'est là...
12 h (version non révisée)
M. Derraji : ...l'implication
du père, elle est extrêmement importante. La première année, c'est la
découverte d'avoir ce sentiment d'être père et impliqué au sein d'une cellule
familiale. Les problèmes commencent parfois à la première année où l'enfant
quitte la maison pour une garderie ou un CPE. Et c'est là où on voit
l'implication du père et l'implication de la mère. Est-ce qu'ils vont plus
utiliser leurs congés de maladie? Est-ce qu'ils vont utiliser plus leurs
vacances? Et qui utilise son congé de maladie ou ses vacances? Majoritairement,
c'est des femmes, Mme la Présidente.
Donc, somme toute, la logique du ministre,
elle est très bonne. Mais est-ce qu'on s'attend à ce que l'implication du père
soit uniquement à la première année de la naissance avec le partage de ces
semaines avec sa conjointe ou son conjoint? Et c'est là, Mme la Présidente, que
j'aimerais bien qu'on chemine tous ensemble dans cette réflexion, parce que
l'implication des pères, pour moi, ce n'est pas uniquement à la première année,
aussi la deuxième année, la troisième, mais tout au long du processus de
développement de l'enfant. Mais somme toute, si on règle aujourd'hui rien qu'un
petit pas d'avoir une réelle implication, y compris quand l'enfant va à la
garderie ou au CPE, je pense qu'en tant que membre de cette commission on va
être fiers du résultat qu'on va atteindre.
En terminant, peut-être est-ce que le
Québec pourrait se saisir de ce moment pour se donner cette évolution de
mentalité. Les groupes qui se sont succédé en consultation ont apporté des
points pertinents. Nous devrions garder à l'esprit leurs préoccupations. Le
ministre a déjà fait un pas, il est devant un moment historique de faire un
autre grand pas. Et moi, aujourd'hui, à partir de l'étude du premier article,
je vais l'aider, je vais... je nous invite tous à garder en tête que nous
sommes devant un moment historique d'avoir une implication des pères, mais
faisons le grand pas et non pas des petits. Il y aura définitivement des
amendements et une bonification à laquelle nous serons heureux de contribuer
pour bonifier un régime qui fait déjà du Québec le paradis des familles. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci au député de Nelligan. Nous cédons maintenant la parole au porte-parole
du deuxième groupe d'opposition, au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous
disposez de 20 minutes pour vos remarques préliminaires.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Avant de plonger dans le coeur du projet de loi, une première
remarque, une première constatation. Le matin, au caucus de mon parti, on nous
a distribué une petite feuille avec toutes les choses qui vont se passer
aujourd'hui, les commissions qui roulent, les projets de loi au salon bleu, et
aujourd'hui, j'ai mis deux petites flèches parce que je suis supposé d'être à
deux places en même temps. Je suis supposé d'être ici et je suis supposé d'être
juste à côté, dans le salon Marois, en train de discuter, en train de faire des
remarques préliminaires sur le projet de loi n° 45, sur les coroners.
M. le ministre me connaît bien, depuis
deux ans, maintenant, Mme la ministre de Sécurité publique me connaît bien
aussi. Ce n'est pas nos premiers projets de loi qu'on travaille ensemble. Il
connaît le sérieux que je mets dans la préparation de l'étude détaillée et dans
la livraison de nos échanges sur l'étude détaillée. Je mets donc tout autant de
sérieux et j'ai mis tout autant de sérieux dans ce projet de loi ci. On aura
des amendements, des bonnes discussions. On a pris…
M. Leduc : ...Sécurité publique
me connaît bien aussi. Ce n'est pas nos premiers projets de loi qu'on travaille
ensemble. Elle connaît le sérieux que je mets dans la préparation de l'étude
détaillée et dans la livraison de nos échanges sur l'étude détaillée. Je mets
donc tout autant de sérieux et j'ai mis tout autant de sérieux dans ce projet
de loi ci. On aura des amendements, des bonnes discussions. On a pris plusieurs
notes, ma collègue et moi.
Et j'ai donc aussi mis beaucoup de sérieux
dans la préparation du projet de loi n° 45, du
coroner. Il y a eu toute une valse, cette semaine, desquels deux projets de loi
serait convoqué, quand ou comment il y a des modifications de dernière minute.
On a demandé des accommodements parce que, Mme la Présidente, on est un caucus
de 10 députés. Là, en ce moment, il y en a deux qui sont en congé de maternité,
justement le thème en question aujourd'hui. Mais quand même, on est 10 députés.
Moi, dans le fond, avec mes différents
dossiers, j'ai deux ministres vis-à-vis, le ministre du Travail, de l'Emploi et
de la Solidarité sociale et la ministre de la Sécurité publique. Les chances qu'il
y ait deux projets de loi en étude détaillée en même temps, de ces deux
ministres... est très rare. C'est arrivé, je pense, une seule fois depuis le
début de la législature, puis on s'était accommodés. Là, ça arrive, deux
projets de loi, somme toute, quand même assez consensuels, somme toute, bien
discutés. Les audiences se sont bien passées. On a des choses à proposer, on a
des choses à dire. On travaille avec des groupes pour préparer des choses, pour
échanger. On espère pouvoir relayer leur parole. Les différentes oppositions
font la même chose.
Mais, Mme la Présidente, pour moi, ce ne
sera pas possible aujourd'hui parce que j'ai... je suis ici en train de livrer
mes remarques préliminaires sur le projet de loi du RQAP, le n° 51.
Je ne suis donc pas en train de faire la même chose, ce que je devrais être en
train de faire, de l'autre côté de la salle, dans la salle Marois. C'est
dommage, parce que ce qu'on a demandé comme accommodement, ce n'était pas
compliqué, c'était d'en décaler peut-être un des deux, de le faire commencer
plutôt mardi qu'aujourd'hui, peu importe lequel, le temps qu'on commence un des
projets de loi, puis que je puisse peut-être aller faire un tour au début de
l'autre projet de loi. Refusé.
Deuxième demande, peut-on faire en sorte
qu'au moins la deuxième journée ne soit pas encore, aussi, conjointe? Refusé.
On a su ce matin que, mardi prochain, nous sommes de nouveau convoqués, les
deux projets de loi, en même temps. C'est comme si, Mme la Présidente...
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire des deux ans de nos élections respectives.
Bonne fête, tout le monde. C'est comme si on n'avait pas pris la pleine mesure
de la nouvelle réalité politique du Québec, où on a quatre partis reconnus.
Bien sûr, quatre partis reconnus, ça implique que les deuxième et troisième
oppositions n'auront pas autant de députés que l'opposition officielle, et
comme de raison, évidemment, pas autant de députés que le parti au
gouvernement. Par définition, nous aurons une plus petite équipe. Par
définition, nous aurons potentiellement un petit peu plus de conflits
d'horaire. Pas tant que ça des conflits d'horaire. À l'occasion, parfois.
Aujourd'hui, sur un projet de loi qui… Je
fais une estimation, je ne pense pas que ça va durer très longtemps, j'ai bien
confiance qu'à l'issue des deux journées de bon travail et de bons échanges, on
aura probablement terminé. Peut-être une troisième journée. Ce ne sera pas un
projet de loi très compliqué. Même...
M. Leduc : …tant que ça, des
conflits d'horaire, à l'occasion, parfois. Aujourd'hui, sur un projet de loi
qui… je fais une estimation, je ne pense pas que ça va durer très longtemps,
j'ai bien confiance qu'à l'issue des deux journées de bon travail et de bons
échanges, on aura probablement terminé. Peut-être une troisième journée? Ce ne
sera pas un projet de loi très compliqué.
Même chose pour le projet de loi sur les
coroners, Mme la Présidente. Je suis assez confiant qu'avec deux bonnes
journées on aurait fait le tour, peut-être une troisième. Donc, quel aurait été
le compromis si difficile à faire de la part du leader du gouvernement et
député de Borduas d'accepter de décaler, ne serait-ce que d'une seule journée,
dans l'idéal, de deux journées, pour que je puisse participer aux deux travaux,
Mme la Présidente? Quel aurait été le prix de cet accommodement-là? Il aurait
été très faible.
Et c'est regrettable parce que,
franchement, cette nouvelle réalité là des quatre partis, de quatre vrais
groupes parlementaires — on verra dans deux ans quel sera le résultat
des élections, mais j'ai l'impression qu'elle est là pour rester, pour un petit
bout, en tout cas — une pluralité politique qui s'exprime maintenant.
On a sorti du bipartisme pour le meilleur, à mon avis. C'est fini, cette
réalité-là, de deux grands partis qui s'échangent le pouvoir puis qui peuvent
travailler, donc, de manière régulière puis changer de place. Puis on a
plusieurs députés qui peuvent se donner la main. Ce n'est pas possible, en tout
cas, c'est certainement moins possible quand on a un caucus d'une dizaine de
personnes.
Hier, pour essayer dans une dernière
tentative de faire débloquer cette situation-là, il y a eu un débat en Chambre,
au salon bleu, dans les remarques. On a appris de la bouche du député de
René-Lévesque, notre collègue du Parti québécois, que, dans une situation
similaire, où il avait deux projets de loi en même temps et où il a dû quitter
un projet de loi avec qui son ministre était le député de Borduas, le leader du
gouvernement, il s'est fait dire en se levant et en devant quitter, pendant une
espèce de petite pause, j'imagine : Tu dois t'en aller, Martin? C'est son
nom, bien sûr. Qu'est-ce qui se passe? Pourquoi tu ne restes pas? Il a
dit : Bien, c'est parce que, là, j'ai un autre projet de loi, tu le sais.
Et il lui aura dit : Bien, c'est dommage, vous n'auriez eu qu'à faire
élire plus de députés.
M. Poulin : …un moment pour
pouvoir parler du projet de loi. Et, si j'entends bien, le député veut profiter
de chaque minute pour aborder les questions qui concernent le projet de loi.
Alors, je ne sais pas si on va y venir.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, est-ce qu'on peut inviter le député d'Hochelaga-Maisonneuve de faire ses
remarques préliminaires sur le projet de loi, si c'est possible, oui.
M. Leduc : Comme on ouvre la
porte, Mme la Présidente, je pense que je demanderais une décision écrite sur
le sujet.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, on va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 9)
(Reprise à 12 h 11)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous poursuivons les travaux avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, qui
va terminer ses remarques préliminaires. Il vous restait une douzaine de
minutes, là, ça vous va?
M. Leduc : Sur le fond, Mme la
Présidente, j'étais dans mon droit de dire ce que je disais, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je n'ai pas eu de confirmation, mais je vous… on vous laisse continuer, ça vous
va?
M. Leduc : Parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On s'informera puis on vous le dira plus tard. Merci.
M. Leduc : C'est drôle parce
que je terminais, justement, mon segment sur cette réalité, qui est
particulière, puis qui est répétée. Puis ça fait deux ans qu'on la vit,
puis à chaque fois qu'on demande des accommodements, je vous dirais que neuf
fois sur 10, c'est non. C'est non, c'est non, c'est non, c'est tout le temps
non. C'est regrettable, ça ne facilite pas mon travail, ça ne respecte pas le
travail des oppositions, en particulier des deuxième et troisième oppositions.
J'en appelle à mes collègues de la partie gouvernementale
à sensibiliser leur leader parlementaire à cette réalité-là, et de le faire
changer d'attitude, parce que je ne pense pas que j'aurais dû choisir entre le
RQAP et le p.l. 45 sur les coroners…
Une voix
: …
M. Leduc : Oui, c'est ça. Ce
n'est pas la même chose, bien sûr. Vous comprendrez la…
M. Leduc : ...et de le faire
changer d'attitude parce que je ne pense pas que j'aurais dû choisir entre le
RQAP et le PLQ... et le p.l. 45 sur les coroners.
Des voix
: ...
M. Leduc : Oui, c'est ça. Ce
n'est pas la même chose, bien sûr. Vous comprendrez que j'ai fourché la langue.
Mais tout ça pour dire que je n'aurais pas eu à choisir. Ça aurait été un
accommodement très simple sur des projets de loi très simples, des projets de
loi consensuels.
Pour en arriver, donc, sur le fond du p.l.
n° 51 du RQAP, un projet de loi qui me tient beaucoup
à coeur, le ministre le sait, je suis intervenu en amont du projet de loi,
quelques semaines, en fait, avant le dépôt du projet de loi, où on sentait
qu'il s'en venait avec quelque chose. Tout de suite, dans l'espace public, à la
fin de l'été 2019, si je ne me trompe pas, j'ai émis la suggestion. J'ai
dit : Tant qu'à avoir des surplus, évitons de les dilapider dans une
baisse de cotisations, dont il y en a déjà eu, de toute façon, dans le passé,
investissons les surplus pour bonifier le régime. Oui, on se targue que c'est
un des meilleurs en Amérique du Nord. C'est bien. Il est perfectible, cela dit.
On se l'est fait dire d'ailleurs à plusieurs reprises. Et investissons les
surplus pour bonifier le projet de loi.
Malheureusement, la baisse de cotisations
a été appliquée quand même. Ça a, dans une certaine mesure, lié les mains du ministre,
je pense, d'un point de vue financier, bien sûr. Je ne sais pas quelle était
l'intention du ministre par rapport au maintien de ces baisses de cotisations
là. Si c'était peut-être d'acheter la paix avec certains groupes patronaux,
fort est de constater, avec les audiences qu'on a eues il y a deux semaines,
que cette stratégie-là, d'acheter la paix avec les groupes patronaux, n'a pas
fonctionné, parce qu'ils sont venus ici, ils nous ont réclamé des nouvelles
baisses de cotisations. Ils ont réclamé le rejet pur et simple, là, du projet
de loi, avec des nuances, bien sûr, et à l'exception notable de la jeune
chambre de commerce.
Donc, moi, je nous mets en garde souvent
dans cette volonté parfois de toujours vouloir acheter la paix à tout prix. Le
RQAP, c'est un bon régime; les modifications qu'on a à mettre de l'avant sont
bonnes. J'ai hâte de voir les amendements du ministre, parce que le patronat
est venu à plusieurs reprises demander, donc, le rejet du projet de loi ou, à
tout le moins, le report de son application, ce qui serait, à mon avis, tout
aussi dommageable. Donc, j'espère que le ministre n'a pas entendu leur appel et
qu'il va maintenir l'application du projet de loi dans les délais prévus.
Une chose, Mme la Présidente, qui m'a
choqué, et dont j'ai dénoncé la chose sur-le-champ dans les discussions au
salon bleu cette semaine, c'est la référence qu'on a encore entendue en
audiences, au fait que le RQAP serait, au fond, une politique nataliste. Et on
remettait en question l'existence même du RQAP, en nous présentant un graphique
qui nous démontrait que malgré l'instauration du RQAP en 2006, il n'y avait pas
eu un accroissement de naissances notable par rapport aux autres provinces du
Canada qui ne bénéficient pas d'un tel régime...
M. Leduc : ...Et on
remettait en question l'existence même du RQAP en nous présentant un graphique
qui nous démontrait que, malgré l'instauration du RQAP en 2006, il n'y avait
pas eu un accroissement de naissances notable par rapport aux autres provinces
du Canada qui ne bénéficient pas d'un tel régime. Donc, conclusion, selon cette
logique, le RQAP ne fonctionnait pas, ne produisait pas plus de bébés.
Ça me choque, Mme la Présidente, parce
que, d'une part, ça fait des années qu'on ne dit plus ça, une «politique nataliste».
C'est à peu près disparu du vocable politique. D'autre part, ça n'a jamais été
l'intention du RQAP. Ça n'a jamais été ça, l'objectif du RQAP. Si c'est un
effet, que les gens se mettent à faire plus d'enfants, on ne s'en plaindra pas,
tant mieux, mais ce n'est pas l'objectif du RQAP.
L'objectif du RQAP, c'est de maintenir...
et je tiens à le répéter, c'est de maintenir le lien d'emploi des femmes. Trop
de femmes se faisaient mettre à la porte pour toutes sortes d'autres prétextes,
frauduleux, évidemment, mais en raison de leur grossesse, de leur accouchement
à venir. Je l'ai dit pendant les audiences, ça a été le cas de ma propre mère.
Je l'ai appris très tard dans ma vie qu'elle n'avait pas été rappelée à son
travail parce qu'elle m'avait eu. Je suis le premier de ma famille de trois
enfants. C'était légion, ça.
Et ça existe encore même aujourd'hui que
dans des entretiens d'embauche, on demande à des femmes : Quels sont tes
plans pour les 10 prochaines années? Surtout des jeunes femmes, fin vingtaine,
début trentaine. Quels sont tes plans? As-tu des ambitions familiales? Où te
vois-tu dans 10 ans? Toutes des questions... pas frontales, bien sûr. On ne
demande jamais : Veux-tu des enfants dans les trois prochaines années? Ce
n'est jamais ça qu'on va demander, bien sûr. Mais certaines techniques de
gestion de ressources humaines sont habiles et vont demander des questions
connexes, mais dont l'objectif réel bien sûr est de savoir est-ce que la personne
que j'embauche, je devrai la remplacer dans quelques années parce qu'elle sera
partie en congé de maternité, et peut-être même d'un congé répété sur deux ou
trois années parce qu'il y aura d'autres naissances par la suite.
Ça, ça a changé, Mme la Présidente, de
plus en plus. Puis je pense que l'instauration du RQAP en 2006 fait partie de
ce changement de culture là et a fonctionné en bonne partie... C'est loin
d'être terminé, on en entend encore, des histoires comme ça. Il y a encore des
plaintes à la CNESST pour des renvois pour grossesse. Ça existe encore. Ça
existe encore trop souvent.
Mais ça a changé. Il faut s'en réjouir et
il faut... Et j'espère que, si jamais on fait un autre projet de loi dans les
prochaines années sur le RQAP, il n'y a personne qui va venir nous présenter
cet argument, qui est devenu surréaliste, d'une politique nataliste qui ne
fonctionnerait pas. Le RQAP, ce n'est pas ça du tout.
Sur l'enjeu des parents adoptants, ça a
été superintéressant comme séquence parce que le... je pense, puis le ministre
l'a reconnu de tout manière, que sa première mouture n'était pas idéale, de son
projet de loi sur les parents adoptants. Ça a levé tout un tollé dans l'espace
public, les éditoriaux, les lettres ouvertes, les motions, les prises de
parole, les entrevues. Il a été assez rapide à réagir, à déposer ses
amendements. Je l'ai salué, d'ailleurs, à l'époque. Je le resalue de nouveau.
Je pense que ses amendements qu'il a déposés en Chambre a fait en sorte d'avoir
des audiences beaucoup plus agréables...
M. Leduc : ...ça a levé tout un
tollé dans l'espace public, les éditoriaux, les lettres ouvertes, les motions,
les prises de parole, les entrevues. Il a été assez rapide à réagir, à déposer
ces amendements. Je l'ai salué d'ailleurs, à l'époque, je le resalue de
nouveau. Je pense que ces amendements qu'il a déposés en Chambre a fait en
sorte d'avoir des audiences beaucoup plus agréables. Comme c'était derrière
nous, en bonne partie, les irritants alentour des parents adoptants, les
audiences ont été agréables. Il y aurait encore des choses, peut-être, à
discuter, avec les amendements, ou des angles particuliers, puis j'ai bien hâte
d'en discuter avec M. le ministre.
Malheureusement, ou plutôt cependant,
alors qu'on a pas mal réglé en amont la question des parents adoptants, l'autre
débat du congé des pères, de la meilleure présence des pères, on ne l'a pas
tout à fait réglée avant. J'ai hâte de voir si le ministre va maintenir sa
bonne habitude de nous déposer en liasse ses amendements au début de l'étude
détaillée, on verra quelles sont ses orientations pour l'article 30, si je ne
me trompe pas qui traite de sa formule pour avoir rune meilleure présence du
père, le fameux partage d'au moins 10 semaines des deux parents avec un bonus.
• (12 h 20) •
Dès le départ, moi, j'ai dit : Ce
n'est pas l'idéal. On comprend l'intention, on partage l'objectif d'une
meilleure présence du père, tout le monde est d'accord avec ça. Ce n'est pas le
meilleur chemin, parce qu'il a un effet certainement... peut-être, en fait,
indésiré, je souhaite, indésiré, mais certainement indésirable de faire en
sorte qu'il y aura certainement moins de mères qui auront moins de semaines
utilisées à l'issue de cet exercice-là. Et j'ai encore plus hâte de voir les
projections qui ont été préparées par le ministère sur combien de pères, de
mères allaient utiliser cette mesure-là. Parce que pour chiffrer à 93,
95 millions de dollars le projet de loi, il faut bien qu'ils aient fait
une étude, une projection de chaque mesure, combien ça va coûter. Alors,
celle-là en particulier, le partage 10-10 plus quatre, il y a bien un chiffre
attaché à ça. J'imagine qu'on va nous le présenter tantôt. Et ce chiffre-là, il
se base sur une projection. Est-ce que cette mesure-là va être beaucoup
utilisée, peu utilisée, moyennement utilisée? J'ai bien hâte de voir ça, parce
qu'à moins que ça soit une mesure dont on projette qu'elle soit très utilisée,
tout ce qui va être en bas de ça, donc moyennement utilisé et surtout peu
utilisé, sera un argument contre ce chemin-là.
Parce que l'alternative qu'on propose, Mme
la Présidente, qu'on proposait même avant le dépôt du projet de loi, qu'on
propose encore, que nos collègues de l'opposition officielle proposaient à
l'instant, que la majorité des mémoires ont soutenue, c'est de plutôt bonifier
les semaines réservées aux parents. Les semaines paternelles. Le congé
paternel. Parce qu'on sait précisément que ces semaines-là sont utilisées dans
une large proportion. Pour des bonnes et des mauvaises raisons. Les bonnes
étant évidemment les pères veulent bénéficier d'un congé, être présent auprès
de leur enfant à la naissance. Moins bonne raison, parce que c'est parfois plus
difficile pour un père de convaincre son employeur de quitter pour le congé.
Ça, ce bout de culture là, là, il n'est pas encore complètement changé. Il
progresse, il est bien mieux qu'il était il y a quelques années, mais il est
loin d'être arrivé à destination. Et si c'est ça, l'objectif, de changer la
culture, je pense qu'on va y aller encore mieux en bonifiant...
M. Leduc : ...de convaincre son
employeur de quitter pour le congé. Ça, ce bout de culture là, là, il n'est pas
encore complètement changé. Il progresse, il est bien mieux qu'il était il y a
quelques années, mais il est loin d'être arrivé à destination. Et si c'est ça,
l'objectif, de changer la culture, je pense qu'on va y aller encore mieux en
bonifiant le congé paternel plutôt que la formule proposée par le ministre.
Il y a la question des parents étudiants
et des parents étudiantes en particulier qui est un angle mort. C'est sûr que
c'est un régime assurantiel. On paie une partie d'une cotisation sur notre
salaire, on se qualifie. Quand on est étudiant, parfois on travaille très peu,
voire pas parce qu'on a des prêts et bourses ou des bourses qui sont considérés
comme du revenu mais pas tout le temps assurable. Bref, il y a un angle mort.
Mon collègue de l'opposition officielle le soulevait tantôt avec raison. On ne
le traite pas dans le projet de loi. C'est un peu dommage. On ne rouvre pas le
RQAP à chaque année bien sûr. On peut peut-être se réjouir qu'il y aura des
projets pilotes. Est-ce que, dans les projets pilotes, on pourra faire quelque
chose pour étudier, tester une avenue qui pourrait faire qualifier certaines
personnes dans une situation étudiante qui pourraient avoir accès au RQAP?
C'est une demande qui existe depuis des années. Et c'est une demande qui est
justifiée à mon avis. Alors, il y a sûrement moyen de trouver une voie de
passage. Je connais la créativité de mon vis-à-vis le ministre sur trouver une
formule qui pourrait fonctionner. Encore une fois, on aurait aimé ça pouvoir le
régler avec le projet de loi, ce n'est pas devant nous, mais peut-être que le
projet pilote permettra un atterrissage sur ce débat-là qui doit se conclure
bientôt, Mme la Présidente, ça fait longtemps que ça traîne, la question des
parents étudiants.
Il y a plusieurs personnes qui ont soulevé
l'idée de changer ou de transformer une partie des semaines, peu importe, là,
parentales, ou paternelles, ou maternelles, en congés mobiles, en congés
flexibles, dans les faits, en congés familiaux. Moi, je trouve ça intéressant,
puis on aura l'occasion des débattre. Puis je trouve ça surtout intéressant
parce que ça souligne l'insuffisance de la Loi des normes du travail. Les lois
des normes du travail comportent 10 congés pour raison familiale dont
seulement deux sont payés, deux sont rémunérés, les huit autres sont non
rémunérés. On imagine que, dans le réel, ça fait en sorte que peu de gens sont
susceptibles de les prendre, surtout des gens dans une situation d'économie
précaire. Alors, peut-être que le RQAP peut venir jouer un rôle, c'est
intéressant. Ce n'est pas contradictoire avec les normes du travail. Mais
certainement le fait qu'on vienne demander de bonifier le RQAP, de permettre
une flexibilité pour en faire des congés familiaux, bien, ça montre du doigt
que la LNT est insuffisante. Puis j'espère que, si on a l'occasion de rouvrir
cette loi-là dans les prochaines semaines, dans les prochaines années, on aura
un débat à ce sujet-là.
Puis maintenant, en conclusion, Mme la
Présidente, plusieurs personnes appelaient à maintenir le dialogue social à
l'entour du RQAP. Et je pense que le projet de loi, par son existence même, a
participé à un débat d'idées, a participé à des articles, a participé à des
chroniques et a fait en sorte de ramener sur l'avant-scène la question de la
conciliation travail-famille, de la présence du père. Moi, ça me réjouit. C'est
des thèmes qui me sont chers puis c'est bien qu'on en discute...
M. Leduc : ...le dialogue
social autour du RQAP et je pense que le projet de loi, par son existence même,
a participé à un débat d'idées, a participé à des articles, a participé à des
chroniques et a fait en sorte de ramener sur l'avant-scène la conciliation travail-famille,
la présence du père. Moi, ça me réjouit. C'est des thèmes qui me sont chers
puis c'est bien qu'on en discute.
Là, le projet de loi va être adopté dans
les prochaines semaines. Peut-être qu'on aura moins de place dans le débat
public sur ce sujet-là. Il serait donc intéressant, et on en fera un amendement,
en temps et lieu, de demander qu'un rapport d'application, qu'un rapport sur
les nouvelles mesures qu'on va adopter soit déposé d'ici quelques années à l'Assemblée
nationale et qu'on en ait un débat, soit en commission, soit peu importe la
manière, mais qu'on puisse en débattre, pour ramener à l'avant-scène ce
sujet-là, qui est important, qui est fond, parce que le fait qu'on en discute
puis qu'on en fasse un projet de loi participe aussi au changement de culture.
Et on aura l'occasion d'en discuter plus en avance. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Y a-t-il d'autres membres qui
souhaitent faire des remarques préliminaires? Alors, nous donnons la parole à
la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Je suis ravie d'être parmi vous aujourd'hui.
Je dois avouer que j'aime beaucoup les
études détaillées. Ça me rejoint énormément, parce que je vois vraiment une
belle façon de travailler au bénéfice de tous nos citoyennes et citoyens pour
bonifier les projets de loi puis je pense que c'est une belle façon que nous
pouvons travailler ensemble. J'ai toujours eu des beaux échanges avec les
ministres et les collègues dans tous les autres projets de loi dans lesquels
que j'ai assisté. Alors, Mme la Présidente et tous les collègues, vous pouvez
compter sur moi d'être très collaboratif... collaborative. C'est sûr, si je
fais des erreurs en français, je m'attends après vous de corriger mes erreurs.
J'ai déjà dit, en commission parlementaire, quand on étudiait le projet de loi
n° 18, que j'étais pour... je pensais de ressusciter le monde. J'ai appris
que ce n'était pas ça, que c'était «réanimer».
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Maccarone : Alors, si je
fais des telles erreurs, vous pouvez rire avec moi, aucun problème, mais il y a
vraiment... je suis contente d'être ici. J'ai entendu mon collègue, le député
de Nelligan, quand il disait qu'il y a des sentiments envers ce projet de loi,
puis je sais, des fois, c'est rare, mais je vous confirme, d'un esprit vraiment
ouvert, que j'ai des sentiments personnels dans tous les projets de loi que...
dont j'assiste, puis que je dis : Les collègues qui ont déjà travaillé
avec moi, je pense qu'ils vont pouvoir témoigner de ce, parce que je m'y vois, à
l'intérieur de tous les travaux que nous faisions, puis je vois mes enfants, je
vois vos enfants. Je vois les gens de mon comté, je vois vraiment nous tous à
l'intérieur de ce que nous faisions ici. Alors, pour moi, c'est toujours très
personnel. Alors, je ne vous cache pas que je vais probablement partager un
esprit un peu personnel dans tout ce que je vais dire au micro et hors micro
avec vous.
D'emblée, je veux...
Mme Maccarone : ...vraiment...
nous tous, à l'intérieur de ce que nous faisions ici. Alors, pour moi, c'est toujours
très personnel. Alors, je ne vous cache pas que je vais probablement partager
un esprit un peu personnel dans tout ce que je vais dire au micro et hors micro
avec vous.
D'emblée, je veux aussi mentionner... Ce
que j'ai dit aussi dans la Chambre, quand on a fait nos remarques au salon
bleu, c'est que moi, je vois vraiment les travaux à l'intérieur du projet de
loi n° 51... On dit souvent que ce qu'on fait, c'est
pour le congé parental, c'est pour les prestations parentales, mais, dans le
fond, ce que nous faisons à l'intérieur de ce projet de loi, c'est pour les
enfants, tu sais, puis je pense que c'est l'esprit familial, puis j'y crois
fondamentalement. Je pense que nous avons tous ça à coeur, hein? On est ici vraiment
pour aider les enfants québécois, puis en leur aidant, on aide leurs parents,
puis en aidant leurs parents, bien, on aide vraiment la société. Alors, je vois
vraiment une belle occasion pour nous d'aider la population puis les citoyens
du Québec. Alors, je suis vraiment contente de partager ceci avec vous.
Je vois aussi une façon... Je pense que
c'est notre collègue du deuxième groupe d'opposition qui a mentionné que c'est
aussi... c'est une occasion d'encourager nos familles d'avoir des enfants, de
contribuer vraiment à notre belle province, à avoir des enfants, à avoir des
plus grandes familles. On sait que ce n'est pas facile pour plusieurs familles québécoises
parce que souvent c'est très cher, avoir des enfants, c'est très coûteux. Mais
je vois vraiment une façon qu'on va pouvoir améliorer leur vie et faciliter les
familles à prendre des décisions qui vont avoir un impact pour le restant de
leurs jours. Quand on commence à avoir des enfants, c'est pour le restant de
nos jours. On est toujours parent quand on a des enfants. Alors, c'est une
belle façon de commencer ce chemin ensemble.
Puis aussi pour la conciliation
famille-travail. Je regrette que c'est après que j'ai eu des enfants que ceci
sera mis en place, parce que je vois vraiment comment les familles vont pouvoir
en bénéficier aussi. Quand on parle de conciliation famille-travail, ce n'est
jamais facile quand les deux parents travaillent à l'extérieur, puis aujourd'hui
c'est vraiment une réalité pour toutes les familles d'avoir deux parents qui
travaillent. Alors, je vois aussi qu'on amène un peu de flexibilité pour ces
familles-là à l'intérieur de la conciliation famille-travail.
• (12 h 30) •
Mon collègue ainsi que le ministre ont
parlé de l'importance du rôle du père. J'y crois évidemment fondamentalement.
Ça me fait penser que... Toujours dans la pensée quand mes enfants étaient
petits, puis, mettons, j'ai dû quitter la maison pour aller au travail ou parce
que j'avais quelque chose à faire, puis les gens m'ont posé les questions :
Bien, est-ce que c'est le papa qui va garder l'enfant? J'ai dit : Il ne va
jamais garder son enfant, il va s'occuper de son enfant. Puis je pense que ça
aussi, c'est... Il faut changer un peu la...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Maccarone : ...puis,
mettons, j'ai dû quitter la maison pour aller au travail ou parce que j'avais quelque
chose à faire. Puis les gens m'ont posé la question : Bien, est-ce que
c'est le papa qui va garder l'enfant? J'ai dit : Il ne va jamais garder
son enfant, il va s'occuper de son enfant. Puis je pense que ça aussi, c'est...
il faut changer un peu la perspective du rôle du père, puis je pense qu'on est
rendu là. Je pense qu'il faut changer l'esprit de penser que c'est toujours la
maman qui s'occupe des enfants, ou la personne qui a porté le bébé. Je pense
qu'on est rendu à un point où on peut dire que c'est le partenaire ou c'est le
père qui va jouer un rôle entier en élevant son enfant... et à participer à sa
vie pleinement, surtout quand ils sont petits. Puis c'est très important, je
pense qu'on est une société qui est en évolution, et il faut vraiment valoriser
le rôle des deux parents. Ce n'est pas pour diminuer le rôle de la mère ou la
personne qui a porté l'enfant, mais c'est vraiment de favoriser, et de
bonifier, et de valoriser le rôle des deux parents.
Pour les familles qui en ont deux. Parce
que c'est sûr, il y a des gens qui l'ont mentionné, on a aussi des familles qui
sont monoparentales. Alors, je vois une façon qu'on va pouvoir... en espérant
pouvoir bonifier un peu le projet de loi pour aider ces familles-là, parce que
c'est quand même une réalité pour plusieurs personnes aujourd'hui. J'en connais
plein, probablement, entre collègues, on va pouvoir dire qu'on en connaît plusieurs,
personnes qui ont pris la décision d'avoir des enfants. On est rendu là, hein,
c'est 2020. Puis même bien avant, on a dit qu'on a de la capacité avec la
science, aujourd'hui, d'avoir des enfants tout seul si c'est souhaité, alors je
pense qu'il faut respecter ces familles-là et trouver une porte d'entrée pour
eux pour leur aider. Parce qu'à deux c'est mieux, Mme la Présidente, quand on a
des enfants. Ça prend un village. Mais quand on est seul... et ils ont tout mon
respect, ça fait que s'il y a quelque chose qu'on peut faire pour aider ces
parents, bien, pourquoi pas?
Je dirais aussi que quand j'entends, tu
sais, les collègues, je trouve que c'est très intéressant que tout le monde
amène évidemment leurs points de vue un peu personnels, ou à l'intérieur des
dossiers qu'eux ils s'occupent. C'est sûr, mon collègue, il pense beaucoup... d'économie,
il pense beaucoup de son rôle de père. J'entends mon collègue qui parlait de
détresse, de son travail, et il n'a pas la possibilité d'être à deux places en
même temps, puis c'est regrettable. Je comprends, j'étais face à ça aussi puis
je sais que ce n'est vraiment pas facile, puis surtout quand ça nous tient à
coeur, les travaux que nous faisions ensemble.
Mais, pour moi, c'est sûr, je vais parler
un peu à l'intérieur des dossiers que je porte ici, à l'Assemblée nationale. Un
peu pour la communauté LGBTQ2, Mme la Présidente, parce que je vois vraiment
une possibilité pour nous de faire des avancées pour la population, pour les
communautés qui sont moins visibles, une façon de changer un peu le jargon.
Alors, j'espère que le ministre et les collègues autour de la table auront
quand même une ouverture à avoir une discussion par rapport aux paroles que
nous utilisons aujourd'hui. Encore une fois, ce n'est pas pour enlever ou
diminuer les titres de mère...
Mme Maccarone : ...une façon de
changer un peu le jargon. Alors, j'espère que le ministre et les collègues autour
de la table auront quand même une ouverte à avoir une discussion par rapport
aux paroles que nous utilisons aujourd'hui. Encore une fois, ce n'est pas pour
enlever ou de diminuer les titres de mère et de père, mais c'est très
hétéronormatif. Alors, je pense qu'il y a quand même une façon de voir les
titres que nous utilisons sans en supprimant mais peut-être en rajoutant des
paroles, en anglais, on dirait «birthing parent and birthing parent's partner»,
ça fait qu'en français on dirait que ce serait le parent qui accouche puis le
conjoint, conjointe ou le parent qui accompagne celui qui accouche. Je pense
que ce serait une façon de rajouter quelque chose pour que cette communauté se
voie visiblement à l'intérieur des travaux que nous faisons ici.
Puis j'ai déjà eu ces discussions, encore
une fois, à l'intérieur du projet de loi n° 18 quand on dit que les droits
de représentation de la mère et du père, tu sais, j'aurais voulu voir plus
«parent». Puis je comprends qu'il y a des choses qu'on peut faire à l'intérieur
du Code civil. Je ne vous demande pas, surtout pas de changer le Code civil qui
est vraiment complexe, ce n'est pas nécessairement ça que je souhaite. Mais
j'aimerais, si c'est possible, de rajouter quelques paroles pour qu'eux, ils se
voient à l'intérieur de ceci.
Écoute, comme j'ai dit, c'est 2020,
bientôt 2021. Tu sais, le parent qui donne naissance pourrait bien être un
homme si c'est une personne transsexuelle. On est rendus là, on voit ces
familles qui font partie de notre belle grande famille québécoise. Alors,
pourquoi ne pas trouver une façon pour rejoindre tout le monde pour que ça soit
égalitaire? Je peux dire que... Tu sais, quand je me mets dans la place de
quelqu'un aujourd'hui qui va probablement faire une demande auprès du Régime québécois
d'assurance parentale, puis si, par exemple, c'est deux femmes, ça fait que
c'est des lesbiennes, bien, il faut qu'un parent demande d'avoir un congé... le
congé parental pour le père. C'est... Je pense que c'est... Comme je dis, les
termes, ça blesse. On sait surtout aujourd'hui que les termes sont importants,
les titres sont importants, tout le monde est sensible. Mais je pense qu'il
faut avoir un tel respect pour ces personnes. Il y a beaucoup de gens qui sont
aussi... ils s'identifient comme non binaires. Alors, tu sais, de demander deux
personnes du même sexe, deux femmes, qu'il faut prendre un congé de paternité,
c'est particulier, ou, si c'est deux hommes, de prendre un congé de maternité.
Encore une fois, j'espère qu'on va pouvoir travailler ensemble pour trouver une
telle solution pour ceci.
Une autre place où j'aimerais aussi voir
de la flexibilité, et j'en ai déjà parlé avec mon collègue, ça fait que je sais
que c'est une demande qui sera peut-être partagée, c'est plusieurs personnes
ont mentionné qu'on cherchait aussi un peu de flexibilité par rapport aux
banques de congés...
Mme Maccarone : ...une autre
place où j'aimerais aussi voir de la flexibilité, et j'en ai déjà parlé avec
mon collègue, ça fait que je sais que c'est une demande qui sera peut-être
partagée, plusieurs personnes ont mentionné qu'on cherchait aussi un peu de
flexibilité par rapport aux banques de congés mobiles. Moi, je trouve ça d'un
oeil qui est superintéressant, oui, parce que ce n'est pas facile quand les enfants
sont petits puis ils vont débuter leur carrière dans le réseau des services de
garde éducatifs. C'est vrai, c'est plein de microbes, c'est beaucoup d'enfants
ensemble. Ça doit être vraiment difficile actuellement, le port du masque, la
santé et sécurité, toutes les mesures pour les petits bouts de chou, mais ça va
au-delà, pour moi, quand je pense, par exemple, à une expérience personnelle.
Vous savez tous, j'ai deux enfants
autistes. Quand ils étaient petits, ce n'est pas parce que mes enfants étaient
souvent malades, mais j'avais plein de rendez-vous médicaux, plein, plein,
plein, surtout au début, quand ils sont petits, quand on fait le dépistage.
C'est préoccupant, et j'ai dû prendre énormément de congés. Puis c'était moi
qui prenais les congés parce que je faisais moins d'argent, dans le temps, que
mon partenaire. Alors, c'était plus facile. Ça faisait moins mal financièrement
si c'était moi.
Alors, je vois vraiment une façon qu'on va
pouvoir... en espérant, même si c'est par l'entremise peut-être d'un projet
pilote, mais j'espère qu'on aura peut-être un peu de flexibilité, quand on
regarde ceci, que c'est non seulement parce qu'on a des enfants qui sont
malades, mais aussi que c'est parce qu'on a vraiment un besoin, quand on a un
enfant qui souffre d'un handicap, d'autisme, d'une déficience intellectuelle ou
même avant qu'on sait exactement c'est quoi, la difficulté que cet enfant a. Ce
n'est pas parce qu'ils sont malades.
Puis, avant qu'on commence à avoir des
parents qui vont, tu sais, essayer de trouver des moyens de... qu'est-ce que
nous allons faire, parce qu'il y a ce besoin, puis ils vont vouloir en
profiter, pourquoi ne pas juste l'ancrer directement dans la loi pour qu'ils se
voient aussi à l'intérieur de ce que nous allons faire? Parce que c'est
vraiment angoissant. Si je parle de l'autisme, c'est un enfant sur 66... une
personne sur 66, excusez-moi, qui a un diagnostic, puis c'est en croissance.
Alors, je pense que ce serait une mesure
qui serait peut-être, le temps de le faire, peut-être une primeur, et pourquoi
pas aujourd'hui, actuellement, à l'intérieur de ce projet de loi? Je pense que
ce serait une belle avancée pour ces familles qui ont vraiment des grands
besoins. Alors, je verrais ça vraiment d'un bon oeil puis j'espère qu'on va
pouvoir avoir ce dialogue parce qu'il y a des familles qui ont vraiment besoin
de ceci.
Moi aussi, j'étais vraiment contente de
voir le cheminement, quand on parlait de l'adoption, à l'intérieur de ce projet
de loi. Alors, je rejoins ma voix à celles de mes collègues qui ont quand même
remercié le ministre de son ouverture et de son travail préliminaire, à
l'intérieur du projet de loi, pour aider ces familles à être présentes pour
leur enfant...
Mme Maccarone : ...cheminement
quand on parlait de l'adoption à l'intérieur de ce projet de loi. Alors, je
rejoins ma voix à celles de mes collègues qui ont quand même remercié le ministre
de son ouverture et de son travail préliminaire à l'intérieur du projet de loi
pour aider ces familles à être présentes pour leurs enfants.
J'en connais aussi encore, probablement
comme plusieurs d'entre vous, plein de familles qui ont fait des adoptions à
l'extérieur du Québec, en Chine, en Thaïlande. Et c'est vraiment un changement
exponentiel pour ces enfants qui viennent ici. C'est très, très, très
difficile, ils sont en train d'adapter, de s'intégrer, d'apprendre une nouvelle
langue dans plusieurs cas, ce n'est pas du tout, peut-être, le même climat,
c'est avec des étrangers, et ils ne sont pas bébés naissant. Alors, ils ont
déjà une conscience qui est quand même établie un peu, alors c'est un
apprentissage pour l'enfant. Puis c'est aussi un apprentissage pour les
parents. Alors, je pense que c'est excellent qu'eux, ils auront autant de temps
de congé, puis tellement nécessaire.
• (12 h 10) •
J'ai une de mes très proches amies qui a adopté
une petite fille de la Chine. Ça a pris un bon deux ans. Parce que, tu sais,
souvent ces enfants-là... Je ne vous demande pas nécessairement de faire ceci,
ce n'est pas le propos que je fais, mais ça a pris deux ans pour cette
enfant-là à vraiment s'intégrer comme il faut. Elle était mal nourrie de son
petit village. Alors, quand elle est venue ici, au Québec, bien, mon Dieu, elle
mangeait, mangeait, mangeait sans arrêt. Puis à avoir peut-être juste 10, 12,
15 semaines, 18 semaines de congé, elle n'aurait pas pu vraiment
comme parent accompagner cette enfant-là à comprendre qu'il n'y en aura jamais,
un manque de nourriture ici, que tu vas être bien entourée, on t'aime, puis tu
vas être vraiment correct. Alors, vraiment j'étais contente de voir ce
changement-là puis cet amendement qui s'en vient déjà.
Puis, en terminant de mes remarques
préliminaires, Mme la Présidente, je veux aussi remercier tous les groupes qui
ont nourri notre réflexion jusqu'à ce moment-ci. Parce que malheureusement je
n'ai pas été présente pour la commission avec tous les témoignages, puis je
regrette que c'est le cas. Mais j'étais contente de lire tous les mémoires puis
toutes les recommandations que les gens ont partagés. Surtout qu'il y en a
plusieurs... puis c'est à l'honneur du ministre, qu'il y en a plusieurs qui
sont favorables, mais qu'ils voient ça vraiment d'une façon que c'est un bon
départ. Alors, comment que nous pouvions le bonifier ensemble? Alors, je
remercie le ministre et son équipe aussi pour tout le travail, qui est investi
à produire un projet de loi. J'ai déposé mon premier projet de loi, Mme la
Présidente, le n° 599 contre la thérapie de
conversion, moi-même, alors je peux vous dire, je sais c'est quoi, le travail,
maintenant, à l'intérieur, le dépôt d'un projet de loi. Ça fait que c'est
vraiment apprécié, tout le travail du ministre ainsi que son équipe. Surtout...
Mme Maccarone : ...à produire
un projet de loi. J'ai déposé mon premier projet de loi, Mme la Présidente, le n° 599, contre la thérapie de conversion, moi-même, alors
je peux vous dire, je sais c'est quoi, le travail, maintenant, à l'intérieur,
le dépôt d'un projet de loi. Ça fait que c'est vraiment apprécié, tout le
travail du ministre ainsi que son équipe.
Surtout parce que les personnes qui sont
venues travailler aussi pour nous accompagner dans la présentation soit en commission
parlementaire ou dans leurs mémoires, ça... J'ai beaucoup appris, entre autres.
Parce qu'on n'est pas... on ne peut pas tout savoir, on ne peut pas tout
connaître, même pas les ministres, avec beaucoup de respect. Alors, en espérant
qu'on a tous appris quelque chose avec les présentations que les personnes,
elles ont pris le soin de faire, puis tout ce qu'elles ont préparé comme
mémoires. Parce qu'on sait que ça prend énormément de temps de faire ceci et énormément
de réflexion. Et ce que je peux dire, c'est que j'ai trouvé,
exceptionnellement, que c'était vraiment réfléchi, parce que c'est complexe.
Puis j'ai hâte à entendre le ministre faire sa présentation par rapport au
briefing, avec tout ce qui vient avec le côté financier, puis comment ça va
décaler, parce que... J'ose espérer que les gens qui ont déposé leurs mémoires
puis ceux qui sont venus témoigner vont être à l'écoute, parce que, probablement,
ça va être enrichissant pour eux aussi, parce qu'ils ont vraiment pris le temps
de nous aider dans notre réflexion.
Alors, sur ce, Mme la Présidente, je vous
remercie pour votre attention précieuse et celle de mes collègues, et j'ai hâte
à commencer à travailler ensemble. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres membres qui souhaiteraient faire des remarques
préliminaires? Alors, s'il n'y a pas d'autre membre, nous allons poursuivre.
S'il n'y a pas de motion préliminaire, nous allons continuer ou... si vous
voulez, nous allons continuer l'étude détaillée. Mais avant ça, je crois que,
M. le ministre, vous avez une demande à nous faire.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Bravo! hein, pour les présentations faites. Bien apprécié.
Avant de débuter, parce que le socle de
notre projet de loi a beaucoup de tentacules financiers, je ferais une
présentation, avec le consentement des oppositions, sur la situation financière
du Fonds d'assurance parentale<V. Je ne sais pas si on peut le présenter de
façon... Non, hein?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...peu, M. le ministre, on va demander si on a le consentement.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Officiellement, nous allons le demander.
M. Boulet : Et ça va durer à
peu près 10 minutes, puis...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est pour une durée de 10 minutes.
M. Boulet : À peu près, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Avons-nous consentement? Oui?
M. Derraji : ...si la
présentation est sur un support, nous aimerions la recevoir. Comme ça, ça va
nous permettre de suivre, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Boulet : Totalement. Alors,
c'est ce que nous allons faire. Est-ce qu'on peut l'acheminer rapidement? On
pourrait vous l'acheminer, puis ça me permettrait de faire la présentation.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous allez l'acheminer aux membres ou à la commission? À la commission?
D'accord. Est-ce que vous voulez que ça soit une distribution large, M. le
ministre...
M. Boulet : Ah! moi, je n'ai
aucun problème.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...ou un dépôt officiel pour une...
M. Boulet : Un dépôt officiel,
oui, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ah! d'accord. O.K.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...vous allez la (Interruption) aux membres ou à la commission? À la commission.
D'accord.
Est-ce que vous voulez que ça soit une
distribution large, M. le ministre?
M. Boulet : Ah! moi, je n'ai
aucun problème.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ou un dépôt officiel pour une...
M. Boulet : Un dépôt officiel,
oui, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Un accord. O.K. Alors...
M. Boulet : Pour les membres,
là, oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Pour les membres seulement. Juste... Juste une distribution, dans ce cas-là.
C'est beau.
On a le consentement, député
d'Hochelaga-Maisonneuve? Oui? D'accord. Est-ce que M. le ministre peut quand
même commencer. Et vous pouvez commencer puis vous aller recevoir le document
bientôt. C'est bien ça, Mme la secrétaire? Parfait.
Alors, vous pouvez commencer, M. le
ministre.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Sachez que je suis accompagné de l'actuaire qui a préparé le
document, Claudia Giguère, qui est actuaire au conseil de gestion, là. Si, dans
nos échanges ou dans les questions plus techniques, on a besoin d'aide, Claudia
saura nous épauler.
Donc, le document est divisé en six
parties. Je vais commencer par la première partie, qui concerne le financement
du RQAP. D'abord, c'est la Loi sur l'assurance parentale qui institue un fonds
d'assurance parentale, qui est ce qu'on appelle un patrimoine fiduciaire
d'utilité sociale. C'est un fonds autonome puis ses revenus proviennent...
c'est un fonds qui reçoit des cotisations et qui verse des prestations. Ça fait
que c'est les revenus et les dépenses.
Et donc, les cotisations des travailleurs
et des employeurs québécois servent aux paiements des prestations et, bien sûr,
des frais afférents. Le conseil de gestion de l'assurance parentale, c'est le
fiduciaire du fonds puis c'est lui, ce conseil-là, qui est responsable d'en
assurer l'équilibre financier. Il fixe le taux par règlement puis ces
règlements-là sont soumis à l'approbation du gouvernement, ce que nous avons
fait et vous avez témoigné de la façon dont se fait.
Les déficits du fonds, selon la loi, sont
résorbés dans un horizon d'environ cinq ans puis, en vertu de la loi, je l'ai
précisé d'ailleurs lors des consultations préliminaires, doivent servir à deux
choses : à diminuer les taux de cotisation ou à bonifier les prestations.
Les deux dernières baisses, vous les connaissez : 4 % le 1er
janvier 2019, 6 % le 1er janvier 2020 et ça, ça a généré des
économies de 103 millions de dollars pour les travailleurs et
131 millions pour les employeurs. Puis souvenez-vous que la cotisation,
elle est partagée 7/12 payée par les employeurs, 5/12 par les travailleurs. Il
y avait un groupe, d'ailleurs, qui nous a...
M. Boulet : ...ça, ça a généré
des économies de 103 millions de dollars pour les travailleurs et
131 millions pour les employeurs. Puis souvenez-vous que la cotisation,
elle est partagée 7/12 payée par les employeurs, 5/12 par les travailleurs. Il
y avait un groupe, d'ailleurs, qui nous a demandé que ce soit la parité, là,
que ce soit 50-50. Mais j'ai référé à l'entente qu'on avait avec Ottawa à
l'époque, en 2006, il y a une clause d'équivalence, puis on veut s'assurer que
le régime soit minimalement aussi généreux que ce qui est prévu dans la loi
fédérale sur l'assurance-emploi.
La page suivante, il y a un historique.
Vous allez voir l'évolution du fonds sur base de liquidité en millions de
dollars au 31 décembre et les variations des taux de cotisation de 2006 à
2020. Ça, je vous le laisse pour votre attention. Moi, je l'ai analysé. Vous
allez voir, par exemple, dans les trois dernières années, le taux de
cotisation, il y a eu une baisse de 2 %, de 4 % et de 6 %.
Donc, la page suivante, c'est la situation
financière du fonds. Et, selon les états financiers vérifiés au
31 décembre 2019, on a perçu 2,3 milliards de cotisations et on
a versé 2 070 000 000 de prestations. Les frais
d'administration : 39 millions de dollars. Donc, on a perçu...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...m'assurer que tout le monde a bien reçu le document. Vous l'avez?
• (12 h 50) •
Des voix
: ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, vous l'avez, député de Nelligan. Député d'Hochelaga-Maisonneuve,
l'avez-vous reçu? Parfait. Députée de Westmount—Saint-Louis, vous allez aller
le chercher? Parfait.
Des voix
: ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve, il l'a. Alors, je crois que tout le monde
l'a reçu. Vous pouvez poursuivre. Parce qu'il y a beaucoup de chiffres, alors
je me disais que c'était important que tout le monde ait le document.
M. Boulet : Bon, je pense
qu'au début c'était... je pense qu'on s'est bien compris. Donc, je suis à la
page après le graphique sur le...
Une voix
: ...
M. Boulet : C'est ça,
exactement. Selon les états financiers vérifiés, donc on a perçu
2,3 milliards de cotisations, on a versé 2 070 000 000 de
prestations, donc, et les frais d'administration de 39 millions, ce qui
fait un solde du fonds, toujours selon les états financiers vérifiés au
31 décembre 2019, sur base de liquidité à 415 millions de
dollars. Puis ce montant-là, c'est aussi ce dont j'avais déjà parlé, c'est ce
qui sert de marge pour fluctuation du fonds. L'objectif de cette marge-là,
c'est d'assurer la santé mais, d'abord et avant tout, la stabilité et la
prévisibilité des taux de cotisation. Puis la marge visée, elle se situe entre
10 % et 20 % des prestations à verser annuellement...
M. Boulet : ...du fonds. L'objectif
de cette marge-là, c'est d'assurer la santé, mais, d'abord et avant tout, la
stabilité et la prévisibilité des taux de cotisation. Puis la marge visée, elle
se situe entre 10 % et 20 % des prestations à verser, annuellement,
et on est dans cette bracket-là, là, entre 10 % et 20 %, quand on
regarde les chiffres que je viens de vous présenter.
La page suivante, le coût global des
mesures découlant du projet de loi n° 51 tel qu'il
est libellé, c'est estimé à 95 millions par année. Je vais le dire tout de
suite, parce que ce n'est pas dans le document, là, mais les mesures de flexibilité,
les revenus concurrents, 9,4 millions. La période de prestation
parentale, donc l'étalement de 52 à 78 semaines, c'est estimé à
29,6 millions. La période de prestation de maternité, donc on passe de 18
à 20 semaines, ça représente 2,4 millions. Pour le partage, pour le volet
partage, le partage des prestations parentales et d'adoption, ça, c'est le
quatre semaines additionnelles. Ça, évidemment, il y a des scénarios, là, mais
le scénario graduel, il a un coût, le quatre semaines, de 39,8 millions de
dollars. Il y a le quatre semaines, mais, au-delà de ça, la discussion entre le
papa et la maman ou le parent a puis le parent b peut avoir un effet
d'augmentation aussi du nombre de semaines de prestations parentales. C'est
tout ça qu'on a évalué et qui représente 39,8 millions. Les prestations
d'adoption exclusives et partageables, vous vous souvenez qu'avant notre projet
de loi, depuis 2006, il y avait 37 semaines pour les parents adoptants, puis là
on diminue à 32 semaines, mais on ajoute cinq semaines exclusives pour les deux
parents. Ça, on estime le coût à 1,5 million. La prestation d'accueil et
de soutien relative à une adoption, ça, c'est le 13 semaines que nous allons
tous, j'en suis convaincu, contribuer à établir et — j'allais dire
«embed» — à mettre dans notre loi, ça représente 4,3 millions de
dollars. Les naissances et adoptions multiples, 6,3 millions. Le décès de
l'enfant, donc la prolongation de la période de versement des prestations,
0,5 million. Les projets pilotes et autres, c'est technique, là, les affaires
de concordance et de transition, c'est peu, là, c'est à peu près
1,3 million. Ça nous donne une enveloppe globale de 95,1 millions. Les
actuaires nous diraient... Claudia, si je me trompe, tu me
reprends — ça peut être un peu plus bas, ça peut être un peu plus
haut, mais vous savez que l'actuariat est une science qui permet d'évaluer un
risque ou un impact monétaire, et moi, je me fie tellement...
M. Boulet : ..millions. Les
actuaires nous diraient... Claudia, si je me trompe, tu me reprends. Ça peut
être un peu plus bas, ça peut être un peu plus haut, mais vous savez que
l'actuariat est une science qui permet d'évaluer un risque ou un impact
monétaire, et moi, je me fie tellement à la façon de travailler de nos
actuaires.
Je reviens au document. Certaines mesures
sont susceptibles d'induire des changements de comportement — bon, je
pense, c'est ce que je viens de mentionner — qui sont plus difficiles
à anticiper. Donc, la prolongation de la période de prestations à
78 semaines, le temps additionnel octroyé aux parents, ça peut augmenter
la proportion des familles qui se prévalent de la totalité des prestations
auxquelles elles ont doit, et ça, il y a une estimation du coût annuel de
30 millions, mais le coût maximal possible, c'est 80 millions. Donc,
il y a une marge quand même assez importante. C'est pour ça que l'actuariat est
une science qui nous permet d'évaluer puis de tenir compte des risques.
Les semaines additionnelles, en cas de
partage suffisant des prestations parentales, ça, j'y référais dans nos
consultations préliminaires. L'avantage de la solution que nous proposons,
c'est qu'on anticipe un changement de comportement progressif dans le
temps : en 2021, 40 millions, en 2025, 61 millions. Donc, le
fait que les pères partagent plus, qu'on se rende aux 10 semaines, ça va
changer des comportements pour accéder à l'incitatif de quatre semaines, mais
plus on baisse le 10 semaines, plus il y a un impact qui peut être
différent et des coûts qui sont plus élevés aussi. Bon, les risques ont été
considérés afin de préserver la santé financière du fonds à long terme.
Je veux finir avant 1 heure parce que
Mme la présidente va m'arrêter. Les effets de la pandémie sur le fonds, bien,
il y a deux principaux effets. Vous l'avez deviné, bien sûr, une diminution des
cotisations. Les fermetures d'entreprise, les mises à pied, les licenciements
collectifs aussi, ça, ça a généré des pertes de cotisations de 80 millions
par rapport à ce que nous anticipions pour l'année 2020.
Les prestations versées, bien, il y a eu
une augmentation d'environ 35 millions, et l'hypothèse la plus probable,
c'est qu'il y ait une augmentation de la durée moyenne des prestations de
plusieurs parents qui pourraient bien sûr avoir perdu leur emploi pendant leur
congé parental. Ils auraient pu revenir, mais, tenant compte de la rupture du
lien d'emploi, ou de la mise à pied, ou du licenciement, ils ont continué leur
congé parental.
Le solde du fonds, au 31 décembre
cette année, devrait se situer à environ 300 millions, soit une perte de
200 millions par rapport aux prévisions. La marge pour
fluctuation — on avait parlé de 415 millions un peu plus
tôt — détenue en début d'année a permis d'absorber ces pertes sans
avoir recours à un emprunt. Un emprunt, vous vous souvenez, j'en avais parlé au
mois de mai. On...
M. Boulet : ...200 millions
par rapport aux prévisions. La marge pour fluctuations, on avait parlé de 415 millions,
un peu plus tôt, détenue en début d'année, a permis d'absorber ces pertes sans
avoir recours à un emprunt. Un emprunt, vous vous souvenez, j'en avais parlé au
mois de mai, on a négocié une marge de crédit avec Financement-Québec, de 500 millions,
mais on n'a pas eu à l'utiliser du tout.
Par la suite, vous avez les projections
financières du fonds dans le tableau suivant pour les années 2020 à 2023.
Le a, la courbe plus foncée, c'est la projection initiale. Ça, c'est les
projections du rapport actuariel au 31 décembre 2018, qui tenaient
compte, là, de la diminution du taux de cotisation de 6 % au 1er janvier 2020.
Donc, vous voyez la courbe qui est plus élevée. La deuxième bleue un peu plus
pâle, ça, ça tient compte des effets du projet de loi. Donc, vous voyez qu'on
conservait une santé financière du régime, selon moi, extrêmement intéressante.
Et enfin, la courbe c, c'est pour tenir compte à la fois du p.
l. n° 51 et des coûts réels et anticipés de la pandémie sur le fonds
jusqu'au 31 décembre 2021. Là, on ne peut pas aller plus loin
évidemment.
Donc, pour conclure, le Conseil de gestion
prépare annuellement une évaluation actuarielle présentant une projection des
entrées et des sorties sur cinq ans. C'est transmis à mon attention, en fait au
ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Puis le rapport
de cette année apportera une lecture plus actualisée des prévisions
financières, puis ça va se baser notamment sur la mise à jour économique que
nous anticipons tous bientôt, présentée par le gouvernement du Québec, les
données les plus récentes sur la progression de la fécondité et le comportement
de la clientèle du RQAP. Voilà, je pense que c'est extrêmement important puis
je pense qu'au fil du temps, «down the road» — Jessica, est-ce que
c'est correct? — on va avoir à revenir sur ces chiffres-là et se
donner des précisions additionnelles, puis, même si Claudia n'est pas tout le
temps là, n'hésitez pas à me poser des questions. Claudia sera certainement
disponible pour répondre à mes questions qui sont plus sophistiquées. Voilà.
Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, vous faites allusion à Mme Claudia. Je vais préciser. C'est
Mme Claudia Giguère, actuaire en chef au Conseil de gestion de l'assurance
parentale, c'est bien cela? Parfait.
Alors, écoutez, merci, M. le ministre. Ça
vous va? Alors, oui, vous aviez une question. Député de Nelligan.
M. Derraji : ...est-ce que
Mme Giguère, elle est là en après-midi?
M. Boulet : Claudia, est-ce
que tu es disponible? O.K. Si vous le souhaitez, bien oui.
M. Derraji : Oui, parce
qu'avec cette mise en place...
M. Boulet : Il n'y a rien
qu'on ne fait pas pour notre collègue de l'opposition officielle, hein...
M. Derraji : Non, mais, c'est
une excellente...
• (13 heures) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bon, je vous remercie. Donc...
13 h (version non révisée)
M. Derraji : ...est-ce que Mme
Giguère, elle est là en après-midi?
M. Boulet : Claudia, est-ce
que tu es disponible? O.K. Si vous le souhaitez, bien oui.
M. Derraji : Oui, parce
qu'avec cette mise en place...
M. Boulet : Il n'y a rien
qu'on ne fait pas pour notre collègue de l'opposition officielle.
M. Derraji : Non, mais, c'est
une excellente...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bon, je vous remercie. Donc...
M. Boulet : Pardon?
Une voix
:...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci pour votre belle collaboration.
Compte tenu de l'heure, nous suspendons
les travaux de la commission jusqu'à 15 heures. Bon dîner.
(Suspension de la séance à 13 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 4)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail
reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques. Je vous rappelle
que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de
loi n° 51, Loi visant principalement à améliorer la flexibilité du régime
d'assurance parentale afin de favoriser la conciliation travail-famille.
Lors de notre suspension de ce midi, nous
étions en discussion suite à une présentation du ministre. Alors, si vous êtes
d'accord, nous allons poursuivre… ou commencer l'échange sur cette
présentation-là. Alors, est-ce que c'est le député de Nelligan qui a une
première question pour le ministre, ou est-ce qu'il y a… Oui.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente, mes questions, c'est pour Mme Giguère, pour commencer son… donc si
vous le permettez.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui. Alors, est-ce qu'on a le consentement pour laisser la parole à Mme
Giguère? Parfait. Mme Giguère, je vous invite à bien vous présenter avant de
commencer à parler.
(Consultation)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, mais est-ce que… D'accord. Donc, on laisse poser la question d'abord, si
vous voulez, M. le ministre? D'accord. On va laisser poser la question du
député de Nelligan, et ensuite le ministre décidera. Merci. Merci, M. le
ministre.
M. Derraji : Aucun problème. Merci,
Mme la Présidente. Premièrement, merci pour la présentation. C'est très clair,
ça donne pas mal de chiffres et une vision claire par rapport à l'avenir. J'ai
une série de questions, mais je vais aller par bloc parce que, sinon, je ne
veux pas monopoliser tout seul la parole.
Vous avez dit, dans la page 4, «les
déficits du fonds doivent être résorbés sur un horizon d'environ cinq ans»,
c'est un constat de combien d'années de déficit, est-ce que c'est le déficit en
date d'aujourd'hui ou c'est un déficit prévisionnel, vu ce qu'on… juste pour me
mettre dans le contexte, ce déficit vient d'où?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre, est-ce que vous laissez la parole ou vous répondez?
M. Boulet : Premier élément de
réponse, puis après ça, Claudia, tu pourras y aller. Il y a eu quand même un
certain nombre d'années, je rappellerai à mon collègue la page suivante, il y a
l'évolution du solde du fonds sur une base de liquidités en millions de
dollars. Et on voyait, il y a des années, où il y avait beaucoup plus de
naissances, et donc ça exerçait des pressions sur le fonds…
M. Boulet : ...je
rappellerais à mon collègue... La page suivante, il y a l'évolution du solde du
fonds sur base de liquidités en millions de dollars. Et on voyait... il y a des
années où il y avait beaucoup plus de naissances, et donc ça exerçait des
pressions sur le fonds en termes de volume de prestations, puis les cotisations
n'étaient pas nécessairement les mêmes. Donc là, maintenant, depuis un certain
nombre d'années, on est en situation de surplus.
Ce que je comprends de la question, c'est
qu'on dit que les déficits doivent être résorbés sur un horizon d'environ cinq
ans. Ça, est-ce que ça a été mesuré... dans le fond, mesuré dans le temps?
M. Derraji : Non, ce
n'est pas ça, ma question. C'est que... On vient... À ce moment dans la
présentation, on dit : «Les déficits du fonds doivent être résorbés sur un
horizon d'environ cinq ans». Donc, il y a deux volets. Premier volet :
Est-ce qu'il y a des déficits maintenant qu'on doit résorber d'ici cinq ans? Ou
bien c'est seulement un énoncé que, s'il y a un déficit, le déficit, il est
échelonné sur cinq ans pour être résorbé? Juste pour... Je demande une
clarification. Ce n'est pas...
M. Boulet : O.K. Mais ça
me va. Mais on est en situation de surplus, comme je l'expliquais ce matin,
depuis un certain nombre d'années, puis on a même une marge pour fluctuations,
qui nous a permis, d'ailleurs, en raison... malgré la pandémie, de ne pas
utiliser la marge de crédit qu'on a négociée avec Financement-Québec, là. Mais
est-ce qu'il y a un autre élément de réponse, Claudia?
Mme Giguère (Claudia) :
Donc, je dois me présenter. Mon nom est Claudia Giguère. Je suis actuaire en
chef au Conseil de gestion de l'assurance parentale.
En fait, c'est... La deuxième réponse que
vous avez donnée, c'est hypothétique. S'il y avait un déficit dans le futur, il
faudrait qu'on prenne les moyens pour s'assurer de le résorber à l'intérieur
d'une période de cinq ans.
M. Derraji : Excellent. ...
donc je vais relancer avec une deuxième.
En date d'aujourd'hui, il n'y a pas de
déficit. Nous avons le contexte de la COVID qui impacte, selon vos prévisions,
on va arriver un peu plus tard.
Donc, si jamais il y a un déficit, vu le contexte
économique, et on sait que la pandémie, selon les prévisions qu'on a avec
l'arrivée d'un vaccin ou autre, on va dire au courant 2021‑2022, donc si jamais
le conseil de la gestion... de gestion enregistre un déficit, chose que je ne
vois pas dans vos calculs, même avec 51 en date d'aujourd'hui, il n'y aura pas
de déficit ni 2021 ni 2022, malgré le contexte de la COVID.
Donc, admettons le cas, on est beaucoup
plus gourmands que ce que le 51 propose aujourd'hui, ça veut dire... pas la
pression, mais la marge diminue entre ce qu'on a présentement et ce qu'on veut
rajouter comme demande pour le régime, la loi permet au régime d'atteindre ou
de résorber le déficit sur cinq ans. Est-ce que j'ai bien compris...
M. Boulet : ...Oui. Tout à
fait. Mais là, je ne comprends pas bien la question. Désolé, hein?
M. Derraji : Je vais être
beaucoup plus clair, parce que vous avez insisté à ce qu'on ait cette
présentation, que je trouve extrêmement pertinente...
M. Boulet : ...Oui. Tout à fait.
Mais là je ne comprends pas bien la question. Désolé, là.
M. Derraji : Je vais être beaucoup
plus clair. Parce que vous avez insisté à ce qu'on ait cette présentation, que
je trouve extrêmement pertinente. Donc, nous sommes... En fait, je veux savoir,
avant qu'on débute l'étude article par article, c'est quoi les marges de
manoeuvre que nous avons. Le fonds fonctionne bien. La preuve que le fonds
fonctionne bien quand même, c'est qu'on s'est même permis d'avoir les
réductions. Et on les voit, les réductions, moins 4 %, moins 6 %.
Moi, ma question, c'est pour se projeter dans l'avenir. Parce que je veux qu'on
élimine... ou bien je vais mettre une hypothèse nulle en date d'aujourd'hui,
maintenant, avant le début de l'étude de l'article par article, que je n'ai pas
une marge de manoeuvre ou bien j'ai une marge de manoeuvre avec une certaine
limite, et, si j'ai une marge de manoeuvre qui va affecter le résultat net du
conseil de gestion, on peut avoir une hypothèse par rapport à ce qu'on va avoir
comme impact, et, même si on a un déficit, bien, le fonds se donne quand même
cinq ans pour atteindre son objectif. En fait, je veux qu'on cadre jusqu'à quel
point on veut aller dans le déficit si jamais il y a un déficit. Là, j'ai
compris, c'est cinq ans. C'est ça, ma question. Alors, je ne sais pas si c'est
plus clair ou pas.
• (15 h 10) •
M. Boulet : Oui. Comme on
mentionnait, la loi nous impose soit d'améliorer le régime ou de baisser le
taux de cotisation. Ce que je disais ce matin, c'est que le solde du fonds, ce
qu'on prévoit au 31 décembre 2020, devrait se situer à environ
300 millions, donc la perte de 200 millions associée à la pandémie,
et ce qui est venu avoir un impact sur la marge pour fluctuation qui nous a
permis de ne pas aller dans la marge de crédit.
Donc, en gros, le coût des améliorations,
on l'évalue à 95,1 millions de dollars, ce qui est dans le projet de loi
n° 51. Donc, on a encore la capacité de le faire. C'est ce que je dis. Mais
évidemment, tout n'étant pas une science exacte, c'est fondé sur des scénarios
ou des hypothèses comme les actuaires le font, donc on a la capacité
actuellement de bonifier selon ce qui est contenu dans le p.l. n° 51 sans affecter considérablement la santé financière du
régime.
Mais, s'il y avait d'autres types de
bonification, il faudrait mesurer les estimations et les impacts réels sur la
santé financière du fonds. Ce que je veux dire, c'est qu'avec ce qu'il y a dans
le p.l. n° 51 on est corrects. Mais, s'il y
avait des bonifications additionnelles ou s'il y avait des bonifications
amendées, ça pourrait avoir un impact sur la santé financière mais dépendamment
des paramètres de ce que nous allons discuter et convenir au sein de notre...
M. Boulet : ...avec ce qu'il y
a dans le p.l. n° 51, on est correct. Mais s'il y avait
des bonifications additionnelles ou s'il y avait des bonifications amendées, ça
pourrait avoir un impact sur la santé financière, mais dépendamment des
paramètres de ce que nous allons discuter et convenir au sein de notre commission
parlementaire.
Mais c'est sûr qu'il ne doit pas, à mon
avis, y avoir d'impact négatif sur le taux de cotisation. Parce que c'est sûr
qu'il y en a qui pourraient nous dire : Ne faites que baisser le taux de cotisation.
Je me souviens, dans les discussions embryonnaires que nous avions avec les
membres du conseil de gestion et avec Mme Thériault, on a essayé de trouver un
bon équilibre. Je pense que le marché du travail et la conciliation
famille-travail nous imposaient d'améliorer le RQAP. Même s'il était
progressiste, même s'il était un régime dont on pouvait être fier, il fallait, à
notre avis, trouver un bon équilibre entre les deux. Mais on a certainement la
bonne marge de manoeuvre pour faire ce qu'il y a dans le projet de loi n° 51, mais on ne peut pas aller bien au-delà de ça. En
gros, c'est ça.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Si vous acceptez... Député de Nelligan, c'est terminé? Je laisserais la
parole à... Vous n'avez pas terminé? On y va en alternance ou... c'est sur le
même point?
M. Derraji : Oui, sur le même
point, mais je...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y, dans ce cas-là, puis après, ce sera au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Derraji : Ça va être la
dernière, ne vous inquiétez pas.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci.
M. Derraji : Vous avez bien
répondu. Et c'est cette marge, moi, que je veux savoir, parce que je sais que
vous avez tout calculé, que les mesures que vous ramenez dans le p.l. n° 51, en date d'aujourd'hui, avant les amendements, ou nos
propositions, ou bonifications, c'est dans les 95 millions. Maintenant, s'il
y a d'autres scénarios, bien, nous aimerions les avoir, donc...
M. Boulet : Bien, il y a des
scénarios qui sont évolutifs dans le temps, tu sais. Là, on est en contexte de
seconde vague, on pouvait anticiper des licenciements collectifs cet automne,
et donc je ne sais pas quel sera l'impact sur l'économie. Tu sais, c'est sûr
que si on pouvait se projeter dans l'avenir, dans x mois, on pourrait avoir une
idée beaucoup plus claire. Mais en date d'aujourd'hui, si on me disait :
Ce n'est pas 95,1 millions de bonifications qu'on veut, c'est 128 millions,
il faudrait certainement mesurer l'impact sur... C'est sûr qu'il y aurait une
incidence négative sur la santé financière du fonds. Je pense qu'on a une marge
de manoeuvre pour bien faire ce qu'on a dans le projet de loi, mais aller
au-delà de ça, il faudrait faire des calculs puis il faudrait se servir des
sciences actuarielles pour déterminer quel serait l'impact dans l'avenir. Parce
que le solde du fonds, au 31 décembre 2020, il est quand même assez clair, là,
300 millions. Ça fait qu'on est encore en contexte de surplus.
M. Derraji : C'est ça. Je peux
revenir après.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est beau? Merci. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous avez des questions...
M. Boulet : ...parce que le
solde du fonds au 31 décembre 2020, il est quand même assez clair,
là, 300 millions. Ça fait qu'on est encore en contexte de surplus.
M. Derraji : C'est ça. Je vais
revenir après.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...Merci. Alors, député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous avez des questions.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Première question, j'imagine que ça existe, ces chiffres-là,
combien c'est évalué, le prix d'une semaine de congé paternel à taux de
remplacement de revenu de 75 % si je ne me trompe pas et une semaine de
congé parental à 55 %?
M. Boulet : Là, je ne suis pas
en mesure de répondre. Claudia?
Mme Giguère (Claudia) : Oui.
Une semaine de congé de paternité additionnelle, c'est environ 48 millions
par année. Puis une semaine de congé parental, c'est 37 millions.
M. Leduc : 37?
Mme Giguère (Claudia) : Oui.
M. Boulet : C'est exactement
ce que nous avions discuté avec vous trois à la fin de la dernière consultation
que nous avions faite en commission parlementaire. Le coût d'une semaine de
paternité additionnelle, c'est estimé à 48 millions, comme Claudia vient
de le mentionner. C'est quand même...
M. Leduc : Oui, c'est une bonne
somme. Pour arriver à ce chiffre-là, vous vous basez, j'imagine, sur le taux
d'utilisation des dernières années ou de l'année dernière. Comment vous arrivez
à ce chiffre-là? Pouvez-vous nous expliquer grosso modo?
Mme Giguère (Claudia) : Oui,
en fait, c'est vraiment ça, c'est basé sur l'expérience du régime qui est quand
même assez stable depuis plusieurs années. Puis les pères, en moyenne, les 60 000 pères
qui participent au RQAP, presque... prennent la quasi-totalité des prestations,
donc cinq semaines sur cinq en moyenne au régime de base, puis 2,9 sur trois au
régime particulier, donc c'est très près du 100 % d'utilisation.
M. Leduc : 2,9 sur trois pour
le...
Mme Giguère (Claudia) :
Semaines pour le régime plus court qui accorde seulement trois semaines de
paternité.
M. Leduc : Si je suis donc
cette logique-là, pour arriver dans la mesure du 10-10 partagés plus quatre,
quand vous dites : On anticipe un changement à la diapositive 7, on
anticipe un changement de comportement progressif, il faut estimer 2021, donc
l'an prochain, 40 millions, 2025, 61 millions, donc vous projetez
qu'elle va gagner en popularité, cette mesure-là, mais donc, concentrons
peut-être sur 2021, sur le 40 millions. On se base sur une projection
d'utilisation de combien de personnes?
Mme Giguère (Claudia) : En
fait, c'est qu'on suppose que la première année, comme on disait, ça allait
être progressif. Donc, la première année, ça va être surtout des familles qui
avaient déjà tendance à partager le congé mais qui... on a supposé, qui
allaient tenter d'optimiser ce partage-là pour avoir droit au bonus, donc, de
quatre semaines. Donc, ça implique que le père augmente ses semaines, parce
qu'en moyenne il y a quand même plus de la moitié des pères qui prennent déjà
du parental qui prennent moins de... qui prennent quatre semaines ou moins, là.
Donc, il y a quand même un mouvement nécessaire pour atteindre le
10 semaines. Donc, on suppose qu'il y a 10 000 familles qui
partagent déjà puis qui ne se qualifieraient pas mais qui vont faire l'effort
additionnel pour avoir droit à ce mois additionnel là de prestations. Ça, c'est
pour les coûts de la première année.
M. Leduc : Ce
10 000 familles là, si on le traduisait en...
Mme Giguère (Claudia) :
...prennent quatre semaines ou moins, là. Donc, il y a quand même un mouvement nécessaire
pour atteindre le 10 semaines. Donc, on suppose qu'il y a
10 000 familles qui partagent déjà puis qui ne se qualifieraient pas
mais qui vont faire l'effort additionnel pour avoir droit à ce mois additionnel
là de prestations. Ça, c'est pour les coûts de la première année.
M. Leduc : Ce
10 000 familles là, si on le traduisait en pourcentage, ça donnerait
combien?
Mme Giguère (Claudia) : Dans
le fond, c'est 10 000 qui s'ajoutent aux 3 000 qui partagent déjà
assez. Donc, ça fait 13 000 familles sur un potentiel d'à peu près
50 000, 51 000 familles où les deux parents sont déjà
admissibles aux prestations, parce que, pour partager, il faut que les deux
soient admissibles.
M. Leduc : ...quand on parle,
mettons, d'un taux d'utilisation, puis, si je reviens aux semaines paternelles,
quand on est dans les 80 % à peu près, là, si je me rappelle bien, ou...
Mme Giguère (Claudia) : C'est
70 % des pères qui prennent des prestations, oui.
M. Leduc : 70 %. Donc, on
parle de 70 % de 50 000, 51 000 familles ici ou, là, vu
qu'on parle des pères, c'est un peu moins?
Mme Giguère (Claudia) : Bien,
c'est deux choses. Parce que, dans le paternité, on a plus de pères. Les
pères... Le 70 %, dans le fond, c'est qu'on a sept pères, sept nouveaux
pères sur 10 par année qui vont venir au RQAP prendre au moins une semaine de
prestations. Donc, le 70 %, c'est ça, puis ils ont tendance à prendre
quand même, généralement, toutes leurs semaines de paternité, comme on disait
tout à l'heure, mais on en a très peu qui... On a en environ... Ça dépend, là,
parce qu'il y a des pères seuls, la mère n'est pas admissible, ils ont tendance
à en prendre plus, des prestations parentales, puis on en a que, quand la mère
est là, en moyenne, ils prennent six ou sept semaines quand ils prennent des
prestations parentales.
• (15 h 20) •
M. Leduc : Puis, comme cette
mesure-là, l'objectif, c'est une meilleure présence du père, est-ce que, là,
quand vous fournissez des chiffres, mettons, 50 000, 51 000 familles,
10 000 familles, vous estimez qu'au début vont utiliser cette
mesure-là, avez-vous une analyse plus fine sur pères, mères, comment ça va se
reproduire, etc.?
Mme Giguère (Claudia) : Ce
qu'on a supposé, c'est que les... Ces 13 000... bien, les 10 000 qui
ne partageaient pas dans la bonne proportion pour avoir droit aux prestations
additionnelles vont faire l'effort. Donc, la plupart, c'est des pères qui en
prenaient moins que 10, qui vont devoir augmenter leurs prestations. Donc, la
mère va en prendre un peu moins, donc ça va réduire l'écart puis ça va les
qualifier à prendre les quatre semaines additionnelles. Donc, le père, au
total, par exemple au régime de base, ça veut dire qu'il prendrait ses cinq
semaines de paternité plus 10 semaines de prestations parentales pour un
total de 15.
M. Leduc : Je ne suis
évidemment pas un actuaire, mais j'avais comme une intuition, puis vous me
corrigerez si elle est erronée, mais que cette idée-là, donc, de proposer le
partage pour obtenir plus de semaines, est-ce que j'ai raison de supposer qu'à
la fin de la journée, si cette mesure-là est très populaire, nécessairement, en
chiffres absolus, les femmes utiliseront moins de semaines?
M. Boulet : Là-dessus, bien,
deux commentaires. L'estimation du coût d'une semaine de paternité
additionnelle, c'est beaucoup plus près de la réalité, donc c'est plus précis,
alors que l'impact de ce que nous proposons, il est beaucoup plus estimatif. Il
tient compte d'hypothèses de participation des deux parents qui utiliseraient,
chacun de leur côté, 10 semaines pour avoir accès aux quatre semaines
additionnelles. Et, comme Claudia l'a dit, c'est sûr qu'ultimement la mère en
prendrait un peu moins, mais ça, ça vise...
M. Boulet : ...il est beaucoup
plus estimatif, il tient compte d'hypothèses de participation des deux parents,
qui utiliseraient, chacun de leur côté, 10 semaines pour avoir accès aux quatre
semaines additionnelles. Et comme Claudia l'a dit, c'est sûr qu'ultimement la
mère en prendrait en peu moins, mais ça, ça vise aussi à combattre, je
rappellerais à mon collègue, la perception que ça appartient à la mère, ce qui
est partageable dans le parental. Ça fait que ça tient compte beaucoup de
cette approche-là ou de cette philosophie qui est à la base de notre mesure
incitative. On veut que les deux parents discutent, conviennent et partagent.
Ça fait que ça, ça incite le père à s'investir dans la sphère familiale et ça
incite les deux parents à bénéficier... à dialoguer, s'entendre puis prendre du
parental partageable de manière à bénéficier de l'incitatif additionnel.
Mais ce n'est pas, selon moi, là, ceci dit
avec respect, ce n'est pas pour se faire au détriment de la mère, ce n'est pas
pour enlever des semaines à la mère, c'est pour combattre cette perception-là.
Parce que les mères, les jeunes
mères me le disaient souvent : Jean, tout le
monde a l'impression que le parental partageable, c'est juste nous autres. Ce
n'est pas le cas. Donc, d'où la valeur additionnelle, selon moi, que les
chiffres confèrent à notre approche que c'est vraiment un incitatif qui
bénéficie au père autant qu'à la mère.
M. Lefebvre : Moi, j'ai bien
hâte d'avoir le débat politique, le débat de fond.
M. Boulet : Bien, c'est parce
que la question...
M. Leduc : Ma question, elle
est statistique, pour évidemment alimenter le débat politique
M. Boulet : Ah! Elle était
politique aussi.
M. Leduc : Bien oui, d'accord,
mais on peut-u au moins discuter en ayant tous les mêmes chiffres? Puis là, je
cherche à valider, est-ce que mon intuition statistique est la bonne. Elle ne
l'est peut-être pas, puis j'aimerais ça qu'on me l'explique. Là, vous m'avez
offert une réponse politique, puis c'est bien, puis on en débattra, puis on en
a déjà débattu, puis on va en débattre encore. Mais est-ce que j'ai raison de
croire mon intuition qui me dit que si, dans votre votre progression, là, vous
arrivez, mettons, en 2025, avec 61 millions du coût, dans ce modèle-là que
vous avez calculé, que vous avez prévu, est-ce que, dans ce modèle-là, en 2025,
au final, les femmes utilisent moins de semaines qu'en ce moment?
M. Boulet : C'est une
intuition qui est mathématique, puis forcément, si on incite les deux parties à
prendre un minimum de 10 semaines et qu'actuellement dans le modèle
familial de l'exemple qu'on utiliserait où c'est la mère qui prend toutes les
semaines parentales partageables, forcément, elle va en prendre moins, mais au
bénéfice de la famille dans son ensemble et au bénéfice de l'enfant qui va
avoir plus de temps consacré par le papa puis par la mère, qui va avoir plus de
temps à consacrer peut-être pour un retour progressif au travail ou pour un
travail à temps partiel, et mesure qui va contribuer à combattre la philosophie
ou la perception que le parental partageable, c'est uniquement à la mère. C'est
pour ça que je veux répondre à ça, parce que c'est forcément mathématique. Si
on partage puis qu'actuellement la mère...
M. Boulet : ...ou pour un
travail à temps partiel et, mesure qui va contribuer à combattre la philosophie
ou la perception que le parental partageable, c'est uniquement à la mère. C'est
pour ça que je veux répondre à ça, parce que c'est forcément mathématique. Si
on partage, puis qu'actuellement la mère prend tout, forcément, elle va en
prendre moins. Ceci dit...
M. Leduc : Donc, vous
confirmez mon intuition statistique.
M. Boulet : Je confirme...
M. Leduc : Mais mon cours de
statistique de cégep n'était peut-être pas si inutile.
M. Boulet : Je ne sais pas
c'est quoi, l'intuition. Je ne veux pas que... L'intuition que j'ai déjà
entendue, c'est que ça va se faire au détriment...
M. Leduc : Bien, je n'ai pas
utilisé ce mot-là M. le ministre.
M. Boulet : O.K. Donc... Mais,
l'intuition, je la partage. En fait, c'est plus qu'une intuition, c'est
forcément une réalité.
M. Leduc : D'accord. Donc...
M. Boulet : Elle est d'accord.
C'est ce qu'elle... Et c'est mathématique, c'est mathématique.
M. Leduc : Parfait. Maintenant
que vous me confirmez que j'ai mis le doigt sur quelque chose, je m'en voudrais
de ne pas...
M. Boulet : Ah! on avait mis
tous nos doigts dessus, nous autres aussi.
M. Leduc : Oui, mais, jusqu'à aujourd'hui,
on ne me l'avait pas encore confirmé et là on me le confirme.
M. Boulet : Je le confirme.
M. Leduc : Ça va faciliter
notre débat tantôt, je crois. Et donc, pour aller au bout de cette logique-là,
si, en effet, vous me confirmez l'intuition statistique que les femmes
utiliseront moins de semaines à la fin du cycle de progression, en 2025,
avez-vous calculé combien de semaines seront moins utilisées qu'en ce moment? Une,
deux, trois, cinq?
M. Boulet : C'est variable,
là. C'est...
M. Leduc : Alors, rendu en
2025...
M. Boulet : Puis même à la
première semaine... La question qu'il pose, si je comprends bien, c'est :
Combien de semaines les mères vont utiliser de moins...
M. Leduc : Qu'en ce moment, aujourd'hui.
M. Boulet : ...pour pouvoir
partager 10-10 et avoir accès à l'incitatif de quatre semaines?
M. Leduc : Rendu en 2025.
Mme Giguère (Claudia) : En
moyenne globale de toutes les mères ou... Là, je n'ai pas le chiffre, ce
chiffre-là. Il faudrait que je vous revienne pour le... globalement, mais c'est
ça...
M. Boulet : Bien, je trouve
que la question est pertinente. Dans le fond, ça serait de savoir le
pourcentage des mères qui prennent tout puis qui auraient à prendre moins de
semaines en tenant compte que le père participe à la sphère familiale. On
pourrait l'avoir dans le temps. C'est un calcul qui est fin.
M. Leduc : Bien, vous l'avez nécessairement.
Si vous avez chiffré 61 millions pour 2025, vous l'avez nécessairement, ce
chiffre-là.
M. Boulet : Le calcul.
Mme Giguère (Claudia) : C'est
juste une affaire de modèle de calcul, mais, oui, il y a
36 000 femmes présentement qui sont exactement dans ce schéma-là, là.
La femme prend tout le parental, papa prend le paternité. Donc, ces femmes-là
prendraient 10 semaines de moins, puis, les semaines additionnelles, peut-être
qu'elles les prendraient. Donc... à moins six.
M. Boulet : Puis là Claudia...
Oui, puis, il y en a... Au-delà des 36 000, il y en a dont les pères
prennent une semaine ou deux semaines, tu sais, puis, en moyenne, ils prennent
huit à neuf semaines, les pères. Ça fait qu'ils prennent le cinq semaines de
paternité puis...
Une voix
: ...
M. Boulet : C'est sept, c'est
sept. Il me semble, j'avais dit : Huit, neuf.
Mme Giguère (Claudia) : Bien,
ça dépend. Vous avez raison. Le neuf, c'est quand on regarde vraiment
globalement, tous régimes confondus, incluant le paternité, incluant les pères
seuls au dossier.
M. Boulet : Incluant le
paternité.
M. Leduc : Je comprends.
Parfait. Bien, je serais curieux, si vous êtes capables de nous trouver le...
dans votre modèle, le chiffre, en moyenne, de personnes qui... combien de
semaines de moins sont utilisées par les femmes.
M. Boulet : Il a un intérêt
actuariel, mon collègue. Mais, oui, tout à fait, moi, je suis d'accord à ce
qu'on partage l'info.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
...Mme la Présidente. C'est vraiment très intéressant, très informatif, puis
moi, je remercie le ministre...
M. Leduc : ...combien de
semaines de moins sont utilisées par les femmes.
M. Boulet : Il y a un intérêt
actuariel, mon collègue. Mais oui, tout à fait. Moi, je suis d'accord à ce
qu'on partage.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est vraiment intéressant, très informatif,
puis moi, je remercie le ministre d'avoir mis ça au jeu en partant, là. Vous
avez dit qu'il y avait 36 000 juste pour... là, c'est vraiment... je
vais le mettre comme ça, on vit des nouvelles réalités. Donc, vous avez dit
qu'il y avait 36 000 femmes qui, dans le fond, prenaient l'ensemble
du parental sur... il y a à peu près 80 quelques mille naissances par année. Ça
ne veut pas dire qu'il y a pour tous un congé parental, mais sur combien de femmes
au total?
Mme Giguère (Claudia) : Ça
dépend. Là, je parlais plus dans un pattern où le père également est
admissible. Parce que c'est sûr qu'en plus de ces 36 000 mères, là,
il y en a d'autres qui prennent le parental à elles seules parce qu'elles sont
seules puis le père n'en prend pas.
Mme
Hivon
: Oui.
Mais j'aime votre logique, là, quand le père est admissible aussi, quand ça se
pose comme vraie question, disons.
Mme Giguère (Claudia) : Oui.
Donc, on en a 30 000, puis vous vouliez savoir...
Mme
Hivon
: Oui,
sur combien de femmes?
Mme Giguère (Claudia) :
Sur... en fait... Attendez un petit peu, là, il faut le calculer.
Mme
Hivon
: De
savoir, mettons, c'est quoi la proportion de...
Mme Giguère (Claudia) : On a
66 000 femmes par année, mais là sur celles qui sont en couple, là,
je vais juste... C'est environ 50 000, 51 000.
Mme
Hivon
:
O.K., parfait. Puis tantôt — c'est juste vraiment, là, pour qu'on ait
la base la plus claire possible — vous avez dit qu'en ce moment il y
a environ 3 000 familles qui partagent déjà les semaines du parental.
Mme Giguère (Claudia) : Qui
partagent déjà à hauteur de 10 chacun.
Mme
Hivon
:
Exact, à la hauteur de, alors qu'il y en aurait combien qui partagent déjà un
certain nombre mais pas nécessairement à la hauteur de 10?
Mme Giguère (Claudia) :
Environ 10 000.
Mme
Hivon
:
O.K., parfait. Puis votre projection... Parce que le 10 000, je pensais
que c'était votre projection avec la nouvelle mesure qui incite à partager.
Mais votre projection, c'est combien de familles?
Mme Giguère (Claudia) : Pour
l'année 1, ce serait environ 13 000 familles qui se
qualifieraient.
Mme
Hivon
:
13 000, donc 3 000 de plus que maintenant qui est votre estimé qui...
En fait, c'est plus que ça, mais il y en aurait donc 10 000 de plus que
maintenant qui prendraient le 10-10.
Mme Giguère (Claudia) : Oui,
exactement.
Mme
Hivon
:
O.K., parfait. Ça, c'est bon. Puis... En fait, c'est qu'il y a deux fois le
chiffre 10 000, c'est ça que je comprends? Il y en aurait 10 000
de plus qui prendraient 10 semaines, qui partageraient vraiment 10-10?
Est-ce que...
Mme Giguère (Claudia) : Bien,
dans l'année 1, c'étaient des gens... le 10 000, c'est vraiment des
familles qui partageaient déjà, mais pas à encore assez pour se qualifier.
Mme
Hivon
: Pas
la hauteur de 10-10.
Mme Giguère (Claudia) : C'est
ça, c'est le seul 10 000.
Mme
Hivon
: O.K.
• (15 h 30) •
Mme Giguère (Claudia) : C'est
ça. Puis il y avait le 3 000 qu'ils partageaient déjà assez pour se
qualifier. Donc, ils n'ont pas un effort additionnel à faire. Donc, à
l'année 1, on suppose que les deux vont s'additionner. Donc, on a
10 000 familles qui vont faire l'effort additionnel parce qu'ils
étaient déjà ouverts au partage. Donc...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Giguère (Claudia) : ...pour
se qualifier, c'est le seul 10 000 $.
Mme
Hivon
:
O.K.
Mme Giguère (Claudia) :
C'est ça. Puis il y avait le 3 000 $ qu'ils partageaient déjà assez
pour se qualifier. Donc, ils n'ont pas un effort additionnel à faire. Donc, à
l'année 1, on suppose que les deux vont s'additionner. Donc, on a
10 000 familles qui vont faire l'effort additionnel parce qu'ils
étaient déjà ouverts au partage. Donc le père, souvent, c'était celui qui
partageait le moins dans les deux, là. Il va augmenter. On a supposé qu'il
allait augmenter suffisamment pour atteindre le 10 semaines. Donc, ces
10 000 familles-là s'ajouteraient aux 3 000 déjà qualifiées à
l'année 1. Donc, on aurait vraiment 13 000 familles, puis c'est
ça qui génère le coût de 40 millions pour l'année 1.
Mme
Hivon
:
Donc, excusez, là, peut-être que vous trouvez qu'on est vraiment dans le
technique, mais c'est parce qu'on va en discuter pas mal, je pense, de cette
question-là. Ça fait que...
M. Boulet : C'est super
pertinent.
Mme
Hivon
:
Donc, on part du... On part du 3 000 qui partagent 10-10, qui est un très
petit nombre en ce moment, à, si j'ai bien compris, vous me dites qu'il y en a
environ 10 000 qui partagent, mais inéquitablement. Peut-être le père
prend deux du parental, tout ça. Puis là, vous nous dites, on va... on estime
qu'on va en avoir 10 000 qui vont partager 10-10 si on crée l'incitatif.
C'est bien bien ça?
Mme Giguère (Claudia) :
Hum-hum, oui.
Mme
Hivon
:
Puis vous les prenez essentiellement dans celles qui déjà ont commencé à
partager puis vous en ajoutez un petit peu. Un 3 000 $ en gros.
Mme Giguère (Claudia) :
Oui, les prochaines années, c'est ça. Puis comme on disait, là, c'est
progressif. Donc, dans nos coûts pour les années subséquentes, on suppose une augmentation.
Mme
Hivon
:
Parfait. Ça, c'est une hypothèse qui est faite sur la base de quelle recherche scientifique
sur l'effet d'un boni sur la volonté de partager parce que le regroupement des
pères pour la valorisation des... bien, le Regroupement pour la valorisation de
la paternité, lui, il avait l'air à penser que les choses resteraient à peu
près stables parce que déjà on voit que, la réalité, c'est que les pères
prennent peu du parental, puis donc il militait — puis ça, c'est
l'aspect plus politique, là — pour le congé de paternité en propre.
Mais, vous, pour penser que cet ajout-là va changer les comportements, c'est
peut-être plus politique ou actuariel, je ne sais pas, mais sur quoi vous vous
basez?
Mme Giguère (Claudia) :
Je peux répondre pour l'hypothèse.
Mme
Hivon
:
Oui.
Mme Giguère (Claudia) :
Pour l'hypothèse, on voit déjà les tendances de fond, puis on est beaucoup basé
sur notre... l'expérience du régime, là, puis c'est... les tendances de fond,
on voit qu'il y a peut-être une petite tendance, mais elle est lente à
l'augmentation des... bien, du nombre de pères qui prennent qui prennent des
prestations parentales, puis l'augmentation du nombre de familles qui décident
de partager aussi le congé, là.
Mme
Hivon
:
O.K.
Mme Giguère (Claudia) :
Puis donc jumelé à une mesure incitative, on s'attend à ce que ça augmente le
nombre.
M. Boulet : Puis juste un
commentaire additionnel, c'est pour ça qu'on plaidait en faveur de la
progressivité de notre mesure, alors que l'ajout d'une semaine de paternité, il
y a une incidence qui est précise, qui est directe et qui facilement
calculable, et qui est estimée à 48 millions. Donc, je pense qu'on atteint
le même objectif, mais graduellement dans le temps.
Mme
Hivon
:
Bien, il y a un enjeu de coûts, là. Ça, je pense qu'on le voit tous, là.
M. Boulet : Bien, oui.
Mme
Hivon
:
Puis juste pour être certaine, moi, j'étais sous l'impression qu'il y avait
80 % des pères, il me semble que c'est un chiffre qu'on a entendu beaucoup,
qui prenaient le congé de paternité. Là, tantôt, vous avez dit 70 %, mais
j'ai peut-être mal compris, 70 % des pères prennent...
Mme
Hivon
:
...bien, il y a un enjeu de coûts, là. Ça, je pense qu'on le voit tous, là.
Puis juste pour être certaine, moi,
j'étais sous l'impression qu'il y avait 80 % des pères... il me semble que
c'est un chiffre qu'on a entendu beaucoup... qui prenaient le congé de
paternité. Là, tantôt, vous avez dit 70 %, mais j'ai peut-être mal
compris, 70 % des pères prennent...
Mme Giguère (Claudia) : Oui.
Bien, c'est parce que le chiffre de 80 % a déjà circulé, vous avez raison
de l'avoir déjà entendu. C'est quand on prend nos familles admissibles au RQAP.
Donc, chaque année, on a environ 84 000 naissances, puis on en a à peu
près 74 000, 75 000 qui vont donner lieu à des prestations à au moins
un des deux parents. Puis quand on regarde seulement ces familles admissibles
là puis qu'on les sépare en sous-groupes, le sous-groupe qui inclut le père, et
le père et la mère, là, dans le fond, c'est 80 %.
Mme
Hivon
:
Quand les deux sont admissibles.
Mme Giguère (Claudia) : C'est
ça. Bien, les deux admissibles ou le père seul. Ensemble, là...
Mme
Hivon
:
Parfait.
Mme Giguère (Claudia) :
...ces deux sous-groupes là ensemble, ça donne 80 % des naissances
couvertes par le RQAP.
Mme
Hivon
:
D'accord.
Mme Giguère (Claudia) : Mais
si on le rapporte sur les naissances totales au Québec, là, ça donne 70 %,
d'où les deux chiffres.
Mme
Hivon
: O.K.
Excellent, très limpide, vous m'avez éclairé ça.
Moi, je voulais juste, en terminant, la
fiche qui est sur les projections financières du fond 2020-2023. Donc, si
toutes choses demeuraient égales en 2023, on aurait un surplus de
814 millions. Si on fait exactement ce qui est proposé comme mesure, on
aurait un surplus de 536 millions. Mais là vous nous arrivez avec votre
courbe c, correspondant à la courbe a, ajustée pour tenir compte à la fois des
coûts projetés du p.l. n° 51 et des effets réels et
anticipés de la pandémie sur le fonds jusqu'au 31 décembre 2001. En avez-vous
parlé ce matin, de ça?
M. Boulet : Oui, oui.
Mme
Hivon
: O.K.
Excusez-moi si...
M. Boulet : En fait, la
pandémie a eu un impact important sur le fonds parce qu'il y a eu une baisse de
cotisations, en raison des mises à pied, des licenciements, des fermetures
d'entreprises, et une augmentation des prestations. On a une autre fiche où a
les chiffres plus précis en termes de... Regarde bien, je vais te le trouver.
Mme
Hivon
:
Essentiellement, ça...
M. Boulet : Juste à la page
précédente, on anticipe... Bien, les fermetures d'entreprises, les mises à pied
ont généré des pertes d'environ 80 millions pour les cotisations, puis il
y a eu une augmentation de 35 millions des prestations. Évidemment, ce n'est
pas terminé, ça va perdurer pendant un certain nombre de temps. C'est pour ça
que la courbe c tient compte à la fois du p.l. n° 51
et de l'effet de la pandémie.
Mme
Hivon
:
C'est beau.
M. Boulet : Est-ce que
c'est... ça va, Claudia?
Mme Giguère (Claudia) : Oui.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui... questions en
provoquent d'autres par la suite. Tantôt, quand on discutait, donc, sur le
nombre de familles qui seraient susceptibles d'utiliser la nouvelle mesure,
toujours sur le 10, 10...
M. Boulet : ...ça va,
Claudia?
Mme Giguère (Claudia) :
C'est beau.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Désolé.
D'autres questions en provoquent d'autres par la suite. Tantôt, quand on
discutait, donc, sur le nombre de familles qui seraient susceptibles d'utiliser
la nouvelle mesure, toujours sur le 10, 10 plus quatre, on a bien cerné, je
pense, la question pour 2021, les 3 000 familles qui partagent déjà
10, 10 qui se qualfieraient donc, le 10 000 familles qui seraient
susceptibles de se qualifier parce qu'ils partagent déjà un certain nombre, ça
nous donne un total de 13 000 familles, toujours sur
50 000 familles environ, c'est ça? Donc, 13 000 sur 50 000,
c'est notre ratio d'utilisation de cette mesure-là l'année un,
l'année 2021. Donc, si je projette maintenant pour 2025, si on est rendus
à 61 millions d'estimation, on est à combien de familles qui
l'utiliseraient en 2025?
Mme Giguère (Claudia) :
À peu près une sur trois, qu'on a supposé, donc 17 000 familles sur
les 50 000, 33 %.
M. Leduc : O.K. Est-ce
que vous faites des projections à plus long terme que ça?
Mme Giguère (Claudia) :
Pour l'instant, on n'en a pas fait.
M. Leduc : J'ai compris
plus loin que c'est ... sur cinq ans que vous faites ça.
Mme Giguère (Claudia) :
Oui. Pour... Dans le prochain rapport actuariel, il va y avoir des projections
jusqu'à la fin de l'année 2024.
M. Leduc : Puis, quand on
fait des projections, j'imagine qu'il y a des fourchettes plus optimistes,
moins optimistes. Ce que vous nous présentez, c'est quoi, la somme un peu,
c'est le milieu? Est-ce que le un tiers d'utilisation en 2025, c'est la
fourchette optimiste, la fourchette régulière?
Mme Giguère (Claudia) :
C'est notre meilleur estimé dans...
M. Leduc : C'est en haut
de la fourchette.
Mme Giguère (Claudia) :
Non, au centre en fait, oui.
M. Leduc : O.K., parfait.
C'est bon. Puis donc dernière question, si, en ouverture, vous m'avez dit
qu'une semaine de congé parental coûtait environ 37 millions, mais que
l'application de ces quatre nouvelles semaines de bonus pour 2021 coûtait
40 millions, c'est donc qu'on estime que ça ne sera pas... Si ça coûte
37 millions une semaine, mais là qu'il y en a quatre d'offertes, mais que
le coût du programme coûte quasiment le même prix que si c'était juste une
semaine, on est dans le ratio d'ici de 13 000 sur 5 000. C'est ça.
Mme Giguère (Claudia) :
C'est parce qu'on a à peu près 25 % des familles la première année qui
vont se qualifier.
M. Leduc : C'est ça.
Mme Giguère (Claudia) :
Donc, c'est à peu près...
M. Leduc : O.K. Cest
parfait. Je n'étais pas si mauvais dans mes statistiques au cégep. C'est bon.
Ça a servi. Merci beaucoup.
M. Boulet : On pourra,
Mme la Présidente... Tu sais, s'il y a d'autres questions qui sont... Vous en
avez une autre?
Des voix
: Oui.
M. Boulet : Non, mais on
pourra aussi, quand on... Moi, j'anticipe qu'on commence l'étude détaillée article
par article, là, cet après-midi, là, dans les meilleurs délais, mais ça ne veut
pas dire qu'il n'y aura pas d'autres questions, là, sur la situation
financière. Je pense qu'on va en parler de façon épisodique, là, dans notre
commission parlementaire. Mais on peut peut-être aller encore un peu... Oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. On s'était donné une
heure. Là, je sais qu'il y en a deux autres qui ont des questions.
M. Boulet : Ah oui! O.K.
M. Boulet : Alors, on va
y aller avec la députée Westmount—Saint-Louis, puis, après ça... Et je sais que
député de Nelligan a une autre question aussi, puis, après ça, on évaluera.
Merci.
Mme Maccarone : Merci.
Moi, ma question, c'est aussi pour expliquer l'écart. Vous avez mentionné
qu'une semaine de congé de maternité, c'est 37 millions, mais
48 millions pour une semaine de paternité. Qu'est-ce qui explique l'écart
entre les deux?
Mme Giguère (Claudia) :
En fait, une semaine de congé parental coûte moins cher qu'une semaine de
paternité pour deux raisons. En fait...
Mme Maccarone : ...c'est aussi
pour expliquer l'écart. Vous avez mentionné qu'une semaine de congé de
maternité, c'est 37 millions, mais 48 millions pour une semaine de
paternité. Qu'est-ce qui explique l'écart entre les deux?
Mme Giguère (Claudia) : En
fait, une semaine de congé parental coûte moins cher qu'une semaine de
paternité pour deux raisons : en fait, elle est à 55 % de remplacement
de revenus au lieu de 70 %, donc ça fait que le coût est moins élevé, puis
la semaine de congé de paternité est seulement utilisée par des hommes et les
hommes ont des revenus assurables plus élevés, tandis que les semaines de congé
parental sont utilisées soit par des pères ou des mères, donc ça diminue un peu
le coût.
• (15 h 40) •
M. Boulet : Malheureusement,
hein, Jennifer.
Mme Maccarone : La vérité fait
mal, Mme la Présidente. La vérité fait mal. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Je ne vais pas
abuser de la gentillesse du ministre parce que je sais qu'il tient à commencer
l'étude article par article, moi aussi, donc j'ai une seule question.
Page 7, vous avez mis l'estimation du coût annuel à 30 millions,
j'imagine, c'est le minimum, et le coût maximal possible, environ 80 millions.
Ça, c'est pour les 78 semaines. Et pour la semaine additionnelle en cas de
partage suffisant des prestations parentales, vous avez mis 40 minimum et
61 max. Donc ça, c'est votre intervalle où vous jouer un minimum-max, et
ma question est la suivante : Par rapport aux deux minimums, c'est quoi le
pourcentage par rapport au... je veux dire, clientèle ciblée, min et max?
M. Boulet : Mon Dieu! Ce n'est
pas coûts minimums et coûts maximums, c'est coûts estimés en 2021, 40, et coûts
estimés en 2025, 61.
Mme Giguère (Claudia) : Oui,
c'est ça. Oui. Dans ce cas-là, c'était pour montrer le côté progressif de cette
mesure-là.
M. Boulet : Exact.
Mme Giguère (Claudia) :
Tandis que la première, vous avez raison, c'est vraiment le coût maximal. On
voulait vous donner une idée. Ça, ça voudrait vraiment dire que si tous les
parents prestataires du RQAP demain matin se mettaient à utiliser la totalité
des semaines, alors que présentement, c'est 80 % des familles qui
utilisent la totalité, ça coûterait 80 millions.
M. Derraji : O.K. désolé.
M. Boulet : C'est pour ça que
le changement de culture et de comportement parental, on anticipe qu'il soit
graduel, là, je répète souvent ça, là, mais c'est ce qui explique que les coûts
estimés augmentent année après année.
M. Derraji : Je l'ai bien
entendu. Moi, c'est la projection du 30 à 80, parce que c'est comme... Moi,
quand j'ai vu 30 à 80, il n'y a pas de date, ça m'a interpellé.
M. Boulet : Ça, c'est
l'étalement.
M. Derraji : Oui, oui, c'est
excellent. Mais l'étalement, ce n'est pas clair. Est-ce que l'étalement, c'est
sur cinq ans? Est-ce que vous avez un plan sur cinq ans? Et là la
question : Comment on va arriver à 80? Parce que c'est quand même une
bonne augmentation. Tant mieux, je ne dis pas le contraire, tant mieux si on va
arriver à ça, mais éclairez-nous.
Mme Giguère (Claudia) : On ne
s'attend pas que le coût atteigne 80 millions, en fait. C'était seulement
pour vous montrer un peu…
M. Boulet : La fourchette.
Mme Giguère (Claudia) : …le
côté extrême, la sensibilité à l'extrême de la mesure, mais on ne pense pas que
ça n'arrive jamais que les prestataires au RQAP, dans la totalité, utilisent
toutes les prestations...
M. Derraji : …si on va arriver
à ça, mais éclairez-nous.
Mme Giguère (Claudia) : On ne
s'attend pas que le coût atteigne 80 millions, en fait, c'était seulement
pour vous montrer un peu…
17923 17899 M.
Boulet : La fourchette.
Mme Giguère (Claudia) : …le
côté extrême, la sensibilité à l'extrême de la mesure, mais on ne pense pas que
ça n'arrive jamais que les prestataires au RQAP, dans la totalité, utilisent
toutes les prestations parce qu'il y en a certains qui ont des raisons
professionnelles, ou peu importe… des travailleurs autonomes.
M. Boulet : Non, mais
l'étalement, Claudia, va faire en sorte que les parents vont utiliser plus de
semaines de prestations, c'est ça qui… et c'est une estimation de coût annuel,
le 30 millions. Et si c'était utilisé en totalité, en raison de cet
étalement-là qui est maintenant permis sur un an et demi, là il y aurait un
coût maximal possible de 80 millions, mais c'est annuel tout le temps.
Mme Giguère (Claudia) : Oui.
M. Derraji : Bon. Je n'ai pas
terminé. Je vous ai dit, au début, que le ministre aime répondre, c'est très
bien, ce n'est pas ça, ma question, parce que ça va m'aider vraiment à ne plus
poser de question donc, parce que je veux vraiment comprendre…
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Derraji : …on dirait, quand
le ministre répond encore, ça me donne l'envie de continuer à poser des
questions. Je vous donne la clé, ne posez plus…
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Boulet : Non, mais c'est
des questions ambivalentes, des fois, je veux être certain de bien comprendre.
M. Derraji : Non, non, mais
c'est bien, ça se voit que vous maîtrisez très bien, c'est excellent, moi,
c'est juste… ce n'est pas encore clair, désolé, hein, O.K. Donc, le minimum,
c'est 30 millions, ça, c'est en date d'aujourd'hui, on n'a pas encore mis
en application les mesures incitatives pour arriver à utiliser les semaines supplémentaires,
«fine», excellent. 80 millions, vous avez fait votre projection actuaire
sur cinq ans.
Mme Giguère (Claudia) : Non,
on n'anticipe pas du tout d'atteindre jamais 80 millions…
M. Derraji : O.K. C'est
excellent.
Mme Giguère (Claudia) :
…c'est vraiment à titre indicatif qu'on vous l'a mis.
M. Derraji : Oui, je vais le
dire autrement : C'est quoi, vos projections? Parce que si on met un
chiffre, juste à titre indicatif, maximal, c'est parce que vous, dans votre… en
fait, tout à l'heure, on a dit, on a 200 millions maintenant, en date de
fin décembre, il y a une projection 300 millions, et il y a une projection
2020‑2021, et je l'ai vue. Donc, dans cette projection 2020‑2021, qu'est-ce
qu'il y a dedans, est-ce qu'il y a les 80 millions ou il y a un autre
chiffre?
Mme Giguère (Claudia) : Il y
a 30 millions, il y a 30 millions, puis l'année d'après, 32 peut-être,
juste à cause de l'indexation des salaires, mais c'est juste ce montant-là qui
est indexé sur les cinq années.
M. Boulet : Le 80, c'est une
année puis c'est le coût maximum potentiel si tout le monde, en raison de
l'étalement, utilisait la totalité des semaines, puis…
M. Derraji : Juste une
question, et j'en suis sûr, parce que là je veux vous poser la question, et
j'en suis sûr que, dans vos calculs, c'est impossible d'atteindre le 100 %
de l'utilisation, on espère, mais c'est…
M. Boulet : Mais il faut quand
même le donner à titre indicatif, hein, oui, c'est un scénario absolu qui est à
peu près impossible, mais en actuariat, il faut tenir compte de tous les
scénarios potentiels, puis on trouvait opportun de le mentionner.
M. Derraji : Oui, c'est
excellent, mais ce qui m'intéresse, moi, c'est la moyenne d'utilisation ou la
médiane de l'utilisation…
M. Boulet : C'est 30 millions.
M. Derraji : 30 millions,
c'est la médiane ou la moyenne?
M. Boulet : C'est, comme j'ai
dit ce matin, le 29,6 millions, c'est l'hypothèse la plus raisonnable en
tenant compte de notre historique.
M. Derraji : O.K.
M. Boulet : ...potentiels, puis
on trouvait opportun de le mentionner.
M. Derraji : Oui, c'est
excellent, mais ce qui m'intéresse, moi, c'est la moyenne d'utilisation ou la
médiane de l'utilisation parce que...
M. Boulet : C'est 30 millions.
M. Derraji : 30 millions,
c'est la médiane ou la moyenne...
M. Boulet : C'est comme j'ai
dit ce matin, le 29,6 millions, c'est l'hypothèse la plus raisonnable en
tenant compte de notre historique.
Mme Giguère (Claudia) :
...30 millions.
M. Derraji : O.K. Et qui
correspond à combien, de nombre de personnes? Parce que 30 millions, ça
veut dire rien et ça veut dire beaucoup de choses.
Mme Giguère (Claudia) : En
nombre de personnes, ce serait un peu difficile de vous le dire. On est plus
allés en termes de comportements dépendamment des familles. Dans les familles
où il y a deux parents, le taux d'utilisation est déjà très élevé. Ça fait
qu'il leur manque des fois peut-être une ou deux semaines pour atteindre le
100 %. Donc, on a supposé que, dans les familles biparentales, qu'il y
aurait une utilisation maximale, puis souvent, comme je disais, il ne manque
qu'une semaine ou deux pour l'atteindre.
Dans les familles où il y a un seul des
deux parents qui participe au RQAP, on a supposé que le fait d'avoir six mois
de plus pour prendre les semaines, ça allait inciter peut-être certains parents
à en prendre quelques-unes de plus. Donc, on a supposé qu'ils allaient prendre
deux semaines de plus, pour ceux qui ne prenaient déjà pas tout, parce qu'il y
en a qui prennent déjà tout. Mais, pour ceux qui ne prenaient déjà pas tout, on
a fait une évaluation qu'ils allaient prolonger leur congé, là.
M. Derraji : O.K. Donc, ceux
qui prenaient déjà 100 %, dans vos prévisions, vous êtes sûrs à 100 %
qu'ils vont utiliser les deux semaines de plus.
M. Boulet : En fait, là, ces
chiffres-là, c'est... On permet d'étaler le paternité, parental, adoption sur
78 semaines plutôt que 52 semaines, et l'estimation qu'il faut faire,
c'est : Quel sera l'impact de cet étalement-là sur le nombre de semaines que
les familles vont prendre, que les deux parents vont prendre?, et c'est ça qui
a été mesuré pour déterminer le coût ou l'impact financier de
29,5 millions, là, ce que j'avais mentionné ce matin, 29,6 millions,
le 30 millions qui est là.
M. Derraji : 30 millions.
Mais vous comprenez ma question. Parce que je pense que je vais la poser plus
politique que statistique. Oui. Non, parce que j'essaie d'utiliser les chiffres
pour pouvoir comprendre l'énoncé politique d'avoir une implication des pères.
Donc là, on parle des semaines qu'on
augmente de 52 à 78. Dans certains cas, on est sûrs qu'on va utiliser à
100 % si la famille, déjà, utilise l'entièreté. Là, vous avez déjà une
idée. Donc, les gens qui vont... qui utilisent les 52 vont utiliser 78.
Corrigez-moi ou arrêtez-moi si je me suis trompé. Ceux qui n'utilisent pas
les...
M. Boulet : Ils vont encore
les prendre, mais ils peuvent l'étaler. Parce qu'ils peuvent décider de revenir
au travail pendant deux semaines, trois semaines à une période de pointe chez leur
employeur puis recommencer. Ça fait qu'il n'y a pas que l'impact en termes de
coûts, il y a aussi la flexibilité que ça confère aux parents, qui est
extrêmement bénéfique, là, autant pour le père que pour la mère. Câline! On
n'est pas dans un carcan temporel de 52 semaines, on donne plus de marge
de manoeuvre dans le temps.
M. Derraji : Sur ça, nous
sommes d'accord à 100 %.
M. Boulet : Oui, oui, vous
étiez même... Oui, tout à fait.
M. Derraji : Oui, ce n'est pas
la première fois que... Je ne vous surprends pas de dire que...
M. Boulet : Non, non, non,
puis vous êtes en accord avec...
M. Boulet : …on n'est pas dans
un carcan temporel de 52 semaines, on donne plus de marge de manoeuvre
dans le temps.
M. Derraji : Sur ça, nous
sommes d'accord à 100 %.
M. Boulet : Oui, oui, vous
étiez même… oui, tout à fait.
M. Derraji : Oui, oui, je… ce
n'est pas la première fois, vous êtes… je ne vous surprends pas de dire que…
M. Boulet : Non, non, non,
puis vous êtes en accord avec le projet de loi n° 74,
et…
M. Derraji : Oui, oui, vous me
connaissez.
M. Boulet : …puis il y en a
qui plaident pour qu'on aille à 104, d'autres qui disent : 52, c'est déjà
suffisant. C'est… on connaît les thèses, là.
M. Derraji : Oui, mais là, à
votre énoncé d'avoir une implication des pères, c'est là où, moi, je me
dis : Quand je vois les chiffres de 30 ou 80, à vrai dire, il n'y a pas
d'impact énorme d'avoir les quatre semaines additionnelles pour
l'implication du père?
M. Boulet : Oui. Là, c'est
l'autre donnée, c'est l'autre… là. C'est parce que le 30 et 80, cher collègue,
c'est pour la prolongation de l'étalement. C'est l'étalement de 52 à 78.
L'incitatif de quatre semaines, s'ils partagent les deux 10, minimalement,
c'est celui-là qu'on anticipe un changement de comportement qui est progressif,
et qu'on évalue à 40 millions en 2021 et à 61 millions en 2025. Donc,
c'est deux choses différentes.
• (15 h 50) •
M. Derraji : Oui, oui, oui,
vous avez raison, mais… Écoutez mon «mais».
M. Boulet : Ça, il faut isoler
ça : Oui, oui, oui, vous avez raison.
M. Derraji : Non, mais c'est
très bien parce que… non, non, parce que vous avez… et, sérieux, je vais être
très méthodique par rapport à ça. J'ai l'impression de comprendre que le coût,
il est énorme par rapport aux quatre semaines que le père… vous proposez
dans votre projet de loi. Là, quand je vois le coût maximal, que c'est une
hypothèse presque impossible d'atteindre, les 80 millions, mais dans les
projections actuarielles, c'est calculé, c'est pris en charge.
M. Boulet : Mais le
80 millions, je reviens, là, c'est pour l'étalement. Pour l'incitatif pour
encourager les pères et pour favoriser un meilleur partage entre le père et la
mère, et combattre la perception que ça n'appartient qu'à la mère, ça, ça va se
faire graduellement dans le temps, et c'est là qu'on n'aboutit pas à 80, mais à
61 millions en 2025.
La semaine de congé de paternité — en
tout cas, je sens le besoin d'y revenir, là — c'est 48 millions,
puis ça, c'est un coût… tu sais, si on mettait quatre semaines de
paternité additionnelles, c'est 48 fois quatre. Ce n'est vraiment pas la
même incidence. Mais là-dessus, là, je vais reconnaître, puis je ne nierai
jamais l'effet qui pourrait être bénéfique, puis l'effet serait probablement
plus immédiat, alors que notre mesure est plus progressive. Mais c'est sûr
qu'on peut tout faire, mais il faut tenir compte d'un bon équilibre entre les
bonifications de notre régime, puis la capacité financière, aussi, du fonds.
M. Derraji : Oui. Dernière
question, je vous promets…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…on s'était dit une heure, alors, il ne reste que 10 minutes.
M. Derraji : Oui, je surveille
aussi le temps. Alors, dernière question.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Nelligan, et ensuite…
M. Boulet : Ça fait plusieurs
dernières questions, mais…
M. Derraji : Non, non, mais le
plus que vous parlez, vous donnez le goût à ce qu'on vous pose des…
M. Boulet : …la capacité
financière aussi du fonds.
M. Derraji : Oui. Dernière
question, je vous promets.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous savez qu'il y a 10 minutes à l'échange?
M. Derraji : Oui, j'ai vu.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Hein, on s'était dit une heure, alors, il ne reste que 10 minutes.
M. Derraji : Oui, oui, je
surveille aussi le temps… la dernière question.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, député de Nelligan, et ensuite député d'Hochelaga.
M. Boulet : Ça fait plusieurs
dernières questions, mais…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
À 16 heures, nous allons arrêter.
M. Derraji : Non, non, mais
parce que vous… parce que le plus que vous parlez, vous donnez le goût à ce
qu'on vous pose des questions. Je vous le dis.
Des voix
: …
M. Boulet : Ah! totalement,
moi, je n'ai pas de problème.
M. Derraji : …
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y. Allez-y, député de Nelligan, le temps coule.
M. Derraji : J'ai entendu
quelque chose qui m'a… mais je ne pense pas qu'on perd notre temps parce que,
moi, je pense que je ne le perds pas.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y.
M. Derraji : Et
personnellement ça clarifie beaucoup de choses.
M. Boulet : Ce qui est
important, c'est que, chacun, on est capables d'évaluer la pertinence de nos
interventions, puis il faut respecter votre volonté de savoir plus clairement
comment on a fait les calculs, puis ça, je respecte ça. Ça fait que continuons,
moi, je n'ai pas de problème.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le député de Nelligan.
M. Derraji : Non, c'est bon.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est fini?
M. Derraji : Oui.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
D'accord. Alors, on y va avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Quand on avait
proposé d'y aller plutôt par le congé paternel, vous avez dit : On partage
l'objectif, plus de présence du père. Mais vous, vous aviez un second objectif
qui se superposait à celui-là aussi, c'était de favoriser le partage des
semaines.
M. Boulet : Oui.
M. Leduc : Quand je regarde le
scénario que vous nous présentez aujourd'hui pour 2021, où vous dites :
13 000 familles se qualifieront à cette mesure… ou utiliseront cette
mesure. 3 000 partageaient déjà, 10 sur 10, les 10 000 autres partageaient
déjà un certain nombre de semaines… Est-ce que j'ai raison de conclure, pour
l'an 21, pour 2021, pour votre objectif de favoriser le partage des
semaines, on est… c'est le statu quo parce que les 13 000 familles
qui vont utiliser votre régime se partageaient déjà des semaines
M. Boulet : Oui, mais ils vont
partager un minimum de 10 semaines dans un nombre plus important année
après année.
M. Leduc : D'accord. Mais il
n'y aura pas plus de familles qui vont partager que ce qu'il y en avait déjà
avant votre mesure?
M. Boulet : Bien, ça, c'est
difficile d'évaluer. À mon avis, oui, Claudia confirme. Mais il y en a
certainement beaucoup plus… en tout cas, beaucoup plus… l'estimation qu'on
fait, c'est qu'il y en a le nombre, là, le 10 000 dont on parlait, qui
vont se rendre jusqu'à 10-10. Ça fait que ça va encourager un partage plus
équitable en raison de l'incitatif de quatre semaines partageables additionnelles.
M. Leduc : Mais sur l'ensemble
des familles, il n'y en aura pas davantage. Ceux qui le faisaient déjà vont
mieux le faire ou vont davantage le faire…
M. Boulet : À mon avis, il va
y avoir les deux. Il va y avoir davantage de familles… il y en a d'autres que
ça va inciter, des familles, certainement, Claudia, qui ne partagent pas du
tout, qui vont se mettre à partager en tenant compte de cet incitatif-là. Il y
a des jeunes mères... Moi, personnellement, puis je le dis avec beaucoup de
transparence, qui m'ont dit : Mon chum, c'est cinq semaines, «that's it»,
puis là il va comprendre que ce n'est pas rien qu'à moi, puis c'est à nous
deux, puis il va en... Donc, ça…
M. Boulet : ...qui vont se
mettre à partager en tenant compte de cet incitatif-là. Il y a des jeunes
mères... moi, personnellement, puis je le dis avec beaucoup de transparence,
qui m'ont dit : Mon chum, c'est cinq semaines, «that's it», puis là il va
comprendre que ce n'est pas rien qu'à moi, puis c'est à nous deux, puis il va
en...
M. Leduc : Ça, je
comprends.
M. Boulet : Donc, ça, à
mon avis, c'est un phénomène qui va être réel.
M. Leduc : Puis vous
projetez qu'en 2025, il y en aura plus.
M. Boulet : Bien oui,
bien sûr.
M. Leduc : Puis ça, je
comprends. Mais, si on parle des chiffres ici, là, pour 2021, votre projection,
c'est qu'il y a... Peut-être que c'est marginal, mais, dans ce que vous nous
avez présenté, 3 000 familles utilisent déjà un certain partage à
10-10, 10 000 familles ont un certain partage. Ces 10 000 là
vont le faire plus à 10-10.
M. Boulet : Exact.
M. Leduc : Mais, sur
l'assiette générale des familles, des 50 000 familles, pour l'an un,
il n'y en aura pas, d'avantages.
M. Boulet : Bien, moi, je
vais donner une option néophyte, là, mais, Claudia, tu pourras compléter. Selon
moi, il y a des familles qui ne partagent pas du tout qui vont commencer à
partager.
M. Leduc : Oui, oui. Il y
en aura quelques-unes, mais ce n'est pas ce qu'on nous a présenté tantôt, là.
Oui.
Mme Giguère (Claudia) :
Je peux peut-être apporter une petite nuance. En fait, c'est sûr que les
chiffres qu'on vous présente, c'étaient... à la base, pour des évaluations de
coûts. Donc, c'est sûr que, quand on utilise les modèles mathématiques, il faut
apporter certaines simplifications. Ce qui risque d'arriver, c'est qu'il y a
possiblement des familles qui ne partagent pas du tout présentement qui vont se
mettre à partager et vont le faire suffisamment. Puis il y en a d'autres qui
partageaient déjà, mais de façon pas assez suffisante pour avoir le bonus, puis
peut-être, à l'année un, ne rencontreront pas les critères comme nous, on l'a
supposé. Donc, il va possiblement y avoir des nouvelles familles. Mais, au net,
on s'attend que ça donne environ 13 000 familles puis que ça va
évoluer, là... ça donne un même coût.
M. Boulet : C'est
intéressant parce qu'on voit un peu les limites de la mathématique. Tu sais, on
évalue. C'est une estimation qui tient compte des expériences passées. Puis les
expériences passées, bien, il y en avait un bloc limité quant au nombre de
familles, de parents qui partageaient. Mais, comme on vient de mentionner, on
anticipe quand même qu'il y en a d'autres qui vont embarquer dans le véhicule
du partage.
M. Leduc : Il y en aura,
on s'entend, là, on parle de portion significative de personnes, pas... C'est
sûr qu'il y en aura quelques-unes, là, c'est une évidence. Mais c'est ça que je
constate, c'est que pour l'année un, l'effet n'est pas...
M. Boulet : Je pense
que... Plus vite on...
M. Leduc : Ce n'est pas
un levier. On n'a pas un effet levier ici, à l'année un.
M. Boulet : Mais ça sera
à nous autres d'en faire la promotion, d'accélérer le changement de culture
chez les parents, qu'il y a possibilité de partager. Puis le parental
partageable, c'est aux deux. Puis le Québec a une opportunité de se distinguer
en faisant... en sensibilisant les familles du Québec à cette réalité nouvelle
là. Et donc non seulement ça va encourager les parents qui partagent déjà à
faire un partage plus équitable, mais à ceux qui ne partagent pas, de le faire
puis de s'engager pour le bénéfice, ultimement, des enfants puis des familles
du Québec.
M. Leduc : Moi, j'en
suis, mais...
M. Boulet : Et à... On le
fera tout le monde ensemble. Je pense que ce projet de loi là n° 51,
indépendamment de la formule à laquelle on va aboutir pour inciter les pères à
plus s'investir...
M. Boulet : …pas de le faire
puis de s'engager pour le bénéfice, ultimement, des enfants puis des familles
du Québec. Et on le fera tout le monde ensemble. Je pense que ce projet de loi
là n° 51, et dépendamment de la formule à laquelle on
va aboutir pour inciter les pères à plus s'investir, on va en faire une… je
pense qu'il va falloir tous ensemble contribuer à sensibiliser les familles du Québec
à cette avancée sociale là qui… à notre avis, fondamentale.
M. Leduc : Moi, j'en suis,
puis… j'en suis là-dessus, puis ça sera ma dernière intervention, Mme la
Présidente, mais j'avoue que je suis quand même très surpris que même après
cinq années de campagnes et d'informations, vous estimez qu'il y a à peine
une personne sur trois qui va utiliser cette mesure-là. C'est surprenant.
M. Boulet : Bien, il y a des
chiffres qui m'impressionnent. Là, on parlait du 80 %, là, tu sais, les
pères, là, le cinq semaines de congé de paternité, dans le reste du Canada,
j'ai entendu des chiffres de 18 %, mais moi, ce que j'avais lu dans la
littérature, c'est plus 12 %. 12 % des pères dans le reste du Canada.
On est… c'est deux mondes, deux approches parentales qui sont opposées, là. Ça
fait que, oui, on a encore du chemin à parcourir, mais on en a… on a fait
beaucoup, au Québec.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est tout? Alors, merci. Merci beaucoup pour l'échange. Nous allons commencer
vraiment l'étude article par article. Alors, j'invite M. le ministre à lire
l'article n° 1 du projet de loi, de nous faire la
lecture ainsi que de nous donner les explications. Est-ce que ça va, M. le
ministre?
M. Boulet : Oui, oui, je suis
prêt.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Vous êtes prêt?
M. Boulet : Il faut.
L'article 1 du projet de loi proposé se lit comme suit… désolé, hein,
d'être un peu littéraire, là, il faut…
1. L'article 2 de la Loi sur
l'assurance parentale est modifié :
1° par l'insertion, dans le paragraphe 1°
et après «de maternité», de «à l'occasion de la grossesse ou de
l'accouchement»;
2° par le remplacement du paragraphe 2°
par le suivant :
«2° des prestations de paternité et des
prestations parentales exclusives ou partageables à l'occasion de la naissance
d'un enfant;»;
3° par le remplacement du paragraphe 3°
par le suivant :
«3° des prestations d'adoption exclusives
et partageables.»
Il faut que je lise tel que modifié aussi?
Non? O.K. Donc, essentiellement, aux paragraphes 1 et 2, on précise les
fins pour lesquelles les différentes prestations sont accordées, donc grossesse
ou accouchement, puis à 2 et 3, on introduit les prestations partageables et
exclusives pour les prestations parentales et d'adoption. Puis, bon,
l'introduction des notions de prestations partageables et exclusives en est une
de concordance avec les modifications qui seront introduites par les articles 5
et 6 du projet de loi.
• (16 heures) •
Puis à ce stade-ci, j'aurais des amendements…
16 h (version non révisée)
M. Boulet : ...puis, bon,
l'introduction des notions de prestations partageables et exclusives en est une
de concordance avec les modifications qui seront introduites par les
articles 5 et 6 du projet de loi. Puis, à ce stade-ci, j'aurais des
amendements parce que vous savez qu'au mois mars j'ai présenté des amendements
au salon bleu pour la nouvelle prestation d'accueil et de soutien. Donc, déjà à
l'article 1, il faut rajouter les prestations d'accueil et de soutien
relatives à une adoption. C'est un nouveau concept. Et j'aimerais ça déposer,
en liasse, les amendements pour... puis ça a été envoyé à la secrétaire de la
commission pour dépôt quand vous voudrez, mais j'aimerais ça peut-être les...
peut-être qu'on suspende pour vous permettre, aux partis de l'opposition, de
prendre connaissance de ces amendements qui découlent de ce que j'ai déposé au
salon bleu, et il faut les déposer ici, en commission parlementaire, maintenant
pour fin d'adoption.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Mais on me dit qu'ils sont déjà sur le
Greffier, n'est-ce pas?
M. Boulet : Oui, et vous
pourrez peut-être en prendre connaissance. On peut peut-être suspendre un cinq,
10 minutes.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 1)
(Reprise à 16 h 8)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Attention, s'il vous plaît! Nous reprenons. Alors, M. le ministre, vous venez
de déposer un amendement. Je vais vous inviter à le lire, s'il vous plaît.
M. Boulet : Mon Dieu! un
instant.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Mon Dieu, hein?
M. Boulet : Oui. Donc, je vais
lire l'amendement pour l'article 1. Donc :
Ajouter, après le paragraphe 3° de
l'article 1 du projet de loi, le paragraphe suivant :
4° par l'ajout, à la fin, du paragraphe
suivant:
«4° des prestations d'accueil et de
soutien relatives à une adoption.»
Donc, comme je mentionnais un peu plus
tôt, ça modifie l'article 2 puis ça vise à ajouter dans la liste des
prestations offertes par le régime une nouvelle prestation d'accueil et de
soutien qui sera introduite par un autre amendement au projet de loi. Donc,
c'est vraiment une modification de concordance.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas
d'intervention sur l'amendement, nous allons procéder à la mise aux voix...
nominal maintenant. Alors, nous allons procéder... Pour l'amendement, nous
allons procéder par vote nominal. Vous avez une intervention...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
…sur l'amendement? S'il n'y a pas d'intervention sur l'amendement, nous allons
procéder à la mise aux voix.
(Consultation)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons procéder, pour l'amendement, nous allons procéder par vote
nominal. Vous avez une intervention? Ah! pardon, députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Puisque c'est la première fois qu'on voit apparaître le vocable donc
«d'adoption, d'accueil et de soutien», que c'est vraiment une très grande
avancée pour les parents adoptants, et donc que ça vient vraiment marquer le
coup et rendre clair ce qui est la réalité et le besoin des familles
adoptantes. Donc, je veux signifier ça au micro, comme on dit, pour qu'on soit
conscient de l'importance de ce changement-là même si on va le voir plus en
détail plus loin.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, nous y allons… oui, député d'Hochelaga-Maisonneuve?
M. Leduc : On a les
amendements qui ont été déposés en Chambre.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allons-y seulement pour l'article n° 1, l'article 1.
M. Leduc : Oui,
c'est ça, mais vous allez voir ma question, c'est que le ministre a l'habitude
quand même de déposer tous ses amendements en début d'audience, est-ce que ça
veut dire qu'il n'y a pas d'autre amendement à part ceux qui ont été déposés en
Chambre?
M. Boulet : À chaque article,
on va déposer… sur un sujet, on dépose tous nos amendements, mais on va le
faire au fur et à mesure, Alexandre.
M. Leduc : Vous ne retenez pas
votre propre habitude de déposer au complet au départ, c'est dommage. Pourtant,
vous étiez bien parti, les deux précédents, c'était comme ça.
M. Boulet : Oui, mais on a
étudié après les consultations, là, on n'a pas… on va y aller au fur et à
mesure.
M. Leduc : Ils sont déjà
écrits, j'espère.
M. Boulet : Ils vont s'écrire rapidement.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous y allons donc par vote nominal, s'il vous plaît, sur l'amendement.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Nous poursuivons… maintenant, oui.
M. Boulet : …ce matin, encore
une fois, dans mes remarques préliminaires, j'ai mentionné qu'on collaborait
tous à cette avancée sociale là pour le bénéfice des familles et du Québec, je
pense qu'on améliore la politique familiale québécoise dans son ensemble, et
c'est grâce notamment à une excellente coopération de ma collègue de Joliette.
Et comme c'est adopté à l'unanimité puis que c'est une première dans la Loi sur
l'assurance parentale, félicitons-nous tous et toutes ensemble. Merci,
Véronique.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Merci. Alors, est-ce qu'il y a maintenant des interventions sur
l'article? S'il n'y a pas… oui, députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je veux tenir
mes paroles de…
M. Boulet : …merci, Véronique.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Merci. Alors, est-ce qu'il y a maintenant des interventions sur
l'article? S'il n'y a pas… Oui, députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je veux tenir
mes paroles de mes remarques préliminaires, Mme la Présidente. Est-ce qu'on est
rendus à une occasion où on pourrait reconnaître, tel que mentionné, puis je ne
veux pas tout répéter quand on dit «les prestations de maternité»… est-ce
que ça sera une occasion où on pourrait rajouter du jargon qui est plus
inclusif, qui reflète vraiment la réalité de la communauté LGBTQ2?
M. Boulet : On a… excusez-moi,
Mme la Présidente. Merci. Il n'y a aucune disposition dans la Loi sur
l'assurance parentale en matière de filiation. Mon collègue à la Justice
revoit… il y aura un projet de réforme du droit familial québécois. Les
concepts seront revus. Mais je veux juste qu'on se rassure encore une fois que,
dans l'application, le conseil de gestion parentale applique exactement tout
sans égard… que ce soit de l'homoparentalité, que ce soit… peu importe la
nature. Je pense que la façon de l'appliquer est un reflet de l'évolution
sociale québécoise, et si c'est un homme et une femme, ou deux hommes, ou deux
femmes.
Il y a un concept qui n'est pas tout à
fait adapté, c'est la mère porteuse, là, parce qu'il y a des enjeux juridiques
au Québec. Je sais que ça va être revu dans le contexte de la réforme du droit
familial, mais il y a ça qu'on aura à faire des adaptations qui s'imposent.
Mais si c'est deux mères, là, il y en a une qui va bénéficier du congé de
maternité, l'autre, du congé de paternité, le parental va être partageable.
J'ai pris beaucoup de cas de figure, puis vous pourrez m'en soumettre en temps
opportun, puis je vous dis, dans l'application, c'est de l'équité parfaite.
Mme Maccarone : J'en constate,
puis je suis contente de l'entendre puis d'avoir les précisions au micro, parce
que je pense que c'est important de mentionner que nous avons fait cette
évolution. Mais, tel que mentionné tantôt, les paroles sont importantes, les
titres sont importants, ça fait bizarre pas mal pour un homme de demander pour
avoir un congé de maternité puis pour aussi une femme, demander pour un congé
de paternité. Alors, c'est pour ça que je voulais savoir… puis je ne demande de
tout réécrire, mais est-ce qu'on peut peut-être penser virgule parent qui porte
l'enfant, ou… le conjoint, partenaire… Est-ce que… sans changer, comme j'ai
dit, je comprends que votre collègue le ministre de la Justice… je sais qu'il y
a la réforme de la justice de la famille s'en vient. Mais à l'intérieur de nos
travaux ici, est-ce qu'il y aura une ouverture de faire ceci?
M. Boulet : Bien, vous allez
voir, dans la Loi sur l'assurance parentale, ces termes-là, «père», «mère»,
sont très, très peu utilisés. Et ce qui est le plus logique au plan de la
cohésion législative, c'est d'abord de refaire le code…
M. Boulet : ...vous allez
voir, dans la Loi sur l'assurance parentale, ces termes-là, «permet», sont très,
très peu utilisés. Et ce qui est le plus logique au plan de la cohésion législative,
c'est d'abord de refaire le Code civil du Québec en matière de droit familial
et réécrire clairement les règles de filiation avec les nouveaux concepts. Et,
après ça, on va adapter la Loi sur l'assurance parentale pour ne pas le faire à
l'envers.
Mais c'est important, ce que vous dites là
parce que, sur le fond, j'ai eu des observations qui ressemblent aux vôtres. Et
c'est pour ça que j'ai utilisé plusieurs cas de figure. Puis, à chaque fois, ça
me rassurait. Et, comme juriste, je reconnais le caractère impératif, d'abord
et avant tout, de revoir les règles de filiation, d'adapter les concepts par la
suite dans la Loi sur l'assurance parentale.
Mme Maccarone : Bien
entendu, ma crainte, c'est vraiment qu'un projet de loi... Bon, j'attends, puis
la communauté attend avec impatience un projet de loi qui va adresser la
filiation, qui va adresser la pluriparentalité. C'est quelque chose, évidemment,
qui préoccupe énormément la communauté LGBTQ2. Puis nous sommes en train
de travailler actuellement sur un projet de loi qui aura un impact majeur, évidemment,
en termes de reconnaissance pour ces familles.
M. Boulet : Ah! totalement.
Mme Maccarone : Ça fait que ma
crainte, c'est qu'il nous reste deux ans... félicitations à tout le monde, on
fête nos élections ça fait deux ans. Mais ma crainte, c'est qu'il nous reste
deux ans. Deux ans, ce n'est pas long, puis c'est un gros projet de loi. Ça
fait que j'ai des préoccupations que ça ne serait pas appelé, déposé puis
étudié à la fin de notre mandat, qu'il y aura un impact, évidemment, sur les
travaux sur quoi nos sommes en train de travailler. Mais je comprends.
M. Boulet : Je comprends
la nature de vos interventions. Vous créez des nouvelles opportunités de me
faire dire que, dans l'application, il faut rassurer notamment la
communauté LGBTQ2, qu'il n'y a absolument aucune discrimination et que
c'est appliqué de façon totalement équitable et de façon respectueuse des
droits et libertés fondamentales qui sont reconnus non seulement dans nos lois,
mais dans la Charte des droits et libertés de la personne, qui est une loi
aussi, là.
Mais n'ayez aucune inquiétude, on va faire
les choses de manière ordonnée. Et je m'engage à en rediscuter avec mon
collègue de la Justice pour que ça procède avec la meilleure diligence
possible.
Mme Maccarone : Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député de Nelligan.
M. Derraji : Juste une
proposition, Mme la Présidente, parce que je sens la sensibilité du ministre.
Mais, je pense... prenant en considération ce que ma collègue vient de dire, je
pense que le message aussi peut être envoyé au conseil de la gestion, d'avoir
dans sa façon de communiquer... d'avoir cette sensibilité. Je sais que
probablement on a...
M. Derraji : ...proposition, Mme
la Présidente, parce que je sens la sensibilité du ministre, mais, je pense,
prenons considération ce que ma collègue vient de dire. Je pense, le message
aussi peut être envoyé au conseil de la gestion d'avoir, dans sa façon de
communiquer, d'avoir cette sensibilité. Je sais que probablement, on a comme
les mains liées parce qu'il y a quelque chose qui se prépare dans un autre ministère,
mais je pense que ça serait une bonne opportunité que le conseil de gestion,
dans ces communications, quand il parle aux parents, peu importe le parent ou
la notion de famille, qu'il y ait une sensibilité par rapport à des groupes. Je
pense, ça va nous permettre d'avancer. Et je comprends vraiment que vous êtes
aussi sensible à la question, M. le ministre.
M. Boulet : Totalement. Puis
je le répète, les noms ne sont pas genrés, c'est appliqué de façon respectueuse
du niveau d'évolution de la société au Québec. Et le seul concept, là, qui a...
à l'égard duquel c'est moins simple, là, c'est la mère porteuse à l'extérieur
du Québec notamment, là. Ça, on a besoin, dans la révision des règles de
filiation, de s'asseoir, d'écouter les groupes et de prendre les bonnes
décisions. Mais je le redis, là, soumettez-moi des cas de figure, que ça soit
la communauté LGBTQ2 ou autre, dans l'application, il y a une sensibilité
profonde de tous les membres du conseil de gestion à ce que ce soit appliqué de
façon harmonieuse avec les droits et libertés de chacun et chacune.
M. Derraji : Bravo.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 2? S'il n'y a
pas... L'article 1, pardon, j'étais déjà rendu à 2, hein? C'est parce
qu'on étude l'article 2 dans l'article 1. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions à l'article 1? Merci. Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 1 tel qu'amendé est adopté? Alors, on y va par vote nominal.
• (16 h 20) •
La Secrétaire
: Oui,
c'est ça. Pour, contre, abstention, M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire
:
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
:
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire
:
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire : M. Derraji
(Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: Mme Hivon
(Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
: Mme IsaBelle
(Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Alors, l'article 1 tel qu'amendé est adopté. M. le ministre,
nous poursuivons avec l'article 2, s'il vous plaît.
M. Boulet : Bon, l'article 2
du projet de loi proposé :
L'article 3 de cette loi est modifié
par la suppression, dans le paragraphe 3° du premier alinéa, de «gagné».
Donc, l'article 3, tel que modifié,
se lirait comme suit...
M. Boulet : ...bon, l'article 2
du projet de loi proposé : L'article 3 de cette loi est modifié par
la suppression, dans le paragraphe 3° du premier alinéa, de «gagné».
Donc, l'article 3, tel que modifié,
se lirait comme suit :
«Est admissible est admissible au régime
d'assurance parentale la personne qui remplit les conditions suivantes :
«3° son revenu assurable — on
enlève ‘‘gagné'' — pendant sa période de référence est égal ou
supérieur à 2 000 $;».
Commentaire : l'article 2 du
projet de loi modifie le paragraphe 3° de l'article 3 de la loi afin
de supprimer le mot «gagné». La Loi sur l'assurance parentale prévoit certaines
conditions pour être admissible au RQAP, dont celle d'avoir un revenu assurable
égal ou supérieur à 2 000 $. Pour établir le montant assurable,
celui-ci n'a pas nécessairement à être gagné. En effet, différents revenus
assurables peuvent être obtenus au cours d'une période de référence et ceux-ci
ne doivent pas nécessairement être gagnés afin de satisfaire à l'exigence
d'avoir un revenu assurable de 2 000 $. Le mot «gagné» implique
généralement l'existence d'une contrepartie sous forme de prestation de
services. Or, la notion de «revenu assurable» est beaucoup plus large.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il des interventions? Député de
Nelligan.
M. Derraji : Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Député de Nelligan, à vous.
M. Derraji : Oui, merci.
Quand vous dites «la notion de revenu assurable, elle est beaucoup plus large»,
est-ce qu'on peut considérer que les questions liées à tout ce qui est bourses,
c'est dans ce sens qu'on peut l'interpréter?
M. Boulet : De bourses?
M. Derraji : Mais en
fait, le problème qu'on a avec les parents étudiants ou ils n'ont pas accès.
M. Boulet : Oui, ça peut
être un exemple. Mais il y en a beaucoup d'exemples, là, de revenus assurables.
M. Derraji : Est-ce
que... juste si on peut nous partager s'il y a une liste.
M. Boulet : Parce qu'il y
a beaucoup de texte et il n'y a pas de...
(Consultation)
M. Derraji : Si vous avez
une liste, vous pouvez nous la partager. Ça va nous faire gagner du temps.
M. Boulet : Bon. Oui, je
pourrais déposer une liste de ce qu'est un revenu assurable. Là, je vais vous
donner un exemple qui m'est soumis, là. Il y a des revenus non assurables qui
ne permettent pas aux nouveaux parents de recevoir des prestations comme
certaines assurances salaire collectives ou privées, les indemnités de la SAAQ,
les bourses d'études auxquelles vous faites référence.
M. Derraji : C'est ça, ma
question, oui.
M. Boulet : Et les subventions
de recherche. Pour diverses raisons, une personne pourrait ne pas avoir eu la possibilité
de cumuler au moins 2 000 $ pour être admissible au RQAP, par exemple,
une personne aux études, par exemple, une mère de...
M. Boulet : …les indemnités de
la SAAQ puis les bourses d'études auxquelles vous faites référence, et les
subventions de recherche, pour diverses raisons, une personne pourrait ne pas
avoir eu la possibilité de cumuler au moins 2 000 $ pour être
admissible au RQAP, par exemple, une personne aux études, par exemple, une mère
de plusieurs enfants étant absente du marché du travail pendant une certaine
période.
M. Derraji : Ça, c'est…
excusez-moi…
M. Boulet : Puis, en fait, il
y a trois grands revenus, trois grands types de revenus assurables. Bon,
le revenu assurable d'employé, le revenu assurable provenant d'une entreprise,
travailleurs autonomes, puis le revenu assurable à titre de ressources de type
familial ou de ressources intermédiaires.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Est-ce que vous en avez une à partager?
M. Boulet : Bien, j'en ai une
qui vient de… qui est un aide-mémoire sur la notion de revenu assurable, qui
provient d'Ottawa, parce que c'est appliqué en vertu de la loi fédérale sur
l'assurance-emploi. Vous vous souvenez qu'en 2006, on avait sorti de la loi
fédérale sur l'assurance-emploi pour créer notre RQAP, et ça, je pourrais la
partager, là, la liste des revenus qui sont considérés comme étant assurables,
faisant partie du 2 000 $ donnant accès aux prestations du RQAP.
M. Derraji : Juste pour être
clair, ma question vise aussi les oubliés. Donc, je veux juste voir, est-ce que
dans cette liste de personnes assurables et non assurables, on ne rate pas un
groupe? C'est pour cela que ça serait intéressant de l'avoir déposée.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, est-ce que vous… Monsieur le… Alors, est-ce que c'est possible d'avoir
cette liste ou ce n'est pas…
M. Boulet : Oui, on pourra la
partager. Ce qui est important de souligner, c'est que le concept de revenus
assurables ou le concept gagné qui était lié aux revenus assurables était plus
restrictif. Je pense que c'est beaucoup plus clair, ce concept-là n'avait pas
ou ne justifiait pas d'être dans la loi pour déterminer ce qui est le
2 000 de revenus donnant accès aux prestations de RQAP.
Et oui, je peux partager cette liste-là.
Oui, on peut… on dépose…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On peut le faire tout de suite, par le Greffier, toujours. C'est fait? Là, vous
voulez la regarder avant, je présume, ou…
M. Boulet : Parce qu'il y en a
une liste très large, là. Il y a les assurances salaire, les allocations de
dépense, d'anciens combattants, les allocations de formation, les allocations
de jury, il y en a…
M. Derraji : Est-ce qu'il y a
le revenu non assurable, dans cette liste? Les…
M. Boulet : Non, mais à peu
près tout est là-dedans.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Ça va, député de Nelligan? Parfait. Député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous aviez
une intervention.
M. Leduc : Oui, c'était, en
fait, la même intervention. Mais là, je me pose juste la question, dans la
réponse du ministre…
M. Derraji : …est-ce qu'il
y a le revenu non assurable dans cette liste?
M. Boulet : Non, mais à
peu près tout est là-dedans.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ça va, député de Nelligan? Parfait. Députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, vous aviez une intervention?
M. Leduc : Oui, c'est la
même intervention, mais là je ne mets pas juste la question dans la réponse du
ministre qui dit que c'est lié à l'assurance emploi avec Ottawa, est-ce que ça
veut dire que…
M. Boulet : Le concept de
revenu assurable.
M. Leduc : O.K. Mais on
peut, sur nos propres bases, rajouter ou retirer des éléments de revenu
assurable pour le RQAP?
M. Boulet : Bien oui,
tout à fait.
M. Leduc : Parfait.
M. Boulet : Donc, on va
déposer ce document-là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Alors, on va le déposer. Oui, député
d'Hochelaga-Maisonneuve, une autre question? Oui.
M. Leduc : En termes de
mécanique, si on voulait faire une intervention, comme je le disais dans mes remarques
préliminaires, puis M. le député, aussi, de Nelligan le disait également, pour
la question des bourses, des étudiants, étudiantes n'ont pas accès, en ce
moment, au RQAP, est-ce que, pour rajouter, une bourse d'excellence, par
exemple, comme revenu assurable, on n'aurait pas besoin d'un projet de loi, ce
serait simplement une mesure administrative qui serait de rajouter ça dans la
liste en question?
M. Boulet : Bien, la
bourse, c'est, selon moi, c'est du revenu assurable, là. Il faudrait peut-être
s'arrimer avec Revenu Québec pour le conclure de façon claire. Est-ce que…
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Non.
M. Boulet : Non. O.K.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Boulet : Et la raison,
parce que ce n'est pas un revenu assurable.
Mme Thériault (Brigitte) :
Le minimum, ce n'est pas… Brigitte Thériault…
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, effectivement, avant…
Mme Thériault (Brigitte) :
présidente-directrice générale du Conseil de gestion d'assurance parentale.
Bienvenue.
Les bourses ne sont pas considérées, règle
générale, comme des revenus assurables. Elles ne sont pas, par ailleurs,
comptabilisables lorsqu'une personne reçoit une prestation, ce qui veut dire
qu'elle ne réduit pas les prestations.
M. Boulet : Mais quand tu
dis, Brigitte, que ce n'est pas généralement assurable, c'est-u parfois
assurable? Y a-tu des conditions?
Mme Thériault (Brigitte) :
À quelques exceptions près, quand une bourse est donnée, à titre d'exemple, par
une entreprise privée, puis qu'elle s'apparente davantage à, on dirait, un
salaire pour faire de la recherche, mais, de façon générale, c'est non
assurable.
M. Boulet : Donc, si
c'est une bourse qui vise à… c'est comme une allocation de formation pour ton
travail…
Mme Thériault (Brigitte) :
Régime des prêts et bourses, non.
M. Boulet : …ça, c'est du
revenu assurable.
Mme Thériault (Brigitte) :
Comme le régime des prêts et bourses, non...
M. Boulet : O.K. Mais si
c'est pour une formation pratique en milieu de travail, est-ce que c'est un
revenu assurable?
Mme Thériault (Brigitte) :
Bien, là, vous parlez plus de stage ou de...
M. Boulet : Oui.
Mme Thériault (Brigitte) :
Bon. Il y a des stages qui sont rémunérés. S'ils sont rémunérés, ils sont
assurables.
M. Boulet : C'est du
revenu assurable. O.K.
M. Leduc : Donc, juste
pour conclure, Mme la Présidente, là-dessus, si on voulait transformer les
bourses comme revenu assurable, faut-il nécessairement passer par Revenu Québec
ou ça peut se faire à l'intérieur du RQAP?
Mme Thériault (Brigitte) :
C'est le ministère du Revenu du Québec qui est responsable d'établir le
caractère d'assurabilité des revenus. Il le fait en concordance avec le niveau
de la fiscalité à la fois fédérale et québécoise. Habituellement, quand on
fiscalise un revenu, on retire de l'assurance-emploi, l'assurance parentale,
Régie des rentes du Québec et de l'impôt.
• (16 h 30) •
M. Leduc : Mais cette
décision...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Thériault
(Brigitte) : ...d'établir le caractère d'assurabilité des
revenus. Il le fait en concordance avec le niveau de la fiscalité à la fois
fédéral et québécois. Habituellement, quand on fiscalise un revenu, on retire
de l'assurance emploi, assurance parentale, Régie des rentes du Québec et de
l'impôt.
M. Leduc : Mais cette
décision, donc, appartient au ministère du Revenu. Est-ce qu'elle nécessiterait
un projet de loi ou un règlement?
Mme Thériault
(Brigitte) : Ça fait partie des directives ou des normes. Ils
changent... Dans le fond, ils vont modifier leurs dispositions.
M. Leduc : O.K. Pas de se
retrouver en commission parlementaire pour ça, là. Parfait.
M. Boulet :
Mais, tu sais, c'est intéressant, parce que, quand on enlève le mot «gagné»...
Le mot «gagné» faisait référence à l'argent en
retour d'une prestation de service. C'est pour ça que je dis que la notion de
revenu assurable est beaucoup plus large et facilite un accès accru aux
prestations du RQAP. Le mot «gagné», pour moi, c'était un fardeau qui était à
rattacher à la notion de revenu assurable. Tu comprends, Alexandre? Tu sais,
quand on dit «gagné», là...
M. Leduc : Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Boulet :
...ça fait référence à un lien de subordination puis c'est une prestation de
service contre une rémunération.
M. Leduc : J'aimerais que
vous vous référiez à moi avec mon titre, M. le ministre.
M. Boulet :
Mon collègue d'Hochelaga...
M. Leduc : Merci.
M. Boulet :
Avec tout le respect que vous méritez. Oui, tout à fait. Donc, c'est... C'est vraiment...
Il faut le voir dans une perspective d'élargissement de l'accès aux prestations
RQAP. À mon avis, c'est dépassé.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, je veux juste... On est vraiment rouillés, là, hein? Ça fait longtemps
qu'on n'a pas fait d'étude détaillée. Je veux juste bien préciser que tantôt,
c'est Mme Thériault, présidente du conseil d'administration au Conseil de
gestion de l'assurance parentale qui a pris la parole. Et on n'a pas... je n'ai
pas eu le temps de demander le consentement. Elle a parlé, donc je présume
qu'on l'avait, n'est-ce pas, pour qu'elle prenne la parole. Alors, nous y
allons maintenant avec le député de Nelligan, qui a une autre question.
M. Derraji :
... M. le ministre, à la lumière de ce que je viens d'entendre maintenant, aujourd'hui,
il y a des groupes qui sont venus nous parler des étudiants boursiers. Donc, si
j'ai bien compris les explications, ils ne peuvent pas bénéficier du régime si
on les inclut, par exemple, dans un projet pilote parce que leur revenu, il
n'est pas dans la catégorie que vous dites revenu assurable.
M. Boulet :
C'est une excellente question. On aura l'opportunité d'en rediscuter quand on
va parler de l'habilitation réglementaire pour
les projets pilotes. Si cette habilitation réglementaire
permet de mettre en place des projets pilotes qui ont un impact sur les
conditions d'application, ce serait plus compliqué. Mais, si les projets
pilotes peuvent avoir un impact sur les conditions l'éligibilité ou
d'admissibilité au régime, on pourrait aller de l'avant avec un projet pilote. Ça
fait qu'il n'y a rien qui nous empêcherait de l'imaginer. Ça fait que c'est un
débat qu'on va ravoir éventuellement.
M. Derraji :
Merci, Mme la Présidente. Donc, je remercie le ministre de pouvoir clarifier
cette notion...
M. Boulet :
Il y a un autre volet...
M. Derraji :
Oui, je n'ai pas terminé.
M. Boulet :
Oui, O.K. Non, mais il y avait un complément de réponse. Il y avait un
complément de réponse. Puis on pourra peut-être...
M. Boulet : …de
l'imaginer. Ça fait que c'est un débat qu'on va ravoir éventuellement.
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente. Donc, je remercie le ministre de pouvoir clarifier cette notion.
M. Boulet : Il y a un
autre volet…
M. Derraji : Oui, je n'ai
pas terminé.
M. Boulet : Oui, O.K.
Non, mais il y avait un complément de réponse. Il y avait un complément de
réponse, puis on pourra peut-être ravoir la discussion, mais le conseil peut
aussi modifier la période de référence de parents étudiants pour déterminer
s'ils ont suffisamment de revenus assurables pour leur donner accès au RQAP. Ça
fait que, sans projet pilote, il y a aussi la possibilité pour des parents
étudiants d'être admissibles en élargissant ou en prolongeant la période de
référence. Voilà. Excusez-moi.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, député de Nelligan.
M. Derraji : Mme la
Présidente, je ne peux pas m'empêcher de l'arrêter parce qu'à chaque fois il
bonifie, c'est excellent. C'est excellent, mais c'est rare que j'ai fait ça
dans une commission, vous avez présidé pas mal de commissions où j'étais un
vis-à-vis d'un de vos collègues ministres. Merci, pour les clarifications, et
je… et c'est très bien quand vous me dites qu'on peut changer la période de
référence. Moi, ça me rassure qu'on ne catégorise pas ces gens dans un revenu
assurable. C'est clair, le mot «gagné» empêche… nous limitait avant, et je vous
annonce qu'on va préparer un amendement dans ce sens, pas dans cet article,
mais par rapport… rendu à l'étape où on va parler des parentes étudiants, je
vais le déposer. Donc, vous me rassurez qu'il n'y a rien qui nous empêche, en
date d'aujourd'hui, ni de avec Revenu Québec ni par rapport au revenu
assurable, d'inclure les parents étudiants.
M. Boulet : On va en
discuter. Mais, si le projet pilote nous permet d'avoir un impact tant sur les
conditions d'admissibilité que d'application, la réponse, c'est oui.
M. Derraji : O.K.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait.
M. Derraji : Moi, ça fait
le tour. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 2? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix par vote nominal.
La Secrétaire
: Pour,
contre abstention, M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Oui,
pardon. Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Carrière : Pour.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Pour.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
: M. Derraji
(Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Abstention. Donc, l'article 2 est adopté.
Nous poursuivons, M. le ministre, avec l'article 3, s'il vous plaît.
(Consultation)
M. Boulet : O.K. Est-ce
qu'on peut suspendre quelques minutes, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
M. Boulet : …Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 41)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, M. le ministre, nous pouvons poursuivre. Alors, nous sommes en ondes. M.
le ministre, est-ce possible de lire l'article 3, s'il vous plaît?
M. Boulet : Oui. On va
attendre que ma collègue puisse s'asseoir.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
M. Boulet : Ça va? Donc, l'article 3
du projet de loi proposé :
L'article 7 de cette loi est modifié par
le remplacement des deuxième et troisième alinéas par les suivants :
«Le paiement de ces prestations débute au
plus tôt la seizième semaine précédant celle prévue pour l'accouchement et se
termine au plus tard 20 semaines après la semaine de l'accouchement. Le
paiement...
M. Boulet : …modifié par le
remplacement des deuxième et troisième alinéas par les suivants :
«Le paiement de ces prestations débute au
plus tôt la 16e semaine précédant celle prévue pour l'accouchement et se
termine au plus tard 20 semaines après la semaine de l'accouchement. Le
paiement peut toutefois se terminer après l'expiration de ces 20 semaines,
mais ne peut pas excéder la 52e semaine suivant celle de l'accouchement si
l'enfant est hospitalisé et que, sur demande, la période de prestations de
maternité est prolongée pour la durée de cette hospitalisation.
Le paiement des prestations de maternité
peut également se terminer après l'expiration de la période de
20 semaines, mais ne peut pas excéder la 52e semaine suivant celle de
l'accouchement lorsque, dans les cas et selon la durée déterminée par règlement
du conseil de gestion, la période de prestations de maternité est prolongée.»
Commentaire : L'article 3 du projet
de loi modifie l'article 7 de la loi, d'une part afin d'augmenter de 18 à
20 semaines la période à l'intérieur de laquelle les prestations de
maternité peuvent être prises après l'accouchement. Cette modification
accordera une période supplémentaire aux femmes pour se prévaloir des
prestations de maternité dans certaines situations, tel un accouchement
prématuré durant une période de vacances ou une période au cours de laquelle
une rémunération est reçue dans les premières semaines après l'accouchement, et
d'autre part, de prévoir la possibilité de prolonger la période de prestations
de maternité jusqu'à la 52e semaine suivant l'accouchement en cas
d'hospitalisation de l'enfant ou dans les cas et dans les conditions prévues
par règlement du conseil.
Cette modification facilite les conditions
de prolongation de la période de prestations puisque la mère n'aura plus à
déposer une demande de prestations pour ensuite demander la suspension du
versement des prestations, comme c'est le cas actuellement. Dans la mesure où
la mère se trouve dans l'une des situations prévues, elle sera admissible à une
prolongation de la période de prestations de maternité, et ce, même si le motif
de prolongation est antérieur au dépôt de la demande de prestation. Il s'agit
ici d'introduire plus de flexibilité dans le régime.
Donc, ça fait partie des mesures qui
visent à accroître la flexibilité du régime, on prévoit l'étalement de 18 à
20 semaines. Le cas classique : la mère est en vacances, elle
accouche prématurément et elle perd le bénéfice d'une semaine ou deux semaines
de prestations. Ça, c'est revendiqué depuis longtemps, et ça, le coût estimé,
comme je vous l'ai mentionné ce matin, c'est 2,4 millions de dollars. Et
il y en a… j'ai vérifié la statistique, il y a près de 45 % des mamans qui
ont perdu d'une à deux semaines de prestations de maternité en…
M. Boulet : … comme je vous
l'ai mentionné ce matin, c'est 2,4 millions de dollars. Et il y en a… j'ai
vérifié la statistique, il y a près de 45 % des mamans qui ont perdu d'une
à deux semaines de prestations de maternité en raison de l'étalement limité à
18 semaines. Donc, c'est l'amendement dans sa substance.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions pour l'article 3?
Députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui, merci, Mme
la Présidente. Juste pour que je comprenne bien, la CSN nous a fait une
présentation, puis eux, ils demandent que le… parce qu'actuellement, le régime
oblige les travailleuses qui sont en retrait préventif de demander leurs
prestations du RQAP quatre semaines avant la date prévue de leur
accouchement. Alors, eux, ils demandent que la loi sur la santé et services…
santé et sécurité, travail, ainsi que la Loi sur les normes du travail soient
modifiées afin que les travailleuses qui sont en retrait préventif ne soient
pas obligées de demander leurs prestations au RQAP quatre semaines avant
la date prévue de leur accouchement. Avec cet article, est-ce que ce serait
couvert pour eux? Est-ce qu'il y aura une volonté de faire une modification
pour que ça soit couvert pour ces personnes qui doivent quitter plus tôt?
M. Boulet : Bien, une volonté,
certainement, à en discuter. Je me souviens des propos de la CSN. En même
temps, ici, on est dans le forum visant à amender la Loi sur l'assurance parentale,
pas la loi… en fait, la Loi sur les accidents de travail et les maladies
professionnelles ou la Loi sur les normes du travail, mais je comprends le
mérite de cette recommandation-là, là, mais ça ne s'inscrit pas dans l'objet du
projet de loi n° 51.
C'est vraiment de faire passer… tu sais,
c'est… le cas classique, là, c'est vraiment les mères qui sont en vacances et
qui accouchent prématurément. Parce que c'est limité à 18 semaines, ça les
bloque. Elles perdent une ou jusqu'à deux semaines de prestations. Donc,
en augmentant la période d'étalement à 20 semaines, c'est un avantage
qu'on considère intéressant pour les mères parce qu'elles ont une période de
temps plus longue pour bénéficier de leurs prestations de maternité.
Mme Maccarone : Parce que, si
je comprends bien, la clientèle, là, les personnes qui sont visées par ce que
je viens de décrire, c'est parce que, quand elles quittent en retrait préventif
pour les quatre semaines, ça veut dire, c'est le CNESST qui paie, puis on
n'a pas de manière de trouver un lien pour aider à cette subvention? Parce que
c'est quand même pour la santé de la personne qui est enceinte ainsi que leur
enfant.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Ça, c'est des demandes de retrait préventif suite à l'émission d'un certificat
parce qu'il y a un danger pour la santé ou la…
Mme Maccarone : ...trouver
un lien pour aider à ... subvention? Parce que c'est quand même pour la santé
de la personne qui est enceinte ainsi que leur enfant.
M. Boulet : Oui, tout à
fait. Ça, c'est les demandes de retrait préventif suite à l'émission d'un
certificat parce qu'il y a un danger pour la santé, ou la sécurité, ou
l'intégrité physique de la mère ou de l'enfant à naître. Puis, oui, c'est des
indemnités qui sont versées, les indemnités de remplacement de revenu versées
par la CNESST. Après ça, il y a le pont, parce que la personne fait une demande
pour recevoir des prestations RQAP.
Ça me fait réaliser, avec votre question,
que ça vise aussi les personnes qui font des demandes... des dépôts tardifs de
demande de prestation puis qui perdent des semaines. En l'étalant sur
20 semaines, ça leur donne un... j'allais dire... une marge de manoeuvre
additionnelle.
Ça fait que ce qui est important, c'est
d'assurer de soutenir financièrement la mère pendant cette période-là. Et je
pense que le retrait préventif lui donne une avenue dans certains cas, là,
parce que ce n'est pas toutes les mères qui décident d'aller consulter un
médecin puis d'obtenir un certificat visant le retrait préventif. Ça dépend
bien sûr de l'environnement de travail, quand elle est exposée puis qu'il y a
un danger ou un risque. Il faudrait revoir le libellé, là, des articles
pertinents, mais c'est dans la loi santé et sécurité, qui est une loi de nature
préventive. Mais l'indemnisation est faite en vertu de la Loi sur les accidents
de travail, maladies professionnelles.
Une voix
: O.K. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y
a pas d'autre intervention sur l'article 3, nous allons procéder à la mise
aux voix. Ou il y a d'autres interventions?
M. Leduc : Oui, bien sûr.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci. Alors,
on aurait un amendement à déposer, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Tout à fait. Alors, il est... il n'a pas...
Est-ce qu'il a été déjà acheminé?
M. Leduc : On l'a envoyé,
je...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Mais nous allons suspendre quand même.
Alors, nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 16 h 57)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Nous reprenons, s'il vous plaît! Alors, à l'article 3, nous avons un
amendement qui a été déposé par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous
invite à le lire et à l'expliquer, s'il vous plaît.
M. Leduc : Alors, juste pour
qu'on se situe, dans le fond, l'article 3 modifie les alinéas 2 et 3
de l'article 7, et nous, on fait rajout au premier alinéa de
l'article 7 qui n'est pas dans l'article 3 du projet de loi…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...par le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous invite à le lire et à
l'expliquer, s'il vous plaît.
M. Leduc : Alors, juste pour
qu'on se situe, dans le fond, l'article 3 modifie les alinéas 2 et 3
de l'article 7, et nous, on fait rajout au premier alinéa de
l'article 7 qui n'est pas dans l'article 3 du projet de loi. Tout le
monde me suit jusqu'à date? Alors, ça se... dans le fond, on propose de
remplacer l'article 7, mais on garde, dans le fond, tout ce qui est déjà
modifié par l'article 3.
Et ça se lit comme suit : «Le nombre
maximal de semaines de prestations de maternité est de 18 ou, en cas d'adoption
conformément à l'article 18, de 15 — et là, la phrase se
rajoute — Une mère seule peut bénéficier des prestations de paternité
non utilisées.»Et les deux autres alinéas sont les mêmes que dans
l'article 3 déjà prévu. Est-ce que j'explique mon amendement, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Allez-y, oui.
M. Leduc : Alors, c'est quelque
chose qui a été discuté dans les audiences. C'est le Conseil du statut de la
femme qui nous en a fait la recommandation dans son mémoire. Nous, on trouvait
ça intéressant. Il y a déjà un article dans la loi, l'article 17, qui dit
qu'en cas de décès d'un des parents, ou si au moins l'un deux est admissible au
présent régime, le nombre de semaines de prestations de maternité ou de
paternité du parent décédé non utilisées à sa date ou son décès s'ajoute au
nombre total de semaines de prestations. Mais ça met l'obligation qu'il y ait
un décès, alors que dans le mémoire du Conseil du statut de la femme, ils
disent : Il y a beaucoup de naissances au Québec, 2 200 pour être
précis, où le père n'est pas déclaré, donc on a une mère seule, une mère
monoparentale. Et le Conseil du statut de la femme disait : Bien, dans ce
cas-là, pourquoi ne pas utiliser la même logique que l'article 17, si un
des parents décède, l'autre peut bénéficier des semaines qui seront non
utilisées? Bien, si la mère accouche et qu'elle est seule, qu'il n'y a pas de
père, pas de père déclaré, en tout cas, mais pourquoi elle ne peut pas
bénéficier de ces mêmes cinq semaines du père qui sont non utilisées? Bien sûr,
on s'imagine qu'il aurait un certain coût comme mesure, on n'a pas accès aux
services de l'actuaire en chef pour préparer notre amendement, on le devinera,
mais on trouvait ça important de le soumettre pour faire écho à ce qui avait
été demandé par le Conseil du statut de la femme et pour en discuter, Mme la
Présidente. Et j'aimerais préciser qu'une mesure similaire existe en Finlande
et en Norvège où les mères seules peuvent utiliser les semaines de congé
réservées aux pères.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre, oui.
M. Boulet : Pour bien
comprendre. La deuxième phrase du premier paragraphe de votre amendement,
c'est : «Une mère seule peut bénéficier des prestations de paternité non
utilisées.», alors que c'est déjà possible de le faire en vertu de
l'article 17.
M. Leduc : S'il y a décès.
M. Boulet : S'il y a décès.
Là, vous dites : Ça pourrait se faire suite à la seule volonté du père et
de la mère. Le père dit : Moi, j'utilise trois semaines de paternité puis
je te transfère deux semaines à toi, la mère. C'est ce que vous dites?
M. Leduc : On n'est pas allé
dans...
M. Boulet : Bien là, c'est...
de la façon dont c'est écrit, ça mène à ça.
M. Leduc : Bien, mère seule,
c'est ça que je dis, là.
M. Boulet : Oui, mais mère seule...
M. Leduc : Quand je dis qu'il
y a 2 200 naissances par année...
• (17 heures) •
M. Boulet : Le père... Oui,
mais de la façon dont c'est écrit...
17 h (version non révisée)
M. Boulet : ...et de la mère.
Le père dit : Moi, j'utilise trois semaines de paternité puis je te
transfère deux semaines à toi, la mère. C'est ce que vous dites?
M. Leduc : On n'est pas allés
dans...
M. Boulet : Bien là, c'est de
la façon dont c'est écrit, ça mène à ça.
M. Leduc : Bien, mère seule, c'est
ça que je dis, là.
M. Boulet : Oui, mais une mère
seule...
M. Leduc : Quand je dis qu'il
y a 2 200 naissances par année...
M. Boulet : ...le père... Oui,
mais de la façon dont c'est écrit, ça aboutit à ce type de résultat là. La mère
est seule, mais s'ils se séparent, puis le père, il dit : Je te donne mon
paternité, ça finit là. C'est possible de le faire, selon votre texte. Je veux
juste comprendre la deuxième phrase. La première phrase : «Le nombre de
semaines maximal...
M. Leduc : C'est la phrase de
la loi actuelle, M. le ministre.
M. Boulet : ...est de 18 ou, en
cas d'option conformément à l'article 18, de 15».
M. Leduc : Ça, c'est la loi
actuelle.
M. Boulet : Ça, c'est les
régimes. Effectivement, ça, ça existe. Donc, votre amendement... le reste du
texte... parce que je l'ai lu, là, mais je n'ai pas vérifié côte à côte s'il
n'y avait pas... Il n'y a pas de changement dans les deux autres grands paragraphes.
M. Leduc : Exact.
M. Boulet : Donc, votre amendement,
est-ce que je comprends implicitement que la période d'étalement à
20 semaines, ça vous va?
M. Leduc : Oui.
M. Boulet : Mais vous
souhaiteriez qu'une mère monoparentale bénéficie des semaines de paternité non
utilisées par le père sous la simple démonstration... Au-delà du fardeau
administratif, ça m'apparaît... Est-ce que je peux faire un commentaire? Ça
m'apparaît difficilement gérable et difficilement concevable. Puis je comprends
que le Conseil du statut de la femme ait pu référer à cette idée-là. Ça vient comme
encourager la dépossession du père de son droit à un congé de paternité, alors
que c'est ce qu'on veut encourager, quand on parle de conciliation
famille-travail puis d'investissement du père dans la sphère familiale. Ça
m'apparaît, puis c'est peut-être juste une perception, là, on se connaît, on
est capable de se dire ce qu'on pense assez profondément, là, mais ça
m'apparaît aller à contre-courant des objectifs qui sous-tendent le projet de
loi n° 51. Et je le dis avec beaucoup de respect.
M. Leduc : Comme d'habitude.
On pourra le réécrire, M. le ministre, Mme la Présidente, on pourra faire un
sous-amendement. Le but, on n'est pas des juristes, ni moi ni ma collègue, on a
mis ce qui nous semblait être le plus propice à générer une discussion. Nous
avons cette discussion-là. Donc, si le ministre est intéressé à ouvrir une
fenêtre, bien sûr, on suspend ou on le met en dépôt puis on y reviendra quand
les juristes auront trouvé une tournure de phrase qui clarifie l'intention.
Moi, mon intention, puis j'aurais peut-être dû utiliser ce terme-là, c'est
«dont le père n'est pas déclaré». Quand je dis qu'il y a
2 200 naissances par année dont le père n'est pas déclaré, il n'y en
aura pas, de toute façon, de semaines de paternité, là. Il n'y en aura juste
pas, le père n'est pas déclaré. Est-ce que c'est ce terme-là qu'on devrait
utiliser dans la phrase pour réduire la portée ou ne pas qu'il y ait
d'interprétation? J'en suis. Je le répète, on n'a pas la prétention d'être des
juristes, d'avoir écrit la meilleure phrase au monde. Ça fait que, si c'est un
débat, si c'est une direction qui intéresse le ministre, on va le faire. Puis
le fardeau administratif...
M. Leduc : ...est-ce que c'est
ce terme-là qu'on devrait utiliser dans la phrase pour réduire la portée ou ne
pas qu'il y ait d'interprétation? J'en suis. Je le répète, on n'a pas la
prétention d'être des juristes, d'avoir écrit la meilleure phrase au monde. Ça
fait que, si c'est un débat, si c'est une direction qui intéresse le ministre,
on va le faire.
Puis le fardeau administratif, ce n'est
pas un argument que j'achète beaucoup. On prévoit déjà cette situation-là si
l'autre parent décède. C'est l'article 17 de la loi actuelle. Et la Finlande et
la Norvège ont une disposition similaire. Ça ne doit pas être si compliqué à
faire. On aime ça, dire que le RQAP, c'est un des meilleurs régimes au monde,
le meilleur en Amérique du Nord. On n'est pas les meilleurs partout,
visiblement. Finlande et Norvège ont une petite coche à ce niveau-là. Donc, ça
doit être faisable, là, de l'écrire de la bonne manière.
M. Boulet : J'ai deux options.
L'option, c'est qu'on fasse le débat maintenant. Moi, j'ai mes réserves.
J'ai... Je suis loin d'être prêt à être convaincu de votre argumentaire. Ou ma
deuxième option, c'est, dans la mesure où on est d'accord sur l'étalement, la
prolongation de l'étalement de 18 à 20 semaines, parce que c'est le centre de
l'amendement qui est dans le projet de loi n° 51, on
peut adopter cet article-là, en faisant passer l'étalement, évidemment, sous
réserve des commentaires de nos amis libéraux et péquistes, mais... puis de le
rediscuter plus tard, là, quand on verra les quantums, les nombres de semaines
de prestations. Il y aura, à 10 et 11, là, sous réserve, là... mais il y a des
articles, plus loin, où on aura une autre opportunité de discuter de ce
débat-là, là, de transférer...
Alors que là, c'est toujours possible,
vous le dites bien, là, en vertu de l'article 17. En cas de décès, si la
personne ne peut pas utiliser ce qui reste, il y a possibilité de transfert à
l'autre. Moi, je pense qu'on devrait... Ceci dit, là, on devrait en discuter
plus tard puis adopter article 3. Mais je ne suis pas fermé à en discuter tout
de suite non plus, là. Mais ce serait peut-être une façon d'avancer. On a 33
articles en tout. Ça nous permettrait d'avancer puis d'aller au coeur de ce
type de débat là plus tard.
M. Leduc : Moi, je... Oui?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Moi, j'aurais juste une réserve, là, sur l'amendement qui est apporté, parce
que là, vous apportez un amendement contenant tout l'article, et ça, c'est
délicat.
M. Leduc : Bien, il aurait
peut-être fallu nous dire ça avant d'ouvrir le débat pour... Il était-il
recevable ou pas, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, c'est un fait. On verra tantôt si on ne peut pas... On a le député de
Beauce-Nord qui voudrait parler, s'il vous plaît.
M. Leduc : Il était recevable
ou pas, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il était recevable, mais moi, je trouve ça dangereux, tel que rédigé.
M. Leduc : Il l'était, mais
encore?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Attendez, on va entendre le commentaire de Beauce-Nord... député de
Beauce-Nord, pardon.
M.
Provençal : Merci, Mme la Présidente. Malgré que je trouve très
intéressant ce que le député de Maisonneuve-Rosemont...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...Hochelaga-Maisonneuve.
M. Provençal
: ...Hochelaga-Maisonneuve, merci beaucoup, apporte, je
m'interroge, moi, au niveau de la recevabilité, parce que dans... l'article 197
dit toujours qu'au niveau des amendements...
M. Provençal :
...que je trouve très intéressant ce que le député de Maisonneuve-Rosemont...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Hochelaga-Maisonneuve.
M. Provençal :
...Hochelaga-Maisonneuve, merci beaucoup, apporte, je m'interroge, moi, au
niveau de la recevabilité parce que l'article 197 dit toujours qu'au
niveau des amendements, il y a certains principes.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est ça.
M. Provençal :
Bon. Dans les principes, ici, on introduit un nouveau principe par rapport à
l'article déposé par M. le ministre. Et en plus je m'interroge aussi dans la
modification que le député demande. Est-ce que ça va engager expressément des
sommes d'argent ou dicter précisément des choix budgétaires au gouvernement?
Donc, tantôt on a eu des projections budgétaires. Et, normalement, une
modification ne doit pas amener une pression budgétaire sur le projet de loi.
C'est un commentaire, Mme la Présidente, que je me permets de faire parce que
je pense qu'il est à propos, mais je comprends très bien l'intervention de M.
le député, là.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Alors, à cette étape-ci, vous suggérez
quoi? M. le ministre, vous suggérez d'attendre?
M. Boulet : Moi, je
suggère d'attendre. Puis, ceci dit, on pourra en refaire une discussion plus
approfondie quant à son mérite. Et moi, je verrai si on est ouvert. Je ne
serais peut-être même pas fermé à faire une contre-proposition. Tel que
libellé, je pense qu'on s'entend tous que ça ne passe pas la rampe. Mais moi,
je m'engagerais à ce qu'on en rediscute plus tard quand on va discuter du
quantum des semaines de prestation puis des occasions, peut-être même à
l'article plus... à 10 et 11. Et on verra s'il y a des propositions à faire.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Moi, ça ne me
dérange pas de le retirer pour l'instant, mais je voudrais juste peut-être
qu'on prenne une suspension de quelques instants pour que vous m'indiquiez,
vous, clairement où est-ce que vous voulez qu'on en discute.
M. Boulet : O.K. Parfait.
M. Leduc : Suspendons
quelques minutes.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Alors, nous allons suspendre quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 8)
(Reprise à 17 h 14)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...reprendre. M. le ministre, M. le ministre. On va remettre à l'ordre M. le
ministre. C'est beau.
M. Boulet : Donc...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Non.
M. Boulet : On pourrait
procéder à l'adoption ou... sur cet article-là, 3, du projet de loi.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On est en ondes, M. le ministre. Je m'excuse, mais je ne crois pas que votre lumière...
M. Boulet : Oui, elle est
allumée.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait, la lumière est allumée maintenant. C'est à vous, M. le ministre, vous
pouvez répéter. Je m'excuse.
M. Boulet : Ah! désolé. Merci,
Mme la Présidente. Donc, comme la deuxième option que je soumettais à mon
collègue, on procéderait à l'adoption de l'article 3 du projet de loi n° 51, qui vise fondamentalement à accroître la période
d'étalement pour le congé de maternité de 18 à 20 semaines. Et on est en
train d'analyser la soumission d'une contre-proposition à l'article 5 du
projet de loi. Donc, ça répond bien à la question de mon collègue.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, avec l'amendement que nous avons, est-ce que vous souhaitez,
député d'Hochelaga-Maisonneuve, de le retirer?
M. Leduc : Oui, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, est-ce que nous avons le consentement pour retirer l'article...
l'amendement proposé à l'article 3? Parfait, alors l'amendement est
retiré.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou
interventions sur l'article 3? S'il n'y a pas d'autre intervention ou
commentaire, nous allons procéder à la mise aux voix par appel nominal...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...pour retirer l'article... l'amendement proposé à l'article 3? Parfait,
alors l'amendement est retiré.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou
interventions sur l'article 3? S'il n'y a pas d'autre intervention ou
commentaire, nous allons procéder à la mise aux voix, par appel nominal.
La Secrétaire
: Oui.
Pour... Oh! pardon...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : C'est beau? On va s'habituer, pas grave.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
La Secrétaire
:
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire
:
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M. Provençal :
Pour.
La Secrétaire
:
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
:
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire
:
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
: Mme...
M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Abstention. Alors, l'article 3 est adopté.
M. le ministre, nous poursuivons avec l'article 4. À vous la parole.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. L'article du... 4 du projet de loi proposé : L'article 8
de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «18» par «20»;
2° par le remplacement du deuxième alinéa
par le suivant :
«Le paiement peut toutefois se terminer
après l'expiration de la période de 20 semaines, mais ne peut excéder la
52e semaine suivant celle où survient l'interruption de grossesse lorsque,
dans les cas et selon la durée déterminée par règlement du conseil de gestion,
la période de prestations de maternité est prolongée.»
Commentaire : L'article 4 du
projet de loi modifie l'article 8 de la loi. Il s'agit d'une modification
de concordance avec l'article 3 du projet de loi afin que les
interruptions de grossesse postérieures à la 19e semaine de gestation
soient également prises en compte pour la prolongation de la période de
prestations de la même façon que pour un accouchement.
Ainsi, le paragraphe 1° de
l'article 4 du projet de loi augmente la période de prestations de
maternité de 18 à 20 semaines lors d'une interruption de grossesse
postérieure à la 19e semaine de gestation. Cette période pourrait être
prolongée dans les cas et dans les conditions prévus par règlement du conseil
de gestion, sous réserve qu'elle ne puisse excéder la 52e semaine suivant
celle où survient l'interruption de grossesse.
Le paragraphe 2° de l'article 4 du
projet de loi facilite aussi les conditions de prolongation de la période de
prestations de maternité puisque la prestataire n'aura plus à déposer une
demande de prestations pour ensuite demander la suspension du versement des
prestations. Dans la mesure où elle se trouve dans l'une des situations
prévues, elle sera admissible à une prolongation de la période de prestations
de maternité, et ce, même si le motif de prolongation est antérieur au dépôt de
la demande de prestation. Il s'agit ici d'introduire plus de flexibilité dans
le régime. Voilà.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions?
M. Boulet : ...à une
prolongation de la période de prestations de maternité, et ce, même si le motif
de la prolongation est antérieur au dépôt de la demande de prestations. Il
s'agit ici d'introduire plus de flexibilité dans le régime. Voilà.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? S'il n'y a pas
d'intervention à l'article 4, nous allons procéder à la mise aux voix par
vote nominal. C'est beau. Alors, nous y allons.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention, M. Boulet (Trois-Rivières)?
M. Boulet : Pour.
La Secrétaire
: Mme Dansereau
(Verchères)?
Mme
Dansereau
:
Pour.
La Secrétaire
: M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Pour.
La Secrétaire
: M. Provençal
(Beauce-Nord)?
M.
Provençal : Pour.
La Secrétaire
: Mme Jeannotte
(Labelle)?
Mme Jeannotte : Pour.
La Secrétaire
: Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Pour.
La Secrétaire
:
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire
:
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire
:
M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji : Pour.
La Secrétaire
:
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Pour.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Alors, l'article 4 est adopté. Nous avons une question. Oui,
député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : On aurait un
amendement pour déposer un 4.1, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons suspendre quelques instants pour déposer un nouvel article.
Parfait?
M. Leduc : Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 19)
(Reprise à 17 h 24)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous avons reçu un nouvel article, l'article 4.1, par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous invite à le lire et à l'expliquer.
M. Leduc : Oui, merci, Mme la
Présidente. Donc, article 4.1 qui modifie l'article 9 de la loi.
C'est très simple. Article 4.1 : Modifier l'article 9 de la loi
en changeant le chiffre 5 pour le chiffre 7.
C'est l'article… et donc je peux
l'expliquer, c'est l'article dans la loi qui détermine le nombre de semaines de
paternité qui sont accessibles. Je précise tout de suite qu'encore une fois on
n'est pas des juristes et que je n'ai pas été en mesure d'estimer quel serait
l'impact sur le régime plus court, parce que dans le même article de la loi,
juste après, c'est préciser : «ou, en cas d'option conformément à
l'article 18, de 3.»
Je ne sais pas si bonifier de cinq à sept,
les semaines du régime régulier, ça voudrait dire de trois à cinq, ou de trois
à quatre, ou de trois et demi… bref. Je voulais surtout avoir la discussion
avec M. le ministre et je m'en serai voulu de ne pas l'avoir déposé, de ne pas
l'avoir voté aussi, parce que plusieurs mémoires ont proposé différentes
avenues à ce sujet-là. Il y en a qui allaient à sept, il y en a qui allaient à
huit, il y en a qui allaient jusqu'à 10, même qu'ils allaient un peu plus loin,
je pense, celui de la CSD allait beaucoup plus loin, c'était-u 15 ou 16?
Bref, plusieurs chiffres ont circulé.
Je suis allé sur le chiffre le plus
modéré, dirons-nous, parce que je pense que le chemin idéal pour favoriser la
présence du père, c'est celui-là. Puis, écoutez, on m'a suggéré, pendant la
pause, puis ce n'était pas une mauvaise suggestion, d'avoir cette discussion-là
quand on sera rendus plus loin dans le projet de loi, sur l'article 30.
Or, moi, j'ai… je ne le sais pas ce que prépare M. le ministre comme amendement
à l'article 30. S'il était en mesure de le déposer tout de suite,
peut-être que je pourrais retirer mon amendement puis qu'on en discuterait, en
effet, rendus à l'article 30. Sinon, j'aimerais mieux qu'on le discute
maintenant parce que, ce qu'on a compris tantôt, sur le chemin qu'emprunte le
ministre beaucoup plus tard, m'a beaucoup étonné, puis on a eu un peu de
discussion, je ne referai pas le débat qu'on a eu tantôt, mais je veux juste me
rasseoir sur deux ou trois chiffres.
Quand on choisit un chemin qui, selon nos
propres projections de mesure, ne sera utilisé que par une famille sur quatre,
la première année, et peut-être une famille sur cinq… une famille sur trois au
bout de cinq ans. Je pense qu'on confirme que ce n'est pas le meilleur chemin.
Parce que si on veut que plus de pères passent plus de temps, bien,
visiblement, il faut y aller par le congé de paternité. Après ça, quelles sont
nos marges de manoeuvre réelles? Je n'ai pas tous les leviers. On a eu une
présentation ce matin. J'ai préparé mes amendements plus tôt. Puis, de toute
façon…
M. Leduc : ...que ce n'est pas
le meilleur chemin. Parce que, si on veut que plus de pères passent plus de
temps, bien, visiblement, il faut y aller par le congé de paternité.
Après ça, quelles sont les marges de
manoeuvre réelles? Je n'ai pas tous les leviers. On a une présentation ce
matin, j'ai préparé mes amendements plus tôt. Puis de toute façon, même avec la
présentation de ce matin, je n'étais pas en mesure de calculer les marges de
manoeuvre pour une semaine, deux semaines, trois semaines de congé de
paternité. Cela étant dit, c'est ce qu'on a proposé dès le départ, bien avant
le dépôt du projet de loi. Je pense que c'est la meilleure façon de favoriser
la présence de plus de pères, et c'est pour ça que je dépose l'amendement.
Je répète, Mme la Présidente, si M. le
ministre est prêt à me déposer tout de suite, d'avance, l'amendement sur le 30,
je retire tout de suite mon amendement puis on en discutera plus tard au 30.
Mais, s'il veut qu'on tienne le débat tout de suite, faisons-le puis ça sera
chose réglée sur ce sujet-là des semaines de paternité. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. M. le ministre, à vous la parole.
M. Boulet : Évidemment, Mme la
Présidente, je ne ferai pas le débat sur l'article 30 avant de compléter
les autres articles qui précèdent, mais je vais me prononcer sur le mérite de l'amendement.
Vous avez entendu l'actuaire du conseil ce matin ajouter une semaine de congé
de paternité, l'estimation, puis ce n'est pas une estimation trop tenant compte
d'hypothèses, mais c'est sur l'expérience, ça représente à peu près 48 millions.
Et j'ai demandé, si on le faisait passer de cinq à sept, parce que ce n'est pas
tous les pères qui prennent deux semaines, il y en a qui se limite à un, ça
fait que ce n'est pas à chaque semaine 48 millions de plus, mais on me
souligne que l'impact de deux semaines additionnelles, c'est 85 millions.
Donc moi, je mettrais tous de côté les 10 bonifications ou à peu près du projet
de loi n° 51 pour aller dans la direction de l'amendement, en termes de coûts
j'entends. Donc, pour cette raison là prise isolément, ça ne serait pas
justifiable.
Je ne pense pas qu'on ferait une avancée
sociale avec une simple augmentation du congé de paternité. En plus, c'est
contraire aux objectifs qu'on recherche. Ça, je l'ai souvent dit. À l'article 30,
on essaie d'inciter les parents au dialogue, on essaie d'encourager le partage,
et de faire bénéficier d'un quatre semaines additionnelles. Et ce quatre
semaines additionnelles là, représente un coût de 39,8 millions de dollars.
Et ça, il y a un changement de culture qui s'opère de façon progressive dans la
société québécoise.
• (17 h 20) •
Et autre motif, ça vient cristalliser la
perception chez les parents que «fine», le père, il va continuer cinq, six,
sept, on va lui en donner huit. Oui, j'ai entendu des groupes, puis le
conseil...
17 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...progressive
dans la société québécoise.
Et autre motif, ça vient cristalliser la
perception chez les parents que, «fine», le père, il va continuer cinq, six,
sept, on va lui en donner huit. Oui, j'ai entendu des groupes, puis le
conseil... Il y a des groupes qui promotionnent la paternité prise isolément
qui vont dire : Ça devrait être 10. Oui, mais, encore une fois, on... je
le répète, là, on cristallise la perception que la mère, tu as ce qui
t'appartient, puis ce qui est parental partageable, c'est à toi, ce n'est pas
au père.
Moi, je ne vois pas... Puis je sais que
vous pouvez en débattre, là, mais... puis qu'on peut en débattre, puis je suis
ouvert à l'argumentaire là-dessus, mais je ne suis vraiment pas d'opinion que
ça favorise le partage, encore moins que ça tend vers une meilleure équité
entre le père et la mère, et encore moins que ce soit un amendement qui est
compatible avec les objectifs du projet de loi n° 51.
Et je ne peux pas... On va le faire, le
débat à l'article 30, je le redis à mon collègue. Allons-y étape par étape
de manière ordonnée, puis respectons la structure puis la cohésion de ce projet
de loi là... qui se colle à la réalité, à l'économie de la Loi sur l'assurance
parentale. Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme
la Présidente. Je remercie le ministre pour les clarifications. Moi aussi, je
suis un peu surpris parce que je pense qu'on va faire les choses dans l'ordre.
Et le débat, il est extrêmement important par rapport à cet enjeu. Le ministre
m'a entendu aussi en Chambre que, pour moi, c'est quelque chose qui est
important, que nous avons tous entendu.
Et je rassure le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
et aussi le ministre qu'on va déposer, rendu à l'article 30, parce que le
débat, il est extrêmement important, un débat de fond. Je pense que, là où nous
sommes rendus dans cet article, je ne pense pas que c'est le moment d'en
parler, mais je tiens quand même à le mentionner à M. le ministre qu'on veut
avoir le débat. Le débat, on doit l'avoir, M. le ministre. Et je pense que les organismes
que nous avons reçus en commission nous ont tous... bien, pas tous, je retire
le mot «tous», quelques organismes nous ont avisés de cette réalité. Et le
débat, on doit le faire en temps et lieu, rendu à l'article 30.
Donc, moi, je pense que c'est un débat qui
est nécessaire, et je pense même que c'est l'essence même du projet de loi.
M. Boulet : Totalement.
M. Derraji : Donc, rendu
à l'article 30, je vais... et on va déposer aussi un amendement qui touche
le contexte de l'article 30. Mais je pense que, là où on est rendus maintenant,
je ne pense pas que c'est... si j'ai bien compris, ce n'est pas le moment d'en
parler.
M. Boulet : Absolument.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Juste
souligner, Mme la Présidente, que c'est un peu particulier de faire une
critique de fond...
M. Derraji : ...qui touche le
contexte de l'article. 30. Mais je pense que là où on est rendus maintenant, je
ne pense que, si j'ai bien compris, ce n'est pas le moment d'en parler.
M. Boulet : Absolument.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Juste souligner, Mme
la Présidente que c'est un petit peu particulier de ne faire aucune critique de
fond, un commentaire de fond et de terminer par un commentaire de forme sur le
doute de la recevabilité de l'amendement. Si on n'est pas d'accord avec la
recevabilité de l'amendement, on le dit d'emblée quand il est déposé. Une fois
que vous l'acceptez puis qu'on en discute, j'ai beaucoup de mérite, à mon avis,
de revenir sur la recevabilité. Faut-u en discuter là? Faut-u en discuter plus
tard? Là, il est là, on en discute, on en discute.
J'ai aussi des amendements prévus pour l'article
30, mais ce n'est pas du tout ma meilleure solution. Moi, c'est mon plan b, mon
plan c, mon plan d. J'en ai deux, trois de prévus, j'attends de voir quelle
sera la main que jouera le ministre. Mais ce n'est pas ma meilleure solution;
ma meilleure solution, c'est de bonifier le congé du père. C'est pour ça que je
dépose l'amendement, Mme la Présidente, puis je ne m'éterniserai pas très
longtemps, mais je m'en serais voulu, je n'aurais pas été honnête avec moi-même
de ne pas le faire à ce moment-ci, alors qu'on est rendus à l'article en question.
Évidemment qu'il y aurait une concordance
à faire si on adoptait cet amendement-là. On ne pourrait pas adopter l'article
30 plus tard, ça va de soi. Donc, c'est pour qu'encore une fois, je trouve ça
bien logique qu'on en discute maintenant.
Maintenant, le ministre a réutilisé
l'argument qu'il veut encourager le partage par l'autre chemin qu'il favorise.
Mais précisément, tantôt, on s'est expliqué que l'an 1, il n'y a presque rien
qui va changer. Les gens qui partagent déjà 10 sur 10 vont bonifier du nouveau
régime puis les gens qui partagent déjà un peu moins, mais qui partagent quand
même, on espère, et on estime, et on projette qui vont se qualifier au nouveau
régime. On projette... On ne va pas présenter de chiffres sur des nouvelles
familles... un nombre substantiel de nouvelles familles qui ne partageaient pas
du tout et qui vont pouvoir, du jour au lendemain, partager suffisamment pour
se qualifier.
Donc, l'effet réel sur le partage, il
n'est peut-être pas nul, mais il n'est pas loin d'être nul. Alors, encourager
le partage, j'ai entendu cet argument du début à la fin de ce débat et là, ce
matin, avec les chiffres qu'on a, je me rends compte que j'aurais clairement dû
les demander plus tôt. Je trouve que cet argument-là est beaucoup moins pesant
qu'il l'était au début. Et pour terminer sur largement de M. le ministre sur le
coût, il a raison de dire qu'en effet, deux semaines de prestations parentales
supplémentaires auraient un coût autour de 80, 86, je ne me rappelle plus du
chiffre exact.
Une voix
: 85.
M. Leduc : 85, qui est beaucoup
plus élevé, bien sûr, que le 40 millions prévu pour l'an prochain avec sa
mesure.
Deux choses là-dedans. La première, moi, je
n'ai pas renoncé... bien, pas renoncé. Il faut se rappeler qu'il y a une baisse
de cotisations, là, en janvier. On s'est volontairement privés de ressources,
alors, il ne faut pas l'oublier.
Deuxième chose, si on me dit qu'une
semaine, c'est 48 millions environ de paternité, et que la mesure du
gouvernement, c'est 40 millions, je serais quasiment tenté de sous-amender
ma propre proposition, Mme la Présidente, pour dire : Bien, d'accord,
faisons, dans ce cas-là, une seule semaine supplémentaire de...
M. Leduc : …alors, il ne faut
pas l'oublier.
Deuxième chose, si on me dit qu'une
semaine, c'est 48 millions environ de paternité, et que la mesure du
gouvernement, c'est 40 millions, je serais quasiment tenté de sous-amender
ma propre proposition, Mme la Présidente, pour dire : Bien, d'accord,
faisons, dans ce cas-là, une seule semaine supplémentaire de paternité, parce
que je suis convaincu qu'elle va être davantage utilisée. Puis là, en plus, non
seulement je suis convaincu, mais on m'a démontré qu'elle va être davantage
utilisée, cette nouvelle semaine, par plus de pères, donc, dans le réel, en
termes, ne serait-ce que d'heures, ça va produire plus d'heures de pères près
de leurs enfants, que le chemin du ministre qui va être utilisé par une famille
sur quatre, Mme la Présidente.
Alors, comme je vous dis, on ne
s'éternisera pas. On a fait le débat. Je tenais à déposer mon amendement, et
voilà. Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le ministre.
M. Boulet : Mme la Présidente,
je comprends et je respecte la volonté de mon collègue de déposer l'amendement
à ce stade-ci. On peut faire un débat, mais on va le faire à l'article 30.
Je pense qu'il faut essayer de ne pas multiplier les débats sur un enjeu qui
nous concerne tous. On va tous avoir un point de vue. Mais moi, je vais
constamment redire que ce n'est pas en ajoutant une semaine de paternité qu'on
va provoquer un changement de culture qui doit s'opérer de façon progressive
dans la société québécoise. Mais, ceci dit, et je vais arrêter là, puis, pour
moi, ce n'était pas nécessairement une question de recevabilité, c'est une
question de travailler de façon ordonnée, structurée, et on va aboutir, de
toute façon, dans un corridor qui va nous permettre de faire cette
discussion-là. C'est tout, simplement, ça fait que…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Il y a la députée de Joliette qui aimerait prendre la parole aussi.
Mme
Hivon
:
Merci, Mme la Présidente. D'abord, sur la question de procédure, je pense que
mon collègue a tout à fait raison de dire que, quand il y a des enjeux de
recevabilité, c'est important d'en débattre dès le départ pour savoir si on
travaille sur des bonnes bases. Je nous invite aussi à ne pas être trop… oui,
il est recevable, c'est beau. C'est juste que ça fait deux fois que mon
collègue dépose des amendements, puis, en cours de débat, la question de la
recevabilité revient. Je nous invite juste, là, pour la clarté de nos travaux,
à faire en sorte qu'on en débatte dès le départ. Puis, si on a des questions
sur la recevabilité, dans les échanges, là… Je ne parle pas de vous, Mme la
Présidente, pas…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K. O.K. En fait, il était recevable, hein? Ce nouvel article, il était
recevable. C'est peut-être… je ne sais pas qui a utilisé le terme qu'il ne
l'était plus, là.
M. Boulet : …ce que ma
collègue suggère, c'est que, dès le départ, on parle d'irrecevabilité plutôt
que de faire une discussion... Et ça, moi, je suis totalement d'accord avec ça.
Moi, je ne prétendais pas que c'était irrecevable. C'est… Donc, voilà. Mais
est-ce qu'on comprend que c'est reporté à plus tard?
Mme
Hivon
: Mais
j'ai un deuxième élément.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Attendez, là, par contre, M. le ministre, elle n'avait pas terminé.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Ça fait que c'est super, je ne veux pas, moi, qu'on soit
archiformalistes puis qu'à chaque fois, on se demande... On pressent que si
vous dites qu'on y va, on y va, il est recevable. Mais tout ce que je veux
dire, c'est que, pour notre bonne gouverne, si quelqu'un a des doutes, bien,
qu'on le soulève tout de suite plutôt que de revenir là-dessus.
Sur le fond des choses, moi, je pense
qu'il y a beaucoup…
Mme
Hivon
: ...merci
beaucoup. Ça fait que c'est super, je ne veux pas, moi, qu'on soit
archiformalistes puis qu'à chaque fois, on se demande... On pressent que si
vous dites qu'on y va, on y va, il est recevable, mais tout ce que je veux
dire, c'est que pour notre bonne gouverne, si quelqu'un a des doutes, bien,
qu'on le soulève tout de suite plutôt que de revenir là-dessus.
Sur le fond des choses, moi, je pense
qu'il y a beaucoup de mérite dans l'amendement qui est amené par mon collègue.
On en a discuté lors des auditions, lors de l'adoption de principe, et moi, je
suis prête à ce qu'on dise : O.K. le coeur de cette discussion-là va avoir
lieu quand on va parler de l'article 30. Mais je comprends en même temps
que ce n'est pas simple parce qu'il y a comme un acte de foi que si on décide
d'autre chose et de modifications, quand on arrive à l'article 30 et que
ça demande des changements plus tôt dans le projet de loi, ce qui pourrait
arriver, bien qu'après, on ne se fera pas dire : Non, non, non, ces articles-là,
ils sont tous adoptés puis on passe à d'autres choses.
Donc, moi je veux juste qu'on s'entende...
• (17 h 40) •
M. Boulet : Pas d'inquiétude.
Mme
Hivon
:
...que s'il y a une nécessité de revenir en arrière, de rouvrir des articles ou
d'amener éventuellement un 4.1 parce qu'on trouverait une autre position qui
serait optimale, bien, qu'on va avoir ce loisir-là de le faire puis cette
ouverture-là de tous les membres de la commission pour le faire.
M. Boulet : Moi, vous avez mon
engagement.
Mme
Hivon
:
Parfait.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Alors, avec le nouvel article proposé, 4.1, nous passons à la mise aux
voix? Alors, nous passons à la mise aux voix par appel nominal.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention, M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire
: M. Boulet
(Trois-Rivières)?
M. Boulet : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Dansereau (Verchères)?
Mme
Dansereau
: Contre.
La Secrétaire
:
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron : Contre.
La Secrétaire
:
M. Provençal (Beauce-Nord)?
M. Provençal : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Jeannotte (Labelle)?
Mme Jeannotte : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire
:
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire
:
M. Derraji (Nelligan)?
M. Derraji : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Contre.
La Secrétaire
:
M. Derraji (Nelligan) pour M. Leitão (Robert-Baldwin)?
M. Derraji : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
: Abstention.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Abstention. Alors, le nouvel article 4.1 est rejeté. Nous poursuivons avec
l'article 5. M. le ministre, je vous invite à le lire et à nous
l'expliquer, s'il vous plaît.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. L'article 5 du projet de loi proposé :
L'article 10 de cette loi est
remplacé par les suivants :
«Le nombre de semaines de prestations
parentales partageables dont peuvent bénéficier les parents est de 32 ou en cas
d'option, conformément à l'article 18, de 25.
«Le paiement peut débuter au plus tôt la
semaine de la naissance de l'enfant, mais ne peut excéder la période de
prestations.
«10.1 Lors d'une naissance de plus d'un
enfant à la suite d'une même grossesse, sont allouées à chacun des parents cinq
semaines de prestations parentales exclusives ou en cas d'option, conformément
à l'article 18, trois semaines.
«10.2 Le conseil de gestion peut, par règlement,
augmenter le nombre de semaines de prestations parentales partageables afin de
favoriser le partage de celles-ci entre les parents dans les cas et selon les
modalités qu'il détermine pour ces semaines additionnelles...
M. Boulet : ...trois
semaines;
«10.2 Le conseil de gestion peut, par règlement,
augmenter le nombre de semaines de prestations parentales partageables afin de
favoriser le partage de celles-ci entre les parents dans les cas et selon les
modalités qu'il détermine pour ces semaines additionnelles. Il fixe également
le taux des prestations pour ces semaines.»
Commentaire : L'article 5 du projet
de loi concerne les prestations parentales accordées lors des naissances. Il
vise à remplacer l'article 10 de la loi et à introduire de nouvelles
dispositions.
Tout d'abord, l'article 5 du projet
de loi remplace l'article 10 de la loi afin d'ajouter le qualificatif «partageables»
aux prestations parentales afin de les distinguer des nouvelles prestations
parentales exclusives à être introduites. Le nombre de semaines de prestations
accordées reste le même qu'actuellement, soit 32 semaines ou, en cas
d'option pour le régime particulier, 25 semaines.
Introduction aux nouvelles dispositions. L'article 5
du projet de loi introduit également deux nouveaux articles. L'article 10.1
accorde cinq semaines de prestations parentales exclusives lors d'une naissance
multiple ou, en cas d'option pour le régime particulier, trois semaines.
L'article 10.2 introduit une
habilitation réglementaire permettant au conseil d'augmenter le nombre de
semaines de prestations parentales partageables dans certaines situations afin
de favoriser le partage de prestations entre les parents. Le conseil fixera le
nombre de semaines additionnelles et établira le taux applicable à ces
semaines. Voilà, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Y a-t-il des interventions? Député de Nelligan.
M. Derraji : Oui. Merci,
Mme la Présidente. J'ai quelques questions, juste pour précision.
Le ministre vient de dire que l'article 10.2
introduit une habilitation réglementaire permettant au Conseil de gestion de
l'assurance parentale d'augmenter le nombre de semaines de prestations
parentales partageables dans certaines situations afin de favoriser le partage
des prestations entre les parents.
Est-ce qu'on décrit ses situations ou
c'est large? Dans quels cas de... C'est quoi, ces situations?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : M. le ministre.
M. Boulet : ...
excusez-moi, j'ai perdu la fin de la question.
M. Derraji : Ce ne pas
grave. Vous dites que vous voulez introduire une habilitation réglementaire
permettant au conseil de gestion d'augmenter le nombre de semaines de
prestations parentales partageables dans certaines situations afin de favoriser
le partage de prestations entre les parents.
M. Boulet : Avec votre
permission, Mme la Présidente, on va...
M. Derraji : Est-ce que...
Oui. Je vais juste préciser la question. Je veux savoir c'est quoi, ces
situations, c'est quoi, les cas de figure, s'il vous plaît.
M. Boulet : O.K. Est-ce
qu'on peut suspendre quelques minutes?
M. Derraji : Et j'ai
d'autres questions, je n'ai pas terminé. Donc, après...
M. Boulet : Oui, puis
vous vous souvenez que tout à l'heure j'ai dit que j'allais soumettre un
projet, une proposition à mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve sur l'article...
M. Boulet : ...permission, Mme
la Présidente, on va...
M. Derraji : Oui. Je veux
juste préciser la question. Je veux savoir c'est quoi ces situations, c'est
quoi les cas de figure, s'il vous plaît.
M. Boulet : O.K. Est-ce qu'on
peut suspendre quelques minutes?
M. Derraji : Et j'ai d'autres
questions, je n'ai pas terminé. Donc, après...
M. Boulet : Oui. Puis, vous
vous souvenez que tout à l'heure, j'ai dit, j'allais soumettre un projet, une
proposition à mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve sur l'article 5, et on
est en train de l'écrire, la contreproposition.
M. Derraji : Pas de problème.
M. Boulet : Donc, on pourra...
On peut peut-être suspendre quelques minutes. Je ne sais pas si on va être
capable de revenir, mais on va suspendre au moins quelques minutes puis on vous
revient.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
O.K. nous allons suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 45)
(Reprise à 17 h 55)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Cinq minutes. Attention, s'il vous plaît! Nous reprenons les travaux. Nous
reprenons les travaux. Alors, M. le ministre, vous vouliez ajouter un
commentaire. Vous avez lu l'article 5 et les explications. Vous vouliez ajouter
un commentaire.
M. Boulet : Oui. Bien, en
fait, tenant compte de l'écoulement du temps, nous, ce qu'on avait mentionné un
peu plus tôt, c'est qu'on allait soumettre une contre-proposition à l'amendement
qui avait été fait par mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve pour le bénéfice
des mères monoparentales, pour qu'il puisse y avoir un potentiel transfert. On
aurait une proposition à faire à ce sujet-là avec certaines conditions puis
certaines limites et on est à rédiger cette contre-proposition-là, d'une part,
qu'on pourrait présenter au début de la prochaine Commission de l'économie et
du travail.
Et, deuxièmement, pour faire suite à mon
collègue de Nelligan, eu égard à 10.2, on va reconsidérer le libellé de ce 10.2
là, mais je veux dire qu'il est là, le 10.2, il est en relation aussi avec 30,
tu sais, parce qu'on avait le 10-10 pour donner accès à quatre, d'où la
pertinence du 10.2, mais j'ai besoin de refaire une réflexion là-dessus, là.
Avec tous les débats puis toutes les consultations que nous avons complétés au
début de la commission parlementaire, je n'ai plus nécessairement la même
opinion sur ce libellé-là qui dit que le conseil peut augmenter le nombre de
semaines afin de favoriser le partage. Notre principale mesure afin de favoriser
le partage, c'est le quatre semaines, l'incitatif qui est à l'article 30.
Donc, on va avoir à prendre une décision, là. Je ne veux pas préjuger tout de
suite, mais je ne suis pas convaincu qu'on va garder ce paragraphe-là.
Puis enfin, bien, il y aura peut-être
d'autres propositions ou des projets... des amendements, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député de Nelligan.
M. Derraji : ...Mme la
Présidente, et je salue l'ouverture du ministre, et, sérieusement, ça me donne
le goût de continuer dans l'analyse article par article parce que l'essence
même de ma première question, le ministre l'a très bien...
M. Boulet : ...peut-être
d'autres propositions ou des projets... des amendements, là.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Député de Nelligan.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Et je salue l'ouverture du ministre, et sérieusement ça me donne le
goût de continuer dans l'analyse article par article. Parce que l'essence même
de ma première question, le ministre l'a très bien compris, c'est justement son
objectif de départ, que je partage... l'article 10.2 nous lie les mains. Donc,
s'il veut prendre le temps, pas de problème, nous, nous avons des amendements à
cette étape-ci, concernant même lorsque... dans le 10.1, donc, «lors d'une
naissance de plus d'un enfant à la suite d'une même grossesse, sont allouées à
chacun des parents cinq semaines de prestations parentales exclusives». Même
sur le 10.1 et 10.2, nous aurons des propositions.
Donc, je préfère qu'on laisse le temps à M.
le ministre de nous revenir avec son amendement par rapport au 10.2. À la
lumière de cet amendement, probablement, parce que j'attends de le voir avant
de le juger, on va avoir d'autres propositions... Mais, j'en suis sûr, il a
compris l'essence même de notre réflexion par rapport au 10.2 et par rapport à
10.1.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
...Présidente. Je veux bien comprendre. Le 10.2, en fait, il vient créer une
habilitation réglementaire de venir... pour pouvoir offrir un partage. Pourquoi
ce choix-là, plutôt que de l'inscrire directement dans la loi, comme à 10 et
10.1? C'est pour plus de flexibilité?
M. Boulet : Bien, c'est plus
en rapport avec l'article 30. Si les deux prennent au moins 10, ils ont accès à
l'incitatif de quatre. Et pour permettre au conseil de gestion, en tenant de
compte de l'évolution de comportements des parents au fil des années, d'éventuellement
adopter un règlement pour augmenter le nombre de semaines, les deux fois 10.
Mais je soumets respectueusement à ma
collègue qu'après le début de la commission parlementaire je remets en question
cette habilitation réglementaire là. Et j'ai une opinion que je vous partagerai
au début de la prochaine commission parlementaire.
Mme
Hivon
: O.K.
Parce que moi, je veux simplement que le ministre sache que j'ai des réserves
sur cette manière de faire, parce que ça veut dire que, dans les faits, ça se
modifierait éventuellement par règlement, et non plus par loi. Et je pense que
c'est des changements significatifs qui méritent le regard des parlementaires,
et pas juste de l'exécutif.
M. Boulet : On est deux
juristes, vous reprenez exactement ce que je viens de dire à certaines
personnes. Il ne faut pas que, par règlement, on amende une loi adoptée par des
parlementaires, parce que ce serait de faire les choses au-delà de la
compétence du conseil. Et vous connaissez la notion d'ultra petita, puis je ne
suis pas confortable avec ça, moi non plus.
Mme
Hivon
: Je
suis contente de l'entendre.
M. Boulet : Ça fait que vous
savez l'orientation que nous allons prendre au début de la prochaine commission
parlementaire. Mais le but visé, c'est celui que je viens d'exprimer.
Mme
Hivon
:
C'est bon.
M. Boulet : Ça fait que ça
complète, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Alors, je vous remercie pour votre collaboration.
• (18 heures) •
Compte tenu de l'heure, bien, nous
ajournons les travaux de la commission, et...
18 h (version non révisée)
M. Boulet : ...l'orientation
que nous allons prendre au début de la prochaine commission parlementaire. Mais
le but visé, c'est celui que je viens d'exprimer. Ça fait que ça complète, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est bien. Alors, je vous remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, bien, nous
ajournons les travaux de la commission, et on se retrouve mardi le
6 octobre, à 10 heures, pour poursuivre notre mandat. Merci. Bonne
fin de journée à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 18 heures)