Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
mardi 29 mars 2022
-
Vol. 46 N° 29
Étude détaillée du projet de loi n° 96, Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français
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15 h 30 (version non révisée)
(Quinze heures trente-cinq minutes)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, votre attention, s'il vous plaît. Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
La Commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 96 sur la langue officielle et
commune du Québec, le français.
Donc, Mme la secrétaire, est-ce que nous
avons des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Monsieur Allard (Maskinongé) sera remplacé par M. Lévesque
(Chapleau), Monsieur Chassin (Saint-Jérôme) par Monsieur Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Foster (Charlevoix-Côte-de-Beaupré) par M. Jacques (Mégantic), Mme Rizqy
(Saint-Laurent) par M. Barrette (La Pinière), Mme St-Pierre (Acadie) par
Monsieur Birnbaum d'Arcy-McGee et Mme Dorion (Taschereau) par Mme Ghazal
(Mercier).
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la Secrétaire. Donc, aujourd'hui, nous en sommes à l'article 84 du
projet de loi et nous poursuivons l'étude de l'amendement proposé par Mme la
députée de Mercier. Donc, est-ce qu'il y a des commentaires et d'autres discussions
pour l'amendement de Mme la députée de Mercier? Oui, Mme la députée.
Mme Ghazal : Oui, Mme la
Présidente. Donc, je me rappelle la dernière fois, quand on a quitté, en fait,
pour mon amendement qui ajoute le fait qu'il y ait une bonne connaissance... à
l'article 141... texte amendé de l'article 141 de la charte. C'est ça, donc l'article
141... à l'article 84 du projet de loi, qu'il y ait une bonne connaissance de
la langue officielle chez les hauts dirigeants. Les autres dirigeants, etc., ça,
ça reste le même, là, puis un des éléments qui était important et les
questionnements que j'avais, puis je pense aussi que ma collègue avait les
mêmes questionnements, c'est comment l'appliquer. Parce que la loi actuelle, ce
qu'elle demande, c'est que les programmes de francisation ont pour but la
généralisation de l'utilisation du français à tous les niveaux de l'entreprise.
Comment? Par la connaissance de la langue officielle chez les dirigeants. Et
ça, visiblement, ce n'était pas respecté.
Donc, moi, une des questions que j'avais
pour le ministre, je ne sais pas s'il peut me donner la réponse, c'est :
Comment est-ce que l'OQLF s'en assurait? Je suis allé vérifier les formulaires
qui sont complétés, là, c'est des formulaires avec des questions, puis il
suffit juste que l'entreprise coche oui, non, mettre des commentaires, puis une
des questions.... je ne l'ai pas, là, maintenant devant moi, mais, de mémoire,
la façon que c'était formulé, c'est : est-ce qu'il y a vraiment une
question? C'est ça. Ça dit : Connaissance du français. Pour chacun des
énoncés suivants, ça, c'est dans les formulaires qui sont complétés par l'entreprise,
cocher oui ou non selon la situation de votre entreprise. Puis la question 6.3
de ce formulaire : Tous les membres du personnel et de la direction de
votre entreprise sont...
Mme Ghazal : ...capables
d'accomplir leurs tâches en français, et ce, quel que soit le niveau de
connaissance requis. Donc, ici, on ne dit pas bonne connaissance, il faut qu'il
ait une connaissance, et là, oui, non, sinon préciser ci-dessous le nombre de
personnes qui ne sont pas capables d'accomplir leurs tâches en français et les
catégories d'emploi concernées. Puis là l'entreprise doit dire le nombre de
personnes, puis c'est quelles catégories.
Supposons que ça a été complété pour une
entreprise comme Couche-Tard. Tu sais, je ne vais pas prendre Air Canada, vu
que ça ne s'applique pas encore. En tout cas Couche-Tard, par exemple.
Normalement, le haut dirigeant, si ma mémoire est bonne, bien, il faudrait que
son nom... Bien, pas son nom, mais que la fonction, le plus haut dirigeant, le
P.D.G. de l'entreprise, une personne bien, lui fait partie de la réponse non,
n'a pas une connaissance.
Il y a un autre. C'est votre entreprise
met en place les mesures... Non. Ça, c'est plus sur le fonctionnement. Donc,
visible... À part le formulaire, est-ce qu'il y avait d'autres façons pour
l'OQLF de s'assurer que la disposition actuelle, là, sans mon amendement, était
respectée? Parce que ça ne l'était pas. Est-ce que, par exemple, la personne de
l'OQLF rencontrait le haut dirigeant ou le formulaire faisait... C'était le
seul document que... sur lequel se basait l'OQLF pour dire : O.K. cette
disposition de la loi est respectée ou non? Est-ce que le ministre est au
courant de l'applicabilité de cette disposition de la loi?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, bien entendu, lorsqu'ils analysent la situation linguistique, le tout
est regardé. L'OQLF peut accompagner... Il peut avoir un échange entre
l'entreprise et l'OQLF. L'objectif est de faire en sorte qu'il y ait
généralisation du français. Puis là l'OQLF accompagne l'entreprise, notamment
si au niveau de... le fait de ne pas capable de tenir une rencontre en
français, le fait de ne pas être capable de communiquer en français avec les
employés, bien, il y a cette démarche d'accompagnement là avec le programme de
francisation. Donc, c'est fait en collaboration avec l'OQLF.
Mme Ghazal : Mais est-ce
que le ministre est au courant? En fait, comment explique-t-il le fait qu'il y
ait des hauts dirigeants qui ne parlent pas français au Québec alors qu'ils
sont soumis au processus de francisation?
M. Jolin-Barrette : Bien,
ils sont dans une démarche de francisation. Dans le fond, l'objectif, là,
lorsque vous êtes avec le programme de francisation, c'est la généralisation au
sein de l'ensemble de l'entreprise. Bien entendu qu'il y a des gens, ça va
arriver qu'ils ne parlent pas français, qu'ils occupent des emplois et qui ne parlent
pas français. Ça arrive fréquemment. Il y a certains hauts dirigeants
également, qui ne parlent pas français. L'objectif d'avoir un programme de
francisation, c'est justement de les amener à la généralisation de
l'utilisation du français. Mais bien entendu, il y aura toujours des situations
où une personne pourrait être embauchée et elle ne parle pas français, mais
l'objectif avec la loi 101, avec le programme de francisation, c'est
justement d'amener la personne à pouvoir éventuellement tenir une conversation
en français, à communiquer avec les employés en français également.
Mme Ghazal : Puis,
est-ce que c'était bien réussi?
M. Jolin-Barrette : Bien,
comment je pourrais dire, à l'impossible nul n'est tenu. L'important, c'est les
efforts puis les démarches de francisation qui sont amenés avec le programme de
francisation dans les entreprises. Mais pour certaines personnes, vous le
savez, pour certaines personnes, c'est plus dur d'apprendre une autre langue
tout dépendant à quel âge on commence, tout ça. Mais l'important, c'est que les
efforts sont faits puisqu'il y a des mesures qui soient prises dans
l'entreprise pour la généralisation de l'utilisation du français, donc que les
moyens nécessaires soient pris pour y arriver. Mais là, ce qu'on le fait avec
votre amendement, c'est qu'on envoie un signal encore plus clair, de dire qu'on
veut que les dirigeants aient une bonne connaissance du français.
• (15 h 40) •
Mme Ghazal : Mais je
veux dire, je comprends, là, qu'à l'impossible nul n'est tenu. Puis c'est vrai
qu'il y a des gens qui ont plus de facilité avec les langues que d'autres. Mais
concrètement, sur le terrain, là, qu'est-ce qui... qu'est-ce qui doit être
fait? Moi, je pense qu'il devrait avoir aussi un... pas juste un... des efforts
qui soient faits ou des résultats de moyens, c'est-à-dire uniquement les moyens
soient pris, mais qu'il y ait aussi un résultat. Et là, moi, je sais que c'est
moi qui propose l'amendement pour qu'il y ait une bonne connaissance, puis là
on s'adresse aux hauts dirigeants, mais il y a aussi la question des moyens. En
ce moment, est-ce que dans la loi actuelle, c'est quoi les moyens qui sont
mentionnés et qui sont pris par l'OQLF pour s'assurer qu'il y a un résultat?
Parce qu'en ce moment, ça ne l'est pas? J'ai peut-être... Ouin. Excusez. Ouin.
O.K.
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, d'une part, lorsque vous avez une situation d'entreprise où il n'y a
pas la généralisation de l'utilisation du français, le programme de
francisation, il est là pour accompagner, à tous les niveaux de l'organisation,
la généralisation de l'utilisation du français. Ça veut dire au niveau des
employés, au niveau des cadres, au niveau des cadres supérieurs également. Là,
vous, vous me dites : Quelle est... De quelle façon on va arriver avec un
résultat, avec l'obligation de résultat? Exemple, pour le haut dirigeant qui ne
parle pas français. Bien, dans le fond, il va être dans le cadre du programme
de francisation...
M. Jolin-Barrette : ...avec
un plan pour faire en sorte qu'il puisse développer des compétences langagières
en français. Mais à votre question, est-ce que ça va arriver qu'au Québec, il y
a encore des dirigeants qui ne parlent pas le français? Oui, ça va arriver au
moment de l'inscription, de l'analyse de la situation linguistique, mais l'OQLF
va être là pour accompagner les entreprises à tous les niveaux, pour faire en
sorte justement de développer les compétences langagières, pour amener la
généralisation de l'utilisation du français. Et par la suite, bien, on crée
Francisation Québec justement pour intervenir sur les milieux de travail à tous
les niveaux également. Donc, c'est un tout. Tu sais, si vous partez du principe
que vous dites : Bien, écoutez, moi, demain matin, je veux que tout le
monde parle français 100 %, ce n'est pas une situation qui est possible,
là, parce qu'il y a toujours des gens qui n'ont pas toutes les aptitudes
linguistiques. Mais par contre, l'important, c'est qu'elles soient, ces
personnes-là, dans le cadre du programme de francisation, pour qu'à tous les
niveaux... c'est la façon dont la charte, elle est construite.
Mme Ghazal : Je ne dis
pas demain matin, je veux dire, cet article-là existe. Là, je n'ai pas devant
moi c'est quoi les dates, là. Je pense qu'il a a été modifié en 2012, cet
article-là, ou... à moins que je me trompe. Mais il existe depuis 1967 cet
article-là, qui demande la connaissance du français. Et c'est donc... ce n'est
pas demain matin. Par exemple, les entreprises qui ont leur siège social au
Québec : Alimentation Couche-Tard, BCE inc., ça c'est Bell Canada,
Lightspeed Commerce inc., Groupe SNC-Lavalin, Rio Tinto Alcan. Est-ce que ça...
si, par exemple, les hauts dirigeants, je pense qu'il y en a beaucoup là-dedans
qui ne parlent pas français, il y a en ce moment dans le programme de
francisation qui existe depuis je ne sais pas combien de temps il existe un
programme de francisation qui demande... qui est en train de les accompagner
pour suivre leurs cours? On dirait que c'est juste récemment que, tout d'un
coup, les hauts dirigeants au Québec ont commencé à prendre des cours quand
c'est sorti dans les médias après l'affaire Michael Rousseau. Par exemple,
monsieur Brian Hadmar de Couche-Tard, il est là depuis 2014. Le siège social
est au Québec. Est-ce que dans le programme de francisation que l'OQLF avait,
il y avait un programme d'accompagnement de M. Brian, depuis 2014?
M. Jolin-Barrette : Bien,
je ne peux pas vous parler d'un cas particulier comme ça. Cependant, dans le
fond, la responsabilité est sur l'entreprise. L'office est là pour accompagner,
à travers le programme de francisation qui est développé par l'entreprise et il
faut qu'à tous les niveaux, ça soit généralisé. Ça veut dire que pour les hauts
dirigeants, pour les cadres, pour les cadres subalternes, il faut qu'ils soient
dans leur démarche de francisation, d'accompagnement, de généralisation de
l'utilisation du français
Mme Ghazal : Est-ce que
l'OQLF était au courant, avant que ça ne sorte dans les médias, que tous ces
hauts dirigeants, notamment Monsieur Hennache, ne parlent pas français alors
qu'ils sont là depuis presque dix ans?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, ça, je ne peux pas vous répondre spécifiquement à cette question-là.
Mais il y a un suivi qui est fait de la part de l'OQLF à chaque fois qu'il y a
une inspection, à chaque fois qu'il y a un suivi.
Mme Ghazal : Comment
c'est fait?
M. Jolin-Barrette : Je
n'aurais pas dû dire "inspection", j'aurais dû dire suivi de la part de
l'OQLF. Bien, il y a des répondants à l'OQLF, et puis les entreprises, leur
programme de francisation est suivi par l'OQLF. Donc, il y a les rappels qui
sont faits, il y a l'accompagnement qui est fait également, et ultimement, il
pourrait y avoir un pouvoir d'ordonnance si jamais le programme de francisation
est... n'est pas rempli.
Mme Ghazal : Parce que
la façon que ça fonctionne dans les entreprises, par exemple, le fameux
formulaire qui doit être rempli à une certaine fréquence, souvent, c'est... il
y a une personne, comme le ministre l'a dit, le répondant. Des fois, c'est des
gens dans les ressources humaines. Quand il y a un comité de francisation,
cette personne-là siège sur le comité de francisation pour l'entreprise. Et
quand l'OQLF arrive, bien, l'OQLF ne peut pas parler de cette question-là,
j'imagine, à n'importe qui. C'est il y a un répondant puis après ça il peut
avoir une visite d'entreprise, etc. Ma question, c'est : Est-ce que les
hauts dirigeants sont rencontrés par l'OQLF? Ou on se fie sur ce que le
répondant nous dit? Oui, il parle français. C'est terminé.
M. Jolin-Barrette : ...peut
faire le suivi du chef du programme de francisation avec les personnes
concernées, puis l'OQLF a les outils pour faire les vérifications nécessaires.
Mme Ghazal : Puis avec
les résultats qu'on a vus, est-ce que le ministre est satisfait de la façon que
c'est fait par l'OQLF à date?
M. Jolin-Barrette : Bien,
je... oui. Je vous dirais que...
Mme Ghazal : Pourquoi?
M. Jolin-Barrette : Je
vous dirais que vous prenez certaines situations de certaines personnes, mais
dans la très forte majorité des entreprises, elles sont conformes et il y a une
sensibilité, justement pour les hauts dirigeants, à connaître et à parler le
français et à s'améliorer en français aussi. Alors vous savez, c'est comme dans
toute chose, il y a quelques situations problématiques, puis il faut travailler
avec ces entreprises là, il faut les accompagner, justement, mais la très
grande majorité se conforme. Puis il y en a beaucoup qui obtiennent leur
certificat de francisation aussi, rapidement. Bien, vous le savez, dans
quelques cas comme dans toute chose, il y en a que ça demande un petit peu plus
d'efforts.
Mme Ghazal : C'est
exceptionnel? C'est exceptionnel, ces cas-là qui sont sortis dans les médias?
M. Jolin-Barrette : Bien,
ça demande plus...
M. Jolin-Barrette : ...d'effort
pour certaines entreprises.
Mme Ghazal : Pour les
plus grosses?
M. Jolin-Barrette : Je
ne pourrais pas vous dire ça.
Mme Ghazal : Bien, on
n'a pas de donnée sur ça. Parce que, moi, j'ai déjà travaillé dans une
entreprise moyenne, là, où... Puis c'était plus que 50 employés, moins que
100. Ça m'est déjà arrivé où le propriétaire, là, le haut dirigeant - ce
n'était pas une entreprise sur les marchés publics, là, à la bourse - ne
parlait pas le français quand il y avait des réunions d'employés. Ça se
passait... il parlait en anglais. Ça, est-ce que c'est exceptionnellement...
Puis c'est très difficile, là, pour lui, pour parler. Il y avait comme un
autre, un peu plus bas, qui, après ça, complétait puis parlait en français.
Est-ce que, ça, c'est accepté par l'OQLF, alors que la disposition ici le dit
qu'il faut qu'il y ait une connaissance du français des dirigeants?
M. Jolin-Barrette : Oui,
et...
Mme Ghazal : Quoi, oui?
M. Jolin-Barrette : Bien,
oui...
Mme Ghazal : Ah! O.K.
M. Jolin-Barrette : Ce
que l'on souhaite, là, c'est qu'au niveau du marché du travail il y ait une
généralisation complète de l'utilisation du français. Ça va arriver, là, qu'il
y a des gens qui ne parlent pas français, qui sont chefs d'entreprise, là, mais
il faut les amener à développer leurs compétences langagières, puis les
programmes de francisation sont là. Prenez quelqu'un qui est né ici, qui n'a pas
eu les aptitudes pour apprendre le français, qui est allé dans un autre cursus
puis qui démarre une entreprise, crée beaucoup d'emplois, tout ça, bien, l'OQLF
va l'accompagner dans le programme de francisation pour son entreprise à tous
les niveaux, incluant les hauts dirigeants. Dans un monde idéal...
Mme Ghazal : Donc, on
accepte... Donc, dans le fond, c'est difficile à appliquer ça. Parce que si,
par exemple, depuis 2014, l'OQLF est en train d'accompagner le haut dirigeant
d'un Couche-Tard... Je prends l'exemple parce que c'est ça... C'est ce que
vous... c'est ce que le ministre me dit. On n'est pas capable de le savoir
exactement comment c'est en train de se passer dans cette entreprise. Ça, je
comprends, mais il va y en avoir d'autres, ce n'est pas une exception.
• (15 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Il
y a des suivis qui sont faits, là.
Mme Ghazal : Donc, il y
a un suivi, et c'est impossible.
M. Jolin-Barrette : Il
y a des suivis qui sont faits, mais...
Mme Ghazal : Est-ce
que, par exemple, il y a une exception et on accepte que cet article-là ne soit
pas respecté, parce que qu'est ce que vous voulez, c'est très, très difficile?
Est-ce que c'est accepté? Est-ce que c'est... dans le fond il y a une tolérance?
M. Jolin-Barrette : Non,
il n'y a pas de tolérance.
Mme Ghazal : O.K., ce
n'est pas toléré.
M. Jolin-Barrette : Les
moyens doivent être mis en œuvre pour atteindre l'objectif qui est prévu par la
loi, soit la généralisation de l'utilisation du français à tous les niveaux,
puis sinon l'entreprise n'a pas son certificat. L'approche, là, de l'OQLF,
c'est vraiment l'accompagnement, les suivis. L'accompagnement, les suivis avec
les entreprises justement pour qu'ils soient toujours dans leur démarche de
francisation. C'est une situation où on réussit de plus en plus à amener puis à
envoyer le message... Puis surtout dans le projet de loi 96, il faut faire
le lien avec toutes les mesures, là. Votre amendement, il est bon parce que justement
il fait le pont aussi avec le fait que les travailleurs, on vient consacrer
leur droit fondamental de travailler en français. On leur donne des recours
aussi. Donc, voyez-vous, ça va mettre de la pression encore plus aussi, au delà
du programme de francisation, pour faire en sorte que les travailleurs ont des
recours pour travailler en français aussi.
Donc, c'est une série de mesures qui
permet de transformer et d'amener les outils pour amener encore plus la
généralisation du français à l'intérieur de l'entreprise.
Mme Ghazal : Mais
est-ce que... Je veux dire sur papier, c'est bon, mais dans la vraie vie, là,
sur le plancher, là, dans une entreprise, j'ai... mon anglais, par exemple,
n'est pas très bon. Je le bafoue, mais j'ai quand même des compétences puis
j'ai envie de progresser au sein de l'entreprise. Mais si je veux monter, là,
aux plus hauts échelons de l'entreprise que je peux, tout se passe... Les
réunions, quand il y a le plus haut dirigeant de l'entreprise, il est unilingue
anglophone - dans ces réunions-là, qu'est-ce que vous voulez, il n'y a pas un
traducteur qui est là tout le temps - ça se passe en anglais. Donc,
implicitement, sans que ça soit dit, sans que ça soit écrit... Moi, si je veux
par exemple monter dans cette entreprise-là, ou l'employé qui veut monter puis
qui a les compétences, mais son... la seule compétence qui lui manque, c'est
l'anglais, donc ça va venir mettre un frein sur son ambition à cette
personne-là de progresser. Ça va être pas mal plus elle qui va aller prendre
des cours d'anglais puis essayer de l'améliorer que le haut dirigeant. Ça,
c'est dans la vraie vie.
Maintenant, l'OQLF, ce que le ministre me
dit, c'est que va accompagner l'entreprise. Mais quand ça fait 10 ans que
le haut dirigeant ne la parle pas, la réalité, c'est que ça va être toléré
parce qu'on n'est pas pour mettre à la porte le haut dirigeant. Ça va être les
gens autour de se conformer à cette réalité puis à cette situation qui n'est
pas hypothétique et qui n'est pas uniquement les cas qu'on a vus dans le
Journal de Montréal, là, puis dans les médias. C'est des cas qui existent
partout.
Donc, l'employé qui ne parle pas très bien
le français, il ne va pas aller porter plainte même si le processus de la
loi 96 lui est très, très facilité, puis ça devient facile. Ce qu'il va
faire, c'est qu'il va prendre sur lui...
Mme Ghazal : …d'apprendre la
langue s'il a l'ambition d'augmenter... de monter les échelons dans
l'entreprise puis de pouvoir faire partie du cercle intime du haut dirigeant et
des hauts dirigeants, bien, ça se passe en anglais. C'est ça, la vraie vie.
Donc, il y a une tolérance de la part de l'OQLF de dire: Bien, qu'est-ce que
vous voulez, on ne peut pas dire... Le haut dirigeant, ça fait 10 ans qu'on
l'accompagne, ça ne marche pas. On fait quoi? C'est tout le monde autour dans
l'entreprise en bas de l'échelon qui va se conformer à lui. Il n'ira pas...
L'OQLF, là, il ne va pas aller se plaindre, là. C'est ça, la vraie vie.
M. Jolin-Barrette : La
réponse à cette question-là, c'est: Non.
Mme Ghazal : Non, quoi? À
quelle question?
M. Jolin-Barrette : Non. Non,
ça ne marchera pas comme ça. Dans le passé, malheureusement, ça a peut-être été
ça, hein, ça a peut-être été ça. Bien, ça a été ça aussi, on va...
Mme Ghazal : C'est ça en ce
moment.
M. Jolin-Barrette : ...on va
le dire. Bien, ça change, ça change. Les gens sont de plus en plus
conscientisés, et, surtout, le message du projet de loi 96 et les outils qu'il
y a à l'intérieur du projet loi 96 visent à faire en sorte de transformer le
marché du travail et que ça se passe en français. Prenons les bureaux de
comptables à Montréal, prenons les bureaux d'avocats à Montréal. La situation
que vous avez illustrée, c'est des situations qui se sont avérées. Pourquoi?
Bien, parce que peut-être que les outils n'étaient pas là.
Alors, ce n'est pas honteux, ce n'est pas
un handicap, ce n'est pas un frein à avoir une carrière, et avoir une carrière
remplie de succès, de vouloir travailler en français au Québec. Le projet loi
n° 96, c'est ce qu'il fait, il assure aux travailleurs le droit de travailler
en français. Lorsqu'on parle de travailleurs, là, on parle de cadres aussi.
Donc, toute personne à l'intérieur d'une entreprise au Québec a le droit de
travailler en français et a le droit d'avoir une carrière florissante en
français. Et il faut, comment dire, sortir du spectre où est-ce qu'on dit:
Bien, si vous voulez réussir dans la vie, il faut absolument que vous
réussissiez en anglais, ça va se passer en anglais. Non. Ce qu'on fait, c'est
qu'on va changer le marché du travail. Ça part dès le cégep, pour dire et
d'envoyer un message: Vous pouvez réussir en français. Ça ne veut pas dire de
ne pas apprendre l'anglais, ça ne veut pas dire de ne pas être bilingue, ça ne
veut pas dire de ne pas être trilingue, mais au Québec on a le droit de
travailler en français. C'est le message et c'est les outils, ils sont à
l'intérieur du projet de loi n° 96.
Mais, si vous me dites: Est-ce qu'il y a
un examen de français qui est passé au dirigeant, puis, si après deux ans il ne
parle pas parfaitement français, il est mis dehors? La réponse, c'est non. Ce
n'est pas l'objectif qui est souhaité, parce qu'on veut amener à changer les
mentalités, à démontrer l'importance de parler français. Là, avec les outils
qu'on a dans le projet de loi n° 96, c'est un tout qui va faire en sorte de
changer le visage du marché du travail à Montréal, notamment.
Mme Ghazal : Donc, pour un
travailleur ou un cadre, là, un professionnel qui a de l'ambition unilingue
francophone, ce que le ministre lui offre avec le projet de loi n° 96, c'est un
message et des outils pour qu'il puisse réussir sa carrière en français
seulement dans un monde où les hauts dirigeants Alimentation Couche-Tard, Bell
Canada, Lightspeed Commerce, SNC-Lavalin, Rio Tinto Alcan - ça, c'est d'autres
entreprises à compétence fédérale, mais ça a été voté, donc je vais les nommer:
Air Canada, Banque de Montréal, Banque Laurentienne du Canada... Oui?
M. Jolin-Barrette : Là, ça a
été voté, mais le projet de loi n'est pas sanctionné. Sanctionnons le projet de
loi, adaptons le projet de loi, puis laissez-nous travailler. C'est ça que je
vous dirais. Pour les entreprises de juridiction fédérale, on s'en vient, l'OQLF
est prêt, là. Mme Galarneau a déjà indiqué très clairement qu'il y avait un
plan lorsqu'on va accueillir les entreprises de juridiction fédérale, puis Mme
Galarneau a même écrit à Air Canada pour offrir à Air Canada de les accompagner
dans leur démarche de francisation.
Mme Ghazal : On n'est pas
capable de le faire pour les...
M. Jolin-Barrette : On est
proactifs, on est proactifs.
Mme Ghazal : On n'est pas
capable de rendre les hauts dirigeants des entreprises qui ont leur siège
social au Québec francophones, j'ai hâte de voir comment est-ce qu'on va
réussir avec les entreprises fédérales. Parce que, moi, j'ai proposé cet
amendement-là en me disant qu'il faut qu'ils aient une bonne connaissance pour
les hauts dirigeants. Mais la loi actuelle, ce qu'ils disent, c'est qu'il faut
qu'ils aient une connaissance du français pour les dirigeants. Donc, le
changement, oui, ça amène un message, mais, moi, c'est les moyens aussi qui
m'importent, et j'avais envie d'entendre le ministre sur des moyens plus
précis. Est-ce que c'est, par exemple, si... On tolère ça combien de temps, 10
ans, 15 ans, que cet article-là ne soit pas respecté, l'article qui demande que
les hauts dirigeants aient une bonne connaissance du français?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est pour ça que votre...
Mme Ghazal : On les
accompagne, on les accompagne, on les accompagne des années, des années...
Mme Ghazal : ...des années.
Puis, qu'est-ce que vous voulez, il n'a pas de talent, là, le haut dirigeant,
en langues, là, puis il n'est pas capable de parler le français, donc ça se
passe en anglais. Donc, les gens autour, les employés de... qui veulent monter,
ils n'ont pas le choix, c'est eux qui vont apprendre, eux et elles qui vont
apprendre le français... l'anglais s'ils sont ambitieux.
M. Jolin-Barrette : Non, la
réponse à cette question-là, c'est que ce n'est pas exact, et les outils à la
disposition des entreprises, des travailleurs, de l'OQLF, vont permettre
d'inverser les tendances et de changer les choses. Et surtout, je vous le dis,
il y a beaucoup d'entreprises... Là, vous me nommez quelques cas d'exemples,
mais il y en a des milliers et des dizaines de milliers, d'entreprises, au
Québec. La loi est claire, votre amendement vient bonifier ça, vient rendre ça
encore plus clair. Puis on accompagne les entreprises, et la généralisation de
l'utilisation du français, elle est amenée à tous les niveaux de l'entreprise.
Mais si vous me dites... Écoutez, bien, je
vous dirais... Est-ce que votre approche, c'est de dire : Deux ans, le haut
dirigeant, il ne parle pas parfaitement français, donc je vais le mettre
dehors? C'est ça que vous me proposez.
Mme Ghazal : Moi, je pose la
question : Comment est-ce qu'on va régler ça? La réalité, c'est que vous allez
avoir une tolérance, l'OQLF va avoir une... En fait, ma question : Est-ce qu'on
a des données? Parce qu'on dit : Beaucoup d'entreprises, des exceptions. Est-ce
qu'il y a des données sur quand les cocher oui, cocher non, là? Parce que
l'OQLF a ça, c'est vraiment un formulaire dans lequel c'est clair. Est-ce qu'il
y a des dirigeants qui ne parlent pas français? Là, j'imagine, avec mon
amendement, peut-être qu'on va changer la question dans le formulaire, ça va
être «bonne connaissance des hauts dirigeants», ou je ne sais pas comment
l'OQLF va faire ça. Est-ce qu'on a des données ou des chiffres de l'OQLF sur le
nombre... sur toutes les entreprises, au Québec, combien il y a d'entreprises
où les hauts dirigeants sont unilingues anglophones? Est-ce qu'on a la donnée?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y a 77 %, quasiment 78 % des entreprises qui sont inscrites à
l'office qui sont certifiées, donc il y a 20 % qui sont en programmes de
francisation, notamment, pour différents niveaux, là.
Mme Ghazal : Pour différentes
raisons. Ce n'est pas nécessairement parce que le haut dirigeant n'est pas...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mais il faut changer les comportements, puis c'est ça qu'on fait.
Mme Ghazal : Mais pour les
hauts dirigeants, est-ce qu'on a l'information? Est-ce que c'est quelque
chose... sans l'avoir maintenant, est-ce que c'est quelque chose qu'on peut
avoir?
M. Jolin-Barrette : Il
faudrait que je vous revienne.
Mme Ghazal : Très bien.
D'ailleurs, j'ai cette question-là puis j'en ai une autre aussi, que j'avais
déjà posée, que j'attendais aussi une réponse, de la part du ministre, sur...
C'est sur un autre sujet, c'était sur le fait qu'on a arrêté de demander des
interprètes, on a arrêté d'utiliser, dans le système d'éducation, des
interprètes, qu'on allait chercher des interprètes, des interprètes du
ministère de la Santé et Services sociaux. Est-ce qu'il y a une réponse à ça?
M. Jolin-Barrette : Je n'ai
pas de réponse, mais on fait le rappel puis on va vous revenir. Mais vous
devriez peut-être poser la question à mon collègue à l'Éducation. Mais je vous
reviens. Mais on est prêts à voter sur votre amendement.
Mme Ghazal : O.K. Moi, je
suis en train de réfléchir sur un amendement pour les moyens, le moyen, parce
que juste dire des outils, puis un message, concrètement, comment est-ce que
l'OQLF s'en assure?
• (16 heures) •
M. Jolin-Barrette : Bien,
l'OQLF a déjà tous les moyens actuellement. Ils font les suivis,
l'accompagnement. Puis l'idée, là, ce n'est pas de taper sur la tête des
entreprises, là. L'idée, c'est de les accompagner pour changer les
comportements. Et je ne me souviens plus de l'expression, là, mais quand on
veut amener un cheval à boire, il ne faut pas le pousser à boire. C'est ça, un
truc comme ça. Il faut l'amener à avoir soif.
Une voix : L'amener à la
rivière.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme Ghazal : L'amener à la
rivière, c'est ça? Ah oui, l'amener à avoir soif?
M. Lévesque (Chapleau) : ...à
l'abreuvoir, mais on ne peut pas le forcer à boire.
M. Jolin-Barrette : C'est ça,
exactement.
Mme Ghazal : C'est ça, merci.
M. Jolin-Barrette : M. le
député de Chapleau...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, cher député.
Mme Ghazal : J'ai juste
des... Il me reste juste deux minutes? J'ai deux questions pour l'équipe.
Combien est-ce qu'il y a d'entreprises où les hauts dirigeants sont unilingues
francophones? Et aussi, il y a eu combien d'entreprises qui ont reçu des
amendes à cause que les hauts dirigeants ne se conforment pas ou des amendes
par rapport aux programmes de francisation?
M. Jolin-Barrette : Je vais
les prendre en délibéré puis je vais vous revenir quand je vais avoir les
informations.
La Présidente (Mme Guillemette) :
D'autres interventions sur l'amendement de Mme la députée de Mercier? Non.
Donc, est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Ghazal : Vote par appel
nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Vote par appel nominal. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Veuillez
répondre pour contre ou abstention. Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire
: M. Jolin-Barrette
(Borduas)?
M. Jolin-Barrette : Pour.
La Secrétaire
: M. Lévesque
(Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) : Pour.
La Secrétaire
: M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Pour.
La Secrétaire
: M. Émond
(Richelieu)?
M. Émond : Pour.
La Secrétaire
: M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour...
16 h (version non révisée)
La Secrétaire : ...M. Martel (Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
: Pour.
La Secrétaire
: Mme
David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Pour.
La Secrétaire
: M.
Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Pour.
La Secrétaire
: M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Pour.
La Secrétaire
: Et Mme
Guillemette (Roberval)?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Abstention. Donc, l'amendement est adopté. Donc, est-ce qu'il y a des
interventions sur l'article 84 amendé? Mme la...
Mme Ghazal : Oui, oui, s'il
vous plaît. Est-ce que c'est possible de suspendre un peu?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, oui, on peut suspendre quelques instants.
Mme Ghazal : Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 3)
(Reprise à 16 h 4)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, nous pouvons reprendre les travaux. Nous en sommes à l'article 84 amendé.
Est-ce qu'il y a des interventions? Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Je l'ai annoncé
lors de ma discussion avec le ministre. Je suis contente que... premièrement,
que cet amendement là ait été adopté. Mais pour la question de moyens, j'ajoute
un autre amendement qui va être sur Greffier sous peu.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait, merci. Donc, nous allons suspendre quelques instants le temps de
recevoir l'amendement.
(Suspension de la séance à 16 h 5)
(Reprise à 16 h 6)
La Présidente (Mme Guillemette) :
La commission reprend ses travaux, donc, sur un amendement de Mme la députée de
Mercier. Donc, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Donc, l'article 84 du projet de loi est modifié par l'ajout de l'alinéa
suivant :
L'article 141 de cette charte est modifié
par l'ajout, à la fin du paragraphe 1, de «l'office rencontre en personne, une
fois tous les cinq ans, les hauts dirigeants de l'entreprise pour s'assurer de
leur bonne connaissance de la langue officielle».
Donc, je ne vais pas... mon objectif, ce n'est
pas d'ajouter plus de temps à tout expliquer. Je pense que le ministre comprend
très bien. Ça ne dit pas : On va mettre dehors tous les hauts dirigeants
qui ne parlent pas français, là, même si ça fait 10 ans ou 20 ans, là. Ce qu'on
dit, c'est uniquement qu'au lieu que ça soit... Parce que le seul moyen que je
vois actuellement qu'a l'OQLF, c'est de parler avec le répondant de l'entreprise,
le répondant de l'entreprise qui va lui dire... qui va répondre à la question,
par exemple, de l'inspecteur, il va lui dire : Oui, il parle français ou
non puis ça se termine là, juste pour s'assurer qu'il y a une discussion. Puis
c'est un moyen pour aussi envoyer un message aux dirigeants en parlant avec des
représentants du gouvernement du Québec par la personne de l'OQLF en lui disant :
Bien, voilà, je voulais...
Mme Ghazal : ...il faut
parler français, etc. Puis c'est très important, comment est-ce qu'on peut vous
accompagner, etc. Et que ça ne soit pas seulement le répondant, mais que le
haut dirigeant puisse avoir cette discussion avec les gens de l'OQLF. Je sais
que, par exemple, pour, je pense, c'est Air Canada, l'OQLF a écrit une lettre,
si ma mémoire est bonne, aux dirigeants d'Air Canada pour les rencontrer ou
pour leur dire : On vous invite fortement, puisque la loi va être changée,
de vous soumettre à la Charte de la langue française et tout ça. Puis il n'y a
pas eu de réponse. Puis ils ont dit : Non, non, non, on fait nos affaires
de notre côté. Ne vous inquiétez pas. Donc, ça serait bien que les gens de l'OQLF
aussi rencontrent les hauts dirigeants au lieu... au lieu que ce soit par
lettre et tout ça. Voilà. Donc, c'est un moyen très simple, très pratique. Puis
je suis certaine que le ministre est ouvert.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, écoutez, je comprends l'objectif, mais déjà à 53, là, c'est déjà prévu
qu'il y a un rapport à tous les 12 mois sur le suivi de la situation
linguistique, là. Mais juste vous dire, là, il y a près de
3000 entreprises au Québec qui sont inscrites à l'OQLF. Si on les
rencontre, puis si on rencontre tous les hauts dirigeants de chacune des
entreprises, vous comprendrez que je ne pense pas que toutes les ressources de
l'OQLF devraient être mise là-dessus. Ils en ont beaucoup à couvrir. Lorsqu'il
y a un enjeu, l'OQLF intervient, mais je ne pense pas que d'imposer une
obligation statutaire de rencontrer tous les hauts dirigeants des entreprises
systématiquement... Ça vient beaucoup alourdir le processus, là. Il y a déjà un
rapport sur la mise en oeuvre du programme de francisation au sein de
l'entreprise. L'OQLF est déjà en mesure d'identifier quand il y a des
situations problématiques
Mme Ghazal : ...l'OQLF
rencontre déjà les répondants de l'entreprise. Donc, en plus, aujourd'hui, avec
les moyens technologiques, on n'est pas obligé de le rencontrer, puis de
prendre un café, puis de souper avec, là. Ça peut être juste. Oui, bonjour,
monsieur... Comment ça va? Depuis 2014, on attend que votre français progresse.
Est-ce que vous avez besoin d'aide? Etc. Comment ça se passe, les réunions?
C'est-à-dire que cette rencontre-là pourrait être faite en même temps que les
rencontres de façon qui ont lieu aux cinq ans, je pense, avec les entreprises.
Ce n'est pas une rencontre supplémentaire.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais ça alourdit beaucoup le processus. Puis ce qu'on veut...
Mme Ghazal : Pour qui?
M. Jolin-Barrette : Bien,
pour l'OQLF, notamment. Ce qu'on veut, c'est être efficace. Puis vous savez, on
donne beaucoup de ressources à l'OQLF, mais on veut aussi que... Puis on leur
donne beaucoup de responsabilités, notamment, au niveau des 25-49,
l'accompagnement, la responsabilité aussi. Alors, c'est sûr que votre point, il
est intéressant, mais c'est déjà couvert par le rapport qui est fait
annuellement. Puis le répondant de l'entreprise en francisation, s'il y a un
enjeu, il est en mesure de communiquer des informations. Puis l'OQLF, elle peut
toujours aussi rencontrer au besoin les gens, les hauts dirigeants. Donc, c'est
déjà inclus, mais d'en faire une obligation statutaire aux cinq ans, moi, je
trouve que ça alourdit beaucoup de processus. Ça manque de flexibilité. Puis si
on veut mettre les ressources au bon endroit, je ne suis pas sûr que...
• (16 h 10) •
Mme Ghazal : C'est où,
les bons endroits? Parce que c'est vraiment très important. La culture
organisationnelle, incluant la langue parlée dans son entreprise, découle d'en
haut. Contrairement à la richesse qui ne percole pas, elle, jusqu'au bas de la
société, dans une entreprise, le haut dirigeant, sa façon de penser, elle
percole jusqu'au plus bas. Pour avoir travaillé très, très longtemps dans les
entreprises, c'est très important. Puis, je pense, c'est la même chose dans un
conseil des ministres, dans un gouvernement, etc., les hauts dirigeants,
comment ils réfléchissent, comment ils pensent à tous les niveaux. Là, on parle
de la langue française, mais à tous les niveaux descend. Et je peux vous
assurer que ce qu'il dit a un impact partout au sein de l'entreprise.
Donc, si on veut que tout le monde au sein
de l'entreprise puisse travailler en français, il faut commencer par le haut de
la pyramide. Donc, c'est un excellent investissement. Parce que si vous me
dites que l'OQLF, elle a d'autres choses à faire, plus importantes. Je me
demande c'est quoi, si ce n'est pas... si ce n'est pour les hauts dirigeants
dans l'entreprise?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, c'est une série de mesures. Et je vous dirais... Vous dites selon mon
expérience... Je suis d'accord avec vous si votre expérience remonte avant le
dépôt du projet de loi 96. À moins que vous me confiiez que vous continuez
à occuper un autre emploi, mais je ne le crois pas. Mais le projet de loi 96
va avoir les outils, justement, pour... puis donner des outils aux travailleurs
pour faire respecter leur droit de travailler en français. Mais quand vous me
dites : Est-ce qu'on doit consacrer toutes les ressources de l'OQLF à
faire ça et un suivi qui est fait par l'OQLF? Bien, il faut accompagner sur
l'affichage, il faut accompagner sur la langue de travail dans l'organisation.
Donc, ça rentre déjà, mais de créer cette obligation statutaire là aux cinq
ans, moi, je trouve que ça alourdit beaucoup le processus. Puis je ne voudrais
pas que l'OQLF se concentre uniquement là-dessus. Ça en fait partie, mais je ne
veux pas que toutes les ressources soient...
M. Jolin-Barrette : ...mais
uniquement sur cette question-là.
Mme Ghazal : Je suis vraiment
étonnée parce que si on veut... si le ministre est très ambitieux quand il
s'exprime, là, sur la langue parlée, la langue au travail dans les entreprises,
il semble très, très, très ambitieux, mais encore faut-il mettre tous les
moyens en place pour réaliser cette ambition. Puis si rencontrer le haut
dirigeant un cinq minutes une fois ou cinq ans, ça peut être dans la même
rencontre que déjà l'OQLF doit faire avec des gens dans l'entreprise, si ça,
c'est des ressources gaspillées, je ne sais pas comment est-ce qu'on va
atteindre l'ambition du ministre d'envoyer un message incroyable puis de
changement de culture. C'est le 5 ans qui dérange le ministre, si c'est
écrit "au besoin"?
M. Jolin-Barrette : Moi, je
pense qu'il faut... Bien, votre proposition, c'est de mettre "au
besoin"? Bien, suspendons quelques instants.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, donc nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 16)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, la commission reprend ses travaux sur la discussion de l'amendement
de madame la députée de Mercier. Monsieur le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, écoutez, l'OQLF peut déjà le faire, de rencontrer les hauts dirigeants
dans le suivi de leurs programmes de francisation. Donc c'est déjà comme ça.
Mme Ghazal : Puis ça, c'est
déjà comme ça, cet outil-là, c'est quoi? C'est dans leur façon de faire ou
c'est écrit quelque part?
M. Jolin-Barrette : Pour
vérifier l'application de suivi du processus de francisation, ils peuvent
rencontrer... ils peuvent mettre en place les mesures de... faire les
vérifications nécessaires.
Mme Ghazal : Et ils
rencontrent les hauts dirigeants? À quelle fréquence?
M. Jolin-Barrette : Ils
peuvent les rencontrer si nécessaire.
Mme Ghazal : Les 20 pour
cent qui ont un programme de francisation, est ce que dans ces 20 pour
cent là que ce n'est pas terminé, là, ils n'ont pas eu leur certificat parce
qu'il y a des recommandations ou il y a des non-conformités, est ce que...
c'est quoi le pourcentage dans ces 20 % où l'OQLF rencontre le haut
dirigeant? Est-ce que c'est systématique?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
n'ai pas le détail de ça, non, mais parce que notamment, aussi, ça arrive que
le haut dirigeant, supposons, le principal dirigeant, c'est celui également qui
est répondant pour l'OQLF aussi, donc, ce niveau de détail-là. Mais ce que je
peux vous dire, c'est avec les outils qu'il y a dans le projet de loi 96,
ça va permettre justement de faire en sorte d'amener les gens à avoir une
généralisation de l'utilisation du français, incluant les hauts dirigeants,
puis votre amendement a contribué à ça également.
Mme Ghazal : Moi, je suis...
le ministre a été très, très... beaucoup plus virulent quand on parlait de
l'exemplarité de l'État, quand on parlait de la langue parlée pour
l'apprentissage du français pour les immigrants. Là, je le sens un peu plus sur
les freins par rapport à cette question-là. Moi, c'est ce que je ressens. Ce
n'est vraiment rien, à tous les cinq ans, que l'OQLF...
Mme Ghazal : ...pour qui
le ministre se vante constamment qu'il a donné beaucoup de moyens, beaucoup de
ressources. On va avoir les crédits budgétaires, il va s'en vanter sans arrêt
en disant tous les outils, en les énumérant, et là, prendre cinq minutes sur
Teams, Zoom, n'importe quelle façon pour rencontrer le haut dirigeant, pour
envoyer un vrai message de façon individualisée, il trouve que c'est beaucoup
trop de travail, c'est mettre les ressources à la mauvaise place. Je le trouve
beaucoup plus frileux quand il s'agit de demander des petites choses pour les
hauts dirigeants dans les entreprises. Et je trouve ça bien dommage parce que
ce n'est pas comme ça, ce n'est pas avec ce manque d'ambition qu'on va pouvoir
changer la culture dans les entreprises au Québec. Et ce n'est pas... ça ne va
pas du jour au lendemain changer, c'est vrai.
M. Lévesque (Chapleau) :
...rappeler à l'ordre la députée.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le député. Donc, Madame la députée,
je vous demanderais d'être prudente dans vos propos. Les discussions se passent
bien présentement, donc...
Mme Ghazal : Bien, ça se
passe bien depuis le début.
La Présidente
(Mme Guillemette) : On a des belles discussions cordiales.
Mme Ghazal : Oui.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, je vous cède la parole.
Mme Ghazal : Oui. Mais
je ne comprends pas pourquoi est-ce que le ministre... je le sens, c'est ce que
je... Je vais parler au je, je sens qu'il manque de sa verve et de sa fermeté
pour protéger la langue française quand il s'agit de prendre un peu de temps
des hauts dirigeants des entreprises. Et il y en a beaucoup, beaucoup plus. Là,
on n'a pas les chiffres exactement, mais il y en a beaucoup, surtout à
Montréal, beaucoup plus que quelques exceptions, là, où les hauts dirigeants,
même ceux qui ont leurs programmes de francisation, qui ne parlent probablement
pas le français. Même ceux qui ont leur programme de francisation, puisque je
l'ai déjà vu.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Madame la députée. Monsieur le
ministre. Ça va? Donc, d'autres interventions sur l'amendement de madame la
députée de Mercier? S'il n'y a pas d'autres interventions, je vais mettre
l'amendement aux voix. Est-il adopté?
M. Jolin-Barrette : Rejeté.
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Par appel nominal. Madame la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire : Madame Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire
:
M. Jolin-Barrette (Borduas)?
M. Jolin-Barrette :
Contre.
La Secrétaire
:
Monsieur Lévesque (Chapleau)?
M. Lévesque (Chapleau) :
Contre.
La Secrétaire
:
M. Jacques (Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
La Secrétaire
:
M. Émond (Richelieu)?
M. Émond : Contre.
La Secrétaire
:
M. Lemieux (St-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire
:
Monsieur Martel (Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel
:
Contre.
La Secrétaire
:
Mme David (Marguerite-Bourgeoys)?
Mme David : Contre.
La Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Contre.
La Secrétaire
:
Monsieur Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Contre.
La Secrétaire
: Et
Mme Guillemtte (Roberval)?
• (16 h 20) •
La Présidente
(Mme Guillemette) : Abstention. Donc, nous retournons à la
discussion sur l'article 84 amendé. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 84 amendé? S'il n'y a pas d'intervention, je vais mettre
l'article aux voix. Est-ce que l'article 84 amendé est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, l'article 84 amendé étant adopté,
nous passons à l'article 85. Monsieur le ministre, voulez-vous nous en
faire la présentation s'il vous plaît?
M. Jolin-Barrette : Cette
charte est modifiée, 1, dans le troisième alinéa, par la suppression de
"tous les 24 mois dans les cas où l'entreprise emploie moins de
100 personnes" et B, par remplacement de "dans les cas où elle
emploie 100 personnes ou plus" par "lorsqu'un comité de francisation
est institué au sein de l'entreprise, il lui incombe de voir à la rédaction de
ce rapport". 2, par l'ajout à la fin de l'alinéa suivant :
"L'entreprise diffuse son programme de francisation et les rapports sur sa
mise en œuvre auprès de son personnel.".
Commentaire. L'article 85 du projet
de loi propose de modifier l'article 53 de la Charte de la langue
française de façon complémentaire avec l'introduction de l'article 138.1
de la Charte par l'article 80 du projet loi pour préciser les
responsabilités du comité de francisation que pourrait avoir été tenue de
former l'entreprise. De plus, l'article 85 ajoute un alinéa à
l'article 143 afin de prévoir la diffusion du programme de francisation
auprès des employés d'une entreprise, de même que celle des rapports sur la
mise en œuvre.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Monsieur le ministre. Des
interventions? Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Merci
beaucoup, madame la présidente. Dans ce cas-ci, je dirais, le ministre retrouve
sa verve et sa fermeté puisque là, ça prend 12 mois pour être sûr qu'on
envoie un rapport. Or, c'est sûr que le ministre n'est pas sans savoir que les
entreprises trouvent que ça revient vite, 12 mois. Quand on est jeune,
12 mois, c'est long dans notre vie. Plus on vieillit, 12 mois, plus
ça passe vite, on le sait. Hein, madame la présidente, on aime ça qu'on
voudrait que ça passe plus lentement, mais ça passe très vite, 12 mois.
Donc revenir aux 12 mois, pour toutes les entreprises, parce que là, j'ai
compris que toutes celles qui avaient un programme de francisation, ce ne sont
plus seulement celles de 100 personnes ou plus. C'est tout le monde, donc
auquel sera soumis... qui seront soumis à la loi 101. Donc c'est les 25 et
plus si je comprends bien. Alors si je ne me trompe pas et que ce sont les
entreprises qui...
Mme David : ...qui ont
25 employés et plus, pourquoi on passe de 24 à 12?
La Présidente
(Mme Guillemette) : M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : En
fait, puis la députée de Mercier va être, je suis convaincu, d'accord avec moi,
c'est pour assurer un suivi plus régulier des mesures en matière de programmes
de francisation pour faire un meilleur suivi. Puis honnêtement le suivi qui est
demandé, là, c'est un document d'environ 13 pages avec justement des cases
à remplir, tout ça. Alors, ce n'est pas très, ce n'est pas très volumineux, là.
Mme David : Bien,
pourquoi, en 2013, vous étiez aussi frileux pour justement ne pas alourdir les
entreprises? Et puis là le dégel est vraiment complet. C'est comme le
réchauffement climatique, là, ça... C'est vraiment il n'y a plus de limite à ce
qu'on impose aux entreprises. Mais on parle d'entreprises qui peuvent avoir
26 employés, 27, 28. Ça revient vite, tous les ans, faire même 12 pages.
Parce que 12 pages, ça peut paraître court, cocher, cocher, mais ça peut
paraître long à cause de toutes les vérifications qu'il faut qu'on fasse.
Qu'est-ce qui se passe tant que ça pour qu'il y ait une si grosse différence
entre un an et deux ans?
M. Jolin-Barrette : Bien,
je vous dirais pour mieux accompagner les entreprises aussi, pour être sûr
d'avoir un impact sur le marché du travail, il faut s'assurer de changer
rapidement et d'apporter les correctifs requis. Puis honnêtement vous le savez,
comme la lutte aux changements climatiques, chaque année compte, alors, nous,
on ne nie pas la lutte, le réchauffement de la planète. Il faut lutter contre
le réchauffement climatique, alors on fait la même chose. On ne nie pas le
déclin du français, alors on agit
Mme David : Mais à la
limite, pourquoi pas six mois, quatre mois, trois mois?
M. Jolin-Barrette : Bien
là, vous m'auriez dit : Vous ambitionnez, M. le ministre.
Mme David : Bien, je
trouve, vous ambitionnez même à 12. Parce que, moi, je ne suis pas chef
d'entreprise, mais on sait que les choses reviennent vite, là. Et la Fédération
québécoise du commerce de détail, d'ailleurs, dit que les politiques publiques
devraient être faites de façon à favoriser une certaine agilité. Mais là à peu
près tous trouvent que c'est intense, là, à tous les ans.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais vous savez, à l'intérieur d'une année, il peut se passer
beaucoup de choses, puis c'est important d'avoir un suivi régulier, puis faire
en sorte également de pouvoir avoir les outils pour accompagner.
Mme David : Puis qui
dit annuellement dit deux fois plus qu'aux 24 mois. On se comprend. C'est
aux ans, c'est 2 fois plus de paperasse qu'à tous les 2 ans pour
l'OQLF. Donc, il faut que l'OQLF... Encore une fois, là, si on additionne -
puis peut-être que je le ferai à un moment donné - tout ce qu'on leur demande,
ça va être digne d'une immense... un ministère à eux tout seul.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais juste vous dire, là, pour les entreprises, là, de 100 employés et
plus, c'est déjà aux 12 mois actuellement. Là, du fait... on vient
harmoniser tout le monde à 12 mois. On prend les meilleures pratiques.
Mme David : Oui, mais
c'est parce que...
M. Jolin-Barrette : Il
faut arriver...
Mme David : ...on
comprend qu'il y a un département de ressources humaines.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais on parle de 12 pages.
Mme David : 26
employés, ce n'est pas gros, là.
M. Jolin-Barrette : Mais
honnêtement si... Dans une entreprise de 26 employés, c'est encore
beaucoup plus facile à atteindre parce que vous avez moins de personnel, les
directives vont beaucoup plus rapidement de la haute direction vers les
employés, puis on va être en mesure justement avec Francisation Québec, avec
l'OQLF d'accompagner d'une façon très serrée les entreprises. Ce qu'on veut,
dans le fond, puisque ce que vous souhaitez avec moi, c'est la transformation
du marché du travail pour que ça se passe en français. Alors, il faut être
vigoureux là-dedans. Il faut accompagner. Il faut soutenir à tous les jours,
là.
Mme David : Vous avez
raison, accompagner, accompagner, accompagner, mais ça va vous prendre, en
pleine pénurie de main-d'oeuvre, une armée de gens pour accompagner, là.
M. Jolin-Barrette : Mais,
vous savez, ce qui est intéressant, là, c'est qu'il y a un momentum pour amener
des changements en matière de la langue française. Puis c'est motivant de venir
travailler à l'OQLF ou de venir travailler au futur ministère...
Mme David : Mais il n'y
en a plus d'employé nulle part.
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais, vous savez, les employés maintenant peuvent choisir des emplois qui les
intéressent. Puis, au Québec, il y a beaucoup de gens qui valorisent la langue
française. Alors, moi, je suis convaincu qu'en matière de recrutement Me
Champagne va réussir à combler rapidement tous ces postes.
Mme David : Je vous
souhaite vraiment la lune, M. le ministre, parce que c'est...
M. Jolin-Barrette : Mais
avouez que c'est stimulant comme défi.
Mme David : Bien, tous
les employeurs disent : Nous embauchons. Super stimulant. Venez avoir du
plaisir. Tout le monde dit ça en ce moment. Alors, je ne suis pas sûre que la
langue française attire tant que ça, des jeunes en particulier qui vont se
précipiter pour aller surveiller des entreprises. Pas sûre que ça va les
exciter tant que ça.
M. Jolin-Barrette : Pas
surveiller, accompagner des entreprises...
Mme David : Accompagner
et surveiller parce qu'il y a quand même une loi qui va avec. Donc,
12 mois...
Mme David : ...trouvez que
ça...
M. Jolin-Barrette : C'est
raisonnable.
Mme David : Puis comment vous
allez justement accompagner les organismes économiques? Je pense à tous les
programmes de J'apprends le français ou tout ça qui travaille avec des petites
entreprises. Peut être vous allez me dire : C'est des plus petites encore,
celles-là, des moins de 25. Mais, ça aussi, il va falloir accompagner, financer
tous les gens, comme vous dites, de bonne volonté qui veulent aider à la
francisation.
M. Jolin-Barrette : C'est un
travail de collaboration avec plusieurs organismes, effectivement.
Mme David : Alors, je ne vous
ferai pas changer d'idée sur des délais. Je le sais, Mme la Présidente, quand
il tient à son idée. O.K., je n'ai pas d'autre intervention.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Pas d'autre commentaire. Donc, est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'article 85? Donc, s'il n'y a pas d'autre commentaire, je vais mettre aux voix
l'article 85.
Des voix : Adopté sur
division.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Adopté sur division. Donc, 86, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette :
54.1 : L'entreprise qui prévoit ne pas avoir complété la mise en œuvre
d'un programme de francisation dans le délai qui est prévu peut en demander la
prolongation à l'office. La demande doit être transmise à l'office au plus tard
trois mois avant l'expiration du délai. L'article 44.1 de la Charte française
que propose l'article 86 du projet loi permet à l'office de prolonger le délai
à l'intérieur duquel la mise en œuvre d'un programme de francisation doit être
complétée. Il précise de plus le délai minimal dans lequel la demande de
prolongation doit être transmise à l'office.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Des commentaires sur cet article? Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Question :
Est-ce que l'OQLF est ouverte et compréhensive face à ce genre de demande là?
M. Jolin-Barrette : Oui, en
fait, actuellement, administrativement, c'est ce qui se passe. Et là on vient
conférer le pouvoir véritablement à l'office.
• (16 h 30) •
Mme David : Puis, il faut
qu'il fasse trois mois... il faut que trois mois avant, ils sachent qu'ils ne
sont pas prêts... qu'ils ne seront pas prêts?
M. Jolin-Barrette : Bien,
honnêtement, pour qu'il y ait une certaine prévisibilité, pour amener l'office
à les accompagner aussi pour déjà donner la possibilité, donc, ça amène de la
flexibilité, là, le trois mois, là.
Mme David : O.K. Ce qui est
intéressant, Mme la Présidente, c'est ce qui n'est pas modifié aussi. Alors, je
ne... le ministre à des choses qui ne sont pas modifiées parce que je trouve
qu'il en modifie déjà pas mal, mais il y a quand même des articles fort
intéressants dans la charte actuelle qui parlent de toutes sortes de
conditions, je dis juste ça comme ça. Mais 144.1, donc trois mois avant
l'expiration du délai, mais ce n'est pas donc impossible dans la pratique
actuelle qui est acquiescement de l'office à une demande d'expiration,
moyennant des explications, j'imagine, valables. O.K. Ça va, Mme la Présidente.
M. Jolin-Barrette :
Voulez-vous qu'on modifie autre chose dans le...
Mme David : Non.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, d'autres commentaires sur l'article 141 introduit
par l'article 86? Donc, je vais mettre aux voix l'article 86. Est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'article 86 étant adopté, M. le ministre, présentez-nous, s'il vous plaît,
l'article 87.
M. Jolin-Barrette : L'article
146 de cette charte est modifié par l'ajout à la fin du deuxième alinéa de la
phrase suivante : Lorsqu'un comité de francisation est institué au sein
d'une entreprise, il lui incombe de voir à la rédaction de ce rapport.
Commentaire L'article 87 du projet loi
propose de modifier l'article 146 de la Charte de la langue française de façon
complémentaire avec l'introduction de l'article 138.1 de la charte par
l'article 80 du projet loi pour préciser les responsabilités du comité de
francisation que pour avoir été tenu d'informer l'entreprise.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Des commentaires sur cet article? Pas de
commentaire. Donc, je vais mettre aux voix l'article 87. Est-il adopté?
L'article 87 étant adopté, M. le ministre, l'article 88, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui,
146.1 : «Lorsque l'office estime, après examen du rapport, qu'une
entreprise lui remet... pardon. Lorsque l'Office estime, après examen du
rapport, qu'une entreprise lui remet en vertu du deuxième alinéa de l'article
146, que l'utilisation du français n'est plus généralisée à tous les niveaux de
l'entreprise, il lui ordonne d'élaborer et de mettre en œuvre un plan d'action
pour remédier à la situation. Avant d'ordonner l'élaboration et la mise en
œuvre d'un plan d'action, l'office doit notifier par écrit à l'entreprise le
préavis prescrit par l'article 5 de la Loi sur la justice administrative et lui
accorder un délai d'au moins 15 jours pour présenter ses observations».
Commentaire. L'article 56.1 de la Charte
de la langue française que propose l'article 88 du projet de loi confère à
l'office le pouvoir d'ordonner à une entreprise à élaborer et de mettre en
œuvre un plan d'action lorsqu'il constate que l'utilisation du français n'est
plus généralisée à tous les niveaux de cette entreprise. Le plan d'action doit
permettre de remédier à la situation. Avant d'ordonner à une entreprise
d'élaborer et de mettre en œuvre un tel plan, l'office doit lui donner
l'occasion de présenter ses observations dans un délai d'au moins 15 jours.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Des interventions...
16 h 30 (version non révisée)
La Présidente (Mme Guillemette) :
...sur cet article. Donc, les discussions étant terminées, M. le ministre,
l'article 146.2.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le plan d'action doit être soumis à l'approbation de la l'office dans les deux
mois de la date de réception de la décision de l'Office, prévue au premier
alinéa de l'article 56.1. Les dispositions de la présente section
concernant le programme de francisation s'appliquent au plan compte tenu des
adaptations nécessaires.
Commentaire. L'article 146.2 de la
Charte de la langue française que propose l'article 88 du projet de loi
précise le délai dont dispose l'entreprise pour soumettre son plan d'action à l'Office.
Il prévoit que, pour le reste, les dispositions relatives au programme de
francisation s'appliquent au plan compte tenu des adaptations nécessaires.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Des interventions sur cet article? Donc, s'il n'y a
pas d'intervention, je vais mettre aux voix l'article 88. Est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'article 88 étant adopté, je passe à l'article 89, s'il vous plaît,
M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Cette
charte est modifiée par l'insertion, après l'article 58, de ce qui suit :
Section III. Francisation dans certaines autres entreprises. 149. L'office,
après consultation de Francisation Québec, détermine annuellement dans les
secteurs d'activité qu'il choisit, celles des entreprises assujetties à la Loi
sur la publicité légale des entreprises (chapitre P-44.1) qui emploient au
moins cinq personnes sans être visées à l'article 139, auxquelles il
fournira de mettre en place les services d'apprentissage français fournis par
Francisation Québec, conformément au chapitre VIII.2 du titre I. L'office
avise l'entreprise concernée de l'offre qui lui est faite et du délai dont elle
dispose pour l'accepter et, le cas échéant, pour convenir avec Francisation
Québec des modalités selon lesquelles ces services seront fournis. L'Office
transmet une copie de cet avis à Francisation Québec.
Je vais vous lire le commentaire à 139. L'article 89
du projet de loi propose l'introduction, dans le chapitre V du titre II de
la Charte de la langue française d'une section III relative à la
francisation dans les entreprises assujetties à la Loi sur la publicité légale
des entreprises qui emploient au moins cinq personnes, sans toutefois en
employer pendant plus de six mois au moins 25. Cette section comporte des
articles 149 et 150. L'article 149 de la charte confère à l'office la
responsabilité de terminer à chaque année celles de ces entreprises auxquelles
il offrira de mettre en place des services d'apprentissage français fournis par
Francisation Québec. Préalablement à cette détermination, l'office doit
consulter Francisation Québec. L'article 149 prévoit de plus les avis que
l'office doit transmettre à l'entreprise à laquelle il offre de mettre en place
des services de francisation et à Francisation Québec. Les dispositions de l'article 149
entreront en vigueur après la sanction du projet de loi ainsi que le prévoit le
paragraphe 3° de l'article 201.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Oui. Des interventions, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Oui. Alors,
là, écoutez, on tombe dans un... dans un chapitre qui m'intéresse beaucoup
parce que, là, on ne parle plus des grandes entreprises, on parle des toutes
petites, cinq à 25. C'est beaucoup, beaucoup de petites, petites entreprises au
Québec, ça. C'est beaucoup de monde. Est-ce que c'est à ce genre de programmes
là qui s'applique, J'apprends le français, à ce genre de petites entreprises?
M. Jolin-Barrette : Bien,
J'apprends le français, ça peut être des entreprises qui sont un peu plus que
cinq employés aussi, où est-ce qu'ils leur mettent un macaron puis leur disent :
Bien, on vient... On vient vous donner... Bien, en fait, souvent, c'est un
étudiant qui vient puis il discute en français puis tout ça. Oui, entre autres,
ça pourrait. Mais là, l'objectif, c'est de cibler certains secteurs. Vous
savez, supposons, une année, on vise, supposons, le textile, le manufacturier.
Une autre année, les entreprises de proximité, le commerce. L'objectif est de
faire en sorte que Francisation Québec, avec l'OQLF, dans son action, va faire
en sorte de cibler des secteurs stratégiques justement annuellement pour dire :
Bien, écoutez, nous, on veut vous offrir de la francisation parce que dans ce
secteur-là, ça a un impact. Alors, voici, on vous offre les services de
Francisation Québec.
Mme David : Donc,
typiquement centre-ville, boutiques, 10, 15 employés. Quelqu'un... Et ça, vous
avez dû faire la mécanique de ça parce que, là, on ajoute un joueur, si je
comprends bien, qui va s'appeler Francisation Québec, qui n'existe pas, qui va
travailler avec l'office. Mais c'est l'office qui consulte Francisation Québec
et qui détermine quels secteurs, ou quelles rues, ou quels quartiers, ou quels
angles de commerces, quelles sortes de commerces elle va aller voir? Est-ce que
je peux m'expliquer un peu la mécanique?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est surtout certains secteurs d'activité. Tu sais, ça pourrait être
effectivement, vous avez raison, le secteur commercial, le secteur de services,
supposons, les grands magasins, supposons, ou le...
Mme David : Bien, ils
vont avoir plus que 25 employés, ceux-là, les grands, là.
M. Jolin-Barrette : Oui,
vous avez raison. Vous avez raison. Ça pourrait être des boutiques puis ça
pourrait être des plus petites entreprises. L'objectif... Dans le fond,
désormais, Francisation Québec s'occupe du contenu, de pouvoir donner les cours,
la francisation, tout ça. Et ça se fait en collaboration avec l'OQLF qui... L'OQLF,
elle, a la connaissance, le nombre de plaintes sur le terrain, l'accompagnement
des entreprises. Donc, l'OQLF qui est dans une démarche de francisation de l'entreprise
va pouvoir offrir à l'entreprise, lui dire : Écoutez, j'ai un partenaire
qui s'appelle Francisation...
M. Jolin-Barrette : ...Québec
sont spécialisés, eux, en matière de francisation. Puis l'objectif de
Francisation Québec, on va le voir plus tard, c'est d'avoir une sorte de
guichet unique pour regrouper les services, pour faciliter, un, à la fois pour
les personnes qui veulent apprendre le français, mais, deux, également pour les
entreprises, qu'elles ne puissent cogner qu'à une seule porte.
Mme David : Puis ça, ça va...
On parle de toute la francisation aussi, là. C'est comme le guichet unique de
ce que font à la fois les commissions scolaires, des organismes communautaires.
On sait que...
M. Jolin-Barrette : Et le
ministère de l'Immigration, avec leurs professeurs, dans les universités et les
cégeps.
Mme David : Et le ministère
de l'Immigration, les enseignants membres du Syndicat des enseignants de l'État
du Québec. C'est tout ce monde-là, la francisation au Québec. On n'en a pas
encore parlé beaucoup. Ça s'en vient, hein, c'est ça?
M. Jolin-Barrette : Ça s'en
vient. L'idée, c'est de maximiser les différentes ressources.
Mme David : Et c'est un
organisme... Parce qu'on parle de gouvernance beaucoup. Après, on va parler de
gouvernance, l'OQLF, le ministre, le ministère, le commissaire. Francisation
Québec, ce n'est pas encore clair dans ma tête, là.
M. Jolin-Barrette : Ça va
être une direction au sein du ministère de l'Immigration.
Mme David : De l'Immigration?
M. Jolin-Barrette : Oui. Puis
pourquoi est-ce qu'on l'a mis là? Parce que, beaucoup, Francisation Québec,
c'est notamment pour franciser les personnes immigrantes, les accompagner. Bien
entendu, ils vont offrir des services de francisation aussi aux personnes au
Québec qui veulent améliorer leurs compétences langagières en français, mais il
était tout à fait logique que ce soit au sein du ministère de l'Immigration,
parce que, un, ce sont eux qui ont l'enveloppe financière en matière de
francisation, pour beaucoup. Ils collaborent déjà avec les centres de services
scolaires, collaborent aussi avec le ministère du Travail. Puis là
actuellement, il n'y aura pas d'enjeu entre les deux ministères, c'est le même
titulaire, donc.
Mme David : Bien, ça ne
durera pas longtemps.
M. Jolin-Barrette : Ça, je ne
sais pas, ce n'est pas moi qui décide. Mais je trouve qu'il y a une belle
complémentarité actuellement.
Mme David : Mais si je
comprends bien, c'est cette division... C'est parce que Francisation Québec va
être un organisme qui va relever d'un ministère, mais qui va avoir sa propre
indépendance? Ce ne sont pas... Ce n'est pas une division au MIFI?
• (16 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est une direction au sein du ministère de l'Immigration.
Mme David : Donc, ça va être
vraiment des fonctionnaires. Ce n'est pas comme l'OQLF, qui n'est pas une
direction, c'est...
M. Jolin-Barrette : Non, ça
va être sous la responsabilité du ministre de l'Immigration.
Mme David : Oui, mais vous,
vous avez l'OQLF sous votre responsabilité. Mais ce n'est pas... vous n'êtes
pas dans un lieu physique, avec l'OQLF au troisième étage, puis vous au cinquième
étage, là. Alors que Francisation Québec est plus près, en termes de
gouvernance, de...
M. Jolin-Barrette : Ça relève
du ministre de l'Immigration, vous avez raison. Dans le fond, ce n'est pas une
entité indépendante, c'est...
Mme David : Ce n'est pas une
société d'État non plus. Quand j'étais ministre de la Culture, j'en avais 12,
là. Disons, la Société de la Place des Arts...
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Mme David : ...ils n'étaient
pas logés au ministère de la Culture. Francisation Québec va avoir une
proximité plus grande...
M. Jolin-Barrette : ...va
être au sein du ministère de l'Immigration, ça va être...
Mme David : C'est une
direction?
M. Jolin-Barrette : C'est une
direction à l'intérieur d'un sous-ministériat.
Mme David : Donc, il va y
avoir un sous-ministre adjoint, disons.
M. Jolin-Barrette : Qui est
responsable, oui. Dans le fond, c'est vrai, vous avez raison, à l'Immigration,
ce sont des sous-ministres adjoints. Et donc le sous-ministre adjoint, à
l'intérieur de son sous-ministériat, il va avoir une de ses directions qui va
s'appeler Francisation Québec, qui va être chargée de la francisation.
Mme David : Et qui va
officier plus officiellement que maintenant? Parce que vous le dites que MIFI,
déjà, quand même... Mais le ministère de l'Emploi est très impliqué aussi à
donner de l'argent pour la francisation des entreprises.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
l'enjeu... Puis la Vérificatrice générale, là, l'a dit dans son rapport, je
pense que c'était en 2017, ça constitue un enjeu, le fait qu'il y ait vraiment
plusieurs portes...
Mme David : C'est vrai.
M. Jolin-Barrette : ...où les
entreprises et où les personnes immigrantes vont cogner. Ça fait que l'idée,
avec Francisation Québec, c'est de fédérer tout le monde, puis le ballon est
porté par Francisation Québec. Donc, c'est très clair, on va avoir une porte
d'entrée pour la personne immigrante qui veut trouver des cours de francisation,
appelle Francisation Québec, Francisation Québec va lui offrir un clés en main,
voici, vous êtes dans telle région. Francisation Québec va avoir des
partenaires, notamment les centres de services scolaires, qui font un bon
travail en matière de francisation également, ou un organisme communautaire
dont les professeurs sont payés par le ministère de l'Immigration, ou dans un
cégep... les professeurs, également, sont payés par le ministère de la
Francisation, de l'Immigration... ou dans des universités, où ils louent des
locaux pour les cours de francisation.
Même chose, l'entreprise, elle, qui
souhaite avoir des ressources... Parce que là, actuellement, oui, il y a le
ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale qui met de l'argent, sauf que,
des fois, il y a des trucs au ministère de l'Immigration aussi. Ça fait que ça
va permettre de consolider le tout, puis comme État, on va parler d'une seule
voix. Tu sais, ça va être beaucoup plus clair pour le citoyen physique et le
citoyen corporatif, qui dit : Là, là, où est-ce que je m'en vais? Moi,
supposons, j'accueille des travailleurs étrangers temporaires, là, dans mon
entreprise, je veux les garder, je veux qu'ils émigrent au Québec, ça fait que
j'investis, puis j'ai besoin d'outils pour les franciser...
M. Jolin-Barrette : ...1 800
Francisation Québec, Francisation Québec dit: Parfait, on s'en occupe. On va
venir dans votre entreprise, on va vous trouver les ressources nécessaires pour
le faire.
Mme David : Puis, en ce moment...
Je le sais, parce que, comme on dit, une chatte y perd ses chatons, là,
c'est... Je pense qu'il n'y a pas un ministre responsable de la langue
française qui a compris vraiment tous les méandres, et puis il fallait toujours
parler à la collègue à l'Immigration ou le collègue, puis, même à ça, pour
avoir visité à peu près... autant organismes communautaires, centres de
services scolaires, universités, collèges, chacun a ses règles de
fonctionnement: c'est payé un petit bout par le MIFI, un petit bout par le
collège, le collège fournit l'accompagnement, genre, tuteurs - en tout cas, je
vous dis, c'est un organigramme assez inimaginable - des organismes
communautaires qui en font beaucoup, de francisation, puis, je pense, c'est
très, très important aussi, parce qu'ils font aussi de la socialisation et
d'autres choses. Tous ces gens-là, tout l'argent va transiter par cette
direction-là.
M. Jolin-Barrette : Mais, en
fait, il faut savoir que, déjà dans le budget du ministère de l'Immigration,
là, quand vous regardez les...
Mme David : Mais il y a des
transferts fédéraux aussi.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est ça, mais j'y arrive. Dans le fond, il y a l'entente Canada-Québec de
1991, où il y a beaucoup d'argent qui est transféré au MIFI, puis d'ailleurs
c'est à l'époque où j'étais ministre de l'Immigration que la totalité de la
somme a été versée là...
Mme David : Je le savais que
vous iriez là. Oui, parce qu'on vous avait laissé beaucoup, beaucoup d'argent
dans la cagnotte pour que vous puissiez faire ça.
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est une attribution des sommes. C'est un choix gouvernemental de prendre cet
argent-là puis de dire: Ça s'en va...
Mme David : Et de ne pas le
mettre dans le fonds consolidé.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme David : Parce que vous
pouviez vous permettre ça, parce que le fonds consolidé avait plein d'autre
argent.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien
là, ça, c'est un...
Mme David : Alors, c'est pour
ça que je vous voyais venir avec ça. On parlait de Francisation Québec.
M. Jolin-Barrette : C'est un
autre sujet. Mais, juste pour vous dire, au moment du budget, là, déjà, le
ministère de l'Immigration, dans ses crédits, transfère de l'argent à
Enseignement, à ministère de l'Emploi puis ministère de la Santé aussi, donc,
déjà. Ça fait que le ministère de l'Immigration est un gros contributeur, puis
l'argent aussi qu'il reçoit aussi du fédéral, notamment, puis l'argent bleu
aussi que le ministère de l'Immigration met, si je peux dire, l'argent du
gouvernement du Québec, fait en sorte de justement... Les ressources sont là.
Donc, c'est logique que ça soit coordonné par le ministère de l'Immigration.
Mme David : O.K. Donc, ça, ce
n'est pas créé encore, on le crée avec cette loi-ci...
M. Jolin-Barrette : On le
crée avec cette loi-ci. Exactement.
Mme David : ...cette nouvelle
direction du ministère. Qui est un sous-ministériat?
M. Jolin-Barrette : C'est à
l'intérieur d'un sous-ministériat. Donc, vous avez, supposons... Au ministère
de l'Immigration, il y a quatre sous-ministres adjoints, et à l'intérieur du
mandat Francisation, il va y avoir une direction qui va être Francisation, ou
Francisation Québec.
Mme David : Et, de ce que
vous avez connu intimement, puisque vous étiez vous-même ministre de
l'Immigration, vous pouvez témoigner et nous assurer qu'il va y avoir une
efficience nettement accrue de fonctionner comme ça?
M. Jolin-Barrette : Bien,
clairement, parce que, moi, à l'époque où j'étais là, on se trouvait toujours
dans une situation où... à référer les citoyens au centre des services
scolaires, ou à l'Enseignement supérieur, ou... Donc, là, on va... ça va
vraiment être une coordination, puis on va établir des partenariats très clairs
avec les différentes entités, puis ça va être une porte d'entrée pour les
employeurs, une porte d'entrée pour les les apprenants.
Mme David : Ce qui est
intéressant dans votre organigramme qu'on est en train de construire, là -
c'est vraiment une architecture, là - c'est que c'est l'OQLF qui va consulter
Francisation pour lui dire: Où est-ce c'est que tu penses qu'on devrait aller
l'an prochain ou dans... faire un plan quinquennal, peut-être? On fait la rue
Sainte-Catherine à Montréal en 2023-2024 - je donne un exemple fictif - on fait
tous les petits commerces de 25 et plus, parce que là... ou de... C'est ça. Là,
on parle de 25 et plus... Non. Francisation, dans cet article-là, c'est...
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, c'est 5-25...
Mme David : C'est 5-25, c'est
ça.
M. Jolin-Barrette : ...sauf
que, pour le temps qu'il y ait entrée en vigueur de 25-49, donc 25-49...
Mme David : Ça va être trois
ans.
M. Jolin-Barrette : ...rentre
en vigueur dans trois ans, en attendant, Francisation Québec va faire 5-49.
Mme David : 49. Alors, c'est
deux... Parce que l'OQLF ne relèvera pas du ministre de l'Immigration, il va
relever du ministre de la Langue française.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme David : Donc, il va
falloir quelque part que, si ça ne s'entend pas, les... en dessous, les deux
ministres s'entendent entre eux pour décider de...
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est l'office qui détermine qu'est-ce qu'on fait, supposons, cette année.
Bien, conséquemment, du fait que c'est Francisation Québec qui va offrir le
service aux gens en francisation, on les consulte. On travaille en équipe.
Mme David : O.K., puis il
faut que cette équipe-là... il ne faut pas que Francisation Québec réponde:
Écoute, je n'ai plus...
Mme David : ...je n'ai pas de
monde, je n'ai pas d'argent, oublie ça tes petites entreprises là, je n'ai pas
d'argent. Ça, à ce moment-là, les deux ministres ont un problème, mais quand ça
va arriver, là, que l'OQLF va appeler des petites entreprises, là, on est
encore dans le plus petit, là, on est dans le 6, 7, 8, qui facture quoi?
Comment ça marche pour les employés? Est-ce qu'il faut que l'employeur les
rende disponibles? Ça, j'ai lu des affaires, en disant : On est 2 sur le
plancher, s'il y en a un qui fait des cours de français, l'autre, il ne pourra
jamais répondre aux clients pour leur vendre des souliers, comment vous avez
réfléchi à ces arguments-là ou ces craintes-là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est clair qu'on... il n'y a pas personne qui va arriver puis qu'on ferme le
magasin pour dire : O.K., là, c'est les cours de français, là.
Francisation Québec va être là pour offrir la francisation qui peut se faire
sur l'heure de travail ou pour offrir des cours le soir en dehors des périodes
ou pour développer des outils aussi en matière d'utilisation du français au
travail. L'important, c'est de donner les outils à l'employeur aussi. Puis, on
est dans une situation où il faut rendre accessible la francisation, puis on
est prêt à aller sur les lieux de travail, donc l'objectif c'est d'offrir les
différentes possibilités aux employeurs.
Mme David : Mais est-ce que
l'employeur va avoir une marge de manœuvre pour négocier, discuter, dire :
Tu arrives dans ma plus haute saison, là, j'ai vraiment de la misère à te
libérer mes employés. Je suis d'accord, mais peut-u revenir dans deux mois, on
peut-u s'entendre que la saison pour moi c'est janvier, février, mars puis que
l'été, là, j'opère une terrasse dehors ou je ne sais pas quoi. Parce qu'il est
bien dit : L'Office avise l'entreprise concernée de l'offre qui lui est
faite et du délai dont elle dispose pour l'accepter et, le cas échéant, pour
convenir avec Francisation Québec des modalités selon lesquelles ces services
seront fournis. Il y a une place à la discussion, là-dedans.
M. Jolin-Barrette : Mais,
bien entendu, la démarche, là, de cet article-là, c'est de dire : Écoutez,
on permet à l'OQLF de cibler des secteurs stratégiques, puis avec Francisation
Québec, l'OQLF vient puis dit : Bien, écoutez, on constate, supposons,
qu'il y a des lacunes en matière de francisation, on veut vous aider, on veut
vous accompagner. On s'assoit autour de la table, puis on y va. Mais c'est sûr
que si on est dans une situation où, je ne sais pas, là, c'est des cabanes à
sucre, là.
Mme David : Bien, voilà, ça,
c'est un bel exemple.
M. Jolin-Barrette : O.K. Bon.
Mme David : Ils arrivent au
mois d'avril en disant : On te francise maintenant.
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y a le gros bon sens. Puis, l'objectif, là, n'est pas de faire en sorte de
mettre des bâtons dans les roues des entreprises, là. Ce n'est pas l'objectif
de la francisation, là, ils ne débarqueront pour dire : O.K., on arrête de
faire couler les érables puis on commence la francisation.
• (16 h 50) •
Mme David : On fait couler la
langue française.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Alors oui, bien entendu, ça va être en fonction de la disponibilité des
entreprises, puis ça ne veut pas dire que ça va être sur les lieux de travail,
là. L'idée, c'est d'accompagner les gens, d'offrir un clé en main aussi aux
entreprises, aussi.
Mme David : Puis qui va payer
pour ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, il y a beaucoup de subventions déjà de la part du MTS. C'est possible
également de prendre le 1 % dédié à la formation de la main-d'œuvre en
matière de francisation. Donc, ça va être à développer à savoir s'il y a des
frais qui sont chargés par francisation Québec ou non, une tarification. Mais
l'objectif est de faire ça au plus faible coût possible puis c'est sûr que pour
les personnes qui suivent les cours, supposons, de français, l'objectif, c'est
toujours la gratuité.
Mme David : Puis vous savez,
on va voir tout à l'heure... si je vous pose toutes ces questions-là, c'est que
si, pour une raison ou pour une autre, il y a... l'entente ne fonctionne pas,
il va y avoir des pénalités si je me trompe pas, et même des... ils ne pourront
pas avoir de contrat avec le gouvernement et tout ça, donc c'est quand même
assez pénalisant si ça se rend là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est parce que l'objectif, c'est de dire : Écoutez, c'est un secteur
d'activité qui est ciblé. Il y a des lacunes, là. Il y a des lacunes dans votre
entreprise. Là, on constate véritablement qu'il y a un problème. On vous offre
de vous aider, on vous accompagne, tout ça. L'entreprise, on souhaite qu'elle dise :
Bien, oui, on va trouver des modalités et tout ça. Mais si l'entreprise refuse
de collaborer pleinement, dit : Bien, écoutez, je rejette du revers de la
main. D'accord, c'est le choix de l'entreprise. Mais à ce moment-là, l'État ne
contracte avec cette entreprise-là.
Mme David : Mais vous avez dû
parler assez avec l'OQLF pour qu'ils vous disent : Écoutez, ça n'arrive à
peu près jamais, là. Ils ont quand même 50 ans d'expérience avec des
entreprises de toutes les...
Mme David : ...de toutes
les tailles. Ça, ce n'est pas nécessairement nouveau, nouveau pour eux, là,
d'aller offrir... Moi, je connais plus des programmes comme J'apprends le
français, qui sont vraiment, comme vous dites, des étudiants. Bon, on a des
chiffres là-dessus. Il y a quand même eu, en 2017, 900 jumelages, là. Ça
fonctionnait très bien. Je reposerai la question pourquoi ce n'est plus
financé, mais ils doivent avoir une expérience. Est-ce qu'il y a des refus
motivés? Est-ce qu'il y a eu des... qu'il y a vraiment des entreprises qui
disent : Nous merci, mais non merci - comme on dit.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, c'est sûr que ça peut arriver, mais c'est un nouvel article, là, qu'on
amène. Alors, l'idée, c'est de faire en sorte vraiment de pouvoir avoir les
outils pour... le marché du travail. Honnêtement, je verrais difficilement
pourquoi un clé en main serait refusé. Puis l'offre va être adaptée, que ça
soit... La francisation, ça peut être en ligne, en personne, sur les lieux de
travail, en dehors aussi. Alors, on est vraiment dans un mode d'accompagnement,
là. Il n'y a rien de coercitif là-dedans, là.
Mme David : Vous parlez
de souplesse là-dedans, là. Il pourrait y avoir plusieurs modalités, parce qu'à
l'article 150, auquel on arrive, là, l'entreprise est tenue de permettre
aux personnes à son emploi de pouvoir, bon, se franciser. Ça peut être bon
aussi parce que l'employé qui voudrait être francisé, son employeur ne va pas
dire non. Mais c'est là que se pose la question, bien qu'il le paie. L'employeur
pourrait dire : Bien là, ça va me coûter une fortune. Je n'aurai plus
personne sur le plancher. Qu'est-ce que je fais. Au secours. Mais l'employé...
Je comprends l'esprit qu'un employeur ne peut pas empêcher un employé de
pouvoir avoir accès à ces services-là, mais il faut voir dans la mécanique.
M. Jolin-Barrette : Bien,
ce n'est pas nécessairement sur les heures de travail, là.
Mme David : Oui.
M. Jolin-Barrette : Il
ne faut pas comprendre, les services de Francisation Québec, que ça se fait sur
les heures de travail. Tu sais, ça peut se faire si l'employeur est d'accord
aussi, mais on ne forcera pas les entreprises à libérer leurs employés.
Mme David : Mais ils ne
sont pas soumis à la loi 101, on va le dire vite de même, là, les cinq à
25, disons.
M. Jolin-Barrette : Bien,
ils sont soumis...
Mme David : Ils sont
soumis à la loi 101, mais pas à la francisation de leur entreprise au même
titre que les articles dont on vient de parler, là. Alors, est-ce que c'est
toujours à partir de la bonne volonté ou le pire qui peut arriver, c'est ce que
vous avez dit, c'est l'employeur dit : Ah! bien, non, j'ai d'autres chats
à fouetter.
M. Jolin-Barrette : Moi,
ça ne m'intéresse pas. Je ne participe pas.
Mme David : Ou il ne
retourne pas les appels, ou, enfin, je ne sais pas, il y a une gradation dans
la résistance, là.
M. Jolin-Barrette : Mais
c'est une procédure qui est adaptée. Puis ça rejoint un peu la proposition de
politique gouvernementale du Parti libéral en 2011, en matière de francisation,
qui disait : L'administration n'accorde ni contrat, ni subvention, ni
avantage, quelle qu'en soit la valeur, à une entreprise assujettie, aux
entreprises 135 à 154 de la charte si cette entreprise ne possède pas
d'attestation d'inscription ou si elle n'a pas fourni, dans le délai prescrit,
l'analyse de sa situation linguistique ou si elle n'a pas d'attestation
d'application du programme... ni de certificat de francisation ou si son nom
figure sur la liste des entreprises non conformes au processus de francisation
publiée sur le site web de l'Office québécois de la langue française.
Mme David : Vous voyez
que le Parti libéral protège la langue française.
M. Jolin-Barrette : Bien,
des fois, ça se gâte dans l'application. C'est pour ça qu'on le met dans la
loi.
Mme David : Bien, vous
aviez votre prédécesseur qui disait qu'on avait juste à bien appliquer la
loi 101 puis on n'avait pas besoin de changer. En 2018, la ministre
responsable de la langue française qui disait : Non, non, non, on ne
changera pas la loi 101. Déjà, si on l'appliquait, ça serait bien.
M. Jolin-Barrette : Mais
ça, c'était avant qu'on connaisse toutes les études de l'OQLF qui ont été
rendues publiques. Puis vous avez vu, on a eu le véritable portrait.
Mme David : Bon, mais
vous avez quand même des belles déclarations à l'effet que la loi 101,
déjà appliquée, ça aurait fait beaucoup le job, comme on dit.
M. Jolin-Barrette : Mais
honnêtement on n'aurait pas eu le plaisir de passer tout ce temps-là ensemble.
Mme David : Ah! bien
là, on vient de changer de registre, là, M. le ministre. Donc, parlez-moi parce
que je ne veux pas perdre la chance de parler de ce programme, que je connais
bien, J'apprends le français. Il est arrivé des affaires, une pandémie, mais on
y est presque, là, avec vos 5 à 25, là, puis là même 5 à 49, le temps que la...
bon. Il y en a qu'il y a cinq employés, je suis sûre, dans les gens qu'ils
aident. Pourquoi... Oui, c'est l'angle mort de la francisation. C'est vraiment
l'angle mort, aller chez un nettoyeur, un dépanneur. Je ne peux pas imaginer
que ce genre de programmes là - puis je ne veux pas personnaliser avec un
programme, mais celui-là est vraiment... intéressant - ne puisse pas être...
rentrer dans le grand bateau ou le grand navire de la langue française...
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, l'important, c'est que, pour nous, qu'on passe par l'OQLF et par Francisation
Québec d'avoir une offre standardisée pour aller directement avec les
entreprises. Avant que Francisation Québec soit créée, je comprends que ça
avait des bénéfices, ce programme-là, mais là, on va vraiment avoir une
stratégie d'intervention concertée. Puis, je pense que c'est le rôle de l'État
aussi d'agir à ce niveau-là.
Mme David : Je ne suis pas
nécessairement en désaccord avec vous, mais ça veut dire que vous êtes même
prêt à aller dans les 0 à 5 employés.
M. Jolin-Barrette : Tout à
fait. Puis on a un article qui prévoit que... mais toute entreprise peut faire
appel à Francisation Québec, peu importe le nombre.
Mme David : Oui, mais là,
peut être qu'ils ne le savent pas. Écoutez, là, déjà que s'il y a deux employés
puis ils essaient de joindre les deux bouts, je ne suis pas sûre qu'ils se
lèvent le matin en connaissant tous ces détails-là. Alors, il faut aller vers
eux, très souvent. Mais ça veut dire, vous pourriez prêt à prendre un modèle
comme celui-là, c'est du... c'est pas mal du un pour un, là, on a... Et vous
pourriez, si je peux plaider pour pour la valeur de nos étudiants, disons
universitaires, peut être même collégial, d'utiliser des jeunes. Vous
dites : Plein de jeunes vont vouloir travailler pour l'OQLF. Ça pourrait
être une belle opportunité, ça, à contrat, d'aller s'asseoir avec quelqu'un qui
possède une franchise de dépanneur ou de nettoyeur et qui... passer deux heures
par semaine à parler français. Je veux dire, vous n'êtes pas obligé d'envoyer
toujours un fonctionnaire de l'État pour faire ça. Il y a moyen d'avoir cette
souplesse, d'aller chercher des clientèles pour qui c'est une belle expérience
aussi de franciser des toutes petites entreprises. C'est pour ça que je... on
est tellement rendu pas loin de ça en parlant des cinq à plus que je me dis ça
serait formidable, tant qu'à faire, d'utiliser toute la main-d'œuvre, puis des
étudiants, ça peut être de la très belle main-d'oeuvre, vous le savez. Vous
avez été étudiant vous-même, vous auriez pu aller franciser quelqu'un dans
votre environnement.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Mme David : Donc... parce que
là, vous dites quelque chose d'important, c'est là la phrase la plus
importante, c'est à l'État de prendre ces responsabilités-là, on pourrait
déléguer, mais que ça reste sous le chapeau de Francisation Québec, mais qu'ils
aillent même vers les tout petits qui ne sont pas nécessairement visés par les
dispositions dont on parle maintenant. Mais on ne les oubliera pas au passage.
M. Jolin-Barrette : On ne les
oubliera pas. Ça, je pense que c'est important, d'agir à tous les niveaux au
niveau des différentes entreprises.
Mme David : Parce que déjà,
appeler ça entreprise, c'est peut-être un grand mot pour avoir deux employés,
là, mais les gens le remarquent quand ils vont... quand ils rentrent dans un
commerce puis qu'on leur parle pas du tout français.
M. Jolin-Barrette : Mais une
personne qui fait des affaires, c'est une entreprise.
Mme David : O.K. On est tous
des entrepreneurs, Mme la Présidente, parce que je pense qu'on fait une
affaire.
M. Jolin-Barrette : Mais pas
actuellement.
Mme David : Bien, on fait...
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous ne faites pas commerce.
Mme David : Une affaire
d'État. O.K. Ça va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Ça va. Donc d'autres commentaires sur l'article 149? Les discussions étant
terminées, monsieur le ministre, présentez-nous l'article 150.
• (17 heures) •
M. Jolin-Barrette : C'est
vrai, c'est vrai. L'entreprise qui met en place des services d'apprentissage du
français fournis par Francisation Québec est tenue de permettre aux personnes à
son emploi qui ne sont pas en mesure de communiquer en français de recevoir ces
services. L'article 137 point 1 s'applique à ces personnes compte tenu des
adaptations nécessaires.
Commentaire. L'article 150 de la Charte de
la langue française que propose l'article 89 du projet de loi complète
l'article 59 de la Charte de la langue... de la Charte et prévoit que
l'entreprise qui met en place les services fournis par Francisation Québec doit
permettre aux personnes à son emploi qui ne sont pas en mesure de communiquer
en français de recevoir ces services. Enfin, l'article 150, par un renvoi à
l'article 137 point 1, protège les employés bénéficiaires de ces services de
sanctions et de représailles dont ils pourraient faire l'objet pour s'en être
prévalus. Les dispositions de l'article 150 entreront en vigueur un an après la
sanction du projet de loi, ainsi que le prévoit le paragraphe 3 de l'article
201.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Des commentaires sur cet article? Donc, s'il n'y a
pas de commentaire, je vais mettre aux voix l'article 89, mais avant de ce
faire, je veux savoir si vous avez des commentaires sur les intitulés de
l'article 89. Et s'il n'y a pas de commentaire, je vais mettre l'article 89 aux
voix. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. L'article 89 étant adopté, M. le ministre, l'article 90, s'il vous
plait!
M. Jolin-Barrette : Oui,
l'article 151 de cette charte est modifié par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «responsable de l'application de la présente loi» par «de la langue
française». L'article 90 du projet de loi modifie l'article 151 de la Charte de
la langue française...
17 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette : ...par
concordance avec l'article 144 du projet de loi qui établit le titre de
ministre de la Langue française.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires sur cet article?
Mme David : Bien, je vais
quand même prendre quelques minutes pour souligner que...
La Présidente (Mme Guillemette) :
Allez-y, Mme la députée.
Mme David : Excusez, je n'ai
pas... j'étais trop pressée de souligner que le ministre...
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'enthousiasme vous a...
Mme David : ...que le
ministre aura donc un titre à partir de... presque de maintenant, parce qu'un
jour la loi, on verra bien, mais aura un aboutissement. Mais c'est ici qu'on
dit officiellement qu'il y aura un titre de ministre de la Langue française et
non plus responsable de la Langue française. Et je sais que ça fait toute une
différence.
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
la personne qui sera choisie aura ce titre à la sanction de la loi.
Mme David : Ça veut dire
qu'elle a un ministère qui va avec. Ça veut dire que... ça veut dire plusieurs
choses, rentrer le titre de ministre dans l'appareil étatique.
M. Jolin-Barrette : Et
ça signifie que ce ministre-là va avoir les outils pour agir.
Mme David : Mais c'est
ça que ça veut dire, oui.
M. Jolin-Barrette : Et
je pense que c'est important.
La Présidente (Mme Guillemette) :
...si je peux me permettre.
Mme David : ça m'étonne
que Camille Laurin, à l'époque, n'ait pas revendiqué ce titre-là, ce
ministère-là. Mais c'était plus compliqué, à l'époque, aux ministères d'État
puis les...
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre.
Mme David : Vous n'êtes
pas obligé de...
M. Jolin-Barrette : Non,
non, mais j'allais faire un commentaire historique, là. Mais je vais le
retenir. Non, non, c'était positif, là.
La Présidente (Mme Guillemette) :
ça va?
M. Jolin-Barrette : Je
vais vous le dire, effectivement, il y avait des ministères d'État. Mais ils se
sont rendu compte que, finalement, des ministres sans portefeuille avec des
grandes missions, bien, peut-être que dans le fonctionnement du Conseil des
ministres, c'était préférable d'avoir un portefeuille aussi. Parce qu'ils se
retrouvaient sans nécessairement d'équipe, tout ça. Mais ils ont reproduit ça à
l'époque, en 2001, quand monsieur Landry est devenu premier ministre.
Mme David : Mais Laurin
a moins aimé ça après la loi 101.
M. Jolin-Barrette : C'est
ce que j'ai lu, c'est ce que j'ai lu.
Mme David : On a lu la
même chose, M. le ministre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, d'autres commentaires sur l'article 90? S'il n'y a pas d'autre
commentaire, je vais mettre l'article aux voix. Est-ce que l'article 90
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, tout le monde. Donc, l'article étant adopté, je mets... M. le
ministre, présentez-nous l'article 91, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Cette charte est modifiée par l'insertion, après l'article 151, de ce qui
suit : Section 4, Respect du processus de francisation, sanctions,
exemptions et formulaires.
Commentaire. Par concordance avec l'article 89
du projet de loi qui propose l'introduction, dans le paragraphe... pardon, dans
le Chapitre 5, d'une section 3 comprenant les articles 149 et
150. L'article 91 du projet de loi propose de faire des articles 151.1
à 154 de la Charte de la section 4 de ce chapitre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Des commentaires? Donc, s'il n'y a pas de commentaire, je vais mettre aux
voix l'article 91. Et comme c'est un intitulé, est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'intitulé? Pas de commentaire. Donc, est-ce que l'article 91
est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'article 91 étant adopté, M. le ministre, l'article 92, s'il
vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 151.1 de cette charte est modifié par le remplacement de «commet
une infraction est passible des peines prévues à l'article 205, l'entreprise
qui ne respecte pas» et de «146» par «respectivement, une entreprise est tenue
de respecter» et «146.2».
Commentaire. L'actuel article 151.1
de la Charte de la langue française a pour objet de préciser clairement qu'il y
a une commission d'une l'infraction lorsqu'une entreprise fait défaut de
respecter les obligations découlant du programme de francisation. Comme les
articles 177 et 205 de la Charte que proposent respectivement les articles 113
et 114 du projet de loi remplacent les actuelles dispositions pénales de la
Charte par des dispositions ou en cas de manquement, l'Office pourra d'abord
intervenir par une ordonnance de nature administrative enjoignant de se
conformer à la Charte ou de cesser d'y contrevenir et que c'est seulement en
cas de manquement à une telle ordonnance qu'il sera possible d'entreprendre des
poursuites pénales. Il y a lieu de remplacer les dispositions de l'article 151.1
qui constituent l'infraction. Ainsi, si une entreprise ne respecte pas les
obligations qui lui incombent dans le cadre d'un programme de francisation, l'office
pourra l'enjoindre à respecter l'article 151.1. L'article 92 remplace
aussi un renvoi à l'article 146 par un renvoi à l'article 146.2 par
concordance avec l'introduction des articles 56.1 et 146.2 proposés par l'article 88
du projet de loi.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Donc, des commentaires sur cet article?
Mme David : ...On est
bien à l'article 92, là, 151.1.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Oui, tout à fait.
Mme David : O.K. J'annonce
que j'aurai un amendement à l'article 93.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Le suivant. Mais pour l'article 92, il n'y a pas de commentaire? Donc,
je mets aux voix l'article 92. Est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc l'article étant adopté, nous allons passer à l'article 93. M. le
ministre, je vous laisse nous le présenter.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Et à...
M. Jolin-Barrette : ...152 en
premier, puis il y a 152.1 dans l'article aussi. Alors, 152 : «L'office
publie et tient à jour la liste des entreprises pour lesquelles il a refusé de
délivrer une attestation ou dont il a suspendu ou annulé une attestation ou un
certificat.»
Commentaire : L'article 152 de la
Charte de la langue française que propose l'article 93 du projet de loi prévoit
la publication par l'office d'une liste des entreprises non conformes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, des commentaires sur l'article 152 introduit par l'article 93?
Mme David : En fait, je
comprends que 152... On n'est pas à 152.1, là. On est à 152.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Non. Non, c'est le suivant.
Mme David : C'est juste qu'il
publie et tient à jour la liste des entreprises. Alors, non, ça va.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Merci. Donc, les discussions étant terminées, nous passons à
l'article 152.1 introduit par l'article 93. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«L'administration ne peut conclure un contrat avec une entreprise à laquelle
s'appliquent les dispositions de la section 2 ou lui octroyer une subvention
lorsque cette entreprise ne possède pas d'attestation d'inscription, n'a pas
fourni dans le délai prescrit l'analyse de sa situation linguistique, ne
possède pas d'attestation d'application de programme ni de certificat de
francisation ou si son nom figure sur la liste prévue à l'article 152.
«Elle ne peut non plus conclure un contrat
avec une entreprise à laquelle s'applique la section 3 ou lui octroyer une
subvention lorsque cette entreprise, selon le cas :
«1. a refusé l'offre qui lui a été faite
en vertu de l'article 149, à moins que, par la suite, elle n'ait convenu de
mettre en place les services d'apprentissage du français fournis par
Francisation Québec;
«2. fait défaut de respecter les modalités
convenues avec Francisation Québec.
«Les premier et deuxième alinéas n'ont pas
pour effet d'empêcher Francisation Québec de conclure un contrat avec une telle
entreprise lorsqu'il a pour objet la fourniture de services d'apprentissage du
français.»
Commentaires : L'article 152.1 de la
Charte de la langue française que propose l'article 93 du projet de loi prévoit
que l'administration ne peut conclure un contrat ou octroyer une subvention à
une entreprise dont le nom figure sur la liste prévue à l'article 152. Il
prévoit la même sanction pour l'entreprise qui, selon le cas :
1. emploie au moins 25 personnes pendant
six mois lorsque, selon le cas, elle n'a pas d'attestation d'inscription auprès
de l'Office, elle n'a pas fourni l'analyse de sa situation linguistique dans le
délai imparti, ne possède pas d'attestation d'application de programmes de
francisation, ne possède pas de certificat de francisation;
2. est assujettie à la Loi sur la
publicité légale des entreprises et emploie au moins cinq personnes sans
employer 25 personnes ou plus pendant six mois lorsque, selon le cas, elle a
refusé l'offre qui lui a été faite par l'office de mettre en place des services
d'apprentissage du français fournis par Francisation Québec, elle a fait défaut
de respecter les modalités convenues avec celles-ci.
Enfin, le dernier alinéa de l'article
152.1 précise que ces règles n'ont pas pour effet d'empêcher Francisation
Québec de fournir ses services à de telles entreprises.
Les dispositions des deuxième et troisième
alinéas de l'article 152.1 entreront en vigueur un an après la sanction du
projet de loi, ainsi que le prévoit le paragraphe 3 de l'article 201.
• (17 h 10) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Je déposerais un
amendement parce que, là, je trouve le ministre bien, bien, bien sévère.
L'article tel qu'il existe actuellement dans la Charte, c'est : «Commet
une infraction et est passible des peines prévues à l'article 205 l'entreprise
qui ne respecte pas les obligations...», bon. Et là, c'est : L'entreprise
est tenue de respecter... Puis, après ça, on a du droit nouveau, je dirais,
c'est-à-dire des alinéas, 152, 152.1, «ne peut conclure de contrat». C'est assez
sévère, je dirais. Et donc j'essaie, bien humblement, on a réfléchi à ça, de...
Vous avez peut-être reçu l'amendement, je le lirai.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'amendement est aux écrans présentement.
Mme David : D'apporter un peu
de douceur, au moins une étape supplémentaire, un peu de... un petit quelque
chose qui est moins raide, je dirais.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Vous pouvez nous le présenter, puis après on verra si on suspend pour en
prendre connaissance ou...
Mme David : Tout à fait.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Présentez-nous l'article, s'il vous plaît.
Mme David : Donc, l'article
93 : L'article 152.1 de la Charte de la langue française introduit par
l'article 93 du projet de loi est modifié par :
1. l'insertion, il y a une faute
d'orthographe, excusez, dans son premier alinéa des mots «si son nom figure sur
la liste prévue à l'article 152 ou» après le mot, et non pas le mont,
«subvention»;
Deuxièmement, l'insertion, encore la même
faute d'orthographe, dans son premier alinéa des mots «après avoir acheminé un
avis écrit demandant à l'entreprise de se conformer aux dispositions de la
présente loi dans un délai de 30 jours» après le mot «lorsque»;
Et, troisième alinéa, la suppression dans
son premier alinéa des mots «ou si son nom figure sur la liste prévue à
l'article 152» après le mot «francisation»;
Quatrièmement, par le remplacement de son
deuxième paragraphe par «après avoir acheminé un avis écrit, c'est là qu'est la
douceur, demandant à l'entreprise de se conformer aux modalités convenues avec
Francisation Québec dans un délai de 30 jours, fait défaut de respecter ces
modalités».
Alors...
Mme David : ...dans les
commentaires, on peut donc lire : "L'administration..." C'est...
ça se lirait ainsi, l'article : "L'administration ne peut conclure un
contrat avec une entreprise à laquelle s'appliquent les dispositions de la
section 2 ou lui octroyer une subvention si son nom figure sur la liste
prévue à l'article 152 lorsque, après avoir acheminé un avis écrit
demandant à l'entreprise de se conformer aux dispositions de la présente loi
dans un délai de 30 jours, cette entreprise ne possède pas d'attestation
d'inscription, n'a pas fourni dans les délais prescrits l'analyse de sa
situation linguistique, ne possède pas d'attestation d'application... ni de
certificat de francisation.
"Elle peut non plus conclure un
contrat avec une entreprise à laquelle s'applique la section 3 ou lui
octroyer une subvention lorsque cette entreprise, selon le cas :
"1. a refusé l'offre qui lui a été
faite en vertu de l'article 149, à moins que, par la suite, elle n'ait
convenu de mettre en place les services d'apprentissage du français fournis par
Francisation Québec, et
"2. — la nouveauté — après
avoir acheminé un avis écrit demandant à l'entreprise de se conformer aux
modalités convenues avec Francisation Québec dans un délai de 30 jours,
fait défaut de respecter ces modalités." Et ça reste identique après.
"Les premier et deuxième alinéas
n'ont pas pour effet d'empêcher Francisation Québec de conclure un contrat avec
une telle entreprise lorsqu'il a pour objet la fourniture de services
d'apprentissage du français."
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée.
Mme David : Alors,
essentiellement, c'est d'ajouter un peu de transition en envoyant un avis
écrit, comme pour dire : C'est sérieux. On t'a envoyé un avis écrit pour
te conformer. Tu ne te conformes toujours pas, et là je pense qu'on peut agir.
Alors, on ajoute l'étape de l'avis écrit qui demande à l'entreprise de se
conformer, ce qui n'existe pas, donc, dans l'article 152.1 actuel. Donc,
dans l'article actuel, premièrement, "l'entreprise refuse l'offre".
Ça, O.K., on ne le change pas. Puis, deuxièmement, "fait défaut de
respecter les modalités". Bien, c'est là qu'on met un petit quelque chose
après avoir acheminé un avis écrit, elle fait toujours défaut de respecter.
Alors, c'est essentiellement une étape de
plus pour lui dire : C'est sérieux, là. Si on t'envoyait un avis écrit...
On fait de la législation, on sait qu'avec les juristes, là, il y a souvent des
avis écrits, là, qui doivent être envoyés, puis... Alors là, "aux
modalités convenues avec Francisation Québec dans un délai de 30 jours".
Si elle fait toujours défaut de respecter ces modalités, là, on passe au bâton
vraiment, là, c'est-à-dire : il n'y a plus de contrat qui va être conclu.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, je comprends l'objectif de la députée de Marguerite-Bourgeoys de
rajouter, supposons, le délai de 30 jours, mais, juste pour bien vous
expliquer, parce que ce qui est proposé par la députée de Marguerite-Bourgeoys,
ça ressemble beaucoup à ce qui est déjà dans la loi, puis je vais juste tenter
de le vulgariser. Dans le fond de l'article 152.1 arrive en bout de course
lorsque l'entreprise, supposons, elle ne possède pas d'attestation
d'inscription, n'a pas fourni sa situation linguistique dans le délai, ne
possède pas d'attestation d'application du programme ni de certificat de
francisation où son nom figure, à l'article 152. Pour arriver là, là, pour
que 152.1 s'applique, là, dans un premier temps, on a l'entreprise.
L'entreprise est tenue, supposons, de faire l'analyse de sa situation
linguistique. L'entreprise fait défaut de le faire, O.K.? Là, l'OQLF prend le
téléphone ou se déplace en personne, dit : Monsieur, madame, vous devez
nous produire votre analyse de la situation linguistique. L'entreprise dit non.
L'OQLF rappelle, dit : Écoutez, on vous rappelle qu'en vertu de la Charte
de la langue française vous devez produire votre situation linguistique.
L'entreprise, supposons, mais ça dans la filière 13. Deux semaines après,
un mois après, l'OQLF rappelle, dit : Écoutez, on veut vous accompagner,
on veut vous aider. Avez-vous besoin d'aide, tout ça? Réponse : Non, ça ne
m'intéresse pas. Là, l'OQLF se retourne, dit, et là on va le voir un peu plus
loin dans le projet de loi : Écoutez, j'ai l'intention de vous émettre une
ordonnance pour que vous me produisez l'analyse de la situation linguistique...
Une voix : ...
M. Jolin-Barrette : Un
peu plus loin, mais là je vous explique juste le cheminement. Donc, là, quand
l'OQLF fait ça, elle dit : Écoutez, entreprise, dans 15 jours, là, en
vertu de la Loi sur la justice administrative, j'ai l'intention de rendre telle
décision. Je vous avise, là, que je vais rendre une ordonnance pour que vous me
produisiez votre analyse de la situation linguistique...
M. Jolin-Barrette : ...
Supposons qu'il n'y a rien qui se passe du côté de l'entreprise, au bout de 15
jours, l'OQLF prend l'ordonnance. L'ordonnance, c'est un acte mandatoire qui
dit à l'organisme: Produisez-moi dans les tant de jours votre analyse de la
situation linguistique. Après ça, supposons que l'entreprise ne produit
toujours pas l'analyse de la situation linguistique, là, à ce moment-là, il
peut y avoir une poursuite pénale. Mais, avant de se rendre là, O.K., poursuite
pénale, et donc pas de possibilité de contracter avec l'État, notamment parce
qu'ils n'ont pas fourni leur procédure, tout ça... Ça fait que, voyez-vous,
avant d'arriver à ce processus-là, c'est plus que 30 jours, parce que dans le
fond, au départ, l'OQLF va contacter l'entreprise, va dire: Écoutez, vous devez
nous transmettre ça. On va l'accompagner: s'il y a un délai supplémentaire,
s'il y a des questions, tati, tata. Donc, vraiment, tout le processus, ça va
être de l'accompagnement tout le long, tout le long, tout le long. À un moment
donné, s'il n'y a vraiment pas de collaboration de la part de l'entreprise,
préavis de 15 jours avant l'ordonnance - là, ils sont rendus, là - préavis de
15 jours. Là, ça laisse un deux semaines à l'entreprise pour dire: Ah bien, je
ne pensais pas que c'était si sérieux que ça, supposons, ou: Je l'ai oublié, ou
tout ça. Là, l'OQLF va suspendre son préavis, supposons, d'ordonnance s'il y a
collaboration. Sinon, ordonnance: Dans les 30 jours, vous me transmettez votre
analyse de la situation linguistique. Et là, si c'est fait, bien, l'OQLF va
retirer son ordonnance. Mais, si jamais ce n'est pas respecté, là, la poursuite
pénale arrive en bout de compte.
Mme David : ...la partie du
15 jours?
M. Jolin-Barrette :
Ordonnance?
Mme David : Oui.
M. Jolin-Barrette : La partie
du 15 jours, elle est à l'article...
Mme David : Parce que ça me
dit quelque chose, mais c'est... Vous comprenez que c'est une architecture
compliquée, là, parce que...
M. Jolin-Barrette : Attendez,
je vais vous dire ça. Donc, l'avis de 15 jours pour le préavis... Voilà, 177,
donc, qui est introduit par l'article 113, 113 du projet de loi, qui introduit
l'article 177.
Mme David : ...
M. Jolin-Barrette : 113.
Mme David : Oui, mais qui
introduit lequel, là?
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme Guillemette) :
177.
M. Jolin-Barrette : L'article
177, dernier alinéa. Donc: «Avant de rendre une telle ordonnance, l'office,
lorsque l'article 5 de la Loi sur la justice administrative s'applique, notifie
par écrit à l'auteur du manquement un préavis d'au moins 15 jours mentionnant
les dispositions de la présente loi à l'encontre desquelles le manquement
aurait été commis, les autres motifs qui paraissent justifier l'ordonnance, la
date projetée pour sa prise d'effet et la possibilité pour l'auteur du
manquement de présenter ses observations.»
Mme David : Puis ça, ça
s'applique aux cas de figure de 25 à 10 000 employés?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, pour toute personne qui est en contravention avec la charte.
Mme David : Mais même nos
petits de cinq employés?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Mme David : Mais qui ne font
pas ce qu'on leur demande à eux autres. Évidemment, là...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais...
Mme David : ...on ne leur
demande pas la même chose que 100 et plus.
M. Jolin-Barrette :
Exactement. Si... Dans le fond, pour l'entreprise de six employés, elle, ce
n'est pas l'ensemble, ce n'est pas la totalité de la Charte de la langue
française qui s'applique, il y a certains chapitres qui ne s'appliquent pas à
elle. Donc, c'est sûr que les chapitres qui ne s'appliquent pas à l'entreprise
de six employés ne peuvent pas prendre un pouvoir d'ordonnance contre...
Mme David : Des articles qui
ne s'appliquent pas à eux.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme David : Mais, si des
articles s'appliquent à eux et que tout ça est arrivé, j'imagine que l'OQLF
prend des notes quand, étape un, il a refusé; étape deux, il n'a pas rappelé;
étape trois, il ne répond plus; étape quatre... et puis là on arrive à
l'ordonnance. Il y a cette ordonnance qui est envoyée. Celle-là est assez
semblable, quelle que soit la taille de l'entreprise, c'est 15 jours pour dire:
Là, on vous a avertis, on a le dossier, on a noté...
M. Jolin-Barrette : Sachez
qu'on va émettre une ordonnance.
Mme David : Puis vous avez 15
jours pour réagir.
M. Jolin-Barrette :
Exactement, pour nous présenter vos observations, vous conformer ou appeler
l'OQLF.
Mme David : Et là arrive le
dernier paragraphe, qui dit: «Les premier et deuxième alinéas n'ont pas pour
effet d'empêcher Francisation Québec de conclure un contrat avec une telle
entreprise lorsqu'il a pour objet la fourniture de services d'apprentissage du
français.» Ça, ça veut dire... L'employeur se réveille puis il dit: Non, non,
non, O.K., O.K., O.K., je vais contracter avec vous, Francisation Québec. Ça,
qu'est- ce que ça fait par rapport à l'ordonnance qui a été envoyée, ça? Ça...
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans le fond, c'est un pouvoir qui permet de dire, dans le fond: Parce que vous
n'avez pas le droit d'avoir de contrat tant que vous n'avez pas transmis ce que
vous deviez transmettre, sauf... avec l'État, un contrat avec l'État, sauf que
dans ce cas-ci, Francisation Québec fait partie de l'État. Ça fait que, dans le
fond, puisque vous...
M. Jolin-Barrette : ...Francisation Québec
pour avoir des services de l'État, ça s'est permis de le faire. C'est comme une
exception, une exclusion pour justement permettre la conclusion de la
francisation.
Mme David : Mais
admettons, dans votre cas de figure, que la personne qui n'a pas réagi à toutes
les étapes préliminaires par téléphone, par en personne, puis que, là,
l'ordonnance arrive. C'est ça qu'on appelle une ordonnance?
M. Jolin-Barrette : Oui,
une ordonnance.
Mme David : Et il y a
15 jours pour faire ce qu'on lui demande de faire, c'est à dire...
M. Jolin-Barrette : Mais
il a 15 jours pour faire ses observations...
Mme David : Oui.
M. Jolin-Barrette : ...ou
pour transmettre les documents. Tu sais, exemple, là, l'entreprise, supposons,
elle reçoit son préavis d'ordonnance puis elle dit : O.K. là, je
comprends, là...
Mme David : Donc, il
faut que, 15 jours, l'office ait reçu ça.
M. Jolin-Barrette : Bien,
ou au moins pour présenter ses observations. Tu sais, peut être qu'il y a une
situation qui est hors du contrôle, là, je ne sais pas, là, l'entreprise, il
est arrivé un événement fortuit, puis ils ont changé de haut
re direction, supposons, une nouvelle
administration. On voit ça des fois sur les...
Mme David : ...est en
train de gérer des presque en faillite, ou je ne sais pas, ils font faillite...
M. Jolin-Barrette : C'est
ça exactement, puis là la nouvelle administration arrive, elle dit :
Écoutez, on est là, on vient d'arriver, l'OQLF va peut être attendre avant
de... finalement elle contacte, puis là elle voit que c'est une équipe
sérieuse, dit : Ah! parfait, nous, on va se conformer, on vous envoie ça,
ça va nous prendre 20 jours. Mais l'OQLF va pouvoir suspendre son préavis
d'ordonnance aussi pour dire : O.K. on est en voiture.
Mme David : Donc, il y a
ce pouvoir-là du côté de l'OQLF si l'OQLF juge qu'il y a des circonstances
atténuantes.
M. Jolin-Barrette : Exactement.
Tu sais, dans le fond, nous, on ne veut pas y aller avec le bâton, là, mais on
veut toujours amener les gens à se conformer, tout ça. Mais ultimement le
pouvoir d'ordonnance est là pour dire : Là, ça s'arrête, puis voici ce qui
va s'appliquer.
Mme David : Donc, ce que
vous dites, c'est mon amendement laisse... L'essence de mon amendement, se
retrouve à l'article que... à l'article 177.
M. Jolin-Barrette : Oui,
parce qu'il y a déjà un préavis d'ordonnance qui est donné, notamment de
15 jours, mais c'est surtout aussi à l'article 152.1, là, de
l'article 93. On est dans une situation où l'avis d'ordonnance va arriver,
et l'entreprise aura eu l'occasion de se conformer. Elle va avoir eu tous les
délais. Ça fait que votre de 30 jours, il est déjà plus large que le
30 jours, là.
Mme David : Mon
30 jours est plus large que le vôtre? C'est le contraire, votre
30 jours est plus large que le mien.
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est ça, le mien est plus large que le vôtre.
Mme David : Je vous
écoute bien quand même.
M. Jolin-Barrette : Vous
faites bien. Des fois, je déparle quand je suis fatigué.
Mme David : Non, mais
c'est parce que nos échanges sont importants pour comprendre les choses, et que
ceux qui sont inquiets soient ou non rassurés, mais qu'il faut que les choses
soient le plus claires possible. Donc, vous me dites : À la limite, si on
acceptait mon amendement, bien, on reculerait peut-être même par rapport à
l'article d'ordonnance de l'office. C'est qu'il n'y a donc pas de valeur
ajoutée à cet amendement-là par rapport à l'article 113 qui parle de
l'article 177. C'est bien ça que...
M. Jolin-Barrette : Mais,
moi, je n'y vois pas de valeur ajoutée parce que, justement, il existe
différents préavis, puis dans le fond il n'arrivera pas le matin en avant pour
dire : On vous retire les contrats ou ne veut pas contracter là. Puis
c'est tout un processus qui fait en sorte qu'ultimement avant d'arriver à l'ordonnance,
mais il va s'être passé plus que 30 jours.
Mme David : Puis il y
aura quelque chose d'écrit. Une ordonnance, ça ne se fait pas en appelant à
l'aide. Oui...
M. Jolin-Barrette : C'est
signifié.
Mme David : O.K.
M. Jolin-Barrette : C'est
par écrit.
Mme David : Puis,
signifié, ça, c'est un mot d'avocat, ça veut dire un huissier ou je ne sais pas
quoi, une lettre recommandée ou...
M. Jolin-Barrette : Oui.
Je ne pense pas qu'elle est par huissier. Ça va être que l'OQLF s'assure que
l'entreprise l'a reçue. C'est notifié.
Mme David : Notifié?
M. Jolin-Barrette : Notifié.
Mme David : Moi, je...
une lettre recommandée ou je ne sais pas quoi, mais...
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais c'est ça.
Mme David : O.K.
M. Jolin-Barrette : Mais,
signifiée, c'est l'huissier qui débarque.
Mme David : O.K.
M. Jolin-Barrette : Mais
il n'y a pas d'huissier.
Mme David : O.K. mais c'est
parce que vous aviez dit signifié.
M. Jolin-Barrette : C'est
ça, voyez-vous
Mme David : O.K. Je
viens d'apprendre un nouveau... subtilité. O.K. bien, écoutez, je vais retirer
mon amendement.
La Présidente
(Mme Guillemette) : C'est parfait. Donc, consentement pour
retirer l'amendement?
M. Jolin-Barrette : Consentement.
Mme David : Je voulais
juste dire que, quand les explications sont claires... je ne m'excuse pas de
l'amendement, mais je veux dire c'est tellement complexe ce projet de loi là.
Vous l'avez dit dès le départ, un s'en va avec l'autre qui revient, que je ne
sais pas si je suis la seule à ne pas avoir vu qu'un allait avec l'autre, là.
Ce n'est pas pour faire perdre du temps. Encore une fois, c'est parce que,
vraiment, je n'ai tellement pas fait perdre de temps que, dans le fond, on a
déjà étudié passablement l'autre article. Mais ça montre qu'il fallait que
cette étape-là, mais elle existe déjà, et c'est pour ça que je me rends à
l'évidence et que je retire mon.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. Donc, il y a consentement de tous
pour retirer...
La Présidente (Mme Guillemette) :
...l'amendement de Mme la députée, à 152.1, donc est-ce qu'il y a des
discussions encore sur l'article 152.1? S'il n'y a pas d'autre discussion, je
vais mettre l'article 93 aux voix, est-il adopté? L'article 93 étant adopté, je
passe à l'article 94. M. le ministre, je vais vous demander de nous le
présenter, je crois qu'il y a un amendement de M. le ministre à l'article 94.
M. Jolin-Barrette : Oui.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Une
courte suspension, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Donc, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
17 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 17 h 33)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, la commission reprend ses travaux à l'article 154 introduit par
l'article 94. Donc, est-ce qu'il y a des commentaires? M. le ministre, il
a été présenté, celui-là, je crois.
M. Jolin-Barrette : Non,
je ne pense pas que je l'ai lu. Je l'ai-tu lu? Oui, 94. 154?
La Présidente (Mme Guillemette) :
154.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Les renseignements et les documents qu'une entreprise est tenue de transmettre
à l'Office en vertu des dispositions du présent chapitre le sont sur les
formulaires ou selon les modèles qu'il établit, à l'exception du procès-verbal
d'une réunion du comité de francisation.»
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, des commentaires sur l'article 154?
Mme David : Oui, mais là
vous allez me demander, Mme la Présidente, si je suis d'accord avec le titre 2.1,
le chapitre 1, le titre, c'est tout avant 155, ça.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Les intitulés, ça vient à la fin, ça, si...
Mme David : Ah! je suis
assez mêlée, là, je vais vous croire sur parole, mais...
La Présidente (Mme Guillemette) :
On est vraiment sur l'article 154, là, présentement. Après ça, on va
dans l'autre article.
Mme David : C'est parce
que, dans le 154, avant d'arriver à 155, il y a ces titres-là, c'est juste pour
ça, à la page 566 du cahier mammouth.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Les intitulés, on les fait à la fin. Avant d'adopter l'article 94,
on...
M. Jolin-Barrette : ...pas
lu... J'aurais dû... c'est vrai que j'aurais dû dire après : «Les
renseignements et les documents qu'une entreprise est tenue de transmettre à l'Office
en vertu des dispositions du présent chapitre le sont sur les formulaires ou
selon les modèles qu'il établit, à l'exception du procès-verbal d'une réunion
du comité de francisation.
«Titre 1.2.1. Ministre et ministère
de la Langue française.
«Chapitre I. Ministre de la Langue
française.».
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires?
Mme David : Bientôt, je
vais pouvoir devenir présidente, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bien sûr, je suis certaine que vous seriez excellente.
Mme David : Alors, on ne
peut pas tout faire dans la vie. Alors, voilà, je n'ai pas de commentaire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Et on revient, à la fin, sur les intitulés avant d'adopter l'article
au complet. Donc, s'il n'y a pas de...
Mme David : ...il n'y a
rien à dire, c'est ça?
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait,
Mme David : Mais là je
veux juste poser une question d'avance, Mme la Présidente. On va lire 155, ça
va. Et 156, moi, ça ne me fait rire, mais on en a pour au moins 15 minutes
de lecture facile, là. On va lire les 26, les 26 articles de 156?
M. Jolin-Barrette : Non,
on va les lire un par un. Puis, après chacun, si vous avez des commentaires.
Mme David : Parfait.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Ça vous va?
Mme David : Ça me va.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Donc, si les discussions sont terminées sur le 154, M. le ministre,
présentez-nous le 155.
M. Jolin-Barrette : «Le
ministre de la Langue française a pour mission de promouvoir, de valoriser et
de protéger la langue française et son statut ainsi que de favoriser l'établissement
et le maintien de conditions porteuses d'avenir pour celle-ci.
«Il conseille le gouvernement sur toute
question relative à sa mission, de même qu'il doit le saisir de toute
intervention qu'il juge nécessaire à l'établissement ou au maintien de ses
conditions.»
Commentaire. L'article 155 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi est
le premier du nouveau titre relatif au ministre et au ministère de la Langue
française. L'article 155 prévoit donc que la mission du ministre de la
Langue française lui confère les responsabilités de conseiller le gouvernement
sur les questions relatives à sa mission et de le saisir des interventions qu'il
juge nécessaires à l'établissement ou au maintien des conditions porteuses d'avenir
pour la langue française.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Des commentaires sur l'article 155? S'il n'y a pas de commentaire, les
discussions étant terminées, passons à l'article 156. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Le ministre élabore et propose au gouvernement ses grandes orientations
définissant l'aménagement linguistique du Québec ainsi que les actions du
gouvernement, de ses ministères et des autres organismes de l'administration en
matière de langue française.
«Le ministre veille à la cohérence de l'action
de l'administration en cette matière et à sa conformité aux dispositions de la présente
loi suivant leur véritable sens, esprit et fin. Pour ce faire, il participe à
la coordination des mesures que l'administration met en oeuvre et doit être
consulté dans l'élaboration de toute mesure ou décision ministérielle, lorsqu'une
telle mesure ou une telle décision est susceptible d'avoir une incidence sur la
langue française ou son statut; chaque fois qu'il le juge opportun, il donne
son avis sur une mesure ou une décision.
«Le ministre soutient et accompagne les
ministères, les organismes gouvernementaux et les organismes municipaux
auxquels s'applique la politique linguistique de l'État dans l'exécution des
obligations qui leur incombent en vertu la présente loi.»
Commentaire. L'article 156 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi...
M. Jolin-Barrette : ...le
rôle du ministre de la Langue française dans l'élaboration des grandes
orientations du gouvernement qui définissent l'aménagement linguistique du
Québec, ainsi que les actions des organismes de l'administration en matière de
langue française. L'article 156 charge également le ministre de la Langue
française de veiller à la cohérence de l'action de l'administration en matière
de langue française, de même qu'à la conformité de cette action avec les
dispositions de la Charte langue française. À cette fin, il prévoit la
participation du ministre à la coordination des mesures mises en oeuvre par
l'administration et prévoit qu'il doit être consulté dans l'élaboration des
mesures ou des décisions ministérielles susceptibles d'avoir une incidence sur
la langue française ou son statut. L'article 156 prévoit le rôle du ministre en
regard de l'assistance qui doit être apportée aux organismes d'administration,
auxquels s'applique la politique linguistique de l'État dans l'exécution des
obligations qui leur incombent en vertu de la charte.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Des commentaires sur cet article? S'il n'y a pas de
commentaire, nous passons à l'article 156.1.
M. Jolin-Barrette : Oui. «En
outre des autres fonctions que la présente loi confie au ministre, celui-ci a
notamment pour fonction d'apporter son soutien et de collaborer aux travaux des
différents ministères visant la francisation, notamment dans le milieu scolaire
et dans les milieux de travail. Il peut, de plus, élaborer des politiques, des
programmes et d'autres mesures propres à l'accomplissement de sa mission. Il en
assure la mise en œuvre et en coordonne l'exécution, le suivi et la révision.
Le ministre peut également accorder des prix ou des reconnaissances soulignant
la contribution exceptionnelle des personnes ou d'organisations dans le domaine
linguistique. Il exerce aussi toute autre fonction que lui confie le
gouvernement.»
Commentaire. L'article 156.1 de la Charte
de la langue française, que propose l'article 94 du projet de loi, ajoute aux
autres fonctions déjà conférées par la charte au ministre de la Langue
française et prévoit ses fonctions en matière de francisation, de même que la possibilité
d'exercer toute autre fonction qui lui sont confiées par le gouvernement. Cet
article mentionne aussi que le ministre peut élaborer des politiques, des
programmes et d'autres mesures propres à l'accomplissement de sa mission, de
même qu'il peut accorder des prix et des reconnaissances pour souligner la
contribution des personnes ou d'organisations dans le domaine linguistique. En
outre, le ministre peut aussi exercer les fonctions qui lui sont confiées par
le gouvernement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
• (17 h 40) •
Mme David : Si je comprends
bien, on va transférer du ministère de la Culture au ministère de la Langue
française, là, les reconnaissances non seulement de l'OQLF, mais il y a même
des prix... il y a même des prix de l'OQLF, mais il me semble que les grands
prix du Québec, il n'y en a pas un qui vient... la langue, ce n'est pas
ceux-là, dont il est question, c'est vraiment les prix de l'OQLF.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
l'OQLF va pouvoir continuer de donner ces prix du mérite en français, tout ça.
Je donne l'exemple, là, du Conseil supérieur de langue française qui fait, à
chaque année, le prix du 4 juillet 1608. Bon. À ce moment-là, désormais, ça
pourra devenir un prix sous la responsabilité du ministre de la Langue
française. Puis ça permet de développer aussi d'autres prix qui pourraient être
offerts pour valoriser la langue française, mais ce qui est à la culture reste
à la culture.
Mme David : O.K. Ça va.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, d'autres interventions sur l'article 156.1? S'il n'y a pas
d'autre intervention, M. le ministre, présentez-nous 156.2.
M. Jolin-Barrette : «Le
ministre doit, dans le cadre de ses fonctions, favoriser la connaissance, la
protection, la mise en valeur et la transmission du patrimoine linguistique
francophone du Québec. Le patrimoine linguistique francophone du Québec est
formé des connaissances sur la langue française en usage à un moment ou à un
autre au Québec, ayant été portées sur un support de toute nature. Les
connaissances ainsi portées sur le support sont un élément de ce patrimoine.»
Commentaire L'article 156.2 de la Charte
de la langue française, que propose l'article 94 du projet loi, prévoit les
responsabilités du ministre de la Langue française en matière de patrimoine
linguistique francophone du Québec. Le deuxième alinéa de cet article définit
le patrimoine linguistique francophone du Québec, de même que les éléments de
ce patrimoine.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Bien, c'est
intéressant, parce qu'on a des prix, on nomme des événements, quand on est
ministre de la Culture, on nomme des événements, des gens, des lieux,
patrimoine matériel, patrimoine immatériel aussi. Je me souviens d'avoir classé
la danse carrée, ou un truc comme ça, où j'ai été faire une soirée de danse...
M. Jolin-Barrette : Un petit
set carré.
Mme David : Absolument, et
c'est extrêmement intéressant. Et donc, si je comprends bien, il y aurait
l'équivalent dans ce qu'on appelle du patrimoine linguistique, mais qui n'est
pas nécessairement des prix de littérature, là, ce patrimoine linguistique, ça
pourrait être des chansons de Félix Leclerc, ça pourrait aider des livres de
Michel Tremblay. Est-ce qu'on parle de ça, parce que là, c'est là qu'on
chevauche beaucoup la culture?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, le patrimoine linguistique met l'accent sur les contenus en langue
française, donc exemple, l'inventaire de mots et d'usage, connaissances et
autres réflexions sur la langue, son statut. Ça pourrait être un extrait de
discours d'un politicien, d'un discours de Pierre Bourgault, supposons...
Mme David : O.K.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Ça vous va?
Mme David : Oui.
M. Jolin-Barrette : ...ou
d'un ancien premier ministre qui a dit : Quoi qu'on en dise, quoi qu'on en
fasse, le Québec est libre de son destin pour toujours.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, pas d'autres discussions sur l'article 156.2? Nous passons à
l'article 156.3. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Dans l'exercice de ses fonctions, la ministre peut notamment, un, exiger...
M. Jolin-Barrette :
...des ministères, des organismes, de l'administration, de l'assistance et les
renseignements qu'il estime nécessaires;
"2. conclure des ententes avec toute personne,
toute association, toute société ou tout organisme;
"3. conclure, conformément à la loi,
des ententes avec un gouvernement autre que celui du Québec ou l'un de ses
ministères, ou de ses organismes, ou avec une organisation internationale, ou
l'un de ses organismes;
"4. réaliser ou faire réaliser des
consultations, des recherches, des études et des analyses;
"5. accorder, aux conditions qu'il
fixe, une aide financière ou technique;
"6. intervenir d'office et sans avis
dans toute instance qui pourrait avoir une incidence sur le statut ou l'usage
du français au Québec."
Commentaire. L'article 156.3 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
fait une énumération non exhaustive des pouvoirs du ministre de la Langue
française.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Des commentaires sur cet article?
Mme David : Bien, je ne
sais plus où il est rendu dans les commentaires. Parce que, là, je suis capable
de le suivre dans la lecture, page 568, mais...
M. Jolin-Barrette : En
dessous de 156.3. Si vous allez un peu plus loin, vous allez retrouver 156.3
pour une deuxième fois. Les commentaires sont au bas.
Mme David : Est-ce que
quelqu'un a le cahier que j'appelle mammouth et pourrait me dire où est-ce que
c'est, les commentaires?
La Présidente
(Mme Guillemette) : ...quelle page? Moi, j'ai juste le petit
cahier ici.
Mme David : Ah! vous
êtes mieux équipée que nous autres. J'ai 156.3 à droite, j'ai 156.3 à gauche,
puis un est le synonyme de l'autre. En fait, c'est exactement la même chose. Et
c'est correct, de toute façon...
M. Jolin-Barrette :
Bien, si vous allez plus loin dans le cahier, il n'y a pas le...
Mme David : "Oh my
God!", bien plus loin, bien plus loin. 150. O.K., je comprends. Il faut
vraiment aller beaucoup plus loin.
M. Jolin-Barrette :
Parce qu'au début, dans le fond, il y a tout le consolidé.
Mme David : 193... C'est
ça, il faut aller 20 pages plus loin. Ce n'est pas simple, tout ce projet
de loi là, hein?
M. Jolin-Barrette :
Bien, comme je vous dis, si on était partis, comme on dit, à 9...
Mme David : De quoi?
M. Jolin-Barrette : Si
on était partis à 9...
Mme David : Oui, ça
aurait été beaucoup plus simple. O.K. Alors, là, je vais vous suivre à partir
de ça exactement. Parce que j'allais dire : Pourquoi, Mme la Présidente,
le ministre relit dans ses commentaires tout ce qu'il a lu dans son article?
Mais c'est parce que je n'étais pas aux bonnes pages parce que, là, c'est deux
fois la même chose à la page 567. Demandez-moi pas pourquoi, ça... Mais là
je vous ai et je vais suivre de la bonne façon. Donc, je n'ai pas de commentaire.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Pas de commentaire sur l'article 156.3.
M. le ministre, présentez-nous 156.4.
M. Jolin-Barrette : Oui.
"Le ministre dépose à l'Assemblée nationale le rapport annuel sur
l'application de la présente loi dans les organismes de l'administration autres
que les institutions parlementaires dans les quatre mois de la fin de l'année
financière ou, si l'Assemblée ne siège pas, dans les 15 jours de la
reprise de ses travaux. Ce rapport comporte notamment les renseignements
suivants :
"1. la description des moyens mis en
œuvre par les organismes visés au premier alinéa pour exécuter les obligations
qui leur incombent en vertu de la présente loi et, le cas échéant, les motifs
justifiant de modifier la politique linguistique de l'État qui les guide dans
cette exécution;
2. le nombre de postes pour lesquels la
connaissance ou un niveau de connaissance spécifique d'une langue autre que la
langue officielle est exigé par ces organismes, ainsi que le nombre de ceux
pour lesquels une telle connaissance ou un tel niveau de connaissance est
souhaitable;
"3. les mentions prévues ci-dessous
concernant chacun des organismes visés à l'article 29.14 :
"a) celle indiquant s'il a pris ou
non la directive prévue à l'article 29.14;
"b) celle indiquant si cette
directive a été ou non approuvée par le ministre lorsqu'en vertu de
l'article 29.16 elle est soumise à cette approbation;
"c) celle indiquant si la directive
est révisée selon la périodicité prévue au troisième alinéa de
l'article 29.14;
4. les mentions prévues au
paragraphe 3 concernant les directives prévues à l'article 29.15;
"5. le nombre de plaintes reçues et
traitées par les organismes tenus d'adopter la politique de traitement des
plaintes prévue à l'article 128.1."
Commentaire. L'article 156.4 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet loi
prévoit le dépôt à l'Assemblée nationale d'un rapport annuel sur l'application
de la Charte de la langue française, dont il précise le contenu minimum.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Des commentaires?
Mme David : Non, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. Nous passons à l'article 156.5.
M. Jolin-Barrette : Oui.
"Le ministre titulaire d'un ministère ou le dirigeant d'un organisme visé
au premier alinéa de l'article 156.4 ou la personne qu'il désigne au sein
de son ministère ou de son organisme transmet au ministre la Langue française,
suivant la forme, la teneur et la périodicité fixée par celui-ci, les
renseignements nécessaires à la préparation du rapport sur l'application de la
présente loi."
Commentaire. L'article 156.5 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet loi vise
à ce que le ministre de la Langue française puisse obtenir en temps utile les
renseignements nécessaires à la préparation du rapport sur l'application de la
charte devant être préparé à chaque année en vertu de l'article 156.4.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires sur cet article?
Mme David : Non, madame.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Pas de commentaire. Donc,
l'article 156.6, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
"Le ministre publie la liste des organismes, des organismes de
l'administration et la tient à jour."
L'article 156.6 de la Charte de la
langue française que propose l'article 94 du projet de loi prévoit la
publication d'une liste à jour des organismes de l'administration."
La Présidente
(Mme Guillemette) : Des commentaires?
Mme David : Je fais
juste noter qu'on est rendus à la page...
Mme David : ...Ce qui
fait que nous avançons, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Nous avançons rondement. Donc, pas de
commentaire sur l'article 156.6? M. le ministre, 156.7, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le ministre peut requérir de l'Office qu'il effectue une inspection pour
vérifier l'application de la présente loi auprès des ministères, des organismes
gouvernementaux et des organismes municipaux auxquels s'applique la politique
linguistique de l'État. Il peut aussi requérir de l'Office qu'il fasse enquête
après... Auprès de ces organismes à l'égard de toute matière relative à l'application
de la présente loi.
Commentaire. L'article 156.7 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
confère au ministre de la Langue française le pouvoir de demander à l'Office
québécois de la langue française de mener une inspection ou une enquête auprès
de certains organismes auxquels s'applique la politique linguistique de l'État.
Ces organismes sont ceux visés à l'article 128.3 auxquels le ministre peut
ordonner d'élaborer et de mettre en œuvre des mesures visant à ce qu'ils
satisfassent aux obligations qui leur incombent en vertu de la Charte.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Des commentaires?
Mme David : Non, Madame.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Parfait. M. le ministre, la suite, 156.8.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le ministère de la Langue française est dirigé par le ministre de la Langue
française.
Commentaire. L'article 156.8 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
prévoit que le ministère de la Langue française est dirigé par son ministre
éponyme.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Des commentaires?
Mme David : J'apprécie
le mot éponyme, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée, pour le commentaire.
Donc, 156.9, s'il vous plaît, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le gouvernement nomme, conformément à la Loi sur la fonction publique, un
sous-ministre de la Langue française. L'article 156.9 de la Charte de la
langue française que propose l'article 94 du projet de loi prévoit la
nomination du sous-ministre du ministère de la Langue française.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Commentaires?
Mme David : Bien, je suis
déjà choquée du masculin du ministre partout. Puis là, on a le masculin du
sous-ministre. Alors, envoie donc, c'est un «boys' club» littéraire, Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme Guillemette) : M. le ministre.
Mme David : Et ce n'est
la faute de personne. C'est la faute de l'inertie de vouloir bouger sur cette
nomenclature.
M. Jolin-Barrette : J'ai
déjà dit que j'étais sensible à tout ça, Mme la Présidente. Mais au-delà de ça,
peut-être que l'important aussi, c'est de faire en sorte d'avoir quelqu'un à la
tête du ministère qui peut-être sera une femme.
Mme David : Mais le
ministre est tellement... Aime tellement le changement puis il n'a pas peur de
rien qu'il pourrait prendre ses multiples rôles qu'il joue au gouvernement pour
en ajouter un de plus, un cheval de bataille qui serait celui de féminiser ou
de rendre l'écriture inclusive dans les projets de loi.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Épicène.
Mme David : Épicène, ce
qui est... Vous avez tout à fait raison. Mais là, l'épicène, c'est le masculin
qui comprend le féminin. Je n'ai jamais bien aimé ça, moi. Mais on pourrait
dire le féminin qui comporte le masculin, mais ça, les hommes n'ont jamais
voulu ça.
Une voix : ...
Mme David : C'est vrai,
M. le député? Ah, bien là, quelle belle nouvelle. Mais je voudrais lui rajouter
du temps de non-sommeil pour finir avec cette belle réalisation. Alors, on
continue, Mme la Présidente. C'était juste une petite observation.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci pour le commentaire. Je suis certaine que M. le ministre le prendra
en considération. Donc 156.9. M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Ah!
On était...
La Présidente
(Mme Guillemette) : ...Non.
M. Jolin-Barrette : .10?
La Présidente
(Mme Guillemette) : 156.10. Excusez.
• (17 h 50) •
M. Jolin-Barrette : Oui.
Sous la direction du ministre, le sous-ministre administre le ministère. Il
exerce en outre toute fonction... Toute autre fonction que lui assigne le
gouvernement ou le ministre.
Commentaire. L'article 156.10 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
complète l'article 156.9 de la Charte et prévoit les fonctions de
sous-ministre du ministère de la Langue française.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Commentaires? Pas de commentaire.
Mme David : Pas de
commentaire, non.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, 156.11.
M. Jolin-Barrette : Dans
l'exercice de ses fonctions, le sous-ministre a l'autorité du ministre.
Commentaire. L'article 156.11 de la
La Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
complète les articles 156.9 et 156.10 de la Charte et précise que le
sous-ministre, lorsqu'il a agi dans l'exercice de ses fonctions, a l'autorité
du ministre.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Des commentaires?
Mme David : Pas de
commentaire.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, 156.12, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Le sous-ministre peut par écrit et dans la mesure qu'il indique déléguer à un
fonctionnaire ou au titulaire d'un emploi l'exercice de ses fonctions. Il peut,
dans l'acte de délégation, autoriser la subdélégation des fonctions qu'il
indique, le cas échéant, il identifie le fonctionnaire ou le titulaire d'un
emploi à qui cette subdélégation peut être faite.
Commentaire. L'article 156.12 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
habilite le sous-ministre à déléguer dans... À déléguer l'exercice des
fonctions visées par cette loi. Une telle délégation doit être faite par écrit
et ne peut être faite qu'en faveur d'un fonctionnaire ou d'un titulaire d'un
emploi, c'est-à-dire un sous-ministre adjoint ou associé engagé à contrat par
le gouvernement par opposition aux sous-ministres adjoints ou associés qui ont
le classement d'administrateur d'État et qui sont des fonctionnaires.
L'article... Le... pardon. Le deuxième alinéa de l'article 156.12 permet
au sous-ministre, lorsqu'il délègue ses fonctions, d'autoriser le délégataire,
la personne au bénéfice de laquelle cette délégation est faite de déléguer à
son tour de telles fonctions. Lorsque le sous-ministre autorise son délégataire
à subdéléguer les fonctions qu'il lui a déléguées, il est tenu de préciser les
fonctionnaires ou...
M. Jolin-Barrette : ...d'un
emploi en faveur de qui le délégataire peut faire cette subdélégation.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Commentaires?
Mme David : Ah! écoutez,
ça sera un commentaire littéraire, mais, vraiment, la ministre a bien lu ce qu'il
avait à lire.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Donc...
M. Jolin-Barrette : Et
ça va à l'encontre de la règle...
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette :
Merci, Maître.
Mme David : Je n'ai pas
compris.
M. Jolin-Barrette :
C'était du latin. Voulez-vous répéter? Allez-y. Vous pouvez le répéter pour les
membres de la commission.
Une voix : C'est écrit dans
le bas de votre page du cahier.
M. Jolin-Barrette : Ah!
La Présidente (Mme Guillemette) :
Ah!
Mme David : Bien, pas
dans la mienne, en tout cas.
M. Jolin-Barrette :
Delegatus non potest delegare. C'est ça.
Mme David : Je vous dis
qu'on a des lettres ici. On est dans un projet de loi sur la langue française
et latine.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Tout à fait.
M. Jolin-Barrette : Donc,
94... 156.13, excusez-moi.
La Présidente
(Mme Guillemette) : 156.13.
M. Jolin-Barrette : «Le
personnel du ministère est constitué des fonctionnaires nécessaires à
l'exercice des fonctions du ministre. Les fonctionnaires sont nommés suivant la
Loi sur la fonction publique. Le ministre détermine les devoirs de ces fonctionnaires
pour autant qu'il n'y a... Pardon. Le ministre détermine les pouvoirs de ces
fonctionnaires pour autant qu'il n'y est pas pourvu par la loi ou par le
gouvernement.»
Commentaires : L'article 156.13
de la Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de
loi prévoit que le personnel du ministère est constitué des fonctionnaires et
permet au ministre de déterminer leurs devoirs. Rappelons que
l'article 156.11 permettra au sous-ministre d'exercer ce pouvoir.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Commentaires? Pas de commentaire.
Donc, 156.14.
M. Jolin-Barrette : «La
signature du ministre ou du sous-ministre donne autorité à tout document
provenant du ministère. Aucun acte, document ou écrit n'engage le ministre ni
ne peut lui être attribué s'il n'est pas signé par lui, par le sous-ministre ou
par un membre du personnel du ministère ou par un titulaire d'un emploi, mais,
dans le cas de ces deux derniers, uniquement dans la mesure déterminée par
règlement du ministre.»
Commentaires : L'article 156.14
de la Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de
loi établit le principe selon lequel un document doit être signé par le
ministre ou le sous-ministre pour avoir autorité, engager le ministre et lui
être attribué. Il prévoit cependant que la signature d'autres personnes peut,
dans la mesure prévue par un règlement, être apposée sur un document provenant
du ministère et avoir le même effet. Toutefois, ces personnes doivent être
membres du personnel du ministère ou titulaires d'un emploi.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Des commentaires?
Mme David : Non.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Donc, 156.15.
M. Jolin-Barrette : «Le
ministre peut, par règlement, permettre, aux conditions qu'il fixe, qu'aucune
signature soit apposée au moyen d'un appareil automatique ou de tout autre
procédé faisant appel aux technologies de l'information.»
Commentaires : L'article 156.15
de la Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de
loi permet au ministre de prévoir par règlement les conditions applicables à
l'apposition d'une signature ou... sur un document selon le moyen retenu pour
le faire.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Oui, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Si tant est
que la lecture vaille quelque chose, légalement parlant, le ministre a dit
«qu'aucune signature soit apposée», alors que c'est le contraire, c'est «qu'une
signature soit apposée». Alors, c'est comme s'il disait : Le ministre
peut... ne permet pas qu'aucune signature ne soit apposée, de la façon dont ça
a été dit. Alors, c'est vraiment...
M. Jolin-Barrette :
Excusez, c'est vrai, c'est qu'une signature.
La Présidente (Mme Guillemette) :
C'est ça. Donc, c'est le texte qui fait foi, qu'une signature.
Mme David : C'est le
texte qui fait foi et non pas la parole du ministre.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Tout à fait. Donc, 156.16. M. le ministre.
Mme David : Oui. «Un
document ou une copie d'un document provenant du ministère ou faisant partie de
ses archives, signé ou certifié conforme par une personne visée au deuxième
alinéa de l'article 156.14, est authentique.»
Commentaire. L'article 156.16 de
cette Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de
loi confère un caractère authentique aux documents provenant du ministère ou de
ses archives lorsqu'ils sont certifiés conformes par une personne habilitée à
engager le ministre en vertu du deuxième alinéa de l'article 156.14 de la
charte.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Commentaires? 156.17.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Le ministre dépose à l'Assemblée nationale le rapport annuel de gestion du
ministère; il est joint au rapport d'application de la présente loi.»
Commentaire. L'article 156.17 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
prévoit le dépôt par la ministre du rapport annuel de gestion du ministère.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Commentaires? Donc, 156.18.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Le ministre peut, s'il estime à propos, désigner des éléments du patrimoine
linguistique francophone du Québec visés au deuxième alinéa de
l'article 156.2.
«Il doit voir à ce que les éléments ainsi
désignés soient accessibles au public de façon continue.»
Commentaire. L'article 156.18 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet loi a
pour objet de rendre accessible au public les éléments du patrimoine
linguistique francophone du Québec que désigne le ministre. Il incombe au
ministre de voir à ce que les éléments ainsi désignés soient accessibles de
façon continue.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci.
Mme David : J'ai une
question, Mme la Présidente. On part de rien, là, il n'y a pas de patrimoine
linguistique pour l'instant ou il n'y en a pas répertorié de la façon dont vous
allez le répertorier?
M. Jolin-Barrette : À ma
connaissance, il n'y a pas de patrimoine linguistique. Non...
Mme David : C'est un
nouveau patrimoine.
M. Jolin-Barrette :
Exactement.
Mme David : Parce que,
quand j'ai fouillé dernièrement pour des personnages patrimoniaux, personnages historiques,
c'est plus de 17 000 Québécois qui sont des personnages.
Mme David : ...que c'est
fascinant. Allez passer vos soirées tranquilles à regarder tout ça, c'est très
bien fait, biographie. Mais 17 000... Voilà. Alors, quand...
M. Jolin-Barrette : Et
surtout, ce qui est important, c'est que ça, ça permet de faire en sorte, dans
la continuité, de cibler des textes, des moments marquants aussi, parce que ça
vient souvent avec un moment marquant de l'histoire, donc de dire : Bien,
écoutez, ça, on vient le protéger, puis on vient l'affirmer, puis lui donner un
statut particulier aussi. Donc, on a les lieux, on a les personnages et
maintenant on va avoir la livraison de leurs discours, leur contenu.
Mme David : Speak White.
M. Jolin-Barrette : Ça
pourrait y être.
Mme David : On continue.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, Mme la députée. Donc, 156.19.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«La désignation est faite au moyen d'un avis de désignation signé par la
ministre.
«L'avis décrit l'élément visé et contient
un énoncé des motifs de la désignation.
«L'avis de désignation est publié à la
Gazette officielle du Québec. La désignation prend effet à la date de cette
publication.»
Commentaire. L'article 156.19 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet loi
complète l'article 156.18 et prévoit la procédure selon laquelle est
désigné un élément du patrimoine linguistique francophone du Québec.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Commentaire? Pas de commentaire, donc 156.20.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Le ministre désigne un membre du personnel du ministère pour agir à titre de
registraire.
«Le registraire est chargé :
«1 de tenir le registre du patrimoine
linguistique francophone du Québec;
«2 d'y inscrire les éléments désignés par
le ministre ainsi que la description qui en est faite dans l'avis de
désignation;
«3 de délivrer des extraits certifiés de
ce registre à toute personne intéressée sur paiement des frais déterminés par
règlement du gouvernement.
«Le ministre peut également désigner,
parmi les membres du personnel du ministère, une personne qui, en cas d'absence
ou d'empêchement du registraire, exerce ses fonctions.»
Commentaire. L'article 156.20 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
prévoit la désignation par le ministre de la Langue française d'un registraire
chargé de la tenue du registre du patrimoine linguistique francophone et des
autres fonctions que prévoit cet article. L'article 156.20 prévoit
également la désignation parmi les membres du personnel du ministère de la
Langue française d'une personne chargée de remplacer le registraire s'il est
absent ou empêché d'agir.
• (18 heures) •
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Pas de commentaire. Donc, 156.21.
M. Jolin-Barrette : «Les
extraits certifiés délivrés par le registraire sont authentiques. La signature
du registraire sur des copies de documents fait preuve du fait que ces
documents existent et sont légalement en sa possession.
«Toute copie signée par le registraire
équivaut devant le tribunal à l'original même ou tout document paraissant être
revêtu de sa signature est présumé l'être.»
Commentaire. L'article 156.21 de la
Charte de la langue française que propose l'article 94 du projet de loi
confère un caractère authentique des extraits certifiés du registre que délivre
le registraire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires sur cet article? Pas de commentaire. 156.22. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : «Le
ministre contribue à la connaissance du patrimoine linguistique francophone du
Québec notamment par la réalisation d'un répertoire. Il en établit le mode de
réalisation, de consignation et de diffusion.»
L'article 156.22 de la Charte de la
langue française que propose l'article 94 du projet de loi prévoit la
réalisation par le ministre d'un répertoire du patrimoine linguistique francophone
du Québec. Ce patrimoine sera un outil de diffusion qui présentera, d'une part,
les éléments patrimoniaux inscrits au registre et qui contiendra, d'autre part,
des renseignements sur d'autres éléments du patrimoine linguistique francophone
du Québec et pourront être inventoriés par le ministère de la Langue française
ou ses partenaires.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Des commentaires? Donc, pas de
commentaire. Donc, 156.23.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Il est institué, au sein du ministère de l'Immigration, de la Francisation et
de l'Intégration, une unité administrative appelée Francisation Québec.»
Commentaire. L'article 94 du projet
de loi propose l'introduction, dans la Charte de la langue française, d'un
nouveau titre, comprenant les articles 156.23 à 156.26, relatif à
Francisation Québec. L'article 156.23 ainsi proposé institue Francisation
Québec qui sera une unité administrative au sein du ministère de l'Immigration,
de la Francisation et de l'Intégration. Les dispositions de
l'article 156.23 entreront en vigueur un an après la sanction du projet de
loi ainsi que le prévoit le paragraphe 3 de l'article 201.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Commentaires? Mme la députée.
Mme David : Bien, écoutez,
le ministre n'a pas lu ce qui était écrit, mais c'est peut-être lui qui a
raison. Dans les commentaires, il est marqué «comprenant les
articles 156.23 à 156», lui a dit .26, mais il est écrit 156.56.26.
J'imagine que c'est une erreur dans la frappe.
La Présidente
(Mme Guillemette) : ...156.56.26... Oui.
Mme David : Dans les
commentaires, ligne 2.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Il doit y avoir une coquille.
Mme David : Ça doit être
156.23 à 156.26, hein?
M. Jolin-Barrette : Effectivement,
c'est une erreur de frappe. Il n'y a pas de .26 deux fois.
Mme David : Bien, c'est
ça, O.K.
M. Jolin-Barrette : C'est
une erreur dans le commentaire.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci pour la précision, Mme la députée.
Donc, pas d'autre commentaire. Donc, nous passons à l'article 156.24. Et
c'est à ce moment qu'on introduit l'amendement. Donc, M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Francisation Québec conduit et gère l'action gouvernementale en matière de
francisation des personnes...
18 h (version non révisée)
M. Jolin-Barrette :
...domiciliées au Québec qui ne sont pas assujetties à l'obligation de
fréquentation scolaire en vertu de la Loi sur l'instruction publique, des
personnes qui envisagent de s'établir au Québec, de même qu'en matière de
francisation des personnes au sein d'entreprises.
"À cet effet, Francisation Québec est
l'unique point d'accès gouvernemental pour ces personnes désirant recevoir des
services d'apprentissage français qui ne s'inscrivent pas dans le cadre d'un
régime pédagogique prévu par la loi. Francisation Québec doit s'assurer de
desservir l'ensemble du Québec et établit des bureaux afin d'assurer le droit
aux services permettant de faire l'apprentissage du français prévu au premier
alinéa de l'article 6.1. Francisation Québec peut, lorsqu'un établissement
offrant l'enseignement collégial ou universitaire...
Mme David : ...
M. Jolin-Barrette : Oui.
"Francisation Québec peut, lorsqu'un établissement offrant l'enseignement
collégial ou universitaire met des locaux à sa disposition... fournit des
services..." Oui, il y a une petite faute, hein?
Mme David : Oui.
M. Jolin-Barrette :
"Francisation Québec peut, lorsqu'un établissement offrant l'enseignement
collégial ou universitaire...
Mme David : Peut mettre.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mettre.
Mme David : C'est «mettre».
M. Jolin-Barrette :
Mais, dans le texte de loi...
Mme David : Dans le
texte, je l'avais remarqué qu'il y avait une erreur.
La Présidente (Mme Guillemette) :
C'est peut-être un "mettre" qui a été oublié.
M. Jolin-Barrette :
Oui... conforme en raison d'une incise, donc, entre deux virgules. Entre deux
virgules, il s'agit d'une incise.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Parfait. Donc, si c'est bien formulé... On a un amendement à présenter
également à cet article, 156.24. C'est l'amendement de Mme la députée, je
crois, de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Je fais
l'amendement ou je fais mon commentaire sur le "peut",
"doit", là, sur ça, maintenant?
M. Jolin-Barrette :
...l'amendement, puis ensuite on reviendra.
La Présidente (Mme Guillemette) :
On reviendra à l'article amendé ou non.
Mme David : Il faut que
je relise tout ça, là, oui?
La Présidente (Mme Guillemette) :
De préférence, oui, s'il vous plaît, Mme la députée.
Mme David : Bon. Article
94, l'article 156.24 de la Charte de la langue française : À
l'article 94 du projet de loi, ajouter, à la fin de l'article 156.24
de la Charte de la langue française qu'il propose l'alinéa suivant :
"Les services d'apprentissage offerts
par Francisation Québec sont fournis gratuitement à la personne qui les reçoit,
à moins que Francisation Québec n'exige de cette personne le paiement de frais
modiques."
Commentaire. Cet amendement prévoit que
Francisation Québec offre ses services aux personnes auxquelles ils sont
destinés, moyennant des frais modiques, ou gratuitement.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Le reste...
Mme David : Ah! vous me
faites plaisir.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Je vais vous sauver de cette partie-là. Donc, des commentaires ou des
discussions sur l'amendement de Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys?
Mme David : Écoutez,
c'est un amendement intéressant parce que ça donne un accès encore plus
important par rapport à la question de la francisation. On a proposé ça parce
que, justement, ça venait avec un projet de loi d'un collègue qui avait dit :
Ils devraient... toutes les personnes qui veulent apprendre le français
devraient pouvoir y avoir accès. Alors, c'est sûr que l'accessibilité passe
souvent par la gratuité ou des frais modiques. Donc, je pense que c'est
important, si tant est que la francisation est un objectif très, très concret
pour les Québécois, Québécoises, donc, de pouvoir leur donner accès. Et on peut
juste espérer, espérer qu'à travers les années, les différents gouvernements,
l'argent sera au rendez-vous pour faire cette francisation-là. Parce que, si
c'est gratuit, il y a quand même des gens qui vont enseigner ce français-là. Il
va falloir que ces gens-là, quand même, soient... un, existent, disponibles, et
qu'ils soient, eux, rémunérés. Donc, j'apprécie qu'on puisse donner la plus
grande accessibilité possible.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. D'autres commentaires sur cet article... sur
l'amendement? Excusez, sur l'amendement de...
La Présidente
(Mme Guillemette) : ...la députée de Marguerite-Bourgeoys? S'il
n'y a pas d'autre commentaire, je vais mettre l'amendement aux voix. Est-ce
qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Adopté. Merci. Donc, l'amendement de Mme la
députée de Marguerite-Bourgeoys à 156.24 est adopté. Donc, nous retournons à
l'article 156.24 amendé. Mme la députée.
Mme David : Bien, il y
a quelque chose qui m'embête un petit peu. Puis ça, c'était nous dans notre...
dans nos 27 propositions. C'est que ce n'était pas au bon gré d'avoir un
local ou pas, que Francisation Québec puisse donc avoir un pied à terre, comme
on dit. J'aimerais ça que quelque chose formule... que la formulation soit...
doit, dans la mesure du possible, mettre à la disposition de Francisation
Québec des locaux pour pouvoir franciser. Parce qu'on le sait, et le ministre,
je le sais, qui est d'accord, que la francisation doit passer par
l'enseignement collégial et universitaire et que mettre un petit local à la
disposition... Je ne dis pas que tout le monde a bien des locaux à leur
disposition et surtout pas un certain cégep dont on a enlevé le projet
d'agrandissement. Il n'y aura pas de local à leur disposition pour ça, mais en
général, je dirais qu'on pourrait mettre quelque chose qui soit comme...
devrait le plus possible mettre à la disposition. Mais francisation Québec,
comme on peut le lire «peut lorsqu'un établissement en enseignement collégial
ou universitaire met des locaux à sa disposition, ils fournissent les services.
Alors, l'inverse de ça, c'est si le collège ou l'université dit «non, on n'a
pas de local». Francisation Québec va dire : O.K. Merci, bonjour. Alors,
je ne dis pas qu'il faut être coercitif, mais essayez d'avoir quelque chose qui
soit...
• (18 h 10) •
M. Jolin-Barrette : Bien,
le ministère de la Langue française avec Francisation Québec vont... Dans le
fond, les universités et les collèges sont des partenaires. Il y a des
discussions qui vont y avoir pour que des locaux soient disponibles pour que
Francisation Québec soit présent. Cependant, on ne peut pas nécessairement
forcer l'université à dire : Vous allez nous fournir un local, là.
Idéalement, on va s'entendre avec eux, mais...
Mme David : Mais est-ce
qu'on pourrait mettre alors un peu plus de pression sur Francisation Québec? Du
genre Francisation Québec doit, lorsqu'un établissement en enseignement
collégial universitaire met des locaux à sa disposition, ils fournissent les
services. Parce que c'est par là... J'en ai trop connu d'étudiants qui auraient
aimé apprendre le français et qui devaient aller à l'autre bout de la ville
dans un endroit, tu sais, c'était compliqué finalement. Ils oubliaient puis ils
ne le faisaient pas. C'est peut-être par là qu'il peut y avoir un peu plus de
pression mise sur francisation Québec.
M. Jolin-Barrette : Bien,
ça dépend parce que... Comment je pourrais vous dire? Bien, supposons,
l'Université de Montréal, là, supposons... il y a beaucoup de pavillons.
Supposons que le local qui est offert par l'Université de Montréal à
Francisation Québec, il n'est pas situé dans un endroit, supposons, stratégique
ou dans un pavillon approprié, là. Moi, je me souviens, j'ai des connaissances
qui étudiaient à l'Université de Montréal puis qui se retrouvaient dans un
local comme vraiment... Comment on dit ça, excentrique?
Mme David : Excentré.
M. Jolin-Barrette : Excentré...
Mme David : Très
excentré, oui.
M. Jolin-Barrette : ...qui
n'était pas du tout sur le campus principal. Alors, supposons que l'Université
de Montréal avait offert ce local-là, peut-être que... Moi, je trouve ça... En
fait, Francisation Québec va pouvoir juger, est-ce que le local qui m'est
offert, c'est un endroit stratégique pour nous? Parce que ça peut arriver que
Francisation Québec loue des locaux qui sont à côté du campus, mais qui
n'appartiennent pas à l'université.
Mme David : Bien, en
fait, je pense que je comprends mieux ce que j'essaie de dire. C'est que
Francisation Québec doit se donner comme mandat, comme mission d'être le plus
possible présent là où sont les besoins. Et un des besoins qui serait le plus
rentable pour tout le Québec, là, c'est de franciser les étudiants
internationaux, les étudiants qui possèdent mal le français pour toutes sortes
de raisons, sur les lieux mêmes où ils passent le plus clair de leur temps. Et
ça je ne parle pas seulement d'étudiants...
Mme David : ...Ça peut
être des chercheurs postdoctoraux, ça peut être des nouveaux professeurs, ça
peut être dans des endroits où il y a beaucoup de laboratoires, et ça… Je pense
que... Et ce que je voudrais, c'est que Francisation Québec n'oublie pas cette
clientèle extrêmement importante.
M. Jolin-Barrette : Mais
je suis d'accord avec vous, puis l'article permet de faire ça parce qu'on dit
sur l'ensemble du territoire québécois dans l'article. Mais j'ai un exemple,
supposons, l'Université McGill, bien vous savez où est situé le bureau du
premier ministre, c'est l'autre bord de la rue Sherbrooke, à côté de
l'Université McGill, mais supposons que, dans cet édifice-là, Francisation
Québec louait des locaux là, bien, ça serait tout à fait approprié. C'est à
deux pas, mais ce n'est pas directement sur le campus.
Mme David : Oui.
M. Jolin-Barrette : Les
universités ont des enjeux de locaux des fois aussi.
Mme David : Je suis
d'accord, puis... mais il faut que Francisation Québec fasse sa publicité puis
dise : C'est i là puis c'est accessible, c'est à frais modiques ou...
Parce que là, ça ne l'est pas à frais modiques. Là, ça coûte
3 000 dollars pour un cours de trois crédits. C'est des chiffres
abominables.
M. Jolin-Barrette : Mais
là, la francisation non, par contre, là.
Mme David : Oui, c'est
ça. Mais là, c'est parce qu'il faut... il fallait que les étudiants passent par
le ministère de l'Enseignement supérieur avec des crédits d'étudiants
internationaux, le coût du tarif international. Je veux dire, ça, c'est évident
que ce n'est pas payant, là, parce que ça ne marche pas pour les étudiants. Je
pense à des centres de recherche comme le Mila, par exemple, qui est dans une
université francophone avec plein d'universités anglophones. C'est plein
d'anglophones qui sont là, là, qui ne demandent pas mieux qu'apprendre le
français. Mais c'est ça, il faut rapprocher la francisation le plus possible
des clientèles cibles, puis ce n'est pas seulement les entreprises. C'est cette
jeune génération qui, plus ils vont être francisés, plus ils vont rester au
Québec, plus ils vont vouloir rester aussi au Québec.
Alors, je ne veux pas mettre les mots dans
votre bouche parce que je sais que vous êtes d'accord avec ça. Mais ça
m'apparaît important d'être sûrs que dans votre mission de Francisation Québec,
ils n'oublient pas les 18-30 ans, là.
M. Jolin-Barrette : Je
suis d'accord avec vous.
Mme David : O.K.
M. Jolin-Barrette : Puis
l'autre point sur l'ensemble du territoire québécois. Vous vous souviendrez
certainement, lorsque j'étais ministre de l'Immigration, qu'on a ouvert des
directions régionales puis qu'on a déployé de multiples antennes sur le territoire
québécois justement pour faire en sorte, un, de pouvoir accompagner les
personnes immigrantes puis les amener en région, d'offrir l'offre de services
également aux entreprises pour le recrutement de main-d'oeuvre aussi,
notamment.
Mme David : O.K..
M. Jolin-Barrette : Il
y a de la suite dans...
Mme David : Bon, bien,
ça va, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Donc, s'il n'y a pas d'autre
commentaire, je vais passer à l'article 156.25.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Les fonctions de francisation consistent notamment à :
«1. coordonner et offrir des services
d'apprentissage du français en classe, en milieu de travail et en ligne;
«2 élaborer, en collaboration avec
l'office, et mettre en place des services d'apprentissage du français dans les
entreprises visées à l'article 149;
«3. développer des programmes, du matériel
et des outils pédagogiques pour faciliter l'apprentissage du français pour les
personnes domiciliées au Québec qui ne sont pas assujetties à l'obligation de
fréquentation scolaire en vertu de la Loi sur l'instruction publique;
«4. favoriser la collaboration du ministre
responsable de l'application de la Loi des services de garde éducatifs à
l'enfance, la mise en place, par les prestataires de services de garde visés
par cette loi, d'activités visant l'apprentissage du français par les enfants;
«5. de développer et de mettre en œuvre
des programmes visant à donner la possibilité de participer en français à la
société québécoise.»
Commentaire : l'article 156.25
de la Charte de langue française, que propose l'article194 du projet de loi,
fait l'énumération non exhaustive des fonctions de Francisation Québec. Les
dispositions de l'article 156.25 entreront en vigueur un an après la
sanction du projet de loi, ainsi que le prévoit le paragraphe 3 de
l'article 201.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Des commentaires sur cet article?
Mme David : ...
La Présidente
(Mme Guillemette) : Ça va, donc pas de commentaire. Donc, 156.26
M. Jolin-Barrette : Oui.
«Toute entreprise qui souhaite améliorer le niveau de compétence du français
pour les membres de son personnel peut, de sa propre initiative, solliciter les
services offerts par Francisation Québec.»
Commentaire : l'article 156.26
de la Charte de la langue française, que propose l'article 94 du projet
loi, permet à toute entreprise de solliciter les services de Francisation
Québec. Les dispositions de l'article 156.26 entreront en vigueur un an
après la sanction du projet de loi, ainsi que le prévoit le paragraphe 3
de l'article 201.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci, M. le ministre. Des commentaires sur
l'article 156.26? Pas de commentaire. Donc, avant de mettre aux voix
l'article 94, est-ce qu'il y a des commentaires sur les intitulés?
Mme David : ...Mme la
Présidente, là.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Sur tous les intitulés, là.
Mme David : Non, ça va.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Pas de commentaire. Donc, je vais mettre aux
voix l'article 94. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente
(Mme Guillemette) : L'article 94 amendé est adopté. Donc,
nous passons à l'article 95.
M. Jolin-Barrette : Oui.
L'article 159 de cette charte est modifié :
1. par le remplacement, dans le premier
alinéa, de...
M. Jolin-Barrette : ...de
terminologie ainsi que de francisation de l'administration et des entreprises
par et de terminologie, il veille à la mise en oeuvre des programmes de
conformité de l'administration ainsi que des mesures de francisation des
entreprises, incluant les services d'apprentissage du français au sein de cette
dernière le cas échéant, en collaboration avec Francisation Québec. 2. Par
l'insertion à la fin du deuxième alinéa de "sous réserve des pouvoirs
conférés au ministre ou au commissaire".
Commentaire. L'article 95 du projet
de loi propose de modifier l'article 159 de la Charte de la langue
française par concordance avec les modifications apportées aux chapitres 4
et 5 du titre 2 de la Charte par les articles 73 à 93 du projet de
loi et avec les fonctions conférant au ministre la langue française et au commissaire
de langue française.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Monsieur le ministre. Des commentaires? Pas de commentaires, donc je
vais mettre aux voix l'article 94... 95, excusez. Est-ce que
l'article 95 est adopté?
M. Jolin-Barrette : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Comme l'article 95 est adopté, Monsieur le ministre, présentez-nous
l'article 96, et je crois qu'il y a un amendement à l'article.
M. Jolin-Barrette : Oui, qui
est sur Greffier également. Alors, 96. L'article 160 de cette charte est
modifié par l'ajout à la fin des alinéas suivants : Ce rapport compare
notamment l'évolution de l'utilisation du français de l'anglais au Québec et
l'évolution de l'utilisation de ces langues dans le reste du Canada. À cette
fin, l'Office tient compte des informations statistiques produites par
l'Institut de la statistique du Québec. L'Office détermine les indicateurs de
l'usage du français dans la sphère publique par la population québécoise et les
autres indicateurs de suivi utilisés pour produire ce rapport de concert avec
le commissaire de la langue française. Le ministre dépose ce rapport à
l'Assemblée nationale dans les 30 jours de sa réception ou, si elle ne
siège pas, dans les 15 jours suivant la reprise de ses travaux.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, l'amendement est à l'écran.
• (18 h 20) •
M. Jolin-Barrette : ...à
l'article 96 du projet de loi.1. Insérer avant le deuxième alinéa de
l'article 160 de Charte de la langue française qu'il propose l'alinéa
suivant : L'office utilise pour la surveillance de l'évolution de la situation
linguistique au Québec les indicateurs énumérés ci-dessous et présente leurs
variations dans ce rapport. 1. La langue de travail. 2. Les exigences
linguistiques à l'embauche. 3. La langue des services publics. 4. La langue de
service dans les commerces. 5. Les effectifs déterminés en vertu des
articles 88.0.4 et 88.0.5 et les contingents déterminés en vertu des
articles 88.0.1 et 88.0.2. 6. La fréquentation des cours de francisation
incluant les inscriptions, les niveaux de français atteints et les taux de
réussite. 7. Les subventions linguistiques. 8. L'importance accordée aux
orientations en matière de langue française dans la planification pluriannuelle
de l'immigration. 2. Insérer dans le troisième alinéa de cet
article 160 qu'il propose et après produire le rapport à l'exception
de ceux visés au deuxième alinéa.
Commentaire. Cet amendement vise à inclure
à l'article 160 une liste non exhaustive d'indicateurs de la situation
linguistique dans l'évolution devrait être documentée au Rapport sur
l'évolution de la situation linguistique au Québec produit par l'Office
québécois de la langue française. Il apporte par concordance une modification
dans le troisième alinéa proposé qui devient le quatrième si l'on tient compte
de celui produit par l'amendement afin d'exclure les indicateurs énumérés à ce
nouvel alinéa de ceux déterminés par l'Office et le commissaire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires? Madame la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme David : Alors,
'article 160 actuel avec lequel on vit, là, c'est l'office surveille
l'évolution de la situation linguistique au Québec et fait rapport au moins
tous les cinq ans au ministre, notamment en ce qui a trait à l'usage et au
statut de la langue française ainsi que comportement et aptitudes des
différents groupes linguistiques. Ça, ce n'est pas modifié, on ne le lit pas
parce que ce n'est pas du nouveau droit, là. Mais là, ce qu'on a lu, c'est
"y compris l'amendement". Je conclus qu'on est toujours dans les cinq
ans.
M. Jolin-Barrette : Toujours
dans les 5 ans aux cinq ans.
Mme David : Ça, ça ne change
pas puisqu'il n'est pas modifié, le premier alinéa.
M. Jolin-Barrette : Mais ce
qui change, par contre, c'est que le rapport doit être déposé à l'Assemblée
nationale.
Mme David : Oui, ça ne le
disait pas, là, alors là on le dit, que ce rapport-là. Maintenant, moi, je
comprends, là, tous les indicateurs, là, il y a du monde qui va travailler
fort. Ça va être un gros rapport. Maintenant, pourquoi on fait la même erreur
qu'en 2001 avec le rapport 2000-2001, la loi 104? Pourquoi, dans
votre grande sagesse, vous n'avez pas décidé de sortir le volet recherche de
l'OQLF, ce qui a été souvent recommandé, de mettre ça, et là vous créez en plus
un commissaire de la langue française. À quoi sert-il si ce n'est pas à faire
ce genre de choses là? L'OQLF en a plein son panier de tout ce qu'il va avoir à
surveiller. Ça me dérange profondément, moi, qu'un office ait un étage
recherche puis un étage de gérer la loi, parce que c'est ça, là, de la faire
vivre, cette loi-là. Il est donc...
Mme David : ...juge et partie
parce qu'il fait à la fois de la recherche sur son application de la loi, puis,
en plus, il faut qu'il s'entende avec le commissaire à la langue française pour
les indicateurs. Mais moi, je pense sincèrement qu'on refait l'erreur de 2003
avec la loi 104 de dire... ou 2001, je ne sais plus, là, de dire : On ne
mettra pas... on va tout mettre ça à l'office, qui est à la fois un centre de
recherche, puis l'exécuteur de la loi no8 101. C'est ça que ça va... puis
encore bien plus que ça ne l'est maintenant.
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais que j'ai réfléchi à tout ça. Le commissaire, lui, son rôle va être
de donner des avis, de regarder ce que fait l'État, notamment en matière
d'exemplarité de l'État, et d'apporter un regard critique et analytique puis
d'intervenir aussi. Puis il n'y a pas de limite au nombre de rapports qu'il
peut produire. Il peut faire des rapports spéciaux comme le Vérificateur
général, manuellement il produit ses rapports. On veut que le commissaire
puisse être critique aussi par rapport aux données de recherche qui sont produites.
Donc, lui-même, à l'interne, va avoir une certaine expertise aussi par rapport
ça, par rapport à ce qui peut être produit. Un des enjeux qu'il y avait avec
l'OQLF par rapport au rapport de recherche, aux données, actuellement, là,
jusqu'à aujourd'hui, premièrement, il n'y a pas d'obligation de le rendre
public. Deuxièmement, les indicateurs linguistiques qui étaient choisis
pouvaient... les indicateurs qui pouvaient être choisis pouvaient faire en
sorte de ne pas refléter la réalité. Or, désormais, on vient insérer clairement
dans la loi qu'est ce qui devrait être mesuré, sur quelle base la recherche
devra être faite, mais aussi, on va confier au commissaire, quand l'OQLF va
établir ses protocoles de recherche, les outils, les données à utiliser, ils
vont devoir être validés également par la commissaire à la langue française
pour être certain que l'OQLF base ses recherches sur les bonnes données. Ça
fait qu'on vient amener une discussion entre le commissaire, entre l'OQLF.
Donc, désormais, l'OQLF ne fera pas tout
ça tout seul. Par la loi, elle doit rendre public son rapport. Elle devra avoir
des indicateurs très clairs qu'on vient définir actuellement. On lui donne une
marche à suivre. Mais l'expertise est déjà à l'OQLF... Puis c'est sûr que le fait
d'avoir la recherche sur l'OQLF, ce que ça aide aussi, c'est qu'il y a
différents services à l'OQLF, notamment l'intervention, les plaintes, tout ça.
Donc, ça permet aussi d'avoir une cohérence puis qu'à l'intérieur de la même
organisation, ça puisse discuter, ça puisse voir : O.K., nos stratégies
d'action, ce sur quoi devrait porter la recherche, eu égard de l'expérience
pratique. Donc, on met à la fois la recherche et l'expérience pratique ensemble
aussi, puis ça m'apparaissait important de laisser ça à l'OQLF.
Puis l'autre élément aussi que vous aurez
sûrement constaté dans un projet de loi, on crée des liens avec l'Institut de
la statistique du Québec aussi pour développer la recherche en matière de
données aussi par rapport à la situation linguistique.
Mme David : Bien, moi aussi,
j'ai beaucoup réfléchi à ça et vous avez certainement lu les rapports de Conrad
Ouellon que j'avais... pas seulement moi, mais je pense que votre gouvernement
après a continué à regarder, puis Gérald Larose s'était penché là-dessus. Puis
là il y a eu le Conseil supérieur de la langue française, puis là vous avez été
d'accord avec moi que le Conseil supérieur de la langue française n'avait plus
nécessairement sa raison d'être parce que, justement... un chevauchement avec
l'OQLF. Mais je ne suis pas capable de m'imaginer... parce que vous n'avez même
pas de C.A. à l'OQLF non plus. Donc, il y a un vice de gouvernance dans l'OQLF,
dans ce que vous présentez. C'est un organisme qui n'est pas un centre de
recherche. Oui, oui, ils ont l'expertise, mais, ça, vous êtes... ça ne vous
empêchera pas de prendre l'expertise, comme vous allez le faire d'ailleurs du
Conseil supérieur de la langue française. Cette expertise du Conseil supérieur,
vous la mettez chez le commissaire, mais là vous pourriez tout à fait prendre
cette expertise. Un chercheur, c'est un chercheur, ce n'est pas un acteur de
gestion d'un projet de loi. Ça ne va pas ensemble, selon moi. Et vous
dites : Ils peuvent se parler. Oui, mais, justement, ils peuvent s'influencer,
puis dans la mesure où être un chercheur, c'est être indépendant. On le sait,
vous l'avez dit, vous me l'avez souvent reproché, pas juste à moi, mais à des
différents gouvernements, d'avoir politisé ces enquêtes et ces rapports de
l'OQLF, de ne pas les avoir sortis. L'OQLF devient un méga, méga, méga office
qui relève du ministre de la Langue française, mais à qui on donne...
Mme David : ...les
responsabilités, totalement, d'après moi, à l'opposé, d'agir et de réfléchir.
Vous allez me dire : On peut faire deux choses dans la vie. Oui, mais
attention, réfléchir, c'est produire des recherches indépendantes.
M. Jolin-Barrette : Oui, sauf
que les recommandations, par rapport aux données, vont être faites par le
Commissaire à la langue française maintenant.
Mme David : Mais ça, c'est
encore plus compliqué.
M. Jolin-Barrette : Bien non,
parce que le Commissaire à la langue française, lui, il va donner la
recommandation. Ça fait que ce que vous dites, par rapport à l'indépendance de
la recherche, là, on vient très clairement dire : Voici, là, dans le rapport,
vous avez ces données linguistiques là, voici, vous devez les produire. Puis le
Commissaire à la langue française, une entité distincte, lui, avec son regard
critique, vient regarder ça, puis il vient faire les recommandations, l'analyse
des données, puis aussi, il pourrait... Si jamais, un jour, là, la recherche
n'était pas faite d'une façon appropriée, ça légitimise tout le commissaire de
dire : Vous n'avez pas fait ça de la bonne façon, puis de permettre de
critiquer. Ça fait que c'est une sorte de séparation des pouvoirs, de poids et
de contrepoids.
Mme David : Bien, on va aller
parler de la Constitution américaine bientôt, là, quels sont les contrepoids et
les poids? Mais moi, je vous avais dit tout à l'heure : Il faut que le
commissaire et l'office s'échangent sur ça va être quoi, les critères, pour
faire de la... ça va être quoi qu'on... Là, on en met un certain nombre, mais
le commissaire pourrait mettre son regard avant même que la recherche soit
partie, soit en cours, puis après ça, il garde son indépendance. Pour moi, ça
ne va pas ensemble. C'est comme si la Vérificatrice générale s'en venait
regarder ce que fait, je ne sais pas, n'importe quel bureau, donnait son avis,
puis après ça, pouf! elle se donne un mandat d'aller faire une enquête en bonne
et due forme sur cet avis-là ou cet angle-là, que ce soit, disons, la langue
des services publics, bon.
Alors, est-ce que le commissaire est un
équivalent de VG, avec sa totale indépendance? Parce que, si je me souviens
bien, il est nommé aux deux tiers par l'Assemblée nationale, il a un statut
quand même assez important, un commissaire. L'office relève du ministre, mais
c'est l'office qui fait les recherches, puis de temps en temps, le commissaire
peut venir mettre son nez là-dedans. Je trouve qu'il y a un problème de
gouvernance dans votre architecture de tout ça.
• (18 h 30) •
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, au contraire, parce que le commissaire est nommé aux deux tiers de
l'Assemblée nationale, puis lui, il va tout avoir la légitimité critique de le
faire. Puis la recherche, le problème, là, avec les rapports de l'OQLF, là,
c'est que, un, ils n'étaient pas rendus publics, puis de la façon dont c'était
construit, les indicateurs qui étaient choisis, ce n'était pas clair. On le
sait, ce qu'on veut savoir, là, par rapport aux indicateurs linguistiques, puis
c'est pour ça qu'on vient les définir dans une liste, ici, à l'article 96, tu
sais, langue de travail, exigences linguistiques à l'embauche, langue des
services publics, langue des services dans les commerces, les effectifs
déterminés, les substitutions linguistiques, fréquentation des cours de
francisation, importance accordée aux orientations en matière de langue
française dans la planification pluriannuelle. On dit déjà, là : Vous devrez
avoir ces indicateurs-là. C'est très, très clair, là, ils ne sont pas lâchés
lousses, là. Tu sais, c'est...
Mme David : Puis en même
temps, ce sont des indicateurs que vous allez prendre dans différents
ministères, parce que, si je prends les effectifs déterminés dans les articles
88.04.05, les contingents, là, on est vraiment dans les collégial, là. Ça, ça
veut dire que non seulement ils font rapport à la ministre à tous les ans puis
ils sont... On va partir de tous ces indicateurs des différents ministères?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, ça, c'est dans son rapport aux cinq ans, dans son gros rapport de
recherche sur les données linguistiques. C'est l'OQLF qui rend ce rapport-là.
Mme David : Et qui va, donc,
demander aux différents ministères, parce qu'il y a du MEI là-dedans, il y a le
ministère de l'Emploi...
M. Jolin-Barrette : Il y a le
ministère de l'Emploi, de l'Enseignement supérieur.
Mme David : Il y a ministère
de la Francisation. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses, là, qui vont
être ramassées dans ce rapport-là.
M. Jolin-Barrette : Mais ce
n'est pas nécessairement... ça ne vient pas juste des ministères, là,
l'information qu'il y a là-dedans. Exemple, la langue du travail, ce n'est pas
un ministère qui va donner ça, là. Il va falloir faire de la recherche, des
sondages, de l'information, là.
Mme David : Mais c'est-u
parce que vous voulez que le ministre ait beaucoup plus de pouvoirs que vous ne
mettez pas la recherche dans... ailleurs? Première question. Puis deuxième
question : Pourquoi vous allez me refuser un amendement, plus tard, où je vais
demander qu'il y ait un C.A. à l'OQLF?
M. Jolin-Barrette : Mais sur
la question du C.A. à l'OQLF, c'est parce que ça n'a pas une mission,
supposons, commerciale. Là, on a déjà des membres à l'office...
18 h 30 (version non révisée)
Mme David : ...c'est très
politique, très, très politique. En fait, vous ne dépolitisez pas du tout l'OQLF,
je dirais, vous le politisez.
M. Jolin-Barrette : Comme
ça?
Mme David : Parce que,
là, ça va bien. C'est vous qui êtes le ministre. Un jour, ça sera peut-être un
autre gouvernement, une autre approche. Mais parce que les membres sont nommés,
mais ils sont nommés parce qu'ils gravitent autour de la langue française, puis
ils peuvent rester là très, très longtemps, les membres aussi. Donc, ce n'est
pas des membres de C.A., ça. Ça n'a pas l'imputabilité d'un C.A. Puis 10, ce n'est
pas une entreprise. Un C.A., il y en a dans tous les organismes communautaires
et toutes les sociétés d'État qui sont sous le ministère de la Culture, que ça
soit la... J'en ai même créé un pour Bibliothèque et Archives nationales. J'ai
refait tout le C.A. pour des conservatoires, et ils ont tous des conseils d'administration
imputables. Mais là, l'OQLF n'a rien de ça.
M. Jolin-Barrette : Les
indicateurs... Mais l'OQLF, ce n'est pas une personne morale.
Mme David : Bien, c'est
quoi alors? C'est des énormes responsabilités, avec une présidente ou un
président nommé, pas nécessairement avec des descriptions qui... Il y a eu
toutes sortes de présidents de l'OQLF. Je ne dis pas qu'ils n'étaient pas bons,
mais ce n'est pas clair, là. Ce n'est pas clair. Puis vous donnez tellement de
pouvoir à l'OQLF que ça va prendre un méga gestionnaire, un méga chercheur.
Parce que, moi, je ne voudrais pas qu'un président de l'OQLF ne connaisse
absolument rien sur la recherche. Il va laisser faire son équipe puis il va...
Il va dire : Oui. Merci, bonjour.
M. Jolin-Barrette : Bien
non, parce que le commissaire est là pour regarder la recherche.
Mme David : Oui, mais ce
n'est pas nécessairement un chercheur, lui non plus, là.
M. Jolin-Barrette : Le
commissaire?
Mme David : Bien oui.
M. Jolin-Barrette : C'est
quelqu'un qui va être compétent. Bien, O.K., c'est en fonction de ce que l'Assemblée
nationale va désigner. Mais voyez vous, ce que vous me proposez aussi...
Supposons qu'on enverrait la recherche au commissaire, là. Qui va vérifier les
recherches du commissaire? Tu sais, supposons, là, qu'on nomme un commissaire,
là, qui a les deux pieds sur le pouffe, là, qui ne fait pas les recherches
comme il faut.
Mme David : O.K. Bien,
alors, pourquoi ça ne serait pas un C.A. qui vérifierait la qualité du travail
qui se fait et l'imputabilité que les gens font vraiment ce qu'ils ont à faire?
Pourquoi il y a des C.A. partout, mais il n'y en a pas à l'OQLF?
M. Jolin-Barrette : Bien,
ce n'est pas une personne morale. Puis on ne modifie pas... C'est un organisme
qui est collégial. Puis on ne modifie pas la structure de gouvernance l'OQLF.
Mme David : Oui, mais
moi, je trouve que c'est une occasion en or pour vérifier, puis vous poser la
question que vous avez vraiment pour les 50 prochaines années la structure
que vous voulez. Parce qu'elle est remise en question à chaque fois qu'il y a
des rapports demandés, que ça soit Gérald Larose, ou que ce soit Conrad
Ouellon, ou que ce soit d'autres, ils ont toujours dit : Attention! Ce n'est
pas sûr que c'est la gouvernance idéale. Je veux juste que vous soyez bien sûr
de votre coup parce que ça va être là pour de nombreuses années. Puis je trouve
qu'il n'y a pas beaucoup de chiens de garde à l'OQLF, puis que le ministre, il
est bien occupé, puis il ne peut pas savoir tout ce qui se passe en détail.
Puis s'il y avait un président du C.A., bien, il pourrait lui parler, puis s'assurer
que son organisme, parce que c'est l'organisme du ministre, fonctionne comme il
faut.
Là, vous avez une P.D.G. nommée par le
gouvernement, par le secrétaire... Secrétariat aux emplois supérieurs, si je ne
m'abuse. Puis c'est souvent quelqu'un qui est déjà dans la machine, donc, ou
fonctionnaire, ou... En tout cas, je trouve que vous donnez une énorme responsabilité.
Je vous soumets ça comme ça, mais je vous annonce que j'aurai... On pourra en
discuter plus loin parce que, là, ce n'est pas exactement ça. Là, vous donnez
les détails de ce que devrait contenir, dans le fond, le rapport. Et ça, je n'ai
pas... Je n'ai pas grand-chose à dire contre ça. Ce n'est pas sur ça, Mme la
Présidente, que sont mes inquiétudes.
La Présidente (Mme Guillemette) :
S'il n'y a pas d'autre commentaire sur l'amendement, M. le ministre, donc,
est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Adopté. Donc l'amendement étant adopté, nous retournons aux discussions, à
l'article 96 amendé. Est-ce qu'il y a des discussions sur l'article 96
amendé?
Mme David : Bien, si je peux,
je pense que je peux aller plus loin, hein, avec l'amendement du C.A. Il est
marqué 95, 159. Moi, je suis toujours mêlée, là, avec...
La Présidente (Mme Guillemette) :
On est dans l'article 96.
Mme David : 96.
Imaginez! Amendement C.A. Je suis même passé tout droit. Mais je pourrais
peut-être le mettre là quand même...
Mme David : ...mais comme
on a encore du temps, je peux vraiment continuer la discussion. Puis le
ministre me dira, puis on peut suspendre s'il veut, s'il est absolument sûr de
sa gouvernance ou s'il n'y a pas moyen de faire un petit tour de roue pour
l'améliorer encore. Parce que je vous dis, être P.D.G. de l'OQLF, ça va être
quasiment P.D.G. d'Hydro-Québec, là, c'est... pas avec le même salaire,
malheureusement, là. Mais c'est énormément de responsabilités. Cette
personne-là est nommée, je pense, même pas par le ministre ou, en tout cas, sur
recommandation du ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, c'est une nomination du Conseil des ministres. Donc, c'est un
titulaire d'un emploi supérieur. Et donc c'est vraiment la branche exécutive de
l'État.
Mme David : Oui, mais
moi aussi, j'ai été nommée par le secrétaire des emplois supérieurs quand
j'étais sous-ministre. Mais ce n'est pas la même chose, on n'est pas du tout,
quand on a cette fonction-là, un genre de P.D.G., là, qui doit rendre des
comptes à un conseil d'administration et qu'il y a des chiens de garde. Les
membres, là, c'est des membres de bonne volonté, là, qui vont là, là.
M. Jolin-Barrette : Bien,
c'est des membres indépendants également qui sont nommés, mais...
Mme David : Oui, mais
ils n'ont pas d'imputabilité de pouvoir. Dites-moi c'est quoi, les pouvoirs
qu'ils ont.
M. Jolin-Barrette : Mais
ce que je veux... Bien, l'assemblée, ils se réunissent plusieurs fois par année
comme l'équivalent d'un conseil d'administration...
Mme David : Sans
l'imputabilité du conseil. Demander à l'IGOPP c'est quoi, un C.A., là...
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais ce que je veux dire, vous savez, sur les conseils d'administration,
également, des sociétés d'État, les membres sont nommés par le Conseil des
ministres aussi.
• (18 h 40) •
Mme David : Oui, mais un
C.A., c'est un C.A., là, comme on dit. Un C.A., ça veut dire quelque chose, là.
C'est un conseil d'administration avec un président. Et, quand on nomme des
membres, on nomme des membres représentatifs. Puis là pour être
représentatif... Écoutez, c'est long faire... Ça n'a l'air de rien, mais un
projet de loi sur un C.A., là, ça peut prendre... Ça ne prend pas autant de
temps que maintenant, là, avec notre projet de loi, mais ça peut être... Chaque
membre, chaque siège... Puis probablement que bien du monde ici ont été membres
de conseils d'administration à différents moments. C'est surtout un C.A. qui
est voté par un gouvernement, chaque siège est étudié, représentant des
régions, représentant des communautés culturelles, représentant de la
communauté anglophone, représentant des jeunes. Moi, je le verrais déjà, votre
beau conseil d'administration, là, parce que j'ai vu c'était quoi, les membres.
Ça ne m'a pas impressionné beaucoup. Je ne dis pas que les membres n'étaient
pas intéressants, mais le pouvoir, c'était zéro puis une barre, là. Alors, il
n'y avait pas d'imputabilité.
Là, vous voulez leur laisser la recherche,
vous augmentez considérablement le rôle de l'OQLF dans la société, je dirais,
en général. Puis le ministre va être en ligne directe avec une P.D.G. qui est
comme une sous-ministre, dans le fond, sous-ministre adjointe. Moi, je trouve
que ce n'est pas refléter suffisamment le rôle et l'importance que vous donnez
à cet office-là, qui est, d'après moi, une des grandes appelées à être encore
plus que jamais une des grandes organisations de l'État, comme peuvent être, je
ne sais pas, moi, regardez, Bibliothèque et Archives nationales, c'en est une
société d'État.
En tout cas, je peux vous laisser
réfléchir, là, mais moi, j'ai compris avec les années à quel point la
gouvernance, des fois, définissait tout le reste. Parce que, quand il n'y a pas
de problème, il n'y a pas de problème, mais il peut arriver qu'un P.D.G. nommé,
ça ne soit pas au goût du ministre à un moment donné, là. Mais c'est le fun
avoir un conseil d'administration, des fois, qui peut surveiller un peu comment
les choses se passent.
M. Jolin-Barrette : Sauf
que, dans le cas d'un office, là, c'est un peu différent d'une société d'État,
supposons, parce que l'organisme est chargé de l'application de la loi. Dans le
fond, c'est comme si c'était un pouvoir délégué, comme l'Office des professions
l'est, comme l'Office de la langue française. Puis les membres ont un code de
déontologie également à respecter. Mais c'est l'OQLF qui fait le suivi auprès
des entreprises, l'OQLF surveille l'application de la loi, donc...
Mme David : Oui, c'est
le bras armé du ministère pour appliquer la loi. Mais, en plus, vous lui donnez
une fonction de recherche, une fonction énorme dans notre société, de faire des
rapports, de dire : Ça va bien, ça ne va pas bien. Vous rapatriez beaucoup
plus que le Conseil supérieur de la langue française faisait aussi avec ça.
Mme David : Mais ça, ça
s'en va beaucoup au Commissaire à la langue française, le rôle...
M. Jolin-Barrette : ...du
Conseil supérieur de la langue française, ça s'en va au commissaire, puis dans
le fond la recherche est pertinente aussi, parce que, exemple, tout à l'heure
on a adopté l'article sur les... Supposons, avec Francisation Québec, c'est l'office
qui détermine où Francisation Québec va offrir... puis c'est quoi, leur rayon
d'action. Mais le fait que la recherche soit à l'OQLF permet justement aussi de
cibler les différents secteurs.
Mme David : Oui, mais je
trouve que c'est faire deux fonctions où il pourrait tout à fait être au
commissaire ou être au moins dans une branche très séparée de l'OQLF, au pire,
là, et qu'il puisse s'inspirer, oui, des données, mais c'est...
M. Jolin-Barrette : Mais,
moi, là, j'aime vraiment mieux, là, séparer les rôles dans une perspective de
contrepoids pour être sûr, là, que le commissaire qui va être nommé aux deux
tiers, là, lui, là, c'est le chien de garde, là, puis lui, là, il a un gros
dentier, là, tu sais, comme: il va mordre les fesses du gouvernement ou de
l'OQLF pour être sûr que la situation de la langue française, là, l'état de la
situation linguistique soit suivi, que les actions soient prises; si les
budgets ne sont pas là, il va être critique; puis il va regarder la recherche
qui est faite à l'OQLF puis il va pouvoir critiquer la recherche, mais surtout
il va pouvoir établir les indicateurs sur lesquels doit se baser le rapport
aussi. Ça fait que c'est le regard externe.
Mme David : Bien, il est déjà
pas mal dans la loi... vos indicateurs, puis j'ai peur que ça soit un chien
avec un gros dentier, mais personne, pas de personnel, pas de pouvoir tant que
ça, parce que tout est à l'OQLF.
M. Jolin-Barrette : Ah! bien
non. Bien non, il a beaucoup de pouvoir, le commissaire.
Mme David : Le budget va être
quoi, de l'un comparé à l'autre? Moi, j'ai peur que le commissaire, il soit
tout seul dans son petit bureau, là. Il a beau être nommé par l'Assemblée
nationale, il se retourne puis il a quatre employés, comme le Conseil supérieur
de la langue française.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
savez-vous la beauté de la chose? C'est que le Commissaire à la langue
française, lui, il est désigné aux deux tiers à l'Assemblée nationale. Donc, ça
relève de tous les parlementaires...
Mme David : Non, mais s'il
n'a pas de moyens, s'il n'a personne?
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais c'est ce que je vous dis. Le budget, là, des personnes désignées, là, ça
passe au BAN, notamment.
Mme David : Oui, je veux bien,
mais l'OQLF va avoir des centaines de millions au budget, si ça continue, pour
appliquer tout ça, faire ses recherches, puis le commissaire va avoir 20 000 $?
M. Jolin-Barrette : Bien non!
Il faut, il faut que l'OQLF ait des moyens, puis c'est pour ça qu'on...
Mme David : Parce qu'il
applique la loi, mais il n'est pas obligé de faire de la recherche. Ça, ça veut
dire qu'il a des chercheurs, là, des démographes, des...
M. Jolin-Barrette : Oui.
Actuellement, il y a une équipe de sept personnes à l'OQLF, là, qui fait de la
recherche.
Mme David : Bien, il va
falloir... ça va en prendre bien plus que ça, puis bien plus de gens qui gèrent
la loi.
M. Jolin-Barrette : Mais, si
les ressources ne sont pas là, puis l'OQLF n'est pas capable de livrer, le
commissaire va être là pour dire à tout le monde: Eh! Le gouvernement qu'il y a
en place, pas notre gouvernement, mais un autre gouvernement qui ne donnerait
pas les ressources adéquates, le commissaire pourrait dire: Eh! J'attire
l'attention, il n'y a pas suffisamment de ressources à l'OQLF.
Mme David : Mais qui va
attirer l'attention sur le fait que le commissaire risque de ne pas avoir, lui,
assez de ressources lui-même?
M. Jolin-Barrette : Bien,
lui, il va le dire, lui, il est complètement indépendant. Il va lever la main
puis il va dire... Il va réunir les parlementaires, il va aller à la Commission
de l'administration publique puis il va dire: Là, écoutez, là... Ou il va
écrire au président, qui va déposer sa lettre en Chambre, pour dire: Moi, je
suis Commissaire à la langue française, là, je manque de moyens. Il est
complètement indépendant.
Mme David : Mais, moi, j'ai
l'impression que vous donnez tous les moyens à l'OQLF et tout le prestige au
commissaire.
M. Jolin-Barrette : Non, non,
inquiétez-vous pas...
Mme David : Puis ça va se
chicaner, ces deux affaires-là, là, quelque chose de rare.
M. Jolin-Barrette : Bien,
savez-vous quoi? C'est important que le commissaire ne soit pas le vassal de
l'OQLF, puis la structure du projet de loi fait en sorte justement que ce ne
soit pas le cas, puisque le commissaire, là, lui, il arrive, là, il débarque,
là, puis il peut demander des informations, il peut requérir toutes les
données, il peut aller voir ce qui se passe dans les ministères, dans les
organismes, il peut débarquer dans les municipalités. Il peut tout faire, le
commissaire.
Mme David : Oui, mais j'ai
l'impression qu'il va être un roi sans cour, sans personne, alors que l'OQLF va
être...
M. Jolin-Barrette :
Inquiétez-vous pas. Bien, ce n'est pas le rôle du commissaire d'être dans
l'opérationnalité des choses, comme l'OQLF. Le commissaire, lui, il est là, il
a une... C'est comme Wayne Gretzky, là. Il a une vue, là, panoramique de la
patinoire, là.
Mme David : Bien, vous dites:
Ce n'est pas le rôle de l'OQLF, qui va être, elle, dans... il, dans
l'opérationnalisation des choses, mais qui va être aussi dans la recherche.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
c'est une bonne chose que l'OQLF soit dans la recherche aussi, parce qu'ils
sont sur le pratico-pratique, sur le terrain. Ça fait que la...
Mme David : Bien, ils n'ont
pas le temps de faire de la recherche quand ils sont sur le terrain, là.
M. Jolin-Barrette : Bien oui!
Bien, parce qu'il n'y a pas trois personnes à l'OQLF, là, on les dote
adéquatement. Et il y a l'équipe de recherche, mais...
M. Jolin-Barrette : ...il y a
aussi, les équipes qui accompagnent les entreprises, il y a les équipes qui
sont en inspection et les équipes qui sont par rapport à la promotion de la
langue, il y a les équipes qui sont par rapport aux outils linguistiques. C'est
un tout, là, c'est une boîte, c'est plusieurs choses.
Mme David : C'est, d'après
moi, c'est, sincèrement, en tout respect, c'est une erreur historique que vous
répétez, comme d'autres gouvernements avant ont répété, mais là on l'ouvre plus
que jamais, cette loi-ci, plus que l'article... que la loi 104, là, qui faisait
quelques affaires à la marge, là. Mais... avez-vous parlé à Conrad Ouellon?
Avez-vous parlé à ces personnes qui ont eu le temps de réfléchir depuis des
années là-dessus, là?
M. Jolin-Barrette : Mais le
contre-argument à votre proposition, là, c'est si on envoyait la recherche, là,
au commissaire, qui va regarder la recherche?
Mme David : Bien, là, la
recherche, c'est supposé être avec des guides de recherche, là. Ce n'est pas ça
qu'il faut que le commissaire regarde. La recherche doit être bien faite, c'est
supposé... Qui surveille la VG?
M. Jolin-Barrette : Les
parlementaires.
Mme David : Bon, bien, qui va
surveiller le commissaire? Les parlementaires. Il va être nommé aux deux tiers.
Qui surveille la protectrice du citoyen? Pas mal les parlementaires.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Peut-être... Je veux bien le dire, là. Peut-être que le fait de confier au
commissaire la recherche et le sens critique ferait en sorte d'être pas
critique par rapport à sa propre recherche. Moi, je veux m'assurer, là, que le
commissaire, là, ne soit pas impliqué dans la production de savoirs rattachés à
ça sur lequel il se retrouverait dans une situation avec ses propres données où
est-ce que là il ne voudrait pas... vous comprenez, la distance puis le regard
externe est important. Tandis que lui, le commissaire, quand il va arriver,
puis supposons que la recherche n'est pas faite comme du monde, là, il ne sera
pas gêné de dire : Écoutez, là, vos indicateurs, je vous avais dit de
prendre ça, vous n'avez pas pris ça, mais il est obligé de l'apprendre en vertu
de l'alinéa 3, là, mais comme... vous n'avez pas eu un assez grand
échantillonnage, vous n'avez pas été voir ça, vous n'avez pas été voir ça. Puis
moi, je dis : Ce n'est pas comme ça, refaites-moi vos devoirs. Je veux que
le commissaire ait la possibilité de, justement, de critiquer la recherche
aussi. Écoutez, des fois, là, on se retrouve avec des recherches, là, c'est
so-so. Bien, il faut avoir quelqu'un de neutre, d'indépendant, qui va dire :
Ça, c'est bon, ça, ce n'est pas bon. La méthodologie était bonne, la
méthodologie n'était pas bonne, parce qu'avec les rapports qu'on a eus, de
l'OQLF, dans certaines circonstances, il n'y avait pas grand monde qui les
regardait, puis qui faisait ça. Là, on vient dresser la liste des indicateurs,
plus... bien, en fait, c'est l'objet de l'amendement, là, la liste des
indicateurs que nous avons, puis après...
• (18 h 50) •
Mme David : Mais qui nous
garantit que cette recherche-là va être de niveau universitaire, comme sont
venus d'ailleurs les démographes nous parler, il y a eu Sabourin, Marc Voyer,
Charles Castonguay. Il y en a eu plusieurs qui sont venus nous dire : Ça
prend une compétence extraordinaire pour faire de la recherche sociolinguistique
et non seulement on ne met pas ça dans une université, dans un centre de
recherche, qui a ses critères d'engagement de chercheurs. Là, ce n'est pas des
chercheurs de calibre international nécessairement, là, que vous allez
demander, parce que ce n'est pas un centre de recherche en bonne et due forme,
avec revue par des pairs, p-a-i-r-s, avec des publications scientifiques. Ce
n'est pas ça du tout, du tout, là. C'est un centre qui gère une loi, mais qui
devrait faire de la recherche de niveau... d'un calibre extrêmement élevé puis
qui souvent sous contracte d'ailleurs à des universités, puis à des chercheurs
universitaires, hein, l'OQLF. Ils sous-contractent souvent de la recherche. Le
Conseil supérieur de la langue française fait la même chose. Mais moi, là, je
me dis : Tout ce monde-là n'a aucun chien de garde, n'a pas de conseil
d'administration. La PDG ou le PDG de l'OQLF, c'est quoi les critères pour être
nommé, est-ce qu'il faut qu'ils soient avec un PhD? Est ce qu'il faut qu'ils
sachent faire de la recherche? Est-ce que... ça m'inquiète, la gouvernance,
beaucoup, beaucoup.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends. Mais non, ça n'a pas besoin d'être un titulaire d'un doctorat. Le
président de l'Office doit être un gestionnaire qui est capable de faire fonctionner
notamment la mission de l'organisme, de l'application de la loi.
Mme David : Voilà, c'est ça.
C'est ça.
M. Jolin-Barrette : Mais à
travers ça, il y a également un volet recherche au sein de son institution.
Mme David : Oui, mais diriger
un centre de recherche, savez-vous ce que c'est...
Mme David : ...c'est du monde
ultra élevé. Quand tu signes directeur du centre de recherche, c'est que,
toi-même, tu as publié, tu t'y connais.
M. Jolin-Barrette : Je comprends,
mais ce qui est surtout important aussi dans la recherche qu'on veut, là, on
veut de la recherche avec les indicateurs linguistiques, puis c'est pour ça
qu'on les met dans la loi, là, très clairs, là, pour dire, là, big, bang, boum,
là, voici les indicateurs sur lesquels on veut que vous fassiez de la
recherche. Puis en plus, au-delà de ces indicateurs-là, vous allez devoir vous
asseoir avec le commissaire à la langue française qui va valider vos autres
indicateurs de recherche.
Mme David : Oui, mais
indicateurs de recherche, en tout respect, là, ce n'est pas parce que tu as 1,
2, 3, 4, 5, 6, 7, là, que tu sais comment faire de la recherche, là. Ce n'est
pas vrai, là, ça ne marche pas de même. Faire de la recherche, là, ce n'est pas
juste ramasser des données, c'est les analyser, réfléchir, les faire travailler
avec d'autres données. Ça, ça s'appelle des chercheurs, puis des chercheurs,
bien si tu es... Vous avez connu le CRDP, vous avez connu d'autres centres de
recherche, bien, tu as un gestionnaire de centres de recherche quand tu as
beaucoup de fonds de recherche à gérer, mais tu as un directeur scientifique.
Qui et comment sera nommé, si tant est que vous en ayez un qui a une définition
de tâches comme ça, le ou la directrice scientifique de ce centre-là. Le volet
recherche m'inquiète beaucoup. Parce que pour être à la hauteur de vos attentes
et des attentes de la population par rapport à ce projet de loi là, il va
falloir vraiment que la recherche soit de très haut niveau puis de calibre
mondial. Parce que, pour moi, là, le directeur de cette équipe de recherche,
appelons ça centre de recherche, va se promener à travers le monde pour parler
de comment ça fonctionne au Québec, l'état de la langue française, comment
fonctionne le... Il y a des revues scientifiques pour ça. Demandez à tous ceux
qui sont venus nous voir en commission parlementaire, là. Il y a plein de
chercheurs qui sont venus nous voir.
M. Jolin-Barrette : Mais
déjà, vous avez le comité de suivi de la recherche, qui est composé de cinq
personnes à l'office. Puis actuellement, c'est présidé par Alain Bélanger,
depuis le 29 janvier 2020, qui est professeur agrégé au Centre Urbanisation
Culture Société de l'Institut national de la recherche scientifique. Alors,
c'est quelqu'un qui est compétent.
Mme David : Mais je le sais
qu'il y a du monde de grande valeur. Monique Cormier a été là très longtemps...
qui est une grande, grande, grande linguiste.
M. Jolin-Barrette : Qui a
travaillé avec vous.
Mme David : Absolument, puis
avec qui j'ai créé le Centre de valorisation de la langue française à
l'Université de Montréal. Mais ce sont des gens qui font ça en extra de leurs
fonctions de chercheurs universitaires. Alors, je ne sais pas, moi, j'ai plus
d'ambition, je pense, pour le volet recherche que ce qu'on fait là. Et je
trouve que ça manque un peu de substance pour le mettre au diapason des
meilleures recherches mondiales.
Maintenant, je n'ai pas nécessairement la
recette magique, mais je trouve que ça manque de gouvernance puis ça manque...
Admettons qu'il n'est pas au commissaire, admettons qu'on le laisse à l'OQLF,
vous ne voyez pas du tout, du tout, du tout la composition, l'organisation de
l'OQLF, mais vous rajoutez beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses dans la loi à
surveiller. Alors, j'aimerais ça... puis ce n'est peut-être pas l'objectif de
cette loi-ci, mais si ce n'est pas ici, je ne sais pas où ça va être, de nous
définir un OQLF de calibre mondial, je dirais.
M. Jolin-Barrette : Mais,
voyez-vous, déjà, actuellement, quatre des sept chercheurs qui sont
présentement à l'OQLF ont des doctorats, les autres ont des maîtrises.
Mme David : Oui, oui, mais ce
n'est pas un centre de recherche, là, il faut le rendre vraiment...
M. Jolin-Barrette : Non, non,
mais je comprends, mais ce n'est pas la même chose qu'un centre de recherche
non plus. Ils produisent la recherche, mais ils peuvent confier également, vous
l'avez dit parfois, à des chercheurs universitaires aussi, également.
Mme David : Oui, mais ils
sont comme sept personnes, quatre PhD, d'autres qui ont des maîtrises, mais qui
ne sont pas dans un univers de recherche avec un P.D.G. qui est un chercheur
qui est...
M. Jolin-Barrette : Mais ça,
je comprends. Mais au-delà, là, de la recherche, là, pure, là, je comprends ça,
mais il y a l'aspect aussi opérationnel. Il faut qu'il soit connecté aussi avec
les informations, les intrants de l'OQLF. Ça va permettre aussi d'alimenter les
recherches.
Mme David : Ça, je le sais.
C'est comme... Un centre de recherche à Sainte-Justine, par exemple, il y a un
immense centre de recherche, bien, c'est évident qu'ils prennent des patients
sur place et c'est ça qui les alimente. Si tu fais de la recherche sur le
diabète infantile, bien, tu es bien content d'être dans un hôpital pour pouvoir
avoir des patients qui sont là. Mais pour être directeur de ce centre de
recherche, il y a toujours une affiliation universitaire, il y a toujours...
Regardez tous les professeurs en santé publique, c'est souvent travail...
Mme David : ...il travaille
au Jewish, mais il est professeur titulaire, probablement, quelque chose comme
ça, à l'Université McGill et de Montréal. Alors, il y a quelque chose.
Peut-être que j'ai trop d'ambition pour la vision de la recherche à l'OQLF.
Mais avec ce que je vois que vous me dites, vous me renforcez dans mon idée
qu'on peut voir peut-être plus grand. Puis ce n'est peut-être pas le lieu, à
travers cet article-là, mais, en tout cas, si vous avez des inspirations, comme
vous en avez des fois le soir, vous pouvez revenir avec des propositions. Mais
j'aimerais ça qu'on s'assure que l'OQLF ait ce qu'il faut pour faire de la
qualité de recherche de niveau très, très, très élevé, et que les gens viennent
de l'étranger pour voir qu'est-ce qu'ils viennent faire, la Belgique, la
France, les pays de l'Afrique francophone. Qu'on soit un modèle de recherche
sur la langue française. Je ne pensais pas aller aussi loin, là, mais je...
Excusez ma passion, Mme la Présidente, mais...
La Présidente (Mme Guillemette) :
C'était très intéressant.
Mme David : ...je trouve que
ça nous permet vraiment... C'est le seul moment où on peut parler de tout ça.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci pour cette passion, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys. D'autres
commentaires sur l'article 96 amendé?
M. Jolin-Barrette : On a
adopté l'amendement?
La Présidente (Mme Guillemette) :
On a adopté l'amendement, oui. Donc, s'il n'y a pas d'autre commentaire,
nous allons passer à la mise aux voix de l'article 96 amendé. Est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. L'article 96 amendé étant adopté, nous passons à l'article 97. M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«L'article 161 de cette charte est modifié:
1° par la suppression, dans le premier
alinéa, de «l'administration et»
2° par le remplacement du deuxième alinéa
par le suivant:
Il collabore avec le ministre dans le soutien
et l'accompagnement que celui-ci fournit aux ministères, aux organismes
gouvernementaux ou aux organismes municipaux, lesquels s'appliquent la
politique linguistique de l'État dans l'exécution des obligations qui leur
incombent en vertu de la présente loi.»
Commentaire. À l'instar de l'article 95 du
projet de loi, l'article 97 modifie l'article 161 de la Charte de la langue
française par concordance avec les modifications apportées aux chapitres 4 et 5
du titre 2 de la Charte par les articles 73 à 93 du projet de loi et avec les
fonctions conférées au ministre de la Langue française et au Commissaire à la
langue française.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires sur cet article? Pas de commentaire, donc je vais
mettre aux voix l'article 97. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'article 97 étant adopté, M. le ministre, présentez-nous l'article 161.1
introduit par l'article 98.
M. Jolin-Barrette : Oui.
«L'office aide à définir et à élaborer les programmes de francisation et de
conformité prévus par la présente loi et en surveille l'application. L'office
produit au ministère, tous les deux ans, un rapport concernant l'évolution des
programmes visés au premier alinéa. Le ministre dépose le rapport de l'office à
l'Assemblée nationale dans les 30 jours de sa réception ou, si elle ne siège
pas, dans les 15 jours suivant la reprise de ses travaux.»
Commentaire. L'article 161.1 de la Charte
de la langue française que propose l'article 98 du projet de loi complète les
modifications apportées par le projet de loi aux dispositions des chapitres 4
et 5 du titre 2 et prévoit que l'office aide à élaborer les programmes de
conformité et de francisation qui y sont prévus. De plus, l'article 161.1
prévoit la reddition de comptes à laquelle l'office est tenu à l'égard de ces
programmes, de même que le dépôt à l'Assemblée nationale du rapport produit par
l'office.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires sur l'article 161.1?
Mme David : Bien, je vais
juste dire quelque chose qui va prévenir, c'est qu'on va retrouver notre
discussion, pour que le ministre se prépare, à l'article 165, sur la
composition de l'office. Et quand on va retrouver qu'à l'expiration du mandat
les membres non permanents demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient
remplacés, je ne peux pas croire qu'on vive encore avec ça. J'avais trouvé des gens
qui étaient non remplacés depuis des années et des années, puis ils étaient
toujours là, puis ils étaient toujours là, puis... En tout cas. Alors, je vous
le dis, c'est là qu'on pourrait avoir une prise pour réfléchir à notre office
de classe mondiale. Mais je n'ai pas de commentaire pour le 161, ceci dit.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Donc, d'autres commentaires sur l'article
98? S'il n'y a pas d'autre commentaire, je mets l'article aux voix. C'est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Donc, l'article étant adopté, M. le ministre, l'article 99, svp.
M. Jolin-Barrette : «L'article
163 de cette charte est modifié:
1° par l'insertion après «établi» de «en
collaboration avec le commissaire à la langue française»;
2° par le remplacement de «nécessaire» par
«sur les droits, les politiques et la démographie linguistique ainsi que sur
les autres matières dont la connaissance est nécessaire».»
Commentaire. L'article 99 du projet de loi
propose de modifier l'article 163 de la Charte de la langue française afin d'y
préciser, d'une part, les matières sur lesquelles portent les programmes de
recherche que l'office doit établir et, d'autre part, qu'il doit établir en
collaboration avec le Commissaire à la langue française.
Les dispositions du paragraphe 1 de
l'article 99 entreront en vigueur à la date à laquelle entre en fonction le
premier Commissaire à la langue française, ainsi que le prévoit le paragraphe 7
de l'article 201.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires sur cet article? Mme la députée.
• (19 heures) •
Mme David : Vous savez ce que
j'avais mis dans ma toute première...
19 h (version non révisée)
Mme David : ...en mai
2021, ça va faire un an bientôt, à ma première lecture de l'article 163,
j'avais mis : Bonne chance. "L'office établit, en collaboration avec
le Ministère de la langue française..." Bon. Et ça continue. Là, on lisait
le 163.1 ou le 163? On lisait le 163, hein, c'est ça?
M. Jolin-Barrette :
...163.
Mme David : Et donc j'avais
mis "bonne chance" pourquoi? Parce que j'imagine que déjà il va y
avoir des chicanes de clôture là-dedans, là, et de rôles de chacun, donc...
Parce que "l'office établit le programme de recherche en collaboration
avec le Ministère de la langue française - ça, c'est un mariage qui peut très
mal tourner - sur les droits, les politiques, la démographie linguistique ainsi
que sur les autres matières dont la connaissance est nécessaire à l'application
de la présente loi. Il peut effectuer ou faire effectuer les études prévues par
ces programmes." Encore une fois, l'office rend... À qui il rend des
comptes sur ce programme de recherche? Il n'y a même pas de C.A. une fois par
année pour dire : Voici, on va faire telle recherche, telle recherche,
telle recherche, c'est... Ils restent entre eux. Ils restent entre eux, et ça
m'inquiète vraiment beaucoup parce que, dans ça, on va voir plus loin, à 165,
qu'il y a huit membres, un P.D.G., six personnes pour un mandat d'au plus cinq
ans puis le sous-ministre de la Langue française, qui, habituellement, est un
haut fonctionnaire, mais qui n'est pas nécessairement un spécialiste là-dedans.
Et : "À l'expiration de leur mandat, les membres non permanents
demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils soient remplacés ou nommés de nouveau."
Ça, ça n'a pas de bon sens. Ça, moi, je... C'est complètement fou, mais ce
n'est pas seulement à l'OQLF, hein, c'était comme ça pour plein de C.A. Donc,
c'est un C.A. sans en être un.
Puis, à 163, je trouve, encore une fois,
qu'on n'a pas de... il n'y a personne qui met son imprimatur, puis ça m'étonne
parce le ministre, il le met pas mal partout, mais là il n'est même pas là, le
ministre, pour savoir sur quoi les programmes de recherche vont avoir lieu et
quand est-ce qu'on va faire faire des recherches à l'externe, qui va choisir.
Je trouve qu'il manque un chien de garde. Il manque un chien de garde. Puis ça
ne sera pas le commissaire à la langue française parce que ça, c'est de la
collaboration. C'est l'office qui va s'autojuger sur tout ce qu'il fait,
comment il prend son argent, comment il dépense avec qui, puis sans qu'il y ait
de...
M. Jolin-Barrette : ...pour
s'assurer que les programmes de recherche, ils sont... en collaboration, ça
fait que c'est un dialogue...
Mme David : L'office ne
demandera pas la permission au commissaire de... comment on dit ça... de
déléguer une recherche à une université, comme l'Université de Laval, disons,
pour faire une recherche sur telle ou telle chose. Le commissaire n'a pas un
mot à dire là-dessus, j'en suis certaine. C'est l'office qui décide entre eux,
ils sont huit, puis les six personnes se connaissent, puis quand ça fait 20 ans
qu'ils sont là, ils se connaissent pas mal, puis ils se décident ça entre eux.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien là, ça, c'est la responsabilité au ministre de renouveler son C.A.
Mme David : Vous avez
bien raison. Mais allez vérifier, là. J'espère que ça a été renouvelé, là.
Mais...
M. Jolin-Barrette :
Celui-ci, oui. Mais c'est le rôle, également, des collègues des oppositions de
poser des questions pour dire : Comment ça se fait que telle personne est
là depuis 15 ans.
Mme David : ...belle
étude de crédits qui s'en vient. Mais, indépendamment de ça, là, je trouve que
ça manque de gouvernance digne de 2022. Mais j'aurai noté et je dirai qu'à 463,
Mme la Présidente, je pense qu'il y aura des tests de personnalité qui devront
être faits et de compatibilité entre le P.D.G. de l'office et le commissaire à
la langue française, parce que, s'ils ne s'entendent pas, ça ne va pas bien
aller.
M. Jolin-Barrette : ...il
va y avoir un dialogue. Puis, vous savez, l'importance d'impliquer le
commissaire, c'est que, dans votre scénario, là, supposons qu'ils ne
s'entendent pas, bien, le commissaire va pouvoir saisir la population en entier
et les députés dans son rapport pour dire : Écoutez, ça, ça, ça ne
fonctionne pas. Savez-vous ce qui va arriver? Ça va être le ministre qui va
devoir répondre. Puis le ministre, lui, il va s'assurer de dire : Aïe!
Comment ça, ça ne marche pas? Comment ça que je n'ai pas le bon résultat?
Mme David : Mais
surveillez bien ce que le P.D.G. de l'OQLF va vous dire... Bien, M. le
ministre, on a fait ça en collaboration. Il était d'accord qu'on aille faire
ces recherches-là.
M. Jolin-Barrette : Bien
non...
Mme David : On est
obligés par la loi de collaborer. Pourquoi maintenant il me tape dessus? Ou de
quel droit me tape-t-il dessus si on a collaboré ensemble en amont?
M. Jolin-Barrette : De
toute son indépendance.
Mme David : Bien oui,
mais... D'habitude, un juge, ça ne va pas dîner avec l'avocat, puis de
collaborer, puis on va collaborer, puis, tout à coup, pouf! il faut qu'il dise :
Non, vous avez tort, je ne sais pas quoi, mon jugement s'en va vers...
Mme David : ...la victime
plutôt que le... je ne sais pas.
M. Jolin-Barrette : Mais je
vais vous confier quelque chose. Moi, je ne suis jamais invité à dîner par les
juges.
Mme David : Bien, ça, on ne
s'étonnera pas trop, trop, mais ce n'est pas de ça que je veux dire, mais
l'indépendance...
M. Jolin-Barrette : On ne
s'étendra pas trop tôt ou on ne s'étonnera pas trop tôt?
Mme David : On... les deux.
Mais c'est parce qu'à la fois, vous dites une chose et son contraire. Le
commissaire, il est indépendant. Il peut taper sur les doigts de l'Office, mais
en même temps, on voit là : l'Office établi en collaboration avec le
commissaire à la langue française les programmes de... Donc...
M. Jolin-Barrette : Mais
voyez-le comme...
Mme David : Il faut qu'il
collabore, puis il faut qu'il juge en même temps.
M. Jolin-Barrette : Oui, mais
voyez-le comme un sain dialogue entre deux institutions, un peu comme
l'exécutif avec le judiciaire ou le législatif avec le judiciaire. Chacun dans
sa sphère de compétence agit, mais il existe des dialogues inter institutions
au bénéfice de l'intérêt supérieur de la nation.
Mme David : Oui, mais vous le
savez, puis ce n'est pas à vous que je vais dire, à un moment donné quelqu'un
met son pied à terre puis dit : C'est moi le boss. Puis ça, c'est le commissaire
dans ce cas-ci.
M. Jolin-Barrette : Dans ce
cas-ci, c'est le commissaire.
Mme David : Puis il est nommé
aux deux tiers par l'Assemblée nationale.
M. Jolin-Barrette : C'est ça.
Mme David : Puis s'il a été
très collaboratif au début en disant : Oui, oui, c'est correct. Vas-y...
Mais là, à un moment donné, pouf, bien...
M. Jolin-Barrette : Bien, il
conserve son sens critique.
• (19 h 10) •
Mme David : Bien... vous avez
des réponses qui ne me convainquent pas tout à fait. Je pense que dans votre
conception commissaire, office, ministre aussi, il y a tout ça, il y a un
problème de... enfin, moi, j'aurai exprimé, Mme la Présidente, de sérieuses
craintes de gouvernance. Mais, moi, je n'y croyais pas au début de ma carrière,
c'est quoi la gouvernance, c'est quoi ça puis... l'IGOPP et puis les
formations qu'on avait dans les conseils d'administration, c'est quoi la bonne
gouvernance? Puis il faut un comité des ressources humaines, des ressources
matérielles. Il faut ci, il faut ça. Mais plus j'ai eu des problèmes dans des
institutions, plus j'ai vu que quand la gouvernance ne marche pas, il n'y a
rien qui marche. Alors là, je... on l'aura dit en amont. Maintenant, si vous
vous êtes sûr de votre coup, c'est votre projet de loi. Mais c'est un temps
sacré, parfait pour décider d'avoir la meilleure gouvernance possible. Si vous
en êtes convaincu, je ne vous convaincrai pas plus. Mais j'espère que vous avez
eu l'occasion de parler aux meilleurs experts en gouvernance et que vous avez
lu tous les rapports qui ont été écrits sur les liens entre l'OQLF et le
Conseil supérieur de l'éducation, et de la langue française et un commissaire,
parce que ce n'est pas une nouvelle idée de mettre un commissaire. Mais si je
ne convins pas le ministère, bien, je regarderai ça de loin un jour puis je
dirai : Ah, ça ne va pas si bien que ça. Mais que voulez-vous? On fait
notre possible, hein. Voilà.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Donc, est ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'article 99? Donc, je vais mettre aux voix l'article 99. Est-ce
qu'il est adopté?
M. Jolin-Barrette : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
L'article 99 étant adopté, M. le ministre, on passe à l'article 100.
M. Jolin-Barrette : «Cette
charte est modifiée par l'insertion, après l'article 163, du
suivant : 163.1 L'Office, de sa propre initiative ou à la demande du
commissaire à la langue française, produit à ce dernier tout rapport portant
sur une question linguistique pertinente à l'accomplissement des objectifs et
des obligations prévues par la présente loi.»
Commentaire : L'article 163.1 de
la Charte de la langue française que propose l'article 100 du projet de
loi prévoit que l'Office produit des rapports au commissaire à la langue
française, selon qu'il le demande ou que l'Office le juge opportun. Ces
rapports doivent porter sur une question linguistique pertinente à
l'accomplissement des objectifs et des obligations prévues par la Charte de la
langue française.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, M. le ministre. Les commentaires?
Mme David : Je voudrais juste
comprendre «produit à ce dernier.» Le dernier, c'est le commissaire.
M. Jolin-Barrette : Le
commissaire. Oui.
Mme David : Bon, bien, ça ne
se dit pas «produit à ce dernier.» On ne produit pas à un commissaire.
M. Jolin-Barrette : On
produit le rapport.
Mme David : Je ne produis pas
à un commissaire.
M. Jolin-Barrette : «L'Office,
de sa propre initiative ou à la demande du commissaire à la langue française,
produit à ce dernier...» Ce dernier étant le commissaire.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Mais je le sais, mais ce n'est pas du bon français. On ne produit pas à un
monsieur un rapport.
M. Jolin-Barrette : Bien, ou
c'est peut-être une madame.
Mme David : Ou une madame. On
ne produit pas à quelqu'un. Je veux dire, ce n'est pas français de dire :
produire à quelqu'un un rapport. On produit pour quelqu'un. Je vais vous
produire, M. le ministre, un rapport parce que vous m'avez demandé. Je ne vais
pas vous dire : Je vous produis à M. le ministre un rapport. Alors, ça, c'est
ma petite... mon petit commentaire linguistique de 7 heures 12,
19 heures 12. Ça, moi, je ne ferai quand même pas d'amendement, mais...
parce que je trouve, qu'en général, le projet est bien écrit. Pas de fautes
d'orthographe dans les cahiers de commentaires et tout ça, c'est très rare.
Mais produit...
Mme David : ...ce dernier...
dépose à ce dernier tout rapport. Bon, oublions ça, là, l'office de sa... «Ou à
la demande du commissaire.» On est toujours dans la même... le jeu de danse
attraction-répulsion, là, l'office qui... «Ou à la demande du commissaire».
Alors, vous me l'avez dit tout à l'heure, ça ne peut pas être plus clair, le
commissaire peut demander des recherches. Donc, il peut dire : Dans ton
équipe de recherche, je veux une recherche sur telle ou telle chose.
M. Jolin-Barrette : Effectivement.
Mme David : Alors, c'est un
mariage qui... disons, qui m'inquiète au plus haut point. Mais, c'est ça, vous
avez peut-être le temps d'y penser jusqu'à tant qu'on arrive à 165.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Donc, pas d'autre commentaire? Est-ce que l'article 100 est
adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Guillemette) :
M. le ministre, l'article 101.
M. Jolin-Barrette : Oui :
L'article 165 de cette charte est modifié par le remplacement, dans le
troisième alinéa, de «associé responsable de l'application de la politique
linguistique» par «de la langue française».
Commentaire : L'article 101 du
projet de loi modifie l'article 165 de la Charte de la langue française
par concordance avec l'introduction de l'article 156.9 de la charte par
l'article 94 du projet loi qui prévoit la nomination du sous-ministre de
la langue française.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci. Des commentaires?
Mme David : ...se laisser
là-dessus dans 40 secondes. Puis je vais prendre les 40 secondes pour
dire qu'effectivement, souvent, on trouve qu'il y a beaucoup, beaucoup,
beaucoup de nouvelles choses dans le projet de loi, mais malheureusement, à
l'article 165 actuel, bien, il n'y a rien, rien, rien de changé. L'office
est composé de huit membres, le gouvernement y nomme un P.D.G. pour un mandat,
c'est le gouvernement, six personnes. On ne dit pas quoi, on ne dit pas qui, on
ne dit les les compétences. Puis il y a un sous-ministre la langue française
qui y siège à titre permanent sans droit de vote. Puis, à leur expiration, bon,
ils demeurent en fonction. Moi, je trouve que, franchement, là, on pourrait
moderniser un peu l'article 165.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Et merci...
Mme David : Je finis
là-dessus.
La Présidente (Mme Guillemette) :
Merci, Mme la députée. Je vous remercie tous pour votre excellente
collaboration.
Et, compte tenu de l'heure, la commission,
ajourne ses travaux au mercredi 30 mars, à 8 heures, où elle se
réunira en séance de travail. Merci, tout le monde. Bonne soirée!
(Fin de la séance à 19 h 15)