Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
jeudi 23 janvier 2020
-
Vol. 45 N° 61
Étude détaillée du projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante minutes)
Le Président (M. Birnbaum) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Bon matin, tout le monde. Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
On se rappelle du mandat de la commission,
qui est de se réunir afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique
relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Émond (Richelieu) est remplacé par Mme Blais (Abitibi-Ouest);
Mme Guillemette (Roberval), par Mme Picard (Soulanges); M. Lemieux
(Saint-Jean), par Mme Chassé (Châteauguay); M. Poulin (Beauce-Sud),
par M. Tremblay (Dubuc); et M. Skeete (Sainte-Rose), par Mme Hébert
(Saint-François); Mme Thériault (Anjou―Louis-Riel),
par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee).
Le Président (M. Birnbaum) : Merci
beaucoup, Mme la secrétaire. Lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous en
étions à l'étude de l'article 35 du projet de loi. Je crois comprendre qu'il
y a un amendement proposé par le ministre qui ... circulé. M. le ministre, pour
l'étude de l'amendement, s'il vous plaît.
M. Roberge : Merci, M. le
Président. Juste prendre une seconde, moi aussi, pour saluer les collègues et
remercier les collègues aussi de la partie gouvernementale qui sont présents.
Je n'ai pas eu le temps de saluer tout le monde ce matin, on était en
rencontre. Donc, merci à tout le monde d'être présent et présente et de
travailler avec nous à ce projet de loi là.
Donc, M. le Président, comme il s'agit
de... Donc, c'est un amendement qui vise le remplacement de l'article 35
et qui fait suite au débat d'hier. Donc, tout le monde l'a reçu?
Une voix
: Oui.
M. Roberge : Je veux
juste être certain. Donc, je vais donc en faire la lecture : Remplacer l'article 35
du projet de loi par le suivant : 35. Les articles 96.17 et
96.18 de cette loi sont modifiés :
1° Par le remplacement de «sur demande
motivée» par «avec le consentement»; et
2° par l'insertion, après «parents» de
«après consultation de l'enseignant».
Donc, je pourrais lire
l'article 96.17, tel qu'il se lirait avec la modification ici. Donc :
«96.17. Le directeur de l'école peut exceptionnellement, dans l'intérêt d'un
enfant qui n'a pas atteint les objectifs de l'éducation préscolaire, avec le
consentement de ses parents, après consultation de l'enseignant et selon les
modalités déterminées par les règlements du ministre, admettre cet enfant à
l'éducation préscolaire pour l'année scolaire où il serait admissible à
l'enseignement primaire s'il existe des motifs raisonnables de croire que cette
mesure est nécessaire pour faciliter son cheminement scolaire.»
96.18, c'est la même chose, mais là on est
plutôt... préscolaire et le primaire, on est entre le primaire et le
secondaire.
Donc, l'essence, après avoir, dans le
projet de loi n° 40, au départ, ajouté la nécessaire consultation de
l'enseignant, qui n'était pas là, eh bien, là, on vient modifier quelque chose.
Avant, il fallait dire que c'était sur demande des parents, ce qui donnait une
espèce de caractère... une espèce de droit de veto aux parents. Ça doit passer
par une demande des parents, c'est ce qu'on avait. On maintient l'importance
des parents parce que maintenant on dit «avec le consentement des parents»,
donc les parents doivent être d'accord, puis on en a discuté hier. Mais, en
changeant le mot «sur demande» par «avec le consentement», on vient permettre à
d'autres personnes de formuler cette demande. Donc, ça pourrait être la
direction qui dit... De formuler cette suggestion, cette recommandation, ça
pourrait être la direction qui dirait : Bien, on pense que ce serait une
bonne chose. Ça pourrait être l'enseignant qui dirait : On pense que ce
serait une bonne chose, etc. Il y a toujours le consentement nécessaire des
parents. Mais, bon, bref, je pense, ça reflète bien la teneur de nos
discussions d'hier.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, M. le ministre. Des interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bonjour, M.
le Président. Bonjour, tout le monde. Merci. Oui, effectivement, ça reflète nos
discussions d'hier. Donc, on voit que la demande ne doit pas nécessairement
être initiée par le parent, mais qu'effectivement tant la direction de l'école
que l'équipe-école, et même n'importe qui, au fond, pourrait initier une telle
demande, mais qu'effectivement le parent demeure celui qui peut consentir.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci. D'autres interventions? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Effectivement, l'amendement reflète ce qu'on proposait, non seulement la
direction et l'enseignant, mais aussi d'autres professionnels qui travaillent
auprès de l'enfant pourraient initier une demande comme ça, toujours dans le
respect du consentement du parent. Je pense que ça répond vraiment bien aux
attentes qu'on avait formulées hier. Donc, je vais appuyer cet amendement-là.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci. D'autres interventions? S'il n'y en a pas, nous allons procéder à la
mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 35 est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Birnbaum) :
Adopté. Merci. Donc, on retourne...
Une voix
: …aux attentes
qu'on avait formulées hier. Donc, je vais appuyer cet amendement-là.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci. D'autres interventions? S'il n'y en a pas, nous allons procéder à la mise
aux voix. Est-ce que l'amendement, à l'article 35, est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci. Donc, on retourne à l'article 35. Y a-t-il des interventions sur l'article?
S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce
que l'article 35, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix
: Adopté.
Le Président (M. Birnbaum) : Adopté.
Merci. Si j'ai bien compris, selon notre feuille de route consensuelle, nous
sommes rendus au bloc de Consultations de l'enseignant concernant… Ah non! Je
m'excuse, au bloc Formation continue obligatoire, et nous sommes rendus donc à
l'article 4.2 et l'amendement sur 4.2. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Donc, toujours, comme vous l'avez dit dans le bloc sur les
enseignants, mais maintenant dans la section formation continue, tout le monde…
je laisse une minute à tout le monde pour retrouver cet amendement-là. Si on ne
l'a pas, à la limite, on pourra en faire des photocopies, puis je ne sais pas s'il
y a des gens… ça a déjà tout été déposé, les gens les ont reçus, mais, comme ça
fait quelques jours, juste si quelqu'un signale… il y a des gens qui signalent
qu'ils aimeraient en avoir des copies. On peut peut-être suspendre juste une
minute pour s'assurer que tout le monde présent, autour de la table, a la
copie, par respect pour les gens autour de la table.
Le Président (M. Birnbaum) :
Avant de suspendre, si je peux, M. le ministre, on va reconnaître la députée de
Saint-Laurent. Mme la députée.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. J'avais déjà signalé, lorsque nous avons reçu en liasse tous les amendements,
que j'avais une motion que je préservais pour le bloc Formation continue
obligatoire, qui concerne les articles 4.2, article 133, article 35.1, article
250.1. Bien que nous n'avons pas lu les amendements de façon officielle, nous
les avons bien reçus, je les ai regardés. Et c'est pour toute la première fois
que nous apprenons qu'il y a, en quelque sorte ici une formation obligatoire de
30 heures sur deux ans, l'équivalent d'un ordre professionnel qui est établi.
Et, Mme la Présidente, j'ai…
Le Président (M. Birnbaum) :
Avant de continuer, ce que je propose, c'est de demander le consensus de passer
à votre motion puis, en bonne et due forme, je me permets de le recommander,
parce que ça a été signalé de façon informelle, si je peux, et là je venais de
reconnaître le député pour l'amendement. Ce que je cherche, et je me permets de
le recommander : Y a-t-il consensus pour qu'on reconnaît la députée pour
le dépôt d'une motion qui a été signalé de façon informelle? Alors, je fais la
recommandation de la présidence. M. le ministre.
M. Roberge : Bien, je
regrette, M. le Président, mais la réponse est non. J'étais au moment où, suite
à votre demande, je devais déposer officiellement le 4.2., puis, juste par
respect pour les collègues, je voulais juste que les gens l'aient sous les
yeux, je demandais une brève suspension, le temps… Je peux bien la lire tout de
suite, mais il me semble que, juste par respect pour le bon fonctionnement, on
peut suspendre une minute, s'assurer que tout le monde a la feuille, après
quoi, bien, je la lirai. Je pense que c'est juste pour le respect, que tout le
monde travaille bien.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'accord. On va suspendre pour délibérer sur ce que je viens de proposer et on
va poursuivre après. On suspend. Merci.
(Suspension de la séance à 9 h 49)
10 h (version non révisée)
(Reprise à 10 h 7)
Le Président (M. Birnbaum) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Bon, lors de notre suspension, j'avais invité le ministre
à lire son amendement et, exceptionnellement, j'ai reconnu la députée de
Saint-Laurent qui signalait son intention de déposer une motion. Moi, j'ai jugé
nécessaire d'avoir le consensus pour déroger, si vous voulez, à notre première
intervention, ce que je n'ai pas reçu. Donc, j'invite à nouveau, mais on va
procéder ainsi, le ministre à lire son amendement à l'article 35. M. le
ministre.
M. Roberge : Voilà, M. le
Président, alors article 4.2 :
Insérer, après l'article 4.1 du projet de
loi, l'article suivant :
4.2. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 22, du suivant :
22.0.1. L'enseignant doit suivre au moins
30 heures d'activités de formation continue par période de deux années
scolaires débutant le 1er juillet de chaque année paire. Il choisit les activités
de formation continue qui répondent le mieux à ses besoins en lien avec le
développement de ses compétences.
On entend par «activité de formation
continue» la participation à une activité structurée telle un cours, un
séminaire, un colloque ou une conférence organisée par le ministre, par un
établissement d'enseignement universitaire, par un centre de services
scolaires, par un établissement d'enseignement régi par la Loi sur
l'enseignement privé (chapitre E-9.1) ou, sous réserve de l'approbation du directeur
de l'établissement, par un autre organisme ou formateur. Est aussi visée toute
participation à titre de formateur à une activité de formation continue.
Donc, cet amendement vient tout simplement
dans la lignée de ce qu'on avait, où on avait déjà des articles sur la
formation continue. On vient préciser des informations et donner davantage de
latitude par rapport à ce qu'il y avait sur le choix de ces activités de
formation. Voilà.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de
Saint-Laurent.
• (10 h 10) •
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Je vais faire un rappel au règlement. Le ministre nous a déposé
en liasse des amendements. Il y a eu plusieurs blocs d'amendements, et
maintenant nous sommes sur celui qui porte sur la formation obligatoire et
aussi la création, en quelque sorte, d'un ordre professionnel. Or, lorsqu'on
prend le temps de lire les notes explicatives du projet de loi n° 40,
nulle part il n'est question de cet ordre professionnel, nulle part il n'est
question de la formation obligatoire de 30 heures sur deux ans...
Mme Rizqy : ...sur la formation
obligatoire et aussi la création en quelque sorte d'un ordre professionnel. Or,
lorsqu'on prend le temps de lire les notes explicatives du projet de loi
n° 40, nulle part il n'est question de cet ordre professionnel, nulle part
il n'est question de la formation obligatoire de 30 heures sur deux ans.
Vous comprendrez qu'il introduit ici un nouveau principe.
D'autre part, lorsque nous avons entendu
les différents groupes, a priori le projet de loi et la perception populaire du
projet de loi, c'est une réforme en matière de gouvernance scolaire et
l'abolition des élections scolaires. C'est ce que tout le monde a compris en
recevant le projet de loi n° 40. Les différents
groupes que nous avons entendus se sont d'abord et avant tout prononcés sur
l'abolition des commissions scolaires ainsi que sur la démocratie. Nous n'avons
pas entendu les différents groupes de façon précise sur la formation
obligatoire et en quelque sorte, par la bande, la création d'un ordre
professionnel pour les enseignants.
En 1985, il est arrivé une procédure qu'on
dit une notion de «réimpression». Je vous cite un article. Qu'est-ce que ça
veut dire? Ledit projet de loi sera non seulement amendé, il sera carrément
réécrit. De mémoire parlementaire, une telle procédure n'avait pas été utilisée
depuis 1985 quand le ministre Raynald Fréchette avait procédé à la
réimpression de son projet de loi sur les accidents de travail, et je
cite : «Sortir des amendements un à un de ma manche, ce n'était pas la
bonne façon de procéder avec un projet de loi qui est l'amorce d'une charte des
droits collectifs», a expliqué aux médias le ministre des Affaires
intergouvernementales canadiennes. «Il faut prendre le temps sereinement, en
dehors du tohu-bohu parlementaire, d'écouter ce que les gens nous ont dit.» Fin
de la citation.
Par la suite, en 2000, un autre ministre a
lui aussi, M. Facal, expliqué qu'il voulait réécrire et déposer un autre
projet de loi parce qu'effectivement ça concernait quelque chose de différent.
C'est la bonne façon de faire. Donc, dans un premier temps, j'invite le
ministre à considérer le but même d'utiliser la motion de réimpression pour
sortir ce bloc-là au complet. Que s'il veut faire de la formation obligatoire,
parler en quelque sorte, là, parce qu'on ne se le cachera pas, là, c'est une
façon détournée d'établir un ordre professionnel. Les questions sont hyper importantes
là-dessus, et une réflexion sereine doit avoir lieu avec les différentes
parties prenantes, incluant le ministère de l'Éducation parce que des questions
importantes seront soulevées : Qui va administrer les formations? Qui aura
l'autorisation d'approuver ou de désapprouver une formation? Qui fera le suivi?
Quelles seront les sanctions? Qui paiera pour ces formations? Toutes ces
questions doivent être analysées. La création de formation obligatoire continue
doit être chapeautée, et ça, on peut avoir même des questions de conflit
d'intérêts parce qu'une direction d'école qui fera, à la lecture des
amendements proposés par le ministre, le suivi des formations, est-elle
habilitée à le faire? Y a-t-il un conflit d'intérêts notamment lorsque la
direction de l'école est en remplacement? Donc, en enseignement, puis des fois
des remplacements, on devient momentanément direction d'école. Toutes ces
questions sont très pertinentes, mais pas ici, pas dans le cadre du projet de
loi n° 40 qui, du propre aveu du ministre de
l'Éducation, vise à la gouvernance scolaire et l'abolition des commissions
scolaires et des élections scolaires.
Ici, si nous continuons dans cette veine,
il s'agira vraisemblablement d'un projet de loi fourre-tout où est-ce qu'on
tire partout et qu'on rate la cible en tout temps. C'est pour cela que, dans un
premier temps, j'invite le ministre à faire une motion de réimpression pour
traiter uniquement des questions par rapport aux formations obligatoires et de
le faire de façon sereine, une discussion intelligente. Et, d'autre part,
j'invoque qu'ici, en vertu de l'article 197, il introduit un nouveau
principe, et par conséquent, au complet, le bloc au complet doit être rejeté,
ils sont irrecevables.
Le Président (M. Birnbaum) :
Est-ce que je... Hein, on suspend pour une seconde, pour une petite seconde.
(Suspension de la séance à 10 h 15)
(Reprise à 10 h 15)
Le Président (M. Birnbaum) :
Bon, la présidence reçoit ça comme un règlement sur le 197, finalement.
J'invite des interventions brèves là-dessus. Mme la... M. le ministre, votre
droit de parole.
M. Roberge : Juste pour
comprendre, M. le Président, il me semble que j'ai entendu ma collègue me
demander de déposer une motion de réimpression. Mais elle ne l'a pas déposée
elle-même et je n'en dépose pas, donc je pense qu'on est tout simplement en
train de débattre du 4.2.
Le Président (M. Birnbaum) :
Je ne règle pas là-dessus, j'invite d'autres interventions. Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Juste pour être
claire auprès du ministre, en fait, on a questionné ici la recevabilité de tous
les amendements qui portent sur cette question-là. C'est ce qu'on est en train
de débattre, là. Moi, je dois dire que je suis assez surprise de voir arriver
ces amendements-là aussi dans la mesure où ça ne fait pas du tout partie du
principe du projet de loi, quand on regarde les notes explicatives du projet de
loi, il n'y a absolument aucune mention de quoi que ce soit qui ait à voir avec
le type d'amendement qu'on a sous les yeux en ce moment, qui s'apparente
effectivement à un ordre professionnel.
Et je dois dire qu'on a déjà toléré
jusqu'à maintenant, dans l'étude détaillée du projet de loi, quand même,
quelques articles qui n'ont rien à voir avec le principe du projet de loi,
notamment ceux qui concernent la révision de notes, mais, à tout le moins, ces
articles-là étaient déjà dans le projet de loi originel. Donc, les groupes
avaient pu s'exprimer là-dessus dans le cadre de nos travaux et on avait pu les
entendre.
Là, on nous amène avec quelque chose qui
n'a rien à voir avec le principe du projet de loi, qui n'est pas mentionné dans
les notes explicatives puis qui est complètement nouveau, sur lequel absolument
aucun groupe n'a pu se faire entendre là-dessus, aucun groupe ne s'est prononcé
là-dessus dans le cadre de leurs mémoires ou sur la place publique. On n'a
absolument aucune idée de comment ça, c'est reçu. Donc, moi, je pense que ce
n'est pas le lieu ici de faire le débat sur cette proposition-là, d'ajouter un
nombre d‘heures de formation continue. Il faut... Si le ministre veut faire ce
débat-là, il y aura un autre moment certainement pour le faire, mais pas dans le
cadre de l'étude du projet de loi n° 40. Je pense que c'est irrecevable,
ça na va pas dans l'esprit... dans le principe du projet de loi.
Le Président (M. Birnbaum) :
J'ai une très courte intervention, si le ministre le souhaitait.
Une voix
: Député de
Saint-Jérôme.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :
Merci, M. le Président.
Dans le projet de loi qui a été présenté,
et dont, évidemment, on a entendu, là, plusieurs groupes venir nous commenter
ce projet de loi là, il y a effectivement l'article 133, qui porte sur la
formation continue et plusieurs groupes ont d'ailleurs parlé de la formation
des enseignants. Donc, au contraire, on a l'impression que, bien que, dans les
remarques préliminaires... dans les... pardon, oui. Donc, on n'a peut-être pas
ce volet-là, il était présent dans le projet de loi qui est déposé et surtout,
on a entendu, effectivement, des groupes qui se sont intéressés à cette
question-là et qui ont, donc, regardé spécifiquement ce volet-là. On a donc
l'impression, M. le Président, que les amendements qui sont proposés ici sont
tout à fait recevables.
Le Président (M. Birnbaum) : Y
a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
je pense qu'il y a beaucoup d'éléments qui font en sorte que la recevabilité de
ces arguments-là, selon moi, n'est pas établie. Premier des arguments, c'est
effectivement l'absence de références à ce concept-là dans les notes
explicatives du projet de loi. Donc, ce n'est pas quelque chose qui semble être
au coeur du projet de loi, être un enjeu, un objectif du projet de loi, d'un.
• (10 h 20) •
De deux, ce sont des amendements qui
viennent changer significativement un élément qui n'a pas du tout été abordé.
En fait, qui vient introduire un élément qui n'a pas du tout été abordé. Il n'y
a jamais été question d'un nombre d'heures, de 30 heures, donc d'une
assimilation de ce concept-là, comme ce qu'on voit dans certains ordres
professionnels pour ce qui concerne la formation. Ça soulève énormément de questions.
On n'a pas pu débattre de ça avec les groupes qu'on a rencontrés lors des consultations
publiques. La seule chose qui était là, c'était un article sur l'idée de la
formation continue, puis les seules remarques qu'on a eues, c'était de dire que
les enseignants...
Mme
Hivon
:
...ça soulève énormément de questions, on n'a pas pu débattre de ça avec les
groupes qu'on a rencontrés lors des consultations publiques. La seule chose qui
était là, c'était un article sur l'idée de la formation continue, puis les
seules remarques qu'on a eues, c'était de dire que les enseignants voulaient
pouvoir être autonomes là-dedans puis choisir. Il n'y a jamais été question
d'un nombre d'heures puis d'un encadrement aussi particulier par rapport à ça.
Donc, je pense que tous ces éléments-là militent pour que vous vous penchiez effectivement
sur la recevabilité de ces amendements-là qui amènent des éléments complètement
nouveaux, dont on n'a ni débattu, et que le ministre lui-même n'a même pas
annoncés dans les notes explicatives de son projet de loi.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, Mme la députée de Joliette. Mme la députée de Sherbrooke. M. le ministre,
je m'excuse. Vous avez le droit de réplique.
M. Roberge : Oui, oui. Merci
bien, M. le Président. Bien, écoutez, l'article 133 était non équivoque sur ça,
il a suscité plusieurs réactions, on parlait des obligations de formation
continue, on est là-dedans, il n'y a personne qui fait le saut aujourd'hui. D'ailleurs
ça a été... il y a plusieurs articles de journaux qui ont parlé de la notion de
formation continue qui est dans le projet de loi n° 40, et, dans les
mémoires qui ont été déposés suite à la rédaction, il y a des... la Fédération
des commissions scolaires parlait de la formation continue du projet de loi
n° 40 et, en réaction,l'Association québécoise du personnel de direction
des écoles, dans son mémoire, parlait de ce qu'il y avait, dans le projet de
loi, sur la formation continue, la Fédération québécoise des directions
d'établissement, la Fédération des syndicats de l'enseignement, donc, la FSE,
CSQ en a parlé aussi... attendez un peu... plein de... plusieurs, plusieurs...
le Conseil supérieur de l'éducation en a parlé aussi en réaction au projet de
loi n° 40. Ça a fait l'objet de nombreux débats parce que le projet de loi
n° 40 s'y intéresse depuis le départ. C'était explicite, la FAE aussi en a
parlé et en a traité dans son mémoire. Donc, bon, on peut être en accord sur le
principe, on peut être en désaccord sur le principe, on peut discuter de la
manière dont on le fait, mais de dire que ce n'était pas dans le projet de loi,
je pense que c'est un peu farfelu, et, d'ailleurs, plein, plein de groupes en ont
parlé en audition et en ont parlé dans les mémoires.
Donc, étudions le projet de loi, regardons
l'article 4.2 puisqu'il est déposé, donc, il est recevable. L'article est
déposé. La question n'est pas la recevabilité, la question est de voir quelle
est la meilleure façon d'en traiter. Et puis est-ce que l'article 4.2 devrait
être adopté tel qu'il est? Je pense que oui, mais, depuis le début, je pense,
j'ai montré beaucoup d'ouverture sur des façons, des fois, d'améliorer des articles
ou de les amender pour, peut-être, trouver de meilleurs termes, la meilleure
façon de faire. On l'a fait, vraiment, de plusieurs façons. Je pense qu'on
devrait continuer notre travail de cette manière-là.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, M. le ministre. Je nous rappelle qu'on est sur un débat sur un point de
règlement en vertu de l'article 197, qui est sensé d'être bref, alors je vais
reconnaître brièvement...pardon, la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Ça sera très
bref, M. le Président. Écoutez, on nous argumente ici qu'il y avait la présence
de l'article 133 dans le projet de loi. À l'article 133, il était question de
donner des pouvoirs au ministre par rapport à la formation continue. Là, on
nous arrive avec une série d'amendements qui donnent le pouvoir aux directions
d'école par rapport à la formation continue. Donc, les groupes qui se sont
exprimés dans leurs mémoires puis ici, en commission parlementaire, ils l'ont
fait par rapport à la proposition que le ministre ait certains pouvoirs par
rapport à la formation continue. Jamais il n'a été question de la possibilité
que les directions d'école aient un pouvoir par rapport à ça, les groupes n'ont
pas pu s'exprimer là-dessus, c'est extrêmement différent. Même les directions
d'école n'ont pas pu s'exprimer là-dessus, sur la possibilité d'avoir
elles-mêmes à administrer cette formation continue là, et, moi, je trouve ça
extrêmement problématique. C'est un élément nouveau qui est très différent de
ce qu'il y avait à l'article 133. Puis le ministre... C'est tellement différent
que le ministre nous propose même de le retirer, l'article 133, parmi les
amendements qu'il nous a déposés.
M. Birnbaum : Merci. Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le Président,
ce sont nos règlements qui dictent nos conduites, pas les articles de journaux.
Dans nos critères généraux d'acceptabilité, on ne peut avoir des amendements
qui vont aller à l'encontre du principe. C'est la décision 197-6. D'autre part,
pour le critère de recevabilité d'une motion d'amendement, non seulement on
peut aller à l'encontre du principe du projet de loi adopté auparavant par
l'assemblée, nous avons procédé à l'adoption du principe. Lorsque nous avons
adopté le principe, nulle part, il était question d'une formation de 30 heures,
de la création, en quelque... d'un ordre professionnel, de pouvoir additionnel
à la direction des écoles, alors vous comprendrez que c'est quelque chose de
très nouveau.
D'autre part, ne peut introduire un
nouveau principe, 197-16, 197-18, ne doit pas constituer en soi un principe qui
fait l'objet d'un projet de loi qui est tout à fait indépendant et...
Mme Rizqy : ...d'un ordre
professionnel, de pouvoirs additionnels à la direction des écoles. Alors, vous
comprendrez que c'est quelque chose de très nouveau. D'autre part, ne peut
introduire un nouveau principe, 197-16, 197-18, ne doit pas constituer en soi
un principe qui fait l'objet d'un projet de loi qui est tout à fait indépendant
et autonome, 197.29. Les critères sont rencontrés.
Et pourquoi que ces critères sont si
importants, M. le Président? C'est que nous avons aussi l'obligation d'audi
alteram partem, d'entendre les gens. Et ici, ils n'ont pas été entendus, et la
réflexion ne se fait pas au complet. Et je vous ai cité des ministres
précédents qui eux-mêmes ont compris ça, qu'ils allaient trop loin en
introduisant des nouveaux amendements et que, par souci d'intérêt général, de
souci de l'intérêt public, ils ont décidé par eux-mêmes de retirer leurs
amendements pour en faire un autre projet de loi spécifique sur ces notions
aussi importantes. C'est pour cela que j'ai invité le ministre de faire preuve
de sagesse et de retirer lui-même ses amendements pour en faire un projet de
loi en soi.
Mais sinon, M. le Président, le critère
ici d'admissibilité à l'article 197 et la jurisprudence que je viens de
vous citer sont pertinents, et j'espère que vous allez prendre tous nos propos
en considération.
Le Président (M. Birnbaum) : Merci,
Mme la députée. Une courte intervention, M. le ministre, et on va suspendre
après. M. le ministre.
M. Roberge : Bien oui,
bien, M. le Président, je... on est... Mes collègues, pour parler du 4.2,
prétendent qu'il n'est pas recevable, mais il a déjà été reçu, je veux dire, je
l'ai déposé, on est en train... C'est comme si, en route vers Québec, on se
demandait où est-ce qu'on était...
Des voix
: ...
Le Président (M. Birnbaum) :
...de règlement qui était tout à fait recevable. Je vous invite à conclure vos
commentaires.
M. Roberge : Ah! bon.
Bien, pour moi, enfin, le... Je l'ai déjà déposé et l'ai lu. C'est assez
évident, là, écoutez, comme je l'ai dit, le 133 traite de cette demande, des obligations,
on est là-dedans. On reste à l'intérieur du même thème. Les groupes se sont
abondamment exprimés sur la question en auditions. Même, il y a eu des
questions sur le sujet, donc dans le mémoire, mais après, lors des échanges
avec les députés. Donc, pour moi, c'est évident, l'espèce de tentative de
blocage ici, là. Mais pour vrai...
Mme Rizqy : Bien, M. le
Président...
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, M. le Président...
Mme Rizqy : Deux
affaires... Deux affaires, M. le Président.
Le Président (M. Birnbaum) : Y
a-t-il un point de règlement? Sinon...
Mme Rizqy : Oui, un point
de règlement, il nous prête des intentions.
Le Président (M. Birnbaum) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le
Président, il nous prête des intentions. Aucun membre des partis d'opposition
ici n'a l'intention de bloquer quoi que ce soit. Nous servons l'intérêt public.
Le Président (M. Birnbaum) : Je
trouve que ça a bien été jusqu'à date. Je vous invite à la prudence, M. le
ministre.
Mme Rizqy : D'autre part,
il a fait...
Le Président (M. Birnbaum) :
Nous sommes...
Mme Rizqy : Il a parlé de
recevabilité...
Le Président (M. Birnbaum) :
Vous avez un deuxième point, Mme la...
Mme Rizqy : Oui,
absolument, M. le Président. Il a parlé de la recevabilité même de notre appel
au règlement. En tout temps, nous pouvons demander... l'article 197.
Le Président (M. Birnbaum) :
Ce que j'ai statué. Merci.
Nous sommes suspendus. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 28)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 26)
Le Président (M. Birnbaum) :
Bon, mesdames et messieurs, compte tenu de l'heure, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 10)
Le Président (M. Birnbaum) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de l'éducation reprend
ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leur appareil électronique. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur
l'instruction publique relativement à l'organisation et à la gouvernance
scolaires.
Je vais maintenant rendre ma décision sur
la question de règlement soulevée par Mme la députée Saint-Laurent concernant
la recevabilité de l'amendement introduisant l'article...
Le Président (M. Birnbaum) :
...modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à l'organisation
et à la gouvernance scolaire.
Je vais maintenant rendre ma décision sur
la question de règlement soulevée par Mme la députée de Saint-Laurent
concernant la recevabilité de l'amendement introduisant l'article 4.2 présenté
par le ministre. L'article 4.2 vient préciser les obligations des enseignants
concernant les activités de formation continue. Cet amendement a été déposé par
le ministre lors de la séance de la commission du mardi 21 janvier, avec
plusieurs autres amendements, dont certains ont été étudiés cette semaine.
Parmi ces amendements proposés par le ministre, quatre concernent la formation
continue des enseignants. Nous en sommes à l'étude du premier amendement qui touche
à ce thème.
Mme la députée de Saint-Laurent soulève
une question de règlement à l'effet que l'amendement est irrecevable, au motif
qu'il introduit un nouveau principe au projet de loi. Le principe de celui-ci
serait la gouvernance scolaire. Elle cite les décisions 197.16 et 197.18 du
recueil de décisions des commissions parlementaires. De plus, il a été
mentionné qu'aucune mention n'est faite de la formation continue dans les notes
explicatives et que les membres et les groupes consultés n'ont pas eu
l'occasion de se prononcer sur cet élément lors des étapes précédentes de
l'étude du projet de loi. Enfin, il a été invoqué que l'ensemble des
amendements déposés par le ministre concernant la formation continue
obligatoire des enseignants pourraient être jugés recevables sur les mêmes
bases. M. le député de Saint-Jérôme souligne, quant à lui, que le projet de loi
n° 40 traite déjà du sujet de la formation continue à
son article 133.
Tout d'abord, mentionnons que la
présidence doit se prononcer sur l'amendement actuellement en cours de
discussion et ne peut se prononcer sur la recevabilité d'amendements à venir,
même s'ils ont été déjà déposés par le ministre. Lors de l'analyse de la
recevabilité d'un amendement, la présidence doit vérifier si celui-ci respecte
les règles générales de recevabilité qui se retrouvent aux articles 197 et 244
du règlement. Ainsi, un amendement doit se rapporter à l'objet du projet de loi
et être conforme à son esprit et à la fin qu'il vise. De plus, parmi les
critères de recevabilité établis par la jurisprudence parlementaire, un
amendement ne doit pas contredire ni élargir le principe du projet de loi d'une
manière telle qu'il va au-delà de l'objet de celui-ci.
Concernant l'absence dans les notes
explicatives du thème de la formation continue des enseignants, la
jurisprudence parlementaire est claire à l'effet que les notes explicatives
n'ont aucune valeur juridique et ne permettent pas d'identifier le principe
d'un projet de loi.
Dans le cas qui nous concerne, le projet
de loi n° 40 traite bien évidemment de gouvernance
scolaire, mais modifie plusieurs lois, et il est difficile d'en dégager un
principe unique. Le président doit, dans ce contexte, vérifier si la motion
d'amendement se rapporte à l'un des objets du projet de loi. La présidente
Hovington, dans sa décision du 13 mars 1990, a jugé recevable un amendement qui
visait le même objet que d'autres articles du projet de loi. L'article 133 du
projet de loi qui n'a pas encore été étudié ajoute un nouveau pouvoir réglementaire
au ministre en matière d'obligation de formation continue des enseignants. Par
l'amendement introduisant l'article 4.2 au projet de loi, le ministre propose
plutôt que soient inscrites directement dans la loi certaines obligations de
formation continue. D'ailleurs, sans se prononcer sur la recevabilité des
quatre prochains amendements, la présidence ne peut ignorer qu'un de ces quatre
amendements déposés par le ministre concerne la formation continue, vise à
supprimer l'article 133 du projet de loi.
En somme, la formation continue des
enseignants est un élément qui est abordé dans le projet de loi. Ainsi, pour
ces motifs et conformément à la jurisprudence, la présidence juge...
Le Président (M. Birnbaum) :
...l'article 133 du projet de loi. En somme, la formation continue des
enseignants est un élément qui est abordé dans le projet de loi. Ainsi, pour
ces motifs et conformément à la jurisprudence, la présidence juge l'amendement
recevable.
Bon, voilà ma décision. Alors, si nous
voulons bien, nous allons procéder à l'étude de l'article 4.2. Y a-t-il des
interventions? M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Merci bien,
M. le Président. Alors, comme vous l'avez mentionné, c'est un article qui
traite d'une question importante, qui est déjà visée par le projet de loi à
l'article 133. C'est un amendement qui, avec d'autres, vient tenir compte de
plusieurs des commentaires qui ont été formulés lors des auditions
particulières.
Et je suis bien content qu'on puisse
l'étudier, parce que, si on n'avait pas pu étudier cet amendement-là et les
autres, bien, la conséquence, c'est que nous n'aurions eu que l'article 133,
qui a soulevé plusieurs commentaires, certains positifs, mais d'autres
négatifs. Il y a... je pense qu'il y a plusieurs groupes qui souhaitaient qu'on
amende le projet de loi. Certains souhaitaient qu'on ne traite pas du tout de
la formation continue. C'est vrai. D'autres se réjouissent que le projet de loi
n° 40 traite de la formation continue. Mais je retiens que plusieurs nous suggéraient
d'en traiter, mais de manière différente. Donc, en regardant ces
amendements-là, bien, on est capables de faire mieux ce qu'on allait faire de
toute façon.
Donc, ici, l'article 4.2 nous arrive avec
une notion importante : celui qui dit que, dans la très grande majorité...
en fait, on dit : les... «Il [choisit] — c'est
l'enseignant — choisit les activités de formation continue qui
répondent le mieux à ses besoins en lien avec le développement de ses
compétences.» Puis on est dans l'article 22.01, donc tout de suite après
l'article 22, dans la section «Obligations de l'enseignant» dans la Loi sur
l'instruction publique, donc je trouve ça parfaitement cohérent d'être dans la
section obligations pour parler des obligations de formation continue.
Puis il y a quand même pas mal de
personnes qui en ont parlé lors des auditions. Comme je dis, bien sûr, il y a
des gens qui étaient d'accord, des gens qui n'étaient pas d'accord. Mais
beaucoup de gens qui n'étaient pas d'accord n'étaient pas nécessairement pas contre
le fait qu'on l'aborde, mais souhaitent qu'on l'aborde différemment. C'est ce
qu'on fait. Il y a le Conseil supérieur de l'éducation qui s'est penché à
plusieurs reprises sur cette notion-là, mais je pense qu'on aura l'occasion
d'en débattre ultérieurement.
Mais je pense que ce sera une belle
avancée. Puis je vois mal comment on pourrait ne pas souhaiter reconnaître que
les enseignants font de la formation. Les enseignants n'ont pas attendu que le
projet de loi n° 40 soit déposé pour se former. Je pense qu'ils se forment
pas mal au quotidien, donc ça devient une forme de reconnaissance... aussi une
obligation. Il y a le mot, il faut le dire. Et je pense...ça, c'est une
position extrêmement difficile, position que je ne voudrais pas être obligé de
tenir, de s'opposer à ce que les enseignants suivent un minimum de formation
chaque année, ça tombe sous le sens, eux qui travaillent dans le réseau de
l'éducation.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Je
comprends que... j'ai bien entendu votre décision, M. le Président, puis je
comprends qu'effectivement puisqu'il n'y a pas d'objet précis, puis qu'il y a
tellement d'objets, que maintenant on discute quand même avec beaucoup de
surprise d'une formation continue obligatoire de 30 heures sur deux ans. Ma
première question : pourquoi 30 heures?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
d'abord, c'est un minimum. Je suis bien conscient que plusieurs enseignants en
font bien plus à ce moment-ci, en font bien, bien plus à ce moment-ci que 30
heures, considérant qu'il y a 20 journées pédagogiques à l'horaire dans l'année
scolaire et que plusieurs enseignants, en plus de ces 20 journées pédagogiques,
ont des journées où ils sont libérés, même, des fois... libérés est un drôle de
terme : libéré de sa tâche d'enseignant... pas besoin d'être libéré, mais
c'est le mot utilisé.... ça... des moments où ils devraient être en classe et
des fois on leur permet d'aller suivre des formations. Donc, je pense que c'est
un minimum, mais en même temps c'est important de le mettre.
• (14 h 20) •
Il y a des exemples qui nous viennent. Par
exemple, j'ai un document ici, publié par l'Institut du Québec en 2019, qui
fait une recension des obligations de formation des enseignants dans d'autres
endroits. On dit qu'en Ontario...
M. Roberge : ...qui nous
viennent. Par exemple, j'ai un document, ici, publié par l'Institut du Québec,
en 2019, qui fait une recension des obligations de formation des enseignants
dans d'autres endroits. On dit qu'en Ontario, ils ont six jours de développement
professionnel chaque année. Deux journées doivent être consacrées au développement
professionnel sur des sujets qui correspondent aux objectifs ministériels.
Donc, déjà, avec deux journées, on est proches de 15 heures annuelles. Il y a...
le thème d'une journée est choisi par le syndicat, puis les trois autres
journées sont choisies par le conseil scolaire. Mais, bref, en Ontario, c'est
six jours. Donc, c'est déjà pas mas plus qu'une moyenne d'une quinzaine
d'heures par années.
En Finlande, on parle d'un minimum de
trois jours. Mais, quand dit minimum, c'est minimum, parce qu'on dit, en
Finlande, on se rend compte que la moyenne, c'est sept jours. Donc,
l'obligation minimum de formation pour les enseignants, c'est trois jours pour
être sûr qu'on ne tombe pas ne bas de ça, mais ça ne veut pas dire que les
Finlandais ne se formeraient pas s'il n'y avait pas cette obligation minimale
de trois. La moyenne, c'est sept, ça veut dire qu'il y en a qui en font pas mal
plus que sept pour arriver à une moyenne de sept, on s'entend.
Aux Pays-Bas, on dit que les enseignants
doivent consacrer jusqu'à 10 % de leurs tâches aux activités de formation
continue. On arrive à quelque chose comme 160 heures par périodes de quatre
ans. Si je réduis par année, c'est 40 heures par année aux Pays-Bas. Donc, ici,
avec 30 heures aux deux ans, on arrive à 15 heures, donc c'est un minimum parce
qu'on fait confiance aux enseignants, mais ça envoie un message de dire qu'on
ne peut pas ne pas en faire. Peut-être, même, pendant une année un enseignant
qui vivrait une situation particulière n'en ferait pas, mais, l'année suivante,
se rattraperait et en ferait davantage.
M. Birnbaum : Merci, M. le
ministre. Les interventions, Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Mais vous, dans
votre jugement, d'où sort le 30 heures?
M. Roberge : Bien, je pense
que je viens de répondre en donnant des exemples. On ne voulait pas
nécessairement imposer un maximum, on voulait imposer... arriver avec un seuil,
une garantie, et puis il fallait le fixer quelque part. On a regardé, bien sûr,
ce qui se passe ailleurs avec des enseignants, on a regardé dans d'autres
formations, d'autres professions où il y a de la formation obligatoire. Dans
certains cas, on est autour de ça. Quand on regarde, supposons, tiens, tiens,
tiens, attendez ici... par année, les inhalothérapeutes, 15 heures par année.
Donc, quand on dit 30 heures aux deux ans, on est assez proches. Les avocats,
15 heures par année, donc, grosso modo, ça revient à peu près au même. Il y en
a que c'est beaucoup plus. Si je regarde, tiens, les conseillers en ressources
humaines, c'est 20 heures par année, mais 15 heures, c'est quelque chose qu'on
voit pour plusieurs autres métiers. Les optométristes, c'est 15 heures par
années. Mais ce sont toujours de minimums. On sait bien que la très, très
grande majorité en font bien plus.
Mme Rizqy : Donc, si je
comprends bien, vous avez regardé, mais vous n'avez pas consulté nécessairement
les enseignants, mais, d'autre part, ce qui est intéressant, dans vos exemples,
qu'est-ce qu'ils ont tous en commun, les exemples que vous venez juste de
mentionner, incluant les enseignants de l'Ontario?
M. Roberge : Bien, je pense
que vous aller nous dire qu'il y a plusieurs... je ne sais pas si tous ceux que
j'ai nommés sont membres d'un ordre professionnel, mais ce n'est...
Mme Rizqy : En plein dans le
mille!
M. Roberge : Je m'excuse, je
n'ai pas terminé. Ce n'est pas nécessairement le cas pour la Finlande et les
Pays-Bas.
Et mon collègue, tout à l'heure, ce matin,
a ramené plusieurs fois, a dit : Bien, là, ils font un ordre
professionnel, ils fonts un ordre professionnel. Ils sont en train de faire un
ordre professionnel. Quand on fait un ordre professionnel, ce n'est pas comme
ça que ça se passe. C'est bien d'autre chose, c'est que cette loi-là qui est
amendée, un ordre impose aussi des inspecteurs, il n'est pas le cas de ça, bien
souvent, il y a de la formation, bien sûr, mais l'accréditation de la formation
doit se faire par l'ordre, pas par le gouvernement ou la direction de l'établissement,
tandis que là, dans les amendements qu'on amène, c'est la direction
d'établissement qui, dans certains cas, pourrait avoir son mot à dire,
probablement pas dans la majorité des cas. Avec un ordre, aussi, il y a la
création d'une instance, il y a le traitement des plaintes, donc il n'est pas
question de ça. Je comprends qu'il y a un point en commun, c'est-à-dire une
notion de formation minimale obligatoire, mais, pour ce qui est du reste, on
parle de choses qui sont distinctes.
M. Birnbaum : Mme la députée
de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Moi, je ne connais
pas le droit finlandais ni celui du Pays-Bas. Par contre, ... au Québec , je
suis membre du Barreau. J'appartiens à un ordre professionnel. Le Code des
professions s'applique. Les exemples que vous nous avez donnés, québécois...
Le Président (M. Birnbaum) :
...Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Moi, je ne connais
pas le droit finlandais ni celui des Pays-Bas. Par contre, ici, au Québec, je
pense Barreau, j'appartiens à un ordre professionnel, le Code des professions
s'applique. Les exemples que vous nous avez donnés, québécois, sont des exemples
de gens qui sont régis par ordre professionnel. L'exemple de l'Ontario... Vous
êtes d'accord qu'en Ontario... et je ne peux pas me prononcer dans le droit
ontarien, mais je suis pas mal certaine que l'Ontario a un ordre professionnel
pour les enseignants. Je suis pas mal aussi certaine que vous avez écrit un
livre là-dessus, portant sur un ordre professionnel.
Et ce qui est très intéressant, c'est que
vous avez parlé à tout le monde... Bien, en fait, ce n'est pas vrai, vous avez
lu, on vous a fait des tableaux d'analyse de 30 heures ici, 40 heures
là, mais vous n'avez pas cru bon de regarder avec les enseignants. Et quand ils
sont venus, et quand différents groupes sont venus, vous n'avez pas posé de
question sur... spécifiquement, est-ce que c'est 15 heures, c'est
30 heures, c'est 50 heures? Est-ce que ça prendrait un ordre
professionnel pour régir tout ça? C'est quand même quelque chose, là, parce que
votre philosophie, elle part qu'elle a été écrite dans un livre, c'est vous qui
mentionnez que ça prenait un ordre professionnel. Vous n'allez pas aussi loin
que de le dire, parce que là-dessus évidemment, vous n'avez osé l'écrire, mais
vous le faites de facto. Puis vous le faites par la bande.
C'est ça que j'ai un petit problème.
D'ailleurs, tantôt vous l'avez dit. Le perfectionnement des enseignants s'est
toujours fait au Québec. Pouvez-vous me dire en 40 ans comment s'est fait
le perfectionnement des enseignants? Dans les 40 dernières années, vous
l'avez l'intention de prendre 17 ans, là, alors concrètement, quand que
les enseignants font du perfectionnement, comment c'est négocié?
Le Président (M. Birnbaum) :
Je vous rappelle qu'on s'adresse à la présidence. M. le ministre.
M. Roberge : Oui, bien
d'abord, ma collègue fait référence à l'essai que j'ai publié en 2016. Oui, il
y a un des chapitres qui traite de l'ordre professionnel, en fait, pas de l'ordre,
parce qu'il n'existe pas, mais sur l'opportunité de créer un ordre
professionnel des enseignants. Je pense que ça serait une bonne chose, mais je
pense qu'on n'est pas mûr pour ça en ce moment. Le débat n'a pas été fait, puis
je pense que ce n'est pas là qu'on va à ce moment-ci, puis ce n'est pas une
intention cachée d'arriver avec ça dans six mois, dans un an, dans deux ans.
C'est autre chose. On peut penser que ça soit une bonne chose sans
nécessairement le faire à ce moment-ci. Mais je ne le cache pas que je pense
que ce serait une bonne chose, qu'il y ait un ordre des enseignants. Bien sûr,
mais ce n'est pas l'objet qu'il y a ici. L'ordre couvre très, très large, et là
on parle simplement ici de... On ne parle pas de créer un organisme ou tout ça,
on parle d'avoir de la formation continue.
Ma collègue me demande, à la fin de son
intervention, comment se passe la formation des enseignants, la formation
continue des enseignants au Québec. Bien elle se passe pas mal comme ce qui est
écrit dans l'article. Dans l'article, on dit : On entend par activité de
formation continue la participation à une activité structurée, tels un cours,
un séminaire, un colloque ou une conférence. Donc effectivement, la formation
continue des enseignants, je peux témoigner, on suit des cours, on assiste à
des séminaires, on participe à des colloques. Les enseignants participent à des
conférences.
Ici on dit : Bien, ils peuvent être
organisés par le ministre, ou enfin, le gouvernement. Par les établissements
d'enseignement universitaires, bien sûr, il y a des cours qui sont donnés, puis
même, pas seulement des cours, hein? Parfois, il y a des profs d'université
qui, sans donner un cours crédité proprement dit, vont dans des écoles ou dans
des commissions scolaires pour donner des formations, des conférences, des
perfectionnements. Par un centre de services scolaires, donc, en ce moment, il
y a plusieurs formations qui sont données par le biais des commissions
scolaires. Des fois, c'est les enseignants eux-mêmes qui les donnent. Des fois,
c'est les directions. Des fois, c'est les conseillers pédagogiques qui donnent
ces formations-là, donc on ne voit bien dans l'article.
Par un établissement d'enseignement régi
par la Loi sur l'enseignement privé, donc, évidemment dans le réseau privé.
Parfois, les écoles elles-mêmes organisent des choses. Puis après ça, on
dit : ou sous réserve d'approbation du directeur d'établissement, un autre
organisme, parce que là, on couvre assez large. On dit : Bien, il pourrait
y avoir d'autres organismes que ceux qui sont cités qui donnent des formations.
Il pourrait y avoir d'autres formateurs, donc on couvre assez large pour ne pas
avoir une liste qui est exclusive. On ouvre à la fin en disant : Bien, il
pourrait y avoir d'autre chose que ce qui a été précité, mais ce qu'il y a là,
c'est très fidèle à ce qui fait en ce moment dans le réseau et c'est très
fidèle à la manière dont font les enseignants pour suivre leur formation
continue.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions, Mme la députée de Saint-Laurent.
• (14 h 30) •
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Vous noterez, M. le Président, que je n'ai pas parlé de formation
continue dans ma question. J'ai bien dit «le perfectionnement des enseignants
s'est fait comment au cours des 40 dernières années au Québec?» Le ministre
est parti dans plusieurs directions, mais n'a pas répondu à ma question. Alors
j'imagine que c'est parce que c'est probablement par méconnaissance de la loi
sur la négociation du secteur public et...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Rizqy : ...vous noterez, M.
le Président, que je n'ai pas parlé de formation continue dans ma question.
J'ai bien dit : Le perfectionnement des enseignants se fait comment au
cours des 40 dernières années au Québec? Le ministre est parti dans
plusieurs directions, mais n'a pas répondu à ma question.
Alors, j'imagine, c'est parce que... c'est
probablement par méconnaissance de la loi sur la négociation du secteur public
et parapublic, pas celle de Finlande ni des Pays-Bas, mais bien québécoise.
J'invite le ministre à aller voir cette loi, particulièrement l'annexe a,
perfectionnement. Et on parle de qui? À l'égard du personnel enseignant. Il y a
une armée d'avocats avec lui, qu'il regarde la loi, et j'aimerais qu'il me
dise : Est-ce que ce n'est pas, depuis 40 ans, négocié aux tables de
négos locales, le perfectionnement des enseignants?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
rien n'empêche d'inscrire dans la Loi sur l'instruction publique ce qu'on
souhaite inscrire à ce moment-ci. D'ailleurs, ça a été jugé recevable, ça peut
être, donc, voté par la suite et adopté par la suite. Rien n'empêche d'arriver
avec des balises, je ne vois pas pourquoi il faudrait opposer deux choses.
Le Président (M. Birnbaum) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le ministre,
sincèrement, vous pouvez suspendre, poser la question à votre équipe, là. Ce
n'est pas une question piège, là. Sincèrement là, il y a un problème, puis
s'ils ne vous ont pas informé du problème, vous êtes dans le trouble,
sincèrement, là. C'est hallucinant quand même de dire qu'on peut déposer un amendement,
mettre ça dans une loi, puis penser que tout est beau. Ce n'est pas
nécessairement faux ce que vous venez de dire, on peut faire ça, mais ça ne
vous met pas à l'abri de contestations. Vous le savez et je le sais. C'est pour
ça peut-être... que ça serait peut-être très pertinent de demander à votre
équipe comment se négocie, depuis 40 ans, le perfectionnement. Et s'il y a
une loi sur la négociation des contrats publics et parapublics, et je vous
pointe l'annexe a qui vise parfaitement, là, à l'égard du personnel enseignant,
et que votre équipe de juriste n'a pas vérifié, vous avez peut-être ici, là, un
enjeu. Ah! peut-être que vous voulez suspendre puis parler à votre équipe de
juristes.
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
merci à ma collègue de vouloir s'assurer que nous avons fait les vérifications,
mais je suis très confiant que nous pouvons faire ce que nous faisons à ce
moment-ci, établir des balises, un seuil minimum, préciser des niveaux de
formation, et je ne pense absolument pas que ça pose un problème. On peut
débattre de la meilleure façon de faire cet amendement-là, de rédiger cet article-là.
De toute façon, la question est entendue, l'amendement est recevable, on peut
en débattre, on peut l'adopter.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : En mars 2019, le ministre
affirmait que la question de formation continue serait négociée à la table de
négociation des conventions collectives. Les modalités prévues dans l'amendement
du projet de loi n° 40 déposé par le ministre n'ont pas été déposées à la
table de négociation. Le ministre décrète des conditions de travail en passant
par la loi alors que la Cour suprême a clairement statué que l'État employeur
ne pouvait décréter des conditions de travail de ses salariés puisque cela
allait à l'encontre du droit de négociation qui est attaché au droit
d'association. Est-ce que M. le ministre veut toujours vérifier avec son équipe
légale ou il veut continuer à foncer dans un mur? Parce que là, clairement, il
n'y a personne qui a fait de vérification, là.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
j'assure ma collègue qui est bienveillante, elle veut prévenir qu'on s'aventure
dans un endroit où on ne puisse pas aller, je l'assure que ça a été vérifié, on
peut très bien inscrire ces modalités dans la Loi sur l'instruction publique.
Donc, je me demande simplement que pense
la collègue de ce qu'il y a dans l'article. J'ai bien hâte qu'elle nous dise si
elle est d'accord pour avoir ce seuil minimum de formation aux deux ans, si
elle est d'accord pour dire que c'est l'enseignant qui choisit ses activités de
formation continue, bref, qu'on se mette à débattre du fond.
Les vérifications légales ont été faites.
Je comprends que ça peut être débattu, ça arrive souvent. Si toutes les lois
étaient interprétées tout le temps de la même façon par tout le monde, il n'y
aurait pas beaucoup de litiges qui se rendraient au tribunal, hein? Quand
quelque chose se rend au tribunal, c'est parce qu'il y a des gens qui ne
s'entendent pas nécessairement. Bon, c'est correct, elle est en désaccord, puis
il y a des gens qui sont en désaccord, ça va, mais ça ne veut pas dire que les
vérifications n'ont pas été faites du côté gouvernemental.
Donc, je l'invite à débattre plutôt du
fond de l'amendement plutôt que de dire qu'on pourrait ou on ne pourrait pas aller
dans cette direction-là. Je l'assure que nous pouvons adopter un tel article...
M. Roberge : ...ça va, mais ça
ne veut pas dire que les vérifications n'ont pas été faites du côté gouvernemental.
Donc, je l'invite à débattre plutôt du fond de l'amendement plutôt que de dire
qu'on pourrait ou on ne pourrait pas aller dans cette direction-là. Je l'assure
que nous pouvons adopter un tel article et donc adopter la loi ensuite,
incluant cet article.
Le Président (M. Birnbaum) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Êtes-vous en
mesure de me déposer vos avis juridiques si vous en avez? Parce que je suis pas
mal certaine que vous n'avez pas fait les vérifications avec les autres lois,
celles qui sont vraiment spécifiques sur les négociations des conditions de
travail, publiques et parapubliques. Ça, je suis capable de regarder, là, si
vous avez fait la vérification, il n'y aurait pas nécessairement des gens qui
seraient en train de regarder : Ih! Est-ce qu'on l'a faite, la vraie vérification?
Est-ce qu'on a lu la décision de la Cour suprême?
Pas certaine, quand je regarde le monde.
Alors, déposez vos avis juridiques si vous êtes tellement confiant.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
j'ai répondu à la question. Les vérifications ont été faites, j'invite ma
collègue à en débattre, ou alors, on passera au vote.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Est-ce que vous
saviez que les conditions de perfectionnement des enseignants se négocient aux
tables de négociation collective? Est-ce que ça, vous le saviez?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le Président.
M. Roberge : ...M. le ministre.
Ce n'est pas grave, c'est un lapsus, ce n'est pas grave.
Des voix
: ...
M. Roberge : M. le Président,
chacun son rôle. Ce n'est pas grave, c'est un...
Je sais bien qu'il y a des modalités qui
relèvent des négociations. J'aimerais que ma collègue évite de tenter de
m'instruire sur quelle est la loi, quelle est la convention collective, qu'elle
se mette à s'intéresser à l'article et au fond. Et je pense qu'il y a pas mal
de parents, pas mal de Québécois qui seront heureux qu'on valorise l'éducation
au point de dire que nos enseignants suivent de la formation continue. Bien
sûr, il y en a qui l'ont fait avant qu'on dépose ceci. Mais qu'on vienne
dire : Quand on est enseignant, on a une obligation de formation continue,
on a une obligation d'un nombre minimal d'heures, comme ça se retrouve dans
plein d'autres professions, et comme ça se retrouve pour la profession
enseignante dans plein d'autres États.
À quelque part, je pense qu'il y a
beaucoup de gens qui se demandent : Mais comment ça se fait que ce n'est
pas fait encore? Comment ça se fait qu'on est en retard de même? Et je ne
comprends pas ma collègue de vouloir, pour une question de procédure, empêcher
qu'on débatte du fond de la question.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : On est loin d'une
simple question de procédure. Ici, ça s'appelle des fondements de droits,
reconnus par la Cour suprême. Puis sincèrement, je le sais que vous n'avez pas
d'avis juridiques qui vous conforment dans votre position, sinon on serait tout
fiers de nous le déposer aujourd'hui. Vous n'êtes pas en mesure de le faire.
D'autre part, vous n'êtes pas en mesure,
juste de dire qu'effectivement, le perfectionnement existe au Québec depuis
quand même plusieurs années. Que nos enseignants font des activités de
perfectionnement. Ils en font. Ça, vous devriez au moins le reconnaître.
D'autre part, c'est reconnu, même dans la négociation, c'est l'annexe A,
«Perfectionnement à l'égard du personnel enseignant». Ça existe. Ça ne
s'invente pas, là, ça fait des années que c'est négocié, les activités de
perfectionnement.
Quand vous êtes sorti du débat qui portait
sur la réussite éducative, vous avez dit la chose suivante, M. le
ministre : Je vais laisser les enseignants décider si, oui ou non, ils en
veulent un, ordre. Bien, ils ont décidé qu'ils n'en voulaient pas, d'ordre.
Mais vous, vous revenez par la bande : Faites de la formation continue
obligatoire. Vous changez de terme. «Formation continue obligatoire», là, ça
s'apparente à un ordre professionnel. «Perfectionnement», là, ça rentre dans le
libellé de la loi.
Perfectionnement. Maintenant, si on se
concentre là-dessus, êtes-vous capable de reconnaître que ça se négocie dans
les tables de conventions collectives? C'est là que ça se négocie depuis
40 ans au Québec. Vous êtes en train de changer la façon qu'on négocie le
perfectionnement des enseignants depuis plus de 40 ans au Québec.
Êtes-vous conscient de ce que vous faites? Et vous le faites pendant qu'il y a
des négociations.
Le Président (M. Birnbaum) :
...on s'adresse à la présidence. M. le ministre.
• (14 h 40) •
M. Roberge : M. le Président,
je suis conscient qu'en déposant un projet de loi, je change les choses.
Effectivement, si on ne voulait rien changer, eh bien, on ne déposerait pas de
projet de loi. On est bien conscients que chaque article... parfois, il y en a
de concordance, mais quand un article arrive, bien, bien sûr qu'on ne fera pas
la même chose tout le temps que les années précédentes. C'est une évidence
qu'on est conscients qu'on vient apporter des changements quand on arrive avec
de nouveaux principes ou qu'on vient les préciser.
Parce que...
M. Roberge : ...parfois il y en
a de concordance mais, quand un article arrive, bien, bien sûr qu'on ne fera
pas la même chose tout le temps que les années précédentes. C'est une évidence
qu'on est conscients qu'on vient apporter des changements quand on arrive avec
de nouveaux principes ou qu'on vient les préciser.
Parce que, quand même, il y a, dans la
section II, Obligations de l'enseignant, à l'alinéa 6°, on dit, donc : «Il
est du devoir de l'enseignant», et là, en ce moment, c'est écrit : «de
prendre des mesures appropriées qui lui permettent d'atteindre et de conserver un
haut niveau de compétence professionnelle». Donc, c'est déjà là. Plus loin, on
dit : «de collaborer à la formation des futurs enseignants et à
l'accompagnement des enseignants en début de carrière». Ici, on est dans les
mêmes thèmes, donc se former soi-même. Puis plus loin : «est visé toute
participation à titre de formateur à une activité», donc d'aider les autres.
Donc, les alinéas 6° et 6.1° de l'article 22, dans la section Obligations de
l'enseignement, s'intéressent déjà exactement à ce même sujet.
Donc, ça, c'est l'article 22. On arrive
avec 22.0.1 et on vient préciser quelque chose. Mais on est parfaitement en
cohérence, d'abord, avec le projet de loi n° 40 qu'on vient bonifier puis
en cohérence avec la Loi sur l'instruction publique qu'on vient bonifier et
préciser aussi.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Êtes-vous capable
de nous parler puis de nous instruire puisque vous avez été enseignant quand
même plusieurs années : C'est quoi les modalités qui sont prévues dans
votre ancienne école où est-ce que vous avez enseigné en matière
d'instruction... en matière, pardon, de perfectionnement? C'est quoi qui a été
négocié pour votre ancienne école où vous étiez enseignant?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
je ne me souviens pas précisément la convention collective des modalités qui
m'incombaient il y a maintenant de ça presque cinq ans. Je sais bien qu'il y
avait de la formation qui était offerte souvent par la commission scolaire,
parfois par la direction ou une autre direction, par des collègues. Il y a des
collègues aussi qui ont suivi de la formation dans les universités, qui ont
assisté à des colloques. J'ai moi-même participé à des colloques, certain que
j'ai payé de ma poche, malheureusement — d'ailleurs on bonifie... on
va bonifier ces fonds-là — et d'autres qui ont été payés par le
budget de perfectionnement des commissions scolaires.
Mais pour ce qui est des modalités d'une
convention collective qui ne s'applique plus aujourd'hui puisque, depuis que
j'ai été élu, c'est la deuxième négociation, je pense que ce n'est pas très
pertinent de ressortir ma convention de 2009 ou je ne sais pas trop combien,
là.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bien, c'est quand
même très pertinent. Vous me parlez de la Finlande, vous me parlez des
Pays-Bas, mais vous n'êtes pas capable de me parler de votre perfectionnement
de façon locale, concrètement, chez vous au Québec. Ça, par exemple, c'est
quand même assez important parce qu'on parle du perfectionnement, et vous
laissez sous-entendre que maintenant les parents vont être contents comme s'il
n'allait pas y avoir de formation continue qui n'existait pas avant. Au
contraire, le perfectionnement a toujours existé.
Et même, d'ailleurs, vous venez de faire
un point super important, vous avez même dit : Je l'ai payé de ma poche.
Au Québec, qui va payer le perfectionnement des enseignants? Parce que, d'une part,
est-ce que vous êtes en train de dire qu'on va... Moi, je vous le dis, là, moi,
ça me coûte de l'argent au Barreau, là, faire mes activités de formation, je
paye aussi une cotisation, là. Ma cotisation me coûte de l'argent, mon
perfectionnement me coûte de l'argent. Est-ce qu'on va augmenter le salaire des
profs pour leur prendre dans l'autre main?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Non.
Mme Rizqy : Alors, ça va être
gratuit?
M. Roberge : Le perfectionnement
est offert par l'employeur. Là c'est les commissions scolaires, ce sera les
centres de services scolaires. Il y a des budgets qui existent pour ça.
Mme Rizqy : C'est tellement
intéressant ce que vous venez de dire : Le perfectionnement est offert par
l'employeur. Le perfectionnement auquel vous faites référence, c'est la loi sur
les négociations des contrats publics et parapublics, annexe I, dans le cadre
des enseignants, et que les modalités sont prévues incluant les budgets.
Maintenant, vous introduisez dans la Loi sur l'instruction publique «formation
continue obligatoire», ce qui est un autre concept. Bien, ça, j'imagine que,
dans l'avis juridique que vous avez, qu'on n'a toujours pas vu, ça a été
sûrement planifié, ça. Parce que «perfectionnement», «formation continue
obligatoire», deux termes distincts.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Je n'ai pas
entendu de question, M. le Président.
(Interruption)
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : J'imagine qu'il y
avait un hoquet un peu plus fort que d'habitude, on espère que tout va bien.
Moi aussi j'aurais eu un gros hoquet sécant que j'ai peut-être une... Mais
quand même, vous, vous avez versé de l'argent pour votre formation à vous. Vous
l'avez dit tantôt au micro, là, que vous avez versé de l'argent de votre propre
poche.
M. Chassin :
Juste pour la bonne démarche et la convivialité de nos échanges, vous avez
rappelé à la députée de Saint-Laurent de se référer à la présidence. Un petit
effort, je suis convaincu qu'elle en est capable. Merci, M. le Président, c'est
tout.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. J'aimerais souhaiter la bonne année au député de Saint-Jérôme qui
se joint à...
M. Chassin :
…juste pour la bonne démarche et la convivialité de nos échanges, vous avez
rappelé à la députée de Saint-Laurent de se référer à la présidence. Un petit
effort, je suis convaincu qu'elle en est capable. Merci, M. le Président,
c'est tout.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. J'aimerais souhaiter la bonne année au député de Saint-Jérôme qui
se joint à nous dans les travaux, et que je suis tellement contente de
retrouver car je sais à quel point qu'il adore intervenir pour nous faire des
appels au règlement.
Le Président (M. Birnbaum) :
Bon, s'il vous plaît, sur l'article en question. Il vous reste 10 minutes,
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : …M. le Président,
il y a plusieurs questions, mais je suis convaincue que ma collègue de Sherbrooke
a plusieurs questions elle aussi. Je vais céder la parole.
Le Président (M. Birnbaum) :
Personne m'a demandé la parole, est-ce qu'il y a une demande de parole? Mme la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je vous fais un signal comme ça quand je vous demande la parole,
depuis tout à l'heure. J'aimerais ça savoir, dans les offres patronales qui ont
été déposées en décembre dernier auprès des enseignants, à ma connaissance, à
moins que ça m'ait échappé, il n'était pas question de modalités de formation
continue, il n'était pas question non plus, au niveau financier, d'argent
supplémentaire pour financer le perfectionnement. Donc, j'aimerais savoir ce
qui en ait. Est-ce que c'est quelque chose qui m'a échappé ou est-ce que
c'était annoncé? Est-ce que ça a été proposé aux différents syndicats, en
décembre dernier?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, M. le
Président, on a fait ni le budget, ici, en commission, ni la négociation de
convention collection. Donc, je ne commenterai pas le prochain budget ici ou
les offres d'un côté ou de l'autre. Là, on est en train de se dire :
C'est-u une bonne idée d'avoir un minimum de 30 heures aux deux ans de
formation continue obligatoire pour les enseignants? Je pense que c'est oui.
J'aimerais ça savoir ce que ma collègue en pense.
Mme Labrie : Bien, en fait, je
vais vous le dire très sincèrement, j'en pense que, comme je ne suis pas
enseignante, ce n'est pas à moi de me prononcer si les enseignants devraient
avoir un ordre professionnel ou pas. Je pense que c'est aux enseignants
eux-mêmes de décider, puis je suis certaine qu'il n'y a pas consensus en ce
moment auprès des enseignants. D'après moi, il y a certainement des enseignants
qui veulent un ordre professionnel puis il y a certainement des enseignants qui
n'en veulent pas. Puis, je pense que c'est une conversation qu'eux doivent
avoir pour décider s'ils veulent un ordre professionnel. Je ne pense pas que
c'est à nous, ici, d'imposer un ordre professionnel, et je trouve ça assez
particulier qu'il nous dise lui-même que c'est un enjeu de négociation de
convention collective qu'il ne veut pas aborder ici, en commission, mais il met
lui-même sur la table des modalités de perfectionnement minimales qui
devraient, en mon sens, s'il veut les proposer à quelqu'un, pas les proposer à
nous ici pour le projet de loi, les proposer aux enseignants avec les offres
patronales pour qu'ils puissent en discuter directement avec eux. Je ne
comprends même pas pourquoi c'est nous, l'interlocuteur, pour une modalité
aussi…
Pour moi, là, ça me semble évident que ça
doit être négocié en convention collective. Je ne suis pas contre qu'on ait
cette conversation-là : Est-ce qu'il faut mettre un minimum? Mais il faut
l'avoir avec les bonnes personnes. Ce n'est pas l'objet du projet de loi de
parler de ça. Il y a un lieu qui est déjà prévu pour ça, c'est les conventions
collectives. Ça adonne bien, on est justement en période de négociation. Ça me
semble être un bon moment, si vous voulez aborder le sujet, en tant que
gouvernement, avec les enseignants, de leur proposer ça puis de négocier avec
eux ça va être combien le nombre d'heures minimum, qui va payer pour ça, qui va
en assurer la supervision, mais il y a un lieu pour ça. C'est le ministre
lui-même qui nous le dit qu'il ne veut pas discuter des détails de ça ici. Bien,
si ce n'est pas ici que ça se passe, ça ne sera pas… tu sais, ça ne devrait pas
être ici, au complet, là. On ne va pas juste mettre le minimum ici, mais
indiquer des modalités dans la convention collective. Le minimum, il devrait
être négocié là-bas aussi.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien. Bien,
moi, je pense que, comme représentant de la société, on peut très bien décider
ici qu'on souhaite avoir un minimum de formation continue obligatoire pour ceux
qui s'occupent de ce qui a de plus important au Québec, nos jeunes, nos
tout-petits, ça peut commencer à quatre ans, mais jusqu'à la fin de la
diplomation. Je pense que c'est une question importante.
En fait, je déplore le fait que c'est une
question qui n'a pas été réglée précédemment. Je pense qu'une quinzaine
d'heures par année, c'est un minimum, vraiment un minimum. Je pense que la
grande, grande majorité des a une forme de reconnaissance là-dedans aussi. Les
enseignants que… pas que personne pense que les enseignants ne se forment pas,
ce sera maintenant reconnu, c'est sûr, ils se forment, regarde, minimum ça.
Certains en font bien plus.
• (14 h 50) •
D'ailleurs, il y a une vingtaine de
journées pédagogiques à chaque année, et, dans les journées pédagogiques, ce
n'est pas que des journées de formation continue. Il y a des journées de
concertation, il y a des journées de correction, il y a des journées de
planification. Mais, une quinzaine d'heures, là, on parle de…
M. Roberge : ...il y a une
vingtaine de journées pédagogiques à chaque année, et, dans les journées
pédagogiques, ce n'est pas que des journées de formation continue. Il y a des
journées de concertation, il y a des journées de correction, il y a des
journées de planification. Mais, une quinzaine d'heures, là, on parle de deux
jours, peut-être un petit peu plus que deux jours, sur 20, en plus des journées
où les enseignants sont, comme je dis parfois, libérés de leur tâche pour aller
suivre ces formations-là. En fait, c'est quelque chose qui va être, je pense,
dépassé plusieurs fois par plusieurs mais...
Je ne vois pas pourquoi on ne viendrait
pas préciser les articles 6 et 6.1 de la Loi sur l'instruction publique.
Il est déjà question de ça dans les articles... pardon, dans les alinéas 6° et 6.1° de l'article 22
de la Loi sur l'instruction publique.
On va déjà dans cette direction-là.
Là, on vient donner davantage de
balises, et je pense que c'est une bonne chose, c'est une bonne idée.
Le Président (M.
Birnbaum) :Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui.
Je ne veux pas prendre la parole longuement parce que mes collègues ont
commencé à débattre, mais je veux juste dire que pour le bon déroulement de nos
travaux... Je pense qu'il va y avoir énormément de questions parce qu'il y a
énormément d'enjeux en ce qui a trait à ça.
Là, le ministre, il veut être sur le fond.
Je comprends. C'est libre à lui. Il y a le fond de la question, le nombre
d'heures, l'encadrement. Qui va payer pour ça? Qui va être assujetti à ça? Les
suppléants vont-ils être assujettis? Si tu es dans plus qu'une école, qui va
regarder ça? Comment on va contrôler ça? Il va-tu y avoir des règlements par
rapport à ça? C'est un petit éventail.
Mais, d'abord et avant tout, quand on
décide de mettre ça dans la loi, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle parce
qu'on liait davantage ça aux conditions de travail, je pense que, là, le ministre
a beau nous ramener à dire : 30 heures, trouvez-vous ça bon, puis
c'est-u correct?, bien, il me semble que c'est une question préliminaire assez
essentielle de se dire : Qu'est-ce que ça change de venir mettre ça d'abord
dans la loi? plutôt que d'en faire un objet de négociation de convention
collective et d'encadrement de la profession via la négociation.
Puis là, quand on a soulevé très
brièvement la question, le ministre nous dit : Bien là, ici, on ne négocie
pas les conventions collectives. Oui, on est au courant de ça. Ce n'est pas de
ça dont il s'agit. Mais est-ce qu'en mettant ça dans la loi ça veut dire qu'on
évacue complètement la question de la formation, des enjeux de relations de
travail et de négociation collective?
Vous vous rappellerez que, dans le projet
de loi sur les maternelles quatre ans, on a parlé abondamment des ratios. Il y
avait cet enjeu-là, conventions collectives. On ne peut pas mettre ça dans la
loi. Le ministre nous disait : C'est dans les conventions collectives.
Finalement, on a décidé qu'après la prochaine négociation de convention
collective on mettrait ça dans la loi. Il ne peut pas nous dire aujourd'hui que
ce n'est pas un enjeu de débattre de quel est l'endroit où on doit venir
encadrer ça.
Donc, moi, je veux relaisser mes... Je ne
veux pas prendre la place de mes collègues. Je vais avoir plein de choses à
dire, mais je veux d'abord que le ministre nous éclaire sur ça parce que ce
n'est pas banal qu'on décide... que le ministre décide qu'il vient mettre un
encadrement dans la loi, préciser un nombre d'heures, les périodes. Est-ce
qu'il va adopter un règlement sur d'éventuelles sanctions? Comment ça va
s'appliquer?
Donc, il vient tout mettre ça là plutôt
que de mettre ça dans les conventions collectives, les relations commissions
scolaires-établissements-enseignants, ce qui est déjà... je veux dire, ça se
travaille beaucoup de ces manières-là à l'heure actuelle. Le ministre le sait.
Donc, je voudrais d'abord qu'il nous explique ce choix-là, et ce que ça
implique.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien. Bien,
ça vient mettre des balises. Bien souvent, dans la loi, on n'écrit pas tout ce
qui se passe dans les écoles au quotidien. On met des principes importants, des
principes directeurs. On donne des balises. Parfois, c'est précisé par
règlement, parfois non. Bien, on laisse la latitude aux gens sur le terrain de
décliner ceci, de voir quels sont les impacts directs.
Donc, la collègue nous parle beaucoup de
la négociation. Je ne veux pas entrer là-dedans, mais, bien sûr qu'on pourra
continuer de parler de ce qu'on appelle le perfectionnement dans le cadre des
négociations. Un n'empêche pas l'autre. Je ne vois pas... Il reste plein de
modalités qui continueront d'être discutées.
Moi, je pense que c'est une avancée de
venir préciser les articles... les alinéas 6° et 6.1° de l'article 22 en venant écrire ici qu'est-ce
qu'on entend par «activités de formation continue». On vient le définir ici,
dans la loi. On dit... Bon, on parle de formation continue dans le premier paragraphe. Après... Bon, on entend quoi par
«activités de formation continue»? Bien, on le définit.
Écoutez, je comprends qu'il y en a qui sont d'accord, il y en a qui ne sont pas d'accord, mais ce n'est pas un problème...
M. Roberge : ...qu'est-ce qu'on
entend par activités de formation continue? On vient le définir ici, dans la
loi, on dit... bon, on parle de formation continue dans le premier paragraphe,
après ça... bon. On entend quoi par activités de formation continue? Bien, on
le définit. Écoutez, je comprends qu'il y en a qui sont d'accord, il y en a qui
ne sont pas d'accord, mais ce n'est pas un problème. Moi, je me souviens que,
lors de la présentation en auditions, il y a des gens qui ont réagi
positivement au fait qu'on venait inclure, dans le projet de loi n° 40,
qui modifie la Loi sur l'instruction publique, un article qui venait baliser
ça.
Dans le cadre des auditions, Nicolas
Prévost, président de la FQDE, Fédération québécoise des directions d'école,
nous a dit, en parlant du projet de loi n° 40 :
«À travailler avec les citoyens de demain, notre responsabilité est énorme. On
a donc la responsabilité, comme membres d'une équipe-école, d'être à la fine
pointe pour nos élèves et, pour ça, il faut être en formation continue pour
l'ensemble du personnel.» Il y en a plusieurs autres.
À l'AQPDE, l'Association québécoise du
personnel de direction des écoles, on a dit : «La formation continue doit
faire partie intégrante du développement professionnel de tous les acteurs en
éducation.»
C'est une sorte de lacune qu'on avait,
dans la Loi sur l'instruction publique, de définir aussi peu les attentes, de
ne donner aucune balise. Là, on vient en donner certaines. Moi, je pense que
c'est une avancée. Ça vient dire aux gens, qui pourraient avoir des fois
certains préjugés : Attention, là! Les enseignants, ils y en ont, de la
formation continue, un minimum de 30 heures. Donc, attention. Puis
ensuite, bien, ça donne des balises, ça vient définir «formation continue». Je
pense que c'est une bonne chose.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Je
comprends le plaidoyer du ministre, mais il n'a pas répondu à ma question.
Donc, on va peut-être être ici longtemps, là, si on joue à ça. Je comprends
que, lui, il aime son amendement, il aime amener les 30 heures, c'est
correct. On se comprend que ce n'était pas dans le projet de loi initial, ça
n'a pas fait l'objet de discussions avec les représentants syndicaux des
enseignants ni avec d'autres personnes qu'on a entendues. Donc, c'est un gros
changement, parce qu'on ne parle pas juste de la formation, on parle de tout
l'encadrement, le nombre d'heures, et tout ça. Certains pourraient dire :
Est-ce que ça a vraiment sa place dans une loi? Mettons, au Barreau, tout le
détail de ce que je dois suivre comme formation n'est pas contenu dans une loi.
Quand je vois, par exemple, l'approbation, qu'il va falloir que la formation
soit approuvée, le directeur ou un autre organisme ou formateur, bon, tout ça,
on peut se demander ça. Mais là je ne suis même pas dans ce niveau de détail
là, à savoir si on est dans le bon niveau de généralité ou de détail pour
mettre ça dans une loi. Je suis juste en train de vouloir comprendre l'état
actuel des lieux. Quand on parle de formation pour les enseignants, l'apport
qui est déterminé par les régimes de négociation patronale-syndicale avec les
conventions collectives, ce qui est déterminé dans les relations commissions
scolaires-établissements-enseignants, ce qui est laissé au libre choix des
enseignants, je pense que, pour partir, tout le monde, sur des bases
communes... parce qu'on peut y aller à la pièce puis dire : Bien moi, je
sais qu'il y a ça, je sais que ça se fait comme ça, je sais que tel syndicat,
ça fonctionne comme ça, mais je pense que ça serait bien qu'on parte sur des
bases communes.
Donc, est-ce que le ministre peut nous
dire comment ça fonctionne en ce moment, l'encadrement de cette formation-là?
Et pourquoi il décide de changer de régime, en quelque sorte, et, maintenant,
de venir prévoir un régime dans la loi?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Les négociations
traitent notamment de la formation continue, du perfectionnement. Il n'y a pas
un nombre d'heures en ce moment qui est prévu, à ce que je sache, en tout cas,
je n'en ai pas vu. Si on m'amène un exemple minimum, là, je serais heureux de
le voir. Ce qui est surtout objet de négociation, c'est les budgets, la
répartition des budgets, la composition du comité qui décide de la formation
continue. C'est le genre de chose qui fait objet de négociations.
• (15 heures) •
Mme
Hivon
: Le
ministre est conscient qu'à partir du moment où il met un nombre minimum
d'heures — puisqu'il vient lui-même de dire qu'à sa connaissance, ce
n'est aucunement présent dans les conventions collectives — ça va
susciter beaucoup d'ajustements, de questionnements, de qui est assujetti,
quelles sont des sanctions éventuelles, est-ce qu'il y en a, il n'y en pas? Qui
va payer? Jusqu'où on va payer? Est-ce qu'on va donner un montant petit, ce qui
va faire en sorte que ça va devoir être des formations de groupes élargis, puis
donc tout le monde va devoir suivre un peu les mêmes formations, même si ce
n'est pas exactement adapté à leur réalité, parce que le centre de services,
éventuellement, ou la commission scolaire n'aurait pas assez d'argent ou
l'école? Donc, ça amène un paquet de questions, dont on va discuter, j'imagine.
Mais moi, je veux comprendre, dans l'optique du ministre, comment il fait jouer
le...
15 h (version non révisée)
Mme
Hivon
:
...monde va devoir suivre un peu les mêmes formations, même si ce n'est pas exactement
adapté à leur réalité, parce que le centre de services, éventuellement, ou la commission
scolaire n'aurait pas assez d'argent ou l'école. Donc, ça amène un paquet de
questions dont on va discuter, j'imagine. Mais moi, je veux comprendre, dans
l'optique du ministre, comment il fait jouer le régime de négociation de
conventions collectives versus ce qu'il prévoit dans la loi.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien, M. le
Président, une fois, évidemment, les articles et les amendements adoptés et la
loi sanctionnée, ne présumons de rien, mais supposons qu'on se rende là, bien,
la négociation devra tenir compte de ça, donc comment... Évidemment, on ajoute
des balises, un peu comme il y avait dans la loi, on disait que l'enseignant a l'obligation
«de prendre des mesures appropriées qui lui permettent d'atteindre et de
conserver un haut degré de compétence professionnelle». On était vraiment dans
le principe, mais on ne pouvait pas ignorer ça. Dans le cadre de la négociation,
on ne pouvait pas dire : Nous, on négocie, mais la Loi sur l'instruction
publique, on n'y est pas assujettis. On devait tenir compte de ça. Advenant le
cas où l'amendement est adopté et que la loi est sanctionnée, bien, il faudra
tenir compte de ça, de ce minimum-là.
Ceci dit, je suis convaincu... enfin, je
sais qu'il y a pour bien plus que 15 heures par enseignant d'offre de formation
déjà. Pas nécessaire d'arriver avec des fonds supplémentaires. Les enseignants
peuvent suivre 20 heures, peuvent suivre 25 heures, peuvent suivre encore plus
d'heures de formation par année s'ils le souhaitent sans sortir de l'argent de
leurs poches. De nombreuses commissions scolaires où, sur les 20 jours, il y a
des formations offertes sur sept, huit, neuf, 10, 15 jours. Il s'agit de
dire : Bon, bien, à la prochaine journée pédagogique, je m'inscris, j'ai
envie d'aller à telle formation, j'ai envie d'aller à telle formation. Alors,
l'offre est là. Je ne suis pas inquiet pour l'offre. Je veux bien comprendre
qu'on peut toujours en avoir plus, bien sûr, il peut toujours y avoir plus
d'offres, il peut toujours y avoir plus de formation, ça, on va tous
s'entendre, mais je suis... je sais que l'offre en ce moment est plus grande,
l'offre de formation, que le minimum exigé dans l'amendement dont on parle.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Donc, est-ce que le ministre est en train de dire qu'en ce moment il y a des
excédents d'argent non utilisé pour la formation au Québec? Puisqu'il semble
dire qu'il y a de l'argent en abondance pour la formation et que c'est... le
sous-entendu, c'est que les enseignants peut-être n'en font pas assez, mais que
l'argent est vraiment là. Donc, en ce moment, est-ce qu'il y a des surplus?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Ce que je dis,
c'est qu'il y a des places disponibles dans certaines formations. Il peut avoir
une classe avec... Quand il y a une formation qui est donnée lors d'une journée
pédagogique, il peut y avoir 40 chaises dans la classe, ça ne veut pas dire que
les 40 chaises sont utilisées, puis ça ne veut pas dire que les profs sont
fautifs de ne pas y aller. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a de l'offre
de formation suffisante.
Et il y a aussi quelque chose de très
intéressant dans cet article-là. Oui, il y a la notion de 30 heures aux deux
ans, donc une moyenne de 15, mais pas nécessairement 15 par année, comme
minimum, vraiment... comme Richard Desjardins, il appelle ça l'infinimum.
L'infinimum, c'est quand vraiment le minimum... petit, homéopathique. On
dit : «L'enseignant choisit les activités de formation continue qui
répondent le mieux à ses besoins en lien avec le développement de ses
compétences». Ça, je pense que c'est important, c'est l'enseignant qui choisit.
On parle des activités de formation continue. «On entend par "activité de
formation continue", la participation à une activité structurée, tel un
cours, un séminaire, un colloque...» Bon, quand c'est offert, évidemment,
directement par le centre de services, on ne demande pas de frais, là. J'ai
entendu parler qu'une commission scolaire offre, via un conseiller pédagogique
ou un autre enseignant, une formation, puis dit : Bien, c'est 15 $
pour le droit d'entrée, là. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. O.K., «un
cours, un séminaire, un colloque ou une conférence, organisée par le ministre,
par un établissement d'enseignement universitaire, par un centre de services
scolaire, par un établissement d'enseignement régi... sur l'enseignement
privé...» Donc, dans ces cas, c'est offert. On dit : «Ou, sous réserve de
l'approbation du directeur de l'établissement, par un autre organisme ou
formateur». Donc, ceux que j'ai dit précédemment, on ne demande pas à la
direction : Est-ce que ça, ça peut être reconnu dans mon 15 heures? Si je
vais à une activité de n'importe quel conseiller pédagogique, de n'importe
quelle formation, évidemment, c'est là. Mais on pourrait aussi avoir même, dans
une école, un enseignant qui développe une habileté dans tel type de pédagogie,
ou avec un manuel spécifique, ou avec, supposons, de la robotique, qui
dit : Bien, moi, là, je ne suis pas... je ne donne pas un séminaire, là,
je ne donne pas...
M. Roberge : ...ici avoir même,
dans une école, un enseignant qui développe une habileté dans tel type de pédagogie,
ou avec un manuel spécifique, ou avec, supposons, de la robotique, qui
dit : Bien, moi, là, je ne suis pas... je ne donne pas un séminaire, là,
je ne donne pas une conférence, mais ça fait cinq ans que je fais de la
robotique avec mes élèves. Puis je suis enseignant, je pourrais donner une formation
soit après l'école, au dîner, pendant une journée pédagogique, donc, je suis un
formateur. Et la direction de l'école dit : Bien, certainement, certainement,
vas-y. Ces quatre heures de formation là, on va les reconnaître, là, ça va
compter. Ça va compter pour ceux qui la suivent, et ça va même compter pour
celui qui la donne, parce qu'on dit : «Est aussi visée, toute
participation à titre de formateur à l'activité de formation continue».
Donc, l'enseignant, il est encouragé, avec
ça, bien sûr, à se former, mais même, il est encouragé à former les autres.
C'est ça qu'on veut dans nos écoles. C'est ça qu'on veut dans nos écoles, des communautés
d'apprentissage. D'ailleurs, ça foisonne à la grandeur du Québec de plus en
plus, les communautés d'apprentissage pédagogique puis le partage de bonnes
pratiques. Mais là ça peut être même à titre de formateur qu'on reconnaît ça
dans les heures. Donc, nommons-le, inscrivons-le, reconnaissons-le puis faisons
foisonner cette richesse.
Et ici, il n'y a pas un coût supplémentaire.
Je n'ai pas besoin d'aller attribuer des frais ou des crédits je ne sais où ou
de négocier avec le syndicat, là. On a un enseignant qui est passionné, qui est
reconnu, qui est bon ou qui est bonne, une enseignante qui est bonne dans quelque
chose puis qui dit : Bien, moi, je vais aider mes collègues dans ce
domaine-là. Ça peut être tous les domaines possibles, l'enseignement des arts,
peu importe. Bien, cet enseignant-là sera reconnu, puis les autres qui suivront
cette formation-là seront reconnus. Il me semble qu'on ouvre non pas une canne
de vers, avec des problèmes, mais des possibilités de reconnaissance et de
partage de bonnes pratiques. Puis c'est ça qu'on veut dans nos écoles.
Le Président (M. Birnbaum) :
Est-ce que la députée de Joliette, du côté... a une autre complémentaire, puis
on va passer à la rotation? Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
...une dernière question, puis je vais... oui. Bien, en fait, en toute,
humilité, je trouve que, non, ma question est quand même pertinente, même si le
ministre, il dit que l'argent, ce n'est pas un enjeu. Moi, j'aimerais ça
savoir, en ce moment, au Québec, la moyenne d'heures de formation que suit un
enseignant par année. Ça, ça nous aiderait à savoir, si on en demande
maintenant 15, puis qu'en ce moment la moyenne, je ne sais pas, c'est huit ou
10, bien, je pense que, oui, on va peut-être avoir un enjeu.
Puis pourquoi je pense que c'est important
de traiter de ça? Bien oui, la formation, tout le monde trouve que c'est
important. Je pense qu'il n'y a personne qui va remettre ça en cause. Mais
c'est qu'il faut que ce qu'on met en place comme manière d'y arriver, comme balise,
comme encadrement fasse en sorte que ça puisse s'appliquer comme il faut.
Exemple, vous êtes obligé maintenant de faire 15 heures de formation par année,
mais en ce moment... je dis n'importe quoi, je ne le sais pas, ça fait que
j'aimerais ça que le ministre me le dise... mais, si, en moyenne, en ce moment,
c'est sept ou huit heures par enseignant au Québec, que les suppléants, on ne
les compte pas là-dedans, mais que là, on va les compter... Bon, c'est toutes
des questions auxquelles j'aimerais avoir des réponses.
Mais pourquoi je trouve ça pertinent,
c'est que, si c'est le double d'heures maintenant qui vont être suivies avec...
si on acceptait cet amendement-là, puis que le ministre nous dit : Bien
non, il n'y aura pas d'argent de plus... d'ailleurs, dans l'offre qui a été
faite... il n'y a pas une cent de plus pour la formation continue qui est mise
au jeu dans l'offre du gouvernement... bien, est-ce que ça peut vouloir dire
que, que voulez-vous, vous êtes supposés vous former selon vos spécialités, vos
besoins, votre nécessité de perfectionnement, vos intérêts, mais il n'y a pas
assez de ressources, de financement disponible, donc on va vous offrir des
grands groupes de formation sur tel sujet ou tel autre, mais ce n'est pas vrai
que l'école ou la commission scolaire va pouvoir vous permettre de tout
assister à ce que vous voulez et quand vous voulez parce qu'il n'y a pas
d'argent supplémentaire, puis maintenant, vous allez suivre plus d'heures que
ce que vous suiviez, en moyenne, avant.
Ça fait que moi, si le ministre me
dit : Ah! c'est le contraire. En ce moment, en moyenne, c'est 24 heures
par personne, ça fait qu'il n'y aura pas d'enjeu. Mais si le ministre me
dit : En ce moment, en moyenne, c'est sept, huit heures, bien, je pense
qu'on peut avoir un enjeu. Puis moi, après, de dire : On met ça, mais on
prendra la formation qui est possible, compte tenu des coûts que ça peut
constituer, puis on ne met pas une cent de plus en argent, moi, en tout cas,
d'un regard extérieur, je trouve ça surprenant.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
• (15 h 10) •
M. Roberge : M. le Président,
je ne pense pas qu'on peut présumer que, dans les prochains budgets ou à la fin
de la négociation, il n'y aura, comme elle dit, pas une cent de plus. Puis je
pense que ma collègue a assez d'expérience pour savoir qu'une négociation ça
évolue. Puis on ne peut pas prendre le dépôt...
Le Président (M. Birnbaum) :
...le ministre.
M. Roberge : M. le
Président, je ne pense pas qu'on peut présumer que, dans les prochains budgets
ou à la fin de la négociation, il n'y aura, comme elle dit, pas une cent de
plus. Puis je pense que ma collègue a assez d'expérience pour savoir que
négociation, ça évolue. Puis on ne peut pas prendre le dépôt et présumer qu'à
la fin ça va être le dépôt pour dire où est-ce que ça arrivera. Mais
d'habitude, c'est quelque part entre le dépôt patronal puis le dépôt syndical.
On précise, ici, qu'un autre organisme
formateur, puis je l'ai mentionné, évidemment, les enseignants sont
d'excellents formateurs, ce sont des enseignants. Puis on ne reconnaît pas
assez la valeur du partage d'expertise. Je pense qu'ici on a une opportunité
d'utiliser l'expérience, l'expertise, la passion, les habiletés, évidemment,
d'enseignement des enseignants pour le partage des bonnes pratiques. Ma
collègue me demande est-ce qu'on a la moyenne. Je n'ai pas cette
information-là. On pourrait avoir des sondages, mais, bon, ça serait... Pas sûr
que ça serait tant scientifique. On sait ce que font d'autres formations comme
ratio minimal. On sait ce que font surtout d'autres enseignants ailleurs. Puis
on sait que ce qu'on met, c'est vraiment... C'est un minimum.
Mme
Hivon
:
Je vais vraiment laisser les collègues, parce que je n'arrête pas de le dire.
M. Roberge :
...brièvement.
Mme
Hivon
:
Ça fait qu'avant de me faire trancher la tête, mais je veux juste dire, je vais
y revenir, mais, pour moi, d'avancer là-dedans sans savoir d'où on part puis
vers où on s'en va, je ne comprends pas comment on va pouvoir y arriver en
termes de soutien, de financement, d'offre. Donc, commentaire final, je cède la
parole à ma collègue. Je vais y revenir.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M.
le Président. Je voudrais saluer tous les collègues puisque je me joins à
l'étude des... Bien, j'étais pour dire des crédits. Vous voyez, vous me mettez
déjà... On se plonge déjà dans les crédits futurs. Mais je suis heureuse d'être
avec vous aujourd'hui pour ce projet de loi. Donc, je vais faire du pouce un
peu sur ce que la députée de Joliette vient de mentionner, on n'a pas
actuellement de moyenne d'heures de formation qui sont faites. Donc, ce que je
comprends, c'est qu'il n'y a pas de moyenne. Donc, on ne sait pas d'où on part.
C'est un peu, en effet, questionnable.
Je comprends que le ministre,
actuellement, est en train de mettre sur pied un peu le dogme sur lequel il a
écrit un livre. Et je lisais tout à l'heure un passage, là. À la page 43,
il y a un paragraphe complet, là, où il indique ce qui le motive d'abord et
avant tout dans la création d'un ordre des enseignants. C'est l'idée que
ceux-ci devraient rester à jour dans les matières en suivant une formation
continue. On est exactement dans le dogme. Et ce que le ministre oublie de dire
actuellement ce matin, c'est qu'il n'en a pas été question devant les groupes
qui ont été entendus. Et je pense que la discussion aurait été totalement
différente.
Ceci étant dit, on est en train de changer
la terminologie dans le fond pour essayer de contrecarrer une négociation,
parce que c'est de négociation dont il est question, M. le Président.
M. Roberge : M. le Président.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Excusez-moi,
quand on me dit que j'essaie de contrecarrer quelque chose, je trouve qu'on me
prête des intentions.
Une voix
: Non, non! Il
ne respecte pas la loi sur la négociation des conventions collectives.
Le Président (M. Birnbaum) :
Donc, dans le contexte, on va continuer. J'invite la députée de...
Mme Melançon : Bien sûr.
Puis je ne suis pas là à vouloir... Je veux être très claire, mais, honnêtement,
on est en train de passer d'où on peut discuter en négociation. Et ça, c'est un
Conseil du trésor, puis ça, c'est à la Commission des finances publiques. Ce
n'est pas à la commission de l'éducation de regarder ça. Alors, dans le même
sens que les autres collègues, je pense qu'on n'est pas sur la bonne tribune premièrement.
Deuxièmement, quand on parle du dogme du ministre
et de vouloir parler de formation continue, pour pouvoir créer un ordre des
enseignants, je pense que c'est gros, M. le Président. Je pense que la
discussion aurait été tout autre. Et j'imagine les groupes qui sont en train de
nous écouter aujourd'hui, qui sont en train d'écouter la commission et la
surprise qu'ils ont dû avoir en lisant l'article 4.2 qui n'a jamais été
annoncé, jamais. Alors, c'est toute une transformation. C'est une drôle de
journée aujourd'hui pour ceux et celles qui sont venus se faire entendre, ici,
en commission, qui viennent de chacun de nos comtés et qui n'avaient pas vu
venir le dogme du ministre à vouloir parler, bien sûr de formation continue.
Mais là, vous-même, tout à l'heure, là, puis j'ai prise des notes de ce que
vous disiez. Vous disiez que vous n'étiez pas...
Mme Melançon : ...qui viennent
de chacun de nos comtés et qu'ils n'avaient pas vu venir le dogme du ministre à
vouloir parler bien sûr de formation continue, mais là... Vous-mêmes, tout à
l'heure, là, puis j'ai pris des notes de ce que vous disiez, vous disiez que
vous n'étiez pas en train... vous n'aviez pas d'intention cachée — c'est
vos mots, là — d'aller vers un ordre des enseignants, mais clairement
le moyen dont vous parlez dans votre livre, ce n'est pas moi qui l'invente, là,
c'est dans votre livre, bien, honnêtement, c'était le dogme qui vous
nourrissait. Alors, les gens qui n'ont pas vu venir cet article 4.2 là doivent
être en train de se poser de nombreuses questions. Et à voir mon téléphone qui
ne cesse de m'amener des notifications, je pense que j'ai pas mal raison.
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre.
M. Roberge : Content de voir
que ma collègue est d'accord avec elle-même, sûre qu'elle a raison, mais je ne
pense pas qu'il y ait des gens qui soient bien surpris quand on parle de
formation continue, étant donné que, dès le dépôt du projet de loi, l'article
133 qui traitait de la question de la formation continue était là. Tout le long
des auditions, les groupes en ont parlé en disant ce qu'ils souhaitaient, ce
qu'ils ne souhaitaient pas, sur le thème de la formation continue obligatoire.
Certains s'en sont réjouis et ont demandé des modifications, d'autres l'ont
déploré, ont demandé le retrait. Ça fait partie de l'ordre des choses. Puis on
a plusieurs, là, plusieurs mémoires, qui en ont parlé, donc je ne pense pas qu'il
y a des gens qui soient très surpris. Et si des gens sont surpris que, comme gouvernement,
la Coalition avenir Québec, on arrive avec cette préoccupation de la formation
continue des enseignants, je pense qu'ils ont manqué un certain nombre de
débats, parce que, bien sûr, il y avait le livre, qui parlait... c'est un
moyen, l'ordre professionnel, mais c'était quelque chose de différent.
On n'arrive pas avec... Je le sais, que
mes collègues aiment bien utiliser ça et dire que, là, tout à coup, on fait
l'ordre, comme ça. Ce n'est pas un ordre professionnel, ici, un ordre
professionnel, ce serait bien d'autres choses. C'est autre chose. Je les invite
à... je pense qu'ils le savent, mais, quand même, un ordre professionnel, c'est
un organisme indépendant, c'est un organisme de contrôle, c'est un organisme
avec un mécanisme de supervision, avec des inspecteurs. Il n'est rien question
de ça. C'est un organisme qui vient donner, suspendre, enlever des brevets ou
des permis d'enseigner. Pas question de ça. Donc, c'est autre chose. Mais je
veux bien convenir que, dans les deux cas, on parle de formation continue. Pour
le reste, c'est autre chose. Si on avait voulu déposer un projet de loi pour
faire ceci, bien, c'est là qu'on serait, mais ce n'est pas ce qu'on veut.
D'ailleurs, ça ne se fait même pas par un simple projet de loi, là, c'est l'Office
des professions, puis on n'est pas là. On n'a pas donné le mandat.
D'ailleurs, c'est intéressant, parce que
le dernier gouvernement à avoir tenté d'implanter un ordre, M. le Président,
c'est le gouvernement libéral. Au début des années 2000, j'étais enseignant, et
il y avait eu vraiment une tentative de création, il y avait eu même un mandat
donné à l'Office des professions. Et c'est drôle, ils n'en avaient pas parlé en
campagne électorale puis ils l'avaient fait quand même. Et, dans notre cas, ce
n'est pas le cas, en campagne électorale, on a dit... j'ai dit clairement, puis
les gens savaient où on logeait, j'ai dit clairement qu'il y avait un débat à
faire et qu'on ne pouvait pas arriver puis imposer un ordre aux enseignants, et
donc qu'on ne le ferait pas dans le mandat. Ça a été dit, puis nous autres, on
est comme ça, on dit ce qu'on fait, on fait ce qu'on dit. Bon. Voilà pour cette
question.
• (15 h 20) •
Maintenant, sur la question de la
formation continue, bien, encore une fois, moi, je reviens à ce qu'il y a dans
l'article, parce qu'on est en train d'étudier un article qui vient compléter un
autre article. Ce n'est pas... On n'est pas les premiers à vouloir parler de ce
thème. Je le répète, là, dans la Loi sur l'instruction publique actuelle,
section II, obligations de l'enseignant, article 22, alinéa 6, l'enseignant,
dans les devoirs, là, il a le devoir de «prendre les mesures appropriées qui
lui permettent d'atteindre et de conserver un haut degré de compétence
professionnelle». 6.1 : «Il a le devoir de collaborer à la formation des
futurs enseignants et à l'accompagnement des enseignants en début de carrière.»
On vient mettre, après 22, 22.01, quelque chose qui vient préciser. Quand on
dit : Prendre les mesures appropriées qui permettent d'atteindre et de
conserver un haut degré de compétence professionnelle, bon, bien, de quoi on
parle? Bien, on dit : Voilà, l'enseignant doit suivre de la formation
continue. Qu'est-ce qu'on veut dire par formation continue? On le définit.
C'est l'enseignant qui choisit sa formation, qui sera compilée, à moins qu'elle
soit moins formelle. Si on ne parle pas de formation donnée par le centre de
services, si on ne parle pas de formation...
M. Roberge : ... l'enseignant
doit suivre la formation continue. Qu'est-ce qu'on veut dire par «formation
continue»? On le définit, c'est l'enseignement qui choisit sa formation, qui
sera compilée, à moins qu'elle soit moins formelle. Si on ne parle pas de
formation donnée par le centre de services, si on ne parle pas de formation
donnée dans un colloque, si on ne parle pas de formation donnée par une université,
elle pourrait être reconnue quand même. Il faudrait simplement que la direction
dise : Voilà, je reconnais cette formation, ce qui arrivera vraisemblablement
dans plusieurs cas..
Mais tout ça est parfaitement cohérent et
je pense qu'on est au coeur d'un des principes importants, sur lequel plusieurs
groupes se sont déjà prononcés lors des auditions et après, et il faut dire qu'il
n'y a personne ici de surpris? Parce que l'amendement dont on parle ici aujourd'hui,
on l'a déposé il y a une semaine en commission. On l'a rendu public il y a une
semaine en commission.
Mme Rizqy : Non, c'était
mardi. Là, on va se calmer, là.
M. Roberge : Pardon. Ce
n'était pas mardi de cette semaine?
Mme Rizqy : Mardi.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Roberge : Ah! peut-être ...
pourrait trouver la date. C'est-u mardi?
Mme Rizqy : ...qu'on a bien
reservé nos droits pour vraiment ... (panne de son) vos amendements.
M. Roberge : C'est bon. C'est
correct. C'était mardi matin et je m'en excuse, ça ne fait pas une semaine. Le
temps passe vite en bonne compagnie, quand même.
Des voix
: ...
M. Roberge : Donc, je m'excuse
de cette erreur, on l'a déposé mardi mais les gens n'en sont pas davantage
surpris. C'est jeudi après-midi, on en parle pour parler de sujets qui étaient
déjà dans le projet de loi.
Le Président (M. Birnbaum) :
Il y a-t-il d'autres interventions ? Je vais permettre une complémentaire et on
va passer, après la députée de Sherbrooke, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : J'aimerais simplement
savoir, M. le Président : est-ce que la formation continue va remplacer le
perfectionnement?
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre.
M. Roberge : Il n'est pas
écrit ici que la formation continue remplaçait le perfectionnement.
Une voix
: Bien, c'est
pour ça qu'on pose la question, là.
Le Président (M. Birnbaum) : Une
autre complémentaire, si vous voulez.
Mme Melançon : Ben, M. le
Président, je ne sais pas si vous avez entendu un semblant de réponse, là. Moi,
je demande : est-ce que la formation continue va remplacer le
perfectionnement?
M. Roberge : M. le Président,
puisque là, on parle d'un mot versus l'autre, puis on est dans un projet de loi
avec un sens légal, je demanderais de suspendre, juste pour être certain de
bien répondre à la question de la collègue.
Mme Melançon : Merci.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, nous allons suspendre...
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 52)
Le Président (M. Birnbaum) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Je nous rappelle que nous sommes à l'étude de
l'article 4.2 et je cède la parole à M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Donc, j'ai fait quelques vérifications. Les termes
«perfectionnement» et «formation continue» peuvent être compris, bien souvent,
de la même façon dans le langage courant ou dans un document de travail ou dans
un mémoire. Même dans une entente négociée, dans une convention collective, ils
peuvent avoir le même sens. Je pense que l'essentiel, justement, c'est de bien
définir pour ne pas qu'une personne dise : Bien moi, c'est comme ça que je
le comprends puis à quoi je me réfère?
C'est pour ça que dans l'article 4.2,
on le définit, hein, le deuxième paragraphe dit : «On entend par activité
de formation continue — entre guillemets —...» et on explique de
quoi on parle.
Donc, les sommes qui sont prévues dans le cadre
des négociations nationales sont ensuite déclinées selon des modalités décidées
lors des négociations locales, ententes régionales. Ceci dit, peu importe si
dans une convention, on disait qu'il y a de l'argent pour un perfectionnement
ou si on disait : Il y a de l'argent pour une formation continue, si les
activités de formation font ce qu'on définit ici, bien, elles sont considérées
comme de la formation continue, peu importe si on dit : Bien non, c'est
une formation continue ou c'est du perfectionnement dans le langage courant,
peut-être qu'un enseignant dirait : Bien, je suis allé à une activité de
perfectionnement hier. Je suis allé à une journée de formation par le
conseiller pédagogique. Mais même si l'enseignant dit : Je fais une journée
de fonctionnement, dans le langage courant, ça n'empêche pas qu'au sens de la
loi qu'on est en train d'étudier, l'article, bien, ce sera une activité de
formation continue puisqu'elle sera donnée par le centre de services.
Donc, c'est pour ça que c'est important
puis, fort heureusement, on définit ici qu'est-ce qui peut être reconnu comme
formation continue. Voilà.
Le Président (M. Birnbaum) :
Des interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. Donc, j'imagine que vous avez des analyses d'impact budgétaire pour
savoir combien tout ça va coûter.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Comme je l'ai dit
précédemment, M. le Président, les sommes permettant l'application de cet article-là
sont déjà présentes.
Mme Melançon : O.K. Donc, M.
le Président, si je peux me permettre, ça va coûter combien?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
les sommes nécessaires à l'application de ceci sont déjà présentes, sont déjà
budgétées…
Mme Melançon : ...O.K., donc, M.
le Président, si je peux me permettre, ça va coûter combien?
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
les sommes nécessaires à l'application de ceci sont déjà présentes, sont déjà
budgétées...
Mme Melançon : C'est combien?
M. Roberge : ...sont déjà
prévues. Il y a déjà de l'argent qui est utilisé pour ça. Parfois, dans le
cadre d'une négociation, on définit un montant qui est alloué par enseignant,
mais pas alloué directement à l'enseignant, dans le cadre des négociations.
Après ça arrive le moment où on met tout
cet argent-là... Supposons, dans la dernière entente FSE, on m'a dit qu'il y a
environ 240 $ de réservés, donc, par enseignant pour ce qu'ils appellent
perfectionnement et formation continue. Ils mettent ça ensemble sur une même
ligne, perfectionnement et formation continue, 240 $ par enseignant. Ça ne
veut pas dire nécessairement que chaque enseignant aura 240 $ directement
comme ça, puisqu'après ça, au niveau de la négociation locale, ils décident...
bon, bien, le comité, là, qui sert à répartir et à utiliser ces sommes-là, bien
souvent, c'est un comité paritaire, est-ce qu'il y a trois personnes de chaque
équipe, est-ce qu'ils sont six ou est-ce qu'ils sont huit... ça se décide au
point de vue local. Advenant le cas où on a plusieurs personnes qui veulent
aller à un colloque spécifique, qu'on ne peut pas envoyer 200 personnes au
colloque, comment ils choisissent, ils déterminent ça au point de vue local.
Alors, ils se donnent toutes sortes de critères.
Il est possible qu'un enseignant, pendant
une année, pendant deux années, suive sa formation continue sans que ça
engendre réellement de coûts, en participant à des communautés d'apprentissage,
en participant à des journées pédagogiques, et qu'à un moment donné plus tard
dans sa carrière, il participe à un colloque ou à un congrès qui dure trois
jours, pour lequel son inscription coûte bien plus de 240 $, puis ce sera
absorbé en ce moment par la commission scolaire, plus tard, par le centre de
services. C'est comme ça que ça fonctionne. Puis il ne faut pas opposer
nécessairement perfectionnement et formation continue. Il faut dire ici
qu'est-ce qu'on entend par formation continue.
Puis je reviens encore à l'article de loi.
C'est écrit ici. «On entend, par activité de formation continue, la
participation à une activité structurée, tels un cours, un séminaire, un
colloque ou une conférence organisée par le ministre, par un établissement
d'enseignement universitaire, par un centre de services scolaires, par un
établissement d'enseignement régi par la Loi sur l'enseignement privé (chapitre E-9.1)
ou, sous réserve de l'approbation du directeur de l'établissement, par un autre
organisme formateur. Est aussi visée toute participation à titre de formateur à
une activité de formation continue.» Donc, tout ça, c'est de la formation
continue. Même si l'enseignant, s'en allant à ça, dit : Bon, moi, je m'en
vais à une activité de perfectionnement, c'est la loi qui le définit pour qu'on
arrive à comptabiliser le minimum d'heures.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions? Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Toujours dans
le même aspect. Donc, si j'entends bien le ministre, il vient de reconnaître
que c'est dans le cadre de la négociation locale que tout ça se fait. Donc, on
est en plein dans les négociations. C'est assez troublant, premièrement.
Deuxième chose qui est plutôt troublante,
M. le Président, on nous a habitués à ne pas arriver avec d'analyses d'impact
budgétaires, on l'a vu avec les maternelles quatre ans où c'était
120 000 $, 180 000 $, puis c'est allé jusqu'à
2 millions de dollars. Je ne comprends pas qu'on ne soit pas capables,
ici, d'identifier clairement, de façon transparente, combien cela va coûter.
Et, mon troisième aspect, M. le Président,
vous savez, pour permettre à des professeurs de partir faire une formation, on
va devoir avoir une banque de professeurs, à quelque part, remplaçants. Les
banques sont pas mal vides. Donc, ce que je comprends, c'est qu'après avoir eu
des journées sans élèves, on va avoir des journées sans enfants à l'école pour
permettre les formations. Parce que, là, je ne sais pas combien ça va coûter,
je ne sais pas comment ça va fonctionner. Bref, on n'a pas beaucoup de réponses
à nos questions.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
• (16 heures) •
M. Roberge : Oui. Disons que
la pénurie d'enseignants n'est pas arrivée... d'abord, elle n'est pas égale
partout, il faut faire attention, mais elle n'est pas arrivée suite à
15 belles années de valorisation de la profession après des dizaines
d'actions pour attirer des talents, après une négociation de 2014 qui venait
valoriser la profession et augmenter le salaire. Il faut se souvenir que, cette
pénurie, à laquelle on fait face puis à travers laquelle on est en train de
passer — on est en train de trouver des solutions puis on est en
train de s'en sortir —, elle nous est arrivée, pas par hasard, mais
c'est arrivé parce qu'il y a eu toutes sortes de négligences qui se sont
manifestées de toutes sortes de manières. Donc, peut-être que ce serait bien de
ne pas ramener ça ici. Enfin, on peut bien le ramener, mais je ne suis pas
certain que ça fasse des points...
16 h (version non révisée)
M. Roberge : ...à travers
laquelle on est en train de passer. On est en train de trouver des solutions
puis on est en train de s'en sortir. Ça ne nous est arrivé pas par hasard, ça
nous est arrivé parce qu'il y a eu toutes sortes de négligences qui se sont
manifestées de toutes sortes de manières. Donc, peut-être que ça serait bien de
ne pas ramener ça ici. Enfin, elle peut bien le ramener, mais je ne suis pas
certain que ça fasse des points de son côté.
Des voix
: ...
M. Roberge : Pour ce qui
est de dire que les articles de loi ou la Loi sur l'instruction publique ne
pourraient pas toucher quelque chose qui fait l'objet d'une négociation, comme
si c'étaient des silos, là, puis qu'il peut... ça ne se peut pas, un thème qui
soit à la fois dans la loi et dans les conventions collectives, bien, je suis
obligé de dire que ma collègue de trompe puisque l'article 22 de la Loi sur
l'instruction publique, obligations de l'enseignant, les alinéas 6° ont
préséance, hein, sont des socles sur lesquels on doit s'appuyer et qu'on doit
respecter. Et les mots, là, où on dit que les enseignants doivent prendre les
mesures appropriées qui leur permettent d'atteindre ou conserver un haut degré
de compétence, bien, ils étaient dans la loi puis ils ont été repris ensuite
lors de la rédaction de certaines ententes négociées. Donc, on voit bien que ce
sont des socles, des balises qui sont données, puis sur lesquelles on doit
ensuite bâtir. C'est arrivé pour la loi telle qu'elle est et ça arrivera pour
la loi telle qu'elle sera, tout simplement.
Le Président (M. Birnbaum) :
Bon, je vous rappelle que toute la semaine nos débats se sont alimentés de
façon constructive et transparente. Et je nous invite de continuer dans ce
sens-là. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, M. le Président. Le ministre ne nous répond pas, mais nous fait
référence à l'article 22, paragraphe 6° qui dit quoi? Un haut degré
de compétence professionnelle. Ça, c'est une chose. Or, l'amendement dont il
est question parle de formation continue obligatoire de 30 heures sur une
période de deux heures et fait référence en quelque sorte à ce qui est déjà
existant dans un corpus législatif, ici, au Québec, notre Code des professions,
l'Office des professions. Perfectionnement fait référence à la loi sur les
négociations dans le secteur public et parapublic. Le ministre de l'Éducation
peut-il nous dire s'il connaît la trilogie en droit du travail de la Cour
suprême du Canada, pas celle de la Finlande, des Pays-Bas, mais juste du
Canada?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Excusez-moi,
je veux juste regarder. Je vais revenir un peu plus tard là-dessus. O.K. Il y a
quelque chose que je voulais regarder. La trilogie de la Cour suprême? Écoutez.
Mme Rizqy : En droit du
travail.
M. Roberge : Moi,
j'invite ma collègue... j'aimerais ça qu'elle cesse de rigoler pendant mes
réponses, M. le Président.
Le Président (M. Birnbaum) :
...avec un décorum, je l'espère.
M. Roberge : Merci. Moi,
j'invite ma collègue à prendre position pour dire : Est-ce que c'est une
bonne chose de préciser l'article 22 de la Loi sur l'instruction publique?
Nous, on pense que oui. S'ils sont en désaccord, bon, correct. Mais, c'est un
positionnement important pour dire : Est-ce qu'on souhaite avoir des
balises minimales pour nos enseignants au Québec, pour avoir une garantie de
formation continue minimale. Puis je vais attention quand le je dis, ça ne veut
pas dire que les enseignants n'en font pas. Pas du tout.
Mais, on avait déjà donné une balise leur
disant, et c'était dans la loi, qu'ils devaient prendre toutes les mesures pour
maintenir un haut degré de compétences. Ça n'a pas été vu, je pense, comme un
problème, ça a même été ensuite intégré dans les négociations. Après, la loi a
été intégrée dans les négociations, et ça a été intégré dans la section
perfectionnement, dans le chapitre 7.1 d'une convention collective où ils
ont repris à peu près ces mêmes mots-là pour définir comment ils allaient respecter
cet article de loi et qu'est-ce qu'il allait avoir par la suite dans l'entente
négociée respectant ceci, mais en citant pratiquement l'article de loi.
Là, on arrive en donnant davantage de
balises. Bien, suite à ça, il y aura des modalités sur comment on fait pour
respecter la loi dans la section sur le perfectionnement ou la formation
continue puisqu'essentiellement, ça revient à la même chose. Mais il faudra se
baser, évidemment, sur la définition qui est dans la loi quand on voudra
s'assurer que le minimum d'heures est fait.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le Président...
M. Roberge : ...la formation
continue puisqu'essentiellement ça revient à la même chose, mais il faudra se
baser évidemment sur la définition qui est dans la loi quand on voudra
s'assurer que le minimum d'heures est fait.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le
Président, le ministre m'invite à aller dans son sens de son amendement. Or, il
ignore le droit au Québec. Il l'ignore. En fait, il se croit même au-dessus de
la loi. C'est ça qui arrive en ce moment, il se croit au-dessus de la loi sur
les négociations publiques et parapubliques. Est-ce qu'il sait qu'à l'annexe I,
là, qui vise justement les enseignants, que c'est prévu que c'est seulement les
parties reconnues par le Code du travail qui peuvent négocier? Moi, je ne suis
pas une partie reconnue, lui non plus. Est-ce qu'il sait au moins c'est qui,
les parties reconnues pour négocier les termes des conventions collectives?
Juste nous dire ça, là, pour la gouverne de ceux qui nous écoutent, pour tous
nous instruire.
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre.
M. Roberge : M. le
Président, je pense que ma collègue essaie d'amener ici les négociations. Moi,
je suis dans la section Obligations de l'enseignant. Ce n'est pas comme si ça
n'existait pas déjà dans la loi. Ça existe déjà dans la loi, section II,
article 22, Obligations de l'enseignant. Elle veut amalgamer ça comme si
c'était impossible pour le législateur de préciser ou d'inclure des obligations
de l'enseignant. Comme si, si on faisait ça, obligatoirement, il fallait que...
on ne pouvait traiter des obligations que dans le cadre d'une négociation. Mais
là ce n'est pas vrai. Il y a des articles qui ont été votés. D'abord, la
section Obligations de l'enseignement date de 1988. Puis après ça il y a eu
d'autres articles qui ont été modifiés ou amendés en 1997 pour la section
Obligations de l'enseignant. Donc, manifestement, on n'est pas d'accord
là-dessus.
Mais je ne répondrai pas à ces questions
sur les modalités de négociation, le nom des négociateurs, etc. Je n'irai pas
là parce que pour moi la question est de savoir comment on définit les
obligations, comment on précise ce qui est prévu à l'alinéa 6 et 6.1.
Donc, si elle veut me redemander des pléiades de précision sur le mode de
négociation québécois, bien, elle peut bien le faire. Moi, je vais rester sur
la définition dans la loi des obligations de l'enseignement... de l'enseignant.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : C'est drôle,
hein? Le ministre ignore le droit au Québec, alors qu'il est désormais
législateur. Il a une armée d'avocats puis il dit : Moi, non, je ne veux
pas regarder le droit dans lequel on vit.
Pour faire un parallèle, là, pour que les
gens nous comprennent bien, c'est comme si, par exemple, dans la loi sur la
santé, on voulait mettre les conditions de perfectionnement des infirmières.
Bien non, ce n'est pas là que ça va. Là, il veut faire ça dans la Loi sur
l'instruction publique quand ça fait 40 ans que c'est dans les tables de
négociation, tel que prévu dans la loi sur les négociations du secteur public
et parapublic. Ça ne sort pas de nulle part.
On est dans un État de droit, M. le
Président. Et savez-vous quoi? Il y a de la jurisprudence. Quand je lui
dis : Est-ce que vous connaissez la trilogie? Non, je ne connais pas la
trilogie. Mais qu'il ne me dise pas qu'il ne connaît pas la trilogie, qu'il me
dise : Je vais demander à mon équipe de me dire exactement ce que la Cour
suprême a déjà mentionné. Je vais aller vérifier : Est-ce que va fait
partie du droit de négociation? Est-ce qu'il y a un principe fort, très, très
fort de négociation de bonne foi qui existe? Ou est-ce que le ministre un jour
on va devoir lire dans une décision de la cour qu'il a fait preuve de
négligence parce qu'il a décidé de faire de l'aveuglement volontaire malgré les
questions des oppositions puis se dire : Bien non, ça ne m'intéresse pas,
moi, d'aller voir ce qui se passe dans notre droit civil. Ça ne m'intéresse pas
de savoir c'est quoi, le droit du travail. Ça ne m'intéresse pas de savoir ce
que la Cour suprême a déjà dit.
Alors, moi, j'ai une autre question pour
le ministre. Est-ce qu'il sait que c'est vraiment 240 qui est prévu en matière
de perfectionnement? Ça, c'est une question. D'autre part, est-ce que le
ministre peut nous indiquer si sa volonté ministérielle a été communiquée aux
parties habilitantes en vertu du Code du travail à négocier des conventions
collectives ou pas?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le
Président, ça allait bien. Je trouve ça déplorable que ma collègue dise :
Le ministre ignore ci, le ministre ignore ça, le ministre ne s'intéresse pas à
tel sujet. C'est à la limite insultant. Elle me prête des intentions en disant
à quoi je m'intéresse, à quoi je ne m'intéresse pas. Elle prétend que j'ignore
quelque chose. Je ne sais pas, il me semble que ce n'est pas très édifiant.
Moi, j'essaie de débattre de quelque chose. Elle veut m'amener à un endroit
qui, je pense, n'est pas pertinent ici, dans la négociation. Bon.
Alors, encore une fois, elle rigole
pendant que je parle, mais je...
Mme Rizqy : ...
Le Président (M. Birnbaum) :
... S'il vous plaît!
M. Roberge : J'essaie
d'être très respectueux et de garder le ton très bas.
• (16 h 10) •
Le Président (M. Birnbaum) :
Je ne suis pas devant... règlement, mais je vous invite...
M. Roberge : …j'essaie de
débattre de quelque chose. Elle veut m'amener à un endroit qui, je pense, n'est
pas pertinent ici, dans les négociations. Alors, encore une fois, elle rigole
pendant que je parle…
Le Président (M. Birnbaum) : S'il
vous plaît!
M. Roberge : …et j'essaie
d'être respectueux et de garder le ton très bas.
Le Président (M. Birnbaum) :
Je ne suis pas devant un règlement, mais je vous invite… on est à la veille de
compléter une semaine très constructive, on va en convenir, une discussion très
détaillée et sérieuse et responsable. Alors, j'invite… je vais inviter le
ministre à compléter son intervention dans un premier temps. Dans un deuxième
temps, je nous invite à rétablir, de chaque côté de la table, un esprit de
collaboration et parlementarisme qui va faire… qui va privilégier des débats
sur les questions très importantes devant nous tous. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Donc, je continue de penser que c'est pertinent de traiter de ces
questions. Je continue de répéter que ça a été annoncé précédemment. C'était
dans l'article 133, lors du dépôt, en 2019, du projet de loi. Donc, ce
thème allait être abordé. C'est mardi, c'est vrai, qu'on a déposé la liasse
d'amendements. Donc, effectivement, on n'est pas surpris du libellé. On a tous
eu... Les gens ont un minimum de 48 heures pour le voir. Certains, bien
sûr, souhaiteraient qu'on n'en parle pas, qu'on ne s'intéresse pas à ces
questions-là. Écoutez, ils ont le droit.
Et certains souhaitent qu'on ne
s'intéresse pas non plus à l'élimination des postes de commissaires. Ils
souhaitent qu'on garde ça comme ça, et des commissions scolaires comme on les
connaît, avec leurs défauts et leurs qualités, parce que tout ne va pas mal
dans le réseau, mais ils voudraient qu'on ne touche pas à la gouvernance des
commissions scolaires et ils souhaiteraient qu'on retire le projet de loi.
C'est correct. Il y a beaucoup de Québécois qui souhaitent qu'on aille de
l'avant. Ceci dit, il y a des différends d'un côté et de l'autre.
Dans le projet de loi sur la gouvernance,
à la surprise de personne, puisque c'était annoncé, on traite de la formation
continue obligatoire des enseignants. Ma collègue pense qu'on ne devrait pas en
parler ou alors qu'on devrait, je pense, réserver ça simplement au cadre de
négociation.
Moi, je pense avoir bien démontré qu'il y
a une section, la section III, obligations de l'enseignant,
article 22, qui traite des obligations de l'enseignant et qui traite de la
formation déjà. L'article vient préciser des éléments. On pourrait ne pas le
faire, dire : C'est très bien en ce moment.
Nous, on pense qu'on peut améliorer la
situation actuelle en donnant des balises sur qu'est-ce qu'une formation
continue reconnue pour un nombre minimal d'heures, en précisant que c'est
l'enseignant qui choisit les activités de formation continue qui répondent le
mieux à ses besoins en lien avec le développement de ses compétences. Je pense
qu'il y a beaucoup d'enseignants, au Québec, qui seront contents de lire ça.
C'est l'enseignant qui choisit les activités de formation continue qui
répondent le mieux à ses besoins en lien avec le développement de ses
compétences.
Donc, oui, on met un seuil minimal sur
deux ans, donc une flexibilité sur deux ans. Oui, on définit «formation
continue». On sort du flou. Oui, on donne, pour d'autres mesures, d'autres
formations qui ne sont pas précisées ici, une possibilité pour la direction de
reconnaître même des formations plus informelles. Un enseignant qui développe
une habileté dans quelque chose pourrait donner une formation à son collègue,
et cette formation pourrait être reconnue aussi. C'est ce que fait
l'article 4.2.
Les collègues ont posé la question, ont
dit : Oui, mais est-ce qu'on assimile ça à du perfectionnement? Je pense
que c'est une très bonne question. On a vérifié. Ce sont essentiellement des
mots qui, dans le langage courant, veulent dire la même chose, mais, dans la
loi, «formation continue», on l'a défini pour éviter tout problème.
Ensuite, bien, je pense qu'on peut
maintenant dire qu'on est d'accord ou qu'on n'est pas d'accord, sans... je ne
sais pas, sans faire dérailler le débat, disons.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Question
excessivement précise : Est-ce que la direction des relations de travail
du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et le comité
patronal de négociation des commissions scolaires francophones ont donné un
avis sur le contenu de l'amendement déposé par le ministre?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Je peux vous dire
que le projet de loi et les amendements ont été l'objet de toutes les
vérifications nécessaires par les ministères qui peuvent être concernés, et ils
sont très nombreux à avoir validé et revalidé le fait que nous pouvons traiter
de ce sujet et même que nous pouvons le traiter de cette manière-là.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui ou non.
Avez-vous reçu une directive...
M. Roberge : ...à avoir validé
et revalidé le fait que nous pouvons traiter de ce sujet et même que nous
pouvons le traiter de cette manière-là.
Le Président (M. Birnbaum) : Mme
la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui ou non,
avez-vous reçu une directive pour votre amendement? Oui ou non?
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
je choisis la manière à laquelle je réponds à la question, et avec le plus
grand des respects, le sujet a fait l'objet de toutes les vérifications
possibles. Tous les comités... je n'ai pas à tous les nommer, mais au gouvernement...
et il y a toutes les compétences possibles parce qu'il y a énormément de
personnes compétentes qui s'intéressent à ces questions-là, il y a eu toutes
les validations possibles pour qu'on soit convaincus que nous sommes de plein
droit de faire ce que nous faisons.
Et comme gouvernement, on est convaincus,
en plus, qu'on améliore l'éducation au Québec en allant dans cette
direction-là. Non seulement c'est de plein droit qu'on le fait, mais en plus,
c'est pertinent.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Donc, je comprends
que c'est oui, vous avez eu une directive en ce sens?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : J'ai dit que nous
avons fait toutes les vérifications nécessaires.
Mme Rizqy : Ah! Donc, vous
avez la directive, donc ça devient une demande patronale, votre amendement, la
formation continue obligatoire, 30 heures sur deux ans? Est-ce que
vous réalisez, M. le ministre, là, de ce qui est en train de se passer? Vous
êtes en train de contourner une loi québécoise dûment adoptée, la Loi sur les
négociations dans les secteurs public et parapublic. Vous êtes en train de
violer des principes jurisprudentiels, le droit à la négociation de bonne foi.
Puis vous le faites en ce moment avec... soit de façon consciente, c'est-à-dire
avec un mépris avec les enseignants, ou de façon innocente et je ne sais pas
lequel est le pire entre les deux.
Alors là, je vous repose la question. Si
vous voulez suspendre pour vérifier si vous avez les avis, regardez avec votre
équipe parce que ce n'est pas normal d'être entouré d'autant de monde puis de
ne pas être capable de nous répondre. Puis d'autre part, vous nous avez servi,
dans les maternelles quatre ans : Non, non, non, pas de ratios pour
les enseignants avec les enfants, alors que c'était une bonne mesure. Alors que
quand on est allés à New York, le ratio, là, c'était un pour 10. Un
enseignant pour maximum 10 élèves. Mais là, ça, là, une affaire qui était
vraiment bonne pour nos enfants, vous avez dit : Non, ça s'en va dans les
négociations. Quelque chose qui n'est pas bon pour nos enseignants parce qu'il
ne vient pas d'eux. Puis le leadership, M. le ministre, M. le Président, on
n'impose pas du leadership, ça vient avec la base. Et on ne contourne pas les
lois québécoises puis on se... et surtout pas, on n'ignore pas les règles de la
jurisprudence qui viennent du plus haut tribunal de son propre pays.
Sincèrement, là, prenez donc une pause.
Puis là, je vous le dis, là, parce que d'autre part, si vous ne le faites pas,
là, on va tous payer collectivement des avocats qui vont aller se battre devant
la Cour supérieure, par la suite devant la Cour d'appel du Québec, jusqu'en
Cour suprême. Puis ça va devenir la première fois du Québec en 40 ans
qu'on a un ministre qui décide que la Loi sur les négociations, ça n'existe
plus. C'est ça qui est en train de se passer aujourd'hui.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
je pense que c'est le festival de l'enflure verbale. On dit que c'est innocent,
on dit que c'est irrespectueux, on dit... on part dans toutes les directions,
on dit qu'on ne respecte pas la négociation. S'il vous plaît. S'il vous plaît,
j'invite ma collègue à faire preuve de davantage de respect, de traiter
l'amendement pour ce qu'il est, de faire avancer le débat. S'il arrive, cette
pluie d'insultes et d'allégations ne l'honore pas du tout.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Vous avez raison,
ça va dans toutes les directions. Puis d'ailleurs, à 14 h 5, quand on
a repris nos travaux, le président avait beaucoup de difficulté à dire
qu'effectivement... c'est quoi l'objet, c'est quoi l'objectif de ce projet de
loi? Il y en avait tellement. C'est un projet de loi mammouth, vous tirez sur
toutes les directions. Puis en ce moment, vous tirez très mauvaisement parce
que vous décidez volontairement d'ignorer la loi.
Le Président (M. Birnbaum) :
Une autre fois, on invite les membres de s'adresser à la présidence et on
invite la prudence. M. le ministre.
M. Roberge : Je n'ai pas de
commentaire là-dessus.
Le Président (M. Birnbaum) : Y
a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Peut-être que mon
intervention va calmer le jeu. Je vais simplement demander au ministre quels
problèmes il souhaite régler avec cet amendement?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
• (16 h 20) •
M. Roberge : Je pense qu'on
vient clarifier quelque chose. Sans dire qu'il y a nécessairement un problème
ou une lacune, mais il y a certainement une imprécision, il y a un flou. Il n'y
a pas de balises. On manque de balises, on manque de points de repère. Quand
quelque chose est important, on s'en occupe. Quand quelque chose est essentiel,
on s'assure que ce soit fait. Je pense que la formation continue des
enseignants...
M. Roberge : ...et il n'y a pas
de balise. On manque de balise, on manque de point de repère. Quand quelque
chose est important, on s'en occupe. Quand quelque chose est essentiel, on
s'assure, on s'assure que ce soit fait. Je pense que la formation continue des
enseignants, c'est essentiel. Donc, on s'assure que ce soit fait au minimum
sachant qu'il y a une latitude professionnelle à laisser... On le dit,
d'ailleurs, là, que ce sont les enseignants qui vont choisir la formation
continue, bien sûr. Mais quand quelque chose est si important, on doit le
mesurer, on doit le quantifier, puis on doit le nommer, puis on doit le
définir. Et c'est ce que fait cet article-là, il le définit, il le mesure, il
l'encadre à certains égards. Puis il précise quelque chose, attention, il donne
une balise, attention. Ce sont les enseignants qui suivent cette formation et
ce sont les enseignants qui choisissent les activités.
Donc, il ne s'agit pas ici, là, d'une
porte ouverte pour venir dire quoi faire aux enseignants, pour venir dire
quelles formations les enseignants doivent suivre. Ce sont les enseignants qui
doivent se saisir de leur développement professionnel, comme ils le font déjà,
et qui doivent faire des choix importants. Et je pense, bien honnêtement, c'est
à ça que sert cet article et les autres qui suivent qui vont dans la même
direction.
Le Président (M. Birnbaum) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci. Je suis
contente d'entendre le ministre dire que c'est important de quantifier, de
mesurer en particulier pour les choses qui nous apparaissent importantes. Et
moi, je trouve important, quand on apporte une solution pour régler un
problème, qu'on le fasse en comprenant de quoi qu'on parle. Et, tout à l'heure,
le ministre nous a dit qu'il n'était pas capable de nous fournir des
informations sur l'état actuel de la formation continue.
Donc, moi, je trouve ça assez particulier
qu'on nous demande de statuer là-dessus, sur quel devrait être le minimum.
Parce que je pense qu'on peut tous s'entendre ici, là, il n'y a personne qui va
dire : La formation continue n'est pas importante, on ne souhaite pas que
les enseignants en fassent. Je pense... Moi, en tout cas, je souhaite qu'ils en
fassent, mes collègues parleront d'elles-mêmes, mais je suis d'accord qu'il
doit y avoir de la formation continue. J'espère que c'est clair.
Là, en ce moment, on n'est pas capable de
nous dire combien de formation continue est faite annuellement par les
enseignants, quelle est la moyenne, par exemple, quelle proportion des
enseignants en font à chaque année, par exemple. On n'est pas en mesure de nous
dire combien ça coûte annuellement. On n'est pas en mesure de nous dire les
raisons pour lesquelles il y a certains enseignants qui n'en suivraient pas, par
exemple. Quoique le ministre n'est pas en mesure de nous le dire, on sait qu'il
y a des explications qui sont avancées, il y a des sondages qui ont été faits
auprès des enseignants. On sait, par ailleurs, qu'en général, quand la
formation n'est pas suivie, c'est parce qu'elle est jugée inadéquate ou non
pertinente ou parce qu'il y a un maque de disponibilité pour la suivre. Ça,
c'est quelque chose qu'on a vu dans les sondages qui ont été faits par les
syndicats.
Mais le ministre n'est pas capable de nous
parler de la situation actuelle. Et ça, pour moi, ça rend impossible l'idée de
proposer une solution quand on ne sait même pas c'est quoi l'enjeu en ce moment.
Il veut mettre un minimum de 30 heures de formation sur deux ans. Il ne sait
même pas si ce minimum-là est deux fois en dessous de la situation actuelle, par
exemple. Ou est-ce que c'est le quadruple de la situation actuelle? On ne le
sait pas. Ou, en tout cas, tu sais, il ne nous l'a pas dit. Je ne sais pas si
cette information-là existe auprès du ministère mais je sais qu'on peut la
trouver si on veut la trouver. Parce qu'en ce moment les enseignants qui en
font de la formation continue, ils demandent une libération.
Donc, assurément, quelqu'un, quelque part,
soit à l'échelle de l'école ou de la commission scolaire, dispose de cette
information-là à savoir quels enseignants ont fait de la formation continue et
combien d'heures. C'est quelque chose qui assurément documenté par plusieurs
personnes en ce moment au Québec. Donc, quelqu'un qui voudrait savoir ça
devrait pouvoir y arriver. Peut-être en quelques semaines, le temps de compiler
ces données-là qui vont venir d'un peu partout, peut-être qu'elles ne sont pas
compilées au ministère en ce moment. C'est dommage et c'est surprenant
d'ailleurs, là, de mon point de vue, que le ministère ne compile pas ces
données-là alors que ça fait des années qu'on le sait qu'ils veulent travailler
sur cet enjeu-là de la formation continue. Il me semble qu'ils auraient dû, au
fil des années, chercher à rassembler cette information-là pour comprendre
c'est quoi les modalités actuellement de... c'est quoi l'ampleur de l'enjeu en
formation continue. Mais là on ne le sait pas. On ne le sait pas au ministère,
on n'est pas en mesure de nous le dire puis on nous propose des amendements qui
viennent le baliser sur absolument aucune base.
Puis, moi, j'avoue ne pas être si surprise
que ça que le ministre nous arrive avec des intentions de mettre des choses qui
ressemblent à un ordre professionnel, parce qu'on le sait, effectivement, ça
fait des années...
Mme Labrie : …n'est pas en
mesure de nous le dire puis on nous propose des amendements qui viennent le
baliser sur absolument aucune base. Puis, moi, j'avoue ne pas être si surprise
que ça que le ministre nous arrive avec des intentions de mettre des choses qui
ressemblent à un ordre professionnel, parce qu'on le sait, effectivement, ça
fait des années qu'il en parle, il en a parlé dans son livre. On le sait que
c'est un projet de la CAQ.
Mais ce que je suis surprise de voir, par
exemple, c'est qu'on n'est pas capables de nous expliquer les raisons pour
lesquelles on doit le faire puis surtout pas les raisons pour lesquelles on
doit le faire de cette manière-là. On ne sait pas si, avec ces modalités-là, il
y aura plus de formation continue, peut-être même qu'il y en aura moins, parce
qu'on ne sait pas, puis on ne nous dit pas combien en font les enseignants, en
ce moment.
Donc, moi, j'ai vraiment de la difficulté
avec ça, puis je… ça me rend extrêmement mal à l'aise, puis sincèrement, si
j'arrivais moi-même, là, comme ministre, avec un amendement comme ça, je serais
mal à l'aise de ne pas être capable de le justifier plus que ça. Je veux dire,
il faut… la première étape, là, avant d'apporter une solution à un problème,
c'est toujours bien de le documenter, d'identifier de quoi qu'on parle. On ne
peut pas régler un problème qu'on n'a pas cerné. On ne va pas faire l'épicerie
avant de regarder ce qu'il y avait dans le frigo, voir qu'est-ce qu'il
manquait, je veux dire, on ne fait pas ça, apporter une solution à un problème
qu'on ne connaît pas. Si le ministère n'a aucune idée combien il se fait de
formation continue en ce moment, il ne peut pas arriver puis essayer de
l'encadrer. J'aimerais ça que le ministre nous explique ça, comment, lui, il se
sent habiliter à essayer d'apporter une solution à un problème qu'il ne connaît
pas, ou bien s'il le connaît, qu'il nous partage ses informations pour qu'on
puisse tout le monde savoir de quoi qu'on parle.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Oui, il y a
beaucoup d'éléments dans l'intervention de ma collègue. Elle dit : Comme
les enseignants sont libérés pour faire de la formation continue, donc il y a
des coûts, donc on sait très bien combien d'heures se fait. Ce n'est pas comme
ça que ça fonctionne. Dans le cadre des journées pédagogiques, il y en a 20 par
année, pour les enseignants, c'est quand même considérable. Les enseignants
suivent souvent de la formation continue, et ce n'est pas compté, ce n'est pas
comptabilisé, donc ce n'est pas… C'est une erreur de dire : C'est facile,
on n'a qu'à regarder les journées de libération on va savoir combien d'heures
ils font en formation continue. Donc, ça, c'est… ça ne fonctionne pas comme ça.
Ma collègue nous dit : Bien là, comme
c'est écrit 30 heures aux deux ans, si jamais, supposons, ils en font
plus, bien là, il pourrait y en avoir moins. À partir de l'adoption du projet
de loi, s'il fallait que 30 heures soient insuffisantes, il pourrait y en
avoir moins. Mais pas du tout. C'est un minimum, ce n'est pas un plafond. Donc,
deux fois, là, deux erreurs, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Ma collègue semble penser qu'on arrive au
début de quelque chose, mais un an et demi qu'on travaille ensemble en Commission
de la culture et de l'éducation, je ne sais pas, là, quelle… je n'ai pas
vraiment vu quelle profession elle exerçait avant, je ne sais pas dans quelle
mesure, depuis trois ans, cinq ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans, elle
est au courant de ce qui se passe dans le réseau, elle a lu les avis du Conseil
supérieur de l'éducation, est au courant des courants de recherche, des
préoccupations des doyens des facultés des sciences de l'éducation, mais ça
fait longtemps que ça se discute, bien avant qu'elle soit élue et qu'elle
participe à la commission culture et éducation. Il y a des choses qui se
débattaient dans le réseau depuis bien longtemps. Donc, ce n'est pas une idée
du gouvernement actuel, de dire : Ah! il faudrait bien qu'on parle de
formation continue. On vient répondre à un problème qui a fait l'objet de
plusieurs études, qui a été traité par le Conseil supérieur de l'éducation à
plusieurs reprises, ce n'est pas une nouvelle idée, tout à coup, d'arriver avec
ça. Ce n'est pas le fruit d'une réflexion non aboutie.
En 2004… le conseil supérieur publiait en
2019 un mémoire rappelant son mémoire de 2004, donc, depuis un certain temps,
alors je lis un extrait du mémoire du Conseil supérieur de l'éducation publié
en 2019, pour bien dire que c'est actuel puis qu'on répond à quelque chose qui
est actuel, mais qui parle de 2004, pour dire : On peut-u arrêter d'en
parler puis bouger. Alors, le conseil supérieur nous : «En 2004, dans son
avis sur la profession enseignante et dans les avis ultérieurs, 2014, 2017, le
conseil affirmait la nécessité de mettre en place les conditions nécessaires au
développement continu des compétences professionnelles, et ce, en fonction des
besoins qu'ils éprouvent au cours de leur cheminement de carrière. Le conseil
considère également qu'il est nécessaire de reconnaître officiellement
l'expertise du personnel enseignant dans la perspective d'une
professionnalisation et d'une valorisation de la profession».
• (16 h 30) •
«Reconnaître l'expertise», tiens, tiens,
c'est exactement les mots qu'on a…
16 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...au cours de
leur cheminement de carrière. Le conseil considère également qu'il est
nécessaire de reconnaître officiellement l'expertise du personnel enseignant
dans la perspective d'une professionnalisation et d'une valorisation de la
profession».
«Reconnaître l'expertise», tiens, tiens,
c'est exactement les mots qu'on a dans un article qui faisait partie du projet
de loi n° 40 et qu'on a adopté. C'est le fruit d'une réflexion mûrie,
d'une suggestion du Conseil supérieur. On ne suit pas tout le temps toutes les
suggestions, mais je peux vous dire que depuis 20 ans, j'ai pas mal lu
tout ce qu'il publiait. Je n'étais pas tout le temps d'accord, mais je peux
vous dire qu'on doit toujours traiter avec respect ces réflexions-là, puis se
positionner puis poursuivre notre réflexion.
Donc, la notion d'expertise recommandée
par le conseil est maintenant dans le projet de loi n° 40. Et quand il
sera sanctionné, éventuellement, je souhaite qu'il le soit, mais je ne veux pas
présumer, bien, ça fera son entrée puis ça sera enfin la suite d'une des
recommandations du Conseil supérieur.
Le conseil, dans ce que je viens de lire,
dit : L'enseignant, donc, «en fonction des besoins qu'ils éprouvent au
cours de leur cheminement de carrière». Donc, le conseil dit : C'est les
enseignants qui doivent choisir en fonction de leurs besoins. Bien, tiens,
regardez, on est pile encore quand dans notre article, ici, on dit :
L'enseignant, il choisit les activités de formation continue qui répondent le
mieux à ses besoins, en fonction de ses besoins, qui répondent le mieux à ses
besoins.
Puis, on dit : «La nécessité de
mettre en place des conditions...» Là, on vient mettre en place des conditions.
On sort du flou où on disait : Oui, dans la loi, là, on doit prendre des
mesures appropriées qui lui permettent d'atteindre et de conserver un haut
degré de compétences. Ce n'était pas suffisant. Ce n'était tellement pas
suffisant que sachant que la loi disait ça, le Conseil supérieur nous
dit : Il faudrait aller plus loin. Alors, on écoute ces réflexions-là. Puis
au conseil, il y a autour de la table, ce n'est pas cinq, six personnes, là,
qui ne connaissent pas ça, ce sont des enseignants, ce sont des directions, ce
sont des chercheurs. Ils arrivent avec des propositions qu'ils répètent année
après année, et tiens, tiens, arrive en 2020 un gouvernement qui dit :
Bien là, certains des éléments que vous dites depuis 15 ans, on va le
faire.
Donc, je pense que je réponds bien à ma collègue
en lui disant que ce n'est pas quelque chose, là, qui n'est pas mûri comme
réflexion et qui ne s'appuie pas sur... une réflexion partagée par plusieurs
acteurs crédibles du milieu. Ça ne veut pas dire que ça fait consensus, je le
comprends, mais c'est appuyé sur des recommandations fermes et basées sur des
analyses réflexives à long terme portées par des experts du réseau.
Le Président (M. Birnbaum) : Mme
la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Est-ce que la recommandation
ferme du Conseil supérieur de l'éducation était d'inscrire dans la Loi sur
l'instruction publique un minimum de 30 heures de formation continue pour
deux ans?
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : Bien honnêtement,
ce n'est pas écrit de cette manière. On dit, on dit, on dit : «En 2004, dans
son avis sur la profession enseignante, et dans les avis ultérieurs, le conseil
affirme la nécessité de mettre en place les conditions nécessaires au
développement continu». On n'écrit pas ici un projet de loi. On n'écrit pas non
plus des articles ou des amendements. Je ne me souviens pas avoir vu dans aucun
des avis, et je vous dis, je les ai tous lus, du Conseil supérieur, des
recommandations de mesures ultraprécises. Le conseil formule des avis, souvent
au gouvernement, au ministre en place, mais après ça, les ministres qui suivent
peuvent les lire aussi, parfois, aux directions, parfois aux autres acteurs du
réseau, mais il ne formule pas des demandes ultraprécises, il formule des
principes importants. Après ça, eh bien, on regarde ça puis on tente d'y
répondre. Mais je suis d'accord pour vous... évidemment, je reconnais, je cite
le texte, puis dans le texte, on ne dit pas précisément 30 heures, mais on
dit : Ce qu'il y a dans la loi actuelle sur les obligations de
l'enseignant, ce n'est pas assez. Alors, on répond à cette demande-là.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Donc, non
seulement le ministre me confirme, ce dont je me doutais quand même, que le
Conseil supérieur de l'éducation n'était pas si précis que ça dans le nombre
d'heures minimal, mais en plus, si j'ai bien compris le ministre, le Conseil
supérieur de l'éducation ne recommandait pas nécessairement non plus que ça
soit dans la loi. Il recommandait plutôt la nécessité de mettre en place les
conditions nécessaires à ce qu'il se fasse davantage de formation continue.
Normalement, ces conditions-là sont définies depuis plusieurs décennies dans le
cadre des conventions collectives.
Ensuite, le ministre nous dit que ce n'est
pas si simple que ça comptabiliser la formation continue qui se fait
actuellement. Puis je concède qu'effectivement, on n'a pas besoin d'embaucher
un suppléant quand ça se fait une journée pédagogique...
Mme Labrie : ...normalement,
ces conditions-là sont définies depuis plusieurs décennies dans le cadre des conventions
collectives.
Ensuite, le ministre nous dit que ce n'est
pas si simple que ça, comptabiliser la formation continue qui se fait actuellement.
Puis je concède qu'effectivement, on n'a pas besoin d'embaucher un suppléant
quand ça se fait... une journée pédagogique. Donc, assurément, il y a de la
formation qui n'est pas comptabilisée en ce moment, d'autant plus que, la
manière dont c'est formulé, un enseignant pourrait développer... entretenir son
expertise de différentes manières qui ne nécessitent pas nécessairement de
s'inscrire à une formation.
Mais, quand même, il me semble que la
première étape, si quelqu'un voulait mieux encadrer la formation continue des
enseignants, serait de le documenter, donc de comptabiliser ce qui se
comptabilise, d'aller chercher l'information pour comptabiliser ce qu'on n'est
pas encore capable d'avoir comme données, c'est-à-dire de demander aux gens sur
le terrain de comptabiliser aussi ce qui se fait, de prendre le temps qu'il
faut, probablement plus qu'un an, parce qu'effectivement, il y a une souplesse,
les enseignants ne suivent pas nécessairement tous de la formation à chaque
année. Ils peuvent... On... Le ministre le sait lui-même, parce qu'ils leur
proposent de le faire sur deux ans. Donc, à mon sens, là, la première étape, si
on voulait aller vers ça, ce serait de se donner le temps, de mesurer comment
ça se passe en ce moment, la formation continue, comme combien les enseignants
en font, quand, est-ce que c'est plus adéquat qu'elles se fassent en journée
pédagogique, de les libérer, est-ce qu'on a suffisamment de banques de
suppléants pour les libérer, est-ce qu'on va devoir modifier le calendrier
scolaire pour ajouter des journées pédagogiques si on fait ça, ou si ce n'est
pas nécessaire parce que, de toute façon, ils en font déjà au moins autant que
ça à l'intérieur des journées pédagogiques qui existent en ce moment. C'est des
questions qui sont tout à fait pertinentes, là, on a besoin de savoir ça.
Là, on a des commissions scolaires où on
implante des journées sans élèves, parce que ça veut répondre au problème qu'il
manque de temps pour les enseignants pour faire ce qu'ils doivent faire en
dehors de la classe, notamment de la formation, mais aussi planifier leurs
cours, etc. Donc, ce sont déjà des situations qui se produisent.
Sachant ça, si on vient ajouter un nombre
d'heures de formation, peut-être que ça a une incidence sur le calendrier
scolaire, peut-être pas, mais on ne peut pas le savoir si on ne sait pas
combien d'heures font déjà les enseignants, combien ils doivent en faire de
plus pour se conformer à ça. Peut-être que certains en font déjà, parce que,
comme ce n'est pas quantifié dans la loi, ils en font, ils en font, puis là,
quand ils vont voir que c'est 30 heures, ils vont se dire : Ah! j'en
faisais... je dépassais les attentes, je vais me permettre d'en faire peut-être
un peu moins pour juste simplement me conformer à ça. On ne le sait pas, on ne
le sait pas combien ils en font.
Puis moi, je ne peux pas comprendre...
Puis je m'étonne moi-même d'être encore surprise, parce que, pour vrai, là,
depuis qu'on est ici, là, on l'a vu sur tellement de projets de loi. Puis le
ministre rit, mais ce n'est vraiment pas drôle. Je trouve ça scandaleux.
Comment ça se fait que sur tous les maudits projets de loi, il n'y a pas
d'étude d'impact, on n'a pas documenté les enjeux, on n'a pas documenté les
problèmes, on nous propose des réponses à des solutions qu'on ne sait même pas
s'ils existent, premièrement, puis dans quelles mesures ils existent, puis on
n'a pas documenté si la solution risque de fonctionner ou pas? Je...
Sincèrement, c'est depuis le début, c'est sur tellement de projets de loi, pas
juste ceux du ministère de l'Éducation, on le voit tellement souvent, là, c'est
révoltant de voir ça. On consacre de l'énergie ici, puis des ressources, de
notre temps à étudier des solutions à des problèmes qu'on ne sait même pas
s'ils existent, puis si la solution a un potentiel de fonctionner. Je ne
comprends pas ça, je ne comprends pas ça que ça fonctionne comme ça, le
gouvernement. C'est désolant.
Puis ça ne semble même pas le déranger. Il
trouve ça drôle, puis ça ne le préoccupe pas. Il nous dit que, oh, on ne peut pas
trop le compter en ce moment. Ce n'est pas vrai. Si on veut comptabiliser un
phénomène, on met les ressources qu'il faut, on le comptabilise, on fait des
sondages, on fait une enquête pour le savoir, on trouve les informations, après
ça on les analyse, puis après ça on élabore des solutions qui vont avoir de
l'allure, qui vont fonctionner. C'est ça qu'on fait quand on veut vraiment
régler un problème. Il n'y a pas 36 000 façons de régler un problème.
Il faut commencer par le connaître. Là, en ce moment, on ne le connaît pas
l'enjeu de la formation continue. On n'est pas habilités ici, à mon sens,
personne, pour savoir si ça, c'est une bonne piste de solution pour s'assurer
que les enseignants aient une bonne formation continue.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
• (16 h 40) •
M. Roberge : D'abord, dire que
j'ai... J'avoue que j'ai rigolé un moment parce qu'elle a dit : Je
m'étonne d'être surprise. Mais ce n'était pas pour manquer de respect à ma
collègue sur les propos qu'elle énonce. Elle est toujours à la recherche du
bien commun. Je ne lui prête pas d'intentions. Simplement, j'ai rigolé sur une
expression précise.
Ma collègue nous dit : On ne sait pas
si c'est un vrai problème. Là, je diverge d'opinion avec elle et je ne suis pas
tout seul. Comme je le dis, je le répète...
M. Roberge : ...du bien commun.
Je ne lui prête pas d'intentions, simplement, je rigolais sur une expression
précise.
Ma collègue nous dit : On ne sait pas
si c'est un vrai problème. Là, je diverge d'opinion avec elle et je ne suis pas
tout seul. Comme je le dis, je le répète, le Conseil supérieur de l'éducation a
nommé ce problème-là depuis au moins 2004. Quand le conseil s'en saisit,
évidemment, c'est parce que ça fait longtemps que des gens en parlent. Un
conseil ne se penche pas sur quelque chose... n'invente pas un problème, ne
mobilise pas ses experts et ses ressources pour tout à coup créer quelque chose
qui est déconnecté. Il n'y a, sur les commissions du conseil, que des gens dans
le réseau. Il n'y a que des gens qui siègent, dans le réseau, qui siègent sur
les commissions du conseil, lesquelles alimentent ensuite le conseil lui-même.
Donc, je comprends qu'elle apprend cette problématique-là. C'est correct, mais
bien d'autres l'ont vu avant elle. Bon, alors, il faut rattraper, tout
simplement.
Tout à l'heure, je lisais un extrait de
mémoire de 2019 qui citait un rapport de 2004. En 2014, le Conseil
supérieur de l'éducation rendait un avis qui s'appelait : «Le
développement professionnel, un enrichissement pour toute la profession
enseignante». 2014. Ils étaient au courant, eux autres. Il y a une section qui
s'appelle : «Exigences». «L'apprentissage professionnel, une exigence de
la profession enseignante tout au long de la carrière.» S'ils écrivent ça,
c'est parce qu'ils constatent qu'il y a une problématique. Pas pour tous les
enseignants à la grandeur du Québec, mais il y a une problématique sur laquelle
il faut se pencher. Et là, ils disent : «La profession, de par sa nature,
de par son contexte d'exercice, exige que le personnel enseignant s'engage dans
une démarche de développement professionnel continu.»
Alors, si ça exige un développement
professionnel, bien, il faut bien que la formation soit obligatoire. Je ne peux
pas avoir une exigence puis après ça avoir un développement optionnel. Ça ne
colle pas. Et là, c'est le Conseil supérieur qui dit ça. Mais supposons qu'on
dit : Oui, mais là, est-ce que c'est une affaire du gouvernement? Est-ce
que c'est une affaire du ministre puis on n'a pas eu le temps de penser à ça?
Bien, il y a des gens qui sont dans le réseau de l'éducation depuis un certain
temps, outre le conseil. Des gens qui sont peut-être encore plus sur le
terrain.
Mme Hélène Bossé,
vice-présidente de la Fédération québécoise des directions d'établissements.
Elle dirige une équipe d'enseignants. En fait, elle est vice-présidente d'une
association de gens qui dirigent des enseignants et elle-même a été
enseignante. Alors, si elle ne veut pas prendre les connaissances et l'expertise
du ministre, peut-être pourrait-elle se fier à Mme Bossé.
Elle a dit, en réaction au projet de loi
n° 40, parce que le projet de loi n° 40 parlait de la formation
continue obligatoire, elle a dit : Ce serait même aller à l'encontre de
travailler en éducation que de ne pas se former quand on est là pour former les
citoyens de demain. Je pense qu'on a l'obligation, comme personnel de
l'éducation, d'être à la fine pointe de ce qui se passe pour enseigner selon
les pratiques documentées par la recherche.
Alors, quand on n'est pas un expert, on
est nouveau, on lit ce que les experts disent, on écoute ce que dit la personne
qui est vice-présidente d'une association de directions qui, elles, dirigent
les enseignants, elle-même étant enseignante, puis qu'elle dit : On ne
peut pas ne pas faire ça... Puis qu'on a l'obligation de se former, bien, il me
semble qu'on devrait regarder cet article-là en disant : Bon, c'est une
bonne chose qu'on traite de l'obligation de se former, puis maintenant,
regardons la meilleure façon de formuler dans la loi un article sur la
formation continue obligatoire.
On ne devrait pas s'étonner d'être surpris
que ce soit dans la loi, que ce soit dans l'amendement. Ce n'est pas
surprenant, ça fait longtemps que les experts en parlent, ça fait longtemps que
les enseignants en parlent, ça fait longtemps que tout le monde dans le réseau
de l'éducation parle de cette formation continue, des balises qu'on devrait
leur donner.
Ce n'est pas le gouvernement de la CAQ qui
a demandé à l'Office des professions de créer un ordre professionnel, c'est
l'ancien gouvernement libéral, au début des années 2000. Puis, dans un
ordre professionnel, il y a de la formation continue. Nous, on ne va pas, là,
avec l'ordre professionnel. Mais, sur la formation continue, en regardant ce
que disent les directions d'école, en regardant ce que dit le conseil, on
dit : Bien, parfait, allons-y avec cette obligation de...
M. Roberge : ...puis, dans un
ordre professionnel, il y a de la formation continue. Nous, on ne va pas, là,
avec l'ordre professionnel. Mais, sur la formation continue, en regardant ce
que disent les directions d'école, en regardant ce que dit le conseil, on
dit : Bien, parfait, allons-y avec cette obligation de formation puis
définissons ensemble les balises. Et c'est ça qu'on est conviés, tout le monde
ensemble, de définir les meilleures balises possible... en fait, des principes,
de ne pas aller trop loin dans le détail. On n'ira pas... la liste annuelle de
toutes les formations, mais on définit qu'est-ce que ça veut dire, «formation
continue». On met un seuil minimal.
Je pense sincèrement qu'on n'est pas en
train de s'inventer un problème et donc une solution à un problème qu'on
s'était inventé. Cette réflexion-là, elle nous arrive parce que le fruit est
mûr, parce que bien des gens l'ont questionnée avant, bien des gens l'ont
documentée avant, bien des gens se sont positionnés. Puis, lorsque le projet de
loi est déposé, bien, plusieurs personnes sont venues nous dire qu'on devait
définir plus loin.
Je vous ai parlé de la FQDE. Un autre organisme
qui est venu en commission, l'association québécoise du personnel de direction
d'établissement. Une autre association de directions, pas la même, mais qui
arrive à la même conclusion, peu importe leur affiliation, en réalité, hein?
Ils nous disent, dans leur mémoire : «De confirmer que les enseignantes et
les enseignants sont des experts en pédagogie — ce qu'on a déjà fait
préalablement dans la loi — c'est également renforcer l'idée que
celles-ci et ceux-ci doivent prendre les mesures appropriées pour atteindre et
conserver le haut niveau de compétence professionnelle.»
Donc, il faut ensuite s'assurer de
dire : Quelles sont les balises qu'on donne, maintenant qu'on met ça? Puis
il y a justement un article, dans la loi, le 22, qui y va, mais de manière trop
timide, et c'est pour ça qu'on veut aller plus loin.
Donc, on n'est pas à se demander si le
gouvernement est le seul à se poser la question. Je veux dire, c'est documenté.
Bien non! On n'est pas à se demander s'il y a des groupes qui pensent que c'est
une bonne idée de se pencher. Il y a des groupes qui disent que oui, il y a des
groupes qui disent que non. Je le reconnais. On est à se demander sur la
meilleure façon de le faire. Elle est là, la question d'actualité.
Le Président (M. Birnbaum) :
Une autre intervention, puis après un membre de... Joliette. Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie : Je pense que
c'était assez clair, dans mon intervention, là, que je ne demandais pas au
ministre de me convaincre qu'il y avait des gens qui s'intéressaient à la
formation continue. J'ai moi-même dit que c'était important, de la formation
continue. Je sais que ça fait longtemps qu'on parle de formation continue, et
ce n'est pas ça qui m'étonne parce que c'est important.
Ce qui m'étonne et qui me déçoit, c'est
qu'on nous présente quelque chose, alors même que le gouvernement... Puis ça,
il n'est pas seul à devoir prendre le blâme parce qu'effectivement les autres
gouvernements non plus ne semblent pas avoir dressé de portrait, un état des
lieux en matière de formation continue. On n'a pas ça.
Je regarde mes collègues, là, devant moi,
là. Vous, vous avez travaillé dans des entreprises. Vous avez un bagage derrière
vous. Avez-vous déjà fait ça, prendre des décisions avant d'avoir un état des
lieux de la situation? Est-ce que ça vous apparaît logique qu'on veuille
statuer sur quelles vont être les modalités de formation continue sans même
savoir combien d'heures de formation continue font actuellement les
enseignants, quelle proportion d'enseignants en font déjà, quel type de
formation continue? Est-ce qu'il y a des différences? Est-ce que ceux au
primaire en font plus, moins? Je veux dire, on a besoin de documenter cet
enjeu-là. On ne peut pas prendre des décisions pour l'encadrer sans même savoir
de quoi on parle.
Je le sais que c'est important, la
formation continue, là. Je ne demande pas qu'on me convainque que c'est
important. C'est fondamental, c'est sûr. Mais, quand on me dit, là, le Conseil
supérieur de l'éducation, qui parle de nécessité de mettre en place les
conditions nécessaires... «Conditions nécessaires», c'est quoi, vous pensez,
pour que les enseignants fassent plus de formation continue ou qu'ils en
fassent, point? Bien, c'est du temps, hein, première étape, c'est de l'argent
pour la payer puis pour payer les suppléants, ça, c'est sûr, puis l'existence
de formation continue adéquate par rapport à leurs besoins. Ici, ça, c'est
fondamental. On ne leur fera pas faire des formations sur des choses qu'ils ont
déjà faites. Ça, c'est sûr qu'il n'y a pas un enseignant qui va vouloir
s'inscrire à une formation sur quelque chose qu'il connaît déjà, qu'il a déjà
faite l'année passée ou qu'il a déjà une spécialisation là-dessus.
• (16 h 50) •
Donc, il me semble que, quand on parle de
réunir les conditions nécessaires, qu'on a la nécessité, comme gouvernement, de
mettre en place les conditions nécessaires pour qu'il se fasse davantage de
formation continue, ce n'est pas une recommandation qui dit : Haussez le
seuil minimal de formation continue, là. Ils veulent déjà en faire, de la
formation continue, les enseignants. D'abord, ils en font, hein? Le ministre
l'a dit. La plupart en font. Ils veulent en faire. Souvent, ils ne peuvent pas.
Ils se font répondre qu'ils ne peuvent pas se faire libérer parce qu'il n'y a
pas de suppléant. Régulièrement, ça se produit, puis de plus en plus...
Mme Labrie : ...une
recommandation qui dit hausser le seuil minimal de formation continue, là, ils
veulent déjà en faire, de la formation continue, les enseignants. D'abord, ils
en font, hein, le ministre l'a dit, la plupart en font. Ils veulent en faire.
Souvent, ils ne peuvent pas. Ils se font répondre qu'ils ne peuvent pas se
faire libérer parce qu'il n'y a pas de suppléant. Régulièrement, ça se produit,
puis de plus en plus depuis les quelques dernières années, ça se produit. C'est
ça qu'on doit documenter.
Moi, je serais curieuse de le savoir, dans
la dernière année, combien d'enseignants se sont fait refuser une formation
continue parce qu'ils n'arrivaient pas à se faire libérer. Est-ce que le nombre
de journées pédagogiques suffit pour permettre aux enseignants de faire la
formation continue qu'ils souhaitent faire? Est-ce qu'il suffirait pour un
objectif comme celui qu'on essaye de se fixer en ce moment? Il n'y a personne
ici que ça dérange qu'on ne sache pas ça puis qu'on ne l'ait même pas documenté?
Ça ne se peut pas.
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Bien, pour poursuivre dans la même veine que ma collègue, je veux juste dire
que ministre qui nous dit : Ça fait des années que c'est quelque chose qui
est débattu, les avis du conseil supérieur, plein de gens ce sont penchés
là-dessus. C'est vrai. Mais là c'est lui, le ministre, par ses décisions à lui
qui décide qu'il va faire une modification dans la loi pour amener ça dans la
loi, ne pas laisser ça à la négociation collective, et il vient mettre des
balises aussi claires, restrictives de 30 heures. Donc, il va jusqu'à ce niveau
de détail là.
Donc, je pense que c'est tout à fait
normal qu'on se pose la question de savoir : O.K., le ministre qui, lui, a
creusé la question, a décidé que c'était assez important et mûr pour être
intégré dans un projet de loi alors que ce n'était pas annoncé il y a quelques
semaines de ça encore à peine, il a dû faire des travaux, il n'a pas juste dû
se dire : C'est un débat qu'on de puis longtemps au Québec, la formation
continue, c'est vraiment important, je pense qu'il n'y pas d'enjeu là-dessus.
Mais quand il a décidé d'inclure ça dans sa loi, probablement de retourner dans
les comités ministériels puis au Conseil des ministres pour ça, il a bien dû
dire : J'ai fouillé, j'ai creusé, voici l'état des lieux actuel, vois les
lacunes à l'heure actuelle qu'on veut corriger avec ça, voici pourquoi ça va
être faisable, parce qu'on ne part pas de rien. Ou, au contraire, voici les
écueils qu'on risque de rencontrer parce qu'en ce moment par tête d'enseignant,
on est loin du 15 heures, donc, amis du Conseil du trésor, il va falloir penser
à plus d'investissements.
Je pense que c'est ce, notamment, à quoi
fait référence ma collègue de manière très éloquente dans ses propos. Mais
c'est ça, la nuance. Le ministre, il peut nous le dire, je suis d'accord avec
lui, ça fait longtemps qu'on discute de ça. Ça fait longtemps que le conseil
supérieur se penche là-dessus. Mais là, aujourd'hui, c'est lui qui décide de se
saisir du projet de loi n° 40 pour amener ça puis dire : Il faut
mettre ça dans la loi. Puis pas seulement il faut mettre le principe général,
mais je vais vous donner l'encadrement : 30 heures sur deux ans.
Donc, s'il est arrivé avec ça, là, je veux
dire... Comment, sur quelle base, avec quelles études, avec quelles analyses,
avec quelles données factuelles, il a dit : C'est ça, la recette magique.
C'est ça, je pense, le sens de nos interrogations. Parce que ce n'est pas rien
qu'on vienne prévoir ça, là. C'est un très gros changement. Moi, je serais très
curieuse de savoir s'il y en a un, encadrement, qui existe comme ça, dans une
loi, avec un nombre d'heures précis pour une profession pour laquelle il n'y a
pas formellement d'ordre professionnel. Donc, si le ministre peut aussi me
donner cette information-là, je l'apprécierais.
Ça fait que c'est ça, là. Puis pourquoi
c'est si important d'en débattre correctement? C'est parce que les enseignants
ne logent pas tous au même endroit, puis il y en a beaucoup qui trouvent ça
problématique de mettre ça dans la loi puis de dire : On est en train de
sortir ça du régime de négociation. Puis qu'est-ce qu'on veut atteindre avec
ça? Puis est-ce qu'on est en train de vouloir nous enlever de l'autonomie? Il y
a énormément de questions.
Donc, quand on est face à beaucoup de questions,
on doit être solides, avoir fait nos travaux, les rendre publics, dire :
Voici sur quoi je m'appuie, voici pourquoi j'arrive avec ça dans la loi, voici
ce à quoi j'ai pensé, voici pourquoi ça va pouvoir fonctionner, malgré que l'opposition
me pose plein de questions puis qu'elle me dit : Est-ce qu'il y a assez d'argent
puis tout ça? Puis voici pourquoi j'arrive à 30 heures sur deux ans. C'est ça
qu'on veut savoir.
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre.
M. Roberge : Merci, bien. Alors,
d'où vient cette réflexion? Écoutez, elle vient de plusieurs, plusieurs années
de débat public qui demandent, puis ma collègue, je pense qu'elle a reconnu que
ça faisait longtemps que ça faisait l'objet de discussions et de débats, cette
notion de formation continue obligatoire au Québec. Je pense que ma collègue
est au courant de ça...
M. Roberge : …elle vient de
plusieurs, plusieurs années de débats publics qui demandent… puis ma collègue,
je pense qu'elle a reconnu que ça faisait longtemps que ça faisait l'objet de
discussion et de débats, cette notion de formation continue obligatoire au
Québec. Je pense que ma collègue est au courant de ça.
Maintenant, à un moment donné, il faut
faire la somme de ces réflexions-là et puis il faut poser un geste. Il faut
poser un jalon. Et il faut éviter d'aller trop loin. Au départ, c'était
extrêmement timide, là, il y avait… on mettait le principe dans la loi, là, à
quelque part, soit à 88 ou à 97, mais moi, la dernière fois où cette… l'article
sur l'obligation des enseignants a été touché, ça fait plus de 23 ans. Ça
a été très timide. Depuis, la réflexion a continué parmi tous ceux qui
s'intéressent à la profession enseignante.
Alors, d'où origine cette réflexion-là? Je
pense que ma collègue est au courant, elle origine des gens qui enseignent,
elle origine des directions d'école, elle origine des doyens, doyennes de
facultés d'éducation, elle origine du Conseil supérieur de l'éducation.
Comment on en arrive à dire : Très
bien, maintenant, on va mettre le mot «obligatoire»? Bien, ça vient du fait que
bien d'autres l'ont fait avec nous. Qu'on le fasse, que d'autres l'ont fait,
puis, en Ontario, ils l'ont fait. Il dit : Oui, mais, eux autres, ils ont
un ordre. On n'est pas obligés d'importer exactement la solution ontarienne, de
faire un copier-coller. On peut s'inspirer de quelque chose sans nécessairement
refaire au complet le même modèle, mais on voit qu'en Finlande il y en a de la
formation continue obligatoire. Donc, ce n'est pas… La réflexion sur la formation
continue, elle date depuis très longtemps, elle alimente les experts et tous
ceux qui s'intéressent sérieusement au réseau, depuis fort longtemps. Puis,
justement, quand on débat de ça, on ne reste pas juste à l'intérieur de la
bulle du Québec, on regarde ce que font nos voisins, on regarde ce que font les
pays ou les États qui réussissent bien en éducation, puis donc, évidemment, au
fil des années, il y a plusieurs références, notamment à l'Ontario ou souvent
aux pays scandinaves. Je sors deux exemples. Je sors l'exemple de l'Ontario qui
est à six jours, je sors l'exemple de la Finlande qui est à trois jours comme
minimum. On est proche de ça. Quand on dit 15 heures, c'est entre deux et
trois jours, O.K., ça ferait trois petites journées de cinq heures, on
s'entend, là, c'est minimal comme journée, mais c'est entre deux et trois
jours. On n'est pas loin, on est tout près de l'obligation de formation
continue de la Finlande. Donc, je ne prétends pas qu'il faut copier-coller ce
que la Finlande fait. On peut s'inspirer de ce qu'ils font, mais il faut tenir
compte d'où on est. Donc, on regarde ce qui se fait.
Après ça, on se dit : Oui, bon, bien,
si on regarde à l'extérieur, on voit six jours en Ontario, on voit trois jours
en Finlande. On dit : Bon, bien là, au Québec. Bien, au Québec, je ne peux
pas comparer les enseignants du Québec à d'autres, là, c'est nous. Alors,
comparons avec d'autres formations. Encore une fois, si on veut comparer avec
d'autres professions, la profession enseignante, c'est à peu près l'exception,
parce que c'est à peu près l'un des seuls métiers qui s'appellent professions,
mais sans ordre professionnel. Donc, par défaut, si on veut comparer les
obligations de formation continue, on se compare à des professions qui ont des
ordres, mais ça ne veut pas dire qu'on doit obligatoirement faire un ordre.
Mais, si on veut compter le nombre d'heures, bien, on se rend compte que 15, ce
n'est pas loin de la norme : les urbanistes, c'est 15; les techniciens
médicaux, c'est 10, les pharmaciens, c'est 20; les optométristes, c'est 15; les
évaluateurs, c'est 16; les huissiers, c'est six, bon, beaucoup moins; les
diététistes, c'est 20; les avocats, c'est 15; les audioprothésistes, c'est 15;
les ingénieurs, c'est 15; les notaires, c'est 15; les inhalothérapeutes, c'est
15; les travailleurs sociaux, c'est 15. Donc, il vient d'où le 15? Je vais vous
dire qu'on n'est pas loin d'une espèce de norme quand on parle d'une profession
valorisée au Québec, le minimum, sans dire que c'est le maximum, c'est autour
de ça. Donc, on ne part pas de n'importe où.
• (17 heures) •
Donc, pourquoi on met ce chiffre-là? Bien,
on s'inspire de ce qui se passe au Québec, parce que copier-coller ce qui se
fait à l'extérieur, ça peut être une erreur. On peut s'en inspirer. On
s'inspire d'ailleurs… qui dit la formation obligatoire continue, c'est une
bonne idée. On s'inspire de ce qui se fait au Québec pour le nombre d'heures.
On regarde les gens qui se penchent sur la question de la formation depuis
longtemps, à savoir le conseil supérieur qui dit : Statu quo, là, ce n'est
pas une bonne idée. Il ne nous dit pas quelle mesure prendre exactement, mais
il nous dit : Réfléchissez à ça, ce n'est pas assez. Ce qu'il y a dans la
loi, ce n'est pas assez…
17 h (version non révisée)
M. Roberge : ...pour le nombre
d'heures. On regarde les gens qui se penchent sur la question de la formation
depuis longtemps, à savoir le conseil supérieur qui dit : Statu quo, là,
ce n'est pas une bonne idée. Il ne nous dit pas quelle mesure prendre exactement,
mais il nous dit : Réfléchissez à ça, ce n'est pas assez. Ce qui a dans la
loi, ce n'est pas assez. Faites plus, faites mieux, mettez experts puis balisez
la formation. Alors, on fait plus, on fait mieux, on met experts, on balise la
formation, on le fait en regardant ce qui se fait avec l'obligation ailleurs,
sur le nombre d'heures chez nous, alors qu'il me semble qu'on a des balises
très solides sur d'où vient cette réflexion, quels sont les comparables et d'où
vient cette proposition.
Le Président (M. Birnbaum) :
Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
...m'inspire plein de choses. Juste une petite chose en commençant. Pour avoir
vraiment des données concrètes de l'état de la situation à l'heure actuelle,
moi, j'ai de la misère à penser que le ministère n'en a pas. Donc, je ne sais
pas si c'est parce qu'on ne veut pas nous les donner, mais si vraiment le
ministère n'en a pas, je pense que ce serait mieux de nous le dire, en toute
transparence, là. Mais juste, la Loi sur la main-d'oeuvre prévoit... Il y a
quelqu'un, là, qui vient nous écrire ça, en temps réel, sur Twitter, quelqu'un
qui nous suit assidument dans tous nos projets de loi, M. Marc-Patrick
Roy, puis il soulève un excellent point. Toutes les organisations doivent
comptabiliser le budget qu'elles donnent en termes de formation, notamment à
cause du 1 % dans la Loi de la main-d'oeuvre. Donc, ça devrait être
minimalement un point de départ pour savoir combien on dépense. Si jamais le
ministre dit : C'est dur d'avoir le nombre d'heures, bien, on devrait au
moins savoir combien on dépense dans le réseau de l'éducation pour la formation
des enseignants. Donc, je vous dépose ça, mais je veux continuer.
Le ministre, il dit : Pourquoi
j'arrive avec 30 heures? C'est parce que j'ai regardé un peu la Finlande,
mais j'ai regardé au Québec les ordres professionnels. Mais, justement, il a
regardé des ordres professionnels. Donc, quand on dit : Est-ce que le
ministre, dans le fond, il est en train de faire indirectement ce qu'il ne veut
pas faire politiquement directement, la création d'un ordre professionnel? Je
pense qu'on est en plein dans le mille. Puis je pense que c'est assez juste de
poser la question, parce que, lui-même, quand il nous amène des comparables,
c'est ça, les comparables qu'il prend. Ce qu'il a nommé, ce sont tous des
ordres professionnels, des professions qui sont réglementées par lois.
Je vais lui soumettre un autre élément.
Tous ces ordres professionnels, ce n'est pas la loi qui vient prévoir le nombre
d'heures, c'est la réglementation. Pourquoi le ministre a décidé que lui, ça
serait dans la loi? Donc, je pense que c'est une question légitime. Puis
pourquoi il s'inspire d'ordres professionnels alors qu'il nous dit : Non,
non, non, moi, ce n'est pas un ordre professionnel. Donc, pourquoi il ne laisse
pas ça aux négociations? Parce qu'il n'a même pas le consensus avec les
enseignants, puis là il vient imposer ça dans une loi pour des associations qui
ne sont pas regroupées en ordres professionnels puis, en plus, il ne le fait
pas comme on le fait pour les ordres professionnels qui, eux, ne le font pas
par la loi comme telle. Ils ont une disposition habilitante, mais ils le font
par règlement.
Le Président (M. Birnbaum) :
M. le ministre.
M. Roberge : M. le Président,
pour trouver des comparables, il faut essayer de trouver d'autres professions,
de métiers, issus de formations universitaires, qui ont des balises de
formation. Alors, ce n'est pas un biais, bien, on va aller voir ce que font les
ordres, c'est d'aller voir ce que font d'autres professions. Il s'avère que la
plupart des professions ou des emplois au Québec, métiers — ou
souvent on utilise le mot «profession» — qui peuvent être comparables
à ce que font les enseignants, avec une formation universitaire, sont régis par
un ordre. Ça ne veut pas dire qu'on est obligé de faire un ordre pour les
enseignants, c'est comme une particularité des enseignants de ne pas en avoir.
Bon.
Une fois qu'on dit : C'est correct,
on ne veut un ordre, mais on veut de la formation continue, pas parce qu'on
veut un ordre, on veut de la formation continue parce qu'on veut de la
formation continue parce que beaucoup de chercheurs et de gens qui
s'intéressent à l'éducation le demandent depuis fort longtemps.
Alors, je ne sais pas si ma collègue a des
suggestions d'autres professions qui n'appartiendraient pas à un ordre, parce
que je ne sais pas si elle pense que d'appartenir à un ordre les disqualifie
d'être comparés aux enseignants, mais sinon, si on veut comparer, est-ce
qu'elle a des suggestions à faire? Moi, j'en ai trouvé plusieurs, comparables,
pour savoir comment on pourrait avoir un nombre minimal d'heures de formation.
Mais il me semble que c'est tout à fait valable. Elle me dit : Oui, mais
là les formations dont il parle, ce n'est pas dans la loi. Mais ils n'ont pas
besoin que ça soit dans une loi parce qu'ils ont un autre organisme. Nous, on
n'a pas l'ordre puis on a décidé de ne pas aller là...
M. Roberge : ...nombre
minimal d'heures de formation. Mais il me semble que c'est tout à fait valable.
Elle me dit : Oui, mais là les formations dont il parle, ce n'est pas dans
la loi. Mais ils n'ont pas besoin que ça soit dans une loi parce qu'ils ont un
autre organisme. Nous, on n'a pas l'ordre puis on a décidé de ne pas aller là
en ce moment. Donc, on répond à une réflexion qui dure depuis fort longtemps,
qui a fait l'objet de plusieurs avis du conseil supérieur, par un outil qui
traite déjà des obligations des enseignants. On a une voie, là, tout à fait. Ce
n'est pas nous qui décidons de parler des formations dans la loi. C'est déjà
là, là. À 22, on est là.
Donc, on vient le préciser. Il me semble
que c'est la façon la plus simple. Sans importer exactement ce qui se fait dans
d'autres professions, on dit : Bien, ce qui se fait pour je ne sais pas
quelle profession, on est obligés de faire pareil. Ce n'est pas un simple
copier-coller, c'est plus habile, c'est plus agile. On va dire : Tiens, on
ne va pas importer tout le reste. On ne va pas importer les inspecteurs, on ne
va pas importer la possibilité de se faire suspendre ou retirer son brevet d'enseignement.
Je ne pense pas que les enseignants à ce moment-ci souhaitent ça, un
exercice... un organisme externe, là, avec des inspecteurs puis avec un organisme
qui peut venir leur enlever ou leur suspendre leur permis d'enseigner. Je ne
pense pas que les enseignants veulent ça. Donc, on ne fait pas ça.
Mais, la façon alors de répondre, c'est
d'y aller par la loi. Il y a déjà des dispositions qui s'appliquent à ce
sujet-là. Alors, pourquoi faire compliqué quand on peut faire assez simple?
Répondre à des préoccupations qui datent depuis fort longtemps, s'appuyer sur
des comparables, il me semble que c'est la bonne façon de travailler.
Le Président (M. Birnbaum) : Mme
la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Il me reste très peu de temps, donc je vais être rapide parce que je veux me
garder un petit peu de temps si je veux déposer un amendement éventuellement.
Je veux juste dire au ministre que c'est
très différent quand les membres d'une profession sont regroupés dans un ordre parce
qu'il y a des débats à l'intérieur de l'ordre. Donc, quand nous, au Barreau,
ils ont décidé d'imposer 30 heures de formation aux deux ans, il y a eu
des débats. Ça a fait partie d'une discussion avec les membres, avec la
direction de l'ordre professionnel. Ce n'est pas quelque chose qui est arrivé
comme ça.
Là, en ce moment, le problème, c'est que
c'est le ministre qui arrive avec ça, et les membres de la profession
enseignante ont toutes sortes d'avis là-dessus et, en grande partie, ils
disent : C'est comme si on voulait nous constituer en ordre un peu de
manière indirecte. On pourrait faire tout un débat là-dessus, on pourra y
revenir. Mais ce que je veux dire, c'est qu'ils ne sont pas au coeur de ce
choix-là, de ce débat-là, ils ne sont pas dans un ordre où ce débat se fait.
Donc, ce n'est pas pour rien qu'on demande
les assises, les bases, les données, puis pourquoi on arrive à ça, puis comment
on va pouvoir faire vivre ça parce que les principaux concernés ne participent
pas directement au débat parce qu'ils ne sont pas du tout régis de la même
manière que les exemples auxquels vous faites référence.
Donc, je vais garder mon petit moment qui
me reste pour creuser et puis peut-être vous revenir.
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le ministre.
M. Roberge : Bien, brièvement,
c'est normal qu'en commission parlementaire on traite du projet de loi. Puis,
oui, quand on traite du projet de loi, on touche ce qui se passe dans nos
écoles. De dire : On ne peut pas aborder les sujets parce que les 100 000 enseignants
ne prennent pas part au débat... bien là, à ce moment-là, on ne peut plus
toucher à la Loi sur l'instruction publique. Je pense, c'est un peu court, là,
de dire qu'on ne peut pas statuer sur... Il y a énormément d'articles dans ce
projet de loi là, puis il y en a eu dans d'autres projets de loi sous chacun
des deux gouvernements, autant du Parti québécois que du Parti libéral, il y a
eu des projets de loi qui touchaient la Loi sur l'instruction publique et donc
qui venaient changer ce qui se passe dans les écoles.
Alors, c'est quoi, le processus
législatif? Bien, c'est d'abord d'annoncer ce qu'on veut faire. Après ça, de
déposer un projet de loi. Ensuite, d'écouter les groupes à micro ouvert, bien
qu'on les écoute, bien sûr, des fois, dans plusieurs rencontres qui ne sont pas
à micro ouvert, mais après ça d'avoir la transparence de le faire... de montrer
l'échange à micro ouvert, c'est tout à fait normal. De tenir compte de ce
qu'ils disent. Puis après ça, bien, de statuer. Parce qu'au bout du compte il y
a un gouvernement.
• (17 h 10) •
Et puis on a tenu compte d'ailleurs de ce
qu'ils ont dit parce que, si on prend l'article 133, tel qu'il est dans le
projet de loi, il est beaucoup plus contraignant que ne le sont les amendements
déposés cette semaine. Les amendements déposés cette semaine témoignent de...
M. Roberge : ...on a tenu
compte, d'ailleurs, de ce qu'ils ont dit parce que, si on prend l'article 133
tel qu'il est dans le projet de loi, il est beaucoup plus contraignant que ne
le sont les amendements déposés cette semaine. Les amendements déposés cette
semaine témoignent de l'écoute qu'on a eue des groupes qui sont venus ici,
témoignent de la flexibilité qu'on a voulu donner, témoignent de la reconnaissance
qu'on a voulu mettre.
Parce que, dans l'article 133 original, on
traitait l'obligation. On ne disait pas que ce sont les enseignants qui
choisissent leur activité de formation continue. Et ils ont dit : Voyons
donc! Là, si on regarde le 133 tel qu'il est, c'est le ministre qui va choisir
ci, ça, ça; l'important, c'est que ce soient les enseignants qui décident.
Alors, on a tenu compte de tout ça.
Mais bien sûr que, quand on fait un projet
de loi, on écoute tous les groupes avant les auditions, pendant les auditions,
après les auditions, mais ils ne sont pas tous les 100 000 profs autour de
la table, pas plus que les 3 000 et quelques directions d'école, mais
leurs représentants sont là, eux. Et aussi on écoute les gens directement. Moi,
j'aime bien parler aux leaders nationaux, mais j'aime bien aussi aller
directement dans les écoles, parler direct aux profs. J'aime bien écouter les
trois associations nationales de directions d'école francophone et celle qui
est anglophone qui portent la voix de leurs membres. J'aime bien aussi aller
parler directement aux directions d'école pour avoir...
Et on ne peut pas prétendre que c'est
incorrect d'avancer de cette manière-là. Le législateur peut très bien avancer
avec des façons de consulter qui sont établies et qui ont été respectées dans
tout le processus et dont les amendements témoignent. On est dans la façon
normale de débattre des projets de loi au Québec dans une section prévue sur
les obligations de l'enseignant, donc, il n'y a rien d'exceptionnel.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions sur l'amendement? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : M. le Président,
conformément à l'article 165 de notre règlement, j'aimerais faire une motion
d'ajournement de nos travaux et être entendue à cet effet.
Le Président (M. Birnbaum) :
On va suspendre pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 12)
(Reprise à 17 h 16)
Le Président (M. Birnbaum) :
On reprend. Nous sommes devant une motion d'ajournement. J'aimerais, selon l'article
165, vous rappeler des procédures à suivre : «Pour ajourner les travaux
d'une commission plus tôt que l'heure prévue dans l'avis du leader du
gouvernement, un membre doit proposer une motion en vertu de l'article 165 du
règlement», ce qui vient d'être fait avant notre suspension. Je continue :
«La motion peut être présentée en tout temps au cours d'une séance par le
président ou par un membre, y compris le ministre membre de la commission pour
la durée du mandat. Elle peut être présentée de vive voix et n'a pas besoin
d'être écrite. Cette motion ne peut être débattue, mais un représentant de
chaque groupe parlementaire peut prononcer un discours de 10 minutes chacun — un
représentant, je réitère. Le temps de parole d'un représentant ne peut être
scindé et doit être utilisé en une seule intervention. La motion est mise aux
voix immédiatement à la fin des discours et prend effet immédiatement.»
Donc, je donne la parole à la députée de
Saint-Laurent pour une période maximale de 10 minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Vous comprendrez que l'exaspération de ce côté-ci de la salle est
palpable. Pourquoi que nous sommes exaspérés? C'est que ce n'est pas la
première fois qu'on se retrouve avec le ministre et ses façons de faire.
Lorsque nous avons étudié le projet de loi
n° 12 qui porte sur les frais facturés aux parents, nous avons posé des
questions. Combien qu'il y a de projets pédagogiques particuliers au Québec?
Réponse du ministre : Je ne le sais pas. Combien ça coûte? Je ne le sais
pas. Tellement qu'il y avait des parents sur Twitter qui nous écrivaient
pour nous donner de l'information parce que le ministre de l'Éducation était
toujours dans l'incapacité de nous répondre. Mais, par contre, il nous a
demandé de légiférer, de légiférer pareil. Faites-moi confiance. Je vais vous
revenir. C'est drôle, hein? Ça, c'était l'an passé, il ne nous est jamais
revenu. Pas capable de faire des suivis.
Qu'est-ce qu'il est arrivé par contre? Ah!
On a vu qu'au Québec la Loi sur l'instruction publique a été ouverte pour
permettre d'avoir un système à deux vitesses, celui pour les riches, puis
ceux-là qui n'ont pas d'argent iront faire du parascolaire.
Par la suite, maternelle quatre ans,
projet de loi n° 5, d'emblée nous avons demandé un
plan de déploiement. Nous l'avons demandé, tous, à chaque intervention. Jamais
qu'il ne nous l'a donné. Combien ça va coûter? Je ne le sais pas. Chaque fois
qu'on posait des questions au ministre : On ne le sait pas. La raison des
maternelles quatre ans, il disait : Il y a environ 20 000 enfants qui
ne sont dans aucun système. Parfait. Qu'avez-vous fait pour rejoindre ces
20 000 enfants qui ne sont dans aucun système, ni la maternelle ni, par
exemple, un CPE ou un autre service de garde? Qu'est-ce qu'il a fait, M. le Président?
Il n'a absolument rien fait. On lui a demandé : O.K., maintenant, vous
dites qu'il y a environ 5 000 enfants qui sont inscrits ou 3 600 qui
sont inscrits dans les maternelles quatre ans. D'où proviennent-ils? Je ne le
sais pas. On est passés à des classes qui passaient de 120 000 $ de
coûts de construction à 2 millions de dollars. Quand on lui dit :
Vous n'êtes pas inquiet des dépassements de coûts? Non, non. Ça coûtera ce que
ça coûtera. Tellement que c'était improvisé, il a reçu le titre du ministre de
l'improvisation.
• (17 h 20) •
Aujourd'hui, maintenant, on est rendus
dans un autre projet de loi, le projet de loi n° 40 qui, en principe,
devrait parler de gouvernance scolaire, de démocratie, d'abolition des
élections. Mais non, M. le Président. On parle de quoi aujourd'hui? Des
négociations...
Mme Rizqy : …du ministre de
l'improvisation. Aujourd'hui, maintenant, on est rendu dans un autre projet de
loi, le projet de loi n° 40 qui, en principe, devrait parler de
gouvernance scolaire, de démocratie, d'abolition des élections. Mais non, M. le
Président, on parle de quoi aujourd'hui? Des négociations collectives.
Qu'est-ce qu'on lui demande? Question qui a été posée par ma collègue, la
députée de Sherbrooke, votre amendement qui force maintenant, là, un minimum
de 30 heures de formation sur deux ans, il règle quel problème? Il ne le sait
pas. On lui demande… en ce moment, c'est prévu dans la loi sur les négociations
sous les secteurs public et privé, puis qu'il y a déjà de la formation, on lui
demande : Savez-vous combien de formation qu'il y a? Tel perfectionnement,
ça fait 40 ans qu'il y en a puis que c'est négocié en vertu d'une autre loi.
Est-ce que vous avez des données? Il ne le sait pas. Pourtant, M. le Président,
c'est comptabilisé. Au lieu de nous regarder puis de nous remplir avec
n'importe quoi, il devrait se tourner vers son ministère puis dire : C'est
comptabilisé par les directions d'école. Trouvez-moi l'information, je veux
savoir l'information.
J'aimerais avoir l'heure juste, qu'est-ce
qui se passe comme perfectionnement au Québec? D'ailleurs, les Québécois paient
pour ça, c'est 240 $ par enseignant qui est versé. Mais, même ça, ce
chiffre-là, il n'est pas trop sûr, il ne le sait pas. Mais, par contre, il ose
nous demander de lui faire confiance puis de légiférer. En fait, il nous
demande de nous substituer aux parties de négociation. Il nous demande, là,
d'être les avocats de 100 000 enseignants. Ce n'est pas notre rôle.
Qu'est-ce qu'on a appris aujourd'hui? Aucune analyse des coûts, aucune analyse
d'impact, pas capable de comptabiliser les heures de formation, aucune moyenne.
Il nous parle de Mme Bossé, en aucun temps, Mme Bossé a parlé des 30 heures de
formation.
(Interruption)
Mme Rizqy : Veuillez peut-être
éteindre votre cellulaire. En aucun temps, Mme Bossé nous a parlé des 30 heures
de formation continue. Il ose, il ose citer le conseil supérieur, un rapport de
plusieurs pages, mais il omet de mentionner quelque chose de très spécifique
quant à la formation des enseignants. Permettez-moi de vous citer un passage
pertinent, page 126, 5.1 du même rapport qu'il cite : «Aujourd'hui, plus
que jamais, le conseil a la conviction que confier plus explicitement la
maîtrise d'oeuvre de son projet, son projet de développement professionnel à
chaque enseignante et enseignant, comme individu et comme membre d'une
communauté de pratique, est non seulement souhaitable, mais il s'agit là d'un
levier essentiel de reconnaissance et de valorisation de la profession.»
Pourquoi, d'une part? Parce que le développement
professionnel d'une personne ne peut être décrété par autrui, je répète, ne
peut être décrété par autrui. Nous sommes autrui, M. le Président. On ne peut
développer l'expertise de quelqu'un contre son gré et, d'autre part, parce que
l'efficacité même des activités de développement professionnel s'appuie sur les
capacités de celle-ci à répondre aux besoins des individus… de l'individu,
pardon, tant personnel et professionnel, qu'organisationnel. Qui est mieux
placé que l'enseignante ou l'enseignant pour analyser sa pratique et déterminer
les changements nécessaires qui répondront aux besoins de ses élèves, de sa
classe, de son école et du système scolaire, sinon lui-même? Il a juste oublié
de mentionner ce passage pertinent. Il veut, contre le gré des enseignants,
leur obliger 30 heures de formation continue.
Tantôt, il nous a dit : Les
oppositions, là, mettent beaucoup de temps sur la terminologie. Oui, c'est important,
la terminologie, les mots qu'on inscrit, dans une loi aussi importante que la
Loi sur l'instruction publique, sont excessivement précis et importants. On
n'ouvre pas n'importe quelle loi, on ouvre la Loi sur l'instruction publique du
Québec, pas celle de la Finande. Puis, savez-vous quoi, je n'en ai que faire de
la loi sur la Finlande, moi, ce qui m'intéresse, ce sont nos élèves québécois,
nos enseignants. Puis voici ce qui se passe en ce moment. L'entrée scolaire,
son entrée scolaire de 2019, il manquait 360 enseignants, mais il n'est pas
inquiet de ça, il ne comprend pas qu'en ce moment l'urgence, c'est de valoriser
notre profession parce qu'il quitte nos enseignants. Il ne comprend pas que,
tant la FAE que la FSE, là, n'ont pas été consultées spécifiquement, mais, par
contre, il dit : Oui, oui, mais les groupes de consultation sont venus sur
l'article 133 du projet de loi. L'article 133 de son projet de loi, il l'a déjà
retiré, il a déposé un amendement pour supprimer. Donc, peu importe ce que les
gens ont dit, son article est déjà parti.
Mais, moi, où est-ce que le bât blesse, il
gère le deuxième plus gros ministère, puis il nous demande, tout le monde,
d'embarquer dans son bateau, alors que le capitaine à bord navigue à vue. Il
n'a aucune espèce d'idée d'où est-ce qu'il s'en va, il nage en plein brouillard
puis il nous demande : Embarquez-vous? Non, on n'embarque pas…
Mme Rizqy : ...mais moi, ce que
le bât blesse, il gère le deuxième plus gros ministère, puis il nous demande de
tout le monde d'embarquer dans son bateau alors que le capitaine à bord navigue
à vue. Il n'y a aucune espèce d'idée d'où est-ce qu'il s'en va. Il nage en plein
brouillard, puis nous demande : Embarquez-vous? Non, on n'embarque pas.
La motion d'ajournement, ça donne
l'occasion au ministre d'aller faire son travail de législateur. Ça lui donne
l'occasion de regarder c'est quoi la trilogie de la Cour suprême en matière
négociation des conventions collectives, de respecter notre droit, de revoir
correctement ce qui s'est passé dans les 40 dernières années, de peut-être
s'asseoir avec le ministre du Conseil du trésor pour voir, là, est-ce qu'en ce
moment, on n'est vraiment pas dans le bon forum, et que la négociation des
conventions collectives doit se faire avec les bonnes parties prenantes. Et les
bonnes parties prenantes en ce moment, là, ce n'est pas nous. Ça se négocie
depuis 40 ans, pas au niveau national, local, et il y a une raison pour
cela.
Vous comprendrez qu'il aura, en fait,
demain, jusqu'à mardi prochain, en fait, il aura même la semaine suivante pour
travailler. Et je vous le dis, je le mets au défi de nous déposer l'avis
juridique. Il n'y en a pas. Dans une semaine, je suis convaincu qu'ils vont
être capable, avec toute l'équipe de juristes qu'il a avec lui, de travailler
sur un avis juridique, de se rendre compte qu'effectivement, il ne respecte pas
la loi sur les négociations dans le secteur public et parapublic, qu'il ne
respecte pas les principes de la Cour suprême en matière de négociation de
bonne foi, et qu'il est pas mal mieux, par lui-même, de retirer l'ensemble de
ces amendements, de laisser les négociations avoir cours, et de respecter, en
fait, lui-même ce qu'il a dit pas plus tard que dans le projet de loi des
maternelles 4 ans : Ce sont des modalités sur les ratios qui doivent
être faites dans les négociations. Je suis d'accord avec lui. Ça aussi, ça fait
partie des négociations. À différence près des ratios, ici, ça fait 40 ans
que c'est vraiment négocié de façon locale. Alors, M. le Président, j'espère
que le ministre mesure l'ampleur du dégât qu'il est en train d'accomplir.
Le Président (M. Birnbaum) :
Un représentant du côté ministériel a maintenant 10 minutes. Ça va être M.
le ministre.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Écoutez, dans son intervention, ma collègue a cité un extrait du
rapport du Conseil supérieur de l'éducation. Je veux prendre garde, je ne dis
pas que le Conseil supérieur de l'éducation nous a soufflé à l'oreille le
libellé de l'article qu'on traite. Il a nommé, et répété dans plusieurs avis,
la nécessité de reconnaître la formation continue obligatoire, de mieux la
baliser. Donc, essentiellement, il a bien nommé le problème. Il a dit que dans
le fond : Ce n'était pas suffisamment balisé et encadré.
Il n'a pas dit qu'il fallait imposer des
contenus. Effectivement, ma collègue a raison quand elle dit que le Conseil
supérieur dit que le contenu de formation... pardon, je recommence, le contenu
de formation continue ne peut être décrété par autrui. Effectivement, bien sûr,
c'est pour ça que notre amendement nous dit que c'est l'enseignant : «Il
choisit les formations continues qui répondent le mieux à ses besoins en lien
avec le développement de ses compétences». Droite ligne avec cette phrase,
cette affirmation du Conseil supérieur de l'éducation, ou aucune contradiction,
ça va très bien.
Écoutez, je ne pense pas qu'il y a bien
des enseignants au Québec qui prendront connaissance directement du libellé.
Bien sûr, il faut prendre garde des fois à ce qu'on en dit. Mais, si les gens
le lisent pour ce qu'il est, je suis très confiant qu'une grande majorité des
enseignants seront tout à fait à l'aise. Pourquoi? Bien, écoutez, je connais un
petit peu ça. Je connais pas mal d'enseignants personnellement. Je visite des
écoles extrêmement souvent. Je ne prétends pas que tout le monde est d'accord,
tout le monde est d'accord avec moi, ce n'est pas vrai, bien sûr, mais c'est
mesuré. Ce n'est pas excessif. Ce sont des balises nécessaires demandées depuis
longtemps qui s'inscrivent au bon endroit dans l'article, et il n'y a rien
d'excessif.
• (17 h 30) •
Et je vais relire encore parce que là, on
a une motion, là, d'ajournement comme si on allait on ne sait où sans être
préparé, alors qu'au fond, on est dans une section de la Loi sur l'instruction
publique qui traite des obligations de l'enseignant, laquelle traite déjà de la
nécessité de maintenir le niveau d'expertise, et donc près de la formation
continue, on vient donner une balise en disant que ça serait modifié en
ajoutant : «L'enseignant doit suivre au moins 30 heures d'activité de
formation continue par période de deux années scolaires débutant le 1er juillet
de chaque année paire». On parle de l'enseignant...
17 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...déjà de la
nécessité de maintenir le niveau d'expertise, et donc près de la formation
continue, on vient donner une balise en disant que ça serait modifié en ajoutant
l'enseignant doit suivre au moins 30 heures d'activité de formation
continue par période de deux années scolaires débutant le 1er juillet de
chaque année paire. On parle de l'enseignant. Il choisit des activités de
formation continue qui répondent le mieux à ses besoins en lien avec le
développement de ses compétences. C'est en droite ligne avec les constats faits
par ceux qui s'intéressent depuis des années au réseau de l'éducation et même
c'est en droite ligne avec des recommandations qu'on a lues précédemment.
Je continue, parce qu'il faut définir les
termes. On entend par activité de formation continue la participation à une
activité structurée tels un cours, un séminaire, un colloque ou une conférence
organisée par un ministre, par un établissement d'enseignement universitaire,
par un centre de services scolaires, par un établissement d'enseignement régi
par la Loi sur l'enseignement privé ou, sous réserve de l'approbation du
directeur de l'établissement, par un autre organisme formateur. Est aussi visée
toute participation à titre de formateur à une activité de formation continue.
C'est tout à fait raisonnable. Ça répond aux préoccupations de beaucoup de gens
à l'intérieur du réseau. Ce n'est nullement excessif. La balise de
30 heures est assortie d'une condition aux deux ans, donc, une moyenne de
15 heures.
Les gens nous disent : Pourquoi de la
formation continue obligatoire? On a-tu besoin de ça? Bien, il y a des avis qui
nous disent que ce n'est pas assez balisé. Est-ce qu'on peut le mettre dans la
loi? On a un article qui traite déjà de ça. Est-ce qu'il y a des places dans le
monde où c'est obligatoire, la formation continue? Oui, j'ai donné plein
d'États et de pays qui le font. Est-ce que le nombre d'heures est raisonnable?
Certainement. J'ai donné plein d'autres professions qui ont le même nombre
d'heures. Alors, si on sait pourquoi, combien, comment, après combien de temps,
qui le demande, est-ce que ça origine d'une demande du milieu, est-ce que les
experts se sont déjà penchés sur cette question, bien, on a des réponses
positives à tout ça. On a des précisions à tout ça.
Je pense que les... Certains collègues, je
veux dire, certains collègues ne sont pas d'accord avec ça, cette idée-là ou,
je vais vous dire très sincèrement, tentent de plaire et de devenir des
porte-voix de certains groupes, alors qu'au fond cette demande, et ils le
savent, origine de groupes crédibles, résulte de réflexions longuement
nourries, est le fruit de comparaisons avec des États qui nous ressemblent et
est balisée par un nombre d'heures qui est raisonnable, lié à des comparatifs
avec des professions comparables.
Donc, il n'y a vraiment pas de quoi
fouetter un chat. On peut débattre de la formulation, des modalités. Mais sur
la base même, de s'opposer à ce que les enseignants, ceux à qui on confie ce
qu'on a de plus précieux au monde, fassent un minimum de formation continue par
année, alors qu'ils disposent de 20 journées pédagogiques et qu'en plus
ils sont souvent libérés de leur temps de présence élève pour en suivre, c'est
particulier. Je me demande, au nom... Est-ce vraiment au nom de l'intérêt
supérieur du Québec qu'on s'opposerait à ça? Est-ce vraiment dans les... pour
valoriser la profession enseignante? Ça valorise la profession enseignante que
de ne pas demander une formation continue? Est-ce que ça valorise la profession
enseignante que de ne pas baliser la formation continue? Non.
Est-ce qu'on prend soin des élèves? Est-ce
qu'on prend soin des élèves quand on dit : Il n'est pas nécessaire de
suivre de la formation? Ah! Vous pouvez en prendre, mais ce n'est pas
obligatoire. Pendant cinq ans? Non, non, ce n'est pas obligatoire. Mais là, si
j'enseigne 20 ans? Non, non, ce n'est pas obligatoire. On prend soin des
enfants quand on dit ça? Bien non, M. le Président. Je m'explique mal... Je
m'explique mal comment certains collègues peuvent s'opposer à ça. Ce que je...
Je pense que ce n'est pas les raisons qu'ils exposent. Les raisons sont encore
cachées.
Et au-delà de ça, je dois dire qu'on est
en train de débattre au moment où je vous parle, non pas de l'article, mais
d'une motion d'ajournement. Et là, ça, ça s'inscrit dans un narratif long,
interminable de tentatives d'étirer la... Ce matin, on avait une motion de
réimpression. Là, on a une motion d'ajournement. Plein de fois on a eu des
amendements déposés presque identiques les uns aux autres. Il y en a même un
qui a été rejeté parce qu'il était trop identique. La tactique était trop
évidente. Les fils dépassaient de partout. Ça, c'est sans compter les questions
qu'on m'a posées plusieurs fois...
M. Roberge : ...plein de fois
on a eu des amendements déposés, presque identiques les uns aux autres. Il y en
a même un qui a été rejeté parce qu'il était trop identique, la tactique était
trop évidente, les fils dépassaient de partout. Ça, c'est sans compter les
questions qu'on m'a posées plusieurs fois alors que c'était la même question et
que je répétais la même réponse. J'ai l'impression qu'il y a des gens qui
tentent de retarder, de faire du temps. Puis, en français... en fait, pas en
français, mais dans le terme utilisé ici, ça s'appelle filibuster.
Puis une motion d'ajournement pour
dire : Arrêtons d'en parler... On a du temps de commission, on est tous
là, on a tous l'article, on l'a tous reçu.
Le Président (M. Birnbaum) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Melançon : Article 35, 6°.
Je pense qu'on est en train de nous prêter des intentions, alors que ce n'est
pas du tout, du tout ce vers quoi... Puis je veux juste vous dire, je regarde
l'horloge passée...
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, Mme la députée. Je vous invite à la prudence et je vous invite à
continuer, M. le ministre.
M. Roberge : Je continue.
Qu'on nous invite à faire une motion d'ajournement, alors qu'on est tous ici,
on a tous pris connaissance de l'amendement... On aurait pu le déposer séance
tenante, mais, non, on l'a déposé plus de 48 heures d'avance. Puis là,
tout à coup, alors qu'on est là, qu'on sait de quoi on parle, on est au milieu
du débat : Ah! il faudrait ajourner. Je ne pense pas que ça soit une bonne
idée.
Et d'ailleurs, parce que je pense que
c'est la meilleure façon de travailler, je vais déposer deux autres amendements
à l'avance, pour que mes collègues puissent en prendre connaissance pour,
ultimement, quand on arrivera aux articles 90 et 93, qu'ils aient déjà
pris connaissance de ces amendements-là, qui sont déjà prêts, pour qu'eux et
les gens qui s'intéressent aux travaux de la commission puissent se saisir de
ça et qu'on n'ait pas à faire des mesures... des motions d'ajournement et qu'on
puisse travailler avec plus de diligence. Donc, M. le Président, je dépose deux
amendements, un à l'article 90 et l'autre à l'article 93.
Le Président (M. Birnbaum) :
On va suspendre 30 secondes.
(Suspension de la séance à 17 h 37)
(Reprise à 17 h 38)
Le Président (M. Birnbaum) :
Bon, la présidence reconnaît qu'il y a un dépôt d'un document. J'invite le
ministre à poursuivre son intervention sur la motion. Et il reste
30 secondes. M. le ministre.
M. Roberge : Je vous remercie,
M. le Président. Donc, les documents ont été déposés pour que les gens puissent
s'en saisir. Ce sont des amendements qui résultent encore une fois et qui
démontrent l'écoute qu'on a eue, parce que ça résulte de réflexions qu'on a
faites après les auditions particulières, qui nous amènent à bonifier le projet
de loi. Puis on le dépose à l'avance pour que les gens puissent s'en saisir.
Ceci dit, une motion d'ajournement, ce
n'est pas pertinent.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, M. le ministre. Je passe à la députée de Sherbrooke, s'il vous plaît,
pour une intervention d'un maximum de 10 minutes.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Écoutez, je pense que ça a été clair dans l'échange. En tout cas,
pour ma part, je pensais avoir été claire, là. Je n'ai pas... Je n'ai pas
questionné le besoin de formation continue, O.K.? Le ministre dit qu'on demande
si on a vraiment besoin de ça, la formation continue, là. Moi, je ne me le
demande pas, en tout cas. Je sais qu'on a besoin... que les enseignants ont besoin
de formation continue, comme tous les professionnels en ont besoin, O.K.? Ça
fait que ça, ce n'est pas une question pour moi.
Ce qu'on demandait, c'est un portrait de
la situation. Puis ça je l'ai demandé de manière assez explicite. Puis je n'en
ai pas obtenu, soit parce que ça n'existe pas, soit parce qu'on ne veut pas me
le fournir, je ne le sais pas, mais je vais le savoir éventuellement, parce que
c'est clair que nous, dans la mesure où on ne fournit pas de données, on va
faire une demande d'accès à l'information. Je veux savoir ce qui existe comme
données au ministère de l'Éducation sur la formation continue. Je le saurai
éventuellement. J'aurais aimé le savoir aujourd'hui, puis j'aimerais le savoir,
en tout cas, avant qu'on poursuive le débat sur ces amendements-là.
• (17 h 40) •
Et c'est pour ça que je pense que la
motion d'ajournement, elle est quand même assez pertinente au moment où on se
parle, parce que ça permettrait au ministre d'aller faire son travail
correctement et de nous revenir avec des informations sur le portrait de la
situation de la formation continue au Québec, actuellement. Il y a beaucoup de
choses que je me demande par rapport à ça, moi. Puis je vais me permettre de
demander un portrait assez large, là, j'aimerais ça voir l'évolution de la
formation continue depuis les 10 dernières années, j'aimerais ça savoir
si, justement, elle a diminué dans les dernières années à cause des coupures
dans le réseau, à cause de la pénurie de personnel, je veux savoir ça. Donc,
j'ai besoin d'avoir ces informations-là, je pense qu'on en a tous besoin
collectivement pour réfléchir intelligemment sur l'enjeu de la formation
continue. Et visiblement, comme le ministre ne semble pas avoir à sa
disposition aujourd'hui ces informations-là...
Mme Labrie : ...elle a diminué
dans les dernières années à cause des coupures dans le réseau, à cause de la
pénurie de personnel. Je veux savoir ça. Donc, j'ai besoin d'avoir ces
informations-là, je pense qu'on en a tous besoin collectivement pour réfléchir
intelligemment sur l'enjeu de la formation continue. Et visiblement, comme le
ministre ne semble pas avoir à sa disposition aujourd'hui ces informations-là,
la motion d'ajournement lui permettrait d'aller les chercher.
Ce qu'on a aussi dit, c'est que le
problème avec la question de la formation continue, c'est que ça doit être
discuté dans le cadre des négociations de conventions collectives. Donc, on n'a
pas dit, ici, qu'il ne faut pas parler de formation continue, là, il n'y a
personne ici qui a dit : Ce n'est pas important la formation continue, il
ne faut pas parler de ça. L'espace et le moment pour discuter de ça, c'est avec
les enseignants eux-mêmes dans le cadre des négociations collectives. En tout
cas, c'est ce que je pense, et c'est ce qu'on a soutenu ici depuis tout à
l'heure et on pense qu'il y a quand même un gros problème, là, à venir déposer
des amendements ici qui contreviennent aux différentes lois qui ont été nommées
par mes collègues.
Donc, je pense que le ministre doit
réfléchir à ça. Le fait que ce qu'il nous propose n'a pas été déposé dans les
offres patronales... je pense que ça aurait dû être fait. Je pense que les
enseignants doivent eux-mêmes être en mesure de se prononcer sur ça. Et là,
jusqu'à maintenant, ils n'ont pas eu l'espace pour se prononcer sur ces
mesures-là. Évidemment qu'ils ont eu l'espace, en commission parlementaire,
pour se prononcer sur la question des sanctions, et ils l'ont fait de manière
assez virulente. C'était un des principaux irritants des enseignants.
Puis d'ailleurs, il y a
10 000 enseignants qui ont signé une lettre pour dénoncer le projet
de loi, qui ont envoyé cette lettre-là au ministre. Ça, c'est beaucoup
d'enseignants. Puis parmi les principaux irritants, il y avait la question des
sanctions qui pouvaient être imposées aux enseignants s'ils ne faisaient pas
assez de formation continue.
Puis là, le ministre, il nous arrive avec
des amendements dans lesquels on ne retrouve pas le mot «sanctions», mais on
retrouve quand même un minimum. Donc, s'il y a un minimum d'heures qu'on veut
imposer aux enseignants, eh bien, on demande à quelqu'un de comptabiliser ça.
Soit ça ne sert absolument à rien d'écrire ça, soit il y aura des sanctions. Parce
qu'on ne met pas un minimum, on ne demande pas à quelqu'un de comptabiliser ça
pour qu'il n'y ait absolument aucune sanction, sinon ça ne sert à rien. On ne
le fera pas, on va laisser ça tel quel, là, il n'y a pas de... il n'y a aucune
justification pour imposer un minimum s'il n'y a pas de sanctions qui s'appliquent.
Donc, ça, c'est une façon détournée, à mon
sens, de quand même imposer des sanctions aux enseignants et ça a été largement
dénoncé, ça a été critiqué par les différents syndicats d'enseignants.
Donc, pour toutes ces raisons-là, moi, je
pense que ça mérite un ajournement pour que le ministre ait le temps, d'abord,
de réfléchir. Est-ce qu'il veut vraiment faire cette discussion-là ici ou s'il
veut la faire avec les bonnes personnes dans le cadre des négociations
collectives? Puis de quoi on parle exactement? Le portrait de la situation, on
a besoin de ça pour continuer. Merci.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci. Mme la députée de Joliette, pour une période maximale de
10 minutes.
Mme
Hivon
: Oui,
rapidement. M. le Président, je pense que j'ai bien exposé les informations que
je souhaitais tout simplement qu'on puisse avoir à notre disposition pour
pouvoir débattre en toute connaissance de cause de l'amendement du ministre,
qui vise à introduire la formation continue et l'encadrement avec le 30 heures
prévu nommément dans la loi. Alors, je pense qu'il va avoir quelques jours la
semaine prochaine avant que nous reprenions nos travaux la suivante, puisqu'on
ne siège pas la semaine prochaine, pour colliger tout ça puis pour pouvoir nous
déposer ça, pour qu'on fasse le meilleur débat possible.
Parce que je le rappelle, le fait que les
enseignants ne soient pas à la table pour discuter, comme ça se ferait dans le
cadre d'une négociation de conventions collectives, c'est un gros enjeu.
Alors... ou lorsqu'ils sont membres d'un ordre professionnel. Alors, je pense
qu'on a ici, devant nous, quelque chose de très costaud et ça mérite de pouvoir
avoir tous les éclaircissements demandés. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci, Mme la députée. Donc, nous allons mettre aux voix la motion
d'ajournement. Est-ce que la motion est adoptée?
Mme Rizqy : M. le Président,
je demanderais un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci. Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Rizqy (Saint-Laurent)?
Mme Rizqy : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Melançon (Verdun)?
Mme Melançon : Pour.
La Secrétaire
:
M. Roberge (Chambly)?
M. Roberge : Contre.
La Secrétaire
:
M. Chassin (Saint-Jérôme)?
M. Chassin :
Contre.
La Secrétaire
:
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire
: Mme...
Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)? Pardon.
Mme Foster : Contre.
La Secrétaire
:
Mme IsaBelle (Huntingdon)?
Mme IsaBelle : Contre.
La Secrétaire
:
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
: Abstention.
La Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
Le Président (M. Birnbaum) :
Abstention.
La Secrétaire
: Rejeté.
Le Président (M. Birnbaum) :
Donc, la motion est rejetée.
Nous revenons à la discussion sur
l'article...
La Secrétaire
: ...Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
:
Mme Labrie (Sherbrooke)?
Mme Labrie : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon
:
Abstention.
La Secrétaire
:
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
Le Président (M. Birnbaum) :
Abstention.
La Secrétaire
: Rejeté.
Le Président (M. Birnbaum) :
Donc, la motion est rejetée.
Nous revenons à la discussion sur l'article
4.2. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui
Le Président (M. Birnbaum) :
Il vous reste trois minutes.
Mme Rizqy : Oui, mais je vais
vous envoyer un amendement, mais avant de vous l'envoyer, je trouve...
j'aimerais juste dire que nous avons reçu, lors de la motion des amendements,
juste... j'aimerais dire la chose suivante.
À quelques reprises, le ministre nous a
dit : À chaque qu'on recevait des amendements qui n'avaient aucunement
rapport avec ce qu'on étudiait. Par la suite, nous avons juré de déposer. Là,
là, ils sont déposés, ces amendements-là, n'ont aucunement rapport avec celui
que nous étudions présentement. Alors, j'espère qu'il ne va pas nous resservir
la même réponse à chaque fois : Nous, bien, ça fait une semaine que je
l'ai déposé. Alors, nous, on vous envoie un amendement.
Le Président (M. Birnbaum) :
La députée dit faire son intervention. C'est recevable comme dépôt de document.
Mme Rizqy : C'est fait.
Le Président (M. Birnbaum) :
Je vous invite de procéder.
Mme Rizqy : Je vous envoie un amendement.
Le Président (M. Birnbaum) :
Alors, on suspend quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
(Reprise à 17 h 51)
Le Président (M. Birnbaum) :
On va reprendre. J'invite Mme la députée de Saint-Laurent à la lecture de son sous-amendement.
Mme la députée.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, article 4.2 : Modifier l'amendement proposé à
l'article 4.2 du projet de loi par:
1° le remplacement, dans le premier alinéa
de l'article 22.0.1 de la Loi sur l'instruction publique, de la phrase
«L'enseignant doit suivre au moins 30 heures d'activités de formation continue
par période de deux années scolaires débutant le 1er juillet de chaque année
paire.» par la phrase suivante : «L'enseignant peut suivre des activités de
formation continue qui répondent à ses besoins en lien avec le développement de
ses compétences.»;
2° la suppression du deuxième et du troisième
alinéa.
Le Président (M. Birnbaum) : Y
a-t-il des commentaires à ajouter?
Mme Rizqy : Bien oui, M. le
Président.
Le Président (M. Birnbaum) :
Je vous invite...
Mme Rizqy : Ici, ça s'inscrit
avec ce que j'ai lu précédemment du conseil supérieur que, lorsqu'on veut une
adhésion, bien, il faut que ça vienne de l'individu. Le ministre nous indique
30 heures, incapable de nous dire d'où vient ce 30 heures de formation continue
obligatoire. Par contre, il nous cite des exemples qui émanent tous d'emplois,
des professions qui sont régies. Tous, inhalothérapeutes, avocats, notaires,
c'est régi, où est-ce que les membres se sont prononcés. Je parle du Barreau.
Quand le Barreau a voulu mettre des heures de formation obligatoire, il y a eu
des consultations pas avec n'importe qui, avec des avocats. Maintenant, lorsque
le ministre dit...
M. Chassin :
...
Mme Rizqy : Est-ce que je peux
terminer?
Le Président (M. Birnbaum) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :
...juste une petite question de règlement pour la recevabilité de l'amendement.
C'est parce que j'essaie de voir, là... Puis là ce que je comprends, c'est
qu'on change le coeur de l'amendement avec le sous-amendement de la députée de
Saint-Laurent en supprimant les alinéas 2° et 3°, d'abord, mais évidemment en
remplaçant, dans le premier alinéa, à peu près l'ensemble du texte, pour ne
conserver qu'une phrase. Donc, vite, vite, là, j'aimerais voir si, M. le
Président, vous pouvez statuer sur la recevabilité du sous-amendement.
Le Président (M. Birnbaum) :
Merci. Y a-t-il d'autres interventions brèves sur... le règlement? Mme la
députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Sur l'appel du
règlement, j'aimerais juste être entendue, M. le Président. Article 200, que je
plaide. Mais dans un premier temps, permettez-moi de dire la chose suivante,
que c'est quand même ironique qu'il dit que je change le coeur, alors que c'est
quand même le ministre, en supprimant l'article 133, introduisant un nouveau
principe, qui change le coeur de tous les débats que nous avons. Ça s'appelle
plaider sa propre turpitude.
Le Président (M. Birnbaum) :
D'autres interventions brèves sur l'appel au règlement?
On va suspendre brièvement.
(Suspension de la séance à 17 h 54)
(Reprise à 17 h 59)
Le Président (M. Birnbaum) : À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Sur la question de
règlement du député de Saint-Jérôme, la présidence reste en délibération.
Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup de votre collaboration et bonne
fin de semaine.
(Fin de la séance à 18 heures)