Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
mardi 12 novembre 2019
-
Vol. 45 N° 47
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l’instruction publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires
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10 h (version non révisée)
(Dix heures deux minutes)
La Présidente (Mme Thériault) :
...s'il vous plaît! Donc, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de la culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières et des auditions publiques sur le projet de loi n° 40,
Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires. M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Melançon (Verdun) est remplacée par Mme Charbonneau (Mille-Îles).
La Présidente (Mme Thériault) :
Parfait. Merci. Donc, cet avant-midi, nous entendrons, en audition conjointe, dans
un premier temps, l'Association des commissions scolaires de l'Abitibi-Témiscamingue,
la Concertation des commissions scolaires de l'Outaouais et la région du Nord-du-Québec
pour la commission scolaire de la Baie-James. Et, dans un deuxième temps, nous
entendrons Mme Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM pour la
Concertation des commissions scolaires des régions de Montréal et de Laval.
Donc, je vais... Oui, Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Bonjour, Mme la
Présidente, hier... question de directive, ce matin, j'en ai une encore,
question de directive. Il y a des plages horaires qui se sont libérées, et on a
encore une plage qui est libre. La Fédération québécoise de l'autisme a exprimé
son souhait à plusieurs reprises de pouvoir venir ici, en commission
parlementaire, afin d'être entendue. La fédération se dit inquiète de ne pas
avoir été invitée à s'adresser en commission parlementaire. Ils ont des choses
à nous dire. Pour combler les plages horaires disponibles, nous avons réitéré,
ce matin très tôt, notre volonté d'entendre la Fédération québécoise de
l'autisme et qu'elle soit convoquée pour qu'elle puisse être ici, parmi nous,
demain. Il y a de la place dans notre horaire. Je le répète, tous les groupes
parlementaires ont accepté que celle-ci soit convoquée, mais le gouvernement
refuse.
Je suis désolée, Mme la Présidente, mais,
si je m'adresse à vous, aujourd'hui, c'est que nous n'avons pas de réponse du
gouvernement. Nous souhaitons que les gens soient entendus. Puis hier, j'ai
entendu votre message... les leaders, mais le ministre a aussi une
responsabilité, la lettre lui a été adressée. Alors, je lui demande, à lui, de
faire preuve de leadership. S'il y a consentement, là, de tous les partis, on
est capables de s'entendre, ici, avec le consentement de tous les partis. Vous
avez consentement de l'opposition officielle, je crois que si je regarde la
députée de Sherbrooke qui est le premier groupe d'opposition, elle consent, la
députée de Joliette, elle consent. Est-ce que le ministre de l'Éducation peut
consentir avec nous afin qu'on puisse régler la question? Et je vous rappelle
que nous avons un rôle d'entendre aussi les gens qui n'ont pas nécessairement
tous des voix au chapitre.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, j'entends bien ce que vous nous avez demandé
ce matin. Vous le savez très bien, je ne peux que répéter ce que je vous ai dit
hier. Ce sont aux leaders de s'entendre entre eux, le leader du gouvernement va
donner une convocation au niveau des groupes. Oui, effectivement, de
consentement, c'est vrai qu'on peut tout faire, mais comme présidente la
commission, je n'ai absolument pas le pouvoir de changer les auditions, je n'ai
pas le pouvoir de commander des groupes supplémentaires pour qu'ils viennent
nous rencontrer. Donc, je comprends que de...
La Présidente (Mme Thériault) :
...va donner une convocation au niveau des groupes. Oui, effectivement, de
consentement, c'est vrai qu'on peut tout faire, mais comme présidente la
commission, je n'ai absolument pas le pouvoir de changer les auditions, je n'ai
pas le pouvoir de commander des groupes supplémentaires pour qu'ils viennent
nous rencontrer. Donc, je comprends que de consentement, c'est vrai qu'on peut
tout faire, mais je ne peux que dire, encore une fois, d'ici à demain, les
leaders ont le temps de se parler et c'est à eux de s'entendre pour faire en
sorte qu'on puisse entendre des groupes en remplacement.
Mme Rizqy : Si je peux
permettre, le ministre est devant nous ce matin, c'est quand même lui, le
porteur du dossier. Est-ce que le ministre peut consentir? Puis là, je pense
qu'il devrait lui dire, là, parce que c'est lui, quand même qui doit consulter
le ministre, le leader, là. C'est lui qui le consulte, il a quand même, lui, un
mot à dire, j'espère, une voix au chapitre.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Écoutez, Mme la
Présidente, je pense que vous avez bien exprimé la question que ça se règle
entre cabinets des leaders.
La Présidente (Mme Thériault) :
Donc, vous comprenez qu'il n'y a pas de consentement...
Mme Rizqy : Bien, il ne répond
pas à ma question.
La Présidente (Mme Thériault) :
Bien, indépendamment qu'il réponde ou pas, Mme la députée de Saint-Laurent,
malheureusement, ce n'est pas à la présidence de changer les horaires. Les
leaders ont encore du temps pour se parler et à ce moment-là, le leader du gouvernement
annoncera ses couleurs. Je ne peux absolument rien faire d'autre que ça.
Donc, sans plus tarder, Mme la députée de Saint-Laurent,
puisque nos invités sont arrivés et que ce sont des rencontres
d'une heure, les temps dévolus aux parlementaires sont modifiés, donc la
partie ministérielle aura 23 min 30 s, l'opposition officielle
aura 15 min 40, le deuxième et troisième groupe d'opposition auront
3 min 55 s chacun, et nos invités auront quand même
10 minutes pour nous exposer leur mémoire.
Donc, sans plus tarder, je souhaite la
bienvenue à nos invités et je vais vous inviter à présenter les gens qui vous
accompagnent pour qu'on puisse bien les reconnaître lors de l'audition.
Bienvenue à l'Assemblée nationale.
M. Gilbert (Gaétan) : Mme la
Présidente, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, d'abord, merci de nous
recevoir et nous permettre de s'exprimer sur cet important enjeu qu'est
l'avenir de l'éducation. Je suis Gaétan Gilbert, président de
l'Association des commissions scolaires de l'Abitibi-Témiscamingue. Laissez-moi
vous présenter les personnes qui m'accompagnent : à ma gauche,
Mme Lyne Laporte Joly, présidente de la commission scolaire de
la Baie-James, M. Claude Beaulieu, président de la commission
scolaire des Draveurs et M. Mario Crevier, président de la commission
scolaire des Portages-de-l'Outaouais.
Nous avons également avec nous l'ensemble
des présidents et présidentes des commissions scolaires de la région de l'Abitibi-Témiscamingue,
ainsi que des commissions scolaires francophones de la région de l'Outaouais.
Merci aussi à M. Pierre Corbeil,
préfet de la MRC de La Vallée-de-l'Or et maire de la ville de Val-d'Or,
M. Michel Labelle, commissaire-parent de la commission scolaire de
Rouyn-Noranda, Mme Carmen Côté, représentante de la MRC de l'Abitibi-Témiscamingue.
Par leur présence ici, ils témoignent de leur appui et de leur confiance à nos commissions
scolaires et à leurs élus. Malheureusement, à cause de la température, d'autres
personnes devaient se joindre à nous, des préfets et des représentants des chambres
de commerce. En Abitibi-Témiscamingue, la mobilisation est grande contre le projet
de loi n° 40. À titre d'exemple, vous retrouverez dans notre mémoire plus
de 10 résolutions et sorties publiques à des acteurs de chez nous. Tous
les préfets de l'Abitibi-Témiscamingue, plusieurs chambres de commerce et
comités de parents nous ont donné leur appui. Le projet de loi n° 40
propose un changement majeur qui touche la démocratie scolaire et le modèle de
gouvernance. Nous sommes extrêmement préoccupés ainsi que nos partenaires par
les impacts que peut avoir ce projet de loi pour notre... sur nos petites
commissions scolaires qui couvrent de très grands territoires et sur le
développement de nos communautés. Maintenant, je passe la parole à
Mme Joly.
• (10 h 10) •
Mme Laporte Joly (Lyne) :
Bonjour. Merci de nous recevoir. Je vais surtout porter votre attention l'enjeu
de la représentativité. L'étendue et la grandeur du territoire amènent des
particularités locales et régionales propres à chaque milieu.
L'Abitibi-Témiscamingue a des grands centres entourés de petites localités dans
un grand territoire de plus de 570 kilomètres carrés. La commission
scolaire de la Baie-James a un immense territoire, 350 000 kilomètres
carrés, éloigné et dispersé, ce qui en fait sûrement une commission scolaire
d'exception. À titre d'exemple, la localité de Radisson avec 25 élèves de
la maternelle au secondaire V est située à 650 kilomètres de la
localité la plus proche et est à 1 000 kilomètres du centre
administratif. C'est d'autant plus important pour ces localités d'avoir un
représentant élu qui va faire le lien entre la population et la commission
scolaire et qui pourra parler en leur nom et leur sera redevable. La plupart de
nos établissements ont des...
Mme Laporte Joly
(Lyne) : ...et est à 1 000 kilomètres du centre
administratif. C'est d'autant plus important pour ces localités d'avoir un
représentant élu qui va faire le lien entre la population et la commission
scolaire et qui pourra parler en leurs noms et leur sera redevable.
La plupart de nos établissements ont des
difficultés à former leur C.A. faute de parents disponibles, surtout dans nos
petites localités. Vous parliez du taux de participation de 5 % aux
élections scolaires, qui, pour vous, est une raison de revoir la gouvernance.
Si votre projet est adopté tel quel, pour l'Abitibi-Témiscamingue et la
Baie-James, c'est à peine quelques centaines de parents qui éliront les membres
du conseil d'administration. Est-ce qu'ils seront plus légitimes?
Le danger qui nous guette, c'est que les
administrateurs des CSS viennent surtout des grands centres. Alors, qui parlera
pour nos petites communautés? Il faut respecter ces réalités qui amènent des
enjeux, des besoins, des disparités avec de petites et grandes écoles en
milieux urbain ou rural. L'éducation est un bien public qui concerne l'ensemble
de la population. Pourquoi ne pas laisser la population choisir par qui elle
veut être représentée?
M. Gilbert (Gaétan) :
Nous considérons aussi que le projet de loi n° 40 vise à augmenter la
centralisation des pouvoirs à Québec. Les solutions mur à mur ne répondent pas
aux besoins locaux et ne favorisent pas une plus grande réussite de tous nos
jeunes et adultes. La réforme à Roberge, à l'image de la réforme Barrette, est
un...
La Présidente
(Mme Thériault) : Vous ne pouvez pas nommer le ministre par son
nom. Vous pouvez dire le ministre de l'Éducation seulement.
M. Gilbert (Gaétan) :
...à l'image de la réforme de M. Barrette, du ministre Barrette ou du
député, pardon.
La Présidente
(Mme Thériault) : Non, non, vous ne pouvez pas nommer du tout, du
tout, que ce soit Barrette ou que ce soit Roberge...
M. Gilbert (Gaétan) :
Ah? O.K.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...vous ne pouvez pas les nommer. Vous pouvez
dire le ministre de l'Éducation ou l'ex-ministre de la Santé.
M. Gilbert (Gaétan) :
O.K. Donc, le ministre de l'Éducation... à l'image de la réforme du ministre de
l'Éducation et de l'ex-ministre de la Santé, c'est un brassage de structures
inutile et très préoccupant. De plus, on voit que le ministre s'accorde
beaucoup de pouvoirs, beaucoup de pouvoirs. Tant de pouvoirs dans les mains
d'un seul homme, c'est inquiétant.
Considérant que l'éducation est le moteur
du développement économique, social et culturel d'une communauté, considérant également
que l'éducation a un impact sur la santé et la criminalité de nos citoyens, il
est inconcevable que le ministre n'ait pas fait une vaste consultation où tous
les organismes et personnes concernés soient autour de la même table, et ce,
afin de définir ensemble le devenir de l'éducation au Québec. Nous demandons
donc au gouvernement de mettre leur projet de loi n° 40
sur pause et de tenir des états généraux sur l'éducation en y incluant la
gouvernance. Maintenant, je passe la parole à M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) :
Mme la Présidente, Mmeset MM., ministre et députés, je représente les quatre
commissions scolaires francophones de la région de l'Outaouais. Notre
concertation régionale se porte d'abord et avant tout à la défense de la
réussite de nos 44 000 élèves. Les élus scolaires déterminent en
collégialité ce que la population attend de la commission scolaire et agissent
comme une force équilibrante entre les citoyens et l'appareil administratif.
Ils expliquent leurs choix à la population et s'assurent que cette dernière est
bien informée des décisions, des projets, des services offerts et des
orientations pris par leur commission scolaire.
Il ne faudrait pas passer outre la
capacité que détient l'élu scolaire d'entretenir des partenariats fructueux
avec les différents intervenants, qu'ils soient locaux ou régionaux. L'élu fera
des choix indépendants des réseaux d'influence des partis politiques. Il place
l'élève et sa réussite au premier plan de son implication en éducation.
Pourrons-nous obtenir autant de disponibilité de la part des membres
d'éventuels conseils d'administration, sachant en outre que le taux de
participation des parents aux assemblées générales des conseils d'établissement
de notre région se situe en moyenne à moins de 2 %, même à moins de
1 % pour le secondaire? Nous qualifions de représentativité et de
légitimité défaillantes règle qui permettrait que les huit parents du conseil
d'administration soient justement élus par les parents des conseils
d'établissement. Qu'adviendra-t-il des milieux qui n'auront pas la chance
d'être représentés au conseil d'administration du centre des services
scolaires?
La composition du conseil d'administration
laisse présager le pire pour les milieux restreints en population et
territoire, les milieux éloignés, les milieux à indice de défavorisation élevé,
et les milieux cosmopolites. Lorsque ces parents seront invités à siéger sur le
conseil d'administration du centre de services situé dans une autre
municipalité, voire une autre MRC, il est difficile de croire que ces parents
seront assidus aux séances et même intéressés à y être délégués. Quelle sera la
légitimité des parents non élus pour défendre publiquement des décisions prises
par la commission scolaire? Qui les parents vont appeler quand se présentera un
problème? Qui fera les consultations publiques? Qui représentera la
commission...
M. Beaulieu (Claude) : ...il
est difficile de croire que ces parents seront assidus aux séances et même
intéressés à y être délégués. Quelle sera la légitimité des parents non élus
pour défendre publiquement des décisions prises par la commission scolaire? Qui
les parents vont appeler quand se présentera un problème? Qui fera les
consultations publiques? Qui représentera la commission scolaire dans les
milieux communautaires, socioéconomiques et culturels? Ce changement entraînera
la perte d'un porte-parole citoyen au profit d'un porte-parole administratif,
soit le directeur général.
Il faut déplorer, dans le projet de loi,
le fait qu'il n'y a aucune obligation de représentation de la clientèle EHDAA
au conseil d'administration.
Le principe d'une allocation de présence
en lieu et place de rémunération raisonnable risque fort de ne pas attirer des
candidats de choix.
Nous craignons, en outre, que l'élection
des quatre membres du personnel comme, d'ailleurs, des quatre représentants de
la communauté ne prête flanc à de la partisanerie et à des situations
conflictuelles. Qu'adviendra-t-il des parents anglophones? Devront-ils choisir
entre leurs droits constitutionnels ou la francisation de leur enfant?
Concernant les nouveaux pouvoirs qui
seraient donnés au conseil d'établissement, nous croyons un accroissement
indirect de la charge administrative des directions d'établissement.
La simplification des démarches
d'inscription des élèves dans un centre de services autre que le leur constitue
une situation des plus inquiétantes pour les plus petites commissions scolaires
de notre région. On peut prévoir que certains parents pourraient choisir de
déposer leur enfant au sein d'une école du grand centre urbain qu'est Gatineau
soit parce que c'est plus pratique en route vers le travail ou parce qu'il
existe un programme particulier que ne possède pas l'école de quartier. Les
bassins de population des écoles touchées vont alors diminuer, de même que les
services et les parties au prorata.
Un fait demeure : la transformation
des commissions scolaires en centres de services ne pourra se faire sans coût
direct qui atteindra plusieurs dizaines de milliers de dollars, voire des
centaines de milliers de dollars.
Il faut rappeler, en outre, que la région
de l'Outaouais se démarque au Québec par le succès de la régionalisation de ses
services de formation professionnelle depuis une quinzaine d'années. Ce modèle
est un succès qui doit à son origine une initiative des élus scolaires.
Nous insistons pour rappeler une fois de
plus que notre région a connu, même en période de compressions budgétaires, des
améliorations constantes des résultats scolaires des élèves et du taux de
diplomation de ces derniers.
Nous nous objectons à l'imposition d'une
gouvernance sans réelle représentativité des différents milieux qui composent
une commission scolaire et qui témoignent de sa diversité et de son engagement
envers l'équité au profit de la réussite de tous les élèves. Nous avons la
sincère conviction...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois...
M. Beaulieu (Claude) : ...que
nous devons continuer nos implications et notre travail avec tous les agents de
l'éducation afin que se poursuive l'amélioration marquée des résultats des
élèves ces dernières années.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois...
M. Beaulieu (Claude) : Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. Je dois vous interrompre. Merci. Donc, je vais passer la parole au ministre
pour son bloc. Par contre, j'ai besoin d'un petit consentement, il nous manque
quatre, cinq minutes de temps, pour qu'on puisse dépasser de l'heure. Ça vous
va? Consentement. Parfait. Merci. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci de vous être déplacés pour porter votre voix ici puis
faire entendre vos préoccupations. Vous avez couvert assez large. Donc, on va
avoir plusieurs questions à poser, puis je vais demander l'aide de mes
collègues dans cette histoire-là.
J'aimerais savoir, quand vous venez
présenter ici, est-ce que vous parlez au nom des commissaires des différentes commissions
scolaires ou bien si vous parlez au nom des commissions scolaires, donc des
équipes, des directions d'école? Vous portez la voix de toutes les
organisations ou bien vous êtes les représentants des commissaires?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Beaulieu... M. Crevier.
M. Beaulieu (Claude) : Ce que
je peux vous dire, ici, présentement, nous représentons la concertation des commissions
scolaires, mais également, à titre de présidents de commission scolaire, nous
représentons tous les commissaires, et les commissaires ont été consultés sur
le projet de loi, et c'est leurs voix qu'on porte ici, à la commission.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : C'est ce que je
croyais, mais je voulais voir de quelle façon vous aviez consulté les
commissaires ou si vous aviez consulté les parents, les directions d'école,
etc. Parce que, quand je regarde sur votre territoire, il y a plusieurs des
directions d'école qui sont membres de l'association... de la FQDE, la
fédération québécoise des directions d'école, et qui sont sur le même
territoire que vous, qui sont dans vos écoles, qui répondent aux parents, qui
parlent aux gens des CLSC, qui s'occupent des enseignants, et c'est... Par la
voix de leur fédération, les directions d'école, dans vos organisations, sont
venues nous dire quelque chose de totalement différent, sont venues nous
dire : Dans ce projet de loi, on voit qu'on vient consolider cette optique
de subsidiarité, de pouvoir prendre des décisions qui sont différentes d'un
milieu à l'autre parce que les besoins sont différents d'un milieu à l'autre.
Vous semblez dire qu'avec le projet de loi on ne pourrait plus faire ça.
• (10 h 20) •
La FQDE est venue nous dire : On ne
ressent vraiment pas, dans le message que l'on reçoit, une centralisation des
pouvoirs...
M. Roberge : …de subsidiarité,
de pouvoir prendre les décisions qui sont différentes d'un milieu à l'autre parce
que les besoins sont différents d'un milieu à l'autre. Vous semblez dire
qu'avec le projet de loi on ne pourrait plus faire ça. Vous… Et c'est… La FQDE
est venue nous dire : On ne ressent vraiment pas, dans le message que l'on
reçoit, une centralisation des pouvoirs dans le bureau du ministre. Donc,
comment on peut expliquer que les commissaires se concertent entre eux,
regardent le projet de loi et disent : Ah! Voici une centralisation, mais
les gens qui sont sur le terrain, dans vos organisations, dans vos écoles,
voient le projet de loi et disent : Non, voici un projet de loi qui amène
une gestion en équipe, une gestion qui va davantage mobiliser les équipes, et
qui disent carrément : Ceci n'est pas une centralisation? Pourtant, ils
vivent ces mêmes réalités que vous décrivez, de grandes écoles, de petites
écoles, d'écoles de tous petits milieux, et eux ne voient pas ça comme une menace.
Pourtant, ils vivent cette réalité-là, là, d'être dans une toute petite école, peut-être
dans une région éloignée. Comment peuvent-ils voir ceci comme une opportunité
alors que vous voyez ça comme le contraire?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) : Je vais
répondre à ça que, bon, ce que vous parlez, c'est une position associative de
directions d'établissement qui, à partir du projet de loi, voient leurs niveaux
de responsabilité augmenter et qui pourront à ce moment-là revendiquer des augmentations
de salaire. Et je peux vous témoigner de ça parce que je suis un ancien
directeur d'école d'une polyvalente de 3 000 élèves. Donc, lorsqu'on parle
qu'on ne consulte pas les enseignants, qu'on ne consulte pas les directions d'école…
Oui, on les consulte, mais de façon informelle sur le terrain. Et ce qu'elles
nous disent… Les directions d'école sur le terrain nous disent qu'elles sont
débordées, qu'elles aimeraient travailler beaucoup plus à la pédagogie que
d'être obligées de faire des redditions de comptes. Parce que ce projet de loi
va obliger les directions d'école à faire beaucoup de redditions de comptes. Si
on lit à fond… profondément ce projet, on s'aperçoit… Moi, comme… Lorsque je
mets ma lunette de direction d'école, je m'aperçois que mon niveau de
responsabilité va augmenter, ma tâche va augmenter, mes responsabilités, mais
est-ce que je vais avoir plus de pouvoir? Non, pas nécessairement.
La Présidente
(Mme Thériault) : J'ai M. Gilbert. Vous voulez ajouter?
M. Gilbert (Gaétan) :
J'ajouterais aux propos de M. Beaulieu que pour avoir discuté avec des
directeurs d'établissement et que je leur ai demandé : Dans le projet de
loi, quels pouvoirs vous sont attribués, quels pouvoirs additionnels vous sont
attribués par rapport à ce que vous vivez maintenant? Et ils n'ont pas été
capables de m'en nommer un, et on pense que les directeurs d'établissement
devraient agir beaucoup plus comme leaders pédagogiques que comme des personnes
qui ont à faire des redditions de comptes au ministère pour des sommes qui leur
a été allouées, par exemple.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Là-dessus, je
suis assez d'accord, sur le travail de leader pédagogique des directions
d'écoles. Je pense que c'est ce qu'elles veulent, mais, avec respect, je trouve
ça un peu insultant, ce qu'a dit monsieur, précédemment, en disant que si les
directions d'école veulent une plus grande décentralisation, c'est peut-être parce
qu'elles veulent une augmentation de salaire. Je trouve, ça prête des
intentions qui… Je ne sais pas, je trouve ça pas… Je trouve que ce n'est pas
une façon de qualifier leur prise de position, comme si c'était une position
qui était intéressée. Plutôt que de vouloir améliorer la réussite des élèves,
ils ne prendraient cette position-là que dans une mesure intéressée, sachant
qu'ils… selon vos mots… qu'ils compromettent leur capacité d'être des leaders
pédagogiques. Enfin, j'ai des doutes là-dessus, d'autant plus que les deux associations
nationales de direction d'école ont pris cette… sont venues dire : Non,
non, ce n'est pas une centralisation. La Fédération des comités de parents, qui
l'ont analysé sérieusement aussi. Le Conseil supérieur de l'éducation, qui est
venu nous dire : Il y a des choses qui favorisent la réussite éducative
dans ce projet de loi. Quand on parle, par exemple, au niveau de la décentralisation.
Puis, l'Institut du Nouveau Monde, qui est
venu nous dire : Le dernier gouvernement a réformé la gouvernance des
établissements de santé en réduisant le nombre. On est passé de 269 en 2014 à
34 établissements en 2019. On parle de la santé, là, cette comparaison que vous
avez faite tantôt. Les membres des C.A., tout comme les P.D.G., sont désignés
par leurs pairs ou nommés par le ministre. On parle de la santé, pas de
l'éducation. Les citoyens n'y ont plus leur place. Les établissements de santé,
selon plusieurs observateurs, ont perdu aussi de leur proximité avec les
communautés. Le p.l. n° 40 ne va pas là.
Alors, je pense qu'il y a des observateurs
externes, qui n'ont pas d'intérêt pécunier, puisque c'est ce que vous croyez,
qui divergent d'opinion. Ceci dit, on peut très bien diverger d'opinion et
continuer de débattre, c'est très bien ainsi. Mais je pense que ce n'est certainement
pas un état de fait. C'est une question de perspective, prenons-le, comme ça.
Certains le voient comme une centralisation, d'autres, comme une
décentralisation, mais je ne pense pas qu'on peut dire : Voici un état de
fait.
Il y a une commission scolaire qui est
venue nous voir avec quelque chose de très intéressant. D'abord, ce qu'il y
avait d'intéressant aussi, c'est qu'eux ils ont fait cette consultation. Ils ne
sont pas venus parler... les commissaires ne sont pas venus parler au nom des
commissaires, ils sont venus parler au nom de l'institution complète. On
avait...
M. Roberge : ...voici un état
de fait.
Il y a une commission scolaire qui est
venue nous voir avec quelque chose de très intéressant. D'abord, ce qu'elle
avait d'intéressant aussi, c'est qu'eux ils ont fait cette consultation. Ils ne
sont pas venus parler... les commissaires ne sont pas venus parler au nom des
commissaires, ils sont venus parler au nom de l'institution complète. On avait
commissaires, direction générale, comité de parents. Donc, ils ont fait un
travail exhaustif, là, pour porter la voix de la communauté, la commission
scolaire des Laurentides. Ils sont venus nous voir hier, parlant d'une même
voix, nous disant qu'ils étaient très ouverts au projet de loi n° 40,
mais, quand même, qui nous ont proposé des modifications. Ils ont dit :
C'est très bon, le projet de loi n° 40, on aime bien,
mais voici ce qu'on propose. Voici comment le faire. Et ils ont, un peu comme
vous, dit : Dans le projet de loi n° 40, il y a
des choses à améliorer, notamment la question des différents territoires qu'on
peut retrouver sur une commission scolaire, une commission scolaire qui est en
région, qui est très, très grande, qui a des milieux urbains, des milieux très
éloignés. C'est leur cas aussi. Et ils nous sont arrivé avec cette notion de
district en disant : Bien, on pourrait penser qu'une commission scolaire,
pour l'élection de parents au conseil d'administration, se divise en
territoires, incluant écoles secondaires, écoles primaires, comme des bassins,
puis en disant : Bien, on pourrait diviser une commission scolaire en
quatre, en cinq districts, ce qui permettrait d'avoir, de leur point de vue, je
me fais un peu le porte-parole de ce qu'ils ont dit pour tester leurs idées avec
vous, de dire : Bien, on pourrait avoir le bénéfice d'avoir un conseil
d'administration, d'avoir des gens du milieu sur le C.A., ce qu'on n'a pas en
ce moment, d'avoir des gens de la communauté, mais d'avoir des parents qui
représentent aussi les différents territoires en ayant en tête qu'il y en a
qui, peut-être, sont de régions très éloignées, très petites écoles, peut-être
plus défavorisées puis d'autres écoles peut-être plus favorisées avec des
milieux différents.
Donc, qu'est-ce que vous pensez de cette
proposition-là de vos collègues commissaires, qui accueillent favorablement le
projet de loi n° 40, mais qui proposent de le
bonifier?
La Présidente (Mme Thériault) :
Dans un premier temps, j'ai M. Beaulieu qui voulait répondre à la première
portion de votre intervention, M. le ministre. Par la suite, il y aura
M. Gilbert. M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) : O.K. Je
veux juste... un point d'information. Vous savez que le salaire d'un directeur
d'une école au Québec versus le salaire d'un enseignant en Ontario, puis nous,
on vit dans une région frontalière, l'Outaouais, donc c'est sensiblement le
même. Donc, c'est très problématique. C'est pour ça que j'ai affirmé tantôt
concernant les représentations associatives.
Maintenant, concernant les... certaines
commissions scolaires qui sont venues ici, qui se sont dites favorables à
certains points du projet de loi n° 40, moi, je me
dis, oui, effectivement, il y a peut-être des propositions qui peuvent être
intéressantes. Mais on ne peut pas prendre juste une proposition puis
dire : Ça, c'est bon, telle proposition, ça, c'est bon, un peu comme si on
ferait du shopping, je m'excuse de l'expression anglophone, là, parce que je
pense qu'on est rendu ailleurs. On est rendu à un point où il faut faire le
point sur l'état de l'éducation au Québec puis qu'est-ce qu'on peut faire pour
améliorer la réussite éducative. Ce n'est pas en changeant les structures avec
les idées de certaines personnes, c'est tout le monde ensemble. Puis ce qu'on
vous dit, M. le ministre, là, c'est que si tout le monde ensemble, si on
s'assoit, que ça soit un forum, ça soit des états généraux, ça soit un livre
blanc, on va trouver des solutions qui vont améliorer la réussite des élèves.
Mais présentement, si je regarde le projet
de loi, puis si je mets mes lunettes d'enseignant, j'ai été 20 ans
enseignant au secondaire, j'ai été 10 ans directeur de la plus grosse
polyvalente au Québec, puis là maintenant je suis président de la commission
scolaire, puis je ne vois pas beaucoup d'éléments là-dedans qui vont améliorer
la réussite éducative des jeunes. On a un problème avec une pénurie de
personnel. On a un problème avec la différence de résultats entre les garçons
et les filles. Dans ce projet-là, je ne vois rien de solution puis je ne vois
pas, en changeant la structure, ça va s'améliorer. Je vois qu'on peut améliorer
le système d'éducation, oui, mais en travaillant tous ensemble à trouver un
modèle. Oui, on est ouvert à un renouveau au niveau de la gouvernance scolaire,
je pense que la fédération l'a dit et, ainsi de suite, mais ce n'est pas de
trouver des solutions qui feraient l'affaire à certains groupes, c'est tous
ensemble qu'il faut travailler à trouver des solutions à améliorer la
gouvernance et aussi favoriser la réussite des élèves.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert.
M. Gilbert (Gaétan) : En
fait, M. Beaulieu a presque dit tout mon propos. Par contre, je tiens à
vous rappeler, M. le ministre, qu'il y a une commission scolaire qui s'est
prononcée en faveur de votre projet ou en faveur d'amélioration de votre
projet. Il y a par contre 73 autres commissions scolaires au Québec qui
disent le contraire. Donc, c'est normal qu'il y ait une commission scolaire qui
pense comme ça et ils ont le droit, mais il faut se rappeler qu'il y en a 60
quelques autres qui sont contre.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Laporte Joly, vous avez l'idée...
• (10 h 30) •
Mme Laporte Joly (Lyne) : Je
voudrais juste vous donner un exemple comme quoi ce n'est pas applicable chez
nous, à la Baie-James. Tantôt, j'ai parlé de l'école de Radisson, qui
est loin, qui est toute seule, que j'ai de la misère aussi à former des
conseils d'établissements là. J'ai aussi Val-Paradis qui est à trois heures de
toutes les autres localités, qui là, mon conseil d'établissement n'est pas
encore formé. Et alors, à ce moment-là, qui va élire...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Laporte Joly (Lyne) : ...à
la Baie-James. Tantôt, j'ai parlé de l'école de Radisson, qui est loin, qui est
toute seule, que j'ai de la misère aussi à former des conseils d'établissements
là. J'ai aussi Val-Paradis qui est à trois heures de toutes les autres
localités, qui là, mon conseil d'établissement n'est pas encore formé. Et alors
à ce moment-là, qui va élire les parents, si c'est par district? Parce que par
district chez nous, il faut que ça soit ça, là. Un district à Radisson, un
district à Val-Paradis, un district à Matagami, un autre à Lebel-sur-Quévillon
puis l'autre à Chapais-Chibougamau. Alors, quand tu as de la misère à former
ces conseils d'établissement là, qui va élire ces gens-là sur les districts
comme la commission scolaire a parlé?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, juste
répondre à ce qu'on a dit. Vous dites : Ah! Je ne vois pas de choses, là,
qui peuvent améliorer la réussite dans ce projet de loi. Moi, je me souviens
d'avoir posé la question à M. Ouellet, de l'AQPDE : Est-ce qu'en
améliorant la gouvernance et la prise de décision avec la subsidiarité, avec la
gestion collaborative, est-ce qu'on pourrait améliorer le climat dans nos
écoles, la réussite des élèves? Sa réponse : Absolument.
Donc, bien sûr qu'on peut lutter contre la
pénurie de main-d'oeuvre, recruter des directions, recruter des enseignants,
recruter des cadres scolaires, améliorer nos programmes, revoir l'éthique et
culture religieuse, rénover nos écoles. On peut tout faire ça puis on peut
aussi améliorer notre gouvernance scolaire, ne pas opposer deux, ou trois, ou
quatre, ou cinq bonnes idées. Je pense qu'il y a un ensemble de bonnes idées.
Sur ce que madame vient de dire, sur le
fait qu'il y a certaines écoles où on n'a pas encore un conseil d'établissement
qui est formé, bien, avec respect, ce que vous me décrivez, c'est la situation
actuelle. C'est là en ce moment. C'est le problème qu'on retrouve aujourd'hui,
maintenant. Je trouve ça particulier de parler de la situation actuelle, de
nommer les problèmes et de dire : Bien, ne changeons pas. S'il peut y
avoir des problèmes en ce moment, justement, c'est ça qui doit nous mobiliser pour
revoir la gouvernance.
Et ce n'est pas magique. Le projet de loi n° 40, comme d'autres projets de loi, ne viendra pas régler
tous les problèmes du monde et s'assurer que, sur une petite école éloignée, il
y aura nécessairement, avec le projet de loi n° 40,
par magie, des conseils d'établissement pleins. On peut le souhaiter. On peut
faire tout ce qu'on peut pour l'améliorer puis penser qu'on pose des gestes qui
amènent vers ça, une plus grande mobilisation, ou on peut ne rien faire puis
vivre avec les problèmes du système actuel que vous nommez bien.
Mais je pense qu'il quand même essayer
d'améliorer, là, le réseau un pas... ne jamais perdre une occasion d'améliorer
le réseau, la gouvernance. Même si l'amélioration ne nous amènera pas à un
réseau qui est parfait, s'il est meilleur, on a la responsabilité d'avancer.
Et je vais... Évidemment, je pense, madame
veut réagir, mais, pour la suite, je veux tout de suite vous dire, Mme la
Présidente, que je céderai la parole à mon collègue de Richelieu.
La Présidente (Mme Thériault) :
D'accord, pas de problème. Donc, j'ai Mme Laporte Joly puis j'ai
M. Gilbert aussi qui...
Mme Laporte Joly (Lyne) : Je
veux juste dire, c'est un problème actuel mais qui perdure depuis déjà
plusieurs années. Puis, oui, on est d'accord pour améliorer l'éducation au
Québec, mais on aimerait que ça passe par une vaste consultation, pas juste
aller consulter les gens de l'éducation ou ceux que vous invitez à cette
commission-ci, mais la population au complet devrait faire partie du débat
parce que l'éducation, ça appartient à tout le monde.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert.
M. Gilbert (Gaétan) : ...ces
propos, M. le ministre, que le système au Québec est classé par l'OCDE parmi un
des meilleurs systèmes au monde, que nos jeunes se classent parmi les meilleurs
au monde. Les commissions scolaires, dans la grande majorité, respectent leur
budget. Les taux, les coûts de gestion sont inférieurs à 5 %. On n'a
jamais vu ça ailleurs. On est des exemples de partenariat avec nos
municipalités.
Pouvez-vous me dire pourquoi on fait ça,
pourquoi on fait ce changement-là, pourquoi on prend ce risque face à une
institution qui fonctionne très bien?
La Présidente (Mme Thériault) :
Monsieur... On est rendus à M. le député de Richelieu.
M. Émond : Merci, Mme la
Présidente. Mme Laporte Joly, M. Gilbert, M. Beaulieu,
M. Crevier, merci pour votre présence. Merci de vous être déplacés dans
votre Assemblée nationale pour faire valoir vos points. C'est intéressant et
c'est tout à votre honneur.
Je salue également M. le maire,
M. Corbeil, qui est à l'arrière avec vous, que j'ai eu le plaisir de
rencontrer dans le cadre d'un projet de loi privé, ici, voilà quelques mois. Ce
fut bref mais agréable. Je vous voyais également sourire tantôt, lorsque notre
présidente évoquait les règles parlementaires, de se nommer par les titres et
non pas par les noms. Ça m'a pris moi-même beaucoup de temps pour m'habituer,
Mme la Présidente. M. Corbeil a bien connu ça dans une vie antérieure,
alors que vous étiez député.
Puis, dans le cadre de cette
intervention-là tantôt, les oreilles m'ont frisé un petit peu parce qu'il y
avait... vous avez évoqué des similitudes entre la réforme du député actuel de
La Pinière et le projet de loi mis en place...
M. Émond : ...Mme la Présidente,
M. Corbeil a bien connu ça dans une vie antérieure — alors que vous
étiez député.
Puis, dans le cadre de cette intervention-là,
tantôt, les oreilles m'ont frisé un petit peu, parce qu'il y avait... Vous avez
évoqué des similitudes entre la réforme du député actuel de La Pinière et
le projet de loi mis en place par l'actuel ministre de l'Éducation. Et puis à
chaque fois, moi, que des groupes, puis je le dis en tout respect, là, font ce
genre de rapprochement ou de similitude, j'ai moi-même un sourire, parce que je
ne vois aucun point de convergence entre ces deux projets de loi, ces deux
lois, entre autres, au niveau de la gouvernance, puisque le député de La Pinière
s'était, à l'époque, autorisé, inscrit dans la loi le droit de nommer lui-même
les membres des conseils d'administration, tandis que, dans le projet de loi
que nous étudions aujourd'hui, c'est tout à fait le contraire, puisque les
membres des conseils d'administration seront nommés par leurs pairs, ce qui...
Pour moi, ça fait vraiment toute une différence.
Mais j'aimerais vous ramener... j'aimerais
vous parler de l'implication des parents, parce que, dans les groupes qu'on a
entendus précédemment, beaucoup de gens ont soulevé des interrogations quant à
la capacité des parents, la volonté des parents à s'impliquer davantage au
sein... des conseils d'établissement, pardon, ou des conseils d'administration,
allant même jusqu'à quasiment dire leur capacité de le faire en tant que
parents, et non pas en tant que spécialistes de l'éducation ou des gens. Puis,
pourtant, on a rencontré d'autres groupes, des associations de parents avec qui
on a eu des échanges vraiment stimulants, qui, eux, nous disaient, au contraire,
qu'il y a une soif, il y a un appétit des parents, au Québec, de s'impliquer
davantage dans le système d'éducation, et qu'ils le font très bien. On avait,
hier, avec nous, deux dames, deux personnes, mères de plusieurs enfants, puis
qui s'impliquaient depuis de nombreuses années dans leurs mouvements citoyens.
Ça, je trouve ça très bien. Puis il faut se rappeler que, dans le projet de
loi, il y a de la formation qui est prévue pour toutes ces personnes qui vont
vouloir s'impliquer. J'ai moi-même siégé sur de nombreux conseils
d'administration, Mme la Présidente, entre autres, un... une association
d'aidants naturels dans ma circonscription, puis je n'avais aucunement la
prétention d'être un spécialiste des aidants naturels en m'y présentant, mais
je pense que... Un peu comme ici, à l'Assemblée nationale. Moi, je trouve ça
très bien que les 125 députés aient tous des parcours différents. Alors, ça
amène une pluralité des voix, une différence d'opinions et de points de vue.
Puis je pense que tout le monde est en mesure de contribuer à leur façon, et
surtout les parents aussi, au système d'éducation.
Un long préambule, je m'en excuse, mais
pour vous demander comment, selon vous, on pourrait inciter davantage les
parents dans vos régions respectives. Tantôt, vous avez évoqué que vos
territoires sont immenses, on en convient. De quelle manière on pourrait
favoriser encore davantage l'implication des parents puis favoriser le
recrutement de ceux-ci?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert.
M. Gilbert (Gaétan) : Je vous
répondrais de la façon suivante, monsieur : Il est bien connu que, pour
faire réussir nos jeunes, il est important que les parents aient le temps de
les supporter, de les encourager dans la réalisation de leurs projets. Il est également
bien connu que, pour faire en sorte qu'on améliore la réussite et la
persévérance scolaires, ça prend la mobilisation de toute la communauté. C'est
le modèle qu'on a appliqué chez nous. J'ai un énorme respect pour les parents,
et ça nous a permis une amélioration de 14,6 %, dans ma commission
scolaire, du taux de diplomation sur une période de quatre ans, en grande
partie à cause qu'on est parvenu à mobiliser toute la communauté.
Également, je comprends qu'il y a des
parents qui veulent s'impliquer. Aucun problème avec ça, et je les encourage à
le faire. Et pour s'assurer qu'il y ait une représentation équitable sur tous
les territoires, pour toutes les écoles, qu'elles soient dans les milieux
favorisés, défavorisés, il y a une façon très simple, c'est de s'assurer qu'il
y ait des élections et, à ce moment-là, tous les parents qui le désirent
pourront se présenter, se faire élire et même former 100 % du conseil des commissaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député de Richelieu.
M. Émond : Combien de temps
reste-t-il?
La Présidente (Mme Thériault) :
2 min 20 s.
M. Émond : Je vais laisser, si
vous le permettez, la parole à mon collègue de Saint-Jérôme.
La Présidente (Mme Thériault) :
D'accord. M. le député de Saint-Jérôme, 2 min 15 s.
• (10 h 40) •
M. Chassin :
Merci. Merci à vous de votre présentation. J'ai peu de temps, mais j'ai quand
même quelque chose que j'aimerais bien comprendre dans votre présentation. Puis
là je ne me rappelle plus si c'est vous ou si c'est Mme Joly qui avait parlé, dans
le fond, que c'est possible, par exemple — je crois que c'est vous — que
des parents puissent, par exemple, laisser... choisir de laisser leurs enfants
dans une école qui est plus pratique pour eux ou encore qui offre un parcours
qui leur semble, aux parents, mieux adapté aux besoins de leurs enfants, et que
vous sembliez, là, dans le fond, établir cette possibilité qui serait donnée
aux parents comme un problème en termes de, par exemple...
M. Chassin :
...qui est plus pratique pour eux ou encore qui offre un parcours qui leur
semble, aux parents, mieux adapté aux besoins de leurs enfants, et que vous
sembliez, là, dans le fond, établir cette possibilité qui serait donnée aux
parents comme un problème en termes de, par exemple, j'imagine, là, de
désorganisation des services, par exemple, pour une école d'une plus petite communauté.
Puis là je voulais vérifier avec vous, est-ce que je vous ai bien compris?
M. Beaulieu (Claude) : Oui,
mais ce n'est pas tout à fait…
La Présidente (Mme Thériault) :
Monsieur…
M. Beaulieu (Claude) : Mme la
Présidente, est-ce que je peux répondre?
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) : Il y a
une particularité en Outaouais. En Outaouais, on est une ville qui… dans
l'Outaouais, la ville de Gatineau, c'est une ville qui est située… frontalière
avec l'Ontario. Comme vous le savez… environ 50 000 personnes chaque jour
qui traversent les ponts pour aller travailler en Ontario. Donc, selon ce qui
était indiqué dans le projet de loi, la façon qu'on l'interprète, bien, les
parents de l'est et de l'ouest iraient tous dans la même direction vers le
travail, laisseraient les enfants dans les écoles qui seraient situées sur leur
chemin. Je prends un exemple : la ville de… la municipalité de
Val-des-Monts, qui est située dans un milieu rural. La majorité des gens
travaille en Ontario, donc ces gens-là… on va être porté à les laisser dans
des… au niveau urbain leurs enfants, et ça va créer au niveau des milieux
ruraux des jeunes qui vont déserter ces écoles-là. C'est dans ce sens-là qui a
été fait… nos propos dans le mémoire.
M. Chassin :
Est-ce que vous pensez que les conseils d'établissement, par exemple un conseil
d'établissement d'une école à Val-des-Monts, pourraient dire : Bien,
sachant qu'il y a, bien, effectivement des enjeux pour les parents, on va
s'assurer que les services qu'offre notre école, dans le fond, répondent d'autant
mieux à cette clientèle-là, d'une part. Et d'autre part, s'ils ont le choix,
est-ce que c'est vraiment un problème?
M. Beaulieu (Claude) : Ça
pourrait être un problème, parce que comme vous savez, là, les problématiques
de transport dans l'Outaouais, là… pour les parents, au niveau de leur qualité
de vie, si on peut faciliter le transport pour eux lorsqu'ils vont mener les
enfants à l'école et ainsi de suite, là, ça peut être très facilitant. Donc,
c'est pour ça, nos craintes au niveau du projet de loi.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, ça met fin au bloc avec les députés ministériels. Donc,
maintenant, l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent,
15 min 40 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Bienvenue parmi nous. Je souligne aussi la présence du maire de Val-d'Or qui
est aussi dans la salle, une salle bien remplie, donc je sens que cet enjeu, le
projet de loi… la réforme «R» suscite beaucoup, beaucoup de questionnements. Et
ça me fait toujours un peu sourire lorsque j'entends le ministre parler de la
réforme en Santé pour son comparable, mais… comparer à la réforme en Santé,
alors que plusieurs disent que c'est probablement la pire réforme, ici, en
matière d'éducation.
Hier, on a eu la chance effectivement
d'entendre deux groupes : Je protège mon école publique, mais aussi le
Comité de parents de la CSDM, qui est une grosse commission scolaire, qui nous
a fait un tableau. Pour une fois que ce n'est pas moi qui le fais… alors, je
suis contente. Alors, ici, c'était un tableau où est-ce qu'on voyait qu'il y
avait différents comités de parents et qu'après la réforme, on voit que le
ministre, lui, grossit, beaucoup, beaucoup, beaucoup, comme par exemple, il
centralise les pouvoirs, mais les comités de parents, eux, ne sont plus là.
Vous, là, en région, est-ce que c'est hyper important d'avoir ces différents
comités de parents? Puis on parle de comités de parents… primaire, secondaire…
puis aussi un quatrième poste, mais un qui est particulier, qui nous est
cher : comité de parents pour élèves handicapés et élèves en difficulté
d'apprentissage et d'adaptation. Est-ce que ça, c'est redonner des pouvoirs aux
parents, quand… que ces comités disparaissent?
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui. Allez-y, M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) : Oui, on
est très inquiets, surtout qu'on l'a mentionné dans notre mémoire, à savoir
qu'il n'y aurait plus de parent commissaire qui va représenter les élèves
EHDAA. Ça, c'est très problématique. Présentement, nous, on peut dire… dans nos
commissions scolaires, les comités de parents, ça fonctionne très bien. Ça
fonctionne très bien aussi avec les parents commissaires. Chacun connaît ses
responsabilités et il y a beaucoup de… ce que j'appelle de pratiques
collaboratives entre les parents commissaires, et les parents, et le comité de
parents. Donc, moi, présentement… le modèle qu'on a présentement, il est
performant, il est performant. Puis si vous demandez aux parents de chez nous
si ce modèle-là est performant, ils vont vous répondre à l'affirmative. Donc,
moi, je ne vois pas l'amélioration au niveau de la participation dans ce projet
de loi là, O.K. Est-ce qu'ils voulaient avoir des gains pour les parents? J'ai
écouté effectivement les parents de la commission scolaire de Montréal, O.K.,
et je suis entièrement d'accord avec ce qu'ils ont mentionné. Effectivement, il
y a une perte au niveau de la participation des parents.
Et ce qui m'inquiète encore plus, dans le
projet de loi, au niveau de… principe de gouvernance, on veut déjà s'étonner
que ce soient les gens en place, qui sont au conseil d'établissement, qui vont
élire, qui vont voter, qui vont choisir des gens pour être des commissaires
présentement. Et ces gens-là, lorsqu'ils se sont présentés au conseil
d'établissement, on ne leur avait pas mentionné que c'était pour arriver, ces
responsabilités-là. Là, maintenant, on demande à des gens des responsabilités
que… ils n'ont pas pris cet engagement-là, on dit à ces gens-là: Maintenant,
vous allez voter pour… et vous allez élire des commissaires au conseil
d'administration et vous allez même élire un président. Je pense…
M. Beaulieu (Claude) : …au
conseil d'établissement, on ne leur avait pas mentionné que c'était pour
arriver, ces responsabilités-là. Là, maintenant, on demande à des gens des responsabilités
qu'ils n'ont pas pris cet engagement-là, on dit à ces gens-là : Maintenant,
vous allez voter pour… et vous allez élire des commissaires au conseil d'administration
et vous allez même élire un président. Je pense que quand ces gens-là on accepté
la charge des deux conseils d'établissement, ils n'étaient pas nécessairement
favorables avec ça. Et on vous parle, dans notre mémoire, qu'il y a une
problématique présentement de parents qui participent aux AGA pour voter des
membres. On est une polyvalente de 1 200 élèves, neuf parents sont
présentés pour élire les membres, écoutez, si on passe à six membres, bien, il
y a seulement trois parents qui ne seront pas choisis, je crois, là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : Oui. Tantôt, le
ministre faisait quelques reproches, il trouvait insultant, lui, sa
compréhension, lorsqu'il était question des salaires. Pourtant, il n'y a pas
juste en éducation que, des fois, il y a des insultes qui se passent, en enseignement
supérieur aussi. Vous avez sûrement suivi nos travaux, la semaine passée, avec
tout le cafouillage qui est arrivé, avec le Programme de l'expérience
québécoise, où est-ce que le premier ministre disait que les universités, bien
oui, les internationaux, c'est pour se remplir les coffres. Les présidents de chambre
de commerce, c'est parce qu'ils veulent du cheap labor.
Maintenant, parlons de vous, on a déjà
entendu aussi, vous, vous êtes là pour, évidemment, sauver vos jobs, vous
faites des millions.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) :
Regardez, moi, là, j'ai un salaire de 35 000 $ pour un travail qui me
prend environ 25 heures par semaine. Et j'étais directeur d'une polyvalente de
3 000, donc on ne parle pas du même niveau salarial pour des
responsabilités qui sont quand même très importantes, donc… Et même cette
année, à cause des lois de l'impôt fédéral, on a eu une diminution de salaire.
Je ne connais pas beaucoup de groupes qui ont eu des diminutions de salaire
cette année, nous, on a été victimes de ça.
Donc, moi, je pense que, présentement,
pourquoi qu'on est là, les commissaires, les présidents de commission scolaire?
C'est parce qu'on a… ce n'est pas une question d'argent tant que ça, on est des
gens de cœur, des gens qui croient à la réussite, des gens qui sont engagés. Si
vous regardez dans notre mémoire, là, regardez le nombre d'organismes sur
lesquels on siège, c'est impressionnant, le nombre de partenariats qu'on a
développés. On a des partenariats avec les maisons de la culture, on a des
partenariats avec plein, plein d'organismes, et ça fonctionne bien.
Mme Rizqy : Parlons-en de ces
partenariats. Dans la Loi sur l'instruction publique, les commissions scolaires
ont un rôle de développement économique régional, et ça, vous le faites déjà.
J'aimerais ça entendre, là, justement, en région, comment vous faites ce rôle
et… Ah! vous avez déjà levé la main, vous. Allez-y. Oui, certainement.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert, allez-y.
M. Gilbert (Gaétan) : En
fait, je suis très heureux que vous nous posiez cette question-là parce que,
dans ma commission scolaire, on s'est fait un devoir de travailler en
partenariat avec les municipalités. Et pourquoi on s'est fait un devoir? C'est parce
que d'offrir davantage de services à nos élèves, que ce soit des piscines, des
plateaux sportifs, des terrains de baseball, des terrains de soccer, des pistes
d'athlétisme, qu'on ne pourrait pas se payer si on n'était pas en partenariat
avec la municipalité. Et, bien au-delà de ça, en plus d'aider nos jeunes, ça
permet à tous nos citoyens aussi d'utiliser ces infrastructures-là à moindre
coût. Et là aussi, si on n'avait pas ce partenariat-là, les municipalités ne
pourraient pas se payer toutes les infrastructures qu'on se paie grâce à ces
partenariats.
Donc, c'est gagnant pour tout le monde, et
je pense que c'est une façon efficiente d'utiliser les fonds publics pour
offrir le maximum de services possible.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) : C'est
un exemple, puis on a construit une école récemment dans la municipalité de
Val-des-Monts, c'est une école en milieu rural, et ça a été très problématique,
trouver un terrain. On a eu des discussions politiques avec le maire de
Val-des-Monts et les commissaires et pour trouver une entente pour qu'ils
puissent nous fournir un terrain et aussi développer un projet de gymnase
communautaire. Donc, c'est le genre de partenariat qu'on fait avec les parents
de Val-des-Monts, les élus politiques, ainsi de suite.
Advenant qu'il y a plus d'élus… de
présidents de commission scolaire et qui sont élus démocratiquement, ça enlève
un pouvoir de négociation, un pouvoir politique qui est essentiel en région.
Et, s'il n'y a pas de nombreux gains, parce que vous l'avez vu avec la liste de
projets qu'on a mentionnés dans le mémoire, et ça, ça risque d'être
complètement annulé.
Mme Rizqy : Bien, tantôt, Mme
Laporte Joly, vous avez dit que, pour vous, là, le projet de loi, ça ne
s'applique pas dans votre région. Pouvez-vous expliquer un peu plus pour les
gens qui nous écoutent, pourquoi que ça ne s'applique pas?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Joly.
• (10 h 50) •
Mme Laporte Joly (Lyne) : Premièrement,
parce qu'on a vraiment une grande région. Les conseils d'établissement, c'est
difficile de les motiver pour qu'ils puissent être créés, et on a vraiment
besoin de la population. Si je veux vraiment avoir des représentants de partout
sur le territoire, il ne faut pas que ce soit juste des parents qui
s'impliquent au conseil d'établissement, qui sont là pour leurs enfants, mais
il faut que ce soit vraiment des gens de la population qui puissent être élus
pour être sur le conseil conseil d'administration. Par exemple, chez nous…
Mme Laporte Joly
(Lyne) : ...avoir des représentants de partout sur le territoire. Il
ne faut pas que ça soit juste des parents qui s'impliquent au conseil
d'établissement, qui sont là pour leurs enfants, mais il faut que ça soit vraiment
des gens de la population qui puissent être élus pour être sur le conseil
d'administration.
Par exemple, chez nous, sur 17 commissaires
au total, c'est 17 parents ou grands-parents, et huit de ces
17 parents là ont déjà des enfants à l'école alors. Et les autres qui sont
là, ça, ils ont des expertises en ressources humaines, en ressources
financières, en comptabilité, au niveau municipal, au niveau de la santé, et
deux ont moins de 35 ans. Alors, on a déjà tout ça autour de la table,
alors pourquoi changer quelque chose qui fonctionne déjà?
Mme Rizqy : Dites-moi,
aujourd'hui on entend l'Abitibi-Témiscamingue, l'Outaouais et Baie-James tous
réunis ensemble. Le projet de loi prévoit justement que, par décret, le
ministre peut réunir les différents centres de services. Est-ce que, ça, ça
pourrait être un danger assez important pour la réalité régionale?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Laporte Joly.
Mme Laporte Joly (Lyne) :
Alors, est-ce que... j'ai déjà un territoire de 350 000 km², est-ce
que vous voulez vraiment que je fasse une fusion soit avec
l'Abitibi-Témiscamingue, soit avec le Saguenay—Lac-Saint-Jean? Alors, quand je
vais en Abitibi-Témiscamingue, c'est le même kilométrage que si je viens à
Québec, aussi bien me fusionner avec Québec, ça serait la même chose en
kilométrage. Alors, c'est un non-sens pour notre commission scolaire.
Mme Rizqy : Puis, pour le
conseil d'administration, comment qu'on va s'assurer que le projet de loi
actuel que justement il y ait des parents de différentes régions, de toutes les
régions qui vont y être?
La Présidente
(Mme Thériault) : Madame... M. Beaulieu.
Une voix
: Vas-y.
M. Gilbert (Gaétan) :
C'est moi?
Une voix : Oui. O.K., vas-y.
M. Gilbert (Gaétan) :
Merci. Je pense qu'il faut se rappeler que l'éducation, et on l'a dit à
plusieurs reprises ici, c'est un bien public. Il me semble que ce serait normal
que le conseil d'administration soit redevable à toute la population. Il me
semble que ce serait normal que tous les citoyens aient le droit de participer
à ce conseil d'administration. Et à plusieurs reprises il a été identifié que
le projet de loi tel que présenté apportait des problèmes de représentation
équitable sur tout le territoire comme Mme Joly Laporte le fait. Comme
je le disais tout à l'heure, il y a une façon simple de régler ça, c'est de
garder la démocratie scolaire qui permet une représentation équitable sur tout
le territoire et qui permet à toute la population d'être membre du conseil
d'administration, et à ce moment-là ils sont redevables à la population
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Mme la députée des Mille-Îles, quatre
minutes.
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Quatre minutes.
Mme
Charbonneau
:
Mme la présidente, messieurs, merci d'être avec nous ce matin. Je pense que
vous avez un peu l'habitude, maintenant on se fréquente un peu plus souvent
depuis quelques années. Puisque la question surgit souvent, et je crois bien
sincèrement, puis j'adhère à ce que vous dites, vous n'êtes pas les premiers à
le dire. C'est clair qu'on ne cite pas les gens qui ne disent pas comme, mais
on va au moins vous dire que vous n'êtes pas les premiers à dire que des états
généraux feraient du bien au Québec, et à l'éducation pour pouvoir le regarder
dans son ensemble.
Quand vous parlez des possibles fusions
qui pourraient être faites, naturellement vous avez compris que ce ne serait
pas pris à partir des conseils d'administration, mais à partir du bureau du
ministre, si jamais fusion il y avait. Mais, malgré cette crainte, que
pensez-vous du fait, parce que vous êtes une région qui est très unie, qui
parle ensemble et qui parle conjointement, qui a de belles affiliations, dans
une proposition que nous avons reçue, on a perçu une écoute active si jamais il
y avait des conseils d'administration, et qu'on pouvait y joindre un élu
municipal, un élu municipal, donc un politique municipal, mais plus de
politique scolaire. Vous voyez ça comment, vous, dans la perspective de pouvoir
parler pour les citoyens d'une région?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) :
Mais je peux répondre. On siège déjà sur des tables avec des élus municipaux.
On a beaucoup d'échanges. Je regarde, présentement je siège sur la table de la
commission des loisirs où siègent le maire et trois conseillers. Donc, moi, je
pense que si on... et j'en ai parlé tantôt, en disant... en mentionnant qu'on
risque d'avoir des conflits de rôles à partir ce ces gens-là. Écoutez, on
négocie des protocoles d'entente avec les municipalités et on va avoir
quelqu'un assis à la table du conseil d'administration avec qui on négocie.
Donc, ça va être conflictuel. Autant que ça va être conflictuel dans le conseil
d'administration, la composition au niveau du personnel de soutien ou autre.
Qu'est-ce qu'on va faire lorsqu'on va parler de...
M. Beaulieu (Claude) : ...des
conflits de rôles à partir ce ces gens-là. Écoutez, on négocie des protocoles
d'entente avec les municipalités et on va avoir quelqu'un assis à la table du conseil
d'administration avec qui on négocie. Donc, ça va être conflictuel, autant que
ça va être conflictuel dans le conseil d'administration, la composition au
niveau du personnel de soutien ou autre. Et ce qu'on va faire, là, c'est qu'on
parler de congédiement. Qu'est-ce qu'on va faire, là, c'est qu'on va parler
d'évaluation du directeur général. C'est des éléments qui, je crois, qui sont
incompatibles avec une saine gouvernance.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme
Charbonneau
:
C'est intéressant que vous apportez le principe de conflit d'intérêts entre
juge et jury. Être assis à la même table que son patron et avoir la
disponibilité de critiquer les gestes qu'on pose, ça doit être quand même assez
difficile sachant que, le lendemain, je redeviens un employé et mon patron
reste mon patron. Donc, vous avez... vous faites bien de nous le souligner.
Malgré que vous êtes en région, on oublie quelques fois de poser cette
question, puis moi, j'aimerais bien vous entendre sur le principe qui fait
qu'on aura une commission scolaire anglophone avec des élections et des gens
choisis par le milieu, et un conseil d'administration francophone où, là, ça
sera des gens qui vont venir d'une autre façon.
Vous voyez ça comment la disparité entre
les anglophones et les francophones?
M. Beaulieu (Claude) : Je peux
prendre la parole?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Beaulieu.
M. Beaulieu (Claude) : La
région de l'Outaouais devra être échaudée à cause de la différence au niveau
des taxes. Vous vous souvenez, les taxes scolaires, les anglophones payaient le
tiers de ce que les francophones payaient. Et nous, c'est nous, les présidents
de commissions scolaires, qui ont mené ce débat-là en rencontrant le ministre
une dizaine de fois, les députés, demandant à tous les présidents de conseils
d'établissement d'envoyer des lettres, envoyer des lettres à la population
aussi disant de déplorer cette... dénoncer cette situation-là. Et finalement,
on a eu un changement avec le précédent gouvernement et un autre changement
avec ce gouvernement-ci au niveau de la taxation.
Donc, pour nous, je pense que c'est
très... c'est important d'avoir cette portée politique, cette portée de pouvoir
affirmer... être un rempart contre certains dossiers comme personnages
politiques. Et moi, je pense que, présentement, avec le projet de loi, on n'a plus
ce rempart-là, des porte-parole politiques qui sont les présidents de
commissions scolaires. Ça va être très problématique. Je vous donne un exemple.
On a souvent du financement de la part du
ministère. Je vous donne un exemple. Le combo qu'on a eu au niveau
informatique, pour les gens qui sont habitués avec ce langage-là, ce
financement-là arrivait par établissements et non par le nombre d'élèves. Bien,
il y a des établissements qui avaient 2 500 élèves, qui avaient un
financement de 5 000 $. Bien, une petite école avec trois
établissements, bien, il avait trois fois 5 000 $. Nous, comme étant
des porte-parole politiques, on peut dénoncer ces choses-là. Est-ce qu'un
directeur général, qui est dans le nouveau modèle, pourrait faire ces choses-là?
Donc, je pense, c'est important cette
partie politique que sont présentement les commissaires et qui sont les
présidents. Et nous, on est neutre. On est neutre. On n'est pas en faveur... on
n'est pas pour les enseignants, on n'est pas pour les parents, on est pour la
réussite des élèves. C'est ça notre rôle.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ceci met fin au bloc d'échange avec l'opposition officielle. Donc, je me
tourne maintenant vers la députée de Sherbrooke pour son bloc de
3 min 45 s. Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Je vais continuer
sur le même sujet, parce que vous l'avez dit dans votre présentation, qui avait
la perte d'un porte-parole citoyen au profit d'un porte-parole administratif.
Vous avez mentionné dans votre mémoire que le ministre augmente les
responsabilités des écoles, mais rapatrie les pouvoirs politiques des citoyens
en son ministère. Cette perte de voix politique là, vous venez de dire que
c'est une perte de rempart. J'aimerais ça que vous me parliez de ce que ça
représente. Pourquoi c'est grave en particulier pour les régions, la perte
d'une voix politique?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert? Mme Laporte Joly? Je ne sais pas qui veut y aller...
M. Gilbert (Gaétan) : En
fait...
La Présidente (Mme Thériault) :
...
M. Gilbert (Gaétan) : O.K.
merci. C'est un bon point que vous nous apportez là et merci de me donner
l'occasion d'en parler. Avec le projet de loi n° 40,
la proposition qu'il y a sur la table, c'est que le directeur général devienne
le porte-parole du centre de services et non le président du conseil
d'administration. Et en tant que haut fonctionnaire, le directeur général a un
devoir de réserve envers le ministre. Donc, advenant le cas où, on va prendre
l'exemple que le ministre aurait l'intention de fusionner des centres de services,
qui va pouvoir dire... ou qui va avoir la parole pour dire que ce n'est
peut-être pas une bonne chose?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée ou Mme Laporte Joly, voulez-vous compléter?
Mme Laporte Joly (Lyne) :
Oui. Dans mon cas, je suis présidente de la commission scolaire, mais je ne
peux pas couvrir tout le territoire. Puis je suis contente d'être la
porte-parole, mais pour couvrir mon territoire j'ai besoin de mes commissaires
qui peuvent parler en mon nom, qui vont pouvoir aller me représenter dans
chacune de leurs localités. Alors, ça, c'est important.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Sherbrooke.
• (11 heures) •
Mme Labrie : Vous avez
présenté deux...
11 h (version non révisée)
Une voix
: ...puis je
suis contente d'être la porte-parole, mais pour couvrir mon territoire j'ai
besoin de mes commissaires qui peuvent parler en mon nom, qui vont pouvoir
aller me représenter dans chacune de mes localités. Alors, ça, c'est important.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Vous avez
présenté deux mémoires séparés qui soulèvent des préoccupations spécifiques à
vos différentes régions, vous l'avez nommé, la question de la représentativité
de différents territoires. En Outaouais, il y a la question de l'inscription
dans un autre centre de services scolaires, qui vous inquiète particulièrement.
C'est propre à vos réalités régionales. Avez-vous l'impression que ce projet de
loi là a été préparé sans tenir compte des différentes réalités régionales qui
existent au Québec et qu'il propose un modèle unilatéral qui ne répond pas aux
besoins des différentes régions?
M. Beaulieu (Claude) :
Effectivement. Moi, je pense que ce projet de loi là ne tient pas compte des
réalités régionales. Il y a beaucoup d'éléments là-dedans qui va nuire aux
réalités régionales. On dit souvent que le diable se cache dans les détails,
mais là je pense que c'est... Le diable ne se cache même pas.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Labrie : Vous avez...
Oui.
Une voix
: C'est bien
dit, dans le fond. Bravo!
Mme Labrie : Parce que...
Mme Laporte Joly (Lyne) :
M. le ministre dit souvent qu'il a consulté avant de préparer son projet de
loi, mais chez nous on n'a pas été consulté en région.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée, il vous reste 35 secondes.
Mme Labrie : O.K. Vous
avez des mots... Vous avez des mots très clairs. J'aimerais ça en appeler aussi
à la grande liste d'appuis que vous avez récoltés en faveur du maintien de la
démocratie scolaire puis également la liste dans l'autre mémoire sur les
implications des élus scolaires. Pensez-vous qu'un conseil d'administration va
réussir à être aussi impliqué dans sa collectivité puis à entretenir des liens
aussi nombreux avec la communauté?
M. Gilbert (Gaétan) : En
fait, moi, je peux répondre parce que je sais combien d'heures que j'ai passées
au cours des dernières années, je devrais dire, la couleur de mes cheveux peut
peut-être vous guider, au cours de mes 20 dernières années à tenter de
mobiliser la communauté autour de la réussite et de la persévérance scolaire.
Et c'est un énorme travail. Des rencontres, des conférences de presse, des...
C'est un énorme travail. Je crois qu'on y est parvenu, mais on ne peut pas
faire ça en deux heures par semaine en fin de compte
La Présidente
(Mme Thériault) : Et ceci met fin à l'échange malheureusement
avec la députée de Sherbrooke. Et nous allons recommencer avec la députée de
Joliette pour un autre 3 min 55 s. Allez-y, Mme la députée.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Merci de vos présentations. Je suis très heureuse qu'on puisse
entendre les gens des régions qui vivent toutes sortes de réalités. Puis je
pense que c'est fondamental quand on touche à quelque chose d'aussi substantiel
de pouvoir voir tous les impacts. Je veux poursuivre un peu dans la même veine.
Moi aussi, je vois qu'il y a une nécessité d'avoir des leaders dans une
communauté pour que toute la communauté travaille dans le même sens pour la
réussite éducative. Donc, deux choses. Qu'est-ce qui, selon vous, dans le
projet de loi aide la réussite éducative? Et deux, puisque vous avez parlé de
votre exemple spécifiquement chez vous en Abitibi d'une augmentation de
14 % pour ce qui est de la persévérance scolaire, je comprends que vous y
êtes arrivés dans le cadre actuel, quelle flexibilité vous avez eue et quelles
mesures vous avez pu mettre en place pour vous aider à atteindre ces
hausses-là? Hier, on a entendu la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys qui
nous a fait part de chiffres aussi dans le contexte actuel de grandes hausses.
Comment vous y êtes arrivés?
La Présidente (Mme Thériault) :
...M. Gilbert.
M. Gilbert (Gaétan) :
Bien, comme je le mentionnais tout à l'heure, un impact important ou un geste
important qu'on a fait, c'est de mobiliser toute la communauté autour de la
réussite. Puis je vais vous donner quelques exemples. Une entreprise qui
embauche des étudiants, maintenant, ils sont sensibilisés lorsqu'il y a la
période d'examens, et ils ajustent les horaires de travail de nos jeunes en
fonction de leur période d'examens, de sorte qu'il a le temps de se préparer.
Également, on en a discuté avec les chambres de commerce, avec les entreprises
pour s'assurer que les horaires de travail qu'ils leur donnent, que ça ne soit
pas 30 heures de travail qu'ils ont à faire en sus de leur travail à l'école.
Et à titre d'exemple, on a une entente avec la chambre de commerce et, à chaque
année, on remet un filon au gala de la chambre de commerce pour l'entreprise
qui a favorisé la persévérance et la réussite éducative. Ça, c'est des gestes
qu'on fait chez nous.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme
Hivon
:
Je suis très intéressée sur toute la question évidemment du développement des
communautés et de l'importance des écoles, des écoles de village, des écoles de
quartier. Vous avez fait référence d'entrée de jeu à toute la question, là, des
territoires qui sont éclatés dans le projet de loi avec la fréquentation des
écoles qui n'a pas besoin d'être liée au territoire. Quel impact encore plus
particulier ça peut avoir cette disposition-là qui fait éclater la notion de
territoire...
Mme
Hivon
:
...des écoles de quartier. Vous avez fait référence, d'entrée de jeu, à toute
la question, là, des territoires qui sont éclatés dans le projet de loi, avec
la fréquentation des écoles qui n'a pas besoin d'être liée au territoire.
Quel impact encore plus particulier ça peut avoir,
cette disposition-là qui fait éclater la notion de territoire, dans des régions
vastes comme les vôtres et avec beaucoup, beaucoup aussi de villages et de
petits territoires?
Mme Laporte Joly (Lyne) :
Bien, chez nous, on ne pourrait pas... les gens ne pourraient pas changer
d'école parce qu'ils changeraient de village, à 300 kilomètres et plus, là,
d'un village à l'autre. Ça fait que ce bout-là, il n'existe comme pas chez
nous, là. Je veux dire, si tu restes à Radisson, il faut que tu ailles à
l'école de Radisson. Par contre... Oui?
Mme
Hivon
: Oui,
pour vous... En fait, parce qu'il y avait les deux aspects. Dans les milieux plus
urbains, comme par exemple, en Outaouais, ou tout ça, ça, ça m'intéressait.
Chez vous, c'était plus sur la question de la mobilisation pour garder les
écoles, justement, dans des milieux qui peuvent être un petit peu plus
dévitalisés, ou tout ça. Est-ce que l'impact, selon vous, des élus scolaires,
du leadership qui peut être exercé avec les milieux municipaux, c'est quelque
chose qui est important par rapport à ça, ce dynamisme-là des petits milieux?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 30 secondes.
Mme Laporte Joly (Lyne) :
Chez nous, on n'a pas le choix de garder nos écoles ouvertes, mais pour aider à
garder nos écoles ouvertes puis les rendre plus attrayantes, plus plaisantes,
avec une vitalité pour l'école, c'est vraiment avec des ententes avec le
milieu. Je veux dire, il faut faire des ententes de partenariat avec le milieu,
et on en a dans toutes nos localités. On a une trentaine, au moins, d'ententes
avec nos localités et tous les clubs sportifs, culturels, et tout ça. C'est ça
qui fait que nos écoles, elles sont vivantes.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ceci met fin à nos échanges... Ah! cinq secondes.
M. Crevier (Mario) : Moi, je
n'ai rien trouvé comme réussite... C'est pour ça que je n'ai rien dit. Je n'ai
pas trouvé de réussite à nulle part dans le projet de loi. Donc, merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Ceci met fin à nos échanges. M. Crevier, M. Beaulieu, M. Gilbert, Mme Laporte
Joly, merci d'être venus en commission parlementaire.
Nous allons suspendre quelques instants
pour permettre à Mme Bourdon de prendre place, avec la Concertation des
commissions scolaires des régions de Montréal et de Laval. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 7)
(Reprise à 11 h 10)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Je vais demander aux gens dans la salle d'être un
peu plus silencieux.
Nous allons poursuivre nos travaux en
recevant Mme Catherine Harel Bourdon, présidente de la commission scolaire de
Montréal, pour la Concertation des commissions scolaires des régions de...
(Reprise à 11 h 10)
La Présidente (Mme Thériault) :
S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Je vais demander aux gens dans la
salle d'être un peu plus silencieux. Nous allons poursuivre nos travaux en
recevant Mme Catherine Harel Bourdon, présidente de la commission scolaire de
Montréal, pour la Concertation des commissions scolaires des régions de
Montréal et de Laval. On m'informe d'entrée de jeu que c'est Mme Louise Lortie,
qui est la présidente de la commission scolaire de Laval, qui va faire la
présentation. Je vais vous demander de nous présenter les personnes qui vous
accompagnent. Je vais vous souhaiter bienvenue à l'Assemblée nationale et je
vais remercier Mme Catherine Harel Bourdon pour l'histoire de la commission
scolaire des écoles catholiques de Montréal qu'elle nous a remis, aux parlementaires,
voilà à peine quelques instants. Donc, Mme Lortie, allez-y. La parole est à
vous, pour une présentation d'à peu près 10 minutes.
Mme Lortie
(Louise) : Merci, Mme la Présidente, M. le ministre, membres de
la commission. Évidemment, je suis Louise Lortie, présidente de la commission
scolaire de Laval. Je suis accompagnée de Mme Catherine Harel Bourdon,
présidente de la commission scolaire de Montréal et de M. Miville Boudreault,
président de la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île. Nous scolarisons
plus de 220 000 élèves, embauchons plus de 34 000 employés dans
près de 350 écoles et centres.
D'entrée de jeu, sachez que nous
partageons votre volonté d'améliorer le système d'éducation. C'est d'ailleurs
ce qui nous anime au quotidien, et les taux de réussite de nos élèves en témoignent.
Vous comprendrez donc notre profonde déception lorsque nous constatons que le projet
de loi n° 40 ne vise pas à épauler la gouvernance en matière de réussite
scolaire. Au contraire, non seulement le projet de loi ne s'intéresse pas à la
réussite ni aux véritables enjeux en éducation, mais il propose plutôt de
retirer un palier démocratique dont le but est d'être à l'écoute des milieux
pour favoriser la réussite et optimiser notre système d'éducation.
Vous savez, les réalités lavalloise et
montréalaise peuvent présenter certaines ressemblances. Mais lorsque notre rôle
est de représenter un quartier, force est de constater que les besoins varient énormément
d'un milieu à l'autre. C'est là que la gouvernance actuelle prend tout son sens
et que le projet de loi n° 40 devient stérile et dénué de sens. Comment
les particularités locales pourront être écoutées, entendues et représentées
comme nous le faisons actuellement? Qui travaillera avec les parents et les citoyens
qui souhaitent se mobiliser pour que l'école qui sera construite dans leur
quartier soit à leur image? Qui travaillera avec les parents et les citoyens
qui souhaitent l'ouverture d'une nouvelle école à volet alternatif ou international,
ou encore qui souhaitent donner leur opinion quand il y aura modification des
territoires des écoles? Sans représentativité des quartiers, sans une
compréhension approfondie de leur réalité particulière, comment arriverons-nous
à répondre à ces demandes, à faire progresser le système d'éducation? Chacun de
nos quartiers est unique. Nos élèves le sont tout autant. Nous vous demandons
de modifier votre projet de loi afin de conserver la représentativité locale
par des élus.
Dans le même sens, ce projet de loi menace
clairement un combat qui est mené par notre société, la lutte aux inégalités.
Rien n'est prévu pour s'assurer que l'on veille à défendre les droits des plus
démunis plutôt que de siéger bénévolement à un conseil d'administration. Rien
n'est prévu pour s'assurer que l'on veille à représenter les familles
allophones nouvellement arrivées qui déploient toute leur énergie pour
s'intégrer plutôt que d'être administrateur d'un centre de services scolaires.
Rien n'est prévu pour s'assurer que l'on veille à répondre aux besoins des
élèves handicapés ou vulnérables ainsi qu'aux élèves de l'éducation des
adultes, alors qu'aucun siège au C.A. ne leur est réservé… n'est prévu pour les
représenter, pardon.
En tant qu'élus scolaires, nous avons le
devoir de permettre à tous les élèves de réussir. Avec votre projet de loi, ce
sont non seulement les élus scolaires que vous bâillonnez, mais aussi tous ceux
que nous représentons. Nous vous demandons de ne pas permettre un tel recul
pour notre société, mais plutôt de nous aider à la faire avancer.
M. Boudreault (Miville) :
Parlons maintenant de structures. Puisque le débat autour des structures est au
cœur du projet de loi n° 40. Tout d'abord, précisons qu'opter pour une
centralisation ou, a contrario, une décentralisation ne sont pas des options à
proscrire en soi. Tout est question d'équilibre. Un mauvais dosage dans les
ingrédients et c'est toute la recette qui est gâchée.
Par exemple, une centralisation excessive
peut paver la voie à une verticalité, une rigidité et une uniformisation qui ne
tiennent pas compte de la multiciplé… pardon, la multiplicité des réalités que
l'on retrouve dans les écoles, autant sur l'île de Montréal et à Laval
qu'ailleurs au Québec. Et même au sein d'un même territoire d'une commission
scolaire, il existe d'importantes disparités socioéconomiques qui commandent
une approche différenciée.
À l'inverse, une décentralisation trop
poussée peut entraîner un morcellement, une atomisation et un éparpillement qui
peu à peu crée une tendance au chacun pour soi, ce qui ne peut avoir d'autres
conséquences que de creuser davantage des inégalités entre les écoles et nuire
à la réussite des élèves, surtout à celle de nos élèves…
M. Boudreault (Miville) :
...peut entraîner un morcellement, une atomisation et un éparpillement qui, peu
à peu, créent une tendance au chacun pour soi, ce qui ne peut avoir d'autre
conséquence que de creuser davantage les inégalités entre les écoles et nuire à
la réussite des élèves, surtout à celle de nos élèves les plus vulnérables.
Une des forces de l'école publique québécoise
réside dans la cohérence d'action et la cohésion qui doivent exister entre ces
trois acteurs que sont le ministère de l'Éducation, la commission scolaire ou,
en cas de changement de nom, le centre de services scolaires et les écoles. Puisque
ces trois paliers ont chacun une importance qui leur est propre, rompre
l'équilibre qui existe entre eux risque de perturber pendant plusieurs années
l'écosystème tout entier du réseau public d'éducation. L'exemple de la réforme
en santé est éloquent à cet égard. Au moment où la diplomation est en hausse et
le décrochage scolaire est en baisse, est-ce un luxe que nous pouvons nous
permettre? En ce sens, force est de constater que l'accentuation marquée de la
centralisation que propose le projet de loi n° 40
introduit un déséquilibre contreproductif, car réduire une commission scolaire
à sa plus simple expression, celui d'un centre de services scolaires, tout en
affaiblissant sa capacité d'interaction auprès des écoles, coupe le fil
conducteur qui doit exister entre le palier supérieur, les 72 paliers
intermédiaires et les 2 300 écoles. Qui s'assurera réellement d'une
cohérence entre le plan stratégique du ministère, le plan d'engagement vers la
réussite de chaque centre de services scolaires et le projet éducatif de chaque
école? Qui devra réellement veiller sur le terrain à l'atteinte des cibles? Qui
pourra réellement assurer une vue d'ensemble de la réussite des écoles sur un
territoire donné? Qui sera réellement redevable de la réussite des élèves?
Autant de questions qui restent pour le moment sans réponse.
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
Comme vous le savez, le projet de loi n° 40 prévoit
des modes d'élection différents pour les membres du conseil d'administration
des centres de services scolaires selon que ces centres seront francophones ou
anglophones. Face à d'éventuels problèmes juridiques sur le plan
constitutionnel, le gouvernement en place a décidé d'expédier les choses. On se
retrouverait donc avec un système à deux vitesses où les parents francophones
n'auraient pas les mêmes droits que les parents anglophones en matière
d'éducation. La différence de traitement entre les deux communautés, telle que
proposée dans ce projet de loi, est totalement inacceptable, voire
discriminatoire. Bien sûr, on peut affirmer que la population francophone est
majoritaire au Québec et qu'en ce sens elle n'est pas menacée. Pense-t-on
vraiment que le fait français est à ce point consolidé qu'une représentation
politique des commissions scolaires francophones en Amérique du Nord n'est plus
requise, surtout à Montréal et à Laval? Sommes-nous convaincus que la survie du
fait français est si assurée que nous pouvons nous débarrasser d'une structure
démocratique qui le représente dans le domaine de l'éducation, un domaine
essentiel à la préservation et au développement de notre culture? Votre
gouvernement affirme être le champion de l'identité québécoise. Mais, comme
bien d'autres, vous semblez être prêts à en laisser partir des morceaux sans
trop vous en formaliser.
Avec son projet d'éliminer les élus
scolaires, le ministre fait miroiter des économies qui pourraient être
redirigées vers les services aux élèves. En réalité, les économies annoncées
seront absentes. La vraie question est la suivante : Ces prétendues
économies permettront-elles de maintenir la qualité des services offerts à la
population? Une commission scolaire, ce n'est pas un ensemble d'établissements
isolés les uns des autres, c'est avant tout un réseau. À la CSDM, à la CSPI et
à la CSDL, ce sont 320 écoles et centres qui offrent des services
pédagogiques à l'ensemble de la communauté. Un énorme travail est effectué
conjointement par les élus scolaires et les services administratifs de chaque
commission scolaire pour assurer la meilleure répartition possible des
ressources dans l'ensemble de ce réseau. Cette approche émane d'une vision de
l'école communautaire qui est un élément central de l'éducation publique au
Québec. Cette vision de l'école communautaire fait partie intégrante de notre
loi pour l'instruction publique. Le projet de loi n° 40
ignore cette notion de réseau et prend un virage à sens unique à contresens du
progrès, ignorant tous les efforts déployés à ce jour pour implanter cette
vision.
• (11 h 20) •
En conclusion, nous convenons tous que la
gouvernance scolaire a besoin d'être améliorée et renouvelée, mais nous pensons
avant tout qu'une réflexion s'impose quant à l'ensemble du système d'éducation
au Québec. Il y a tant d'enjeux importants à régler avant même de penser aux
changements de structures proposés : la pénurie de personnel enseignant,
particulièrement en adaptation scolaire, et la valorisation de la profession;
les difficultés de recrutement dans tous les secteurs; l'augmentation de la
population scolaire et la capacité d'accueil; l'état...
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
...avant même de penser au changement de structure proposé.
La pénurie de personnel enseignant,
particulièrement en adaptation scolaire et la valorisation de la profession;
Les difficultés de recrutement dans tous
les secteurs;
L'augmentation de la population scolaire
et la capacité d'accueil;
L'état toujours inquiétant de nos
bâtiments scolaires, malgré les efforts consentis jusqu'à ce jour;
Permettons-nous, M. le ministre, de rêver
à cette grande réflexion collective. Rêvons ensemble à cette décision que vous
prendrez d'inviter les gens de votre ministère, les représentants de nos
commissions scolaires et les chercheurs à se joindre aux partenaires et
employés pour qu'ils travaillent ensemble à l'identification de solutions
novatrices nous permettant de relever les défis qui se présentent à nous.
Permettez-nous enfin de rêver que les citoyens de Montréal et Laval pourront
continuer de compter sur un groupe de personnes dévouées à l'amélioration
continue de leurs établissements scolaires, qui acceptent de représenter leurs
intérêts et qui y consacrent toutes leurs énergies.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, ceci met fin à la présentation. Donc, sans plus tarder, M. le ministre,
pour votre bloc de 23 min 30 s
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci de vous être déplacée pour cette présentation. Pour ceux
qui écoutent la commission depuis la semaine dernière, bon, ils vont plutôt
être... peut-être, c'est redondant parce qu'on entend souvent les mêmes
questions ou arguments puis de notre côté, bien, souvent, on fait valoir les
mêmes points, donc on a encore entendu cette comparaison que je ne saurais
qualifier entre le projet de loi n° 40 et la réforme du précédent ministre
de la Santé, là. Je pense que ça a été démontré, notamment, par l'Institut du
Nouveau Monde que ce n'était pas pertinent, qu'il n'y avait pas vraiment de
lien à faire, d'aucune façon, entre la réforme du précédent ministre de la
Santé et ce qui s'en vient ici, mais bon, ça n'empêche pas qu'on peut bien le
répéter.
Vous avez mentionné aussi, puis c'est
écrit dans le projet de loi... autre, je vous dirais, assertion, c'est de dire
que c'est un projet qui vient centraliser. Puis on cherche... on dirait qu'on
dit ça, puis après ça, on cherche des façons de justifier. Hier, puis c'est
dans les médias ce matin, ma collègue de Joliette a dit : Ah! Bien, voici,
j'ai trouvé quelque chose, là, qui pouvait justifier cette — je ne
sais pas comment dire, là — cette allégation que le projet de loi
vient centraliser les décisions, là, on a trouvé, ah! on a dit : Ah!
l'article 310 du projet de loi n° 40, ça serait quelque chose qui
viendrait justifier l'argumentaire, disant que le projet de loi centralise les
pouvoirs. Je vais vous le lire, l'article 310 du projet de loi n° 40
actuel :
«Le gouvernement peut, par règlement,
prendre avant le (indiquer ici la date qui suit de 18 mois celle de la
sanction de la présente loi) toute mesureutile à l'application de
la présente loi ou à la réalisation efficace de son projet.
Un tel règlement peut, s'il en dispose
ainsi, s'appliquer à compter de toute date non antérieure — évidemment — au...»
Puis là, on prend la date de sanction de
la loi.
En réalité, c'est un article de
transition, c'est un article de mise en œuvre pour réussir une transformation
qui se fasse de manière harmonieuse. Et là, cherchant une façon de justifier
que le projet de loi serait de la centralisation, on prend cet article-là puis
on lui donne des prétentions qu'il n'a pas.
Je veux rappeler aux gens qui se sont
intéressés à ça qu'alors que ma collègue était au conseil des ministres,
en 2012 — on parle de 18 mois, de 2012 à un bout
de 2014 —, bien le Parti québécois a utilisé précisément,
certaines fois, mot pour mot, là, c'est copié-collé, le même article. Donc,
l'article 136 du projet de loi n° 68, l'article 173 du projet de
loi n° 36, l'article 31 du projet de loi n° 20,
l'article 49 du projet de loi n° 60 et l'article 145 du projet
de loi n° 38 lors du gouvernement du Parti québécois. Donc, au
minimum cinq fois en 18 mois, le gouvernement du Parti québécois
aurait donc tenté de centraliser toutes les décisions par un article de
transition. On voit bien que ça ne fonctionne pas.
Puis le Parti libéral a fait la même chose
aussi, là, l'article 260 du projet de loi n° 42, l'article 199
du projet de loi n° 86, l'article 89 du projet de loi n° 157...
En réalité, c'est un article qu'on retrouve très, très, très souvent, comme un
article de transition pour mettre en œuvre un projet de loi à la fin et
l'article 310 fait un peu la même chose.
De votre côté, je ne l'ai pas entendu, cet
argument-là particulier, mais ça ne vous a pas empêché d'y aller avec l'idée
que le projet de loi allait centraliser. Pourtant, d'autres intervenants sont
venus nous voir pour dire exactement le contraire. Pouvez-vous m'expliquer
comment, en remplaçant un palier de gouvernement... parce qu'en ce moment, le
conseil des commissaires, c'est comme un palier de gouvernement...
M. Roberge : ...que le projet
de loi allait centraliser. Pourtant, d'autres intervenants sont venus nous voir
pour dire exactement le contraire.
Pouvez-vous m'expliquer comment, en
remplaçant un palier de gouvernement — parce qu'en ce moment les
conseils des commissaires, c'est comme un palier de gouvernement qui arrive
avec des politiques — puis en narguant cette légitimité
démocratique... arrive à imposer des politiques, puis en remplaçant ça par un
conseil d'administration nommé par les gens de la base, donc en redonnant les
écoles aux communautés... comment pouvez-vous dire que ce serait une
centralisation?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Boudreault.
M. Boudreault (Miville) :
Merci, Mme la Présidente, M. le ministre. Et, si vous permettez, je vais
reprendre le premier élément de votre intervention, c'est-à-dire ce que vous
percevez comme étant un parallèle injuste entre votre réforme et celle de la
santé. C'est moi qui l'a mentionné dans ma présentation. Donc, ça va me donner
l'occasion d'expliciter davantage qu'est-ce que je veux dire par là.
Vous savez, il existe présentement un
équilibre au sein du réseau public d'éducation. Qu'on soit pour ou contre cet
équilibre-là, il existe. Le projet de loi n° 40 veut
proposer un nouvel équilibre. C'est le droit du gouvernement d'arriver avec un
tel projet de loi. La question, c'est que, pour changer d'équilibre, il faut nécessairement
créer un déséquilibre pour arriver au nouveau. Je m'explique. Lorsque le
nouveau gouvernement est entré en fonction, il y a un peu plus d'un an, la
nouvelle ministre de la Santé a tout de suite tenu à rassurer les employés du
réseau, en disant : On sait à quel point la réforme a été déstabilisante
pour beaucoup d'entre vous. On sait à quel point vous avez passé beaucoup de
temps à essayer de savoir, bon, qui fait quoi dans la nouvelle structure.
Bien, je peux vous dire que, présentement,
c'est la même chose qui arrive au niveau de l'éducation publique. Dès l'annonce
du projet de loi, moi, je peux vous dire que les gens sont venus me voir, les
représentants syndicaux, les employés mêmes au sein du centre administratif, se
demandant : Est-ce qu'il y aura des suppressions d'emplois? Moi, évidemment,
j'ai repris tout simplement vos paroles, en disant : Le ministre dit qu'il
n'y en aura pas pour le moment. Alors, c'est tout ce que je peux vous dire.
Mais ça crée une instabilité à l'intérieur des organisations.
On disait tout à l'heure : La
diplomation est en hausse, le décrochage est en baisse. On a des défis
gigantesques au niveau des infrastructures et de la pénurie de main-d'oeuvre
sur l'île de Montréal et à Laval. C'est pour ça que je vous dis que le
parallèle, il est là, puis vous devez le comprendre, c'est-à-dire que vous
déstabilisez pour introduire votre nouvelle proposition, qui n'est pas nécessairement
la même chose que la réforme de la santé, ça, j'en conviens très bien. Mais
introduire votre nouvelle proposition, forcément, crée le déséquilibre, crée de
l'instabilité, et ça, ça peut durer pendant quelques années. Je pense que le
député de La Pinière l'a lui-même admis, en disant : On le savait. À
chaque fois qu'on fait une réforme, c'est deux, trois ans, là, que ça va
brasser. On le sait d'avance. Alors donc, je reprends les paroles du député.
Pour ce qui est de la centralisation,
c'est un mot très vaste, la centralisation. Peut-être pour expliciter un peu
plus pourquoi nous, nous craignons que cette centralisation-là peut aller à
l'encontre de la réussite des élèves, je me permets de vous donner exemple
concret. L'an dernier, comme vous le savez, je vous ai écrit plusieurs fois à
ce sujet... et vous avez répondu, en passant, merci beaucoup. L'an dernier,
comme vous... Oui... Non, mais je le reconnais très facilement, là, que... Et
c'est le rôle du ministre de l'Éducation, effectivement, de s'occuper de ces
grandes questions là.
L'an passé, on avait un problème majeur au
niveau de l'espace. Une des façons, un des moyens d'action que nous avons
utilisé... C'est dans un arrondissement de notre territoire, Anjou, pour ne pas
le nommer, et nous avons procédé au déménagement... Il y avait une ancienne
école. Il y avait des services administratifs qui étaient en lien avec
l'éducation, mais à l'intérieur de cette école-là. Nous avons pris la décision
de déménager ces services administratifs là, de louer un nouvel espace
commercial et de convertir cette école-là pour qu'elle puisse accueillir des
élèves dès septembre.
Sans conseil des commissaires, dans la
nouvelle structure que vous proposez, nous devrons... nous aurions dû attendre
l'autorisation du ministre. Je ne dis pas que vous ne l'auriez pas donnée, mais
vous connaissez tout à fait le processus administratif, l'approbation du
Conseil du trésor. Jamais les élèves n'auraient pu entrer en septembre.
Et c'est le conseil des commissaires... L'administration
a monté un dossier très complet, très étoffé. Nous avons pris la décision. Nous
allons aller de l'avant, même si on n'a pas encore l'autorisation de
financement du Conseil du trésor, parce que, nous, les élèves, il faut
absolument qu'ils aient une place pour la rentrée. Alors, c'est un exemple
concret.
Puis une centralisation, comme je vous
dis, ce n'est pas nécessairement une centralisation que le titulaire du
ministère de l'Éducation va prendre toutes les décisions. Ce n'est pas ça. Il y
a encore beaucoup de décisions qui vont se prendre sur le terrain, et ça, j'en
conviens parfaitement avec vous. Mais, ce qui est dans le projet de loi, ce que
nous avons fait l'hiver dernier aurait été impossible.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et c'était la décision à prendre dans le magnifique comté d'Anjou—Louis-Riel,
vous en conviendrez, M. le ministre. Mme Bourdon, rapidement, allez-y.
• (11 h 30) •
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
Je veux juste ajouter sur la... Écoutez, c'est un projet de loi qui est
extrêmement volumineux. Il a 319 articles. Donc, juste passer à travers
ça, là, j'ai des petits post-it, c'est comme un défi en soi pour l'ensemble des
commissions scolaires du Québec. Mais, sur plusieurs aspects, il y a une
centralisation. Il y a aussi des choses qui sont assez inusitées. Par exemple,
il y a un article...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
…c'est un projet de loi qui est extrêmement volumineux, il y a 319 articles.
Donc, juste passer à travers ça, là, j'ai des petits post-it, c'est comme un
défi en soi pour l'ensemble des commissions scolaires du Québec, mais sur
plusieurs aspects, il y a une centralisation. Il y aussi des choses qui sont
assez inusitées, par exemple, il y a un article qui prévoit rétroactivement que
le ministre peut changer des décisions qui ont été prises par le conseil des
commissaires une fois que la loi serait adoptée, depuis le 1er octobre dernier.
Alors, ici, on fait face à des citoyens dûment élus par la population en 2014.
Aujourd'hui, c'était, il y a cinq ans, l'assermentation des membres de mon
conseil, il y a exactement cinq ans aujourd'hui. Et là, rétroactivement, on
pourrait défaire des décisions qui ont été prises par les conseils des
commissaires actuels.
Il y a deux articles, dont on n'a presque
pas parlé dans l'actualité, l'article 308 et l'article 309 et, entre autres,
là-dedans, il y a des dispositions pénales. Alors, on se dote des dispositions
pénales vis-à-vis les gens qui vont être dans les conseils d'administration. Le
gouvernement a présenté ce projet de loi là en disant : Ça va réduire la
bureaucratie puis en disant que, nous, les élus scolaires, sommes des
bureaucrates. Détrompez-vous, nous sommes les personnes qui travaillons à faire
en sorte qu'il y ait moins de bureaucratie dans nos systèmes éducatifs. Et
d'ailleurs il y a des exemples qui sont donnés, qui sont assez aberrants, des
exemples même par le ministre, qui étaient cités en fin de semaine sur les dictionnaires,
bien, je veux juste rappeler que la question des dictionnaires, à l'époque,
c'était une mesure dédiée par le ministère. Alors, il faut penser aussi qu'il y
a de la bureaucratie aussi au ministère de l'Éducation dans certaines mesures.
Et, juste en terminant, je veux juste dire
qu'hier soir mon comité de parents est venu, il a parlé de décentralisation et
de centralisation, et ils ont bien dit, devant tous les membres de la commission,
que c'est un mirage, qu'il n'y a pas de décentralisation, qu'ils ont analysé ce
qu'il va y avoir pour les conseils d'établissement et ils sont inquiets de
perdre leur pouvoir d'influence.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien. Je
pense que je peux rassurer les gens, je ne pense pas que les parents vont
perdre leur pouvoir d'influence, au contraire, en obtenant des sièges sur un conseil
d'administration qu'ils n'ont pas, à ce moment-ci, bien sûr.
Un des éléments que vous avez fait lors de
votre présentation au tout départ, avant qu'on commence les échanges, vous avez
parlé d'une école communautaire, d'une gouvernance qui est communautaire,
supposément, là, actuellement, mais on a un commissaire, un collègue à vous, M.
Pierre Daoust, commissaire à la commission scolaire Coeur-des-Vallées qui, lui,
en tant que commissaire, de l'interne, voyant ce qui se passe dans la commission
scolaire, voyant les rôles et responsabilités qui sont distribués, prend parti
pour le projet de loi n° 40, le commissaire, et je le cite, il dit :
«Le projet de loi prévoit, entre autres, le passage d'une démocratie élective
au suffrage universel, à une démocratie élective de type communautaire, voyant
que, pour être sur le C.A., bien souvent, il faudrait être élu deux fois plutôt
qu'une, soit le conseil d'établissement puis au C.A.» Il poursuit :
«Personnellement, je crois à ce nouveau moyen, je suis d'avis que ce type de
gouvernance correspond davantage à ce que nous sommes devenus comme
organisation.»
Alors, cette idée… puis c'était le thème
du document que j'ai déposé en janvier 2018, Plan de gouvernance
scolaire — Remettre les écoles entre les mains de la communauté,
puis c'est un projet qui, depuis, a fait l'objet de nombreuses rencontres, qui
a été bonifié, hein, le projet de loi n° 40, ce n'est pas un copier-coller
du plan de gouvernance déposé en janvier, il y a beaucoup d'éléments qui s'y
retrouvent, mais ça a été bonifié au fil des consultations. Beaucoup de gens
disent qu'il n'y a pas eu de consultation, là, mais ça fait bien, bien, bien du
temps puis bien des années que ma formation politique et moi-même, on rencontre
pratiquement tous les acteurs qui viennent ici, en commission, aujourd'hui, je
les ai rencontrés personnellement pour parler de ce plan de gouvernance là. Puis
il y a plusieurs éléments, dans le projet de loi n° 40, qui sont des
bonifications du plan de gouvernance de janvier 2018 qui a évolué dans le
temps.
Mais donc l'idée d'avoir une école qui est
davantage communautaire, c'est ce que M. Daoust, commissaire, dit, est-ce que
vous ne la retrouvez pas justement avec cette idée d'avoir des gens de
l'équipe-école au conseil d'administration et d'avoir des parents qui
s'impliquent d'abord dans leur école sur leur conseil d'établissement avant
d'être élus une deuxième fois au conseil d'administration? Est-ce que ce n'est
pas de remettre non seulement l'école entre les mains de la communauté, mais
carrément le centre de services scolaires lui-même? En tout cas, c'est ce que
pense M. Daoust.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Harel Bourdon.
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
Bien, je veux juste remettre une chose au clair. D'entrée de jeu, nous sommes
tous parents, alors, moi, j'ai trois enfants, Louise en a trois, puis Miville
en a quatre. Et, dans mon conseil des commissaires, la plupart, je pense, la
presque totalité, nous sommes parents. Certains enfants qui fréquentent
actuellement les écoles, d'autres qui ont des élèves au collégial ou à
l'université ou qui sont grands-parents. Donc, d'entrée de jeu, je pense, c'est
important de le mentionner.
Par rapport à notre collègue de
Coeur-des-Vallées, écoutez, nous sommes presque 800 commissaires scolaires au
Québec, et j'espère qu'il y a une pluralité des opinions, j'espère qu'au Québec
on est capable, dans notre démocratie…
Mme Harel Bourdon
(Catherine) : ...d'autres qui ont des élèves au collégial, ou à
l'université, ou qui sont grands-parents. Donc, d'entrée de jeu, je pense que
c'est important de le mentionner.
Par rapport à notre collègue de Coeur-des-Vallées,
écoutez, nous sommes presque 800 commissaires scolaires au Québec. Et
j'espère qu'il y a une pluralité des opinions. J'espère qu'au Québec on est
capables dans notre démocratie de ne pas faire taire les gens qui veulent
parler et qui s'expriment en tant que représentants de leurs citoyens. Alors,
c'est démocratique, ça fait partie du jeu que nous avons choisi d'adopter quand
on s'est présentés comme élus scolaires ou comme présidents ou présidentes.
Je veux juste mentionner également que
vous avez parlé d'école communautaire. Et ça, ça me touche tout
particulièrement. Moi, je suis une petite fille d'Hochelaga-Maisonneuve qui a
grandi dans Hochelaga-Maisonneuve. Puis il y a des exemples probants de ce
qu'ont fait les commissaires pour la persévérance scolaire dans les
communautés. Puis hier, il y a eu une intervention où on disait : Ça prend
tout un village pour élever un enfant. Mais je veux juste rappeler, là, que,
là, on est en train de scraper le village. C'est ça qu'on est en train de faire
dans le projet de loi n° 40. Parce que, par exemple, dans
Hochelaga-Maisonneuve, il y a eu une table sur la persévérance scolaire pour
travailler avec le secteur économique, le secteur communautaire, tout le
développement institutionnel et social, le réseau de la santé.
Nous, notre commission scolaire, on a
voulu mettre en place des commissaires cooptés. Il y en a une qui représente
l'éducation aux adultes, une autre qui représente les élèves à besoins
particuliers parce qu'elle a été travailleuse sociale pendant longtemps. Donc,
le réseau communautaire, on le bâtit à bout de bras dans nos communautés. Puis
ce n'est pas vrai qu'un D.G. va pouvoir faire l'entièreté du développement
socioéconomique d'un territoire quand on a 13 municipalités, ou huit arrondissements,
ou une énorme ville comme Laval puis qu'on doit développer dans tous les
secteurs de la ville cette vision de l'école communautaire.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Lortie.
Mme Lortie
(Louise) : Oui. Moi aussi, ça me touche l'école communautaire.
Vous savez, à Laval, Montréal aussi, on est en progression de clientèle
d'élèves. Il y a beaucoup d'élèves qui arrivent sur notre territoire, de
familles. Et il y a deux ans on a fait une conversation publique. On a été
accompagnés de l'INM, d'ailleurs, qui nous a aidés à aller consulter, à aller
discuter avec notre personnel, avec nos élèves, avec nos parents, avec nos
partenaires, avec les citoyens. On a fait des rencontres le soir, la fin de
semaine, on offrait la garderie justement pour faire en sorte que l'école
devient un bien dans un quartier puis que ça soit un lieu de rencontre.
On a en avril dernier, lorsqu'on a préparé
nos demandes d'ajout d'espace, travaillé dans les secteurs où on avait besoin
de nouvelles écoles avec les maisons de familles, avec les maisons de jeunes,
tout ça pour faire en sorte que l'école soit un lieu public pour l'éducation.
Je vous dirais qu'avec 10 rencontres, je me demande, je me demande très
sincèrement qui va aller à la rencontre de chacun des citoyens qui ont envie...
C'est... Tous les citoyens, tous les groupes communautaires, tous nos
partenaires nous ont dit qu'ils avaient envie de nous donner un coup de main
pour faire réussir les élèves, faire réussir leurs jeunes, faire réussir leurs
enfants pour qu'ils obtiennent un premier diplôme.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. le ministre.
M. Roberge :
Mme Harel Bourdon, vous avez commenté en disant : J'espère qu'on peut
débattre, j'espère qu'on n'essaie pas de faire taire les gens. Pourtant, quand
M. Daoust a exprimé cette opinion, d'autres commissaires lui ont dit de se
taire ou de démissionner, qu'il ne pouvait s'exprimer de cette façon-là. C'est
ce qu'on lui a dit. Vous voulez collaborer, vous voulez participer, vous devez
vous taire, vous devez démissionner. Vous ne pouvez plus être commissaire si
vous avez cette perception-là. Et il y a des D.G., je vous le confirme, il y a
des directions d'école, il y a des cadres qui nous appellent en nous disant
qu'ils sont victimes d'intimidation, puis qu'il y a une omerta, puis qu'ils ne
peuvent pas s'exprimer sur le projet de loi n° 40. Je ne prétends pas que
vous le faites personnellement, mais je peux vous dire que des commissaires le
font en ce moment. Et je laisserai la parole à mon collègue de Saint-Jérôme.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et avant ça, j'ai M. Boudreault qui
voulait réagir.
M. Boudreault (Miville) :
Oui. Juste un point pour M. le ministre, parce que vous avez fait mention
évidemment du principe d'école communautaire. Et je pense qu'on pourrait
rapidement s'entendre sur l'importance de ce modèle-là pour l'école publique
québécoise, mais il y a une chose qui est manquante dans votre projet de loi,
c'est qu'on parle de l'école communautaire, mais on réserve le mode électif pour
les membres du conseil d'administration qui va être... qui va, disons,
superposer, là, l'ensemble de ces écoles communautaire là, on réserve ça
uniquement aux parents membres des conseils d'établissement. On n'ouvre pas ça
à l'ensemble des parents et on oublie des membres très importants de la
communauté, les citoyens. Comment les citoyens vont pouvoir s'exprimer dans
cette école communautaire là? Une école communautaire, ce n'est pas une école
uniquement de parents et ce n'est pas uniquement une école uniquement de
parents membres du conseil d'établissement.
• (11 h 40) •
Vous savez, ça a été mentionné à plusieurs
reprises, nous avons une population immigrante. Beaucoup arrivent tout juste au
Québec. Beaucoup ne parlent même pas le français ou ne connaissent pas nos
institutions démocratiques. Alors, c'est clair que ce serait d'ailleurs un
moyen, si on bonifiait le projet de loi, pour ouvrir beaucoup plus le mode
électif. On pourrait même aider des gens à s'intégrer même dans notre vie
démocratique. C'est une suggestion que je vous fais comme ça en passant. Mais
ceci étant dit, l'école communautaire ne peut pas être...
M. Boudreault (Miville) :
...arrivent tout juste au Québec, beaucoup ne parlent même pas le français ou
ne connaissent pas nos institutions démocratiques. Alors, c'est clair que ça
serait d'ailleurs déjà un moyen, si on bonifiait le projet de loi, pour ouvrir beaucoup
plus le mode électif, on pourrait même aider des gens à s'intégrer, même dans
notre vie démocratique. C'est une suggestion que je vous fais comme ça en
passant. Mais, ceci étant dit, l'école communautaire ne peut pas être limitée
uniquement aux parents membres des conseils d'établissement. Elle doit être
beaucoup... ouverte beaucoup plus large au niveau de la sélection des gens qui
vont prendre des décisions pour l'ensemble du collectif, qui s'appellera centre
de services scolaire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je dois passer la parole au député de Saint-Jérôme. Vous aurez certainement
l'occasion de réagir. M. le député de Saint-Jérôme, 4 min 10 s
M. Chassin :
Merci. Je voudrais simplement soulever un autre point, là, qu'on n'a pas encore
pu toucher, parce qu'on a entendu des mots très forts, là, qui m'ont fait
réagir, sur le fait français et la menace qu'il pose... qui est posée au fait
français. Et là je cherchais, dans les mots qui ont été exprimés, à bien
comprendre en quoi la présence de commissaire élu avait un lien avec le fait
français. J'imagine que vous allez pouvoir m'expliquer qu'au-delà de la
francisation, des services que les établissements, les écoles offrent, tout
l'effort qui est fait dans l'intégration — et ça, évidemment, on en
conviendra tous — participent de façon évidente, notamment dans vos
régions, à la francisation et au maintien du fait français. Mais, par ailleurs,
là on parle de quelque chose de plus, là. Et là je n'ai peut-être pas saisi la
menace au fait français de commissaires scolaires... de la disparition du commissaire
scolaire et d'élections scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Harel Bourdon.
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
Donc, je veux juste revenir sur les propos. Moi, il n'y a personne qui m'a dit,
dans mon réseau, qu'il y avait... qu'il s'était senti intimidé par les
commissaires scolaires, ni les directions, ni les parents. Et je pense que
beaucoup de commissaires se sont sentis intimidés par certains propos que le
ministre a tenus en disant qu'on voyageait dans le sud — je veux
juste rappeler que moi, je ne suis jamais allée dans le sud pour ma commission
scolaire — qu'on joue au golf. Malheureusement... Je participe à des
tournois de golf pour la persévérance scolaire, pour donner un montant d'argent
aux différentes fondations, mais je ne joue pas au golf. Ils ont été intimidés
par des propos où on disait que les futurs C.A. allaient donner et non pas
prendre. Bien, moi, depuis six ans, là, je ne pense pas que j'ai pris, je pense
que j'ai beaucoup donné à ma commission scolaire. D'ailleurs, à travers la
dernière année, j'ai écrit 15 lettres au ministre de l'Éducation, et je
n'ai reçu aucune réponse à ces lettres. Et c'était sur des enjeux
important : l'implantation d'une école au centre-ville de Montréal,
l'éducation à la sexualité, le programme national d'alimentation dans les
écoles, les budgets en milieux défavorisés. Alors, je me permets, Mme la
Présidente, de vous demander de déposer les lettres pour que M. le ministre
puisse répondre à mes questions, parce que je suis très inquiète qu'un
porte-parole DG ne va pas écrire ces mêmes lettres-là et qu'une présidente de
C.A. ne va pas écrire ces mêmes lettres-là. Et, s'il ne répond pas à une
présidente, porte-parole, dûment élue, répondra-t-il à un conseil
d'administration?
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais accepter le dépôt des documents. Je vais les déposer, les rendre
publics. Et j'ai le ministre qui vient de lever la main. M. le ministre, il
reste 1 min 15 s
M. Roberge : Merci bien. À ce
sujet-là, je veux préciser que les lettres ne sont pas restées lettres mortes,
puisque le ministère, moi-même, le cabinet, l'équipe, on a communiqué avec la commission
scolaire, avec vous-même, on a eu des rencontres de travail à ce sujet-là, il y
a eu des appels qui ont été faits, il y a des politiques qui ont été prises, notamment
sur l'aide alimentaire. Il y a plus plus d'aide alimentaire que jamais,
personne ne s'est vu couper ses vivres, au sens propre comme au sens figuré.
Donc, il y a des suites qui ont été données, il y a des communications qui ont
été données. Je ne pense pas que ça aurait été préférable de retourner simplement
une lettre plutôt que de faire un appel, de convenir d'un plan de travail, de
faire une rencontre avec l'équipe ministérielle pour solutionner les problèmes.
Je pense que, quand on envoie une lettre, bien sûr, c'est pour qu'il y ait une
trace, pour qu'on voie qu'un geste a été posé, que la commission scolaire ou
l'instance lève le drapeau en disant : Ceci nous dérange, nous interpelle,
on demande une réaction du gouvernement. Je peux vous assurer qu'il y a eu
réaction du gouvernement, il y a eu action, il y a eu concertation, il y a eu
décision, il y a eu déblocage de fonds, notamment pour l'aide alimentaire et
d'autres sujets. Pour des questions d'école, il y a eu des rencontres, il y a
eu des appels pour des infrastructures, pour des constructions, pour des
agrandissements. Alors, ce n'est pas simplement parce qu'il n'y a pas eu un
retour d'une lettre qu'il n'y a pas eu un suivi approprié, et même une décision
et un impact direct dans la vie des élèves. Je pense que c'est important de le
préciser.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ça met fin à l'échange. On a dépassé le temps un petit peu, je ne voulais
pas vous couper dans votre réponse. Non, on va aller du côté de l'opposition
officielle. À ce moment-là, l'échange appartient à la députée de Saint-Laurent,
qui a 15 min 40 s...
M. Roberge : ...une décision et
un impact direct dans la vie des élèves. Je pense que c'est important de le
préciser.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ça met fin à l'échange. On a dépassé le temps un petit peu, je ne voulais pas
vous couper dans votre réponse. Non, on va aller du côté de l'opposition
officielle. À ce moment-là, l'échange appartient à la députée de Saint-Laurent
qui a 15 min 40 s. Si elle veut poursuivre, elle le peut.
Mme Rizqy : Bonjour. Ça me
fait plaisir d'entendre vos réponses au ministre. ...bien, levez-la main?
Allez-y.
M. Boudreault (Miville) :
...sur le fait français et les élus scolaires francophones? Bien, rapidement.
Vous savez, ça c'est une particularité que nous avons sur l'île de Montréal, il
y a un organisme qui s'appelle Comité de gestion de la taxe scolaire, hein?
C'est un comité qui existe depuis très longtemps et qui, non seulement collecte
la taxe scolaire pour l'ensemble de l'île de Montréal, mais aussi offre
différents services.
Une des particularités de ce comité-là
c'est qu'on lui permet de garder le produit de la taxe qui est recueillie, c'est-à-dire
les intérêts qui sont générés avant qu'on remette le produit de la taxe aux commissions
scolaires, ainsi que toute la facturation supplémentaire en cours d'année. Je
sais que c'est un peu technique et le gouvernement d'ailleurs... le nouveau gouvernement
dans son projet de loi sur la réforme de la taxe scolaire a reconnu ça et a
permis au comité de gestion de garder ces sommes supplémentaires là. Ce sont
des sommes considérables. On parle pour cette année de 12,3 millions de
dollars qui sont retournés directement dans les milieux les plus défavorisés
sur l'île de Montréal.
Le comité de gestion est formé de cinq
membres. Ce sont cinq élus scolaires qui représentent les cinq commissions
scolaires de l'île de Montréal, les trois francophones et les deux anglophones.
Le projet de loi actuel dans sa forme, le 29 février, bien, il va y avoir
deux élus anglophones et trois personnes qui n'auront pas la même légitimité.
Et ces trois personnes-là, comme par hasard, seront les francophones. C'est...
Pour moi, c'est un exemple extrêmement concret que le fait de faire disparaître
des élus francophones peut avoir un impact.
Et on sait que ces budgets-là, en très
grande majorité, même si on aimerait peut-être que ce ne soit pas le cas, mais
ils viennent aux commissions scolaires francophones. Parce qu'évidemment, la
défavorisation suit beaucoup l'immigration. On sait que ces immigrants-là, par
la loi 101, doivent fréquenter l'école francophone. Alors, c'est clair que nous
avons un poids supplémentaire, un poids que nous acceptons d'assumer. Mais ces
budgets-là sont extrêmement importants et les règles d'allocation de ces
budgets-là, elles, sont décidées par les cinq membres. Donc, il faut que les
deux membres anglophones et les trois membres francophones aient la même
légitimité. C'est pour ça que la question du fait français est si importante.
Merci de m'avoir permis de répondre.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Boudreault. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Premièrement, j'aimerais juste dire qu'hier, on a eu, évidemment, les parents
de la CSDM qui ont fait une présentation très éloquente avec des tableaux pour
vraiment bien illustrer leur propos. Alors, simplement pour leur dire bravo et
leur dévouement était vraiment très senti.
J'aimerais vous entendre parce que Mme
Harel-Bourdon vous venez de déposer des lettres qui sont laissées lettres
mortes. Et que le ministre dit que quand il y a eu des actions... Moi, je me
rappelle quand même d'une phrase qui était quand même assez éloquente qui est
sortie de sa bouche à lui : N'appelez pas le ministre, appelez l'ébéniste.
Et je crois que la commissaire... la présidente de la commission scolaire
Marie-Victorin aussi elle a envoyé des lettres qui sont à ce jour toujours pas
répondues. Le Directeur général des élections a envoyé deux lettres. Six mois
d'attente pour finalement obtenir une réponse du ministre. Aujourd'hui, vous
mettez le doigt sur quelque chose d'assez essentiel. Si une élue qui représente
la plus grande commission scolaire au Québec n'est pas capable d'avoir de
réponses, est-ce qu'un D.G. va oser à chaque fois renvoyer à chaque la fois la
balle? Est-ce qu'un D.G. va sortir dans les médias pour dénoncer?
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
Bien, en fait, leur rôle essentiel de porte-parole, occupé par un D.G... je
pense qu'il y a un collègue qui en a parlé tout à l'heure, le directeur général
a un droit de réserve. Donc, il a une obligation de faire en sorte de ne pas
commenter certains dossiers. Donc, ça risque d'être extrêmement délicat pour un
directeur général de pouvoir prendre position sur certains enjeux qui lui sont
demandés par le conseil d'administration. Le futur conseil d'administration
proposé aussi... en fait, c'est des gens qui sont tous là avec des intérêts. Et
ce n'est pas une vision de bien commun comme celle qui est privilégiée par des
élus qui sont... représentent l'ensemble de la population et pas juste
certaines écoles ou pas juste certains milieux mais l'ensemble des citoyens
d'un territoire donné.
• (11 h 50) •
J'aimerais ça vous donner une petite idée
de ce que ça fait une présidente de commission scolaire, de ce que ça fait un
commissaire parce que je pense que dans le débat depuis plusieurs semaines, on
ne sait pas ce que ça fait. Alors, à ma commission scolaire, nous avons eu
16 séances du conseil des commissaires. Nous avons eu 23 séances du
comité exécutif. Nous avons eu 11 tables d'échanges entre les commissaires
et l'administration. J'ai eu personnellement 46 rencontres où je
participais à des rencontres avec la direction générale ou avec différents
services, 61 rencontres avec des partenaires communautaires, économiques
et institutionnels, 14 rencontres avec les syndicats, hein, parce qu'on a
plusieurs syndicats dans nos...
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
...et l'administration. J'ai eu personnellement 46 rencontres où je participais
à des rencontres avec la direction générale ou avec différents services; 61
rencontres avec des partenaires communautaires, économiques et institutionnels;
14 rencontres avec les syndicats, hein, parce qu'on a plusieurs syndicats dans
nos commissions scolaires; 13 rencontres de comités parce que nous avons tous
des comités qui sont inscrits dans la Loi de l'instruction publique; 12
rencontres avec d'autres commissions scolaires, hein, parce qu'on travaille, on
partage des réalités, par exemple, sur les terrains à Montréal et à Laval,
c'est quelque chose qui est très présent; 42 rencontres avec des ministres et
des élus locaux, dont les deux rencontres avec M. Roberge que j'ai eues dans la
dernière année, une sur la laïcité et une...
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
M. le ministre, pardon, M. le ministre. Sur la laïcité et l'autre, en début de
mandat, sur les enjeux de notre commission scolaire. J'ai eu également 88
événements dans les établissements, et 189 entrevues.
Alors, quand j'ai dit ça à mon directeur
général, il était très inquiet, parce qu'il ne pourra pas faire tout ça seul en
plus de gérer 16 000 employés puis 200 établissements. Puis je veux juste
rappeler qu'on est un réseau d'écoles. Mon mari a siégé sur le C.A. du CPE de
mes enfants : ce n'est pas la même chose. Certains commissaires siègent
sur des C.A. de cégeps : ce n'est pas la même chose. Nous, c'est un réseau
d'écoles qui est interdépendant.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Effectivement, je
suis très contente que vous illustrez le nombre d'heures que vous devez
consacrer et j'imagine qu'un peu à l'instar de ceux qui vous ont précédée vous
ne faites pas de millions comme salaire non plus ni à titre de présidente ni à
titre... ni les commissaires non plus.
Alors j'aimerais aller sur les économies
promises. En 1998, déjà à l'époque, les gens disaient que si on faisait un
changement de structure on allait faire des économies. Par la suite, le premier
ministre actuel est devenu ministre de l'Éducation. Avez-vous vu des économies,
oui ou non?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Harel.
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
Mais en fait, oui, en 1998, il y avait une raison pour ce débat de structure
là. C'est que, dans le fond, on voulait passer de commission scolaire
confessionnelle à commission scolaire linguistique, ce qu'on n'a pas
nécessairement comme débat de fond dans ce projet de loi là. Mais, par contre,
ce qui a été vérifié, dans la vérification des faits, entre autres, que
Radio-Canada a fait il y a quelques années, c'est qu'à l'époque on avait
annoncé des économies de 100 millions. Le gouvernement, en 1998, c'était
Pauline Marois qui était à l'Éducation, avait annoncé des économies de
100 millions. Et finalement, quelques années plus tard, c'est son
collègue, François Legault, qui a été nommé ministre de l'Éducation, et c'est
plutôt 40 millions que le ministère de l'Éducation a dû payer suite au
changement de structure des commissions scolaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci dans votre réponse, sauf que vous devez quand même appeler le premier
ministre par son titre et non pas par son nom. M. Boudreault, vous voulez
ajouter?
M. Boudreault (Miville) : En
complément, rapidement. Lorsqu'on rencontre des citoyens, des membres de notre
famille même, le message qu'ils ont compris, au moment de l'annonce du projet
de loi, et c'est un peu ce qui a été véhiculé par les médias, je ne dis pas que
c'est nécessairement le ministre qui l'a présenté ainsi, mais, dans les médias,
ça a souvent été retransmis ainsi, c'est qu'on abolissait les commissions
scolaires point la ligne. Alors, les gens s'imaginaient, là, qu'il y avait des
centaines de millions de dollars qui allaient être économisés, et je devais
leur expliquer que finalement non. On n'abolit pas les commissions scolaires.
La structure actuelle demeure. On abolit la structure de gouvernance qui est
au-dessus, on abolit l'outil démocratique qui est l'élection scolaire, mais la commission
scolaire, elle change de nom, tout simplement. Et les gens étaient extrêmement
étonnés, ils disaient : Ah! oui? Et là, c'est là, évidemment, que ça
permettait d'expliquer un peu davantage.
Lorsqu'on parle d'économies, évidemment,
c'est sûr que c'est facile de s'en prendre à des élus qui sont, évidemment, qui
ont une petite rémunération. C'est facile de s'en prendre à eux. On les jette
un petit peu en pâture à l'opinion publique. J'avoue que je déplore vraiment ce
qui a été fait. Ceci étant dit, c'est fait maintenant, alors on doit vivre
avec. Mais je crois que les économies, elles ne seront pas nécessairement au rendez-vous.
Vous voyez, M. le ministre a parlé de 160 professionnels sur une période quatre
ans. Mais, présentement, on a au moins, dans ma seule commission scolaire, une
vingtaine de postes de professionnels qui sont associés aux mesures dédiées.
Donc, c'est les écoles qui ont ces argents-là directement dans leur budget, qui
demandent à la commission scolaire : Est-ce qu'on peut engager tel et tel
professionnel? Et on ne peut pas. Pourquoi on ne peut pas? Parce qu'il n'y en a
pas à engager, tout simplement.
Alors, je pense que le débat, il faut vraiment
que ce soit un débat sur la place de l'éducation publique au Québec. Quels sont
les vrais problèmes de l'éducation publique au Québec, quels sont les vrais
dysfonctionnements? Est-ce que le dysfonctionnement, c'est qu'il y a une
élection scolaire où la participation est problématique? J'en conviens, là, il
n'y a personne qui trouve que la participation est formidable, mais c'est un
symptôme d'un problème qui pourrait être réglé par d'autres moyens. Mais est-ce
qu'on pense que les dysfonctionnements, au Québec, ce n'est peut-être pas
plutôt une école privée subventionnée, et l'effet que tout ça a sur l'école
publique québécoise? Je pense que si on s'attardait plus à ce genre de
questions là, on irait vraiment...
M. Boudreault (Miville) :
…mais c'est un symptôme d'un problème qui pourrait être réglé par d'autres
moyens. Mais est-ce qu'on pense que les dysfonctionnements au Québec, ce n'est
peut-être pas plutôt une école privée subventionnée et l'effet que tout ça a
sur l'école publique québécoise. Je pense que si on s'attardait plus à ce genre
de questions là, on irait vraiment au coeur des problèmes de l'école publique
québécoise, beaucoup plus que simplement s'attarder à une élection scolaire, à
un système de gouvernance où des citoyens sont présents.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent, il reste 5 min 30 s.
Mme Rizqy : Parfait, je vais y
aller rapidement. Juste pour rectifier certaines affaires, j'invite le ministre
à relire le mémoire de la commission scolaire des Vallées, car c'est très
clair, et je cite : «La commission scolaire Coeur-des-Vallées estime que
le gouvernement du Québec devrait se concentrer sur les vraies cibles décrites
précédemment pour améliorer notre système d'éducation. Surtout, il devrait
prendre ses décisions avec la perspective de favoriser la réussite des élèves
qui devrait être l'ultime priorité pour tous les systèmes d'éducation. Jouer
dans les structures n'est certainement pas en lien avec cette priorité». Ça,
c'est dans le mémoire qui a été déposé.
En ce qui a trait à l'article 310 du
projet de loi, grande prudence dans les mots choisis. Lorsqu'on parle d'un
règlement pour mettre en oeuvre, évidemment, on peut le retrouver dans
différents projets de loi, mais, ici, on parle aussi pour : réalisation
efficace de son objet. Il y a exactement aussi l'article 308 et
l'article 309 où est-ce que, vraiment, on parle de pouvoirs que le
ministre a lui-même, et un article qui est très préoccupant, et c'est là que je
me tourne vers vous, l'article 46, où est-ce que le gouvernement, par
décret, peut faire la réunification des territoires.
C'est quoi maintenant qui peut arriver,
pour votre réalité, à Laval ou à Montréal, où est-ce qu'il y a des grandes
disparités aussi dans le territoire montréalais puis de Laval?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Harel Bourdon.
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
Mais peut-être juste entamer en disant que nos enjeux, là, c'est qu'on n'a pas
de place, hein? En ce moment, il y a une immense augmentation des élèves au
primaire, mais de plus en plus au secondaire, aussi, là, notre réalité, elle
s'est déplacée au secondaire. Donc, on n'a pas d'espace, puis c'est sûr qu'on a
beaucoup de gens qui travaillent à Montréal ou à Laval puis qui aimeraient bien
pouvoir choisir une école où ils vont reconduire les enfants en s'en allant au
travail. Malheureusement, la réalité, c'est qu'on ne peut pas offrir ça, et
qu'il y a une importance aussi d'avoir une école très ancrée dans son milieu,
je parlais de l'école communautaire, puis d'avoir un réseau d'écoles qui répond
bien, dans un quartier, aux besoins des parents.
Et il ne faut pas qu'il y ait une
cannibalisation entre les écoles, ça, c'est très important, parce qu'un réseau
d'écoles pour Montréal et Laval, c'est que, dans certaines écoles, on va
offrir, par exemple, un point de service pour des élèves troubles du spectre
l'autisme. Par exemple, un point de service pour des élèves de l'accueil. On a
vécu tous les trois, il y a 2 ans, là, vraiment, une vague d'immigration,
de réfugiés, incroyable, et c'était difficile pour nous d'absorber le choc.
Donc, la question des territoires, elle ne
peut pas été vue de façon fermée, elle doit être vue de façon très ouverte. On
n'est pas contre de faire évoluer les choses, mais notre réalité, en ce moment,
elle est liée au développement de chaque quartier, puis la réalité au niveau de
notre augmentation de clientèle, c'est que, s'il n'y a plus des élus scolaires
pour faire des négociations…
Je vous donne un exemple, parce que
Miville a donné un exemple concret tout à l'heure, nous, chez nous, on s'est
rendu compte, en octobre, entre octobre et décembre, suite à l'arrivée massive
d'immigrants, que pour l'année suivante, on n'aurait pas assez de classes. Les
rénovations puis les constructions d'écoles n'étaient pas terminées, puis on
n'aurait pas assez de classes. Donc, entre janvier puis août, en
sept mois, on s'est assis avec tous nos arrondissements, on avait cinq
arrondissements sur huit, l'installation sur 19 sites de plus de
100 classes, il a fallu les convaincre, on a travaillé avec eux, avec les
arrondissements, pour installer ce qu'on appelle des classes modulaires, et
c'est parce qu'on s'est assis avec les élus des arrondissements pour expliquer
la situation, pour travailler avec eux, qu'on a réussi en record d'installer en
sept mois, puis Laval aussi l'a fait avec certaines classes modulaires.
Donc, cette réalité-là de converger puis
de travailler avec des partenaires locaux pour la capacité d'accueil, puis sur
la question des territoires, bien, c'est fondamental.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et en moins de 2 minutes, j'ai la députée de Westmount—Saint-Louis qui
veut intervenir. Mme la députée.
Mme
Maccarone : Bon, bien, très rapidement. Merci beaucoup pour votre
représentation puis le partage de qu'est-ce que vous faites tous les trois,
parce que c'est crucial, puis je comprends que le contact local avec la
communauté, c'est hyperimportant.
Vous avez
mentionné… visions d'écoles communautaires, etc., puis je dois féliciter,
premièrement, Mme Harel Bourdon. Je sais que vous êtes venue à mon bureau pour
me rencontrer au début de mon mandat, mais aussi pour les deux commissaires qui
font partie de mon territoire, de Westmount—Saint-Louis, à Mme Mastromonaco
puis Mme Bellinger Hang. Ça, je peux vous dire qu'ils travaillent très fort,
ils sont dans les écoles au quotidien, ils participent aux fondations, ils
militent pour leur communauté. Mais j'aimerais vous faire entendre par rapport
à FACE. Vous avez le comité de gestion de taxe de l'île de Montréal. Mais FACE
est quand même une école très particulière, entre autres, qu'il y a un conseil
d'établissement qui est partagé. C'est unique au Québec. De vous faire entendre
un peu la réalité anglo-franco là-dessus. Puis avec l'adoption du projet de loi
n° 40, qu'est-ce qui va arriver?
• (12 heures) •
La
Présidente (Mme Thériault) : Et je vous demande de faire ça en
45 secondes…
12 h (version non révisée)
Mme
Maccarone : ...le comité de gestion de taxe de l'île de Montréal. Mais
FACE est quand même une école très particulière, entre autres, qu'il y a un
conseil d'établissement qui est partagé. C'est unique au Québec. De vous faire
entendre un peu la réalité anglos-francos là-dessus. Puis avec l'adoption du projet
de loi n° 40, qu'est-ce qui va arriver?
La
Présidente (Mme Thériault) : Et je vous demande de faire ça en 45
secondes.
Mme Harel
Bourdon (Catherine) : Bien, en bref, à FACE, l'enjeu, c'est que les
francophones n'auront pas de représentation politique, puis les anglophones
auront une représentation, pour les mêmes parents qui sont sur le même conseil
d'établissement. Ça fait que je ne sais pas trop comment ce conseil
d'établissement là va fonctionner pour une future élection de conseil d'administration.
Et c'est un exemple d'école orientée vers les arts, où on travaille en
collaboration, du préscolaire jusqu'au secondaire V, avec les deux langues, et
moi, je trouve ça important. Dans le contexte de la loi 101, on est capable de
travailler ensemble sur certains enjeux.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. On va aller maintenant du côté de
la députée de Sherbrooke pour 3 min 55 s. Mme la députée, la
parole est à vous.
Mme
Labrie : Merci. D'emblée, au début de votre présentation, vous avez
qu'il n'y avait rien de prévu dans ce projet de loi là pour réduire les
inégalités. Je trouve ça extrêmement grave parce que vous, et moi, et tout le
monde ici, on sait que la question des inégalités, c'est un problème majeur de
notre réseau de l'éducation. Est-ce que vous pensez que ce projet de loi là, à
défaut de réduire les inégalités... est-ce qu'il risque de les augmenter?
La
Présidente (Mme Thériault) : M. Boudreault.
M.
Boudreault (Miville) : Malheureusement, on le craint, et je vais
expliquer rapidement pourquoi. Évidemment, vous savez, un parent, là, ça pense
d'abord et avant tout à son enfant, et c'est très bien ainsi. J'étais
moi-même... Je me comportais de cette façon-là en tant que parent. Lorsqu'on
permet aux parents de dire : Bien, vous pouvez choisir vos écoles, il n'y
a pas de territoire d'école, vous pouvez aller là où vous voulez, bien, c'est
clair que les parents vont essayer d'aller dans une école qui peut avoir, à
tort ou à raison, une meilleure réputation, qui est située dans un meilleur
secteur du quartier. Et ce que ça fait, c'est que ça va exactement à l'encontre
de ce qu'on doit faire pour lutter contre les inégalités, c'est-à-dire briser
les concentrations de défavorisation.
Une école de
quartier... Nous, on est quand même une commission scolaire... je le dis
souvent, on a le plus petit territoire au Québec. La CSPI, la Pointe-de-l'Île
est sur l'île de Montréal, mais le territoire est plus petit que les
Îles-de-la-Madeleine. Donc, nous avons 36 000 élèves du primaire et du
secondaire dans un tout petit territoire. Donc, c'est clair que les milieux
favorisés et plus défavorisés se côtoient de pâté de maisons en pâté de
maisons.
Nous, ce qu'on
cherche, ce que l'école publique, je crois... d'ailleurs, ça, c'est une conviction
personnelle... ce que l'école publique doit faire, c'est viser à la mixité.
Viser à la mixité, c'est peut-être la meilleure façon de lutter contre les
inégalités. Permettre aux gens de choisir, c'est un peu le modèle qui peut
ressembler un peu à l'école privée, là. Quand on va à l'école privée, c'est parce
qu'on veut choisir un milieu qui nous convient davantage. Je ne le critique
pas, je le constate. Mais, si on introduit ce même biais-là tranquillement dans
l'école publique, je vois tout de suite les gens poindre en disant : Moi,
je veux aller à telle, et telle, et telle école. Donc, il y a des écoles qui
vont un peu se gentrifier. D'autres écoles, à côté, on va retourner dans un
modèle de concentration-défavorisation. Moi, je crois que ce n'est pas dans
cette direction-là qu'il faut aller.
C'est un
problème complexe, là. Je n'ai pas de solution magique à proposer, mais je
pense que c'est quelque chose qu'il faut continuer à creuser. Et il faut
surtout éviter que les milieux défavorisés se retrouvent tout seuls dans leur
coin. On va... Toute la hausse de diplomation, la baisse de décrochage qu'on a
vue, on va tout perdre ça, et ça peut être très rapide.
La
Présidente (Mme Thériault) : Et il y a Mme Lortie qui veut ajouter,
Mme la députée...
Mme
Lortie (Louise) : Bien, écoutez, rapidement, Mme Flon, de
l'INM, le disait, quand elle est venue devant vous, qu'elle craint que les C.A.
soient formés de parents qui viennent de milieux plus favorisés, que des
parents qui... dont leurs enfants vont dans des programmes particuliers dans
les commissions scolaires. Et nous, ce qu'on décrit, c'est vraiment de... que
l'élu scolaire représente la voix des sans-voix.
La
Présidente (Mme Thériault) : Mme la députée, il vous reste une minute.
Mme
Labrie : Il ne me reste vraiment pas beaucoup de temps, puis j'ai deux
questions pour vous. La question de la bureaucratie. Vous avez donné un exemple
tout à l'heure, M. Boudreault, d'un projet que vous aviez, et, si ça avait dû
être approuvé par le ministère, ça aurait été plus long. Est-ce que ce projet
de loi là risque d'augmenter la bureaucratie, au lieu de la réduire? Et
également, je veux vous entendre sur la question du retrait d'un rôle
politique, qui est nommé explicitement par le gouvernement. Ils veulent
enlever un palier de gouvernement. Est-ce que ça va plutôt changer de place
puis se faire en politique provinciale, finalement?
M.
Boudreault (Miville) : Rapidement, la bureaucratie...
La
Présidente (Mme Thériault) : Et vous avez 30 secondes.
M.
Boudreault (Miville) : Rapidement... merci, Mme la Présidente. Non, je
ne crois pas que ça va réduire la bureaucratie parce que, souvent, la
bureaucratie, c'est la reddition de comptes qui part d'en haut, du ministère de
l'Éducation. C'est là qu'est le plus gros noeud de bureaucratie de l'éducation
au Québec. Encore une fois, je ne le critique pas, je le constate.
Deuxièmement,
au niveau du rôle politique, vous savez, la politique, c'est un outil qu'on
utilise pour trouver des consensus au sein de différentes parties prenantes qui,
parfois, ont des intérêts contradictoires. Et dans ce sens-là, la politique, ce
n'est pas seulement désirable, c'est nécessaire, et c'est utile. Et c'est ça,
le rôle des élus scolaires. Pas de faire de la politique dans un sens, disons,
partisan du terme. C'est de faire de la politique pour trouver des solutions
avec, entre autres, des élus municipaux, qui ont leurs propres défis, eux.
Alors, nous, on essaie de trouver des points d'ancrage pour que, d'un côté
comme de l'autre, on puisse trouver des solutions concrètes. Nous, notre
préoccupation, c'est la réussite des...
M. Boudreault (Miville) :
...faire de la politique dans un sens, disons, partisan du terme, c'est de
faire de la politique pour trouver des solutions avec, entre autres, des élus
municipaux qui ont leurs propres défis, eux. Alors, nous, on essaie de trouver
des points d'ancrage pour que, d'un côté comme de l'autre, on puisse trouver
des solutions concrètes. Nous, notre préoccupation, c'est la réussite des
élèves.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Boudreault. Maintenant, je me tourne vers la députée de Joliette
pour 3 min 55 s vous aussi, Mme la députée.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je veux juste me permettre de répondre
rapidement. Je suis désolée pour nos invités, mais puisque le ministre m'a
interpellé, oui, j'estime qu'il y a une très grande centralisation dans le projet
de loi. Je veux juste nommer quelques éléments. Puis tantôt, le ministre
parlait du mémoire du Conseil supérieur de l'éducation, qui a fait une analyse
très objective, je pense, qui lui-même fait ressortir ces éléments-là de
centralisation. C'est maintenant donc le ministre qui va déterminer les normes
d'éthique et de déontologie pour tous les membres des conseils d'administration
des centres de service. C'est le ministre qui va imposer... qui va pouvoir
imposer des regroupements de service, déterminer les objectifs, les cibles
portant sur l'administration, l'organisation et le fonctionnement des centres
de service. Il va pouvoir obtenir les résultats des élèves aux épreuves plus
aisément. Il va pouvoir communiquer directement avec tous les employés des
centres de service avec les parents du réseau scolaire. Il va aussi falloir que
tout centre de service obtienne une autorisation du ministre pour acquérir un
immeuble, pour un droit de préemption. Bref, je pense que, oui, il y a des
exemples de centralisation. L'article 310, il existe. Il existe, par
exemple, dans la Loi sur le cannabis, pour la réglementation. Il n'y a pas une
centralisation des pouvoirs dans la Loi sur le cannabis.
Je veux juste rappeler qu'un article
semblable existait dans la réforme de l'ancien ministre, effectivement, de la
Santé, en matière de santé, et son collègue de sa formation politique s'était
battu contre ces pouvoirs réglementaires là excessifs. Parce que quand on
jumelle les pouvoirs réglementaires aussi larges avec des pouvoirs de
centralisation, oui, ça fait que c'est énorme. Puis Mme Harel Bourdon a
souligné les articles 308, 309, qui donnent encore plus de pouvoirs de
casser toute décision qui serait prise par les commissaires entre le
1er octobre et le printemps prochain. Donc, oui, il y a des exemples de
centralisation.
Sur ce, je suis désolée, mais je trouvais
ça important de le dire. Est-ce que vous pouvez... Hier, il y a eu une lettre
publiée par Daniel Turp, qui parle d'une forme de discrimination, de double
standard entre le milieu francophone et anglophone. Je voulais savoir, comment
vous réagissez par rapport à cet argument-là de notre ex-collègue de
l'Assemblée nationale?
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez 1 min 45 s pour réagir, Mme Bourdon... Harel.
Mme Harel Bourdon (Catherine) :
C'est vraiment important la question de la francisation à Montréal puis à
Laval, parce que... je vais vous donner un exemple. 25 % de nos élèves au
secondaire ne sont pas nés au Québec, à la commission scolaire de Montréal.
Donc, le quart des élèves ne sont pas nés au Québec. Donc, on a une
responsabilité d'intégration fondamentale dans notre société.
Je vous ai distribué à plusieurs le livre
sur l'histoire de la commission scolaire de Montréal. On a 173 ans
d'histoire. La CECM, c'était avant le Parlement où on est aujourd'hui, c'était
en 1846, et ça a commencé par le Haut et le Bas-Canada et c'était justement
pour avoir des pouvoirs locaux de décisions en lien avec, justement, le débat
qui faisait rage à cette époque-là entre les anglophones et les francophones.
Évidemment, à travers 173 ans d'histoire, il y a eu toutes sortes de
formes de commissaires scolaires, mais c'est vraiment intéressant de voir
l'évolution du Québec à travers les écoles du Québec. Et c'est ça, le fondement
de la question de la culture puis du français pour Montréal et Laval, mais ça
peut s'adapter aussi pour l'ensemble du Québec. C'est qu'on est, comme
institution publique, par nos écoles, le vecteur de l'identité québécoise. Et
le fait d'avoir une gouvernance avec des élus et des non-élus, c'est enlever un
pouvoir que les francophones ont chaudement débattu jusqu'à l'obtention, en
1846, de ces commissions scolaires là, après la révolte des Patriotes.
Ça fait que je veux juste... J'ai une
mineure en histoire, puis je pense que c'est important, vous savez, ce qui
marque l'histoire, c'est ce qu'on va retenir. Si le projet de loi n° 40 est adopté, qu'est-ce qu'on va retenir dans
20 ans ou dans 50 ans? Et selon moi, ça va être très néfaste pour nos
milieux, pour nos communautés sur les besoins des individus, entre autres sur
les inégalités sociales, et c'est ce qui nous fait le plus peur.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin aux échanges puisque nous n'avons plus de temps. Donc,
merci beaucoup à vous trois de vous être déplacés. La commission va suspendre
ses travaux jusqu'après les affaires courantes, soit vers 15 h 30.
Merci et bon appétit.
(Suspension de la séance à 12 h 10)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 13)
La Présidente
(Mme Thériault) : À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, la Commission
de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Je vous demande de bien
vouloir éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques.
Nous poursuivons les auditions publiques
dans le cadre des consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction
publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Cet après-midi, nous entendrons d'abord,
en audition conjointe, le Regroupement des commissions scolaires de la
Montérégie et le Regroupement des commissions scolaires de l'Estrie pour une
période d'une heure. Ensuite, la Table de concertation 04-17, région de la
Mauricie—Centre-du-Québec pour 45 minutes. Et finalement, en audition
conjointe, le Regroupement des commissions scolaires de la Capitale-Nationale,
le Regroupement des commissions scolaires de Chaudière-Appalaches et le
Regroupement des commissions scolaires du Saguenay—Lac-Saint-Jean pour une
durée d'une heure.
Mme la députée de Saint-Laurent m'a
indiqué qu'elle avait une question de règlement. Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je serai brève. Ce matin, le ministre de
l'Éducation est allé rapidement en disant qu'il y avait plusieurs lois qui ont
été adoptées avec des dispositions similaires à l'article 310 du projet de
loi n° 40. Il en a cité et en a mis aussi sur compte Twitter, il a dit le
projet de loi n° 20, n° 36, n° 38,
n° 68. Et ici j'ai les lois avec moi, et c'est très
clair que c'est des règlements qui peuvent être édictés pour des dispositions
transitoires et non pas un langage aussi large que ce qui est prescrit
présentement dans le projet de loi n° 40... avec le projet de loi
n° 40, article 310.
J'invite le ministre à s'excuser parce que
c'est très important de ne pas induire ni les parlementaires en erreur ni nos
invités, et encore moins ceux qui nous écoutent à la maison. Je vais également
déposer ces quatre projets de loi, qui sont déjà soulignés, pour qu'il puisse
les lire, parce que peut-être qu'en lisant la note qui lui a été préparée, il
n'a pas eu la chance de pouvoir lire ces projets de loi et il va voir que,
clairement, le langage diffère grandement.
La Présidente (Mme Thériault) :
Bien, c'est une question de règlement... référence à aucun numéro, c'est...
Mme Rizqy : C'est de ne
pas induire en erreur les parlementaires...
Mme Rizqy : ...déjà
soulignés pour qu'il puisse les lire parce que peut-être qu'en lisant la note
qui lui a été préparée il n'a pas eu la chance de pouvoir lire ces projets de
loi, il va voir clairement que le langage diffère grandement.
Une voix
: ...Mme la
Présidente.
La Présidente
(Mme Thériault) : Bien, c'est une question de règlement, elle n'a
pas fait référence à aucun numéro.
Mme Rizqy : C'est de ne
pas induire les parlementaires en erreur.
La Présidente
(Mme Thériault) : C'est de ne pas induire les parlementaires en
erreur. Bon. Si vous voulez déposer vos projets de loi, je peux bien les
prendre. Je veux bien accepter le dépôt. Évidemment, on les mettra au profit
des membres qui suivent nos travaux. Je pense que, M. le ministre, vous n'avez
pas de commentaire à faire. Donc évidemment je vous recommande vraiment
d'essayer de prendre le temps le plus possible pour entendre et échanger avec
les gens qui sont devant nous.
Donc, sans plus tarder, je vais souhaiter
la bienvenue aux représentants du premier regroupement des commissions scolaires.
Vous avez une quinzaine de minutes pour nous présenter... pardon, une dizaine
de minutes pour nous présenter votre mémoire, présenter les gens qui vous
accompagnent — 10 minutes, je suis un peu stricte sur le
temps — et par la suite, il y aura un échange avec la partie
ministérielle. Et il y a la députée indépendante qui est avec nous pour ce
bloc-ci, donc les temps seront réajustés en fonction des différents groupes.
Donc, sans plus tarder, bienvenue. Et
j'imagine que c'est Mme Andrée Bouchard? Non, pas du tout. Je vous
laisse aller, présentez-vous et présentez les personnes qui vous accompagnent.
M. Gilbert (Yves) :
Alors, bonjour, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, membres de
l'Assemblée nationale. Alors, je suis Yves Gilbert. Je suis président du
Regroupement des commissions scolaires de l'Estrie. Je suis accompagné
aujourd'hui par le président de la commission scolaire Eastern Township,
M. Michael Murray de Mme Andrée Bouchard, présidente du
Regroupement des commissions scolaires de la Montérégie et Mme Francine
St-Denis, vice-présidente. Nous vous remercions de nous accueillir.
Dans notre mémoire, nous évoquons la
réussite éducative de nos élèves jeunes et adultes. C'est la partie qui a été
la plus agréable à rédiger, ainsi que celle du rappel des projets rassembleurs
et porteurs de nos commissions scolaires. Ce que nous devrions faire
aujourd'hui, c'est de parler de la réussite éducative plutôt que de discuter
des dispositions du projet de loi n° 40 qui est une
attaque sans précédent aux régions et à la dynamique du pouvoir local.
Un autre aspect qui apparaît fondamental,
c'est le rôle des élus scolaires, tout particulièrement le rôle d'agent de
liaison entre le conseil d'établissement, le milieu et la commission scolaire.
Faire l'aller-retour entre les diverses instances dans un esprit de
collaboration et de concertation est très important pour nos communautés.
Ce qui apparaît plus dommageable encore
dans ce projet de loi, c'est que pas un mot n'est dit sur la réussite éducative
des élèves. Pourtant, à nos yeux et à ceux des populations que nous
représentons, c'est pourtant la seule question qui devrait occuper celles et
ceux qui s'investissent dans le réseau public de l'éducation au Québec.
Nous, les commissaires élus que le
ministre a méprisés publiquement à plusieurs reprises en nous assimilant à des
gens qui ne font que de la politique, sommes des gens passionnés de la réussite
éducative, et nos populations pourraient témoigner de notre engagement.
J'ai une question à formuler. Je souhaite
obtenir une réponse du ministre de l'Éducation. Quels sont les réels pouvoirs
actuellement détenus par les commissions scolaires qui seront dévolus vers les
conseils d'établissement dans les écoles?
M. Murray (Michael) : Mme
la présidente, je veux dire au ministre que les anglophones dans nos régions
s'opposent au projet de loi n° 40. Ce dernier vient nous distinguer par un
processus d'élection à la fois improvisé et inadéquat sans pour autant nous
épargner d'autres failles contenues dans le projet de loi. Dans les
Cantons-de-l'Est, les anglophones sont un modèle d'intégration harmonieuse avec
la communauté francophone majoritaire. Nous n'aimons pas ce genre de séparation
que vous créez. In a democracy, society... in a democratic society,
it is unacceptable to deprive one part of the population of fundamental rights
or to offer privileges to another group when both could remain on an equal
footing without harming priorities.
Plus encore, nous sommes très préoccupés
que le projet de loi vient déposséder la population du Québec de son réseau
d'éducation public au profit d'une voix majoritaire des parents ayant des
enfants d'âge scolaire. Ici, ministre, vous créez deux classes de parents. J'en
suis une qui ne me considère pas moins parent pour avoir des enfants adultes et
des petits-enfants à l'école.
• (15 h 20) •
Par ailleurs, le ministre semble tout à
fait insensible à la réalité de la faible participation des parents aux
conseils d'établissement. Cette réalité est particulièrement visible en région
ou l'éloignement et les petites écoles rendent la participation encore plus
exigeante pour les parents préoccupés par tant d'autres obligations. L'approche
du mode d'élection des parents et des autres catégories de membres aura pour
effet de réduire le bassin potentiel des expertises de celles et ceux qui
siégeront. En effet, votre projet favorise des gestionnaires au détriment de
représentants élus de la population...
M. Murray (Michael) :
...préoccupés par tant d'autres obligations. L'approche du mode d'élection des
parents et des autres catégories de membres aura pour effet de réduire le
bassin potentiel des expertises de celles et ceux qui siégeront. En effet,
votre projet favorise des gestionnaires au détriment des représentants élus de
la population. Pire encore, il crée la possibilité que les parties de nos territoires
ne soient pas représentées du tout dans la nouvelle structure. Ce phénomène
pourrait avoir des effets graves sur l'équité entre les différents partis,
différentes écoles d'un même territoire d'appartenance.
Cela ne tient pas la route. M. le ministre,
vous devriez refaire vos devoirs.
Mme Bouchard (Andrée) :
Le projet de loi n° 40 fait table rase des élus scolaires. Le système
actuel, bien que perfectible, fait très bien le travail. La gouvernance des
commissions scolaires favorise le rapprochement de l'école des lieux de
décision et assure la présence des parents au sein de l'instance décisionnelle
de la commission scolaire.
L'un des atouts que représentent des
commissaires élus au suffrage universel dans le réseau, c'est notre solide
expérience et le fait que nous soyons réseautés avec notre milieu. Or, voilà
que la proposition de nous remplacer par des parents, des membres du personnel
et des cadres, des représentants socioéconomiques qui se choisiront entre eux
viendra priver la structure de gouvernance de précieux alliés.
Le réseautage local et régional est
souvent porteur de solutions innovatrices et de belles complicités qui aident
nos organisations à penser en dehors de la boîte. J'en veux pour exemple le
premier parc-école scolaire municipal pour personnes handicapées de la
commission scolaire de Saint-Hyacinthe, l'autre école à la commission scolaire
des Hautes-Rivières et la planification conjointe des ensembles résidentiels à
la commission scolaire Marie-Victorin.
Mme St-Denis (Francine) :
En tant que femme, je me dois ici de souligner la parité pour ce palier
démocratique. C'est définitivement dans l'air du temps de favoriser la présence
des femmes en politique, et ce, à tous les paliers du gouvernement. Accentuer
la prise de conscience auprès de tous, je le fais depuis des années, comme la
députée de Châteauguay en Montérégie. Je la rejoins lorsqu'elle dit que les
femmes, encore aujourd'hui, ont une gêne à aller s'affirmer en avant. C'est
sociétal, et elle a bien raison.
Le conseil des commissaires est un
tremplin pour l'engagement en politique des femmes, qui ont la chance de
s'initier à la politique, et ce, à leur rythme. Les chiffres parlent
d'eux-mêmes. 51 % des quelque 700 élus au Québec sont des femmes. En
Montérégie, c'est 59 %. Alors que les femmes peinent à faire leur place en
politique, ici, on viendrait balayer des décennies d'une lente et belle
progression des femmes à l'exercice du pouvoir. Face à cet enjeu fondamental
pour la société québécoise, nous sommes d'avis qu'aucun recul des femmes en
politique n'est acceptable.
Il y a aussi la question de
l'imputabilité. Dans le projet de loi, on propose de remplacer des commissaires
élus au suffrage universel par des gens qui vont se nommer entre eux. La
question de l'imputabilité devient alors un enjeu. Ici aussi des questions se
posent. À qui ces gens nommés seront-ils redevables? À leur syndicat, à leur
association, aux parents? Pour faire approuver leurs décisions, les parents
seront-ils redevables à tous les parents du territoire? Et quels mécanismes
utiliseront-ils pour informer les parents de leurs décisions? Et les membres
socioéconomiques, à qui seront-ils redevables? Aux parents qui les auront
choisis? Beaucoup de questions.
Mme Bouchard (Andrée) :
Notre ministre fait miroiter une vaste décentralisation des pouvoirs vers les
écoles. À la lecture du projet de loi n° 40, aucune trace.
Pire encore, ce projet de loi ne tient pas
compte de la réalité des petits milieux, des petites écoles, qui nécessitent
plutôt un arbitrage dans la répartition des ressources humaines et financières
qui leur assure, au-delà d'une répartition mathématique basée sur le nombre
d'élèves, une réflexion stratégique sur les besoins et la situation
particulière de chaque milieu. Actuellement, cet arbitrage se fait par le
conseil des commissaires, des élus. Qui jouera ce rôle dans les nouvelles
structures?
Notre ministre a répété qu'il voulait
dépolitiser le secteur de l'éducation dans les régions. C'est bien étrange
quand c'est la voie politique qu'il a empruntée, comme nous tous, pour se faire
élire. Au lieu d'abolir le palier démocratique, n'eût-il pas mieux valu le
réformer, comme par exemple, organiser des élections scolaires municipales
comme en Ontario?
Le système actuel a quand même un avantage
pour nos milieux, il favorise la présence d'un contre-pouvoir à celui du
ministre et de son ministère. Abolir les...
Mme Bouchard (Andrée) :
…comme par exemple organiser des élections scolaires municipales comme en
Ontario. Le système actuel a quand même un avantage pour nos milieux : il
favorise la présence d'un contre-pouvoir à celui du ministre et de son
ministère. Abolir les élus scolaires à cause du peu de participation est une
erreur politique qui vient affaiblir la voix des régions et favoriser une plus
grande centralisation des pouvoirs puisque les membres de cette nouvelle
structure ne seront redevables à personne sauf au ministre et à ses
représentants. Mme la Présidente, entre nous, quel exemple pour nos élèves
qu'on doit éduquer à la citoyenneté?
M. Gilbert (Yves) : En
conclusion, Mme la Présidente, je veux dire au ministre que les commissions
scolaires de la Montérégie et de l'Estrie sont fondamentalement contre le
projet de loi n° 40. Nous ne sommes pas seuls. Nous avons des appuis de
nos municipalités et de la société civile. Le ministre découvrira au cours des
prochains jours, des prochaines semaines. Pourquoi le ministre s'entête-t-il à
réparer quelque chose qui n'est pas brisé?
Vous savez, Mme la Présidente, nous ne sommes
pas devant vous pour défendre nos jobs, mais pour défendre le réseau
d'éducation public québécois contre la volonté de la centralisation du
ministre. Nos commissions scolaires sont contre, Mme la Présidente, la création
de deux classes de citoyens et deux classes de parents. Au nom de la réussite
éducative de nos élèves jeunes et adultes, au nom des régions et des petites
localités au Québec, nous demandons au ministre de surseoir projet de loi
n° 40 et de le retirer. À la place, nous lui demandons et l'incitons à
mettre sur pied une vaste consultation de toutes les parties prenantes sur
l'avenir de notre réseau public d'éducation. L'avenir du réseau d'éducation est
trop important pour qu'il soit défini par un homme seul et son gouvernement.
En terminant, Mme la Présidente,
j'aimerais rappeler au ministre, lui qui a déjà été enseignant tout comme moi,
que l'une des choses que nous apprenons à nos élèves est qu'il n'est pas
déshonorant de se tromper et qu'il est même courageux de reconnaître une erreur
ou de faire marche arrière. Il devrait associer son énergie à la nôtre pour
travailler à la réussite éducative de nos élèves et faire de l'éducation une
véritable priorité nationale au Québec. Il n'est jamais trop tard. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci beaucoup. Donc, sans plus tarder, M. le ministre, vous avez
21 min 50 s à votre disposition.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci pour cette présentation. Un bonjour particulier à Mme
Bouchard, que j'ai croisé à quelques reprises puisque deux des cinq villes de
mon comté sont touchées par la commission scolaire que vous présidez.
Donc, je vais commencer par la question de
la réussite scolaire. Vous dites qu'il n'y a pas de mesure pour la réussite
scolaire là-dedans. Mais c'est quand même particulier parce qu'écoutez
plusieurs groupes sont venus, au contraire, nous dire qu'il y avait des
mesures, des opportunités, dans ce projet de loi là, pour… qui allaient
favoriser la réussite scolaire. Moi, j'ai M. Prévost, de la FQDE, qui nous a
dit : En ce sens, les décisions et les orientations doivent être prises
par ceux qui connaissent le besoin précis des élèves. Dans cette même
perspective, la FQDE accueille positivement les objectifs du projet de loi
n° 40, qui visent à favoriser la réussite du plus grand nombre d'élèves en
décentralisant — tiens — la décision et en maintenant une gestion
collaborative. Fédération des comités de parents sont venus nous dire… M. Kévin
Roy est venu nous dire : C'est un fait prouvé par la recherche que
l'implication des parents dans les instances scolaires décisionnelles est
synonyme non seulement de réussite scolaire, mais aussi d'une diminution du
taux d'absentéisme, et même d'une diminution des troubles de comportement à
l'école et à la maison. Alors, on a un autre regroupement national de direction
d'écoles, M. Carl Ouellet, de l'AQPDEQ. On lui a demandé clairement, le
verbatim : Est-ce qu'en améliorant la gouvernance et la prise de décision,
avec la subsidiarité, avec la gestion collaborative, est-ce qu'on pourrait
améliorer le climat dans nos écoles et la réussite des élèves? La réponse de M.
Ouellet : Absolument. Et je pourrais continuer comme ça encore.
Donc, je comprends que vous ne voyez pas
de choses qui allaient améliorer la réussite. Manifestement, dans vos écoles,
il y a des directions d'école, des parents qui pensent que oui, et ce sont eux
qui sont le plus près des élèves. Un peu comme pour la décentralisation… Le
Conseil supérieur de l'éducation est venu nous dire que ce projet de loi là
amenait une décentralisation. L'Institut du Nouveau Monde est venu nous dire
que ce projet de loi là amenait une décentralisation, de la prise de pouvoir.
Les deux regroupements nationaux de directions d'école est venu nous dire la
même chose. La Fédération des comités de parents, après analyse du projet de
loi, est venue nous dire que ça amenait une décentralisation.
Donc, la question que je me pose… Au fil
des présentations faites par des commissaires, qui se ressemblent pas mal, il
semble que le point commun, c'est que les commissaires viennent nous dire qu'il
n'y a pas de décentralisation. Et là je pose la question bien
honnêtement : Est-ce que c'est parce qu'il n'y en a pas dans le projet de
loi n° 40, ou qu'il y en a, de la décentralisation, et que c'est pour ça
que vous être contre le projet de loi n° 40?
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Bouchard, ou…
15 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : …pas mal. Il
semble que le point commun, c'est que les commissaires viennent nous dire qu'il
n'y a pas de décentralisation. Et là, je pose la question bien honnêtement, est-ce
que c'est parce qu'il n'y en a pas, dans le projet de loi n° 40, ou qu'il
y en a, de la décentralisation, et que c'est pour ça que vous êtes contre le projet
de loi n° 40?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Bouchard ou M. Gilbert.
Mme Bouchard (Andrée) : Bien
sûr, je pourrais commencer, puis mon collègue pourra continuer. Écoutez, la
question de la décentralisation… C'est déjà beaucoup décentralisé. D'abord,
j'ai bien assisté, par vidéoconférence, par Web, là, à plusieurs présentations.
Puis je salue d'ailleurs les consultations que vous faites puis je salue aussi
le droit des gens à leurs opinions. Ça, c'est une chose. Alors moi, j'ai
entendu la même chose que vous de la fédération québécoise des directions
d'école, j'ai entendu la même chose des autres…
Mais j'ai aussi entendu que c'est déjà
beaucoup décentralisé dans plusieurs de nos commissions scolaires. Et ce qu'on
ne voit pas dans le projet de loi, c'est qu'est-ce qu'on pourrait décentraliser
de plus, parce qu'on sait qu'au niveau des directions d'école, des conseils
d'établissement, si on parle de l'autonomie d'une école, il y aura toujours des
conventions collectives, le régime pédagogique, des règles, des lois, des
procédures qui font en sorte qu'ils ne pourront jamais prendre une décision qui
aura un impact sur les autres écoles en réseau. Alors, c'est un peu ça qu'on
voulait vous transmettre. C'est que, nous, on n'a pas vu qu'est-ce qui pourrait
se décentraliser plus. Et je vais laisser mon collègue, M. Gilbert, vous en
parler.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert.
M. Gilbert (Yves) : Oui, Mme
la Présidente, ça me fait plaisir de traiter ce sujet-là. M. le ministre,
depuis le début des audiences, vous n'avez pas été capable de déterminer les
pouvoirs décentralisés qui seront plus dévolus aux conseils d'établissement.
Alors, je vous ai préparé un tableau. Mme la Présidente, je souhaite le déposer
pour que l'ensemble des parlementaires puissent en prendre connaissance. Dans
ce tableau-là, c'est marqué les pouvoirs centralisés, hein, le budget de la commission
scolaire, les motifs, un seul budget, l'imputabilité. On fait le tour de
partout. Les ressources matérielles, les ressources humaines, on fait le
transport, les services éducatifs complémentaires, on parle d'informatique.
Alors, dans ce tableau-là, M. le ministre, vous avez tous les motifs pourquoi
que c'est centralisé et pourquoi que c'est décentralisé. Alors, je pense que ça
va permettre à l'ensemble des parlementaires de bien connaître. Et on devra
reconnaître, à la lecture de ce tableau-là, qu'il n'y a rien dans le projet de
loi, ou que vous avez vous-même mentionné depuis le début des audiences, qui va
être dévolu aux conseils d'établissement. Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre. On va ramasser votre document, ça ne sera pas très long. On va
le… on va distribuer des copies.
M. Gilbert (Yves) : Je n'ai
pas fait de photocopies pour tout le monde.
La Présidente (Mme Thériault) :
Non, ça va, on va s'en occuper. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Il y a les choses qui ne changent pas, vous avez raison de dire
qu'il y a des choses qui ne changent pas. Mais il y a des choses qui changent.
Il ne faut pas… je ne pense pas qu'il faut voir un projet de modernisation de
la gouvernance comme un derby de démolition des commissions scolaires. Ce n'est
pas ça. Si je dis que ce n'est pas une révolution… c'est une évolution normale
du système, parce qu'on est rendus là, parce que les Québécois le demandent
depuis fort longtemps et parce que… plusieurs acteurs, qui travaillent dans nos
écoles, dans nos centres de formation professionnelle, dans nos centres de
formation générale aux adultes, qui attendent cette évolution, cette
modernisation. Mais vous avez raison, vous nous montrez… il y a des choses qui
ne changeront pas. Il n'y a pas… les trajets d'autobus, le service de la paie,
il y a des choses qui ne changeront pas, puis c'est une bonne chose. Il ne
s'agit pas d'avoir… il y a plus de 3 000 écoles… il ne s'agit pas d'avoir
3 000 commissions scolaires totalement indépendantes, chaque école étant
autonome comme un petit État indépendant. Ce n'est pas là qu'on va.
Par contre, vous me demandez des exemples.
Je vais vous en donner quelques-uns. Avec le projet de loi n° 40, le
conseil d'établissement pourra adopter son projet éducatif. Ce n'est pas le cas
en ce moment. Projet de… les conseils d'établissement pourront adopter les
plans de lutte à l'intimidation. Et en passant, les centres de formation
générale aux adultes et les centres de formation professionnelle seront obligés
de s'en donner un, ce qui n'est pas le cas en ce moment dans le statu quo, là.
Ceux qui veulent que rien ne change, bien, il n'y a pas de plan de lutte à
l'intimidation en ce moment, puis nos adultes dans nos centres de formation ne
sont pas protégés à l'heure actuelle. Je pense que c'est des modernisations…
des choses qui sont intéressantes. Puis le conseil d'établissement aura un
pouvoir d'initiative aussi. Ça, c'est… excusez-moi le terme, mais c'est un
«empowerment» définitif de ceux qui donnent de leur temps et qui décident de
s'investir dans cette gouvernance. C'est trois… quatre exemples assez clairs de
choses qui changent, sachant que, je vous l'accorde, ce n'est pas tout qui va
changer, fort heureusement.
Il s'agit d'une évolution naturelle, comme
régulièrement. Ce matin, on avait Mme Harel Bourdon qui nous parlait de
l'époque où on avait des commissions scolaires confessionnelles plutôt que
linguistiques. À ce moment-là, il y a eu un…
M. Roberge : ...qui changent,
sachant que, je vous l'accorde, ce n'est pas tout qui va changer, fort
heureusement. Il s'agit d'une évolution naturelle, comme régulièrement...
Ce matin, on avait Mme Harel Bourdon
qui nous parlait de l'époque où on avait des commissions scolaires
confessionnelles plutôt que linguistiques. À ce moment-là, il y a eu un
bouleversement, il y a eu des fusions de territoires. Puis là il n'y en a pas
de fusion de territoires à ce moment-ci, mais c'est plutôt dans la gouvernance
plutôt que dans le redécoupage. C'est plutôt dans la décentralisation plutôt
que dans la fusion-défusion.
Mais il reste que c'est normal que, de
temps en temps, on modernise la répartition des pouvoirs, puis, dans ce cas-ci,
l'objectif, c'est de donner plus de pouvoirs à ceux et celles qui sont dans nos
équipes-écoles, ceux et celles qui font l'école au quotidien, sans, bien sûr,
perdre de vue la mission de répartition des ressources au centre de services
scolaire, la mission d'avoir une équité entre les plus grandes écoles, les plus
petites écoles, les milieux plus favorisés, les milieux plus défavorisés. On a
besoin de cette instance régionale pour prendre soin du monde puis s'assurer
qu'il n'y ait pas des décisions arbitraires au détriment des plus vulnérables,
je vous l'accorde.
Mais on peut... Je ne suis pas partisan
des extrêmes, tu sais, le statu quo ou révolution totale, on met tout par
terre. Je suis partisan d'une évolution en écoutant ceux et celles qui sont le
plus près possible des élèves.
Dans le fond, je pourrais vous dire que
non seulement le projet de loi amène de la subsidiarité, mais il a été écrit
selon le principe de subsidiarité en prenant le plus souvent possible en compte
l'opinion de ceux qui sont le plus près des élèves. C'est la philosophie
derrière le projet de loi. Je comprends que ce n'est pas tellement une
question, mais c'est une réaction à vos commentaires et assertions.
Et je permettrais, si vous permettez, Mme
la Présidente, à mon collègue de Saint-Jean de poursuivre les échanges.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je crois que, par contre, Mme Bouchard voudrait certainement... Il y a Mme Bouchard
et M. Murray qui voudraient ajouter sur votre intervention, M. le ministre.
Donc, Mme Bouchard, M. Murray, et après ça on passera au collègue.
Mme Bouchard (Andrée) : Je
sais que... Vous venez de dire que vous n'êtes pas partisan des extrêmes, mais
abolir les élus scolaires, pour nous, c'est un extrême. C'est un extrême à ce
moment-ci, alors qu'on constate que, depuis des années, il n'y a aucun gouvernement
qui a fait en sorte de valoriser la démocratie scolaire. Il y aurait eu des
gestes politiques simples à poser qui n'ont jamais été posés, et c'est comme si
on nous avait amenés au bord du gouffre. Au moment où, en 2014, il y a eu des
élections scolaires, après coup, ça faisait office de référendum. Alors, c'est
un peu... C'est la réponse que je voulais vous faire, et je pense que mon
collègue veut renchérir.
M. Murray (Michael) : Bien, Mme
la Présidente, je ne suis pas certain que j'ai bien compris la question dans le
long discours du ministre, mais, en effet, les exemples que j'ai été constater,
qu'on prend, sont déjà installés dans nos commissions scolaires. Et, s'ils ne
sont pas présents, ce n'est pas parce que le conseil des commissaires les
empêche, mais beaucoup plus la réalité que l'initiative locale est limitée par
une limitation de ressources administratives et de soutien pour
l'administration.
Alors, le projet de restructuration
emmènera un isolement de chacun de ces centres de formation, que ça soit école
ou aux adultes, et va diminuer encore plus leur capacité de développer et d'évoluer.
Les conseils de commissaires sont en faveur d'une évolution, mais sans nécessairement
bouleverser toutes les structures d'une structure bien établie afin d'avancer
quelques petits items. Plutôt, laissons-nous parler d'une vision d'ensemble,
et, de là, développer un programme d'évolution productive.
La Présidente (Mme Thériault) :
Brièvement, M. Gilbert, avant de passer au député de Saint-Jean.
M. Gilbert (Yves) : Oui,
bien, j'avais levé la main. Excusez-moi. Écoutez, Mme la Présidente, quand M.
le ministre dit que le projet éducatif, il va être adopté, bien, au moment où
on se parle, il est approuvé. Alors...
Puis, vous savez, M. le ministre, jamais
vous n'avez mentionné la Politique de la réussite éducative de juin 2017, qui
est un grand chantier qui était au Québec, qu'on a eu l'occasion, tout le monde,
de participer. Et cette politique éducative là... de réussite éducative a
teinté la planification stratégique de votre ministère.
Qu'est-ce qu'on a fait comme commission
scolaire? On s'est calqué sur votre planification stratégique, la Politique de
la réussite éducative, puis on a fait un plan d'engagement vers la réussite.
Les projets éducatifs, c'est là que je veux en venir, ils ont été bâtis par les
membres, les parents, les communautés. Ils se sont donné une couleur locale.
Ils ont été... Le projet éducatif a été approuvé puis il a été adopté.
• (15 h 40) •
Alors, moi, je ne vois pas en quoi c'est
nouveau, votre modèle, de dire que le projet...
M. Gilbert
(Yves) : ... Les projets éducatifs — c'est là que je veux en
venir — ils ont été bâtis par les membres, les parents, les
communautés, ils se sont donné une couleur locale. Ils ont été... Le projet
éducatif a été approuvé puis il a été adopté. Alors, moi, je ne vois pas en
quoi c'est nouveau, votre modèle de dire que le projet éducatif va être adopté
maintenant. C'est déjà le cas, parce que c'est les milieux, c'est ceux et
celles qui sont les plus près des élèves qui ont fait leur projet éducatif.
Alors, c'est ça que je tenais à vous dire, qu'on tient compte... Les conseils
des commissaires, là, on est très, très terre à terre, on est présents dans les
milieux, puis des projets éducatifs... on jase avec des partenaires. Les
municipalités, les citoyens, c'est tout du monde avec qui on a à traiter, puis
en milieu... en région, je peux vous dire que c'est important, le travail qui
est fait par les élus scolaires. Je sais que vous avez dit que votre modèle, ce
n'est pas... vous ne voulez pas des personnes qui vont faire le rôle que les
commissaires jouent. Mais le Québec va avoir une grosse perte de collaboration
entre les milieux et le centre administratif. Merci.
La
Présidente (Mme Thériault) : Merci. M. le député de Saint-Jean, s'il
vous plaît.
M. Lemieux :
Avec combien de temps, Mme la Présidente?
La
Présidente (Mme Thériault) : 8 min 15 s.
M.
Lemieux : Merci, parce que je pense que je vais essayer de trouver du
temps pour le député de Sainte-Rose.
Merci, Mme la
Présidente. La vie est bien faite, parce que... Je sais que je dis ça trop
souvent, chaque fois que je prends la parole. En tout cas, ce n'est pas grave.
Depuis le début des audiences — j'ai raté seulement deux
témoins — et que ça me trotte dans la tête, et là ça vient de sortir :
la question du ministre, la réponse de Mme Bouchard. Mais, avant de poursuivre,
vous avez dit, Mme Bouchard : Le référendum est devenu un fait accompli.
Le ministre libéral de l'époque, au moment de ces élections-là, avait
effectivement dit : Si on n'est pas capables de faire mieux que ce qu'on
fait depuis tout le temps, on va faire de quoi. Ils ne l'ont pas fait, mais on
n'a pas fait mieux. En tout cas... Je replace les choses dans leur contexte. Ce
n'est pas un préambule, c'est une explication. Mme Bouchard, le ministre disait
que deux ou trois de ses écoles étaient dans son comté... de Hautes-Rivières.
Bien, moi, toutes mes écoles, à Saint-Jean, sont dans le comté... dans mon
comté sont dans la commission scolaire des Hautes-Rivières, alors je connais
très bien Mme Bouchard, depuis un an maintenant qu'on apprend à se côtoyer,
tellement qu'on est amis Facebook, et depuis un bon bout de temps que je lis
ses affaires Facebook et que je comprends sa vision des choses et comment elle
était «gearée», pour le dire en français, en venant ici aujourd'hui pour nous
dire ce qu'elle avait à nous dire, parce que je le lis par petits morceaux sur
Facebook depuis un bout de temps. Et les autres vont pouvoir répondre aussi,
mais je pose la question à Mme Bouchard parce qu'il y a un éléphant dans la
pièce, puis vous l'avez presque dit tantôt, vous avez dit : C'est extrême
de retirer les élections scolaires.
Moi, là, depuis
deux semaines que je vous écoute, là, puis je me dis : Si on enlevait tous
les 300 je ne sais pas combien d'articles puis qu'on faisait juste dire :
On enlève les élus scolaires, puis on met un conseil d'administration, puis on
ne touche à rien d'autre, vous ne seriez pas plus contente.
Mme
Bouchard (Andrée) : C'est sûr que non.
M.
Lemieux : Voilà.
Mme
Bouchard (Andrée) : C'est sûr que non.
M.
Lemieux : C'est le principe.
Mme
Bouchard (Andrée) : Bien, c'est le... Est-ce que je peux répondre, Mme
la Présidente? Pardonnez-moi.
La
Présidente (Mme Thériault) : Allez-y. Oui. La proximité fait que vous
avez le réflexe, mais vous me regardez, je vous reconnais.
Mme
Bouchard (Andrée) : C'est bon.
La
Présidente (Mme Thériault) : Allez-y.
Mme
Bouchard (Andrée) : Alors, oui, c'est le principe, parce que, cela
étant dit, il y aurait des conseils d'administration, probablement que... je
veux penser que ce seraient des personnes très compétentes, quand on parle des
parents, des membres du personnel, des membres de la communauté, mais ces
gens-là ne seraient pas imputables face à la population. Puis il y a aussi le
fait que... On nous donne souvent l'exemple d'un cégep, qui a un conseil
d'administration, ou une université, qui a un conseil d'administration, puis,
moi, je dis souvent que ce n'est pas tout à fait la même chose, parce qu'une
commission scolaire ou un centre de services scolaires, comme ce sera, là, on a
plusieurs unités administratives qui sont autonomes, qui veulent être autonomes
sous la commission scolaire puis on a aussi une clientèle... une obligation de
desservir une clientèle de cinq à 16 ans, 21 ans pour les élèves handicapés.
Une voix
:
...
Mme
Bouchard (Andrée) : Quatre ans. Vous dites quatre ans, Mme Labrie,
mais c'est... je m'excuse, mais la maternelle quatre ans puis la maternelle
cinq ans, ce n'est toujours pas obligatoire. Alors, l'obligation, c'est six ans
à 16 ans. Alors, c'est sûr que je ne peux être d'accord avec un conseil
d'administration.
La
Présidente (Mme Thériault) : M. le député de Saint-Jean.
M.
Lemieux : Oui. Vous avez dit que l'abolition des élections scolaires,
c'est... et vous venez bien de me l'expliquer, pour lesquelles... ces
raisons-là... vous êtes contre ce principe-là. Mais vous nous dites
tantôt : On s'est fait mener au bout du gouffre, au bord du gouffre, puis
le ministre de l'époque nous a jetés dedans avec une sorte de référendum qui
n'en était pas un. Bon. On arrive avec une solution réfléchie annoncée depuis
très longtemps, on la propose. Y a-tu moyen de la... Je veux dire, vous êtes
contre le principe, mais, à partir du moment où vous êtes ici, puis c'est ce
qu'on va faire, aidez-nous à la bonifier. Dans votre mémoire, vous mettez
l'accent sur la diversité...
M. Lemieux : …qui n'en était
pas un, bon. On arrive avec une solution réfléchie, annoncée depuis très longtemps,
on la propose. Il y a-u moyen de la… Je veux dire, vous être contre le
principe, mais, à partir du moment où vous êtes ici, puis c'est ce qu'on va
faire, aidez-nous à la bonifier. Dans votre mémoire, vous mettez l'accent sur
la diversité de la clientèle de votre territoire, et c'est vrai pour tout le
monde, à divers degrés, on s'entend, là, et vous dites que les établissements
mettent des efforts importants pour accompagner ces élèves, les parents, bon,
pour faciliter l'intégration des nouveaux arrivants. Vous ne pensez pas que la
nouvelle gouvernance proposée par le p.l. 40, justement, en donnant une chance
à quelqu'un qui est sur un conseil d'établissement, qui peut aboutir et se
rendre, ou être envoyé à ce conseil d'administration là par un conseil d'établissement,
est-ce que ce n'est pas encore mieux? Ce n'est pas… Je veux dire, je ne suis
pas en train de rêver à la démocratie parfaite, mais là on quand même dans quelque
chose qui peut fonctionner, non?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme St-Denis qui se manifeste.
Mme St-Denis (Francine) : Merci,
Mme la Présidente. En fait, la démocratie, elle ne va pas bien. Elle ne va pas
bien du tout, et ce n'est pas seulement à notre niveau, au niveau scolaire. Bien
sûr, on nous reproche ce faible taux de participation, à 5 %, mais je
tiens à souligner également qu'aux dernières élections provinciales vous avez
perdu 5 % du taux de participations. Alors, éventuellement, vous viendrez
nous rejoindre, hein? Ce qui est désolant, c'est que… Mme Bouchard l'a
souligné… il n'y a absolument rien qui a été fait au cours des dernières années
pour aider à la démocratie scolaire. Et pourquoi on ne pourrait pas faire ici,
au Québec, comme dans le reste du Canada et de faire un arrimage municipal-scolaire?
Je me pose la question. On n'a pas les capacités? On ne veut pas le faire. Ça,
c'est surtout ça. On ne souhaite pas aller dans ce champ-là. Il n'y a aucune
étude qui dit que notre modèle qu'on a présentement… Aucune étude ne dit que
notre modèle n'est pas bon. Au contraire, il fonctionne bien, le modèle qu'on
a. Je le répète, ce qu'on nous reproche, c'est notre faible taux de
participation, parce qu'au niveau de la diplomation, de la qualification de nos
élèves, on a augmenté au cours des dernières années d'une belle façon. Alors,
voilà, c'est ce que je voulais ajouter.
La Présidente (Mme Thériault) :
Votre question, M. le député de Saint-Jean, suscite des réactions chez nos
invités. J'ai M. Gilbert aussi…
M. Lemieux : … excuser auprès
député de Sainte-Rose…
La Présidente (Mme Thériault) :
J'ai M. Gilbert aussi qui voudrait peut-être s'exprimer. Brièvement, M.
Gilbert.
M. Gilbert (Yves) : Oui.
Bien, je serai très bref, M. le député de Saint-Jean. Dans votre question, il
faut se rappeler aussi que notre premier ministre, M. Legault, a demandé au
monde de ne pas aller voter. Ça, il faut se le rappeler. Ça fait que, tu sais,
c'est… Mme la Présidente, excusez-moi. Alors, c'est ça je voulais dire, qu'il y
a eu cet état de fait là en 2014. Donc, ce n'est pas évident aussi d'avoir quelqu'un
qui nous dit : Bien, n'allez pas voter. Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) :
…il reste 1 min 30s. Est-ce que je le donne au député de Sainte-Rose?
M. Skeete : Je vais le
prendre.
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, question, réponse.
M. Skeete : Merci, cher collègue.
J'avais demandé une minute, et vous êtes sur la coche.
My question is for you Mr. Murray. Thank you for being here, always a pleasure
seeing you sir. We've had a couple people come here and tell us, especially in
the past couple days, after the bulk of the English community has passed, that
they find it unfair that the French schoolboards would lose their elections and
that the English community would maintain it. And now, we're hearing a lot of
English group, including yourself just now, saying that, well, it isn't fair
when, in fact, as a member of QESBA, you we're saying, not last week, a couple
weeks ago, that this is a compromise, a reasonable compromise for the English
language minority. I'm wondering, is it because the Minister took the time to
create a particularity for the English community or is it not fair? Which… I'm
trying to understand which one it is. If you could help me understand, please.
M. Murray
(Michael) :Mme la
Présidente, it's evident that the question of differentiating between the
English community and the French community first and foremost corresponds to
some fundamental rights for a minority language group. The Minister has made no
concessions, he simply conformed to the obligation to protect the minority
group which is enshrined in the canadian constitution. Therefore, it is not an
issue of good or bad.
And having been present
at the presentation from the English language association, I can remind the depute that we said first and foremost that our
objective was to have the bill withdrawn in favor of a broad consultation so
that we could get a picture of the real vision of what education would become
in the future. And, as a second position, if that was impossible, we would fall
back on our rights as a minority language group to insist that the English
system of education with its elected commissioners remain intact and untouched.
Those are the positions that were presented by QESBA and which are supported by
the English language group.
The question…
• (15 h 50) •
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Je dois mettre fin malheureusement…
M. Murray (Michael) :...to insist that the English system of education with its elected
commissioners remain intact and untouched. Those are the positions that were
presented by QESBA and which are supported by the English language group. The
question...
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Je dois mettre fin, malheureusement, on a déjà dépassé d'une minute le
temps. Donc, peut-être qu'il y aura... collègue qui va vouloir céder du temps.
Je regarde du côté de l'opposition officielle, vous avez
14 min 33 s. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci, bonjour, je
vous laisse, évidemment, M. Murray, terminer votre réponse.
M. Murray (Michael) : Tout
simplement pour... merci, Mme la Présidente, tout simplement pour dire, nous
sommes de l'avis que la démocratie est sans prix et très importante comme droit
fondamental pour toute la population, francophone, anglophone, allophone,
autochtone, et que nous devons le supporter à tout prix. Et il n'y a pas, comme
mon collègue a mentionné... Il y a une tendance de réduction d'intérêt dans les
élections. Plutôt que les abandonner ou bien les remplacer par un processus
boiteux qui verrait l'élection accomplie dans le côté francophone par une
minuscule minorité de la population, on aimerait voir les efforts dirigés vers
l'amélioration de la participation en faisant compte de la réalité que c'est
essentiel, de défendre le principe de la démocratie, beaucoup plus que le
pourcentage de participation à un moment donné.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Murray. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Je
tiens à vous dire merci pour votre degré de préparation parce que c'est rendu
que nos invités font le travail à la place du ministère de l'Éducation puis du
ministre, préparent des tableaux. Hier, c'était le comité de parents de la CSDM
qui nous a fait une belle illustration des pouvoirs que les parents perdent
leur voix au chapitre, notamment avec les comités qui ne se retrouvent plus,
maintenant, à avoir une voix au chapitre. Et ma collègue de Westmount—Saint-Louis
pourra vous en parler, notamment pour les élèves avec un handicap.
Moi, je reviens ici dans «centralisation
de certains pouvoirs». Dans la Loi sur l'instruction publique, vous avez aussi
une mission que de veiller au développement économique régional, je me tourne
vers vous. Avec des achats regroupés puis en parallèle le projet de loi
n° 37, comment on va faire, maintenant, pour s'assurer qu'au Québec, même
nos petits villages vont être capables encore d'acheter local, d'être en mesure
d'avoir des stages — parce qu'il y a aussi de la formation
professionnelle, que vous faites — d'avoir des stages. Puis d'avoir
le plus petit village qui, par exemple, a une sapinière puis des ouvriers, puis
que leurs enfants, bien, ils veulent qu'ils soient à l'école, bien, du village,
ils n'ont pas à prendre l'autobus puis à faire 40 minutes 45 minutes
de route.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Bouchard.
Mme Bouchard (Andrée) : Je
vais commencer, quand on parle de centralisation, c'est aussi de ça qu'on
parle. Il y a des évènements, justement, qui sont arrivés préalablement au
dépôt du projet de loi n° 40. Quand on parle du projet de loi n° 37,
c'est sûr qu'on est inquiets pour les commerces de nos communautés. Alors, c'en
est un, ça, un exercice de centralisation. Il y a aussi les décisions, des
fois, qui peuvent arriver dans les commissions scolaires, mur à mur, là, une
décision qui peut être... qui apparaît comme une bonne idée. La question des
récréations, l'avant-midi, l'après-midi, c'est une bonne idée, on veut tous ça
pour nos enfants, mais il y avait des raisons pour lesquelles, dans certaines
commissions scolaires, on n'allait pas de ce côté-là. Alors, ça, ça n'a jamais
été pris en compte.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Murray.
M. Murray (Michael) : Nous
avons mentionné, lors de notre discours initial, la crainte que le projet de
loi favorisera le transfert de pouvoirs vers les gestionnaires aux dépens de
représentants de la population, que ce soit parents ou autres. Et c'est
essentiel qu'on voie ça dans ce contexte, que pour un gestionnaire, la question
de petite école doit être pesée contre toutes sortes d'autres considérations
budgétaires, personnelles, syndicales, etc., tandis que le représentant du
coin, le représentant qui est élu par la population de ce quartier, a comme
souci de préserver le cœur d'un village. Nous avons, entre nous, des écoles
d'aussi moins qu'une vingtaine d'élèves. La logique d'un gestionnaire serait de
fermer une telle école et opérer un autre autobus, beaucoup plus efficace dans
ce sens-là. Mais on sait que dès le moment que les enfants d'un village sont
sortis par autobus jaune, le village perd son avenir. Et ça, ce n'est pas acceptable
dans le contexte des régions.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert.
M. Gilbert (Yves) : Oui, merci,
Mme la Présidente. Dans le cadre du développement économique d'une région, je
vais vous citer un exemple probant : nous, à la commission scolaire des
Hauts-Cantons, on a un petit village qui s'appelle Scotstown. À Scotstown, il
restait 25 étudiants, élèves, et j'ai eu plusieurs rencontres...
M. Murray (Michael) :
...régions.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert.
M. Gilbert (Yves) : Oui, merci,
Mme la Présidente. Dans le cadre du développement économique d'une région, je
vais vous citer un exemple probant. Nous, à la commission scolaire des
Hauts-Cantons, on a un petit village qui s'appelle Scotstown. À Scotstown, il
restait 25 étudiants, élèves. Et j'ai eu plusieurs rencontres avec la
mairesse, à l'époque, maintenant c'est un maire, et elle nous demandait comment
on ferait pour revitaliser cette école-là. Et on avait d'autres écoles qui
débordaient, puis il y avait le village voisin, et la décision que le conseil
des commissaires a prise, c'est de relocaliser des élèves d'une école, les
relocaliser dans l'école parce qu'il y avait de la place. Et ça, ça cadrait
dans, parce que je siège sous la table du Haut-Saint-François, ça cadrait
énormément dans le cadre du développement économique de la MRC vers l'est.
Qu'est-ce que ça a fait? Bien, il y a deux industries importantes dans notre
petit village, bien, ça permet d'espérer de garder leur école. Ça, c'est un
exemple probant que j'ai eu avec la commissaire du coin, des discussions avec
le conseil municipal. Bien, aujourd'hui, l'école est à 75 élèves.
Donc, je parle de développement économique
important. Puis ça, c'est une décision d'un conseil des commissaires qui a
amené ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci. Lorsqu'on
s'est rencontrés, vous aviez aussi votre vice-présidente, Mme Patricia Sévigny,
une femme. Il y avait aussi Mme L'Espérance qui y était lors de cette
rencontre. Et je vous regarde, et Mme Sévigny qui, malheureusement, n'est pas
avec nous aujourd'hui, je regarde dans la foule, non, elle n'est pas ici, elle
disait que, elle, bien, c'était sa première fois qu'elle s'était lancée en
politique, c'était à la commission scolaire qu'elle a pu mettre sa face sur le
poteau. Puis sa collègue, Mme L'Espérance, mais par la suite, après, oui, être
commissaire, bien, après ça l'impliquer, aussi, pour être conseillère
d'arrondissement, conseillère de ville.
Je vous regarde, mesdames, puis je vous
regarde aussi, monsieur. Les commissions scolaires, vous avez déjà atteint la
parité. Mais je veux aussi vous entendre là-dessus, sur cette question qui est
aussi très importante, la place des femmes.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme St-Denis.
Mme St-Denis (Francine) : En
effet, la place des femmes dans le... au sein de ce palier démocratique, il est
important, on a atteint la parité. En Montérégie, on est très fiers de notre
pourcentage. J'en suis d'il y a plus de 25 ans, quand j'ai décidé de mon
implication dans le milieu scolaire, j'ai débuté dans les écoles, à l'organisme
de participation de parents, etc. Et c'est comme ça qu'on le fait, à notre
rythme. Quand les enfants étaient jeunes, tout-petits, j'avais moins de temps.
Ils ont vieilli, ils ont grandi, j'ai beaucoup plus de temps.
Parce qu'il faut savoir que ce n'est pas
seulement une rencontre par mois le conseil des commissaires mais c'est des
comités de travail, c'est une implication sur des tables dans notre région,
dans notre milieu. Alors, c'est de nombreuses heures, de nombreuses rencontres
pas année. Alors, c'est important mais on le fait à notre rythme. Alors... Et
c'est un beau tremplin, c'est un beau.... c'est ça, c'est le mot que j'ai,
c'est un beau tremplin pour s'initier à la politique, à la politique
municipale, bien souvent, qui suit par la suite ou même provinciale. Alors,
voilà, c'est... il faut accorder cette place, il faut la garder.
Et la distinction entre un conseil des
commissaires et un conseil d'administration, bien, c'est le côté politique qui
est là. Alors, moi, je peux quand même m'adresser à des élus et le faire
publiquement et sortir sur la place et dénoncer des choses ou... Mais, au
niveau d'un conseil d'administration, alors là il y a le grand, grand droit de
réserve qui s'applique.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : Ah! Je voyais que peut-être
que Mme Bouchard voulait réagir.
Mme Bouchard (Andrée) :
C'était ça que je voulais ajouter. Parce qu'évidemment il n'y a rien qui dit
dans les éventuels conseils d'administration, il n'y aura pas la parité, là. Il
n'y a rien qui dit ça sauf que ce n'est pas un exercice politique. C'était ça que
je voulais dire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. J'ai la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Je continuais
au même sujet. Dans mon estime, une des raisons que vous pouvez faire ceci,
c'est parce que vous êtes redevables à la population à cause du suffrage
universel. Que croyez-vous sera l'avenir avec une adoption d'un projet de loi
n° 40 quand on parle de....
Une voix
:
Revalorisation?
Mme Maccarone : C'est ça,
exactement, merci. ...pour la population. Que ce soit les élèves, la
communauté, mon estime, l'éducation appartient à la communauté. Alors, c'est
quoi notre avenir?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Bouchard. Excusez, M. Gilbert. Excusez.
• (16 heures) •
M. Gilbert (Yves) : Écoutez,
poser la question, c'est y répondre, hein? Moi, je trouve que, présentement, on
ne sait pas qui qui va être imputable. Là, on le sait. Si on prend une décision
qui est néfaste, M. le ministre peut écrire à la commission scolaire :
Votre budget est déséquilibré, etc. Il peut s'adresser au conseil des
commissaires puis, habituellement, il envoie la copie à la présidente. Alors,
on ne sait pas qui qui va être imputable. Donc, je trouve malheureux, parce qu'on
a les représentants... Nos concitoyens en région, là, vous savez on est comme
en famille en région. Tout le monde se connaît. Puis ça, c'est important. Puis,
une communauté, c'est tissé serré. Puis quand, moi, mes commissaires vont dans
les conseils d'établissement puis que les gens, les parents puis
l'équipe-école, dans le conseil d'établissement, ils disent : Ça serait
intéressant, madame, que… bien, l'information, elle part d'en bas, elle s'en
vient au conseil des commissaires. Tu sais, il y a une certaine imputabilité
envers les commettants...
16 h (version non révisée)
M. Gilbert (Yves) : …tissé
serré. Puis quand, moi, mes commissaires vont dans les conseils d'établissement
puis que les gens, les parents puis l'équipe-école, dans le conseil d'établissement,
ils disent : Ça serait intéressant, madame, que…, bien, l'information,
elle part d'en bas, elle s'en vient au conseil des commissaires. Bien, il y a
une certaine imputabilité envers les commettants. Qu'est-ce qui est proposé
dans le modèle de la loi n° 40, ce n'est pas ça. Ça va être… il peut y
avoir un déséquilibre. C'est huit parents qui vont être répartis, il peut y
avoir une concentration au niveau d'une densité urbaine. Il n'y aura pas une
représentativité équitable. Ça, c'est une affaire. Donc, l'imputabilité, il n'y
en a pas.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Bouchard.
Mme Bouchard (Andrée) : Nous,
évidemment, puis ça, je pense que c'est noté dans le mémoire, si un C.A… puis
un C.A., c'est comme un conseil des commissaires, là, ça parle par voie de
résolutions, si un C.A. critiquait une politique gouvernementale ou faisait
juste suggérer au ministère de l'Éducation, entre autres, de réduire la
participation financière au privé, le porte-parole de la commission scolaire,
ce sera la direction générale, ne se trouvera-t-elle pas en porte-à-faux avec
le message? Alors, c'était ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée Westmount—Saint-Louis, 3 min 45 s.
Mme Maccarone : Merci. M.Murray,
j'aimerais… je sais que vous avez déjà mentionné l'idée de la démocratie, puis
que ça appartient à tous et toutes. J'ai vraiment peur, c'est quelque chose… je
ne vous cache pas, je suis très préoccupée par une éventuelle adoption de ce
projet de loi, parce que ça divise. Ça divise la communauté. Ça va diviser les
francophones et les anglophones. Puis on voit un exemple de comment que vous
travaillez très bien ensemble. Pouvez-vous expliquer pourquoi… que vous êtes
ici, puis… parmi vos collègues francophones en train de témoigner…
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Murray.
M. Murray (Michael) : Merci, Mme
la Présidente. Il est évident qu'étant président d'une commission scolaire,
j'ai beaucoup plus de temps de m'occuper des connexions, des liens avec notre
communauté, autant francophone qu'anglophone. Et en Estrie, ça fait au moins
une douzaine d'années qu'on travaille main dans la main, on se rencontre régulièrement,
on partage certaines activités. Nous avons développé, par exemple, un service…
un programme de concomitance conjoint ouvert à tous les élèves, peu importe la
langue, pour accéder aux formations désirées. Nous avons un service conjoint de
services aux entreprises. On travaille main dans la main aussi, dans la
Montérégie, avec notre partenaire de la commission scolaire du Val-des-Cerfs,
nous avons une sorte de formation professionnelle conjointe. Ça date d'il y a
50 ans. Nous avons la petite école primaire à Sutton qui date d'il y a
35 ans, une directrice, une faculté, deux langues enseignées en classe,
mais tout le reste de l'école, le transport, la récréation, les sports sont
jumelés ensemble. C'est une école de la communauté. Et ce sont des exemples des
initiatives des commissaires qui seraient difficilement accomplies par un conseil
d'établissement où le pouvoir est limité aux murs de l'école.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée, 1 min 30 s.
Mme Maccarone : Très bien dit.
Je… le slogan de la commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier est : Une
éducation en anglais, un futur… un avenir bilingue. Alors, je pense que vous
avez très bien expliqué. Parmi vous, vous avez déjà mentionné la réalité des
petites écoles. Pouvez-vous nous élaborer un peu... je sais qu'on n'a pas beaucoup
de temps d'échanger là-dessus, mais la réalité des petites écoles face à un projet
de loi n° 40.
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez 1 minute.
M. Murray (Michael) : Il y a
un exemple que je peux donner qui est très, très frappant. J'ai assisté à une
école, l'école de Sutton, où il y a 45 élèves d'expression anglaise, et les
parents ont venus en très grand nombre, autour de 30, 35, pour participer à la
soirée de portes ouvertes où les enseignants donnaient une exposition sur le programme
d'enseignement. À 7 h 30 pile, l'annonce fut faite que c'était le
moment de l'assemblée des parents pour élire le conseil d'établissement.
C'était si… comme ça… comme… quelqu'un avait sonné le feu d'alarme. Les parents
ont sorti par toutes les sorties possibles, pas tout à fait par les fenêtres,
mais quasiment, pour arriver avec deux parents qui ont assisté au conseil… à
l'assemblée des parents pour élire un conseil d'école qui exigeait quatre
parents. Donc, aucun conseil d'établissement, aucune représentation au comité
central des parents et aucun lien avec le conseil, sauf leur commissaire, qui
demeure toujours disponible, et qui demeure toujours à leur service.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ceci met…
M. Murray (Michael) :
...parents. Donc, aucun conseil d'établissement, aucune représentation au
comité central des parents et aucun lien avec le conseil sauf leur commissaire
qui demeure toujours disponible et qui demeure à leur service.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et ceci met fin au bloc d'échanges avec l'opposition officielle. Donc, Mme la
députée de Sherbrooke, 3 min 38 s.
Mme Labrie : Merci. J'aimerais
commencer par m'excuser au nom de mes collègues. Mme St-Denis, tout à l'heure
vous avez fait une intervention qui était tout à fait sérieuse sur vos
inquiétudes quant à la démocratie. J'ai des collègues qui ont pouffé de rire,
ça m'a gêné. Donc, j'en suis désolée pour eux.
J'aimerais ça revenir sur la question...
le conseil d'administration, tout ce que font les commissaires en termes de
nombre de réunions, de tous les comités, tous les engagements qu'ils prennent.
Ça me semble évident, ça a été nommé par plusieurs groupes, qu'un C.A. bénévole
ne pourra pas en faire autant. Avec 10 rencontres par année, on ne peut
pas s'attendre à ce qu'il puisse prendre toutes les mêmes décisions que vous
prenez en tant que conseil des commissaires. Est-ce que vous pensez que ça met
plus de décisions entre les mains d'un directeur général ou de l'appareil
administratif d'un éventuel centre de services?
Mme Bouchard (Andrée) : Pour
nous, c'est une évidence que ça met plus de pression sur l'appareil
administratif. Parce que sans compter toutes les réunions à laquelle on assiste
comme conseil des commissaires, oui, on a une réunion publique par mois mais
des fois ça prend trois comités de travail de trois, quatre heures pour
préparer la réunion publique. Puis, en plus de toutes les lectures, il y a les
comités de gouvernance et éthique, vérification, ressources humaines, les
ouvertures de soumission, les comités de sélection et j'en passe évidemment.
Sans compter les représentations dans les communautés, que ce soit à la chambre
de commerce, au musée ou dans toutes les organisations, les camps de jour et
tout ça. Alors, c'est sûr que des membres de conseil d'administration ne
pourront pas faire ça. Puis, de toute façon, le président du conseil
d'administration, s'il était délégué pour faire quelques activités, ce n'est pas
lui le porte-parole.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, M. Gilbert.
M. Gilbert (Yves) : Pour
répondre à la question, à la députée de Sherbrooke, vous savez, présentement,
là, au conseil des commissaires, en plus de tous les comités, les conseils
qu'on a, oui, ça en fait beaucoup.
Mais, je voudrais dire aussi à l'assemblée
ici que qu'est-ce qui est important : Qui qui va parler d'éducation dans
nos milieux, hein? Quand je vais dans un brunch des élus dans Le
Haut-Saint-François puis qu'il y a le député, puis qu'il y a des hommes
d'affaires, puis qu'il y a des maires puis des mairesses puis que je vais
parler d'éducation puis que je vais donner les bons coups de nos milieux puis
que je parle avec... puis qu'on travaille conjointement les projets qui s'en
viennent, commissions scolaires, municipalités, hein, projet de piscine dans Le
Haut-Saint-François puis, etc.
Alors, ça, c'est un rôle qui est
important. Un porte-parole fait ça ce rôle-là en plus des réunions statutaires.
Donc, je trouve qu'on se prive... Je l'ai dit souvent, M. le ministre, vous
vous privez de vos alliés. On est des alliés pour vous dans les régions, dans
les municipalités. Voilà.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Il reste 50 secondes, Mme la députée.
Mme Labrie : Ça m'amène à une
autre question sur le fait que le ministre veut dépolitiser, hein, finalement
tout ce volet-là. Puis vous l'avez nommé : Abolir les commissions
scolaires, c'est abolir un contrepouvoir. Est-ce que vous pensez que ce
contrepouvoir-là peut changer de place? Est-ce que les députés vont pouvoir
exercer ce contrepouvoir-là pour les décisions locales en éducation ou est-ce
qu'on va simplement le perdre? Est-ce que c'est les élus municipaux qui vont
jouer ce rôle-là de, finalement, faire les batailles locales?
Mme Bouchard (Andrée) :
Probablement que ce qui arrivera c'est que les gens, au lieu de se tourner vers
leur commissaire ou vers leur président, vont se tourner vers leur député. Ils
n'appelleront toujours bien pas directement le ministre tout de suite en tout
cas, là. Alors, je pense que, oui, ça va être un travail supplémentaire, une
spécialité que ça va prendre au député. Parce que moi je considère... j'ai
toujours pensé qu'on était un gouvernement de proximité avec une seule responsabilité :
l'éducation. Puis, on n'a jamais essayé de faire autre chose que ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Je me tourne maintenant vers la députée de Joliette. Vous aussi, Mme la
députée, 3 min 38 s.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Merci de vos présentations. Dites-moi, il y a des gens qui nous
on dit : Moi, c'est une crainte que j'ai que du fait qu'il n'y ait plus
d'élus locaux ou de contrepouvoir ou de gens politiques. Parce que je pense que
la politique, c'est de mener des combats et de représenter des gens. Ça fait
que je pense que c'est noble.
C'est qu'il y a une espèce de plus grand
risque pour les écoles... de maintenir les écoles dans des petits milieux, des
villages et tout ça. Vous y avez fait rapidement référence, là, en parlant de
l'efficacité parce qu'on fait cette réforme-là, semble-t-il, au nom de
l'efficacité. Puis il y a des gens qui nous ont dit : Ah non, ce n'est pas
vraiment un risque. Je voulais vous entendre parce que vous représentez sans
doute des endroits où il y a plusieurs villages. Donc, comment vous voyez ça?
M. Gilbert (Yves) : Bien,
c'est toujours... Mme la Présidente, excusez-moi.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Gilbert...
Mme
Hivon
:
...là, en parlant de l'efficacité, parce qu'on fait cette réforme-là,
semble-t-il, au nom de l'efficacité. Puis il y a des gens qui nous ont
dit : Ah non, ce n'est pas vraiment un risque. Je voulais vous entendre parce
que vous représentez sans doute des endroits où il y a plusieurs villages.
Donc, comment vous voyez ça?
M. Gilbert (Yves) :
Bien, c'est toujours, Mme la Présidente, excusez-moi.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Gilbert.
M. Gilbert (Yves) :
Écoutez, il y a des petits villages que, présentement, même plus de dépanneur,
même plus de... plus d'église, bon, une mairie. Puis ces petits villages là où
qu'il y a présentement une dizaine d'élèves, c'est bien sûr que c'est
inquiétant, là, je vous le dirais, hein? Donc, la mairesse nous a interpelés.
Vous allez faire quoi avec nous autres? Bon. Bien, nous autres, on va... On a
toujours dit, puis là-dessus je vais être honnête, l'ensemble des députés, que
ça soit des différents partis, fermer une école de village, c'est la dernière
chose qu'on souhaite. Ça fait qu'on est à ce niveau-là puis on ne veut pas le
faire. Maintenant, comment vont réagir les personnes? Puis je disais tantôt le
modèle non équilibré qui est proposé, bien, si ça tombe que, le petit village,
il n'est pas dans le modèle équilibré, c'est qui qui va sonner la... qui va
faire écho de la mairesse, hein? Les conseillers ou les... Donc, moi, je dis
qu'il y a un danger de représentativité à ce niveau-là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée.
Mme
Hivon
:
Dites-moi, comment on va s'assurer sur les C.A. d'une représentativité de
l'ensemble du territoire parmi les membres du C.A.?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Bouchard.
Mme Bouchard (Andrée) :
Actuellement?
Mme
Hivon
:
Avez-vous des suggestions?
Mme Bouchard (Andrée) :
Bien, actuellement... Bien, comme élus scolaires, on a des circonscriptions.
Alors, on est certains que toutes les parties de la commission scolaire sont
représentées, mais c'est certain que, dans le projet de loi tel qu'il est
écrit, évidemment, quand on a des commissions scolaires où il y a une grosse
ville, bien, il y a plus de conseils d'établissement, il y a plus de parents
dans la grosse ville. Alors, il y a des risques que certaines parties de la
commission scolaire, peut-être même des parties qui ont des grands besoins, qui
ne soient pas représentées au conseil d'administration.
La Présidente
(Mme Thériault) : 55 secondes, Mme la députée.
Mme
Hivon
:
Donc, cette... Et dernière chose, pensez-vous que ce qui va arriver, parce que
le ministre parle d'une réunion par mois, c'est qu'il va y avoir plus de
réunions pour les membres du C.A. parce qu'il va y avoir des comités, des
sous-comités, des travaux, ou qu'on va devoir s'en tenir à une réunion par mois
puis, dans le fond, le contrecoup, ça va être que c'est les fonctionnaires qui
vont travailler plus?
La Présidente
(Mme Thériault) : En 30 secondes.
Mme Bouchard (Andrée) :
Moi, je ne comprends pas comment on peut gérer un budget de commission scolaire
et toute la réalité d'une commission scolaire avec une réunion par mois. Je dis
tout le temps à mes collègues commissaires, parce qu'on a des documents à lire,
on a des choses à s'approprier avant d'arriver en conseil, si on ne comprend
pas, on n'a pas le droit de voter. Alors, j'ai beaucoup de difficulté à
comprendre comment il va falloir qu'ils saisissent toute la matière pour
prendre des décisions pour une répartition équitable.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme Bouchard.
Mme Bouchard (Andrée) : C'est
vraiment…
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme Bouchard. Désolée, on manque de temps. Maintenant, la députée de
Marie-Victorin. Vous avez, Mme la députée, 2 min 17 s. La parole
est à vous.
Mme Fournier
: Oui,
merci, Mme la présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais… Désolée, 3 min 20.
Mme Fournier
:
3 min 20 s. O.K. Merci, Mme la présidente. Merci à vous quatre pour
la présentation et pour ce beau tableau didactique. Ça paraît que vous êtes des
pros en pédagogie. J'aime ça aussi parce que c'est du concret. Puis je voulais
justement vous entendre sur un exemple concret de… disons des effets du projet
de loi n° 40 dans la réalité des élèves dans nos écoles. Dans ma
circonscription, bon, les écoles sont représentées par la commission scolaire
Marie-Victorin. Vous savez pertinemment que la commission scolaire
Marie-Victorin est l'une de celles qui a, disons, une des plus grandes
croissances au Québec. Il y a énormément d'élèves qui sont issus de
l'immigration. Les écoles, en fait, doivent ajouter des roulottes pour la
plupart, là, dans les cours d'école, là, pour pallier à ces besoins. Donc,
clairement… que les défis sont majeurs. Alors j'aimerais que vous nous parliez
de… Par exemple, pour une commission scolaire ou des écoles, en fait, qui ont
autant de défis, quelle sera la différence avant et après l'adoption du projet
de loi n° 40, concrètement, sur la réalité des élèves?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Bouchard.
Mme Bouchard (Andrée) : Moi,
l'impression que j'ai, évidemment, c'est… après l'adoption du projet de loi
n° 40, il faudra que l'administration de la commission scolaire s'occupe
des nominations, de créer la structure de conseil d'administration. Alors, il y
aura toute une organisation de structure à faire. Et durant qu'on fait ça,
évidemment, on n'est pas en supervision de directions d'école, on ne s'occupe
pas de la pédagogie, parce que, ce qu'on fait, c'est qu'on change les
structures. Il faut aller en appel d'offres pour changer la nomination sur les
centres administratifs, sur les camions, sur tout ce qu'il y a dans une
commission scolaire, parce que j'imagine qu'évidemment quand ça va changer de
nom, bien, il va falloir tout changer au niveau physique aussi, au niveau
matériel. Alors, occuper à la formation…
Mme Bouchard (Andrée) : …il
faut aller en appel d'offres pour changer la nomination sur les centres administratifs,
sur les camions, sur tout ce qu'il y a dans une commission scolaire, parce que
j'imagine qu'évidemment, quand ça va changer de nom, bien, il va falloir tout
changer au niveau physique aussi, au niveau matériel. Alors, occupés à la
formation des C.A., ils ne pourront pas s'occuper de la réussite des élèves.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Marie-Victorin, 1 min 15 s qu'il vous reste.
Mme Fournier
: Merci.
Donc, au final, ce que vous êtes en train de dire, c'est que le brassage de
structures auquel on assiste, avec le projet de loi n° 40, va avoir une
influence directe sur la qualité des services aux élèves?
Mme Bouchard (Andrée) : Ça va
certainement occasionner des retards. Puis il y a aussi le fait qu'avec nos
plans d'engagement vers la réussite de chacune des commissions scolaires, on a
lié des liens… on a fait des liens… on a tissé des liens, pardonnez-moi, avec
les communautés, puis ça, ce sont les politiciens qui ont fait ça. Alors, ces
liens-là, il faut les entretenir. Alors, il y a risque d'une perte de lien avec
les membres de la communauté.
Mme Fournier
: Merci.
Oui, parce que, dans le projet de loi proposé, donc avec les conseils d'administration,
il n'y aura pas certainement cette représentation dans la communauté, puis ça, je
pense qu'on doit le souligner. Moi, personnellement, à Longueuil, je le vois,
les commissaires scolaires sont présents sur le terrain, ils sont toujours là
dans bon nombre d'événements. Donc, ils peuvent vraiment prendre le pouls de ce
qui se passe dans nos communautés. Donc, c'est cette expertise-là puis cette
relation-là avec les gens qu'on va perdre suite à l'adoption du projet de loi.
La Présidente (Mme Thériault) :
En cinq secondes. M. Gilbert, allez-y, cinq secondes.
M. Gilbert (Yves) : Bien, écoutez…
Mme la Présidente, merci. M. le ministre, j'aimerais ça continuer à travailler
avec vous. Vous avez demandé, lors d'un appel téléphonique, notre collaboration
pour l'implantation des maternelles quatre ans. Toutes les commissions
scolaires ont travaillé fort, on a travaillé avec vous. Vous avez des idées,
partagez vos idées avec les commissaires actuels, puis on est capables d'aller
loin. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je vais mettre fin à nos travaux. Je suspends quelques instants pour
permettre aux gens de la Table de concertation 04-17, région de la
Mauricie—Centre-du-Québec de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 17)
(Reprise à 16 h 20)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Je vais vous demander
de reprendre vos places, s'il vous plaît, MM. Mmes les députés. Nous avons nos
invités de la Table de concertation 04-17, région de la
Mauricie—Centre-du-Québec qui vient de prendre place. Je vois que nous avons
cinq invités avec nous. Vous avez une dizaine de minutes pour nous présenter
vos réflexions, partager avec les parlementaires et par la suite, il y aura des
échanges. Donc, est-ce que c'est Mme Simard Rancourt qui fait la présentation?
Donc, bienvenue à l'Assemblée nationale, en partie. Donc, simplement nous
présenter les gens qui vous accompagnent et débutez votre présentation.
Bienvenue.
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente, merci, M. le ministre, et merci à vous tous,
membres de la commission parlementaire, qui a accepté de nous entendre.
Je suis ici à titre de présidente de la commission
scolaire des Bois-Francs, bien sûr, Paulette Simard Rancourt. À ma droite,
M. Jean-Yves Laforest, président de la commission scolaire de l'Énergie,
M. Claude Lessard, président de la commission scolaire Chemin-du-Roy, à ma
gauche, Mme Marjolaine Arsenault, présidente de la commission scolaire la
Riveraine et Mme Lyne Bélanger, vice-présidente de la commission scolaire
des Chênes, qui remplace ici son président Me Jean-François Houle, hospitalisé
à ce moment-ci.
Le projet de loi n° 40,
déposé par le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, suscite
malaise et mécontentement chez les élus scolaires qui gèrent près de
60 000 élèves avec un budget global d'environ 768 millions — donc,
ces élus scolaires sont des commissions scolaires de la Riveraine, de
l'Énergie, des Chênes, le Chemin-du-Roy et des Bois-Francs — d'abord
et avant tout, ce projet, parce qu'il contribue indiscutablement à éloigner
l'élève de certains lieux décisionnels importants. L'actuel projet de loi
transgresse de nombreux principes et valeurs, dont la démocratie,
l'indépendance, la représentativité, l'équité et le respect.
Il est par ailleurs regrettable de
constater qu'en dépouillant les instances scolaires de leurs conseils des
commissaires, le projet de loi élimine tout un palier démocratique. Une bien
regrettable première.
Enfin, la nouvelle configuration du
conseil fait totalement abstraction de la diversité régionale, donc de la
représentativité territoriale, et ouvre toutes grandes les portes à des groupes
de personnes qui pourraient éventuellement se trouver bien involontairement,
parfois, en situation de conflit d'intérêts.
Le principe de subsidiarité, lui, est mis
à mal par le projet de loi, qui vient accentuer la centralisation des décisions
auprès du ministre qui, en plus de se donner le pouvoir de déterminer les
objectifs ou les cibles portant sur l'administration, l'organisation ou le
fonctionnement, dictera le code d'éthique et de déontologie ainsi que la
formation des futurs membres des conseils.
Il est désolant de constater qu'un groupe
de gens élus démocratiquement, donc par le peuple, brime ce dernier d'un lieu
pour s'exprimer, se faire élire ou élire des paires au sein des conseils des
commissaires, pourtant gardiens de l'éducation au Québec depuis près de
180 ans.
Il faut d'ailleurs lire votre député de
Nicolet-Yamaska à l'Assemblée nationale qui, dans les pages du Courrier Sud,
édition du 16 octobre dernier, décrit la démocratie comme :
«L'héritage le plus précieux que nous ont légué ceux qui nous ont précédés.» Il
ajoute : «Quand on constate les difficultés qu'éprouvent toujours de
nombreux pays dans le monde à se doter d'un système démocratique bien organisé,
nous avons raison de nous compter chanceux de vivre au Québec et au Canada,
dans une société libre et paisible.»
Cette élimination d'un palier démocratique
devient donc un enjeu majeur non seulement pour le monde de l'éducation, mais
pour toute la société québécoise. Rappelons qu'en 2014...
Mme Simard Rancourt (Paulette) :...nous
avons raison de nous compter chanceux de vivre au Québec et au Canada, dans une
société libre et paisible.»
Cette élimination d'un palier démocratique
devient donc un enjeu majeur non seulement pour le monde de l'éducation, mais
pour toute la société québécoise. Rappelons qu'en 2014, aux dernières
élections, 288 247 personnes se sont prévalues de leur droit de vote.
Elles ont ainsi librement participé à l'exercice démocratique en confiant à un
groupe de personnes la charge de les représenter. Cet exercice démocratique, à
n'en pas douter, aurait grandement été favorisé par une association avec le
scrutin municipal et, dans la mesure du possible, avec un vote électronique
qui, pourtant, tarde à être déployé sur le territoire québécois.
Notons enfin que la mise à l'écart, avec
une rapidité sans précédent, des élus actuels, vide littéralement les conseils
de leur savoir et de leur histoire.
M. Laforest (Jean-Yves) :
D'abord et avant tout, notons que le ministre réduit l'autonomie des nouvelles
entités en s'accordant un pouvoir sans précédent d'émettre, à tout moment, des
directives ou des orientations portant sur l'administration, l'organisation ou
le fonctionnement d'un centre. Aussi, si on considère que le principe
d'indépendance constitue la pierre angulaire du déploiement d'une saine
gouvernance, le projet de loi comporte un trou béant à cet égard. On peut
effectivement craindre que certains représentants qui siégeront au sein des
conseils d'administration se trouvent en situation de conflit d'intérêts. On peut
donc penser que plusieurs des échanges et des décisions pourraient être biaisés
et avoir un impact potentiel sur les élèves. À ce propos, on peut inclure la représentativité
où est chapitre des principes bafoués, puisque la volonté ministérielle évince
totalement cette préoccupation dans la composition des conseils
d'administration.
Actuellement, tous les secteurs du
territoire de nos commissions scolaires sont représentés. Ils peuvent être
défendus par des commissaires qui, eux, sont redevables aux citoyens des
secteurs qu'ils représentent. Le projet de loi n° 40
exclut cela et les petits milieux et les petites écoles deviendront à risque de
dépouillement, voire de survie. De plus, les élus sont d'avis que la diversité
des clientèles, de leurs besoins et de leurs milieux est actuellement bien
défendue par l'ensemble des commissaires de chaque communauté qui compose la
commission scolaire. De la même manière, un porte-voix des parents d'élèves
handicapés en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage vient enrichir les
échanges et la prise de décisions. Cette absence au sein des nouveaux conseils
pourrait se traduire par un déplorable manque de considération et une possible
diminution de services pour cette clientèle en difficultés.
C'est aussi ce principe de
représentativité qui permet aux élus, qui ont réellement mis l'élève au coeur
de leurs préoccupations, de veiller à ce que les décisions prises soient les
plus équitables pour l'ensemble des élèves, et ce, quel que soit le milieu d'où
ils proviennent. L'équité dans la répartition des ressources s'inscrit au coeur
de l'action des commissaires et les résultats dans le temps leur ont donné
raison. C'est aussi fort de cette représentativité que les résultats ont pu
jouer un rôle actif au sein de leurs communautés et travailler main dans la
main à la réalisation de nombreux projets conjoints avec leurs collègues du
monde municipal.
À elle seule, la commission scolaire des
Bois-Francs peut se targuer d'avoir une trentaine d'ententes scolaires
municipales. Les élèves profitent d'infrastructures dont l'utilisation optimale
a de quoi impressionner. Ces installations mises en commun sont utilisées à
plein régime par les élèves le jour et par les citoyens les soirs et fins de
semaine. Également engagées comme partenaires au développement de leurs
milieux, les commissions scolaires de l'Énergie et du Chemin-du-Roy ont emboîté
le pas pour l'implantation d'un réseau de fibre optique et les partenariats
ainsi développés leur permettent de récupérer annuellement des redevances
impressionnantes de 200 000 $ pour la première et de
130 000 $ pour la seconde.
La commission scolaire de la Riveraine,
quant à elle, travaille en concertation avec son milieu pour assurer la
reconstruction de l'école à Saint-Sylvère,
détruite par un incendie et indispensable pour la collectivité locale.
• (16 h 30) •
On le voit, les
commissions scolaires participent au développement de leurs régions en
investissant conjointement et en profitant de revenus supplémentaires qu'elles
investissent dans des services aux élèves. Toutefois, du point de vue de Québec,
la réalité est toute autre et les communautés régionales n'occupent visiblement
pas une place de choix au sein des préoccupations des membres du gouvernement,
puisque le ministre n'hésite pas à donner à son gouvernement le droit par
décret d'apporter toute modification aux territoires des centres de services
scolaires. Ici, je fais référence à l'article 46, alinéa 116.
Notons que le ministre en avait déjà donné un avant-goût, de ses intentions,
dans son plan de gouvernance publié en janvier 2018, alors qu'on pouvait lire
en page 8 : «Moins coûteux et éventuellement moins nombreux, les
centres de services aux écoles seront intégrés...
16 h 30 (version non révisée)
M. Laforest (Jean-Yves) :
...Ici, je fais référence à l'article 46, alinéa 116. Notons que le ministre
en avait déjà donné un avant-goût, de ses intentions, dans son plan de
gouvernance publié en janvier 2018, alors qu'on pouvait lire en
page 8 : «Moins coûteux et éventuellement moins nombreux, les centres
de services aux écoles seront intégrés au ministère de l'Éducation.» On s'en va
vers quoi, là?
On est à même de le constater, cette
décision et celle visant à dépouiller les commissions scolaires d'importants
pouvoirs viennent encore une fois atténuer l'autonomie des régions. Qui plus
est, l'effet combiné avec le projet de loi n° 37, visant
principalement à instituer le Centre d'acquisitions gouvernementales et
d'Infrastructures technologiques Québec, pourrait, sans l'ombre d'un doute,
avoir des effets dévastateurs sur les écoles, leur milieu et les économies
régionales.
À l'instar du président de la commission
scolaire des Chênes, Me Jean-François Houle, les élus de la Mauricie et du
Centre-du-Québec pensent que les commissions scolaires doivent plus
efficacement exercer des pouvoirs et du leadership régional de concertation, de
complémentarité et d'équité entre les écoles.
Mme Simard Rancourt
(Paulette) : Au moment où il faut parler des indispensables services
aux élèves, au moment où il faut poursuivre tous les efforts déployés jusqu'à maintenant
pour la réussite des élèves également, au moment où se posent quantité de
questions récurrentes concernant les jeunes dans leur ensemble, c'est le monde
de l'éducation au grand complet qui aurait dû être entendu par le ministre
avant le dépôt de ce projet de loi.
M. le ministre, il n'est pas trop tard.
Prenez le temps de respecter les gens et d'écouter tous ceux et celles qui
autour de vous ont fait et font de l'éducation ce qu'elle est au Québec. Et
nous sommes nombreux à vous le demander. Il est plus que temps, et c'est là
notre requête première, de réunir tous vos partenaires de l'éducation qui, à
l'occasion d'un sommet, états généraux ou vaste consultation, pourraient réellement
prendre part à une captivante conversation dans le respect de la contribution
de chacun et devant mener à la bonification souhaitée.
La Présidente
(Mme Thériault) : Et je dois mettre fin à l'échange, malheureusement,
on a déjà dépassé un petit peu le temps qui vous était alloué.
Donc, sans plus tarder, M. le ministre,
c'est ... de 45 minutes, donc vous avez 16 minutes à votre disposition.
M. Roberge : 16 minutes? O.K.,
très bien. Je vous remercie, Mme la Présidente. Donc, merci pour votre présentation.
J'ai quelques précisions ou corrections suite à ce que vous avez affirmé.
Vous avez parlé de fameuses fusions
possibles de territoires. C'est quelque chose qui a été mentionné à quelques
reprises. Juste préciser qu'actuellement, là, dans la Loi sur l'instruction
publique, avant le projet de loi n° 40, les articles 116 et 117, qui
ont été votés par des gouvernements précédents, permettent au gouvernement, par
décret, de changer les territoires. Donc, il n'y a absolument pas de nouveauté
avec le projet de loi n° 40. S'il y a une nouveauté, c'est qu'à l'avenir
on s'impose un devoir de consulter avant. Mais, en ce moment, là, et les précédents
gouvernements étaient bien à l'aise avec ça, par décret, le gouvernement
pouvait changer des territoires. Donc, ce n'est pas une nouveauté du projet de
loi n° 40, sinon qu'il faut consulter avant.
Vous avez parlé du principe de
subsidiarité mis à mal. Sincèrement, je ne la voyais pas venir, celle-là, étant
donné que, dans la loi actuelle, l'article 207.1 comporte une définition
de la subsidiarité qui est antinomique, en réalité, qui contredit qu'est-ce que
c'est, alors qu'au contraire, dans le projet de loi n° 40, l'article 93
nous amène une vraie définition. On ne travestit pas la subsidiarité, on
l'inclut enfin pour qu'elle veuille dire quelque chose.
Et ce n'est pas la première fois que j'entends
des commissaires venir nous dire ici que la subsidiarité va être mise à mal,
mais, quand même, je pense qu'il faut comparer l'article 207 en ce moment
avec l'article 93 qui s'en viendrait pour comprendre que ce n'est pas ça
qui se passe. D'ailleurs, il y a des commissaires qui sont venus nous dire
qu'ils sont bien d'accord avec la nouvelle vision, en fait, d'une vraie
subsidiarité, commission scolaire, notamment, des Laurentides, donc des commissaires
sont venus nous le dire ici, commission scolaire des Navigateurs aussi. Puis on
y va aussi, au-delà des commissaires, là, des parents, des directions d'école.
Et, je peux vous dire, beaucoup d'enseignants et d'enseignantes, des gens qui
sont dans les milieux scolaires, à qui je parle fréquemment, me disent qu'ils
ont bien hâte d'avoir davantage voix au chapitre.
Une autre chose qui revient fréquemment de
la part des commissaires, qu'ils aiment, ils sont nombreux, ils nous
disent : Bien, on a un problème avec les élections parce que les précédents
gouvernements, en fait, des années, ils n'ont rien fait pour permettre à la démocratie
scolaire de vivre, et puis il faudrait donc faire des gestes. Mais moi, je veux
simplement vous dire que, dans les dernières années, il y en a eu, des choses.
D'abord, il y a eu une diminution du nombre de circonscriptions électorales
pour les postes de commissaire, donc du nombre de commissaires élus, pour qu'il
y ait davantage de citoyens par circonscription. Ça a été une tentative. Il y a
eu une hausse de représentants des parents au conseil des commissaires. Donc,
ça aussi, ça a été un ajustement...
M. Roberge : …vous dire que,
dans les dernières années, il y en a eu, des choses. D'abord, il y a eu une
diminution du nombre de circonscriptions électorales pour les postes de
commissaire, donc du nombre commissaires élus pour qu'il y ait davantage de citoyens
par circonscriptions. Ça a été une tentative. Il y a une hausse de
représentants des parents au conseil des commissaires. Donc, ça aussi, ça a été
un ajustement qui a été apporté sans succès. Une possibilité de nommer des
commissaires cooptés pour remplacer plus facilement des commissaires qui
démissionneraient. L'élection du président ou de la présidente au suffrage
universel, ça a aussi, ça a été une ultime tentative de susciter l'intérêt des Québécois.
Mais, malgré tout ça, la dernière fois, c'est là qu'on a eu le pire taux.
Alors, à un moment donné, je pense qu'il faut écouter les Québécois.
Et d'autres disent : Oui, mais deux
choses… vous n'avez pas essayé, c'est le vote par Internet et de faire ça avec
les élections municipales. Bien, là, je vous invite à vous référer aux paroles
du Directeur général des élections qui est venu nous dire ici que le vote par…
le vote électronique ne serait pas une solution. Je cite le DGEQ : Il a
dit : Je peux vous informer que les expériences de vote par Internet
menées dans d'autres pays et dans certaines municipalités canadiennes nous
apprennent que ce mode de votation ne nous permet pas d'augmenter significativement
la participation électorale. On observe plutôt un déplacement dans le mode de
vote. Alors, les gens qui iraient voter à pied votent électroniquement, mais il
n'y a pas d'augmentation du nombre de votes.
D'autres personnes disent : Oui, mais
si vous nous mettez avec les élections municipales? Et là, le DGEQ nous
dit : Certaines provinces canadiennes tiennent les élections scolaires,
municipales le même jour. Le taux de participation aux élections scolaires y
est plus élevé, c'est vrai, mais les enjeux politiques municipaux monopolisent
l'espace médiatique. Donc, les gens y vont plus, mais savent-ils vraiment
pourquoi ils votent?
Donc, ça, ce sont les paroles du DGEQ.
Donc, je pense qu'à un moment donné il faut regarder ce qui s'en vient puis se
dire : Modernisons ce qu'il y a, changeons… hein, plutôt que de
s'obstiner, changeons notre mode de gouvernance. Allons-y par un vrai principe
de subsidiarité. Remplaçons notre mode de gouvernance par des conseils
d'administration, mais lesquels proviendront directement des écoles, des
parents, des enseignants, enseignantes, directions d'écoles. Et ma question, ça
va être de savoir : Mais qu'est-ce que vous pensez… Dans le changement
apporté dans la gouvernance, avec les C.A., qu'est-ce que vous pensez de cette
idée d'avoir sur l'instance, en ce cas-ci c'est un conseil d'administration,
des gens qui font l'école tous les jours? On n'a pas ça, en ce moment, avec les
conseils des commissaires. Qu'est-ce que vous pensez de cette idée d'avoir un
enseignant ou une enseignante, une direction d'école, personnel de soutien
comme on a, d'ailleurs, sur les C.A. de nos cégeps et de nos universités?
Comment voyez-vous cette prise de parole, de pouvoir des gens qui interviennent
avec les élèves à tous les jours?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Laforest.
M. Laforest (Jean-Yves) : Je
vais dans un premier temps… Vous avez parlé de… subsidiarité… j'y suis arrivé
du deuxième coup. On a fait un constat dans beaucoup de commissions scolaires
depuis plusieurs années que le ministère de l'Éducation est allé beaucoup,
beaucoup vers la décentralisation directement vers les écoles en allouant des
enveloppes dédiées directement pour des mesures précises, et ce qu'on constate
avec ça, c'est qu'on a embourbé les directions d'écoles qui sont, en principe,
des experts en pédagogie qui sont là pour supporter leurs équipes-écoles,
supporter les enseignants, supporter, en bout de ligne,les enfants au niveau de
la pédagogie, mais que... en ayant des mesures dédiées, donc décentralisation
du ministère vers les écoles, plutôt que vers les commissions scolaires, bien,
on a fait en sorte qu'on est en train d'en faire des experts en administration
et de leur laisser beaucoup moins de temps à leur rôle véritable, qui devrait
être de faire de la pédagogie.
Donc, quand on dit qu'il y a des risques
avec le projet de loi n° 40 d'augmenter la
subsidiarité, bien, c'est à ça qu'on fait référence, de faire en sorte que, si
les directions d'écoles sont complètement embourbées là-dedans, bien, elles ne
pourront plus jouer le rôle pour lequel elles sont, en principe, engagée, faire
de l'école, faire de la pédagogie avec leurs enseignants et améliorer la
réussite ainsi. Sinon, on devra engager plus de personnes dans les écoles, et
vos économies potentielles, elles partiront là, non pas en services directs aux
élèves, mais en services administratifs dans les écoles.
• (16 h 40) •
Alors, sur la présence des enseignants, on
vous a... on a aussi dit qu'il serait intéressant d'avoir une conversation, un
lieu où on puisse prendre des décisions ensemble, discuter ensemble de
l'ensemble des intervenants pour voir qu'est-ce qui serait le plus pertinent
dans un projet plutôt que d'imposer un mouvement. Il est évident que la
présence d'enseignants pourrait avoir un effet bénéfique, puis ça, je ne le nie
pas. Mais il y a aussi des effets néfastes qui pourraient arriver parce que
l'enseignant...
M. Laforest (Jean-Yves) :
...de l'ensemble des intervenants pour voir qu'est-ce qui serait le plus
pertinent dans un projet plutôt que d'imposer un mouvement. Il est évident que
la présence d'enseignants pourrait avoir un effet bénéfique, puis ça, je ne le
nie pas. Mais il y a aussi des effets néfastes qui pourraient arriver parce que
l'enseignant qui sera au conseil d'administration va devoir avoir des comptes à
rendre éventuellement par les personnes qui l'ont nommé, donc on se retrouve
dans une dynamique syndicale patronale, l'enseignant qui devient le patron du
D.G., et, le lendemain, le D.G. devient le patron de l'enseignant. On n'est pas
certain que ça soit très sain.
La Présidente
(Mme Thériault) : J'ai Mme Arsenault.
Mme Arsenault (Marjolaine) :
Oui, Mme la Présidente. Je voudrais revenir sur la problématique concernant les
élections scolaires. On tous ces changements-là qui ont été apportés, la
diminution du nombre de commissaires, les commissaires cooptés à la présidence,
élus au suffrage universel. Nous présentement, là, on joue dans un jeu où les
règles ne sont pas décidées par nous. La date des élections change presque à
chaque année, là. Le moment de l'élection change presque à chaque élection. On
n'a pas de financement. Le financement est famélique. On n'a aucune
valorisation de l'apport des élus. On a même des élus provinciaux qui incitent
les gens à ne pas aller voter. Ça fait que, même si toutes ces choses-là sont
changées, il n'y a rien qui est fait pour aider la démocratie scolaire. Alors,
on joue dans un jeu où on ne décide d'aucune règle, puis après ça on nous
accuse d'être perdants, mais c'est ce qui arrive quand il n'y a pas de... il y
a aucune... c'est la valorisation des élus qui devrait être faire puis la
valorisation des élections scolaires aussi. Mais malheureusement les
gouvernements se succèdent, et c'est toujours resté de la même manière, on va
regarder la participation aux élections puis, la personne vote, ce n'est pas
bon. Mais la démocratie, ce n'est pas le nombre d'électeurs, c'est de laisser
aux gens le choix de qui va les représenter, de qui la population va être... où
la population va aller cogner pour avoir des informations.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. M. le ministre.
M. Roberge : Je
laisserais la parole à Mme la députée de Huntingdon. Merci.
La Présidente
(Mme Thériault) : La députée Huntingdon, et vous avez 6 min 15 s,
Mme la députée.
Mme IsaBelle : Merci. Et
j'ai lu votre mémoire avec intérêt, puis je vais vous poser deux questions, une
en lien avec le potentiel conflit d'intérêts et le potentiel biais possible,
là, sur l'impact.
Vous mentionnez à deux reprises, dans
votre rapport, dans votre mémoire à la page 3, à la page 5, et vous
l'avez mentionné clairement, que vous dites que le nouveau conseil
d'administration risquerait d'avoir... hein, se trouverait en situation de
conflit d'intérêts. En quoi y aurait-il plus de conflits d'intérêts par ce
conseil d'administration quand on voit qu'il y a quand même 18 membres,
membres de la communauté, membres du personnel scolaire, parents majoritaires
que ce que nous avons en ce moment avec les commissaires?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Laforets
M. Laforest (Jean-Yves) :
On a souvent parlé, à cause du taux de participation aux élections scolaires
qui tournait autour de 5 % lors de la dernière élection, de la faible
représentativité des élus scolaires, le projet de loi met en place le nombre...
quelques parents qui vont être délégués par le conseil, conseil
d'établissement, dans chacune des écoles. Je voudrais juste vous donner comme
exemple que lors des dernières assemblées générales sur le territoire de la
commission scolaire de l'Énergie chez nous, il y a moins de 1 % des
parents qui ont participé aux assemblées générales pour élire leurs
représentants.
Le projet de loi n° 40 fait en sorte
que ce sont les conseils d'établissement qui vont élire leurs représentants au
nouveau conseil d'administration, il y a de forts risques, et je prends
l'exemple commission scolaire de l'Énergie, c'est la ville de Shawinigan et de
multiples petites municipalités jusqu'à Latuque qui est un petit peu plus
grosse, et il pourrait très bien y avoir une concentration de parents qui
décideraient de faire en sorte que les élus proviennent de la majorité, qu'ils
viennent de Shawinigan parce que les grosses écoles sont plus là, et on se
retrouve éventuellement en situation de conflit d'intérêts parce que les
parents vont représenter les écoles de Shawinigan, et on... je dis bien, je ne
l'espère pas, mais il y a un risque, si c'est la question que vous me
posez : En quoi y a-t-il un risque? Il y a un risque la la représentation
ne sera plus d'une vision de l'ensemble du territoire de la commission scolaire
ou du centre de services, mais qu'elle soit vraiment centrée sur les besoins
spécifiques de leur propre milieu.
La Présidente
(Mme Thériault) : D'accord.
M. Laforest (Jean-Yves) :
ET la même chose pour les représentants, comme je vous disais tout à l'heure,
les représentants des professionnels, des enseignants ou du personnel de
soutien. Alors…
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Lessard.
M. Laforest (Jean-Yves) :
…les risques sont là.
La Présidente
(Mme Thériault) : Il y a M. Lessard aussi, Mme la députée,
qui a levé la main. M. Lessard.
M. Lessard (Claude) :
Oui, merci, Mme la Présidente. D'abord, au niveau de l'apparence de conflit
d'intérêts
M. Laforest (Jean-Yves) :
…comme je disais tout à l'heure, les représentants des professionnels, des
enseignants ou du personnel de soutien. Alors…
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lessard.
M. Laforest (Jean-Yves) :
…les risques sont là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il y a M. Lessard aussi, Mme la députée, qui a levé la main. M. Lessard.
M. Lessard (Claude) : Oui, merci,
Mme la Présidente. D'abord, au niveau de la balance de conflit d'intérêts, si
le projet de loi est adopté, il y aurait, à ce moment-là, quatre membres du
personnel qui siégeraient sur le conseil d'administration. Ça fait
qu'imaginons-nous un peu la situation suivante, que le directeur général, le
jour, est le supérieur immédiat de ces employés-là, et que, le soir, en
réunion, ces employés-là sont le supérieur du directeur général, une situation
définitivement qui n'amène pas… à l'occasion, pourrait amener des conflits,
définitivement.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme IsaBelle : Merci. Mme la
Présidente, qu'est-ce que vous pensez, dans ce cas-là, de l'offre qui serait
obligatoire, l'offre de formation qui serait obligatoire sur l'éthique, la
déontologie pour tous les administrateurs?
La Présidente (Mme Thériault) :
Monsieur…
Mme IsaBelle : Est-ce que
c'est une bonne idée? Trouvez-vous que c'est quand même une bonne idée?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lessard.
M. Lessard (Claude) : Bien, écoutez,
ce que je pourrais vous dire, c'est que ça se fait actuellement. Il y a beaucoup
de formation qui est offerte par notre fédération, et ça fonctionne très bien.
On a des rencontres. On en a eu trois, l'année dernière, nos cinq commissions
scolaires régionales, et ça fonctionne actuellement très bien et c'est nécessaire.
Mme IsaBelle : Donc, c'est
quand même une bonne offre qui serait là.
M. Lessard (Claude) : Ça a
déjà existé, ce n'est pas une nouveauté.
Mme IsaBelle : Parfait. Mais,
en fait, on ne l'enlève pas, c'est là, on s'assure qu'elle va rester.
Maintenant, vous dites qu'il y a des possibilités que… et vous dites
clairement : «On peut donc penser que plusieurs des échanges et des
décisions pourraient être biaisés et avoir un impact potentiel sur les élèves.
Écoutez, le fameux comité, là, d'engagement sur la réussite des élèves, est-ce
que vous êtes en faveur de ce comité quand on voit toutes les personnes qui
vont y participer? Vous ne parlez pas de ce comité, qu'est-ce que vous en
pensez?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Laforest ou Mme Simard Rancourt.
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
Bien, je pense que, quand il s'agit de ce comité, bien sûr, à peu de choses
près, ce qui se passe déjà et ce qui découlait du PEVR, parce que c'est bien
sûr que le PEVR a été implanté l'an dernier, devant justement donner suite à
tout ce qui se passe au plan éducatif dans les écoles, qui devait y être relié,
mais vous comprenez bien qu'il n'aura pas eu l'occasion de faire ses preuves
puisqu'on n'aura pas fait la suite. Et, pour ce comité, dès le départ, toutes
les catégories de membre du personnel ont été et continuent d'être impliquées.
Alors, c'est bien évident que ce à quoi faisaient référence mes collègues tout
à l'heure, ça ne concernait pas ce type de comité, mais bien le conseil
d'administration.
Par ailleurs, pour répondre à plusieurs
des questions qui ont surgi au cours des derniers instants, je pense qu'il y a
une réponse qui est peut-être plus globale. Vous savez, bien sûr, et je pense
que toutes les commissions scolaires reconnaîtront qu'il y a des éléments à
perfectionner, à bonifier, comme il y en a partout. Est-ce à dire que si on
constate, et, croyez-moi, tout le monde a eu l'occasion de le constater, mais
si on constate à certains niveaux démocratiques, autres que nôtre, dans
d'autres paliers que ce soit provincial, municipal, on pourrait même dire
fédéral, là, mais si on constate des difficultés, si on constate des
problématiques au niveau du fonctionnement, si on constate qu'il y a des améliorations
à apporter, est-ce que, sous prétexte d'une évolution, on serait bien de
suggérer l'abolition de tout ce palier? Est-ce que ce serait sage de suggérer
qu'on le remplace par un genre d'immense conseil d'administration qui
regrouperait toutes sortes de personnes impliquées dans la gestion?
Alors, je pense que ce qui n'est pas
nécessairement souhaitable à d'autres niveaux, ne doit pas non plus s'appliquer
à nous, parce que c'est le palier peut-être le plus près de la population, qui
a le plus de proximité avec ses gens.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Je dois mettre fin à l'échange, le temps est dépassé. Mme la députée de
Saint-Laurent, vous avez devant vous 10 min 40 s.
Mme Rizqy : Merci. Bienvenue
parmi nous. Je vais aller vite parce que ça passe très, très vite,
10 min 40 s. Tantôt, le ministre a parlé, comme quoi qu'un
nouveau pouvoir, c'était en matière de participer pour la réussite éducative
pour les parents. Est-ce que, dans la Loi sur l'instruction publique, il y a
déjà un article à cet effet au conseil d'établissement?
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
Il faudrait bien sûr que je réfère à des sources, parce que je n'ai pas tous
les documents avec moi, mais je crois bien que dans la LIP, il y a présentement
des possibilités pour les conseils d'établissement d'intervenir à cet effet.
• (16 h 50) •
Mme Rizqy : Je vous confirme qu'effectivement
à l'article 74… et savez-vous quoi, le législateur, quand il parle, il parle
rarement pour rien dire et, des fois, il ajoute même des titres et des
sous-titres, fonctions et pouvoirs. Le conseil d'établissement effectivement a déjà
ce pouvoir lorsqu'il parlait… c'est bien l'article 74, mais souvent, suivi nos
travaux, le gonflage de note…
Mme Rizqy : ...quand il parle,
il ne parle rarement pour rien dire et des fois, il ajoute même des titres et
des sous-titres. Fonction et pouvoir. Le conseil d'établissement effectivement
a déjà ce pouvoir lorsqu'il parlait de... c'est bien l'article 74. Il a souvent
suivi nos travaux. Le gonflage de notes, le ministre pendant des années a dit
que c'était fini, et là il dit que le projet de loi, c'était fini le gonflage
de notes.
Pourtant, on le voit clairement à
l'article 34 que c'est dans le gonflage de notes. Finalement, il a admis
qu'il était sensible à peut-être faire des ajustements, puis a dit : mais
tu sais, pour des raisons humanitaires, des clauses exceptionnelles, on
pourrait le permettre. Dans la Loi sur l'instruction publique actuellement, il
n'y a pas déjà aussi une disposition qui permet pour des causes humanitaires de
modifier une note?
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
Je pense qu'à cet effet, tout à l'heure M. le ministre nous référait à des
passages de témoins antérieurs à nous.
Mme Rizqy : À
l'article 222.
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
Je pense aussi que vous avez entendu des réponses à cet effet ou des groupes
syndicaux même vont ont clairement expliqué les processus jusqu'à maintenant.
Et avec tout le respect que je dois à un enseignant, je ne pense pas que M. le
ministre ignore cet aspect.
Mme Rizqy : Et vous savez si
l'article 222, puis je peux faire l'exercice avec vous parce qu'il établit
plusieurs cas comme celui-ci. Et puisque le ministre avant de rentrer parlait
de rigueur à une de mes collègues ici, vous savez quand on a parlé de la
question de pouvoir par décret joindre des territoires ensemble, que le
ministre pourrait avoir ce pouvoir, il a tout de suite dit : non, non,
non, ça me pendrait un nouveau projet de loi. Puis là, nous, on lui a sorti
l'article 46 de son propre projet de loi qui dit non, noir sur blanc, vous
pouvez le faire, vous avez ce pouvoir-là par décret. Alors ça, c'était un cas.
Par la suite, lorsqu'une autre de mes
collègues parle de l'appropriation de pouvoirs en référant à
l'article 310, il nous a sorti des lois, là, de son chapeau, en disant
non, c'est les mêmes dispositions. Puis quand on vérifie, ce n'est pas du tout
le même libellé. Alors moi, quand on parle de rigueur, j'en suis, mais ça m'inquiète
un peu de savoir que la personne qui porte maintenant le chapeau pour prendre
plein, plein, plein de décisions manque un petit peu, légèrement, de rigueur
parce qu'il ne lit pas la Loi sur l'instruction publique et ne lit pas son
propre projet de loi.
Alors vous, là, devant plusieurs cas
répétés en moins de deux semaines, d'erreurs de lecture, est-ce que ça vous
inquiète que ça soit maintenant le ministre lui-même qui va pouvoir
s'approprier plusieurs pouvoirs et décider qu'est-ce qui va se passer dans vos
cours d'école à vous?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Rancourt.
M. Laforest (Jean-Yves) : On
peut dire que c'est inquiétant
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Laforest, allez-y.
M. Laforest (Jean-Yves) :
Non, non, c'est correct.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Simard Rancourt, allez-y.
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
J'allais vous dire qu'effectivement, moi, l'article 46, alinéa 116
m'a évidemment beaucoup fait frémir, et pas tellement parce que c'est moi
personnellement au départ, mais parce que plein de membres de nos personnels
ont craint cet article-là. Plein de membres de nos personnels nous disent avoir
beaucoup d'inquiétude en regard de ces possibilités de regroupement de services
ou de regroupement de centres de services. Et bien sûr, comme on a toujours
dit, que notre objectif premier, c'est la réussite de nos élèves, et par la
suite, je sais que chez nous, on a toujours dit à nos personnels qu'on voulait
leur bien-être. Bien, sachez que quand ils s'inquiètent à ce point, ça nous
inquiète aussi.
Par ailleurs, je veux rappeler que le
premier jour du lancement... du dépôt, pardon, du projet de loi, j'ai entendu à
la télévision M. le ministre de l'Éducation dire : Le ministre de
l'Éducation imposera... Et là, il y avait des cibles et des objectifs, ce qu'on
a lu tout à l'heure, là. Et là aussi, ça m'a fait un petit peu réfléchir, parce
que je pense que oui, bien sûr, il y a un cadre qui doit provenir du ministère,
mais il y a aussi, et c'est de ça qu'on parlait quand on parlait tout à l'heure
de certains pouvoirs ou certains éléments importants qui seraient rapatriés au
niveau du ministère, c'est de ça dont on parlait. On veut s'assurer que tout ce
qui peut être le plus près possible de l'action puisse l'être.
Et à cet effet, j'ai envie de... vous
tous, vous avez vu le mémoire... J'ai envie de vous suggérer de jeter un coup
d'oeil à cette illustration qui démontre ce que nous appelons chez nous la
place de l'élève. Alors l'élève est au coeur, bien sûr, avec les parents qui le
supportent, c'est eux qui nous amènent les élèves, nous les présentent. Et nous
souhaitons toujours que toutes les couches de personnes qui travaillent ou qui
gravitent autour de l'élève soient bien représentées et fassent un grand cercle
protecteur pour les aider pendant ce temps à se développer et à atteindre leur
objectif, leur plein potentiel.
Parce que les élèves, ce sont clairement
nos trésors nationaux, ce sont vraiment les objets mêmes de notre bien public
le plus précieux, l'éducation, et comme c'est à eux que nous avons consacré
toutes nos énergies jusqu'à maintenant, bien je pense qu'on ne peut se
permettre de laisser passer...
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
…les élèves se sont clairement nos trésors nationaux, ce sont vraiment les
objets mêmes de notre bien public le plus précieux, l'éducation, et comme c'est
à eux que nous avons consacré toutes nos énergies jusqu'à maintenant, bien je
pense qu'on ne peut se permettre de laisser passer des éléments qui pourraient
nous enlever de la possibilité d'agir auprès d'eux, sans le mentionner. Et si,
plus tard, l'histoire doit retenir et chercher où on a commencé à manquer de
démocratie au Québec, je préfère être de ceux qui l'auront défendue, plutôt que
de ceux qui auront voulu l'abolir.
Mme Rizqy : Je vais aller très
rapidement. Premièrement, je tiens à rappeler qu'il y a déjà eu, en 2014, le
rapport Lacroix qui jugeait de votre taux d'efficacité de 85 %, et je sais
que ça va en augmentant. J'aimerais aller dans les cas concrets.
Vous avez l'école Félix-Leclerc, qui est
une initiative de commissaires, vous avez aussi… J'aimerais ça que vous nous en
parlez rapidement, aussi, est-ce que vous avez déjà subi une décision, je pense
à l'école Saint-Maurice versus l'école Sainte-Thérèse, où est-ce qu'une école
avait besoin d'un agrandissement versus l'autre, d'un nouveau gymnase, et
l'urgence, c'était d'avoir plus de place, et que vous avez appris la décision
parachutée du complexe G ici qui vous a été tout simplement acheminée.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lessard… M. Laforest.
M. Laforest (Jean-Yves) :
Bien, je vais répondre pour la question de l'école Félix-Leclerc, qui est une
école à vocation musicale, et qui, dans les cartons de l'administration, voilà
quelques années, n'était pas là, parce qu'on a quand même une commission
scolaire avec moins d'élèves que des grosses, et c'était plus difficile. Le
risque pour les fonctionnaires, c'était de dépouiller un petit peu trop les
autres écoles, alors, c'est une commissaire qui était présidente, là, d'un
groupe musical, qui a vraiment convaincu le conseil des commissaires et toute
l'administration de faire en sorte qu'on ouvre une école musicale, à vocation
musicale. Et maintenant on a refusé des places, voilà deux ans. On a déménagé
l'école et maintenant on a commencé avec 80 élèves, maintenant, ils sont
rendus 125 et l'année prochaine 150. Alors, non, c'est vraiment le conseil
des commissaires, avec l'initiative de la vice-présidente, qui est à l'origine
de ce beau projet là.
Mme Rizqy : Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Lessard.
M. Lessard (Claude) : Oui,
bien, je vais vous donner l'exemple que le principe de subsidiarité n'a vraiment
pas été appliqué. Chez nous, à la commission scolaire, on a présenté deux
projets d'investissement, un pour le réaménagement d'un gymnase, école
Sainte-Thérèse, un pour l'agrandissement de l'école La Source où il y a
urgence, les élèves sont déjà dans des modulaires, des classes modulaires. Et
la décision a été prise de réaménager le gymnase de Sainte-Thérèse. On n'a pas
été consultés, et chez nous probablement qu'on aurait décidé… Si on aurait
consulté la base, on aurait appliqué le principe de subsidiarité, on nous
aurait consultés, et probablement que le conseil des commissaires n'aurait pas
pris cette décision-là. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Il reste deux minutes. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Non, c'est la
députée de …
La Présidente (Mme Thériault) :
Laquelle? Des Mille-Îles? Parfait… Je ne savais juste pas laquelle. Mme la
députée des Mille-Îles, deux minutes pour vous.
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, mesdames messieurs. Mme Simard Rancourt, on
se connaît depuis longtemps. Je vais rapidement poser ma question. Ça va
répondre par un oui ou par un non, je suis à peu près sûre. Mais je veux
souligner la présence de M. Laforest parce que je pense que vous êtes un
combattant, donc, merci d'être avec nous.
Mme Simard Rancourt, je dis que ça fait
longtemps qu'on se connaît parce que je connais un peu le parcours. Vous
connaissez aussi un peu le mien. Un peu plus tôt, les gens auparavant, ils nous
ont expliqué le temps qu'ils mettaient, ils mettaient les soirs, le jour. Les
présidents de commissions scolaires sont terriblement sollicités et font en
sorte qu'ils donnent, la plupart d'entre eux, l'ensemble de leur temps, hein,
ils n'ont pas un deuxième emploi ou c'est très difficile d'en avoir un. Est-ce
qu'au moment des élections, vous avez beaucoup de gens qui veulent votre poste?
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez une minute pour répondre à la question.
• (17 heures) •
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
Effectivement, non. J'ai offert aux gens : Si vous le souhaitez, au lieu
de signer ma présentation, si vous souhaitez vous présenter, dites-le-moi.
Effectivement, non, mais, en même temps, il faut dire que c'est tellement
extraordinaire de faire ce travail, quand on le fait par passion, que je n'ai
jamais compté les heures. Récemment, on nous le demandait, notre fédération
nous demandait ça. Je me suis assise et j'ai constaté ce qui était suggéré
comme maximum par mois, je le dépassais par semaine, mais, en même temps, si ça
fait un lien avec la partie rémunération, dans l'esprit de plusieurs, je vous
dirai que ma commission scolaire couvre 35 municipalités. Je sais que le
maire de l'une d'entre elles a un salaire, et je ne lui envie pas, je ne veux
pas le modifier, mais le maire a environ 120 ou 130 000 $. On l'a
tous vu dans les cahiers récemment. Alors que nous, nous n'en sommes qu'à une
minuscule fraction de cette situation. Mais c'est une passion qui nous tient
là…
17 h (version non révisée)
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
...un salaire, et je ne lui envie pas, je ne veux pas le modifier, mais le
maire a environ 120 000 $ ou 130 000 $, on l'a tous vu dans
les cahiers récemment, alors que nous, nous n'en sommes qu'à une minuscule
fraction de cette situation. Mais c'est une passion qui nous tient là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et, malheureusement, je n'ai plus de temps pour vous, M. Lessard, il va
falloir se reprendre. Donc, je regarde maintenant la députée de Joliette, vous
avez... pardon, la députée de Sherbrooke. Vous avez 2 min 40 s,
Mme la députée.
Mme Labrie : Merci. Dans votre
mémoire, vous mentionnez, à la page 6, que, par exemple la commission scolaire
des Bois-Francs a beaucoup d'ententes scolaires municipales déjà, vous dites
une trentaine au bénéfice des élèves, évidemment, j'en suis certaine. Est-ce
que vous pensez que le partage des services forcé peut avoir autant de succès
qu'une entente faite sur la base de la collaboration? Puis est-ce que vous
pensez que ça respecte le principe de subsidiarité?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Laforest.
M. Laforest (Jean-Yves) :
Bien, écoutez, les ententes scolaires municipales, elles peuvent vivre parce
qu'il y a des élus scolaires qui représentent les différentes municipalités
puis qui sont les personnes que les gens de la municipalité vont aller voir en
premier pour dire : Écoutez, vous avez des actifs, vous avez des gymnases,
vous avez des écoles, est-ce qu'on peut penser à faire en sorte que ces
équipements-là puissent servir à tout le monde? Là le porte-parole de la
commission... du centre de services serait uniquement le directeur général. Je
ne sais pas si... les ententes scolaires municipales vont peut-être demeurer,
celles qui sont là, mais quant à en faire de nouvelles, ça va être pas mal plus
difficile pour une personne seule. Parce que c'est lui le porte-parole, il ne
pourra pas déléguer, on ne voit pas ça, là, nulle part, là.
Alors, moi, j'ai des inquiétudes
importantes, là, quant à cet aspect-là du développement régional. C'est
important pour les citoyens qui payent des taxes que les équipements soient
utilisés toute la soirée, toute la journée si on le peut.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Labrie : Si ces
ententes-là étaient forcées par le ministre, parce que c'est un pouvoir qu'il
se donne avec le projet de loi, est-ce que vous pensez que ça peut fonctionner
à long terme des ententes forcées comme ça? Est-ce que ça respecte le pouvoir
de décision locale?
M. Laforest (Jean-Yves) :
Écoutez, forcées par le ministre, il peut forcer au ministère de l'Éducation,
au niveau du ministère de l'Éducation mais il n'aura pas de pouvoir sur les
élus municipaux, sur les autres entités. Quand on parle de scolaire municipal,
il y a un autre groupe là-dedans. Alors le ministre de l'Éducation, il peut
bien vouloir ça, mais il peut se buter à des contraintes au niveau municipal
que, je dirais, des élus locaux peuvent plus facilement comprendre et
contourner au niveau de la collaboration.
Mme Labrie : Il ne me reste
vraiment pas de temps, mais vous avez parlé de vos inquiétudes par rapport aux
effets de fusion, vous avez nommé que vous étiez inquiet. Pouvez-vous nommer
rapidement qu'est-ce qui pourrait arriver qui vous inquiètes?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 15 secondes. M Laforest.
M. Laforest (Jean-Yves) :
Bien, écoutez. Chez nous, le centre administratif, il y a plein d'employés, il
y a au-dessus de, je ne sais pas, moi, je vous dirais, pas loin d'une centaine
d'employés. L'environnement immédiat du centre administratif, là, et toute la
collaboration des gens qui résident à Shawinigan qui devront, éventuellement,
vers une grosse commission scolaire ou vers un gros centre de services se
fusionner avec. Il y a des impacts majeurs au niveau des villes où il y aurait
des fusions, là. Là je dis ça vite, vite, là, il y en a sûrement d'autres.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je n'ai plus de temps. Je n'ai plus de temps malheureusement, j'ai déjà passé
de 15 secondes.
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
...pour vous dire que nous souhaitons être vos partenaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
J'ai la députée de Joliette qui a un petit 2 min 45 s devant
elle.
Mme
Hivon
: Oui,
merci beaucoup. Dites-moi, on entend depuis des années, dans le discours du
parti qui est au gouvernement maintenant, qu'en fait il faut abolir les
commissions scolaires parce que c'est plein de bureaucratie inefficace. Donc,
est-ce que, selon vous, avec le projet de loi actuel, on va réduire, donc,
l'inefficacité? Est-ce qu'on va réduire la bureaucratie?
La Présidente (Mme Thériault) :
Allez-y, Mme Arsenault.
Mme Arsenault (Marjolaine) :
Merci, Mme la Présidente. La bureaucratie, là, elle ne se trouve pas au niveau
des élus scolaires. Alors, en abolissant ce palier-là, tous les gens qui
travaillent autant au ministère que dans les commissions scolaires vont
demeurer en place. Et puis ça se peut peut-être qu'avec qu'est-ce qui va
descendre dans les milieux qu'il y ait besoin de plus de personnels aussi.
Alors ça ne s'appelle pas vraiment de diminuer la bureaucratie en ce sens-là.
M. Laforest (Jean-Yves) : La
bureaucratie, là, c'est la reddition de comptes. On parle de reddition de
comptes, c'est du ministère ou c'est des commissions scolaires vers le
ministère. Là ce qui va arriver, c'est qu'il va y avoir autant de bureaucratie,
mais vers les écoles, alors que c'est le lieu où se passe l'action, où se
déroulent les activités pédagogiques. Alors, c'est ça qui risque d'arriver. Il
n'y en aura pas moins. Impossible.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Simard Rancourt.
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
J'ajouterai simplement un petit exemple pour dire que, présentement, avec les
mesures ciblées qui sont arrivées au cours des, je dirais, deux, trois
dernières années...
M. Laforest (Jean-Yves) :
...passe l'action, où se déroulent les activités pédagogiques. Alors, c'est ça
qui risque d'arriver. Il n'y en aura pas moins. Impossible.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Simard Rancourt.
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
J'ajouterai simplement un petit exemple pour dire que, présentement, avec les
mesures ciblées qui sont arrivées au cours des, je dirais, deux, trois
dernières années, les redditions de comptes devaient partir des écoles, et,
inévitablement, les écoles ont eu besoin et continuent d'avoir besoin d'un coup
de main parce que, sans ça, on devrait couper sur leur temps confié à la
pédagogie. Alors, il y a beaucoup de redditions de comptes à faire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et j'ai M. Lessard.
M. Lessard (Claude) : Oui.
Bien, en fait, il s'agit de prendre quelques secondes pour contempler
l'organigramme du ministère de l'Éducation, et on va comprendre immédiatement
d'où vient la bureaucratie.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée, il vous reste 40 secondes.
Mme
Hivon
: Oui.
Je voulais... Parce que c'est un argument qui revient souvent que, dans le
fond, les cégeps fonctionnent déjà avec des conseils d'administration. Dans une
région, un cégep, c'est très important. Alors, pourquoi ce serait différent,
puis ça ne marcherait pas pour des conseils d'administration de centres de
services dans une région?
La Présidente (Mme Thériault) :
...intervenant, 15 secondes.
M. Laforest (Jean-Yves) : La
plus grande différence entre un cégep puis une commission scolaire, c'est le
nombre de bâtiments. Les gens qui nous ont précédés l'ont mentionné tantôt.
Mme Simard Rancourt (Paulette) :
Le réseau.
M. Laforest (Jean-Yves) :
Mais les commissions scolaires actuelles donnent des services dans chacun des
milieux, dans 25 municipalités chez nous. On doit se déplacer pour aller
donner des services scolaires à des enfants qui sont là dans le village. Alors
qu'un cégep, bien, c'est les jeunes qui se déplacent vers le cégep où sont
donnés des services. Il y a un seul bâtiment dans un cégep.
Alors, la représentativité territoriale,
c'est là qu'elle est importante, parce que les gens, ils veulent conserver
leurs services, ils veulent conserver leur transport scolaire, ils veulent
conserver le nombre de classes, etc. Alors, c'est ça, la plus grande
différence, qu'un conseil d'administration... Il n'y aura plus de représentant
territorial...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à l'échange. Merci, M. Lessard, Laforest,
Mme Simard Rancourt, Arsenault et Bélanger.
Nous allons suspendre quelques instants
pour permettre au Regroupement des commissions scolaires de la
Capitale-Nationale, de celle de Chaudière-Appalaches ainsi que du
Saguenay—Lac-Saint-Jean de prendre place.
(Suspension de la séance à 17 h 7)
(Reprise à 17 h 10)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît...
(Reprise à 17 h 10)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous allons reprendre nos travaux, et nous
recevons le Regroupement des commissions scolaires de la Capitale-Nationale, le
Regroupement de la commission scolaire… des commissions scolaires de
Chaudière-Appalaches, le Regroupement des commissions scolaires de
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Juste avant de céder la parole à Mme Manon
Robitaille pour qu'elle puisse nous présenter les gens qui l'accompagnent et
faire sa présentation, j'ai le ministre qui me demande une question de
directives. M. le ministre.
M. Roberge : Très, très
brièvement, Mme la Présidente. Alors, prenant exemple sur ma collègue de Saint-Laurent,
je voudrais faire attention de ne pas induire les collègues en erreur. Juste il
y a quelques minutes, ma collègue de Saint-Laurent nous a dit que l'article 222
de la loi actuelle prenait des dispositions semblables permettant, pour des questions
humanitaires, de revoir des examens ou de revoir des notes, modifier à la
hausse ou à la baisse de notes. Ni 222 ni 222.1 font ça. On permet… 222 permet
de soustraire la passation d'examens à certains élèves pour des raisons
humanitaires, mais pas de revoir, de corriger ou d'avoir un mécanisme d'appel
pour une note qui aurait été attribuée. Puis il semble que c'est ce que ça
allait dire. Donc, je voulais simplement apporter cette précision. Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
D'accord. Merci, M. le ministre. Brièvement, Mme la députée.
Mme Rizqy : O.K. Alors, je
serai brève. Mais vous savez, lorsqu'on peut soustraire la… un élève pour des
raisons humanitaires, par exemple d'une épreuve, bien, à ce moment-là, ça lui
permet d'avoir la moyenne. Alors, comme ça, on est en mesure, effectivement,
d'ajuster une note pour des raisons humanitaires.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Donc, à ce moment-là, c'est des questions de points de vue qui sont… qui
peuvent… et qui sont différents et qui peuvent l'être.
Donc, sans plus tarder, je vais céder la
parole à Mme Manon Robitaille. Mme Robitaille, bienvenue à l'Assemblée
nationale. Présentez-nous les gens qui vous accompagnent, et vous avez
10 minutes devant vous pour nous présenter votre mémoire. Allez-y.
Mme Robitaille (Manon) :
Merci. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les parlementaires, merci
de nous recevoir. Je suis Manon Robitaille, présidente de la commission
scolaire de la Capitale, je suis accompagnée de Mme Brigitte Gagné, présidente
de la commission scolaire du Pays-des-Bleuets, le M. Denis Langlois, de la
commission scolaire des Appalaches, de M. Alain Grenier, président de la
commission scolaire de la Côte-du-Sud, et de M. René Dion, président de la
commission scolaire des Premières-Seigneuries.
Alors, les 12 commissions scolaires de nos
régions respectives travaillent à la réussite de plus de 155 000 élèves
jeunes et adultes dans plus de 425 écoles primaires et secondaires en plus des
centres. 78 de ces écoles ont moins de 100 élèves. La plus petite d'entre
elles : 11 élèves. Nos territoires très différents couvrent à la fois des
milieux urbains, des milieux ruraux qui comptent 224 municipalités et autant
d'interlocuteurs politiques. Nous croyons que le projet de loi n° 40 cause
un grand gaspillage de temps en nous distrayant de notre mission
première : La réussite et la persévérance scolaire. Croire que le modèle
de gouvernance proposé contribuera à dépolitiser l'administration de
l'éducation témoigne d'une compréhension limitée de ce qu'est la politique dans
nos organisations. Faire de la politique, c'est noble, c'est faire des choix,
des arbitrages au bénéfice de la communauté. À la commission scolaire des
Découvreurs, les commissaires ont décidé de garder l'école Notre-Dame-de-Foy
ouverte malgré l'avis de l'administration de fermer cette petite école de
quartier pour des raisons comptables et administratives. C'est la voix forte de
l'élu de ce quartier défavorisé qui a permis de sauver cette école qui
maintenant affiche complet. Nos commissions scolaires sont des vecteurs de
développement social, culturel et économique de leurs régions. Les élus
collaborent à différents niveaux afin de piloter diverses initiatives en
collaboration avec leurs partenaires des municipalités ou les organismes de
leurs territoires, ce qui fait des élus scolaires des acteurs de vitalité dans
leurs milieux. Parlez-en à M. Luc Richer, directeur général de l'organisme
Motivaction Jeunesse, lauréat du prix Emmett-Johns décerné par le
premier ministre lui-même récemment.
Quels sont les réels
objectifs du ministre? En quoi cette nouvelle réforme servira l'élève, le
personnel, les parents et les citoyens? Qui sera gagnant si on accepte
d'étioler les pouvoirs locaux? Le… (Interruption) …élus scolaires supprime un
palier de démocratie. Utiliser le faible taux de participation comme argument
diminue la légitimité de la démocratie en général. Cherchons donc plutôt à
augmenter la participation citoyenne, et ce à tous les niveaux. On se
rappellera que le parti actuellement au pouvoir a déjà appelé la population à
boycotter les élections scolaires, faisant diminuer sensiblement le taux de
participation dans plusieurs de nos commissions scolaires. À la commission
scolaire de Charlevoix, aux élections scolaires de 2003, 29 % des
électeurs se sont déplacés pour aller voter. En 2014, le taux est passé à
13 %, causé principalement…
Mme Robitaille (Manon) :
...faisant diminuer sensiblement le taux de participation dans plusieurs de nos
commissions scolaires.
À la commission scolaire de Charlevoix,
aux élections scolaires de 2003, 29 % des électeurs se sont déplacés
pour aller voter. En 2014, le taux est passé à 13 %, causé
principalement par cet appel au boycott.
S'il avait vraiment voulu le faire, le gouvernement
aurait plutôt proposé des solutions pour la plupart connues et bien documentées
pour améliorer la participation aux élections scolaires. D'ailleurs, le DGE est
mandaté, mandaté, par l'Assemblée nationale pour explorer le vote électronique
pour les prochaines élections scolaires.
Le ministre parle d'économies
substantielles qui seront réinvesties en services de professionnels pour les
élèves. Les expériences passées nous ont pourtant prouvé que les réformes au
niveau des structures dans les organisations se sont avérées plus coûteuses que
prévu et qu'elles n'ont pas généré les économies espérées.
Tout porte à croire que le gouvernement
cherche à faire disparaître un contre-pouvoir local pouvant critiquer ses
politiques et le contester sur la place publique. On entend un discours de
décentralisation, d'un pouvoir accru donné aux enseignants et aux directions
d'établissements, alors qu'à l'analyse de ce projet de loi, ce qui frappe et
heurte, c'est plutôt la main mise du ministre sur le réseau scolaire. En effet,
de nombreux articles introduisent de nouveaux pouvoirs et contrôles confiés au
ministre, et ce, en dépit, paradoxalement, du principe de subsidiarité maintenu
dans ce projet de loi. Il s'agit ici d'une centralisation de pouvoirs à Québec.
Le gouvernement a préféré revoir la
gouvernance et remplacer ceux qui ont été élus par 5 % des citoyens, par
des administrateurs élus par une infime partie des parents des conseils
d'établissement.
À l'école secondaire Neufchâtel, une école
de 1 500 élèves, 17 personnes étaient présentes à l'assemblée
générale, sur une possibilité de 3 000. Il y avait des couples, en plus.
Tous ceux qui sont impliqués dans le monde de l'éducation vous diront qu'il ne
s'agit pas là d'une exception.
Le gouvernement s'apprêterait-il à régler
un problème de légitimité par une structure encore moins légitime? À qui ces
gens devront-ils rendre des comptes? Qui représenteront-ils vraiment? À qui
seront-ils redevables? Sûrement pas à la population en général. Au ministre,
probablement.
Mme la Présidente, ce projet de loi, ce
n'est pas moins de bureaucratie, c'est moins de démocratie. Le système actuel
permet aux commissaires de prendre des décisions dans l'intérêt général de la
société. C'est ça, de la politique, être redevable envers la population et lui
rendre des comptes. Les élus scolaires accueillent les demandes et répondent
aux questions qui leur sont soumises par leurs citoyens dans leur
circonscription. Un peu comme le font les députés de l'Assemblée nationale dans
leur comté. Est-ce que les membres des conseils d'administration assumeront
cette fonction importante? Bien sûr que non.
L'éducation est avant tout un bien public,
un bien public qui doit servir la société québécoise. Confier sa gouvernance à
ses seuls usagers est une dérive, dérive qui n'est pas sans conséquence
puisqu'elle accentue la marchandisation de l'école publique.
Lorsqu'il était ministre de l'Éducation,
le premier ministre actuel déclarait, et je cite : «Ce n'est pas vrai que
la réussite de nos élèves est la seule responsabilité de nos écoles, de nos
cégeps, de nos universités, ou même du ministère de l'Éducation. Elle doit être
partagée par toute la société et être au cœur des priorités, entre autres, de
sa communauté.» Or, avec cette réforme, le ministre va exactement à l'encontre
de ce que disait le premier ministre.
Ajoutons que le projet de loi est muet
quant au découpage géographique des centres de services, c'est un enjeu
préoccupant. On ne doit pas échapper la réalité des milieux ruraux au détriment
des milieux à forte concentration de population.
Il y a fort à parier que les milieux les
plus défavorisés ou ceux ayant une forte proportion de nouveaux arrivants
allophones ne soient pas représentés. Pour ces sans-voix, c'est très
inquiétant. Le principe de représentativité territoriale est fondamental pour
assurer la défense des intérêts de tous les milieux et de l'ensemble des
citoyens.
Or, le projet de loi n° 40 ne va pas
dans ce sens. Selon le ministre, cela ne poserait aucune difficulté que les
16 membres du conseil d'administration proviennent d'une ville centre au
détriment de toutes les municipalités voisines. Par exemple, tous les membres
du conseil d'administration pourraient venir de la ville de Montmagny et aucun
membre ne proviendrait d'une des 45 municipalités du territoire de la
commission scolaire de la Côte-du-Sud.
Dans une telle situation, qui seront les
gardiens de l'équité, lorsqu'il sera question de maintenir ou fermer une petite
école d'une de ces 45 municipalités? Rien dans le projet de loi n° 40
ne garantit que tous les territoires, les quartiers, ou même les municipalités
seront équitablement représentés à la table du conseil d'administration et que
quelqu'un y portera leur voix. Qui, par exemple, à la commission scolaire de la
Capitale, aurait reçu et porté la voix de la communauté du quartier concernant
l'offre de service de l'école Cardinal-Roy, ici, à Québec?
• (17 h 20) •
À la suite de plusieurs soirées
d'information et de consultations publiques organisées par le conseil des commissaires
lui-même, nous avons compris à quel point cette communauté tenait à son école
de quartier. S'il n'en...
Mme Robitaille (Manon) : ...de
la Capitale aurait reçu et porté la voix de la communauté du quartier
concernant l'offre de services de l'école Cardinal-Roy ici, à Québec. À la
suite de plusieurs soirées d'information et de consultations publiques
organisées par le conseil des commissaires lui-même, nous avons compris à quel
point cette communauté tenait à son école de quartier. S'il n'en avait été que
des parents du conseil d'établissement, je vous confirme que la communauté du
secteur centre-ville aurait perdu son école de quartier. Mme la Présidente,
l'enseignante marche sa classe, la directrice marche son école, l'élu scolaire
marche son territoire.
En conclusion, les arguments à l'appui de
cette réforme de la gouvernance ne tiennent pas la route. Il n'y aurait aucun
gain en légitimité, pas plus qu'il n'y en aura en économies. Rappelons que la
dernière réforme de structure aura coûté 40 millions supplémentaires, plutôt
que les économies annoncées de 100 millions. Rien, dans ce projet de loi,
ne garantit l'amélioration de la réussite scolaire. Au contraire, elle
pourrait, pour un temps, stagner, voire même reculer. Rien, dans ce qui est proposé,
ne contribue à améliorer la gouvernance actuelle. Elle pourrait s'affaiblir, et
des situations conflictuelles entre des groupes aux intérêts divergents
pourraient avoir un impact négatif sur les travaux de conseils
d'administration, lesquels afficheront, à n'en pas douter, un taux de roulement
élevé.
Le gouvernement aurait avantage à appuyer
ses décisions et ses politiques sur des données probantes issues de la
recherche, plutôt que sur des croyances non fondées, des anecdotes ou des
promesses électorales. Par conséquent, Mme la Présidente, nous demandons au
gouvernement de surseoir à l'adoption du projet de loi n° 40
et de convier les différents acteurs du réseau de l'éducation à une vaste
consultation portant sur les principaux enjeux en matière d'éducation et de
gouvernance. Merci beaucoup pour votre écoute.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme Robitaille. Et puisque c'est un bloc d'une heure, M. le ministre,
vous avez 23 min 30 s à la disposition du parti formant le
gouvernement.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Alors, merci d'avoir porté cette voix. Vous avez fait plusieurs
déclarations sur lesquelles je voudrais revenir pour comprendre pourquoi ou sur
quoi ça se base, spécifiquement.
Vous avez mentionné que les gens, sur le
conseil d'administration ou dans la nouvelle instance, seraient redevables au
ministre. Pouvez-vous me dire où, dans le projet de loi, ou quel article, dans
le projet de loi, mène les gens sur un conseil d'administration ou les gens qui
travailleraient dans les centres de services à être redevables au ministre?
Mme Robitaille (Manon) : En
fait, vous savez, il y a une distinction, hein, entre des membres élus siégeant
sur des conseils d'administration, sur des conseils d'élus scolaires, des conseils
de commissaires, et des conseils d'administration. Les pouvoirs, les devoirs,
les rôles et responsabilités ne sont pas les mêmes, bien sûr. Un conseil
d'administration, c'est bien différent d'un conseil formé de membres élus par
la population, parce qu'on a des comptes à rendre. C'est différent également
d'une gouvernance de proximité. On répond de la voix, nous, comme élus, de nos
citoyens. On y est redevables et on est imputables de nos décisions. On a les
mains libres pour agir, comme élus, on peut arbitrer, choisir, prendre des
orientations, pas au nom de l'administration ou d'un groupe en particulier,
mais de l'ensemble de la population qui nous ont choisis. Alors qu'un conseil
d'administration, ça répond à l'instance morale qui'il représente. Donc, un
groupe de personnes... On vous a parlé de certaines initiatives où nous, on
n'avait pas les mains liées pour les prendre. Mais un groupe de personnes
autour d'un conseil d'administration, pensez-vous vraiment qu'ils pourraient
prendre de telles initiatives, alors qu'ils vont agir sous la gouvernance du
ministre?
Je siège actuellement sur plu8 conseils
d'administration. J'ai fait deux collèges, deux cégeps ici, à Québec, et je
peux vous dire qu'à tout... Il y a cinq rencontres par année, d'une heure et
demie, environ, et à toutes les rencontres, on a des demandes, des
prescriptions ministérielles qui nous viennent. Par exemple, récemment, le
plomb dans l'eau. Donc, on doit répondre de ça. Est-ce que... On doit
approuver, «that's it», il n'y a pas plus d'initiative à prendre que ça. Donc,
elle est là, la différence, M. le ministre.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Pour la question
du plomb dans l'eau, bien sûr, effectivement, mais les commissions scolaires
aussi ont reçu cette lettre avec la façon de faire pour tester les fontaines
d'eau, etc.
Mais vous n'avez pas répondu, parce que
vous faites une déclaration sur vos rôles et responsabilités actuels, je veux
bien, j'imagine que vous savez bien quels sont les rôles et responsabilités des
commissaires, quoique, en ce moment, il n'y ait pas de formation uniforme à la
grandeur du Québec, obligatoire, sur les rôles, devoirs et responsabilités des
commissaires. Il pourrait, à la limite, y avoir des interprétations différentes
des commissions scolaires, là. Ce que corrigerait d'ailleurs le projet de loi n° 40, avec des formations qui viendraient offrir une même
interprétation d'une même loi. Mais ce n'est pas ça que vous avez dit. Vous
avez dit : Avec le projet de loi n° 40, les gens sur les C.A. vont
être redevables au ministre. Vous faites... déclaration forte que... je pense,
qui ne s'appuie pas sur le projet de loi n° 40. Peut-être est-ce une
crainte que vous avez, mais j'aimerais...
M. Roberge : ...de loi n° 40 avec des formations qui viendraient offrir une même interprétation
d'une même loi. Mais ce n'est pas ça que vous avez dit. Vous avez dit :
«Avec le projet de loi n° 40, les gens sur les C.A. vont être redevables
au ministre». Déclaration forte mais, je pense, qui ne s'appuie pas sur le projet
de loi n° 40. Peut-être est-ce une crainte que vous avez, mais j'aimerais
savoir sur quoi ça se base parce que cette crainte que vous avez peut-être,
vous la transmettez autres en disant : «Là, les gens vont être redevables
au ministre». Moi, je me demande est-ce que ça s'appuie sur un article. Est-ce
que ça s'avère ou pas? Sur quoi ça s'appuie, ça?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Grenier.
M. Grenier (Alain) : Alain
Grenier. Ça s'appuie sur un état d'esprit qui se filtre dans tout le projet de
loi n° 40. Dans toutes les communications médiatiques, vous parlez tout le
temps de deux choses, la subsidiarité, concept élaboré par l'Église catholique
il y a fort longtemps, puis ce n'est pas une institution très démocratique en
passant, et puis pour parlez aussi de décentralisation. Voici votre
décentralisation. Les centres de services scolaires doivent favoriser le
partage des ressources, doivent partager le partage des ressources et des
services notamment de nature administrative entre eux ou avec d'autres
organismes publics dont des municipalités, même des écoles privées. Le ministre
peut demander à ce centre de services de produire une analyse visant à évaluer
les possibilités. Et à la suite de cette analyse, il se réserve le droit
d'exiger que des ressources ou des services soient mis en oeuvre entre deux
centres de services. Il doit... Il peut l'imposer. Vous n'accepteriez pas ça
comme député.
Le ministre se réserve le droit absolu de
communiquer directement avec les parents et le personnel selon les modalités
qu'il détermine et il exige que le centre de services scolaires transmette ces
communications. Le ministre édictera un règlement afin de déterminer le contenu
et la forme du rapport annuel de centre de services scolaire ou de conseil
d'établissement. Le ministre exige que les membres du conseil d'administration
ainsi que ceux des conseils d'établissement qu'ils suivent une formation qu'il
aura lui-même élaborée. Pas eux, là. Le ministre ajoute un critère
d'inscription d'un élève à l'école, soit la fratrie. Tout en étant souvent
utilisé par le milieu, ce type de critère ne relève certainement pas du ministre.
Les membres du conseil d'administration
sont élus ou désignés selon les modalités et les conditions édictées par
règlement imposé pas le ministre. C'est encore l'esprit de la loi. Le ministre
peut réglementer les obligations de formation continue des titulaires d'une
autorisation d'enseigner, les syndicats vous l'ont rappelé abondamment, les
modes de contrôle, de supervision et d'évaluation ainsi que les sanctions à
défaut de s'y conformer. Le ministre détermine, vous voyez les mots, les verbes
d'action, hein, et de pouvoir, détermine par règlement les normes d'éthique et
de déontologie applicables aux conseils d'administration francophones tandis
que, chez les anglophones, ils se le donnent eux-mêmes. Mais chez les
francophones, on n'est pas capables, on va se les faire imposer par le
ministre. Le ministre peut déterminer pour l'ensemble des centres de services
scolaires des objectifs ou des cibles portant sur l'administration, le C.A.,
hein, l'organisation ou le fonctionnement d'un centre de services scolaire. Ça,
c'est du contrôle. Et si le changement de gouvernement doit se réaliser, le
ministre imposera un contrôle sur toute décision qu'on prendrait à partir du
mois d'octobre.
Ce matin, dans notre commission scolaire,
on a eu un courriel qui est rentré du bureau du sous-ministre, attendez que je
l'ouvre, ça va vous éclairer, à 7 h 9 ce matin, c'est le Secrétariat
du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, à la demande du
cabinet du ministre, qui sollicite votre contribution aux fins de cette demande
de renseignement. Objet : tempête hivernale. Instruction, précision
particulière : faire la liste des établissements impactés, fermetures
d'école, mentionner les principales problématiques de transport scolaire,
mentionner brièvement les principaux moyens employés pour assurer la sécurité
des élèves et du personnel ainsi que pour assurer la continuité des services
éducatifs le cas échéant. Date limite pour répondre? 8 h 30 ce matin.
De 7 h 9 à 8 h 30. Vous savez, nous, ça ouvrait à
8 h 30, là. Donc, c'est ce genre de chose là quand on les lit, si on
le dit en plus, la loi n° 37, quelle sorte de société
voulez-vous construire si ça repose sur votre seule compétence, M. le ministre?
Et votre seul jugement aussi.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. Grenier. Je vais aller du côté du ministre.
• (17 h 30) •
M. Roberge : Merci bien.
Bien, écoutez, cette lettre, ce n'est pas moi qui l'ai écrite. C'est l'équipe
du sous-ministre dans le but d'informer les gens. Et, je pense, c'est une
excellente chose de s'assurer que les écoles soient ouvertes et que, si elles
ne sont pas ouvertes, que l'information soit communiquée. Mais j'ai bien aimé
le début de la rencontre, quand on dit que les gens sont redevables au
ministre, ça ne s'appuie sur aucun article comme tel, mais bien sur une
impression qui vous appartient comme commissaire en disant : Bon, bien,
c'est notre feeling. Mais il n'y a pas d'article qui vienne amener ça un peu
comme quand vous avez mentionné tout à l'heure dans votre déclaration de
départ, la réussite scolaire est menacée. Elle pourrait même reculer. Bon. Là,
on a plusieurs groupes qui nous ont dit que le projet de loi n° 40, avec
une gestion coopérative, allait augmenter vraisemblablement la réussite
scolaire. Mais là, c'est comme dans une espèce de climat de peur, là. Les gens
vont être redevables au ministre, mais ça ne suit pas sur... ça ne s'appuie pas
sur un article de loi...
17 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...bon, là on a
plusieurs groupes qui nous ont dit que le projet de loi n° 40,
avec une gestion coopérative, allait augmenter vraisemblablement la réussite
scolaire. Mais là, c'est comme dans une espèce de climat de peur, là. Les gens
vont être redevables au ministre. Mais ça ne s'appuie pas sur un article de
loi. Après ça, la réussite scolaire va reculer. Bien, évidemment, il n'y a pas
un article de loi qui dit que les gens vont moins bien apprendre.
Après ça, vous mentionnez quelque chose
qui... On me prête des intentions. Le gouvernement... Vous avez dit : Le
gouvernement veut faire disparaître un contre-pouvoir local. C'est quelque
chose, quand même, comme... Hein? Au salon bleu, on dirait qu'on me prête des
intentions, là, mais, bon, qu'on voudrait faire disparaître un contre-pouvoir
local, ce qui n'est absolument pas le cas. D'autant plus qu'avant vous, il y a
eu d'autres personnes qui sont venues et qui ont eu une interprétation
totalement différente, notamment le président de la Fédération des cégeps, M.
Tremblay, qui est venu nous dire qu'il n'est aucunement... même s'il est
directeur général et qu'il représente les directions générales des cégeps, qui
ne sont pas élues, c'est vrai, mais qui sont redevables à un C.A. Le C.A. n'est
pas redevable au ministre.
Et elles ne se gênent pas, d'ailleurs, les
directions générales des cégeps, pour interpeller les ministres ou les
gouvernements, le gouvernement précédent comme le nôtre, autant les directions
des cégeps que la Fédération des cégeps, même si elles ne sont pas élues, elles
ne sont pas inféodées, ne sont pas redevables au ministre. Et ils peuvent
représenter un contre-pouvoir, un peu comme les recteurs des universités aussi,
avec qui j'ai d'excellentes relations, mais qui peuvent, à l'occasion, et c'est
déjà arrivé précédemment, interpeller le gouvernement de manière assez dure, et
ils en ont tout à fait le droit, via les médias, via les lettres ouvertes, en commission
parlementaire aussi. On les convoque en commission, et ils viennent exprimer
parfois leur accord, parfois leur désaccord.
Donc, j'ai de la misère à voir sur quoi ça
s'appuierait, toutes ces craintes-là, quand plusieurs groupes qui sont venus
voir... qui sont venus parler de ce projet de loi là de manière bien, bien
différente. Des gens qui travaillent dans vos organisations, d'ailleurs, hein,
souvent, des directions d'école qui travaillent dans vos organisations, qui
sont... qui dirigent les équipes-écoles n'ont pas cette vision-là du tout, du
tout. Et même des commissaires scolaires sont venus aussi présenter ça. J'ai...
Bien sûr, on écoute, on prend des notes, on va voir s'il y a des propositions
d'amendements, des suggestions de faites pour bonifier le projet de loi. Mais
j'ai l'impression que c'est davantage une opposition pure et simple au projet
de loi puis qu'on balaie du revers de la main même des changements qui
pourraient être très favorables, qui pourraient faire consensus parce qu'il faudrait
maintenir le statu quo à tout prix.
La Présidente (Mme Thériault) :
J'ai...
Des voix
: ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Je pense que vous voulez tous réagir, mais j'avais déjà vu...
Mme Robitaille (Manon) : Oui,
je pense qu'on va...
La Présidente (Mme Thériault) :
J'avais...
Mme Robitaille (Manon) :
...on va essayer de vous faire comprendre ce qu'on veut dire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais juste vous demander peut-être de vous adresser à moi. Je sens un peu la
pression monter. Ça va juste calmer un peu le jeu. Ce serait...
Mme Robitaille (Manon) : Oui,
d'accord, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Thériault) :
Oui, s'il vous plaît, parce que...
Mme Robitaille (Manon) :
C'est parce qu'il a été dit beaucoup de choses, puis on veut juste que le
message soit bien compris. Donc, première des choses, conséquences négatives
sur la réussite des élèves. On le sait, et plusieurs données de recherches nous
l'ont démontré, que les réformes de structure ébranlent les organisations,
hein, et qu'on a tendance, comme on le fait aujourd'hui, à ne pas être sur
notre mission première, la réussite et la persévérance scolaires. Ça nous
détourne de notre mission.
Aujourd'hui, on est devant vous pour
débattre d'un projet de structure et de réforme de gouvernance, et j'ai ma
collègue, à côté de moi, qui a fait trois heures pour venir vous parler, donc
on va bien vous expliquer ce qu'on veut vous dire. Quand on parle de recul,
voire de stagnation au niveau des indicateurs de réussite dans nos commissions
scolaires, à la fusion de 1998, on a observé une stagnation, voire un recul de
l'ensemble des indicateurs de réussite. On a vu des sortants sans diplôme et
qualification frôlant les 40 %, un taux jamais vu. Ça a pris 10 ans avant
que le réseau se remette et voie ces indicateurs progresser. Ça, c'en est une
façon de voir, le fait que, lorsqu'on n'est pas ancrés sur les vraies affaires,
c'est long qu'on se détourne de notre mission première, et pendant ce temps-là,
c'est les jeunes qui sont assis sur les bancs d'école qui écopent.
La
Présidente (Mme Thériault) : J'ai Mme Gagné qui avait signifié son
intérêt ainsi que M. Dion après. Donc, Mme Gagné.
Mme Gagné
(Brigitte) : Mme la Présidente, je veux revenir...
Mme Robitaille (Manon) :
...sur les vraies affaires, c'est là qu'on se détourne de notre mission
première, et pendant ce temps-là c'est les jeunes qui sont assis sur les bancs
d'école qui écopent.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et j'ai Mme Gagné qui avait signifié son intérêt ainsi que M. Dion après. Donc,
Mme Gagné.
Mme Gagné (Brigitte) : Mme la
Présidente, je veux revenir sur la mention du contrepouvoir. Je pense que, dans
des régions comme la mienne, avoir un pouvoir, c'est important, puis l'éducation,
là, c'est un peu le centre névralgique pour le développement économique,
culturel et social de nos communautés. Puis, quand on me parle d'un cégep ou
d'une direction d'école, eux, ils ont un établissement à s'occuper, contrairement
à nous, une commission scolaire, où c'est qu'on représente plein de petits
milieux. Puis, les petits milieux, là... M. Legault a dit en fin de semaine,
quand il était à Lebel-sur-Quévillon, quand il a inauguré l'usine de pâtes, a
dit qu'un Québec était riche quand on avait des régions qui étaient fortes.
Bien, ça nous prend des régions fortes, il faut être capables de décider de ce
qu'on veut puis il faut occuper le territoire, puis nos petites écoles, je
pense, c'est important de les maintenir, puis je pense que c'est avec des élus
qu'on... puis qu'on peut discuter justement avec les maires de notre milieu.
Puis d'ailleurs j'ai l'ensemble de toutes les municipalités du comté de Roberval
de Mme Guillemette qui sont contre l'abolition des élus scolaires. Vous nous
enlevez un droit de parler. Comme institution, bien, en enlevant la démocratie,
comme vous voulez faire sous le prétexte que ça coûte cher, je pense qu'une
démocratie, là, ça ne coûte jamais assez cher.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais juste vous rappeler à nos règles qu'on ne doit pas appeler ni le premier
ministre, ni les députés par leur nom, mais plutôt M. le premier ministre, Mme
la députée de tel comté. M. Dion, rapidement, avant de retourner du côté ministériel,
la parole est à vous.
M. Dion (René) : Bonjour, Mme
la Présidente. Je voulais revenir sur la réussite scolaire. Bien sûr que la loi
n° 40, c'est... on n'est pas... ça se peut fort bien
qu'on ne recule pas, mais on ne va sûrement pas continuer d'avancer comme on
fait présentement. Le gros problème qui entoure ce phénomène, entre guillemets,
de la loi n° 40, c'est que dans nos commissions
scolaires, avec les élus scolaires et les commissions scolaires, le pire, c'est
que ça va très bien. On travaille bien. Les élus scolaires, c'est des bons
soldats loyaux, on travaille dans chacune des circonscriptions. Le but premier,
eh bien, c'est la réussite des élèves, c'est le but premier, puis c'est ce
qu'on fait, naturellement.
Alors, moi, si
j'étais premier ministre — on ne sait jamais, peut-être un jour — je
me rallierais autour de bons soldats, des personnes passionnées, des personnes
passionnées comme nous autres, qu'on est convaincus et on a une certaine
stabilité. Alors, il y a des commissaires, il y a des élus scolaires, ça fait
cinq, 10, 15, 20, 30 ans qu'ils sont là-dedans, qui connaissent le fonctionnement.
Moi, quand j'étais directeur d'école puis que les nouveaux parents, qu'ils
arrivaient au conseil d'établissement, bien, ça leur prenait un an ou un an et
demi à découvrir le monde merveilleux scolaire, alors que là ce n'est vraiment
pas ça, là, qu'on va vivre, là. Alors, ces alliés-là, ces éclaireurs-là qu'on
est, justement, là, à travers les différentes circonscriptions, j'en prendrais
soin à n'en plus finir. Je ne leur donnerais pas des cadeaux, pas tant que ça,
là, mais je leur faciliterais la tâche puis je leur dirais : Comment est-ce
qu'on peut vous aider?
Moi, je rêve un
jour d'un gouvernement qui nous dise : Comment est-ce qu'on peut vous aider,
vous autres, les élus scolaires? Comment est-ce qu'on peut faire pour continuer
à améliorer la réussite des élèves? Donnez-moi des idées, je vais vous écouter.
Comment est-ce qu'on pourra faire pour faire en sorte que la démocratie
scolaire, là, enfin, là, on lui donne une belle lumière, là? Pas plein, plein d'argent,
là, mais on va vous aider, on va vous aider pour la publicité, on va vous aider
pour vous faire connaître, pas un petit 35 000 $ écarté, là, puis que
l'on... Dans nos commissions scolaires, la minute qu'on fait quelque chose pour
se faire connaître, on se fait ramasser là, parce qu'on dit : Bien oui,
mais...
Là, je vois
votre... J'ai fini?
La
Présidente (Mme Thériault) : Oui, malheureusement, parce que j'essaie
d'équilibrer le temps entre les interventions...
M. Dion
(René) : Oui, c'est correct.
La
Présidente (Mme Thériault) : ...du côté ministériel et les réponses.
Je pense que j'y arrive relativement bien. Je sais que la députée de Charlevoix
a aussi des choses à dire. Donc, probablement, M. Langlois, vous pourrez
trouver votre temps de parole avec l'échange avec la députée de Charlevoix. Mme
la députée, vous avez six minutes.
• (17 h 40) •
Mme
Foster : Merci, Mme la Présidente. Merci tout d'abord à vous d'être
ici aujourd'hui. Je pense que la démocratie gagne toujours à débattre d'idées,
je pense que... et d'écouter également ce que les gens ont à dire pour avancer.
Ma première question portera sur une phrase qui est écrite à la dernière page
de votre mémoire : «La qualité de la gouvernance pourrait
s'affaiblir — on parle ici d'un cas où le p.l. n° 40
serait adopté — la qualité de la gouvernance pourrait s'affaiblir,
les situations...
Mme Foster : ...mot à dire pour
avancer. Ma première question portera sur une phrase qui est écrite à la
dernière page de votre mémoire : «La qualité de la gouvernance pourrait
s'affaiblir...»On parle ici d'un cas où le p.l. n° 40 serait adopté :
«La qualité de la gouvernance pourrait s'affaiblir, les situations
conflictuelles entre des groupes aux intérêts divergents pourraient avoir un
impact négatif sur les travaux des conseils d'administration lesquels
pourraient afficher des taux de roulement élevés mettant à mal le développement
de l'expertise de ses administrateurs». J'aimerais que vous m'en disiez plus
là-dessus s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Langlois, c'est votre tour.
M. Langlois (Denis) : Oui, Mme
la Présidente. Merci pour cette belle question. Donc, belle opportunité pour
moi de rattacher ça avec : redevable à qui, hein? Grande question. Il n'y
a pas beaucoup de belles réponses là-dessus, hein? C'est assez nébuleux de
différents groupes qui ont passé. Alors, par défaut : redevable au
ministre. Et quand on regarde le style du ministre en amont... chez nous comme
ailleurs, on ne pouvait même pas parler avec un député de la CAQ de la
démocratie scolaire. Ça dénote quelque chose.
Quand on voit dans le projet de loi
n° 40 — et je vais arriver à votre question dans deux
secondes — dans le projet de loi n° 40 que le ministre va
intervenir s'il le veut directement avec les directions d'établissements, avec
le personnel et les parents et, etc. Si un conseil des commissaires,
présentement selon la loi actuelle, le faisait, le gouvernement local, c'est ça
actuellement, on viendrait dire : C'est de l'ingérence. Et il y aurait une
problématique qui remonterait jusqu'au bureau du ministre. Alors, c'est ça que
nous annonce le projet de loi n° 40.
Maintenant, les conflits et le taux de
roulement : conseil d'administration majoritairement par des parents qui
ont des enfants dans une école X sur un territoire donné si le territoire
existe toujours. Les parents suivent, et on le sait, les activités de leurs
enfants, activités particulièrement en parascolaire, sportives et culturelles.
Peu de parents au niveau scolaire pourtant ils ont beaucoup de mérite, ils sont
très compétents. Nous en avons déjà autour de la table du conseil des
commissaires et ils ont une grande valeur.
Sauf que ces gens-là, en les mettant
bénévoles, lorsqu'ils auront à faire ce qu'on a fait chez nous il y a quatre
ans : des rencontres pour l'organisation du travail avec jamais moins de
100 personnes dans la salle, qui ne venaient pas nous féliciter mais au
contraire. Alors, lorsque tu es bénévole, tu n'as pas envie de vivre ça à
chaque mois. Alors, c'est là qu'on pense qu'il peut y avoir un taux de
roulement, étant peut-être moins engagé, c'est la nature humaine. C'est un constat
que je fais de mon expérience de vécu. Ce n'est pas écrit à nulle part.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci.
M. Langlois (Denis) : C'est
une lecture que moi je fais et je me crois quand je le dis.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci.
M. Langlois (Denis) : ...le
taux de roulement c'est de là qu'il viendrait. Les conflits... imaginez-vous
lorsqu'on a décidé pour une école quelque part où j'ai mon enfant, à savoir la
petite école du quartier à l'autre bout ou dans le petit rang à l'autre bout,
on va la maintenir avec 27 élèves. Puis on l'a vécu chez nous Alors, les
parents viennent nous dire : Wo! les commissaires, attendez un peu, là. Ça
va enlever des ressources dans mon école où moi j'ai un enfant. Pour
25 élèves? Aïe! arrivons en ville, déplaçons des ressources. Les
25 élèves, déplaçons-les à 22 kilomètres plus loin. C'est ça qui
arrive madame. Puis ça, ce n'est pas des histoires comptées en l'air, c'est des
histoires vécues... avec des noms d'école si vous voulez et des années aussi si
vous voulez. C'est là les conflits malheureusement.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci.
M. Langlois (Denis) :
Savez-vous combien de temps ça prend pour commencer à comprendre comment
fonctionne une commission scolaire? Parce que j'en ai vu des commissaires
passés, un et l'autre. Le genre de budget qu'on a par enveloppe, la complexité
qui est de plus en plus complexe... En bas de deux ans, il faut faire deux
tours de roue avant les gens comprennent. Un nouveau D.G.? Ça lui prend minimum
un an et demi faire le tour de roue pour lui-même bien comprendre. Alors, c'est
ça qui va arriver.
Alors, on se débarrasse de l'expertise
qu'on a actuellement. On dit : tous les gens qui sont là qui sont des
parents, qui sont des grands-parents, qui sont des gens de la communauté tout
simplement, des gens d'affaires parce qu'il y en a autour de la table du
conseil, toute l'expertise que vous avez depuis cinq ans, 10 ans,
15 ans et plus : Merci beaucoup, bonjour, au revoir, vous ne valez
plus rien. C'est ça que les gens comprennent. Ce n'est pas écrit comme ça mais
c'est ça que ça arrive, les gens doivent sortir.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et Mme la députée, il vous reste 50 secondes.
Mme Foster : Combien?
La Présidente (Mme Thériault) :
50 secondes.
M. Langlois (Denis) : Je
m'excuse, j'ai été long.
Mme Foster : Oui. Bien, c'est
juste que... Dans le fond, tu sais, je trouve qu'on sous-estime un peu les
parents là-dedans. Puis, s'il y en a déjà autour de la table, bien, pourquoi
ils ne pourront pas continuer de s'impliquer dans les actuels C.A.? Ça, c'est
mon autre question. Mais il n'y a pas d'empêchement, là.
Mais, en tout cas, bref, j'aurais eu
d'autres questions, mais là il me reste 20 secondes, là.
Une voix
: ...
Mme Foster : Oui, je vais
passer la parole à Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette : J'aurais une
petite question rapide.
La Présidente (Mme Thériault) :
En 20 secondes. Allez-y, Mme la vice-présidente.
Mme Guillemette : Bien, d'abord,
merci de votre présence ici aujourd'hui. Ça nous nourrit dans nos réflexions.
Merci...
Mme Foster : ...s'impliquer
dans les actuels C.A.? Ça, c'est mon autre question. Mais il n'y a pas
d'empêchement, là.
Mais, en tout cas, bref, j'aurais eu
d'autres questions, mais là il me reste 20 secondes, là.
Mme Guillemette : ...
Mme Foster : Oui, je vais
passer la parole à Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette : J'aurais une
petite question rapide.
La Présidente (Mme Thériault) :
En 20 secondes. Allez-y, Mme la vice-présidente.
Mme Guillemette : Bien, d'abord,
merci de votre présence ici aujourd'hui. Ça nous nourrit dans nos réflexions.
Merci particulier à Mme Gagné de la commission scolaire Pays-du-Bleuet.
J'entends votre inquiétude au niveau des
comités, du C.A., qu'il y ait une représentativité accrue d'un territoire en
particulier. Si on avait une représentativité par district, est-ce que ça
pourrait équilibrer un peu le... ce que vous voyez comme problématique?
La Présidente (Mme Thériault) :
Et là je vais vous demander oui ou non, parce qu'on a déjà passé le temps.
Mme Robitaille (Manon) :
Absolument pas. On le sait déjà, on l'a déjà. On a déjà des circonscriptions.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci.
Mme Robitaille (Manon) : Est-ce
que c'est une meilleure idée?
Une voix
: On va se parler
tantôt.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. J'ai l'impression qu'on pourra peut-être continuer de ce côté-ci. Mme la
députée de Saint-Laurent, c'est un bloc d'une heure, donc vous avez
15 min 40 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Merci. Bienvenue. Je suis un peu étonnée que le ministre se déresponsabilise
lorsqu'une lettre est envoyée par son ministère au nom de son cabinet pour
savoir comment ça fonctionne en cas de tempête de neige. Et, étant donné que le
ministre de l'Immigration apporte une très grande importance pour la qualité de
la langue française, il faudrait juste rappeler au ministère de l'Éducation et
de l'Enseignement supérieur que le verbe «impacter» est une impropriété dans
notre langue française.
Et maintenant, ceci étant dit, je me
tourne vers vous, car on a quand même la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
et on a la commission scolaire de Charlevoix qui aurait bien aimé être entendue
mais qui n'est malheureusement pas présente, mais écrit dans son mémoire :
«Nous affirmons que ce projet de loi constitue une perte énorme d'autonomie
pour les régions du Québec, autant pour les organisations que pour la
gouvernance scolaire.»
Une fois que vous n'êtes plus là, qui aura
l'audace de cogner à la porte des députés locaux? Et est-ce que ces députés
locaux, lorsqu'ils seront au gouvernement, est-ce qu'eux auront l'audace de
décrier les projets de loi qui ne sont pas acceptés dans vos communautés?
La Présidente (Mme Thériault) :
...juste signifier... Mme Robitaille, peut-être.
Mme Robitaille (Manon) : Oui.
Bien, en fait, tu sais, il n'y aura plus personne. Il n'y aura plus personne.
Je peux vous dire qu'on a des partenariats, vous le savez, avec les
municipalités. J'ai aussi des collègues du parti au pouvoir actuellement, moi,
sur mon territoire, qui m'appellent pour me référer des gens. Et nous, on
travaille avec ces partenaires-là, donc, quand il y a des projets aussi à
mettre en place pour améliorer la réussite éducative. Entre autres, je parlais
de M. Luc Richer, qui est dans nos écoles les plus défavorisées, qui fait
de magnifiques projets, qui a été reconnu, d'ailleurs, pour ça.
C'est avec nous qu'ils transigent, c'est
avec nous. Est-ce qu'ils iront voir, ces gens-là... Puis ils nous le disent,
hein? Ils sont préoccupés. Ils nous disent que c'est grâce à nous qu'ils sont
rentrés dans nos écoles. Ce n'est pas quand ils sont allés cogner à l'école. La
direction a bien d'autres chats à fouetter. Donc, c'est par l'intermédiaire des
élus.
Et effectivement, dans Charlevoix, cette
perte-là, là, c'est triste, mais c'est extrêmement préoccupant. Vous avez vu,
Charlevoix ont plusieurs appuis au niveau des partenaires parce que justement
Charlevoix, c'est plus petit, mais ils travaillent avec l'ensemble des
municipalités, des MRC. Ils ont les deux MRC de Charlevoix en appui au modèle
qu'on a actuellement, de gouvernance. Ils ont la Chambre de commerce de
Charlevoix également qui les appuie là-dedans. Ils ont les partenaires communautaires
et culturels. Écoutez, ça, ça va disparaître avec le projet de loi n° 40.
La Présidente (Mme Thériault) :
J'ai Mme Gagné, M. Dion et M. Grenier qui m'ont demandé la
parole. Donc, on va commencer par Mme Gagné.
Mme Gagné (Brigitte) :
Rapidement, justement, comme ma collègue l'a dit, il n'y aura plus personne qui
va frapper aux portes. Puis, nous, pour notre région, il y a la région
éducative qui s'est mise en place, puis ça, là, c'est grâce à différents ordres
d'enseignement, mais c'est surtout les élus qui ont allés cogner à la porte
pour faire développer ça au niveau de leur territoire.
Puis nous, au niveau de notre territoire
de la commission scolaire, on a des projets qui sont en cours. Il y en a même
un qui a vu le jour, là, avec la cuisine collective pour des jeunes adultes qui
sont à l'éducation des adultes aussi, qui sont inquiets au niveau de manger
trois fois par jour. Ça fait que c'est des inquiétudes qui sont profondes, ça
fait que... si on veut que nos jeunes réussissent.
Ça fait que ça, c'est tout le milieu, les
MRC, les organismes, le CIUSSS qui sont partenaires, puis, bien, ça prend des
élus pour aller cogner aux portes pour faire développer ça. Parce que sans élu,
bien, c'est des choses qui vont être difficiles à mettre sur pied.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Dion, la parole est à vous.
• (17 h 50) •
M. Dion (René) : Puis avec
les...
Mme Gagné (Brigitte) :
...c'est tout le milieu, les MRC, les organismes, qui... le CIUSSS qui sont
partenaires, puis, bien, ça prend des élus pour aller cogner aux portes pour
faire développer ça. Parce que sans élus, bien, c'est des choses qui vont être
difficiles à mettre sur pied.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Dion, la parole est à vous.
M. Dion (René) : Et avec
les... Bonjour. Avec les élus scolaires, bien sûr, ils sont de très bons traits
d'union entre chacune des parties du territoire des circonscriptions et justement
le conseil des commissaires. Alors, c'est pour ça qu'il n'y a aucune partie qui
allait être négligée. Et, lorsque survient une problématique, peu importe, dans
telle ou telle partie, on amène ça au conseil des commissaires puis justement
on essaie de trouver des solutions. Alors, on n'a vraiment pas de parties de territoire
qui sont négligées.
Et les élus scolaires, comme je le dis
tantôt, vous êtes chanceux, vous êtes devant un nombre de personnes qu'on
appelle des passionnés, des passionnés de l'éducation. Et je pense qu'il y a à
peu près 15 jours, là, que vous en voyez, là, ou presque. Alors, je pense
que cette énergie-là, il faut vraiment la garder et tout faire justement pour faire
en sorte qu'elle progresse.
J'avais... J'ai entendu, à un moment donné,
bon, ils parlaient de démocratie scolaire, d'élus scolaires. À un moment donné,
il y a des gens qui nous regardent, puis c'est comme s'ils nous disent : Est-ce
que vous allez préparer bientôt vos préarrangements, là, tu sais? Alors, ça ne
nous tente vraiment pas, là, d'arrêter ce travail-là, parce que ça fonctionne très
bien. Bien sûr qu'on a de la place pour améliorer la situation, améliorer même
les différents volets, réussite éducative, peu importe. Sauf qu'on peut faire
plein d'améliorations qui... même, qui sont proposées dans le projet de loi
n° 40, mais en restant là et présents.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. M. Grenier, brièvement.
M. Grenier (Alain) :
...à Mme la députée de Saint-Laurent.
La Présidente
(Mme Thériault) : Oui... Non, ça va être la députée des Mille-Îles.
M. Grenier (Alain) : Ah!
O.K., c'est vous. Allez-y... j'ai failli dire son nom...
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée des Mille-Îles, allez-y. Il
reste 10 minutes.
Mme
Charbonneau
:
Merci, vous êtes fort aimables. Un petit peu tôt, vous avez utilisé le terme...
Premièrement, bonjour, mesdames, messieurs. Merci d'avoir fait le trafic de
trois heures pour être avec nous aujourd'hui pour faire valoir votre opinion.
Vous avez dit un peu plus tôt : Notre
sentiment, notre feeling — je vais le dire un peu à la
chanson — fait en sorte qu'on a l'impression que la redevance va
aller au ministre. Et la réponse que vous avez eue : Bien, ce n'est pas
écrit, ça fait que ça ne sera pas ça probablement, mais...
Mais je vous dirais, dans cette même
perspective-là, je peux comprendre votre réflexion puisque, dans tout le projet
sur l'immigration, personne n'a vu venir toute la perspective sur le PEQ, et là
on sait que tout vient de planter parce que c'était une mauvaise décision.
Donc, quand vous dites, vous allez un peu au feeling, je comprends ce que vous
voulez me dire. Ce n'est quand même pas simple.
Rappelez-moi combien de gens vous ont
appelés pour la fermeture de la petite école?
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Langlois, qui a signifié son intérêt.
M. Langlois (Denis) :
Alors, je vais prendre votre grande question puis je vais arriver à ça tout à
l'heure. Alors, c'est plus qu'un feeling, hein? C'est plus qu'un feeling, tout
nous amène là.
Je veux juste relever une chose sur les
parents. Je ne veux pas minimiser le travail des parents, au contraire. Mais,
quand on voit les instances qu'ils ont et que chez nous, pendant un an et demi,
il y a un parent qui n'était pas là, rémunéré, mais il n'était pas là. Alors,
ça me questionnera, hein? Vous comprendrez que ça peut me questionner.
La petite école, là, c'est la communauté
au complet qui était là. Alors, combien qu'il y avait de gens pour vouloir
garder la petite école? C'était au moins 300 personnes, madame, réunions
le soir dans l'école et séquestrées, même, dans l'école. Je peux vous en
parler. Alors, les parents, eux autres, c'est le comité de parents qui, lui,
disait : Non, non, non, on va la fermer. Alors, c'était le comité de
parents. Le contrepoids était de 300. Alors, c'est ça qui est arrivé.
Mme
Charbonneau
:
Vous avez raison de nous rappeler que, quand les gens regardent leur milieu de
vie, ils comparent beaucoup avec les services qu'ils n'ont pas ou qu'ils
pourraient avoir de plus si on ne maintenait pas cet aspect-là de... on va
l'appeler, encore une fois, la petite école. Je ne veux pas lui donner de nom
parce que je vous dirais que, dans toutes les commissions scolaires du Québec,
il y en a une. Des fois, il y en a plus qu'une. Puis vous avez bien fait de
nous rappeler que plusieurs de vos écoles sont à moins de 100 élèves.
Je vous dirais que, dans mon milieu à moi,
bien, la plupart de nos écoles à Laval sont plus de 300 élèves. Donc, il y
a vraiment une grande différence. Alors, est-ce que, si j'avais à offrir de la
formation aux gens qui s'occupent de ma commission scolaire à Laval, je devrais
leur donner la même formation avec les mêmes informations, la même forme de
détermination que j'informerais un milieu de vie qui est soit
proportionnellement, en distance, complètement différent, et en services? Parce
que, certains d'entre vous nous l'ont rappelé, il y a la formation
professionnelle, il y a l'éducation des adultes, il y a l'école secondaire, il
y a l'école primaire, il y a l'école de cycles, il y a l'école de projets, il y
a des écoles à vocation, comme les écoles alternatives.
Alors, est-ce qu'une commission scolaire,
parce que ça s'appelle un centre administratif, c'est tout pareil partout au
Québec?
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme Robitaille.
Mme Robitaille (Manon) :
Absolument, vous avez tout à fait...
Mme
Charbonneau
:
...l'éducation des adultes, il y a l'école secondaire, il y l'école primaire,
il y a l'école de cirque, il y a l'école de projets, il y a des écoles à
vocation comme les écoles alternatives.
Donc, est-ce qu'une commission scolaire,
parce que ça s'appelle un centre administratif, c'est tout pareil partout au
Québec?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Robitaille.
Mme Robitaille (Manon) :
Absolument. Vous avez tout à fait raison de soulever cet aspect-là.
Effectivement, on parle au travers nos 13 commissions scolaires. On l'a
dit d'entrée de jeu, on a des territoires très différents avec des réalités
très différentes. Donc, d'uniformiser, parce qu'on parlait de formation, je
l'ai entendu à plusieurs reprises, là, avec les collègues du passé, ces
questionnements-là, on n'est pas contre la formation, mais il faut qu'elle soit
adaptée à la réalité, au besoin. On ne peut pas faire partout pareil, du
mur-à-mur, ça ne répond pas. Puis c'est ce qu'on dit depuis longtemps. Ça a été
la même chose dans différents projets qui nous ont été présentés, où a dû
collaborer, et on réalise qu'on ne peut pas faire partout pareil, parce que la
réalité n'est pas la même partout.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Grenier.
M. Grenier (Alain) : La
formation de base, en tout cas pour nos élèves, là, elle est dans le programme
de formation de l'école québécoise, entre autres, l'éducation à la citoyenneté.
Et on leur apprend les bienfaits et l'essence même de la démocratie, dans
toutes nos écoles issues de l'Assemblée nationale. Ici, il y a des parlements
étudiants. Les élèves s'appellent des ministres puis des premiers ministres, et
puis ils prennent en charge l'école. Comment est-ce qu'on va leur expliquer ça,
que le même gouvernement qui crée des dynamiques de démocratie décide d'en
abolir une de très proche d'eux autres? Ça, ce n'est pas explicable.
Deuxièmement, il y a quelques années, on a
dit : Nous autres, on va arrêter de se... Tu sais, des adultes parlent de
persévérance, hein, de réussite. Donc, on s'est dit : On va poser la
question aux élèves. Dans toutes nos... On a réuni tous nos parlements
étudiants, de la maternelle jusqu'à secondaire V, ensemble, pendant deux mois,
ils ont préparé leur rencontre et ils nous ont soumis des solutions, comment
eux, les jeunes, ils voyaient la réussite puis la persévérance. Puis ils en ont
sorti. Bien, évidemment, la première, c'était des liens de confiance avec
les enseignants. Ça a été la première des choses. Ils ont demandé du
perfectionnement pour leurs enseignants, ils ont demandé un environnement sain
et surtout le respect, et, évidemment, le numérique. C'était les morceaux
qu'ils nous ont dits. Ils sont venus nous rencontrer et je vous assure qu'ils
savent c'est quoi un commissaire, eux autres, parce qu'ils sont venus au
conseil. Puis on les aura vus un an plus tard pour leur dire : Qu'est-ce
qu'on a fait avec ça? On rend des comptes à ces jeunes-là, qui sont venus chez
nous.
Donc, c'est ça qu'il faut faire comme
formation. Ça doit être l'âme même d'une commission scolaire, c'est l'âme même,
c'est l'élève qui est au centre. Ce n'est pas vrai que la commission... que
l'élève est au service, comme certains l'ont dit, de la commission scolaire.
C'était honteux d'entendre ça.
La Présidente (Mme Thériault) :
Avant de passer la parole à la députée de Mille-Îles, il reste encore quatre
minutes et quelques. J'ai Mme Gagné. Mme Gagné.
Mme Gagné (Brigitte) : Je
voudrais juste revenir sur les petites écoles. C'est sûr qu'à Laval, comme vous
dites, ils sont plus de 300. Moi, j'ai près de 25 % des écoles du
Saguenay—Lac-Saint-Jean qui sont inférieures à 100 élèves. Ça fait que
c'est important. Puis si je regarde le projet de loi au niveau de
l'article 1, qui permet justement aux parents de choisir l'école ou la
commission scolaire de leur choix, bien, en tout cas, moi, là, je suis très,
très, très inquiète pour les petits milieux, parce que des écoles à 15, à 12,
tu en perds trois ou quatre, ça devient très difficile à maintenir. Puis ça, je
pense que c'est une réalité des régions puis que M. le ministre devrait prendre
en considération avant... Puis je pense que c'est... Puis je reviens encore sur
les mots de notre premier ministre : Un Québec qui est riche, c'est avec des
régions fortes.
Ça fait qu'il ne faut pas fermer nos
milieux, il ne faut pas fermer nos écoles, parce que c'est le coeur du village.
Si on ferme l'école, les villages se dévitalisent.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée, il vous reste trois minutes.
Mme
Charbonneau
:
Je vais revenir sur deux, trois trucs. Le premier, vous avez raison de nous
rappeler que les parents ont une vie trépidante, hein? Ils ont, premièrement,
je vais le dire comme je le pense, une job toute la journée. Puis, après ça,
ils arrivent à la maison, il y a tout le circuit familial, puis après, si le
temps et les conditions sont là, bien, ils vont aller à la rencontre scolaire,
ils vont aller à la rencontre de l'enseignant. Et souvent, les enseignants vous
le disent, comme moi, je l'ai déjà entendu, on rencontre les parents qu'on ne
veut pas vraiment rencontrer puis on ne rencontre pas les parents qu'on
aimerait rencontrer. Pourquoi? Bien, parce que les gens sont dans un tourbillon
puis le temps leur manque.
• (18 heures) •
Donc, oui, le roulement de parents
quelques fois peut être inquiétant, mais à chaque fois qu'un parent s'implique,
ça part d'une décision puis d'une volonté d'améliorer le système dans lequel il
est. Il est avec sa famille, ses enfants puis tout son milieu de vie. Donc,
oui, il peut y avoir un roulement, mais, à chaque fois, c'est une volonté
vraiment très... des valeurs mêmes de la personne pour vouloir s'impliquer.
Puis participer, je vous dirais, dans la société, c'est faire de la politique, hein?
Quand on dit : On veut dépolitiser quelque chose, moi, je vous le dis, le
fait que je ne vais pas dans certains magasins fait que je fais de la politique.
Parce que de faire des choix, c'est faire de la politique. Mais gouverner,
c'est prévoir l'avenir, ce n'est pas...
18 h (version non révisée)
Mme
Charbonneau
:
...participer, je vous dirais, dans la société, c'est faire de la politique,
hein? Quand on dit : On veut dépolitiser quelque chose, moi, je vous le
dis, le fait que je ne vais pas dans certains magasins fait que je fais de la politique.
Parce que de faire des choix, c'est faire de la politique. Mais gouverner,
c'est prévoir l'avenir, ce n'est pas juste faire de la politique. Gouverner,
c'est un choix qui nous appartient.
D'ailleurs, l'Assemblée
nationale — puis vous avez bien fait de nous le rappeler — l'Assemblée
nationale a fait un choix, éduquer les jeunes à la démocratie. Et c'est pour ça
qu'on vous sollicite, nous, les députés de l'Assemblée nationale, par le biais
du président de l'Assemblée nationale, pour vous dire : Envoyez-nous des
jeunes du primaire, du secondaire. Et moi, je vous le dis, j'ai une nièce qui
est à l'université qui a été secrétaire de l'Assemblée, l'année passée, parce
qu'elle s'est impliquée, parce que, même au niveau universitaire, on demande
aux jeunes de venir apprendre cette démocratie-là qu'on pratique. Et, à chaque
fois, j'ai le plaisir de rencontrer un jeune qui me dit : J'étais assis à
ton pupitre. Parce que, pour eux, l'image d'où est-ce qu'on s'assoit, nous,
c'est un pupitre. Ça se lève comme un pupitre, notre nom est écrit dessus. Ça
fait qu'il dit : Moi, j'étais le député de Mille-Îles, donc j'étais assis
à ton pupitre. Alors, l'implication puis la volonté de l'éducation qu'on fait à
nos jeunes, elle est là aussi, de défaire cette démocratie-là sous toutes
sortes de contextes, pour toutes sortes de raisons, que ce soit un choix
monétaire, un choix d'apprentissage ou un choix conflictuel, hein... Comme ministre,
je ne peux pas décider ce que je veux, puisqu'il y a un conseil des commissaires
qui a sa juridiction. Moi, j'ai déjà dit à un ministre de l'Éducation : Ce
n'est pas ta juridiction, c'est la mienne, laisse-moi décider et...
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais laisser le dernier mot à Mme Gagné. À peine 15 secondes, Mme Gagné
Mme
Charbonneau
:
Oui.
M. Langlois (Denis) : Chacun
sa juridiction, et les moutons seront bien gardés, hein?
La Présidente (Mme Thériault) :
...Mme Gagné.
M. Langlois (Denis) : C'est tellement
important, ce que vous dites. On parle de nos enfants, quelque part, là, hein?
C'est de ça qu'on parle, qui est au cœur de nos préoccupations quotidiennes,
pour les élus scolaires, et pour l'ensemble des gens qui gravitent dans le
réseau scolaire. C'est de ça qu'on parle, ce n'est pas banal.
Ce que vous dites, pour les parents :
Ils en ont plein, ça va vite... Êtes-vous au courant de ce que c'est, la
détresse parentale? 50 000 $ financés par le ministère de
l'Éducation, l'année dernière. À la demande de la Fédération des comités de
parents pour être capable d'avoir un médium à véhiculer à l'ensemble des
parents sur la détresse parentale. Et la pièce, je vous invite à la voir, Je
courais, je courais, je courais... et je cours encore.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je devrais... Et je dois...
M. Langlois (Denis) : Mais c'est
ça, des parents, une vie trépidante, les deux travaillent pour arriver, ils
n'ont pas le choix, les deux travaillent.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Langlois, merci, je m'excuse, je dois vous couper.
M. Langlois (Denis) : Et ils
vont continuer à travailler.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je ne peux pas donner la parole à Mme Gagné, puisque nous avons dépassé le
temps, malheureusement. Mais il y a encore des échanges avec nos collègues. La
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, madame...
La Présidente (Mme Thériault) :
...
Mme Labrie : Hein?
La Présidente (Mme Thériault) :
3 min 55 s.
Mme Labrie :
3 min 55 s. J'ai le goût de vous demander, d'emblée, vous avez
dit qu'on essayait de régler un problème de légitimité en proposant un mode de fonctionnement
qui était encore moins légitime parce qu'il n'y a pas de redevabilité envers la
population. Est-ce que la légitimité puis le taux de participation, c'est seulement
un prétexte pour faire cette réforme-là? Et, si oui, c'est quoi, les vraies
raisons derrière cette réforme-là?
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme Gagné, peut-être.
Mme Gagné (Brigitte) : Bien,
je pense que c'est d'enlever justement ce qu'on a dit... une institution pour
éliminer le contrepouvoir. Je pense que, des fois, il y a des gens qui n'aiment
pas être contestés dans leurs décisions, puis c'est... Parce que, tu sais, une démocratie,
là, ça n'a pas de prix, puis on enlève... Même le DGE est venu ici puis il a
dit : C'est élémentaire, on n'enlève pas de la démocratie. Et c'est ce que
le projet de loi prévoit.
Puis, si je reviens sur les parents, les
parents, c'est sûr qu'ils travaillent beaucoup, mais j'en suis un parent, ça
fait 20 ans que je suis dans le système, j'ai fait 15 ans comme... dans toutes
les... dans les conseils d'établissement, comités de parents, HDAA, commissaires,
j'avais un intérêt. Puis, aujourd'hui, je regarde ce qui est proposé, avec 10 à
12 rencontres par année, j'imagine que, si j'étais là, je me verrais... rapidement
compte que je n'ai pas de pouvoir, que les dossiers vont passer très rapidement
puis qu'on sera juste là pour approuver les... de ce que l'administratif a
décidé.
La Présidente (Mme Thériault) :
Brièvement, Mme Robitaille, je suis convaincue que ma collègue...
Mme Robitaille (Manon) : Oui,
bien, brièvement, on l'a dit et on le répète, hein, l'éducation, c'est un bien
public, ça appartient à tout le monde, il faut mobiliser tout le monde. Donc,
moi, je voulais juste rappeler qu'il y a un dicton qui dit que ça prend tout un
village pour élever un enfant, que le parent à lui seul, il ne suffit pas,
hein? On a vu, tout à l'heure, des schémas qui vous ont été présentés, mais là,
actuellement, dans le projet de loi, ce qu'on voit, c'est qu'on en train, non
pas de mettre l'enfant au coeur de sa communauté puis de travailler ensemble
pour la mission éducative qu'on doit porter, mais plutôt pour éteindre le
village, et dire à 95 % des parents qui n'ont pas d'enfants dans cette
école ou dans ces écoles : Bien, restez chez vous, on ne veut pas vous
entendre, vous n'avez rien à dire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Sherbrooke, il vous reste 1 min 30s.
Mme Labrie : Oui. Vous avez
dit...
Mme Robitaille (Manon) :
...pour la mission éducative qu'on doit porter, mais plutôt pour éteindre le
village, et dire à 95 % des parents qui n'ont pas d'enfants dans cette
école ou dans ces écoles : Bien, restez chez vous, on ne veut pas vous
entendre, vous n'avez rien à dire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Sherbrooke, il vous reste 1 min 30s.
Mme Labrie : Oui. Vous avez
dit que, selon vous, le projet de loi accentue la marchandisation de l'école
publique. Pourquoi?
M. Langlois (Denis) : Rapidement,
là, je vais revenir à l'autre d'avant, puis je fais ça vite, vite, vite, là.
Pourquoi on enlève les commissaires de là? Je vais vous le dire : on ne le
sait pas. On nous reproche quoi? On ne le sait pas. Notre partenaire principal
nous a reniés, madame. On a aucune idée qu'est-ce qu'on fait de si mal. Il y a
des cas d'horreur. Il y en a comme dans le monde municipal, comme dans
différentes institutions, comme les députés, il y en a partout des cas
d'horreur. Mais on ne regarde pas ce qui va bien. Alors, belle pédagogie, hein?
On regarde ce qui va mal puis on généralise. Bon, ça, c'est le premier
sentiment qu'on a, un.
Deux, la marchandisation. Si on enlève des
territoires. Déjà on a de la misère avec des territoires. Chez nous, il y a
trois écoles secondaires. Elles se cannibalisent présentement à développer des
programmes pour avoir de la clientèle dans la même classe. Imaginez-vous si on
enlève les territoires. Là où c'est limitrophe, chez nous, ça met en péril une
école secondaire qui est entre deux pôles. Alors, il y a une commission
scolaire voisine, où les gens dans une municipalité, entre autres, qui est le
bassin d'alimentation de l'école secondaire, veulent magasiner depuis
longtemps. L'école primaire de mon village, ça fait, commission scolaire des
Appalaches. L'école secondaire, bien, c'est mon choix, je vais aller dans
l'autre commission scolaire à côté qui est au Bois-Francs. Imaginez-vous ce que
ça va faire, on va faire des écoles à trois niveaux, là. Où on a de l'argent et
des programmes particuliers, on remet le programme régulier, on met du
transport, on va chercher les jeunes. Puis toi, le petit milieu qui ne peut pas
t'organiser puis tu n'as pas d'argent, là, bien, toi, tu vas crever. Puis ce
n'est pas grave.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et vous avez cannibalisé tout le temps de la collègue de Sherbrooke. Donc, nous
sommes rendus au temps de la collègue de Joliette qui, elle aussi, a
3 min 55 s.
Mme
Hivon
: Oui,
bien, merci beaucoup. On sent vraiment votre passion. Puis, moi, je dois vous
dire que je suis très heureuse de vous entendre, parce qu'une des grandes
préoccupations qu'on a dans ma formation politique c'est l'impact dans le
développement des communautés, la résilience, la vitalité des petites
communautés notamment. Vous m'avez entendue amener cet enjeu-là, je pense que
vous le portez très bien. Mais qu'est-ce que vous répondez quand on vous
dit : Oui, mais, de toute façon, tu sais, ce n'est pas les commissaires
scolaires qui peuvent faire tant de différence, puis, dans le fond, les maires
puis les communautés sont déjà bien au fait de l'importance de leurs écoles,
puis si ça se trouve, le ministre, il va pouvoir leur dire que c'est important
de garder leurs écoles ouvertes. Pourquoi ça serait si important que ce soit
entre vos mains? Pourquoi les gens de la communauté ne sont pas capables de se
battre pour ça?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Grenier.
M. Grenier (Alain) : Très
brièvement. Tout récemment, il y a une école primaire, à
Saint-Just-de-Bretenières, il y a eu un dégât d'eau, ça a coûté
1,4 million. On l'a mis, on a insisté parce que c'est notre allié avec la
communauté pour 22 élèves. À Montmagny, des grosses écoles, qu'est-ce qu'on a
eu vous pensez? Un éditorial, une pognée de bêtises : Ça n'a pas de bon
sens de mettre 1,4 million pour 22 élèves. Ils voulaient tout avoir ça en
ville. C'est quoi l'impact sur les petites communautés? D'avoir des élus, c'est
ce qui a permis qu'on le fasse. Sinon, le pouvoir serait allé au plus fort la
poche, hein?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Langlois. Après, Mme Gagné.
M. Langlois (Denis) : Oui.
Bien, les élus dont vous êtes, c'est drôle, moi, je suis allé les voir chez
nous, à la MRC, puis ils m'ont dit clairement : On aime mieux faire
affaire avec des élus. Puis après ça, quand le dossier est pour cheminer, là on
va au niveau administratif. Je pense que vous êtes pareils. Puis la
représentation territoriale, c'est important. Puis je vous prends comme modèle,
quand ils ont refait la carte des circonscriptions électorales, pour diminuer
le nombre au niveau provincial, c'était dont important la représentativité, ça
a fini avec plus de circonscriptions. Mais moi, ce que je vous dis, c'est majeur
sur la représentativité territoriale. Puis quand qu'on connaît le... on a... le
pointu d'un milieu, ça, c'est les élus qui l'ont. On est capables de ramasser
le tissu social puis de faire cheminer des dossiers.
Est-ce que des parents sont capables de le
faire? Bien sûr qu'ils sont capables de le faire. Est-ce qu'ils vont avoir le
temps de le faire? Est-ce que les élus vont aller les chercher pour discuter
avec eux autres de ça? Quand je vois ça, là, pour à peu près 10 réunions par
année, mais on n'est où? La tête dans le sable, on ne voit pas clair, on ne
veut pas voir. C'est minimum, madame, minimum 35 réunions par année. Puis je ne
parle pas d'un président ou d'une présidente qui en a encore plus. Si on veut
savoir de quoi on parle puis faire cheminer des dossiers pour faire avancer
notre commission scolaire puis le bien-être de nos enfants. C'est à ça que ça
sert les commissaires : aller chercher l'opinion de notre tissu social,
là, aller chercher des avis, aller chercher des besoins, valider des besoins,
puis arbitrer des affaires. Ce n'est pas toujours simple. Alors c'est à ça que
ça sert des élus, puis vous êtes mieux placés que moi pour le savoir à quoi ça
sert, c'est le rôle que vous jouez à tous les jours, là...
La Présidente (Mme Thériault) :
Brièvement. Et brièvement, Mme Gagné, c'est votre tour avant de retourner la
parole à la députée de Joliette pour la minute qui reste.
• (18 h 10) •
Mme Gagné (Brigitte) : Je
voulais simplement dire que, tu sais, les petits milieux, là, c'est important,
puis l'élu fait toute la différence quand on est obligé de transférer des
élèves d'une communauté un petit peu plus grande pour favoriser le secteur
Saint-André...
Mme Gagné (Brigitte) : …je
voulais simplement dire que les petits milieux, là, c'est important, puis l'élu
fait toute la différence quand on est obligé de transférer des élèves d'une
communauté un petit peu plus grande pour favoriser le secteur Saint-André, que
tu connais bien, ce qui fait que, depuis 10, 12 ans, cette école-là est toujours
ouverte. Et si c'était seulement des parents, bien, les parents de l'autre municipalité
ne sont pas nécessairement toujours d'accord pour le transférer.
Puis par rapport au projet de loi dans son
ensemble, je trouve que les milieux défavorisés puis les élèves EHDAA sont
absents de ce projet de loi puis, pourtant, c'est une clientèle qui… on devrait
s'attarder de beaucoup puis mettre l'accent là-dessus, mais c'est les grands
perdants du projet de loi de notre ministre de l'Éducation.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et c'est vous qui avez eu le dernier mot, Mme Gagné. Donc, M. Dion, Mme Gagné,
Mme Robitaille, M. Langlois, M. Grenier, merci pour votre contribution. Je
pense qu'on a tous senti très bien votre passion.
Nous allons suspendre nos travaux et nous
reprendrons à 19 h 30 pour la poursuite de l'étude… de la
consultation particulière pour le projet de loi n° 40. Merci. Bon appétit.
(Suspension de la séance à 18 h 11)
19 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 h 31)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc la Commission de la culture et de l'éducation
reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir éteindre la sonnerie de
vos appareils électroniques. Nous allons poursuivre les auditions publiques
dans le cadre des consultations particulières et auditions publiques sur le
projet de loi n° 40, Loi modifiant principalement la Loi sur l'instruction
publique relativement à l'organisation et à la gouvernance scolaires.
Ce soir, nous entendrons l'Association
québécoise des cadres scolaires et le Mouvement L'École ensemble. Donc, je
souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association québécoise des cadres
scolaires. Et je vais vous demander de prendre à peu près 10 minutes pour
nous exposer votre mémoire et de nous présenter les gens qui vous accompagnent,
s'il vous plaît. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
M. Parent (Jean-François) :
Merci, Mme la Présidente. Alors, M. le ministre, mesdames et messieurs les
députés, M. le sous-ministre, représentant du ministère de l'Éducation. Alors,
merci de nous entendre dans le cadre de cette commission parlementaire. Mon nom
est Jean-François Parent. Je suis accompagné de Me Marie-France Dion qui
est présente de la commission professionnelle des secrétaires généraux et des
communications et de M. Rémi Asselin, président du conseil
d'administration.
Une remarque avant de débuter.
L'Association québécoise des cadres scolaires n'émettra aucune appréciation sur
le nouveau mode de gouvernance proposé, parce que les cadres scolaires exercent
leurs fonctions dans un contexte de collaboration, de loyauté et de respect
avec les modèles de gouvernance en place, qu'ils demeurent inchangés ou qu'ils
soient appelés à être modernisés. Néanmoins, nous entendons soumettre des
recommandations pour bonifier et renforcer ce projet de loi.
Premièrement, nous avons constaté la place
consacrée aux parents et aux membres de la communauté, tout en prenant acte de
la volonté d'inclure différentes catégories de personnel au sein des conseils
d'administration des futurs centres de services scolaires. Or, pour une raison
inconnue et inexpliquée, le modèle de gouvernance décrit dans le projet de loi
exclut les cadres, privant ainsi les centres de services scolaires d'une
expertise essentielle pour une prise de décision éclairée. L'expertise et le
rôle terrain des cadres scolaires devraient pourtant constituer une richesse.
À cet effet, l'AQCSdemande explicitement qu'un
siège avec droit de vote soit accordé aux cadres scolaires au sein des conseils
d'administration, plus précisément à ceux dirigeant les services éducatifs. Les
gestionnaires des services éducatifs évoluent sur le terrain. La plupart
d'entre eux ont d'abord oeuvré à titre d'enseignants, puis à la direction d'un
établissement. Ils sont les seuls parmi l'ensemble du personnel du centre de
services scolaire, et j'insiste sur ce point, à cumuler l'expertise et la
vision d'ensemble des services aux élèves HDAA, qu'ils soient intégrés en
classes ordinaires, qu'ils soient dans une classe d'enseignement spécialisé ou
dans un établissement offrant des services régionaux.
Si une commission scolaire devient un
centre de services scolaire, c'est que le gouvernement reconnaît que ces
organisations et les cadres qui y travaillent sont au coeur de la prestation de
services. Dans le même ordre d'idées, si le ministre souhaite que les décisions
soient prises par les personnes les plus proches des élèves, il ne peut se
priver de l'expertise des cadres scolaires qui offrent chaque jour des services
directs pour la réussite éducative et la persévérance scolaire. Parmi les
exemples de services directs pour les cadres des services éducatifs, on peut
nommer la mise sur pied des classes spécialisées et des écoles spécialisées
également, le déploiement d'équipes de soutien aux élèves en difficulté afin de
favoriser leur intégration dans les classes ordinaires, l'organisation de
l'accueil des élèves immigrants et de leur famille pour la francisation,
l'organisation des cours d'été, des épreuves ministérielles et des services
d'accueil, de référence, de conseil et d'accompagnement et la mise en place des
plans de services individualisés intersectoriels avec les élèves, leurs
parents, les enseignants, les directions d'établissement et les intervenants de
la santé.
L'exclusion des cadres scolaires du cadre
du modèle du conseil d'administration prévu au projet de loi est d'autant plus
surprenante que nous avons constaté que les modèles de gouvernance des cégeps
et des universités accordent des postes pour les cadres de ces réseaux. L'AQCS
estime que les modèles... ces modèles devraient guider...
M. Parent (Jean-François) :
...les directions d'établissements et les intervenants de la santé. L'exclusion
des cadres scolaires du cadre du modèle du conseil d'administration prévu au projet
de loi est d'autant plus surprenante que nous avons constaté que les modèles de
gouvernance des cégeps et des universités accordent des postes pour les cadres
de ces réseaux. L'AQCS estime que des modèles... ces modèles devraient guider
le ministre dans la mise en place de la gouvernance des centres de services
scolaires.
Dans son mémoire, l'AQCS soumet aux parlementaires
un modèle de composition d'un conseil d'administration d'un centre de services
scolaires respectueux des principes qui ont guidé le ministre dans la
préparation de ce projet de loi. Plus concrètement, l'AQCS propose un conseil
d'administration de 16 membres dont voici la composition : cinq
parents dont un parent d'élève HDAA, un élève adulte d'un centre FP ou de FGA,
cinq membres du personnel du centre de services scolaires dont un cadre des
services éducatifs, et cinq représentants de la communauté.
Il est à noter que, dans la mesure où le
ministre consentirait à augmenter quelque peu le nombre de membres au conseil
d'administration, la présence d'une direction de la formation professionnelle
et de la formation générale des adultes serait indiquée. Pour les représentants
de la communauté, l'AQCS suggère l'ajout de deux postes au modèle du projet de
loi, l'un pour les réseaux de centres de la petite enfance, et l'autre pour le
réseau collégial. Nous estimons que ces sièges contribueraient à assurer un
meilleur continuum de services.
Au terme d'une analyse approfondie du
modèle de composition des conseils d'administration prévu au projet de loi,
l'AQCS a dénoté des risques accrus de conflits d'intérêts liés à la présence de
membres du personnel au sein des conseils d'administration lors des périodes de
négociation, de dépôts de plans d'effectifs, ou de présentation de cas de
mesures disciplinaires, ou de congédiements. Dans le réseau de l'enseignement
supérieur, des dispositions sont prévues pour éviter ces conflits d'intérêts.
En conséquence, nous proposerons que des dispositions analogues s'appliquent au
futur réseau des centres de services scolaires.
Par ailleurs, à la lecture du projet de
loi, l'AQCS constate que les comités de gouvernance et d'éthique, de vérification
et de ressources humaines continueront de soutenir les conseils
d'administration des centres de services scolaires. L'AQCS propose qu'à
l'instar du comité de vérification que les comités de gouvernance et d'éthique
et de ressources humaines puissent s'adjoindre un cadre ayant des connaissances
spécifiques en gouvernance, en éthique et en ressources humaines.
Quelques mots maintenant sur la place des
parents au sein du conseil d'administration. Comme ce sera le cas pour les représentants
de la communauté, des des profils compétence devraient aussi être convenus pour
les parents en vue d'enrichir la composition des conseils d'administration. Des
expertises et des connaissances fines axées sur l'excellence éducative et
administrative et éducative devraient être à la base de la mise en place des
C.A.
Par ailleurs, notre association tient à
réitérer au ministre et aux parlementaires sa préoccupation à l'égard du
recrutement de parents volontaires. Ces derniers étant déjà mobilisés par leurs
responsabilités au sein des conseils d'établissement, la conciliation des deux
implications pourrait, je dis bien «pourrait», s'avérer exigeante dans l'emploi
du temps d'un parent, sans compter qu'ils devront également siéger à différents
comités du conseil d'administration. Il sera encore plus difficile, selon nous,
de pourvoir le poste destiné à un parent du conseil d'établissement de la
formation professionnelle sachant que ces élèves ont pour la plupart atteint le
seuil de la majorité. Voilà pourquoi l'AQCS propose d'une part qu'un élève des
réseaux de la formation professionnelle ou de la formation générale des adultes
soit élu pour un mandat de deux ans non renouvelable afin de représenter les
réalités de ces secteurs. Ce poste permettrait d'atteindre l'objectif du
ministre d'inclure un jeune adulte au conseil d'administration du centre de
services scolaires. Notons que des étudiants des réseaux collégial et universitaire
siègent déjà au sein des C.A. de leurs établissements respectifs.
Je pense que je vais maintenant céder la
parole à mon collègue vu que ma voix me fait faux bond.
La Présidente
(Mme Thériault) : Allez-y.
M. Parent (Jean-François) : Alors,
Rémi, c'est beau.
La Présidente
(Mme Thériault) : ...il reste trois minutes pour compléter.
M. Asselin (Rémi) : Maintenant,
en ce qui a trait à la composition des conseils d'établissement, l'AQCS tient à
prévenir les parlementaires de certains risques, et ce, en tout respect des
parents qui s'engagent chaque année dans le réseau. En effet, les postes dédiés
aux parents sont parfois difficiles à pourvoir. La taille des écoles et la
mobilisation variable des parents d'un milieu à l'autre influent sur le
recrutement de candidats. L'AQCS estime qu'un modèle de composition des
conseils d'établissement plus souple faciliterait la recherche d'un nombre
optimal de parents pour combler les sièges qui leur sont destinés.
• (19 h 40) •
Par ailleurs, l'article 192, sixième
alinéa, du projet de loi évoque que le comité de parents formé de bénévoles
devra élaborer et proposer la politique relative aux contributions financières
des centres de services scolaires. Ce mandat complexe nécessitera des
connaissances particulières et impliquera une interprétation de textes
juridiques bien au-delà de la bonne foi et de la motivation des membres des
comités de parents. Rappelons que ni les gouvernements ni les grandes
organisations publiques et privées ne confient de si lourdes responsabilités à
des bénévoles. L'AQCS propose au ministre de maintenir la consultation auprès
du comité de parents à l'égard de la Politique relative aux contributions
financières, comme prévu actuellement à la Loi sur l'instruction publique...
M. Asselin (Rémi) :
...rappelons que ni les gouvernements ni les grandes organisations publiques et
privées ne confient de si lourdes responsabilités à des bénévoles.
L'AQCS propose au ministre de maintenir la
consultation auprès du comité de parents à l'égard de la politique relative aux
contributions financières, comme prévu actuellement à la Loi sur l'instruction
publique.
Je souhaite maintenant aborder les
ententes de scolarisation et les demandes extraterritoriales. Le choix d'une
école préoccupe les parents à juste titre. À l'article 4 du projet de loi,
le ministre a élargi les possibilités des parents, en ne les contraignant plus
au choix d'une école relevant de leur centre de services scolaire.
L'AQCS doit soulever une mise en garde
relative à ce changement. En effet, des précisions devront être ajoutées sur le
contexte et les modalités d'admission à une école hors du territoire du centre
de services scolaire.
Nous recommandons ainsi la création d'un
groupe de travail qui évaluera les dispositions du projet de loi à l'égard des
ententes de scolarisation et des demandes extraterritoriales. Ce comité
s'assurera que cette disposition trouve un aboutissement positif sur le
terrain.
Sur le partage des ressources, nos membres
sont extrêmement préoccupés par les dispositions de l'article 102.
Bien que soucieux d'améliorer en continu
l'efficience de leur organisation, nos membres mettent en garde le ministre
contre les risques importants associés au partage de ressources et de services,
à la fois avec les villes, et éventuellement avec les écoles privées.
En conclusion, nos membres ont toujours
joué un rôle déterminant dans la prestation de services aux élèves. En ce sens,
la nouvelle appellation «centre de services scolaire» prend en considération
les services qu'ils offrent aux élèves.
Encore une fois, et il faut insister sur
ce point, nous sommes persuadés que la présence avec droit de vote d'un cadre
des services éducatifs au sein des conseils d'administration des centres de
services scolaire est essentielle à une prise de décision éclairée pour la
réussite éducative des élèves. C'est une expertise dont on ne peut se passer et
qui ne peut être ignorée. C'est une évidence, c'est le gros bon sens.
En terminant, je tiens à vous préciser que
les secrétaires généraux se sont mobilisés pour vous présenter un tableau
annoté, où l'on retrouve leurs réflexions relatives aux articles du projet de
loi. Ce tableau a été transmis au secrétaire de la Commission de la culture et
de l'éducation.
Merci pour votre écoute et votre
collaboration.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, MM. Parent et Asselin. Donc, sans plus tarder, M. le ministre, nous
débutons votre bloc de 16 minutes d'échange avec nos invités. La parole
est à vous.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Merci d'être présents ce soir, on travaille tard, et merci pour
la rédaction de votre mémoire, je comprends votre réserve à cet égard, sur le
principe même. Ceci dit, c'est un mémoire qui est très, très riche, il y a
beaucoup de recommandations, de suggestions pour bonifier le projet de loi,
donc je vais surtout vous questionner sur telle, telle recommandation pour
comprendre ce qu'il y a derrière puis faire valoir le point puis voir dans
quelle mesure on devrait l'intégrer au projet de loi.
D'abord, sur la composition du conseil
d'administration, vous n'êtes pas le premier groupe à nous suggérer plutôt une
formule cinq-cinq-cinq ou quelque chose autour de, plutôt que ce qu'il y a dans
le projet de loi en ce moment, où il y a la moitié des parents avec un vote
prépondérant avec la présidence. Le projet de loi actuel est bâti un peu plus
avec un C.A. semblable au conseil d'établissement, tandis que vous arrivez,
puis à l'instar de plusieurs autres groupes, vous avez une répartition plus...
je vous dirais un tiers-un tiers-un tiers, pratiquement, avec parents,
personnel, communauté.
Qu'est-ce qui vous amène à amener cette
proposition-là plutôt que d'avoir un conseil d'administration sur un modèle qui
ressemble plus au conseil d'établissement avec, disons, les parents qui sont la
moitié, mais avec un vote prépondérant? Qu'est-ce qui vous amène à amener cette
proposition-là?
M. Parent (Jean-François) :
Bien, d'abord, la première des choses, c'est sûr qu'on avait... une
préoccupation à l'égard des services éducatifs. On l'a nettement mentionné à
plusieurs reprises, on pense qu'ils offrent des services directs et quand on
pense aux élèves HDAA, ces gens-là ont une vision globale des besoins des
élèves et des services qui sont offerts. Donc, ça, c'est un premier élément.
L'autre élément, pour nous, sur un
continuum de services, il est important d'aller voir en amont des services
éducatifs qu'on offre comme commission scolaire, donc au niveau des CPE pour
avoir la compétence de ces gens-là, mais également au niveau du réseau
collégial.
Récemment, j'étais à une rencontre et la
rectrice de l'Université Laval disait : Moi, mes programmes de langues,
j'ai de la difficulté à les faire vivre. Il y a 15 ans, 20 ans,
j'avais des jeunes d'un peu partout. Maintenant, les jeunes apprennent les
langues au secondaire, finissent au collégial, je ne peux plus faire vivre mes
programmes de langues.
Alors, ça m'a donné à réfléchir sur, dans le
fond, le fait que sur un parcours, il serait peut-être important de savoir en
amont, au niveau des services éducatifs, ce que l'enfant...
M. Parent (Jean-François) :
…faire vivre. Il y a 15, 20 ans, j'avais des jeunes d'un peu partout. Maintenant,
les jeunes apprennent les langues au secondaire, finissent au collégial, et je
ne peux plus faire vivre mes programmes de langue. Alors, ça m'a donné à
réfléchir sur, dans le fond, le fait que, sur un parcours, il serait peut-être important
de savoir en amont, au niveau des services éducatifs, ce que l'enfant a fait
dans sa petite enfance, puis, par la suite, préparer le réseau collégial à ce
qui est à venir. Donc, ça, pour nous, il y avait une préoccupation là.
L'autre préoccupation qu'on avait, c'est au
niveau des profils de compétence. Pour nous, les profils de compétence, il y a
un pas qui a été fait dans la bonne direction au niveau des socioéconomiques,
alors les profils a, b et c. Maintenant, quand on regarde les profils de
compétence, on se dit : Bien, dans ces catégories-là, il y a quand même à
peu près 13 compétences pour trois individus. Donc, là, il faudrait peut-être
voir. On a la compétence éducative avec les gens de… qui sont des membres du
personnel, on l'aurait avec les CPE puis les cégeps, mais on se dit : Maintenant,
au niveau administratif, pour gérer une business d'en moyenne 150 millions
avec 2 600 employés au Québec, ce que sont les commissions scolaires à
l'heure actuelle, bien, peut-être que si on regarde du côté… vous avez indiqué
des finances, vous avez indiqué des gens de la municipalité, santé et services
sociaux, mais il serait peut-être bon d'avoir, par exemple, un ingénieur. Donc,
nous, ce qu'on se disait, c'est : Tentons d'avoir le plus de compétence
possible tant avec nos représentants de la communauté qu'avec nos membres du
personnel, mais aussi avec des parents au niveau des profils de compétence.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le ministre.
M. Roberge : Merci. C'est
certainement des arguments qui portent et qui sont intéressants. Je veux
préciser que bien des commissaires scolaires… Actuellement, dans le modèle, là,
il faut prendre garde. Il y a bien des commissaires scolaires qui ont tout un
bagage d'administrateurs aguerris, d'autres qui ont été d'anciens D.G. ou
d'anciennes directions d'écoles et qui amènent en ce moment, tout de suite, sur
les conseils des commissaires, de grandes compétences. Je ne veux pas le nier.
Cependant, on n'a pas de garanti parce qu'il n'y a aucun profil de compétence.
Donc, tant qu'à avoir un conseil d'administration puis de le bâtir de manière
représentative, je pense, aussi bien avoir des profils de compétences comme
vous nous les suggérez pour avoir une garantie non seulement de
représentativité, parents, membres de la communauté, gens du personnel, mais en
plus d'avoir, pour les gens de la communauté, des profils de compétence pour
avoir réellement une plus-value. Quand on parle de modernisation de la
gouvernance, ce n'est pas pour… dogmatique, ou pour le plaisir, c'est parce
qu'on pense qu'on peut mieux gérer et administrer nos organisations régionales
que seront les centres de service scolaires. Donc, j'accueille ça avec beaucoup
d'ouverture.
Et justement, avec cette proposition-là,
ça ajoute un membre du personnel et ça vous permet de faire une place pour le
cadre notamment des services éducatifs. Puis, par ricochet, vous faites écho à
ce que d'autres ont dit avant vous, ici, en faisant une place pour quelqu'un
qui a un profil puis une expertise HDAA, pour des enfants à besoins
particuliers, puis c'est un commentaire qui nous a été fait par d'autres avant
vous. Il y a… Les auditions particulières, hein, il y en a qui en profitent
vraiment pour éveiller des… Puis ce qui est intéressant, c'est que certains
groupes soulèvent des questionnements, puis d'autres arrivent deux jours, trois
jours après, puis ils amènent une réponse à la question précédente. Moi, je
trouve ça parfait. On prend des notes, on est là pour l'améliorer, le projet de
loi.
M. Parent (Jean-François) :
Puis peut-être aussi, si vous me permettez, on a inclus un élève de la FP ou de
la FGA dans notre modèle. Parce que, dans le fond, la clientèle… on a une
clientèle d'élèves jeunes, donc les parents seraient présent. Mais on
considérait aussi qu'on a une clientèle adulte… et pourrait avoir un jeune de
18 à 35 ans. Donc, ce qui était votre idée, là, d'avoir la relève au niveau de
conseil d'administration, serait peut-être bon de jumeler ça au fait que ce
jeune-là pourrait être membre de la FP ou de la FGA pour représenter cette
clientèle-là.
M. Roberge : C'est ça. Vous
transformez un peu la proposition, dans le p.l. 40, de membres jeunes, 18-35,
qui fait écho à une loi votée sous le précédent gouvernement, pour laquelle on
avait voté, là, qui disait que, sur les C.A. des sociétés d'État, réserver un
poste jeunesse. Donc, je pense qu'en toute logique on irait dans ce sens-là
avec les C.A. Mais vous, vous dites : Bien, tant qu'à avoir un membre
jeune, essayons de l'avoir FP, FGA. Bien, c'est quelque chose qu'on pourra
considérer.
Une autre chose que vous amenez, toujours
sur les C.A., la composition ou les mandats. Vous dites : Un seul
renouvellement. C'est votre suggestion, je pense. Là, vous allez un peu à
l'envers de ce que d'autres ont dit avant vous puis j'aimerais vous entendre
là-dessus. D'autres disaient : Les gens qui arrivent, ça leur prend un
certain temps pour se faire aux rouages, et, après quelques années, ils
deviennent de meilleurs administrateurs. Là, vous n'avez pas peur qu'en
disant : Bien, là, c'est un seul renouvellement et tu pars, bien d'avoir
justement qui est plus grand puis peut-être avoir des gens qui sont toujours en
train d'acquérir l'expertise plutôt que d'en faire profiter l'organisation? Je
vous questionne là-dessus, bien, humblement, pour avoir vos arguments.
• (19 h 50) •
M. Parent (Jean-François) :
Oui. Alosrs, je vais vous répondre bien humblement moi aussi, de mon côté, en
vous disant qu'on a pensé qu'avec un renouvellement, donc six ans sur un
conseil d'administration… pourrait amener des idées nouvelles…
M. Roberge : …avoir des gens
qui sont toujours en train d'acquérir l'expertise plutôt que d'en faire
profiter l'organisation. Je vous questionne là-dessus, bien humblement, pour
avoir vos arguments.
M. Parent (Jean-François) :
Oui. Alors, je vais vous répondre bien humblement, moi aussi, de mon côté, en
vous disant qu'on a pensé qu'avec un renouvellement, donc six ans sur un conseil
d'administration, pour amener des idées nouvelles, débusquer des mauvaises
pratiques, mettre au défi, on a pensé que c'était une période qui s'avérait,
disons, appropriée pour tous les membres, alors qu'ils soient de la communauté,
qu'ils soient des parents, par exemple, ou qu'ils soient également des membres
du personnel. On pense qu'il faut qu'il y ait un renouvellement assez constant
pour amener des nouvelles idées, des nouvelles perspectives. Donc, c'est effectivement
notre point de vue, là, sur la gouvernance. On s'est inspiré aussi des recommandations
de l'IGOPP pour certains éléments de la gouvernance qu'on vous a proposés dans
notre mémoire.
M. Roberge : Je vous remercie,
brièvement, pour votre contribution avec toutes les propositions,
bonifications, ce sera certainement étudié. Merci beaucoup. Je vais laisser la
parole, si vous permettez, Mme la Présidente, à mon collègue de Richelieu.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je ne sais pas si je devrais dire non…
M. Roberge : S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
La Présidente (Mme Thériault) :
…je vais dire oui, il n'y a pas de problème, M. le ministre, donc sans aucun
problème. M. le député de Richelieu, 7 min 30 s, un peu moins.
M. Émond : Merci de me
reconnaître, Mme la Présidente, c'est gentil. M. Parent, Mme Dion, M. Asselin,
merci pour votre mémoire. Je prends un peu la balle au bond de M. le ministre,
qui disait que vous arrivez avec des propositions qui sont intéressantes,
nombreuses, beaucoup en ce qui a trait à la gouvernance. Je retiens votre proposition
d'inclure un membre de la formation professionnelle ou issu de la FGA parmi les
membres du conseil d'administration, c'est intéressant.
Vous avez parlé beaucoup du profil de
compétence des parents, j'aurais envie de… je suis convaincu que vous avez
suivi les travaux dans les jours qui ont précédé, mais j'aurais envie de vous
donner deux citations de M. Kévin Roy, le président de la FCPQ, qui disait, et
j'ouvre les guillemets : «C'est un fait prouvé par la recherche que
l'implication des parents dans les instances scolaires décisionnelles est
synonyme non seulement de réussite scolaire, mais aussi d'une diminution du taux
d'absentéisme et même d'une diminution des troubles du comportement à l'école
et à la maison.» Et il ajoutait, si je peux retrouver mon extrait, voilà :
«La première chose que nous pouvons constater, dans le projet de loi
n° 40, est que le ministre a compris que le rôle et l'implication des
parents est incontournable pour la réussite de l'école publique au Québec.
Depuis plus de 40 ans, les gouvernements successifs ont voulu donner plus de
place aux parents engagés en modernisant la gouvernance. Et les parents ont
toujours répondu présents en raison de leur engagement indéfectible envers
l'école publique et de leur volonté de s'impliquer dans la réussite scolaire de
tous les élèves.» Fin des citations.
Tout ça pour vous amener, vous avez parlé
du recrutement des parents qui pourrait être difficile dans un contexte de
conciliation travail-famille, implication dans les entités scolaires, mais je
m'intéresse particulièrement à votre… quand vous parlez du profil de compétence
des parents. Donc, si je vous comprends bien, vous aimeriez cibler des parents,
mais avec les profils de compétence bien précis plutôt que de laisser la place
à tous et chacun. Je le disais avec un autre groupe tantôt, on a tous ici, je
crois, siégé sur différents conseils d'administration puis, souvent, dans mon
cas, en tout cas, dans des endroits, dans des organismes pour lesquels,
d'entrée de jeu, je n'avais pas de compétence particulière, mais je me suis
fait un devoir d'amener ma modeste contribution. Moi, je viens du milieu des affaires
et de l'éducation en ce qui a trait à la gestion des finances ou des ressources
humaines, par exemple, puis ça s'est montré, en toute modestie, parfois
bénéfique dans de toutes petites organisations où les membres des conseils
d'administration viennent d'un peu partout.
Alors, autant, je trouve intéressant quand
vous mentionnez, ce serait le fun d'avoir quelqu'un de la formation
professionnelle, la FGA, mais j'ai certaines interrogations quant au fait de
cibler des profisl de compétence en particulier en ce qui a trait avec les
parents.
M. Parent (Jean-François) :
Oui. Alors, d'abord, en ce qui a trait à ce que M. Roy a dit, il a entièrement
raison, je pense que la présence des parents favorise la réussite des élèves,
ça, on ne remet pas ça en question. Maintenant, quand on regarde la composition
du conseil d'administration au niveau des membres de la communauté, on indique
ici que les gens pourraient avoir des profils en gouvernance, éthique, gestion
des risques, ressources humaines, financières, comptables, ressources
matérielles, communautaires, municipales, sportives, culturelles, santé, services
sociaux ou affaires. Donc, pour trois individus, ces gens-là pourraient avoir
ces 13 ou ces 14 compétences là. Alors, ils ne pourront pas toutes les avoir,
c'est clair que la personne va aller là en tant qu'expert, par exemple, en
finance ou en tant qu'expert au niveau des affaires.
Et nous, ce qu'on dit, c'est : Si on
en a trois qui sont des experts dans ces domaines-là, peut-être que le comité
de gouvernance et d'éthique, et les parents en feront partie, pourrait
réfléchir à une ou deux compétences complémentaires qui sont énoncées dans vos
articles ici, a, b et c, là, du deuxième alinéa, et, à ce moment-là, on
pourrait…
M. Parent (Jean-François) : ...qui
sont des experts dans ces domaines-là. Peut-être que le comité de gouvernance
et d'éthique, et les parents en feront partie, pourrait réfléchir à une ou deux
compétences complémentaires qui sont énoncées dans vos articles ici, a, b et c,
là, du deuxième alinéa et, à ce moment-là, on pourrait peut-être avoir parmi
les parents un, deux ou trois parents qui pourraient avoir des compétences
complémentaires aux trois membres de la communauté et les autres parents
pourraient demeurer avec profil général. Donc, ça n'exclurait pas les gens qui
n'ont pas nécessairement de compétences spécifiques, mais ça permettrait
maintenant à des parents qui auraient des compétences spécifiques à apporter au
conseil d'administration à le faire pour compléter ce que les membres de la
communauté auraient à offrir.
La Présidente (Mme Thériault) :
M. le député.
M. Émond : Oui. Je comprends
mieux, merci pour votre précision. Vous êtes un peu à contre-courant de
certains groupes qu'on a entendus qui évoquaient surtout la difficulté de
recrutement des parents. Donc, en allant faire une sélection bien précise, pas
pour tous, là, de ce que je viens de comprendre, pour certains d'entre eux...
Mais, moi, je pense, personnellement, et
l'avenir nous le dira, que les parents... il va y avoir beaucoup de parents qui
vont vouloir s'impliquer dans la nouvelle gouvernance qui va être mise en place
par le projet de loi n° 40. Et même, vous savez, quand il y a une nouvelle
loi, quand il y a une nouvelle façon, une nouvelle gouvernance qui est mise en
place, les parents, ça placote, ça jase entre eux, là, hein? Moi, je fréquente
les terrains de soccer durant tout l'été avec ma conjointe, les enfants puis
dès qu'il y a une idée, une nouvelle idée, une nouvelle façon de faire dans la
communauté, ça se parle puis les gens s'impliquent davantage.
En terminant, parce qu'il nous reste peu
de temps, j'aimerais vous entendre vu que je vous ai enligné beaucoup sur les
parents, bien, j'aimerais savoir quels sont les bénéfices qui découleraient de
l'implication des cadres scolaires au sein même de ces conseils
d'administration? Qu'est-ce que vos membres peuvent apporter de bien?
La Présidente (Mme Thériault) :
Vous avez un peu plus d'une minute et demie pour répondre à la question du
député.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme Thériault) :
1 min 30 s pour répondre à la question.
M. Parent (Jean-François) :
Oui. Alors, très bien. Alors, au niveau des cadres scolaires, nous, on vise
plus spécifiquement les cadres des services éducatifs. C'est sûr que l'ensemble
des cadres scolaires offrent des services directs aux élèves. Quand les ressources
matérielles, par exemple, installent un ascenseur dans une école, ce n'est pas
nécessairement un service éducatif direct mais c'est un service direct à
l'enfant. Donc, du côté des services éducatifs, on trouve qu'il y aurait un
apport complémentaire aux gens qui sont présents, c'est-à-dire au soutien, aux
professionnels d'un enseignant, aux enseignants, aux directions d'établissement
notamment pour tous les services aux élèves handicapés en difficulté
d'adaptation et d'apprentissage. Ce sont eux qui ont la vision globale de
l'ensemble de ces services-là à l'échelle de la commission scolaire et on
trouve que s'ils n'étaient pas présents, toute cette clientèle-là, serait moins
bien représentée au niveau de l'ensemble des services éducatifs.
Au surplus, je me permettrais d'ajouter
comme je l'ai mentionné, du côté du réseau collégial et du côté du réseau
universitaire, des universités du Québec, les gens qui ont une expertise en
services éducatifs, donc la direction des études au niveau des cégeps, puis une
direction de l'enseignement et de la recherche au niveau des universités du
Québec, sont présents sur le conseil d'administration. Et donc, si le ministère
a jugé opportun d'avoir ces gens-là sur ces conseils d'administration là, bien,
nous, dans le fond, on trouve tout aussi opportun de les avoir et notamment
pour les services aux élèves handicapés et en difficulté d'adaptation et
d'apprentissage.
M. Émond : Message bien reçu.
Mais je termine, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Thériault) :
5 secondes.
M. Émond : ...en remerciant
les intervenants pour les échanges et le ton utilisé tout au long de la
présentation.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, M. le député de Richelieu. Mme la députée de Saint-Laurent pour l'opposition
officielle, vous avez
10 min 40 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Bonsoir madame, bonsoir messieurs. Merci également pour votre mémoire très
étoffé avec beaucoup de recommandations. Clairement, vous vous êtes prêté à
l'exercice de lire le projet de loi et d'apporter des nuances à-propos mais
aussi des pistes de réflexion mais aussi des pistes de solution. Donc, je vous
remercie sincèrement.
J'aimerais aller directement dans votre
mémoire si vous permettez. «Demandes extraterritoriales» : Pouvez-vous
s'il vous plaît illustrer, justement, vos inquiétudes pour ceux qui nous
écoutent? Est-ce que, justement, si on a des demandes pour changer de
territoire, est-ce que ça peut malheureusement faire en sorte malheureusement
qu'à certains endroits on pourrait avoir plus de difficultés à mieux attribuer
des ressources, à mieux planifier nos ressources et nos effectifs?
M. Parent (Jean-François) :
Oui. Alors, effectivement, ça peut être une préoccupation. Mais je vous dirais
que pour nous la préoccupation la plus importante, et c'est dommage de le dire
mais c'est important, c'est une préoccupation qui est plus de nature
administrative. Les commissions scolaires ont toutes des politiques d'admission
et d'inscription des élèves avec des dates d'admission qui varient d'un milieu
à un autre. Or, pour certaines commissions scolaires, les admissions ont lieu
fin janvier, d'autres février, d'autres début mars. Alors, ce que ça signifie,
c'est qu'un enfant qui voudrait fréquenter une école d'une autre commission
scolaire ou d'un autre centre de services scolaire, là, les dates ne sont pas
nécessairement uniformisées. Et on est préoccupés par cet aspect-là.
• (20 heures) •
On est aussi préoccupés par le fait que...
20 h (version non révisée)
M. Parent (Jean-François) :
...février, d'autres, début mars. Alors, ce que ça signifie, c'est qu'un enfant
qui voudrait fréquenter une école d'une autre commission scolaire ou d'un autre
centre de services scolaire, là, les dates ne sont pas nécessairement
uniformisées. Et on est préoccupés par cet aspect-là.
On est aussi préoccupés par le fait que le
ministre a ajouté à l'article 239 des éléments de fratrie quand il vient le
temps, par exemple, là, d'inscrire des élèves. Maintenant, ce n'est pas une
mauvaise idée en soi, mais est-ce que ça inclut, par exemple, la fratrie liée
aux élèves qui sont dans des foyers de groupe, aux familles reconstituées, par
exemple? Donc, ça, pour nous, il y a un aspect qui est important, là. Et comme
on souhaite que cette disposition-là fonctionne parce qu'il y a un élément de
choix d'école qui peut faire pour un enfant sur le plan de son cheminement et
de sa réussite une différence, ce qu'on dit, c'est : Y a-tu possibilité
pour cette disposition-là, vu que dans les prochaines semaines on est déjà dans
les inscriptions puis au secondaire il y en a déjà un bout de fait, notamment
dans les... On pourrait-u, cette disposition-là, attendre un an, mettre sur
pied un groupe de travail pour réfléchir à la façon dont ça va atterrir puis
aussi arrimer nos communications? Parce que, si, par exemple, du coté du
ministre, il dit : Oui, vous allez pouvoir inscrire vos enfants, etc.,
dans une autre commission scolaire et que les centres de services scolaires
arrivent puis disent : Oh! non. Non, pas tout à fait, là. Ce n'est pas
tout à fait comme ça que ça fonctionne. Alors, on a peut-être aussi un arrimage
sur le plan des communications à faire pour s'assurer que, cette
disposition-là, on se donne les meilleures chances de réussite.
Mme Rizqy : Oui. Merci.
On a vu... On a vu différents parents qui sont venus ici très préparés et qui,
évidemment, donnent leur 200 %. Et je vais dans votre mémoire. Je cite un
extrait : «Toutefois l'article 81 du projet de loi qui modifie
l'article 192 du paragraphe 6° de la Loi sur l'instruction publique
laisse entrevoir certains écueils à nos membres. On y évoque que le comité de
parents formé de bénévoles devra élaborer et proposer la politique relative aux
contributions financières des centres de services scolaires. Ce mandat complexe
nécessitera des connaissances particulières et impliquera l'interprétation de
textes juridiques bien au-delà de la motivation et de la bonne foi des membres
de comités des parents». Présentement, c'est qui qui fait ce... qui joue ce
rôle en fait, qui occupe ce poste?
M. Parent (Jean-François) :
Oui. Alors, les politiques sont rédigées, règle générale, là, par le
personnel-cadre des commissions scolaires. Et toute politique comporte, je vous
dirais, certaines... Il faut faire certaines recherches quand on rédige une
politique, s'assurer de tous ses tenants et aboutissants. Et donc une politique
en soi c'est important. C'est une des assises de base dans l'administration
d'une organisation. Et confier cette politique-là à des parents qui ont une
bonne foi, mais qui demeurent des parents bénévoles, ça nous apparaît un peu
risqué, je dirais. On ne connaît pas d'organisation, par exemple, d'organisation
gouvernementale ou d'organisation de grande corporation qui confie à des
bénévoles la rédaction d'une politique. On considère que ça, cet aspect-là,
devrait être laissé à l'administratif. Mais ce qu'on souhaite, par exemple,
pour les parents, c'est qu'ils soient consultés tout le long de la démarche et
qu'ils soient associés à cette démarche-là. Ça, je pense que c'est important.
Mais la responsabilité d'élaborer la politique, ça nous apparaît plus une
responsabilité de cadre, d'autant aussi que, pour un parent qui arrive là, ça
peut paraître... Ça peut faire peur aussi, dire je rédige une politique.
Comment je m'y prends? Alors je pense qu'il y a quand même une responsabilité
qui devrait être laissée aux cadres là-dessus.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée.
Mme Rizqy : Oui. J'en
arrive à une petite question rapide. Présentement, les directions d'école, vous
jouez aussi un rôle de leader pédagogique. Et vous avez dit quand même... Vous
faites face aussi à un commencement de pénurie. Et vous allez avoir aussi
davantage de supervision à faire. Et là je me pose la question à haute
voix : Avec tout ce qui s'en vient et avec... Je sais que mes collègues
siègent aussi dans le p.l. n° 35... 37, pardon, avec
les redditions de comptes, présentement, est-ce que vous allez avoir assez de
temps avec les nouveaux rôles que vous devez faire, la supervision,
l'accompagnement, pour continuer aussi à faire votre rôle de leader
pédagogique?
M. Parent (Jean-François) :
Oui. Je pense que... Je pense que l'un n'exclut pas l'autre. Déjà, on a déjà
beaucoup de marrons au feu. Et on s'en tire. Alors, je pense qu'on va continuer
à bien s'en tirer malgré tout.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup.
La Présidente
(Mme Thériault) : Mme la députée des Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Merci, Mme la Présidente. Madame, messieurs, je vais commencer par faire un
léger éditorial d'une phrase et demie à peu près pour dire qu'en 2008, quand il
y a eu la fusion des commissions scolaires et qu'on a dû regrouper, hein, les
commissions scolaires francophones et les commissions scolaires anglophones, on
a à ce moment-là créé des nouveaux conseils des commissaires. Et c'est à ce
moment-là que j'ai levé la main comme parent à la maison qui a un certificat ou
une formation en coiffure, vous me voyez peut-être venir un peu avec mon
éditorial pour vous dire que malgré mon expérience de vie et mon...
Mme
Charbonneau
:
…on a, à ce moment-là, créé des nouveaux conseils des commissaires, et c'est à
ce moment-là que j'ai levé comme parent à la maison qui a un certificat ou une
formation en coiffure. Vous me voyez peut-être venir un peu avec mon éditorial
pour vous dire que, malgré mon expérience de vie et mon humble métier, j'ai, à
l'intérieur de mon 10 ans d'expérience, atterri à la présidence de la
commission scolaire, en ayant fait les toutes nouvelles aires de desserte des
écoles avec les parents, en faisant des comités partout. Puis j'ai eu
énormément de plaisir et de passion à faire ça.
Puis je vous le dis parce que j'entends le
principe du profil de compétences, puis, à chaque fois, je suis obligée de vous
dire que ça me heurte. Je vous explique une autre fois pourquoi. C'est-à-dire
qu'au moment où un parent choisit de s'investir, il a sa passion, il a son
jeune, hein, ses enfants à lui, il a sa passion pour l'éducation et il a sa
volonté de s'investir dans cette structure qu'il connaît peut-être moins au
départ, mais qu'il apprend vite. Et on a entendu des gens nous dire : Vous
savez, si on veut s'assurer d'une belle représentation de la communauté, il
faut aussi s'assurer que les gens qui ont peut-être moins de moyens, qui sont
moins… qui ont moins d'engouement peut-être pour l'éducation parce qu'ils
n'étaient pas nécessairement dans la réussite éducative, qui n'ont pas eu des
bonnes expériences, mais qui sont surtout de provenance du milieu défavorisé…
peuvent contribuer à donner une réalité à la commission scolaire qu'on n'a
peut-être quand on est, puis en tout respect, je vous le dis en tout respect,
mais plus dans la technicalité, dans la disposition législative, des directives
qui viennent du ministère, des choses à mettre en place à partir de ce que moi,
j'appelle la tour d'ivoire, c'est-à-dire la grande tour en haut, qui n'est pas
nécessairement sur le terrain.
Alors, quand vous me parlez de parents
représentants la communauté, vous y voyez vraiment un plus que ça soit des gens
qui aient des spécificités ou c'est une suggestion grande et ouverte où là, on
pourrait aller chercher des spécificités, mais ce n'est pas nécessaire?
M. Parent (Jean-François) : En
fait, nous, ce qu'on dit, c'est qu'à partir du comité de gouvernance, sur
lequel les parents vont siéger, ces gens-là pourraient dire : On a maintenant
sur notre conseil d'administration, parmi les trois représentants de la
communauté, des gens qui viennent des finances, qui viennent du milieu des
affaires puis qui viennent, mettons, de la municipalité. Mais peut-être qu'on a
des problématiques de santé, avec le réseau de la santé, et que ça nous
prendrait un parent qui est dans ce domaine-là. Alors, peut-être que parmi
l'ensemble des parents, on pourrait avoir un profil de parent qui vient
compléter les compétences qu'on a déjà et qui permettrait à l'organisation,
peut-être, pour un temps donné, alors ce mandat-là de trois ans, d'évoluer sur
leurs problématiques ou leurs enjeux liés à la santé. Alors, c'est ce qu'on
propose.
La Présidente (Mme Thériault) :
Il vous reste 1 min 15, Mme la députée des Mille-Îles.
Mme
Charbonneau
:
Et, à ce moment-là, les gens qui vont représenter les gens des minorités ou des
milieux à faibles revenus vont avoir quelles spécificités? C'est-à-dire, est-ce
que je vais demander que mon parent ait nécessairement un revenu en bas de
15 000 $ par année pour être bien un bon représentant de la
communauté qui a de la difficulté ou qui vient d'un milieu défavorisé? Comment
je fais pour aller chercher cette spécificité-là pour que… m'assurer que ma
commission scolaire est capable d'avoir un regard juste et équitable sur
l'ensemble de ma communauté?
La Présidente (Mme Thériault) :
En 40 secondes.
M. Parent (Jean-François) :
Alors, dans le fond, quand on regarde au niveau des parents, nous, ce qu'on
dit, c'est que dans notre proposition, on a cinq parents. Je vous réitère qu'on
pourrait peut-être en avoir un ou deux avec des profils de compétences plus
spécifiques pour avoir des compétences qui sont propres au bon fonctionnement
d'une organisation, comme je le mentionnais tout à l'heure, de
157 millions puis de 2 100 employés. Ça prend quand même des
gens qui vont mettre au défi un peu l'administratif et des gens qui ont
certaines compétences.
Maintenant, on pourrait laisser un certain
nombre de postes de nature générale, avec un profil général, ce qui
n'empêcherait pas les parents de toutes provenances, de s'engager sur le
conseil d'administration de leur centre de services scolaire. C'est ça qu'on
dit.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Ceci met fin à l'échange avec l'opposition officielle. Mme la députée de
Sherbrooke, pour vos 2 min 40.
Mme Labrie : Oui. À la
page 15 de votre mémoire, vous parlez… vous dites que vous voulez prévenir
le ministre des risques importants associés au partage de ressources et de
services. J'aimerais ça vous entendre plus longuement là-dessus.
• (20 h 10) •
M. Parent (Jean-François) :
Oui, c'est sûr qu'on est un peu, je vous dirais, préoccupés, là, par les
dispositions qu'on retrouve, là, concernant le partage de ressources, partage
de ressources avec les municipalités et avec les écoles privées. Alors, c'est
sûr que, du côté des écoles privées, le partage de ressources, il faut voir
comment il fonctionnerait…
M. Parent (Jean-François) :
...vous dirais, préoccupés, là, par les dispositions que l'on retrouve, là,
concernant le partage de ressources. Partage de ressources avec les municipalités
et avec les écoles privées. Alors, c'est sûr que, du côté des écoles privées,
le partage de ressources, il faut voir comment il fonctionnerait. À l'heure
actuelle, on a déjà des ententes au niveau du transport. Maintenant, de quels
types de ressources il s'agirait ici? Et, dans un contexte où on demande au conseil
d'établissement et aux comités de parents de faire la valorisation publique, on
se demande comment tout ça pourrait s'articuler.
Du côté des villes, ce qu'on remarque,
c'est qu'il y a une question administrative, une question de ressources
humaines. On a déjà des protocoles d'entente pour les échanges de services au
niveau des plateaux sportifs, les fosses gymniques, par exemple, les arénas,
les piscines, et nos membres rédigent ces protocoles d'entente là. Alors, ça,
en soi, ça fonctionne bien. Mais ce qu'on a de la difficulté à décoder, ici,
c'est est-ce que ça irait plus loin que ça, et qu'est-ce que ça signifie, au
juste, et c'est là où on aimerait obtenir des précisions. Parce que, si ça va
plus loin, bien, on aimerait ça, faire partie des réflexions pour mettre le ministre
en garde contre certaines dérives, peut-être, au niveau des services ou des
échanges de services, effectivement.
Mme Labrie : O.K. Vous
mentionnez aussi qu'il n'y a pas lieu que le comité de parents transmette un
avis au centre de services sur les projets particuliers des établissements,
parce que ça va être approuvé par le conseil d'établissement, et donc que ce
serait suffisant. Il n'y a pas un danger là de compétition entre les écoles, si
ça n'a pas besoin d'être approuvé au comité de parents, si ça passe seulement
par le conseil d'établissement?
M. Parent (Jean-François) :
Là-dessus, peut-être que ma collègue pourrait...
Mme Dion (Marie-France) : Oui.
Si vous me permettez, en fait, la loi actuelle prévoit que les conseils
d'établissement vont approuver les programmes locaux. Évidemment, ça se fera
avec la collaboration des enseignants. Donc, c'est vraiment le conseil d'établissement
qui est formé de parents et aussi de l'équipe... de certains membres du
personnel qui vont décider des programmes locaux.
Alors, maintenant, ce que je comprends,
c'est que, dans le projet de loi actuel, on demanderait à une autre instance,
le comité de parents, de venir donner son avis sur les différents PPP. Alors,
en tout respect, je ne crois pas que cela respecte le principe de subsidiarité
qui est évoqué, là, à plusieurs reprises dans le projet de loi. Donc, on
souhaiterait que cette disposition-là ou cet ajout-là dans le projet de loi
soit retiré et que ces décisions-là relèvent vraiment des conseils
d'établissement seulement.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci, Mme Dion. Ça met fin à l'échange avec la collègue de Sherbrooke. Donc,
Mme la députée de Joliette, 2 min 40 s, à votre tour.
Mme
Hivon
: Oui.
Merci beaucoup pour votre présentation. Il y a sûrement une lettre ouverte qui
ne vous est pas... qui n'est pas passée inaperçue la semaine dernière, signée
par Yvan Allaire et Michel Nadeau, donc, qui sont deux gestionnaires qui
prennent souvent la parole publiquement, de l'institut sur la gouvernance, qui
ont dit : Gouvernance scolaire, les cadres sortent gagnants, pas les
parents. Donc, malgré les discours qu'on entend beaucoup, que c'est une manière
de redonner beaucoup de pouvoir aux parents. Ce qui ressort de cette
analyse-là, c'est que ce sont vraiment les cadres scolaires qui vont en mener
plus large parce qu'évidemment le C.A. va être là, un nombre de rencontres
limité... Le ministre n'arrête pas de le dire pour rassurer les gens qu'ils ne
travailleront pas si fort, parce qu'ils vont avoir 10 rencontres par année. Et
donc il exprime que c'est beaucoup de l'approbation qui va se faire, mais que
tout le travail... Vous l'avez, vous-même, vous voudriez même que ce soit vous
qui fassiez la politique, l'élaboration de la politique, parce que vous ne
pensez pas nécessairement que les parents pourraient le faire. Donc, comment on
peut vraiment prétendre que les parents vont gagner du pouvoir?
M. Parent (Jean-François) :
Bien, on ne peut pas nier qu'à l'heure actuelle les parents ont moins de sièges
sur le conseil des commissaires. Donc, là, ce qu'on constate, c'est que les
parents seraient plus présents sur le conseil d'administration. Et déjà, en
soi, là, il y a un élément qui est important.
Par la suite, au niveau des parents, par
exemple, ce qui va être important, avec tous les membres du conseil
d'administration, ça va être de retravailler le règlement de délégation de
pouvoirs des organisations. Ce règlement de délégation de pouvoirs là prévoit à
l'heure actuelle qu'il y a des pouvoirs qui sont au conseil des commissaires,
d'autres pouvoirs au comité exécutif et d'autres pouvoirs aux directeurs
généraux, aux directions d'établissement puis aux cadres des services. Donc,
les parents seront donc associés à cette réflexion-là du règlement de
délégation de pouvoirs pour s'assurer que l'organisation fonctionne
conformément aux valeurs professionnelles qu'ils ont pour leurs organisations.
Mme
Hivon
: Ça,
est-ce que ça va être du mur-à-mur ou il va y avoir de la flexibilité, donc
chaque organisation va décider comment ils se partagent ces pouvoirs-là, cette
délégation de pouvoirs?
M. Parent (Jean-François) :
Oui, effectivement, effectivement, chaque organisation va déterminer, en
fonction de ses prérogatives administratives, la façon dont les pouvoirs seront
délégués dans leurs organisations.
Mme
Hivon
: O.K.
Je voulais vous amener sur la question de... Vous savez que les directeurs
généraux vont maintenant avoir une grande responsabilité, c'est celle de
prendre la parole publiquement au nom de leurs entités, parce que le ministre a
déterminé que ce serait les directeurs généraux. Donc, ils ont un rôle de
porte-parole. Puis aussi, on entend beaucoup la question de la politique,
c'est-à-dire de faire des représentations politiques, qui, je pense, est une
bonne chose quand on veut se battre pour l'éducation puis les communautés
qu'on...
Mme
Hivon
: ...responsabilité,
c'est celle de prendre la parole publiquement au nom de leur entité, parce que le
ministre déterminé que ce serait les directeurs généraux. Donc, ils ont un rôle
de porte-parole. Puis aussi, on entend beaucoup la question de la politique, c'est-à-dire
de faire des représentations politiques, qui, je pense, est une bonne chose
quand on veut se battre pour l'éducation puis les communautés qu'on représente.
Est-ce que vous êtes à l'aise? Est-ce que vous vous dites que c'est un rôle que
vous allez assumer sans problème de faire ces représentations-là, d'aller
rencontrer les maires des municipalités, et tout ça, pour le développement des
communautés?
M. Parent (Jean-François) :
Bien, parmi nos membres, on n'a pas de directeurs généraux. Alors, ça, je pense
que c'est important de le mentionner. Ils ont leur association.
Mme
Hivon
:
Est-ce que les directeurs généraux vont être à l'aise?
M. Parent (Jean-François) :
Bien, ce qu'on observe du côté du réseau collégial et puis du côté du réseau
universitaire, en tout cas, si je regarde ce qui s'est passé la semaine
dernière dans le cas du programme de la formation ou de l'expérience
québécoise, là, son nom m'échappe, bien, je pense qu'ils ont quand même réussi
à faire avancer les choses. Par contre, les élus font à l'heure actuelle, pour
leurs régions, un travail qui est important. Mais je pense que le directeur
général, tout dépendant, là, des prérogatives du conseil d'administration,
pourrait faire ce travail-là. Mais ça, ça leur appartiendra, et ça appartiendra
aux conseils d'administration de voir, là, comment ils défendent les enjeux de
leurs organisations.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et cela met fin à nos échanges. Donc, M. Parent, Mme Dion, M. Asselin, merci
pour votre participation à la commission parlementaire.
Nous allons suspendre quelques instants
pour pouvoir permettre à Mouvement L'École ensemble de prendre place.
(Suspension de la séance à 20 h 16)
(Reprise à 20 h 18)
La Présidente (Mme Thériault) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, nous entendrons les derniers représentants de
la soirée.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Nos travaux sont repris, M. le député.
Et sans plus tarder, je vais passer la
parole à M. Stéphane Vigneault, du Mouvement L'École ensemble. M. Vigneault,
une dizaine de minutes pour votre présentation. Bienvenue.
M. Vigneault (Stéphane) :
Parfait. Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les élus, bonsoir. Je
m'appelle Stéphane Vigneault. Je suis le coordonnateur du Mouvement L'École
ensemble. Je voudrais vous remercier de l'invitation. Je sais que la soirée a
été longue, mais bon courage, vous arrivez à la fin. Je vais aussi, si vous permettez,
remercier nos donateurs, qui nous permettent de tenir toutes nos activités.
Le Mouvement L'École ensemble a été créé
en juin 2017 par des parents. Aujourd'hui, on représente plus de 4 000
citoyens. La mission du mouvement, c'est de lutter contre la ségrégation
scolaire au Québec, donc notre analyse du projet de loi n° 40
va se faire à l'aune de son impact sur la ségrégation scolaire.
• (20 h 20) •
Mais avant d'aborder le projet de loi n° 40 comme tel, je voudrais faire un état des lieux, je
pense, qui est nécessaire. Tout le monde n'est pas familier avec le concept de
ségrégation scolaire. Donc, une définition rapide du concept, c'est... La
ségrégation scolaire, en fait, c'est la séparation des enfants dans des écoles
ou des programmes différents en fonction du revenu de leurs parents ou en
fonction de leurs résultats scolaires. Donc, au Québec, notre politique
officieuse, disons, de ségrégation scolaire a commencé ici en 1968 avec l'Union
nationale, qui a débuté, donc, le transfert de fonds publics vers les écoles
privées. On crée donc à ce moment-là un marché scolaire, où on met en
compétition les écoles privées avec les écoles publiques. Mais le privé a un
avantage comparatif important, c'est-à-dire qu'il peut offrir aux parents un
environnement exclusif, dans le sens où on peut exclure de...
M. Vigneault (Stéphane) : ...on
crée donc à ce moment-là un marché scolaire où on met en compétition les écoles
privées avec les écoles publiques. Mais le privé a un avantage comparatif important,
c'est-à-dire qu'il peut offrir aux parents un environnement exclusif, dans le
sens où on peut exclure de l'école certains enfants.
Depuis, la part du marché du privé
subventionné a augmenté sans cesse. Donc on était autour de 5 % en 70 au
secondaire, on est rendu à plus de 21 % maintenant, presque 40 % à Montréal
et 42 % à Québec. Le réseau public a décidé de répondre à cet écrémage-là
constant de ses écoles en allant concurrencer l'école privée sur son propre
terrain, c'est-à-dire le terrain de la sélection. Donc ça a été le début, dans
les années 90 de tout le réseau public sélectif, donc tous les projets
particuliers, artistiques, sports, alternatifs, bref toutes des écoles
publiques qui ont acquis le droit de refuser des enfants. On n'a pas de chiffre
officiel sur la part de marché du public sélectif. On sait que c'est au moins
20 %. Et malgré ce que plusieurs croient, c'est des programmes, c'est un
réseau qui n'a pas d'impact sur la réussite scolaire.
Les élèves qui, eux, n'ont pas accès au
réseau privé subventionné ou au réseau public sélectif se retrouvent dans le
3e réseau, qui est le public ordinaire, un réseau où les élèves
défavorisés et en difficulté sont surreprésentés. Et en retour, cette composition
du public ordinaire, bien, renforce encore plus l'attrait du privé
subventionné, renforce l'attrait du public sélectif, et ce cercle vicieux là
accentue sans cesse en fait le contournement de la carte scolaire au Québec. Ce
contournement-là a un impact dévastateur sur l'équité en éducation.
Peut-être un mot sur ce qu'on entend par
«équité». Pour l'OCDE, signifie qu'un système éducatif fournit les mêmes
chances d'apprendre à tous les élèves. Donc ça ne veut pas dire les mêmes notes
pour tout le monde, ça veut dire que le niveau socioéconomique d'un enfant
devrait avoir le moins d'impact possible sur ses chances d'obtenir un diplôme
finalement.
Vous avez peut-être vu, là, il y a
un mois que le Mouvement L'École ensemble a publié un rapport avec des chiffres
de l'OCDE, où on a obtenu les chiffres des provinces pour comparer l'équité des
systèmes d'éducation au Canada. Avant, on avait juste des chiffres canadiens.
Alors maintenant, on a obtenu des chiffres par province. Et si vous me
permettez, je vais citer le rapport : «Le Québec est bon dernier dans tous
les indicateurs choisis par l'OCDE pour évaluer l'équité en éducation. Plus que
partout ailleurs au Canada, c'est au Québec que le milieu dont sont issus les
enfants a le plus de conséquences sur leurs résultats scolaires».
Alors peut-être allez me dire : oui, O.K.
on a un système inéquitable, est-ce que c'est grave? En fait oui, c'est grave,
c'est un problème, tout simplement parce qu'un système inéquitable, c'est un système
qui est très inefficace. Dans tous les pays, Québec inclus, les enfants des
milieux modestes ont souvent des moins bons résultats. C'est comme un peu s'ils
ne commençaient pas la course à égalité avec les autres. Dans un système
inéquitable, les inégalités qu'on a à la ligne de départ continuent jusqu'à la
ligne d'arrivée. Par contre, quand on a un système équitable, bon bien, les
inégalités de départ sont progressivement rattrapées une fois qu'on arrive à la
fin. Donc, si je peux faire une petite équation facile à retenir, c'est :mixité
sociale = équité = efficacité.
Les conséquences scolaires de notre
système inéquitables sont bien connues. On pense à nos taux de décrochages très
élevés, d'ailleurs autant celui des élèves que celui des profs. On pense aux
conséquences économiques. La Banque de Montréal a chiffré il y a une dizaine
d'années le coût du décrochage en dollars annualisé à 2 milliards par
année. Les conséquences aussi sont sociales. On se fait mettre dans notre
petite bulle, notre petit silo social dès l'enfance, donc on ne se connait plus
comme société. Donc c'est vraiment notre cohésion sociale comme société, comme
Québécois, qui est en jeu.
Les solutions à ce problème-là... mais les
solutions sont connues. Mettre fin à la sélection dans le réseau public et
mettre fin au financement de l'école privée par les contribuables.
Donc la lutte à la ségrégation scolaire
est un enjeu majeur. D'après nous, ça devrait être l'enjeu principal du
gouvernement du Québec, tout simplement. Est-ce que le projet de loi n° 40
est utile dans ce cadre-là à la lutte à la ségrégation scolaire? Non. Est-ce
qu'au contraire, le projet de loi n° 40 pourrait même amplifier l'iniquité
du système? Malheureusement, on pense que c'est très probable. Trois aspects du
projet de loi n° 40 sont particulièrement problématiques d'après nous.
Premièrement, le projet de loi pourrait
hausser le financement du privé subventionné. Je vous parle de
l'article 215.2 qui demande le partage des ressources entre les futurs
centres de services et les écoles privées subventionnées. Bien sûr, là, pour
tout ce que je viens de vous dire, c'est absurde de donner encore plus d'argent
aux écoles privées subventionnées, mais, en plus...
M. Vigneault (Stéphane) :
...hausser le financement du privé subventionné. Je vous parle de l'article 215.2
qui demande le partage des ressources entre les futurs centres de services et
les écoles privées subventionnées. Bien sûr, là, pour tout ce que je viens de
vous dire, c'est absurde de donner encore plus d'argent aux écoles privées
subventionnées, mais, en plus, cet article-là est flou. On ne précise aucune
limite à ce partage des ressources et, dans un contexte où un élève du privé,
en ce moment, reçoit 79 % de ce que reçoit un élève équivalent du public,
on se demande encore combien d'argent on va aller prendre dans les poches des
contribuables pour donner aux écoles privées.
Il y a aussi la manière dont ça peut se
passer, ce partage-là. Est-ce que le lobby du privé peut prendre le téléphone,
appeler le ministre puis dire : O.K., dans tel centre de services, je veux
des techniciens spécialisés pour mes écoles, je veux plus de transport
scolaire? Donc, il faut absolument préciser la manière. Ce serait important de
pouvoir le faire.
Par ailleurs, il est sidérant de lire, directement
dans le libellé du projet de loi, qu'on présente les écoles privées comme
faisant partie des organismes publics. Donc, il y a une confusion très importante
qu'il faut dissiper.
Deuxième aspect problématique, c'est ce
qu'on appelle l'assouplissement de la carte scolaire. L'article 1 du projet
de loi n° 40 veut permettre aux parents de choisir
une école qui n'est pas... qui ne serait pas sur le territoire de son centre de
services. On ne comprend pas d'où vient cette idée-là. On a déjà une carte
scolaire en lambeaux. La moitié des élèves québécois, presque, contournent leur
école de quartier. Donc, on n'a absolument pas besoin d'en rajouter. C'est un article
promagasinage, illogique, déconnecté de la réalité, surtout déconnecté des
solutions qu'on devrait vouloir pour régler notre problème d'inéquité scolaire.
Troisième aspect problématique, les articles 6
et 7 du projet de loi, qui donnent aux parents un contrôle plus grand sur la
création de projets particuliers sélectifs. Bon, c'est sûr, nous, les parents,
on veut ce qu'il y a de mieux pour nos enfants. Si vous nous donnez ce
pouvoir-là, on ne va pas travailler en fonction du bien commun, là, je suis
désolé de vous le dire. On va travailler en fonction de nos enfants et... parce
que c'est ça notre job comme parents. C'est tout à fait normal, mais, d'un point
de vue de politique publique, ce n'est pas souhaitable. On devrait... On l'a
dit, on devrait abolir le réseau public sélectif, pas le développer davantage.
Je veux faire juste une parenthèse pour dire que c'est tout à fait possible,
par ailleurs, d'offrir de l'enrichissement dans nos écoles sans sélectionner.
Je voulais juste souligner cet aspect-là important.
En conclusion, Mme la Présidente, les
trois enjeux qu'on soulève par rapport au projet de loi n° 40
nous laissent croire que le gouvernement ne saisit pas toute l'urgence de la situation,
et le portrait de l'ensemble est encore plus troublant quand on voit certaines
des actions ministérielles des derniers mois. Premièrement, la déclaration du ministre,
récemment, qui a dit qu'on pourrait lever le moratoire sur les agréments, donc
les permissions de créer des nouvelles écoles privées subventionnées, sous
prétexte de développer les maternelles quatre ans. Ensuite, la légalisation des
frais de scolarité dans le public sélectif, qu'on a vue dans le projet de loi n° 12, malgré l'avis formel de la Commission des droits de
la personne qui est venue dire : Ce projet de loi n° 12
là viole deux articles de la Charte des droits et libertés de la personne. Et,
troisièmement, troisième action récente, la déclaration du ministre qui indique
qu'il voulait réduire le nombre d'écoles publiques sélectives mais sans parler
du privé subventionné, alors qu'on sait que c'est des vases communicants, là.
Ces deux réseaux-là communiquent entre eux.
Bref, pour terminer, c'est, pour nous,
inconcevable que le projet de loi n° 40 nous éloigne
d'une vision de l'école où les... d'une école commune, en fait, pour les élèves
québécois, et on pense que notre responsabilité en tant que parents, et vous en
tant qu'élus, serait, en fait, plutôt de concevoir de manière urgente un plan
rigoureux pour que nos enfants puissent enfin aller à l'école ensemble. Merci
de votre attention.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Merci, M. Vigneault, pour votre présentation. Donc, sans plus
tarder, je vais passer la parole au ministre, qui a 16 minutes à sa
disposition. M. le ministre.
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Bonsoir, M. Migneault. Je me souviens de vous avoir
rencontré au début, en 2017, lors du lancement de votre... pas de votre, du
mouvement. Donc, content de vous revoir ce soir, bien qu'il y a plusieurs
divergences d'opinions, vous vous en doutez bien, entre ce qu'il y a dans le mémoire
et notre interprétation de nos intentions, ce qu'on a... ce qu'on pense faire
avec ce projet de loi là et avec l'ensemble des politiques du gouvernement.
• (20 h 30) •
Je suis vraiment interpellé par une
section de votre mémoire en particulier, à la page 10. Parce qu'avant la
page 10, là, vous y allez dans des grands principes, mais, à la
page 10, vous y allez... Bon, Le projet de loi n° 40,
c'est le titre de la page 10, et là vous avez un premier sous-titre, Hausser
le financement du privé subventionné. Bon...
20 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...je suis vraiment
interpelé par une section de votre mémoire en particulier, à la page 10. Parce
qu'avant la page 10, là, vous y allez dans des grands principes. Mais à la
page 10, vous y allez... Bon, Le projet de loi n° 40, c'est le
titre de la page 10. Et là vous avez un premier sous-titre : Hausser
le financement du privé subventionné. Bon, je ne savais pas d'où ça
sortait. Et là je cherche toujours à comprendre ce que vous voulez dire.
J'ai l'impression qu'on tronque une
citation des fois pour faire dire autre chose. Vous savez, s'il y avait une
phrase qui disait : Jacques enlève un biscuit à un enfant pour le donner à
un autre qui n'a pas mangé. On comprend. Puis, si on arrête la phrase à :
Jacques enlève un biscuit à un enfant, point, on porte un regard différent sur
Jacques, hein? On s'entend que, s'il manque la fin de la phrase, on dit :
C'est quoi, son problème, à Jacques? Mais il manque à : pour le donner à
une autre enfant qui n'a pas mangé ce matin.
J'ai l'impression que vous avez fait un
peu la même chose ici quand, à la page 10, vous dites : «Hausser le
financement du privé subventionné», ce que ne fait pas le projet de loi
n° 40. Mais là, vous vous appuyez sur un article, vous dites :
«L'article 215.2 demande le partage des ressources des futurs centres de
services avec les écoles privées subventionnées.» Et là vous ouvrez les guillemets
et vous citez, supposément, l'article, le projet de loi n° 40 :
«215.2. Les centres de services scolaires doivent favoriser le partage de
ressources et de services, notamment de nature administrative, entre eux et
avec d'autres organismes publics, dont des municipalités ou des établissements
d'enseignement régis par la Loi sur l'enseignement privé.»
Je ne le nie pas, chacun de ces mots est
dans le projet de loi n° 40. Mais là vous mettez un point, qui n'est pas
dans le projet de loi n° 40, et vous fermez les guillemets en
disant : Bien, c'est ça, voilà. Jacques enlève un biscuit à un enfant,
point. Mais vous coupez toute la fin de l'amendement. Vous mettez un point qui
n'est pas là, là. Vous arrêtez votre citation, ce n'est plus une citation.
Parce que ce qu'il y a dans le projet de
loi n° 40 à l'article 215.2, on dit : Oui, vous allez devoir
«favoriser le partage des ressources et services, notamment de nature
administrative entre eux ou avec d'autres organismes publics, dont des municipalités
ou des établissements d'enseignement régis par la Loi de l'enseignement
privé — mais il n'y a pas de point — lorsque cela permet,
dans le cadre de leur mission, de répondre à des besoins d'efficacité ou de
rentabilité dans la gestion des ressources humaines, financières et
matérielles.» Il me semble que ça change l'article pas à peu près.
L'objectif n'est plus de partager des
ressources puis de peut-être faire un cadeau aux écoles privées, de je ne sais
pas quelle manière. On dit : Non, non, non, vous devez partager, mais
seulement quand ça permet de répondre à des besoins d'efficacité du réseau
public. C'est le réseau public qui dit : Je le fais juste quand ça répond
à des besoins d'efficacité ou de rentabilité de gestion des ressources
humaines. En réalité, c'est quand je peux faire plus de choses avec le même
dollar, que je peux servir plus d'élèves et même que je peux en donner plus à
mes élèves, bien, dans ce cas-là, ça pourrait être une bonne idée.
Ça fait que je me demande sincèrement
pourquoi avoir arrêté la citation là, avoir mis un point là, qui n'est pas dans
le projet de loi, avoir fermé les guillemets. Est-ce que vous avez arrêté de
lire? Est-ce que vous pensiez que c'était une façon de faire croire qu'on
allait financer le privé au détriment du public? Je ne saisis pas ce que vous
avez tenté de faire avec cette citation-là, avec le titre qui disait : Hausser
le financement du privé subventionné.
La Présidente
(Mme Thériault) : M. Vigneault.
M. Vigneault (Stéphane) :Oui.
Bien, en fait, ce que vous ajoutez, je... peut-être, ajoute un peu même à ma
confusion dans le sens où est-ce que ça voudrait dire que les écoles privées
devraient elles aussi partager avec les écoles publiques? Je ne sais pas si ça,
c'est inclus dans votre compréhension aussi. Donc, le centre de services
pourrait exiger d'une école privée qu'elle mette à la disposition des écoles
publiques ses terrains, ses laboratoires? Est-ce que c'est ça que vous
voulez... Je ne sais pas si c'est ça qui a dans le projet de loi.
M. Roberge : Bien, ce qu'il y
a dans le projet de loi, c'est la citation complète, où on dit : «Les
centres de services doivent favoriser le partage quand ça permet... lorsque ça
permet, dans le cadre de leur mission...» donc, des centres de services,
les centres de services doivent partager, idéalement, avec les municipalités,
avec... bon, «quand ça leur permet de répondre à des besoins d'efficacité et de
rentabilité dans la gestion des ressources humaines, financières et
matérielles», des centres de services.
Donc, quand c'est bon pour le centre de
services, donc c'est bon pour les élèves du réseau public, ça permet de donner
plus de services aux élèves du réseau public parce qu'ils accèdent à une
piscine, à un terrain de soccer. C'est bon pour les élèves du réseau public. Ça
peut aussi servir la municipalité. Ce n'est pas une mauvaise chose. Ça peut
aussi servir un autre organisme. Ça peut aussi servir le réseau privé puis
aider d'autres élèves. Mais la condition sine qua non, qui vient après, on peut
le faire avec, notamment, plein de groupes, c'est quand ça permet de donner
plus...
M. Roberge : ...ce n'est pas
une mauvaise chose. Ça peut aussi servir un autre organisme, ça peut aussi
servir le réseau privé puis aider d'autres élèves, mais la condition sine qua
non, qui vient après : On peut le faire avec notamment plein de groupes,
c'est quand ça permet de donner plus de services aux élèves du réseau public.
Et il me semble qu'à tout le moins, bon, vous dites, vous ne l'avez peut-être
pas saisi, peut-être si vous l'aviez mis au complet dans le mémoire, ça aurait peut-être
donné la chance à d'autres de le saisir. Mais une chose est sûre, si vous
arrêtez au milieu, personne ne va le comprendre. Ça, c'est sûr.
M. Vigneault (Stéphane) :
Donc, est-ce que... Si je comprends bien, est-ce que, donc, les écoles privées
seraient, par le projet de loi, aussi incitées à partager leurs ressources avec
le réseau public?
M. Roberge : Dans la mesure où
le réseau public y gagne, le réseau public tentera de faire les partenariats
avec la municipalité et avec, dans le fond, tout autre organisme qui s'arrime,
dont le partenariat permet d'augmenter l'efficacité et les dollars. Mais
c'était ce que je voulais vous demander pour comprendre pourquoi cette citation
tronquée... Ceci dit, je laisserais la parole à mon collègue de Beauce...
M. Poulin : Sud.
M. Roberge : Sud.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais reconnaître le député de Beauce-Sud. Il vous reste neuf minutes, M. le
député.
M. Poulin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente, de me reconnaître. M. Vigneault, j'ai effectivement
parcouru votre mémoire; plusieurs éléments intéressants. Mais j'aimerais que vous
me dites, est-ce que ça va bien pour vous présentement au niveau des commissions
scolaires? Tout va bien, il n'y a pas de défaut, tout se passe bien? La formule
actuelle est bonne? La façon dont dispose la pédagogie est bonne? Pour vous,
là, tout va bien présentement, c'est vraiment le meilleur modèle?
La Présidente (Mme Thériault) :
M. Vigneault.
M. Vigneault (Stéphane) : Je
n'ai pas dit ça.
M. Poulin : Mais je suis prêt
à vous entendre sur le sujet. Je vous laisse le temps.
M. Vigneault (Stéphane) : Oui.
On a, au Mouvement L'École ensemble, une mission très précise, qui fait qu'on
se prononce sur ce qui est dans notre champ d'expertise, ce qui est dans notre
mission. Donc, j'aimerais ça, je pourrais vous donner mon opinion personnelle,
mais je ne suis pas là pour ça, je suis là pour vraiment parler au nom du
mouvement. Donc, sur la gouvernance comme telle, on a vraiment extrait du projet
de loi les trois éléments qui nous semblaient les plus problématiques en vertu
de notre mandat. Donc, je ne peux malheureusement pas aller beaucoup plus loin
que ce que vous avez soumis.
M. Poulin : Votre mandat est tout
de même... vous l'avez bien signifié, parlé de la ségrégation scolaire au
primaire et au secondaire et de l'impact que ça peut avoir sur des élèves ou
des étudiants d'être séparés ou d'avoir été sélectionnés en fonction de
critères extrêmement précis. Selon vous, il n'en demeure pas moins qu'au coeur,
j'imagine, de votre réflexion, c'est ce qui est de bon pour l'élève, ce qui est
de bon pour son avancement à lui, entre autres, à lui ou à elle au niveau du
réseau scolaire.
Donc, actuellement, est-ce que vous
considérez que la formule, avec les commissions scolaires, en lien avec ce que
vous nous dites, avec votre champ d'expertise, la ségrégation scolaire, et donc
le fait que chaque étudiant, chaque étudiante puisse s'accomplir dans le réseau
scolaire, est-ce que, selon vous, la formule actuelle, elle est bonne et elle
fonctionne bien?
M. Vigneault (Stéphane) :
Bien, la formule actuelle, disons... notre système d'éducation ne fonctionne
pas bien. Je veux dire, les résultats sont là pour le montrer, là, tout le
monde ici autour de la table le sait. Est-ce que c'est la faute des commissions
scolaires? De notre point de vue, c'est la faute de la sélection, du public
sélectif du privé subventionné. On peut faire un lien avec les commissions
scolaires. On pourrait dire : Bien, c'est les commissions scolaires qui
ont été à l'avant-plan de la concurrence avec le privé dans les années 90.
On pourrait faire ce lien-là. Pour nous, le projet de loi n° 40,
là, ne vient pas aider la situation actuelle, le modèle québécois qui est basé
sur la ségrégation scolaire.
M. Poulin : Vous le dites,
vous existez, bon, vous avez été créé en juin 2017, mais vous avez fait
référence aux années 90, là, entre autres, dans le choix, peut-être, oui, effectivement,
de certaines commissions scolaires et/ou de la façon dont on a ouvert notre
réseau scolaire à une certaine ségrégation. Donc, est-ce que... Quelles ont été
les réponses que vous avez depuis juin 2017 des commissions scolaires face à
vos revendications? Est-ce qu'il y a eu une ouverture? Est-ce qu'il y a eu une
fermeture? Est-ce qu'ils ont été en mode écoute sur le terrain ou, encore, vous
ne sentez à peu près aucune différence, là, des conseils scolaires?
• (20 h 40) •
M. Vigneault (Stéphane) :
C'est une bonne question. Honnêtement, si on avait... on est un organisme
bénévole, là, moi, je suis bénévole, donc on n'a pas, malheureusement, les
moyens de faire le tour de toutes les commissions scolaires puis d'aller
chercher des appuis. On a fait un peu de travail dans ce sens-là. On est allé à
la commission scolaire de Montréal, on s'est dit : Bon, on va aller vers
la plus grosse pour commencer, et on a obtenu un vote unanime de tous les
commissaires de la commission scolaire de Montréal, en appui aux revendications
du Mouvement L'École ensemble. On a eu aussi un appui, un vote, encore là,
unanime de la commission scolaire Côte-du-Sud, donc Montmagny, là, près d'ici.
C'est les deux seules qu'on a contactées. Bon, on a une bonne moyenne au bâton,
mais c'est sûr que si on pouvait… si on avait plus de capacités, on irait plus
loin, mais l'écho qu'on a des commissions scolaires...
M. Vigneault (Stéphane) : …de
la commission scolaire Côte-du-Sud, donc Montmagny, là, près d'ici. C'est les
deux seules qu'on a contactées. Bon, on a une bonne moyenne au bâton, mais c'est
sûr que si on pouvait… si on avait plus de capacités, on irait plus loin, mais
l'écho qu'on a des commissions scolaires est positif, et les commissions
scolaires, quand elles nous appuient, et ça, on a été clair avec elles, ce
n'est pas de dire : Si vous signez notre pétition, demain matin, vous ne
devez pas arrêter vos projets particuliers sélectifs parce qu'on comprend que
vous être prises à concurrencer. Vous ne l'avez pas demandée, cette
concurrence-là, mais vous êtes prises à concurrencer, sinon vous laisser tout
aller au privé. Donc, on comprend très bien votre situation, et on… Donc, ce
que les commissions scolaires disent, quand elles nous appuient, c'est :
Finissons-en avec le financement du privé, et nous, le lendemain matin, ça va
nous faire très plaisir d'arrêter la sélection dans nos écoles. Si on l'arrête tout
de suite, si on agit seules, ça ne va pas du tout parce qu'on sait que ces
enfants-là vont quitter un réseau pour aller dans l'autre. Ou même, si on
arrêtait de financer le privé, bien, les gens iraient au public sélectif. Donc,
il faut agir sur les deux fronts en même temps. Ça, c'est primordial. Et donc,
quand les commissions scolaires, quand les commissaires ont voté dans les deux commissions
scolaires qui ont pris un vote, ils comprenaient très bien, là, que cette
séquence-là était majeure, qu'il faut attaquer le problème sur les deux flancs en
même temps parce que ce sont des vases communicants.
M. Poulin : Autour de 69, là, commissions
scolaires, bon an, mal an, au Québec, vous dites deux ont décidé de vous
appuyer, c'est bien ça, parce que ce sont les deux que vous avez rejointes?
M. Vigneault (Stéphane) :
Exact.
M. Poulin : O.K. Je veux vous
entendre tout de même parler parce qu'on parle de programmes particuliers puis
de cette expertise-là, du moins, que vous avez développée, cette… cette
vision-là. Dans le projet de loi, on souhaite donner plus de pouvoir aux
enseignants pour développer la pédagogie, à la fois, bien entendu, au niveau des
directions d'écoles, mais également au niveau des enseignants et des
enseignantes. Ne voyez-vous pas d'un bon œil la possibilité pour des
enseignants et de enseignantes de s'adapter davantage à la réalité de l'école,
de s'adapter davantage à la réalité des classes, qui va justement rehausser
d'une certaine façon la pédagogie qu'on retrouve dans le réseau public québécois?
M. Vigneault (Stéphane) :
Bien, je vous dirais qu'une des demandes qu'on fait, c'est vraiment, justement,
de… Une fois qu'on aura mis fin au financement des écoles privées et qu'on
aura, donc, à peu près trois quarts des enfants du privé qui auront rejoint…
appelons-le le public unifié, une fois qu'on aura mis fin au public sélectif et
qu'on aura 100 % de ces enfants-là qui rejoindront le public unifié, on
pense que ça sera beaucoup plus facile pour les enseignants de faire ce qu'on
appelle la… une pédagogie différenciée.
En ce moment, si moi, à l'école primaire
de ma fille, je vais voir l'enseignante puis je dis : Écoutez, là, ma
fille, elle sait déjà lire et vous êtes en première année, vous faites les
lettres, est-ce qu'on ne pourrait pas avoir quelque chose de plus?, elle va me
dire : M. Vigneault, je suis désolée, j'ai 30 % qui… intervention
dans ma classe, on n'a pas le temps de faire ça. Donc, on va lui donner un
cahier qui s'appelle je m'occupe puis ça va être ça. Mais, quand on aura
fait ce que je vous dis, le public unifié, que tous les enfants seront venus
ensemble, qu'on aura eu un afflux massif d'enfants performants dans un nouveau
réseau, mais là on pourra permettre aux enseignants donc de faire cette
pédagogie différenciée là beaucoup plus facilement autant pour les élèves,
comme on le fait en ce moment, qui ont plus de difficulté, mais on pourra aussi
s'occuper de ceux qui ont besoin d'un défi, d'être stimulés un peu plus.
M. Poulin : Je vous dirais
qu'il y a beaucoup d'enseignants qui le font présentement, au-delà du fait
qu'il y a un réseau privé, parce qu'ils croient que, dans la profession qu'ils
ont à l'intérieur du réseau scolaire public, ils doivent se donner à 100 %
pour donner le meilleur pour leurs élèves. Moi, je suis convaincu que tous les
enseignants au Québec, dans le réseau public, font le maximum pour leurs élèves
et qu'on va au contraire leur donner les moyens d'en fait encore plus parce
qu'ils pourront être maître davantage de ce qu'ils souhaitent enseigner, de la
pédagogie qu'ils souhaitent amener.
Dans certaines régions, le réseau privé
est très peu développé. Les gens, chez nous, peuvent avoir accès au réseau
privé, mais facilement ça ne devient pas accessible parce qu'il y a x nombre de
places dans l'année, donc on ne peut pas y avoir accès. Donc, notre réseau
public, pour lequel on est extrêmement fier, développe des spécialités,
développe des créneaux spécialisés non pas pour se démarquer face au privé mais
pour offrir à nos élèves dans le réseau public ce qu'il y a de meilleur,
simplement ce qu'il y a de meilleur. Et je pense au contraire qu'on encourage,
à l'intérieur de ce projet de loi là, une autonomie des enseignants face au
fait qu'ils puissent offrir ce qu'il y a de mieux pour leurs élèves, non pas en
compétition avec le réseau privé, mais dans une volonté d'offrir ce qu'il y a
de mieux. Et je pense à nos enseignants en région, entre autres au niveau
primaire, où il n'y en a pas, d'école privée, à proximité. Même au niveau
secondaire, il n'y en a pas. Je ne sais pas chez vous, au Lac-Saint-Jean, moi,
en Beauce, j'en ai une, école privée au secondaire, j'en ai une. Puis les
élèves et les parents sont fiers d'envoyer leurs enfants dans le réseau public
où il peut avoir une diversité d'activités et où, en même temps, les
enseignants se donnent à leur maximum pour offrir des créneaux qui sont
spécialisés. Et je pense que vous devriez… Puis je… Bien, vous dites, vous avez
été en contact avec deux commissions scolaires, là, sur la soixantaine, mais,
je pense, vous devriez voir également le plus possible avec nos enseignants et
nos…
M. Poulin : ...en même temps
les enseignants se donnent à leur maximum pour offrir des créneaux qui sont
spécialisés. Et, je pense que vous devriez.... Bien, vous disiez que vous étiez
en contact avec deux commissions scolaires, là, sur la soixantaine. Mais je
pense que vous devriez voir également avec nos enseignants et nos enseignantes,
entre autres dans le réseau public. Puis, je ne crois pas qu'ils travaillent
chaque matin pour être en compétition avec le privé, ils travaillent chaque
matin pour offrir ce qu'il y a de mieux pour leurs élèves. Et pour être près de
ces enseignants-là, je pense qu'ils sont très heureux de voir qu'on leur fait
confiance à nouveau aujourd'hui. Et du même coup, bien, c'est tout le monde qui
va être gagnant.
M. Vigneault (Stéphane) : Bien
je vous dirais que... Ah! je ne vous...
La Présidente (Mme Thériault) :
...une vingtaine de secondes pour répondre.
M. Vigneault (Stéphane) :
Bien, juste pour vous dire que j'étais la semaine dernière au congrès national
de la FAE. Ils se reconnaissent complètement dans le portrait, le même portrait
que je vous ai fait au début. Les commentaires que j'ai toujours à la fin
c'est : Merci de mettre des mots sur ce qu'on vit. Tout ce
vocabulaire-là : le contournement de la carte scolaire, ségrégation
scolaire, privé subventionné, ne faisait pas partie du vocabulaire. Quand on
les a, on nomme les enjeux, on les comprend. Aussitôt qu'on les nomme, on se
rend compte qu'il faut les régler. Donc, je pense que l'appui qu'on a, en tout
cas parmi les syndicats, est très fort, là.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Je dois regarder maintenant du côté de l'opposition officielle. Mme la
députée de Saint-Laurent, pour vous 10 min 40 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Bonsoir. Je commencerais d'abord par des excuses. Je crois que vous venez de
loin, vous êtes vous-mêmes père et vous travaillez de façon bénévole, vous êtes
ici et ce n'est pas dans nos habitudes d'avoir des parlementaires qui peuvent
tourner en dérisoire des propos. Et je ne crois pas non plus que vous êtes
avocat....
Une voix
: ...
La Présidente (Mme Thériault) :
Député de Richelieu.
M. Émond : Même à cette heure
tardive, je pense que ma collègue connaît assez bien règlement pour prêter des
intentions à M. le ministre ou à mon collègue de Beauce-Sud. Il n'y a pas
personne qui a tenté de porter...
Mme Rizqy : Vous n'avez pas
tenté, vous êtes parti à rire, c'est pire. Honnêtement, là, gardez-vous une
gêne.
La Présidente (Mme Thériault) :
Mme la députée de Saint-Laurent. Je vous vous demander, Mme la députée de
Saint-Laurent, de ne pas interpeler les députés directement, première des choses.
Deuxièmement, la journée a été longue, il reste peu de temps. On peut apprécier
ou pas les propos des collègues, c'est une question de dimension. Je vous
invite à aller faire votre intervention auprès de M. Vigneault dans le plus
grand respect de l'opinion de vos collègues.
Mme Rizqy : Il n'est pas pour
nos habitudes d'avoir des députés qui rient lorsqu'on réfère à des articles. Et
je crois que vous n'êtes pas juriste, est-ce que je me trompe?
M. Vigneault (Stéphane) : Non.
Mme Rizqy : Alors, lorsque
vous avez écrit votre mémoire avec d'autres parents bénévoles, vous êtes allés
vite, j'imagine, aussi parce que vous étiez peut-être pressés par le temps.
Quand on a un article... un projet de loi, pardon, avec 319 articles... vous
avez fait de votre mieux. Donc, s'il y a un point qui manque, j'imagine que ce
n'est pas de façon intentionnelle.
M. Vigneault (Stéphane) :
Exact.
Mme Rizqy : Merci. Si vous
permettez maintenant, moi, je vais aller à l'article 102 du projet de loi auquel
vous faites référence dans votre mémoire. Et je vais lire au complet le premier
paragraphe de l'article 102 :
«Les centres de services scolaires doivent
favoriser — et ici je répète : doivent favoriser — le
partage de ressources et de services, notamment de nature administrative, entre
eux ou avec d'autres organismes publics, dont des municipalités, ou des
établissements d'enseignement régis par la Loi sur l'enseignement privé
(chapitre E‑9.1)
lorsque cela permet, dans le cadre de leur mission, de répondre à des besoins
d'efficacité ou de rentabilité dans la gestion des ressources humaines,
financières et matérielles».
Ici, il y a une mission des centres de
services, c'est une mission qui est assez large. Il y a quand même ici, c'est
clair : dans un souci d'efficacité ou de rentabilité. Et tantôt vous avez
posé une question au ministre. Première des choses, un peu comme plusieurs
autres, vous avez dit : Il y a quand même beaucoup de zones grises dans
tout ce projet de loi. Puis vous avez dit : Est-ce que l'inverse est vrai,
est-ce que le privé va devoir aussi partager? Avez-vous eu votre réponse du
ministre?
M. Vigneault (Stéphane) : Ça
pourrait être plus clair, là, s'il avait l'occasion de préciser...
Mme Rizqy : Moi, sur mon
temps, si le ministre veut répondre de façon claire, évidemment, je lui accorde
de répondre de façon claire à la réponse qu'il mérite vraiment, je crois, une
réponse de clarification.
La Présidente (Mme Thériault) :
Je vais vous inviter à poursuivre, Mme la députée.
Mme Rizqy : Pas de réponse,
c'est un choix. Maintenant, vous êtes allé, avec plusieurs parents, chercher
des données pour vraiment mettre l'emphase sur la réalité québécoise, pas
new-yorkaise, pas torontoise, québécoise. Vous avez fait le tour de plusieurs
radios pour interpeller tous les élus, tous les Québécois pour dire : En
ce moment, l'égalité des chances n'est pas au rendez-vous.
• (20 h 50) •
Vous avez vu, dans la dernière année, le p.l.
n° 3 qui venait uniformiser le taux de taxation indépendamment du code...
Mme Rizqy : ...vous avez fait
le tour de plusieurs radios pour interpeller tous les élus, tous les Québécois,
pour dire : En ce moment, l'égalité des chances n'est pas au rendez-vous.
Vous avez vu, dans la dernière année, le projet
de loi n° 3 qui venait uniformiser le taux de taxation indépendamment du
code postal. Donc, on donnait même une réduction de taxes à des non-résidents,
à des compagnies qui sont situées à l'étranger, qui ont des blocs appartement
ici qui valent des millions de dollars. Vous avez vu le projet de loi n° 12,
où est-ce que les frais facturés aux parents, le ministère de l'Éducation
n'avait même pas le portrait de la situation, mais ce n'est pas grave, on
avance. Vous avez aussi vu le projet de loi n° 5, où est-ce qu'il y a
fallu qu'on se démène pendant trois semaines pour ajouter «milieux
défavorisés», et maintenant, on est ici au projet de loi n° 40.
Au même moment où vous avez entendu le ministre
de l'Éducation dire : Bien, le moratoire sur les agréments pour le
financement des écoles privées, bah! on n'y tient pas tant que ça. Maintenant,
il y a une disposition. Pour vous, là, est-ce qu'on est en train d'assister à
un méchant dérapage?
M. Vigneault (Stéphane) :
Bien, c'est sûr... j'aimerais ça pouvoir vous dire qu'on s'en va dans la bonne
direction puis je ne peux pas voir ça, là. Les exemples que vous citez, ceux
que j'ai cités aussi tout à l'heure, nous montrent qu'on ne sent pas que le gouvernement
comprend l'urgence de la situation, qu'on ne sent pas que le gouvernement est
en train de se dire : Il y a une crise scolaire, en ce moment, au Québec. Parce
que sinon, on n'aurait pas les dispositions donc on a parlé dans ce projet-là,
on n'aurait surtout pas les autres exemples que vous avez donnés plus tôt, là.
Mme Rizqy : À force d'assister
au discours qu'on nous sert depuis des mois, là : Égalité, égalité, on
traite tout le monde de façon égale, est-ce qu'on n'est pas en train de créer
le plus grand système d'iniquité, en ce moment, au Québec?
M. Vigneault (Stéphane) :
Bien, on a le système d'éducation le plus inéquitable au Canada, et de loin,
donc il faut qu'à un moment donné, la population, les parlementaires, prennent
conscience de cet état de fait là, qu'on est en crise et il faut, à un moment
donné, là, que... joindre la parole aux actes. Avec tout le... je veux dire,
toute la compétence qu'on a autour de la table, ici, autant du côté de l'équipe
gouvernementale, autant du côté de l'opposition, je suis certain qu'on serait
capables d'en venir à une entente, à se donner une vision commune de ce que
pourrait être l'école au Québec, je n'ai pas de doute là-dessus.
Comme le ministre l'a dit, je l'avais
rencontré il y a à peu près deux étés, j'étais monté avec ma fille, je pense
qu'on devait avoir une demi-heure, on a pris une heure et quart,
ma fille cognait à la porte : Papa, je n'ai plus rien à lire. Je
disais : Lis tes livres, là, ça s'en vient. On a eu une excellente
discussion, on a tourné le système dans tous les sens. Moi, je suis sorti de là
en me disant : Incroyable, comme parent, comme citoyen, j'ai un élu qui
m'écoute, j'ai l'impression que j'ai une pogne sur le système.
Peut-être, si c'était possible de prendre
cet esprit de Chambly puis de l'amener, un peu, à l'Assemblée nationale avec
tout le monde ici, je n'ai aucun doute... Je pense qu'on est beaucoup plus près
d'une solution qu'on le croit. Je pense qu'on pourrait amener le privé à la
table, discuter de ça avec eux. Ces gens-là, c'est des gens comme nous, ils ne
veulent pas être à part du reste de la société, ils veulent bien dormir le
soir, ils veulent faire partie de la solution.
Je n'ai aucun doute. Si on se réunissait
tout le monde ici, le gouvernement, les partis d'opposition, on arriverait à
une solution. On pourrait mettre sur papier un plan rigoureux, clair, présenter
ça aux Québécois, pourquoi pas, à la prochaine élection, pour dire :
Regardez où on s'en va, on s'en va vers une école commune, une école équitable,
on va faire l'envie du monde entier, les gens vont faire la queue pour venir au
Québec, pour dire : Comment vous avez fait ça? Comment vous avez...
Parce que c'est la même chose partout dans
le monde. C'est une patate chaude pour les élus, c'est très difficile à régler.
Une fois qu'on a donné des privilèges, les retirer, c'est très difficile. Et je
pense qu'on a un ministre qui pourrait prendre ce leadership-là, nous emmener
là et, vraiment, on pourrait devenir un exemple pour le monde. Pour l'instant,
c'est le contraire, on est un contre-exemple. On a tout ce qu'il faut au Québec,
vraiment, pour trouver des solutions, s'asseoir puis, j'en suis certain, on est
beaucoup plus près d'une solution qu'on peut le croire.
La Présidente (Mme Thériault) :
Merci. Maintenant, la députée de Westmount—Saint-Louis, il vous reste un petit
plus de trois minutes.
Mme Maccarone : Je veux
revenir sur l'iniquité, comme vous l'avez mentionné. Pensez-vous que c'est
encore, même, plus inéquitable qu'il y aura un droit de vote pour la communauté
anglophone mais pas pour la communauté francophone? Un système de
deux tracks?
M. Vigneault (Stéphane) :
Bien, honnêtement, je ne pourrais pas vous dire qu'on a réussi à analyser cet
aspect-là pour voir si ça pourrait avoir un impact sur le développement d'une
école plus ségréguée...
Mme Maccarone : Je parle
uniquement d'une iniquité. Un groupe qui va avoir un droit de vote puis un
autre groupe qui n'aura pas de droit de vote. Un groupe qui aura droit à la
démocratie puis un autre groupe qui n'aura pas droit à la démocratie.
M. Vigneault (Stéphane) :
...oui, bien, je pense que ça fasse même, là... on voit qu'il a une différence,
là, sur des lignes linguistiques, là.
Mme Maccarone : C'est une autre
iniquité. Puis vous, vous parlez beaucoup d'iniquité puis d'être sélectif par
rapport...
Mme Rizqy : ...pas
torontoires, québécoises. Vous avez fait le tour de plusieurs radios pour
interpeller tous les élus, tous les Québécois, pour dire : En ce moment,
l'égalité des chances n'est pas au rendez-vous. Vous avez vu, dans la dernière
année, le p.l. n° 3 qui venait uniformiser le taux de taxation indépendamment
du code postal. Donc, on donnait même une réduction de taxes à des
non-résidents, à des compagnies qui sont situées à l'étranger qui ont des blocs
appartements ici qui valent des millions de dollars. Vous avez vu le p.l. n° 12, où est-ce que les frais facturés aux parents, le
ministère de l'Éducation n'avait même pas le portrait de la situation, mais ce
n'est pas grave, on avance. Vous avez aussi vu le p.l. n° 5 où il a
fallu qu'on se démène pendant trois semaines pour ajouter le milieu défavorisé.
Et maintenant on est ici au p.l. n° 40, au même
moment où vous avez entendu le ministre de l'Éducation dire : Bien, le
moratoire sur les agréments pour le financement des écoles privées, bon, on n'y
tient pas tant que ça, mais maintenant il y a une disposition, là. Pour vous,
là, est-ce qu'on est en train d'assister à un méchant dérapage?
M. Vigneault (Stéphane) :
Bien, c'est sûr... j'aimerais ça pouvoir vous dire qu'on s'en va dans la bonne
direction puis je ne peux pas voir ça. Les exemples que vous citez, ceux que
j'ai cités aussi tout à l'heure montrent qu'on ne sent pas que le gouvernement
comprend l'urgence de la situation, qu'on ne sent pas que le gouvernement est
en train de se dire : Il y a une crise scolaire en ce moment au Québec
parce que, sinon, on n'aurait pas les dispositions dont on a parlé dans ce
projet-là, on n'aurait surtout pas les autres exemples que vous avez donnés
plus tôt, là.
Mme Rizqy : À force d'assister
aux discours qu'on nous sert depuis des mois, là : Égalité, égalité, on
traite tout le monde de façon égale, est-ce qu'on n'est pas en train de créer
le plus grand système d'inéquités en ce moment au Québec?
M. Vigneault (Stéphane) :
Bien, on a le système d'éducation le plus inéquitable au Canada et de loin,
donc il faut... il faut qu'à un moment donné la population, les parlementaires
prennent conscience de cet établissement de faits là, qu'on est en crise et il
faut, à un moment donné,là, joindre la parole aux actes. Avec tout le... je
veux dire, avec toute la compétence qu'on a autour de la table, ici, autant du
côté de l'équipe gouvernementale, autant du côté, je suis certain qu'on serait
capables d'en venir à une entente, à se donner une vision commune de ce que
pourrait être l'école au Québec. Je n'ai pas de doute là-dessus.
Comme le ministre l'a dit... je l'avais
rencontré il y a deux étés, j'étais monté avec ma fille, on avait... je pense
qu'on devait avoir une demi-heure, on a pris une heure et quart, ma fille
cognait à la porte : Papa, je n'ai plus rien à lire. J'ai dit : Lis
tes livres, là, ça s'en vient. On a eu une excellente discussion. On a tourné
le système dans tous les sens. Moi, je suis sorti de là, en me disant :
Incroyable, comme parent, comme citoyen, j'ai un élu qui m'écoute. J'ai
l'impression que j'ai une poigne sur le système. Peut-être, si c'était possible
de prendre cet esprit de Chambly puis de l'amener un peu à l'Assemblée
nationale avec tout le monde ici, je n'ai aucun doute, je pense qu'on est
beaucoup plus près d'une solution qu'on le croit. Je pense qu'on pourrait
amener le privé à la table, discuter de ça avec eux. Ces gens-là, c'est des
gens comme nous, ils ne veulent pas être à part du reste de la société. Ils
veulent bien dormir le soir. Ils veulent faire partie de la solution. Je n'ai
aucun doute, si on se réunissait tout le monde ici, le gouvernement, les partis
d'opposition, on arriverait à une solution. On pourrait mettre sur papier un
plan rigoureux, clair, présenter ça aux Québécois, pourquoi pas à la prochaine
élection, pour dire : Regardez où on s'en va, on s'en va vers une école
commune, une école équitable. On va faire l'envie du monde entier. Les gens
vont faire la queue pour s'en venir au Québec, pour dire : Comment vous
avez fait ça? Comment vous avez... parce que c'est la même chose partout dans
le monde, c'est une patate chaude pour les élus, c'est très difficile à régler.
Une fois qu'on a donné des privilèges, les retirer, c'est très difficile. Mais
je pense qu'on a un ministre qui pourrait prendre ce leadership-là, nous amener
là, et vraiment on pourrait devenir un exemple pour le monde. Pour l'instant,
c'est le contraire, on est un contre-exemple. On a tout ce qu'il faut au Québec
vraiment pour trouver des solutions, s'asseoir, puis j'en suis certain, on est
vraiment beaucoup plus près d'une solution qu'on peut le croire.
La Présidente
(Mme Thériault) : Merci. Maintenant, la députée de
Westmount—Saint-Louis, il vous reste un petit peu plus de trois minutes.
Mme Maccarone : Je veux
revenir sur l'équité comme vous l'avez mentionné. Pensez-vous que ce sera
encore même plus inéquitable qu'il y aura un droit de vote pour la communauté
anglophone, mais pas pour la communauté francophone, un système de deux tracks?
M. Vigneault (Stéphane) :
Ah! Bien honnêtement, je ne pourrais pas vous dire qu'on a réussi à analyser
cet aspect-là pour voir si ça pourrait avoir un impact sur le développement
d'une école plus ségréguée.
Mme Maccarone : Je parle
uniquement d'une inéquité, un groupe qui va avoir un droit de vote...
M. Vigneault (Stéphane) :
Oui.
Mme Maccarone : ...puis
un autre qui n'aura pas de droit de vote, un groupe qui aura le droit à la
démocratie puis un autre groupe qui n'aura pas de droit à la démocratie.
M. Vigneault (Stéphane) :
Oui. Bien, c'est...je pense qu'à sa face même, là, on voit qu'il y a une
différence sur des lignes linguistiques, là.
• (21 heures) •
Mme Maccarone : C'est une
autre inéquité, puis vous, vous parlez beaucoup d'inéquité puis d'être sélectif
par rapport...
21 h (version non révisée)
M. Vigneault (Stéphane) : ... Premièrement,
regrouper les élèves forts entre eux, comme on le fait en ce moment, ça ne
change rien. Ils sont forts entre eux, ils seraient forts avec les autres.
Donc, ça ne change rien. Tous ces projets particuliers qu'on pourrait leur
donner, en fait, ne changent rien à leur réussite, ils réussissent de toute
façon. Là où ça fait une différence, c'est pour les élèves plus faibles. Quand
on les regroupe, on crée en fait une sorte de spirale descendante, et les
exemples qu'on vous donne là, en fait, c'est assez instinctif, en fait, là, on
le comprend. Quand on réunit les élèves plus faibles, premièrement, on
complique la pédagogie, dans le sens où on se retrouve avec beaucoup d'enfants
pour qui le plaisir d'apprendre n'est pas une évidence. L'enseignant doit
revoir à la baisse ses exigences. Il y a un climat plus négatif dans la classe;
il y a plus de discipline à faire, donc il y a moins de temps pour enseigner.
Tout ça aussi, c'est renforcé par la présence d'enseignants inexpérimentés, parce
que les enseignants qui ont plus d'expérience, qui ont plus la possibilité
d'aller où ils veulent, bien, ils savent de quel côté leur pain est beurré et
ils ne se retrouvent pas dans les classes du public ordinaires, c'est les
élèves... les profs qui sortent de l'université qui vont là. Alors, il ne faut
pas se demander pourquoi ils quittent la profession assez rapidement.
Le deuxième effet, c'est l'effet de
stigmate, c'est-à-dire que les enseignants pensent que les enfants sont moins
bons et ils s'attendent à avoir des moins bons résultats, et souvent ils les
obtiennent, et, plus cruellement aussi...
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois malheureusement...
M. Vigneault (Stéphane) : Oui.
Ah! pardon.
La Présidente (Mme Thériault) :
...mettre fin à votre échange, parce qu'on n'a plus de temps et qu'il reste
2 min 40 s à la députée de Joliette avant d'ajourner nos travaux
pour aujourd'hui.
Mme
Hivon
: J'ai
plein de choses à vous demander. Mais, avant d'y aller, je veux juste dire que
le député de Beauce a dit que les enseignants voulaient faire le maximum pour
les enfants, se donnent pleinement. Je pense que tout le monde est d'accord
avec ça, je pense que vous n'avez aucunement remis ça en question.
M. Vigneault (Stéphane) : Non.
Mme
Hivon
: Par
ailleurs, lorsqu'il dit qu'ils vont être maîtres davantage de leur pédagogie,
je ne sais pas où il voit ça dans le projet de loi, parce que tous les
enseignants qui sont venus nous parler, malgré tout le respect que j'ai pour le
député de Beauce, sont venus nous dire le contraire, ils sont très inquiets
puis ils veulent même le retrait du projet de loi. Donc, on pourra en
rediscuter à l'étude détaillée.
Je vais vous laisser la chance... Je vais
vous poser ma question, puis, si vous voulez compléter en continuant sur votre
lancée... On entend des idées, des fois, pour... qui sont vues comme contrant
un peu, peut-être, les effets pervers. Le ministre nous parle souvent de l'idée
de mettre du parascolaire, comme quoi ça va égaliser, ça va donner une égalité
des chances malgré le système à trois vitesses. On entend aussi que, si on
forçait le privé subventionné à accepter des enfants HDAA, ça pourrait aider
aussi, si on disait : On va diminuer votre subvention. Qu'est-ce que vous
pensez de ces solutions-là? Puis, si vous voulez continuer aussi à expliquer peut-être
les effets de la ségrégation...
M. Vigneault (Stéphane) : O.K.
Je continue sur mon tableau de la page...
Mme
Hivon
: J'ai
1 min 30 s, hein?
M. Vigneault (Stéphane) :
Parfait. J'y vais rapidement, juste pour terminer donc sur l'impact, là,
comment ça fonctionne vraiment dans la classe. On l'a dit, donc, les
enseignants pensent que les enfants sont moins bons. Plus cruellement, les
enfants aussi commencent à se percevoir comme moins bons. Ils voient les élèves
passer dans leurs jupes carreautées qui s'en vont à l'école privée, ils comprennent
très bien le message qu'on croit moins dans leur potentiel. Et le troisième
point, c'est qu'il y a peu d'apprentissages entre les pairs. Quand on regroupe
les enfants plus faibles entre eux, bien, on les met avec des élèves qui ont peu
de capital culturel, et le niveau général influe donc sur leurs capacités
individuelles.
Pour répondre à votre question, effectivement,
il y a souvent une tentation : au lieu d'aller régler le problème, on aime
ça, gérer les méfaits, donc rendre l'injustice un peu plus acceptable. C'est ce
qu'on fait par exemple en disant : On va mettre un peu plus de
parascolaires, ou en disant : Bien, on va mettre des projets particuliers
pour tout le monde, mais en maintenant les projets particuliers qui
sélectionnent. Donc, quand on fait ça, on ne règle pas le problème. Tant que
des écoles auront le droit de sélectionner leurs élèves, les parents qui vont
en avoir les moyens vont éviter les écoles qui ne peuvent pas sélectionner.
Donc, il faut vraiment aller régler le problème. Même chose avec l'idée de
quotas d'élèves HDAA, c'est une fausse bonne idée. Premièrement, les écoles
privées ne voudront pas renoncer à leur droit de rejeter des enfants. C'est
comme une montgolfière, là, quand ça ne monte pas assez, on jette du lest.
Donc, c'est ça que les écoles privées font pour maintenir leurs résultats dans
les palmarès. Donc, ils ne vont pas renoncer à ce droit-là, même si on leur
impose des élèves HDAA. L'autre chose, c'est qu'ils vont... même s'ils
acceptaient des enfants en difficulté, ils vont quand même prendre les enfants
en difficulté plus riches. Donc, on ne règle pas vraiment le problème. Les
élèves du privé, leurs parents ont un revenu médian qui est presque le double
de ceux du public. Donc, c'est complètement... la disproportion est totale.
Donc, même en disant : Prenez plus d'enfants en difficulté, bien, ils vont
prendre les enfants en difficulté plus riches.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et je dois mettre fin à nos travaux, M. Vigneault. Je vous remercie pour votre
participation aux travaux de la commission.
M. Vigneault (Stéphane) :
Merci.
La Présidente (Mme Thériault) :
Et j'ajourne les travaux jusqu'à demain après les affaires courantes, où la
commission poursuivra son mandat. Bonne fin de soirée à tous.
(Fin de la séance à 21 h 5)