Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
mercredi 5 février 2020
-
Vol. 45 N° 33
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 48, Loi visant principalement à contrôler le coût de la taxe foncière agricole et à simplifier l’accès au crédit de taxes foncières agricoles
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15 h (version non révisée)
(Quinze heures deux minutes)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte et je demande à toutes les personnes présentes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques. La commission est réunie aujourd'hui afin de procéder à des
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet
de loi n° 48, la Loi visant principalement à
contrôler le coût de la taxe foncière agricole et à simplifier l'accès au
crédit de taxes foncières agricoles
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président : M. Provençal (Beauce-Nord) remplace M Bélanger (Orford); M.
Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata) remplace M. Girard (Lac-Saint-Jean); et M.
Kelley (Jacques-Cartier) remplace M. Polo (Laval-des-Rapides).
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Merci. Alors, aujourd'hui, cet après-midi, nous allons débuter par les remarques
préliminaires puis nous entendrons l'Association des évaluateurs municipaux du
Québec, la Fédération québécoise des municipalités, l'Union des municipalités
du Québec ainsi que les Producteurs de grains du Québec. Alors, je cède
maintenant la parole au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation pour ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez
de six minutes.
M. Lamontagne : Merci, M. le
Président de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles. Mes collègues de la CAPERN, chers invités, messieurs
dames, c'est un plaisir, vraiment, d'être ici. Écoutez, la commission
entreprend des consultations particulières sur un projet de loi qui est réclamé
depuis des années par le milieu agricole, par le milieu forestier, aussi dans
un contexte où, en 2017, il y avait eu une tentative de réformer le programme,
puis malheureusement cette tentative-là ne s'était pas avérée. Alors, très,
très heureux, aujourd'hui, qu'on puisse entreprendre les consultations
particulières sur ce nouveau projet de loi qui a été déposé.
Je dois d'entrée de jeu exprimer ma
reconnaissance envers... il y a 10 organismes, au total, qui vont venir nous
faire part de leurs commentaires face au projet de loi qui a été déposé,
notamment des gens du secteur agricole, forestier, municipal, mais aussi des
professionnels, ordres professionnels. Alors, c'est très important d'avoir
l'opinion, d'avoir les commentaires de ces groupes-là qui s'intéressent à ce
projet de loi là, mais aussi à son application dans le quotidien, une fois
qu'il sera adopté. Alors, un gros merci pour votre implication auprès de la
commission.
Aussi, la consultation, bien, c'est sûr
que ça me tient à coeur, parce que, pour moi, ça marque une étape très
importante, puis c'est... dans la concrétisation de ce qui est le premier
projet de loi. Moi, à titre de ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec, c'est le premier projet de loi que j'ai déposé à
l'Assemblée nationale, le 5 novembre. Alors, aujourd'hui, naturellement, il y a
eu des consultations pour arriver à la mise en oeuvre de ce projet de loi là,
mais, aujourd'hui, bien, de démarrer les consultations, bien, c'est une étape
très importante, là, vers, ultimement...
M. Lamontagne : …à titre de
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, bien,
c'est le premier projet de loi que j'ai déposé à l'Assemblée nationale, le
5 novembre. Alors, aujourd'hui, naturellement, il y a eu des consultations
pour arriver à la mise en oeuvre de ce projet de loi là, mais aujourd'hui,
bien, de démarrer les consultations, bien, c'est une étape très importante, là,
vers ultimement l'objectif qui est d'adopter cette réforme-là qui est très
importante. Alors, très, très heureux que cette… aujourd'hui, de pouvoir
procéder, là, au lancement des consultations particulières.
Une autre chose aussi, naturellement, on a
à échanger, parce que le projet de loi vise à mettre en place un nouveau
programme de crédit de taxes foncières agricoles, mais d'avoir un programme qui
va être efficace puis qui va être fiable. En même temps, c'est un projet qui
vise à proposer des solutions pour contrôler le coût de la taxe foncière puis
son impact sur la compétitivité des entreprises du secteur. Puis c'est un
projet de loi qui donne suite à l'engagement de notre gouvernement de faciliter
la vie des citoyens puis des entreprises puis de réduire la bureaucratie.
Concrètement, cinq objectifs qui sont
visés par le projet de loi. Une première viserait à protéger les producteurs
agricoles contre les valeurs extrêmes des terres agricoles en plafonnant leur
valeur imposable. Un deuxième préviendrait les augmentations extrêmes de la
valeur des terres, notamment en élargissant le bassin des comparables pour les
évaluateurs municipaux.
Troisièmement, simplifier les modalités
d'accès au programme de crédit de taxes foncières agricoles et son
administration. Puis, en faisant ça, là, on s'attend à réduire des deux tiers
les communications annuelles et interventions entre le ministère puis les
producteurs agricoles. On a fait répertorier, là, aujourd'hui, avec le
programme qui est en cours, il y a à peu près 290 000 transactions
qui se font annuellement entre les producteurs agricoles et puis les
fonctionnaires. Avec l'adoption du projet de loi qui est proposé, la réforme
qui est proposée, on tomberait à 90 000, ce qui est très important. Et
puis, en plus de ça, naturellement, bien, le projet de loi va permettre de
réduire le fardeau réglementaire de 40 % pour les producteurs agricoles.
Quatrièmement, il propose de créer une
catégorie d'immeubles forestiers afin d'offrir aux municipalités la possibilité
d'appliquer un taux de taxation distinct pour les propriétaires de boisés
privés dans le but de favoriser l'aménagement de nos forêts. Puis ça, c'est une
disposition qui répond à une demande de longue date des producteurs forestiers.
Et, cinquièmement, bien, c'est dans la
foulée de la stratégie pour la transformation numérique de l'État. Il jette les
bases d'un guichet unique de collecte de données entre le ministère et La
Financière agricole du Québec. Puis, le projet de loi, naturellement, prévoit
également un accompagnement pour les municipalités les plus touchées par le
projet de loi. Ainsi, elles seront compensées de façon transitoire pour le
manque à gagner occasionné par l'application du plafond de valeur imposable des
terres agricoles.
Alors, en conclusion, M. le Président, je
souhaite que les travaux contribuent à bonifier notre projet de loi puis à le
faire progresser vers son adoption. Puis, honnêtement, je suis ici en mode
écoute et puis de bien accueillir les commentaires des gens. Puis une chose qui
est certaine, c'est qu'en simplifiant un programme qui est trop complexe puis
en réduisant les tracas administratifs des citoyens et des entreprises, le
gouvernement veut contribuer à rendre l'État québécois plus efficace.
Alors, je remercie à nouveau les groupes
qui viendront nous éclairer de leurs commentaires. Et puis, naturellement, M.
le Président, et tous mes collègues de la CAPERN, je sollicite votre
collaboration pour mener à terme ce processus législatif qui va profiter aux
acteurs d'un secteur d'activité qui est essentiel pour le Québec, pour ses
régions puis pour ses citoyens. Alors, je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, j'invite maintenant le député de Jacques-Cartier,
député de l'opposition officielle, à faire ses remarques préliminaires pour une
durée maximale de quatre minutes.
M. Kelley
: Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Je veux juste commencer par féliciter le ministre et
son premier projet de loi, puis j'espère qu'on va collaborer ensemble. Puis,
juste, très rapidement, il y a beaucoup des éléments du projet de loi qui sont
très intéressants pour les gens dans les régions et aussi des gens autour de
nos municipalités partout au Québec. Alors, c'est sûr, sur notre côté, on va
être ici, pour commencer, juste en mode écoute pour écouter des différents
groupes et des différents acteurs. Puis, après ça, pendant la phase de l'étude
détaillée, on va être ici pour proposer des suggestions, des amendements si
nécessaire pour juste améliorer le projet de loi. Alors, je suis très content
et fier d'être ici aujourd'hui puis, comme je dis, je suis ici pour collaborer
de bonne foi à ce projet de loi. Merci.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Merci beaucoup, M. le député. Alors, j'invite maintenant le porte-parole
du troisième groupe d'opposition en matière d'agriculture et d'alimentation et
député de Bonaventure à faire ses remarques préliminaires pour une période
d'environ une minute. Bon, si ça déborde un peu, monsieur, pas de problème.
M. Roy
: Je reconnais
votre générosité, M. le Président. Écoutez, bon, bien, je suis très heureux
d'être ici pour parler d'un dossier qui est extrêmement important, c'est les
conditions de survie économique du secteur agricole au Québec. D'entrée de jeu,
M. le ministre, oui, la taxe foncière, tout ça, c'est un enjeu important, mais
il y a d'autres, aussi, enjeux qui, actuellement, devront être soulevés dans
peut-être d'autres commentaires, entre autres l'augmentation faramineuse du
coût des assurances des agriculteurs. On a aussi le partage de la richesse dans
l'économie agricole. Et, en dernier lieu, mais… le surplus de 1 milliard
de La Financière, depuis les 10 dernières années, qui
devra être analysé en rapport avec les besoins des agriculteurs. Sur ces mots,
bonne commission.
• (15 h 10) •
Le Président (M.
Lemay) : Merci beaucoup, M. le député de Bonaventure. J'invite maintenant
la porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'agriculture, de
pêcheries et d'alimentation et députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue…
M. Roy
: ...et, en
dernier lieu, bien, le surplus de 1 milliard de La Financière,
depuis les 10 dernières années, qui devra être analysé en rapport avec les
besoins des agriculteurs. Sur ces mots, bonne commission.
Le Président (M.
Lemay) : Merci beaucoup, M. le député de Bonaventure. J'invite
maintenant la porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière
d'agriculture, de pêcheries et d'alimentation et députée de
Rouyn-Noranda—Témiscamingue à faire ses remarques préliminaires. Vous disposez
d'environ une minute.
Mme
Lessard-Therrien : ...c'est à moi? O.K.
Le Président (M.
Lemay) : C'est à vous, Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme
Lessard-Therrien : Merci, M. le Président. Bien, tout simplement dire
merci à tous les parlementaires d'être présents. Merci aux groupes qui vont
témoigner. Donc, on a bien hâte d'entendre les échanges et de poser nos
questions. Merci.
Le Président (M.
Lemay) : Très bien, Mme la députée. Alors, maintenant, je souhaite la
bienvenue aux représentants de l'Association des évaluateurs municipaux
du Québec en vous rappelant que vous disposez d'environ 10 minutes pour
faire votre présentation. Ensuite, nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Et je vous invite donc de vous présenter d'abord
et ainsi que les personnes qui vous accompagnent, puis procéder à votre exposé.
La parole est à vous.
Mme Boivin (Alexandra) : M.
le Président, M. le ministre Lamontagne, Mmes et MM. les députés, l'Association
des évaluateurs municipaux du Québec vous remercie de lui offrir l'opportunité
de s'exprimer sur les enjeux relatifs au projet de loi n° 48
en lien avec le domaine de l'évaluation foncière.
Mon nom est Alexandra Boivin. Je suis
présidente de l'Association des évaluateurs municipaux du Québec et directrice
du Service d'évaluation de la ville de Gatineau. Je suis accompagnée de
M. Martin Houde, à ma droite, vice-président de l'association et directeur
du Service d'évaluation de la ville de Laval, et je suis accompagnée de
M. Martin... pardon, Éric Racine, secrétaire-trésorier de l'association et
directeur par intérim du Service d'évaluation de la ville de Québec.
Donc, d'emblée, il nous semble opportun de
vous présenter brièvement notre organisation. L'Association des évaluateurs
municipaux du Québec, soit l'AEMQ, est un organisme à but non lucratif
regroupant principalement des évaluateurs agréés oeuvrant dans le domaine de
l'évaluation foncière municipale à travers toute la province. Notre conseil
d'administration est composé de 15 membres provenant des secteurs public
et privé.
Fondée en 1959, l'AEMQ est le plus ancien
regroupement de praticiens de l'évaluation foncière municipale au Québec. Nous
comptons environ 300 membres qui oeuvrent principalement à la confection
et à la tenue à jour des rôles d'évaluation des municipalités du Québec. Les
rôles d'évaluation sont à la base de la taxation foncière municipale. Comme
vous le savez, celle-ci constitue la principale source de revenus pour les
municipalités du Québec.
L'un des objectifs premiers de notre
association est de représenter l'intérêt des membres. Ainsi, notre intervention
d'aujourd'hui porte sur des enjeux pragmatiques, simples mais importants en
lien avec l'adoption du projet de loi n° 48 et de ses
répercussions significatives pour les évaluateurs municipaux. Nous allons donc
aborder deux éléments en particulier, soit l'application des prescriptions du
projet de loi et l'élargissement du bassin des comparables aux fins de
l'établissement des valeurs foncières des terres agricoles.
L'enjeu principal pour l'AEMQ porte sur le
délai imparti pour l'application des prescriptions du projet de loi. Selon le
libellé de l'article 38 du projet, les rôles déposés dès septembre pour
une entrée en vigueur en janvier 2021 devront présenter les modifications
apportées par le projet de loi.
Or, celles-ci commandent des changements
informatiques et des gestes professionnels importants puisqu'elles visent
plusieurs obligations de l'évaluateur, entre autres la production du sommaire
du rôle, la production des avis d'évaluation, les modifications des
répartitions fiscales, l'ajustement de l'image du rôle et l'ajout de la
catégorie forestière. Par exemple, la structure même des sommaires d'évaluation
devra être revue. Ceux-ci compilent toutes les données du rôle des
municipalités du Québec et représentent l'un des outils à la base de notre
système fiscal municipal. De même, l'affichage public des renseignements
disponibles pour les citoyens sera à modifier.
Donc, concrètement, dans le contexte où le
projet de loi s'appliquera aux nouveaux rôles 2021, la situation est critique
pour les évaluateurs municipaux qui sont d'ailleurs des acteurs importants dans
la mise en oeuvre. Lors de la confection des rôles, les évaluateurs ont besoin
de stabilité au niveau de leur système. D'ailleurs, la confection des rôles est
déjà débutée pour 2021. Le court délai entre l'adoption du projet de loi et le
dépôt des prochains rôles en septembre...
Mme Boivin (Alexandra) :
...de mise en oeuvre. Lors de la confection des rôles, les évaluateurs ont
besoin de stabilité au niveau de leurs systèmes. D'ailleurs, la confection des
rôles est déjà débutée pour 2021.
Le court délai entre l'adoption du projet
de loi et le dépôt des prochains rôles en septembre pourrait créer de
l'instabilité dans nos systèmes sans compter que les estimations initiales de
plusieurs fournisseurs informatiques nous indiquent qu'il faudra plusieurs mois
de développement.
Par ailleurs, outre la modification
législative, nous aurons à analyser les modifications qui seront apportées au Manuel
d'évaluation foncière du Québec en lien avec le projet. Nous devrons donc
effectuer, dans un premier temps ...l'analyse d'affaires est fonctionnelle puis
tester la solution, enfin, faire la formation en vue de l'utilisation en
production. Cela mettrait les évaluateurs municipaux de la province à coup sûr
dans une position difficile.
Par ailleurs, au niveau des gestes
professionnels, nous devrons mettre en place de nouvelles façons de faire pour
la cueillette des renseignements puis valider les données obtenues. Mentionnons
qu'en septembre 2020, c'est 365 municipalités par le biais des OMRE qui
déposeront un nouveau rôle d'évaluation 2021, soit 32 % des
municipalités au Québec.
De notre point de vue, il nous apparaît
également pertinent de mentionner qu'il y aura des impacts similaires sur les
systèmes de taxation et leurs processus. Parallèlement, la dernière vague de
municipalités à devoir se conformer à la modernisation réglementaire implantée
par le MAMH pour les immeubles non résidentiels des unités d'évaluation est
prévue pour le dépôt de rôles 2021. Ainsi, certaines municipalités doivent
déjà composer avec des enjeux importants de modification de leurs données et de
leurs systèmes cette année même.
Par conséquent, l'Association des
évaluateurs municipaux du Québec recommande de reporter d'une année
l'application du projet de loi n° 48, soit au
31 décembre 2021, pour une entrée en vigueur des rôles d'évaluation dont
le cycle triennal débutera en 2022.
Maintenant, pour les mesures
complémentaires, l'élargissement du bassin des comparables entre les organismes
municipaux responsables de l'évaluation aux fins d'établissement de la valeur
foncière reçoit l'appui de l'AEMQ. Cet assouplissement est tout à fait
pertinent pour améliorer le travail de l'évaluateur et incidemment permettre
une meilleure vue d'ensemble du marché immobilier agricole pour ce dernier.
Nous sommes donc très favorables avec cette mesure.
En terminant, nous ne saurions insister
davantage sur l'importance de revoir la date d'entrée en vigueur afin d'assurer
une mise en oeuvre efficace et réaliste du projet de loi n° 48 pour les
évaluateurs municipaux du Québec. Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Très bien. Merci beaucoup, Mme Boivin. Alors, sur ce, je vais céder la
parole au ministre pour une période d'échange, environ 16 minutes.
M. Lamontagne : Merci.
Merci beaucoup, madame. Écoutez, dans un premier, quand on parle de
l'élargissement du bassin des comparables, concrètement, pour vous, comment ça
peut vous être utile, comment ça se passerait, comment ça se ferait?
Mme Boivin (Alexandra) :
On n'a pas encore déterminé de quelle façon ça se ferait, parce que je pense
que ce n'est pas de notre ressort de le faire. Par contre, on entrevoit très
favorablement cette mesure qui nous permettrait d'avoir accès à plus de données
dans le cadre de notre travail. Et, bien entendu, bien, plus de données va nous
permettre de faire des analyses plus complètes, O.K., et peut-être même de
combler parfois des informations manquantes. Parce que, lorsqu'on se limite à
un territoire donné, bien, bien entendu, on est un petit peu tributaires de ce
qui existe en termes de marché sur ce territoire-là. Donc, concrètement, je ne
peux pas vous dire la mise en oeuvre se ferait de quelle façon, mais on
entrevoit de façon très positive cette opportunité.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Lamontagne : Ce que vous
dites, ultimement, c'est : D'avoir la possibilité d'élargir les bassins
des comparables va vous permettre de faire un travail qui est encore plus
pointu, si on veut, là, par rapport à la justesse, un peu, des évaluations que
vous allez faire, là.
Mme Boivin (Alexandra) :
Oui, exactement, ça va nous permettre d'améliorer la qualité de notre travail.
• (15 h 20) •
M. Lamontagne :
Excellent...
M. Lamontagne : ...d'élargir le
bassin des comparables va vous permettre de faire un travail qui est encore
plus pointu, si on veut, là, par rapport à la justesse, un peu, des évaluations
que vous allez faire, là.
Mme Boivin (Alexandra) : Oui,
exactement, ça va nous permettre d'améliorer la qualité de notre travail.
M. Lamontagne : Excellent.
Vous avez mentionné au niveau des délais, là, que vous trouvez qu'ils sont
courts et tout ça, même vous allez jusqu'à recommander de reporter la mise en
oeuvre. Mais ce que vous nous dites, c'est qu'en fonction du travail qui a à
être fait, là, il y a une diligence certaine à appliquer, là, si on veut, dans
l'étude et aussi, là, le travail qu'on a à faire par rapport à ce projet de loi
là puis l'échéancier, là, que le gouvernement s'est fixé, là.
Mme Boivin (Alexandra) :
Bien, pour nous, d'appliquer le projet de loi, en fait, c'est assez transparent
pour l'évaluateur parce qu'au-delà de la catégorisation de certains immeubles
l'évaluateur va devoir encore établir la valeur réelle des immeubles. Donc,
pour nous, c'est assez transparent en ce sens-là.
Le Président (M. Lemay) : Oui,
parfait. Le député de Bourget, vous avez une question, allez-y.
M. Campeau : Ah! O.K. Bonjour.
Je me demandais actuellement, je suis vraiment un néophyte, là : Est-ce
que vous évalué déjà les immeubles forestiers?
Mme Boivin (Alexandra) : Oui,
oui. C'est des immeubles qui sont déjà évalués.
M. Campeau : O.K. Donc, ce
serait juste de continuer à faire le même travail mais en les considérant dans
une catégorie à part.
Mme Boivin (Alexandra) : Exactement.
M. Campeau : O.K.
Mme Boivin (Alexandra) : Par
contre, ça commande certains gestes professionnels, donc on va devoir
recalculer certains éléments pour être... pour les isoler, entre autres.
M. Campeau : D'accord. Vous
mentionnez, dans le mémoire, que vous êtes en faveur de l'élargissement du
bassin des comparables. Mais je crois comprendre que, quand on parle d'un
plafond, vous préférez y aller par région administrative. Est-ce bien... Est-ce
que je comprends bien? Non?
Mme Boivin (Alexandra) :
Bien, au niveau des plafonds, là, je vous dirais qu'on... Nous, ce qu'on dit,
c'est que, comme on établit la valeur réelle des immeubles, c'est ce qui nous
importe au-delà de tout, si on veut, là. C'est vraiment à ce niveau-là où
est-ce que le geste professionnel de l'évaluateur compte, c'est au niveau de
l'établissement de la valeur réelle. Et ça, d'après notre compréhension, on a
compris que, dans le cadre du projet de loi, nous allions continuer à produire
les valeurs réelles. Et, à ce moment-là, on n'avait pas nécessairement, je vous
dirais, d'autre commentaire à faire sur le sujet.
M. Campeau : O.K. Comme le ministre
l'a déjà mentionné, on voulait protéger des valeurs extrêmes de certaines
terres agricoles. Est-ce que vous croyez que le projet de loi, dans son libellé
actuel, devrait nous protéger contre ça? Avez-vous confiance que ça va aider?
Je veux votre opinion, parce que je pense que vous êtes extrêmement bien placés
pour en parler.
Mme Boivin (Alexandra) : En
effet, c'est nous qui déterminons les valeurs au rôle d'évaluation. Les
valeurs, à mon point de vue, vont continuer à être établies de la même façon.
Donc, ce que vous qualifiez de valeur extrême, peu importe le projet de loi, on
va continuer à établir les valeurs de la même façon. Donc, au niveau de
l'impact sur les agriculteurs, là, je ne serais pas en mesure de juger, là.
M. Campeau : Merci.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. M. le ministre, j'ai cru comprendre que vous aviez une autre question.
M. Lamontagne : Oui, juste en
lien avec la mise en oeuvre, si on veut, de l'élargissement des comparables.
Là, je comprends, tantôt j'ai dit : Dans la forme... Mais en bout de
ligne, on a une réglementation qu'on va devoir constituer, si on veut, là.
Est-ce que vous auriez des recommandations à nous faire par rapport à cette
réglementation-là, là, qu'on va devoir mettre en place pour...
Mme Boivin (Alexandra) : Ma
première recommandation serait sans doute de faire en sorte que les règles
soient claires pour l'évaluateur pour éviter toute confusion. Donc, ça, c'est peut-être
pour nous la base, là, ça serait d'avoir une clarté dans les règles qui vont
régir l'élargissement du bassin des comparables. Ce qu'on entrevoit, c'est un
possible échange d'information entre évaluateurs de différentes zones risques
qui présentement n'est pas prévu dans la Loi sur la fiscalité municipale, entre
autres. Donc, c'est sûr que ces éléments-là vont devoir être précisés, encadrés
de manière claire. Et, bien entendu, on souhaite pouvoir échanger avec nos...
Mme Boivin (Alexandra) :
...n'est pas prévu dans la Loi sur la fiscalité municipale, entre autres. Donc,
c'est sûr que ces éléments-là vont devoir être précisés, encadrés de manière
claire. Et bien entendu, on souhaite pouvoir échanger avec nos collègues professionnels
des informations qui vont nous permettre de faire des meilleures analyses ou
des analyses plus pointues, si on veut, pour les terres agricoles notamment.
Le Président (M. Lemay) : ...
M. Lamontagne : Puis au niveau
des terres agricoles, l'expérience que vous avez déjà avec l'évaluation au
niveau des immeubles forestiers, dans l'accord encore là qu'on aurait
l'élargissement des catégories et tout ça, qu'est-ce que vous verriez aussi qui
serait optimal au niveau forestier? Voyez-vous quelque chose de différencier
ou...
Mme Boivin (Alexandra) : Oui.
Bien entendu, on souhaite fortement qu'au niveau forestier, que les immeubles
qui vont être identifiés dans la catégorie des immeubles forestiers le soient
par le ministère concerné, là, le ministère des Forêts et de la Faune pour
qu'on puisse avoir une instance centrale qui nous indique de façon encore une
fois claire qui doit bénéficier de la catégorie en question.
Donc ce qu'on préfère, c'est que ce ne
soit pas l'évaluateur qui fasse la catégorisation et la gestion des propriétés
forestières.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, Mme Boivin. Sur ce, je cède la parole à la députée de
Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Merci, M. le
Président. Bonjour, merci beaucoup d'être ici. Je suis contente, et
corrigez-moi, mais je suis contente d'entendre ou de déduire à la lecture de
votre rapport et à l'écoute de votre présentation que vous êtes en faveur de ce
projet de loi là.
Et le seul bémol que je perçois étant
celui du délai, le délai nécessaire. Vous dîtes qu'il y a un délai nécessaire
pour la mise en place étant donné, là, tout ce qu'il y aura à faire surtout au
niveau informatique et collecte de données. Est-ce bien ça?
Mme Boivin (Alexandra) : Oui...
Non... Je continue?
Mme Tardif : Oui, parfait. Et
ma question étant, il y a deux évaluations, l'évaluation de façon générale et
l'évaluation, je crois bien, des immeubles qui sont non-résidentiels. Il y
avait deux dates, 2020 et 2021 pour les immeubles non résidentiels. En fait, le
portrait, là, que j'essaie d'avoir c'est : Pour vous, quel serait le
délai? À partir du moment où le système informatique est installé chez vous,
tout est fonctionnel, on peut se dire que si on veut que ce projet-là ne soit
pas reporté à dans un an et demi, que devrait-on faire pour que ce soit bien
fait, mais quel est le délai qui est nécessaire pour vous?
Mme Boivin (Alexandra) : O.K.
Bien, premièrement, là, je peux peut-être juste préciser au niveau des dates.
Bien entendu, lorsqu'on parle des dates qui sont actuellement prévues, ça
implique le rôle d'évaluation qu'on doit déposer en vertu de la loi le 15
septembre 2020 et qui rentre en vigueur en 2021. Et ce rôle-là devra être
modifié, là, pour correspondre au projet de loi.
Donc, ça nous laisse très peu de temps.
C'est ce qu'on essayait de souligner, c'est que dans le fond on doit avoir tout
terminé le projet bien avant le 15 septembre 2020.
Mme Tardif : Et c'est là ma question.
Ma question étant combien de temps ça vous prend une fois que le système
informatique est fonctionnel et que tout est parfait, vous demandez un délai de
combien de mois ou de semaines pour faire la collecte et tout?
Mme Boivin (Alexandra) :
Bien, le travail se situe non seulement au niveau de l'informatique, mais aussi
des gestes professionnels et de la collecte de données. Et ça, bien, ça peut se
faire dans différents scénarios d'étapes, là. Mais il y a non seulement le
système informatique à modifier, mais aussi les gestes professionnels à poser.
Et je dirais, au-delà de tout ça, aussi
c'est qu'on doit avoir accès aux modifications qui soient... qui vont être
faites dans le manuel d'évaluation foncière du Québec. Donc on est un petit peu
à la remorque de plusieurs éléments, que ça soit les modifications du manuel
d'évaluation foncière, les modifications informatiques, la collecte de données
et c'est tous des éléments qui s'additionnent, dans le fond, dans le processus,
là.
• (15 h 30) •
Mme Tardif : Je ne crois pas, M.
le Président, je m'excuse, avoir entendu la réponse à ma question. Si on veut
vous aider, aidez-nous à vous aider. Donc, quel est le délai? Quel est le
nombre de semaines...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Boivin (Alexandra) : …des modifications
informatiques, la collecte de données, et c'est tous des éléments qui
s'additionnent, dans le fond, dans le processus, là.
Mme Tardif : Je ne crois pas, M.
le Président, je m'excuse, avoir entendu la réponse à ma question. Si on peut
vous aider, aidez-nous à vous aider. Donc, quel est le délai? Quel est le
nombre de semaines et de mois que vous exigez, que vous avez besoin?
Le Président (M. Lemay) : Mme
Boivin, s'il y a quelqu'un d'autre qui veut répondre, il n'y a aucune
problématique.
Mme Boivin (Alexandra) :
Bien, je pense, M. Racine voudrait répondre à la question.
M. Racine (Éric) : Oui. Moi,
je vous dirais qu'à ce moment-ci, lorsqu'on commence le processus de dépôt de
rôle qui prend environ, là, dans le meilleur des cas, une année, là, parfois, plusieurs
mois, il faudrait avoir terminé, une fois que les systèmes informatiques, tel
que vous le demandez, seraient en place pour permettre aux évaluateurs d'avoir
la quincaillerie, si vous voulez, les systèmes nécessaires pour être capables
de produire un travail de qualité. À ce moment-ci, les gens qui vont déposer,
en septembre 2020, ont déjà commencé les processus. C'est pour ça qu'on est ici
pour vous dire, bien, ce n'est pas parce qu'on est de mauvaise foi par rapport
à ça, c'est tout simplement, on veut bien le faire, d'avoir le temps de le
faire correctement.
Et, bon, le délai, dans le fond, c'est
que, pour moi, là, il faudrait vraiment que ce soit… il faudrait, exemple, que
le la ville de Québec dépose l'an prochain, il faudrait que les systèmes soient
prêts à la fin de cette année. Alors, dans le fond, là, vous voyez un peu
l'urgence de la situation. Et, comme l'information risque d'être disponible, à
quelque part, là, ce qu'on comprend, peut-être cet été, le temps de faire les
analyses fonctionnelles et faire une nouvelle législation, le temps de faire
programmer tout ça, le temps de faire tester tout ça, de faire la formation, de
mettre en production, de créer les données, de mettre tout ça droit, de valider
tout ça.
Alors, vous voyez un peu le processus, ça
fait partie des étapes normales de dépôt de rôle, et ces étapes-là, en général,
prennent plusieurs mois, voire une année, en général. Il y a bien des organisations
qui vont prendre une année et demie, des plus grandes organisations. Alors, je
ne sais pas si ça répond à votre question, mais je vous dirai qu'à ce moment-ci
on est déjà à court.
Mme Tardif : Merci.
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, M. Racine, pour cette réponse. M. le ministre, allez-y.
M. Lamontagne : Un petit commentaire
pour vous dire qu'on est tout à fait mobilisés, là, au ministère pour, dès l'adoption
du projet de loi, de vous fournir, là, des informations dans des délais, là,
qui vont être très, très à point, si on veut, là.
Le Président (M. Lemay) :
Merci pour cette précision. M. le député de Beauce-Nord, j'ai cru comprendre
que vous avez une question.
M.
Provençal : Merci, M. le Président. J'aurais deux points. J'aimerais
revenir sur l'élargissement des comparables. Est-ce que vous croyez que cet
élargissement-là va faire en sorte que ça va vous permettre d'aller chercher
des données supplémentaires qui vont permettre, un, d'avoir une meilleure évaluation
du domaine agricole et forestier, mais aussi qui va permettre d'éviter des
écarts qu'on voyait très très, très fortement dans des régions qui étaient
limitrophes?
Mme Boivin (Alexandra) : Effectivement,
ça va nous permettre d'avoir une meilleure harmonisation entre les secteurs
limitrophes où est-ce que, présentement, là, les évaluateurs des deux régions
limitrophes ne peuvent pas échanger d'information. Donc, on sait très bien que
ce n'est pas parce qu'une ligne territoriale est tracée à un endroit que
l'information tout juste à côté ne pourrait pas servir et être pertinente pour
évaluer, surtout dans le cas où est-ce qu'on a un petit peu moins de données,
chaque donnée peut nous permettre d'améliorer la qualité de notre travail.
M.
Provençal : Donc, ça devient un plus pour le rôle que vous avez à
jouer comme évaluateur.
Mme Boivin (Alexandra) :
Exactement.
M.
Provençal : M. le Président, est-ce que j'ai droit à un point
complémentaire? Écoutez, j'ai cru percevoir dans votre mémoire qu'au niveau
des… vous êtes favorables, là, à la catégorie des immeubles forestiers. Bon.
Malgré ça, je sais qu'au niveau… avec le MAPAQ, pour tout ce qui est agricole,
il y a des échanges au niveau des données qui vont très, très bien. Du moment
où est-ce qu'on crée une catégorie, mais niveau forestière, qu'est-ce que vous
aimeriez… sur quoi on devrait porter une attention particulière pour être sûra
qu'on va avoir un succès quand il va arriver le temps de faire ces échanges de
données là?
Mme Boivin (Alexandra) :
Bien, je pense qu'il y a déjà…
Le Président (M. Lemay) : Très
rapidement.
Mme Boivin (Alexandra) : …je
pense qu'il y a déjà un modèle qui existe, un modèle d'échange d'information
qui existe déjà avec le MAPAQ, qui fonctionne très bien. Je pense que ce serait
peut-être juste de répéter le modèle puis peut-être, éventuellement, à
peut-être voir s'il y a des améliorations, mais, pour l'instant, ça fonctionne
bien.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Merci beaucoup, Mme Boivin. Alors, ceci complète cette période d'échange,
et j'invite maintenant la députée, porte-parole de l'opposition officielle en
matière d'agriculture, vice-présidente de la commission et députée de Maurice-Richard, à procéder à cette période d'échange.
Mme Montpetit : Je vous
remercie. Bonjour à vous trois. Merci d'être là avec nous aujourd'hui. Juste
avant d'aller plus loin dans mes questions, je comprends que vous n'avez pas
nécessairement de mémoire qui est déposé à la commission, est-ce que…
Le Président (M. Lemay) :
...et j'invite maintenant la députée porte-parole de l'opposition officielle en
matière d'agriculture, vice-présidente de la commission et députée de Maurice-Richard à procéder à sa période d'échange.
Mme Montpetit : Je vous
remercie. Bonjour à vous trois. Merci d'être là aujourd'hui. Juste avant
d'aller plus loin dans les questions, là, je comprends que vous n'avez pas
nécessairement de mémoire qui est déposé à la commission. Est-ce qu'il serait
possible pour la suite de nos travaux, je ne sais pas si vous voulez nous faire
suivre une liste de recommandations ou peut-être votre allocution au moins de
départ qui pourrait être transférée au secrétariat juste qu'on puisse en
prendre connaissance plus attentivement puis que, lorsqu'on aura des échanges,
ça va nous aider également pour la suite, là?
Mme Boivin (Alexandra) :
Je ne sais pas. Si personne n'y voit pas d'objection, nous, on est ouverts à
vous partager la présentation d'ouverture qu'on a faite.
Le Président (M. Lemay) :
Oui, bien sûr. Donc, à ce moment-là, je vous invite à le transmettre au
secrétariat qui le rendra disponible à l'ensemble des membres de la commission.
Mme Montpetit : Je ne
pense pas qu'il y ait d'objection quand vous venez présenter à ce que vous
déposiez votre texte. Puis, si vous avez... Si vous voulez faire une synthèse
des recommandations que vous faites quand vous venez de vous présenter, vous
avez demandé d'être entendus, en tout cas vous êtes présents en consultation,
je pense que ça nous aide après ça à bonifier le projet de loi qui est devant
nous. Vous avez fait référence à l'élargissement des bases des comparables.
Est-ce que, selon vous, dans le projet de loi qui est devant nous, il y a des
correctifs qui devaient être apportés en ce sens qu'est-ce qu'il y a une
possibilité que certaines régions soient désavantagées par rapport à d'autres?
Mme Boivin (Alexandra) :
Au niveau des évaluateurs, je peux affirmer sans nul doute que l'ajout
d'informations ou l'ajout de données à notre travail va nous permettre
d'améliorer notre travail. Ça fait que je pense que tout le monde est assez
d'accord sur ce pont-là. Sans avoir fait de sondage formel auprès de tous nos membres,
le fait d'avoir accès à davantage de données, là, est très, très favorable de
notre point de vue. Je ne vois pas de quelle façon ça pourrait désavantager
soit une région ou soit un propriétaire en particulier, là.
Mme Montpetit : O.K. Mais
je comprends que vous ne l'avez pas évalué non plus. Ce n'est pas dans cet
angle-là nécessairement que vous venez vous présentez. Vous, c'est l'accès aux
données. C'est ce que je comprends qui vous...
Mme Boivin (Alexandra) :
Mais l'objectif en évaluation, c'est d'établir une valeur réelle. Et pour
établir une valeur réelle qui correspond à nos standards professionnels, bien,
on doit avoir la donnée en conséquence.
Mme Montpetit : Une des
demandes aussi de... Puis on aura l'occasion certainement de... Bien, pas
certainement, mais on les rencontre la semaine prochaine, qui seront présents,
l'UPA sera présente en consultation, une de leurs demandes historiques, c'est
de revoir la méthode d'évaluation du prix des terres agricoles pour tenir
compte de l'évaluation agronomique. Est-ce que, pour vous... Bah! Est-ce que
vous avez une opinion là-dessus? Peut-être pas. Vous me faites signe que...
Mme Boivin (Alexandra) :
Je pourrais vous dire qu'on n'a pas... On ne s'est positionnés ou questionnés
sur le sujet en tant que tel. Nous, on... Je vous... Je réitère peut-être juste
qu'on établit la valeur réelle, là, selon la définition qui est prévue dans la
Loi sur la fiscalité municipale.
Mme Montpetit : Je vais
reposer ma question. Je vais recommencer autrement d'abord. Est-ce que vous
avez des suggestions de bonification à faire au projet de loi qui est sur la
table parce que, quand on va tomber en l'étude détaillée on est bien intéressés
à... Je ne pense pas qu'on est des experts en fiscalité agricole, personne
autour de la table, ni en fiscalité d'ailleurs, mais peut-être que vous avez
des suggestions très concrètes sur certains des articles du projet de loi ou
des ajouts qui pourraient être faits aussi.
Mme Boivin (Alexandra) :
L'AEMQ, là, a décidé vraiment de, je dirais, de soulever la principale
problématique du délai d'application. Pour ce qui est du reste du projet de
loi, on l'a regardé puis on n'avait pas nécessairement soulevé d'éléments qui
nous paraissaient être problématiques, là.
Mme Montpetit : Parfait.
Bien, je vous remercie beaucoup.
Mme Boivin (Alexandra) :
Pour l'application de notre travail, bien entendu.
Mme Montpetit : Oui, oui,
c'est ça. Bien je comprends, c'est ça, vous avez pris un angle au niveau du
délai. C'est parfait. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Jacques-Cartier est-ce que vous vouliez...
Une voix
: Non, je...
Le Président (M. Lemay) :
Non, ça va. Parfait. Donc, à ce stade-ci, je vais céder maintenant la parole à
Mme la députée Rouyn-Noranda—Témiscamingue pour sa période d'échange.
• (15 h 40) •
Mme Lessard-Therrien :
Merci, M. le Président. Je vais continuer un petit peu dans la même veine que
ma collègue par rapport à l'établissement de la valeur des terres. Dans un
tableau que j'avais tout près... Dans un tableau de La Financière
agricole, là, on parle que de 2017 à 2018 il y a quand même eu une hausse de
16 % de la valeur des terres agricole. Bon, qui dit hausse de la valeur
des terres, hausse des taxes, évidemment. Donc, on comprend que, là, le
programme va continuer de rembourser...
Mme Lessard-Therrien : ...dans
un tableau de La Financière agricole, là, on parle que de 2007 à 2018, il
y a quand même eu une hausse de 16 % de la valeur des terres agricoles.
Bon, qui dit hausse de la valeur des terres, hausse des taxes, évidemment.
Donc, on comprend que là, le programme va continuer de rembourser. Moi,
j'aimerais peut-être que vous nous expliquiez comment on explique, en fait, une
telle flambée des prix. 16 %, j'imagine que ce n'est quand même pas rien,
là, dans... surtout quand on a des si grandes superficies. Donc, pouvez-vous
nous expliquer un peu comment s'explique cette flambée-là?
Mme Boivin (Alexandra) :
Bien, c'est toujours le jeu de l'offre et la demande, là, en évaluation. Puis,
au niveau des prix, la tendance des prix est fortement influencée par l'offre
et la demande. La demande pour les terres agricoles est forte,
particulièrement, on le sait, dans certaines régions du Québec où est-ce qu'il
y a une très grande demande par rapport à ces produits-là.
Mais je pourrais vous dire plus largement
que dans l'ensemble du marché immobilier au cours des dernières années, on a
remarqué que les immeubles toutes catégories confondues ont augmenté en termes
de valeur. Mais, au niveau de l'agricole, ça pourrait s'expliquer vraiment par
la demande. Puis, c'est sûr qu'il y a une certaine rareté aussi au niveau des
très bonnes terres, ça fait qu'à ce moment-là, ça met une pression sur les
prix. Ça serait mon explication générale.
Mme Lessard-Therrien : Est-ce
que vous anticipez que le phénomène continue de s'accroître dans les prochaines
années?
Mme Boivin (Alexandra) : Ça
serait difficile de prédire parce que je n'ai pas la boule de cristal. Nous, on
va... on analyse vraiment l'historique des transactions, la tendance des prix,
on travaille des données du passé. Par contre, ce n'est pas exclu que les
valeurs continuent de monter si la demande est toujours présente.
Mme Lessard-Therrien : Parce
que, bon, avant l'atteinte, là, il y a le plafonnement maintenant à
32 100 $ l'hectare, mais quand même, pour plusieurs entreprises
agricoles, on n'en est pas là encore. Donc, on peut s'attendre à ce que, tu
sais, le remboursement de taxes va toujours augmenter jusqu'à cette valeur-là.
Dans une optique de saine gestion des
fonds publics, là, parce que c'est un peu notre rôle en tant que parlementaires
d'être un peu le chien de garde de comment les sous, chaque dollar est dépensé,
ça serait quoi, puis là je fais encore un peu de pouce sur ce que ma collègue a
dit, mais ça serait quoi la meilleure façon d'évaluer les terres pour s'assurer
que ce programme-là ne soit pas finalement une caisse sans fond? Puis, bien
sûr, on comprend que c'est soutenir nos agriculteurs, c'est l'objectif, puis
c'est ça qu'il ne faut pas perde de vue, mais est-ce qu'il n'y aurait pas une
meilleure façon de procéder pour que cette caisse-là ne devienne pas sans fond?
Mme Boivin (Alexandra) :
C'est sûr qu'en tant que professionnel avec un titre professionnel, je fois me
conformer à une certaine méthodologie quand vient le temps d'évaluer. Donc, on
est un petit peu contraints par ça. Si vous parlez de façons différentes pour
donner que ce soit des allègements ou, peu importe, bien là, on peut plus
peut-être penser à agir plutôt sur d'autres éléments comme les taux de taxation
ou peu importe qui n'est pas nécessairement de notre ressort en qu'évaluateurs,
là.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, Mme Boivin. Maintenant, je vais céder la parole au député de la
troisième opposition. M. le député de Bonaventure, la parole est à vous.
M. Roy
: Merci, M. le
Président. Écoutez, je ne savais pas dans mon existence qu'il existait un
manuel de modification, en tout cas, un manuel d'évaluation foncière. Bon, ça,
j'ai appris ça. Et vous avez soulevé un enjeu vraiment important à mon avis,
c'est... vous avez dit : Si les règles ne sont pas claires, ça va être
difficile. Et là vous avez parlé de modification du manuel d'évaluation
foncière du Québec pour établir les règles. Est-ce que c'est...
Mme Boivin (Alexandra) : En
fait, les indications dans le manuel découlent de la loi.
M. Roy
: Admettons,
dans un cas hypothétique où les règles ont un certain flou artistique et que
vous ayez l'obligation d'interpréter un tantinet certaines règles, est-ce qu'on
pourrait se ramasser dans une situation où on aurait une pluie, pour ne pas
dire une grêle, de contestations d'évaluations? Est-ce qu'il va y avoir une
phase transitoire dans les modifications qui peuvent amener des contestations
si les règles ne sont pas claires puis si vous n'avez pas le temps de bien
faire ça? Écoutez, ce n'est pas pantoute mon domaine, là, mais...
Mme Boivin (Alexandra) :
Lorsque je faisais référence à la clarté, c'était vraiment au niveau de de quelle
façon on va pouvoir échanger des données avec d'autres organisations, d'autres
OMRE, d'autres organismes responsables, ce que présentement, on n'a pas le
droit de faire. Donc, c'était plus à ce niveau-là. Je voulais juste que les
règles soient claires, qu'on... qu'est-ce qu'on pouvait échanger, qu'est-ce
qu'on ne pourrait pas échanger, de quelle façon ça allait se produire. Donc,
c'était plus à ce niveau-là...
Mme Boivin (Alexandra) :
...des données avec d'autres organisations, d'autres organismes responsables,
parce que présentement on n'a pas le droit de le faire. Donc, c'était plus à ce
niveau-là, je voulais juste que les règles soient claires qu'on... qu'est-ce
qu'on pouvait échanger, qu'est-ce qu'on ne pourrait pas échanger et de quelle
façon ça allait se produire. Donc, c'était plus à ce niveau-là.
Au niveau du manuel d'évaluation foncière
en général, c'est extrêmement clair et limpide, là, les règles. Justement, ce
manuel-là est là pour guider l'évaluateur de façon claire, parce que, bon... pour
s'assurer qu'il n'y ait pas justement d'interprétation, puis je ne vois pas en
quoi il pourrait y avoir des contestations en lien avec ça pour l'instant. Je
ne sais pas si mes collègues avaient quelque chose, là.
M. Roy
: Non, mais vous
clarifiez ma... Bien, je parlais contestation en termes de nouvelles
évaluations potentielles qui vont être faites à partir de toutes les règles,
puis... parce qu'on jase, là, on est tout seuls, il n'y a personne qui nous
entend, là. Mais vous comprenez? Non, mais je sais que ça... quand on refait
les rôles chez nous, entre autres quand... Bon, écoute, des fois tu dis: Tu
exagères un petit peu, là, puis on essaie de rectifier le tir par des
contestations, ça existe.
Écoutez, c'était tout ce que je voulais
savoir. Sinon, bien, je pense que ça va faire le tour de mes questions. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien, M. le député de Bonaventure. Ça fait contraste avec le député de
Jonquière, qui a l'habitude de nous dire que... pour le bénéfice des citoyens
qui nous écoutent. Donc, le... Mais bon, très bien.
M. Roy
: C'est pour
vous mettre à l'aise, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Donc, je vous remercie beaucoup pour votre contribution à nos travaux. Je
vais suspendre les travaux quelques instants afin de permettre aux
représentants de la Fédération québécoise des municipalités de prendre place.
Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise à 15 h 50)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, nous reprenons nos travaux, et je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants
de Fédération québécoise des municipalités, en vous rappelant que vous disposez
de 10 minutes pour procéder à votre exposé. Ensuite, nous avons une
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent, puis vous pourrez
procéder à votre exposé. La parole est à vous.
M. Demers
(Jacques) : Parfait. Bonjour, M. le Président, M. le ministre,
Mmes et MM. les députés.
Bonjour, je me présente,
Jacques Demers, maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, préfet de la MRC
Memphrémagog et président de la Fédération québécoise des municipalités.
Je suis accompagné aujourd'hui de M.
Pierre Châteauvert, directeur des politiques à la Fédération québécoise
des municipalités et de David Boulet, conseiller économique à la
fédération. C'est lui qui a travaillé nos chiffres, qui a regardé ça dans tous
les sens.
Merci d'accueillir la Fédération
québécoise des municipalités dans le cadre de la commission parlementaire sur
le projet de loi n° 48 visant principalement à contrôler le coût de
taxation foncière agricole et simplifier l'accès au crédit de taxes foncières
agricoles. C'est en tant que porte-parole des régions que la FQM vous transmet
aujourd'hui ses recommandations sur le projet de loi n° 48.
Mais d'abord, la fédération, mais on
représente 1 000 municipalités puis MRC au Québec. Pour ceux qui ne
le sachent pas, il y en a 1 008 municipalités. Il y en a 1 000,
et les MRC sont toutes membres de la fédération. C'est... on est là, on est sur
le territoire. Quand on parle d'agriculture, bien, c'est souvent notre première
économie. On parle de foresterie. C'est ça qu'on retrouve sur le territoire du Québec.
C'est qu'on est vraiment fiers d'être parmi vous aujourd'hui.
Je vais laisser M. Châteauvert faire
la présentation.
M. Châteauvert
(Pierre) : Merci, M. le président. M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés, les présents commentaires sur le projet de
loi n° 48 font suites aux discussions menées au sein de nos instances,
c'est-à-dire des commissions permanentes, l'assemblée des MRC qui réunit la
totalité des MRC et le conseil d'administration de la fédération.
Au Québec, les politiques fiscales
touchant les propriétés agricoles furent mises en place afin de favoriser le
développement d'une économie agricole de type familial basée sur des fermes de
petites et moyennes tailles. Depuis plusieurs années, le milieu agricole
demande une révision en profondeur de la fiscalité municipale agricole en
raison de l'augmentation substantielle de la valeur des terres agricoles et des
taxes foncières.
Rappelons toutefois que l'augmentation du
prix des taxes agricoles n'est pas un phénomène nouveau ni circonscrit au
Québec. Par ailleurs, le processus d'évaluation au Québec est basé sur la
valeur marchande des immeubles fonciers, un système qui offre une référence
commune pour l'ensemble des immeubles fonciers. Le processus d'évaluation du
Québec est de qualité et sert de référence pour plusieurs de nos voisins.
Selon le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, le projet de loi 48 vise à
simplifier le programme pour les producteurs agricoles et le MAPAQ, à renforcer
la compétitivité des entreprises agricoles sur le plan de la fiscalité foncière
et à contrôler la croissance du coût du programme. La FQM souhaite signifier
son désaccord avec le projet de loi. La réforme proposée est inadaptée et porte
atteinte aux principes régissant la gestion des gouvernements de proximité.
La FQM représente 1 000 membres,
on l'a dit, et est située dans toutes les régions du Québec et est, à ce titre,
la porte-parole des régions et défend les intérêts des municipalités du Québec
et les principes qui guident leurs actions au quotidien. Citons parmi ces
principes : le respect de l'autonomie municipale, l'équité entre les
contribuables et l'occupation et la vitalité des territoires. La réforme et le
plafonnement de l'évaluation — pardonnez-moi — vont à
l'encontre de ces principes.
Tout d'abord, l'autonomie municipale,
c'est-à-dire la capacité des municipalités à décider pour les responsabilités
qui leur incombent, repose sur un certain nombre de conditions. Parmi
celles-ci, des outils de taxation efficaces, cohérents et simples. Ces outils
doivent s'appuyer sur un processus d'évaluation objectif et reconnu pour
permettre une comparaison entre les différentes catégories d'immeubles
fonciers. Avec le projet de loi n° 48, via le plafonnement de l'évaluation
foncière agricole, le gouvernement porte atteinte à l'intégrité du processus
d'évaluation et donc à l'autonomie des municipalités en retirant de l'assiette
de taxation une partie de la valeur foncière, le premier principe.
Le second, les municipalités du Québec
doivent maintenir un équilibre entre les contributions au financement des
services municipaux de chaque classe de contribuables. Cet équilibre est garant
de l'acceptabilité des décisions des conseils municipaux par les citoyens et
d'un climat serein dans les communautés. Les élus doivent pouvoir défendre
leurs décisions en s'appuyant sur un processus clair et des critères objectifs.
En imposant un plafond sur la valeur imposable des terres agricoles, le gouvernement
créera ainsi un manque à gagner pour les municipalités estimé entre 3 et 5 millions
annuellement par le MAPAQ, lequel devrait nécessairement être récupéré sur
l'ensemble des contribuables de la municipalité concernée. Cela est contraire
au principe d'équité, les contribuables de ces municipalités ne doivent pas
payer pour le financement de l'agriculture.
En sa qualité de porte-parole des régions,
la FQM défend une agriculture dynamique à l'échelle familiale qui puisse
assurer l'occupation et la vitalité du territoire, le troisième principe.
L'agriculture est un fondement de l'économie des membres de la FQM. Nos membres
sont d'ailleurs engagés dans le développement...
M. Châteauvert
(Pierre) : …de ces municipalités ne doivent pas payer pour le financement
de l'agriculture.
En sa qualité de porte-parole des régions,
la FQM défend une agriculture dynamique à l'échelle familiale qui puisse
assurer l'occupation, la vitalité du territoire… le troisième principe.
L'agriculture est un fondement de l'économie des membres de la FQM. Nos membres
sont d'ailleurs engagés dans le développement de l'agriculture à travers les
PDZA, les plans de développement de la zone agricole, par exemple. Toutefois,
le soutien des activités agricoles doit… soutien financier et autres… des
activités agricoles doit venir principalement et surtout du gouvernement du
Québec et non des collectivités locales. l'ensemble des Québécoises et des
Québécois profitant de cette importante activité économique.
Le principe d'occupation et de vitalité
des territoires est remis en cause par la réforme. Les mesures principales
d'aide financière du gouvernement favorisent déjà l'agriculture de plus grande
taille. Cela est contraire au soutien à une agriculture familiale et présente
sur tout le territoire. Nous croyons que le plafonnement accentuera la
dynamique d'intégration dans le monde agricole. Le problème est donc mal posé
et la réforme est inadaptée. De façon générale, l'agriculture devrait servir à
nourrir les Québécoises et les Québécois. De plus, puisque tous doivent avoir
accès à ces produits, l'agriculture doit servir à une occupation dynamique du
territoire.
Le contexte entourant l'agriculture est
changeant et l'évolution des différents facteurs imposent une pression
financière sur les producteurs. Parmi les éléments ayant une influence directe
sur la rentabilité de l'agriculture, on peut noter l'évolution du commerce
international et les différents accords de libre-échange, l'évolution du coût
des intrants agricoles, l'augmentation des standards environnementaux et
l'augmentation des attentes des consommateurs.
Cette pression financière sur le monde
agricole se traduit par une consolidation soutenue des fermes. Entre 2001 et
2016, le nombre d'exploitants agricoles au Québec a diminué de 5 390. Ce
phénomène diminue la capacité du Québec à assurer son autonomie alimentaire de
façon générale et à l'échelle locale. D'ailleurs, ce sont les achats de terres
par des agriculteurs voisins qui ont provoqué la hausse marquée de la valeur
des terres. Une vérification auprès de plusieurs municipalités de la Montérégie
a permis de démontrer que le problème a donc... a été principalement causé par
les agriculteurs eux-mêmes.
Le monde agricole se tourne à tort vers
les municipalités pour trouver un allègement de son fardeau financier. Bien que
les taxes foncières et les dépenses totales du programme ont crû constamment au
fil des dernières années, les municipalités n'ont pas cherché à transférer le
fardeau fiscal vers l'agriculture. D'abord, il est important de noter que les
phénomènes de croissance foncière sont cycliques. Les croissances résidentielles
et agricoles se sont alternées au Québec dans les dernières années. Entre 2006
et 2016, c'est la part du résidentiel qui a crû à l'échelle du Québec. Il est
par ailleurs faux d'affirmer que le poids des taxes foncières agricoles est
plus élevé au Québec qu'ailleurs. Selon Statistique Canada, c'est
3 360 $ d'impôt foncier net par exploitation qui a été payé au Québec
en 2018, contre 5 160 $ en Ontario. De plus, depuis l'instauration du
taux différencié agricole facultatif en 2007, ce sont 92 municipalités qui ont
adopté cet outil, ce qui indique une tendance des municipalités à diminuer le
taux… le fardeau fiscal des producteurs agricoles.
Le milieu municipal n'est donc pas la
source principale de pression financière pour les agriculteurs et constitue en
quelque sorte une échappatoire pour donner de l'air aux producteurs. Nous
reconnaissons les enjeux auxquels font face les agriculteurs, et en tant que
porte-parole des régions, nous savons à quel point l'agriculture est
essentielle à l'autonomie alimentaire du Québec et à la vitalité de nos
communautés.
C'est d'ailleurs pourquoi le FQM
questionne la réforme et ses objectifs. La réforme actuelle s'inscrit dans une
approche essentiellement financière qui vise la viabilité du programme. Bien
que cet objectif soit noble, on en convient, s'en tenir exclusivement à
celui-ci aurait des conséquences indues. Nous suggérons au gouvernement
d'élargir les objectifs de la réforme et de les arrimer à ses priorités pour
les régions et l'économie de façon à éviter des conséquences involontaires. Il
est impératif que le financement gouvernemental soit destiné aux petites
exploitations agricoles qui répondent aux besoins alimentaires et économiques
du Québec. Les solutions viables et bénéfiques pour tous seraient le fruit d'une
analyse commune basée sur des constats solides. Cela n'est possible que si
toutes les parties pertinentes participent à la réflexion, ce qui n'a pas été
le cas.
Considérant que cette réforme inadaptée
affecterait le développement des régions, la FQM invite donc le gouvernement à
retirer son projet de loi et offre sa collaboration pour travailler à des
solutions visant à pérenniser et à développer l'agriculture en assurant une
relève dynamique et l'occupation et la vitalité de toutes les régions du Québec.
Nous vous remercions.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose d'autre? Non? Parfait.
Alors, nous allons procéder à la période d'échange, et M. le ministre, la
parole est à vous.
• (16 heures) •
M. Lamontagne : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup, M. Châteauvert, M. Demers, monsieur,
monsieur… excusez-moi, M. Boulet. Ça fait plaisir de vous accueillir. Je
ne peux pas échapper, là… M. Châteauvert, vous dites, tu sais, qu'il n'y a
pas eu de consultation. À ma connaissance, là, à moins qu'on m'ait désinformé,
là… 16 mars 2019, 31 juillet 2019, 17 octobre, 3 octobre, les appels
téléphoniques qu'il y a eu entre le personnel du MAPAQ, les échanges techniques
entre nos organisations, votre organisation… Je peux comprendre qu'ultimement
le fruit…
16 h (version non révisée)
M. Lamontagne : ...à moins
qu'on m'ait désinformé, là, 16 mars 2019, 31 juillet 2019, 17 octobre, 3
octobre, les appels téléphoniques qu'il y a eu entre le personnel du MAPAQ, les
échanges techniques entre nos organisations, votre organisation. Je peux
comprendre qu'ultimement le fruit de ces échanges-là ne semble pas, là, aller
dans le même sens que ce que vous auriez souhaité, mais, par contre, je pense
qu'il y a certainement eu des échanges, là, entre le ministère... et puis je
pense que... Puis moi, le rapport que j'avais, c'est que ces échanges-là se
faisaient de façon bien cordiale avec le personnel chez vous. Je voulais juste
m'assurer, est-ce que... dans les échanges, est-ce que vous avez eu une bonne collaboration
de la part des fonctionnaires? Est-ce qu'on a eu des manquements? Au départ,
là, je voudrais juste, tu sais...
M. Demers
(Jacques) : Oui. Puis même, personnellement, on s'est rencontrés
sur ce dossier-là aussi. Ce qu'on dit, c'est qu'on aurait dû travailler de
façon collective dans ce dossier-là. Quand il nous a été déposé... puis ce
qu'on voit aujourd'hui, on n'y voit pas de changement. Oui, le personnel nous a
fourni des chiffres, on leur a fourni aussi des chiffres, des questionnements,
des choses qu'on se dit : Il faudrait travailler là-dessus. Ça, ça a été
fait, on n'a pas de problème sur ces éléments-là, oui.
M. Lamontagne : Parfait. Bien.
Merci beaucoup. Écoutez, d'entrée de jeu, là, c'est certain que moi, ça fait
six ans, là, que je suis député puis aussi, au Centre-du-Québec, Johnson, j'ai
une grosse partie de mon comté, naturellement, c'est des producteurs agricoles.
Puis je vous confesser, bien honnêtement, avant d'être député même si je viens
de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean, là, ça fait longtemps que je suis parti,
je n'avais pas un grand éveil, une grande sensibilité ou compréhension par
rapport aux enjeux qui peuvent toucher le monde agricole. Puis c'est certain
qu'au fil des années, bien, comme député, au même titre que quand on rencontre
les gens de la FQM, bien, vous nous faites certaines représentations, à un
moment donné, on rencontre des agriculteurs, les fédérations, on a certaines
représentations.
Mais de façon générale, ma compréhension
un peu des revendications du monde agricole depuis des années et des années,
là, c'est qu'en bout de ligne ce qu'ils vont dire, c'est qu'ultimement la façon
dont les taxes sont faites, notre système de taxation qui vient à aller sur la
valeur... Bien, au départ, ils vont nous faire la représentation que leurs
terres, c'est leur principal outil de production, hein? Puis, après ça, bien,
on nous... sensibiliser au fait qu'ultimement, que ta terre ait un acre ou
que ta terre ait 10 acres, ou 10 000 pieds, ou 50 acres, bien,
on nous dit : Écoutez, je n'ai pas davantage de service d'égout, je n'ai
pas davantage de service de rebuts, je n'ai pas davantage de services
municipaux. Puis c'est dans cette optique-là que le monde agricole, depuis des
années, demande d'avoir un traitement différencié au niveau de la taxation.
Bon. Ceci étant dit, est-ce que vous reconnaissez une certaine légitimité à ce
discours-là ou pas du tout? J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Demers
(Jacques) : Bien oui, puis on pourrait l'expliquer. Puis vu que
vous jouez un peu dans votre passé puis vos connaissances, bien, je vais faire
un peu la même chose. Moi, je viens du milieu agricole, directement. Chez nous,
mes parents, ma soeur, mes frères, tout le monde est en agriculture. J'étais
même président, il y a plus de 25 ans, de la Fédération de la relève agricole
du Québec. Ça fait que le monde agricole... j'avais une entreprise dans ce
domaine-là, j'ai fait ma vie là-dedans, ça fait que c'est un monde que je
connais, j'ose dire, relativement bien.
Quand on nous dit que les coûts ne sont
pas reliés avec les taxes, bien, ce serait... là-dessus, c'est des points qu'on
devrait travailler ensemble. Parce qu'un des coûts principaux, là, qu'on a... bien,
il y en a deux, trois, on pourrait prendre la Sûreté du Québec, mais la Sûreté
du Québec, elle nous est chargée par le gouvernement, basé sur la valeur de ces
terres-là. Ça fait que ce qu'on charge, bien, c'est leur facture que le
gouvernement a souhaité facturer les municipalités sur cette base-là. Si le
gouvernement est prêt à changer sa facturation, bien, automatiquement, il va y
avoir une diminution pour l'agriculture.
Quand on nous dit que les services ne sont
pas les mêmes, de façon générale, puis je vais prendre la municipalité chez
nous, il n'y en a pas, de service d'égout puis d'aqueduc, nulle part, nulle
part, pas plus au village que dans les autres, on ne l'a pas, c'est tout
individuel qu'on a nos puits, comme l'agriculture. Mais l'agriculture, on va la
retrouver dans des rangs, on va la trouver dans le milieu agricole, alors donc
on a des rangs, on a des chemins. Pour se rendre sur des fermes, souvent, on
fait des kilomètres. Dans la dernière année, à peu près partout, puis je
pourrais vous montrer les dépôts de déneigement, on a doublé le coût pour le
déneigement de ces mêmes routes-là. Ça fait que les services, quand on
dit : Il n'y en a pas plus, c'est faux. L'agriculture se trouve sur le
territoire, puis ça prend un territoire vaste pour avoir une ferme qui a des
acres suffisantes pour pouvoir faire de l'agriculture. Ça fait que ces
terres-là, il y a un coût, et on n'a pas choisi... On aurait pu choisir de
charger au mètre linéaire pour le déneigement. On aurait le droit de faire ça.
Ça nous le permet, mais on n'est pas là, on dit : Non, non, on le fait de
façon collective, même si on a des kilomètres de terre.
Ça fait qu'il faut regarder l'ensemble...
M. Demers (Jacques) :
...pour pouvoir faire de l'agriculture. Ça fait que ces terres-là, il y a un
coût. On n'a pas choisi... On aurait pu choisir de charger au mètre linéaire
pour le déneigement. On aurait le droit de faire ça. Ça nous le permet, mais on
n'est pas là, on dit : Non, non, on le fait de façon collective même si on
a des kilomètres de terre. Ça fait qu'il faut regarder l'ensemble des éléments,
puis on peut prouver que, oui, les services sont reliés à des coûts aussi.
La problématique, c'est que là, dans le programme
qu'on nous présente, on dit : Ces coûts-là, bien, on va les diminuer. Puis
nous, on se fait dire qu'on est un gouvernement de proximité. On impose une
nouvelle façon à dire à un gouvernement : Vous n'avez plus le droit de
taxer comme vous faisiez présentement. Ah ben! C'est directement dans nos
revenus qu'on nous impose quelque chose. À ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait?
On diminue ça puis on le transfère aux autres résidents qui sont à la même
place mais qui ne font pas d'agriculture. C'est à eux qu'on va transférer le
coût. Si au Québec on veut subventionner l'agriculture, comment ça se fait
qu'on ne choisit pas de la faire de façon collective? Si le Québec, on veut...
Puis je suis de ceux qui y croient. Puis de choisir une particularité pour la
foresterie, très, très bonne idée à l'intérieur de ça, mais il faut la regarder
globalement. Ce n'est pas normal que les gens de la ville de Montréal ou de
Québec n'auraient pas à payer pour ce que les autres citoyens vont avoir à
payer parce qu'on diminue la valeur de l'agriculture. C'est un impact sur le
voisinage. Puis même pour l'ambiance collective, j'ai hâte de voir le lien que
ça va pouvoir faire. Il va y avoir des discussions locales là-dessus, là.
M. Lamontagne : Puis dans ce
contexte-là, dans le contexte un peu des revendications aussi du milieu
agricole, comment verriez-vous d'autres alternatives mettons pour venir
intervenir au niveau, mettons, du contrôle du coût de la taxation ou de ces
augmentations extrêmes là? Verriez-vous d'autres façons de faire, là?
M. Demers (Jacques) :
Je pense que s'il y a une problématique en agriculture, où ce que... en tout
cas, du moins, j'oserais dire, j'ai toujours été d'accord avec l'UPA de ce
côté-là, c'est de dire : Peut-être que de la façon que l'évaluation est
faite... C'est-à-dire que dans bien des cas on n'a pas de transfert. Je ne sais
pas si vous le savez, mais quand une ferme agricole est transférée, il n'y a
pas de taxe de bienvenue, là, en agriculture, qu'on retrouve pour une résidence
ou pour d'autres choses. C'est quand même un coût de moins qu'on met à ces
entreprises-là qu'on va donner au résidentiel même si on est au même taux de
taxation. Peut-être qu'il faudrait regarder de quelle façon on évalue
réellement les terres, parce qu'elles sont souvent transférées de façon globale
d'une génération à l'autre. C'est-à-dire que, quand on parle d'une ferme
laitière, mettons, il y en a quand même passablement, mais que ça soit le
quota, les vaches, la terre, la machinerie, tout est d'un bloc et c'est
vendu... Comment, après ça, pour les évaluateurs... puis j'aurais aimé les
entendre répondre à ça tantôt, comment qu'ils feraient pour être capables de
déterminer dans ce qui vient d'être vendu, transféré, la valeur de la terre, la
valeur foncière sur laquelle on taxe? La problématique est peut-être qu'on est
toujours, en évaluation, à regarder la parcelle qui est plus petite qui est
vendue entre deux agriculteurs. Puis, oui, de façon générale, c'est les
agriculteurs, mais souvent la parcelle est petite, puis après ça, j'ai
l'impression, du moins, qu'on prend ces chiffres-là pour l'étendre sur
l'ensemble du territoire. Il y a probablement une problématique de ce côté-là
qu'il faut revoir. Trouvons une façon pour être juste sur la valeur mais sur la
réelle valeur. Présentement, on a peut-être dans bien des régions pas
suffisamment de ventes de terre dans notre MRC pour pouvoir dire : Bien,
ça, c'est la nouvelle valeur. Ça fait que ça serait à vérifier. Moi, je pense,
c'est une des pistes qu'il faut regarder réellement.
M. Lamontagne : Vous faites
allusion, là, à des transferts familiaux, et tout ça. Est-ce que vous seriez
prêts à considérer la possibilité de pouvoir considérer les transactions
apparentées? Présentement, ce n'est pas le cas. C'est des choses que vous
favoriseriez, ça, de pouvoir considérer les apparentées dans les évaluations?
M. Demers
(Jacques) : Bien, absolument, je pense qu'il faut être capable
de trouver une façon qu'on détermine le prix de la terre. Puis on a
probablement à bien des endroits pas assez d'échantillonnage. Il y a bien
des... Les fermes se sont tellement fusionnées dans les dernières années qu'il
y a bien des municipalités qu'il en reste juste une, deux ou trois fermes sur
l'ensemble qui est en action, là. Mais quand même, les évaluateurs ont à déterminer
des valeurs là-dessus. Ça fait que de quelle façon on pourrait le faire? De
revoir cette façon-là, moi, je pense que c'est là-dessus qu'il faut s'assoir,
si on a une vision à long terme pour l'agriculture. Sinon, ce qu'on est en
train de faire, bien, dire : Oui, on diminue. Mais à la vitesse que ça
augmente, on aura beau baisser de 10 %... Tantôt, il y avait des exemples
qui parlaient au moins de 16 % d'une évaluation à l'autre, puis
normalement on évalue aux trois ans, à certains endroits six, là, mais c'est à
peu près le rythme. Ça fait qu'on fait juste reporter dans trois ans la même
problématique qu'on a aujourd'hui. On ne vient pas de régler le problème de
l'agriculture, selon moi, à long terme.
• (16 h 10) •
M. Lamontagne : Vous parlez de
l'importance, là, du fait que, souvent, on n'a pas assez de données, on n'a pas
assez de transactions. Qu'est-ce que vous pensez de l'idée, dans le projet de
loi, d'introduire, là, l'élargissement du...
M. Demers (Jacques) :
...c'est à peu près le rythme. Ça fait qu'on fait juste reporter dans trois ans
la même problématique qu'on a aujourd'hui. On ne vient pas de régler le
problème de l'agriculture, selon moi, à long terme.
M. Lamontagne : Vous parlez de
l'importance, là, du fait que, souvent, on n'a pas de données, on n'a pas assez
de transactions. Qu'est-ce que vous pensez de l'idée, dans le projet de loi,
d'introduire, là, l'élargissement du bassin des comparables, à ce moment-là,
pour les fins des évaluateurs?
M. Demers (Jacques) :
Oui. Moi, je pense que c'est des éléments intéressants. Il ne faut vraiment
pas... Parce que, parfois, vous allez voir, dans la limite d'une MRC, comment
qu'aussitôt qu'on passe à côté, il y a une variation importante. C'est normal,
ces terres-là se touchent, on a un grand territoire. Moi, je ne vois pas de
problématique à voir plus large là-dessus.
Le Président (M. Lemay) :
...merci beaucoup. Sur ce, je cède la parole au député de Bourget.
M. Campeau : Merci de votre
présentation. J'ai essentiellement deux questions. Vous mentionnez que, selon
vous, la FQM n'a pas eu un effet très fort sur la taxation au niveau des
agriculteurs. Est-ce que c'est dans votre municipalité, dans votre MRC ou si
c'est vraiment général à toute l'association?
M. Demers
(Jacques) : Je ne comprends pas votre question. Vous dites que
la FQM... La FQM ne taxe pas personne, là, je ne comprends pas...
M. Campeau : Non, d'accord.
Dans les municipalités, les municipalités n'ont pas exagéré le niveau de taxation
pour les agriculteurs. Vous pensez que le problème n'est pas là.
M. Demers
(Jacques) : Bien, on ne peut pas avoir exagéré parce que...
dans le sens que la loi nous limite de toute façon. Tu sais, comparativement...
puis j'espère que tout le monde le sait, comparativement à un commerce ou une
industrie, quelque chose qui est sur le territoire qui est taxé différemment du
résidentiel, mais dans l'agriculture, on ne taxe jamais plus que le
résidentiel. Et on vous donnait l'exemple tantôt de 92 municipalités, puis
je pense que c'est augmenté récemment, mais il y a des municipalités qui ont
même fait un taux variable pour l'agriculture. Le taux variable fait que
lorsque l'agriculture monte plus vite que les autres, mais le milin pour
l'agriculture, lui, descend. Ça fait que l'écart reste au même endroit. Puis
ça, c'est important de cette façon-là, mais quand le jour sera inverse, bien,
c'est l'agriculture qui va monter. Mais dans la loi, de la façon que c'est
fait, il ne dépassera quand même jamais le résidentiel. Il peut être en bas,
mais il ne peut pas être au-dessus. Ça fait que, si quelqu'un pense que le
monde municipal peut avoir exagéré, il faudrait me dire sur quelle base. Il n'y
a personne qui peut taxer au-delà.
M. Campeau : ...autre chose.
Il y a une lettre de l'UPA qui a été déposée aux membres de la commission qui
répond à la position de la FQM. Puis si on prend quelques citations, on dit que
la FQM demande actuellement à ses membres d'adopter et de transmettre aux
parlementaires une résolution critiquant sévèrement le projet de loi n° 48, loi visant à contrôler et à simplifier l'accès, etc.
On y parle, là-dedans, d'atteindre l'autonomie municipale, l'iniquité envers
les contribuables, on va même jusqu'à la dévitalisation des communautés
agricoles. Je suis un petit peu surpris de l'ampleur des termes. Et,
M. Groleau, qui a signé cette lettre-là, dit avoir eu plusieurs
discussions avec vous à ce sujet-là. Êtes-vous d'accord avec ça? Êtes-vous...
M. Demers
(Jacques) : Bien là, vous vous référez à une lettre que
quelqu'un d'autre a faite. Si vous voulez vous référer à mon mémoire... parce
que, ce que M. Groleau a, c'est la même chose qu'on vous dépose. Ça fait
que ce qu'on dit... Puis quand on parle de résolution, vous venez du monde
municipal, c'est vrai, il y en a sûrement déjà 300, 400, ou 500 de faites, des
résolutions de MRC, de municipalités qui, déjà, sont... Si les gens sont
d'accord avec ce qu'on dépose, ils font des résolutions puis ils les envoient,
comme on fait dans beaucoup de dossiers. C'est absolument vrai.
M. Campeau : Je suis surtout
surpris, là, de l'ampleur. Ça m'a l'air un petit peu déconcertant quand on
dit : De dévitalisation des communautés agricoles. Vous avez vraiment
cette crainte-là?
M. Demers
(Jacques) : ...donner un exemple.
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui, je peux vous donner un... M. le député, on peut
vous donner un petit exemple. En fait, on a tenu une séance de travail avec
plusieurs municipalités à Saint-Sébastien, le 3 juillet, je crois,
là-dessus, à partir des informations qu'on avait à l'époque. Puis ce que les
maires disaient, c'était bien simple, c'est que, là, actuellement, c'est les
agriculteurs qui s'achètent l'un dans l'autre. Et là au lieu d'avoir 4,
5 familles sur un rang, bien, à un moment donné, il y en a juste une. Et
ça, ça s'appelle de la dévitalisation. Et là il y a une accélération de ce
processus-là et, à long terme, moins le territoire est occupé, plus il est
dévitalisé, même si, des fois, la richesse peut être plus importante, mais
n'ont pas réparti dans plusieurs familles, mais dans une seule entreprise. Et
nous, on pense que ce processus-là, cette voie-là, effectivement, ça peut
paraître peu d'argent, mais l'impact dans certains territoires, cette voie-là empruntée,
si on continue d'y aller sans qu'on s'assoie puis qu'on regarde tout ça
ensemble, là, si on continue de développer dans cette voie-là, on risque de
favoriser la dévitalisation de plusieurs territoires. Et c'est des territoires,
actuellement, au niveau de l'agriculture qui sont probablement les plus riches
qui vivent ça, de façon la plus intense avec ce phénomène-là.
M. Campeau : Merci.
Le Président (M. Lemay) : ...députée
de Laviolette—Saint-Maurice, en conclusion.
Mme Tardif : En conclusion...
Le Président (M. Lemay) : Une
question de conclusion. Une minute.
Mme Tardif : Une minute?
Oyoyoy! Bien, juste pour vous dire que je ne suis pas d'accord avec votre
interprétation, là, parce qu'il y a moins d'enfants qu'il y avait il y a 40 ou
50 ans, donc c'est normal que... Et c'est une... c'est de vitaliser,
justement, notre...
M. Châteauvert
(Pierre) : ... phénomène-là.
M. Campeau : Merci.
Le Président (M. Lemay) : ...députée
de Laviolette—Saint-Maurice, en conclusion.
Mme Tardif : En conclusion...
Le Président (M. Lemay) : Une
question de conclusion. Une minute.
Mme Tardif : Une minute?
Oyoyoy! Bien, juste pour vous dire que je ne suis pas d'accord avec votre
interprétation, là, parce qu'il y a moins d'enfants qu'il y avait il y a 40 ou
50 ans, donc c'est normal que... Et c'est une... c'est de vitaliser, justement,
notre territoire. On est bien contents puis on est chanceux qu'il y ait des
agriculteurs qui achètent les fermes des autres qui sont devenus trop âgés.
Mais là n'est pas ma question.
Vous parlez d'un impact financier, de
l'impact financier que ça va avoir sur les municipalités. Est-ce que vous avez
évalué cet impact-là? Parce que je veux... J'aimerais, avant d'entendre votre
réponse, vous donner les faits. Et nos gens, nos experts au ministère ont
évalué que l'application du plafond, celui qui vous fatigue, au 90e percentile,
va affecter 500 municipalités. D'accord, on s'entend jusque là. Par contre, le
manque à gagner pour les municipalités, 60 % de ces municipalités-là, le
manque à gagner sera de 500 $ et moins. Je poursuis. Pour 90 %
d'entre elles, on estime à moins de 0,5 % le budget des taxes foncières
générales et moins de 1 % l'impact que ça va avoir sur leur budget pour
95 % des municipalités.
Et je me dépêche en vous disant... vous
l'avez sûrement vu, mais vous ne voulez pas nous le dire parce que vous êtes trop
contents de ça... qu'il va y avoir un programme de compensation. Parce que oui,
on est conscients, oui, on est à l'écoute, et oui, on veut que les régions se
développent parce que c'est... et pas juste les régions, mais dans ce cas-ci,
les régions font vivre les villes, il faut bien se le dire. Et il y a donc un
programme de compensation substantiel...
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée de Laviolette—Saint-Maurice, je dois vous interrompre...
Mme Tardif : Ah! c'est
dommage.
Le Président (M. Lemay) :
...parce que le temps est amplement écoulé. Je vais maintenant céder la parole
au député de Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Vous pouvez
sur notre temps... vous pouvez répondre à ma collègue.
M. Demers
(Jacques) : O.K. Parce que je trouvais ça intéressant, quand
même, comme question... En tout cas, on parle de beaucoup de municipalités
qu'il y a à peine 500 $. On est ici pour aider l'agriculture puis ce qu'on
me dit, au niveau du gouvernement : Bien, la plupart des municipalités,
les agriculteurs, là, on va leur donner comme 500 $. Tu sais, on peut le
virer à l'envers. Si vous considérez que ça n'a pas d'impact, c'est... La
fiscalité agricole, la façon qu'elle est présentée, on la prend au municipal.
Ce qui est enlevé d'un côté s'en va de l'autre. Ça fait que le montant qui est
donné, c'est le même montant. Si cet argent-là ne signifie rien, bien, il ne
signifie rien non plus pour l'agriculture, si on parle de 500 $. Ça marche
d'un côté, et ça marche de l'autre.
Mais ces chiffres-là, oui, vous avez
raison, en ce que ça touche plus certaines municipalités. C'est dans le
principe. Puis d'aider l'agriculture, puis qu'il y ait de la relève, on est
pour ça 200 milles à l'heure. C'est nos revenus économiques au niveau des
régions. Mais ce qui est important, c'est qu'on le fasse collectivement, et non
pas dans les endroits... qu'on a même, dans certains endroits, peur de
perdre... parce qu'on perd des services locaux, des dépanneurs, des caisses,
des choses qui ferment. On a besoin de garder du monde puis de la vitalité à
ces endroits-là, mais là ce n'est pas ce qu'on donne comme signal. On
dit : On déplace l'agriculture vers les autres résidents.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député de Jacques-Cartier, veuillez poursuivre.
M. Kelley
: Oui, merci.
Dans votre mémoire, il y a une section où vous mentionnez le 70 % de
remboursement de taxes foncières applicable au niveau municipal et scolaire.
Puis après ça, le FQM salue le maintien d'un crédit au niveau actuel. Et après
ça, vous avez mentionné qu'il y a un impact sur les petits producteurs.
Première chose, est-ce que vous pouvez nous expliquer l'impact sur eux autres?
Puis aussi, est-ce que vous avez des suggestions sur comment on peut améliorer
notre projet de loi pour mieux encadrer et protéger des petits producteurs du
Québec?
Le Président (M. Lemay) : Oui,
je crois que M. Boulet veut répondre.
M. Boulet (David) : Oui, oui.
C'est beau, oui. Excusez, c'est ma première apparition. Je...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Boulet (David) : J'ai...
Pouvez-vous répéter la deuxième partie? J'étais...
M. Kelley
: Oui, c'est
juste de bien comprendre si vous avez des suggestions sur comment on peut bien
protéger des petits producteurs du Québec et comment... si vous avez des
amendements, et tout ça., et juste bien expliquer votre idée.
M. Boulet (David) : Oui, donc,
au niveau du crédit, le projet de loi a quelques dispositions. On retire un
remboursement à 100 % pour les 300 premiers dollars, je crois, mais
certains nouveaux producteurs sont intégrés via le retrait de la condition du
5 $ de revenu par 100 $ d'évaluation. Donc, il y a comme un jeu de...
On donne, on retire. Nous, ce qu'on dit par rapport au 300 $, c'est que
oui, ça enlève de l'argent à certains petits producteurs, mais certains autres
intègrent le programme. Donc, c'est simplement un commentaire spécifique sur le
300 $.
• (16 h 20) •
Par rapport à la deuxième partie,
c'est-à-dire comment aider, bien, dans le mémoire, on dit que, finalement,
l'aide à l'agriculture, que ce soit dans le cadre du programme ou en général...
M. Boulet (David) : ...à
certains petits producteurs, mais certains autres intègrent le programme. Donc,
c'est simplement un commentaire spécifique sur le 300 $.
Par rapport à la deuxième partie,
c'est-à-dire comment aider, bien, dans le mémoire, on dit que finalement l'aide
à l'agriculture, que ce soit dans le cadre du programme ou en général, doit
être faite par tous les Québécois puis qu'on souhaite que ça soit fait avec des
critères qui favorisent l'émergence d'une relève, d'une agriculture familiale.
Donc, ça s'applique autant de façon générale que dans le cadre de ce
programme-là.
M. Kelley
:
Parfait. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemay) :
Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Oui.
Bonjour à vous trois. Je ne vous sens pas heureux aujourd'hui vis-à-vis le
projet de loi qui est présenté, hein, je pense que c'est le moins qu'on puisse
dire. Vous n'y allez pas avec le dos de la main morte, le dos de la cuillère,
le dos de... ça fait plusieurs fois que je m'enfarge dans ce genre d'expression
là, le dos de la cuillère, quand vous demandez... Vous ne demandez pas des
modifications, vous ne demandez pas des bonifications, vous demandez le retrait
pur et simple du projet de loi qui est sur la table. Je pense que c'est...
Déjà, ça nous positionne sur votre appréciation du projet qui est déposé.
Vous parlez d'une attaque frontale à
l'autonomie des municipalités, aux gouvernements de proximité. Je me questionne
beaucoup sur cet aspect-là parce que je pense que le projet de loi, à mon avis,
vient... a un certain intérêt pour certains aspects au niveau agricole. Au
niveau des municipalités, puis je ne sais pas si vous partagerez ma lecture,
mais ça donne un peu l'impression que le gouvernement, avec le pacte fiscal,
est venu donner d'une main puis est en train de reprendre de l'autre avec ce
projet de loi.
Est-ce que c'est... Est-ce que, justement,
le manque à gagner n'aurait pas pu être incorporé d'une autre façon? Plus
simplement, là, ce que je voudrais vous demander, parce que... Puis, encore là,
pour être sûre de bien comprendre, à moins que le ministre nous annonce qu'il a
l'intention de retirer son projet de loi, j'imagine que ce n'est pas vers là
qu'il va aller. Si on doit travailler avec ce qui est proposé actuellement par
le ministre de l'Agriculture, est-ce qu'il y a une compensation financière...
Parce que vous parlez beaucoup d'un manque à gagner pour les municipalités.
Est-ce que c'est une compensation financière que vous demandez? Est-ce que ça,
ça viendrait régler le problème, ou même ça, ça ne viendrait pas régler ce qui
est présenté, là?
M. Demers
(Jacques) : C'est un principe sur lequel qu'on touche... Au
début, vous avez raison quand vous dites : Vous n'avez pas l'air content.
C'est qu'on y tient tellement, à notre agriculture puis à notre foresterie.
C'est le domaine qu'on doit défendre tous les jours, c'est ça qu'il y a sur
notre territoire, c'est notre économie. Puis là certains peuvent nous percevoir
comme des gens en confrontation contre l'agriculture. Au contraire, on
dit : L'agriculture doit être défendue par tous, pas par le milieu où il
se trouve. C'est ça qui est le risque dans ce projet de loi là, c'est à ce
niveau-là qu'on... Puis vraiment, là, on ne peut pas être d'accord avec ce
bout-là.
De faire une entité spéciale pour ce qui
est la foresterie, parfait, bravo, M. le ministre. De penser à l'agriculture
puis de dire : Les taxes est un coût important... Mais supportons-les pas
dans nos villages, prenons ça de façon collective. C'est une belle décision au
Québec de choisir de se nourrir puis d'être sur le territoire. Mais la journée
que les territoires ne seront plus là ou que les gens, pour aller faire de
l'agriculture, se déplacent puis ils n'auront plus de services, on pense que
c'est là qu'on va avoir une problématique. C'est pour ça qu'on a l'air... Puis
c'est sûr qu'on a peu de temps. On s'est dit : Si on arrive icitte puis on
a l'air content... Je pense qu'on y va plus dans les éléments qu'on aime moins.
Mme Montpetit : Mais je
ne suis pas certaine de comprendre. Vous dites que l'intention est bonne, mais
le moyen n'est pas le bon. C'est quoi que vous proposeriez concrètement pour
répondre à la problématique du milieu agricole?
M. Demers
(Jacques) : La diminution qui est là, là, elle est simple. On
dit : Si vous voulez qu'on la fasse, faisons-la de façon collective. Ce
qui est déposé, c'est... ça tombe sur les municipalités, ça tombe sur le local.
Il y a des endroits... Puis, oui, on a regardé pour pallier sur deux, trois ans
pour regarder pour que ce montant-là soit réparti, mais, après ça, il se passe
quoi? C'est que c'est le milieu municipal qui va absorber la différence. C'est
à ça qu'on ne peut pas être d'accord, là.
Mme Montpetit : Puis, quand
vous dites : C'est le milieu municipal qui va absorber la différence,
est-ce que vous faites la lecture... je pense, j'ai vu dans votre communiqué de
presse, vous faites la lecture que c'est les citoyens, finalement, qui vont
absorber, et en perte de services et financièrement... on peut penser à une
augmentation de taxes pour venir compenser cette perte de revenus?
M. Demers
(Jacques) : C'est sûr. Parce qu'on reste avec les mêmes
dépenses, même si on a moins de revenus, ça fait que c'est un déplacement de
l'agriculture vers les autres citoyens de la municipalité, là. Ça, j'espère,
c'est clair pour tout le monde...
Mme Montpetit : Bien...
je vous pose la question. Donc, le...
M. Demers
(Jacques) : Oui, oui, oui, c'est tellement... c'est en plein...
Mme Montpetit : Vous, ce
que vous voyez, c'est que, s'il n'y a pas, à tout le moins, une compensation du
manque à gagner, ça ne se traduit pas par une diminution des services, de façon
générale, ça va plutôt...
M. Demers (Jacques) :
...autres citoyens de la municipalité, là. Ça, j'espère, c'est clair pour tout
le monde, oui.
Mme Montpetit : Bien, c'est
pour ça que je vous pose la question. Donc, le...
M. Demers
(Jacques) : Oui, oui, oui. C'est tellement... C'est en plein
ça.
Mme Montpetit : Vous, ce que
vous voyez, c'est que, s'il n'y a pas, à tout le moins, une compensation du manque
à gagner, ça ne se traduit pas par une diminution des services de façon
générale. Ça va plutôt se traduire par une augmentation des taxes pour
maintenir ces services.
M. Demers
(Jacques) : C'est qu'on ne peut pas en avoir, de diminution de
services, dans le sens où on ne peut pas ouvrir les chemins aux deux jours au
lieu de les ouvrir à chaque fois qu'il tombe de la neige. Les travaux restent
les mêmes. La Sûreté du Québec, qui est basée aussi sur l'évaluation foncière,
les coûts ne seront pas abaissés. J'imagine qu'ils vont l'abaisser s'ils
baissent les valeurs, mais on continue à payer ces choses-là. La même chose...
Tous nos services restent les mêmes. Ce
n'est pas le fait qu'on va avoir moins de revenus qu'on a moins de dépenses. Il
n'y a rien de relié entre les deux. Or donc, ces dépenses-là vont être
basculées vers les autres, c'est sûr.
Mme Montpetit : O.K. Je vous
remercie. Ça va être... C'est complet pour moi. Merci.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Merci beaucoup. Alors, sur ce, je cède maintenant la parole à la porte-parole
du deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Merci, M.
le Président. D'abord, je tiens à vous dire que je suis très sensible, là, aux
besoins des municipalités. C'est quelque chose que je connais bien. Venant du
comté de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, je suis confrontée à beaucoup des enjeux
qui touchent les municipalités.
Je veux vous dire aussi qu'on est très
solidaires dans les besoins que les municipalités ont pour maintenir leurs
services et aussi de revoir le modèle de financement un peu archaïque, on va se
le dire, dans lequel vous êtes enfermés depuis assez longtemps.
Pour moi, ce projet de loi là, c'est plus
un plasteur qu'une vraie réforme. Mais, ceci étant dit, le projet de loi, pour
les objectifs qu'il poursuit, c'est-à-dire d'alléger le fardeau fiscal des
entreprises agricoles, je pense qu'on est quand même là-dedans.
Moi, je suis un peu... Je vous écoute, là,
depuis tantôt puis j'ai quand même quelques questions parce que ce que je crois
comprendre, c'est que vous trouvez quand même, le projet de loi, qu'il est bon
à certains égards, notamment avec l'abolition des critères, là, qui visaient
les revenus agricoles, où on parle qu'on a quand même 800 entreprises de
petite taille qui vont maintenant pouvoir intégrer le programme.
Là vraiment où le bât blesse, c'est le
plafonnement à 32 000 $. Pourtant, quand on regarde, tu sais, la
carte de La Financière agricole, porte-parole des régions, la FQM... En ce
moment, dans les valeurs moyennes, les seules régions qui sont touchées par le
32 100 $ et plus de valeur à l'hectare, c'est la Montérégie. L'Abitibi-Témiscamingue,
on est très loin de là. Bas-Saint-Laurent, même l'Estrie, on est vraiment loin
de là. Donc, tout le financement des municipalités, dans ces autres régions là,
ne sera pas touché.
Donc, moi, je rejoins un peu les
commentaires peut-être des autres. Je comprends, là, le... Il va y avoir un
programme de compensation. Je comprends qu'il est temporaire. Là-dessus, je
pense qu'on va être plusieurs ici, autour de la table, à s'entendre qu'il
faudrait le pérenniser. Quand vous dites qu'il faut soutenir le financement et
les services collectivement, bien, je pense que cette compensation-là, elle est
collective aussi.
Donc, j'aimerais peut-être vous entendre
plus... Tu sais, là, comme ma collègue du Parti libéral disait, on est pris,
entre guillemets, avec ce projet de loi là. Forcément, il sera adopté, on sait
à qui on a affaire devant nous, mais comment est-ce qu'on peut le bonifier?
Comment est-ce qu'on peut travailler à ça?
Puis je n'ai pas beaucoup de temps, là,
mais, tantôt, vous avez parlé de la dévitalisation. Moi, j'étais quand même
curieuse. Tu sais, je suis très sensible à ça, là. Je veux qu'on ait plus de
gens qui habitent dans nos rangs, ça, c'est clair, mais à quel point ça a une
incidence, au niveau des taxes puis de vos revenus municipaux, que le rang
appartienne à une famille ou qu'il appartienne à cinq familles? Voilà mes questions.
M. Châteauvert
(Pierre) : En fait, il y a plusieurs questions, là.
Premièrement, sur l'évolution des valeurs, c'est évident, actuellement, c'est
la Montérégie. C'est dans le coin de Rouville, dans le coin des
Jardins-de-Napierville, dans le coin du Haut-Richelieu. Effectivement, c'est là
où est-ce que... l'épicentre du phénomène. Et, comme on a dit tantôt, c'est
essentiellement des agriculteurs qui achètent leurs voisins. On a fait une
recherche, et tout ça. Ce n'est que ça.
Les fonds ne sont pas là. Les fonds
spéculatifs, ce n'est pas eux autres qui sont vers le 32 000 $. Et,
simplement pour votre information, on arrive près du 32 000 $ dans le
coin de Lotbinière actuellement aussi. Ce n'est pas vrai que c'est seulement
là. C'est en train de croître, puis on ne sait pas où est-ce que ça s'en va par
rapport à ça.
Mais je reviens sur votre dernière question.
Donc, il y a une question de principe aussi à quelque part là-dedans, là.
C'est... La municipalité, elle a... elle gère. Ce n'est pas... On ne fait pas
ce qu'on veut avec l'évaluation. Il y a une loi, et, à ce moment-là, on
applique le même taux à tout le monde. Donc, il y a une question d'équité.
• (16 h 30) •
Les municipalités qui se sont
implantées... qui ont implanté un taux différencié, ça a créé énormément de
chicanes à l'intérieur de la municipalité. Ça, pour des mairesses, des maires
qui sont venus nous raconter l'histoire, leur histoire, là, quand ils ont...
16 h 30 (version non révisée)
M. Châteauvert
(Pierre) : …il y a une loi et, à ce moment-là, on applique le
même taux à tout le monde. Donc, il y a une question d'équité. Les
municipalités qui se sont implantées… qui ont implanté un taux différencié, ça
a créé énormément de chicane à l'intérieur de la municipalité. Ça, pour des
mairesses, des maires qui sont venus nous raconter l'histoire, leur histoire,
là, quand ils ont implanté… ce n'est pas le fun faire ça.
Mais donc, à ce moment-là, on arrive avec
projet de loi où est-ce qu'on va avoir, à certains endroits, donc, on en
convient, actuellement, dans certains endroits, un taux différencié, dans le
fond, tu sais, une valeur différente, tu sais, une façon différente. Nous
autres, ce qu'on dit, simplement, c'est faites attention avec ça parce que ça
va… à l'intérieur des communautés, ça risque de créer beaucoup de problèmes, et
des problèmes que là, où est-ce que cette problématique-là est déjà observable…
Sur la dévitalisation, et ça, ce sont nos
propres membres qui sont venus nous le dire, dans un rang, quand tu avais un
rang de quelques kilomètres de long, où est-ce que tu pouvais avoir cinq, huit
familles puis où est-ce qu'il t'en reste une, bien là, c'est certain qu'il y a
moins de maisons. Il y a moins de monde, il y a moins de, tu sais… Donc, la
valeur… peut-être que la valeur a pu augmenter, mais si… quand tu as plus de
familles, et tout ça, c'est beaucoup plus intéressant, tu as plus de monde pour
la capacité de dynamiser le secteur puis de faire vivre ta communauté, parce
que, quand tu as moins de monde dans ta communauté, souvent, tu as moins de
commerces, tu as moins de si… Donc, la municipalité se retrouve avec une
question de revenu, et c'est… Et même si ce sont des territoires qu'on peut
dire riches, les… tu sais, dans ces régions-là qui sont dans le sud de la
Montérégie, dans la frontière, suffisamment… quand on a juste besoin de juste
se promener pour voir certains villages qui ont des problématiques de vitalité,
là, au niveau de leurs activités économiques. On sait que ce n'est pas la même
chose que dans certaines régions où est-ce que tu as une vitalisation très
prononcée, mais où est-ce qu'on l'observe, et c'est ce qu'on a… un problème.
Puis, au niveau des principes, ça, c'est
l'autre principe, c'est l'équité. C'est que là, actuellement, là, l'agriculture,
bon, ils sont victimes d'énormément de pression, des ententes internationales,
des intrants, et tout ça, puis là, bon, là, ils cherchent des façons de baisser
leur taux, puis là ils se tournent vers la fiscalité municipale. Donc, le…
Le Président (M. Lemay) :
Donc, très bien. Merci beaucoup, M. Châteauvert, pour cet élément de
réponse. Je cède maintenant la parole au député de Bonaventure.
M. Roy
: Merci, M. le
Président. Effectivement, la fiscalité municipale est un enjeu important qui
est débattu depuis une quinzaine d'années et peut-être même plus, et ces
gens-là, écoutez, quand tu regardes les conditions d'existence des
agriculteurs, là, ils ne l'ont pas facile, hein? Et, bon, l'enjeu de la
fiscalité fait partie d'une des pistes de solution mais pas la seule, hein? Ça
va prendre un parapluie de mesures pour soutenir l'agriculture au Québec.
Moi, je vais aller directement au point.
Ça va vous coûter combien par année? Quelles sont les pertes évaluées pour les
municipalités avec cette nouvelle mouture?
M. Demers
(Jacques) : C'est 5 millions.
M. Roy
:
5 millions?
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui. C'est les chiffres.
M. Roy
: En tout, pour
tout le Québec?
M. Châteauvert
(Pierre) : Oui, les chiffres du ministère de l'Agriculture sont
bons, là, c'est… on utilise les mêmes. C'est effectivement l'évaluation faite
par le ministère, c'est exactement ça.
M. Roy
: Écoutez, si on
regarde les budgets du gouvernement du Québec, on s'entend que ce n'est pas
grand-chose, quand même, c'est beaucoup d'argent, là, pour les municipalités.
Est-ce que vous avez fait des demandes au gouvernement pour avoir des mesures
compensatoires pour supporter les municipalités par rapport aux pertes
évaluées?
M. Demers
(Jacques) : On le retrouve dans le mémoire. Oui, c'est sûr
qu'on vise à pérenniser ça si jamais on passe par là. Mais, au-delà de ça,
c'est de dire… ce n'est pas… on est en train de revoir l'agriculture au Québec.
Moi, je calcule dans… aujourd'hui, puis on parle de 5 millions. Ça fait
que les gens qui vont me dire que ce n'est pas beaucoup, ils ont sûrement
raison. Je considère qu'on n'est pas en train de la revoir à la bonne place
puis à long terme. Là, on est en train de mettre quelque chose à court terme
qui… certains ont utilisé le mot «plaster», peut-être, c'est quelque chose
qu'on fait là, pour l'instant, mais qui n'a pas d'impact au bout d'un certain
temps, mais ce que ça l'a à court terme, le seul qui a à l'absorber, c'est le
monde municipal. Si on modifie le projet de loi puis on n'a pas à l'absorber,
bien, c'est différent, on parlera d'autres choses à ce moment-là.
M. Roy
: Bien, c'est
sûr, quand on regarde le nouveau pacte fiscal, bon, il est passé de
160 millions à 267 millions, c'est quand même important comme
augmentation de budget. Puis je ne dis pas qu'il faut prendre des sous
là-dedans pour soutenir l'agriculture et la ponction que vous allez subir au travers,
bon, la réforme, bon, de tout ça, sauf qu'il y a quand même une solidarité à
avoir avec le secteur de l'agriculture, actuellement, au Québec, qu'ils ne
l'ont pas facile, et vous le savez autant que moi.
M. Demers
(Jacques) : Bien, l'agriculture, on dit la même chose depuis le
début, mais là, on mélange deux choses. On prend les millions sur 11 000
quelques municipalités, et les gens nous disent que ça touche surtout 20,
30 municipalités. Là, il y a une corrélation qui n'est pas bonne, là. Le
260 millions ne s'en va pas dans les municipalités nécessairement qui sont
touchées mais sur l'ensemble du Québec. Si ce principe-là est bon, il devrait
l'être dans l'autre sens, la même chose, c'est-à-dire qu'on l'absorbe de façon
collective. Là, là, on parle de quelque chose qui est collectif, mais ce n'est
pas ce qui se fait présentement. On vise des municipalités, et l'impact… chaque
sou qui sera donné d'un côté s'en va de l'autre. C'est ce qui se passe, mais
localement, dans les villages, et non pas au niveau du Québec…
M. Demers (Jacques) :
...chose, c'est-à-dire qu'on l'absorbe de façon collective. Là, là, on parle de
quelque chose qui est collectif, mais ce n'est pas ce qui se fait présentement.
On vise des municipalités, et l'impact... chaque sou qui sera donné d'un côté
s'en va de l'autre. C'est ce qui se passe, mais localement, dans les villages
et non pas au niveau du Québec.
M. Roy
: Merci.
M. Demers
(Jacques) : Merci à vous.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Donc, M. Châteauvert, M. Demers, M. Boulet, je vous remercie pour votre
contribution à nos travaux.
Et je vais suspendre les travaux quelques
instants afin de permettre aux représentants de l'Union des municipalités du
Québec de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 38)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Et je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de l'Union des municipalités du Québec en vous rappelant que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre exposé. Ensuite, on va procéder à
la période d'échange avec les membres de la commission. Donc, je vous invite à
vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent, puis vous pourrez
procéder à votre exposé. La parole est à vous.
Mme Roy (Suzanne) : Merci
beaucoup, M. le Président de la commission. M. le ministre, Mmes, MM. les
parlementaires, permettez-moi d'entrée de jeu de vous remercier pour
l'invitation à vous présenter le point de vue des municipalités dans le cadre
de l'étude du projet de loi n° 48. Peut-être que vous allez y retrouver
plusieurs éléments similaires à la Fédération québécoise des municipalités.
Alors, comme elle en a l'habitude, l'Union des municipalités du Québec
soumettra ses propositions pour bonifier le projet de loi afin qu'il atteigne
rapidement les objectifs annoncés.
D'abord, au bénéfice des parlementaires,
j'aimerais vous rappeler que, depuis maintenant plus de 100 ans, l'Union des
municipalités du Québec rassemble les gouvernements de proximité de toutes les
régions du Québec afin de mobiliser l'expertise municipale, accompagner ses
membres dans l'exercice de leurs compétences et valoriser la démocratie
municipale. Nos membres représentent 85 % de la population et du territoire
québécois. Ils sont regroupés par caucus d'affinité : les municipalités
locales, les municipalités de centralité, les cités régionales, les grandes
villes, les municipalités de la métropole.
• (16 h 40) •
C'est en ma qualité de présidente intérimaire
de l'Union des municipalités que je prends aujourd'hui la parole. Je suis
accompagnée, très bien accompagnée, de M. Guy Charbonneau, qui prendra aussi la
parole, bien sûr, comme maire de Sainte-Anne-des-Plaines, mais...
Mme Roy (Suzanne) :
...grande ville, les municipalités de la métropole. C'est en ma qualité de
présidente intérimaire de l'Union des municipalités que je prends aujourd'hui
la parole. Je suis accompagnée, très bien accompagnée, de M. Guy
Charbonneau, qui prendra aussi la parole, bien sûr, comme maire de
Sainte-Anne-des-Plaines, mais aussi comme agriculteur. Je veux également
mentionner la présence de M. Jean-François Sabourin, qui est conseiller
aux politiques de l'Union des municipalités du Québec.
Vous avez sans doute entre vos mains le
mémoire de l'union, et je vous encourage à y référer pendant notre
présentation.
Alors, MM., Mmes les députés, dans un
premier temps, l'Union des municipalités du Québec salue la volonté du
gouvernement d'aider les producteurs, les productrices agricoles. Nos
agriculteurs, nos agricultrices travaillent fort, produisent des aliments de
bonne qualité et font la fierté des Québécois et des Québécoises. Ils ont
besoin d'un coup de pouce dans leurs conditions, où leur travail n'est pas
toujours récompensé à sa juste valeur. Alors que la valeur de leurs propriétés
agricoles augmente de plus en plus, les revenus générés ne suivent pas le même
cycle aussi.
En ce sens, l'UMQ est généralement en
faveur de la mise à jour du Programme de crédit de taxes foncières agricoles
contenue dans le projet de loi, qui permettra sans aucun doute un meilleur
soutien au monde agricole. La réforme proposée traduit une intention claire, de
simplifier l'administration du programme. Et, selon nous, les modifications envisagées,
notamment le déplafonnement de la croissance des coûts, devraient donner un
sérieux coup de pouce aux producteurs et productrices agricoles.
Cependant, et cela ferait l'objet de nos
premiers commentaires, le plafonnement de la valeur imposable des terres
agricoles, selon nous, est une mauvaise solution, que le législateur serait
avisé de ne pas retenir. De quoi parle-t-on ici? En fait, le plafonnement de la
valeur imposable des terres agricoles cause plusieurs problèmes selon nous.
D'abord, il intervient directement dans la fiscalité municipale en
désavantageant les milieux agricoles, puis, je vous dirais, d'autant plus, les
milieux agricoles dynamiques, par rapport aux milieux urbanisés. Pour les
municipalités rurales les plus affectées, le plafonnement entraînera un
transfert fiscal notable dans le secteur résidentiel. C'est simple, en
réduisant la tarte de revenus, le gouvernement forcera les municipalités en
milieux agricoles à se tourner vers d'autres types de propriétés, notamment le
résidentiel, pour combler le manque à gagner. Selon nos calculs, dans ma MRC,
par exemple, la croissance du compte de taxes pourrait doubler par rapport à
l'année précédente. Je pourrai vous donner certains exemples. Je viens de la
Montérégie, qui est une région où nous avons de bonnes terres, où l'agriculture
est dynamique. On ne devrait pas pénaliser ces municipalités parce que
l'agriculture est dynamique. En plus, pour les régions agricoles qui sont
dynamiques comme celles de la Montérégie, le plafonnement ne pourra être
compensé par une autre source de revenus fonciers, parce que le développement
même de la municipalité dépend largement de sa zone agricole.
Ensuite, la proposition du gouvernement
crée une iniquité entre les différentes industries. Je veux être bien claire,
le monde agricole doit compter sur l'appui du gouvernement et, à travers lui,
de tous les contribuables québécois. Mais nous notons tout de même que cette
industrie sera la seule à bénéficier d'une intervention dans la fiscalité
municipale. Ainsi, le système imaginé pour compenser les municipalités pour le
manque à gagner risque d'entraîner en plus son lot de paperasse. Alors, ça ne
simplifiera pas nécessairement la situation, alors qu'une aide directe aux
producteurs, qui existe déjà... Et on pourrait l'inclure dans le Programme de
crédit de taxes foncières, plutôt que d'imaginer un service de compensation
pour les municipalités, qui va finir par coûter le même prix que les montants
qu'on va vouloir compenser. Plutôt que de déshabiller Pierre pour habiller
Paul, nous encourageons le gouvernement à respecter l'autonomie fiscale des
municipalités et à se concentrer sur le programme qui, lui, a fait ses preuves.
J'invite M. Charbonneau à continuer.
M. Charbonneau (Guy) :
Merci. Bonjour, M. le ministre et Mmes et MM. les députés. Nous souhaitons
également attirer votre attention, du législateur, sur une opportunité à ne pas
manquer. Le déplafonnement du programme est certes une bonne nouvelle. Il y a
de bons éléments dans ce programme-là, mais il ne faut pas jeter le bébé avec
l'eau du bain, comme disent nos amis du reste du Canada. Nous suggérons d'en
profiter pour maintenir et même élargir...
M. Charbonneau (Guy) : ...ne
pas manquer. Le déplafonnement du programme est certes une bonne nouvelle. Il y
a de bons éléments dans ce programme-là, mais il ne faut pas jeter le bébé avec
l'eau du bain, comme disent nos amis du reste du Canada. Nous suggérons d'en
profiter pour maintenir et même élargir les conditions d'écoconditionnalité
pour l'admissibilité au programme.
En d'autres mots, un producteur qui
bénéficie du programme, mais qui a reçu un constat d'infraction en vertu de la politique
de la protection des rives, et du littoral, et des plaines inondables, notamment
les règles entourant les bandes riveraines, ne devrait pas être admissible au
programme pour une durée déterminée, par exemple trois ans, deux ans. On vous
laisse le choix. Je pense que vous serez d'accord avec nous pour dire qu'il est
aberrant que des personnes délinquantes puissent bénéficier de congés fiscaux,
peu importe l'origine du financement. Il serait opportun d'utiliser tous les
leviers disponibles pour protéger la qualité de l'environnement, spécialement
quand on en parle autant qu'on en parle actuellement, et ce, particulièrement
dans un contexte de lutte, d'adaptation aux changements climatiques. On peut
penser aux inondations printanières, si vous voulez, aux zones de protection
de... les ZPEGT, les zones potentiellement exposées aux glissements de terrain,
etc. Il y a des gens qui ne respectent pas la bande riveraine, et il faut y
penser, à ces choses-là, et ça, ça serait une façon, l'écoconditionnalité, et
je comprends que vous n'avez pas tous les inspecteurs pour surveiller tout ça.
Cette suggestion est en droite ligne avec cette priorité.
Mme Roy.
Mme Roy (Suzanne) : Alors, finalement,
l'Union des municipalités du Québec aimerait conclure cet exposé en attirant l'attention
des députés sur un problème qui contribue à augmenter le prix des terres
agricoles et qui constitue, encore aujourd'hui, un sujet de discussion dans le
milieu. Les terres en friche au Québec posent un problème. Évidemment, il faut
respecter les bonnes pratiques agricoles, mais à l'heure actuelle la tendance
est plutôt au désintérêt, voire à l'abandon de certaines terres. En conséquence,
les règles de l'offre et de la demande sont implacables, la valeur des terrains
agricoles monte en flèche. Pour solutionner ce problème, nous croyons qu'il
serait judicieux d'octroyer aux municipalités la possibilité d'imposer une
surtaxe sur une terre intentionnellement inutilisée. Si nous sommes ici aujourd'hui,
si le projet de loi n° 48 est à l'étude, c'est que
nous cherchons collectivement à limiter la hausse des valeurs des terres
agricoles. Les municipalités apportent une solution qui, nous l'espérons, sera
évaluée avec sérieux.
Merci beaucoup de votre attention, et nous
sommes disponibles pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Merci beaucoup, Mme Roy, M. Charbonneau, pour votre exposé. Je cède maintenant
la parole au ministre pour une période d'échange.
M. Lamontagne : Merci.
Bonjour, Mme Roy, c'est un plaisir de vous accueillir. M. Charbonneau, on a toujours
l'occasion de se rencontrer dans toutes sortes de situations. Aujourd'hui,
c'est une nouvelle situation, alors c'est un plaisir de vous accueillir. M.
Sabourin aussi.
Écoutez, bien, d'entrée de jeu, ce que
j'entends, là, c'est la volonté... Un, l'Union des municipalités est sensible à
la condition des agriculteurs au Québec et puis l'Union des municipalités du
Québec est partante pour s'asseoir puis contribuer de la meilleure façon
possible à rendre la vie de nos agriculteurs plus stable, et tout ça, puis en
même temps, ce que j'entends, puis aussi j'ai pris connaissance de votre
mémoire aussi, c'est des ouvertures ou des suggestions que vous faites qui, à
mon sens, ont une très grande valeur. Parce que c'est certain que toute la
question de la spéculation foncière a son impact aussi, on l'entend, pour le
milieu agricole. Alors, quand je lis dans le mémoire que vous verriez d'un bon
oeil d'avoir une possibilité de surtaxer au niveau des terres en friche, les
terres qui ne sont pas exploitées, écoutez, un, première chose, c'est quelque
chose qui a déjà été considéré dans le passé, là, par le gouvernement
précédent, et je pense qu'il avait contemplé cet aspect-là, mais au niveau de
la CMM, là. Mais de contempler la possibilité de surtaxer au niveau des terres
en friche... Est-ce que vous avez une idée de l'ampleur que, ça, ça peut
représenter sur la spéculation immobilière, la spéculation des terres, si on
veut, là?
Mme Roy (Suzanne) : Alors, peut-être,
là, M. Sabourin.
Le Président (M. Lemay) : Oui.
M. Sabourin.
• (16 h 50) •
M. Sabourin (Jean-François) :
Oui. Parfait. Oui. En fait, on peut évaluer à peu près à 90 000 hectares,
là, les terres en friche. C'est ce qui était en friche entre 1990 et 2010,
c'est ce qui est évalué par la commission ici même. Donc, on peut imaginer,
avec une moyenne... une valeur moyenne à l'hectare d'autour d'à peu près
4 000 $ l'hectare... on se ramasse avec des montants qui ne sont pas
très élevés, donc. Mais, quand même, nous, ce qu'on pense, c'est que quand
même, sur des grandes superficies, ça peut faire la différence. Ça ne fait pas
un coût supplémentaire pour les productrices, les producteurs agricoles qui
décident de laisser leur terre en friche qui est complètement, complètement
rédhibitoire. Par contre, ça reste quand même un...
M. Sabourin (Jean-François) :
...on se ramasse avec des montants qui ne sont pas très élevés, donc. Mais quand
même, nous, ce qu'on pense, c'est que quand même, sur des grandes superficies,
ça peut faire la différence. Ça ne fait pas un coût supplémentaire pour les
productrices, les producteurs agricoles qui décident de laisser leur terre en
friche qui est complètement... complètement rédhibitoire.
Par contre, ça reste quand même un
incitatif certain. C'est les calculs qu'on mettait justement dans notre
mémoire, là, donc c'est pour ça qu'on veut aller vers un trois fois le taux de
base pour vraiment que ça puisse... constituer un incitatif. Donc, c'est notre
demande actuelle, là. On peut en discuter avec vous.
M. Lamontagne : Non, écoutez,
j'accueille cette proposition-là avec beaucoup d'ouverture, parce que c'est
certain, tu sais, on vise avec notre projet de loi, on vise à contrer les
valeurs extrêmes. On vise à contrer les augmentations extrêmes. Puis la
question des terres en friche et puis des usagers de ces terres en friche là,
si on veut, vient certainement à sa façon contribuer dans cette espèce de
recette là aussi. Ça fait que de voir que l'UMQ est ouverte là pour qu'on
regarde cet aspect-là, je dois vous dire que j'accueille ça très, très
favorablement.
L'autre mesure aussi, honnêtement, que je
trouve intéressante, c'est toute la question d'écoconditionnalité de lier
l'éligibilité au programme à des mesures d'écoconditionnalité, surtout dans le
contexte, là, où c'est d'actualité la question de l'environnement et tout ça.
Alors, encore là, je vous dirais c'est certain... Ce que vous dites, là, vous
verriez, là, quelqu'un, mettons qui a été pris en infraction, avez-vous
développé... pouvez-vous développer un petit peu davantage comment vous verriez
un peu l'opérationnalisation de ça sur le terrain ou...
Mme Roy (Suzanne) : Bien, c'est
ça, les municipalités régionales de comtés sont responsables entre autres au
niveau des cours d'eau. Donc, on marche déjà nos cours d'eau, on doit faire
l'entretien et tout ça. On a des inspecteurs sur le terrain, donc au moment où par
exemple on se rendrait compte qu'il y a une problématique importante et qu'il y
a effectivement un constat d'émis, il pourrait être transféré aussi simplement
que ça, transféré au ministère et que ce soit appliqué tel que ça serait
élaboré par exemple dans la loi.
M. Lamontagne : O.K.
Excellent.
Mme Roy (Suzanne) : Le plus
simple possible pour tous.
M. Lamontagne : Écoutez, j'ai
hâte de discuter de ça avec des gens qui vont se présenter ici, là, qui sont à
venir. Mais c'est une belle surprise, Mme Roy. Dans votre esprit aussi de
ce que j'ai entendu, vraiment l'esprit de contribution puis de collaboration,
naturellement à la suggestion de la FQM, on a vraiment enchâssé l'idée d'avoir
un comité de suivi. Parce qu'on s'entend, entre le moment où le projet de loi
serait adopté et le moment où il serait mis en oeuvre, il y a une période de
temps considérable qui va être allouée. Et puis, dans nos intentions, c'est de
faire en sorte que la façon d'appliquer, la façon de compenser du gouvernement,
ce n'est pas de mettre à mal personne. C'est sûr qu'il y a un signal qu'on veut
envoyer puis une certaine réalité qu'on veut encadrer, mais on fait vraiment ça
dans un esprit de collaboration aussi.
Alors, tu sais, le comité, c'est prévu
qu'il va y avoir l'UMQ, qu'il va y avoir la FQM, qu'il va y avoir le MAMH,
qu'il va y avoir le monde agricole. Et puis, moi, j'ai reçu une lettre aussi de
la CMM, la Communauté métropolitaine qu'on a rencontrée, et puis, qui terminent
leur lettre en disant : À la rencontre du 21 janvier avait été très
fructueuse et constructive. La communauté est disposée à poursuivre cette base
de discussion avec votre ministère quant aux modalités du projet de loi
n° 48, et plus particulièrement celles du futur programme d'aide
financière. Alors, la CMM manifeste de l'intérêt à participer à ce comité-là.
Est-ce que l'UMQ verrait d'un bon oeil que
la CMM se joigne au groupe et puisse participer au comité de suivi pour la mise
en oeuvre? Mais une fois l'objectif du comité aussi, c'est que oui, il va y
avoir à un moment donné une mise en oeuvre, mais après ça, il va y avoir un
suivi de cette mise en oeuvre là pour voir l'impact puis si ça après, si il y a
des ajustements à apporter, des choses comme ça. Ça fait que ça se passe
vraiment dans un mode de collaboration. Puis la CMM offre sa collaboration.
Comment vous accueillez ça, vous?
Mme Roy (Suzanne) : Très
bien. J'ai d'ailleurs la lettre de la CMM avec moi...
M. Lamontagne : Quand c'était
adressé à moi?
Des voix
: Ha! Ha! Ha!
Mme Roy (Suzanne) : Qui m'a
été transmise pour bien nous informer en... justement dans un but de
collaboration entre les différents intervenants municipaux.
M. Lamontagne : Merci, merci,
Mme Roy.
M. Charbonneau (Guy) : Si je
peux...
Le Président (M. Lemay) : Oui,
allez-y, M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Guy) : Si je
peux ajouter, M. le ministre, à votre questionnement. La CMM a déjà dans son
PMAD un large programme, une partie de... pour la protection des terres
agricoles. Et on s'est engagées là-dedans, les villes rurales, les 16... 19
villes rurales de la CMM, on s'est engagées dans ce genre de programme là. Oui,
on y croit, mais... donc, les urbains de Montréal, les «Montréalistes», sont
prêts à payer, à donner un peu de sous pour supporter l'agriculture. Mais c'est
surtout une responsabilité du gouvernement provincial ou d'un gouvernement
fédéral, mais pas d'un gouvernement local. La ville de Rosemère, à côté...
M. Charbonneau (Guy) :
...mais... donc, les urbains de Montréal, les «Montréalistes», sont prêts à
payer, à donner un peu de sous pour supporter l'agriculture. Mais c'est surtout
une responsabilité du gouvernement provincial ou d'un gouvernement fédéral,
mais pas d'un gouvernement local. La ville de Rosemère, à côté de chez moi, qui
a zéro agriculteur, mais qui est la plus riche de ma MRC, bien, ne
contribuerait pas à ça et ce sont les gens les mieux nantis? Il y a quelque
chose qui est... il y a une dichotomie qui s'exerce, là, et il ne faudrait pas
que ça arrive comme ça. C'est une très bonne idée d'aborder le sujet. Ça fait
20 ans qu'on aurait dû l'aborder. Mais on s'attaque au problème, mais on
ne s'attaque pas à la cause du problème.
Si je peux élaborer, là, puis je ne veux
pas faire le rôle de... votre rôle, mais si je peux élaborer, les gens qui
achètent les terres actuellement n'ont pas des noms à consonance arabe ou
chinoise, ils ont des noms très québécois. Chez nous, dans ma grande ville de
92 km², à 90 % zonée agricole, j'ai cinq familles qui achètent les
terres et qui les achètent à des prix pharaoniques. Pourquoi? C'est simple, le
gouvernement endosse les prêts à la caisse populaire ou à la banque et les
prêts sont négociés à du 3 %, et donc... puis ils sont remboursés à
70 % des taxes. On est en «business».
Écoutez, ça veut dire ça, là, que c'est
plus payant actuellement investir dans de la terre agricole — aïe! ne
partez pas tous à aller investir là-dedans demain matin — c'est plus
payant investir dans de la terre agricole actuellement que d'investir à la
bourse, que d'investir, bien, pas un prêt à la caisse populaire ou à la banque,
là, oubliez ça, là. C'est ça qui est le plus payant. C'est plus payant que des
blocs. Et c'est un peu de la faute des gouvernements parce qu'on ne s'est pas
ajusté avec le temps.
Et ce qu'il faut trouver, c'est une
façon... Vous avez dit tantôt, là, on essaie de contrer les valeurs des terres
agricoles, M. le ministre. Je pense qu'on n'adresse pas le problème avec ce
projet-là. Mais c'est ça qu'il faut s'occuper d'abord et avant tout. Je pense
que ceux qui nous ont précédés vous ont parlé d'élargir, c'est une bonne idée.
Mais, je ne veux pas prendre trop de temps, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
C'est très apprécié. Donc, je vais céder la parole au député de Bourget qui a
une nouvelle question.
M. Campeau : Très apprécié que
vous n'arriviez pas juste avec : On n'est pas content, mais que vous
arrivez avec des solutions. Toute petite question : Au sujet des bandes
riveraines, vous dites qu'il y a un manque d'inspecteur, vous dites que vous
iriez aider à l'inspection?
Mme Roy (Suzanne) : On a déjà
des inspecteurs dans plusieurs MRC puisqu'on a comme dans nos compétences au
niveau des MRC, la gestion des cours d'eau. Donc, on a déjà des gens qui
marchent, on a déjà des inspecteurs. Puis effectivement ces gens-là peuvent
être mis à contribution dans le cadre, par exemple, d'un règlement comme
celui-là où ils devraient tout simplement transmettre les constats au gouvernement
pour que ça puisse être appliqué.
M. Campeau : ...
Mme Roy (Suzanne) : Ça me
fait plaisir.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lamontagne : On peut...
Le Président (M. Lemay) : Ah!
je crois qu'il avait terminé sa question.
M. Lamontagne : Ah! parfait,
excellent. Écoutez, quand on parle de... le milieu agricole, souvent, a
réclamé, là, de revoir, tu sais, la fiscalité municipale, la fiscalité foncière
agricole. Quand vous entendez ces demandes-là, là, comment vous réagissez à ces
demandes-là? Et puis quelles pistes que vous voyez, là, au-delà de... ce qu'on
présente, là, c'est plus large, ça ne se veut pas une réforme de la fiscalité.
On s'entend là-dessus, là, c'est un projet de loi qui couvre toute une palette
d'enjeux. Mais quand on aborde ce sujet spécifique là, puis avec l'expérience
que vous avez, un, comment vous réagissez par rapport à ces demandes-là? Puis
après ça, bien, si vous accueillez ces demandes-là avec une certaine ouverture,
quelle sorte de voie de passage vous voyez pour réformer cette fiscalité
municipale agricole, là?
Mme Roy (Suzanne) : Vous
voulez dire la fiscalité agricole?
M. Lamontagne : La fiscalité
agricole.
Mme Roy (Suzanne) : La
fiscalité agricole. On a aussi la fiscalité municipale.
M. Lamontagne : Vous êtes
vite, vous êtes vite.
Mme Roy (Suzanne) : Alors, on
comprend effectivement le besoin de réformer la fiscalité municipale... la
fiscalité agricole, vous voyez, je fais le même lapsus, alors la fiscalité
agricole, mais ça ne doit pas se faire en allant jouer dans la fiscalité
municipale qui elle aussi a un grand besoin de modernisation. Alors, bien sûr,
au niveau de la fiscalité agricole, on fait juste regarder le programme puis on
parle de simplification, puis on regarde le projet de loi, l'idée de compenser
les municipalités pour trois ans, c'est une fausse bonne idée. Je vais vous
expliquer pourquoi. Je ne viens pas dire qu'il ne faut pas compenser les
municipalités, ce n'est pas ça mon propos.
• (17 heures) •
Mais mon propos est que sur un programme
de cette ampleur-là, pour 5 millions, aller mettre en place la
bureaucratie puis la paperasse qu'il faut faire pour faire des calculs pour
trois ans de compensation et arriver à l'année quatre puis on a pelleté en
avant, parce que c'est ça qui va arriver, alors, on va se ramasser qu'on va
avoir créé... Alors que si on prend tout simplement cette même somme
d'argent...
17 h (version non révisée)
Mme Roy (Suzanne) : ...5 millions,
aller mettre en place la bureaucratie puis la paperasse qu'il faut faire pour
faire des calculs pour trois ans de compensation et arriver à l'année quatre,
puis on a pelleté en avant, parce que c'est ça qui va arriver, alors, on va se
ramasser qu'on va avoir créé... Alors que, si on prend tout simplement cette
même somme d'argent et qu'on ça injecte dans le programme, là, on vient de
simplifier les affaires. Alors, ça, je pense que ce besoin de simplifier là, il
est réel, il est vrai pour le monde agricole, il est aussi vrai pour le monde municipal,
il faut... Tous nos modèles, hein... le modèle agricole est aussi mouvant,
alors, on n'a pas les agriculteurs d'hier, ils ne sont pas dans le même système
qu'aujourd'hui, on en parlait avant de venir à la commission parlementaire, comment
ça a évolué, comment c'est différent, comment ça a grossi, parce qu'on est
aussi... c'est aussi une industrie qui est en compétition, alors... Mais on est
prêt à travailler avec le monde agricole, ça fait partie des contribuables de
nos municipalités, mais ça ne doit pas se faire dans notre champ fiscal. On a
fait tous les deux le lapsus agricole, municipal, mais on ne doit pas le faire
dans la vraie vie, donc, on ne doit pas confondre les fiscalités municipales et
agricoles.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien.
M. Charbonneau (Guy) : Si je
pouvais compléter.
Le Président (M. Lemay) : M.
Charbonneau, allez-y.
M. Charbonneau (Guy) : La
fiscalité... L'agriculture, c'est du secteur primaire, tout comme les mines,
les forêts et les pêches, et les villes n'ont pas à subventionner ou à
supporter directement par les deniers des citoyens dans ce domaine-là. À
Val-d'Or, ce n'est pas la ville de Val-d'Or qui supporte les mines qui sont
alentour, ou la MRC. Alors, je pense que c'est le même principe, au niveau de
l'agriculture, ça devrait être la société écoutez ou canadienne, si on veut,
mais... Et si on regarde, dans le monde, ce n'est pas localement qu'on supporte
l'agriculture. On la supporte à notre façon, dans bien des choses. Nos territoires
sont protégés depuis très longtemps. Est-ce à dire que la municipalité de
Sainte-Anne-des-Plaines, que je représente, qui a conservé à 90 % sa zone
agricole, s'est tirée dans le pied, elle aurait dû construire toutes ses terres
comme d'autres villes ont fait aux alentours? Je trouve que vous venez nous
pénaliser. On est dans les Basses-Laurentides, les terres valent très cher, et
ceux qui achètent actuellement à 48 000 $... la dernière transaction
que j'ai vue, 48 000 $ l'hectare, ce n'est pas... c'est des
agriculteurs de chez nous, à côté de chez nous, là. Ça n'a pas de bon sens, là,
il faut trouver une façon de leur dire : Eh! Garçon, c'est assez.
Dans les quotas de lait, pour ceux qui ne
connaissent pas ça, les quotas de lait, on a... capé, c'est en anglais, on a
plafonné, excusez, on va essayer de parler en français ici, dans cette... <
Parlement. On a plafonné le prix des quotas. Il faut qu'on trouve une façon de
plafonner, ou ceux qui veulent payer au-dessus, bien, payez 100 % de la
taxe qui vient avec. Je prends toujours comme exemple, si je me suis acheté un
VUS à 50 000 $ puis... je sais qu'il y a 15 % de taxes, au
Québec, dessus. Si je n'avais pas voulu payer 15 % de taxes, je l'aurais
acheté en bas. Écoutez, je représente la 11e génération d'agriculteurs de père
en fils au Québec, puis ma plus grande fierté, c'est d'avoir... Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Lamontagne : M.
Charbonneau, dans vos discussions que vous avez, l'organisation, avec les
producteurs agricoles, ils vous disent : Écoute, il faudrait qu'il y ait
un plafond sur la valeur des... la valeur imposable. Alors, vous leur répondez
quoi quand vous avez des échanges avec eux?
M. Charbonneau (Guy) : Oui.
Les gens... Oui... Les gens, chez nous... il y a des gens, ils disent : Ce
n'est pas grave, c'est le meilleur placement, ce que je vous ai répondu tantôt,
là : C'est le meilleur placement qu'on ne peut pas faire, O.K.? C'est ça,
le problème. Il faut qu'on arrête, là, d'aider ceux qui sont déjà riches. Quand
le tas est ça de haut, c'est assez, ça, ce n'est pas nécessaire. C'est ce que
mon père me disait.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup. Alors, sur ce, je cède la parole au député de Robert-Baldwin.
Mais avant de faire cela, je dois demander le consentement, puisqu'on n'a pas
mentionné le remplacement au préalable. Est-ce qu'il y a consentement pour
remplacer le député de Marquette?
Des voix
:
Consentement.
Le Président (M. Lemay) : Oui?
Consentement. Donc, député de Robert-Baldwin, la parole est à vous.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup, les collègues. Merci. Merci beaucoup. Alors, j'ai trouvé votre
intervention, M. Charbonneau, assez intéressante. J'aimerais continuer un peu
avec vous. Mais, avant d'y arriver, Mme Roy, vous avez aussi mentionné des
choses intéressantes, surtout concernant les mécanismes de compensation. Donc,
si j'ai bien compris, vous, vous préféreriez que l'intervention gouvernementale
soit envoyée directement aux agriculteurs sans trop compliquer les histoires de
taxes municipales.
Mme Roy (Suzanne) : Bien oui,
parce que ce que ça va nous obliger à faire... Bien, on parle d'une
compensation, donc il va falloir mettre en place la structure, aller compenser
les municipalités. On parlait d'un temps déterminé, alors la quatrième année...
on parlait de trois ans, donc la quatrième année... Je vais prendre l'exemple
de Calixa-Lavallée chez nous, c'est le fun de travailler avec des exemples
concrets, là, pour voir c'est quoi l'impact réel. Calixa-Lavallée, là...
Mme Roy (Suzanne) : ...oui parce
que ce que ça va nous obliger à faire, bien, on parle d'une compensation, donc
il va falloir mettre en place la structure, aller compenser les municipalités.
On parlait d'un temps déterminé, alors la quatrième année, on parlait de trois
ans. Donc, la quatrième année, je vais prendre l'exemple de Calixa-Lavallée
chez nous, c'est le fun de travailler avec des exemples concrets, là, pour voir
c'est quoi l'impact réel. Calixa-Lavallée, là, c'est 32,75 $ par
résidence. C'est 2 % de hausse de leur compte de taxes. Ils ont haussé, en
2019... 1,5 %. C'est plus que le double de ce qu'elles ont haussé dans... parce
que c'est une municipalité foncièrement agricole. Il n'y a pas un garage, hein,
alors à qui ils vont passer ça? Ils vont passer ça aux résidents dans le
village de Calixa-Lavallée parce qu'ils vont devoir continuer à ouvrir les
routes. Puis là, on parle de service minimum dans ce village-là, là. Ils vont
devoir continuer à ouvrir les routes, à offrir un minimum de loisirs aux jeunes
et tout ça.
Donc, c'est ou tu coupes — puis
c'est un petit budget — donc, c'est ou tu coupes tes dépenses ou bien
tu taxes d'autres personnes. Donc, si c'était inclus déjà dans le programme,
envoyé directement aux agriculteurs et ça ne toucherait pas la fiscalité
municipale, je pense que déjà, ça serait plus simple. On atteindrait les mêmes
objectifs pour les trois années. Mais on ne peut pas parler de période de
transition parce que la quatrième année, à Calixa-Lavallée, les terres ne se
vendront pas moins cher. Ça reste encore dans les meilleures terres au Québec,
donc elles vont se vendre encore extrêmement cher. Donc, la quatrième année,
ils vont faire face au même mur, ils vont juste faire face trois ans plus tard.
M. Leitão : Donc, c'est que
l'action gouvernementale n'ait pas une influence directe sur les taux de
taxation, mais que ce soit l'aide... agriculteurs, c'est ça.
Mme Roy (Suzanne) : L'aide à
l'agriculture, on parle de fiscalité agricole.
M. Leitão : C'est ça. Et
l'autre chose, aussi, et vous avez mentionné... ce n'est pas le cas dans toutes
les municipalités, mais je pense que dans un grand nombre, ça peut créer aussi
de l'iniquité entre les différentes industries parce qu'on donne un traitement
préférentiel à l'agriculture, ce qui complique votre vie et...
Très bien. Il y a aussi des questions
d'écoconditionnalité, mais je pense que ma collègue va y aller. Moi,
M. Charbonneau, ce qui m'avait beaucoup intéressé sur ce que vous avez
mentionné... alors, j'aimerais qu'on poursuive un peu plus sur, donc, la valeur
des terres, là, le mécanisme. Vous avez mentionné... où des individus, des
personnes, achètent des terres en empruntant de l'argent. Ils achètent des
terres et puis ils remboursent l'emprunt avec les crédits de taxes.
Pouvez-vous... Prenez le temps que vous voulez là-dessus, là, parce que
j'aimerais bien qu'on comprenne cette chose-là, c'est important.
M. Charbonneau (Guy) : Ce
n'est pas tout à fait ça que j'ai dit, mais j'ai dit que l'impact était moins
grand parce que déjà, on a remboursement de taxes de 70 %. Si demain
matin, il y avait 70 % de remboursement sur l'exemple du VUS que je vous ai
donné tout à l'heure, il y aurait encore beaucoup plus de VUS sur les routes,
O.K.? Ils contribueraient davantage aux gaz à effet de serre. Alors, c'est ça,
là, qui est pernicieux un petit peu, qu'il faut faire attention, et le fait
aussi que le gouvernement garantit les prêts via la financière agricole, il n'y
a aucun risque. Personne ne prend de risque, là-dedans, alors c'est un
excellent placement.
Il faut nuancer. Je n'ai pas tous les
outils, là, je ne suis pas un expert, mais je pense que si on allait taxer ceux
qui paient plus cher, à un pourcentage plus élevé, peut-être qu'ils
ralentiraient leurs appétits.
M. Leitão : Vous pensez que
les personnes qui achètent ces terres-là, elles le font pour continuer
l'activité agricole ou c'est pour...
M. Charbonneau (Guy) : Non,
ce sont des agriculteurs spéculateurs. On est tous spéculateurs. Quand on
achète quelque chose, on spécule qu'on va le garder un bout de temps, là, on
achète notre voiture, on spécule. Alors, c'est la même chose. Mais ce sont des
gens qui investissent, qui produisent dans l'agriculture, mais qui en même
temps, ce faisant, nuisent à nos beaux programmes qu'on veut d'avoir de la
relève agricole, qui eux, ne sont pas capables d'acheter ça. C'est comme les
gens qui sont... M. le Président, je vous surveille, vous me faites signe.
C'est comme les personnes âgées autour des lacs dans le nord de ma région, des
Laurentides, qui ne sont plus capables de payer leurs taxes parce qu'il y a des
gens qui sont venus s'installer autour avec des gros châteaux, qui ont fait
monter le prix et qui ne sont plus capables de s'offrir... d'être capables de
demeurer chez eux et ils n'ont pas les moyens. C'est à peu près la même chose
qui se passe actuellement.
Et ça, je trouve ça déplorable parce que,
moi, la relève, c'est très important. Ma plus grande fierté, c'est d'avoir
transmis à la douzième génération d'agriculteurs de père en fils.
M. Leitão : Très bien, mais
là, bon, peut-être une autre discussion pour un autre jour, mais aussi, il n'y
a pas l'intérêt à avoir des fermes un peu plus grandes pour que le producteur
puisse baisser ses coûts de production?
• (17 h 10) •
M. Charbonneau (Guy) : Mon
vieux professeur de latin me disait : In medio stat virtus, c'est au
centre qu'est l'équilibre, il faut garder un équilibre à un moment donné...
M. Leitão : …pas d'intérêt à
avoir des fermes un peu plus grandes pour que le producteur puisse baisser ses
coûts de production?
M. Charbonneau (Guy) : Mon
vieux professeur de latin me disait : In medio stat virtus, c'est au
centre qu'est l'équilibre, il faut garder un équilibre à un moment donné.
J'essaie, mais, des fois, je ne réussis pas.
M. Leitão : Très bien. Et donc
vous pensez qu'avec… donc peut-être en mieux calibrant les mécanismes de
compensation, ça pourrait favoriser la ferme familiale plus…
M. Charbonneau (Guy) : Si
vous voulez avoir vraiment le fond de ma pensée, là…
M. Leitão : Je veux.
M. Charbonneau (Guy) : …je
pense que vous avez apporté le problème sur la table, vous l'avez abordé,
bravo, il était temps. Je dirais, temps mort, on va dire : Regardez, on va
trouver des solutions, on va y revenir, il ne faut pas aller trop vite, il est
urgent de ne pas se presser actuellement là-dedans.
M. Leitão : Très bien. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Donc, Mme la députée de Maurice-Richard, la parole
est à vous.
Mme Montpetit : Bonjour à vous
trois. Merci d'être avec nous. Vous avez abordé plusieurs éléments qui font
écho, vous savez sûrement que les membres de cette commission se sont donné un mandat
d'initiative sur l'impact des pesticides au Québec. J'espère, je souhaite qu'il
y aura un rapport sous peu qui sera déposé, on souhaite, avec des recommandations
ambitieuses et fortes, et j'en profite pour passer le message à mes collègues
de la partie gouvernementale.
Et, lors des consultations, un des
éléments qui est revenu à plusieurs reprises, c'est la question des bandes
riveraines. On l'a vu non seulement lors des consultations, on l'a vu dans… la
rivière aux horreurs, je pense que ça s'appelait comme ça, le reportage qui a
été fait par Daphné Cameron de LaPresse, donc toute la
question de la contamination de nos cours d'eau par le glissement, souvent, dans
le fond, des bars de terrains agricoles par l'absence de bandes riveraines.
Vous abordez cette question-là — je sais que mon collègue… je suis à
peu près certaine que c'est là qu'il voulait aller, sur les questions
d'écoconditionnalité et d'écofiscalité — et vous faites différentes propositions
pour venir… bon, vous avez abordé aussi la question du nombre d'inspecteurs.
J'aimerais ça que vous me parliez d'écoconditionnalité
dans le contexte des bandes riveraines, mais il y a aussi un autre élément que
vous avez soulevé, vous avez dit : Les MRC s'occupent des bandes
riveraines. Et, lors des consultations aussi, on a des groupes qui sont venus
nous dire que, dans de petites municipalités agricoles, souvent, c'était justement
la municipalité qui devrait faire appliquer les bandes riveraines et que ça
posait des problèmes, je vais dire, de conflit, parce que ce sont des petites municipalités
justement et les gens se connaissent, et il n'y avait pas la notion
d'inspection par les MRC. Je serais curieuse de vous entendre là-dessus aussi.
Mme Roy (Suzanne) : …donc, effectivement,
dans un milieu plus petit, ça peut créer toutes sortes de problématiques
d'ordre social, je vous dirais. Mais les MRC, à ce niveau-là, est un palier intéressant
où justement on a souvent des inspecteurs qui, déjà, pour les travaux qui
doivent être faits en cours d'eau, qui sont demandés par les agriculteurs et
qui sont faits par la MRC. Donc, on a déjà des gens sur le terrain qui
connaissent nos cours d'eau, c'est déjà cartographié dans nos MRC. Et donc, à
ce moment-là, ils pourraient très bien être les inspecteurs qui pourraient
émettre des constats dans le cas où il y a non-respect de la bande riveraine.
Mme Montpetit : C'est ce que
vous suggérez, dans le fond…
Mme Roy (Suzanne) : Tout à
fait.
Mme Montpetit : …je pensais
que vous disiez que c'était… que ça fonctionne comme ça puis j'étais surprise. O.K.
Mme Roy (Suzanne) : Déjà, la
compétence, elle est là, déjà, le compétence, elle est là, dans certaines MRC,
c'est déjà mis en application, donc chez nous, donc je peux en parler. Et on a déjà
des inspecteurs qui vont marcher dans les cours d'eau et qui interviennent. Et
on travaille même avec l'UPA, dans notre MRC, pour sensibiliser les
agriculteurs au meilleur respect des bandes riveraines, dans le cadre de leur agriculture,
pour aller plus loin
Mme Montpetit : Mais vous
suggérez, dans le fond, que ça pourrait être systématisé pour éviter justement…
c'est ça, c'est vraiment dans des petits villages, où on nous a dit :
Malheureusement, ça devient très difficile pour les inspecteurs de faire
appliquer ça, parce que, souvent, le beau-frère ou le cousin… donc ça crée des
difficultés, donc ça enlèverait cette proximité-là en ramenant la compétence
vers la MRC, là.
Mme Roy (Suzanne) : Et ce
n'est pas nécessaire que ce soit l'inspecteur municipal, quelqu'un qui a un mandat,
au niveau de la MRC, peut très bien exécuter ces mandats.
Mme Montpetit : Parfait. Puis
au niveau donc de l'écoconditionnalité, comment vous voyez justement qu'on
pourrait, je vais dire, améliorer la situation du respect des bandes riveraines
au Québec?
Mme Roy (Suzanne) : Ce qu'on
disait, c'est de pouvoir, dans le cas où il y a non-respect, ça pourrait être
dans le cas de récidive, tout ça est à définir, mais on pourrait s'assurer que,
par exemple, il y a des avantages financiers qui sont perdus. Parce que, vous
savez, sur des grandes surfaces, c'est facile de calculer que, si j'ai une
amende de 250 $, j'ai tant de mètres, ça va être plus payant de continuer
à ne pas respecter la bande riveraine puis de continuer à l'utiliser puis que
l'amende finalement va avoir un impact, le bénéfice va être moins grand, je
vais le dire comme ça. Alors, si, par contre, ça amenait jusqu'à…
Mme Roy (Suzanne) : ...de
calculer que, si j'ai une amende de 250 $, j'ai tant de mètres, ça va être
plus payant de continuer à ne pas respecter la bande riveraine, puis de
continuer à l'utiliser, puis que l'amende, finalement, va avoir un impact, le
bénéfice va être moins grand, je vais le dire comme ça. Alors, si, par contre,
ça amenait jusqu'à une pénalité au niveau du programme, ça peut être un
montant... Oui, c'est... Mais c'est comme ça où il faut faire avancer les
choses si on veut véritablement être capables d'avoir un impact sur nos bandes
riveraines qui nous coûtent très cher à nettoyer, qui nous occasionnent des
problèmes. On a à vivre des réalités avec les changements climatiques sur
lesquelles, justement, les bandes riveraines peuvent avoir un impact très
positif.
Mme Montpetit : Est-ce qu'il
me reste un petit peu de temps?
Le Président (M. Lemay) : Oui,
vous pouvez y aller, Mme la députée.
Mme Montpetit : Merci. Vous
abordez aussi la question de la taxation des terres exploitables mais non
exploitées. Je présume que vous sous-entendez non exploitées sur une longue
période, pas une terre qui est laissée en jachère, par exemple, pour une saison
ou... Parce que ce n'est pas précisé dans votre document.
Mme Roy (Suzanne) : Oui, tout
à fait. Et c'est vraiment ce qu'on appelle communément dans notre jargon quand
on discute de réserve foncière. Alors, on voit des terres où des gens
volontairement la laissent devenir en friche en se disant qu'elle va avoir
moins de valeur et qu'elle pourra passer à d'autres utilisations, espère
d'autres utilisations. Alors, c'est une mauvaise pratique. Puis c'est une
pratique qui a un impact sur le prix des terres qui sont cultivées important.
Donc, je pense que là aussi il y a des solutions à apporter au niveau fiscal
pour décourager cette pratique.
Mme Montpetit : Puis c'est
dans un objectif... Quand vous voyez cette pratique-là, juste pour bien
comprendre, c'est... Votre lecture, c'est pour, donc, changer la nature de...
Mme Roy (Suzanne) :
L'utilisation.
Mme Montpetit :
...d'utilisation de cette terre.
Mme Roy (Suzanne) : Oui, tout
à fait.
Mme Montpetit : O.K.,
d'accord.
Mme Roy (Suzanne) : Pour
qu'on fasse de l'agriculture sur les terres agricoles et non pas de la réserve
foncière spéculative.
Mme Montpetit : Parfait. Je
vous remercie.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup. Ceci termine ce bloc d'échange. Je cède maintenant la parole à
la porte-parole... à Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue du deuxième
groupe d'opposition.
Mme Lessard-Therrien : Merci,
M. le Président. J'aimerais aussi revenir sur les bandes riveraines juste pour
être certaine d'avoir bien compris. En ce moment, c'est la compétence des MRC
et municipalités, vous avez des inspecteurs. Est-ce que vous auriez le pouvoir
d'émettre des amendes vous-mêmes directement?
Mme Roy (Suzanne) : On a tout
à fait... On a déjà le pouvoir d'émettre des amendes.
Mme Lessard-Therrien : O.K.
Puis là la question, c'est : Est-ce que vous voulez relayer cette
compétence-là au ministère ou vous voulez la garder?
Mme Roy (Suzanne) : Pas du
tout. Pas du tout. C'est nous qui sommes le plus près, alors, même si on
l'envoie au ministère, je ne pense pas qu'il y ait le personnel pour aller
marcher nos cours d'eau dans chacune de nos régions. Sauf qu'on dit : À un
moment donné, ce qu'on s'est aperçu par la pratique, c'est que les amendes,
certains vont faire le calcul que c'est plus payant...
Mme Lessard-Therrien : Mais
pouvez-vous les augmenter, ces amendes-là?
Mme Roy (Suzanne) : Oui, mais,
à un moment donné, on n'atteint pas l'objectif. Si on va vraiment fiscalement
dire : Tu vas avoir... s'il y a une récidive, tu vas avoir un impact réel,
tu n'auras plus ton programme d'aide, ton remboursement de terres pour une
année, je pense que l'impact va être plus grand puis que le calcul va être
différent à ce moment-là. C'est vraiment, là, il faut développer cette culture
de respect de nos bandes riveraines.
Mme Lessard-Therrien : Ça fait
qu'une des solutions, ça serait vraiment, c'est ça, de mettre... d'ajouter ce
critère-là, comme, il faut être membre de l'UPA pour bénéficier du programme.
Il pourrait y avoir un critère qui dit : Vous devez respecter vos bandes
riveraines.
Mme Roy (Suzanne) : Oui, tout
à fait.
M. Charbonneau (Guy) : C'est
déjà dans votre loi. C'est dans votre loi, vous le dites qu'il doit rencontrer
les principes d'écoconditionnalité, c'est dans le projet n° 48. Il est là,
là. Vous l'avez là-dedans, excepté qu'il faut l'appliquer. Alors, là, c'est
dans l'application. Nous autres, on va aller les inspecter, s'ils ne sont pas
conformes... Et, encore là, là, faites attention, parce qu'il y a toujours le
principe du 80-20. 80 % des agriculteurs font ça comme il faut, il y a
20 %... en tout cas, il y a peut-être 20 % qui... mauvaise façon.
Le Président (M. Lemay) :
Nuance.
M. Charbonneau (Guy) :
Mais... Oui, il ne faut pas faire des affirmations. Peut-être. Mais il reste
que vous l'avez dans votre loi, alors nous autres, on pourrait dire :
Allez... Celui-là... Ce monsieur ou madame X ne sera pas conforme, allez voir.
Si vous êtes d'accord avec nous autres, vous suspendez le programme, et ça, ça
va faire mal. Parce que nos petites amendes de 1 000 $, là, ça n'a
pas d'impact.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée.
Mme Lessard-Therrien : Je
comprends. Je suis comme dans les derniers, ça fait que j'ai un peu moins de
questions, mais je vous trouve extrêmement intéressants et pertinents.
J'aimerais vous entendre sur les meilleurs moyens de freiner la spéculation.
Mme Roy (Suzanne) : Si tu
veux te lancer, bonne chance, Jean-François.
Le Président (M. Lemay) :
Allez-y.
Mme Lessard-Therrien : Là tout
de suite ou comme...
Le Président (M. Lemay) : Non,
non... il va faire sa conclusion, mais...
• (17 h 20) •
M. Sabourin (Jean-François) :
Oui, bien, effectivement, c'est un gros enjeu, là, il n'y a pas de solution
simple évidemment. Les municipalités, nous, ce qu'on propose, justement, c'est
d'agir sur l'offre et la demande à la hauteur de nos outils fiscaux qu'on a,
notamment la taxation des terres en friche. Effectivement on... Il y a d'autres
modèles ailleurs dans le monde, mais nous on... Bon, on reconnaît, là, que le
choix qui a été fait au Québec, c'est d'aller vers la compensation des taxes
foncières aux...
M. Sabourin (Jean-François) :
...simple, évidemment, les municipalités, nous, ce qu'on propose, justement,
c'est d'agir sur l'offre et la demande à la hauteur de nos outils fiscaux qu'on
a, notamment la taxation des terres en friche. Effectivement on... Mais il y a
d'autres modèles ailleurs dans le monde, mais nous on... Bon, on reconnaît, là,
que le choix qui a été fait au Québec, c'est d'aller vers la compensation des
taxes foncières aux agriculteurs comme manière de les aider. On sait qu'en
France, par exemple, ce n'est pas du tout la même manière, les sociétés
d'aménagement. Bon. Mais on comprend tout à fait que ce n'est pas le modèle qui
est au Québec, mais dans notre situation, on a une approche qui est beaucoup
plus financière, beaucoup plus fiscale pour essayer de contrer la spéculation.
Et nous, c'est ce qu'on propose. On propose d'aller vers ça. Et puis après ça,
si on peut adapter, continuer de bonifier le programme, le PCTFA, là, pour qu'il
puisse s'adapter aux différents cas de figure, nous, on est tout à fait
d'accord avec ça pour appuyer les productrices et les producteurs agricoles
directement plutôt que par une mécanique détournée, ce qui est notre
proposition. Voilà.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. Sabourin. M. le député de Bonaventure, la parole est à vous.
M. Roy
: Merci, M.
le Président. Écoutez, très bon exposé. Vous avez quand même un langage coloré,
sauf que, moi, habituellement, je dis que c'est 90 % des gens sont
correct. Il y a un 10 % qui pèche par excès puis l'autre par... un
10 % par réticence. Ceci étant dit, peut-être juste un chiffre. Vous nous
dites que la... Bon. Dans le cas de certaines municipalités, on peut voir
doubler la croissance des taux de taxe. Pouvez-vous me donner un exemple
concret, là, de quelqu'un que... Vous m'avez parlé des personnes âgées sur le
bord d'un lac, là, tout à l'heure, mais de quelqu'un, là, qui est dans une
municipalité où on va voir la plus haute augmentation de taxes liée à ce
changement, là, de fiscalité, là, un exemple de M. Mme Tout-le-monde.
Mme Roy (Suzanne) :
Bien, par exemple, dans Saint-Roch-Ouest, on peut parler d'un transfert par
unité, donc un montant augmenté sur le compte de taxes de 209 $. Bien,
c'est quand même important. Et on parle, là, d'un 7,6 %. Puis on comprend,
là, que c'est une municipalité qui n'a pas nécessairement beaucoup de
ressources d'ailleurs, qui ont dû subir une forte hausse de taxe pour être
capables d'offrir les services de 16 %. Si j'y ajoute ça, là, on vient de
parler de 23 % de hausse de taxe d'une année à l'autre. Alors, c'est pour
ça que, quand je parlais du principe de compensation, là, sur la quatrième
année, là, c'est tout simplement qu'on a pelleté en avant les trois premières
années, là. Alors... Et là ces municipalités-là vont faire face à ça.
Et l'agriculture, puis la fédération
québécoise tantôt l'a bien dit, hein, nous sommes 100 % d'accord avec eux,
l'agriculture, c'est une responsabilité collective à tous. Pourquoi on va
demander aux gens de Saint-Roch, où l'agriculture est dynamique, aux gens de
Calixa-Lavallée, aux gens de Verchères, aux gens de Richelieu de dire :
Vous autres, là, dans le village, vous allez payer plus cher parce que votre
milieu agricole est plus dynamique, alors que nos Montréalais, bien, ils
n'auront pas cette contribution-là à faire parce qu'ils ne font pas face à ça.
Si on veut vraiment aider nos agriculteurs, s'il y a un message positif à
lancer, c'est que ça appartient à l'ensemble du Québec, que c'est une ressource
importante pour l'ensemble du Québec, et qu'on le mette dans l'ensemble du programme.
Je pense que, ça, c'est un message fort à laisser à nos agriculteurs, plutôt
que, là, aller se chicaner localement avec nos agriculteurs puis nos villageois
parce qu'on va se passer une facture.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Bonaventure.
M. Roy
: Merci.
C'était très clair.
Mme Roy (Suzanne) :
Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Très bien. Donc, sur ce, je vous remercie pour votre contribution aux travaux
de la commission. Et je vais suspendre les travaux quelques instants afin de
permettre aux représentants des producteurs de grain du Québec de prendre
place.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
(Reprise à 17 h 28)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Et juste avant de vous présenter notre
nouveau groupe, M. le ministre, je crois que vous aviez un dépôt de documents à
faire en lien avec le groupe précédent.
M. Lamontagne : Oui, M.
le Président. J'ai fait allusion à la lettre que la Communauté métropolitaine
de Montréal m'a fait parvenir, alors je voudrais la déposer, là, à la
commission.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Il y a consentement? Très bien. Donc, merci, et vous pareillement.
Alors, maintenant, je cède la bienvenue
aux représentants des Producteurs de grains du Québec, en vous rappelant que
vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé et je vous invite à
vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent, puis vous pourrez
procéder à une période d'échange avec les membres de la commission après votre
exposé. La parole est à vous.
M. Overbeek (Christian) :
Merci, M. le Président. M. le ministre et distingués membres de la commission,
je suis Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Alain Gervais et de
M. Pierre Murray, dignes membres de notre comité exécutif.
Nous représentons quelque
9 500 producteurs et productrices de grains présents dans toutes les
régions du Québec. Ces grains sont principalement des céréales, dont le maïs,
le blé, l'orge et l'avoine, ainsi que des oléagineux et protéagineux tels que
le soya et le canola. Cultivés sur près de 1 million d'hectares de terres,
ils génèrent un chiffre d'affaires annuel d'environ 1,3 milliard de
dollars. La production de grains est ainsi le troisième secteur agricole
québécois en importance. En plus de contribuer à nourrir l'ensemble des autres
productions, ces denrées contribuent à une saine alimentation humaine ainsi
qu'à l'épanouissement de l'économie québécoise.
Merci de nous recevoir aujourd'hui afin de
nous permettre de vous présenter notre point de vue et nos recommandations
concernant le projet de loi n° 48. Nous concentrerons notre exposé
d'aujourd'hui sur les aspects du projet de loi qui concernent le programme de
crédit de taxes foncières agricoles que nous nommerons «le programme» pour plus
de simplicité. Avant d'aller plus loin, il est important rappeler d'où vient ce
programme et à quoi il sert.
• (17 h 30) •
Comme dans le cas de plusieurs propriétés,
les producteurs agricoles paient des taxes foncières. Or, la taille relative et
l'utilisation de nos terres n'ont strictement rien à voir avec un usage
résidentiel, commercial ou manufacturier. Notons toutefois que les terres
agricoles sont taxées au niveau municipal alors que la majorité des actifs de
production des autres...
17 h 30 (version non révisée)
M. Overbeek (Christian) : …la
propriété des producteurs agricoles paient des taxes foncières. Or, la taille
relative et l'utilisation de nos terres n'ont strictement rien à voir avec un
usage résidentiel, commercial ou manufacturier. Notons toutefois que les terres
agricoles sont taxées au niveau municipal, alors que la majorité des actifs de
production des autres industries en sont exemptés. Cela dit, en proportion de
leur taille, nos terres ne reçoivent à peu près pas de services municipaux.
Même, nous en payons le prix. Dit autrement, un producteur de grains paie des
taxes élevées basées sur la valeur de sa terre, même s'il ne reçoit à peu près…
ou peu de services pour cette terre. Cette situation engendre une importante
iniquité fiscale. Comme vous le verrez plus en détail dans quelques instants,
le programme vise à corriger en partie cette situation.
Par ailleurs, la question de la valeur des
terres agricoles a fait couler beaucoup d'encre ces dernières années. Même
après d'importants travaux, le problème n'a pas été réglé durablement. Chose
certaine, la valeur commerciale des terres est à la hausse et le phénomène ne
semble pas en voie de se résorber. Je me permets de vous signaler à ce moment
qu'une terre qui vaut plus cher à un moment donné ne produit pas davantage que
l'année précédente. D'ailleurs, sur le terrain, très peu de terres sont
vendues. Ce n'est donc pas un facteur d'enrichissement des producteurs, bien au
contraire. En effet, comme les taxes foncières sont basées sur la valeur
commerciale des terres, c'est donc dire que les producteurs doivent payer des
taxes dont les fluctuations sont essentiellement basées sur des facteurs
spéculatifs. Pire encore, cette analyse ne tient pas compte de la vente ou du
transfert à la relève, réalisé en une fraction des prix considérés par
l'évaluation actuelle. Au final, cela crée une pression à la hausse sur la
valeur considérée pour la taxation des terres agricoles, qui deviennent valeur
spéculative et non économique ou agronomique.
Revenons maintenant au programme qui est
l'objet de modifications par l'intermédiaire du projet de loi n° 48. Ce
programme permet essentiellement de compenser les producteurs pour le paiement
de taxes foncières aux municipalités, taxes… n'ont rien à voir avec leur
réalité de producteurs, que ce soit sur le plan économique ou simplement de
l'équité fiscale. Il importe de rappeler que le programme couvre seulement une
part des taxes foncières. À titre d'illustration, une terre dont la valeur
commerciale d'environ 1 million de dollars en vertu du programme serait
taxée comme si elle était de la même valeur qu'une maison unifamiliale, par
exemple, d'environ 150 000 $. Mais la terre est taxée tout de même.
Au net, les entreprises agricoles du Québec versent plus de 67 millions en
taxes municipales et scolaires annuellement. La balance est assumée par le
programme. Cela dit, malgré l'existence du programme, les taxes assumées par
les entreprises agricoles ont crû de plus de 180 % depuis 2007, le tout
même si cette terre ne bouge pas, consomme peu de services et n'est utilisée
que pour la production de grains. Cette situation problématique fait également
en sorte d'augmenter la place de la production agricole dans l'assiette fiscale
des municipalités. À notre connaissance, le Québec est le seul endroit où il a
été décidé de rembourser, à travers un programme provincial agricole, une
portion des taxes payées par les entreprises agricoles aux municipalités.
Ailleurs, les entreprises agricoles bénéficient directement d'un traitement
fiscal ajusté et adapté.
Et bien que les PGQ apprécient le… Cela
étant dit, et bien que les PGQ apprécient le travail effectué par le ministre
avec ce projet de loi, nous aimerions suggérer quelques améliorations. D'abord,
le projet de loi n° 48 perpétue le problème de fond, à savoir que la
fiscalité agricole doit être révisée afin d'atteindre une meilleure équité sans
mettre en péril les finances de la municipalité. Ce programme ressemble à une
aspirine. Ça soulage temporairement, mais ça ne guérit pas la maladie. À notre
avis, une réforme complète du système de taxation foncière pour les
agriculteurs doit être réalisée conjointement avec les acteurs du milieu. Parmi
les éléments à examiner prioritairement, un taux de taxation distinct pour le
secteur agricole devrait être envisagé. De même, le plafond d'imposition
devrait être libéré de la contrainte des facteurs commerciaux et se baser
davantage sur la valeur agronomique des terres. Ces éléments nous semblent
fondamentaux.
Maintenant, si nous devons pour le moment
continuer à vivre avec ce programme, il est important d'examiner d'autres
particularités. Parmi celles-ci, nous relevons principalement le plafonnement
des dépenses du programme, ce qui fait que les producteurs assument seuls les
effets de la hausse de la valeur des terres dans le programme actuel. Nous
relevons aussi l'absence de plafond de taxation des actifs agricoles pour les
municipalités, qui représente une menace constante pour les producteurs. Et
enfin, vous avez certainement entendu parler de la complexité administrative de
ce programme, qui a fait les manchettes ces dernières années. En ce sens, notre
compréhension est que le principe du projet de loi vise à corriger ces défauts
importants, et nous appuyons donc le principe du projet de loi n° 48. Cela
dit, nous nous opposons formellement à l'idée que ce programme soit…
M. Overbeek (Christian) :
...vous avez certainement entendu parler de la complexité administrative de ce
programme, qui a fait les manchettes ces dernières années. En ce sens, notre
compréhension est que le principe du projet de loi vise à corriger ces défauts
importants, et nous appuyons donc le principe du projet de loi n° 48.
Cela dit, nous nous opposons formellement
à l'idée que ce programme soit considéré comme une aide aux producteurs, avec
pour conséquence que la hausse du prix des terres tende à faire diminuer à
chaque année le soutien à l'agriculture. En réalité, ce programme est une aide
qui finit sa course dans les coffres des municipalités du Québec.
Plus important encore, comme nous vous l'avons
exposé, ce programme est en place afin de pallier à une structure de taxation
qui est déficiente. En ce sens, nous recommandons que le programme relève des
crédits budgétaires alloués aux municipalités et non au secteur agricole.
Le dépôt de projet de loi n° 48 par
le ministre de l'Agriculture est un pas dans la bonne direction. Selon notre
analyse de ce projet de loi, le gouvernement souhaite corriger certains
défauts, ce qui est fort louable. Cependant, nous croyons que le gouvernement
doit se pencher sur une réforme complète du système de taxe foncière pour les
agriculteurs.
Afin qu'on se comprenne bien, nous voulons
continuer de contribuer au développement de nos municipalités, mais de façon
équitable. Nous sommes d'avis que nous pouvons en faire davantage tous
ensemble. Surtout, nous souhaitons demeurer un milieu compétitif pour assurer
un développement économique profitable à tous.
Avant de terminer, nous ne pouvons pas
passer sous silence la volonté du gouvernement de maintenir un comité de suivi
avec les instances municipales et le milieu agricole. C'est un des engagements
pris à l'endroit du secteur des grains ... lors de la dernière campagne
électorale, et nous tenons à le souligner d'une façon très positive.
Voici donc le résumé de nos recommandations
concernant le projet de loi lui-même ainsi que le programme principal auquel il
fait référence : que l'Assemblée nationale adopte le principe du projet de
loi n° 48, que le programme crédits de taxes foncières agricoles relève
des crédits budgétaires alloués à l'aide aux municipalités, et non aux crédits
budgétaires alloués à l'aide aux agriculteurs, qu'une réforme complète du
système de taxation foncière pour les agriculteurs soit réalisée conjointement
avec les acteurs du milieu, que l'application d'un taux distinct pour le
secteur agricole soit obligatoire pour l'ensemble des municipalités et que le
mode d'indexation du plafond d'imposition soit basé sur une valeur agronomique
plutôt que sur l'augmentation moyenne de la valeur des terres.
Merci de votre attention. Nous serons
heureux de répondre à vos questions.
Le Président (M. Lemay) :
Très bien. Donc, avant de céder la parole aux membres de la commission pour une
période d'échange, j'aimerais savoir si c'est possible de faire le dépôt de vos
notes d'allocution?
M. Overbeek (Christian) :
Bien, les miennes sont barbouillées, là, mais...
Le Président (M. Lemay) :
Non, non, mais...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Overbeek (Christian) :
On va trouver une solution.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, vous pouvez transmettre une version électronique au secrétariat, qui en
fera la distribution aux membres de la commission.
M. Overbeek (Christian) :
On nous fait signe que oui.
Le Président (M. Lemay) :
Très bien, merci beaucoup. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Lamontagne : Oui.
Bonjour, M. Overbeek, messieurs. Merci de votre présence en commission.
Écoutez, j'apprécie les commentaires que
vous avez faits. Avant vous, on a les gens de la Fédération québécoise des
municipalités qui nous ont fait état qu'ils considéraient que le projet de loi
était inéquitable puis qu'il allait desservir les grands producteurs et les
intérêts particuliers. Puis là j'aimerais vous entendre un petit peu, voir
qu'est-ce que vous comprenez de ces commentaires-là ou qu'est-ce que...
M. Overbeek (Christian) :
Moi, je vous dirai, là, que...
Le Président (M. Lemay) :
Allez-y.
M. Overbeek (Christian) :
Oui. Je vous dirai, là, que j'ai eu quand même une certaine difficulté à bien
comprendre les propos que j'ai entendus tantôt, là, mais ce n'était pas à mon
tour, là, de lui parler, mais...
Moi, je veux revenir aux aurores du
programme. À tous les débuts du programme, aux aurores, au début du programme,
de l'existence du programme, c'était pour corriger une inéquité fiscale parce
que le gouvernement provincial avait reconnu que les apports financiers
demandés auprès des agriculteurs via leur valeur de taxation des actifs
agricoles devenaient inéquitables en fonction des services qui étaient rendus
par les municipalités avec les proportions, là, d'assiette fiscale qui
existaient, là, au début du programme. Puis je pense qu'au fil du temps tout le
monde a bien constaté que l'évolution de la valeur des maisons unifamiliales, des
usines, des bâtiments agricoles et des terres agricoles n'ont pas suivi la même
tendance ou la même rapidité en termes d'augmentation.
Et c'est facile de conclure à la fin qu'on
peut qualifier, là, d'un transfert fiscal vers les actifs agricoles dans les
recettes monétaires des différentes municipalités juste par l'imposition à un
même taux de taxation entre une maison unifamiliale et un actif agricole. Donc,
j'ai eu comme un peu de misère, là, à comprendre que les résidences du village
étaient en train de subventionner, là, les actifs, là, de la campagne. C'est
plutôt le contraire.
• (17 h 40) •
M. Lamontagne : Mais plus
loin que ça un peu, parce que c'est certainement qu'on a...
M. Overbeek (Christian) :
...puis un actif agricole. Donc, j'ai eu comme un peu de misère, là, à
comprendre que les résidences du village étaient en train de subventionner, là,
les actifs, là, de la campagne. C'est plutôt le contraire.
M. Lamontagne : Mais plus loin
que ça un peu, parce que c'est certain qu'on a 25 000 producteurs
agricoles qui sont enregistrés puis qui peuvent bénéficier du programme, selon
vous, le projet de loi qui est déposé, là, si, demain matin, on devait
l'adopter et l'appliquer, là, est-ce qu'il favorise en particulier des grands
producteurs? Est-ce qu'il favorise... Ou vous pensez que c'est un projet de loi
qui, dans les zones concernées, et tout ça, là, qui va avoir un impact
équivalent pour tous les types de producteurs ou...
M. Overbeek (Christian) :
...que la portée du projet de loi n° 48 est équitable
puisqu'elle rend un service commun à l'ensemble des entreprises agricoles.
Puis, comme c'était indiqué tantôt, il y a quand même des éléments contenus
dans la réforme qu'on se doit d'accueillir de façon positive, mais on demeure quand
même en attente ou en appétit sur d'autres changements qu'on a discutés ou
présentés, là, dans les années précédentes.
M. Lamontagne : Dans un autre
registre, M. Overbeek, on a l'Union des municipalités qui a amené l'idée
de lier un peu, d'amener un facteur d'écoconditionnalité qui serait lié aux
remboursements, là, dans le cadre du Programme de crédit de taxes foncières
agricoles, au niveau des bandes riveraines, au sens où si... Rapidement, là,
sans aller dans le détail, mais l'esprit de ce qu'ils ont dit, c'est
qu'advenant qu'on aurait des producteurs agricoles qui ne respectent pas les
bandes riveraines puis ils seraient trouvés en infraction avec les dispositions
qui sont demandées sur les bandes riveraines, bien, d'imposer que ces gens-là
ne puissent pas avoir accès au programme pendant un temps x, là, mettons,
là. Ça fait qu'on...
Les gens de... Les producteurs de grains,
vous êtes des gens de grandes cultures. La question des bandes riveraines,
c'est certainement quelque chose qui est présent dans votre quotidien puis
présent dans le quotidien de tous vos membres, là. Comment vous accueillez une
proposition comme ça de l'Union des municipalités?
M. Overbeek (Christian) :
Bien, je pense que quand même, là, pas très différente de la réalité actuelle
des producteurs de grains, dans le sens, là, qu'on se doit de respecter
l'ensemble des règles d'écoconditionnalité de l'ensemble des programmes
gouvernementaux, je vous dirai, d'une façon plus particulière, là, des
programmes qui sont offerts par La Financière agricole. Donc, de facto,
les producteurs ont à respecter, là, l'ensemble des lois, là, qui protègent le
mieux possible, là, les éléments environnementaux.
Puis je vous dirai que les producteurs de
grains, puis on a encore fait un exercice, la semaine passée, d'identification
des besoins en recherche, les producteurs de grains sont toujours à l'affût de
nouvelles connaissances pour pouvoir les transposer dans leurs activités agricoles.
Et, un des éléments qui a été discuté la semaine passée, là, c'est comment
améliorer le respect mais surtout l'efficacité de la bande riveraine qui se
doit d'être présente, là, dans les milieux agricoles et autres milieux.
M. Lamontagne : Bien, mettons,
arrivés à un point où on dirait... il y aurait vraiment un lien qu'on ferait
entre le respect des bandes agricoles puis le respect des bandes...
c'est-à-dire, le respect des bandes riveraines et puis l'éligibilité au
Programme de crédit de taxes foncières agricoles, est-ce que c'est quelque
chose que les producteurs de grains accueilleraient favorablement si c'était
bien balisé et bien encadré, là?
M. Overbeek (Christian) :
...bien, comme je vous l'ai dit, c'est un concept, là, qui est correct à être
mis en place, mais dans la mesure où de nouvelles connaissances viennent en
aide aux producteurs, là, à améliorer en même temps l'efficacité des bandes
riveraines. Donc... recherche de nouvelles connaissances pour que nos gestes
portent le meilleur fruit possible.
M. Lamontagne : Excellent.
Dans vos recommandations, vous mentionnez... vous voulez soustraire, si on
veut, du chapeau du MAPAQ la question du programme de compensation pour
fiscalité agricole puis d'envoyer ça dans les municipalités, mais, en réalité,
l'UPA demande que ça demeure sous le MAPAQ. Vous parlez-vous? Ou comment vous
conciliez votre demande puis la demande l'UPA ou...
M. Overbeek (Christian) :
Bien, nous, là, le point de vue des producteurs de grains, c'est qu'on ne veut
pas que la société civile en général vienne dire que les producteurs sont
largement subventionnés dans le paramètre de la taxation fiscale municipale
puisqu'on...
Comme on l'a dit dans le texte, l'argent
qui est prévu au programme, les crédits qui sont prévus au programme sont
versés directement dans les coffres des municipalités. Ça ne passe même pas
par...
M. Overbeek (Christian) :
...dans le paramètre de la taxation fiscale municipale, puisque, comme qu'on
l'a dit dans le texte, l'argent qui est prévu au programme, les crédits qui
sont prévus au programme sont versés directement dans les coffres des
municipalités. Ça ne passe même pas par l'entremise, là, de la main du
producteur. Puis c'est pour corriger une iniquité fiscale à sa base même. Si
des actifs agricoles étaient bien taxés puis qu'il y ait un programme de
compensation directement entre le gouvernement et des municipalités, il n'y
aurait pas lieu d'avoir ce programme de crédit de taxe foncière parce qu'on
n'aurait pas à subventionner des taxes qui seraient correctement établies.
M. Lamontagne : Dernier point,
M. Overbeek. Quand vous parlez de l'indexation du plafond qui est proposée,
vous savez que ce mécanisme d'indexation là va être prévu par réglementation,
après ça, il va y avoir un comité de suivi aussi qui... Tu sais, l'idée,
là-dedans, c'est qu'on attache quelque chose, puis qu'on le suive, puis que
s'il y a des corrections à faire, qu'on les fasse. Mais si vous avez à nous
donner des recommandations, comment vous verriez cette indexation-là qui
viendrait soutenir la pertinence du geste qu'on pose, mais aussi toujours dans
un contexte aussi d'équité, là, tu sais, contribuables, puis tout ça, là?
Quelle approche vous verriez pour l'établissement de...
M. Overbeek (Christian) : Je
pense que l'imposition d'un plafond de taxation sur les terres agricoles est
une mesure temporaire. Je pense qu'à sa finalité il faut s'assurer que le fonds
de terre soit taxé correctement à sa base. Donc, l'idée peut paraître correcte,
mais c'est en attendant la bonne façon de taxer le fonds de terre. Puis au
niveau de l'indexation, reprendre l'exercice sur une base triennale va apporter
peu d'effets et va continuer à maintenir l'exaspération des agriculteurs quand
ils reçoivent leurs comptes de taxes municipaux.
M. Lamontagne : C'est bon pour
moi.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Donc, je cède maintenant la parole au député de Bourget.
M. Campeau : J'ai juste une
question : Quel effet ça aurait, selon vous, à court terme et à long
terme, d'utiliser la valeur agronomique plutôt que la valeur marchande d'un
terrain?
M. Overbeek (Christian) : Ça
aurait probablement un impact plus grand que celui qui est prévu dans le projet
de loi n° 48. Le défi d'une valeur agronomique, c'est
d'en connaître ses paramètres. Puis, dans les discussions qu'on a eues
antérieurement avec plusieurs membres de l'Assemblée nationale, c'est de
vouloir mettre en place un système de taxation qui... je me répète, là, mais
l'exercice qu'on a fait, là, je dirai, depuis les 15 dernières années, c'est de
s'assurer d'avoir un système de taxation qui est équitable sur les actifs
agricoles. Puis, quelle que soit sa valeur de référence, à la fin de
l'exercice, les producteurs sont prêts à payer leur juste part de taxation
municipale en fonction des services qu'ils ont reçus ou qu'ils ont demandés.
M. Campeau : Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. Mme la députée de Laviolette—Saint-Maurice, la parole est à vous.
Mme Tardif : Merci. Pour des
fins de compréhension pour l'ensemble du public qui vous écoute, vous souhaitez
que le mode de taxation soit basé sur la valeur agronomique. Quelle est la
différence entre la valeur foncière, qui est évaluée par un évaluateur, et la
valeur agronomique, qui découle d'un agronome, j'imagine, de par son nom, et
peut-être que je suis complètement à côté de la track, comme on dit, là? Est-ce
que c'est plutôt relié au type de production? En fait, ce que je veux savoir,
c'est pourquoi... Justifiez-moi et aidez-nous, là, à comprendre pourquoi ça
serait et en quoi ça serait avantageux que ce soit sur cette valeur-là que ce
soit... que le taux de taxe soit basé.
• (17 h 50) •
M. Overbeek (Christian) : La
valeur agronomique, elle va souvent être référée, en transfert de la ferme, là,
entre deux générations, ou entre deux générations qui sont apparentées, ou
entre deux entités familiales, puisque l'entité exploitrice n'a pas de relève
en tant que telle. Et cette valeur-là est généralement reconnue. La
problématique entre la valeur foncière actuelle et la valeur agronomique, c'est
que, présentement, quand c'est le temps de faire l'évaluation des actifs agricoles,
on ne retient que les ventes entre personnes...
M. Overbeek (Christian) :
...n'a pas de relève en tant que tel et c'est... cette valeur-là est
généralement reconnue. La problématique entre la valeur foncière actuelle et la
valeur agronomique, c'est présentement, quand c'est le temps de faire
l'évaluation des actifs agricoles, on ne retient que les ventes entre personnes
non apparentées. Donc, principalement, comme ça a été qualifié par le groupe
précédent, basé sur des valeurs plutôt spéculatives que plutôt sur une
rentabilité à 100 % d'entreprises.
Donc, là, une entreprise, là, je vous
dirai, qui est en... qui a un désir de vouloir s'agrandir va toujours être
prête à payer un prix supplémentaire que quelqu'un qui a assumé pleinement son
achat, a une capacité de remboursement qui est plus élevée. Et c'est une
distinction qui est importante dans le système actuel, de ne pas prendre en
considération les valeurs de transaction entre des gens apparentés.
Mme Tardif : Donc, malgré
l'appellation, ça n'a pas rapport à la production agricole et ça n'a pas
rapport à un agronome non plus, c'est une valeur réelle de vente qui se fait
entre parents. C'est ça, la valeur agronomique, qui est souvent, par
obligation, plus basse qu'une valeur spéculative, bien entendu.
M. Overbeek (Christian) :
Elle serait plus près.
Mme Tardif : C'est ça. Ça
n'a pas rapport au terme... «agronomique» ne réfère pas à «agronome» ou à
«production», pas du tout. C'est ça.
M. Overbeek (Christian) :
Regardez, madame, là, de...
Mme Tardif : Je comprends,
mais... je veux juste comprendre.
M. Overbeek (Christian) :
Non, non, mais de par ma formation en agroéconomie, moi, j'aime ça placer le
mot «agronomique» une fois de temps en temps.
Mme Tardif : Ça fait qu'on
parle de la même chose?
M. Overbeek (Christian) :
Oui, madame.
Mme Tardif : Parfait,
merci. Je vais y revenir, c'est un très beau terme, merci beaucoup. Je ne
remets pas en question l'appellation du tout, là.
Le Président (M. Lemay) :
Alors, ceci termine ce bloc d'échange. M. le député...
Une voix: ...
Le Président (M. Lemay) :
Il reste un peu de temps. M. Gervais, vous pouvez y aller.
M. Gervais (Alain) :
Juste pour compléter sur les transactions familiales entre la parenté puis tout
ça. Dans le programme d'évaluation des fonds de terre, c'est pour tenir compte,
comme M. Overbeek a dit, et il y a... en tout cas, plus ou moins 15 %
à 20 % des transactions qui sont prises en compte pour faire l'évaluation
des fonds de terre. Il y a pratiquement 80 % des transactions agricoles
qui sont faites dans les familles puis ce n'est pas tenu en compte lors du
programme d'évaluation du municipal. Ça fait qu'il y a une problématique là,
mais il y a l'autre problématique après.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. Gervais. Sur ce, je cède la parole à la députée de Maurice-Richard.
Mme Montpetit : Je vous
remercie, M. le Président. Bonjour à M. Murray, bonjour à vous trois,
merci d'être là avec nous en ce début de consultations sur le projet de loi.
Votre intervention est très claire et maintenant qu'on sait qu'on aura une
version de votre allocution annotée ou pas, on pourra en prendre encore
davantage connaissance. J'aurais des questions sur des propositions qui ont été
faites pour bonifier le projet de loi n° 48 qui ne sont pas vos
propositions directement, mais je suis certaine que vous avez une opinion sur
celles-ci.
Comme proposition, il y a eu celle
d'établir la valeur du plafond de taxation à l'hectare à la moyenne de la
valeur des terres du Québec et indexer cette valeur selon l'IPC pour les années
subséquentes. En lien, évidemment, avec le fait que, si je ne me trompe pas,
c'est entre 8 % et 12 % d'augmentation du prix de la valeur des
terres annuellement, là, dans les dernières années. J'aimerais ça vous entendre
sur le fait... si vous êtes favorable, dans le fond, à cette bonification-là et
si vous y voyez un manque à bonifier, dans le fond, au niveau du projet de loi
qui est devant nous.
M. Overbeek (Christian) :
Comme je l'ai dit précédemment, notre souhait ultime, c'est d'être taxés selon
les services rendus sur les actifs agricoles. Tout moyen temporaire, en
attendant que cela arrive, est quand même bienvenu puis une indexation à l'IPC plutôt
qu'une indexation sur l'évolution de la valeur des fonds de terre nous amène
vers cet élément-là. Mais vous comprendrez, là, qu'on... il ne faut pas que ça
soit la dernière solution appliquée. Ce sont des mesures qu'on considère ou
qu'on souhaite temporaires.
Mme Montpetit : Parce que...
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée de Maurice-Richard, juste pour vous mentionner
que le document est sur le site Greffier.
Mme Montpetit : Il vient
d'être ajouté?
Le Président (M. Lemay) :
Oui.
Mme Montpetit : Merci. Parce
que... est-ce que... dans le fond, le projet de loi qui est déposé par le
ministre, est-ce qu'il est... est-ce qu'il vous apparaît pérenne? Est-ce qu'il
règle un problème, justement, à long terme ou assez rapidement? Tu sais,
comment vous voyez la longétivité de son application? Est-ce que, dans un an,
deux ans, trois ans, quatre ans, on se retrouve avec un problème qui est encore
très présent? Est-ce qu'il y a des ajustements, justement, particulièrement...
Mme Montpetit : ...pérenne. Est-ce
qu'il règle un problème, justement, à long terme ou assez rapidement? Tu sais,
comment vous voyez la longévité de son application? Est-ce que, dans un an,
deux ans, trois ans, quatre ans, on se retrouve avec un problème qui est encore
très présent? Est-ce qu'il y a des ajustements, justement, particulièrement au
niveau des articles qui vont devoir être faits? Comme parlementaires, on aura
des discussions en étude détaillée. J'imagine qu'il y a des éléments,
peut-être, qui vous ont apparu, qui devraient être bonifiés plus
spécifiquement, là.
M. Overbeek (Christian) :
C'est certain qu'un des éléments sécurisants, c'est l'enlèvement du plafond des
crédits budgétaires. Ça, je pense, c'est un élément qui est extrêmement
réconfortant pour les producteurs. Mais, quand on se dit que ça va être
réconfortant, c'est qu'en même temps ça amène l'autre côté de la médaille, là,
qui fait que ça va être encore un programme qui va être extrêmement exigeant en
termes de crédits budgétaires auprès du gouvernement provincial, parce qu'à sa
base même, les actifs agricoles ne sont pas encore, là, suffisamment bien
taxés. Et, tant que cet élément-là ne se retrouvera pas en équilibre, une
justesse dans l'équité fiscale des actifs agricoles, avec le restant de
l'assiette fiscale des différentes municipalités, ce programme-là va demeure à
propos. Mais, comme je vous dis, au tout début de ce programme-là, il y a eu
une reconnaissance de l'iniquité fiscale. Qu'est-ce qui est plate à constater,
là, après plusieurs dizaines d'années, c'est que les crédits sont en forte
augmentation, ce qui indique directement que l'iniquité a été grandissante au
fil des années. Et la part assumée par les producteurs a aussi été en
croissance exponentielle, de la même façon que les crédits du programme
lui-même. C'est ça, je pense que l'objectif devrait... Ça devrait être
l'objectif à atteindre, ultimement.
Puis, comme on l'a dit, le projet de loi
n° 48 est un pas dans la bonne direction, mais c'est comme une longue
marche, il y a d'autres pas à faire encore par après. Mais, au moins, ça a
commencé, je pense que c'est ça qui est important.
Le Président (M. Lemay) :
...Gervais veut faire un complément. Allez-y.
Mme Montpetit : Oui, oui,
absolument.
M. Gervais (Alain) : Oui,
c'est... Oui, merci. Puis je veux revenir aussi sur l'histoire de l'iniquité
entre le monde agricole, urbain et toute cette problématique-là. C'est que, là,
tantôt l'union municipale est arrivée avec ses arguments. C'est parce que, nous
autres, l'iniquité, là, ça fait 10 ans, là, qu'on la vit, qu'elle augmente
tout le temps. C'est sûr que, si on prend le portrait à matin, on dit :
Bon. Là... municipalité qui... Parce que, tantôt, l'union municipale a fait
référence à certaines municipalités. Je suis à Saint-Denis-sur-Richelieu. Il y
a 10 ans, les producteurs agricoles de la municipalité, le monde agricole,
apportaient 22 % des taxes à la municipalité. Avec le remboursement des
taxes et les montants que les producteurs payaient, la municipalité, l'assiette
de revenus, c'était 22 % que le monde agricole apportait à la
municipalité. Cette année, avec le nouveau rôle d'évaluation, on apporterait
44 % des revenus de la municipalité, le monde agricole. Heureusement, la
municipalité est allée vers un taux varié, mais pas à la hauteur qu'elle aurait
dû aller. Le monde... Mon garçon a une maison dans le village, il a zéro
augmentation de taxe pour cette année, zéro. Au net, il paie... Sur
2 000 $ de taxes, il n'a pas un dollar d'augmentation. Les
70 propriétaires fonciers, on va apporter, avec l'aide du MAPAQ,
145 000 $. Puis on nous dit que c'est équitable. Ça fait que
l'iniquité, elle est déjà faite sur notre bord. Quand les municipalités
disent : Bien là, c'est inéquitable, parce que, là, il va falloir retaxer
d'autre monde, d'autre... bien, on l'a déjà fait sur notre bord. C'est un
commentaire.
• (18 heures) •
Mme Montpetit : On a abordé,
avec le groupe qui vous précédait, la question des bandes riveraines. Je
profiterais de l'occasion. Parce que, la dernière fois que vous êtes venus en
consultation devant la commission, c'était dans le... sur la question... dans
le mandat d'initiative sur les pesticides, et vous aviez, à cette occasion,
abordé la question, justement, de la fiscalité, d'éviter, dans le fond...
qu'une des solutions, au niveau des bandes riveraines, ce serait de ne pas
taxer la partie sur laquelle, dans le fond, si je ne me trompe pas, là... Je ne
veux pas vous mettre des propos en bouche, là, vous me direz si ce n'était
peut-être pas ça, mais que... c'était de ne pas... d'exclure, dans le fond, de
la valeur ou de ne pas taxer la partie bande riveraine, puisque vous ne pouvez
pas la cultiver… vous ne pouvez pas l'exploiter, dans le fond, vous ne pouvez
pas la cultiver. Si je ne me trompe pas, c'est bien ce que vous aviez présenté.
Puis là on ne le retrouve pas dans un… c'est un projet qui vient quand même...
18 h (version non révisée)
Mme Montpetit : …que c'était de
ne pas… d'exclure dans le fond de la valeur ou de ne pas taxer la partie bande
riveraine, puisque vous ne pouvez pas la cultiver… vous ne pouvez pas
l'exploiter, dans le fond, vous ne pouvez pas la cultiver. Si je ne me trompe
pas, c'est bien ce que vous aviez présenté, puis là, on ne le retrouve pas dans
un… c'est un projet qui vient quand même corriger certains aspects au niveau de
la fiscalité agricole. Est-ce que ce ne serait pas l'occasion… puis si… bien
nous rafraîchir à ce concept-là, mais ce serait peut-être l'occasion de venir
répondre à cette demande?
M. Overbeek (Christian) : Là,
on fait référence à une mémoire. Vous savez que la mienne est défaillante. Puis
je vous avouerai, là, que je suis incertain, là, mais regardez, là, si vous
affirmez qu'on l'a dit, là, je vais le prendre comme ça. Et nous aujourd'hui,
on s'était concentrés sur le projet de loi n° 48 puis les éléments qu'on
voulait y apporter, là, comme bonification, là, auprès du programme, puis on ne
voulait pas le mettre en fonction ou en relation avec de l'écoconditionnalité
ou autre élément.
Moi, je veux juste vous affirmer que les… en
ce qui concerne les bandes riveraines, les producteurs ont un souhait de
réduire leur empreinte environnementale de par leurs activités agricoles. Et si
les bandes riveraines sont une solution durable et efficace, ils vont être
présents puis ils vont continuer à les améliorer, les bandes riveraines. Mais
c'est en fonction des connaissances qu'on reçoit, puis je vous avouerai que
comme agriculteur, dans les 15 dernières années, on m'a suggéré différentes
façons de construire et d'aménager et d'entretenir des bandes riveraines. C'est
au fil des connaissances qu'on fait tout ça, là.
Mme Montpetit : Bien, si
jamais la mémoire vous revient, n'hésitez pas à nous le soumettre, à nous le
resoumettre. Ou on retournera voir dans le mémoire que vous aviez déposé à
l'époque. Mais ce que vous aviez souligné justement, c'était une perte de
productivité pour cette bande-là, puis qu'il était intéressant d'avoir des
aspects d'écoconditionnalité. Comme on est sur un projet de loi sur la
fiscalité, ça s'appliquait plus ou moins dans l'autre mandat, mais je pense que
ce serait de bon augure, si c'est une demande, de la réitérer, puisque c'est ce
qui va faire l'objet de notre étude détaillée.
Est-ce qu'aussi, tant qu'à être sur ce
sujet-là, en corollaire, l'UMQ qui était avant vous demandait justement qu'il y
ait une… si on veut, un lien qui soit mis entre certaines compensations
fiscales en lien avec le respect des bandes riveraines. Vous vous situez où par
rapport à ça, vos membres se situent où?
M. Overbeek (Christian) : Je
pense que j'ai répondu tantôt que le programme de crédit de taxe foncière, moi,
je pensais qu'il était assujetti de la même façon que les autres programmes de
soutien à l'agriculture, que les producteurs ont à respecter, là, un ensemble
de mesures de respect de protection de l'environnement, et que ces
programmes-là étaient assujettis à un principe d'écoconditionnalité. Donc, si
tu ne respectes pas les conditions de protection de l'environnement, tu viens
mettre un peu à mal, là, ton… voyons, ton… regarde, tu n'as pas accès à ça,
baptême. Je ne sais pas comment dire ça, là. Le mot me manque, madame, je
m'excuse.
Mme Montpetit : Il n'y a aucun
problème. C'est très clair. Ça va… on peut finir là-dessus.
M. Overbeek (Christian) : Je
n'ai pas accès, je n'ai pas accès.
Mme Montpetit : Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, M. Overbeek. Sur ce…
M. Leitão : Est-ce qu'il nous
reste du temps ou pas?
Le Président (M. Lemay) : Ça…
c'était… ça complétait la période avec l'opposition officielle. Donc, Mme la
députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, la parole est à vous.
Mme Lessard-Therrien : Merci,
M. le Président. Vous avez dit dans votre allocution d'introduction que pour
vous ce projet de loi là, c'était un peu une aspirine. Nous, on dit que c'est
un «plasteur». On ne vient pas régler en profondeur le problème. On parle
vraiment d'un programme. Pour nous, ce n'est pas une réforme. Puis on se
rejoint sur le fait qu'il faut réformer en profondeur ce programme-là, puis je
vous comprends très bien quand vous dites que les crédits devraient aller au
ministère des Affaires municipales, parce qu'il y a une très grande proportion
du budget du MAPAQ qui est allouée au remboursement des taxes foncières, ce qui
fait qu'on a l'air d'avoir un ministère qui a beaucoup d'argent, mais au bout
du compte, c'est versé directement dans le coffre des municipalités. Donc, je
vous comprends bien à ce niveau-là.
Tantôt, le précédent groupe, l'UMQ, qui
était là, nous parlait de la probablement de la spéculation dans certaines
régions, qu'on peut parfois traduire avec un phénomène qui s'apparente à
l'accaparement des terres, où de très grandes familles possèdent d'énormes
superficies. Au niveau du plafonnement, là, à 32 100 $ l'hectare, il
y avait M. Charbonneau qui avançait tantôt l'idée qu'à partir d'un moment
où tu es assez gros, bien, assume tes taxes toi-même quand tu es rendu à une
entreprise avec une certaine envergure. Puis quand on regarde les tableaux de La Financière
agricole du Québec, en ce moment, il n'y a pas une région…
Mme Lessard-Therrien :
...qui a avancé tantôt l'idée qu'à partir du moment où tu es assez gros, bien,
assume... assume tes taxes toi-même quand tu es rendu à une entreprise avec une
certaine envergure. Quand on regarde les tableaux de La Financière
agricole du Québec, en ce moment, il n'y a pas une région qui atteint cette
valeur-là en moyenne. Je comprends qu'il y a des entreprises que oui, mais, en
moyenne, on n'en est pas là. Donc, est-ce qu'il ne faudrait pas transformer
cette mesure-là par plutôt l'inverse? Je vous pose la question, là,
candidement. Au-delà de ce 32 100 $ l'hectare là, si on disait :
Bien, à partir de ce moment-là, ce n'est pas : Vous ne payez plus vos
taxes. C'est : Vous payez, vous assumez vos taxes à 100 % comme
mesure dissuasive pour favoriser que les entreprises soient davantage
diversifiées sur le territoire et qu'on ait... que la relève ait accès aux
terres. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Overbeek (Christian) :
Moi, je vous dirai, là, qu'on parle, ici, de modulation en termes de taxation.
On va parler, là, d'éléments de vérification administratifs qui vont, eux,
amener un certain niveau plus élevé de complexité dans la taxation. Moi, je
pense que, par un certain souci, je pense que c'est important que la machine
gouvernementale aspire à des éléments où les coûts administratifs doivent être les
plus bas possible. Moduler l'accès à des programmes gouvernementaux en fonction
de la taille de l'entreprise, je ne pense pas... C'était le propos, là, du
groupe précédent. Moi, j'avais cru comprendre qu'ils voulaient les moduler en
fonction des prix payés par chacune des unités acquises, qui est une formule
complètement différente, là.
Puis je m'inscris un peu en faux là-dessus
parce qu'une relève qui veut s'établir puis qui a besoin d'acheter un fond de
terre, il va falloir qu'il le paie au prix au prix du marché, en plus de celle
qu'il veut acquérir de sa propre famille. Puis il va être comme obligé de payer
un prix surélevé. Puis en plus on va lui dire : Bienvenue dans le club. Tu
vas payer une taxe municipale supplémentaire. Puis ça, je ne pense pas... Je
pense que c'est contre-productif à inviter une nouvelle relève, là, dans le
milieu agricole. Je pense qu'il y a d'autres façons de favoriser
l'établissement d'une relève diversifiée dans le paysage agricole que de tenter
de moduler l'accès au programme de crédit de taxes foncières ou de moduler...
Le Président (M. Lemay) :
...que ceci termine ce bloc d'échange. Je cède maintenant la parole au député
de Bonaventure.
M. Roy
: Merci, M.
le Président. Écoutez. Bon, je ne suis pas un fiscaliste, je ne suis pas
spécialiste du tout là-dedans, mais j'ai comme l'impression que... Je ne dirais
pas que c'est une boîte de Pandore, là, mais qu'il y a de quoi là, là, qui va
créer de la bisbille. Vous savez, tout à l'heure, bon, j'ai demandé à une dame :
Ça veut dire quoi, là, pour un résident, là? Elle m'a dit : 200 $
d'augmentation de taxe. Bon, c'est très, très pointu, un village quelconque.
Bien, il me semble que je vois la personne recevoir le compte de taxes puis se
virer devant... bien, regarder l'agriculteur dans le coin puis dire :
Est-ce que c'est toi, là? Est-ce qu'on n'est pas dans une situation où on va
assister à une émergence de rapports conflictuels entre le monde agricole puis
ceux qui... Et tout à l'heure, c'était le contraire, vous m'avez dit :
Votre fils n'a pas eu... Et là l'agriculteur va dire... Je ne sais pas, on
dirait qu'on s'en va vers quelque chose qui va amener énormément de conflits.
Et là on parlait d'un montant de 3 à 5 millions tout à l'heure. Ce n'est
pas... Il y a de quoi que je ne comprends pas dans tout ça. Le montant n'est
pas significatif par rapport à la problématique que ça va engendrer. Puis je ne
porte pas de jugement outre mesure sur ça, mais c'est une impression.
J'aimerais vous entendre sur le climat que ça peut engendrer.
M. Overbeek (Christian) :
Regardez, le climat est déjà malsain. Il y a déjà un clivage, là, entre les
producteurs et, mettons — lui, il a appelé ça les habitants au
village, là — mais entre les autres membres, là, les autres résidents
de la municipalité, là. Tout le monde reconnaît le fait que les producteurs,
là... Les producteurs paient amplement leur part, là, de l'assiette fiscale
municipale, malgré la présence du programme de crédit de taxes foncières et
malgré le projet de loi n° 48. L'iniquité est déjà existante. Qu'est-ce
qui serait frustrant, c'est qu'il y ait des gens qui pensent qu'en tentant de
corriger cette iniquité, ils se retrouvent pénalisés. Mais c'est quand même eux
qui bénéficient présentement d'une surcharge imposée auprès des agriculteurs.
Puis je vais reprendre, là, les propos, là, d'un directeur général d'une
municipalité de mon coin. Il dit : Tu as raison, mais d'un point de vue
démocratique...
M. Overbeek (Christian) :
...c'est quand même eux qui bénéficient présentement d'une surcharge imposée
auprès des agriculteurs. Puis je vais reprendre, là, les propos, là, d'un directeur
général d'une municipalité de mon coin. Il dit : Tu as raison, mais, d'un
point de vue démocratique, ça va péter, si on veut ramener une certaine forme
d'équité fiscale mal expliquée. C'est pour ça qu'on en revient à ce qu'il y ait
un programme gouvernemental qui vient aider à réduire les impacts dans la
correction de l'iniquité fiscale vers les municipalités, et, avec ça, tu
n'auras pas une pression supplémentaire sur les autres résidents que ceux
agricoles dans les municipalités.
M. Roy
: Merci
beaucoup.
Le Président (M. Lemay) :
Alors, merci beaucoup, M. Murray, M. Overbeek, M. Gervais, pour votre
contribution à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux jusqu'au
jeudi 6 février, après les affaires courantes, où elle poursuivra son mandat.
(Suspension de la séance à 18 h 11)