Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(début : 27 novembre 2018)
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Le
jeudi 28 novembre 2019
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Vol. 45 N° 32
Étude détaillée d'un projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus d’établissement des tarifs de distribution d’électricité
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-quatre minutes)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes présentes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Aujourd'hui, nous sommes réunis afin de procéder à l'étude du projet de loi n° 34, la Loi visant à simplifier le processus d'établissement
des tarifs de distribution d'électricité.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Bachand (Richmond) remplace M. Bélanger (Orford);
M. Bussière (Gatineau) remplace M. Campeau (Bourget); M. Leitão
(Robert-Baldwin) remplace M. Ciccone (Marquette); Mme Ghazal
(Mercier) remplace Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue); et
M. Gaudreault (Jonquière) remplace M. Roy (Bonaventure).
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Alors, lors de l'ajournement de nos travaux hier soir, nous en étions à
l'étude de l'article 22.0.1.1 tel qu'amendé proposé à l'article 2 du projet de
loi. Est-ce qu'il y a...
Le Secrétaire
: ...M. Leitão
(Robert-Baldwin) remplace M. Ciccone (Marquette), Mme Ghazal
(Mercier) remplace Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue) et M. Gaudreault
(Jonquière) remplace M. Roy (Bonaventure).
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Alors, lors de l'ajournement de nos travaux, hier soir, nous en étions à
l'étude de l'article 22.0.1.1, tel qu'amendé, proposé à l'article 2
du projet de loi. Y a-t-il d'autres interventions sur cet article? M. le député
de Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
M. Polo : Merci beaucoup, M.
le Président. La nuit porte conseil et on a eu une autre idée afin de vouloir
bonifier l'article 2. Donc, si vous le permettez, on va vous envoyer à
l'instant une proposition d'amendement à l'article 2.
Le Président (M. Lemay) : Oui.
Il est rédigé? Très bien, nous allons suspendre quelques instants pour en
permettre la distribution.
(Suspension de la séance à 11 h 36)
(Reprise à 11 h 43)
Le Président (M. Lemay) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Et lors de la suspension, nous avons
distribué un amendement présenté par le député de Laval-des-Rapides. M. le
député, à la lecture, s'il vous plaît.
M. Polo : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, la proposition d'amendement vise à modifier
l'article 22.0.1.1 de la Loi sur Hydro-Québec tel que proposée par
l'article 2 du projet de loi par l'ajout, suite aux mots «la formule A x
(1+B).» de «La Régie doit donner annuellement un avis au ministre concernant
l'indexation annuelle prévue au 1er avril de chaque année en
tenant compte du respect de la conciliation entre l'intérêt public, la
protection des consommateurs et un traitement équitable du transporteur
d'électricité et des distributeurs. Voilà.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Donc, pour vos commentaires.
M. Polo : Oui. M. le Président,
c'est très simple, et je vois arriver notre collègue de Lac-Saint-Jean, et à
chaque fois que je suis en sa présence, je tiens toujours à souligner la
pertinence de nos propos et de nos amendements.
Ceci dit, la base même de cet amendement
cherche à préciser... parce qu'il faut, dans le principe même de proposer un amendement...
un amendement est jugé recevable lorsqu'il sert à préciser, M. le député de Lac-Saint-Jean,
à préciser un élément qui est primordial.
Aujourd'hui, le ministre s'est levé en
Chambre pour reconnaître, effectivement, qu'à l'article 2, avec sa
collaboration, nous avons pu adopter un amendement qui permettait justement
d'aller chercher l'avis de la Régie de l'énergie afin de déterminer le taux...
l'avis de la Régie de l'énergie afin de déterminer le taux. Dans le cas
présent, on est dans la même... dans la suite de cet amendement qui a été
adopté plus tôt. On est dans l'affirmation d'une des missions ou d'une de ses
fonctions, de la régie, et, ici, je fais référence à la Loi sur la Régie de
l'énergie, chapitre II, article 5, qui dit la chose suivante, M. le
Président : «Dans l'exercice de ses fonctions, la régie assure la
conciliation entre l'intérêt public, la protection des consommateurs...
M. Polo : ...ou d'une de
ses fonctions, de la régie. Et ici je fais référence à la Loi sur la Régie de
l'énergie, chapitre II, article 5, qui dit la chose suivante, M. le
Président : «Dans l'exercice de ses fonctions, la régie assure la
conciliation entre l'intérêt public, la protection des consommateurs et un
traitement équitable du transporteur d'électricité et des distributeurs, elle
favorise — pardon, elle favorise — la satisfaction des
besoins énergétiques dans le respect des objectifs des politiques énergétiques
du gouvernement et dans une perspective de développement durable et d'équité au
plan individuel comme au plan collectif.»
Alors, c'est le fondement même de... C'est
le justificatif de l'amendement, M. le Président. Nous considérons qu'il est
important d'amener cette précision à l'article 2 afin de poursuivre dans
la même lignée qui nous a permis d'adopter l'amendement précédent, de continuer
à consolider et à valoriser le travail de l'énergie et même à lui permettre de
contribuer, notamment à l'article 2 qui touche le tarif L, mais qui
sert de base pour les discussions futures que nous aurons pour les autres
articles, donc, les autres types de tarifs, afin de justement, et ça, en toute
cohérence de tous les échanges que nous avons eus de ce côté-ci, parce que
j'inclus également mes collègues des autres oppositions, de défendre et de
valoriser le rôle de la Régie de l'énergie, la mission, son mandat, le travail
qu'elle effectue et surtout essayer de rescaper, si on peut dire, ou de pouvoir
défendre et conserver le plus dans la mesure du possible, la majorité de
l'intégralité de ses pouvoirs et de ses fonctions. Alors, voilà! C'est
l'explicatif de... l'explication que je peux donner à la proposition
d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
Très bien. M. le ministre.
M. Julien : Oui. Merci,
M. le Président. D'entrée de jeu, on va voter contre l'amendement, je tiens à
le mentionner. Ici, c'est de retourner, en réalité, à la régie sur base
annuelle, et le seul moyen, en fin de compte, d'être en mesure pour la régie
d'émettre un avis sur le taux applicable, c'est-à-dire le taux qui est prévu
par une indexation à l'inflation, ce sera de faire une cause tarifaire. Alors,
ça va à l'encontre du principe même du projet de loi. Alors, ça sera aux cinq
ans qu'il y aura des causes tarifaires et c'est pour ça qu'on va voter contre.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : M. le Président,
vous ne serez pas surpris de me... d'exprimer ma déception, compte tenu que je
croyais bien... et le ministre en a fait référence aujourd'hui à la période de
questions. En effet, nous nous sommes mis d'accord pour donner un rôle à la
Régie de l'énergie dans l'établissement du tarif... du taux qui servira à
déterminer le tarif L, l'augmentation du tarif L sur une base de cinq ans. Ici,
nous demandions... et c'est aussi en cohérence avec tous les échanges que nous
avons eus dans les précédents amendements et sous-amendements dans lesquels
nous cherchions justement à encadrer cette cible d'inflation ou l'utilisation
de l'inflation comme étant la base de l'indexation annuelle. Et donc, là, nous
nous basons sur la Loi sur la Régie de l'énergie, sur le mandat de la Régie de
l'énergie également, et je vous en ai fait la lecture, là, qui cherche à
concilier l'intérêt public, la protection des consommateurs.
Vous ne serez pas surpris, M. le
Président, d'entendre... nous avons répété mon collègue de Robert-Baldwin, ma
collègue de Maurice-Richard, mes autres collègues qui
m'ont épaulé dans ce projet de loi au cours des dernières semaines, nous avons
toujours réitéré l'importance de mettre des balises, d'encadrer les différents
facteurs qui sont utilisés pour déterminer les hausses des tarifs dans
l'intérêt d'éviter des chocs tarifaires, donc dans l'intérêt de pouvoir assurer
cette protection des consommateurs. Et là, aujourd'hui, alors qu'on fait
clairement référence... notamment dans la bonne entente que nous avons eue dans
l'adoption d'un amendement précédent, le ministre, dès ses premières paroles,
dès sa première interprétation, ne cherche même pas à regarder est-ce qu'il y a
peut-être une façon d'arriver à une entente. Il annonce très clairement qu'il
est contre l'amendement. Et je vous réitère ma déception parce que je trouve
que nos échanges se déroulent de façon très respectueuse, avancent, soi-disant,
de façon rondement.
• (11 h 50) •
Mais, je vais revenir aux paroles qu'il a
utilisées en chambre il y a quelques instants lorsque, bon, il a essayé de
définir pourquoi nous essayions de tout définir ou de tout établir dans
l'article 2, alors qu'il y a 20 autres articles, là, qui sont en
attente d'être étudiés. Nous jugeons qu'il est fondamental, parce que
l'article 2 traite d'un des tarifs...
M. Polo : ...lorsque, bon, il a
essayé de définir pourquoi nous essayons de tout définir ou de tout établir
dans l'article 2, alors qu'il y a 20 autres articles qui sont en
attente d'être étudiés. Nous jugeons qu'il est fondamental, parce que
l'article 2 traite d'un des tarifs — parmi les autres différents
tarifs — d'un des tarifs qu'en toute cohérence, il faut être capables
de s'entendre sur un cadre où chacun sera à l'aise sur la façon comment nous
déterminerons la formule pour assurer la hausse ou la progression ou
l'évolution des tarifs pour, par la suite, ça va faciliter les échanges que
nous aurons dans les prochains articles, notamment l'article 8 et les
autres articles auxquels il a fait référence.
Mais, le ministre, malheureusement,
s'objecte. S'objecte dès le début, sans même considérer, sans même nous ouvrir
la porte à, peut-être, considérer des améliorations, soit cet amendement-là,
soit à l'article comme tel en général, soit même comme nous l'avons fait
lorsque nous avons adopté un amendement précédent, où il a reçu l'amendement
puis il a dit : Écoutez, il n'est peut-être pas à mon goût, mais il y a
moyen de l'améliorer. Et depuis, bien, c'est la stratégie de la porte fermée.
On cogne, on cogne, on cogne, il dit : Oui, je suis là, mais il n'ouvre
pas la porte. Donc là, comment voulez-vous qu'on puisse avancer ou travailler
ensemble si finalement, bien, il se fait un plaisir, si on peut dire, de
dire : Bien, ce n'est pas le temps? Ce n'est pas le temps, bien, alors que
nous, on considère que c'est la base même de toute l'évolution ou la
progression qu'on peut faire pour les articles suivants.
À ce moment-là, moi, je lui redemande. Je
dis : En quoi cet amendement-là est contradictoire face aux autres
articles à venir? En quoi cet amendement-là vient contredire le principe même
du projet de loi? On parle d'un avis, on ne parle pas d'une cause tarifaire, on
ne parle pas d'un dossier tarifaire, on ne parle pas d'étude, etc.
Vous analysez et vous interprétez
l'amendement à votre convenance, M. le ministre. Je ne veux pas lui prêter des
intentions, c'est juste qu'il l'analyse selon la réponse qu'il vient de nous
donner, il l'analyse d'une façon tellement étroite que pour lui, lorsqu'on parle
de «donner annuellement un avis», l'interprétation qu'il en fait — et
il l'a clairement énoncé tantôt — l'interprétation qu'il en fait,
c'est qu'automatiquement ça veut dire une cause tarifaire. Automatiquement,
pour lui, ça veut dire, comme il nous l'a expliqué à de multiples reprises,
10 millions, 15 millions de dollars en frais, six à huit mois
d'études et de présentations, et de mémoires, et de différents échanges, des
centaines d'heures monopolisées ou utilisées à même les ressources humaines, ce
que soit d'Hydro-Québec ou d'autres intervenants, alors qu'on n'a même pas
l'occasion d'échanger sur qu'est-ce que ça veut dire, pour lui, un avis.
La régie rend des avis... Je veux dire, on
s'est entendus sur la question du taux. La question du taux, M. le Président,
la question du taux sur lequel on s'était entendu, sur lequel on a, je dirais
même, corédigé cet amendement-là ensemble, avec l'aide de son équipe. On
parlait d'un avis. Un avis, M. le Président. Et là, on parle ici, également,
d'un avis. Donner annuellement un avis au ministre. Et le ministre se... je ne
veux pas utiliser le mot non parlementaire... Est-ce que «borné» est non
parlementaire, M. le Président?
Le Président (M. Lemay) : Je
peux vérifier...
M. Polo : Le ministre s'objecte,
le ministre... attendez, je vais sortir d'autres synonymes, là, en même temps.
Attendez un instant, je vais vous sortir ça, on va voir qui est le plus rapide
entre vous et moi, M. le Président. Allez-y. «Borné» est à l'index?
Le Président (M. Lemay) :
Bien, en fait, n'est pas spécifiquement à l'index. Cependant, puisque vous
posez des questions sur si c'est prudent d'utiliser ce terme-là ou pas, je vous
dirais que vous devriez faire preuve d'une plus grande prudence et choisir un
autre terme.
M. Polo : Bon. Le ministre
s'objecte. S'objecte sans considération, sans même nous relancer la balle en
disant : Mais qu'est-ce que vous voulez dire par «avis»? À vrai dire, je
vais lui demander. En quoi c'est différent, demander un avis annuellement,
concernant l'indexation annuelle, versus l'avis qu'on demande à la régie pour
déterminer le taux? Selon lui, quelle est la différence? Il y a une différence?
Le Président (M. Lemay) :
...votre question?
M. Polo : Est-ce qu'il y a une
différence?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre...
M. Polo : ... À vrai dire, je
vais lui demander : En quoi c'est différent, demander un avis annuellement
concernant l'indexation annuelle versus l'avis qu'on demande à la régie pour
déterminer le tout? Selon lui, quelle est la différence? Il y a une différence?
Le Président (M. Lemay) :
C'est votre question?
M. Polo : Est-ce qu'il y a une
différence?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Oui. Merci, M. le
Président. L'avis qui a été en réalité introduit à l'article 2 est très
spécifique au taux applicable sur le tarif L, tandis que ce qui est proposé ici
par mon collègue de Laval-des-Rapides, en réalité, équivaudrait à une cause
tarifaire annuelle, ce qui n'est pas l'objet du projet de loi, bien au
contraire. Donc, c'est pour ça qu'on va voter contre.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : Est-ce qu'un avis
égale cause tarifaire?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien : Alors, j'ai fait
mon commentaire sur l'élément, l'amendement, et il n'y a pas de commentaire
supplémentaire par rapport à cette question-là. La régie ne peut pas émettre
d'avis sur la qualité des tarifs sans faire une cause tarifaire.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : Je veux juste
préciser quelque chose au ministre, là. On ne parle pas d'un avis annuel sur le
tarif, on parle d'un avis... annuellement un avis au ministre concernant
l'indexation annuelle prévue. On ne parle pas de tarif, là, on parle de
l'indexation. Donc, on ne dit pas la même chose, là. Le tarif, à la fin, est la
résultante de l'indexation multipliée par le taux. Donc, là, il considère que
l'objectif final ou le résultat final est égal à l'un des intrants qui servent
à déterminer le résultat final. Ce n'est pas la même chose, M. le Président. À
moins que le taux soit zéro. Bien, à ce moment-là, on multiplie l'intrant, qui
est l'indexation, multipliée par zéro, puis ça va donner zéro. Ça, je peux vous
le garantir, effectivement.
Ma question est claire. Vous la comprenez?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Est-ce que mon
collègue peut préciser sa question? Moi, je ne la comprends pas.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : Est-ce qu'un avis
est égal à une cause tarifaire? Pourquoi?
M. Julien : Alors, l'objet
même, en réalité, fait en sorte que, pour émettre un avis sur la qualité du
taux qui est applicable, qui est le taux de l'IPC prévu à l'article, qui est
mentionné au 30 septembre avec sa définition, pour que la régie puisse émettre
un avis conséquemment à ce qui est inscrit à l'intérieur de l'amendement, elle
doit en fin de compte procéder par une cause tarifaire.
M. Polo : Je vais vous rendre
la tâche un petit peu plus facile, M. le ministre. Si vous considérez que
l'amendement en question est contraire au principe même du projet de loi,
demandez au président de juger de la recevabilité de l'amendement.
M. Julien : Alors, M. le
Président, on va voter contre l'amendement qui est proposé, parce que pour nous
ça va à l'encontre du projet de loi qu'on amène, où ça va être indexé sur base
annuelle à l'inflation suite à un gel. Alors, maintenant, mon collègue peut
poursuivre ses déclarations, avec grand plaisir on va l'écouter.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : Bien, regardez, je
vais rendre la tâche facile. Mon collègue de Lac-Saint-Jean, qui est habitué à
invoquer les questions de recevabilité, je l'invite à questionner la
recevabilité de l'amendement. S'il est d'avis qu'effectivement cet
amendement-là vient en totale contradiction au principe du projet de loi,
invoquez-la. Si vous êtes si certain...
Le Président
(M. Lemay) : En vous rappelant de vous adresser à la présidence.
M. Polo : Non, non. Parfait.
Je le fais toujours, M. le Président, en tout respect, là. Mais mon collègue de
Lac-Saint-Jean l'a invoquée à plusieurs reprises par le passé. Je pense qu'il
est habitué, il connaît la démarche. Ça fait que je l'invite. Moi... Regardez,
il est 11 h 58. On vient... Je suis à peine en train d'expliquer en
quoi cet amendement-là vient justement bonifier l'article 2, dès le début le ministre
se borne... s'objecte... s'objecte... s'objecte — je vais vous en
sortir, des synonymes, ça va vouloir dire la même chose en bout de
ligne — s'objecte avant même... n'a même pas pris la considération,
je veux dire, la peine de nous poser des questions à savoir comment...
qu'est-ce qu'un avis...
Le Président (M. Lemay) : M.
le député, je vous invite à la prudence dans vos propos, s'il vous plaît, de ne
pas imputer des motifs aux autres membres de la commission et de...
M. Polo : O.K., mais...
Le Président (M. Lemay) :
...je vous invite à débattre de votre amendement. Vous pouvez apporter vos
idées pour faire valoir votre point.
M. Polo : Bien oui!
Le Président (M. Lemay) :
Maintenant, vous ne pouvez pas présumer des intentions des autres membres de la
commission.
M. Polo : O.K. Parfait. Je ne
veux pas présumer de l'intention des autres collègues. Ceci dit, M. le
Président, j'ai déposé l'amendement, je l'ai expliqué, je l'ai présenté, et,
dès le début, le ministre, il s'objecte avant même de nous poser une seule
question ou avant même qu'on lui pose une seule question.
• (12 heures) •
Alors, si le ministre est si clair dans
son interprétation de cet amendement-là, comme il l'a fait dans d'autres cas,
bien, moi, je l'invite. Je veux dire, il connaît le mécanisme. Alors, s'il est
si convaincu, bien, à ce moment-là, allez-y...
12 h (version non révisée)
M. Polo : …alors, si le
ministre est si clair dans son interprétation de cet amendement-là, comme il
l'a fait dans d'autres cas, bien, moi, je l'invite, je veux dire, il connaît le
mécanisme. Alors, s'il est si convaincu… À ce moment-là, allez-y. Le filet est
désert, M. le Président. La patinoire est devant lui, là. Allez, marquez un
but, le filet est complètement désert. Si vous êtes si convaincu que
l'amendement en question est contraire au principe du projet de loi, après
explications, avant même de répondre à quelconque question, parce que, dès le
début, la première question que je lui ai demandée… Regardez, je lui repose la
question : En quoi un avis est identique à une cause tarifaire par la Régie
de l'énergie? Vous avez entendu la réponse? Il va peut-être la répéter. Son
interprétation, c'est : automatiquement, un avis, pour lui, signifie une
cause tarifaire, alors qu'on s'est entendus sur un autre amendement où on parle
également d'un avis de la régie pour déterminer le taux. Et là, tout d'un
coup : Ah! ça, c'était acceptable. Ce n'est pas une cause tarifaire. Mais
voyons donc! Alors, elle est où la cohérence?
Moi, ce que je dis, à ce moment-là :
Regardez, compte tenu qu'aujourd'hui on ne siège que… même pas deux heures, là,
soyons efficaces. Soyons efficaces, M. le Président. Le collègue de Lac-Saint-Jean,
il l'a plaidé par le passé, là, la question de recevabilité. Non, non, mais je
reste sur le sujet, là. Hier, vous avez vous-même plaidé une question de
recevabilité sur un amendement. Parfait, on a accepté, on a avancé. Pendant la
nuit, on a repensé à une autre façon de venir bonifier l'article 2, et là,
dès le début, le ministre, il se refuse à même nous répondre en quoi un avis
est différent d'une cause tarifaire. Parfait. Donc, s'ils veulent s'objecter dès
le début, allez-y. Questionnez la recevabilité de l'amendement. «Be my guest»,
comme on dit en anglais. Bien oui.
Le Président (M. Lemay) :
Allez-y, M. le ministre.
M. Julien : Alors, écoutez,
j'ai donné la réponse concernant l'amendement. Maintenant, ce que mon collègue
de Laval-des-Rapides souhaite, c'est que je lui pose des questions, et je le
fais toujours habituellement, là, quand je le fais, en disant, bon : Je le sais
que ce n'est pas mon rôle de poser des questions, mais votre amendement n'est
pas clair. Je peux-tu mieux comprendre? Ici, je n'ai pas besoin de faire ça. Je
n'ai pas besoin de faire ça.
Alors, il me demande la distinction entre
l'avis qu'on a accepté dans l'amendement précédent, sur le taux applicable,
donc c'est un avis qui vient toucher un élément restreint, et le taux
applicable est en comparaison au taux d'inflation qui est prévu pour les tarifs
généraux, pour maintenir la compétitivité, et naturellement les autres notions.
Donc, la régie fait un avis très spécifique sur le taux applicable pour le
tarif L. C'est ce qu'on a accepté. L'avis qui est demandé ici, c'est un avis où
la régie doit regarder le taux qu'on va appliquer, c'est-à-dire l'inflation, et
dire : Est-ce que ce taux-là, c'est le bon taux? La seule façon, en fin de
compte, pour elle, de venir dire si c'est le bon taux dans la perspective de
son rôle qu'elle fait sur une base annuelle, actuellement, et qu'elle fera
dorénavant aux 60 mois, ça va être de faire toute l'analyse, pour après ça
faire la distinction. Ça, ça revient à une cause tarifaire annuelle, et pour
nous, ce n'est pas ce qu'on souhaite dans le projet de loi n° 34. Alors,
je ne peux pas être plus clair que ça. Maintenant, j'ai donné notre réponse, et
c'est pour ça qu'on va être contre l'amendement.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. M. le député de Laval-des-Rapides, avant de vous retourner la parole, je
veux juste vous rappeler qu'il n'appartient pas à la présidence de juger de la
qualité des questions et des réponses. Cependant, si vous voulez reformuler
votre question, vous avez le droit, mais vous ne pouvez pas mentionner que le
ministre ne répond pas à vos questions. Allez-y, M. le député.
M. Polo : Non, en fait, je ne
vous pose pas la question à savoir… ou je ne vous dis pas que le ministre ne
répond pas, je fais une constatation, M. le Président. Je constate que le
ministre ne répond pas. Maintenant, je ne fais pas…
Le Président (M. Lemay) : Le
ministre a fait… excusez-moi. Le ministre effectue une réponse. Maintenant, si
vous n'avez pas obtenu la réponse que vous souhaitiez recevoir, il appartient à
vous de reformuler votre question, mais vous ne pouvez pas dire qu'il ne
formule pas de réponse. Il a formulé une réponse.
M. Polo : O.K. Donc, parfait,
je vais y aller plus précisément. Je vais répéter ma question : Quelle est
la différence entre un avis et une cause tarifaire?, ou parfait, on va y aller
une étape à la fois. Je demande au ministre de nous définir c'est quoi un avis
de la Régie de l'énergie.
Le Président
(M. Lemay) : M. le ministre.
M. Julien : Alors, même par
cause tarifaire, la régie émet parfois des avis dans ce même processus-là.
Donc, naturellement, le travail qu'on demande ici à la régie, puisque c'est au
taux applicable pour l'ensemble des tarifs, c'est… équivaut à une cause
tarifaire.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : Est-ce qu'il y a des
avis qui ne sont pas égaux à une cause tarifaire?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Oui…
M. Julien : …c'est parfois des
avis dans un même processus-là. Donc, naturellement, le travail qu'on demande
ici à la régie, puisque c'est au taux applicable pour l'ensemble des tarifs,
c'est… équivaut à une cause tarifaire.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : Est-ce qu'il y a des
avis qui ne sont pas égaux à une cause tarifaire?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Oui.
M. Polo : Là, ce que… Si on…
Donnez-nous un exemple d'avis qui ne sont pas égaux à une cause tarifaire.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : M. le Président,
on a discuté des avis et ces mêmes questions-là. On les a même amenées lors du
dernier avis. Donc, mon…
M. Polo : …de la question, M.
le Président.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Donc, mon collègue
a toute l'information. Même que même lui nous a montré des avis qui avaient été
émis par la régie pour qu'on en discute. Alors, il y a plein d'avis. On avait
l'exemple, en fin de compte, de l'avis qu'on avait discuté ensemble qui avait
été donné au précédent ministre de l'Énergie. Alors, je crois qu'on a déjà eu
cette discussion-là, M. le Président.
M. Polo : Ça date. Ça date.
Ceci dit…
M. Julien : De mémoire, c'est
sur l'article 2. Ça ne doit pas dater tant que ça.
M. Polo : Oui, mais ça dépend,
ça dépend. Mais, M. le Président, donc, le ministre nous affirme effectivement qu'il
y a des avis qui ne sont pas égaux à une cause tarifaire. Donc, comment
peut-il, à ce moment-là, dans la réponse initiale à ma première question ou, en
fait, à la présentation de l'amendement, conclure qu'un avis égale une cause
tarifaire dans le cas présent? C'est une question.
Le Président (M. Lemay) :
Alors, M. le Président, mon collègue utilise des sophismes. Alors, un ne veut
pas nécessairement dire l'autre, mais l'autre est nécessairement un. Alors, tu
sais, un avis n'est pas nécessairement une cause tarifaire, mais une cause
tarifaire comprend des avis. Et ici, pour obtenir les conclusions de l'avis qui
est émis, ça prend une cause tarifaire, tout simplement. Donc, ils ne sont pas…
Un n'est pas nécessairement l'autre, mais, pour obtenir l'avis qui est précisé
ici à l'intérieur de lui-même, ça prend une cause tarifaire.
Maintenant, puisque mon collègue souhaite
que je lui pose des questions pour mieux m'éclairer, selon lui, comment ferait
la régie pour être en mesure de remplir le rôle qui est inscrit à l'intérieur
de son amendement? Comment le ferait-elle? Et, à la lumière de ce qu'il me
répondra, on continuera les discussions.
Le Président (M. Lemay) : Maintenant,
j'invite… Je vous invite à tous à la prudence dans vos propos, et ça même s'il
y a certains propos qui ne sont pas dans le lexique spécifiquement. On ne peut
pas dire que les gens disent des faussetés, donc…
M. Julien : …sophismes. Un
sophisme, ce n'est pas une fausseté, c'est une interprétation.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, on fait… Je vous invite tous à la prudence dans vos questions et dans vos
réponses.
M. Julien : On va être
prudent, M. le Président, soyez…
Le Président (M. Lemay) : M.
le député, allez-y.
M. Polo : Oui. Bonne question.
Comment ferait la régie, à ce moment-là, selon le principe apporté ici, qui est
même défini dans sa… dans la loi constituante de la régie, section… chapitre II,
section un, article 5 : Assurer la conciliation entre l'intérêt public, la
protection des consommateurs et un traitement équitable du transporteur
d'électricité et des distributeurs? Donc, c'est déjà dans son mandat. En quoi
c'est contradictoire, M. le Président, de préciser qu'on demande que la régie
effectue un avis sans que ça soit une cause tarifaire? On pourrait peut-être
même l'ajouter. Est-ce qu'il est en train de nous proposer un sous-amendement, M.
le Président, un sous-amendement qui viendrait peut-être exclure le fait que ça
soit une cause tarifaire, si c'est ça qui le gêne? On pourrait peut-être
considérer ça, mais là, je ne sais pas, est-ce que le ministre a le droit de
déposer des sous-amendements sur un amendement? La question vous est adressée, M.
le Président.
Le Président (M. Lemay) : Un
membre de la commission peut déposer un sous-amendement. Ça doit être un membre
différent de celui qui a proposé un amendement.
M. Polo : Ah! Bon, bien,
voilà. Peut-être qu'il est en train de nous suggérer un sous-amendement à l'amendement
en question. Ceci dit, moi, je reviens à la question : S'il est d'accord
et il a affirmé qu'il y a des avis qui ne constituent pas automatiquement une
cause tarifaire, en quoi cet amendement-là est contraire au principe même du projet
de loi?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Alors, M. le
Président, le projet de loi, en fin de compte, prévoit une simplification dans
la fixation des tarifs. Le projet de loi indique qu'après un gel tarifaire en
2020, ça sera quatre ans à l'inflation. Ça va être quatre ans à l'inflation si
le projet de loi est sanctionné effectivement. Alors, pour la simplification, il
n'y aura pas de demande d'avis spécifique annuelle à la régie sur les tarifs.
Alors, on va voter contre l'amendement proposé par mon collègue.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : M. le Président, je
vais terminer parce que je pense qu'il me reste 60 secondes. À la fin de la journée,
le ministre, tel qu'il l'a mentionné, répété, aujourd'hui, de nouveau, en
Chambre, il se sent fier d'avoir adopté un seul amendement en collaboration
avec les oppositions. C'est… Pour lui, là, c'est ça qu'il va accrocher à son
tableau de chasse en disant qu'après des heures et des heures de travaux et
d'échanges en commission, le fait d'avoir adopté un amendement représente pour
lui une belle victoire de non-partisanerie, tant mieux. Mais…
• (12 h 10) •
Le Président (M. Lemay) : M.
le député de Laval-des-Rapides, je vous interromps. Hein, s'il vous plaît, on…
je ne crois pas…
M. Polo : ...disant
qu'après des heures et des heures de travaux et d'échange en commission, le
fait d'avoir adopté un amendement représente pour lui une belle victoire de
non-partisanerie, tant mieux, mais...
Le Président
(M. Lemay) : M. le député de Laval-des-Rapides, je vous
interromps. S'il vous plaît, je ne crois pas que ce propos-là que vous venez de
mentionner est nécessaire et pertinent dans le débat en cours sur l'amendement.
M. Polo : Bien, c'est...
Parfait. Et je veux juste dire et répéter, si l'amendement en question est si
déraisonnable, j'ai invité même le député de Lac-Saint-Jean à déposer... à
plaider pour l'irrecevabilité, et personne... Il est muet depuis... depuis que
je l'interpelle. Donc, écoutez, ceci dit, il aura l'amende honorable. Il aura
les honneurs d'apparaître dans les galées à chaque fois que je le mentionne ici
en commission.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le député de Laval-des-Rapides, pour votre intervention. Ceci met fin
à votre échange. Mme la députée de Mercier, par souci...
Une voix
: ...
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Mme la députée de Mercier, la parole est à vous.
Mme Ghazal : Très bien.
Merci, M. le Président. Je regarde l'amendement de mon collègue et je le trouve
intéressant parce que ce qu'on demande ici, j'ai entendu l'échange, là, ce
n'est pas une cause tarifaire, mais c'est un avis. Et ça tombe bien aussi dans
l'article 2 puisque, dans l'article 2, on... le ministre a accepté
que la Régie de l'énergie dépose un avis sur le taux applicable au
tarif L, le taux applicable sur l'inflation au tarif L. Donc, si
une... Je trouve que c'est intéressant de dire : Bien, il faudrait peut-être
que la régie dépose un avis de la même façon, sans faire nécessairement une
cause tarifaire. J'entends que le ministre dit : Bien, non, non, c'est
impossible pour faire l'avis puis qu'elle puisse dire est-ce que le taux est
bien ou pas, il faudrait une cause tarifaire. C'est ce que le ministre dit et
c'est ce qu'il croit. Je ne sais pas d'où... qu'est-ce qui lui fait croire ça.
Est-ce que c'est quelque chose qui a été demandé, par exemple, à la régie? Si
vous déposez... Si on vous demande de déposer un avis, nécessairement ça prend
une cause tarifaire ou c'est une interprétation que lui fait.
Donc, c'est une question que je demande,
que je pose au ministre. Puisqu'il a convenu que, oui, il pourra avoir un avis
sur le taux applicable au tarif L, pourquoi pas un avis sur le tarif qui
serait fixé à l'IPCC?
Et pourquoi est-ce qu'on amène ces
amendements-là et les oppositions, mon collègue, ici, aussi amène l'amendement?
C'est qu'il y a une inquiétude qui est extrêmement importante, extrêmement
grande à l'effet de fragiliser le rôle de la Régie de l'énergie, qui est le
chien de garde des consommateurs, mais qui est considérée, de ce que je
comprends, pour Hydro-Québec, comme une épine au pied pour aller de l'avant
dans tous les dossiers d'électrification des transports, notamment, dans
lesquels le gouvernement veut aller, puisque c'est sa manière de lutter contre
les changements climatiques, c'est aller à fond dans l'électrification des
transports, ce qui est une bonne chose, ce n'est pas suffisant pour la
transition, ce n'est pas la seule. Et, pour aller de l'avant dans ces
projets-là, bien, on veut enlever l'épine du pied d'Hydro-Québec, qui est la
Régie de l'énergie, puisqu'elle lui mettait des bâtons dans les roues. Quand
les projets qu'Hydro-Québec amenait étaient mal ficelés... Parce que la Régie
de l'énergie, elle, son objectif, c'était de s'assurer qu'il y ait un équilibre
entre les différents... un équilibre entre les différentes demandes, que ce
soit d'Hydro-Québec ou des consommateurs.
Et, comme on met à la poubelle, avec ce
projet de loi là, les mécanismes de protection des consommateurs, qui sont...
Je les appelle comme ça, mais en réalité c'est les mécanismes des... les
mécanismes de traitement des écarts de rendement ou les mécanismes de
réglementation incitative. On met tout ça à la poubelle, tous ces mécanismes-là
qui étaient... qui existaient pour éviter, justement, qu'il y ait des
trop-perçus. En faisant ça, bien, il y a une inquiétude légitime qui existe. Et
c'est pour ça que cet amendement-là est là et que moi, je trouve intéressant.
Maintenant, la question que je demanderais
au ministre : Le fait que demander un avis, c'est nécessairement une cause
tarifaire, juste peut-être m'expliquer ça de façon que ce soit lui ou peut-être
que c'est les gens dans son cabinet qui nous l'explique clairement pourquoi
est-ce qu'un avis de la régie sur ce tarif... sur la tarification nécessite
nécessairement une cause tarifaire, alors qu'un avis pour les taux applicables
au tarif L, ça ne l'est pas. Juste nous l'expliquer autrement que dire :
Bien, moi je pense que, une vraie explication, pour quelles raisons est-ce que
ça le serait... ça nécessiterait une cause tarifaire.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Alors, M. le
Président, je comprends que ma collègue de Mercier veut une vraie explication.
Ça voudrait dire que la dernière explication que j'ai donnée n'était pas vraie.
Bien, je ne suis pas d'accord avec elle. Alors... Mais je vais répéter ce que
j'ai mentionné. Donc, ça sera une deuxième fois que je le dirai.
Un avis sur le taux applicable au
tarif L est sur une base de comparaison pour maintenir une compétitivité
du tarif L quand les tarifs généraux progressent à l'inflation. Donc,
c'est un avis circonscrit pour le tarif L, toujours en regard d'un taux
fixé à l'inflation.
Maintenant, l'avis qui est demandé par mon
collègue de Laval-des-Rapides à l'intérieur de son amendement...
M. Julien : ...tarif L est
sur une base de comparaison pour maintenir une compétitivité du tarif L
quand les tarifs généraux progressent à l'inflation. Donc, c'est un avis
circonscrit pour le tarif L, toujours en regard d'un taux fixé à
l'inflation.
Maintenant, l'avis qui est demandé par mon
collègue de Laval-des-Rapides à l'intérieur de son amendement vise un avis sur
l'ensemble des tarifs et l'ensemble des prix. Alors là, pour nous, on
dit : Écoutez, ça va être aux cinq ans que ça va se faire et ça ne sera
pas un avis, ça sera une décision de la régie par une cause tarifaire, et, pour
émettre son avis, elle ne peut faire autrement, en fin de compte, que faire une
cause tarifaire. Alors, c'est pour ça qu'on est contre l'amendement, parce que
la cause tarifaire sera aux cinq ans.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Mais est-ce
qu'elle peut émettre un avis qui, sans faire la comparaison entre, ah! voici,
moi, ce que j'aurais proposé comme tarif, la Régie de l'énergie, et donc là
faire une cause tarifaire, donner son avis sur... bien, sur le fait de fixer ça
autour de l'inflation, par exemple? Est-ce que ça pourrait être un avis comme
ça qui serait circonscrit?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Je ne vois pas
comment, et ce n'est pas ce que l'amendement mentionne. Mais, pour nous, bien,
dans les quatre prochaines années suite au gel tarifaire, le projet de loi
prévoit que ça va augmenter à l'inflation, et la régie se positionnera après 60 mois.
C'est le but, en réalité, de la simplification du processus et c'est ce qui est
préconisé dans le projet de loi.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée.
Mme Ghazal : Bien, peut-être
que là on revient sur le rôle de la Régie de l'énergie que... Oui, je
comprends, le ministre trouve que c'était trop compliqué, trop complexe, trop
coûteux, mais c'est important aussi que les consommateurs qui sont inquiets, de
toutes les catégories, puissent avoir une assurance, et la seule manière qu'ils
l'avaient, c'est avec ces causes tarifaires.
Mais là ici l'amendement vient dire :
Très bien, pas de cause tarifaire mais au moins un avis sur l'inflation, sur le
fait que ce soit basé sur l'inflation. Je comprends que ce n'est pas,
l'amendement, qu'est-ce qu'il demande exactement, mais est-ce que le ministre
aurait une ouverture qu'il y ait un avis de la Régie de l'énergie sur le fait
que les coûts, maintenant, soient à l'IPCC et non pas sur les tarifs eux-mêmes?
Est-ce qu'il y aurait une ouverture de la part du ministre pour que l'avis
porte sur ce sujet très circonscrit?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Alors, il n'y a
aucune ouverture pour un avis de la régie sur les tarifs. L'avis de la régie
sera donné aux 60 mois via une cause tarifaire.
Mme Ghazal : Très bien. J'ai
entendu qu'il n'y a aucune ouverture. Merci.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député de Robert-Baldwin, la parole est à vous.
M. Leitão : Merci, M. le
Président. Donc, on poursuit la discussion sur l'amendement proposé par mon
collègue, je trouve aussi, un amendement très intéressant. Je veux juste
souligner qu'en fin de compte il y a deux parties à l'amendement. Il y a la
première partie, que la régie donne un avis, et on parlera de ça, mais il y a
aussi la deuxième partie dont on n'a pas encore parlé, et que moi, je trouve
extrêmement intéressante, particulièrement intéressante.
Mais c'est ça un peu, le fond de la
question, donc, que la régie donne annuellement un avis, et tout ça, en tenant
compte du respect de la conciliation entre l'intérêt public, la protection des
consommateurs et un traitement équitable du transporteur d'électricité et de
ses distributeurs. D'ailleurs, cette mention est tirée intégralement de
l'article 5 de la Régie de l'énergie. Donc, c'est dans la mission même de
la Régie de l'énergie, comme d'ailleurs mon collègue l'avait mentionné au tout
début, que l'article 5 dit que, «dans l'exercice de ses fonctions, la
régie assure la conciliation entre l'intérêt public, la
protection des consommateurs et un traitement équitable du transporteur
d'électricité et des distributeurs». L'article 5 va plus loin, mais
concentrons-nous sur ça.
• (12 h 20) •
Et, je pense, c'est un peu
ça, ce qu'il manque dans... il y a plusieurs choses qui manquent, mais dans ce
projet de loi, qu'on essaie de transmettre à la population que c'est quelque
chose qui va être très positif pour les utilisateurs d'électricité, que ce
soient les consommateurs individuels ou les industriels, puisqu'on parle ici du
tarif L, que cela va être extraordinaire pour tout le monde parce qu'on va
faire un gel du tarif L et, par la suite, indexer à l'inflation. Mais,
quand on va l'indexer à l'inflation, que ce soit 1 %, 2 %, 3 %,
quel que soit ce taux d'inflation là — et on
pourrait en parler longuement, comment on peut faire ça, mais, bon — est-ce
que ce tarif-là...
M. Leitão : ...à l'inflation.
Mais quand on va l'indexer à l'inflation, que ce soit 1 %, 2 %,
3 %, quel que ce soit ce taux d'inflation, on pourrait en parler longuement,
comme on peut faire ça, mais bon... Est-ce que ce tarif-là, cette
indexation-là, est-ce que cela respecte les trois éléments de la mission de la
régie, l'intérêt public, la protection des consommateurs et un traitement
équitable? À mon avis, non. À mon avis, cela ne le respecte pas, mais c'est mon
opinion, ça vaut autant qu'une autre, là, ce n'est pas ça. Mais qu'on demande à
la Régie de l'énergie d'annuellement émettre un avis sur le fait que cette
indexation-là à X %, est-ce que cette indexation-là à X respecte ces
trois objectifs-là?
Bien, si on ne veut pas changer, et je
pense qu'on ne veut pas changer la loi qui régit la Régie de l'énergie, alors
la régie doit se prononcer sur ça. Ce n'est pas une cause tarifaire, bien sûr
que non. C'est un avis, donc la régie doit, à mon avis, doit émettre cet
avis-là et dire à tout le monde, à Hydro-Québec, comme au gouvernement, comme à
la population, comme aux industriels, que le tarif qui sera de X %, 2021
ou 2022 respecte l'intérêt public, protège les consommateurs, et aussi, la
troisième partie est importante. Un traitement équitable du transporteur d'électricité
parce que dans tout ça, on a aussi perdu un peu de vue que l'établissement de
tarif d'électricité, ce n'est pas un caprice.
C'est justement cet équilibre entre ceux
qui consomment l'électricité, que ce soit les individus ou les entreprises et
ceux qui la produisent et qui la distribuent. Parce que ceux qui la produisent
et qui la distribuent, Hydro-Québec et ses filiales, doivent avoir aussi des
tarifs qui vont leur permettre à long terme de continuer d'investir dans
l'entretien et la mondialisation de leur réseau. On ne va pas se trouver dans
une situation comme on a déjà vu dans d'autres pays où on décide arbitrairement
de fixer les tarifs de façon fixe, donc ils ne changent pas, et après 5, 10,
15 ans, on se rend compte que l'utilité publique a un réseau qui est en
très mauvais état, très mauvaise qualité. Et donc des manques d'électricité,
des brown-outs, se manifestent un peu partout.
On n'a pas besoin de chercher des
histoires d'horreur dans des pays du tiers-monde, on n'a qu'à regarder un petit
peu au sud, dans certains états américains, l'état vraiment lamentable de leur
réseau de distribution d'électricité, pour se rendre compte que ce réseau-là
n'a pas été maintenu au fil du temps. Et là, maintenant, il se trouve dans une
situation extrêmement pénible.
Alors, c'est ce qu'on a choisi, très
sagement, il y a déjà une vingtaine d'années, au Québec, de ne pas aller dans
cette direction-là, de sortir du processus d'établissement des tarifs, de
sortir de l'arbitraire et de l'influence politique, et de le confier à un
organisme indépendant, qui est la Régie de l'énergie. Et, avec le projet de loi
n° 34, c'est exactement à ça qu'on s'attaque, et c'est exactement de ça
qu'on parle, nous, depuis des semaines, et des semaines, et des semaines, parce
que c'est ça, l'élément principal. Nous ne sommes pas d'accord du tout. Et nous
ne sommes pas les seuls. Il y a plein d'autres groupes, organismes,
intervenants, analystes, commentateurs qui partagent le même opinion :
c'est une erreur magistrale, fondamentale de ce passé de ce système qui a été
mis en place, et donc l'expertise de l'énergie.
Puisque le gouvernement insiste à y aller,
la moindre des choses, c'est que la Régie de l'énergie, une fois par année,
puisse émettre un avis, puisse aviser le ministre et donc aviser le public
qu'on commence à avoir un écart ou pas entre le tarif qui est déterminé de
cette façon-là, selon le taux d'inflation, et les besoins réels du distributeur
et du transporteur, et les intérêts du public, donc collectivement, et les intérêts
des utilisateurs.
Les intérêts du public, c'est très
important aussi parce qu'on...
M. Leitão : ...et les
besoins réels du distributeur et du transporteur, et les intérêts du public,
donc collectivement, et les intérêts des utilisateurs.
Les intérêts publics, c'est très important
aussi parce qu'on s'est donné... on veut se donner au Québec une politique
assez ambitieuse d'électrification de notre économie. On veut électrifier
l'économie, les transports, mais on veut aller au-delà des transports dans un
contexte de changements climatiques, dans un contexte de la nécessité de se
sortir des hydrocarbures à terme et donc de diminuer le plus rapidement nos
émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte-là, nous avons au Québec un
extraordinaire atout, qui est Hydro-Québec, qui est notre production
d'hydroélectricité. Et donc on veut vraiment miser sur cet atout-là, se baser
sur cela pour créer l'économie du XXIe siècle au Québec.
Mais, pour ce faire, il faut s'assurer
qu'on peut avoir accès à cette énergie propre, et abondante pour l'instant,
qu'on puisse avoir accès à tout ça, pas seulement pendant cinq ans, mais
pendant 10, 15, 20, 30 ans, qu'Hydro-Québec puisse être vraiment le socle
de notre économie du XXIe siècle, qui est bien au-delà des productions
d'hydrocarbures.
Et, pour faire ça, il faut s'assurer que
le service public puisse non seulement maintenir son réseau à la fine pointe de
la technologie et puis qu'on puisse continuer de produire et distribuer
l'énergie qu'on a besoin, mais, puisque nous avons tous ces plans très
ambitieux d'électrification, qu'on puisse avoir accès à cette énergie pour les
années à venir. Alors, dans un tel cas, c'est extrêmement préoccupant, à mon
avis, qu'on retourne à un système d'élaboration des tarifs qui est vraiment du
milieu du Xxe siècle, quand on approche le milieu du XXIe siècle.
Donc, puisque c'est dans cette
direction-là que le gouvernement semble vouloir aller, encore une fois, la
moindre des choses, la moindre des choses à mon avis, c'est que la régie émette
un avis annuel. Parce que, si on attend cinq ans, j'ai bien l'impression qu'à
la cinquième année on puisse se trouver déjà avec des écarts considérables.
Dans le projet de loi, c'est aussi prévu
que, probablement pour éviter de tels dérapages, Hydro-Québec peut elle-même
demander, avant les cinq ans, elle peut elle-même demander à la régie de
procéder à une revue tarifaire et donc d'autoriser Hydro, je pense, d'ajuster
ses tarifs, si des événements extraordinaires arrivent. Très bien. C'est une
partie de la médaille.
Mais alors, si c'est ça, la logique,
alors, faisons-le pour l'autre partie de la médaille aussi. Donc, ce n'est pas
seulement Hydro-Québec qui aurait la possibilité de, dans l'intervalle,
demander un ajustement tarifaire parce qu'il y a eu x, y, z qui est arrivé,
mais aussi que les consommateurs et... les consommateurs individuels ou
industriels puissent aussi demander à la régie de faire la même chose. Pourquoi
est-ce qu'on limite cette capacité à seulement Hydro-Québec?
Donc, voilà. L'intérêt public et la
protection des consommateurs, qui se trouvent dans la mission même de la Régie
de l'énergie, n'est plus opérante. Ça va se faire seulement aux cinq ans. Ça,
ce n'est certainement pas... à mon humble avis, ce n'est pas très juste et peut
mener à des problèmes importants.
Maintenant, pour que la régie puisse
émettre un avis au ministre, je comprends, et pour que cet avis-là puisse avoir
un certain impact et qu'il puisse être basé sur une analyse raisonnable et
rigoureuse de la situation, il faut... il faudrait — si c'est ça
qu'on ferait — il faudrait que la régie puisse avoir accès aux
données d'Hydro-Québec. Donc, ce n'est pas une cause tarifaire. Là, je suis en
désaccord avec le ministre.
Mais c'est clair aussi, pour émettre un
avis, Hydro... pas Hydro, pardon, la régie doit avoir accès à certaines
informations. De toute évidence, Hydro-Québec ne semble pas trouver pertinent
de donner ces informations-là à la régie, sachant très bien que, quand on
demande des informations à la régie, la plupart du temps, ces informations
deviennent publiques, et c'est tant mieux. C'est tant mieux que ce soit comme
ça.
• (12 h 30) •
Donc, à notre avis, cet amendement-là
répond à...
12 h 30 (version non révisée)
M. Leitão : ...de donner ces
informations-là à la régie, sachant très bien, quand on vend des informations à
la régie, la plupart du temps ces informations deviennent publiques, et c'est
tant mieux que ça soit comme ça.
Donc, à notre avis, cet amendement-là
répond à un questionnement de fond sur le projet de loi. C'est à l'article 2
qu'on doit l'introduire. Je pense qu'on le ferait plus tard aussi, mais on doit
introduire ça à l'article 2 parce qu'on est au tout début du projet de loi.
Qu'on établisse dès le départ cette nécessité, cette obligation de produire un
avis. Pour le produire, on doit avoir accès à certaines informations, mais
c'est ça, nous vivons dans une société de droit où l'utilité publique, le
service public, pardon, c'est comme ça qu'on le... c'est un peu un anglicisme,
utilité publique, je m'excuse... Le service public qui a un monopole,
évidemment, développe, avec le temps, certaines pratiques où elle juge que ce
n'est peut-être pas pertinent de partager ces informations avec le reste de la
société, la société civile. Mais bon, c'est pour ça que la régie existe. Il
faut lui rappeler ses obligations et lui rappeler le fait qu'elle jouit d'un
monopole, et que donc, avec un monopole, vient une certaine responsabilité.
Donc, c'est tout ça à notre avis, M. le
Président, qu'on s'apprête à changer avec le projet de loi n° 34. Ce sont
des changements majeurs. C'est un changement très important, ce n'est pas une
petite affaire, là, dont on discute ici. Nos collègues, certains observateurs,
peuvent penser que, écoutez, tout ce qu'on fait ici, c'est parler pour parler
et prendre du temps, etc. C'est majeur, là, le projet de loi n° 34, c'est
très important. On change la façon de faire, le modèle, le processus
d'établissement des tarifs au Québec. On revient à un modèle qui, on sait très
bien, ne marche pas. On revient à un modèle qu'on sait très bien qu'ailleurs,
dans d'autres juridictions, il n'a pas donné de bons résultats. Et on abandonne
un modèle qu'on avait développé ici et qui donnait des résultats. Un modèle qui
est régi par une régie, un organisme indépendant qui, avec le temps, est devenu
performant et rigoureux. Et donc c'est une énorme perte de s'éloigner d'un tel
modèle qui fonctionne bien.
Et finalement, et je vais terminer avec
ça, je ne sais pas combien de temps il me reste, mais j'aimerais... en
terminant, j'aimerais mentionner aussi un élément important, c'est que, dans
tout ça, et je pense que la collègue de Mercier l'avait mentionné tantôt, en
fin de compte, tout ça, quand je dis tout ça, c'est le projet de loi
n° 34, toute cette discussion a commencé autour des trop-perçus. Suite à
ces questions de trop-perçus qui se sont déjà posées, ces questions, dans la
dernière législature, il y a eu des activités politiques de la Coalition avenir
Québec, des pétitions et des choses comme ça et une campagne électorale,
formation d'un nouveau gouvernement par la suite. Et donc pour le gouvernement
actuel, pour le ministre de l'Énergie actuel, le projet de loi n° 34,
c'est en grande partie la réponse du gouvernement à ces trop-perçus. Très bien.
Sauf que, ce qui est ironique dans tout
ça, c'est qu'en établissant un mode tarifaire lié directement à l'inflation,
bien, c'est extrêmement probable que d'autres trop-perçus s'accumulent avec le
temps, parce que le tarif d'électricité et le taux d'inflation, il n'y a aucune
corrélation. Donc, c'est très, très probable qu'en 2021, 2022, encore une fois,
des trop-perçus s'accumulent et puis là, il n'y a plus de mécanismes de
répartition de ces trop-perçus. Donc, on revient vraiment à la situation
d'avant 2013, ce qui est extrêmement problématique.
Je pense que je vais arrêter ici, M. le
Président. Il y aurait d'autres choses que je souhaiterais dire, mais pour
l'instant je m'arrête ici. Je ne pense pas que j'ai convaincu le ministre, mais
ça m'a fait du bien de dire ce que je viens de dire. Voilà. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. M. le ministre.
M. Julien : J'ai très bien
écouté mon collègue. Quoique mes yeux étaient sur mes feuilles, je vous
écoutais très attentivement, cher collègue. Et j'apprécie toujours, en réalité,
vos allocutions qui sont éclairées à plusieurs égards. Naturellement, il faut
comprendre également, M. le Président, que...
M. Julien : …je bien d'écouter mon
collègue, quoique mes yeux étaient sur mes feuilles, je vous écoutais très attentivement,
cher collègue, et j'apprécie toujours, en réalité, vos allocutions qui sont
éclairées à plusieurs égards. Naturellement, il faut comprendre également, M.
le Président, qu'on ne sera pas la seule nation… la seule juridiction,
excusez-moi, qui va utiliser, en fin de compte, des délais par rapport à son
législateur, par rapport à la distribution d'électricité. L'Angleterre utilise
huit ans de délai, l'Australie, cinq ans, l'Alberta, encore spécifiquement sur
la distribution, cinq ans. Alors, il y a plusieurs autres juridictions qui
utilisent des délais avoisinant celui qu'on préconise à la régie.
Mon collègue a également parlé de la
notion de trop-perçu qui, moi, j'appelle écart de rendement. Effectivement,
c'est un écart de rendement, et, naturellement, sur le mode de tarification
actuel qui est déficient, déficient dans le cadre même d'avoir une organisation
publique performante.
Alors, je réitère que le mode actuel fait
en sorte qu'Hydro-Québec se présente à la régie, et c'est vrai que, quand il se
présente à la régie avec ses coûts, il y a des discussions de huit mois, comme
on a mentionné. Ça peut coûter entre 15 et 20 millions,
1 500 questions. Juste rappeler aux gens, là, 15 et 20 millions,
là, parce que je me suis fait dire par les collègues de l'opposition :
Bien, il n'y a rien là, 15 à 20 millions avec les revenus d'Hydro-Québec.
Bien oui, mais on ne peut pas le regarder comme ça. 15 à 20 millions... Je
suis-tu en train de me faire dire qu'on peut se passer de 15 à
20 millions?
Vous savez, M. le Président, je le disais
tout à l'heure, là, il y a quelques semaines de ça, je m'en souviens assez bien
parce que j'y ai participé de manière assez active, on a eu une panne
d'électricité, la deuxième plus importante qu'il y a eu au Québec après la
crise du verglas. Plus de 1 million de personnes ont été privées de
courant... près de 1 million, un peu moins. Ça a pris, dans certains cas
de situation, quatre à cinq jours à rétablir. On avait
1 500 travailleurs, 750 équipes sur le terrain. On a fait venir,
en fin de compte, des gens de Détroit, on a fait venir des gens du
Nouveau-Brunswick, on a fait venir des gens d'Ottawa, qu'on rémunérait,
naturellement, pour tous ces travaux-là, et, honnêtement, on était la pédale au
fond. Ça a coûté 20 millions. Ça coûtait une cause tarifaire. Pourtant, on
en a fait grande mention et, honnêtement, on a déployé beaucoup de gens sur le
terrain. Juste pour faire un parallèle c'est quoi, 20 millions, là.
Alors, on n'enlève pas les responsabilités
de la régie. Hier, j'avais mon collègue de Vimont qui était ici et qui
mentionnait... qui lisait la liste qu'on a déposée. Alors, ça fait plusieurs
fois qu'on lit la liste qu'on a déposée sur les responsabilités de la régie.
Mais la régie, dorénavant, là, pour ce qui est de la cause tarifaire, ça va
être aux 60 mois. C'est ce qu'on dit. C'est ce que prévoit le projet de
loi n° 34.
Maintenant, je comprends que l'opposition
n'est pas d'accord, mais, à partir de là, qu'on n'est pas en accord, on essaie
de bonifier le projet de loi. Et là ce qu'on tente de faire avec l'amendement
qui est apporté, c'est dire : Oui, mais on pourrait demander un avis à la
régie sur base annuelle sur les tarifs. Ah! bien non, ce n'est pas une bonne
idée parce que l'avis de la régie, quand on va à l'article 5 du projet de
loi puis qu'on... aux articles de la régie, pour émettre son avis, il y a tout
ce qu'elle peut faire, et pour les mettre sur cet élément-là, ça prend des
audiences publiques. Ça revient à une cause tarifaire. Alors, ce qu'on tente de
faire, ici, par la proposition de l'amendement, c'est de ramener la cause
tarifaire annuelle.
Bien non! On a dit que ça coûtait entre 15
et 20 millions. On a dit qu'historiquement, en réalité, il y avait une
corrélation avec l'inflation. On l'a dit que la correction va se faire aux
60 mois. On a dit également que pour dégager le 500 millions... Ça,
on n'en parle pas souvent. Les 500 millions qu'on va retourner à la
première facturation... plus de 500 millions, je réitère, plus de
500 millions qu'on va retourner à l'ensemble de la clientèle, ça prend une
modification de la base tarifaire, ça prend un transfert de risque.
• (12 h 40) •
Alors, je reviens sur les propos de mon
collègue. On ne mesurera plus des écarts de rendement. Bien non, c'est sûr. Le
principe même de la tarification n'est plus sur un rendement attendu. Ce n'est
plus un «cost plus». Là, on disait : Tous les coûts d'Hydro-Québec plus
8,2 %, ce qui est au-dessus de ça, on le partage à 0,50 $ dans la
piastre avec la clientèle, ce qu'ils n'ont pas fait, puis tout ce qui au-dessus
de 100 points de base, à 75 % avec la clientèle, ce qu'ils n'ont pas
fait. Alors, il y avait un mécanisme qu'ils n'ont pas appliqué. Aujourd'hui,
ils souhaiteraient qu'on le conserve avec une base de tarification qui est
déficiente, parce que cette...
M. Julien : ...Hydro-Québec
plus 8,2 %, ce qui est au-dessus de ça, on le partage à 0,50 $ dans
le 1 $ avec la clientèle, ce qu'ils n'ont pas fait, puis tout ce qui est
au-dessus de 100 points de base, à 75 % avec la clientèle, ce qu'ils
n'ont pas fait. Alors, il y avait un mécanisme qu'ils n'ont pas appliqué. Aujourd'hui,
ils souhaiteraient qu'on le conserve avec une base de tarification qui est
déficiente. Puisque cette base de tarification là, qu'est-ce qu'elle fait, M.
le Président? C'est qu'Hydro-Québec, c'est quoi son intérêt de réduire ses
coûts? Si moi, par exemple, je disais : Jonatan... je ne m'appelle pas M.
le ministre moi-même, je ne suis pas rendu là. Alors, il dit : Jonatan, on
va prendre ta rémunération, toi, puis toutes tes dépenses, puis on va te donner
8,2 % de plus que tes dépenses. J'aurais tendance à faire quoi, moi? À
dépenser, ils vont me donner 8,2 % de mes dépenses. Aïe, je vais dépenser.
Puisque plus je dépense, plus qu'ils me donnent de rendement. Puisque
8,2 % de 100 $, là, ou bien 8,2 % de 200 $... 8,2 % de
200 $ ça doit faire 16,40 $ puis 8,2 % de 100 $ ça doit
faire 8,20 $. Maudit, je suis bien mieux de dépenser, bien, je vais
dépenser.
Alors, le modèle actuel de tarification ne
favorise pas du tout à la société d'État, qui essaie de mettre une saine
pression pour améliorer son efficience, pour réduire ses dépenses. Et on
voudrait qu'on conserve ça. Et là, ils nous disent : Oui, mais là, il n'y
aura plus d'écart de rendement. Bien, non. Il n'y a plus de rendement.
Hydro-Québec va connaître ses revenus, puis ses revenus vont être plus bas,
puis ça va être à elle de baisser ses dépenses. C'est un changement de principe
fondamental.
Mais là, on dirait : Oui, mais on va
mesurer quand même son rendement sur l'avoir, probablement, qu'on souhaiterait
faire. Ah! Ce n'est pas la même chose. Le rendement c'était cost plus. Cost
plus. On change ça. Dorénavant, les revenus, c'est une inflation, le risque est
transféré à Hydro-Québec. Et aux cinq ans, la régie va aller voir, en fin de
compte, par cause tarifaire, à tous les cinq ans. On augmente la périodicité,
comme le fait... en Angleterre, huit ans, en Australie, cinq ans, en
Alberta, cinq ans. Spécifiquement sur les distributeurs d'électricité.
Donc, ce n'est pas : On est les premiers à faire ça, ça ne marche pas
ailleurs.
Alors, encore un amendement, après
115 heures de travaux, un amendement pour ramener, en fin de compte, le
principe de base annuelle de cause tarifaire. Puis après ça, on me demande de
dire : Bien, vous devriez faire preuve d'ouverture, mais c'est le
fondement du projet de loi. C'est le fondement du projet de loi. Alors, à
partir de là, bien, je comprends qu'on ne peut pas amener des amendements
constructifs sur le projet de loi, puis c'est correct. Puis maintenant, je vais
pouvoir écouter, probablement, ma collègue de Maurice-Richard.
Le Président (M. Lemay) : Très
bien. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement? Mme la députée
de Maurice-Richard, la parole est à vous.
Mme Montpetit : Bonjour, M. le
ministre. J'entends le ministre, souvent, dire et répéter depuis le début de
nos travaux, puis il l'a souligné encore à quelques reprises, que... il fait
souvent référence au fait que les oppositions sont contre. Je trouve déjà, en
partant, que c'est une drôle de posture et de prémisse parce que... puis je
trouve ça important de faire ce caveat-là, puis vous allez voir où je vais
parce que j'en reviens encore à des articles de presse de ce matin, qui vont
tout à fait dans le sens de l'amendement qui est déposé par mon collègue de
Laval-des-Rapides.
Je veux juste lui rappeler, là, qu'on soit
tous dans la même barque puis le même bateau, là, que ce n'est pas seulement
les oppositions qui sont contre. Le ministre, pour son projet de loi n'a reçu
aucun, aucun appui des représentants des consommateurs, c'est encore souligné
ce matin. Il n'a reçu aucun appui d'économistes ou d'autres experts, c'était
encore souligné, ce matin. Tous les partis d'opposition, effectivement,
s'opposent au projet de loi dans sa forme actuelle puis oui, fondamentalement,
il y a un enjeu avec le fond du projet, ce n'est pas qu'on ne l'aura pas assez
souligné, puis c'est pour ça qu'on apporte des amendements pour essayer de
corriger cet aspect-là.
Et j'ai, honnêtement, rarement vu un
ministre faire autant l'unanimité avec le dépôt d'un projet de loi, là,
l'unanimité contre lui, contre son projet de loi. Il y a même quatre de ses
prédécesseurs qui ont demandé... même pas des modifications, qu'ils n'ont pas
élevé leur voix en disant qu'il y avait des ajustements à faire, qui ont
demandé le retrait complet du projet de loi.
Je trouve... honnêtement, ça prend une
belle confiance en soi pour faire fi de l'avis de quatre de ses prédécesseurs
quand on est ministre. Des gens qui ont occupé sa chaise, des gens qui ont
travaillé sur ces dossiers...
Mme Montpetit :
...demander le retrait complet du projet de loi. Je trouve, honnêtement, ça
prend une belle confiance en soi pour faire fi de l'avis de quatre de ses
prédécesseurs, quand on est ministre, des gens qui ont occupé sa chaise, des
gens qui ont travaillé sur ces dossiers-là, des gens qui, forcément, comme ministres,
ont une parfaite connaissance du dossier et dont l'avis devrait être extrêmement...
devrait être considéré avec beaucoup d'attention.
Et je le dis avec beaucoup d'humour, parce
que je refaisais la revue de presse, puis je lisais les derniers articles ce
matin, puis ça me faisait penser à un proverbe, je sais qu'on est dans une
institution laïque, là, puis je le dis en tout respect, mais c'est un proverbe
qu'il me plait bien d'utiliser à certains égards, puis je trouvais qu'il
s'appliquait bien dans le contexte, mais il y a un proverbe assez connu qui
dit : N'appartient qu'à Dieu d'être seul. Et je trouve que, dans le
contexte, ça a toute sa portée de voir que, justement, il fait l'unanimité
contre le projet.
Et Robert Dutrisac, ce matin, de façon
très pertinente, écrivait encore sur le projet de loi. Ça fait encore plusieurs
semaines que le projet de loi est déposé. Le ministre a eu l'occasion, à
plusieurs reprises, de répondre à des questions en Chambre, aurait dû
convaincre de la pertinence et de la qualité du projet de loi. Et force est de
constater qu'encore ce matin ce projet de loi est dénoncé, et avec un titre quand
même assez virulent, qui est Hydro-Québec et la régie, le chien de garde
muselé. Et Robert Dutrisac fait évidemment référence, quand il parle de
chien de garde muselé, il fait référence à la Régie de l'énergie.
Et tout le propos... puis je le sais que
le ministre nous trouve peut-être répétitifs avec nos amendements, mais le
noeud de ce projet de loi repose exactement dans ce que... entre autres, dans
ce que M. Dutrisac souligne ce matin sur le fait d'enlever des pouvoirs...
puis on l'a mentionné dès le début, d'enlever des pouvoirs à une institution
indépendante, d'enlever des pouvoirs à la Régie de l'énergie mais de se priver
aussi de l'avis extrêmement important, de l'opinion extrêmement importante
d'une institution qui est indépendante.
Alors, je veux dire, quand Robert
Dutrisac, encore ce matin, dit qu'Hydro-Québec a besoin d'un chien de garde et
que ce chien de garde là est muselé, je pense que ça vient souligner, quoique
ça déplaise au ministre, ça vient... puis je ne veux pas lui prêter d'intentions,
mais je pense qu'il est peut-être usé de la répétition de nos amendements, puis
je le comprends parfaitement, mais la raison pour laquelle on dépose encore un
amendement qui va en ce sens, de toute évidence, ce n'est pas complètement
déconnecté du terrain, de ce que pensent les consommateurs, de ce que pensent
les différentes organisations et de ce que pensent également, de toute
évidence, les journalistes qui suivent nos travaux au jour le jour.
Puis je veux juste rappeler, encore là,
parce qu'on en a quand même assez peu... puis je ne suis même pas convaincue
qu'on l'a mentionné, peut-être au début, mais... Puis je suis certaine que le
ministre s'en rappelle, mais on se rappelle qu'il y avait eu un sondage qui
avait été fait sur, justement, le... par rapport à Hydro-Québec, par rapport au
travail de la Régie de l'énergie. Il faut quand même se rappeler que, dans ce
sondage, dont les résultats, je dois avouer, pour certains, étaient
surprenants, pas le premier que je vais vous citer, mais...
Le sondage disait que 84 % des
répondants, donc je pense qu'on peut appeler ça une majorité assez
importante... Pour 84 % des répondants, la régie doit continuer à valider
annuellement les tarifs d'électricité d'Hydro-Québec. Je ne vois pas comment on
peut être plus clair. Ce n'est pas partagé, comme avis. 84 %, je pense que
c'est une indication quand même assez claire de ce que la population pense.
Donc, c'est encore un groupe contre lequel
le gouvernement se place en déposant ce projet de loi. Et je trouve ça
extrêmement dommage, dans un contexte encore... qui plus est, où on dit que...
le gouvernement dit qu'il est à l'écoute de la population. Là, je pense qu'on a
un avis qui est très, très clair, où les gens disent : La régie doit
continuer de valider annuellement les tarifs d'hydroélectricité. C'est
exactement ce qu'on essaie d'amener, entre autres, en ajoutant des amendements
qui soulignent l'importance d'avoir des avis de cette régie.
• (12 h 50) •
Je vous rappelle que, dans le même
sondage, ce qui était quand même assez suprenant, donc c'est dire à quel point
les gens perçoivent que la régie a un rôle important à jouer, il y avait près
de 60 % des répondants qui étaient prêts à payer 1 $ de plus sur leur
facture pour financer une meilleure surveillance du monopole d'État. Donc,
c'est dire à quel point aussi les gens souhaitent qu'Hydro-Québec ait une forme
de...
Mme Montpetit : ...un rôle important
à jouer. Il y avait près de 60 % des répondants qui étaient prêts à payer
1 $ de plus sur leur facture pour financer une meilleure surveillance du
monopole d'État. Donc, c'est dire à quel point aussi les gens souhaitent
qu'Hydro-Québec... il y ait une forme de... je vais dire, de contre-pouvoir,
comme ça a toujours été le cas depuis près... plus de 20 ans, que cette
norme-là qui avait été mise en place continue de l'être.
Puis dans la même veine, je vous sors un
dernier chiffre du sondage. 80 % des répondants estimaient même
que... non seulement la régie doit continuer de valider les tarifs annuellement,
non seulement ils étaient même prêts à débourser pour une meilleure
surveillance du monopole de l'État, mais en plus de ça, 80 % des gens qui
étaient interrogés estimaient — contrairement à ce qui est proposé
par le projet de loi n° 34 — estimaient qu'il
faudrait accorder à la régie encore plus de pouvoir de surveillance sur la
société d'État.
Donc, c'est dire à quel point le projet de
loi est complètement déconnecté de ce que les gens souhaitent, de la lecture du
public, de ce que les gens demandent, et ça, pour moi, c'est quelque chose de
complètement inexplicable. Et je ne reprendrai pas les termes de mon collègue
de Laval-des-Rapides parce que vous avez été bien clair là-dessus, mais encore
là, je vais reprendre une expression : il n'y a pas plus aveugle au
royaume des borgnes... Non, je vais toute la mélanger, je n'irai pas là.
Une voix
: Au royaume
des aveugles, le borgne est roi.
Mme Montpetit : Voilà,
exactement, mais on la prendra en sens inverse. Je pense que de s'entêter alors
que les experts, les groupes de consommateurs et... la population est contre le
projet, l'a dit à plusieurs reprises, et je trouve ça malhonnête ou malheureux,
à tout le moins, intellectuellement de venir dire que ce sont — parce
que je comprends que c'est un peu le message qui s'installe — que ce
sont les oppositions qui font du temps et... dans le contexte de nos travaux.
Et je pense que les amendements qu'on dépose... Encore, l'amendement
d'aujourd'hui, qui est déposé par mon collègue de Laval-des-Rapides, est un
amendement qui est tout à fait conséquent et qui représente parfaitement ce que
les gens demandent.
Donc, quand on dépose un amendement qui
demande un avis annuellement — mon collègue de Robert-Baldwin l'a
bien expliqué aussi — c'est important, à nos yeux et aux yeux, de
toute évidence, de plein de Québécois, que la régie soit impliquée
annuellement, puisse donner un avis annuellement. Puis on l'a mis, mais si le
ministre veut le libeller autrement... Mais on trouvait que de mettre ces
éléments-là, qui est le respect de l'intérêt public puis... l'équilibre, en
fait, entre l'intérêt public, la protection du consommateur parce qu'on a des
inquiétudes qu'on a déjà mises de l'avant. On souhaite qu'elles soient écrites
dans le projet de loi, on veut qu'il soit écrit que la protection des
consommateurs est un élément qui va être pris en considération et on veut que
la régie puisse, justement, émettre un avis dans cet aspect-là. Et donc, une
considération entre l'intérêt public, la protection du consommateur et un
traitement équitable du transport d'électricité et des distributeurs.
Donc, je pense que c'est des demandes qui
sont non seulement louables, non seulement pertinentes, mais qui font surtout
écho à plusieurs, plusieurs demandes qui ont été faites de partout et si le
ministre veut bien m'accorder encore quelques minutes, j'aimerais qu'il nous
explique pourquoi il est opposé à obtenir cet avis-là, qui ne le lie pas
nécessairement. Mais je pense qu'en termes de transparence, c'est intéressant
pour nous, comme parlementaires, mais aussi comme pour le grand public que cet
avis soit émis annuellement, et pas qu'on se retrouve, au bout de cinq ans,
justement, avec une possibilité de mauvaise surprise.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Oui, merci, M. le
Président. C'est toujours un plaisir d'entendre ma collègue de Maurice-Richard.
Toutefois, je vous dirais que le discours qu'elle vient de tenir me semble
identique à la dernière fois qu'on a eu l'occasion de discuter ensemble. C'est
correct parce que probablement, en réalité, qu'on est au même point que la
semaine dernière, je l'accepte. Maintenant, je reviens sur l'amendement
spécifiquement parce qu'on n'a pas beaucoup parlé de la teneur de l'amendement,
mais il y a quand même une question qui me dit, à la fin de l'élocution,
spécifique sur l'amendement. Donc, je vais répéter la même chose que j'ai
mentionnée, déjà, à plusieurs reprises sur l'amendement.
• (13 heures) •
Alors, on a déjà autorisé, après plusieurs
heures sur l'article 2, un amendement qui avait été amené, effectivement,
par mon collègue de Laval-des-Rapides et qu'on a travaillé ensemble, justement,
pour faire en sorte que cet amendement-là soit conséquent et c'est pour faire
en sorte que la régie émette un avis sur le taux applicable. Le taux
applicable, mais spécifiquement au tarif L. Alors...
M. Julien : ...après plusieurs
heures sur l'article 2, un amendement qui avait été amené, effectivement,
par mon collègue de Laval-des-Rapides et qu'on a travaillé ensemble justement
pour faire en sorte que cet amendement-là soit conséquent, et c'est pour faire
en sorte que la régie émette un avis sur le taux applicable, le taux
applicable, mais spécifiquement au tarif L. Alors, le tarif L qui, dans sa
nature, qui comporte 161 clients, doit maintenir une compétitivité et doit
faire en sorte que l'interfinancement est maintenu également.
Alors, on a eu des bonnes discussions, on
est allé plus loin, on a élaboré un amendement et on a été en faveur. Et naturellement,
le travail de la régie, qu'elle devra faire pour émettre un avis sur base
annuelle sur le taux applicable est circonscrit. On convient tous que le taux
d'inflation à l'IPC moins le tabac, les boissons et également le cannabis va
être appliqué sur l'ensemble des tarifs généraux, et là la régie va regarder
spécifiquement le tarif L, le taux multiplicateur qui doit s'applique par
rapport à l'inflation. On a accepté ça puisqu'il y a la notion de
compétitivité. On a accepté ça également parce qu'il y avait seulement six ans
d'historique sur la différenciation entre le tarif L et les tarifs généraux. Et
ce qui était préconisé dans le projet de loi, c'était une évaluation basée sur
les six dernières années qui disait 65 %. Et on m'a convaincu de dire que
la période n'était pas assez longue, de six ans, et que peut-être qu'il serait
plus éclairé d'avoir un avis de la régie. On a accepté ça. Donc, c'est très
spécifique, c'est très circonscrit et c'est sur élément-là qu'on l'a accepté.
Maintenant, la proposition de mon collègue
de Laval-des-Rapides, de l'amendement qu'on a sous les yeux, c'est complètement
autre chose. Alors, si je relis l'amendement, alors, le bout qu'on vient de
rajouter, là : «La régie doit donner annuellement un avis au ministre
concernant l'indexation annuelle prévue au 1er avril de chaque année en
tenant compte du respect de la conciliation entre l'intérêt public, la
protection des consommateurs et un traitement équitable des transporteurs
d'électricité…» Bon, la dernière phrase, là, ça, c'est le rôle de la régie. De
toute façon, quand elle fait ses travaux, là, c'est ça qui doit gouverner. Ça
fait qu'aussitôt qu'on parle à la régie, là, pas besoin de l'écrire, c'est
prévu dans son article 5, textuellement, ça fait que le mot «régie» égale
ça. Quand elle fait une intervention, là, elle doit toujours considérer ces
éléments-là, c'est comme si on mettait, à toutes les fois qu'on met la régie,
sa mission, sa raison d'être et également ses obligations. Ce n'est pas
obligatoire. Elle le fait, elle le fait bien, elle le fait adéquatement.
Mais ce n'est pas ça le noeud sur lequel
on n'est pas en accord, c'est «l'indexation annuelle prévue au 1er avril».
C'est quoi l'indexation annuelle prévue au 1er avril? C'est l'inflation
selon l'IPC moins les trois éléments qu'on a mentionnés, observés le
30 septembre. Alors, le projet de loi, il dit : On veut simplifier,
on va aller à la régie aux 60 mois puis, dans l'intervalle, on va geler
puis on va augmenter après ça à l'inflation. Et ce que les collègues nous
proposent, c'est dire : Oui, mais il faudrait qu'elle donne un avis sur le
taux d'inflation. Un avis sur le taux d'inflation? Bien, c'est le taux au
30 septembre. Non, sur le caractère adéquat. Ah! vous parlez d'une cause
tarifaire. Puisque l'avis de la régie, elle va se bâtir comment? Pour pouvoir
refaire cette distinction-là, elle va se baser sur une cause tarifaire. Là, on
dit : Oui, mais écoutez, il me semble qu'on avait convenu… non, ce n'est
pas vrai, on n'a pas convenu. Il me semble qu'il est convenu dans le projet de
loi que la cause tarifaire soit aux 60 mois, parce qu'effectivement on
veut simplifier, on veut donner de la prévisibilité, on veut retourner
500 millions, on veut geler les tarifs, on veut éviter, en fin de compte,
les frais annuels entre 15 et 20 millions, avec 1 500 questions, huit mois
de discussion, pour observer, en fin de compte, que sur les 15 dernières
années si au lieu de faire une cause tarifaire, on avait appliqué l'inflation,
plus de 2,4 milliards d'économies pour la clientèle. La clientèle
d'Hydro-Québec, sur la période, aurait payé 2,4 milliards de moins. Nous,
on dit : Écoutez, on va aller aux 60 mois.
Alors, on le fait pour qui ce projet de
loi là? On le fait, M. le Président, pour la clientèle. Pour la clientèle. J'ai
entendu mon collègue dire : Pour Hydro-Québec. Mon droit de parole,
c'est : Pour la clientèle. Alors, sur cette base-là, c'est à eux qu'on
répond, nous, M. le Président. Et au quotidien, moi, c'est les citoyens que je
côtoie, et les citoyens trouvent que c'est un bon projet de loi. Alors, c'est
pour ça qu'on va continuer à aller de l'avant avec, M. le Président, avec grand
plaisir. Merci.
• (13 heures) •
Le Président (M. Lemay) : Merci
à tous. Je vous remercie pour votre collaboration.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux...
13 h (version non révisée)
M. Julien : ...et, au quotidien,
moi, c'est les citoyens que je côtoie, et les citoyens trouvent que c'est un
bon projet de loi. Alors, c'est pour ça qu'on va continuer à aller de l'avant
avec, M. le Président, avec grand plaisir. Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Merci à tous. Je vous remercie pour votre collaboration.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)