La reconstitution des débats parlementaires
Depuis 1867, le Parlement québécois a vu se succéder plusieurs législatures, mais il faudra attendre jusqu'en 1964, avec l'arrivée du Journal des débats, pour qu'une reproduction intégrale des débats des députés de l'Assemblée nationale soit entreprise. C'est pour combler cette absence d'un Hansard (Journal des débats) que l'Assemblée nationale décidait de poursuivre, à partir de 1973, le travail entrepris par l'historien Marcel Hamelin, soit la reconstitution des débats parlementaires antérieurs à 1963.
L'absence d'un Hansard est due, en partie, aux coutumes et aux pratiques de l'époque, mais aussi aux coûts qu'engendre une telle publication. Au XIXe siècle, des journalistes tentent des expériences, comme Roch-Pamphile Vallée qui, avec son Écho de la session, publie quelques débats en 1871. Les frères Alphonse et Louis-Georges Desjardins et Narcisse Malenfant suivent l'exemple de Vallée et publient un compte rendu des débats pour la période 1878 à 1892. D'ailleurs, pour avoir une idée du travail accompli par Alphonse Desjardins, la Bibliothèque de l'Assemblée nationale a procédé à la numérisation des débats de la 1re session de la 4e Législature (du 4 juin 1878 au 20 juillet 1878). Cette édition unique, faite manuellement, illustre bien le travail de reconstitution à partir des diverses sources journalistiques de l'époque.
Rien d'exhaustif et de permanent n'est donc né de ces diverses tentatives. Conscients des lacunes historiques, quelques historiens se sont mis à l'oeuvre pour reconstituer une version la plus complète possible des débats. Les débats de la session 1837 du Parlement du Bas-Canada ont été reconstitués par Gilles Gallichan et publiés dans le Cahier des Dix (nos 49 et 50). Elizabeth Nish a entrepris la reconstitution des débats des sessions tenues sous le gouvernement de l'Union (1840-1867). Pour sa part, Marcel Hamelin a reconstitué les débats de l'Assemblée législative du Québec pour les années 1867 à 1878. Mais au-delà de cette période, l'ampleur du travail dépassait largement les ressources de quelques individus. C'est pourquoi l'Assemblée nationale du Québec a mis sur pied en 1974 une équipe d'historiens pour parachever le travail de Marcel Hamelin et reconstituer les débats de l'Assemblée nationale. Le plan de travail de l'équipe de la reconstitution des débats parlementaires n'inclut pas les débats des comités permanents (commissions parlementaires) ni ceux du Conseil législatif.
La documentation nécessaire à la reconstitution des débats inclut des documents officiels (Journaux de l'Assemblée législative, ordres du jour, règlements de l'Assemblée et règles de procédure), des brochures, les chroniques parlementaires des grands quotidiens de l'époque, seuls témoins avant 1963 des paroles échangées en Chambre, et tout autre document jugé pertinent. Une fois ce dossier de base rassemblé, un historien ou un stagiaire universitaire confronte et analyse, selon une méthode rigoureuse, les chroniques parlementaires des grands journaux afin de fixer l'ordre des intervenants et de choisir les textes les plus complets. De cette confrontation de textes naît une version relativement exhaustive qui répond à de rigoureux critères de qualité. Le travail de reconstitution requiert une bonne connaissance de la procédure parlementaire et du contexte historique dans lequel se déroule une session.
Une fois toutes les séances reconstituées, un second dépouillement est réalisé à partir des autres journaux du Québec publiés à l'époque. En comparant le texte reconstitué à ces journaux, il est possible d'ajouter des phrases ou des portions de discours manquantes afin de compléter la version de base. Pour faciliter la lecture des discours et des interventions, les références n'apparaissent pas dans l'édition finale. Cependant, il est toujours possible de communiquer avec la Bibliothèque de l'Assemblée nationale pour obtenir, au besoin, la référence précise de chaque passage.
Le but de la reconstitution des débats est de rapporter le plus fidèlement possible tous les propos tenus par un député à l'Assemblée législative. Le sens des textes a été scrupuleusement respecté. Des anglicismes, tel que le mot « bill » pour projet de loi, ont été conservés ainsi que des canadianismes et autres expressions de l'époque afin de respecter le niveau de langage utilisé par les parlementaires.
Toute personne qui voudrait en savoir plus sur le processus de la reconstitution des débats pourra consulter l'introduction méthodologique des Débats de l'Assemblée législative de la 8e législature, 1893-1897, Québec, Journal des Débats, 1980. Par ailleurs, celui ou celle qui s'intéresse au travail des journalistes tirera profit des deux textes suivants dont l'auteur est Jocelyn Saint-Pierre : La chronique parlementaire dans les quotidiens québécois de 1871 à 1921 : partisane ou impartiale ? , dans la revue Communication, vol. 17, n° 2, décembre 1996; et Les 125 ans d'une institution parlementaire, la Tribune de la presse au Québec publié dans La Tribune de la presse vue par..., Québec, Les Presses de l'Assemblée nationale, 1996.
La version imprimée des Débats de l'Assemblée législative ainsi que la reproduction intégrale des débats de l'Assemblée nationale faite par le Journal des débats depuis 1963 sont disponibles dans les grandes bibliothèques ainsi qu'à la Bibliothèque de l'Assemblée nationale. Toutes les sessions sont maintenant accessibles dans le site Internet de l'Assemblée nationale. Consultez à cet effet la page Journal des débats (1867 à ce jour).
Pour en savoir plus
Pour plus d'informations au sujet de la reconstitution des débats, veuillez vous adresser à la Bibliothèque de l'Assemblée nationale :