(Huit heures vingt-huit minutes)
M. Arseneau : Bonjour, tout
le monde. C'est un plaisir d'être avec vous ici, ce matin, même si le sujet qu'on
aborde ne nous fait pas tellement plaisir, de voir à quel point le Québec s'est
affaibli, sous le gouvernement de la CAQ, ces quatre dernières années, dans son
rapport face à Ottawa, face au fédéral.
On commence de plus en plus à parler de
bilan. Celui de la CAQ est absolument, extrêmement mince, tout simplement parce
que le gouvernement de François Legault n'a jamais développé de rapport de
force face à Ottawa. Il a embrassé le Canada, le fédéralisme, et il a même
appuyé, évidemment, aux dernières élections, le Parti conservateur, qui est en
déroute, avec pour résultat, aujourd'hui, que le fédéral décide de ce qu'il
veut bien faire, y compris contester les lois qui ont été adoptées par l'Assemblée
nationale du Québec.
On le voit avec l'annonce d'hier, de façon
tout à fait nonchalante, le gouvernement décide qu'il... et ça lui semble tout
à fait normal, de contester la Loi sur la laïcité de l'État, de s'inscrire au
dossier, contrairement à ce que le gouvernement de la CAQ lui demandait. Et qu'il
le fasse au lendemain de l'adoption de la loi n° 96
sur la protection du français n'est pas anodin. En fait, c'est très fort comme
message à l'effet que le Québec doit rentrer dans le rang.
Et évidemment on pourrait parler aussi des
autres éléments qui font que le Québec est extrêmement faible et n'arrive pas à
obtenir les montants nécessaires, en fait, la partie de ce qu'on paie au
fédéral pour soigner les gens. On attend toujours d'avoir des résultats pour,
justement, investir dans le système de santé. Les 6 milliards ne sont
jamais versés par le fédéral. On pourrait parler des pouvoirs en immigration,
du point d'impôt, du rapport d'impôt unique.
Bref, le bilan de la CAQ est lamentable,
tout simplement, parce que la stratégie de l'aplaventrisme ne donne absolument
aucun résultat. Et on a bien hâte de voir comment le gouvernement de la CAQ va
pouvoir rebondir. Et la réaction, hier, du premier ministre à l'effet d'y aller
avec la simple formule du «s'il vous plaît» en dit long sur la capacité de la
CAQ à faire respecter les lois québécoises par le fédéral.
M. Lacroix (Louis) : Sur
P-38, l'aide médicale à mourir, bon, on a inclus, comme vous le savez, un
article qui n'était pas dans le rapport. Si on retire cet article-là sur les
handicaps neuromoteurs, est-ce que vous êtes disposés à faire progresser ce
projet de loi là rapidement?
M. Arseneau : Bien, en fait,
ma collègue, Véronique Hivon, l'a exprimé avant moi de façon très, très claire,
nous souhaitons l'adoption de ce projet de loi. Et on a été extrêmement surpris
que le gouvernement amène ce nouvel article qui avait, essentiellement... qui n'a
pas fait l'objet de débat ou de discussion, donc qui ne fait pas l'objet d'un
consensus. Et le Québec a toujours privilégié le consensus dans une matière
comme celle-là. Alors, si le gouvernement réalise qu'il a rendu impossible l'adoption
du projet de loi en ajoutant cet élément-là et qu'il le retire, bien,
évidemment que nous allons collaborer de toutes nos forces pour faire adopter
ce projet de loi.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...le
gouvernement doit enlever cet article-là pour obtenir votre appui?
M. Arseneau : Bien, en fait,
nous, on va travailler à l'adoption de ce projet de loi là. Mais il est clair
que, si le gouvernement ne retire pas cet article-là, il va falloir en
discuter, et en discuter longuement, et consulter. Alors, ça rend les choses, à
toutes fins pratiques, impossibles dans le délai qui est imparti, c'est-à-dire
qu'il nous reste deux semaines de travaux parlementaires.
M. Lacroix (Louis) : ...a
comparé cet article-là... en fait, il a dit que... il a comparé ça à du suicide
assisté. Est-ce que c'est votre sentiment aussi?
M. Arseneau : Bien non, moi,
je vais laisser à M. Marissal d'expliquer les raisons pour lesquelles il
appuiera ou non cette notion. Nous, ce qu'on dit simplement, c'est que le débat
n'a pas été fait.
M. Lacroix (Louis) : ...personnellement.
M. Arseneau : D'accord.
Alors...
M. Lacroix (Louis) : Comment...
Parce que tout le monde a une opinion, tout le monde a une opinion personnelle
là-dessus, ça fait partie des sujets pour lesquels on a des convictions
personnelles. On est d'accord, on n'est pas d'accord, ça heurte nos sentiments
ou pas. Pour vous, est-ce que c'est une ouverture qui est acceptable sur le
plan moral, pour vous, personnellement?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
nous autres, on est... moi, je suis totalement ouvert au débat, mais je n'ai
pas de point de vue personnel à partager aujourd'hui, je n'ai pas fait partie
de la commission, et on sait que la commission n'a pas abordé le sujet. Alors,
moi, je souhaite qu'on aborde ce genre de sujet là. On est ouverts au débat. Le
problème, c'est qu'on n'en a pas encore débattu. Alors, moi, je pense qu'il
faut que les Québécois soient partie prenante à une discussion à ce sujet. Et
ce sujet-là, il est important, il est sérieux, mais il ne peut pas se régler en
l'espace de quelques heures de commission.
M. Laforest (Alain) : Donc,
on ne fait pas ça en 10 jours, là?
M. Arseneau : Non, on ne peut
pas faire ça en 10 jours...
M. Laforest (Alain) : Si le
gouvernement ne recule pas, il doit oublier le consensus, là?
M. Arseneau : Bien, parce que
le consensus, il doit venir de la société québécoise, il ne doit pas venir, là,
de quelques porte-parole en la matière qui vont se réunir en commission
parlementaire. C'est beaucoup trop sérieux pour ça. Ça n'a jamais été
l'approche privilégiée par le Québec et par Véronique Hivon. Donc, on ne va pas
changer notre approche, là, pour plaire au ministre, qui, à notre point de vue,
a erré en ajoutant cet élément de surprise dans le projet de loi.
M. Duval (Alexandre) : Je
reste avec un doute sur cette réflexion-là, M. Arseneau, parce que, même
si on ajoute le handicap neuromoteur, l'accès à l'aide médicale à mourir est
balisé par d'autres critères comme les souffrances constantes, psychiques,
psychologiques, intolérables. Quelle est la différence, pour vous, entre une
personne qui souffre d'alzheimer et qui a ce niveau de souffrance là et une
personne qui souffre de paralysie cérébrale et qui a ce niveau de souffrance
là? Pourquoi c'est différent?
M. Arseneau : Bien, encore
une fois, moi, je vais laisser ce débat-là à la porte-parole de notre formation
politique en la matière pour vous dire, tout simplement, que la discussion n'a
pas été... en fait, elle n'a pas été faite et le débat non plus. Alors, moi, je
n'ai pas d'opinion à vous fournir, ce matin, sur le fond des choses, mais
simplement sur la manière dont le gouvernement se prend pour, justement,
consolider le consensus et adopter un projet de loi.
M. Lacroix (Louis) : Dans les
votes qu'on passe à l'Assemblée nationale, il y a certains sujets, on impose
des lignes de parti, où on dit : Le parti pense ça, tous les députés
votent selon la ligne de parti. Dans des dossiers qui sont plus moraux comme
celui-là, on laisse le soin aux députés de voter selon leur conscience. Est-ce
que c'est ce que vous allez faire?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
on n'en a pas discuté en tant que tel. Vous parlez de l'élément, là, nouveau
sur les handicaps?
M. Lacroix (Louis) : Je parle
en général, là-dessus.
M. Arseneau : Ah! en général.
M. Lacroix (Louis) : Il y a
un élément qui est controversé. Est-ce que... Quand on a adopté la Loi sur les
soins de fin de vie, il y a, quoi, six ou sept ans, cinq ou six ans, là, je ne
me souviens plus la date précise, il y a des députés qui avaient voté contre, à
l'époque, parce que... même dans la partie ministérielle, là. C'étaient les
libéraux, là, il y a des députés libéraux qui ont voté contre, puis c'est eux
autres qui avaient présenté le projet de loi. Est-ce que vous allez laisser à
vos députés le soin de voter selon leur conscience?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
il appartient au chef, Paul St-Pierre Plamondon, de décider s'il s'agit d'un
vote libre. Mais ce que je vous dirais, c'est qu'à l'heure actuelle les
recommandations de la commission, qui nous ont été transmises et expliquées et
qui ont fait l'objet d'un débat au sein du caucus du Parti québécois, ne
posent, à ma connaissance, aucun problème à quiconque membre du caucus. Donc,
nous, on est prêts à aller de l'avant. On a fait une sortie transpartisane à
cet égard. Véronique Hivon a présenté la position qu'elle porte au nom de notre
formation politique, et il n'y a pas de dissension. Alors, tout le monde est
d'accord.
M. Laforest (Alain) : Le
député Arseneau, est-ce qu'il souhaite un vote libre, lui?
M. Arseneau : En fait, pour
nous, ça ne change rien, le vote libre va aller dans le même sens.
M. Laforest (Alain) : Je ne
parle pas du «nous», je parle du «je», le député Arseneau.
M. Arseneau : Moi, je crois
qu'il est important de laisser le droit de parole et, évidemment, toute la
liberté aux députés le plus souvent possible dans le plus grand nombre de
questions. Et, quand il s'agit de questions morales comme celle-là, qui
touchent, là, à quelque chose de très, très personnel, oui, un vote libre peut
certainement être une excellente idée, mais, dans notre cas, ça ne changera
rien.
M. Gagnon (Marc-André) : Pour
revenir sur votre propos du début, là, sur le rapport de force entre Québec et
Ottawa.
M. Arseneau : Ah! merci d'y
revenir.
M. Gagnon (Marc-André) : En
immigration, notamment, vous avez peut-être connaissance, là, de cet article
sur deux experts embauchés par le gouvernement qui disent que, pour freiner le
déclin du français, donc, il faut que le Québec rapatrie des pouvoirs en
immigration. Est-ce que vous êtes prêts à appuyer M. Legault dans ce
combat-là qu'il mène? Je sais que vous allez peut-être me parler d'indépendance,
comme Québec solidaire l'a fait avant vous, là, mais...
M. Arseneau : Oui, bien, en fait,
c'est ça, moi, j'inviterais plutôt M. Legault à se joindre à nous pour
réclamer tous les pouvoirs, à tous égards, dans toutes les dimensions, là. Mais,
comme vous abordez le sujet de l'immigration en particulier, on ne peut pas
être contre l'idée de rapatrier tous les pouvoirs. Ce qu'on dit, c'est que le
gouvernement n'y arrivera pas parce qu'en moins de 24 heures le
gouvernement fédéral lui a fermé la porte au nez, tout simplement parce qu'il
n'a absolument aucun rapport de force par rapport au gouvernement fédéral. Il a
accepté, sans condition, d'adhérer au fédéralisme, au fédéralisme de tutelle et
de soumission, et on en voit les résultats aujourd'hui, après quatre ans.
Alors, qu'est-ce qu'il peut espérer de mieux que de demander poliment, avec un
«s'il vous plaît», que le gouvernement l'écoute, le gouvernement fédéral, ce
qui n'arrivera pas?
Mme Plante (Caroline) : Mais
vous dites qu'il n'a aucun rapport de force, mais est-ce qu'on peut penser que,
s'il obtient un mandat fort aux prochaines élections, il aura un rapport de
force?
M. Arseneau : Le gouvernement
est majoritaire, il a 76 députés. Qu'est-ce qu'un mandat fort? Si on a
125 députés d'arrière-ban de la CAQ avec un conseil des ministres qui
adopte la même position que la position actuelle, c'est-à-dire qu'on est prêts
à accepter le fédéralisme sans condition, qu'est-ce que ça change? Absolument
rien.
Mme Plante (Caroline) : Donc,
100, 110 députés, ça ne changerait rien?
M. Arseneau : Bien, ça ne
change absolument rien. En fait, on serait juste tout simplement plus faible
puisqu'on a la pensée unique qui s'installerait ici, à l'Assemblée nationale,
et qui dirait : Bien, le fédéralisme, il faut vivre avec. Les conditions
imposées par le premier ministre Trudeau, bien, évidemment, on aimerait
qu'elles ne soient pas là, mais on va quand même accepter les délais et les
contorsions et, essentiellement, renier ou renoncer à véritablement mener un
combat avec un rapport de force qui serait imposé au fédéral.
M. Gagnon (Marc-André) : ...hausser
les seuils à 58 000, est-ce que c'est un chiffre qui vous apparaît
acceptable?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
le débat des chiffres, on a toujours dit que ce n'était pas tout à fait notre
tasse de thé, là. Les principes à faire valoir, évidemment, là, c'est le
principe de l'immigration francophone, du contrôle, justement, que le Québec
doit avoir sur le choix des immigrants et l'immigration économique en
particulier. Et, à partir du moment où les nouveaux arrivants maîtrisent le français
et ont passé à travers le processus de sélection du Québec, effectivement, on
peut en avoir des dizaines de milliers. Mais je ne lancerai pas de chiffres
aujourd'hui, mais on souhaite que le Québec soit plus nombreux.
M. Gagnon (Marc-André) : ...porte-parole
en santé, donc, il y a une étude qui dit que les GMF, c'est un échec,
essentiellement, là, 20 ans après leur création. Pourtant, de ce qu'on
comprend du plan Dubé, il semble miser pas mal sur les GMF, là, pour que les
Québécois aient accès à des soins de santé. Mauvaise stratégie?
M. Arseneau : Bien, mauvaise
stratégie... Encore une fois, le gouvernement se projette dans l'avenir avec
une solution qui est mal ficelée, qui nous fait rêver d'un système qui
fonctionne, comme on nous a fait rêver ou, du moins, on a fait rêver un certain
nombre de Québécois qu'ils auraient, à la fin du premier mandat, tous un
médecin de famille. Mais ce qu'on voit, c'est que l'échec du gouvernement,
c'est celui qui consiste au constat suivant : c'est qu'en quatre ans on
n'a pas un meilleur accès aux services de première ligne, et puis on n'a pas un
temps d'attente, dans les urgences, qui est amoindri, on n'a pas accès plus
rapidement à des soins de santé, puis on n'a pas décloisonné les professions,
puis on a une pénurie de main-d'oeuvre parce que le temps supplémentaire, parce
que les conditions de travail ne sont pas attrayants, parce qu'on est
complètement dépendants des agences puis qu'on paie un prix astronomique de
1 milliard par année pour avoir recours à ces agences-là. Donc, on n'a
absolument rien réglé puis on promet qu'on va faire mieux la prochaine fois.
Nous, on a d'autres solutions et on présentera un plan santé, une alternative à
la proposition caquiste, d'ici quelques jours.
M. Laberge (Thomas) : C'est
quoi, l'objectif de votre sortie, ce matin, là, sur le rapport de force, là?
Vous espérez que la CAQ devienne souverainiste?
M. Arseneau : Bien, en fait,
le gouvernement de la CAQ commence à faire de la publicité avec des grands
moyens pour vanter son bilan, et je pense qu'il est temps qu'on se rende compte
que les stratégies de communication de la CAQ, bien, c'est du vide. On tiendra,
d'ailleurs, en fin de semaine, un grand congrès sur la fierté. De quoi peut-on
véritablement être fiers, dans notre rapport au Canada, lorsque la loi dont le
gouvernement a fait une loi-phare, sa plus grande réalisation, c'est la Loi sur
la laïcité de l'État, bien, elle sera contestée et, vraisemblablement,
charcutée avec l'appui du gouvernement fédéral? Alors, de quoi peut-on être
fiers?
Aujourd'hui, là, c'est un contre-bilan que
je veux offrir sur quelque chose de fondamental, sur ce que le gouvernement
disait vouloir faire. Nous sommes un gouvernement nationaliste, disait-il. Que vaut
le nationalisme du gouvernement de la CAQ, si tout ce qu'on demande est refusé,
tout ce qu'on souhaite faire est bloqué par le fédéral et tout ce qu'on a fait
risque d'être balayé par les jugements à venir de la Cour suprême, notamment
avec l'appui direct et affirmé du gouvernement fédéral et de ses amis du Parti
conservateur, MM. Charest et Poilievre? Alors, il faut faire ce bilan-là.
On a tendance à dire et à voir les stratégies de communication et de marketing
politique de la CAQ comme étant vaguement inspirées de la réalité. En fait, c'est
du vent. Et c'est ce qu'on veut, aujourd'hui, passer comme contre-message aux
Québécois, de... en fait, de voir véritablement ce qu'il y a derrière ce
message qui est, essentiellement, une réalité alternative.
La Modératrice : Dernière en
français, s'il vous plaît.
M. Laforest (Alain) : Avez-vous
un message aux militants caquistes qui sont les anciens péquistes?
M. Arseneau : Bien, en
fait, ce serait intéressant qu'ils prennent...
M. Laforest (Alain) : ...ballon
de plage...
M. Arseneau : Bien oui.
En fait, les gens qui ont été séduits par l'approche, les véritables
souverainistes, les indépendantistes, les anciens péquistes qui ont été séduits
par le message du gouvernement Legault doivent commencer, effectivement, à se
poser des questions, comme l'ancienne cheffe de cabinet de la ministre des
Affaires intergouvernementales, qui déclarait, hier, en période de grande
écoute, sur un réseau que vous connaissez bien, que la solution, bien, c'était
l'indépendance. On y revient. On y reviendra plus tôt que tard, et on y
travaille.
M. Laforest (Alain) : Caroline
St-Hilaire va se présenter, là, pour la CAQ. C'est une ancienne indépendantiste
convaincue, là, mais elle n'y croit plus, là. Vous lui dites quoi, là? C'est
elle qui va animer le congrès en fin de semaine.
M. Arseneau : Exactement.
Alors, elle fait fausse route si elle pense pouvoir améliorer la capacité du
Québec à se gouverner et à prendre les meilleures décisions pour les Québécoises
et les Québécois. Ça me semble une évidence. Et peut-être qu'hier ce qui s'est
passé dans le paysage politique, oui, va la faire réfléchir, qui sait?
Mme Plante (Caroline) : Allez-vous
vous réjouir de l'adoption prochaine du projet de loi n° 28,
là, sur l'urgence sanitaire?
M. Arseneau : Ah! c'est
difficile de se réjouir après plus de deux ans de tergiversations là-dessus.
Est-ce qu'on va se réjouir de tourner la page sur une période où le
gouvernement s'est arrogé tous les pouvoirs à peu près sans condition? Mais, la
façon de faire, on l'a contestée dès le départ. On va souhaiter, justement, de
passer à autre chose. On a, évidemment, la conviction qu'on n'avait pas besoin
de ce projet de loi là pour lever l'état d'urgence, on pouvait le faire tout
simplement en ne renouvelant pas le décret. Mais, qu'on le fasse le plus
rapidement possible, c'est dans l'ordre des choses. On aurait pu le faire bien
avant. Maintenant, on est rendus à l'adoption de ce projet de loi là et on
souhaite tourner la page.
La Modératrice : En anglais,
s'il vous plaît.
Des voix : ...
Mme Morin-Martel (Florence) :
Oui, sur un autre sujet. Bien, ce matin, on apprenait la démission du juge
Serge Champoux de la Cour du Québec pour exprimer sa dissidence face à la
décision de la juge en chef qui souhaite que les juges siègent un jour sur deux
dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre. Est-ce que la juge en chef
devrait reculer sur sa décision?
M. Arseneau : Écoutez,
le problème avec ce que vous nous révélez ce matin, il vient du manque de
leadership du gouvernement à collaborer avec l'appareil judiciaire ou de la
justice pour trouver des solutions pour doter les palais de justice et les
juges du personnel nécessaire pour procéder plus rapidement. Puis il faudrait
absolument et à tout prix que le ministre de la Justice fasse de lui une
Stéphanie Vallée. On ne peut pas aujourd'hui, là, avoir comme approche l'attentisme
et l'inaction dans un dossier comme celui-là, là. On a vu ce qui s'était passé
avec l'arrêt Jordan, il y a quelques années, et là on est en train de voir le
même scénario se dérouler. Et le gouvernement, et particulièrement le ministre
de la Justice, plutôt que de prendre ce problème-là à bras le corps, en
collaboration, notamment, avec la juge en chef, bien, continue à vouloir faire
une bataille de coqs avec elle sur mille et un sujets. Alors, c'est
improductif.
M. Carabin (François) : Pour
être clair, la juge Rondeau n'a aucun blâme à porter dans cette situation-là,
selon vous?
M. Arseneau : Bien, vous
voyez, elle cherche des solutions, on cherche des solutions aussi. Puis le
ministre, bien, on le cherche dans ce dossier-là.
La Modératrice : En anglais,
s'il vous plaît.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Arseneau, when you look at Mr. Dubé's performance on
bills — Bill 61 on infrastructures, in
2020, that had to change, then you have Bill 28, Bill 11, you have
Bill 19 that will be left aside, you have also, now, Bill 38 that you
have a new element that was not discussed — how
would you qualify his approach or performance with bills?
M. Arseneau :
Oh! clearly, and we've seen it over the
past four years, the Government
is improvising...
Mme Senay (Cathy) : Especially Mr. Dubé.
M. Arseneau : Especially Mr. Dubé. Yes, I think there is this approach that
is improvised, and that, you know, I guess is characterized by procrastination, by promises or by, you know, this idea that things are going to
get better when we table a bill. For example, remember, I think it's about a
year ago, they said : Well, we're going to solve all the problems in the
health network through this mammoth bill that we're going to be tabling. And
nothing really happened. They came up with Bill 19 on, you know, information and data, and now
we're no longer talking about this bill at all. Just like, you know, after the first or second wave, we
should have tried to get out of this state of emergency. We waited until the
very last minute, until all of the populational measures were lifted, to say :
Well, how could we go about, you know, lifting the state of emergency? And they tabled a bill that said :
Well, here's how we're going to go. And we've been working on it for, what, for
weeks.
Mme Senay (Cathy) : Why do you think people don't see this?
M. Arseneau : Well, I don't think the population is aware of how it really works
in this Parliament and how, you know... what is the difference between holding a press conference saying :
This is how we're going to solve the problem, and the steps or the process that
we have to follow in order to get a result. So, you
know, we're trying to fill the gap today in saying that
you can't just say : Well, here's how it's going to go, we're going to
have this bill, and it's going to solve everything. Well, it needs to be
discussed, and we need time for that.
Mme Senay (Cathy) : But you can see the CAQ's communication machine works.
M. Arseneau : Yes, but we often have from the CAQ this magical thought that, you know, things are going to get solved if
we really think hard about it and if we stress the idea that, you know, we've got this very simplistic
solution for very complex problems. And then, you get through the process and
you see that there are all sorts of failures in the thoughts that were put into
elaborating a bill. And we're going to work seriously towards making these
bills better for Quebeckers. And we've seen it in the past. I remember Bill 17
on the, you know, taxi industry,
I don't think there was one article that wasn't changed or completely
rewritten, because the Government is not putting enough time and thought into, you know, legislative measures that they
want to put in place, yes.
M. Authier (Philip)
: We're seeing...
La Modératrice
: Dernière en anglais, s'il vous plaît.
M. Authier (Philip)
: Well, she had three.
La Modératrice
: Dernière personne en anglais.
M. Arseneau : Go ahead.
M. Authier (Philip)
: This weekend, we're seeing the CAQ building a policy convention
around the theme of pride, Québec pride. And it was mentioned a moment ago, you
see Caroline St-Hilaire going over to the CAQ. Are you worried that the CAQ is
taking that theme? It used to be a very powerful theme for the PQ, nationalism,
and pride, and... Do you think they're stealing your agenda?
M. Arseneau : Not at all. It's never been, you know, our motto, at the Parti québécois, to say : Well, we're just proud. You
know, you got to be proud of something, you got to have
a project, you got to have some goals to reach. And I think it characterizes
very well the CAQ saying : Let's be proud. Proud of what? What kind of
pride can you develop if you failed in so many fields, particularly your
relationship with Canada,
particularly the health system, particularly the environment, and so on? So,
it's failure after failure, let's be proud of it. Well, this is certainly not
our view of being proud of Québec and having, you know, some kind of project to propose, what, four, five months before
the elections, to say : Let's be proud. I don't' think there is any
matter, any reason to be proud of the CAQ's «bilan»... what is it?
Une voix : ...
M. Arseneau : Record, track record. Thank you.
M. Grillo (Matthew) :
You're talking about the election. I mean, this
whole Québec-Ottawa issue and
this tension, do you see it spilling over to more support for your party?
Because, I mean, obviously, François Legault is going
to try and use this as sort of a stepping-stone to get even a stronger
majority. I mean, how do you see this whole thing playing out? Because, you
know, we're hearing, on social media, all kinds of people talking about : Is
this, you know, Meech Lake 2.0? I mean, how do you see this affecting your
party going forward?
M. Arseneau :
Well, I mentioned earlier that, you know, this government is characterized by magical thoughts that they put into a certain
number of declarations, saying that, you know, we're proud of being Quebeckers, so let's all work together, and it's going to get better. And
then, you say : Well, what means are you going to use to make sure that
you can have control over the immigration? Well, we'll ask for full powers.
Less than 24 hours after, the Trudeau Government says, and even Mr. Trudeau himself, in person, says : No
way. And then, you know, the Government says : Well, you know, we'll get back to you, and we'll
pray hard, and we'll ask politely with a «s'il vous
plaît» at the end of it all.
So, how it's going to
have... how it's going to affect the Quebeckers view on the Government? I don't know. But what it certainly gives us is the fuel, and the
arguments, and certainly the facts to defend our position which is, you know, to gain power on the bases of our
force, our project to become independent and to gain respect from Canada. And I
think Quebeckers, if they want
to be proud, they should be respected, which is not the case with the CAQ Government.
La
Modératrice : Merci beaucoup.
M. Arseneau : Merci.
(Fin à 8 h 55)