(Neuf heures quinze minutes)
La Modératrice : Bonjour.
Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Pascal
Bérubé, notre porte-parole en matière de français. Il sera suivi du chef du
Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à vous.
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui, le Parti québécois aura fait de
la défense et de la promotion du français un des fondements de son action
politique. De la loi 101 de René Lévesque et Camille Laurin, en 1977, en
passant par la loi n° 14 de Pauline Marois, de 2012 à 2014, jusqu'à
aujourd'hui, aucune formation politique n'en aurait fait autant pour la langue.
Lorsque le gouvernement a annoncé son
intention de déposer un projet de loi, il était averti, d'abord, des chiffres :
soit qu'on pose des actions fortes, soit que c'est le déclin. Et nous avons
présenté un plan clair qui indiquait toutes les mesures qui étaient importantes
pour nous. Mais essentiellement les chiffres ne mentent pas. Les transferts
linguistiques, présentement, c'est 55 % vers le français, 45 % pour l'anglais.
On souhaite que ça soit 75 % pour le français, la question du transfert
linguistique des nouveaux arrivants. On voulait des objectifs chiffrés, on
voulait sentir qu'il y avait un sérieux là-dessus.
Force est de constater que c'est un échec.
L'aile fédéraliste de la CAQ a remporté le débat interne sur le projet de loi
n° 96. D'ailleurs, trois de vos collègues de la presse parlementaire en
ont fait état le 14 décembre dernier. Résultat : le cégep assujetti à
la Charte de la langue française, mesure largement demandée par le Parti
québécois, par Guy Rocher, qui a coécrit la loi 101, par 33 syndicats
d'enseignants au collégial, par le Mouvement Québec français, et d'innombrables
observateurs, et surtout spécialistes, mathématiciens, démographes sont venus
nous dire : C'est ce qu'il faut faire, le gouvernement a dit non. On a
voulu, également, avoir une immigration francophone. Le gouvernement n'a pas
porté oreille à ça. On a voulu que les municipalités bilingues, notamment
Otterburn Park, dans la circonscription du ministre responsable de la Langue,
qui compte à peine 5 % d'anglophones... ça va demeurer pareil. Donc, ce
gouvernement est arrivé avec un projet de loi qu'il a qualifié de costaud, il
est demeuré le seul, tout au long du débat, à l'appeler «costaud», sauf,
peut-être, pour les anglophones. C'est un échec.
Alors, en terminant, ce projet de loi, ce
n'est pas la suite de la loi 101, c'est la continuité de la loi 22 du
Parti libéral du Québec en 74. Et les fiers députés du Parti québécois, en
1974, ont voté contre la loi 22. Pourquoi? Parce que ça n'allait pas assez
loin, on ne prenait pas au sérieux les défis de la langue. Et l'histoire se
répète : les anglophones étaient furieux contre le gouvernement de M. Bourassa,
et les nationalistes, ceux qui sont épris de la langue, ceux pour qui c'est un
enjeu important, ont voté contre parce qu'ils ne voulaient pas envoyer le
message au gouvernement qu'on allait banaliser les défis devant nous. Alors, en
terminant, c'est soit le déclin soit la relance. Et je vous présente un dernier
tableau que j'ai ici. Nous, on l'a chiffré. Si on ne fait rien, vous voyez le
pointillé qui descend comme ça. Des mesures fortes, l'immigration, le cégep en
français... Sinon, on est capables de reprendre de la vigueur.
Alors, c'est important pour nous, c'est
une conviction sincère. Et j'ai aussi la conviction qu'à la CAQ c'est un enjeu
politique de positionnement, avoir l'air nationaliste. Mais on ne peut pas
accepter ça. Alors, ceux qui se sont réjouis, au Conseil des ministres, d'avoir
gagné, d'avoir bloqué l'intention du ministre responsable de la Langue — qui,
contrairement à Camille Laurin, n'a pas convaincu son premier ministre — ils
ont gagné, mais la langue va perdre. Et, en ce sens, on perd tous. Aujourd'hui,
le chef du Parti québécois vous annoncera le vote qu'on va prendre et les
raisons qui le justifient, mais nous sommes convaincus que, face à l'histoire,
face aux débats importants qu'on a, c'est la solution la plus responsable. Et j'espère
qu'on entendra nos arguments parce qu'ils sont intimement liés à la conviction
qu'on a que le gouvernement ne porte pas assistance à une langue en danger.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci,
Pascal. Bonjour, tout le monde. C'est un moment important, aujourd'hui, pour le
Parti québécois et un moment significatif, je pense, en politique québécoise
parce qu'au lendemain du jour des patriotes on en vient à la conclusion, même
si ce n'est pas une décision facile, que le geste patriotique, le geste
responsable à faire, dans les circonstances, c'est de dire la vérité, donner
l'heure juste aux Québécois, leur rappeler qu'ils ne sont pas obligés de se
contenter du déclin, qu'ils ont droit à leur pérennité linguistique et
culturelle.
Si, en 1974, les quelques députés du Parti
québécois n'avaient pas voté contre le Bill 22, bien, probablement que la
loi 101 n'aurait jamais vu le jour parce que le Parti québécois aurait
offert une forme de caution morale à ce qui n'était pas une loi à la hauteur
des défis linguistiques du Québec de l'époque. Nous sommes dans une situation
analogue où, de l'avis de tous les experts entendus en commission
parlementaire, le projet de loi n° 96 ne renversera pas le déclin de la
langue française. Et nous avons donc la responsabilité, comme nos fondateurs,
de donner l'heure juste, de dire la vérité et d'espérer que de cette vérité, de
ce courage politique d'affirmer que c'est complètement insuffisant comme projet
de loi naîtra quelque chose de mieux, comme on a vu en 1976 avec le
gouvernement Lévesque et la naissance de la loi 101.
Évidemment, si, in extremis, le
gouvernement inclut les cinq éléments essentiels et structurants qu'on a
demandés je ne sais pas combien de fois, on est prêts à voter pour, là. Mais on
s'entend que les chances, à ce stade-ci, sont très minces. Quels sont ces cinq
éléments? La loi 101 au cégep, soutenue par 33 syndicats; les
municipalités du Québec qui ont un statut bilingue même lorsqu'il y a 5 %
d'anglophones dans la municipalité, ce n'est pas acceptable; notre demande
d'avoir une immigration économique entièrement francophone; nos demandes en
matière de culture, parce que la langue, ce n'est pas que de la réglementation,
c'est du contenu culturel, et, notamment, on veut un bureau de promotion du
contenu culturel; mais surtout on veut et on demande que les résultats atteints
par la loi soient chiffrés, mesurés puis qu'il y ait des objectifs. Parce que
vous réalisez que, dans cette opération de communication et de compromis, le
gouvernement a refusé plusieurs fois de mesurer d'une quelconque manière
l'évolution du français. C'est pour vous dire le peu de confiance qu'ils ont
envers leur propre projet de loi.
Donc, parfois, en politique, c'est tentant
de poser des gestes en fonction de la joute politique immédiate. Mais la
question que Pascal, moi et les députés du Parti québécois, on s'est posée,
c'est : Avec le recul, dans cinq, 10 ans, quel est le geste
responsable à poser? Quel est le geste qui nous donnera l'assurance qu'on a
fait notre travail en éclairant les Québécoises et les Québécois sur leurs
meilleurs intérêts dans les circonstances? Et on en vient à la conclusion que,
comme nos prédécesseurs, il faut dire la vérité, ce projet de loi là ne
renversera pas, mais ne passe pas proche de renverser notre déclin linguistique,
nous n'avons pas à accepter le déclin linguistique. Nous avons des solutions,
mais le gouvernement n'a pas le courage de les mettre en oeuvre et préfère
ajouter plein de panoplies administratives plutôt que de prendre les mesures
structurantes que je viens de vous nommer. Donc, on a le devoir, dans ces
circonstances-là, de donner l'heure juste.
Mme Prince (Véronique) : Mais,
le projet de loi, je comprends que ça ne va pas aussi loin que vous vouliez,
là, mais c'est quand même un pas vers ce à quoi vous voulez aller. Donc, vous
n'êtes pas prêts à voter pour en sachant que, plus tard, vous pourriez y
revenir avec quelque chose de plus? Dans le fond, c'est symbolique, votre
opposition.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ce n'est pas symbolique, c'est beaucoup plus profond que ça. Le
gouvernement est en train d'induire en erreur les Québécois en leur faisant
croire que ce projet de loi est un moment historique qui changera quoi que ce
soit sur le français. Or, tous les experts entendus en commission parlementaire
nous disent que c'est faux. Il y a, à un moment donné, l'expertise des
démographes. Le processus de commission parlementaire où est-ce que Pascal a
participé, il faut que ça ait une valeur quelconque. Donc, on ne peut pas
donner notre caution morale à quelque chose qui est trompeur à sa face même. Ce
projet de loi ne renversera pas le déclin du français au Québec, et nous
proposons des mesures beaucoup plus fortes pour s'assurer du résultat, c'est
donc une question de devoir moral pour les députés du Parti québécois.
M. Laforest (Alain) : ...veut
mal faire?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, parce qu'évidemment le projet de loi va être passé de toute façon,
exactement comme à l'époque. Le gouvernement est majoritaire, il va...
M. Laforest (Alain) : C'est
carrément symbolique, il va passer, là.
M. Bérubé : C'est une question
de principe.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est ça, c'est une question d'éclairer la population sur ce qu'il en est
réellement...
M. Laforest (Alain) : C'est
un coup de gueule que vous faites, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ce n'est pas un coup de gueule, c'est une façon de dire la vérité aux
Québécois sur ce qu'il en est réellement, sur la réelle nature du p.l. n° 96.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
sur le fond, là, est-ce que vous reconnaissez que le projet de loi actuel est
une avancée sur la... en fait, sur la situation qu'on a en ce moment, sur
l'état de la loi en ce moment?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est une avancée qui est nettement en deçà de ce qui est requis, et ça
doit être dit. Parce que faire une petite avancée, si ça nous condamne au
déclin, c'est quoi, l'intérêt? Il y a des éléments qui sont bons dans la loi,
là. On a demandé, par exemple, l'application de la loi 101 aux entreprises
de 25 à 50 employés, c'était notre proposition, on est contents de le
voir. Mais, à un moment donné, on ne peut pas se réjouir de quelques petites
avancées quand tout le monde qui a une expertise vient nous dire : Le
déclin va continuer. Il y a un sens des responsabilités qu'on se doit d'avoir
même si ça peut créer un peu de remous sur le coup.
M. Carabin (François) : Le
Parti québécois, M. St-Pierre Plamondon, va voter dans le même sens que le
Parti libéral du Québec. Est-ce que ça a été une pilule difficile à avaler?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ah! pas du tout. En fait, la photo ici, là, elle est tellement... À
l'époque, là, à l'époque du Bill 22, on est dans une situation où le
gouvernement Bourassa avait beaucoup de sièges, était très confortable et
voulait faire un compromis, couper la poire en deux. Et, à l'époque, justement,
il n'y avait que des mécontents. Les anglophones s'exclamaient... mais il faut
voir les revues de presse de 1974 pour voir à quel point les anglophones ne
toléraient pas le Bill 22. Et les gens qui avaient à coeur l'avenir du
Français se rendaient bien compte que le Bill 22 n'allait nulle part en
termes de résultats. Donc, à la fin, il n'y avait personne de satisfait,
personne.
Et c'est le pari de la CAQ, de répéter
l'approche Bourassa, de couper la poire en deux, de faire des compromis partout,
alors que tous les experts viennent nous dire, on les a entendus, là : Ça
ne fonctionne pas, ça n'a pas d'impact. Donc, il y a quelque chose de
significatif dans le fait de dire : Tant qu'on n'aura pas un projet de loi
qui, de l'avis des experts, renverse le déclin de la langue française, nous, on
continue notre travail par devoir pour la langue française, par devoir pour le
Québec.
M. Bérubé : Quelques
éléments supplémentaires. Évidemment, le gouvernement fait le choix de ne pas
s'attarder à des mesures connues, documentées. Quand Guy Rocher vient, en
commission parlementaire, de ses 97 ans, lui qui a coécrit la
loi 101, nous dire : On aurait dû le faire, il faut le faire, ça, ils
n'écoutent pas. Mais tout ce qu'on appelle en latin le «red tape», là, tout ce
qui est contraignant pour la communauté anglophone et pour les autochtones,
Lévesque l'avait dénoncé en 74. Et, moi, sur les revendications des
autochtones, ce n'est pas là-dessus que je serais allé en priorité. Alors, on
pourrait avoir un autre projet de loi sur les langues autochtones, ce n'était
pas l'objet de celui-ci.
Mais le gouvernement décide d'aller de
l'avant. Alors, quand vous dites : On va voter avec les libéraux, pas pour
les mêmes raisons. Mais je suis surpris que Québec solidaire vote pour ce
projet de loi là compte tenu de tout ce qu'ils ont dit sur les communautés
autochtones, qu'ils ont accueillies, puis là ils vont voter contre ce qu'on
leur a demandé. Alors, nous, on est assurés qu'on pose le bon geste. Et c'est
une leçon d'humilité pour le gouvernement qui prenait pour acquis qu'on allait
voter pour son projet de loi. Oh que non! Alors, ceux qui se tiennent debout,
qui sont fiers, qui ne sont pas des nationalistes, là, de carnaval, bien, ils
prennent position puis ils posent des gestes.
M. Carabin (François) : Cette
décision-là, vous l'avez prise quand, de voter contre le projet de loi?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On a eu une série de caucus, donc c'est une décision qui se discute depuis
plusieurs semaines avec des réunions, une réflexion, une recherche historique
également pour prendre la mesure des conséquences de ce vote-là pour nous mais
pour le sujet de la langue française.
M. Carabin (François) : ...la
décision finale a été prise hier?
M. Bérubé : Le dernier
caucus, vendredi.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que ce projet de loi là, c'est une menace à la paix sociale qui risque de créer
une division, un clivage entre les francophones, les anglophones?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
La notion de paix sociale, au Québec, est parfois utilisée comme facteur
d'immobilisme. La question qu'il faut se poser, ce n'est pas : Est-ce
qu'on a un enjeu de paix sociale? C'est plutôt : Est-ce qu'il y a une
légitimité à demander la pérennité de la langue française à titre de langue
commune et officielle au Québec?
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.,
mais je vous pose quand même la question : Est-ce que c'est une menace à
la paix sociale, oui ou non?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ça ne devrait pas en être une, mais je ne peux pas prévoir. Puis c'est très
difficile aussi de définir c'est quoi, la paix sociale. Des désaccords, dans
une société, il y en a toujours. Et le fait qu'il y ait un désaccord... On l'a
vu avec le Bill 22, il peut y avoir un très mauvais projet de loi sur la
table et des gens qui s'en plaignent parce qu'ils trouvent que ça va déjà trop
loin. C'est pour ça qu'il faut revenir aux vrais critères, qui n'est pas la
paix sociale, mais qui est la pérennité...
M. Gagnon (Marc-André) : ...le
terme «sociale» de ma question : Est-ce que c'est une menace pour la paix
entre les francophones et les anglophones au Québec?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est un projet qui est tellement faible, qui est tellement peu
structurant, moi, je n'en vois pas. Mais je réitère mon point : la
question, c'est plutôt de savoir est-ce qu'on réussit, en ce moment, avec tout
le brouhaha en question, à renverser le déclin de la langue française ou tout
ça est fait en vain parce que tous les experts nous ont dit que ça ne
changerait rien. Et, si c'est le cas, c'est assez grave. On tombe...
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Juste terminer là-dessus, juste terminer là-dessus. On tombe, à ce
moment-là, dans des questions d'intégrité et de rigueur. Parce que la CAQ va
essayer d'expliquer aux Québécois que c'est un grand moment historique puis que
tout va bien. Ce n'est pas vrai. Tous les experts... S'il y avait eu, vraiment,
un déchirement en commission parlementaire, là, mais les experts étaient constants.
M. Bérubé : La coalition part
de Guy Rocher et va jusqu'à Christian Dufour. Je veux dire, c'est assez large,
le nombre de personnes. Tu sais, quant à la loi sociale, si vous voulez un
étalon sur lequel se comparer, jusqu'à tout récemment, le Parti libéral était
satisfait du projet de loi. Alors, si vous pensez que c'était costaud, là,
quand le Parti libéral dit oui, c'est une bonne indication qu'on aurait dû en
mettre plus. Alors, c'est à la dernière minute...
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que vous allez prendre du temps, en Chambre, le temps de parole... du
temps de parole... est-ce que vous allez...
M. Bérubé : J'ai fait une
heure.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais ce n'est pas fini, là...
M. Bérubé : Je peux en faire
une autre. Non, il nous reste quelques... J'ai demandé à voir une autre heure,
ça m'a été refusé, j'ai le droit à une heure. Mais on va prendre le... Tous nos
députés vont parler, tous nos...
Une voix : ...
M. Bérubé : Non, non, non, ça
va être adopté aujourd'hui ou demain, c'est clair, là. J'ai été leader
parlementaire, je suis capable de calculer mes séquences.
M. Laforest (Alain) : Il
reste combien d'interventions de votre part? Est-ce que vous êtes capables...
M. Bérubé : Ça dépend des
libéraux. Tu sais, les libéraux, on a eu des communications avec eux, ils vous
le diront. Nous, on n'est pas très nombreux, tout le monde va parler, tout le
monde va parler.
M. Laforest (Alain) : Je veux
juste revenir sur la question que je voulais vous poser, M. Plamondon. Il
y a quand même des commerçants qui sont pris à partie, là, francophones par des
anglophones, parce que, des fois, il y a des communications qui se font en
français en disant que c'est... Vous ne craignez pas qu'il y ait un dérapage?
Particulièrement à Montréal, parce que le problème de l'anglais, c'est
Montréal, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le
jour où tant les statistiques que les expériences personnelles des Québécois à
Montréal indiquent que le français recule puis que c'est impossible de se faire
servir en français... Ça m'est arrivé, avant-hier, dans un Tim Hortons, je
voulais juste prendre un café, j'ai été incapable de me faire servir en
français. Le jour où les gens vivent ces expériences-là et que les statistiques
indiquent un déclin assez vigoureux, bien, il y a une discussion à avoir qui va
peut-être, de temps à autre, amener des discussions un peu plus vives. Mais,
pour revenir à la notion de paix sociale, le contrat social, au Québec, c'est
que notre langue officielle et notre langue commune est le français. Quand
c'est de moins en moins le cas, évidemment qu'il y a des réactions, puis ces
réactions-là sont légitimes. Et le fait que le Parti québécois réclame que le
projet de loi renverse bel et bien le déclin du français, c'est légitime. On ne
doit pas reculer sur ce principe de base là.
La Modératrice : On va y
aller avec une dernière en français.
Mme Lajoie (Geneviève) : Peut-être
sur un autre sujet, sur les cours de justice. Il n'y a plus personne dans les
cours de justice. Je veux savoir si ça vous inquiète. Qu'est-ce qu'il faut
faire avec ça, là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Sur
les cours de justice? La Cour du Québec ou le...
M. Bérubé : Il manque de
personnel...
Mme Lajoie (Geneviève) : Oui,
le manque de personnel, pardon.
Des voix : ...
Mme Lajoie (Geneviève) : Il y
a eu plusieurs reportages, la semaine dernière, là-dessus, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien,
il faudrait que je regarde c'est quoi, les conditions de travail, à savoir qu'est-ce
qui explique cette pénurie de main-d'oeuvre spécifique. Je ne sais pas si tu as
plus de...
M. Bérubé : J'ai un élément à
dire. C'est toi, l'avocat, mais... J'ai écouté M. Lacroix à la radio,
pendant la relâche de M. Arcand, puis il en a parlé. Bon, alors, il manque de
greffiers pour assurer... il manque de personnel pour assurer l'exercice de la
justice, donc ça allonge, notamment aux petites créances. Il y a le juge en
chef, ce matin, qui est sorti. Donc, c'est un enjeu très important pour l'administration
de la justice, alors le ministre devrait avoir un plan là-dessus.
Ce qui me permet de vous dire que, dans le
projet de loi, il y a aussi les règlements de comptes du ministre responsable
de la Langue avec la magistrature. Il décide, notamment sur les juges
bilingues, de s'attaquer à la magistrature à l'intérieur du projet de loi et
aussi à s'attaquer au Directeur général des élections, qui l'a averti très
sérieusement de ne pas faire des nominations unilatérales, puis il l'a envoyé
promener. Je veux dire, il y a ça aussi dans le projet de loi. Donc, il y a des
choses artificielles, pas très significatives, il a mis beaucoup d'efforts
là-dessus. Puis ce qui était une évidence, bien, il a échoué, il s'est rendu
compte que ce n'était pas lui qui gérait dans le caucus.
Des voix : ...
M. Bérubé : C'est les...
Bien, j'ai presque fini, là, j'arrivais à mon point fort, là. C'est que les
ministres fédéralistes — ça a été argumenté, ça a été découvert par
vos collègues de Radio-Canada — ils ont gagné puis ils sont morts de
rire. Eux ont gagné, mais le français va perdre.
M. Carabin (François) : Sur
les nominations des juges, le ministre veut répondre à un jugement de la Cour
supérieure...
M. Bérubé : Par une loi...
M. Carabin (François) : Ce
n'est pas normal? Ce n'est pas...
M. Bérubé : Ça ne se fait pas
dans le cadre d'une loi, ça se fait dans le cadre d'un plaidoyer de justice.
Mais, je veux dire, le ministre semble être en conflit avec la magistrature,
puis ça n'avait pas de place dans le projet de loi, je veux dire.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Moi,
je pense que, sur cette question-là, on se serait attendu à ce qu'un pourparler
sur la délimitation entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir politique donne
lieu à une entente. Et ce n'est pas ça qu'on voit en ce moment, là.
La Modératrice : On va passer
en anglais.
Mme Senay (Cathy) :
Good morning.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
Good morning.
Mme Senay (Cathy) : You knew, for weeks now, that you would vote against Bill 96.
Why did you wait until the last minute to announce it?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Two reasons. First of all, it's been
debated, so we had to talk it over. And, second point, we had to make all the
efforts possible so that the five points that we consider are essentials...
that the door be open until the end for a last-minute change. Those changes are
Bill 101 applied to CEGEPs, it is the bilingual status of cities in
Québec, the French language for immigrants when they arrive in Québec, the
culture, and the mere fact of measuring the results of that bill, measuring the
evolution of the French language. So, those points, we tried as much as we
could, we didn't want to shut the door because there was still little hope.
Now, I think we can say that it is what it is, and we need to make a decision.
M. Authier (Philip) :
Do you think it... At the beginning of
this process, M. Jolin-Barrette had hoped for a wider consensus, had hoped
for an even unanimous vote in the House, you know, with a symbolic... with what that means symbolically. Do you think
the bill still has credibility, given that now the Liberals and you, for
different reasons, of course, are voting against?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) :
Well, the CAQ Government likes to make its own promotion, its own
marketing, so they have a tendency to say that everything they do is an historical
moment. The problem for Jolin-Barrette's ambition is the lack of collaboration
within his caucus, but also the fact that we heard experts. And, when all these
experts come and say : This bill is not going to reverse the tendency,
it's not going to do the job, then it's very difficult for Jolin-Barrette to
tell everyone that this is a success, because at some point, expertise, facts
matter, it's not only about marketing.
M. Authier (Philip)
: You can't condone the bill, you can't give it moral support at all?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Well, if we do, it will help the CAQ
mislead the population as to the true nature of that bill, so we need to say
the truth, even if it might be a bit controversial. We need to tell the people
what it is really and what it is that the experts told us.
Mme Senay (Cathy) :
But it is frustrating for you since your message,
for months, has been to say that it doesn't go far enough, this is not what
Camille Laurin would have done, but the CAQ is saying that it's the biggest,
overall, of the language laws since Bill 101. They are taking that
heritage.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : It's not true, what they say is not true, in the same way
that they were bragging, this weekend, on Twitter, saying that they are the
best government in environment Québec has never seen in its history. It's not
true. What they say is really disconnected from reality. And we have a duty to
tell people exactly what it is, to tell people the truth and to tell people
that they can ask for more so that we guarantee a sustainability of the French
language over time in Québec.
Mme Senay (Cathy) : You are a lawyer yourself, you read the Bill from A to Z. For a lot
of lawyers, it's not well written, you know, not clear enough. So, you have
people on the English community that have fears on health and social services
because it's not clear enough. You have newcomers and people working for
newcomers that do have fears, it's not clear enough. You have people in the
business sector, with the OQLF's new powers, that are frustrated. Everybody
seems to be frustrated, and you are frustrated.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : And it looks a lot like this story. In 1974, Lévesque said :
Not only it's not going far enough, this Bill 22, but it's putting a whole
lot of administrative measures that are not very good for the Anglophone
community, that are not necessarily fair. And we have the same impression that,
because they don't have the courage to make decisions on structural and
important measures, they put a ton of red tape that will create complications,
and we're worried... And we hear Anglophones when they say : It's a lot of
administrative measures, a lot of blurry statements in the law. I think it is a
genuine... a legitimate criticism. So, it's not going
far enough, but it's also creating burdens that are unproductive because it
doesn't create any protection for the French language.
M. Bérubé : They're bringing back 1974. It's not a good thing.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : It looks like 1974 in many
ways.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 40)