(Neuf heures quarante-neuf minutes)
M. Legault : Bien,
bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, je veux, moi aussi, revenir sur ce qui
se passe au chemin Roxham. D'abord, vous dire, là, actuellement, il rentre plus
de 100 migrants par jour. Ce que ça veut dire, si vous faites une règle de
trois, là, ça voudrait dire plus de 36 000 migrants par année. C'est
inacceptable. C'est impossible parce qu'on n'a pas cette capacité-là. Il faut
comprendre que le problème, c'est qu'une bonne partie de ces personnes-là ne
sont pas vraiment des réfugiés. Un réfugié, là, c'est quelqu'un qui est à
risque physiquement dans son pays. Or, la majorité ne sont pas des réfugiés.
Puis éventuellement, quand le dossier est analysé, bien, ils sont refusés,
retournés chez eux.
Le problème qu'on a, c'est que le
gouvernement fédéral prend plus de 14 mois pour étudier les dossiers.
Donc, pendant ces 14 mois là, bien, nous, le gouvernement du Québec, on
doit fournir des services. Il faut les loger. Les enfants, il faut les envoyer
à l'école. Puis, bien, notre capacité n'est pas illimitée, là. On ne peut pas
dire, tout à coup, il nous arrive 36 000 personnes de plus par année.
Et donc le gouvernement fédéral doit prendre ses responsabilités. On a déjà
demandé, au gouvernement fédéral, d'agir. Et les Québécois paient des impôts
pour qu'entre autres le gouvernement fédéral contrôle les frontières. Ils s'attendent
à ce qu'ils fassent leur travail, puis, actuellement, bien, ils ne font pas
leur travail.
Donc, c'est pour ça qu'on demande
clairement au gouvernement fédéral, aujourd'hui, à Justin Trudeau, de fermer le
chemin Roxham, parce que ça devient comme impossible à gérer, la quantité de
personnes qui arrivent par là. On ne peut pas continuer comme ça.
M. Carabin (François) : M. Legault,
ça fait plusieurs fois que vous demandez au fédéral de renégocier l'entente sur
les tiers pays sûrs. Qu'est-ce qui vous fait croire que cette fois-ci, ça serait
la bonne?
M. Legault : Bien, comme je
vous dis, là, il y a plus de 100 personnes par jour. Ça fait qu'imaginez-vous,
là, au Québec, il y a 36 000 personnes, là, par année. Je veux dire,
déjà, il y a des défis pour offrir du logement à tout le monde. Donc, à un
moment donné, ce n'est même pas une question d'argent, là, c'est une question
que c'est impossible. On n'a pas cette capacité-là. On l'a dit au gouvernement
fédéral.
Puis, bien, comme je le disais, en plus, c'est
qu'il y a une bonne partie de ces personnes-là ne sont pas des réfugiés. Mais
le problème, c'est le délai de traitement qui n'a pas d'allure au gouvernement
fédéral. Plus de 14 mois avant qu'on étudie le dossier. Qu'ils ajoutent
des employés, qu'ils fassent ce qu'il y a à faire, mais ça n'a pas de bon sens
que ça prenne 14 mois, puis que, pendant 14 mois, c'est le
gouvernement du Québec qui se retrouve avec le défi.
M. Bellerose (Patrick) : M. Legault,
lefédéral, en fin octobre, quand on a rouvert le chemin, M. Boulet,
tout à l'heure, a dit qu'il avait parlé à ses interlocuteurs fédéraux. Pourquoi
il n'a pas passé le message : Laissez-le donc fermé, ça nous complique la
vie?
M. Legault : Bien, écoutez,
il y avait la pandémie, c'est pour ça qu'on avait demandé, là, spécifiquement :
Fermez-le. Mais le vrai problème, c'est le délai de traitement. Si le
gouvernement fédéral était capable, rapidement, de dire qui est réfugié, qui n'est
pas réfugié, bien, le problème serait pas mal moins grave, parce que la
majorité ne sont pas des réfugiés. Mais là à partir du moment où le fédéral n'est
pas capable de réduire son délai de traitement en bas de 14 mois, bien là,
ça devient impossible à gérer.
M. Lecavalier (Charles) : Pourquoi
vous sortez aujourd'hui? La situation était la même la semaine dernière ou il y
a deux semaines. Pourquoi aujourd'hui?
M. Legault : Bien, il y a une
augmentation, actuellement, du nombre de migrants qui rentrent par semaine, là,
par jour, même, plus de 100 par jour, là, puis on prévoit qu'avec l'été ça va
même augmenter.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
M. Leitão, lui, il pense que ce serait inhumain de fermer le chemin Roxham, en
ce moment, parce qu'il dit que ces personnes-là ne vont pas disparaître, elles
vont trouver un autre moyen pour rentrer, autrement dit, que ça revient à
déplacer le problème ailleurs.
M. Legault : O.K. Bon, d'abord,
il faut distinguer les réfugiés de ceux qui ne sont pas des réfugiés. Prenez ce
qui se passe actuellement en Ukraine. Je l'ai déjà dit, depuis le début de la
crise, on est prêts à accepter puis on demande au gouvernement fédéral d'accélérer
le traitement pour accepter des Ukrainiens qui sont vraiment en danger de mort
chez eux, mais on passe par les voies régulières. Par Roxham, on ne passe pas
par les voies régulières. Puis là, bien, il en rentre plus de 100 par jour.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que les gens qui rentrent par le chemin Roxham, en ce moment, prennent la place
de réfugiés ukrainiens?
M. Legault : Bien, c'est
possible qu'actuellement, là, il faudrait poser la question au gouvernement
fédéral...
M. Lacroix (Louis) : Mais à
votre avis.
M. Legault : Non, mais,
écoutez, je ne sais pas comment ils fonctionnent. Ce qu'on sait, là, c'est que
c'est long avec les Ukrainiens, c'est long avec les gens qui passent par
Roxham. Est-ce qu'il y a une influence un sur l'autre? Quelles sont les
priorités qui sont données aux employés? Mais, effectivement, pourquoi quelqu'un
qui rentre de façon irrégulière, par Roxham, passerait avant quelqu'un qui est
passé de façon régulière et qui veut être accepté comme réfugié? Il y a un
problème d'équité, là, effectivement.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
il y a une injustice par rapport aux autres provinces au Québec?
M. Legault : Ah bien!
écoutez, c'est que, là, on est la seule province, là, qui a un chemin tout
grand ouvert, qui s'appelle Roxham, puis que le gouvernement fédéral qui est
responsable de contrôler les frontières ne fait pas sa job.
M. Duval (Alexandre) : Pensez-vous
que le fédéral le fait de manière intentionnelle, M. Legault, de laisser ce
chemin-là ouvert?
M. Legault : Je ne pense pas,
parce que, quand je regarde les délais en immigration, il semble y avoir un
problème qui est répandu dans tous les secteurs de l'immigration. Les délais n'ont
pas de bon sens. On a un problème avec nos travailleurs temporaires, bon. Puis
ça vient comme renforcer le fait qu'on aimerait ça, si le gouvernement fédéral
n'est pas capable de gérer rapidement l'immigration, bien, qu'il nous transfère
les pouvoirs.
Le Modérateur
: On va
prendre une dernière en français.
M. Gagnon (Marc-André) : Concernant
le projet de loi sur la levée de l'urgence sanitaire, est-ce que de l'éventuelle
obstruction de la part des partis d'opposition, ça pourrait se traduire par des
problèmes, à l'automne, s'il y a une autre campagne de vaccination massive?
M. Legault : Oui, bien,
écoutez, s'il y a une autre campagne de vaccination qui est nécessaire à l'automne…
on sait que, dans les dernières campagnes de vaccination, on a beaucoup utilisé
d'employés via Je contribue. Donc, on n'a pas vraiment suivi les conventions
collectives, parce qu'il y avait urgence d'agir. On demande, dans le projet de
loi, de pouvoir continuer de le faire.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais.
Mme Senay (Cathy) :
Don't you think that, in asking the federal Government to close the Roxham Road,
you'll have the image of a Premier that is lacking sensitivity to asylum
seekers that are struggling?
M. Legault :
OK. First, Québec accepts, in total,
more immigrants, in proportion, than United States and France. And regarding
refugees, we are open to accept refugees. The problem with Roxham migrants is
most of them are not refugees, but it takes 14 months and more to the federal Government to determine if they are
or not refugees. That's where is the problem, because during those 14 months,
we have to offer them services, and our capacity is not unlimited.
Mme Senay (Cathy) : And you're stuck with it, you're stuck with the situation.
M. Legault :
We cannot afford to give services. A 100
a day is 36,000 new people a year. Of course, in addition of the other
migrants, we cannot offer services to so many people. And it takes, for
example, to build new houses. It takes time. We cannot, tomorrow, decide that,
yes, we can add 36,000 places for them.
Mme Senay (Cathy) : But why are saying this right now? You have this problem for months
and months. I know that you didn't have...
M. Legault : The number is a lot higher right now than it used to be, and we expect that it will even increase during
next summer.
M. Authier (Philip)
: Yesterday, indigenous community was here, in the lobby of the National Assembly, about Bill 96, and saying
that they want a meeting. They want to meet the Government to discuss the impact of the bill on their lives, on the success
rate of their youth in CEGEP. Are you willing to meet with the communities?
They are saying: Despite the talk of «rapprochement», it's not happening.
M. Legault : OK. First, yes, we are open for discussion with indigenous people.
I know that they worry about the future of indigenous languages, and I agree
that we have to do more regarding that. But it is not in the Bill 96 that we
can do that. But, yes, we're open.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. On va devoir y aller. Merci.
M. Legault : Merci, tout le
monde. Je dois aller à la période de questions.
(Fin à 9 h 58)