(Seize heures treize minutes)
Mme Massé : Oui, bonjour,
tout le monde. Le ministre de l'Environnement vient de déposer son plan de mise
en œuvre du PEV et, bien sûr, bon, ça vient de nous arriver alors je vais
réagir de façon préliminaire.
Mais il y a quelque chose qui apparaît d'entrée
de jeu plutôt évident, c'est que ce plan de mise en œuvre… on se retrouve devant
une phase II du plan de mise en œuvre, avec un petit peu plus de
saupoudrage et, je vous dirais, surtout l'absence du coup de barre nécessaire
pour affronter la pire crise que vit l'humanité depuis sa création, si je peux
dire. Ce coup de barre là, nécessaire, on avait des attentes élevées, nous, à
Québec solidaire, mais pas seulement nous; je pense à la jeunesse, la jeunesse,
qui, depuis toujours, me parle comment ils trouvent que leur gouvernement ne
fait pas ce qui est nécessaire pour qu'on puisse réellement affronter la crise
climatique actuelle.
Trois choses m'ont frappée dans cette
présentation-là. Une première chose, c'est que le gouvernement dit qu'il va
atteindre 51 % de sa cible et que, bien, il fait ça parce qu'il est
réaliste. Il ne veut pas nous dévoiler ce qui s'en vient devant, il prend juste
là où il est rendu. Mais, en même temps, ce qui est inquiétant, c'est que le
gouvernement, il fait une chose et son contraire. Dans son plan, on voit bien
qu'il y a une volonté réelle de diminuer les gaz à effet de serre, hein, mais,
en même temps, il y a une diminution de la portion du transport collectif qui
est visible, qui est palpable, versus l'élargissement des autoroutes. Alors,
comment on peut se dire qu'on est satisfaits d'atteindre 51 % de la cible
si on, bien sûr, agit pour diminuer les gaz à effet de serre, mais, de l'autre
côté, on fait exactement ce qu'il faut pour augmenter les gaz à effet de serre?
On le sait, le transport, c'est ce qui
crée le plus de GES. Alors, si tel est le cas, pourquoi le gouvernement nous
dit : Je vais vous expliquer comment je vais diminuer les gaz à effet de
serre, mais il ne nous dit pas : Je vais vous expliquer comment l'élargissement
des autoroutes va augmenter les gaz à effet de serre? Ça, il ne nous en parle
pas. Alors, ça, c'est quelque chose qui est assez frappant pour moi, c'est... encore
une fois, on est devant un gouvernement qui dit une chose et son contraire en
espérant qu'on ne s'en rende pas compte. Je ne vous parle même pas du troisième
lien, parce que c'est un autre exemple des autoroutes qui ne vont en aucun cas
diminuer les gaz à effet de serre.
Bien sûr, le deuxième élément, dans l'analyse
préliminaire, c'est qu'on voit dans le plan de mise en œuvre que nous a
présenté le ministre qu'il y a une attention particulière qui est amenée pour
les industries. Le ministre va soutenir la décarbonation des industries, et il
est prêt à y mettre 1 milliard de dollars. Moi, ce qui me frappe
là-dedans, là, c'est qu'encore une fois la CAQ va faire une mesure de soutien à
la décarbonation, mais sans discriminer vers quelle industrie elle va mettre
notre argent collectif. On veut bien, et il faut que l'industrie se... qu'il y ait
une plus grande... qu'il y ait une sensibilisation du côté des industries et que
les industries s'impliquent dans leur décarbonation. Le gouvernement peut les
soutenir, mais pas soutenir les industries qui génèrent plus de GES.
Par exemple, pourquoi le ministre n'aurait
pas, de façon responsable, dit : Nous, on va soutenir la décarbonation des
industries, mais des industries de l'avenir, celles qui vont exister dans 20,
30, 40 ans, parce qu'elles sont dans l'esprit de la transition
énergétique? Et les industries, comme par exemple la transformation du pétrole,
qui, elles, sont vouées à disparaître, on ne mettra pas de l'argent pour aller
chercher peut-être un ou deux pourcentages de points de réduction de GES, on va
mettre de l'argent pour aider la transition de cette entreprise-là pour
s'assurer qu'en bout de ligne ce ne soient pas les travailleurs, travailleuses
qui paient le coût. Non, pas ça qu'il fait. Il dit : Oui, il se pète les
bretelles : On va soutenir les industries les yeux fermés, on va mettre de
l'argent là-dedans. Nous, on trouve ça irresponsable, on trouve que ça n'a pas
de bon sens.
Puis c'est d'autant plus... Tu sais, il y
en a, de l'industrie d'avenir : les batteries, c'est un exemple, le
biocarburant en est un, l'aluminium, je l'ai nommé. Ceux-là, là, il faut les
aider à ce qu'ils produisent de façon le plus carboneutre possible de façon la
plus rapide possible. Soutenir des industries qui sont vouées à disparaître,
d'une certaine façon… il faut plutôt travailler à aider les industries à
requalifier leurs travailleurs, travailleuses, et tranquillement se départir
carrément de ces industries-là, qui ne sont plus des industries qui peuvent
nous aider à passer au travers de cette transition. Ça, c'est mon deuxième
élément, le 1 milliard à l'industrie.
Le troisième élément, et je n'en reviens
pas qu'on soit encore là en 2022, le gaz naturel n'est pas une énergie de
transition. Je trouve ça déplorable de voir le ministre de l'Environnement et
de la Lutte aux changements climatiques reprendre le discours des lobbys du
pétrole et de nous dire que le gaz fossile est une énergie de transition.
Tellement que le gouvernement se pète les bretelles à savoir qu'on va injecter,
d'ici… en 2030, 10 % de gaz renouvelable dans la canalisation de gaz
fossile, Énergir.
Bien, vous savez quoi, il ne nous parle
jamais du 90 % qui va rester là jusqu'en 2050. Puis, pire que ça, il ne
nous parle surtout pas que ce sont les contribuables, les consommateurs
d'Hydro-Québec — cette belle énergie propre qu'on a au Québec — qui
vont être obligés de soutenir financièrement Énergir, parce que le ministre
accepte qu'Hydro-Québec verse des compensations à Énergir pour qu'il puisse
tranquillement continuer à utiliser... à distribuer, pardon, le gaz naturel à
travers le Québec.
Alors, je vous dirais que ce plan-là, il
est décevant. Il est décevant parce qu'il n'assume pas les responsabilités d'un
vrai leader en matière de lutte aux changements climatiques. On ne voit pas la
vision d'avenir derrière, on voit seulement un gouvernement qui jongle, à
l'approche des élections, avec la nécessité d'avoir un discours sur la
transition, mais qui, dans les faits, n'a pas le courage politique d'aller au
bout de ça. Ce n'est pas ce qu'on voit dans ce plan-là. On voit encore, je
dirais, le maintien des industries qui sont… qui ont un impact négatif dans
notre bilan GES, le maintien d'une vision de financement des autoroutes au
détriment du transport en commun.
Et, bref, à Québec solidaire, je vous le
dis, on va rentrer en élection avec un plan, un plan clair où chacun des
pourcentages de réduction sera... il y aura une mesure qui va lui être
attribuée, et aussi on aura la façon de financer ce plan-là. Merci.
(Fin à 16 h 22)