(Neuf heures cinquantes minutes)
Mme Ghazal : Alors, bonjour. Bonjour,
tout le monde. Donc, je vais aussi, à mon tour, intervenir, ce matin, sur l'interpellation
sur le coût de la vie.
Vous savez, moi, dans mon comté, il n'y a
même pas une semaine, j'étais avec des aînés pour qui l'inflation et l'augmentation
du coût de la vie, ce n'est pas juste une question d'économiste, ça influence
grandement leur vie. Une des aînées a été très, très touchante. Elle disait :
Moi, je ne vais même pas dans la section pour les steaks qui coûtent... un
steak à 12 $. Je n'y vais même pas, ça ne sert à rien. Il y en a un autre
qui disait : Je coupe dans mon budget, dans quoi je vais couper, dans mes
médicaments? Ça, c'est des aînés, là, de 70 ans, 75 ans qui me parlaient
il n'y a même pas une semaine.
Et moi, ce matin, dans l'interpellation, les
cinq minutes que je vais avoir, et la semaine prochaine, quand je vais
critiquer le budget du gouvernement, c'est ces gens-là que je vais avoir en
tête quand je vais parler au gouvernement par rapport à leur budget et en faire
une critique constructive.
Je vais répéter une demande que j'ai faite
cette semaine, c'est : Pour aider les gens à faire face à la crise de l'inflation,
il faut remettre de l'argent dans les poches des gens qui en ont réellement
besoin puis qui n'ont aucune marge de manoeuvre. Je pense aux aînés, mais aussi
aux familles avec des revenus modestes, aux personnes seules. Et la proposition,
elle est très simple — et j'espère que M. Eric Girard écoute — c'est
de doubler pendant six mois les prestations de crédit d'impôt pour solidarité,
avec une bonification pour les aînés, justement, qui ont encore moins de marge
de manoeuvre que la majorité de la société, de 500 $ par personne de 65 ans
et plus.
Mais moi, je suis inquiète à la réponse
que va donner le gouvernement, si je regarde comment il a traité avec mépris la
proposition de ma collègue, Christine Labrie, de donner une prestation d'urgence
pour les familles avec des jeunes enfants qui ne trouvent pas de places en
garderie ou en CPE. Il y avait des gens avec leur bébé, hier, qui étaient ici,
de Ma place au travail. Ça fait un an que ces femmes-là luttent pour ne pas
perdre leurs acquis. Et, quand ce gouvernement-là se dit féministe mais qu'il
traite ces demandes-là, qui sont tout à fait raisonnables, avec autant de
mépris, moi, ça m'inquiète pour la semaine prochaine.
On dit souvent que la nuit porte conseil.
Il y a encore quelques jours, pour le ministre Eric Gérard et M. Legault, pour
le gouvernement de la CAQ de réfléchir et de vraiment comprendre les besoins
des Québécois. Je pense que M. Legault, ça fait très longtemps qu'il est à l'Assemblée
nationale. Il commence à être déconnecté des besoins des gens de la base. Et j'espère
qu'il va réfléchir puis qu'il va mettre en place les propositions que Québec
solidaire a faites. Surtout, surtout aussi qu'on a les moyens de le faire.
Et on en a proposé, depuis plus d'un an,
des moyens pour aller chercher l'argent là où il est, pour le remettre dans les
bonnes poches. Et là où il est, c'est un impôt de pandémie. On voit les profits
mirobolants des banques. C'est scandaleux. Les cinq P.D.G. des grandes banques
canadiennes, juste à eux seuls, ils ont mis dans leurs poches, là… ça, c'est
des individus, là, ce n'est pas les banques, là, je ne parle pas des profits
des banques, 66 millions de dollars, juste pour cinq personnes, en un an.
C'est vraiment scandaleux. Voilà. Merci.
La Modératrice : On va
prendre vos questions.
M. Lavallée (Hugo) : Bonjour.
Deux questions. D'abord, on comprend que la situation actuelle de l'inflation
est causée en partie par le fait que les gouvernements ont injecté beaucoup d'argent,
là, ces derniers temps. Ce n'est pas la seule raison. Est-ce qu'il n'y a pas un
risque, d'en redonner encore?
Mme Ghazal : L'inflation et
la situation actuelle est expliquée par une multitude de causes, et ce n'est
pas uniquement par le fait qu'on a mis de l'argent. Là, on est dans une
situation urgente, et il faut aider les gens à faire face à l'augmentation du
coût de la vie. Ce n'est pas ça qui va faire que l'inflation va exploser.
Ce n'est vraiment pas la raison
principale. Qu'on parle de la guerre en Ukraine, mais même aussi, avant, tous
les problèmes d'approvisionnement, de la chaîne d'approvisionnement, les coûts
des matériaux, tout ça, il y a plein, plein de raisons, et ça ne va pas... L'argent
qu'on va mettre, là, ce qu'on propose, nous, là, dans notre proposition, ce n'est
pas ça qui va faire exploser l'inflation.
M. Lavallée (Hugo) : Concernant
le prix de l'essence, qu'est-ce que vous pensez de l'idée, là, de réduire la
taxe sur l'essence pour aider les familles?
Mme Ghazal : C'est une très,
très mauvaise idée. Ce qu'il faut... En fait, si on se trouve aussi dans cette
situation-là, aujourd'hui, c'est parce qu'on est très, très dépendants des
énergies fossiles, notamment de l'essence. Si on avait vraiment mené la
transition, il y a plusieurs années, ça aurait aidé les gens, puis peut-être
que, là, on aurait été dans une situation moins catastrophique, où les gens,
quand ils mettent de l'essence dans leur voiture, ça leur coûte une fortune.
C'est une idée à courte vue. De toute
façon, même si on enlève la taxe, probablement que les pétrolières vont juste
reprendre la différence, et ça va continuer à coûter aussi cher aux familles.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
pourquoi c'est une mauvaise idée?
Mme Ghazal : C'est une
mauvaise idée parce que ça va nous mettre encore plus... En fait, c'est un
plaster, c'est une solution temporaire pour un problème qu'on vit en ce moment.
Ce qu'il faut, c'est apprendre des erreurs du passé et diminuer notre
dépendance au pétrole en augmentant l'électrification, en investissant
massivement dans le transport en commun. Il faut aussi que le budget, ce
budget-là soit vert. Et là on ne sent pas que le gouvernement s'en va vers là.
Ça fait qu'il faut... Il va y avoir des
crises une à la suite de l'autre. Là, on vit cette crise-là, maintenant, et ce
qu'il faut, c'est une transition écologique de notre économie, et de réduire
notre dépendance au pétrole au lieu d'en rajouter, puis on réduit les taxes. Comme
je dis, à la pompe, ça ne veut pas dire que ça va se traduire par une
réduction, parce que les pétrolières vont venir prendre la différence. Ça, il y
a ce risque-là. Et même si elles ne le faisaient pas, il va y avoir d'autres
crises. Ça va juste continuer à augmenter. Jusqu'à quand on va
continuer à mettre de l'argent? Ce qu'il faut, c'est arrêter d'en consommer, c'est-à-dire
réduire la consommation en électrifiant de façon beaucoup plus rapide que ce
que le gouvernement fait… l'électrification des transports.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
est-ce que vous diriez que ça peut être une bonne chose pour la transition
écologique de voir cette hausse-là?
Mme Ghazal : Nous, ce qu'on
dit, à Québec solidaire… ce qu'il faut, c'est mettre en place des mesures pour
que, dans le futur, oui, qu'il y ait comme un incitatif, par exemple, même pour
les entreprises, pour faire leur transition.
Mais là, en ce moment, la situation
actuelle, elle fait mal aux familles, elle fait mal aux gens aussi dans les régions,
qui n'ont pas beaucoup d'alternatives, et il faut les aider avec des mesures
ciblées, comme celle-là, à court terme. Et, à plus long terme, il faut mener la
transition. Puis, à un moment donné, même si le coût de l'essence augmente, ça
ne fera pas mal aux poches des gens.
M. Lavallée (Hugo) : Merci.
Mme Ghazal : Merci beaucoup.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Bonne journée.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 57)