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Point de presse de M. Carlos J. Leitão, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances publiques, et M. Marc Tanguay, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’énergie et de ressources naturelles

Version finale

Le mercredi 16 mars 2022, 8 h 20

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trente-trois minutes)

M. Leitão : Bonjour, tout le monde. Merci d'être venus en si grand nombre. Écoutez, nous sommes à quelques jours d'un budget, on en a déjà parlé amplement, un budget, par contre, qui va avoir lieu dans un contexte qui est très, très particulier, un contexte, bien sûr, postpandémique, mais surtout un contexte de grande incertitude économique et de forte augmentation du coût de la vie.

Alors, nous avons déjà fait plusieurs suggestions de mesures à prendre pour soulager, ne serait-ce que partiellement, l'effet de la forte hausse du coût de la vie sur les ménages québécois. Mais je veux surtout souligner, encore une fois, le grand niveau d'incertitude dans lequel nous vivons. Donc, l'inflation... Et, regardez, je n'ai pas eu le temps de vérifier, mais ça vient de sortir, il est 8 h 35... pardon, oui, 8 h 35, là, c'est sorti à 8 h 30, les chiffres de l'inflation, je n'ai pas encore vu, mais je suis certain que ce n'est pas un beau chiffre. Donc, l'inflation augmente rapidement au Québec, au Canada, dans le monde occidental. Et franchement je ne peux pas vous dire jusqu'où ça va aller, mais ça va continuer de monter. La guerre en Ukraine se poursuit. Pour l'instant, vous avez constaté qu'il n'y a pas encore... il n'y a pas eu de pénurie de pétrole. Il y a une anticipation que ça pourrait... on pourrait arriver à ça, mais, pour l'instant, il n'y a pas ça encore, et déjà les prix d'énergie sont fortement à la hausse. Donc, la pression est très forte.

Alors, dans un budget, un gouvernement doit être capable de tenir compte de ces incertitudes, comme j'avais déjà mentionné, de garder une bonne réserve pour faire face aux éventualités, mais aussi et surtout de se donner un plan stratégique, à quoi va ressembler l'économie québécoise dans un environnement d'inflation plus élevée pour plus longtemps, comment est-ce qu'on veut gérer cette économie-là, et aussi où les flux commerciaux, donc les échanges internationaux, vont nécessairement être affectés, non seulement par la pandémie et les effets de la pandémie, mais par, un peu, cette diminution de l'intégration de l'économie mondiale.

Donc, moi, j'arrête ici... Pardon?

Une voix : 5,7 %.

M. Leitão : 5,7 %, merci. Donc, la pression...

Une voix : 5,6 %.

M. Leitão : Merci. La pression est à la hausse, et je pense que, pour le mois de mars, ça va être encore plus.

Écoutez, moi, j'arrête ici. Je vais laisser la chance à mon collègue de dire aussi quelques mots, et puis après on répondra à vos questions. Merci.

M. Tanguay : Merci beaucoup, Carlos. Alors, François Legault a commis une erreur historique en décembre 2019 lorsqu'il a collé la hausse des tarifs d'hydroélectricité avec l'inflation. On vient d'apprendre que, pour le mois de février, c'est 5,6 % de hausse d'inflation. Évidemment, le calcul fait en sorte, pour ce qui est des tarifs d'hydroélectricité, de majorer quelque peu, mais on sait que c'est au-dessus de 5 % pour les cinq mois, donc octobre, novembre, décembre, janvier, février, qui vont dicter... — donc, il reste, à ces cinq mois-là, sept autres mois devant nous, puis on ne voit pas l'inflation diminuer — qui vont dicter la prochaine hausse, selon le mécanisme mis en place et imposé par François Legault par le bâillon.

Ce qu'on demande, au Parti libéral, puis on n'a pas commencé à le demander hier, là, on le demande depuis plusieurs semaines, c'est de donner un répit aux familles québécoises. François Legault a confirmé hier que le 1er avril prochain, dans deux semaines, ce sera 2,6 % d'augmentation. Et, pour ce qui est des augmentations futures à venir, bien, il dit : Ça ne sera pas 4 %, 5 %. On ne sait pas comment, quand, combien il fera cette compensation-là, mais il va inventer une patch pour venir corriger son erreur historique. Alors, nous, ce qu'on demande, c'est, maintenant, un gel des tarifs d'hydroélectricité jusqu'à ce que le processus indépendant soit remis en place.

Puis je terminerai là-dessus. Hydro-Québec, là, c'est à nous autres. Hydro-Québec, en 2021, là, a fait un peu moins de 3,6 milliards de profits. C'est important lorsque l'on peut agir pour donner du répit aux Québécoises et Québécois. Il doit reconnaître l'erreur historique, doit la corriger et ne doit pas la corriger en faisant des patchs, en envoyant un chèque. Parce que, dites-vous une chose, si ça augmente de 2,6 % et si ça augmente de plus de 5 % à la prochaine, bien, c'est les tarifs qui demeureront à ce niveau-là pour les années à venir. Alors, ce n'est pas en envoyant un chèque une fois qu'il va régler le problème qu'il a lui-même créé. Voilà. Merci.

La Modératrice : Débutons avec les questions en français.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour. Peut-être une pour M. Tanguay. C'était jeudi dernier, je voyais sur votre fil Twitter, vous avez dit : «La candidature de Jean Charest est une excellente nouvelle pour la démocratie canadienne», que M. Charest est un homme de coeur, et tout ça. En clair, donc, vous appuyez la candidature de Jean Charest?

M. Tanguay : Non, ce n'est pas une question d'appui. Je salue sa candidature. Vous savez, on ne va pas s'impliquer. Je ne vais pas m'impliquer dans la campagne au leadership du Parti conservateur. Moi, je connais Jean Charest depuis plusieurs années. C'est grâce à lui si je fais de la politique

aujourd'hui. En 2012, donc, quand j'ai été élu... et avant j'ai milité avec lui, j'étais président du Parti libéral du Québec. Très fier d'avoir été un militant bénévole. Et, en ce sens-là, moi, j'ai salué sa candidature. Je pense qu'il a des qualités, dans mon texte, je le disais. Et je ne vais pas m'immiscer, mais je pense que c'est une bonne nouvelle pour la démocratie. Et les membres du Parti conservateur décideront, c'est à eux autres de faire campagne.

M. Gagnon (Marc-André) : Bien, c'est parce que, dans le même message, vous dites que c'est un homme de coeur, rassembleur. Alors, est-ce qu'il est assez rassembleur pour rassembler des appuis de ses anciens députés au sein du Parti libéral du Québec?

M. Tanguay : L'avenir nous le dira. Mais moi, j'ai salué la qualité de sa candidature, qui ne fait aucun doute pour moi. Et donc je vais le laisser faire sa campagne.

M. Gagnon (Marc-André) : Et le fait qu'il propose des projets d'oléoducs sur le territoire du Québec, est-ce que ça, c'est contraire à la vision du Parti libéral du Québec?

M. Tanguay : C'est une très bonne question. Je vais laisser les candidats à la chefferie du Parti conservateur mener leur campagne. Nous, au Parti libéral du Québec, c'est clair, là, des pipelines, on ne va pas en construire. Il faut se sortir des hydrocarbures. On a un magnifique projet, qui s'appelle ÉCO. On veut investir plus de 100 milliards de dollars pour remplacer le diesel, remplacer les hydrocarbures par de l'hydrogène vert. Alors, au Parti libéral du Québec, non au nouveau pipeline. Maintenant, les candidats à la course à la chefferie du Parti conservateur, ils diront ce qu'ils ont à dire, puis ils feront leur campagne, puis ils décideront entre eux autres.

M. Laforest (Alain) : M. Tanguay, avez-vous été surpris par la position de votre ancien chef sur la loi n° 21?

M. Tanguay : Ah! bien, écoutez, moi, encore une fois, je ne vais pas commenter, même indirectement.

M. Laforest (Alain) : Non, non, mais est-ce que vous l'appuyez, là, en tant que... Le Parti libéral se positionne comment par rapport à la loi n° 21...

M. Tanguay : Bien, on a voté contre la loi n° 21. Vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'en ce sens-là aussi on disait, à l'époque, que c'était très clairement... en mettant de côté les chartes, notamment la Charte québécoise des droits et libertés, bien, il allait y avoir des contestations judiciaires. On voit que c'est le cas, présentement. Le débat est parti de l'Assemblée nationale et est rendu devant les tribunaux. On va laisser les tribunaux et les parties faire leurs représentations. Mais nous, on a voté contre la loi n° 21. Il y a des contestations judiciaires, puis on verra qu'est-ce que ça donnera. Mais, très clairement, encore une fois, je ne vais pas commenter sur des positions des candidats à la chefferie du Parti conservateur.

M. Laforest (Alain) : C'est pas mal la position de Jean Charest, là, ce que vous dites là, là.

M. Tanguay : Bien, écoutez, moi, ce qui m'intéresse, c'est la position de mon Parti libéral du Québec, et notre position est très claire là-dessus, là.

M. Lavallée (Hugo) : Bonjour. Question pour M. Leitão, si vous permettez. Je serais curieux de vous entendre, M. Leitão, sur cette idée, là, de faire un peu plus de place au privé dans le système de santé. Est-ce que vous pensez que d'introduire une certaine forme de concurrence ça pourrait être bénéfique?

M. Leitão : Je ne pense pas que ce soit une question de concurrence. Avant d'y arriver, le privé est déjà en santé, là, ça existe. Les cliniques médicales sont des cliniques privées, là, les GMF sont des cliniques privées. Donc, ça existe déjà. Les médecins ne sont pas des employés de l'État, ce sont des travailleurs indépendants. Donc, le privé est déjà dans le système de santé. Là, je ne pense pas que ce soit une... à mon humble avis, ce n'est pas une question de concurrence, c'est une question de bien utiliser les ressources que nous avons présentement. Il y a des cliniques privées qui ont des salles d'opération. Donc, je pense que l'objectif serait d'optimiser ces ressources-là. À mon avis, ce n'est pas une question de concurrence.

M. Lavallée (Hugo) : Une autre question aussi, par rapport à la présentation du budget la semaine prochaine. Quels devraient être les objectifs que le gouvernement devrait se fixer au chapitre de la réduction de la dette? Parce qu'il y avait des objectifs qui avaient été identifiés précédemment. On comprend qu'avec le déficit ça remet un peu les choses en question. Quels devraient être les nouveaux objectifs?

M. Leitão : Là, je pense qu'on va perdre toute l'audience parce qu'on va commencer à parler de dette, là. Oh mon Dieu! Mais c'est très important. Merci pour la question.

Oui, on a des cibles qu'on s'est données, collectivement, en termes de dette-PIB et déficit-PIB. Moi, je pense que ces cibles-là sont encore d'actualité. Donc, dans le budget de la semaine prochaine, moi, je ne toucherais pas nécessairement à ces cibles-là. Donc, d'atteindre un ratio dette-PIB 45 %, je pense qu'on peut et on doit maintenir cette cible-là. Maintenant, la question qui se pose, c'est : O.K., une fois qu'on a atteint cette cible, parce qu'on va y arriver dans relativement peu de temps, qu'est-ce qu'on fait après? Est-ce qu'on se donne encore une cible? Est-ce qu'on se donne encore un ancrage fiscal? Moi, je pense que oui.

C'est quoi, cette cible, cette nouvelle cible qu'on se donnerait? Je ne sais pas. Est-ce que c'est 40 % du PIB? Écoutez, j'entends plusieurs des commentateurs économiques, les économistes et les financiers parler qu'au Québec on devrait cibler, on devrait essayer d'atteindre la moyenne canadienne. C'est peut-être une cible à se donner, mais ayons ce débat-là. Je pense que ce débat doit avoir lieu, et le budget serait une bonne opportunité pour commencer ce débat-là. Mais commençons par maintenir les cibles que nous avons présentement et puis penser sur le long terme.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour.

M. Leitão : Bonjour.

M. Lecavalier (Charles) : M. Leitão, est-ce que vous entrevoyez de l'espace dans les prochaines années pour réduire les impôts au Québec?

M. Leitão : Réduire les impôts? Écoutez, je pense que ce que nous avons... Si nous ne le savions pas déjà, ce que la pandémie nous a révélé, c'est qu'en effet les services publics au Québec sont extrêmement importants. Et je pense que tous les citoyens veulent, bien sûr, avoir des services publics en santé, éducation, famille, etc. Alors, ces services publics là doivent être financés. Et une chose que j'ai dite depuis 2014, et je le maintiens, c'est qu'on ne peut pas, on ne peut pas fournir des services publics à crédit. Donc, si on veut des services publics, et on veut des services publics, et des services publics de qualité, il faut qu'ils soient suffisamment financés.

Donc, dans ce contexte-là, est-ce qu'il y a de l'espace pour réduire les taxes et impôts? La question se pose. Moi, je vous dirais qu'à court terme, et par «court terme» je veux dire les prochaines quelques années, je ne vois pas d'espace pour réduire taxes et impôts. Est-ce que, si l'économie québécoise démarre vraiment — ce que je doute, là, et on pourrait en parler, de ça — et si on a une croissance économique mirobolante dans les années à venir... Peut-être qu'on pourrait considérer ça, mais, à court terme, là, je ne vois pas de possibilité de grand allègement fiscal...

M. Lecavalier (Charles) : Sur les tarifs...

M. Leitão : ...permanent — excusez-moi — d'allègement fiscal permanent. Des mesures ponctuelles d'aide, oui, ça, oui, mais des changements permanents de taxes et impôts, je ne pense pas.

M. Lecavalier (Charles) : Sur les tarifs d'électricité, le gouvernement Legault dit que, bon, écoutez, la situation, là, de l'inflation actuelle, c'est temporaire, ça peut se régler, mais que leur solution, là, qui était d'arrimer les tarifs à l'inflation, elle reste bonne malgré ça. Pourquoi vous n'êtes pas d'accord?

M. Leitão : Deux choses là-dessus. D'abord, la capacité du gouvernement d'anticiper l'inflation, là, on pourrait en parler longuement. J'avais dit des choses, moi, en 2019, on me disait que je vivais sur une autre planète. «Duh!» On est là. Donc, je serais très prudent quant à la capacité de pouvoir prévoir à long terme c'est quoi, l'inflation.

Et, dans le cas des tarifs d'hydroélectricité, c'est particulièrement important parce que le gouvernement a eu la mauvaise idée, la très mauvaise idée de lier les tarifs d'hydroélectricité au taux d'inflation. Il n'y a aucune connexion. Hydro-Québec est une utilité publique qui a un monopole. Les tarifs doivent être déterminés par une entité indépendante, la Régie de l'énergie. On n'aime pas la régie? Pensons à une autre chose. Mais il nous faut une entité indépendante qui établit les tarifs d'un monopole. Ce n'est pas à l'État à faire ça, ce n'est pas au cabinet du premier ministre de décider ça, ce n'est pas au ministre de l'Énergie de décider ça.

Et puis, en plus, quel va être le taux d'inflation à la fin de cette année? Je ne sais pas, mais il ne sera pas beaucoup plus bas que ce qu'il est maintenant. L'erreur qui a été commise, c'était de penser que l'inflation serait à 2 % pour toujours. Bien non. Comme on dit en bon québécois, «stuff happens», et c'est ce à quoi on fait face maintenant. Et, avec la guerre en Ukraine, la pression sur les prix des matières premières, pétrole et autres, je pense que 2023 va être une année où on va encore avoir un taux d'inflation élevé.

M. Carabin (François) : Bonjour, messieurs. Juste pour préciser, là, je suis conscient que vous demandez au gouvernement, dans le fond, de rouvrir sa loi...

M. Leitão : Oui, la changer.

M. Carabin (François) : ...mais on revient à ce qui était le système précédent?

M. Leitão : Oui. On revient à la Régie de... à un organisme indépendant — moi, je pense que la régie faisait un bon travail — qui détermine les tarifs d'hydroélectricité. Ce n'est pas Hydro-Québec, elle seule, qui peut, qui doit les déterminer, ce n'est pas le gouvernement qui doit les déterminer, c'est un organisme indépendant qui regarde les coûts d'Hydro-Québec et qui voit quel est un montant, un niveau juste pour les tarifs.

M. Carabin (François) : Je sors un peu de l'actualité du jour, M. Leitão. J'aimerais vous entendre sur un audit qui a été déposé hier dans les états financiers du Fonds vert par la VG. Elle dit qu'elle n'est pas en mesure d'obtenir l'ensemble des éléments probants concernant les activités d'administration, un montant de 18,2 millions de dollars. C'est quoi, votre lecture de... Il est allé où, ce...

M. Leitão : Écoutez, cette histoire, ça, c'est un autre exemple d'une très mauvaise idée de la part du gouvernement, qui avait… — je ne me rappelle pas le numéro de la loi, là, même si j'ai siégé à cette commission aussi — qui ont décidé de prendre le Fonds vert et de l'intégrer au ministère de l'Énergie. Donc, on a perdu beaucoup d'informations.

Nous, on savait très bien... Nous, quand on était au gouvernement, on savait qu'il y avait des enjeux de gouvernance, donc on a créé le Conseil de gestion du Fonds vert pour, justement, nous assurer que le Fonds vert serait géré de façon indépendante par, encore, un organisme indépendant, crédible, qui pourrait bien superviser les opérations du Fonds vert. Ça a été complètement bousillé par le gouvernement actuel et finalement aboli. Alors, je comprends la VG, qui n'a pas l'information nécessaire pour pouvoir arriver à un bon constat, parce que cette information ne lui a pas été transmise.

M. Carabin (François) : Mais est-ce que ça vous inquiète de voir qu'il y a encore, bien, 20 millions de dollars qui...

M. Leitão : Oh! ça m'inquiète beaucoup parce que, là, maintenant... Avant, il y avait un fonds qui était quand même relativement, relativement indépendant, supervisé par un conseil de gestion. Là, maintenant, c'est un département du ministère de l'Environnement. Bonjour, la transparence.

M. Bossé (Olivier) : M. Leitão, vous vous en souvenez certainement, il y a trois semaines, ici même, vous avez dit : Peut-être qu'une inflation à 5 % ça deviendrait le bon vieux temps.

M. Leitão : «The good old days», oui.

M. Bossé (Olivier) : Est-ce que vous maintenez encore ça?

M. Leitão : Oui.

M. Bossé (Olivier) : Et pour les 12, 18 prochains mois, est-ce que vous êtes de ceux qui attendez une récession?

M. Leitão : Bon, une récession n'est pas inévitable, mais ça fait partie maintenant des scénarios qu'on doit évaluer. C'est pour ça que je dis que, dans le budget, le gouvernement doit avoir un plan stratégique pour faire face à toutes ces éventualités-là. Je ne suis pas en train de dire que Carlos Leitão prévoit une récession. Ce n'est pas ça du tout. Mais maintenant c'est possible, étant donné la guerre en Ukraine, étant donné la forte hausse des prix des matières premières. Donc, le taux d'inflation, on l'a vu, bon, ce matin, ici. La semaine dernière, aux États-Unis, c'était déjà rendu à 7 %. Donc, les pressions inflationnistes sont fortes. Les banques centrales sont dans une position très délicate. Est-ce qu'elles haussent les taux d'intérêt? Oui, mais comment? À quelle vitesse? Donc, oui, il y a des risques importants pour l'économie mondiale. Une récession, ce n'est pas inévitable, mais c'est quelque chose qui peut arriver. Il faut donc être prêt à faire face à une telle éventualité.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. Leitão. Hier, M. Legault a eu une question sur une possible baisse d'impôt. Il a répondu : Attendez de voir la campagne électorale, quelque chose comme ça. Est-ce que ce serait irresponsable de promettre une baisse d'impôt?

M. Leitão : Merci. Je vous réponds ce que j'ai déjà... ce que j'ai dit tantôt à vos collègues. Ce qui est absolument irresponsable et impensable, à mon avis, c'est de vouloir... ou de promettre aux Québécois de livrer des services publics de qualité à crédit en les finançant avec la dette, en les finançant avec les déficits récurrents. Donc, on ne peut pas faire ça. On ne doit pas faire ça. On a fait ça pendant 40 ans, et ça nous a donné la situation actuelle d'une dette publique quand même élevée.

Donc, si on veut, et je pense qu'on veut des services publics de qualité, il faut les financer adéquatement. Est-ce que ce financement adéquat est compatible avec une réduction de taxes et impôts? Je vous dis qu'à court terme je ne vois pas, je ne vois pas un tel espace pour faire des réductions significatives et récurrentes de taxes et impôts. Si le gouvernement décide de le faire, de le promettre en campagne électorale, il faudra qu'il nous dise... Bon, O.K., alors qu'est ce que vous allez couper? Ou alors vous allez accepter des déficits. Ce n'est pas, quand même, si compliqué que ça, c'est : ou bien c'est à déficit ou bien on coupe des dépenses.

Mme Plante (Caroline) : Alors, on ne peut pas s'attendre à ce que le PLQ promette une telle chose en campagne électorale, une baisse d'impôts et de taxes?

M. Leitão : Des réductions récurrentes de taxes et impôts, écoutez, la plateforme est en train de se faire, mais je n'ai pas encore vu ça, mes collègues non plus. Je ne pense pas qu'on discute de telles choses. Donc, l'espace est très, très limité. Est-ce qu'il y a de la place pour des transferts directs aux citoyens de façon ponctuelle? Oui. Même des transferts directs aux citoyens de façon plus permanente, ça aussi, oui. Nos programmes d'aide, d'assistance sociale et de solidarité, je pense qu'on peut... mais ça fait partie des services publics. Donc, on veut des services publics de qualité et qui peuvent vraiment aider nos citoyens, mais il faut les financer adéquatement.

M. Laforest (Alain) : Donc, si vous travaillez sur la plateforme, c'est que vous vous présentez?

M. Leitão : «Nice try.» Mais je travaille sur la plateforme, oui, je vous confirme ça.

La Modératrice : Les questions en anglais, s'il vous plaît.

Mme Senay (Cathy) : Mr. Leitão, Mr. Legault said yesterday that he will... in the budget, there will be one payment for all Quebeckers to help them to fight inflation and the cost of living. Is this a good strategy for you?

M. Leitão : It is not bad, but it's not sufficient. It is not sufficient. And the Government... We understand it's not the Government's fault... or the Government has very little power, no power to change the situation regarding crude oil prices in the world market, but the Government does have one... well, two, but at least one important lever that it controls directly, and that's Hydro-Québec tariffs, the Hydro-Québec bill. So, that, they control directly. And we propose a few things on that, and the one that I think is really important is to suspend the TVQ on the Hydro-Québec bill, that's a reduction of 10%, and suspend it temporarily until the Government comes up with a new model to set tariffs, because to link tariffs to inflation makes no sense. So, that, the Government can do directly, and they should. It's not just a question of sending some checks, and then we'll see what happens next year. It's to put in place a process that helps citizens on the long term.

Mme Senay (Cathy) : The 5.7% of inflation in February, you're not surprised of this?

M. Leitão : No, no, after what we've seen with the price of crude oil... And we haven't seen yet the full impact of the war in the Ukraine because also food products, namely wheat and corn, which Russia and the Ukraine are large exporters... and there we are seeing now a decline in output and a decline in exports. We have not seen a decline in oil exports from Russia, we talk about boycott, but they're not there yet, oil continues to flow. But wheat, and corn, and now the minerals, those shipments are beginning to be curtailed, and so prices are going up, and going up strongly.

Mme Senay (Cathy) : Mr. Tanguay, I just have two questions for you, quickly. It's regarding a study that was done by McGill and Concordia university teachers. They sounded... They had a survey of 629 university students, and a great proportion of them said that they would leave... they're studying in law and for teaching, and they would leave because they cannot wear their religious symbol or they are not at ease with Bill 21. 629 students, it's not a lot, it's very tiny sample, we have to be careful with this, but does this give you an impression that we should consider students being not comfortable with the effects of Bill 21?

    M. Tanguay: I think that we had the occasion to debate, with respect to... when it was time to adopt the Bill 21, who was adopted by the «bâillon». We had the occasion, at that time, to mention these potential effects, negative effects, negative impacts, and this is an additional piece of evidence that justifies the vote that we took at that time. We voted against that bill. Now, there's a judicial process, we'll see what happens. But we can see one of the negative impacts and effects that we mentioned at that time during the debate, unfortunately.

Mme Senay (Cathy) : ...emergency, are you surprised to not... Do you understand why Québec needs a bill to lift the public health emergency and other Canadian provinces didn't?

M. Tanguay : Yes, you know, actually, it's interesting, your question. We suggested, many months ago, such a bill. But now the Government says that he's going to go within this direction. So, I think that it's important to mention that, still, we need to wear masks, for instance, we still need to have certain obligations with respect to the pandemic. That being said, I think that we'll have the occasion to read the bill. We will be very, very interested to see how much powers the Government will keep for itself, and that will be one of the concerns that we deal with. But first we're going to read the law, the bill. But it's a suggestion that we've made many months ago and...

Mme Senay (Cathy) : ...

M. Tanguay : Sorry?

Mme Senay (Cathy) : But now you're stuck with it...

M. Tanguay : No, it's better later than never. And I think that it's important. We'll read the bill, but rest assured that we'll be very, very thorough in analyzing the bill and making sure that the Government will not keep all the powers as he has done for the last two years.

M. Wood (Ian) : I just want to pivot back to the economy for a moment. Yesterday, in the House, the Premier says : You know, cutting checks is basically like a trademark at the Government. Is that... And you said you support the idea of giving out payments, if necessary, to, you know, combat things like inflation. Is that really a way to govern, you just start cutting checks?

M. Leitão : No, no. Well, you do that, but you cannot limit yourself to just doing that in a situation like the one we're living now, where inflation is indeed very high, 5.7%, that came out just a couple of... just an hour, or so, and I think the pressure will stay strong, and we'll probably have higher numbers in the months to come, and that has a huge impact on our families budget. So, yes, the Government is justified in coming up with short-term measures to assist citizens, but the Government also has to consider more permanent, longer terms solutions. And one of those permanent, longer term solutions is a new way to set Hydro-Québec tariffs.

And here, I think, I also would like to mention something else. We keep hearing from people on the Government side : But, come on, you know, Québec, we already have the lowest tariffs in North America, you know... come on. Well, the tariffs are maybe low, and they are low, but the Hydro bill is not low. Because we, most of us, Quebeckers, 95%, we heat our homes with electricity. So, our total heating and the electricity bill is not that much lower, a bit lower, but not that much, than in our neighbouring provinces and U.S. states because of the fact that we heat our homes with electricity.

So, yes, I think we need to have some help from the Government in the way that tariffs... prices are set, because the system they put in place does not make any sense.

Une voix : Thanks.

M. Leitão : Merci.

(Fin à 9 h 1)

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