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Point de presse de Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’affaires autochtones, Mme Émilise Lessard-Therrien, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, et M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éthique

Version finale

Le vendredi 3 décembre 2021, 8 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante-quatre minutes)

Mme Massé : Bonjour, tout le monde. Alors, en ce vendredi matin, on est encore dans une journée où nos... le personnel dans les centres à la petite enfance sont dans la rue pour dire au gouvernement qu'ils et elles surtout ne vont pas lâcher. Moi, ce qui me frappe, et en même temps ça me frustre un peu, dans ce dossier-là, là, c'est l'acharnement avec lequel le gouvernement du Québec tente de désolidariser les travailleuses, premièrement, des centres à la petite enfance, et ensuite désolidariser la population du Québec, particulièrement les parents face aux demandes légitimes des travailleuses dans les centres à la petite enfance.

Leur tactique, on la connaît bien, par de la désinformation. Combien de fois vous avez entendu au salon bleu, comme moi, dire que les syndicats ne voulaient pas négocier des augmentations différenciées? On le sait depuis le début que ce n'est pas vrai. On le sait depuis le début que même les offres qui ont été déposées par les syndicats qui représentent les syndiqués, c'étaient des offres différenciées. Cette tactique-là d'abaisser les syndicats, de diminuer leur rôle, alors que notre réseau est en train de craquer de partout à cause du rattrapage essentiel et nécessaire qui doit être fait, ça me choque de voir que le gouvernement, même en Chambre, vienne nous répéter que, dans le fond, c'est de la faute aux syndicats, on va le dire de même.

Aujourd'hui, on apprend qu'ils sont à peu près à 6 millions de différence à s'entendre. Et j'entends encore la ministre dire : Bien, voyons donc — là, je caricaturise un peu, vous vous en doutez bien — hein, pourquoi ils ne retournent pas travailler, là, il y a juste 6 millions entre les deux pour arriver à une entente? Bien, inversons la chose. Comment se fait-il que ce gouvernement qui nous a annoncé il y a quelques semaines que l'écart, le fossé, le déficit n'était pas si grand que prévu, qu'il était prêt à mettre... en fait, qui a mis 68 millions dans des entreprises qui ne répondaient pas tout à fait aux critères, par le programme PACTE, comment se fait-il que dans le réseau qui soutient l'ensemble de la main-d'oeuvre au Québec, pas juste celles qui ne peuvent pas aller travailler parce qu'il y a une grève, mais toutes ces personnes qui ne peuvent pas aller travailler parce que les femmes fuient le réseau des services de garde à cause des mauvaises conditions, bien, comment se fait-il que 6 millions, tout d'un coup, ça devient un fossé? Vous comprendrez que je trouve ça totalement inacceptable parce qu'il faut, et ces femmes-là se battent pour ça, il faut sauver le réseau parce que les familles du Québec en ont besoin.

Juste en terminant, parce que je trouve que ça... Il y a des liens, des fois. Ce matin, on va déposer une motion, une motion parce qu'on a appris, là, dans les derniers jours, que M. Fitzgibbon s'est fait encore le champion de la non-transparence. Et, là aussi, avec le fait de ne pas vouloir rendre public le guide de gestion interne secret, tel qu'il est nommé maintenant, ça nous pose un sérieux problème.

Donc, ce matin, on va déposer une motion pour demander au gouvernement du Québec de rendre public ce guide-là de gestion interne que se sont doté le ministère de l'Économie et Investissement Québec, parce que je pense qu'en matière de gestion de crise, là, le gouvernement ne veut pas une enquête publique, il l'a dit clairement, nous, on a besoin que la transparence soit au rendez-vous.

Mme Lessard-Therrien : Merci, Manon. Bonjour. Hier, au lieu d'entendre la peur de ma région et de donner des solutions, le gouvernement a passé la journée à se défendre et dire que les protocoles, à Senneterre, avaient été respectés et que le coroner ne ferait pas enquête. Au moins, sur l'heure du midi, on a eu la bonne nouvelle, la coroner s'était saisie du dossier du décès tragique de M. Genest depuis 8 h 30 le matin, selon les sources journalistiques.

Je ne porterai pas de jugement sur sa condition médicale, est-ce qu'il aurait survécu ou pas si l'urgence avait été ouverte, je ne le sais pas, on le saura peut-être au terme de l'enquête. Mais ce que je sais, c'est qu'il y a un homme souffrant qui a attendu des heures une ambulance avant d'être trimbalé sur 140 kilomètres en plein hiver, en Abitibi-Témiscamingue. Mourir dans l'ascenseur après avoir fait la run de lait entre Senneterre, Val-d'Or et Amos, ce n'est pas ça, mourir dans la dignité, dans tous les cas, ce n'est pas une façon de traiter une personne souffrante.

Et là la question demeure entière : Qu'est-ce qui va arriver au prochain? Qu'est-ce que le gouvernement va faire concrètement pour éviter que ça se reproduise? Le temps des fêtes s'en vient, on sait que, dans notre réseau, on va avoir encore plus de pression, ça va être encore plus critique. Il faut avoir une réflexion urgente sur les fermetures d'urgence au Québec. Merci.

La Modératrice : On va prendre vos questions, une question, une sous-question. Claudie, en commençant.

Mme Côté (Claudie) : Bonjour. Ce matin… puis hier, là, on a entendu la P.D.G. du CISSS, Mme Roy, dire que, même si l'urgence avait été ouverte, M. Genest aurait été… aurait fait le même trajet. Donc, ça aurait donné la même situation puisqu'à Senneterre il n'y avait pas les capacités de l'accueillir dans le cas qui nous occupe. Qu'est-ce que ça vous fait d'entendre ça?

Mme Lessard-Therrien : Bien, déjà, si l'urgence avait été ouverte, on l'a dit à plusieurs reprises hier, M. Genest habitait à 10, 15 minutes à pied de l'urgence, donc on aurait gagné en temps, on aurait gagné considérablement en temps d'attente, et c'est pour ça qu'on veut avoir une enquête de la coroner pour prendre en compte tous ces facteurs-là qui ont mené au décès de M. Genest à Amos.

Mme Côté (Claudie) : Avez-vous l'impression que l'argument du CISSS, c'est un peu de dire : Bien, de toute façon, il serait mort quand même, tu sais?

Mme Lessard-Therrien : J'en reviens à ma demande de l'enquête du coroner. Je pense qu'on a besoin de faire la lumière sur cette situation-là. Et, tant que le CISSS va répéter ce message-là, les gens à Senneterre, les gens en Abitibi-Témiscamingue ne seront pas rassurés, ne seront pas convaincus. Et les gens vont demeurer inquiets sur : Oui, mais le prochain, le prochain qui va avoir besoin de services d'urgence, qu'est-ce qui va arriver?

Donc, c'est pour ça que l'enquête du coroner, elle est fondamentale, à notre avis. On est extrêmement contents qu'elle se saisisse du dossier pour faire la lumière puis qu'on puisse tirer des conclusions puis voir ça va être quoi, les recommandations.

Mme Côté (Claudie) : Mais, entre-temps, l'urgence demeure fermée, puis il y a un problème de découverture quand même dans la région, dans d'autres régions aussi. Est-ce que vous êtes exaspérée?

Mme Lessard-Therrien : Je suis catastrophée, en fait. Ça fait plus d'un an, plus d'un an que moi, je suis ici, à l'Assemblée nationale, à répéter semaine après semaine que ça va mal, qu'on a besoin d'incitatifs pour nos infirmières, qu'il faut mettre en place des actions concrètes immédiates pour agir sur le court terme, le moyen puis le long terme. Si on avait déjà... Si on s'était déjà saisi de ce dossier-là il y a un an, là, on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui. Aïe! En mars, j'ai déposé une motion pour que le gouvernement reconnaisse la crise dans le réseau, en Abitibi-Témiscamingue, avec des faits. Hier, on parlait de faits, là. Bien, moi, j'en avais, à ce moment-là, puis le gouvernement a battu la motion, a refusé de reconnaître cette crise-là. Donc là, aujourd'hui qu'il se réveille peut-être, tant mieux, mais je ne comprends pas pourquoi ça a pris autant de temps.

La Modératrice : M. Carabin.

M. Carabin (François) : Oui. Mme Lessard-Therrien, comment... En fait, la position de la P.D.G. du CISSS dans toute cette histoire-là, est-ce qu'elle est appropriée, considérant qu'il y a une enquête en cours?

Mme Lessard-Therrien : Je pense que la situation, elle a évolué. Là, d'avoir l'enquête, je pense que ça nous permet peut-être de prendre un peu de hauteur, de dire : O.K., là, on va faire la lumière sur ce qui s'est passé, on va attendre d'avoir les résultats et les recommandations de la coroner.

Mais l'enjeu demeure entier : on vit une crise de main-d'oeuvre, et là-dessus le gouvernement se déresponsabilise des leviers qu'il peut actionner pour ma région, mais pour d'autres régions au Québec, pour s'assurer qu'on n'ait plus de découverture comme ça.

M. Carabin (François) : Puis comment vous avez vu la position du gouvernement hier toute la matinée sur l'enquête du coroner alors que l'enquête était déjà en cours?

Mme Lessard-Therrien : C'est à lui de répondre. Comment ça se fait qu'il n'était pas au courant? Comment ça se fait qu'il n'était pas au courant que la coroner s'était déjà saisie du dossier et qu'il répétait que tous les faits... tous les protocoles avaient été respectés, alors que, si la coroner se saisit du dossier, bien, c'est pour faire la lumière sur ce qui s'est passé? La question mérite d'être posée au gouvernement puis qu'il nous dise comment ça se fait qu'il n'était pas au courant.

La Modératrice : M. Lavallée.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour. Peut-être une précision sur ce que vous venez de dire à l'instant. Vous dites : Si l'urgence avait été ouverte, on aurait gagné du temps parce que M. Genest n'habitait pas loin. Mais la P.D.G. du CIUSSS, hier, disait... du CISSS, disait : Non, ça n'aurait rien changé parce que le délai des ambulances est le même, là. Disons qu'on est à l'urgence de Senneterre ou chez soi, c'est la même priorisation, ça n'aurait rien changé. Est-ce que vous remettez ça en doute?

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, je ne sais pas comment c'est géographiquement possible de dire que ça aurait été plus long. Il a attendu des heures d'avoir une ambulance avant de voir un médecin à Val-d'Or. Si Senneterre avait été ouvert, monsieur aurait marché peut-être ou se serait fait conduire jusqu'à l'urgence et aurait vu un médecin beaucoup plus rapidement. Je ne sais pas comment c'est géographiquement possible d'aller dans ce sens-là, en fait.

M. Lavallée (Hugo) : Mais elle, son propos, c'est de dire : Disons qu'il voit un médecin à Senneterre, il aurait quand même fallu le transférer, quand même le même délai d'ambulance. Ça semble être l'ambulance, le problème, au fond.

Mme Lessard-Therrien : C'est pour ça qu'on demande l'enquête du coroner, pour évaluer toutes ces étapes-là de la séquence, de l'attente, l'ambulance, qu'est-ce qui s'est passé exactement à Val-d'Or, qu'est-ce qui s'est passé exactement à Amos. Mais, dans les faits qui nous sont rapportés, M. Genest est décédé dans l'ascenseur à l'hôpital d'Amos à quelques minutes de voir le spécialiste. Donc, moi, j'ai vraiment hâte de voir ce que la coroner va sortir, ses recommandations, puis qu'on ait fait la lumière sur tout ce qui s'est passé.

M. Lavallée (Hugo) : Concernant le projet de loi mammouth qui va être déposé aujourd'hui, quelles sont vos attentes?

Mme Massé : Ce projet de loi là, bien, on a hâte de le voir, parce qu'effectivement c'est clair que ça ne va pas bien dans le réseau de la santé. On a un exemple très précis là. Québec solidaire a déjà, il y a quelques semaines, déposé son Plan respect pour dire comment on va être capables de permettre d'apaiser, dans ce réseau-là, ce qui est vécu, les défis vécus par les travailleuses, et rendre le réseau plus efficient. Pour nous, c'est clair, puis je ne suis pas dans le «fine tuning» des demandes, c'est tout dans notre plan de respect, mais c'est clair qu'il faut, d'une part, nous assurer que les conditions de travail des femmes sur le terrain s'améliorent, c'est clair qu'il faut que l'omerta, en santé, soit levée par une réelle protection des femmes qui sont sur le... des femmes et des hommes qui sont sur le plancher et qui ont besoin, lorsqu'ils sont des lanceurs d'alerte, qu'on les protège au lieu de leur rentrer dedans. Et, bien sûr, toute la question de la gouvernance locale, il faut redonner localement du pouvoir à nos institutions.

M. Lavallée (Hugo) : Mais c'est un projet de loi sur les données médicales, là, puis là vous me parlez d'autres choses. Sur la question des données, avez-vous des attentes?

Mme Massé : Ah! sur les données. Écoutez, je vous référerais à mon collègue, Vincent Marissal, par rapport à ça. Je n'ai pas de… je ne le sais pas, par rapport à ça.

La Modératrice : M. Lachance.

M. Lachance (Nicolas) : Oui. Bonjour. Ce matin, on voit dans le journal que la pénurie de main-d'oeuvre frappe même le transport scolaire, principalement dans Lanaudière, où des enfants ne vont tout simplement même pas à l'école. C'est la responsabilité de qui, ça, lorsque des enfants ne vont même pas à l'école en raison du transport scolaire qui est absent?

Mme Massé : C'est définitivement la responsabilité du ministre de l'Éducation. Ça fait partie de la responsabilité du ministre de l'Éducation de s'assurer que l'ensemble des Québécois et des Québécoises en jeune âge aient accès à l'éducation.

Ceci étant dit, je vous ai parlé, d'entrée de jeu, de la situation dans les centres éducatifs à la petite enfance. Ça, là, c'est une des façons, entre autres, de régler des parties de pénurie de main-d'oeuvre. Parce que si les parents n'ont pas de place, et on sait qu'il y a plusieurs dizaines de milliers de parents qui n'ont pas de place, n'arrivent pas à pouvoir confier leur enfant à un endroit sécuritaire, dont un centre à la petite enfance, bien, ils n'iront pas travailler. Et donc il y a une roue qui tourne, qu'il faut qu'on mette fin, puis il appert qu'on est à 6 millions de s'entendre. Je ne sais pas qu'est-ce qu'on attend.

M. Lachance (Nicolas) : Je comprends, mais là on parle de… ils ne seraient même pas capables d'aller porter leurs enfants à ces endroits-là, là, donc qu'est-ce qu'on fait concrètement pour permettre à ces enfants-là de pouvoir avoir un service scolaire? Donc, on les trouve où, les chauffeurs et les chauffeuses d'autobus?

Mme Massé : Combien de gens actuellement… moi, je… les gens de Ma place au travail… mettons, plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ne peuvent pas aller travailler parce qu'ils n'ont pas de service de garde pour les accueillir. Juste là, ça fait du monde, ça, qui sont disponibles.

Mais, ceci étant dit, votre question est hyper pertinente, mais je vous dis, la personne qui doit y répondre, c'est Jean-François Roberge, le ministre de l'Éducation.

La Modératrice : Caroline Plante.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, Mme Massé. Sur la grève des éducatrices, est-ce qu'on se dirige, d'après vous, vers une loi spéciale?

Mme Massé : On le dit depuis plusieurs jours, il faut que le gouvernement mette ça de côté. C'est notre réseau de services de garde à la petite enfance qui est actuellement en danger. D'imposer des conditions, alors qu'on est à 6 millions de s'entendre, ça serait un très mauvais message à envoyer aux femmes qui, depuis des années, attendent le rattrapage de l'État québécois. Alors, moi, je pense que Mme LeBel doit arrêter de nous dire que les syndicats font de la résistance et elle doit reconnaître que 6 millions, le fossé n'est pas si grand que ça, et qu'on est capable de l'assumer collectivement pour sauver notre réseau des services de garde.

Mme Plante (Caroline) : Et est-ce que vous vous inquiétez de l'augmentation des cas de COVID, donc l'augmentation qu'on voit, là, récemment? Et est-ce qu'il faut aller plus vite pour offrir une troisième dose à plus de gens?

Mme Massé : C'est sûr que partout à travers la planète et ici, au Québec aussi, mais, si on regarde notre situation, l'augmentation actuellement des cas de COVID, moi, m'inquiète, comme, j'imagine, plusieurs Québécois et Québécoises. On est toujours dans quelle est la capacité de notre système de santé d'absorber les cas d'hospitalisation. Et, dans ce sens-là, bien, je pense qu'il faut continuer à, tout le monde, être proche et respecter les enlignements qui nous sont proposés par la Santé publique.

Au niveau de la vaccination, je pense que le comité qui a été mis sur pied depuis plusieurs mois et qui a, justement, le déploiement des campagnes de vaccination est le mieux placé pour répondre à votre question. Je ne m'improviserai pas à ce niveau-là. Mais c'est clair que la vaccination a et joue un rôle important dans la prévention de la propagation du virus.

La Modératrice : En anglais.

Mme Greig (Kelly) : If I can ask about day cares. We're on day 3 of the strike, how far do you think the Government is willing to go? Is this going to be weeks?

Mme Massé : Three days, but as you know, next week there will be more day care in a strike. I think that Mme LeBel and «le gouvernement de la CAQ» had everything in their hands to put an end at this strike. This morning, we learned that we're talking about 6 million. And, you know what, when this same Government is ready to give 68 million to some companies «qui sont en faillite», I don't know why he cannot put 6 million for our day care system.

Mme Greig (Kelly) : Thank you.

La Modératrice : Merci. Il y a eu des demandes pour M. Marissal. Vous pouvez venir répondre aux questions.

Mme Massé : Hein? Il était là!

La Modératrice : On change de chiffre.

M. Marissal : Bonjour.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour, M. Marissal. Concernant le projet de loi mammouth qui va être déposé aujourd'hui, est-ce que vous avez des attentes précises et des inquiétudes aussi? Parce qu'on sait que vous avez déjà été critique, là, sur la question des données de la RAMQ, entre autres, par rapport aux entreprises privées. Mais, sur l'idée de regrouper, donner accès aux données existantes, qu'est-ce que vous en pensez?

M. Marissal : Oui. Je n'ai évidemment pas eu de briefing à ce jour. D'ailleurs, j'en profite pour faire la demande officielle, là. C'est une pratique qui s'est perdue un peu d'avoir des briefings techniques, excusez le mot en anglais, là, je ne sais pas comment le dire en français, mais un briefing.

M. Lavallée (Hugo) : Séance de breffage.

M. Marissal : Un breffage, oui, c'est beaucoup plus français comme ça. Mais, en fait, je fais la demande, là, c'est des trucs super techniques, puis le ministre Dubé nous en avait promis un pour le projet de loi n° 11, on ne l'a toujours pas eu, alors j'en profite pour relancer ça.

Les attentes qu'on a. Évidemment, la dernière chose qu'on veut, je vais commencer par ça, c'est un autre brassage de structures dans le réseau. Ça, c'est la base, là, ce réseau-là ne supportera pas un autre rebrassage de structures.

Alors, qu'est-ce qu'on vise par ça? Si d'aventure on vise une meilleure répartition de la main-d'oeuvre, si on vise le suivi en continu du temps supplémentaire obligatoire, du recours aux agences — ce que j'ai demandé d'ailleurs, j'ai demandé un rapport mensuel là-dessus, évidemment, on ne l'a pas eu — si ça vise ça, à la fin, c'est positif. Après ça, évidemment, pour employer un autre anglicisme, le diable est dans les détails, là, on verra tout ça, mais là-dessus, moi, je m'engage à participer si, évidemment, ça nous mène à une meilleure utilisation des ressources, une revalorisation du secteur public et du personnel soignant, dans le but, évidemment, de faire ce que le ministre a dit, c'est-à-dire se débarrasser des agences de placement puis arrêter le temps supplémentaire obligatoire, qui est une plaie dans le réseau. Alors, c'est pas mal ça que j'attends de ça.

Si, par contre, on s'en va dans les folies de M. Fitzgibbon, là, Dr Folamour avec les données de la RAMQ, là, moi, je vous le dis tout de suite, là, je débarque. Puis on l'a dit, puis là-dessus nous serons intraitables, les données médicales personnelles des Québécois, des Québécoises, ce n'est pas de la chair à profit pour les pharmaceutiques. Là-dessus, on va être intraitables.

M. Lavallée (Hugo) : Ceci dit, une deuxième question, est-ce que ce n'est pas un peu curieux qu'en 2021 ce soit si difficile de faire en sorte que les systèmes informatiques se parlent, qu'on ait l'information? Dans le cas des médecins de famille, là, c'est évident, là, on nous balance toutes sortes de statistiques, puis, finalement, il n'y a pas moyen d'avoir le véritable portrait de la productivité des médecins. On est quand même en 2021, là, est-ce qu'il n'est pas temps d'avoir des outils plus modernes que ça?

M. Marissal : Vous avez raison, on a été notoirement mauvais au Québec dans tous nos systèmes informatiques et de traitement de données. Je pense qu'on n'est pas capables d'acheter, au gouvernement du Québec, une clé USB sans se tromper de modèle puis payer trop cher. O.K., ça, c'est dit, là.

Maintenant, si le transfert et le traitement de données veut dire perte de confidentialité ou risque de privatisation et de commercialisation des données, là, je le redis, je débarque. Mais effectivement, vous avez probablement tous et toutes eu l'expérience d'aller chez le médecin, puis il n'a pas reçu votre document que vous aviez pourtant fait transférer. Ça, là-dessus, c'est vrai, il serait plus que temps qu'on arrive au XXIe siècle, je suis tout à fait d'accord avec vous.

La Modératrice : M. Lachance.

M. Lachance (Nicolas) : Bien, justement, craignez-vous des dérives, là? Si on partage tant l'information, si le projet de loi nous amène justement à permettre le transfert de données d'un bureau de médecin de famille à un urgentologue… ça se fait déjà, mais c'est déjà… c'est complexe, c'est plus complexe, craignez-vous des dérives de ce projet de loi là?

M. Marissal : J'ai toujours une petite crainte, quand on commence à manipuler les données personnelles, ce pour quoi il faut que ce soit fait dans les règles de l'art avec la plus grande des prudences. Si on vise juste l'efficacité aux dépens de la protection des renseignements personnels, on va se planter, puis c'est la population du Québec qui va en payer le prix. Alors, on va être très, très, très vigilants là-dessus. Et là je le redis, là, s'il y a un paragraphe ou un article de cette loi qui a été inspiré par les élucubrations de Pierre Fitzgibbon sur les données de la RAMQ, ils vont me trouver dans leur chemin.

M. Lachance (Nicolas) : Qui dit données dit structure informatique. Clairement, on l'a vu pendant la pandémie, là, il y a encore des fax au gouvernement du Québec et dans les hôpitaux. Donc, il faut changer ces structures-là pour pouvoir avoir accès à ces données-là puis pouvoir les utiliser de façon efficace. Ça risque de coûter une petite fortune, on ne se mentira pas. Jusqu'où le Québec devrait payer pour ce genre de structure là?

M. Marissal : Moi, je vais vous dire, il faut commencer par le commencement, c'est-à-dire se réapproprier l'expertise au sein du gouvernement du Québec. Là, on a eu la très mauvaise habitude, depuis une vingtaine d'années, de sous-traiter et de sous-traiter nos renseignements personnels, de sous-traiter le traitement de nos renseignements personnels. Ça, ça fait la fortune des Bill Gates de ce monde, là, qui nous vendent à fort prix des licences, puis après ça, à tous les six mois, ils arrivent en disant : Ah! ça prend un «update», ça prend un «update». Et on n'a pas les ressources à l'interne, soit parce qu'on ne les paie pas, soit parce qu'on leur donne des mauvaises conditions de travail. Ça part par là.

Ce projet de loi là, il n'est pas en vase clos, ce n'est pas un silo, il y a le ministre Caire aussi, qui travaille aussi à la Protection des renseignements personnels, qui veut et qui fait des pieds et des mains au sein du cabinet pour avoir des ressources pour engager du monde. Si c'est ça son but, moi, je vais l'épauler. Effectivement, il faut qu'on ramène dans le giron public nos ressources, des gens qui sont dédiés aux services publics, pas des «peddlers» de Microsoft.

La Modératrice : Mme Côté.

Mme Côté (Claudie) : Juste rapidement, votre collègue, André Fortin, a émis des doutes sur la capacité du gouvernement à adopter tous les projets de loi en santé qu'il a mis sur la table, là, alors qu'on part en élection rapidement. Est-ce que c'est un doute que vous partagez?

M. Marissal : Bien, tout est dans le consentement et la façon de fonctionner. C'est sûr que, si le gouvernement nous arrive avec des projets de loi mal foutus, puis qu'à chaque fois qu'on soulève une pierre on trouve d'autres affaires qu'on n'aime pas, ça va être long. Mais ça, ce n'est pas de moi que ça dépend, ça dépend du gouvernement. Si le gouvernement dépose des projets de loi qui sont positifs, pour lesquels on veut et on va collaborer, très bien, ça peut se faire. Vous savez, le dicton ici, avec le consentement, on peut tout faire. Mais on a quand même des doutes sur certains aspects des projets de loi annoncés.

Et puis, en plus, là, pour boucler la boucle, je n'ai pas eu les breffages techniques, notamment sur le projet de loi n° 11, puis là on nous propose déjà… on nous promet déjà un autre projet de loi mammouth. À un moment donné, tu ne peux pas tout mettre dans le pipeline législatif, il va falloir qu'on avance dans l'ordre.

La Modératrice : Merci.

M. Marissal : Merci.

(Fin à 9 h 18)