(Huit heures cinquante-quatre minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout
le monde. Alors, en ce vendredi matin, on est encore dans une journée où nos...
le personnel dans les centres à la petite enfance sont dans la rue pour dire au
gouvernement qu'ils et elles surtout ne vont pas lâcher. Moi, ce qui me frappe,
et en même temps ça me frustre un peu, dans ce dossier-là, là, c'est
l'acharnement avec lequel le gouvernement du Québec tente de désolidariser les
travailleuses, premièrement, des centres à la petite enfance, et ensuite
désolidariser la population du Québec, particulièrement les parents face aux
demandes légitimes des travailleuses dans les centres à la petite enfance.
Leur tactique, on la connaît bien, par de
la désinformation. Combien de fois vous avez entendu au salon bleu, comme moi,
dire que les syndicats ne voulaient pas négocier des augmentations
différenciées? On le sait depuis le début que ce n'est pas vrai. On le sait
depuis le début que même les offres qui ont été déposées par les syndicats qui
représentent les syndiqués, c'étaient des offres différenciées. Cette
tactique-là d'abaisser les syndicats, de diminuer leur rôle, alors que notre
réseau est en train de craquer de partout à cause du rattrapage essentiel et
nécessaire qui doit être fait, ça me choque de voir que le gouvernement, même
en Chambre, vienne nous répéter que, dans le fond, c'est de la faute aux
syndicats, on va le dire de même.
Aujourd'hui, on apprend qu'ils sont à peu
près à 6 millions de différence à s'entendre. Et j'entends encore la
ministre dire : Bien, voyons donc — là, je caricaturise un peu,
vous vous en doutez bien — hein, pourquoi ils ne retournent pas
travailler, là, il y a juste 6 millions entre les deux pour arriver à une
entente? Bien, inversons la chose. Comment se fait-il que ce gouvernement qui
nous a annoncé il y a quelques semaines que l'écart, le fossé, le déficit n'était
pas si grand que prévu, qu'il était prêt à mettre... en fait, qui a mis
68 millions dans des entreprises qui ne répondaient pas tout à fait aux
critères, par le programme PACTE, comment se fait-il que dans le réseau qui
soutient l'ensemble de la main-d'oeuvre au Québec, pas juste celles qui ne
peuvent pas aller travailler parce qu'il y a une grève, mais toutes ces
personnes qui ne peuvent pas aller travailler parce que les femmes fuient le
réseau des services de garde à cause des mauvaises conditions, bien, comment se
fait-il que 6 millions, tout d'un coup, ça devient un fossé? Vous
comprendrez que je trouve ça totalement inacceptable parce qu'il faut, et ces
femmes-là se battent pour ça, il faut sauver le réseau parce que les familles
du Québec en ont besoin.
Juste en terminant, parce que je trouve que
ça... Il y a des liens, des fois. Ce matin, on va déposer une motion, une
motion parce qu'on a appris, là, dans les derniers jours, que
M. Fitzgibbon s'est fait encore le champion de la non-transparence. Et, là
aussi, avec le fait de ne pas vouloir rendre public le guide de gestion interne
secret, tel qu'il est nommé maintenant, ça nous pose un sérieux problème.
Donc, ce matin, on va déposer une motion
pour demander au gouvernement du Québec de rendre public ce guide-là de gestion
interne que se sont doté le ministère de l'Économie et Investissement Québec,
parce que je pense qu'en matière de gestion de crise, là, le gouvernement ne
veut pas une enquête publique, il l'a dit clairement, nous, on a besoin que la
transparence soit au rendez-vous.
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Manon. Bonjour. Hier, au lieu d'entendre la peur de ma région et de donner des
solutions, le gouvernement a passé la journée à se défendre et dire que les
protocoles, à Senneterre, avaient été respectés et que le coroner ne ferait pas
enquête. Au moins, sur l'heure du midi, on a eu la bonne nouvelle, la coroner
s'était saisie du dossier du décès tragique de M. Genest depuis
8 h 30 le matin, selon les sources journalistiques.
Je ne porterai pas de jugement sur sa
condition médicale, est-ce qu'il aurait survécu ou pas si l'urgence avait été
ouverte, je ne le sais pas, on le saura peut-être au terme de l'enquête. Mais
ce que je sais, c'est qu'il y a un homme souffrant qui a attendu des heures une
ambulance avant d'être trimbalé sur 140 kilomètres en plein hiver, en Abitibi-Témiscamingue.
Mourir dans l'ascenseur après avoir fait la run de lait entre Senneterre, Val-d'Or
et Amos, ce n'est pas ça, mourir dans la dignité, dans tous les cas, ce n'est
pas une façon de traiter une personne souffrante.
Et là la question demeure entière :
Qu'est-ce qui va arriver au prochain? Qu'est-ce que le gouvernement va faire
concrètement pour éviter que ça se reproduise? Le temps des fêtes s'en vient,
on sait que, dans notre réseau, on va avoir encore plus de pression, ça va être
encore plus critique. Il faut avoir une réflexion urgente sur les fermetures
d'urgence au Québec. Merci.
La Modératrice
: On va
prendre vos questions, une question, une sous-question. Claudie, en commençant.
Mme Côté (Claudie) : Bonjour.
Ce matin… puis hier, là, on a entendu la P.D.G. du CISSS, Mme Roy, dire que, même
si l'urgence avait été ouverte, M. Genest aurait été… aurait fait le même
trajet. Donc, ça aurait donné la même situation puisqu'à Senneterre il n'y avait
pas les capacités de l'accueillir dans le cas qui nous occupe. Qu'est-ce que ça
vous fait d'entendre ça?
Mme Lessard-Therrien : Bien, déjà,
si l'urgence avait été ouverte, on l'a dit à plusieurs reprises hier, M. Genest
habitait à 10, 15 minutes à pied de l'urgence, donc on aurait gagné en
temps, on aurait gagné considérablement en temps d'attente, et c'est pour ça qu'on
veut avoir une enquête de la coroner pour prendre en compte tous ces
facteurs-là qui ont mené au décès de M. Genest à Amos.
Mme Côté (Claudie) :
Avez-vous l'impression que l'argument du CISSS, c'est un peu de dire :
Bien, de toute façon, il serait mort quand même, tu sais?
Mme Lessard-Therrien : J'en
reviens à ma demande de l'enquête du coroner. Je pense qu'on a besoin de faire
la lumière sur cette situation-là. Et, tant que le CISSS va répéter ce
message-là, les gens à Senneterre, les gens en Abitibi-Témiscamingue ne seront
pas rassurés, ne seront pas convaincus. Et les gens vont demeurer inquiets sur :
Oui, mais le prochain, le prochain qui va avoir besoin de services d'urgence, qu'est-ce
qui va arriver?
Donc, c'est pour ça que l'enquête du
coroner, elle est fondamentale, à notre avis. On est extrêmement contents
qu'elle se saisisse du dossier pour faire la lumière puis qu'on puisse tirer
des conclusions puis voir ça va être quoi, les recommandations.
Mme Côté (Claudie) : Mais,
entre-temps, l'urgence demeure fermée, puis il y a un problème de découverture
quand même dans la région, dans d'autres régions aussi. Est-ce que vous êtes
exaspérée?
Mme Lessard-Therrien : Je
suis catastrophée, en fait. Ça fait plus d'un an, plus d'un an que moi, je suis
ici, à l'Assemblée nationale, à répéter semaine après semaine que ça va mal, qu'on
a besoin d'incitatifs pour nos infirmières, qu'il faut mettre en place des
actions concrètes immédiates pour agir sur le court terme, le moyen puis le
long terme. Si on avait déjà... Si on s'était déjà saisi de ce dossier-là il y
a un an, là, on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui. Aïe! En mars, j'ai
déposé une motion pour que le gouvernement reconnaisse la crise dans le réseau,
en Abitibi-Témiscamingue, avec des faits. Hier, on parlait de faits, là. Bien,
moi, j'en avais, à ce moment-là, puis le gouvernement a battu la motion, a
refusé de reconnaître cette crise-là. Donc là, aujourd'hui qu'il se réveille
peut-être, tant mieux, mais je ne comprends pas pourquoi ça a pris autant de
temps.
La Modératrice
:
M. Carabin.
M. Carabin (François) :
Oui. Mme Lessard-Therrien, comment... En fait, la position de la P.D.G. du
CISSS dans toute cette histoire-là, est-ce qu'elle est appropriée, considérant
qu'il y a une enquête en cours?
Mme Lessard-Therrien : Je
pense que la situation, elle a évolué. Là, d'avoir l'enquête, je pense que ça
nous permet peut-être de prendre un peu de hauteur, de dire : O.K., là, on
va faire la lumière sur ce qui s'est passé, on va attendre d'avoir les
résultats et les recommandations de la coroner.
Mais l'enjeu demeure entier : on vit
une crise de main-d'oeuvre, et là-dessus le gouvernement se déresponsabilise
des leviers qu'il peut actionner pour ma région, mais pour d'autres régions au
Québec, pour s'assurer qu'on n'ait plus de découverture comme ça.
M. Carabin (François) :
Puis comment vous avez vu la position du gouvernement hier toute la matinée sur
l'enquête du coroner alors que l'enquête était déjà en cours?
Mme Lessard-Therrien : C'est
à lui de répondre. Comment ça se fait qu'il n'était pas au courant? Comment ça
se fait qu'il n'était pas au courant que la coroner s'était déjà saisie du
dossier et qu'il répétait que tous les faits... tous les protocoles avaient été
respectés, alors que, si la coroner se saisit du dossier, bien, c'est pour
faire la lumière sur ce qui s'est passé? La question mérite d'être posée au gouvernement
puis qu'il nous dise comment ça se fait qu'il n'était pas au courant.
La Modératrice
:
M. Lavallée.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Bonjour. Peut-être une précision sur ce que vous venez de dire à l'instant.
Vous dites : Si l'urgence avait été ouverte, on aurait gagné du temps
parce que M. Genest n'habitait pas loin. Mais la P.D.G. du CIUSSS, hier,
disait... du CISSS, disait : Non, ça n'aurait rien changé parce que le
délai des ambulances est le même, là. Disons qu'on est à l'urgence de Senneterre
ou chez soi, c'est la même priorisation, ça n'aurait rien changé. Est-ce que
vous remettez ça en doute?
Mme Lessard-Therrien : Bien,
en fait, je ne sais pas comment c'est géographiquement possible de dire que ça
aurait été plus long. Il a attendu des heures d'avoir une ambulance avant de
voir un médecin à Val-d'Or. Si Senneterre avait été ouvert, monsieur aurait
marché peut-être ou se serait fait conduire jusqu'à l'urgence et aurait vu un
médecin beaucoup plus rapidement. Je ne sais pas comment c'est géographiquement
possible d'aller dans ce sens-là, en fait.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
elle, son propos, c'est de dire : Disons qu'il voit un médecin à
Senneterre, il aurait quand même fallu le transférer, quand même le même délai
d'ambulance. Ça semble être l'ambulance, le problème, au fond.
Mme Lessard-Therrien : C'est
pour ça qu'on demande l'enquête du coroner, pour évaluer toutes ces étapes-là
de la séquence, de l'attente, l'ambulance, qu'est-ce qui s'est passé exactement
à Val-d'Or, qu'est-ce qui s'est passé exactement à Amos. Mais, dans les faits
qui nous sont rapportés, M. Genest est décédé dans l'ascenseur à l'hôpital
d'Amos à quelques minutes de voir le spécialiste. Donc, moi, j'ai vraiment hâte
de voir ce que la coroner va sortir, ses recommandations, puis qu'on ait fait
la lumière sur tout ce qui s'est passé.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant le projet de loi mammouth qui va être déposé aujourd'hui, quelles
sont vos attentes?
Mme Massé : Ce projet de loi
là, bien, on a hâte de le voir, parce qu'effectivement c'est clair que ça ne va
pas bien dans le réseau de la santé. On a un exemple très précis là. Québec
solidaire a déjà, il y a quelques semaines, déposé son Plan respect pour dire
comment on va être capables de permettre d'apaiser, dans ce réseau-là, ce qui
est vécu, les défis vécus par les travailleuses, et rendre le réseau plus
efficient. Pour nous, c'est clair, puis je ne suis pas dans le «fine tuning»
des demandes, c'est tout dans notre plan de respect, mais c'est clair qu'il
faut, d'une part, nous assurer que les conditions de travail des femmes sur le
terrain s'améliorent, c'est clair qu'il faut que l'omerta, en santé, soit levée
par une réelle protection des femmes qui sont sur le... des femmes et des
hommes qui sont sur le plancher et qui ont besoin, lorsqu'ils sont des lanceurs
d'alerte, qu'on les protège au lieu de leur rentrer dedans. Et, bien sûr, toute
la question de la gouvernance locale, il faut redonner localement du pouvoir à
nos institutions.
M. Lavallée (Hugo) : Mais c'est
un projet de loi sur les données médicales, là, puis là vous me parlez d'autres
choses. Sur la question des données, avez-vous des attentes?
Mme Massé : Ah! sur les
données. Écoutez, je vous référerais à mon collègue, Vincent Marissal, par
rapport à ça. Je n'ai pas de… je ne le sais pas, par rapport à ça.
La Modératrice
: M.
Lachance.
M. Lachance (Nicolas) : Oui.
Bonjour. Ce matin, on voit dans le journal que la pénurie de main-d'oeuvre
frappe même le transport scolaire, principalement dans Lanaudière, où des
enfants ne vont tout simplement même pas à l'école. C'est la responsabilité de
qui, ça, lorsque des enfants ne vont même pas à l'école en raison du transport
scolaire qui est absent?
Mme Massé : C'est
définitivement la responsabilité du ministre de l'Éducation. Ça fait partie de
la responsabilité du ministre de l'Éducation de s'assurer que l'ensemble des Québécois
et des Québécoises en jeune âge aient accès à l'éducation.
Ceci étant dit, je vous ai parlé, d'entrée
de jeu, de la situation dans les centres éducatifs à la petite enfance. Ça, là,
c'est une des façons, entre autres, de régler des parties de pénurie de main-d'oeuvre.
Parce que si les parents n'ont pas de place, et on sait qu'il y a plusieurs
dizaines de milliers de parents qui n'ont pas de place, n'arrivent pas à
pouvoir confier leur enfant à un endroit sécuritaire, dont un centre à la
petite enfance, bien, ils n'iront pas travailler. Et donc il y a une roue qui
tourne, qu'il faut qu'on mette fin, puis il appert qu'on est à 6 millions
de s'entendre. Je ne sais pas qu'est-ce qu'on attend.
M. Lachance (Nicolas) : Je
comprends, mais là on parle de… ils ne seraient même pas capables d'aller
porter leurs enfants à ces endroits-là, là, donc qu'est-ce qu'on fait
concrètement pour permettre à ces enfants-là de pouvoir avoir un service
scolaire? Donc, on les trouve où, les chauffeurs et les chauffeuses d'autobus?
Mme Massé : Combien de gens actuellement…
moi, je… les gens de Ma place au travail… mettons, plusieurs dizaines de
milliers de personnes qui ne peuvent pas aller travailler parce qu'ils n'ont
pas de service de garde pour les accueillir. Juste là, ça fait du monde, ça,
qui sont disponibles.
Mais, ceci étant dit, votre question est
hyper pertinente, mais je vous dis, la personne qui doit y répondre, c'est
Jean-François Roberge, le ministre de l'Éducation.
La Modératrice
: Caroline
Plante.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour, Mme Massé. Sur la grève des éducatrices, est-ce qu'on se dirige,
d'après vous, vers une loi spéciale?
Mme Massé : On le dit depuis plusieurs
jours, il faut que le gouvernement mette ça de côté. C'est notre réseau de services
de garde à la petite enfance qui est actuellement en danger. D'imposer des
conditions, alors qu'on est à 6 millions de s'entendre, ça serait un très
mauvais message à envoyer aux femmes qui, depuis des années, attendent le
rattrapage de l'État québécois. Alors, moi, je pense que Mme LeBel doit arrêter
de nous dire que les syndicats font de la résistance et elle doit reconnaître
que 6 millions, le fossé n'est pas si grand que ça, et qu'on est capable
de l'assumer collectivement pour sauver notre réseau des services de garde.
Mme Plante (Caroline) : Et
est-ce que vous vous inquiétez de l'augmentation des cas de COVID, donc
l'augmentation qu'on voit, là, récemment? Et est-ce qu'il faut aller plus vite
pour offrir une troisième dose à plus de gens?
Mme Massé : C'est sûr que
partout à travers la planète et ici, au Québec aussi, mais, si on regarde notre
situation, l'augmentation actuellement des cas de COVID, moi, m'inquiète,
comme, j'imagine, plusieurs Québécois et Québécoises. On est toujours dans quelle
est la capacité de notre système de santé d'absorber les cas d'hospitalisation.
Et, dans ce sens-là, bien, je pense qu'il faut continuer à, tout le monde, être
proche et respecter les enlignements qui nous sont proposés par la Santé
publique.
Au niveau de la vaccination, je pense que
le comité qui a été mis sur pied depuis plusieurs mois et qui a, justement, le
déploiement des campagnes de vaccination est le mieux placé pour répondre à
votre question. Je ne m'improviserai pas à ce niveau-là. Mais c'est clair que
la vaccination a et joue un rôle important dans la prévention de la propagation
du virus.
La Modératrice
: En
anglais.
Mme Greig
(Kelly) : If I can ask about day cares. We're
on day 3 of the strike, how far do you think the Government is willing to
go? Is this going to be weeks?
Mme Massé :
Three days, but as you know, next week there will be more day care in a
strike. I think that Mme LeBel and «le gouvernement de la CAQ» had
everything in their hands to put an end at this strike. This morning, we
learned that we're talking about 6 million. And, you know what, when this
same Government is ready to give 68 million to some companies «qui sont en
faillite», I don't know why he cannot put 6 million for our day care
system.
Mme Greig (Kelly) : Thank you.
La Modératrice
:
Merci. Il y a eu des demandes pour M. Marissal. Vous pouvez venir répondre
aux questions.
Mme Massé : Hein? Il était là!
La Modératrice
: On
change de chiffre.
M. Marissal : Bonjour.
M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour,
M. Marissal. Concernant le projet de loi mammouth qui va être déposé
aujourd'hui, est-ce que vous avez des attentes précises et des inquiétudes
aussi? Parce qu'on sait que vous avez déjà été critique, là, sur la question
des données de la RAMQ, entre autres, par rapport aux entreprises privées. Mais,
sur l'idée de regrouper, donner accès aux données existantes, qu'est-ce que
vous en pensez?
M. Marissal : Oui. Je n'ai évidemment
pas eu de briefing à ce jour. D'ailleurs, j'en profite pour faire la demande
officielle, là. C'est une pratique qui s'est perdue un peu d'avoir des
briefings techniques, excusez le mot en anglais, là, je ne sais pas comment le
dire en français, mais un briefing.
M. Lavallée (Hugo) : Séance
de breffage.
M. Marissal : Un breffage,
oui, c'est beaucoup plus français comme ça. Mais, en fait, je fais la demande,
là, c'est des trucs super techniques, puis le ministre Dubé nous en avait
promis un pour le projet de loi n° 11, on ne l'a toujours pas eu, alors
j'en profite pour relancer ça.
Les attentes qu'on a. Évidemment, la
dernière chose qu'on veut, je vais commencer par ça, c'est un autre brassage de
structures dans le réseau. Ça, c'est la base, là, ce réseau-là ne supportera
pas un autre rebrassage de structures.
Alors, qu'est-ce qu'on vise par ça? Si
d'aventure on vise une meilleure répartition de la main-d'oeuvre, si on vise le
suivi en continu du temps supplémentaire obligatoire, du recours aux
agences — ce que j'ai demandé d'ailleurs, j'ai demandé un rapport
mensuel là-dessus, évidemment, on ne l'a pas eu — si ça vise ça, à la
fin, c'est positif. Après ça, évidemment, pour employer un autre anglicisme, le
diable est dans les détails, là, on verra tout ça, mais là-dessus, moi, je
m'engage à participer si, évidemment, ça nous mène à une meilleure utilisation
des ressources, une revalorisation du secteur public et du personnel soignant,
dans le but, évidemment, de faire ce que le ministre a dit, c'est-à-dire se
débarrasser des agences de placement puis arrêter le temps supplémentaire
obligatoire, qui est une plaie dans le réseau. Alors, c'est pas mal ça que
j'attends de ça.
Si, par contre, on s'en va dans les folies
de M. Fitzgibbon, là, Dr Folamour avec les données de la RAMQ, là,
moi, je vous le dis tout de suite, là, je débarque. Puis on l'a dit, puis
là-dessus nous serons intraitables, les données médicales personnelles des
Québécois, des Québécoises, ce n'est pas de la chair à profit pour les
pharmaceutiques. Là-dessus, on va être intraitables.
M. Lavallée (Hugo) : Ceci
dit, une deuxième question, est-ce que ce n'est pas un peu curieux qu'en 2021
ce soit si difficile de faire en sorte que les systèmes informatiques se
parlent, qu'on ait l'information? Dans le cas des médecins de famille, là, c'est
évident, là, on nous balance toutes sortes de statistiques, puis, finalement,
il n'y a pas moyen d'avoir le véritable portrait de la productivité des
médecins. On est quand même en 2021, là, est-ce qu'il n'est pas temps d'avoir
des outils plus modernes que ça?
M. Marissal : Vous avez
raison, on a été notoirement mauvais au Québec dans tous nos systèmes
informatiques et de traitement de données. Je pense qu'on n'est pas capables
d'acheter, au gouvernement du Québec, une clé USB sans se tromper de modèle
puis payer trop cher. O.K., ça, c'est dit, là.
Maintenant, si le transfert et le
traitement de données veut dire perte de confidentialité ou risque de
privatisation et de commercialisation des données, là, je le redis, je
débarque. Mais effectivement, vous avez probablement tous et toutes eu
l'expérience d'aller chez le médecin, puis il n'a pas reçu votre document que
vous aviez pourtant fait transférer. Ça, là-dessus, c'est vrai, il serait plus
que temps qu'on arrive au XXIe siècle, je suis tout à fait d'accord avec
vous.
La Modératrice
: M.
Lachance.
M. Lachance (Nicolas) : Bien,
justement, craignez-vous des dérives, là? Si on partage tant l'information, si
le projet de loi nous amène justement à permettre le transfert de données d'un
bureau de médecin de famille à un urgentologue… ça se fait déjà, mais c'est déjà…
c'est complexe, c'est plus complexe, craignez-vous des dérives de ce projet de
loi là?
M. Marissal : J'ai toujours
une petite crainte, quand on commence à manipuler les données personnelles, ce pour
quoi il faut que ce soit fait dans les règles de l'art avec la plus grande des
prudences. Si on vise juste l'efficacité aux dépens de la protection des renseignements
personnels, on va se planter, puis c'est la population du Québec qui va en
payer le prix. Alors, on va être très, très, très vigilants là-dessus. Et là je
le redis, là, s'il y a un paragraphe ou un article de cette loi qui a été
inspiré par les élucubrations de Pierre Fitzgibbon sur les données de la RAMQ,
ils vont me trouver dans leur chemin.
M. Lachance (Nicolas) : Qui
dit données dit structure informatique. Clairement, on l'a vu pendant la
pandémie, là, il y a encore des fax au gouvernement du Québec et dans les hôpitaux.
Donc, il faut changer ces structures-là pour pouvoir avoir accès à ces
données-là puis pouvoir les utiliser de façon efficace. Ça risque de coûter une
petite fortune, on ne se mentira pas. Jusqu'où le Québec devrait payer pour ce
genre de structure là?
M. Marissal : Moi, je vais
vous dire, il faut commencer par le commencement, c'est-à-dire se réapproprier
l'expertise au sein du gouvernement du Québec. Là, on a eu la très mauvaise
habitude, depuis une vingtaine d'années, de sous-traiter et de sous-traiter nos
renseignements personnels, de sous-traiter le traitement de nos renseignements
personnels. Ça, ça fait la fortune des Bill Gates de ce monde, là, qui nous
vendent à fort prix des licences, puis après ça, à tous les six mois, ils
arrivent en disant : Ah! ça prend un «update», ça prend un «update». Et on
n'a pas les ressources à l'interne, soit parce qu'on ne les paie pas, soit
parce qu'on leur donne des mauvaises conditions de travail. Ça part par là.
Ce projet de loi là, il n'est pas en vase
clos, ce n'est pas un silo, il y a le ministre Caire aussi, qui travaille aussi
à la Protection des renseignements personnels, qui veut et qui fait des pieds
et des mains au sein du cabinet pour avoir des ressources pour engager du
monde. Si c'est ça son but, moi, je vais l'épauler. Effectivement, il faut qu'on
ramène dans le giron public nos ressources, des gens qui sont dédiés aux
services publics, pas des «peddlers» de Microsoft.
La Modératrice
:
Mme Côté.
Mme Côté (Claudie) : Juste
rapidement, votre collègue, André Fortin, a émis des doutes sur la capacité du
gouvernement à adopter tous les projets de loi en santé qu'il a mis sur la
table, là, alors qu'on part en élection rapidement. Est-ce que c'est un doute
que vous partagez?
M. Marissal : Bien, tout est
dans le consentement et la façon de fonctionner. C'est sûr que, si le
gouvernement nous arrive avec des projets de loi mal foutus, puis qu'à chaque
fois qu'on soulève une pierre on trouve d'autres affaires qu'on n'aime pas, ça
va être long. Mais ça, ce n'est pas de moi que ça dépend, ça dépend du
gouvernement. Si le gouvernement dépose des projets de loi qui sont positifs,
pour lesquels on veut et on va collaborer, très bien, ça peut se faire. Vous
savez, le dicton ici, avec le consentement, on peut tout faire. Mais on a quand
même des doutes sur certains aspects des projets de loi annoncés.
Et puis, en plus, là, pour boucler la
boucle, je n'ai pas eu les breffages techniques, notamment sur le projet de loi
n° 11, puis là on nous propose déjà… on nous promet déjà un autre projet
de loi mammouth. À un moment donné, tu ne peux pas tout mettre dans le pipeline
législatif, il va falloir qu'on avance dans l'ordre.
La Modératrice
: Merci.
M. Marissal : Merci.
(Fin à 9 h 18)