(Dix heures trente-et-une minutes)
Mme Ghazal : Alors, bonjour,
tout le monde. Comme vous le savez, bien, à Québec solidaire, on tenait notre
congrès, cette fin de semaine, et on a adopté la plateforme qu'on va présenter
lors des élections de 2022, et on a envoyé un message très, très clair aux
Québécois et Québécoises.
Une des priorités de Québec solidaire,
lors de cette élection, bien, ça va être la qualité de vie des gens : par
exemple, la semaine de 35 heures, quatre semaines de vacances par année.
Donc, l'objectif, c'est de dire : Il faut que les gens aient plus de temps
en famille, il faut que les gens aient plus de temps pour leur vie personnelle,
bref, il faut que les gens aient plus de temps pour vivre.
Et une bonne qualité de vie passe aussi
par le fait que les gens soient capables de subvenir à leurs besoins de base.
On le voit, il y a des gens actuellement qui doivent faire des choix très
déchirants entre faire une grosse épicerie pour une semaine ou entre acheter
des bottes d'hiver pour le petit dernier. Et c'est vraiment une situation très,
très difficile, de plus en plus, pour beaucoup de gens. Parce que le Québec
connaît l'inflation la plus haute depuis les 30 dernières années.
Puis ça fait mal, évidemment, aux familles
de la classe moyenne, mais aussi beaucoup aux plus vulnérables,
particulièrement aux aînés, hein? Les aînés ont été extrêmement éprouvés par la
pandémie. Il y a des gens qui en sont morts. Et aujourd'hui, avec cette
augmentation du coût de la vie, ils n'ont souvent que leur chèque de vieillesse
pour faire face à ça, et ce n'est pas suffisant du tout, du tout, du tout.
Il y a des gens qui vont voir peut-être
leur salaire augmenter, ils vont être capables de faire face à cette
augmentation de l'inflation. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Je
viens de le dire, pour les aînés, il y a des gens qui ne travaillent pas, il y
a des gens qui sont au salaire minimum.
Et Mme Sonia LeBel disait, il y a
quelques jours, quelques semaines, qu'il fallait faire des choix budgétaires difficiles.
Ce n'est vraiment pas le temps pour la CAQ d'aller vers l'austérité. On a vécu
l'austérité libérale, qui a été un cauchemar, ce n'est pas le temps de faire la
même chose, même si on l'appelle «l'efficacité caquiste», comme elle
l'avait dit. Le 25 novembre, la CAQ va présenter sa mise à jour économique,
et c'est vraiment l'occasion, maintenant, d'agir très, très rapidement pour
aider les gens les plus vulnérables.
Ce matin, je propose une idée très, très
simple qui peut être mise en place très rapidement, et c'est d'augmenter le
crédit d'impôt à la solidarité. Vous savez, au Québec, il y a 2,8 millions
de ménages qui reçoivent déjà le chèque de crédit d'impôt à la solidarité. C'est
un crédit d'impôt remboursable, donc, même les gens qui ne paient pas d'impôt
peuvent y avoir accès en reçoivent. Et la situation varie beaucoup, selon la
situation familiale, qu'on soit une personne seule, qu'on soit une mère
monoparentale, qu'on soit une famille avec deux enfants. Mais ça peut
aller en ce moment jusqu'à 1 500 $ par année par ménage. Donc, ce n'est
pas rien.
Moi, ce que je propose, aujourd'hui, c'est
de doubler, pendant six mois, le crédit d'impôt à la solidarité.
Concrètement, ce que ça veut dire : une famille de deux parents et
deux enfants vont recevoir jusqu'à 2 340 $. Un aîné qui vit seul
peut recevoir jusqu'à 1 917 $ par année. Donc, c'est de l'argent qui
est reçu directement par leurs poches. C'est une mesure simple qui peut être
faite très rapidement. Et les gens les plus vulnérables, ceux qui en ont
réellement besoin aujourd'hui, bien, ils pourraient en bénéficier rapidement.
Merci.
La Modératrice
: On va
prendre les questions.
M. Larin (Vincent) : Juste
comprendre. Doubler pour six mois à partir de maintenant?
Mme Ghazal : Oui. En fait, le
crédit d'impôt à la solidarité, il fonctionne de juin à juillet ou juillet à
juillet, pour une année. Donc, si le gouvernement le propose maintenant,
donc, ça va être applicable avant la fin de l'année du crédit d'impôt qui se
termine en juillet prochain. Donc, quelqu'un, par exemple, qui reçoit un seul
chèque — parce que ça dépend, il y a plusieurs modalités — un
seul chèque, dès... en le doublant pour six mois... Donc, son chèque, lui,
normalement, il devrait le recevoir au mois de juillet. Ça, il va le recevoir.
Mais, avec la mesure que je propose, dès le mois de janvier, il va recevoir un
chèque pour ses six mois. Ça, c'est un exemple simple. Après ça, il y a
d'autres modalités. Donc, c'est à partir de maintenant, pour qu'avant le mois
de juillet 2022 toutes les personnes aient pu bénéficier de cette
augmentation de six mois.
M. Larin (Vincent) : Ça, ça
serait à tous les ans?
Mme Ghazal : Moi, ce que je
propose, c'est une mesure juste temporaire à cause de l'augmentation du coût de
la vie de l'inflation. Parce que ce n'est pas facile de prédire quel va être le
taux d'inflation, après. Quand on va savoir, plus tard, quel va être le taux
d'inflation — est-ce qu'il va y avoir un ralentissement, est-ce qu'il
va continuer à augmenter — là, il faudrait revoir la mesure que je
propose maintenant. On a un minibudget, il faudrait faire une mesure rapidement
maintenant.
M. Larin (Vincent) : Est-ce
qu'on a une idée de combien ça pourrait coûter?
Mme Ghazal : Oui. En ce moment,
le crédit d'impôt à la solidarité coûte 1,8 milliard de dollars. Donc, si
j'augmente de moitié, c'est 900 millions que ça va coûter.
M. Lavallée (Hugo) : Sauf
qu'en même temps, ce qu'on constate ces derniers mois, c'est que l'inflation
est en hausse, entre autres, parce qu'il y a eu beaucoup d'injections de fonds
publics, ces dernières années, entre autres avec la PCU, la PCRE, là. Si on
ajoute un nouvel investissement de fonds publics, est-ce que vous ne craignez
pas que ça ait un effet de spirale puis que, là, on fait juste contribuer à
rehausser encore l'inflation?
Mme Ghazal : Il y a beaucoup
de causes qui contribuent à l'inflation. Il y a, par exemple, toute la chaîne
d'approvisionnement à l'international qui fait que les matières n'arrivent pas
vite, l'augmentation de l'essence. Un des facteurs, oui, a été le fait d'avoir
injecté de l'argent. Mais là il y a des gens, puis on l'a vu aujourd'hui dans
le Journal de Montréal, 17 % des ménages... ça, c'est depuis
le mois d'avril, 17 % des ménages qui vivent une insécurité alimentaire.
Ça, ça veut dire, c'est des enfants qui vont à l'école le ventre vide, des
familles, pour la première fois, qui vont dans les banques alimentaires. Ce n'est
pas le temps de lésiner puis de dire : Oh! on va contrôler l'inflation en
donnant moins d'argent aux gens. Ce n'est pas comme ça qu'on va y arriver.
M. Lavallée (Hugo) : Mais, en
même temps, comment on explique, alors, que le taux d'épargne a augmenté ces
dernières années, là? Depuis le début de la pandémie, on...
Mme Ghazal : Le taux de... Je
n'ai pas entendu.
M. Lavallée (Hugo) : Le taux
d'épargne. Là, on voyait que les gens mettent plus d'argent de côté, justement,
parce que le revenu disponible a augmenté. Si on avait tant besoin de ça de cet
argent-là, on n'épargnerait pas plus?
Mme Ghazal : C'est parce
que... Vous savez, M. Legault aime beaucoup parler des différences et des
inégalités entre le Québec... les écarts entre le Québec et l'Ontario. Mais, au
Québec même, il y a beaucoup d'écarts de richesse, il y a des inégalités
économiques qui existent. Il y a des gens qui... L'inflation, c'est juste un
ajustement, là, dans leur budget, un petit ajustement. Et ils vont voir leur
salaire augmenter. Puis il y a des gens qui ont été capables de mettre de
l'argent de côté, beaucoup. Donc, de façon macro, c'est beaucoup.
Mais il y a beaucoup, beaucoup de gens qui
vivent dans la pauvreté au Québec. Quand on dit que le crédit d'impôt à la
solidarité est reçu par 1,8 million de ménages... excusez-moi, j'ai comme
un blanc de mémoire, par 2,8 millions de ménages, ça, ça veut dire, c'est
beaucoup de gens qui n'ont pas des très hauts salaires. Donc, il y a des gens
qui n'ont pas pu mettre de l'argent de côté, et, en ce moment, ils souffrent de
cette augmentation du coût de la vie. Ce n'est pas pareil pour tout le monde. Et
le crédit d'impôt à la solidarité vient aider, justement, ces personnes-là
précisément.
Journaliste
: Sur un
autre sujet...
M. Larin (Vincent) : Oui, là,
mais juste compléter. Parce que, là, on parle quand même… Tu sais, je pense que
l'enjeu aussi, avec l'inflation, c'est qu'on ne sait pas non plus qu'est-ce que
ça nous réserve pour l'avenir. Avec une mesure comme ça qui est spontanée,
temporaire, est-ce que ce n'est pas plutôt pelleter le problème, là, balayer
sous le tapis, un peu, le problème, de pelleter... le renvoyer à demain?
Mme Ghazal : C'est vrai, vous
avez raison qu'il faut aussi, en plus qu'on fait ça... Puis c'est ce que Québec
solidaire, on propose. Là, c'est une mesure, maintenant, temporaire, à cause de
l'urgence de la situation. Mais il y a des mesures plus structurelles, comme,
par exemple, l'augmentation du salaire minimum. Il y a des gens qui ont le
salaire minimum et qui vont dans les banques alimentaires. Il y a, par exemple…
Puis il y a d'autres mesures, aussi, qu'on
a proposées. Le gel des loyers, oui, ça aussi, c'est une mesure temporaire à
cause de la situation des loyers. Hydro-Québec, à cause d'une décision, je vais
la qualifier comme je le pense, stupide du gouvernement de dire qu'on va
laisser Hydro-Québec augmenter selon le taux de l'inflation, on voit ce qui va
arriver : au mois d'avril, les gens vont voir leur facture augmenter de
beaucoup. Il y a des gens qui ne seront pas capables de la payer. C'est nous,
dans nos bureaux, qui allons recevoir l'appel de ces gens-là. Donc, il faut
décréter un gel et permettre à la Régie de l'énergie de voir quelle est la
bonne augmentation d'Hydro-Québec qui doit être permise.
Donc, il y a toutes sortes d'autres
mesures qui doivent être mises en place pour réduire la pauvreté, au Québec,
pour réduire les inégalités économiques.
Mais là, à cause de la situation
d'urgence, en attendant que le gouvernement de la CAQ nous écoute et fasse ces
mesures-là, on lui propose, je lui tends la main : voici une mesure,
rapidement, pour les plus vulnérables, qui va être envoyée de façon
chirurgicale aux gens qui en ont vraiment besoin. Puis ça va vraiment, vraiment
faire une différence dans leurs poches d'avoir autant... D'avoir plus de 700 $
dans leurs poches, là, pour une famille avec enfants, c'est beaucoup d'argent
pour ces personnes-là. Ça va leur faire du bien. Il faut prendre soin des plus
vulnérables, et ça, c'est une mesure pour le faire.
M. Lavallée (Hugo) : Et vous
disiez tout à l'heure, donc, que ça allait coûter à peu près 900 millions,
cette mesure-là. Sauf qu'il y a déjà un déficit important puis même un déficit
structurel, là. On sait que le ministre des Finances a identifié, je pense, un
déficit structurel de 6,5 milliards, au cours des prochaines années, à
résorber. Qu'est-ce qu'on doit faire, justement, pour résorber ce déficit-là? Est-ce
qu'il y a lieu, déjà, d'annoncer des mesures qui vont faire en sorte que ce
déficit-là va s'atténuer ou on remet ça à après les prochaines élections?
Comment vous voyez ça?
Mme Ghazal : Bien là, en temps
de... où il y a beaucoup, beaucoup de pression sur nos services publics, il y a
des gens qui souffrent, et tout ça, ce n'est pas le temps de dire : Ah! qu'est-ce
qu'on fait? Puis c'est ça qu'on a fait, au début de la pandémie. On n'a pas dit :
Oh! on ne veut pas empirer le déficit. On a donné de l'argent parce qu'il y a
une situation d'urgence. Et c'est un petit peu la même chose avec l'inflation.
Donc là, il ne faut pas lésiner, il faut le faire.
En même temps, le gouvernement a révisé,
M. Eric Girard a révisé au moins à deux reprises le déficit. Il le prévoit
comme étant beaucoup moins élevé. Au début, il disait 15 milliards. Récemment,
c'était beaucoup moins que ça, puis il a prévu qu'il allait être résorbé d'ici
2027-2028. Et je crois qu'on va aussi avoir… il va réviser encore une fois à la
baisse le déficit. On va le savoir jeudi, si ça va être le cas. Donc, ce n'est
pas ça, le problème. Avec le 900 millions, nous ne sommes pas en train
d'empirer le déficit. Il y a une marge de manoeuvre pour le gouvernement, il y
a des leviers.
Et j'ajouterais à ça que Québec solidaire
a fait aussi des propositions pour augmenter les revenus de l'État. On l'a fait,
il y a quelques mois : un bouclier anti-austérité, impôt de pandémie. Il y
a des gens, il y a des entreprises qui ont largement profité... Amazon, par
exemple, et d'autres, pour ne pas les nommer, qui ont largement profité de la
situation de la pandémie. Il faut que ces gens-là paient leur juste part
d'impôt. Taxer les plus grands pollueurs. On parle de la lutte aux changements
climatiques, la crise climatique. Il faut taxer les plus grands pollueurs. Ça
nous permet, puis on a tout chiffré ça, d'avoir de l'argent. Taxer les
fortunes, les grandes fortunes. Il y a même des jeunes fortunés, des grands
riches héritiers qui ont dit : Il y a une situation terrible, en ce moment,
qui se passe; taxez-nous. C'est très peu d'argent dans leurs poches, à ces
riches-là.
Donc, il y a d'autres façons d'aller
chercher de l'argent que de priver les plus vulnérables d'augmenter leurs
crédits d'impôt.
M. Lavallée (Hugo) : Mais ma
question, c'était plus philosophique. À long terme, êtes-vous d'accord avec cet
objectif-là de rétablir l'équilibre budgétaire d'ici, je pense, 2027-2028, là,
qui est l'objectif, puis de prendre les mesures nécessaires?
Mme Ghazal : À Québec
solidaire, on est contre la religion qui est autour du déficit zéro. On dit :
Bien, ce n'est pas grave, les gens, ils vont se serrer la ceinture parce qu'on
veut atteindre le déficit zéro. Nous, à Québec solidaire, on remet en question
cette façon de voir.
Quand nos services publics sont mis à mal,
quand notre système de santé est mis à mal, quand les gens quittent notre
réseau public, quand on n'arrive pas à recruter des enseignants, c'est ça,
l'urgence. C'est ça, l'objectif d'un État, d'un gouvernement, c'est de prendre
soin du monde, de s'assurer qu'on ait accès à ces services essentiels.
Et, si on veut une illustration, je veux
dire, on n'a pas besoin d'aller chercher très loin. La pandémie a été un moment
qui nous a montré à quel point il y a des trous dans notre filet social. Et
c'est ça qui doit être la priorité d'un État puis, en même temps, d'aller
chercher l'argent là où elle se trouve. Et on a des mesures chiffrées très,
très concrètes, pour ne pas dire : Ah! l'argent est… Québec solidaire
pense que l'argent pousse dans les arbres. Pas du tout. Toutes les mesures
qu'on propose pour aller chercher de l'argent, le gouvernement s'en prive. Je
ne le sais pas pourquoi. Il faut leur poser la question. Et au final, c'est les
services publics, c'est les services aux citoyens, aux citoyennes qui doit être
la priorité et non pas uniquement d'atteindre le déficit zéro en empirant la situation
des plus vulnérables.
M. Larin (Vincent) : J'aurais
une question sur un autre sujet, peut-être, Mme Ghazal, concernant… Bon,
on a vu, là, le Parti libéral réitérer ses demandes pour une enquête publique à
la suite des révélations qui ont eu cours, là, durant la dernière semaine aux
audiences de la coroner Géhane Kamel. Le Parti québécois aussi fait la même
demande. Est-ce que vous considérez qu'à la lumière des nouvelles informations
qui sont apparues, aussi, il y a lieu de tenir une enquête publique?
Mme Ghazal : Oui, une
commission d'enquête publique indépendante. Hier, nos membres, les délégués qui
étaient présents au congrès de Québec solidaire, ont voté à l'unanimité la
tenue d'une commission d'enquête publique et indépendante. Et, c'est sûr et
certain, vous allez entendre mon collègue Vincent Marissal, responsable à la
santé, Gabriel, tout le monde pousser pour que cette enquête-là ait lieu. Puis
tant mieux si tous les partis poussent dans le même sens pour faire entendre
raison au gouvernement de la CAQ et à M. Legault.
M. Larin (Vincent) : Je ne
sais pas si vous avez suivi les auditions, un petit peu, de la coroner. Est-ce
que vous considérez qu'il y a des informations, peut-être, qui sont sorties qui
méritent qu'on s'y penche plus précisément?
Mme Ghazal : Sûrement qu'il y
a des choses qui sortent de là qu'il va falloir s'y pencher. Mais je vous
inviterais à poser la question à Vincent Marissal qui a suivi le dossier de A à
Z puisqu'il est responsable du dossier.
M. Larin (Vincent) : Puis
j'aurais juste une dernière question, peut-être, aussi concernant les positions
qui ont été adoptées pendant votre congrès, notamment pour l'atteinte, là, de
la cible de 55 % de réduction de GES. Je comprends que tout ça va être
chiffré, éventuellement, dans votre plateforme électorale?
Mme Ghazal : Exact. En 2018,
nous avions une cible et nous avons présenté un plan de transition chiffré, et
ça va être exactement la même chose qu'on va faire en 2022. Nous avons une
cible, mais l'important, c'est comment est-ce qu'on va l'atteindre. Et nous
allons travailler sur des mesures concrètes, chiffrées, sur comment on va
l'atteindre.
M. Larin (Vincent) : Certaines
personnes vous reprochent de mener le Québec vers la décroissance ou, du moins,
une crise économique, là, sans le dire, puisque le projet que vous présentez
découlerait... Qu'est-ce que vous avez à répondre à ça?
Mme Ghazal : Les décisions du
gouvernement de la CAQ, le plan vert très, très, très pâle du gouvernement de
la CAQ, c'est ça qui va nous mener vers la décroissance. Les études, les
compagnies d'assurance... c'est démontré, l'inaction va faire en sorte que ça
va nous coûter extrêmement plus cher. Il va y avoir des secteurs de l'économie
qui vont s'arrêter.
Regardez ce qui se passe en
Colombie-Britannique. C'est ça qui va arriver. La pandémie... on a fermé
l'économie, face à l'urgence, à cause de la pandémie. C'est ça qui va arriver,
lorsqu'on aura plus d'inondations, plus de vagues de chaleur qui vont faire en
sorte que les plus vulnérables, toujours les mêmes, les aînés notamment, vont
décéder. Ça va avoir un impact sur l'économie tôt ou tard.
On préfère prévenir au lieu d'attendre,
d'être dans l'inaction, de construire un tunnel dans notre fleuve, le troisième
lien, qui va coûter 10 milliards de dollars qui pourraient aider à
d'autres choses beaucoup plus importantes qu'un État devrait faire, un État
responsable doit faire. Et donc c'est la CAQ qui va nous mener à la
décroissance économique.
M. Lavallée (Hugo) : Le
premier ministre, cette fin de semaine, réagissant à vos propositions, disait :
Bon, combien de voitures il va falloir éliminer sur les routes du Québec pour
atteindre l'objectif de 55 %? Avez-vous une réponse à lui donner?
Mme Ghazal : Bien, nous, on
éliminerait toutes les voitures sur le futur troisième lien, pour commencer.
Écoutez, comme je le dis, nous allons chiffrer. C'est sûr que, je veux dire, il
n'y aura pas des surprises énormes : plus de transport en commun. Ça n'a
pas de bon sens qu'on ait un pont, là, qu'on reconstruit, de l'Île-aux-Tourtes,
puis aucune voie réservée. Ça, c'est la base. Donc, plus de transport en commun;
investissements massifs pour rattraper le retard que le Québec a; une
agriculture beaucoup plus proche des gens, une agriculture beaucoup plus
humaine. Vous allez voir, il y a beaucoup, beaucoup de
propositions — les énergies renouvelables — beaucoup de
propositions. On en a. On en parle depuis très, très longtemps et là on va
arriver avec des propositions chiffrées pour dire comment est-ce qu'on va
atteindre le 55 %. C'est la science qui nous l'impose.
Il y a eu aussi des gens de la société
civile, des syndicats, des groupes écologistes qui ont dit : Attention, il
y a la COP, le GIEC, voici qu'est-ce qu'il nous demande de faire comme effort. Et
au Québec, nous avons une responsabilité historique, surtout par rapport aux
autres pays qui n'ont pas, eux, contribué aux émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons une responsabilité historique de solidarité, aussi, pour réduire nos
émissions de gaz à effet de serre. Il faut qu'on soit parmi les meilleurs et il
faut arrêter de faire comme M. Legault l'a fait, nous comparer avec les pires
puis dire : Bien, on est les moins pires. Nous, on veut être les meilleurs
en matière de lutte aux changements climatiques. Au Québec, on a tout ce qu'il
faut pour ça.
M. Lavallée (Hugo) : Merci.
La Modératrice
:
Dernière question.
M. Larin (Vincent) : Oui, une
dernière question là-dessus. Parce que je pense que ce que vous proposez
implique quand même des changements dans la vie des gens, là, au quotidien.
Vous dites : plus de transport en commun, une agriculture plus humaine. Et
ça va impliquer, je pense, l'atteinte de cette cible-là, une réorganisation
importante. Est-ce que vous considérez que vous êtes transparents sur les
changements que ça va demander pour tout le monde, là, dans la société?
Mme Ghazal : Bien, le plan, on
va le publier puis on va le rendre public. C'est ce qu'on a fait, la dernière
fois, sur les propositions que Québec solidaire amène. C'est plus de
verdissement. C'est sûr qu'on est transparents. Puis, oui, ça va avoir un
impact puis des changements.
Je vous donne un exemple. Moi, par exemple,
j'habite à côté de deux stations de métro, dans le merveilleux comté de Mercier,
sur le Plateau Mont-Royal. Est-ce que j'ai besoin d'une voiture électrique? En
fait, je n'en ai pas, parce que ça facilite ça. Mais Émilise, par exemple,
Émilise Lessard-Therrien, qui habite Rouyn-Noranda—Témiscamingue, elle, oui,
elle en a besoin parce qu'elle habite dans la ruralité. Et là, il y a des
mesures comme ça, il va y avoir des changements de cette façon-là. Et, pour que
les Québécois suivent, il faut commencer maintenant à les mettre en place pour
ne pas que, quand ça va être catastrophique puis qu'on n'a pas le choix, que,
là, ça soit imposé aux Québécois.
Donc, nous sommes transparents et nous
allons avoir un plan très détaillé, très chiffré, que tous les Québécois vont
pouvoir voir et savoir à quoi s'en tenir. Parce que la planète, la science
l'exigent. Nous n'avons pas le choix. Ça, M. Legault ne le comprend pas
encore, et un jour ça va nous péter en pleine face. Et à Québec solidaire,
bien, on dit que c'est maintenant qu'il faut agir, pas quand il va être trop
tard.
La Modératrice
: Merci.
Mme Ghazal : Merci.
(Fin à 10 h 51)