(Dix heure une minute)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Joël
Arseneau, notre porte-parole en matière de santé et chef parlementaire. Il sera
suivi du chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à
vous.
M. Arseneau : Merci, Laura.
Bonjour, tout le monde.
Eh bien, aujourd'hui, ça va faire une
dizaine de jours que le gouvernement a annoncé sa petite révolution dans le
domaine de la santé pour ramener au bercail ou retenir les infirmières. Vous
savez qu'il en manque 4 300. Le défi est colossal. On a commencé à voir
des chiffres concernant ces primes que le gouvernement a annoncées et on voit
que les résultats ne sont pas au rendez-vous. Dans la région de Québec, à tout
le moins, au CHU de Québec, on parle de quatre nouvelles embauches, à
l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, sept
embauches, au CIUSSS de la Capitale-Nationale, au CISSS de
Chaudière-Appalaches, aucune embauche.
Alors, ce qu'on souhaite, c'est que le
gouvernement nous donne les chiffres qu'il a et qu'il puisse faire rapport sur
une base régulière de l'évolution des choses pour éviter de frapper un mur,
pour éviter d'arriver à une impasse dans quelques semaines, impasse qui
mènerait à des bris de service, que le gouvernement a commodément appelé des
réorganisations de services, mais qui touchent les familles un peu partout à
travers le Québec.
On sait surtout que le gouvernement, dans
son plan, y est allé d'un investissement de 1 milliard de dollars, et il
doit rendre compte, donc, de son programme, de son plan, de cet engagement. Mais
on sait également que ce n'est pas ce que les infirmières demandaient, mais
plutôt l'amélioration des conditions de travail.
Donc, il faut que le gouvernement puisse
aller vraisemblablement plus loin si on voit que son plan, comme on l'anticipe,
ne fonctionne pas, et qu'il aille de l'avant avec des dates et des engagements
formels concernant la fin du temps supplémentaire obligatoire pour le personnel
de la santé, et qu'il annonce aussi qu'il mettrait fin au recours aux agences
privées dont on est complètement dépendant, donc qu'il touche les véritables
enjeux dans le domaine de la pénurie de la main-d'oeuvre en santé, particulièrement
chez les infirmières.
Là-dessus, mon chef, Paul St-Pierre
Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Joël. Bonjour, tout le monde.
Ce matin, un sujet qui vient particulièrement
me chercher, c'est celui des paradis fiscaux. Mettez-vous dans la peau de
l'éducatrice qui gagne 40 quelques mille dollars par année, qui, ce matin,
entend parler d'augmentations, et qui voit en parallèle l'inaction de nos gouvernements
par rapport à des gens très, très riches, qui réussissent depuis des années,
avec la tolérance de nos gouvernements à contourner les impôts, à envoyer leur
argent dans les paradis fiscaux… Nous, au Parti québécois, depuis 2018 qu'on
dit que ce devrait être interdit pour la Caisse de dépôt d'utiliser ou de faire
affaire avec les paradis fiscaux. On dit également que le gouvernement devrait
s'interdire de faire affaire avec toute compagnie ayant un lien avec les
paradis fiscaux.
Bref, il y a vraiment quelque chose à
faire, mais il n'y a pas de volonté politique. On le sait, le Canada est un
cancre en matière de lutte aux paradis fiscaux. Et on a n'a pas tous les
pouvoirs. C'est pour ça que je suis indépendantiste. Et le peu de pouvoirs
qu'on a au Québec pour lutter contre les paradis fiscaux, bien, on ne l'utilise
pas lorsqu'on se refuse à placer des balises au niveau de la Caisse de dépôt,
lorsqu'on se refuse à se donner, comme gouvernement, des règles pour qu'on ne
fasse pas affaire avec les compagnies qui, on le sait, ont un pied dans les
paradis fiscaux. Moi, je pense que c'est une question de principe. Ça fait des
années que le Parti québécois cogne sur ce clou-là. Et malheureusement la CAQ
offre une continuité aux libéraux en matière d'inaction dans les paradis
fiscaux.
Alors, sur ce, je prendrai vos questions.
La Modératrice
: Une
question, une sous-question, s'il vous plaît.
M. Larin (Vincent) :
M. St-Pierre Plamondon, les députés de Québec solidaire ont annoncé qu'ils
se représenteraient en fin de semaine. Est-ce que c'est le cas pour votre
caucus?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ah! la question n'a pas été posée. J'ai répondu souvent que ça serait
ultérieurement... Puis ce qui se passe chez Québec solidaire ne détermine
nullement, là, ce que nous, on a comme rythme puis comme calendrier d'annonces.
Mme Côté (Claudie) : Vous
voulez leurs réponses pour quand?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Début de l'année prochaine. Puis, encore là, c'est une discussion qu'on n'a pas
eue formellement au caucus. Donc, on n'est pas tenus par les autres partis…
M. Larin (Vincent) : Bien,
minimalement, tu sais, vous mettez une échéance au début de l'année prochaine
pour être prêts…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui.
Mme Côté (Claudie) : Qu'est-ce
que vous avez pensé de ce que certains appellent le mea culpa ou… du moins, de
cette lettre de M. Legault, hier, sur les médias sociaux, où il admet
qu'il a manqué de solidarité et de compassion?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je pense, c'est un pas dans la bonne direction. Je salue cette
initiative-là. Maintenant, on va voir, dans le concret, ce que ça donne au
cours des prochaines semaines. Puis c'est sûr que nous, on va regarder, au Parti
québécois... Vous noterez qu'on est le seul parti à ne pas avoir joué à ce
jeu-là des décibels puis de la polarisation. Et là on sent une intention qui
est sincère. Bien, espérons que ça se traduise par des résultats au niveau du
ton, mais surtout au niveau des actions concrètes, parce que c'est de ça dont
on devrait parler.
Qu'est-ce qui arrive avec le principe de
sécurisation culturelle qu'on demande depuis plusieurs mois? Qu'est-ce qui
arrive avec l'idée d'une commission parlementaire qui nous permettrait de
parler aux nations autochtones et d'avancer sur certains dossiers? Ce qu'on va
mesurer, au cours des prochaines semaines, c'est : est-ce qu'il y a bel et
bien un changement de ton et est-ce qu'il y a bel et bien des actions? C'est ça
qu'on demande, au Parti québécois.
M. Lacroix (Louis) : …la
lettre de M. Legault, qui a été mise sur pause pendant sept heures hier, c'est
que le ton a peut-être changé, la forme a peut-être changé, mais le fond du
message reste le même, il n'y a pas de reconnaissance du racisme systémique. Aujourd'hui,
là, c'est le dépôt du rapport de la coroner Kamel, qui recommande justement… qui
dit qu'il faut reconnaître le racisme systémique. Il n'y a aucun pas de
M. Legault fait dans cette direction-là, là, depuis la semaine dernière, même
s'il reconnaît que ce n'était peut-être pas la bonne forme...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, oui, mais je pense que c'est un commentaire sur le ton et la forme. Avoir
des désaccords à l'Assemblée nationale, ça fait partie de la démocratie. Là où il
y a un enjeu, c'est lorsqu'on polarise à outrance des discussions qui devraient
faire l'objet de beaucoup de respect. Ça, c'était problématique. Et tant mieux
si, au cours des prochaines semaines, à l'invitation du Parti québécois… Parce
qu'on a demandé souvent… On a déploré ce ton-là puis on a décidé de ne pas
jouer à ce jeu-là. Tant mieux si on voit un changement au niveau de la forme.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
comment est-ce que le gouvernement doit réagir au rapport...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je ne présume pas de la réaction du gouvernement. On va attendre...
M. Lavallée (Hugo) : ...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Un premier ministre qui est sensible à ces questions-là va s'inspirer de
propositions comme celle du Parti québécois, inspirée du rapport Viens,
d'instaurer un principe de sécurisation culturelle, avec des mécanismes et des
ressources pour s'assurer que ce soit sécure pour les autochtones d'utiliser un
hôpital partout au Québec.
M. Lacroix (Louis) : Mme
Kamel, on le sait, là, elle a dit… on le sait, vendredi, il y a eu des fuites,
puis le rapport, on le connaît, là, tout le monde l'a consulté.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, exact.
M. Lacroix (Louis) :
Elle dit qu'il faut commencer par reconnaître le racisme systémique, que le
racisme systémique existe. Est-ce que ça change votre position à vous?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Absolument pas. Nous, on est très conscients puis on reconnaît que, dans ce
décès accidentel, le racisme a contribué au décès. On trouve ça très grave. Maintenant,
est-ce que c'est le rôle d'un coroner d'imposer un biais idéologique et de
tirer des conclusions sociologiques? Moi, je rappelle que le rôle d'un coroner,
c'est de tirer des conclusions factuelles sur les circonstances du décès.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
elle outrepasse son mandat?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, elle va plus loin que le mandat d'un coroner. Et nous, on pense qu'il y a
un consensus sur le fait que le racisme a contribué à ce décès-là. Il y a un
consensus sur le fait que c'est inacceptable. Et donc le consensus en ce moment
devrait être de poser des gestes concrets, imposer des changements pour que ça
ne se reproduise plus jamais, plutôt que de tenter d'imposer un vocabulaire,
une idéologie, parce que, clairement, ça entraîne un blocage à l'Assemblée
nationale en ce moment.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Selon vous, pourquoi elle va plus loin que son mandat?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Parce que le rôle d'un coroner, c'est de constater les faits entourant un
décès. Là, on a une coroner qui tire des conclusions sociologiques, attribue à
un système qu'on n'est pas capables de définir… et qui, donc, impose un biais
idéologique. Moi, je pense qu'avec la polarisation qu'on a connue au cours des
dernières semaines je préférerais nettement qu'on se concentre sur les
consensus, à savoir que le racisme est un problème. Il a contribué au décès de
Joyce Echaquan. C'est inacceptable. Et, par conséquent, on va imposer des
changements dans la façon dont fonctionnent nos hôpitaux. Ça, ça devrait être
le consensus sur lequel on travaille.
Mme Côté (Claudie) : C'était
quoi, son objectif, à Mme Kamel, en l'écrivant comme ça, c'était de
s'imposer dans le débat politique, c'était de forcer…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Posez-lui la question. Je n'en ai aucune idée.
Mme Côté (Claudie) : Mais vous
convenez quand même qu'elle avait un mandat plus large?
M. Carabin (François) :
Est-ce que ça jette une ombre sur le reste du rapport ou ça le rend…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non. Moi, j'accueille ce rapport-là sur le plan factuel, ce qui découle du
mandat d'un coroner, à savoir qu'il y a eu des paroles puis des gestes racistes
et que ça a contribué au décès. Moi, j'accepte les constats factuels et je veux
qu'on travaille rapidement là-dessus. Je suis surpris, par contre, là, des
conclusions sociologiques et idéologiques qui sont utilisées par la coroner.
Mais, en même temps, moi, je vous le dis,
là, ça fait des semaines de polarisation sur le sujet du systémique, là.
J'implore les autres partis politiques à ce qu'on travaille ensemble pour que
ces gestes de racisme là ne reviennent pas, parce que, si on passe encore
plusieurs semaines à se chicaner sur le mot «systémique»… Nous, au Parti
québécois, on parle de racisme institutionnel. C'est peut-être une voie de
passage. Mais trouvons, s'il vous plaît, une façon de travailler ensemble pour
que ce dossier-là avance, parce qu'en ce moment il n'avance pas, et c'est vraiment
déplorable.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
vous admettez quand même que, Me Kamel, elle avait un mandat quand même
élargi avec l'enquête publique. Il y a eu plein d'experts qui ont contribué au
volet recommandations, des gens qui n'avaient pas nécessairement un lien avec
Mme Echaquan. Donc, vous trouvez qu'elle va trop loin. Est-ce qu'elle erre
dans sa conclusion? Parce qu'elle a écouté des gens qui sont du milieu, du système,
le Dr Vollant. Il y a eu des gens qui sont spécialisés, là, dans la
question autochtone et dans le racisme. Elle n'avait pas à aller jusque-là, d'après
vous?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
À nouveau, le rôle d'un coroner est de tirer des conclusions sur les faits, les
circonstances entourant un décès. Et, moi, ce que je constate, c'est il y a une
partie de notre société qui veut absolument imposer le mot «systémique». Il y a
une autre partie de notre société qui voit des problèmes sérieux à ce
concept-là. Et on ne pourra pas demeurer encore des mois dans l'inaction juste
parce qu'on ne s'entend pas sur ce mot-là.
Des voix
: …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non. Moi, je ne demande absolument pas de réprimande. Vous me demandez ma
réaction à ce que j'ai entendu, là, par rapport à ce rapport-là. Je vous la
livre, mais soyons constructifs. Je ne demande pas des réprimandes. Je demande
simplement qu'on travaille ensemble. Nous, on utilise un vocabulaire qui
pourrait peut-être être une voie de passage, «racisme institutionnel». Puis,
même si on ne s'entend pas, là, au cours des prochaines semaines, sur ce
mot-là, moi, je vous demande : Est-ce qu'on peut s'entendre sur un certain
nombre de gestes structurants qui vont garantir à tout le moins que ces
événements-là ne se reproduiront plus? Ça serait ça, changer de ton, en ce
moment, à l'Assemblée nationale.
Mme Lajoie (Geneviève) : Le Parti
québécois ne cesse de descendre dans les intentions de vote. Est-ce que vous
avez l'impression que l'électorat ne vous entend pas…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Moi, je ne commenterai pas les sondages un par un. Rappelez-vous, là, moi,
j'étais à 5 % dans la course à la chefferie de l'an dernier puis je l'ai
gagnée. Puis, dans ma course à la chefferie de 2016, j'étais à 1 %. Puis, quand
on demandait qui ferait le meilleur chef du Parti québécois, à cette époque-là,
j'obtenais 2 %. On n'est pas en politique pour les sondages. Les sondages
fluctuent. Et ma conviction, en politique, c'est que, quand on défend ses idées
avec sincérité, avec conviction, ces choses-là évoluent. Donc, nous, on est en
politique parce qu'on défend des idées fondamentales comme celles de
l'indépendance, de la langue française, de l'environnement, où on ne va pas
assez loin. Ce matin, je vous parle des paradis fiscaux. Ça fait partie de nos
convictions. On va continuer à faire de la politique sur la base de nos
convictions. Puis les sondages évolueront comme ça évolue souvent, mais on
n'est pas en politique pour les sondages.
M. Larin (Vincent) : Vous
pensez que vous avez une chance de l'emporter en 2022?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, de la même manière que je l'ai emporté… que tout est possible en politique.
Mais retenez qu'au Parti québécois on est là par conviction, sur la base de nos
idées, et qu'on ne peut pas commenter chacun des sondages comme si ces
sondages-là étaient immuables. Ce n'est pas le cas. L'important, c'est de bien
défendre ses convictions puis que ce soit sincère.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
qu'est-ce qui explique la domination de la CAQ?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je ne commenterai pas… Je n'essaierai pas de faire du commentariat sur chacun des
sondages.
La Modératrice
: Une
dernière question en français? Sinon on passe en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Mr St-Pierre Plamondon, the rest of Canada will watch today the reaction of
Premier Legault on Joyce Echaquan… the presentation of her report, and whether
or not he will say that there is systemic racism in Québec. What do you think
the Premier should do to be up to his responsibility today?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : The responsibility of the Premier is
to go beyond the fact that, in Québec, there are people who want to force the
concept of systemic racism into our vocabulary and other people who are really
opposed to that. So what do we do now? And I think the Premier needs to be up
to the challenge by proposing very concrete measures that insure that what
happened to Joyce Echaquan will never happen again, and that should be the
focus right now.
Mme Senay (Cathy) : But how do you see the fact that, when you read the report of Ms.
Kamel, like, this is her first recommendation, that the Government of Québec recognizes systemic
racism? Are you against or in favor of this recommendation?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I think we shouldn't use the concept
of systemic racism. I've said that on several occasions. And I think that the
coroner's mandate is to establish the facts and the circumstances surrounding
the death of Joyce Echaquan, not to impose an ideological bias or sociological
conclusions that is outside the scope of the mandate of the coroner.
Mme Senay (Cathy) : She went too far?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I'm receiving positively the factual
conclusions in the report, but, as to sociological conclusions and ideological
positions, I think that's up to the National Assembly.
Mme Senay (Cathy) : When she said that the way to reconciliation is a very long and
difficult path ahead or road ahead, what do you think about this as of now?
What should change in Québec?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Well, we, last week, at the Parti québécois, suggested that we should
have a special commission, a parliamentary commission to have a dialog between
First Nations and Quebeckers.
So why not use a space where we can have a conversation and move things
forwards to make sure that we are up to that challenge?
Mme
Senay (Cathy) : Merci.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 10 h 18)