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Point de presse de M. Martin Ouellet, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’affaires autochtones

Version finale

Le jeudi 30 septembre 2021, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures une minute)

La Modératrice : Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, M. Martin Ouellet, notre porte-parole en matière d'affaires autochtones. Il sera suivi du chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à vous.

M. Ouellet : Bonjour à tous. Aujourd'hui, c'est la Journée nationale sur la vérité et la réconciliation, et, vous savez, on n'est pas des grands fans des décisions du gouvernement canadien, mais celle de créer une journée fériée était une bonne décision. Et on ne comprend pas, encore aujourd'hui, comment se fait-il que le gouvernement de la CAQ n'ait pas voulu que cette journée soit fériée pour l'ensemble des Québécois et Québécoises, pour qu'on ait ce temps d'arrêt et ce moment de réflexion sur ce qui s'est passé auprès des Premières Nations  et des Inuits.

On a entendu parler beaucoup des enjeux autochtones cette semaine, et malheureusement c'est par la chicane, par de l'appropriation, par des débats insolubles à l'Assemblée nationale, et je veux être certain que ce qui s'est passé cette semaine ne soit pas ce qui va se passer dans les semaines subséquentes. Il va falloir qu'on continue ensemble d'avoir cette discussion sur les enjeux et les Premières Nations et les Inuits et de quelle façon la nation québécoise, et les Premières Nations, et les Inuits, on est capables de se réconcilier et d'avancer.

Aujourd'hui, c'est la journée pour les peuples autochtones, et on veut quand même rappeler ce que le Parti québécois a fait depuis les dernières dizaines, vingtaines d'années. On a créé une première commission générale qui était organisée en 1983. Il y a eu la reconnaissance des droits ancestraux des 11 nations en 1985, il y a eu la «Paix des Braves» en 2002, un premier autochtone élu à l'Assemblée nationale en 2007, et une entente avec les Micmacs sur l'industrie éolienne, et, en 2020, une proposition sur la sécurisation culturelle.

Aujourd'hui, on veut poser, encore une fois, une action concrète pour amener à la réconciliation et surtout à la discussion. On va déposer une motion qui va aller dans ce sens-là :

«Que l'Assemblée nationale reconnaisse la désuétude de la Loi sur les Indiens;

«Qu'elle constate et déplore le caractère colonial de cette loi;

«Qu'elle affirme sa préférence pour les ententes négociées de nation à nation et d'égal à égal.»

Et surtout, et c'est ça, la nouveauté : «Qu'en conséquence on réponde positivement à la demande des Premières Nations de tenir un grand rendez-vous automnal sous la forme d'une commission spéciale.»

Donc, ce qu'on veut faire, c'est de rassembler, discuter, se réconcilier et avancer. Donc, sur cette commission spéciale, je vais laisser la parole à mon chef, M. Paul St-Pierre Plamondon.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bonjour, tout le monde. Merci, Martin. Vraiment, cette idée de tenir une commission spéciale, un grand rendez-vous qui permettrait de se parler franchement et de faire avancer la question autochtone, les enjeux relativement au racisme et à la discrimination qui visent les autochtones, je pense que c'est une bonne idée, une idée qui a été... En fait, là, en toute transparence, c'est une idée de Ghislain Picard, qui a été publiée en juin dernier, qu'on reprend, parce que Martin dit a juste titre : On a besoin de changer de ton, et c'est justement la contribution du Parti québécois. En fait, la seule commission parlementaire spéciale qui n'a jamais eu lieu sur les questions autochtones, c'est en 1983, une initiative du Parti québécois.

Donc, pourquoi tenir une commission spéciale? Bien, parce que la Loi sur les Indiens est toujours là, puis il faut trouver une solution. C'est pour ça qu'aujourd'hui on présente une motion pour dire que la Loi sur les Indiens se doit d'être abolie. Nous, on pense que c'est l'évidence que ça passe par l'indépendance du Québec, mais, au moins, soyons tous d'accord que cette loi-là est inacceptable.

Mais cette commission-là, également, permettrait de discuter puis d'avancer sur, clairement, ce qu'on pourrait qualifier de blocage idéologique en ce moment à l'Assemblée nationale. C'est saisissant de voir que, sur les enjeux concrets, sur les gestes concrets qu'on pourrait poser, il n'y a presque pas de temps consacré, il n'y a pas d'attention parce qu'on s'entredéchire, on polarise le débat sur des questions comme le racisme systémique, à savoir est-ce qu'il y en a ou est-ce qu'il n'y en a pas.

Et là-dessus j'aimerais réitérer la position du Parti québécois, qui pourrait servir de position de compromis, où, depuis plus d'un an, le Parti québécois dit : Il y a du racisme, et il peut y avoir du racisme qui dépasse le cadre individuel. Un racisme qui, donc, a trait à une organisation, bien, appelons ça du racisme institutionnel. Mais il y a une légitimité à la critique sur le racisme systémique, à savoir que, quand chaque inégalité est interprétée comme une forme de racisme et qu'on en vient à la conclusion que la loi 101 est raciste, la Loi sur la laïcité est raciste, puis là je ne ferai pas toute la liste, là, des dérives, bien, il y a peut-être un compromis possible.

Et nous, ce qu'on lance... parce qu'on est demeurés constructifs au cours des derniers jours, on a laissé les autres partis s'entredéchirer, et polariser, et instrumentaliser, même, je dirais, ce débat-là, je trouve ça très, très décevant, mais on revient avec quelque chose de constructif en disant : Pourquoi on n'écoute pas Ghislain Picard puis qu'on ne fait pas une commission spéciale parlementaire, une commission qui va être un lieu, justement, où est-ce qu'on va démêler toutes ces histoires de vocabulaire, mais aussi parler, surtout, je l'espère, de comment on fait bouger la situation, on améliore la situation? Il me semble que ça devrait être ça dont on parle en ce moment, et non pas d'une autre manière d'imposer un vocabulaire ou de polariser, à des fins politiques, un débat qui n'aurait jamais dû être politisé comme il l'a été.

Le deuxième point, je veux juste rapidement toucher la question assez étonnante d'un passeport vaccinal à l'Assemblée nationale. Je vous en parle parce que tous les autres milieux de travail au Québec ne requièrent pas le passeport vaccinal, parce que le passeport vaccinal, je vous le rappelle, c'était une mesure pour des activités non essentielles. Là, on comprend que le Bureau de l'Assemblée nationale imposerait à l'Assemblée nationale uniquement, pas aux autres milieux travail à travers le Québec, juste à l'Assemblée nationale, imposerait cette mesure-là. Et on apprend surtout que l'avis de Santé publique, c'est qu'ils ne recommandent pas cette mesure-là. Donc, on est... C'est décevant, là, parce qu'on s'apprête à prendre une décision qui devrait être fondée sur la science, qui devrait être fondée sur la santé publique, et finalement on la prend sur une base purement politique et on ne comprend même pas pourquoi. Ça, c'est sans compter les risques juridiques, parce que, si, évidemment, l'Assemblée nationale se dote d'un système de droit du travail différent de l'ensemble des autres milieux de travail, bien, il peut y avoir des questions juridiques.

Mais j'interviens parce que l'Assemblée nationale, c'est la maison du peuple, c'est la démocratie, c'est le seul endroit où il faut s'assurer à tout prix que tout le monde a une voix. Et je suis très sensible aux dérives, à la perte de confiance, à la méfiance de plus en plus grande dans une partie de la population vis-à-vis de notre gouvernement. Je ne vois pas pourquoi on ferait ça, quand on sait que ça pourrait exacerber l'impression qu'il y a des gens qui n'ont pas le droit de parole à l'Assemblée nationale puis qu'on pose des règles juste pour l'Assemblée nationale.

Dans le contexte, là, de méfiance actuel, si ce n'est pas soutenu par la science puis si vraiment l'avis de Santé publique nous dit que ce n'est pas nécessaire, de ne pas faire ça, je demande au Parti libéral du Québec et à la CAQ de cesser de politiser cet enjeu-là et de suivre l'avis de Santé publique. Donc, là-dessus, je vais prendre vos questions.

La Modératrice : Une question, une sous-question, s'il vous plaît.

Mme Plante (Caroline) : Souhaiteriez-vous que les Premières Nations soient mieux représentées à l'Assemblée nationale?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui. Oui.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que ça pourrait créer un meilleur dialogue?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, parce que... Moi, j'en ai beaucoup parlé dans le cadre d'un Québec indépendant, là, parce que, je me dis, ce serait tellement une belle occasion de réorganiser notre Parlement puis ça serait l'occasion de briser la Loi sur les Indiens. Parce que, moi, je n'y crois pas, là, que Justin Trudeau ou les conservateurs cassent un jour cette loi-là. Ils vont faire beaucoup de théâtre, mais j'ai l'impression que le cadre juridique colonial ne changera pas.

Donc, je mise beaucoup sur l'indépendance du Québec, mais, dans l'intervalle, on met au jeu l'idée d'une commission spéciale qui durera le temps qu'il faut puis où est-ce qu'il va y avoir un dialogue. Puis on ne sera pas dans le déchirement, puis les coups d'éclat comme on voit en ce moment. Ce n'est pas acceptable compte tenu de la prise de conscience que tous les Québécois sont en train de faire puis du sérieux de la situation. Donnons-nous un cadre constructif puis trouvons des voies de passage dans ce qui, à mon avis, est une guerre idéologique qui n'a pas sa place compte tenu de l'obligation qu'on a de livrer des résultats, d'agir.

Mme Plante (Caroline) : Et la présence des Premières Nations à l'Assemblée nationale, comment on fait pour les attirer...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, commençons par une commission parlementaire spéciale et posons-leur la question. Ayons une discussion sur les différentes avenues de comment bâtir notre Assemblée nationale pour que, justement, on ait cette pluralité de voix là puis que ça favorise le dialogue et non pas les déchirements.

M. Lacroix (Louis) : M. St-Pierre Plamondon, la Loi sur les Indiens, c'est écrit dans la loi, c'est une loi d'assimilation pour...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Clairement.

M. Lacroix (Louis) : Et, à partir de cette loi-là, il y a eu tout un système de pensionnats autochtones qui ont été ouverts à la grandeur du Canada, il y en a eu ici, au Québec, il y en a eu beaucoup dans l'Ouest, bon, on a vu tout ce qui s'est passé, et ça, avec l'assentiment de l'État, avec l'aide de l'État.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Exact.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que ce n'est pas un système, ça?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, c'est une institution puis c'est un...

M. Lacroix (Louis) : ...pas un système de dire : L'État soutient, finance, encourage, met sur pied des pensionnats dont le but est d'assimiler des gens qui ont une culture et des origines différentes? Ça, ce n'est pas un système?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ce sont des institutions. On est capables de pointer que c'est le gouvernement du Canada et on est capables, donc, d'identifier quelle institution.

À nouveau, ma position sur cette notion de système, c'est que, quand on blâme un système, on blâme tout puis rien en même temps. C'est très flou. Et les dérives de la notion de racisme systémique, quand on en vient à la conclusion que la loi 101 est raciste, etc., c'est parce que la notion de système est tellement floue que ça va toujours nous amener à des conclusions simplistes sans nuances. Mais ça ne nous empêche pas d'avancer sur la question autochtone...

M. Lacroix (Louis) : ...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je veux juste finir. Ça ne nous empêche pas d'avancer sur la question autochtone parce qu'on peut utiliser un vocabulaire comme «institution», «institutionnel», «racisme d'État» puis, là, on cible exactement qui a fait quoi, quand, puis on va déterminer, donc, quels sont les correctifs à apporter.

Puis c'est pour ça que je vous dis : Il y a des voies de passage dans cette bataille idéologique. Et ce n'est pas normal qu'on ne soit pas en train d'avancer concrètement dans des gestes sur le terrain et qu'on soit pris...

M. Lacroix (Louis) : Pourquoi un système, dans ce cas-là?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Justement. La question, vous la posez. Ça démontre que la notion est inutile. Parce que, si vous, vous ne savez pas c'est quoi, un système, puis moi, je ne le sais pas, on devrait ne pas utiliser...

M. Lacroix (Louis) : ...bien, visiblement, ma définition, ce n'est pas la même que la vôtre.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est précisément le problème de cette notion-là. Chacun a sa définition du système, personne n'est capable de le pointer.

Nous, on vous propose une voie de passage pour qu'on arrête de se chicaner là-dessus, puis qu'on parle de solutions, puis qu'on dise que c'est du racisme institutionnel, et donc qu'on sache de quelle institution il est question, et quelles sont les solutions par rapport à ça.

Mme Gamache (Valérie) : Mais vous reprochez aux libéraux, aux caquistes de casser du sucre, d'instrumentaliser, à quelque part, le débat. Est-ce que vous ne faites pas la même chose en refusant de reconnaître le racisme systémique puis en en ajoutant dans le débat sémantique ce matin?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Au contraire, on offre une voie de passage devant un blocage qui non seulement est évident, mais qui est contre-productif, là. Donc, on dit : Bien, si vous voulez, nous, on a une position qui serait quand même un entre-deux. Est-ce qu'on peut s'entendre sur quelque chose pour passer à la discussion sur les gestes concrets?

Et je ne pense pas que vous pouvez dire que tous ceux qui ne sont pas d'accord avec le racisme systémique comme notion seraient ceux qui instrumentalisent, là. Il y a un désaccord. Le désaccord, il est senti sur le plan idéologique.

Nous, ce qu'on répond, c'est : Ça pose problème parce que, pendant ce temps-là, on n'avance pas. Est-ce qu'on pourrait ouvrir la voie à des compromis ou, à tout le moins, que tout le monde consente à notre proposition de commission parlementaire spéciale? Puis là, si on veut parler de vocabulaire puis de concept, bon, on le fera, mais donnons-nous un forum différent de ce qu'on voit depuis les derniers jours. Puis nous, ça s'adonne qu'on a une position qu'on peut juger ou, tu sais, qui pourrait servir de voie de passage dans le débat actuel.

Mme Gamache (Valérie) : Quand on parle de commission, là, il y a quand même eu une commission royale d'enquête, il y a eu Vérité et réconciliation, il y a Viens, il y a l'ENFFADA... Qu'est-ce qu'elle a de spécial ou de différent, votre commission? Quels enjeux seraient discutés qui ne l'ont pas été dans les 25 dernières années?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Premièrement, c'est que le dialogue doit être constant, hein? C'est vraiment des questions qui évoluent notamment au fur et à mesure des découvertes et des prises de conscience qu'on a. Puis, pour reprendre les termes de Ghislain Picard en juin dernier, il nous dit : Le Québec et les Premières Nations ont des choses importantes à se dire. Nous devons aborder des sujets essentiels au développement harmonieux de nos relations.

Est-ce que, vraiment, cette mission-là, elle est ponctuelle ou est-ce qu'elle n'est pas essentielle en tout temps? Est-ce qu'on ne devrait pas réfléchir à des institutions qui nous permettent constamment ce dialogue-là pour favoriser des relations entre nations qui sont justement harmonieuses et qui avancent dans la bonne direction?

Moi, je pense qu'en instaurant une commission spéciale on aurait probablement là le point de départ de nouveaux mécanismes de dialogue beaucoup plus constants, parce que ce n'est pas normal que la dernière fois qu'on s'est parlé dans ce cadre-là, c'est 1983, à l'initiative du Parti québécois, là. Il y a peut-être un message à... un constat à faire, à savoir qu'on devrait se doter de quelque chose de plus récurrent.

Mme Lévesque (Fanny) : ...M. Paul St-Pierre Plamondon, là, que le rapport... en fait, le comité de suivi sur la commission Viens qualifie les avancées de très timides depuis deux ans, que finalement tous les éléments qui sont structurants et qui impliquent des changements plus systémiques sont laissés de côté. Donc, premièrement, quelles sont vos réactions par rapport à ce constat-là qui est fait par ce comité indépendant? Le fait, entre autres, que le ministère de la Sécurité publique, le ministère de la Santé n'ont pas participé, n'ont pas fourni de demande d'accès, ça, je voudrais vos entendre là-dessus. Puis, ensuite de ça, j'aimerais vous entendre sur d'autres choses.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : O.K. Bien, sur le premier point, parce que c'est vrai que c'est costaud, puis on ne peut pas traiter deux questions en même temps, là, sur le point des résultats, nous, on insiste là-dessus constamment. On a parlé beaucoup de sécurisation culturelle, de modifications dans la loi, de mise en place de mécanismes qui permettent, si jamais il y a un manquement, de faire un suivi. Toutes ces demandes-là, c'est vrai qu'on passe beaucoup de temps à débattre puis à faire de la politique-spectacle, mais que les résultats, de l'avis de plusieurs, là, se font attendre sur le terrain en termes de gestes concrets.

Donc, nous, ça a été notre message constamment. On essaie de ne pas polariser davantage et d'axer sur ce que, concrètement, on pourrait faire, notamment inscrire dans la loi un principe de sécurisation culturelle qui fait que toute personne qui se rend à un hôpital a droit à un environnement qui correspond à une forme de sécurité, là, pour que ce qui s'est passé il y a un an ne survienne plus jamais.

Mme Lévesque (Fanny) : Mais c'est justement, ce sont ce genre de mesures là qui nécessitent des changements aux lois, aux institutions, au système en place qui ne sont pas… qui n'avancent pas assez vite. Est-ce que, selon vous, le fait qu'on ne reconnaisse pas, justement, qu'il y ait un système ou qu'on va plus largement dans la reconnaissance de la discrimination, comme le juge Viens le disait, est-ce que ça ralentit la mise en oeuvre du rapport Viens? Et sinon, comment on doit s'y attaquer pour que ça aille plus rapidement puis que les changements structurants s'opèrent?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est que les débats idéologiques, l'imposition d'un vocabulaire par un certain groupe et la résistance d'un autre groupe à ce vocabulaire-là, en raison des conséquences qu'il aurait dans d'autres domaines, cette bataille-là prend beaucoup plus de place, malheureusement, que le vrai enjeu, à savoir des réformes institutionnelles, structurelles qui pourraient être mises en place ne le sont toujours pas. C'est pour ça que, nous, on dit : Pourquoi on ne se concentre pas sur les solutions? Puis pourquoi on ne se donne pas un forum? Si jamais, vraiment, là, il y a une discussion qui perdure sur le vocabulaire, les concepts, bien, pourquoi on ne se donne pas un forum de discussion là-dessus et sur toute autre question qu'on peut faire avancer?

Mais malheureusement, là, le constat, comme vous faites, c'est qu'il y a une polarisation d'un débat, et, pendant ce temps-là, on n'avance pas vite parce que toutes les énergies sont mises à essayer de faire des gains politiques ou de créer, là, un clivage politique autour de questions qui sont réelles. Tu sais, c'est un vrai débat, là, mais ce n'est pas une excuse pour ne pas agir.

Mme Lévesque (Fanny) : ...l'impression que le gouvernement agit justement au cas par cas ou en réaction à des événements, plutôt que de s'attaquer à des structures et à des institutions?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, parce que nous, ce qu'on demande, c'est le principe de sécurisation culturelle, puis ça n'avance pas assez vite à notre goût. Puis on pense que, sur le plan institutionnel, sur le plan structurel, ça aurait un impact vraiment structurant, et ça, ça n'a toujours pas avancé à notre goût.

La Modératrice : Dernière question en français.

M. Gagnon (Marc-André) : Concernant les médecins qui ne sont pas vaccinés, est-ce qu'on va trop loin en leur interdisant de faire de la télémédecine, par exemple?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Moi, je pense qu'il faut regarder la situation dans son ensemble. C'est 600 médecins, mais c'est combien de pharmaciens, combien d'infirmières?

M. Gagnon (Marc-André) : ...moi, je vous parle de médecins, là.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Dans l'ensemble, je pense que l'approche du gouvernement devrait être de garder, d'une manière ou d'une autre, actifs tous les travailleurs et de continuer à miser sur l'éducation et la sensibilisation pour réduire le nombre de personnes qui ne sont pas vaccinées. Mais, si on prend dans tous les secteurs de travail l'approche, à savoir : On n'a pas plus besoin de vous, allez à la maison, bonne chance, moi, j'entends, là, plusieurs milieux nous dire : On s'en va devant des bris de service généralisés. Donc...

M. Gagnon (Marc-André) : Mais actifs dans leurs milieux de travail ou actifs en télétravail?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le télétravail, c'est un exemple. Il y a des manières sécuritaires de garder active chaque catégorie de travailleurs. Mais il faut prendre la situation dans son ensemble, pas que les médecins, et se poser la question : Si, en plus de ces médecins-là, il y a des pharmaciens, des infirmières et des travailleurs de la santé qui vont tous disparaître, du jour au lendemain, en congé sans solde, qu'est-ce qui arrive le lendemain? Et ça, en commission parlementaire, les syndicats sont tous venus nous dire : Faites attention, vous vous en allez vers des conséquences très graves, des bris de service généralisés.

Nous, on a entendu. Est-ce que le gouvernement, lui, va entendre? Moi, je pense que c'est l'intérêt public qui doit primer, à savoir qu'il y a des gens qui attendent pour une chirurgie, qui attendent pour des soins de santé puis qui vont être vraiment mal pris, le lendemain du 15 octobre, si tous ces gens-là, en même temps, ont décidé de quitter.

La Modératrice : Dernière en français.

Mme Côté (Claudie) : ...sur le passeport vaccinal à l'Assemblée nationale, les partis qui sont pour disent que c'est parce qu'il faut qu'on soit exemplaires ici. Puis visiblement la position du Parti québécois ne va rien changer, là, ça va passer parce qu'au BAN la CAQ est majoritaire. Alors, pour vous, c'est une dérive de l'imposer ici?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, ce que je déplore, c'est qu'on prend une décision non pas fondée sur la science, parce que l'avis scientifique nous dit : Ce n'est pas nécessaire, ce n'est pas recommandé, on le prend sur une base politique, alors que c'est le Bureau de l'Assemblée nationale qui est supposé de démontrer, donner l'exemple en disant : C'est la science qui guide nos décisions, et non pas les joutes politiques qui permettent à la CAQ et au PLQ de mettre de l'avant une politique non recommandée et qui pose toutes sortes de questions aussi sur le plan juridique, mais surtout, j'insiste, sur le plan de la symbolique. Il y a des gens qui manifestent dehors, et qui conspuent, qui ont vraiment de la hargne envers notre institution fondamentale qui est notre démocratie.

Est-ce qu'on va poser un geste pour alimenter le cynisme ou la méfiance dans une certaine partie de la population en leur disant : Bien, la démocratie est réservée seulement à ceux qui ont obtenu le vaccin, alors qu'on avait été très clairs sur le fait que le passeport vaccinal, c'est pour seulement des activités non essentielles? Est-ce que, vraiment, on est dans un endroit non essentiel ici, en démocratie?

Mme Côté (Claudie) : ...est-ce que c'est essentiel?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, ce l'est probablement moins que tous ceux qui participent aux travaux, là. Mais moi, je vous dis : Comment justifier que le seul milieu de travail qui va exiger le passeport vaccinal au Québec, ce sera la maison de la démocratie? Puis comment justifier ça s'il n'y a pas d'avis de Santé publique, l'avis de Santé publique dit de ne pas le faire, mais qu'on est dans une phase de notre histoire où il y a énormément de méfiance et d'agressivité dans une certaine frange de la population qui ne croit plus et qui, même, embarque dans des complots, là, par rapport à ce qui se passe...

La Modératrice : On passe aux questions en anglais, s'il vous plaît.

Des voix : ...

M. Robillard (Alexandre) : ...recours juridiques dans un cas comme ça contre l'Assemblée nationale?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Pardon?

M. Robillard (Alexandre) : Vous avez parlé, là, que, juridiquement, ça soulève des questions...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, les questions que ça...

M. Robillard (Alexandre) : Il n'y a pas des recours juridiques qui seraient possibles?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je n'ai pas d'avis juridique pour vous ce matin. Tout ce que je vous dis, c'est que le droit du travail en ce moment au Québec, c'est que, hormis certains milieux qui posent un danger très, très précis, là, très, très aigu en termes de santé, les autres milieux de travail n'ont pas à exiger le passeport vaccinal. Puis ce n'était pas ça, le passeport vaccinal. Le passeport vaccinal, c'était que des lieux jugés non essentiels soient réservés à ceux qui sont vaccinés. Là, le gouvernement politise une mesure alors que l'avis de Santé publique est très clair. Moi, je trouve que c'est dangereux.

La Modératrice : On passe aux questions en anglais.

M. Robillard (Alexandre) : Dans un Québec indépendant, évidemment, la Loi des Indiens, ça n'existerait plus. Ce serait quoi, les autres avantages, selon vous, que Premières Nations auraient à appuyer le projet souverainiste?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, moi, ce que je défends depuis plusieurs années, c'est que non seulement la seule façon que je vois de briser la Loi sur les Indiens, c'est de sortir du Canada, mais ça ouvre aussi la porte à des négociations de nation à nation. C'est que le lendemain matin de l'indépendance du Québec, dans mon esprit, c'est très clair : Si nous, comme nation québécoise, on a enfin pu se libérer du colonialisme puis de l'héritage, là, antidémocratiques Britanniques, les premiers à qui... on va vouloir qu'ils aient un traitement juste puis qu'ils soient également reconnus comme nations, c'est les Premières Nations, dans quel cas on va avoir l'occasion de négocier de nation à nation sur une façon de fonctionner qui soit respectueuse, durable.

Donc, moi, je pense, ce serait un moment historique d'une beauté incroyable, et c'est pour ça que je favorise beaucoup le dialogue tout de suite en ayant la discussion. Qu'est-ce que, concrètement, on pourrait faire pour se rendre là, pour se rendre dans un contexte, un jour, où on sera des nations égales qui se respectent? Moi, c'est ça, mon objectif.

La Modératrice : On passe aux questions en anglais.

Mme Senay (Cathy) : …your proposition for a committee on vocabulary, like the fact that we are getting stuck with systemic racism, do you have the impression that you're not opening a Pandora box? Meaning that maybe there is systemic racism, like, more prevalent in the society than we think and that we just justify it.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : I oppose the concept. I think the concept is counterproductive.

Mme Senay (Cathy) : …committee on the vocabulary and studying the systemic racism, maybe you'll hear arguments that prove you that systemic racism is way more present in the Québec society than you think.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Sure. Let's have the conversation. But, if we are paralyzed in the «salon bleu», debating that precise issue and, meanwhile, we're not doing anything, I think we need to have conversations, that may take time, in a forum that will allow not only a conversation about vocabulary… that's not what I've said, I said a special commission on any topics in our relations in between nations that might enhance move forward all those issues.

So, it's not only about vocabulary, but what I'm seeing right now is that we're stuck. There's a disagreement on certain issues, but I think it is not an excuse to not be moving forward certain… very concrete measures that we could put forward to make sure that we are improving. And that's why I think a forum of discussion would be very useful.

Mme Senay (Cathy) : And I don't understand your point of view about the vaccine passport at the National Assembly. I mean, MNAs are here to set an example, and everybody is vaccinated. So, what's the problem?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : The problem is : it's not justified by Public Health's opinion, so it's not based on science. It's a political decision. And it sounds also like Dr. Massé said about the compulsory vaccination of health workers. He started the commission by saying : Actually, we're not suggesting this based on epidemiology. We want to set the example.

But the problem is : we should be following science, we should be following the opinion given by the Public Health, and that's our stance. If the Public Health tells us that it's not necessary, we should follow the Public Health, especially in the context where we know that a certain portion of the population is very skeptical. We can also…

For a certain part of the population, they are believing in all sorts of theories as to what's going on here. And we think that that kind of decision, that is not based on science and that would restrict some people to come to the National Assembly, would fuel… could fuel the problems we have with that portion of the population.

Mme Senay (Cathy) : And one last thing. Bill 59, it seems that the Labour Minister will go ahead and go with the adoption of the bill today, and the opposition is voting against it. What the population should get, should understand by the fact that the opposition, including the PQ, is voting against it?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : We care about the safety of our workers, and many measures in that bill will weakened the protection in terms of safety of our workers. And we will never let go. We will never let down workers in terms of ensuring their safety. And that's the issue in that bill.

La Modératrice :Merci beaucoup. Bonne journée.

(Fin à 8 h 28)

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