(Neuf heures quinze minutes)
La Modératrice
:
Bonjour à toutes et à tous. Mme Danielle McCann, ministre de l'Enseignement
supérieur, va faire une déclaration. On va ensuite prendre les questions. Mme
McCann, la parole est à vous.
Mme McCann : Oui. Alors,
bonjour, tout le monde. Alors, je veux évidemment parler de liberté académique aujourd'hui.
La Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de
la liberté académique dans le milieu universitaire a dévoilé aujourd'hui les
résultats de deux sondages, l'un qui a été réalisé auprès des membres du corps
professoral, on parle des professeurs et des chargés de cours, et le second qui
a été réalisé auprès des étudiants.
Alors, le sondage révèle que, dans les
cinq dernières années, 60 % des professeurs se sont censurés en évitant
d'utiliser certains mots. Les données qui ont été dévoilées sont très
inquiétantes et démontrent la pertinence de la commission qu'on a mise sur
pied. Donc, il ne s'agit pas de quelques cas isolés. Je vais laisser la commission
continuer son travail, j'attends leur rapport au mois de décembre sur les
actions que notre gouvernement pourrait prendre, mais je peux vous assurer
d'une chose, on va réagir rapidement et fortement. C'est un dossier prioritaire
pour moi.
La Modératrice
: Merci.
On va prendre les questions.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Les
recteurs sont très clairs, ils n'en veulent pas, de loi, d'énoncé gouvernemental,
qu'ils sont capables de se gérer eux-mêmes en toute indépendance. Si le gouvernement
ne respecte pas la volonté des recteurs, quel message envoie-t-il aux universités?
Qu'elles sont sous tutelle?
Mme McCann : Bien, moi, je
vous dirais que les universités ont un grand rôle à jouer au niveau de la
liberté académique. D'ailleurs, on le voit dans le sondage, les professeurs
réclament que l'action soit faite aussi au niveau des universités, et il y a déjà
des universités qui se mobilisent dans ce sens-là. Mais je pense aussi qu'il
faut considérer le niveau national. Alors, on va attendre les recommandations
de la commission scientifique et technique. Mais, encore une fois, il faut
faire un travail à plusieurs niveaux, je pense.
M. Lavallée (Hugo) : Mais le
fait qu'il y ait autant de gens qui s'autocensurent, est-ce que ce n'est pas la
démonstration que les universités, en ce moment, ne font pas leur travail?
Mme McCann : Bien, écoutez, je
pense qu'il y a à se mobiliser. L'ensemble des universités doivent se mobiliser
puis le gouvernement aussi. Je pense que le sondage révélait vraiment qu'il y avait
quand même un nombre important de professeurs qui ne connaissaient pas, là, qu'est-ce
qui se passait dans leurs universités par rapport à la liberté académique.
Donc, il y a un niveau de communication qu'il faut rehausser. Mais, encore une
fois, il y a différentes facettes, hein, à cette liberté académique. Et l'université
a un rôle important à jouer, mais le gouvernement est là aussi pour les supporter
et supporter les professeurs, qui doivent avoir un support considérable à ce
niveau-là.
M. Bossé (Olivier) : Vous
dites : On va agir rapidement. Déjà, il faut attendre le rapport en
décembre, donc probablement ne pas agir avant janvier. Ce n'est pas rapide, ça,
déjà, en partant.
Mme McCann : Bien, vous savez,
comme dans tout processus majeur comme celui-là, qui va toucher l'ensemble de
la communauté universitaire, il faut prendre le temps de bien faire les choses.
Moi, je considère que la commission va à un rythme qui est tout à fait adéquat.
Il faut être rigoureux. D'abord, d'avoir le résultat des sondages, ça nous
situe très bien, on voit que ce n'est pas… ce ne sont pas des cas isolés, donc
la pertinence des travaux, mais là il faut vraiment qu'à la lumière des
consultations que la commission a faites, hein, avec tous les mémoires qui ont
été déposés, les gens qui se sont présentés en commission parlementaire, il
faut qu'il y ait un bon travail d'analyse. Et moi, je pense que les
recommandations vont être très solides et qu'elles vont nous aider pour le
futur, hein? Alors, c'est un travail qu'on veut faire à long terme puis un
travail qui va être pérenne aussi.
M. Pilon-Larose (Hugo) : …l'enjeu
qui est au coeur de cette notion d'autocensure, c'est notamment la précarité
dans le corps professoral des universités, le nombre grandissant de chargés de
cours à contrat que les universités emploient, notamment au premier cycle.
Est-ce que le gouvernement peut jouer un rôle dans cet enjeu-là pour donner, je
ne sais pas, moi, des moyens aux universités de permanentiser certains
professeurs, augmenter son bassin de professeurs, les passer de contractuels à
permanents?
Mme McCann : Bien, les mesures
qu'on va prendre vont s'adresser certainement aussi aux chargés de cours. D'ailleurs,
les sondages incluaient les chargés de cours. On va voir, dans l'analyse qui va
nous être présentée, est-ce qu'il y a cette dimension qui peut jouer.
Puis nous, on est en contact constamment
avec les universités. Et moi, je vous dirais que je perçois vraiment une
volonté de leur part de travailler et d'améliorer la situation. Comme je le
disais, il y en a déjà qui sont très mobilisés. Alors, la question des chargés
de cours, on va regarder si, vraiment, il y a une dimension qui a de l'impact,
mais, encore une fois, je veux être prudente et je vais attendre les recommandations
de la commission.
M. Bellerose (Patrick) :
Protéger les chargés de cours, les professeurs, c'est une chose, mais souvent,
ce que les enseignants ne veulent pas faire ou les professeurs ne veulent pas
faire, c'est d'avoir une classe qui va se rebeller, qui va boycotter, peu
importe. Qu'est-ce qu'on fait pour sensibiliser, éduquer peut-être les jeunes
face à cette question-là?
Mme McCann : Bien, ça, c'est
très important parce que, vous savez, les étudiants qui se sont mobilisés, bon,
invoquaient toute la question de l'équité, de la diversité, de l'inclusion.
Bien, moi, je pense qu'il faut cesser d'opposer toutes ces questions-là avec la
liberté académique. Nos universités sont là pour développer chez nos étudiants
un esprit critique, là, un esprit critique et éclairé, et, dans ce sens-là, la
liberté académique peut jouer un rôle très important pour augmenter l'équité,
la diversité, l'inclusion. Moi, je pense qu'il faut aller dans ce sens-là,
donc, beaucoup de travail de communication, et aussi tenir compte, on l'a fait
par des sondages, de l'opinion de nos étudiants. Il y a beaucoup de travail à
faire avec nos étudiants sur la question de la liberté académique. Tout est
dans la façon de faire.
M. Bellerose (Patrick) :
Justement, le fait d'avoir plus de diversité... corps professoral, est-ce que
ça aiderait, justement, à apaiser les tensions?
Mme McCann : C'est certainement
une dimension que moi, je trouve qu'il faut adresser et aborder, et toute la question,
là, d'avoir davantage de diversité au niveau du corps professoral, certainement.
Et ça peut faire l'objet de discussions avec nos universités.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant la langue française, dans le cadre de l'étude du projet de loi
n° 96, il y a beaucoup d'intervenants qui sont venus émettre des réserves
très importantes, là, concernant le projet d'agrandissement du collège Dawson. Est-ce
qu'à la lumière de ces témoignages, des inquiétudes qui ont été exprimées, c'est
un projet que vous pourriez revoir, annuler, réduire la taille? Est-ce que vous
êtes à l'écoute de ce qu'on vous dit devant cette commission-là sur ce
sujet-là?
Mme McCann : Bien,
concernant le projet de Dawson... D'abord, la première chose qu'il faut dire, c'est
que, pour tous les cégeps anglophones, nous avons plafonné le nombre
d'étudiants, hein? Alors, c'est le cas aussi pour Dawson.
Concernant le projet d'infrastructure de
Dawson, il n'y a pas eu de développements à ce moment-ci. Alors, il n'y a pas d'évolution
actuellement. Puis ce projet-là répondrait au nombre qui a été plafonné, au
nombre d'étudiants. Donc, il n'y a pas d'augmentation d'étudiants. Mais, à ce
moment-ci, il n'y a pas eu d'évolution. On n'a pas le dossier d'opportunité. On
a renouvelé une réserve sur un terrain potentiel. Déjà, on avait réservé ce
terrain-là pendant deux ans, on a seulement renouvelé pour deux années
additionnelles. Mais le projet, on n'a pas encore le dossier d'opportunité,
alors on attend.
M. Lavallée (Hugo) : ...développement.
Est-ce que le projet est gelé ou... Comment...
Mme McCann : Non, non,
les travaux continuent, mais il faut attendre le dossier d'opportunité avant de
pouvoir l'analyser et de procéder.
La Modératrice
: On va
passer en anglais maintenant.
M. Lavallée (Hugo) : ...
Mme McCann : Pardon?
M. Lavallée (Hugo) : C'est
le cégep qui doit vous le remettre?
Mme McCann : Exactement.
M. Lavallée (Hugo) :
Parfait.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Mrs. McCann, when you look at the
results of the questionnaire, what surprized you or what did not surprize you
in the data you received?
Mme McCann : Well, you know, I mentioned a while back that I was concerned, that
I thought that what we were seeing in the medias might
be just the tip of the iceberg, and I was afraid that teachers, or professors,
I should say, would censor themselves. And what we have today, the data we have
today reveals that a big percentage in the last five years, 60%, have censored themselves in the use of certain words, for
instance. So, we see that this work is very pertinent, the work of the
commission, and of course, it will be… it's a priority for me, and we will act
very strongly and rapidly when we will have the recommendations of the
commission.
Mme Senay (Cathy) : What can be acting strongly and rapidly for you? Because there are
universities in Québec, a few of them, that do have directives already on this,
others don't. So, you are basically dealing with different scenarios here, not
everyone is on the same page too, and universities don't want the Government to
tell them what to do.
Mme McCann :
Well, I think we have to see it as coconstruction that we work with the
universities. And we want this question of «liberté académique» to be across
Québec, in all universities to be applied, the actions that have to be taken. And
as the professors mentioned in their responses in the «sondage», it's important
to do it at different levels, to do it locally, major, that universities and
some of them are more advanced than others, and to do it also nationally. It
has to be also a national approach.
Mme Senay (Cathy) : It can be a bill or directives?
Mme McCann :
We will see. When I get the recommendations of the commission, we will make a
decision on this.
La Modératrice
:
Merci beaucoup. Merci, Mme McCann.
Mme McCann : Merci.
(Fin à 9 h 26)