(Douze heures quarante-quatre minutes)
Mme McCann : Alors, bonjour, tout
le monde. Alors, je veux vous parler aujourd'hui de l'enseignement du français
dans les cégeps. Alors, vous savez combien notre gouvernement attache beaucoup d'importance
à l'apprentissage du français, à la maîtrise du français pour nos étudiants.
Alors, comme je le mentionnais hier, je l'ai annoncé, là, j'ai formé un comité
d'ailleurs qui va se pencher sur la formation en français, même l'épreuve
uniforme en français, et j'attends des recommandations d'ici la fin de l'année.
Je veux aussi vous parler de l'épreuve uniforme
de français parce que j'ai eu des informations nouvelles hier soir. Hier soir,
on m'a donné les résultats de l'épreuve uniforme de français qui a été passée
cet hiver, au mois de mai, là, à la fin de l'hiver, au printemps, et où est-ce
qu'on avait autorisé l'utilisation du logiciel Antidote. Parce qu'effectivement
l'épreuve a été passée en ligne, et c'était une mesure exceptionnelle.
Alors, ce qu'on s'est aperçu, avec les
résultats que j'ai reçus hier soir, c'est que, vraiment, le résultat est très,
très différent de ce qu'on a eu dans les années précédentes, une différence
d'environ 15 % de réussite. Alors, on trouve que les chiffres sont
gonflés, c'est vraiment un écart très important, et je ne peux pas ne pas faire
le lien entre le logiciel Antidote et ces résultats qui sont vraiment hors du
commun.
Alors, dans ces circonstances, moi, ce que
je veux vous dire aujourd'hui, c'est qu'on ne va pas autoriser l'utilisation du
logiciel Antidote pour l'épreuve uniforme du français. On ferme la porte
complètement sur l'utilisation de ce logiciel. Nous, on ne veut pas faire de
nivellement par le bas, très important de bien évaluer et que ce soit vraiment
à la hauteur de ce que l'étudiant a comme connaissances. Donc, on est obligés
de fermer la porte sur l'utilisation du logiciel Antidote. C'est d'ailleurs
l'orientation que je vais donner au comité d'expertes qui se penche sur la
question du français dans les cégeps.
Mme Porter (Isabelle) : Pourquoi
ce serait une surprise qu'il y ait 15 % d'écart... même envisagé de le permettre?
C'est ce que tout le monde a de la difficulté à comprendre, là.
Mme McCann : Oui, oui, parce
qu'effectivement on savait qu'il y aurait un certain impact, mais pas à cette
hauteur, là, pas un 15 %. C'est énorme. Alors, écoutez, on en a fait
l'expérience. Moi, je pense qu'il faut prendre note, ça nous donne un message
très clair, là, que ce n'est pas la chose à faire, et c'était exceptionnel
l'hiver passé. Et effectivement on ne va pas recommander qu'on se penche sur
cette question, pour nous, la décision est prise.
M. Larin (Vincent) :
Mme McCann, vous dites... j'ai peut-être mal entendu, vous dites : On
ne peut pas faire de lien entre les résultats et l'utilisation du logiciel
Antidote. Pourquoi?
Mme McCann : Non, en fait, on
ne peut... on peut ne... comment je disais ça, là? En fait, le lien...
hypothétique, mais il est quand même assez clair, là. Il n'y a pas d'autres
éléments qui fait en sorte... qui vont faire en sorte qu'il y a eu des résultats
aussi différents. La seule différence qu'il y avait, c'est l'utilisation du
logiciel Antidote. En fait, c'est ma formulation, peut-être, qui n'était pas...
Mme Gamache (Valérie) : Qu'est-ce
qui va se passer, Mme McCann, avec les étudiants qui ont passé cet
examen-là avec Antidote? Est-ce que vous allez leur faire reprendre?
Mme McCann : Non, pas à
ce moment-ci. Écoutez, c'est sûr qu'on parle d'à peu près 20 000 étudiants,
là, qui ont passé. Puis si vous calculez, là, l'écart... peut-être autour de
2 000 étudiants qui peut-être n'auraient pas passé leur épreuve
uniforme de français. Mais je pense qu'on va laisser les choses telles quelles,
là, il y a eu assez de complications pour nos étudiants depuis le début de la
pandémie, on ne va pas complexifier encore. Mais évidemment...
M. Lacroix (Louis) :
Donc, il va y avoir une cohorte d'étudiants qui sont admis alors qu'ils ne
répondent pas aux critères de base de qualité du français dans nos cégeps.
Mme McCann : Bien,
c'est-à-dire qu'ils vont être admis probablement à l'université s'ils font une
demande à l'université, qui auront leur diplôme, qui auront leur diplôme de
cégep...
M. Lacroix (Louis) :
Sans répondre aux critères de base.
Mme McCann : ...sans
répondre complètement. Puis effectivement on parle d'à peu près
2 000 étudiants, hein, parce que c'est à peu près 20 000, un peu
plus que 20 000 étudiants qui ont passé l'épreuve uniforme. Bon, vous
voyez le pourcentage dont je vous parle. Alors, écoutez, on peut vivre avec ça.
C'est sûr que ces étudiants-là vont...
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que ce n'est pas du nivellement par le bas, ça, justement, de les laisser
passer à travers... On sait qu'il y a un trou dans le filet, on sait qui est
passé par les mailles du filet, puis on les laisse filer pareil.
Mme McCann : Bien,
écoutez, il y a d'autres moyens de renforcer le français, là. Si c'est des gens
qui vont poursuivre leurs études, ils peuvent toujours, certainement, avoir des
modalités, prendre des cours pour améliorer leur français.
M. Lacroix (Louis) :
Pourquoi ils le feraient? On leur donne une passe gratuite.
Mme McCann : Bien, parce
qu'ils pourraient avoir certaines difficultés, là, quand ils vont suivre d'autres
cours. On sait que le français, là, c'est la base de tout, hein? Que ça soit
n'importe quel domaine, il faut qu'on ait une bonne maîtrise du français pour
réussir. Alors, c'est sûr que ces étudiants-là, puis ils se connaissent, là, probablement,
ceux qui ont utilisé davantage le logiciel Antidote, il va falloir qu'ils
soient vigilants et prudents.
M. Lacroix (Louis) :
Est-ce que ça ne démontre pas qu'il y a un énorme problème sur l'enseignement
du français, là? Outre le fait, là... On en a la preuve, là, que sans ce
logiciel-là, là, il y en a une importante partie de ces étudiants-là qui n'ont
pas de connaissance suffisante du français au Québec. Est-ce que ça ne démontre
pas la faiblesse de la formation du français au Québec?
Mme McCann : Et c'est
exactement pour ça que j'ai mis en place un comité qui va se pencher là-dessus.
C'est le but. Et c'est un but très important. Le français, c'est à la base de
tout. Donc, oui, nous avons un certain problème au niveau, là, de
l'apprentissage du français. Et le comité d'expertes que j'ai mis sur pied vont
nous faire des recommandations, et on va devoir les implanter. Il faut que ça
s'améliore dans le futur pour que nos étudiants diplôment davantage au niveau
du cégep, mais surtout que leur maîtrise du français soit meilleure.
Mme Porter (Isabelle) :
...si je peux me permettre, quels arguments militaient en faveur du recours à
Antidote, la dernière fois?
Mme McCann : Bien, ça a
été une recommandation du ministère parce qu'on était dans des circonstances
exceptionnelles, que l'épreuve était faite en ligne. Alors, vous savez, on
essaie de donner un certain support à nos étudiants, mais là on voit que ça a
débordé complètement.
Mme Porter (Isabelle) : Juste
pour comprendre, dans le fond, vous disiez : De toute façon, c'est en
ligne, donc les étudiants vont pouvoir utiliser leur dictionnaire sans qu'on
puisse le vérifier, tant qu'à faire, on va utiliser Antidote. C'était un peu
ça, la logique, j'imagine.
Mme McCann : Bien, écoutez, on
pensait vraiment que ce serait utilisé avec davantage de parcimonie, mais je
peux comprendre que là ça a été utilisé beaucoup. Et c'est là qu'on a pris note
de la réalité de ce qui s'est passé et que ça nous a donné la direction pour le
futur. Là, on ne se pose plus de question.
M. Larin (Vincent) : ...on ne
peut pas ne pas faire le lien entre l'utilisation d'Antidote, ça pourrait être
d'autres formes de triches quelconques aussi, l'utilisation du dictionnaire,
l'aide d'un ami ou d'un parent.
Mme McCann : Oui, mais il ne faut
pas oublier que cette épreuve uniforme de français, elle est passée maintenant
en présence. C'était une mesure exceptionnelle lorsqu'elle a été faite en
ligne. Alors là, on en a fait une autre au mois d'août, et ça a été fait en
présence parce que les mesures sanitaires nous permettaient de le faire, et on
espère que ça va continuer comme ça. Ça a été exceptionnel, une fois, en
mai 2021, où ça a été passé en ligne.
Mme Porter (Isabelle) : O.K.,
puis en août...
La Modératrice
:
Dernière question, Isabelle.
Mme McCann : Non. Absolument
pas.
M. Larin (Vincent) : ...
Mme McCann : Pardon?
M. Larin (Vincent) : C'était
le même résultat qu'à l'habitude.
Mme McCann : Oui. Bien, en
fait, excusez-moi, en août, on n'a pas eu encore les résultats. On a comparé
mai 2021 avec les résultats antérieurs. Août, on ne l'a pas encore, mais
on l'aura dans les prochaines semaines.
La Modératrice
: Merci,
tout le monde.
(Fin à 12 h 53)