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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé mentale et de solitude

Version finale

Le vendredi 28 mai 2021, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures une minute)

M. Arseneau : Aujourd'hui, on tient une interpellation sur l'augmentation des besoins en santé mentale, notamment en raison de la détresse qui est causée par la pandémie, et les actions à prendre pour remédier aux délais d'attente.

Je dois vous dire, je dois vous avouer, là, aujourd'hui, je suis en colère. Je suis en colère parce que la dernière fois qu'on a eu ce genre d'exercice d'interpellation, c'est il y a six mois. Et la situation, loin de s'être améliorée, elle s'est détériorée. Malgré tout ce que le gouvernement a pu dire, là, il ne s'est rien passé en matière de santé mentale. La pandémie de santé mentale, elle continue sur le terrain.

Ce matin, en lisant les journaux, encore une fois, là, on en rajoute une couche. Non seulement on savait que les annonces de 100 millions de dollars qui avaient été faites, là, au mois d'octobre dernier n'avaient pas été matérialisées sur le terrain, on avait annoncé de l'aide d'urgence en octobre pour les écoles, notamment, pour des éclaireurs, puis ce qu'on a appris lors de l'étude des crédits, au mois d'avril dernier, là, c'est que ça ne serait pas avant la fin de l'année ou début septembre qu'on aurait des résultats tangibles sur le terrain.

C'est absolument irresponsable de la part du gouvernement de faire des annonces comme celle-là et de ne pas avoir de résultats tangibles, comme ce qu'on dit ce matin dans les journaux, sur une annonce qui date, elle, du mois d'août dernier. Et les organismes qui peinent à aider les gens sur le terrain, bien, ils attendent toujours leur argent du gouvernement du Québec, alors qu'ils ont déployé des ressources supplémentaires, qu'ils ont fait du recrutement, péniblement, pour aider les gens les plus en détresse de la société.

On parlait cette semaine de l'urgence sanitaire. Le gouvernement voulait éviter le débat, disait qu'il avait besoin de l'urgence sanitaire pour déployer des ressources, pour suspendre les conventions collectives, pour lancer des contrats sans appel d'offres ou pour les négocier et les signer, pour, justement, augmenter la cadence de la vaccination, pour faire des ententes avec le privé pour éviter le délestage. Pourquoi on n'a pas utilisé l'urgence sanitaire pour déployer des ressources sur le terrain, pour aider les gens les plus mal pris, les plus vulnérables, les personnes âgées, les personnes les plus jeunes aussi, qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale?

La bureaucratie n'a pas livré la marchandise parce que le gouvernement n'a pas pris le leadership nécessaire en matière de santé mentale parce que ce n'est pas prioritaire. On a annoncé des millions et les bottines n'ont pas suivi les babines.

La santé mentale dans cette pandémie-là, là, elle demeure l'angle mort. Elle est demeurée invisible, aussi invisible que le ministre Carmant. Quand a-t-on vu le ministre se présenter sur la tribune avec Legault, avec Arruda, avec Dubé pour dire qu'il y avait crise, pour dire qu'on allait agir, qu'on allait déployer des moyens, pour développer des statistiques également?

Si on avait, en santé mentale, le même genre de statistiques au jour le jour pour voir que les listes d'attente, elles ne baissent pas, elles augmentent, que la détresse, elle augmente, que le nombre de jeunes qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale, bien, il a doublé, ce nombre-là. C'est un constat d'échec gouvernemental qu'on va faire ce matin.

Et, à l'aube du déconfinement, la question qu'on doit se poser, c'est : Quand le gouvernement va-t-il permettre aux gens qui souffrent de santé mentale... de problèmes de santé mentale de se déconfiner à leur tour? Les impacts de la pandémie en matière de santé mentale chez les Québécois, là, vont perdurer des mois et des années encore parce que le gouvernement n'a pas pris les moyens de gérer la crise qui était déjà présente, avant la pandémie, et qui continue aujourd'hui, puis qui va continuer au-delà du déconfinement, au-delà de l'ouverture des terrasses aujourd'hui, au-delà de l'élimination du couvre-feu.

On a des bonnes raisons d'être en colère aujourd'hui et de poser des questions au ministre parce qu'il y a, à un moment donné, une limite à se faire raconter des histoires, à se faire lancer des millions à travers la tête, qui sont bloqués dans le système, dans la bureaucratie. La même chose est arrivée avec l'aide aux femmes victimes de violence. On avait annoncé 120 millions de dollars, ça a été bloqué dans les coffres du gouvernement pendant des semaines et des mois, jusqu'à ce qu'on ait une vague de féminicides. Qu'est-ce que ça va prendre, en santé mentale, pour donner un électrochoc au gouvernement pour qu'il agisse enfin sur le terrain?

Alors, moi, je me dis... Le gouvernement, on l'a appris encore cette semaine, il gouverne par sondage. Pourquoi il n'agit pas en santé mentale? Parce que ce n'est pas sexy, la santé mentale, parce qu'on n'en parle pas, parce que c'est l'angle mort de la pandémie. Il va falloir, à un moment donné, qu'on agisse parce que ces conséquences sur la population du Québec, sur la santé mentale, ça va se retrouver également dans le système de santé en général.

Puis on a beaucoup parlé aussi de délestage. Évidemment, on a fait appel à des cliniques privées. Et en santé mentale, on a fait appel à des psychologues, et puis on leur a offert 100 $ puis ils ne sont pas allés au rendez-vous. On n'a pas fait le Je contribue pour la santé mentale, on n'a pas déployé les efforts, on n'a pas mobilisé les ressources. Encore une fois, là, le gouvernement doit être tenu responsable de ce qui se passe en matière de santé mentale, il doit enfin agir face à l'échec de la dernière année.

Et là-dessus je vais accueillir vos questions et je privilégierais évidemment, au moins au départ du point de presse, les questions en santé mentale parce qu'on en parle beaucoup trop peu. 

M. Laforest (Alain) : Avez-vous des inquiétudes sur l'intérêt de la presse par rapport à la santé mentale?

M. Arseneau : Je n'ai pas d'inquiétude par rapport à l'intérêt de la presse, je voudrais qu'aujourd'hui on ait une attention particulière pour les gens qui souffrent en silence et que le gouvernement a abandonnés au cours des derniers mois. Je voudrais qu'on ait une pensée pour les étudiants qui ont soutenu leurs pairs comme ils pouvaient lorsque quelqu'un a tenté de suicider. Je voudrais que l'on prenne en compte le fait que les statistiques, même si elles ne sont pas publiées autant qu'on le souhaiterait, autant que les cas de COVID, qu'elles sont importantes, qu'elles sont flagrantes, comme quoi le problème, il n'est pas en train de s'amenuiser, il augmente. Et je vous demande simplement votre collaboration. Mais vous avez évidemment le loisir de me poser toutes les questions.

M. Laforest (Alain) : Le déconfinement, justement, est-ce que ça va baisser la pression? Est-ce que ça va permettre un certain allègement, un assouplissement, une bouffée d'air pour les gens qui ont souffert énormément?

M. Arseneau : Bien entendu que le déconfinement va permettre une bouffée d'air, une bouffée d'oxygène et particulièrement aux jeunes qui non seulement souffraient en silence, mais étaient, justement, isolés de leurs pairs. Aujourd'hui, le simple fait de pouvoir se rencontrer, ne serait-ce que dehors, à huit personnes dans une cour, ça va faire du bien. Le simple fait de ne pas avoir à vérifier sa montre à 7 h 30, 8 heures le soir, savoir s'il faut retourner à la maison parce qu'on aurait besoin de parler à quelqu'un, c'est sûr que ça va contribuer à amenuiser la souffrance de certaines personnes. Mais il en faut beaucoup plus, en matière de santé mentale, pour pouvoir passer au travers. Ça en prend beaucoup plus, là, que le programme québécois d'intervention sur les troubles mentaux. Il faut que les ressources qui ont été annoncées soient déployées puis il faut que le gouvernement…

M. Laforest (Alain) : …sous le tapis?

M. Arseneau : Pardon?

M. Laforest (Alain) : Avez-vous peur qu'avec le déconfinement que ce soit mis sous le tapis?

M. Arseneau : Bien, en fait, moi, je pense qu'effectivement, si le passé est garant de l'avenir, j'ai des raisons d'être inquiet, effectivement, sur les actions qui vont être posées par le gouvernement. Si on se contente de faire des annonces sans s'assurer que les sommes soient déployées, sans s'assurer que le réseau soit mobilisé, on n'avance pas. Alors, oui, les gens vont s'entraider, les groupes communautaires vont faire ce qu'ils peuvent, les familles vont soutenir leurs proches. Mais ce n'est pas suffisant. La crise, elle est d'une ampleur telle que le gouvernement doit déployer aussi les ressources institutionnelles au service des Québécois qui souffrent, actuellement, en silence.

M. Lavallée (Hugo) : Mais, de façon plus générale, sur le déconfinement, avez-vous des craintes que les gens, peut-être, soient trop pressés, justement, de se déconfiner ou laissent tomber d'autres mesures? Comment vous voyez, là, ce qui débute aujourd'hui?

M. Arseneau : Bien, je pense que le message que l'on doit lancer, c'est que c'est une première phase de déconfinement et que la pandémie n'est pas terminée, que les risques d'éclosion demeurent. Et j'en parlais, hier, à mon fils qui est étudiant universitaire, qui dit : Enfin, on va pouvoir respirer, on va pouvoir enfin profiter un peu, là, des soirées pour ne serait-ce qu'aller marcher, aller faire du sport, sans se sentir traqué, là, se sentir mal de revenir de l'épicerie entre 9 heures puis 9 heures et demie ou 10 heures moins quart.

Et justement le message que je lui ai lancé c'est : C'est une étape. Il ne faut surtout pas penser que c'est derrière nous. Certains ont eu la première dose de vaccin, mais ce n'est pas avant l'immunisation, là, collective, ce n'est pas avant l'atteinte des objectifs de 75 % et davantage qu'on va pouvoir vraiment respirer. Donc, l'étape fait du bien, mais moi je lance le même message que la Santé publique : C'est une étape, mais ce n'est qu'une des étapes et ce n'est que la première. Donc, prudence. Prudence, parce qu'on n'est pas au bout de nos peines encore, on a encore plusieurs semaines à traverser, et il faut participer, évidemment, à la campagne de vaccination.

M. Lavallée (Hugo) : Et qu'est-ce que vous pensez du fait que le premier ministre ce matin se paye une publicité dans les journaux pour féliciter les Québécois, bon, rappeler que le Québec a mieux traversé la troisième vague que d'autres juridictions? Comment vous voyez ça?

M. Arseneau : Bien, plus spécifiquement en matière de santé mentale, moi, je trouve que le gouvernement, aujourd'hui, de remercier les Québécois et d'annoncer que la pandémie est derrière nous, lorsqu'on voit les statistiques en santé mentale augmenter, les listes d'attente se prolonger, je pense que le gouvernement aurait pu se garder une certaine réserve. Je pense qu'il aurait pu se garder une petite gêne, parce que ça lance un contre message. D'une part, on dit qu'il faut rester prudent, que ce n'est que la première étape, et là le gouvernement se pète les bretelles à pleine page de journaux pour dire qu'on a vaincu la pandémie, qu'on a passé à travers la troisième vague, et on remercie les Québécois tout en se vantant d'avoir pris les meilleures mesures pour passer au travers.

Je trouve qu'aujourd'hui ça frôle un peu l'indécence parce qu'on ne peut pas dire des choses qui sont contradictoires au même moment, qu'il faut faire preuve de prudence puis que la victoire est déjà acquise. Je pense qu'il faut avoir un message beaucoup plus sobre. Et visiblement le gouvernement a beaucoup de difficulté avec ça. Il l'a fait à plusieurs reprises. Il l'avait fait au moment où la troisième vague commençait, en disant : Nous éviterons la troisième vague. Et, trois jours plus tard, on était en plein dedans.

Alors, moi, j'appelle le gouvernement à un message plus mesuré si on veut, justement, atteindre les objectifs qu'on s'est fixés pour non seulement que le déploiement du plan de confinement se fasse tel qu'on le souhaite, mais qu'on puisse aussi lever l'état d'urgence, là, à la fin de l'été.

M. Laforest (Alain) : Compte tenu de ce qu'on sait, est-ce que le fédéral devrait abandonner la quarantaine?

M. Arseneau : La quarantaine de trois jours, évidemment, on l'a mise en place au plus fort, là, de l'arrivée des snowbirds, du retour des snowbirds, et de l'arrivée du nouveau variant indien. Je pense que c'était la chose à faire. Mais ce qu'on voit, c'est qu'il y a des gens qui ont déjoué le système. On voit également que les trois jours de quarantaine ne sont pas nécessairement garants, là, d'un évitement de la propagation puisqu'effectivement le virus peut se développer et la maladie dans les jours qui suivent.

Donc, moi, personnellement, je suis assez ouvert au fait qu'on puisse, dans la dynamique actuelle de déconfinement, de continuer d'exiger un isolement préventif, mais qu'on puisse le faire avec des modalités moins contraignantes. Ça me semble couler sous le sens, si on ne lance pas, évidemment, le message que les frontières sont grandes ouvertes puis qu'il n'y a plus de danger pour personne, là. Il faut quand même y aller de prudence, mais on pourrait considérer, effectivement, la levée de ces mesures-là qui ne donnent probablement pas les résultats escomptés, de toute façon.

M. Lavallée (Hugo) : ...à la maison, des choses comme ça?

M. Arseneau : Oui, c'était la mesure qui était préconisée au départ. Et selon même certains experts dont j'ai pu lire les propos, là, ils semblaient aussi dire que cette mesure-là avait peut-être fait son temps.

La Modératrice : Il y a d'autres questions?

M. Arseneau : Merci beaucoup. Bonne journée.

(Fin à 09 h 14)

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