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Point de presse de M. Sol Zanetti, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de services sociaux

Version finale

Le vendredi 28 mai 2021, 9 h 20

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt minutes)

M. Zanetti : Alors, bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, je veux parler de l'enjeu de la santé mentale.

On sait, au Québec, on vit une crise de la santé mentale, et ce n'était pas... ce n'est pas juste à cause de la pandémie. C'est quelque chose qui était là avant. Les études faites par les associations étudiantes l'ont montré, il y avait un problème qui était là, un problème qui a été exacerbé, un problème qui est causé, entre autres, par des gouvernements qui ont fait des politiques d'austérité qui ont grandement affaibli le système public, et aujourd'hui, on en paie le prix.

Et, malgré les bonnes intentions qui sont déclarées par la CAQ, là, on arrive à la fin du mandat, et la situation est loin de s'améliorer, l'argent n'est pas au rendez-vous. Ce n'est pas un gouvernement qui priorise la santé mentale, ce n'est pas un gouvernement qui priorise les services publics. Ils sont loin, loin, loin d'avoir réparé le saccage des gouvernements libéraux précédents avec leur austérité, et on se retrouve avec un système dans lequel... qui a peine à redémarrer. Pourquoi? Parce qu'ils ne mettent pas les moyens. En ce moment, ils ont mis 100 millions. Ils disent qu'ils veulent réduire les listes. Ils n'atteignent pas leurs objectifs. Ils essaient d'avoir recours au privé, ça ne fonctionne pas.

La solution fondamentale, là, c'est d'avoir une bonne rétention puis une bonne attractivité dans le système public. Et ça, ils ne le font pas parce que, pour faire ça, il faut mettre l'argent, et l'argent, en ce moment, ils préfèrent la mettre dans des projets d'infrastructure complètement insensés.

On a fait des propositions, à Québec solidaire, tout au long de l'année pour pouvoir endiguer la crise en santé mentale puis donner vraiment des services aux gens, et ces solutions-là ont été boudées.

Nous, on propose de réembaucher massivement du personnel en santé mentale, des psychologues, bien sûr, des travailleurs sociaux, des psychoéducateurs, d'autres professionnels, d'autres intervenants. Pour ça, il faut leur donner des conditions qui sont bonnes. Et, par conditions, je ne parle pas uniquement des conditions salariales. Il faut améliorer l'autonomie professionnelle, permettre aux gens de choisir l'approche qu'ils veulent pratiquer, celle dans laquelle ils ont une spécialisation, celle qu'ils jugent la plus appropriée à la personne qu'il y a devant eux, parce que la diversité des approches, c'est important. Les mêmes approches ne sont pas universellement bonnes pour toutes les personnes.

Il faut aussi qu'on ait... qu'on mette une fin au nombre de séances limite que quelqu'un... à laquelle quelqu'un a droit dans le système public. C'est au professionnel de décider quand un traitement prend fin. C'est comme ça que ça fonctionne dans le système de santé en général. On ne dit pas à quelqu'un qui fait de la chimiothérapie : Bien, vous avez le droit à 15 séances et puis, après ça, c'est terminé. On le traite jusqu'à ce qu'il soit guéri, et c'est comme ça qu'on devrait traiter l'enjeu de la santé mentale également.

On devrait aussi, pour améliorer le recrutement dans le système, favoriser le recrutement d'internes en psychologie. En ce moment, les internes en psychologie, ils ont des conditions déplorables, qui, à la limite, on dirait qu'elles sont conçues pour les pousser vers le privé.

Alors, pour les internes, nous, ce qu'on a proposé, c'est, d'une part, de leur donner des conditions qui ressemblent aux résidents en médecine, c'est-à-dire un salaire équivalent, et aussi le statut de salarié, et puis aussi qu'on leur permette d'appliquer sur des stages qui sont transparents, des stages dans lesquels on leur dit : Voici le genre de populations auprès desquelles vous allez travailler, voici dans quelle région vous allez travailler. Est-ce que ça vous intéresse? Oui? Comme ça, on aurait une meilleure attractivité puis on aurait des gens qui seraient intéressés à aller pratiquer puis à joindre les rangs du public.

Alors, c'est des choses qui sont simples, qui demandent de l'argent, et on ne peut pas se permettre de ne pas mettre cet argent-là. En ce moment, là, on a beau être dans une situation de sortie de crise, où il y a un déficit important, l'argent qu'on met en santé mentale sauve de l'argent ailleurs. Les études démontrent que chaque dollar mis dans les soins de santé mentale économise deux dollars au reste du système de la santé. On a, en ce moment, une consultation sur trois, dans le réseau, qui concerne la santé mentale et on a seulement 6 % du budget, environ, de la santé qui est attribué à la santé mentale. Et c'est quelque chose qui nous coûte cher. On ne peut pas se permettre d'économiser.

En ce moment, le ministre Carmant, là, son gros plan, là, c'est de faire de la réorganisation de système. C'est de dire, avec son programme québécois pour les troubles de la santé mentale, là, de dire qu'ils vont... en organisant mieux les soins, bien, tout va mieux s'arranger. Mais c'est essentiellement ce que les libéraux nous disaient. Ils nous disaient : On coupe l'argent, mais on va mieux réorganiser. C'est la réingénierie de l'État de Charest. C'est la même idée de dire : On va bouger les choses à l'intérieur sans mettre plus de ressources, sans mettre plus de gaz, si vous me permettez l'analogie, mais ces choses-là ne fonctionnent pas.

La Modératrice : Merci. On va prendre vos questions.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que le déconfinement va faire en sorte que la pression va baisser un peu, là, sur les ressources en santé mentale et va aider les gens, peut-être, à retrouver une certaine forme de normalité, quoique les dégâts sont quand même assez profonds pour certaines personnes?

M. Zanetti : C'est sûr qu'on le souhaite. On peut le penser. Il y a des choses en santé mentale qui ont mieux été pendant la pandémie. Il y a des choses qui ont moins bien été. Il y a évidemment des études qui ont à être faites par rapport à ça, mais je pense que, pour certaines personnes, le stress financier a diminué à cause de la PCU, entre autres, puis ça a amélioré la situation de certaines personnes. La solitude a exacerbé la détresse d'autres personnes. Alors, il va falloir voir. Moi, je souhaite que ça fasse ça.

Mais même si on revenait, en quelques semaines ou quelques mois, à une situation qui était similaire à celle d'avant la pandémie, il y avait un problème avant la pandémie. Il y avait aussi des listes d'attente pas possible. Moi, j'ai travaillé comme préposé aux bénéficiaires, ça fait longtemps, mais la situation s'est juste empirée depuis, dans un hôpital psychiatrique, puis on voyait le phénomène de la porte tournante, hein? Les gens qui viennent à l'hôpital, le temps d'une crise, puis après ça, on les revoit aux six mois, on les revoit aux années parce qu'il n'y a pas de traitement puis pas de suivi approprié après ça. Et c'est quelque chose qui, non seulement a un coût humain terrible, ça détruit la vie des gens, mais en plus, ce n'est pas comme si, de l'autre côté, on économisait en faisant ça. C'est beaucoup plus cher.

M. Laforest (Alain) : Ma question, c'est... ce soir, là, même s'il fait presque -1° dehors, les gens vont pouvoir aller sur les terrasses... En fin de semaine, on va pouvoir avoir des petits rassemblements et on retrouve un peu ce qu'on avait l'été prochain, avec la possibilité d'avoir un peu plus.

Ça, est-ce que vous pensez que c'est quelque chose qui va faire en sorte que ça donne une bouffée d'air suffisante pour que ceux qui ont vraiment de gros problèmes de santé mentale, bien, la pression baisse un peu ou le mal est tellement profond que ça ne va pas baisser, là?

M. Zanetti : Je pense que le mal est tellement profond que ça ne va pas baisser. Par contre, est-ce que ça va faire du bien au moral? Ça, c'est clair, ça va faire du bien au moral, mais on est... La situation de la crise en santé mentale, qu'on avait même avant la pandémie, elle dépasse largement une question de : le moral va-t-il ou ne va-t-il pas? Il y avait vraiment et il y a encore un manque de ressources profond dans le système public pour répondre aux besoins.

M. Bergeron (Patrice) : Mais quand vous parlez, donc, d'un nombre illimité de séances... On en connaît, il y a des gens, là, qui font des thérapies pendant des années, des années, des années. Donc, aucun plafonnement, c'est bar ouvert, c'est ça?

M. Zanetti : Ce serait au clinicien de déterminer la fin de la thérapie. La situation que vous décrivez, c'est dans un système privé où c'est le patient qui décide quand il arrête puis quand il termine. Évidemment, les patients peuvent refuser des soins n'importe quand, puis c'est comme ça qu'il faut que ça se passe dans le public aussi, mais je pense que ça devrait relever de l'évaluation du clinicien.

M. Laforest (Alain) : Ça coûte combien, ça? L'avez-vous évalué?

M. Zanetti : Bien, c'est des choses qu'on va détailler, évidemment, dans une plateforme électorale ultérieurement, là, des choses qu'on a calculées aussi dans le passé, mais là je n'ai pas ce chiffre-là de mémoire ce matin.

M. Laforest (Alain) : Mais est-ce que le 100 millions disponible est suffisant?

M. Zanetti : Ah non! Non, clairement pas, là. Il faudrait beaucoup plus. Puis même, dans le système de santé en général, c'est des milliards qu'il faut mettre là-dedans.

M. Lavallée (Hugo) : En ce qui concerne le déconfinement de façon plus générale, comment vous voyez ça? Est-ce que vous avez des inquiétudes? Vous pensez que tout va bien aller? Que les gens vont peut-être être trop pressés d'assouplir les mesures, même celles qui ne le sont pas encore? Comment vous voyez ça?

M. Zanetti : Bien, moi, j'ai confiance en la prudence des gens. Évidemment, on les incite à la prudence, là. C'est sûr que c'est enthousiasmant, cette espèce d'élan de liberté là puis ces nouvelles permissions là, et puis moi, je suis le premier à être content, personnellement, que ça arrive. Je pense que, si on en est arrivés là, c'est aussi parce que les gens ont été, de façon majoritaire, très, très responsables puis que ça a fonctionné, les mesures sanitaires. Ça n'a pas été une réussite à cause qu'il y a eu une répression armée incroyable, là. Les gens ont vraiment respecté ça. Je pense qu'on peut s'attendre aux mêmes comportements.

M. Laforest (Alain) : Donc, le merci du premier ministre dans les publicités ce matin, c'est une bonne chose. Vous trouvez que c'est une bonne chose?

M. Zanetti : Bien, moi, je pense qu'il faut reconnaître que cette pandémie-là, si on commence à en sortir, c'est parce que les gens ont agi de manière responsable. On aurait eu beau mettre toutes les mesures qu'on voulait, si les gens ne s'étaient pas sentis impliqués et responsables, ça n'aurait peut-être pas fonctionné.

M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que ça justifie une publicité dans les journaux de la part du premier ministre ce matin?

M. Zanetti : Bien, écoutez, je ne sais pas. Je pense qu'avec les points de presse qu'il fait régulièrement il peut passer ses messages comme ça. Moi, en tout cas, je n'ai pas vu la publicité encore, là, mais...

M. Laforest (Alain) : Concernant l'obligation d'avoir encore une quarantaine, là — c'est remis en question, entre autres, par le fédéral — lorsque vous arrivez par avion et non pas par terrestre, est-ce qu'on devrait lever ça carrément, juste se fier aux 14 jours puis se fier à la bonne volonté des gens chez eux, là, pour ceux qui arrivent de l'extérieur?

M. Zanetti : C'est une question importante. Je vous référerais à notre porte-parole en matière de santé publique, Gabriel Nadeau-Dubois, par rapport à ça, là. C'est des détails assez précis.

Je vous remercie. Bonne journée.

(Fin à 9 h 30)

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