(Huit heures dix-neuf minutes)
M. Zanetti : Bonjour, tout le
monde. Écoutez, on a su aujourd'hui qu'on aurait des détails au sujet du troisième
lien et du projet de desserte des banlieues de la CAQ lundi prochain. Et je
pense qu'il est important de dire déjà que ce projet-là est extrêmement problématique.
Le gouvernement s'entête dans quelque chose, là, qu'il a promis pour des
raisons complètement électoralistes et qui va devenir un gouffre à cash. On a
hâte de voir c'est quoi, les détails, mais ça va coûter une beurrée.
En ce moment, là, tout le monde le dit, il
y a de la surchauffe dans l'industrie de la construction. Il y a une pénurie de
main-d'oeuvre. Et qu'est-ce que le gouvernement va faire? Il va utiliser ça
pour construire un tunnel en dessous du fleuve Saint-Laurent, élargir presque
toutes les autoroutes de la ville de Québec, à ce moment-ci, alors que ça ne
répond absolument à aucun besoin de mobilité réelle.
Ce projet-là va augmenter les GES. Ce
projet-là va augmenter le nombre de voitures au centre-ville de Québec. Ce
projet-là va augmenter la congestion. Ce projet-là va augmenter l'étalement
urbain. Ce projet-là va coûter des milliards de dollars et va aller exactement
dans la direction opposée de laquelle il faut qu'on s'en aille, au
XXIe siècle, si on est sérieux dans nos objectifs de lutter contre les
changements climatiques. Alors, c'est vraiment une catastrophe.
J'ai hâte de voir les détails, évidemment.
Mais moi, j'appelle la Coalition avenir Québec, là, à abandonner ce projet-là
puis à arrêter de faire passer son orgueil avant l'intérêt des gens de Québec. Parce
que c'est ça qui est en train de se passer. Ils s'acharnent. Et puis, moi, je
trouve ça extrêmement problématique.
Et il va y avoir de la contestation, hein?
Les gens de Québec, là, ne laisseront pas leur ville se faire scarifier encore
une fois comme dans les années 70 avec les gros projets de béton. Ce n'est
pas vrai, ça.
Les gens, ils savent, ils veulent plus de
verdure, ils veulent des secteurs davantage piétons, où il fait bon vivre, ils
veulent pouvoir vivre près de chez eux, aller dans les rues commerçantes. Ils
ne veulent pas qu'on élargisse les autoroutes puis attendre 20 minutes à
chaque feu rouge pour traverser à cause qu'il y a du trafic comme ça n'a pas
d'allure.
Alors, voilà ce que je voulais dire ce matin
essentiellement.
Mme Ghazal : Merci beaucoup, Sol.
Alors, aujourd'hui, j'ai deux sujets dont je veux vous parler très, très
rapidement.
Tout d'abord, une bonne nouvelle, je veux
souligner, et féliciter, et remercier les trois nations innues qui s'opposent
au projet GNL Québec. Ils ont eu des discussions avec la compagnie, il y a eu
des rencontres, ils sont arrivés à la même conclusion que les groupes
écologistes, les partis d'opposition, mais aussi les citoyens au
Saguenay—Lac-Saint-Jean, que c'est un projet qui va apporter un préjudice aux
générations futures, puis qui va exactement à l'encontre de la lutte aux
changements climatiques, et qui n'est même pas sain aussi pour la question
économique.
Moi, ce que je ne comprends pas, c'est
pourquoi est-ce que le gouvernement, lui, n'arrive toujours pas à la même
conclusion. Il continue, il continue, il continue à poser des questions à GNL
Québec. Il n'y aura pas d'autre réponse différente que c'est un mauvais projet
sur le plan de la lutte aux changements climatiques, sur le plan économique,
sur tous les plans. Donc, la seule conclusion raisonnable, c'est de le rejeter.
Et donc j'étais très, très contente de souligner cette opposition-là.
L'autre point que je veux vous parler et
qui me tient particulièrement à coeur, je présente aujourd'hui une motion à
l'Assemblée nationale du Québec. Vous savez tout ce qui est en train de se
passer en ce moment en Palestine. Et cette motion-là affirme notre soutien. En
fait, j'espère que, si les autres partis d'opposition l'appuient, que
l'Assemblée nationale puisse affirmer son soutien au peuple palestinien pour
que les violences qu'actuellement des victimes innocentes sont victimes en ce
moment... Il y a des gens qui décèdent, il y a des enfants qui décèdent, et
j'espère de tout coeur que ça va cesser. Et ma motion demande qu'il y ait un
message clair, que le gouvernement du Québec, que l'Assemblée nationale du
Québec, que les Québécois envoient un message clair de solidarité envers les
populations, le peuple palestinien qui souffre.
Vous savez, je le dis, je le répète tout
le temps, je suis Québécoise jusqu'au bout des ongles, je suis fière de ça.
Mais je ne peux pas oublier que je suis aussi née au Liban dans une famille
palestinienne, de réfugiés palestiniens, et l'histoire de ma famille est liée à
l'histoire... et mon histoire personnelle à l'histoire de ce peuple. Et, quand
je vois ce qui se passe en ce moment, bien, ça vient m'affecter
particulièrement, et je suis certaine qu'il y a beaucoup de Québécois et de
Québécoises qui partagent cette souffrance qu'on ressent et cette empathie
envers ce peuple.
Malheureusement, au Québec, nous ne sommes
pas encore un pays indépendant, ce qui fait que nous n'avons pas de place dans
le concert des nations pour exprimer par nous-mêmes, les Québécois, notre
solidarité envers le peuple palestinien. Donc, à défaut d'être indépendant, je
demande que le gouvernement de... que M. Legault, que Mme Nadine
Girault fassent pression sur M. Trudeau pour qu'il soit plus ferme dans la
dénonciation des attaques aux droits internationaux qui sont totalement bafoués
en ce moment. Donc, j'espère qu'il pourra le faire. Et je souhaite ardemment et
du fond de mon coeur qu'on amène ce message clair au peuple palestinien, aux communautés
aussi qui sont ici, et que ma motion soit adoptée.
La Modératrice
: Merci.
On va prendre vos questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît.
M. Bergeron (Patrice) :
Bien, parlons Palestine, tiens. Bien, est-ce qu'il n'y a pas matière, quand
même, à prudence? Parce qu'il y a quand même plusieurs parties qui sont
impliquées. Il y a le Hamas qui bombarde aussi Israël. Et tout le monde sait
qu'il est difficile de pouvoir tracer, de démarquer, de dire qui a raison, qui
a tort dans un conflit comme ça.
Mme Ghazal : Écoutez, ça
fait 73 ans que ça dure. Le 15 mai, ce samedi, on souligne les 73 ans
de la Nakba, qui est la catastrophe où les Palestiniens, dont ma famille, ont
été expulsés. Donc, c'est sûr que c'est toujours difficile de... Je veux dire,
on ne réglera pas ce problème-là, ce conflit-là dure depuis très, très
longtemps. Et, à Québec solidaire, et moi aussi, évidemment, on condamne toutes
les violences, peu importe d'où elles viennent, qu'elles viennent du Hamas ou
qu'elles viennent de l'État d'Israël. Évidemment, on ne peut pas ne pas
souligner, c'est un fait, là, que tout le monde convient, quand l'État d'Israël
frappe, ça fait des victimes immenses. Quand le Hamas frappe, c'est très,
très... ça fait peur aux populations et c'est extrêmement condamnable, mais
disons que les victimes ne sont pas du même ordre. Et, dans ce sens-là, les
responsables palestiniens, ils ont une responsabilité parce qu'ils savent que,
quand ils frappent, ça va être leur peuple à eux aussi qui vont être touchés.
Donc, on condamne les violences, peu importe d'où elles viennent.
M. Bossé (Olivier) : ...est-ce
que c'est dans votre motion? Est-ce que vous parlez aussi, par exemple, des
décès israéliens ou non?
Mme Ghazal : Oui. Dans la
motion, si vous la lisez, là, je... c'est très... En fait, c'est plus le côté
humain, la solidarité. Il y a des victimes du côté de la Palestine, d'Israël.
Donc, ça devrait être consensuel. Je souhaite vraiment ardemment que ça soit...
C'est vraiment pour exprimer notre solidarité et le fait qu'on veut que ces
violences cessent parce qu'il y a des victimes innocentes. C'est toujours les
mêmes, hein, qui souffrent. Il y a des gens qui prennent des décisions, mais
ceux qui meurent, ceux qui souffrent, bien, c'est des gens innocents qui ne
font pas de politique, qui n'ont rien, rien à voir là-dedans, notamment des
enfants, et ça, c'est des deux côtés.
M. Bossé (Olivier) :
...sur le troisième lien, je sais que ça fait des mois, sinon des années que
vous dites que c'est un scandale, que ça ne devrait pas se faire. Ça va se
faire, là. Est-ce que votre seule option, c'est de continuer à dire que ça n'a
pas de bon sens ou vous avez peut-être des éléments à dire pour amoindrir ou
pour améliorer ça pour que ça soit peut-être moins pire, je ne sais pas?
M. Zanetti : Bien, moi,
je ne partage pas votre certitude sur le fait que le troisième lien va se
faire. Il y a une mobilisation populaire qui est bien enclenchée, depuis longtemps,
qui n'est pas terminée. Ce ne serait pas le premier gros projet néfaste pour l'environnement
que les mobilisations populaires sont capables de faire reculer. Regardez
Beauport 2020, qui a été reporté. Là, c'est Laurentia. Laurentia, on n'est
pas sûr que ça va se faire non plus, et c'est une bonne chose. Il y a des
projets qui sont bons pour l'environnement, il y a des projets qui sont mauvais
pour l'environnement, qui détruisent les villes. Et puis, ces projets-là, ce
n'est pas parce qu'ils sont l'objet d'une annonce avec un budget puis de
détails sur où les choses aboutissent qu'ils finissent par aboutir pour vrai.
Moi, je pense que c'est irréaliste de
penser qu'ils vont réussir à faire ça. Et je pense que les détails qu'ils vont
nous donner lundi vont juste donner des munitions supplémentaires aux
opposants. Parce que, jusqu'ici, sur le principe, c'est sûr qu'on le sait, là,
élargir, augmenter les autoroutes, les amener au centre-ville, on sait, c'est
quoi, les effets de ça, peu importe comment vous le faites, là, sur
l'environnement. Mais là, on va savoir exactement comment ça coûte. Moi, je
pense qu'il y a beaucoup de partisans du troisième lien qui vont dire :
Oh! O.K., je ne pensais pas que ça coûterait autant, puis vous êtes en train de
me dire qu'avec cet argent-là, on serait capable de faire tant d'autres choses
plus utiles, plus importantes qui me serviraient mieux?
Moi, je pense que ça va faire chuter
l'appui au projet et puis que la CAQ va réaliser qu'il faut qu'ils arrêtent de
s'accrocher à cette espèce de lubie électoraliste là et puis qu'ils réalisent
que, là, ils sont au gouvernement puis ils doivent agir pour l'intérêt des gens
de Québec, l'intérêt de la planète, puis que le projet de troisième lien ne va
pas du tout dans ce sens-là.
Alors, nous, pour être clair, là, on va
continuer la mobilisation, continuer de soutenir la mobilisation citoyenne par
rapport à ça. Puis moi, j'ai bon espoir que ce projet-là n'arrive jamais.
M. Bergeron (Patrice) : Quand
vous parlez de contestation, vous avez dit : Il va sûrement y avoir de la
contestation. Quel genre de contestation, au juste, là? À quoi vous pensez? Des
immenses manifs? Des gens qui vont s'enchaîner à des infrastructures?
M. Zanetti : Bien, moi, je ne
pense pas qu'il va y avoir des infrastructures auxquelles on va s'enchaîner,
dans le sens où je pense que le projet va être abandonné avant ça. Mais je
pense qu'avec les lettres ouvertes dans les journaux, la sensibilisation
citoyenne par le biais des médias sociaux, la façon dont les médias, aussi,
vont en traiter plus en profondeur parce qu'ils vont avoir des détails, enfin,
à faire analyser, les experts qui vont dire : Ah! voyez, telle
conséquence, on peut prévoir que ça va arriver, moi, je pense que ça va
augmenter le nombre d'arguments contre le projet puis que ça va faire basculer
l'opinion populaire. Et, quand l'opinion populaire va basculer, moi, j'ai
l'impression que le gouvernement va être très tenté de reculer parce qu'il va
réaliser qu'il n'y aura probablement pas autant de députés qu'il y en a eu,
dans la région de Québec, s'il s'entête à faire passer son orgueil puis cette
promesse électoraliste là par-dessus l'intérêt de la planète puis l'intérêt des
gens de Québec.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant, donc, le projet de langue française qui va être déposé aujourd'hui,
quels objectifs le gouvernement devrait se donner, clairement? Bon, parce qu'on
sait, là, on voit plusieurs indicateurs en recul ces dernières années. Quelle
devrait être la cible, précisément, du gouvernement? Qu'est-ce que vous allez
surveiller?
Mme Ghazal : Oui, bien cette
semaine, vous le savez sûrement, j'ai déposé le livre orange pour la protection
de la langue française de Québec solidaire, et le plus gros du plan, c'est
vraiment la langue au travail. La langue française est aussi une question, oui,
de protection de notre identité, de notre culture, mais c'est aussi une
question de justice sociale. Il y a des gens qui arrivent au Québec parce qu'ils
parlent français, c'est pour ça qu'on les choisit, et après ça, on leur dit :
Bien, vous ne pouvez pas avoir d'emploi, vous devez parler anglais. Et ça, c'est
extrêmement problématique et ça envoie un mauvais message.
Donc, j'espère de tout coeur que le
gouvernement va donner plus des mesures qui vont faire en sorte que les
entreprises aussi — nous à Québec solidaire on dit que c'est à partir
de 10 employés et plus — vont aussi être soumis à la Charte de
la langue française, qu'il va y avoir de la francisation en milieu de travail
parce que c'est la façon la plus efficace pour protéger la langue française.
M. Lavallée (Hugo) : Est-ce
que ça prend un objectif ciblé, précis, chiffré, par exemple, comme le
recommande le Mouvement Québec français?
Mme Ghazal : D'avoir une cible
par rapport à…
M. Lavallée (Hugo) : Au
travail, par exemple.
Mme Ghazal : Au français au
travail? Bien, écoutez, si, par… Parce qu'en ce moment les indicateurs nous
montrent qu'on… quoi, par exemple, dans la région de Montréal, 63 %, là, demandent
la connaissance de l'anglais. Nous on dit que, ça, il faut l'interdire, puis,
si c'est absolument nécessaire, il faut que l'employeur le justifie dans
l'offre d'emploi directement. Et, si on veut arriver, puis que cette situation cesse,
puis qu'elle s'améliore au Québec, c'est 40 %… d'avoir des cibles. Puis ça
serait une bonne chose, des cibles, là, puis de mesurer ça. Et c'est pour ça
que le rôle de l'OQLF aussi est important. Et on demande qu'il soit réformé et
que le politique soit moins impliqué là-dedans, que ce soit l'Assemblée
nationale qui nomme les gens à la tête de l'OQLF, comme on le fait avec
d'autres commissions. Et donc d'avoir des mesures réelles, puis de voir
l'évolution, et d'ajuster en cours de route, ça, c'est quelque chose qui serait
souhaitable, oui.
Mme Côté (Claudie) : Mme
Anglade, il y a quelques instants, a émis des craintes que ce projet de loi,
que cette réforme suscite la division. Elle a dit : J'espère qu'on n'ira
pas dans cette voie-là, sans donner plus de détail sur ce qui pourrait susciter
la division. Est-ce que c'est une opinion que vous partagez? Qu'est-ce qui
pourrait susciter la division?
Mme Ghazal : Bien, hier ou
avant-hier, Manon Massé aussi en a parlé beaucoup de la question qu'on est dans
une atmosphère de polarisation, au Québec, sur beaucoup d'enjeux. Mais il
faudrait utiliser la langue pour nous unir, la langue française. Il y a un
consensus en ce moment à l'Assemblée nationale, dans la société, tout le monde,
je veux dire, la loi 101 est une grande loi, et les Québécois y tiennent, puis
ils veulent protéger la langue française, et ils veulent qu'il y ait une
modernisation pour face au défi aujourd'hui.
Donc, il faudrait en profiter, de ce
consensus-là social, pour unir autour de la langue française et de ne pas
pointer des gens en disant que c'est à cause d'eux, par exemple les immigrants,
je vais le nommer, je veux dire, on l'entend ce discours-là, les immigrants qui
viennent au Québec, qui ne parlent pas français, c'est à cause d'eux que le
français recule. Bien, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai parce qu'il y a des
immigrants francophones unilingues et aussi des gens qui sont ici depuis
toujours, unilingues francophones qui n'arrive pas avoir des postes à la
hauteur de leurs compétences, comme ça se passait dans les années 50 et 60,
et parce qu'ils doivent connaître l'anglais. Donc, ça, il faut que ça arrête.
Et donc profitons-en, et le ministre
Jolin-Barrette et le gouvernement de la CAQ ont un rôle et une responsabilité
pour unir et qu'on ne soit pas dans cette atmosphère-là de polarisation, tout
en prenant des choix difficiles, tout en faisant des choix qui peuvent être
difficiles et contestables.
M. Lacroix (Louis) : Le fait
que le ministre Jolin-Barrette soit le ministre responsable de ce dossier-là, est-ce
que ça suscite chez vous des craintes de confrontation en commission
parlementaire, comme ça avait été le cas, entre autres, avec la loi n° 21,
où M. Jolin-Barrette était resté très, très sur ses positions, entre
autres, sur l'étude article par article. Finalement, ça s'est retrouvé en
bâillon. Est-ce que c'est une crainte que vous avez?
Mme Ghazal : Moi, il y a eu
les crédits budgétaires, la semaine passée, et j'ai posé exactement cette
question-là à M. Simon Jolin-Barrette. On est dans une atmosphère de
polarisation, il y a des jeunes Québécois qui ne se sentent pas Québécois, qui
ne se sentent pas liés avec les institutions du Québec, etc. Et je lui ai
demandé : C'est quoi, votre rôle? Il m'a dit clairement, là, noir sur
blanc : La langue française, moi, ce que je veux... c'est notre socle
commun, il faut que ça appartienne à tout le monde, et peu importe nos
origines, et je veux unir les Québécois autour de ce projet-là. Donc, je le
prends sur parole.
M. Lacroix (Louis) : Ça vous
a rassuré?
Mme Ghazal : Bien, moi, oui.
Bien, je veux dire, ça m'a rassurée, c'est à voir, là, c'est à voir qu'est-ce
qui va arriver. Moi, je suis en collaboration, ouverture. Je lui ai proposé les
21 propositions. J'espère qu'on va les retrouver dans le projet de loi. J'ai
aussi hâte que vous de le voir et... Oui.
La Modératrice
:
Dernière question.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce que ces gens-là vous ont dit pourquoi ils ne se sentaient pas Québécois?
Qu'est-ce qui faisait qu'ils...
Mme Ghazal : Bien, ça, c'est très
intéressant, je vous invite à lire, c'est une lettre qui est parue à la fin du
mois d'avril par M. Gérard Bouchard, donc, professeur à l'université de
Chicoutimi, et qui a dit qu'il faut que la loi 101 soit réformée. Mais on
est dans une atmosphère... Il a parlé d'une étude qui a été faite récemment, de
jeunes de la deuxième génération, jeunes qui viennent de familles africaines et
qui sont immigrés au Québec, deuxième génération, certains sont nés... et ils
disent qu'ils ne se sentent pas Québécois.
Maintenant, les raisons, il faudrait... Je
n'ai pas tout lu l'étude, mais, je veux dire, ce qui est important, c'est
qu'ici, à l'Assemblée nationale, on donne l'exemple à ces jeunes-là puis qu'on
leur dise : Le Québec aussi vous appartient. Moi, je sens cette
responsabilité-là, c'est pour ça que je ne refuse jamais aucune invitation pour
des jeunes dans des écoles, partout, pour qu'ils voient qu'ils ont le droit de
se sentir Québécois, que le Québec leur appartient, que ces institutions-là,
cette maison du peuple leur appartient, ce n'est pas étranger à eux.
Et, quand ils voient des exemples, je
parle de moi, mais j'ai d'autres collègues aussi issus de l'immigration, et qui
se sentent Québécois, puis qui sont députés, puis qui représentent la
population québécoise, vous n'avez pas idée, on sous-estime l'impact de ces
exemples positifs sur ces jeunes-là. On le sous-estime. Et je suis sûre que
M. Jolin-Barrette va être sensible à ça. S'il ne l'est pas, je vais le
rendre sensible.
M. Lavallée (Hugo) : …le
congrès de Québec solidaire, cette fin de semaine, là, on a vu ces derniers
temps le débat avec la place du Collectif antiraciste. Êtes-vous inquiète que
le parti se déchire autour de cette question-là?
Mme Ghazal : Bien, ça, c'est
une question interne qu'on va régler à l'interne, en conseil national, avec
tous les membres de Québec solidaire, les délégués qui vont être présents. Et
moi, je suis confiante qu'à Québec solidaire le message qui va sortir de là,
c'est que la lutte contre le racisme, le racisme systémique, que le
gouvernement ne reconnaît pas, est extrêmement importante. Et il faut faire ce
débat-là de la façon la plus respectueuse, la plus inclusive possible. Et il y
a des règles, aussi, dans le débat. Nous ne sommes pas contre le débat, au
contraire. Et moi, je suis confiante que la majorité des membres sont d'accord
avec moi, avec ce qui a été dit aussi sur le fait qu'on ne peut pas faire la
lutte contre le racisme en divisant, mais plutôt en unissant.
M. Lacroix (Louis) : Et c'est
ce que fait le collectif, à votre avis?
Mme Ghazal : Oui, absolument.
La façon que le collectif s'exprime dans l'espace public est inacceptable, est
inacceptable. Et de penser…
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous allez appuyer la motion de blâme?
Mme Ghazal : Oui, absolument,
absolument, et je suis confiante que la majorité, aussi, des membres vont
l'appuyer, absolument. Puis moi, comme personne issue de l'immigration, je ne
me reconnais pas dans les façons de faire de ce collectif.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer en anglais...
M. Lavallée (Hugo) : Juste
une… Le collectif dit : Il y a du racisme systémique même à l'intérieur de
Québec solidaire. Est-ce que vous souscrivez à cette vision-là?
Mme Ghazal : Non, je ne la vis
pas. Écoutez, Québec solidaire n'est pas un parti parfait, mais la démocratie… Il
n'y a pas de décision... Ce n'est pas moi qui prends de décisions, ce n'est pas
Manon Massé, ce n'est pas Gabriel Nadeau-Dubois, c'est vraiment les membres qui
décident. Et moi, je suis sûre que le signal qui va être donné en fin de
semaine, c'est que, oui, on a des choses à faire pour nous améliorer, pour
avoir plus de représentativité, notamment dans notre staff, dans les… On fait
beaucoup, beaucoup cet effort-là depuis toujours, depuis le début de
l'existence de Québec solidaire. Mais est-ce qu'il y a des choses à
s'améliorer? Absolument, toujours, tout le temps. Et cet effort-là est fait, et
on continue à le faire, mais il faut le faire sur des bonnes bases et avec un
dialogue et du respect.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer en anglais.
M. Grillo (Matthew) :
Bonjour.
Mme Ghazal :
Good morning.
M. Grillo (Matthew) : Good morning. In your mind, what issue… what needs to be dealt with
first by the Government when it comes to promoting and protecting French?
Mme Ghazal :
Yes. Québec solidaire, we submitted a plan of 21 proposals to protect the
French language in Québec, and the main proposals are about the workplace
language. It's important in Québec that the workplace... When people work, they
spend the most time of their lives in their workplace, so it's important that
language of communication to be the French language. So, I hope that the
Government of la CAQ and Simon Jolin-Barrette will give responsibilities to the
compagnies, to businesses. And at Québec solidaire we want to apply the
Bill 101 to businesses of 10 employees and more, to give them... the
responsibility to make sure that the French will be the language of
communication every day in the workplaces.
M. Grillo (Matthew) : Down the road, in the years to come, obviously, if this bill is
passed, do you worry it won't have the impact that everybody hopes it will
have?
(Interruption)
Mme Ghazal :
I'm not sure to understand… Yes. Oh my god! OK.
M. Grillo (Matthew) : Do you worry, once the bill is passed, in the years to come, that
it won't necessarily have the impact that everybody hopes it will?
Mme Ghazal :
To improve the French language?
M. Grillo (Matthew) : …promote and protect French.
Mme Ghazal :
Well, it depends. I can't wait to see the bill, and we will see, after, what
are the measures. And maybe, also, to measure the evolution of the situation of
French will be a good thing. OQLF can do that. And so, no, I don't have this…
I'm not scared of that. We will see the bill, we will see the measures and we
will work in collaboration with the Government to make sure that the situation
will improve.
La Modératrice
:
Dernière question.
M. Grillo (Matthew) : Is it something, you guys, will be keeping sort of a close eye on,
to follow up on, to be sure the bill is having the impact that you want it to
have, right?
Mme Ghazal :
Yes. The French language is important in Québec for the future generations, so
it's an important issue for Québec solidaire. And it's important, but it's
important also to protect the minority's right, to promote even their culture,
other languages. These principles of inclusion are very important for Québec
solidaire, while we are doing the bill on the French language debate, but… And
we will continue to follow the situation over the years, for sure, because it's
important for us.
M. Grillo (Matthew) : Thank you. Merci.
Mme Ghazal :
Thank you.
(Fin à 8 h 41)