(Dix heures)
Le Modérateur
: Bonjour
et bienvenue à cette conférence de presse du chef parlementaire du Parti
québécois, M. Pascal Bérubé, accompagné du chef du Parti québécois,
M. Paul St-Pierre Plamondon. Je vous cède la parole.
M. Bérubé : Merci. Bonjour.
Mon nom est Pascal Bérubé. Je suis le porte-parole en matière de langue
française pour le Parti québécois, et c'est moi qui vais débattre avec le ministre
Jolin-Barrette sur le projet de loi n° 96 sur la langue française. Aujourd'hui,
nous présentons notre propre plan, plan d'urgence sur la langue française, et quelques
éléments importants à vous dire.
Jamais, dans toute l'histoire du Québec,
une formation politique n'aura été aussi engagée concrètement pour la langue
française à travers des gestes courageux, des gestes forts : c'est la
loi 101, en 1977, déposée par Camille Laurin, un ministre du gouvernement
Lévesque, du Parti québécois, jusqu'au projet de loi n° 14, en 2013, avec
Pauline Marois, première ministre du Québec. Et, depuis des décennies, le Parti
québécois a fait de l'enjeu de la langue un des fondements de son engagement,
des batailles politiques, et on n'a jamais fait de distinction entre
l'indépendance du Québec, nécessaire pour s'assurer de pleinement promouvoir la
langue française. Donc, c'est avec fébrilité et avec grande fierté qu'on vous
présente le fruit de nos travaux aujourd'hui, un plan sérieux et un plan
courageux sur la langue.
Quelques éléments qui m'apparaissent
essentiels à rappeler. Le français est une des grandes langues mondiales. C'est
300 millions de francophones dans le monde. C'est la deuxième langue
étrangère la plus apprise. C'est la troisième langue des affaires. C'est la
quatrième langue sur Internet. Et c'est la cinquième langue mondiale après le
mandarin, l'anglais, l'espagnol et l'arabe. Cette grande langue, nous voulons
la promouvoir, nous voulons la protéger, nous voulons assurer sa pérennité, et
c'est en ce sens que nous avons présenté ce plan.
Et je cède la parole au chef du Parti
québécois, Paul St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci beaucoup, Pascal. Le projet de loi n° 96 a fait l'objet de plusieurs
analyses au cours des derniers jours. Et on a essentiellement un choix dans
l'analyse à faire. Est-ce qu'on s'intéresse à la joute politique dans ce
choix-là, à savoir le positionnement de ce projet de loi par rapport à chacun
des partis, ou est-ce qu'on s'intéresse plutôt à la question fondamentale qui
devrait nous occuper en ce moment, à savoir : Est-ce que ce projet de loi
réussira, oui ou non, à renverser la tendance lourde du déclin de langue
française au Québec?
Pour nous, c'est clair, le seul enjeu,
c'est de réussir à renverser cette tendance-là et de revenir à nos meilleures
années en termes de prépondérance de proportion de locuteurs francophones au Québec.
Et je note au passage que les démographes qui se sont prononcés sur le projet
de loi n° 96 nous disent tous que ce projet de loi là ne
renversera pas la tendance du déclin de la langue française. Je cite entre autres Charles Castonguay, Frédéric Lacroix et
Marc Termote, parmi tant d'autres.
C'est pour ça qu'on arrive
avec un plan qui est courageux, qui est crédible, qui est réfléchi et qui
implique de prendre des décisions difficiles, des décisions qui peuvent être
impopulaires, mais qui sont fondées sur le diagnostic, fondées sur les causes
du déclin, pour arriver véritablement à des résultats.
L'importance des cibles est
le premier message qu'on veut vous communiquer aujourd'hui. Nous ne concevons
pas que le gouvernement puisse arriver avec un plan, un renforcement de la loi
101 et des mesures pour renverser la tendance, sans volonté de mesurer la
tendance. Et je vous montre ici, là, à quoi ressemble la tendance de la langue
française. Donc, on voit une pente descendante.
Et nous avons, au Parti
québécois, décidé de fixer des objectifs, de sorte que dans 10 ans — c'est la courbe ici — avec l'ensemble
des mesures qu'on vous présente ce matin, nous aurons retrouvé la proportion de
82 % de locuteurs qui utilisent le français comme langue d'usage. C'était
notre marque, en 2006, nous sommes déjà en chute de quatre points, nous
attendons une chute encore bien plus importante au cours des 15 dernières
années si on ne fait rien. Nous nous engageons et nous fixons des cibles, des
cibles qui seront mesurées sur une base annuelle par un commissaire à langue
française.
Donc, c'est un peu comme
pour le plan vert de la CAQ. On peut faire de très belles mesures qui
paraissent bien, si on ne mesure pas les gaz à effet de serre qu'on émet et si
on ne se fixe aucun objectif, ce qu'on a, c'est des mesures qui sont en surface,
des mesures de relations publiques. Nous, tant en environnement qu'en matière
de langue française, on dit : Rigueur, rigueur, rigueur. Si on veut
renverser cette tendance-là, on va la mesurer. Et notre objectif, il est clair.
Il est également clair sur
la cause la plus profonde du déclin de la langue française, à savoir les
transferts linguistiques des allophones. Présentement, la cause principale du
déclin de la langue française au Québec, c'est que 45 % des allophones qui
immigrent au Québec vont éventuellement choisir l'anglais comme langue d'usage.
Nous nous fixons donc comme objectif, d'ici 10 ans seulement, à ce que
75 % des allophones choisissent le français. Évidemment, la question se
pose : Comment atteindre ces objectifs-là? Nos messages sont très
clairs depuis plusieurs mois, au Parti québécois, les causes principales du
déclin de la langue française se retrouvent dans les axes d'intervention
suivants : l'immigration, la langue de l'enseignement et la langue du
travail. À ces trois axes-là, ce matin, nous ajoutons un quatrième axe, celui
de la culture.
Donc, non seulement les causes évidentes
du déclin viennent d'une immigration qui choisit l'anglais dans une proportion
trop grande, d'une langue de l'enseignement supérieur qui, malheureusement,
choisit de plus en plus l'anglais tant au cégep qu'à l'université, de la langue
du travail où, dans la région de Montréal, deux Montréalais sur trois disent
utiliser l'anglais au travail, ce sont des causes importantes, mais nous
ajoutons la culture parce que nous croyons sincèrement que la culture est
source d'identité, source d'émotion, source de rattachement à la beauté de
notre langue française, un rendez-vous, finalement, de rassemblement pour tous
les Québécois, peu importe leurs origines, leur langue maternelle.
Donc, je laisserai Pascal développer sur
la culture. Mais donc on se retrouve avec, au Parti québécois, quatre axes d'intervention :
immigration, langue de l'éducation supérieure, langue de l'enseignement et
culture.
En matière d'immigration, notre position
est connue, mais je la réitère parce qu'elle importante. La première cause du
déclin, c'est une immigration qui est largement allophone. Sous le gouvernement
de la CAQ, en 2019, jamais le Québec n'aura accueilli autant d'immigrants
allophones, plus qu'à l'époque de Jean Charest, plus qu'à l'époque de Philippe
Couillard. Et on apprenait, il y a deux semaines, que la CAQ se propose de
hausser les seuils d'immigration et, dans son projet de loi n° 96, ne parle
absolument pas du critère de la maîtrise du français à l'arrivée au Québec.
Donc, là-dessus, le Parti québécois est
très, très clair, si on veut véritablement agir sur la courbe de déclin de la
langue française, nous devons, pour l'immigration économique que nous
contrôlons, parce que, rappelons-le, nous ne sommes pas indépendants, puis il y
a une large proportion de l'immigration qui est décidée par Ottawa, mais pour
la proportion qu'on contrôle dans le cadre actuel, nous exigeons la
connaissance du français à l'entrée, premier critère, et nous exigeons
également que nous ramenions, que nous réduisions les seuils d'immigration à
des seuils comparables avant les augmentations effectuées par Jean Charest.
En moyenne, dans les années 90, début
2000, les seuils d'immigration étaient autour de 35 000 en moyenne, et,
sous Jean Charest, on est passé par-dessus la barre des 50 000 au nom de
la pénurie de main-d'oeuvre. Le constat, qui est soutenu d'ailleurs par
plusieurs économistes, dont Pierre Fortin, le constat, c'est qu'en augmentant
les seuils d'immigration on n'a jamais réussi à solutionner le problème de
pénurie de main-d'oeuvre.
Nous comptons également, en matière
d'immigration, miser énormément sur la régionalisation. Donc, sous notre
gouverne, dans notre plan, un immigrant qui parle déjà français et qui a déjà
des compétences qui correspondent précisément aux besoins d'une entreprise en région
aura un traitement prioritaire. Donc, première mesure, qui est fondamentale, un
incontournable si vraiment on veut agir, ce n'est pas avec un guichet unique,
seulement, qu'on va agir sur les tendances de la langue française découlant de
l'immigration, de la manière qu'elle est faite actuellement : réduire les
seuils et exiger le français pour les immigrants économiques.
Deuxième mesure, en matière de langue de
l'enseignement supérieure : appliquer la loi 101 aux cégeps. C'est un
faux argument et c'est malhonnête de dire qu'on conserve le libre choix. Le
seul libre choix qu'il y a, en ce moment, c'est celui des cégeps anglophones
qui choisissent une infime proportion des étudiants francophones au collégial,
des étudiants qui, les études le montrent, parlent déjà l'anglais.
Donc, le cégep n'est pas un endroit pour
apprendre l'anglais, le cégep est un endroit de socialisation, un endroit
d'études préuniversitaires, et, partout dans le monde, les études
préuniversitaires se déroulent dans la langue nationale. Et c'est ce qu'on
instaure comme principe, à l'image de tous les pays qui ne sont pas pris, comme
le Québec, dans un autre pays qui nous impose le bilinguisme institutionnel,
nous disons : La langue de l'enseignement préuniversitaire, ça doit être
la langue nationale. Et, par la même occasion, on garantit aux étudiants
anglophones un droit non négociable à poursuivre leurs études dans leur langue
maternelle, ce qui en ce moment, malheureusement, n'est pas le cas parce qu'il
y a un contingentement puis une concurrence tels, pour avoir les quelques
places en cégep anglophone, que même des étudiants anglophones se voient exclus
du cégep en anglais.
Autre mesure fondamentale, nous exigeons
la maîtrise de la langue officielle via un examen pour tous les élèves au
Québec, y compris ceux qui ont fait leur cursus en anglais au primaire et au
secondaire. Cet examen uniforme de français ne sera pas le même que dans le
système francophone, mais ce sera un examen en français qui nous assure que les
gradués qui ont fait leur éducation en anglais sont capables de s'intégrer dans
notre marché du travail, qui est en français.
Et c'est une des grosses faiblesses du
plan du projet de loi n° 96 déposé par la CAQ, on ne s'assure pas que
l'examen uniforme a également lieu pour les étudiants qui ont fait leurs cours
en anglais. Donc, on se retrouve donc dans des situations où des Québécois ne
maîtriseront pas le français pour s'intégrer dans des milieux de travail en français.
C'est problématique. Nous voulons un examen de français pour tous les gradués,
y compris les anglophones.
Autre mesure fondamentale, si on veut
véritablement renverser la courbe : interdire l'anglais à l'embauche
lorsque l'anglais n'est pas objectivement justifiable, nécessaire dans la
description de tâches. Les mesures dévoilées dans le projet de loi no° 96 sont
très ambiguës, s'en remettent à la bonne foi de l'employeur. De notre côté, on
veut des mesures fermes et très claires.
Autre mesure incontournable :
appliquer la loi 101 aux entreprises à charte fédérale. C'est important de
rappeler que le gouvernement a fait cette demande-là au gouvernement Trudeau, à
Ottawa, et la réponse d'Ottawa fut on ne peut plus claire, un refus d'appliquer
la loi 101 aux entreprises à charte fédérale. Et on nous a présenté une
bonification somme toute insignifiante de la loi fédérale sur les langues
officielles.
Donc, impossible pour moi de ne pas parler
d'indépendance du Québec. Sur des dossiers comme celui-là, la CAQ nous propose
une relation avec le Canada dans le cadre duquel on fait des gains. Nous
demandons des gains substantiels et structurants, comme la loi 101 aux
entreprises à charte fédérale, pas des symboles comme des modifications de
surface de la Constitution qui n'ont, en fait, aucune indidence sur la langue
française au Québec.
Nous proposons également, comme mesure
essentielle en matière de langue du travail, de rendre conditionnel au respect
de la Charte de la langue française l'octroi des subventions et de tout autre
avantage financier octroyé par l'État aux entreprises. En d'autres mots, si une
entreprise est en contravention de la loi 101, elle se soustrait de l'aide
gouvernementale qui normalement est disponible, de manière à créer des
incitatifs puis une ligne très claire sur le respect de ces mesures-là.
Donc, c'est le tour des mesures que nous
considérons fondamentales, sans lesquelles nous ne réussirons pas à renverser
la courbe. Et vous voyez que ces mesures-là manquent cruellement au plan de la
CAQ. Et ça explique pourquoi analystes et démographes s'entendent pour dire que
cette loi n° 96 là n'aura pas d'impact substantiel sur le déclin que nous
observons déjà. Donc, connaissance de la langue en matière d'immigration et
réduction des seuils en proportion de notre capacité d'accueil en français;
appliquer la loi 101 au cégep; exiger la maîtrise de la langue officielle pour
réussir son cours au cégep; interdire l'anglais à l'embauche quand ce n'est pas
justifié; appliquer la loi 101 aux entreprises à charte fédérale; et rendre
conditionnelle au respect de la loi 101, l'aide financière.
Le plan, ensuite, si on se rend à la page
8, propose toutes sortes de mesures qui sont moins structurantes, moins
fondamentales que les six mesures que je viens de vous nommer, mais qui sont
quand même utiles pour fortifier le statut de langue officielle et de langue
commune. Donc, on en fait vraiment deux catégories : les incontournables,
que je viens de vous nommer, qui sont cruellement manquants dans le plan de la
loi n° 96, et celles qui vont venir bonifier, qui vont venir valoriser notre
langue française.
Donc, pour ce qui est de langue
d'immigration et d'intégration, je vous donne en vrac ces mesures-là qui
viennent bonifier, donc : offrir la gratuité des services de francisation
aux personnes immigrantes et aux membres de leur famille; offrir la formation
linguistique directement sur les lieux de travail à tous les employés ne
maîtrisant pas le français; miser sur la régionalisation de l'immigration — je
vous en parlais tantôt — mais en fixant un objectif minimal clair de
50 % de l'immigration qui sera en région, en donnant la priorité, comme je
vous disais, aux immigrants qui s'engagent à s'installer en région; bonifier
l'aide financière offerte aux candidats à l'immigration qui prennent des cours
de français avant leur arrivée au Québec; et, s'ils ne fréquentent pas déjà nos
institutions d'enseignement, appliquer la loi 101 aux enfants qui viennent
sur une base non permanente. C'est une proposition qu'on avait déjà faite il y
a quelques semaines.
Dans les mesures complémentaires en
matière de langue d'éducation, nous proposons, comme vous le savez déjà depuis
plusieurs mois, de renoncer au financement de 750 millions octroyé à l'Université
McGill et au cégep Dawson, pour rediriger cet investissement-là dans les
établissements postsecondaires francophones qui ont des besoins criants de
financement. On veut également bonifier l'offre des cours en français, dans les
cégeps anglophones, en imposant un cours par session, qui a lieu en français,
dans les cégeps anglophones; bonifier également l'offre des programmes
d'échanges culturels et des stages d'immersion dans les cégeps francophones et
anglophones — en d'autres mots, si on est dans un cégep anglophone,
on peut faire une session en français, pour être certain de passer le test, et
vice-versa, pas qu'il y a un test, mais on peut faire également un stage dans
les cégeps en anglais; augmenter le nombre d'heures consacrées à l'enseignement
du français dans les écoles primaires, secondaires et dans les cégeps du
Québec, en termes de qualité du français; octroyer une part minimale de la note
finale, dans les cours, à la qualité du français dans les travaux notés, une
autre mesure pour augmenter la qualité du français; imposer une proportion
maximale de cours en anglais dans les universités de langue française; modifier
la loi 101 afin d'interdire le recours aux écoles passerelles; et
finalement mettre sur pied un programme consacré à l'art oratoire dans le
cursus scolaire.
Avant de céder la parole à Pascal sur les
mesures complémentaires, je termine sur des mesures que je trouve très
intéressantes. Depuis des années au Parti québécois, en matière d'immigration,
on veut puis on plaide pour une cérémonie québécoise d'accueil et de bienvenue.
C'est quand même lié à l'identité et à la langue française, parce qu'en
accueillant en français puis en disant bienvenue au Québec à nos immigrants, on
créera des attentes différentes de celles que crée volontairement le
gouvernement fédéral dans son bilinguisme institutionnel, dans sa manière
d'accueillir en bilingue nos immigrants. Et on a également des mesures que nous
annoncerons pour s'assurer que l'anglais, comme langue seconde, soit bien
enseigné dans les écoles secondaires.
Donc, c'est les mesures complémentaires en
matière d'immigration et de langue. Et, sur ce, je laisse la parole à Pascal
Bérubé.
M. Bérubé : Merci, Paul. Et je
veux renchérir sur cette question, un accueil chaleureux au Québec, qui parle
de l'importance de la langue française, et l'ensemble des députés de l'Assemblée
nationale seraient chargés de cette cérémonie, c'est nouveau. Ça arrive après
l'accueil au Canada. Il faut bien faire comprendre qu'au Québec ça se passe en français,
belle façon d'accueillir les immigrants. Donc, c'est une innovation importante
et qui est plus que symbolique, aura un impact, là, décisif sur l'appartenance
et la compréhension au Québec.
Je veux vous parler de culture. C'est
l'autre responsabilité que j'ai, à travers d'autres, au Parti québécois. Je
vous amène à la page 7.
Donc, pour nous la langue et la culture,
c'est indissociable. On ne peut pas parler seulement de mesures linguistiques.
Ça doit être accompagné avec force de l'enjeu de la culture. Alors, comment
faire en sorte que nos productions, téléséries, films, musiques puissent
voyager, puissent rayonner sur les plus grandes plateformes du monde, là où il
y a beaucoup de trafic? Bien, le gouvernement du Québec va instaurer un bureau
qui va faire à temps plein la promotion des productions culturelles sur les
plateformes et dans le monde.
Par exemple, on peut s'imaginer que, sur
Netflix, on y retrouve davantage de films québécois, de spectacles d'humour, de
téléséries, de documentaires. C'est un exemple. On veut un bureau pleinement
dédié à s'assurer de faire la promotion de ces oeuvres sur les grandes
plateformes. On est convaincus que, quand les Québécois verront que la qualité
de leurs oeuvres peuvent rayonner partout dans le monde, ça augmentera le
prestige de cette langue qui est une grande langue.
Également, Télé-Québec est un outil
fabuleux, vous savez, Télé-Québec, qui, à travers le temps, a déjà eu un
mandat, notamment, d'alphabétisation, notamment à travers des
émissions jeunesse. Ça a toujours été un outil important, mais on veut
augmenter le budget de façon considérable, notamment pour des émissions de
débat, des documentaires.
Et j'ajouterais, ce n'est
pas précisé là, un grand rendez-vous culturel en direct. Vous savez, autrefois,
Radio-Canada avait Les beaux dimanches. On peut s'imaginer que le samedi
soir pourrait être un moment privilégié pour des grandes productions
culturelles en direct, que ça soit le théâtre, que ça soit la musique, que ça
soit la danse, par exemple. Et, on l'a vu pendant la pandémie, c'était vraiment
très apprécié. Je me souviens de Michel Rivard, mais je me souviens également
de théâtre. Donc, on a pensé à Télé-Québec.
Ensuite, je vous amène à partir de la
page 10 : le français, langue du travail. Alors là, on se distingue
pas à peu près. Écoutez, l'application de la loi 101 aux entreprises de 25
à 49 employés, c'est un message qu'on a depuis des années. Lorsqu'on a proposé
le projet de loi n° 14, et j'y étais, c'était une mesure qui était
urgente. Pourquoi ça n'a pas été fait? Parce qu'on était dans un gouvernement
minoritaire. Et une des formations politiques, qui s'appelle la Coalition
avenir Québec, s'était opposée en disant : C'est de la bureaucratie, ça ne
donnera rien. Alors, je suis heureux de voir qu'ils ont changé d'idée. Mais,
s'ils avaient appuyé le Parti québécois en 2013, on ne serait pas ici à en
parler et on aurait déjà en marche cette francisation dans ces milieux. Donc,
on a perdu plusieurs années parce que la CAQ n'y trouvait pas son profit en
2013. Donc, revirement de situation, la CAQ propose trois ans. On propose deux
ans. Et, si ça pouvait être fait avant, on serait encore plus heureux.
Une aide financière aux entreprises de 25
employés et moins pour toute démarche de francisation et les soutenir dans
l'implantation des bonnes pratiques linguistiques. Enchâsser dans la Charte des
droits et libertés de la personne le droit de vivre et de travailler au Québec
en français ainsi que le droit d'apprendre le français et celui d'être intégré
en français. Assujettir les entreprises de 50 à 99 employés aux dispositions
concernant les comités de francisation. Et assurer une présence nettement
prédominante du français dans l'affichage commercial. On va plus loin que la
CAQ.
Pour le dossier du «Bonjour! Hi!», vous
vous souvenez, j'en suis l'auteur, d'ailleurs, de cette motion, je ne sais pas
si vous le saviez, mais il y avait un objectif, c'était de relever qu'à
Montréal, à Laval et ailleurs, de se faire accueillir dans des boutiques ou
dans des restaurants avec «Bonjour! Hi!» et parfois seulement «Hi!», c'était
inadmissible. Donc, le gouvernement, lui, propose que le citoyen puisse retenir
ce qui s'est passé, faire une plainte une fois chez lui, remplir un formulaire,
signaler la situation. On trouve que... Et — je cherche son
prénom — Louis Morissette, hier à Tout le monde en parle, a
évoqué que c'était très faible, c'est voué à l'échec. Donc, bien sûr que
l'office peut faire des inspections, mais nous, on propose par la positive.
Alors, on peut s'imaginer qu'un commerce
au détail, par exemple, qui s'assurerait d'avoir toujours un accueil en
français, à l'accueil et au service, aurait un certificat de bonne conduite, en
disant : Ici, on sert en français. Et c'est une valeur ajoutée pour ceux
qui respectent les règles. Et on pourrait se poser la question : pourquoi
un commerce, un bureau, une place d'affaires n'a pas cette affiche officielle
du gouvernement du Québec.
Donc, nous, notre approche, elle est
positive, nous allons récompenser les entreprises qui se conforment aux règles,
qui accueillent en français, et elles auront une affichette, comme il existe
dans le domaine du tourisme. Je suis bien placé pour vous le dire, ayant été
titulaire de ce ministère. Ça existe déjà, les étoiles, vous savez, là, les
étoiles pour l'hôtellerie. Alors, la même chose : Ici, on parle en
français puis on respecte les règles. Donc, quand on dit que les Québécois peuvent
voter en achetant, bien, ils vont pouvoir choisir les commerces selon ceux qui
se conforment, pour ceux pour qui c'est important. Donc, c'est une nouveauté,
une approche qui est originale et qui est positive.
Je passe à : «Le français, véhicule
de culture et de fierté». J'avais commencé à vous en parler. Pour les élèves du
secondaire, on crée un passeport culturel québécois de 100 $ par année
afin de les inciter à assister à des prestations artistiques québécoises, évidemment,
en français : théâtre, expositions, etc. Donc, c'est remis en même temps, probablement,
que l'agenda et l'horaire des cours au début de l'année. «Soutenir considérablement
les projets artistiques, les créateurs francophones et québécois. Renouer avec
la diplomatie d'influence en faisant la promotion du français, un point central
de nos relations diplomatiques.»
Je me permets d'ajouter au passage que,
malheureusement, on a vu, dans le gouvernement actuel, et avec l'ancien premier
ministre Couillard, un premier ministre et des ministres s'adressant d'abord en
anglais à des auditoires dans le monde. Ce n'est pas la bonne façon, quant à
moi, de faire la promotion de la langue.
«Ajouter des incitatifs financiers pour
ajouter davantage de francophones hors Québec et hors Canada dans nos
établissements d'enseignement supérieur.» On peut penser à une modulation des
frais de scolarité.
«Lancer un vaste chantier et débloquer des
budgets supplémentaires pour lutter contre l'analphabétisation.» Un des plus
grands enjeux du dossier de la langue, c'est toutes ces personnes qui n'ont pas
une maîtrise suffisante de la langue écrite, de la langue orale. C'est un
bassin considérable au Québec de citoyens, de citoyennes qui doivent pouvoir
obtenir une plus grande autonomie, ce qui va leur permettre d'intégrer un
emploi, d'intégrer une vie sociale, de pleinement s'organiser.
«Campagne avec les 15-30 ans, évidemment
en permanence, en démontrant l'importance du français.» Je vous ai dit, c'est
une grande langue mondiale… favorisant les échanges internationaux en français.
Enfin, en 5 : «Français, langue de
l'État québécois et des municipalités». Je suis aussi porte-parole en matière
d'affaires municipales. Créer un ministère de la Langue française, mais ce
n'est pas tout, qui inclurait aussi le ministère de l'Immigration… Pour nous,
il faut le dire, soyons clairs, le français et l'immigration, c'est lié. Pour
la première fois, on a une association claire.
«Créer un commissaire indépendant à la
langue française, chargé de recevoir les plaintes et de faire un rapport de la
situation linguistique chaque année.» On peut présumer qu'il sera voté aux deux
tiers, par exemple. L'office n'a pas toujours été très indépendant. Je vous
livre brièvement une anecdote. Je me souviens d'une interpellation sur la
langue un vendredi matin, où on attendait depuis très longtemps un rapport de
l'OQLF, et, mystérieusement, le rapport était apparu probablement à la demande
de la ministre de l'époque. Alors, ça, ce sera une nouveauté.
«Modifier le statut des municipalités
bilingues comptant moins de 33 % de résidents ayant l'anglais comme langue
maternelle. Laisser à la discrétion du ministre le statut des municipalités
dont la proportion oscille entre 33 % et 49 %.» La liste vous est
accessible. Elle est parue notamment dans un texte de M. Bellerose, elle a
circulé, je sais que, Cathy, vous l'avez également.
Donc, qu'est-ce qui s'est passé en 1977?
Une série de municipalités, il y en a 84, six arrondissements, qui
ont obtenu, compte tenu de leur proportion d'anglophones, un statut bilingue,
statut qui n'est pas révocable, c'est-à-dire une fois qu'on l'a obtenu, on le
maintient, sans égard aux diminutions considérables de population. À l'étude
des crédits, j'ai posé la question au ministre : Est-ce normal qu'une
municipalité comme Otterburn Park, située dans sa circonscription, qui compte
5,7 % d'anglophones... contribue à ce que cette municipalité soit
bilingue? Et c'est la même chose ailleurs, aussi, on a fixé le seuil à
33 %. Ça paraît qu'il n'y a pas de raison suffisante de maintenir ce
statut-là, au nom du principe initial de la loi 101, au nom d'avoir des
débats en français dans l'administration municipale, où il y a plusieurs cas où
c'est bafoué.
Alors, nous connaissons cette liste, elle
est presqu'à jour, mais plusieurs municipalités sont visées. Et le gouvernement
devra nous expliquer pourquoi on dit : Tout le monde le perd, mais, si
vous arrivez avec une résolution, vous ne le perdrez pas. C'est évident qu'à
peu près personne ne va renoncer à ça. C'est une évidence, ça a déjà été
annoncé. Donc, les municipalités à statut bilingue, qu'on tienne compte de
l'évolution démographique.
Ensuite, enchâsser la Charte des droits et
libertés de la personne, le fait que la langue d'accueil et le service... les
sociétés d'État, l'administration, les services de santé et les services
sociaux, les entreprises d'utilité publique, ordres professionnels,
associations de salariés, c'est en français; rédiger en français les jugements
et les appels d'offres, les contrats, les sous-contrats, etc.; renforcer la
politique gouvernementale relative à l'emploi et la qualité de la langue
française dans l'administration; mettre en vigueur immédiatement
l'article 1 de la loi n° 104 comme seule
langue de communication de l'État du Québec; augmenter les budgets de l'OQLF.
Je termine, et c'est Paul qui va conclure
là-dessus, en vous disant que l'enjeu, pour le Parti québécois, c'est de
renverser le déclin du français au Québec. Ça nécessite du sérieux, ça
nécessite une certaine expertise qu'on a depuis des décennies au Parti
québécois. L'enjeu, ce n'est pas de savoir qui va se distinguer parmi les
formations politiques en vue d'une élection. Ce n'est pas notre propos. Notre
engagement repose, depuis des décennies, le nôtre et celui des valeureuses
personnes qui nous ont précédés, qu'elles soient Camille Laurin, qu'elles
soient René Lévesque, qu'on s'assure de la vitalité du français pour toujours.
Et Camille Laurin était un député et un
ministre du Parti québécois. Camille Laurin était un indépendantiste. Si on
veut rendre hommage à Camille Laurin, si on veut nommer Camille Laurin, il faut
être à la hauteur du courage qu'il a eu. Et jusqu'à maintenant, dans les offres
qui ont été faites par les formations politiques, y compris le gouvernement,
l'offre la plus courageuse, la plus sincère est celle du Parti québécois.
Alors, les héritiers de Camille Laurin sont évidemment ceux qui continuent ardemment
à se battre pour la liberté nationale et pour le français comme principal
vecteur de rassemblement des Québécois.
Alors, je voulais vous le dire. Ça me
touche beaucoup. Je suis toujours très ému de parler de ça. Ce n'est pas un
enjeu qui est arrivé récemment, la langue, dans nos vies. Ça nous habite. C'est
pour ça qu'on est le Parti québécois, notamment. Et cet enjeu va faire en sorte
que, dans le projet de loi, je crois que je serais en mesure de démontrer, pour
plusieurs des mesures de la CAQ, non seulement on n'arrive pas à l'objectif qui
est poursuivi, mais qu'en plus ça peut créer un effet inverse. Quand je vois
que le Parti libéral, qui a voté contre la loi 101 en 1977, il faut le faire,
est le premier à donner son appui à la Coalition avenir Québec, cet élément, à
lui seul, tend à démontrer que ce n'est pas costaud, c'est le service minimum.
Paul?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, en conclusion, rapidement, le plan du Parti québécois en matière de
langue, c'est le plan de ceux qui veulent voir le français revenir en force, le
plan de ceux qui souhaitent la fin du déclin de la langue française au Québec,
alors que le plan de la CAQ, c'est un plan qui cherche à rassurer, mais surtout
à ne pas déranger. Et, lorsqu'on voit les démographes et les analystes dire à
l'unanimité que le projet de loi n° 96 ne renversera
pas le déclin de la langue française, notre responsabilité, au Parti québécois,
et nous en sommes fiers, c'est de donner l'heure juste, dire la vérité puis
assumer les solutions, les propositions qui, véritablement, changeront la
donne.
Et nous disons aux Québécois tout
simplement : Nous n'avons pas à accepter notre déclin linguistique, nous
n'avons pas à se contenter de petits pas qui, nous le savons, ne seront pas
suffisants. Dans ce plan-là, vous trouvez tout ce qu'on a de besoin pour
renverser la tendance et revenir à des niveaux de proportion de locuteurs en
français dans la grande région de Montréal qui assurera la pérennité de notre
langue nationale. Donc, c'est entre vos mains, c'est entre nos mains, comme
Québécois, mais c'est totalement possible. C'est une question de courage et de
rigueur, et c'est ce que notre plan démontre.
Sur ce, on va prendre les questions.
Le Modérateur
: Nous en
sommes donc maintenant à la période de questions. Je cède la parole à Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour à vous deux. M. Bérubé, vous avez dit il y a quelques instants à peine
que le fait que le Parti libéral appuie le projet de loi de la CAQ, c'est le
signe que ce n'est pas un projet costaud. Est-ce à dire que vous souhaitez
diviser les Québécois ou qu'à l'Assemblée nationale on ne puisse pas adopter
d'une seule voix le projet de loi de la CAQ? En quoi est-ce que c'est un
problème, l'appui du Parti libéral? C'est une bonne chose, non?
M. Bérubé : Oui, mais ça tend
à démontrer que c'est... Le Parti libéral, depuis toujours, et même de façon
récente avec Philippe Couillard, était en dessous de tout en matière de langue.
Ce n'était pas un enjeu, il cherchait d'abord à protéger une clientèle anglophone.
C'est symptomatique. Je veux dire, je ne suis pas convaincu que le gouvernement
soit très fier d'aller chercher l'appui du Parti libéral parce qu'il tend à
démontrer que lui est raisonnable et que les autres ne le sont pas. D'ailleurs,
j'ai bien hâte d'entendre Guy Rocher à cette commission parlementaire se faire
dire par le ministre qu'il est un extrémisme. Soyez là le jour où ça va
arriver. Donc, l'appui du Parti libéral, rapide, inopiné, étonnant, tend à
démontrer que c'est du minimum. Je veux dire, personne n'est choqué, j'espère
bien, parce qu'il y a des décisions difficiles à prendre que le gouvernement ne
prend pas.
Alors, le plan courageux, le plan sérieux,
le plan qui donne des cibles, le plan qui indique des éléments qui doivent
faire l'objet de débats, c'est le Parti québécois. Parler d'immigration comme
on le fait, sachant très bien que notre proportion d'anglophones, en fait,
d'immigrants qu'on accueille est beaucoup plus importante qu'aux États-Unis ou
en France, ce n'est pas un tabou, c'est une réalité. Ici, on est sérieux, c'est
un des premiers enjeux qu'on aborde.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
J'ajouterais aussi que ce n'est pas que le Parti libéral du Québec qui donne
son appui au plan de la CAQ, c'est aussi le Parti libéral du Canada, c'est
aussi Québec solidaire. Donc, on a un bloc de partis politiques qui,
historiquement, n'ont pas placé la langue française au coeur de leurs
interventions d'un côté, et, de l'autre côté, il y a le Parti québécois, et les
démographes, et les gens qui s'intéressent à la langue française depuis
plusieurs années. Et, de notre côté, on dit : Le projet de loi n° 96,
objectivement, n'atteindra pas l'objectif de renverser la tendance, et nous
présentons un plan qui est à la hauteur du défi, qui est en proportion du défi.
Donc, c'est vraiment deux écoles de pensée, ce qui est incarné également par le
Parti libéral du Canada.
M. Bérubé : Mais je ne réponds
pas totalement à votre question. Je vais prendre l'exemple de la loi
n° 21. La loi n° 21, on était là avant, on était là avec la charte.
Encore une fois, si la CAQ nous avait appuyés, et je n'aurais jamais pu en
parler après, c'est la même chose qui se reproduit, on était beaucoup plus
complets, beaucoup plus cohérents, beaucoup plus sincères, on l'avait fait
avant. Quand est arrivé le débat, c'est moi qui y étais, j'ai démontré que le
plan était incohérent, qu'il n'allait pas assez loin, mais on l'a appuyé. On a
tenté de l'améliorer. Le gouvernement est majoritaire. Mais tant en matière de
laïcité, où on a été plus cohérents, plus concrets, ce sera la même chose en
langue.
Et soyez attentifs à l'étude article par
article. Déjà, je vois que plusieurs des éléments ne passeront même pas le test
de l'accueil des gens qui vont venir nous faire des présentations. Je fais même
la prédiction que le gouvernement va être obligé d'abandonner des mesures qui,
à leur face même, sont soit insuffisantes soit qu'essentiellement symboliques.
M. Lavallée (Hugo) : En ce
qui concerne la langue de travail, M. St-Pierre Plamondon, tout à l'heure,
vous avez dit que le projet de loi n° 96 s'en remet à la bonne volonté du gouvernement...
pardon, à la bonne volonté des entreprises pour ce qui est de l'exigence de la connaissance
de l'anglais. Or, dans le projet de loi, on indique que les entreprises doivent
prendre des mesures suffisantes, doivent vérifier s'il n'y a pas déjà des gens
au sein de l'entreprise qui possèdent les compétences linguistiques en question,
doivent démontrer que c'est nécessaire pour le poste, doivent aussi s'assurer
qu'il y ait une répartition de cette exigence-là sur l'ensemble de l'effectif
pour ne pas qu'il y ait un trop fort pourcentage de membres du personnel qui
soient contraints à cette exigence-là. Donc, qu'est-ce que vous souhaitez de
plus exactement? Il me semble que le projet de loi a déjà plusieurs critères.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je vous enverrai le libellé de la loi sur cette question-là. Puis ce que nous,
on propose précisément, c'est que de la manière que la loi est bâtie, on s'en
remet quand même largement à la bonne foi de l'entreprise dans l'exécution de
ces mesures-là. Donc, on n'est pas devant une obligation de résultat, mais plus
une obligation de moyens, et nous, on veut déplacer ce débat-là vers une
obligation de résultat. Et donc je vous enverrai... parce que c'est quand même
assez technique, là, dans la manière de le libeller. On y va avec plus de
précision sur le fait que ça doit être objectivement justifiable et non pas une
obligation de moyens et de bonne foi de la part de l'employeur. Parce
qu'historiquement, quand on se remet uniquement à la bonne foi de l'employeur,
à moyen et long terme, les suivis ne se font pas, puis on a une application qui
est somme toute ambiguë, là, de la loi.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Bonjour à tous les deux. Je vais
juste relancer un peu la question de mon collègue Hugo. J'aimerais entendre
M. St-Pierre Plamondon. Donc, on comprend qu'au final vous risquez... en
fait, vous allez appuyer le projet de loi de la CAQ, même si vous considérez
que c'est un minimum, vous n'allez pas bloquer ce minimum-là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, on va se placer en position de négociation avec la CAQ. Donc, au cours
des prochaines semaines, on va mettre des pressions en mettant en valeur
qu'ultimement on aimerait voter pour cette loi-là, mais qu'on espère qu'en
échange la CAQ nous entende, là. Mais en général on a toujours été pour les
mesures qui améliorent la langue française. On ne changera pas d'idée
là-dessus.
Mais, après discussion dans le caucus, là,
on sent qu'on a également une obligation envers la population de ne pas
consentir aveuglément à un plan qui, de toute évidence, ne changera
substantiellement pas grand-chose au déclin de la langue française. Donc, avant
de donner notre consentement, là, on veut parler à la CAQ et on veut s'assurer
qu'on est entendus puis que la population, également, entende très clairement
qu'on a un choix entre un plan électoraliste qui vise à rassurer, mais qui
n'agit pas sur le coeur du problème, et ce que nous, on vous propose ce matin,
ce qu'on propose aux Québécois, à savoir prendre des mesures qui sont fortes.
On va voir comment la CAQ reçoit puis écoute ces mesures-là. Mais surtout, dans
les mesures fondamentales, là, il y en a six, sept, maximum, on veut, dans un
premier temps, avoir l'écoute de la CAQ, voir comment ça va réagir.
M. Bellerose (Patrick) :
Clairement, aux prochaines élections, M. Legault va se présenter devant
les électeurs en disant : J'ai réussi ce que le PQ n'a pas réussi à faire
dans les 10, 20 dernières années.
M. Bérubé : Permettez-moi de
répondre à ça.
M. Bellerose (Patrick) : Je
vais poser la question. Donc, sur la laïcité, sur la langue, il va dire :
J'ai réussi à régler des dossiers qui traînaient depuis longtemps. Comment
allez-vous faire pour pouvoir vous démarquer…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je vais faire un commentaire très court. Je pense que Pascal se sent interpellé
par la question.
M. Bellerose (Patrick) :
…sans être dépeints comme des extrémistes qui veulent toujours aller un pas
plus loin que ce qui a été fait par la CAQ?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, le mot «extrémiste» pour dépeindre ceux qui veulent véritablement un
renversement du déclin de la langue française est très bizarrement choisi. En
fait, la seule chose qui est extrême ou qui est radicale en ce moment, c'est la
rapidité du déclin de la langue française. Et, en effet, il y aura un bloc de
partis, la CAQ, le PLQ et QS, qui chanteront les louanges du projet n° 96 et il y aura, de l'autre côté, le Parti québécois qui
dit : Non, en fait, si, vraiment, votre objectif, c'est de changer la
donne, là, puis de changer la tendance, il y a nous, il y a notre plan, il y a
notre manière d'amener des solutions.
Donc, oui, ça va créer deux écoles de
pensée dans le cadre des élections, et c'est normal, parce que, comme le disait
Pascal, c'est ça, notre héritage. Et on est devant un déclin jamais mesuré.
Jamais, dans les 150 ans d'histoire… Dans l'introduction, vous l'avez en
page 4, en 150 ans, jamais on n'était tombés sous la barre des
80 % de locuteurs francophones au Québec en termes de langue d'usage.
C'est ça qui est radical. Puis notre engagement, au Parti québécois, c'est de
dire la vérité puis d'arriver avec de vraies solutions.
Donc, les gens auront un choix à faire
entre le Parti québécois ou le Parti libéral, la CAQ et QS, qui, eux, préfèrent
un plan qui paraît bien, mais qui, de l'avis des scientifiques ou des
démographes, des analystes… Tout le monde que j'ai entendu, là, au cours des
derniers jours, se prononcer, il y a un consensus, ça ne changera pas le déclin
de la langue française qui a été présenté. Donc, ce sera ça, le choix électoral
qui se présentera aux électeurs en 2022.
M. Bérubé : J'ai entendu le
premier ministre claironner à l'Assemblée nationale que nous, en matière de laïcité,
on a réussi. Vous n'avez pas réussi. Nous, en matière de langue, on va réussir.
Juste rappeler que le gouvernement minoritaire de Mme Marois avait avancé
sur ces deux enjeux. Et, dans les deux enjeux, si on avait obtenu
l'appui de la CAQ, la CAQ ne pourrait pas en faire son profit politique aujourd'hui,
parce qu'en matière de laïcité on était allés très loin. On n'avait pas l'appui
de la CAQ. Et en matière de langue aussi, le projet de loi n° 14, il faut
se souvenir, c'était de la bureaucratie, ce n'était pas important.
Ensuite, la CAQ est arrivée au
gouvernement. Je suis pas mal sûr que vous ne vous en souvenez pas, mais
c'était Nathalie Roy qui était la ministre. Ce n'est pas pour rien que vous ne
vous en souvenez pas. Il ne s'est rien passé. Ce qu'elle disait c'est : Il
faut juste faire respecter la loi. Voyant la deuxième partie du mandat arriver,
les stratèges se sont dit : Bon, qu'est-ce qu'on pourrait faire pour
s'assurer d'obtenir le vote nationaliste? Et ça a donné ça. Mais à lumière
même, quand on regarde chacune des mesures, on n'y arrive pas, ça ne va pas
renverser la tendance. La seule tendance que le gouvernement veut s'assurer,
c'est qu'il soit réélu. Nous, notre engagement, c'est un engagement pour
l'avenir de la langue.
Et là, en fin de semaine, je voyais des
caquistes sur les réseaux sociaux dire : Aïe! on est au centre du jeu, on
n'enlève ça au Parti québécois. Vous ne nous enlevez rien. Nous, notre
engagement, il est sincère, pour la langue, il ne date pas d'hier, mais ce que
vous faites, c'est à courte vue. Alors, si on se fait traiter de radical ou
d'extrémiste, je dis qu'il est assez clair, à sa face même, que le projet de la
CAQ est électoraliste. Ce n'est pas la vitalité de la langue à long terme, ce
n'est pas le renversement des tendances, c'est de se rendre jusqu'à 2022, et
ça, ça me trouble énormément pour un enjeu aussi important.
Personne n'a été aussi engagé que Camille
Laurin et sa formation politique. Camille Laurin, on ne peut pas le prendre
comme un symbole et se l'approprier en disant : Nous en sommes l'héritier.
Trouvez-vous des figures historiques qui marqueront, à travers ce projet de loi,
à la CAQ, l'imaginaire collectif. Moi, je veux bien qu'on rende hommage à nos
grandes figures historiques que sont Camille Laurin et René Lévesque, mais
qu'on n'oublie pas que c'est des indépendantistes, que c'était lié.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Qu'on n'oublie qu'ils se sont fait traiter d'extrémistes, de nazis pour avoir
dit la vérité en matière de langue. Ce n'était pas le gouvernement lévesquiste
qui traitait les autres formations puis les gens d'extrémistes, c'étaient eux
qui se faisaient insulter. Puis ils ont tenu le fort, puis ils ont dit la
vérité, puis c'est ça, notre héritage.
M. Bérubé : Et Paul, et, si tu
me permets, c'est des gens qui étaient au Parti québécois, indépendantistes.
C'est le coeur de leur vie. Qu'aujourd'hui on veuille leur rendre hommage et se
dire : Nous nous en réclamons, bien modestement... Écoutez, n'essayons pas
d'interpréter ce que ces grands personnages historiques feraient aujourd'hui ou
diraient. Nous ne le ferons jamais. Mais nous savons la hauteur du défi que
représente la pérennité de la langue au Québec.
Il se trouve que la CAQ aura devant elle
une organisation politique d'hommes et de femmes engagés depuis des décennies,
qui connaissent ça, la langue, qui les ont faits, les batailles, pour qui ce
n'est pas un enjeu qui est apparu il y a quelques mois, c'est au coeur de leur
engagement politique. Alors, quand vous m'entendrez, en commission
parlementaire, à l'étude des projets de loi, lorsque les groupes viendront,
vous sentirez la force que me procure une grande tradition d'amoureux de la
langue, des gens qui ont fait des combats, de ma formation politique, et je
vais me sentir investir là-dessus.
Et le gouvernement aura à répondre de son
intérêt. Et Paul a résumé parfaitement la question : Est-ce que vous
croyez que ces mesures vont renverser la tendance? Si c'est non, pourquoi le
faites-vous? Quel
objectif remplit ce plan? Je suis heureux, moi,
d'avoir des cibles, ce qui a été réclamé par plusieurs groupes, et d'avoir des
gestes qui sont courageux, qui ne vont pas nous rendre populaires, mais qui
vont nous rendre crédibles, et soucieux, et responsables. Et ça, c'est une
différence fondamentale entre le gouvernement et nous.
Alors, il y a beaucoup de mesures qui sont
fascinantes là-dedans. Vous allez les regarder avec attention. Et je suis très
fier, moi, du travail qui a été fait par toute l'équipe. Certains des membres
de cette équipe ont fait beaucoup de travail en fin de semaine : je vois
Louis qui est là-bas, je vois Anne-Sophie, Marie-Hélène, toute cette équipe-là.
Vous savez, on n'a pas les ressources du gouvernement qui a tout un appareil
étatique, qui va faire de la publicité, qui a accès à plein de juristes, qui a
accès à plein de plateaux auxquels on n'a pas accès. Nous, on a une équipe très
petite, mais on a quelque chose, par contre, dans le coeur, ça s'appelle la
sincérité sur la langue. Et ça, c'est une force unique qu'on a, la fidélité à
l'enjeu linguistique, notre combativité, notre sincérité, et ça, on l'a. On l'a
depuis le début de notre formation politique, et on va l'avoir pour l'avenir
aussi, et on l'a présentement devant vous.
M. Bergeron (Patrice) : Si
vous permettez, avant qu'on... On va peut-être faire un autre tour s'il y en a
qui ont d'autres questions, mais j'aurais deux petites questions pour ma part,
Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
J'ai remarqué que, dans votre plan, à la
page 11, donc vous faites allusion aux réseaux sociaux. Mais ne s'agit-il pas
là d'une espèce de grande oubliée aussi dans le projet de loi déposé par le
gouvernement caquiste?
M.
Bérubé
: Les
réseaux sociaux?
M. Bergeron (Patrice) : En
bas, là, dans les réseaux sociaux… C'est qu'actuellement, dans les réseaux
sociaux, que ce soit sur Instagram ou d'autres, on reçoit énormément de
publicité, par exemple, et même si on est un locuteur francophone, identifié
comme tel probablement par des algorithmes, on reçoit beaucoup, beaucoup de
documents, de publicité, de réclames en anglais, et il semble y avoir un grand
silence là-dessus. Est-ce que vous pensez qu'il serait bon d'agir de quelque
façon que ce soit, de façon beaucoup plus précise que ce que vous dites
là-dedans, par exemple?
M.
Bérubé
:
C'est un champ qu'on n'a pas ouvert, parce que très technique. Les opérateurs
de ça sont très loin de nous. Il y a quand même des choses qu'on peut faire.
J'ai donné un exemple hier. Je suis un ancien ministre du Tourisme. Vous savez,
une des plus grandes représentations de ce qu'est Montréal et le Québec, c'est
Tourisme Montréal. Tourisme Montréal a des fonds imposants : taxe sur les
nuitées, ententes avec le gouvernement du Québec. Et, depuis quelques années,
je regarde quelle est la représentation qu'il donne de Montréal et je prends un
exemple, le mot-clic #mtlmoments depuis des années. Alors, c'est en anglais,
#mtlmoments, quand vous vivez quelque chose à Montréal. Il m'apparaît qu'une
grande organisation qui aura un rôle déterminant, là, Tourisme Montréal,
devrait minimalement, pour cet enjeu, avoir un mot-clic en français. Ça peut
être #bonjourmontréal.
Qu'est-ce qui fait la force de Montréal?
Pour m'être rendu à New York, avec le «branding» «I love New York», mais ils
nous ont dit : Mais, M. Bérubé, vous venez à New York nous demander
comment faire la promotion de Montréal? Je vais le dire en anglais : «It's
Europe without a jet lag», c'est l'Europe sans le décalage horaire. Votre
force, c'est le français. Nous voulons aller à Montréal bien sûr pour vos
festivals, bien sûr pour votre gastronomie, mais parce vous vous êtes français.
Sinon, qu'est-ce qui fait la distinction avec l'Ontario? Et ça, c'est les
grands dirigeants d'une des marques touristiques les plus grandes au monde qui
m'ont dit ça en juin 2013. Ça m'a marqué énormément.
Alors, Montréal, Tourisme Montréal, je
l'ai dit hier sur Twitter, #mtlmoments, c'est un indicateur, c'est une petite
chose, mais il me semble que ça part parfois de petites choses comme celle-là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Si je peux juste ajouter, en page 7, dans le bureau de promotion du
contenu québécois, nous, on a décidé de se pencher sur la consommation
culturelle à travers des géants du Web comme Netflix. Donc, ce qu'on se dit,
l'observation, c'est qu'avant de traiter des médias sociaux il faut se pencher
sur YouTube, Netflix, Crave, toutes les grosses plateformes qui n'ont pas de
contenu culturel en français venant du Québec. C'est ça, notre premier axe
d'information. C'est-à-dire qu'on constate que, si la culture est consommée non
seulement en anglais, mais dans les produits culturels anglo-américains
uniquement, il y a là vraiment une menace pour la pérennité de notre culture et
notre langue. Donc, on choisit d'agir sur cet axe-là qui découle, en effet, des
nouvelles technologies, du nouvel environnement, là, pour les produits
culturels.
M. Bergeron (Patrice) : Et par
ailleurs vous visez donc 75 % de taux d'intégration des immigrants en
français. Si je ne me trompe pas, M. Castonguay, lui, préconisait plutôt
90 %. Pourquoi vous être arrêtés en chemin? Pourquoi aux trois quarts
plutôt qu'à 90 %, là, pour justement assurer la pérennité du français à
long terme?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui. Parce qu'on s'est donné 10 ans pour les premiers marqueurs. Donc, on
n'arrêtera pas rendus en 2031, mais on a évalué ce qu'on pouvait
raisonnablement faire comme progrès pendant 10 ans, et on a fixé à
75 %. C'est l'ensemble des mesures qui va nous permettre de faire ce
gain-là. Mais il faut comprendre également qu'en seulement 10 ans, si on
fixe des objectifs...
Rappelons qu'on a fait un progrès depuis
les années 80. Dans les années 80, il y avait seulement 25 % des
allophones qui choisissaient éventuellement le français, mais ça a pris, cette
progression-là, près de 40 ans, là.
Donc, lorsqu'on regarde ça sur une
décennie, on s'est fixé un objectif qui est réalisable, qui est ambitieux quand
même, parce qu'il faut vraiment que les mesures de régionalisation, les mesures
de francisation pour les réfugiés, les mesures de langue du travail, de langue
d'enseignement, que toutes ces mesures-là soient mises en place simultanément
pour avoir des résultats aussi rapides que sur 10 ans. Parce que réalisons que,
lorsqu'on met en place une mesure, le temps qu'elle ait des effets dans la
population, il y a quand même un délai. Donc, ça n'empêche pas qu'après les
objectifs de 10 ans on bonifiera, parce qu'en effet la ligne de stabilité c'est
bel et bien le 90 %.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce que des collègues auraient d'autres questions? M. Lavallée? Moi,
j'en aurais une petite dernière, si vous permettez. Là, vous avez donc un plan
très touffu avec plein, plein, plein de mesures. Est-ce que vous vous engagez,
donc, à déposer un amendement au projet de loi sur chacune de ces mesures-là
pendant le processus de commission parlementaire?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui.
M. Bérubé : Ça ne sera pas un
exercice léger, là, l'étude du projet de loi. D'abord, la sélection des personnes
qui vont pouvoir venir. Vous savez que les libéraux ont proposé une
consultation élargie. Là, il y aura une entente sur le choix des groupes. Je
dis à titre préventif au gouvernement de la CAQ de ne pas s'arroger le choix
des groupes qui font son affaire, du moment où ils vont passer. Il y aura une
consultation, on aura des groupes à proposer.
Puis moi, je vais vouloir entendre aussi
des groupes qui supportent la CAQ et je veux savoir pourquoi. Parce qu'il y a
des drôles de choses que j'entends jusqu'à maintenant, ça crée des effets
particuliers. Donc, je veux qu'on entende des spécialistes, et des gens qui
appuient, et des gens qui sont contre, puis je veux qu'on ait des échanges, et
on est ouverts à ça. Et on sera un partenaire très actif dans ce projet de loi.
Vous m'avez vu dans le projet de loi n° 21, j'ai une mission du chef Parti
québécois qui croit que je peux faire ce travail, alors je m'y engage bien
humblement, mais avec beaucoup de conviction.
Le Modérateur
: Très
bien, merci. Nous allons maintenant passer à la portion en anglais. Cathy Senay, CBC.
Mme Senay (Cathy) : Good morning. I would like to hear your position on the fact that
the Legault Government in Bill 96 wants to use the notwithstanding clause.
There is a lot of criticism among the English-speaking community, fears, and
also in the rest of Canada. So do you agree with the use of the notwithstanding
clause in 2021?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, we believe that the notwithstanding clause is
fundamental in the context of a constitution that was enacted in 1982 without
the consent of Québec. And it's the minimal tool that we have to ensure that we
do have a democracy, in Québec, that can make its own choices. And so to us,
regarding many bills... Because people tend to forget that it's been used on
several, and several occasions. I will get the exact figure for you, but its
dozens and dozens of occasions where the notwithstanding clause has been used.
And it's part of the consequences of a constitution that has no legitimacy in Québec, that didn't require, didn't make sure
that Québec is part of that agreement, and, in that case, it's been the case
for Bill 101 from the start and it is the same case here.
Mme Senay (Cathy) :
Regarding municipalities and the status of bilingualism
for 89 municipalities and boroughs, Mr. Bérubé, there are more than 1,000
municipalities in Québec, why don't you let it go?
M. Bérubé :
Why? Because they don't have the number anymore. Back in 1977, they used to
have a number that showed us that there's a majority of Anglophones. They don't
have it anymore. Take Otterburn Park, in the Montérégie, in the riding of Simon
Jolin-Barrette, 5.7% of Anglophones, and there's a bilingual municipality. And
someone told me that it's less than that, it could be two persons right now. So
how can we keep this kind of advantage when we don't need it?
In all the cities in
Québec, you have Anglophones, but they know that the language of the
municipality, the language of the debate is French. So why keep those cities
bilingual and why not, if we keep this… keep that way, put others… could be
bilingual, others in Québec? So it's a statement. It's about what we think
should be done if we're serious. I don't understand why some cities or villages
with 10% of Anglophones think that's a good thing to be bilingual. It doesn't
make sense to me.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : And, by law, the law speaks of 50% as a threshold to be a
bilingual city.
M.
Bérubé
:
We said 33%.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : If a city reaches 50%, it gains the status of a bilingual
city. So, if a city can gain that status, it has also to be… We need a
framework by which a city loses also that status based on demographics, based
on data. What we've done instead of setting the bar at 50%, which is what the
law says, we set the threshold for intervening at 33%, which is, I think, fair,
because we are… when we're below 33%, obviously, cities where the demographics
have changed substantially when we look at what the law actually says…
M.
Bérubé
:
Like the lead singer of the band Journey said in Don't stop believing :
Some will win, some will lose. And this is my pop rock culture moment. And if you're under 33%, it shows us that you don't need
this bilingual status. And what the Minister does with the bill, it's funny, he
said, like : We get rid of the status for everyone, unless you…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : You send a notice.
M. Bérubé : …you vote, you vote a resolution within 120 days. So, this is, like :
OK, you lose it, the status. By the way, just send me a motion and it's going
to be OK. No threat for you.
Did you see, this
weekend, Christopher Skeete, he's an MNA for Laval. He writes a tweet, and
obviously he's talking to the anglophone communities. He said : Don't
worry, nothing is going to change with college. The college keep growth. They
want to be bigger, no problem with that, nothing is going to change. Look at
me, follow my finger, nothing is going to change. You can count on me, I'm
responsible for anglophone affairs with the Premier. This tweet and other CAQ
attitudes show us that nothing is going to really change, unless you think that :
Oh! Now, they're nationalists. No, they're «électoralistes». That's a big
difference.
Mme Senay (Cathy) : Can I ask you one last clarification, well, two last
clarifications?
M. Bérubé : Oui, oui.
Mme Senay (Cathy) : What do you want to achieve with uniform assessments at the end of
CEGEP not only francophones students, but anglophone students? Why do you want
anglophone students to have this uniform… to pass this uniform assessment in
French?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : That's to gather with the possibility
to do one term in a francophone CEGEP. So, when we look at the situation in the
workplace, the main issue that has been set aside by Bill 96 by the CAQ is not
whether French-speaking students actually master French and can do their uniform
exam of French at the end of their CEGEP, that's not the issue. The main issue
is whether we have Quebeckers
who come at the end of their CEGEP after doing their primary school and their
secondary school in English, who come with very little or unsufficient
knowledge of French to integrate a workplace in French. And it's been the
stance of the Parti québécois for a long time now, that we should insure that
all students, Anglophones as well, have this knowledge, sufficient knowledge of
French by the end of their CEGEP, so that there's no discrimination possible
when the workplace actually works in French. And that's, for me, a very, very
big topic. I put it in the top seven… top six measures because we're
manufacturing, artificially manufacturing situations of discomfort and a kind
of linguistic discrimination because our education system doesn't ensure that
our English-speaking students actually master French to a level that they can
work in a French workplace. And nowhere in the world do you have such situation,
where the national language is not taught to a substantial part of the
population, which creates situations afterward. So, for us, it's very important
that all students, no matter what their mother tongue and their cursus in
primary school and secondary school is, that everyone has a sufficient
knowledge of French to integrate a French workplace at the end of their CEGEP.
Mme Senay (Cathy) : And one last thing. It's not related to the protection of French,
but it's about the third link and the fact that the Government will announce
its vision…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : It's not related to…
Mme Senay (Cathy) : And I know that, Mr. Bérubé, you've been quite vocal about this.
You're still… Like we're just a few hours away, and you said... you qualified
the tunnel as a political tunnel. Can you…
M. Bérubé : Electoral tunnel.
Mme Senay (Cathy) : Electoral. For you, like, for the Eastern part of Québec, it's not
going to be a gain.
M. Bérubé : What's in it for us? I heard Mrs. Guilbault say : It's a big
thing for Eastern Québec, they're all asking for that. Says who? Nobody. If
they want to help us, we're going to make sure that the «autoroute 20» is going
to go further in East, going to have a good boat to travel to North Shore,
going to have buses, we're going to have airports.
It's not about us, it's
about the relationship built between CAQ, Radio X, back in 2018, and this
third link, who now is an electoral tunnel. So it's about their proposition.
They aim high, they offer big and now they have to tell the truth. What's the
cost? What's in it for environment? What's the utility? Are they able to make
the first step before the election? For myself, it's about what they promise,
what is real, and how they're going to manage this offer with the people who
vote for them for this reason. So it's all about them. Let them go.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : If I may add to that, I mentioned
earlier that their «plan vert», their green environment plan doesn't measure
anything with respect to gas emissions. And experts say : It's not going
to cut it, it's not going to do any difference. We have that issue here with
the French Bill 96, no measurement, experts say : It's not going cut
it. You have the exact same pattern where, obviously, the question should be : Are we improving our transportation,
are we helping citizens? At the end of the day, do we have less cars on the
road and more… easier transportation?
That's the only issue we
should look at. And, when you ask experts about that third link, they will tell
you it's not helping. In the same way that large chunks of their Bill 66,
to accelerate certain projects, what they do, is they put more roads, more rows
on highways. And that, scientifically speaking, is not helping our
transportation. So it's all about measuring whether they're doing something for
electoral reasons, to say that they had a promise and they're putting that… and
they stick with it or whether it's actually helping the population, and that's
what we should measure.
M.
Bellerose (Patrick) : …en français, peut-être, M. Bérubé, sur le fait
que ça n'aide pas, selon vous, l'Est du Québec?
M. Bérubé : Même affaire, avec
grand plaisir. Le tunnel électoral de la CAQ, d'accord, c'est le fruit d'une
mobilisation entre les caquistes prégouvernement, certaines radios de Québec et
leur électorat. Il y a des gens qui ont voté pour la CAQ parce que c'était
important pour eux, d'accord? Et l'engagement, c'est une première pelletée de
terre avant l'élection, sinon Éric Caire démissionne. Je ne veux pas l'accabler
davantage, mais je le répète souvent. Donc, c'est ce qu'ils ont dit. Cet
enjeu-là, c'est entre la CAQ et ceux qui y ont cru. Nous, on a plaidé pour que
ça soit utile, pour que ça soit vert, pour que les coûts soient raisonnables,
quoique Québec mérite d'avoir beaucoup d'argent pour son transport aussi, et là
le gouvernement aura à justifier pourquoi il fait ça.
Mais la chose que je ne veux plus
entendre, c'est la vice-première ministre qui dit, à l'étude des crédits de
Capitale-Nationale, que c'est un enjeu pour l'Est du Québec. Pardon? Un enjeu
de transport pour l'Est du Québec, c'est l'allongement de l'autoroute 20
vers l'est, remis trois fois depuis l'arrivée de la CAQ, dans aucun des
budgets, premier élément, c'est que le ministre Bonnardel décide de faire
construire au Québec un nouveau navire, un traversier entre Matane et la
Côte-Nord, ce qu'il se refuse de faire, c'est de soutenir les autocars qui sont
menacés dans l'Est du Québec, c'est des aéroports, comme l'aéroport de
Mont-Joli et l'aéroport de Matane, qui ont besoin de financement pour bien
accueillir les aéronefs, c'est aussi le transport des données, d'avoir Internet
haute vitesse et la téléphonie cellulaire qui sont présents sur notre
territoire. Ça, c'est un plan pour le transport dans l'Est du Québec.
Le troisième lien, je veux dire, c'est
entre la CAQ et ceux qui ont voté pour elle. Qu'ils s'arrangent avec. Nous, on
a fait des propositions sur l'efficacité, sur le transport vert pour l'avenir.
Et, encore une fois, c'est une décision à courte vue. Ça rapporte
électoralement, sauf que ça nous engage tous, au plan financier puis au plan de
l'organisation de la ville, pour des décennies. Alors, voilà.
Le Modérateur
:
M. Lavallée avait aussi une autre petite question, je pense.
M. Lavallée (Hugo) : Juste
une précision, peut-être, sur ce que vous venez de dire.
M. Bérubé : Ah! je suis
crinqué.
M. Lavallée (Hugo) :
L'autoroute 20, le projet, M. Legault, la semaine dernière, disait
que ça allait être de retour au PQI. Il a pris un engagement. Et si vous
pouviez aussi nous redire en français, là, la façon dont vous interprétiez le
tweet de M. Skeete.
M. Bérubé : O.K. D'abord, le
maire de Rimouski s'est filmé en train de faire une recette de brochette avec
des poivrons rouges, orange, jaunes et verts et, tout au long de l'assemblage
de sa brochette, s'adresse au premier ministre. Bon, ce n'est pas ma méthode.
Et le premier ministre lui répond en lui disant : Oui, on vous entend
puis, en passant, on va réaffecter au PQI le prolongement de
l'autoroute 20.
Il faut savoir que c'est un engagement
qu'il a pris à Rimouski lors de l'élection de 2018. Budget 2019, il n'y a rien
dedans. 2020, rien dedans. 2021, rien dedans. Il reste 2022 pour avancer, puis encore
une fois ça ne sera pas suffisant. Donc, ça, c'est l'engagement qu'il a pris
sur la base d'une recette du maire de Rimouski qui voulait se faire entendre — d'ailleurs,
c'est pas mal le lot de son action politique — et qui a réussi.
Bon, quant à la deuxième partie, c'est sur
M. Skeete. M. Skeete, publiquement, sans se cacher, tweete à la
communauté anglophone, puis là je pourrais le retrouver, mais je suis sûr que
vous l'avez à quelque part, en disant : Il n'y a pas de problème d'accès à
l'école anglophone pour les anglophones, pour les francophones, les cégeps vont
continuer de croître — lire «Dawson» — rien ne changera.
Moi, j'avais juste envie de retweeter sans rien ajouter, tout était là :
Rien ne changera.
La communauté anglophone est heureuse, le
Parti libéral est heureux, Québec solidaire est heureux. Mais ceux qui
s'intéressent à ces questions pour vrai, qui regardent les courbes, qui
regardent la démographie, bien, eux, ils se disent : Bien, l'enjeu
n'est-il pas... Ce n'est pas l'idée d'être rassembleur ou d'être modéré.
L'idée, c'est d'assurer l'avenir de la langue. Et ça, bien, humblement, notre
plan y contribue, mais pas les communications qu'on fait.
Puis je termine avec Mario Asselin, un député
de la CAQ, il est à Québec, lui, qui sur Twitter vient dire : Ah! bien là,
ils sont fâchés parce qu'on leur enlève l'enjeu de la langue. Ce n'est pas ça.
On veut que l'avenir de la langue... C'est plus grand que nous, ça. On veut
assurer la vitalité de la langue pour des décennies. Ce n'est pas une joute
politique, là. On en parlait, Paul puis moi, ce matin. Ce n'est pas une joute
politique, ce n'est pas à propos de la CAQ ou du Parti québécois. Il ne faut
pas manquer notre coup.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Puis je réitère le parallèle que j'ai fait entre leur plan vert, le troisième
lien puis leur plan de... le projet de loi n° 96,
c'est que la question qu'on doit se poser, là, le pas de recul qu'on doit
prendre devant l'état de la démocratie en ce moment un peu partout en Occident,
c'est à quel point le narratif, les émotions et l'électoralisme doit prendre le
pas, dans les analyses, dans notre compréhension de ce qui se passe, sur les
faits puis le bien commun, sur l'intérêt public.
Donc, dans le cas du troisième lien, la question
qui devrait être posée, ce n'est pas si c'est un bon coup électoral, si les
autres partis de l'opposition se positionnent d'une manière ou d'une autre. La
seule question fondamentale, c'est : Est-ce que c'est utile pour la population
en termes de transport? Il y a des gens qui font ça de leur vie et qui vont
nous donner l'heure juste sur les conséquences de ce projet-là sur le réseau de
transport.
Même chose pour la langue française. Si le
projet de loi n° 96 ne renverse pas la tendance de la
langue française, ça a beau être un beau positionnement politique, tout n'est
pas qu'une joute politique puis un narratif. Il y a les faits. Même chose pour
le plan vert. Si le plan vert, de l'avis de tous les experts, a de belles
mesures, mais ne changera rien en matière d'émissions de gaz à effet de serre
au Québec...
Les faits comptent toujours. Il n'y a pas
que les émotions, le narratif et l'électoralisme. Et c'est là que le Parti
québécois va incarner une approche courageuse et sincère sur chacun de ces
enjeux-là, parce que, clairement, la CAQ est proche de ses sondages et de ses engagements
électoraux en prévision de 2022. Mais, lorsque des projets de loi n'atteignent
pas la cible d'intérêt public, à savoir est-ce qu'on aide les gens, est-ce
qu'on atteint les objectifs avec les fonds publics qu'on dépense, il me semble
que ça devrait être ça, la discussion présentement et non pas des analyses de
joutes politiques.
Journaliste
: ...
M.
Bérubé
: Bien
là, c'est l'ancien leader parlementaire qui va vous répondre. Appuyer le
projet… On participe aux débats, mais on réserve toujours notre vote à la fin.
C'est ça, la tradition, hein, parce que, là, vous savez ce qui va arriver? Le
gouvernement va dire : Tout le monde nous appuie. On va le regarder puis
on décidera du vote après. On a fait ça avec le projet de loi n° 21.
Donc, on est heureux qu'il y ait un débat,
puis on va y participer, mais l'issue, on ne sait pas qu'est-ce qui va changer.
Il y a des groupes qui vont venir rencontrer les parlementaires puis qui
plaident déjà pour assouplir ce que la CAQ propose. S'ils cèdent, là, ça change
considérablement le projet de loi. C'est le cas de groupes anglophones. Marlene
Jennings, quelqu'un qui est quand même assez près de la CAQ dans la communauté
anglophone, elle a dit qu'il y a une attaque qui est faite à la communauté
anglophone.
Donc, il n'est pas dit qu'ils ne vont pas
encore, au nom de la bonne entente avec tout le monde, en mettre moins. À
suivre. Alors, on se réserve toujours le vote pour la fin. Jamais, moi, je n'ai
fait ça, en 14 ans de vie politique, annoncer d'avance un vote. On appuie
la langue.
Le Modérateur
: Très
bien. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse. Merci, messieurs.
(Fin à 11 h 12)