(Huit heures quarante-cinq minutes)
Mme Labrie : Donc, on apprend
aujourd'hui que ce ne sont pas 51 000 familles qui n'ont pas accès aux
services de garde dont elles ont besoin, mais bien 75 000, quand on tient
maintenant compte des 24 000 familles que le ministre avait délibérément
exclues, même si elles espèrent elles aussi une place dans le réseau.
C'est quand même ahurissant que ça ait
pris une fuite de données, potentiellement criminelle, pour avoir enfin une
idée de l'ampleur réelle de la demande de places. Le ministre a été aujourd'hui
forcé de fournir un portrait plus complet de la demande, mais jusqu'ici il
avait manifestement masqué l'ampleur du problème, il présentait des données
partielles qui l'arrangeaient. Les 24 000 familles de plus qui attendent,
il faut les ajouter au portrait global de la pénurie parce qu'elles restent sur
la liste pour de bonnes raisons, et on ne peut pas les ignorer comme le fait la
CAQ jusqu'à maintenant.
On parle de familles qui paient leurs
services beaucoup plus cher que leurs moyens et qui doivent faire une croix sur
d'autres projets familiaux ou même s'endetter. On parle de familles qui vivent
une conciliation très difficile parce qu'elles doivent parfois se déplacer sur
une très longue distance pour avoir accès à une place. On parle de familles qui
ont peut-être confié leur enfant à un service de garde dont elles ne sont pas
certains de la qualité parce qu'elles n'avaient pas le choix de retourner au
travail, de familles qui ne reçoivent peut-être pas des services pour leurs
enfants à besoins particuliers dans le service de garde qu'elles utilisent.
Donc, pour moi, c'est clair que ces
24 000 familles là font partie des familles qui n'ont pas accès aux
services dont elles ont besoin en ce moment et qu'on doit maintenant parler de
75 000 familles auxquelles le gouvernement ne réussit pas à répondre.
Le ministre nous demande d'être patients,
c'est ce qu'il dit tout le temps. Chaque semaine qui passe, il nous demande d'être
patients. Ça fait deux ans et demi qu'ils sont au pouvoir, ça fait un mois et
demi que le budget a été déposé, puis on ignore encore totalement qu'est-ce qui
va être fait, par exemple, pour soutenir les responsables en milieu familial.
Il y avait des mesures prévues dans le budget pour ça, on n'a aucune idée de la
teneur de ces mesures-là jusqu'à maintenant.
Et pendant ce temps-là, pendant qu'on
attend, les éducatrices en milieu familial continuent de partir. Chaque semaine
qui passe sans que les annonces soient faites, elles continuent de partir, on
en perd. Donc, il faut que le ministre accélère le rythme de ses annonces, il
faut qu'il accélère le rythme pour la conversion de places privées en CPE pour
qu'on puisse offrir les services à un coût équitable.
Il y a littéralement des dizaines de
milliers de parents au Québec en ce moment qui ne comprennent pas, et avec
raison, pourquoi ils paient des impôts comme les autres, et pourquoi ils n'ont
pas accès à une place dans le réseau public, comme les autres, et pourquoi ils
paient des milliers de dollars de plus par année pour leur place au privé.
Il faut aussi prendre les moyens d'offrir
des services de proximité, partout sur le territoire du Québec, par exemple en
développant des micro-CPE, comme Québec solidaire l'a déjà proposé, pour
faciliter la vie des parents.
Moi, je ne comprends pas pourquoi le
ministre nous a annoncé, il y a quelques jours, qu'il veut se contenter de
travailler avec les municipalités pour développer des places temporaires. S'il
y en a, des locaux disponibles dans les municipalités, pourquoi on
n'investirait pas les fonds nécessaires pour développer des places à long terme
sur ces territoires-là qui ont des besoins très importants? On doit utiliser
ces espaces-là pour développer plus de places que prévu, pas seulement des
places temporaires, pas juste des places en attendant des travaux.
Puis d'ailleurs les travaux, il n'y en a pas
suffisamment qui sont annoncés. L'ampleur de la pénurie est démesurée par
rapport au peu d'ambition qu'il y avait dans le rappel de projet.
Donc, là, ça fait deux ans et demi que la
CAQ est au pouvoir. Les familles, elles ont assez attendu, elles se sentent
profondément insultées quand le ministre leur répond d'être patientes. Ce n'est
pas normal, dans l'état actuel de la crise, que le plan de match de la CAQ ne
soit pas encore clair pour compléter le réseau de service de garde public et
pour contrer la pénurie d'éducatrices. Les 75 000 familles qui attendent
une place, elles ont assez attendu, on a besoin que ça se mette en marche
maintenant.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Christine. Bonjour. La pandémie prend énormément de place dans les débats
parlementaires et dans l'espace public. C'est compréhensible, mais
malheureusement il y a d'autres enjeux importants qui passent sous silence, et
je veux vous parler d'un de ces enjeux-là ce matin.
En ce moment, le parlement du Québec
étudie un projet de loi historique sur la protection des renseignements
personnels des Québécois et des Québécoises. Avec la lutte climatique, là, la
question des droits et libertés numériques, pour ma génération, c'est un enjeu
majeur. Ça va définir les grands débats de société que le Québec, que la
planète va avoir dans les prochaines décennies.
Il ne se passe pas un mois au Québec sans
qu'il y ait un scandale de fuite de données. Il y a eu la fuite à Place 0-5,
tout récemment, il y a eu la fuite chez Desjardins, il y a un moment déjà, il y
a eu une fuite chez Capital One, une fuite chez Revenu Québec, et j'en passe.
Aujourd'hui, la commission parlementaire
qui étudie le projet de loi, donc, sur la protection des renseignements
personnels va entamer une nouvelle étape, une étape importante, celle qui
concerne les entreprises privées. Dans ce cadre-là, dans le cadre de la commission
parlementaire, Québec solidaire va faire une série de propositions fortes, des
propositions ambitieuses pour sonner la fin de la récréation dans le secteur
privé, au Québec, en matière de collecte et d'utilisation des renseignements
personnels. Il faut mettre fin au far west, il faut mettre fin au buffet à
volonté des entreprises privées dans les données personnelles des Québécois et
des Québécoises. Il faut casser la logique du capitalisme de surveillance.
Je pourrais vous faire la liste de toutes
nos propositions, mais ça serait trop long. Je vais vous en présenter trois qui
sont très concrètes puis qui concernent la vie privée, voire la vie intime des
citoyens et des citoyennes du Québec.
La première, Québec solidaire va proposer
d'interdire la commercialisation des données qui sont collectées sur les
enfants. Dans les dernières années, il y a toute une série de produits, les
fameux jouets intelligents, qui ont fait leur apparition sur les tablettes,
dans les maisons des Québécois et des Québécoises. Ces produits-là collectent
des données sur les enfants et c'est documenté, comme phénomène, que ces
données-là sont utilisées pour faire du profilage commercial, pour faire du
ciblage publicitaire. Au Québec, on a fait un choix de société, celui d'interdire
la publicité sur les enfants, mais, en toute cohérence, on devrait également
interdire l'utilisation commerciale des données personnelles récoltées sur des
enfants.
Deuxième proposition. Québec solidaire va
proposer d'interdire le profilage commercial à partir de données biométriques.
Qu'est-ce que ça veut dire, ça? Bien, concrètement, on le sait, et c'est
l'exemple qu'on connaît tous le plus, la reconnaissance faciale. La
reconnaissance faciale qui est en train de s'implanter dans plusieurs endroits
au Québec, notamment dans des centres commerciaux qui, c'est documenté comme
phénomène, l'utilisent de plus en plus pour faire de la publicité ciblée. Ce n'est
pas acceptable. On ne devrait pas accepter qu'il y ait du ciblage publicitaire
à partir de données biométriques. On va proposer aujourd'hui de l'interdire.
Troisième proposition, peut-être la plus
importante, elle peut avoir l'air abstraite, mais elle est déterminante, c'est
d'affirmer le principe de la confidentialité par défaut. Ça, ça veut dire quoi?
Ça veut dire que Québec solidaire va proposer qu'à partir de maintenant les
entreprises qui souhaitent utiliser des fonctions de localisation,
d'identification ou de profilage, bien, vont devoir demander aux gens, aux
utilisateurs, par exemple d'une application, d'activer volontairement ces
fonctions-là. Vous savez qu'Apple a tout récemment décidé d'aller dans cette
voie-là, de demander aux gens, lorsqu'ils installent une application, s'ils
souhaitent que l'application en question trace leurs activités en ligne. Si
Apple le fait, le fait, toutes les entreprises peuvent le faire. C'est ce qu'on
va proposer aujourd'hui, que les utilisateurs, par exemple, de services
numériques, qu'on leur demande de «opt-in», comme on dit en anglais, d'activer
volontairement les fonctions d'identification, de localisation ou de profilage,
plutôt que d'être pris à utiliser un service qui est invasif dans leur vie
privée sans le savoir.
Donc, trois propositions qu'on va faire aujourd'hui.
Il y en aura d'autres. Mais c'est important pour moi de parler de ce sujet-là parce
que c'est un des grands débats de société que nous devons faire dans les
prochaines années au Québec. Il y a une logique de capitalisme de surveillance qui
s'installe, et le rôle des législateurs, c'est de freiner ces excès-là, de
baliser les pratiques des entreprises, parce qu'en ce moment c'est le bordel
total.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre vos questions : une question, une sous-question.
M. Lacroix (Louis) : Le
gouvernement va... en fait, Simon Jolin-Barrette va déposer demain son
projet de loi sur la réforme de la Charte de la langue française. Est-ce qu'il
faut encadrer ou, en fait, enlever le statut bilingue de certaines
municipalités qui sont sous le seuil des 50 % de leur population qui est
d'expression anglophone?
M. Nadeau-Dubois : Nous,
on a décidé d'attendre de voir le projet de loi avant de le commenter. Est-ce
qu'il y a des choses à faire au municipal? Sans doute...
M. Lacroix (Louis) : ...pose
une question sur le statut bilingue des municipalités. Ce n'est pas... C'est ça
que je vous pose comme question.
M. Nadeau-Dubois :
L'important, dans ce projet de loi là, ça va être l'équilibre général des
mesures. Qu'on agisse au niveau municipal, on n'a rien contre à Québec
solidaire. Mais là où le bât blesse depuis des décennies, au Québec, c'est les
pratiques des entreprises, particulièrement les grandes entreprises qui sont
mises à exiger l'anglais pour n'importe quoi, pour n'importe quelle job puis
pour n'importe quelle raison. Si Simon Jolin-Barrette ne s'attaque pas à
ce problème-là, sa réforme va être de la poudre aux yeux.
M. Lacroix (Louis) :
Est-ce qu'il faut imposer... est-ce qu'il faudrait imposer la Charte de la
langue française, la loi 101, dans les CPE?
M. Nadeau-Dubois : Dans
les CPE?
M. Lacroix (Louis) :
Dans les CPE. En 2012, le gouvernement Marois avait amené ça en disant :
Par exemple, pour les gens issus de l'immigration, il faudrait
qu'obligatoirement ils envoient leurs enfants dans des garderies francophones,
en fait, d'expression francophone. Ça avait été retiré par la suite.
Actuellement, il n'y a aucune loi, aucune règle qui régit le statut des
garderies. Il y en a pour les écoles, à partir de la maternelle, mais il n'y a
rien dans les garderies. Est-ce qu'il faudrait l'imposer?
M. Nadeau-Dubois : Pour
être très honnête avec vous, c'est une question à laquelle je n'ai pas la
réponse ce matin. On pourra certainement y réfléchir à Québec solidaire, avec
ma collègue Ruba Ghazal qui s'occupe de ce dossier-là. Je n'ai pas de réponse
définitive à vous donner sur cette question-là. C'est un enjeu intéressant
qu'il faut regarder.
M. Larin (Vincent) : ...bilingue,
excusez-moi, êtes-vous contre le principe que... tu sais, êtes-vous pour ou
contre le principe qu'une ville dont moins de 50 % de sa population est
anglophone puisse avoir un statut bilingue?
M. Nadeau-Dubois : C'est
correct et c'est normal qu'il y ait des villes à statut bilingue au Québec.
Mais le projet de loi de Simon Jolin-Barrette, on ne l'a pas lu.
M. Larin (Vincent) : ...
M. Nadeau-Dubois : C'est
parce que, ce dont vous me parlez, c'est le contenu d'un projet de loi qui n'a
pas été déposé encore à l'Assemblée nationale. Si le gouvernement souhaite
procéder à un vrai débat public intelligent, il va déposer son projet de loi
demain, plutôt que faire des fuites médiatiques. L'important, ce n'est pas une
mesure dans le projet de loi, c'est la cohérence du projet globalement. Quelles
seront les nouvelles règles pour les villes bilingues? Je ne le sais pas, ce n'est
pas dans les médias ce matin. Ça fait qu'on va lire le projet de loi demain. C'est
la moindre des choses qu'on puisse le lire, comme parlementaires, avant d'avoir
le débat sur un document qu'on n'a même pas vu. Sur le principe qu'il y ait des
villes avec un statut bilingue, c'est tout à fait correct. En fonction de quels
paramètres, de quels critères? Je ne le sais pas ce qui sera écrit dans le
projet de loi.
Mme Gamache (Valérie) :
Vos attentes sont grandes, quand même, par rapport à ce projet de loi là. Ça
fait deux ans et demi qu'on l'attend. J'imagine que vous avez quand même des
attentes.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Les
attentes sont énormes. Après un an, un an et demi de fuites médiatiques et
d'effets de toge, on va enfin voir de quel bois se chauffe la CAQ en matière de
protection du français. Et on va surtout voir, entre l'affairisme de François
Legault et le nationalisme de Simon Jolin-Barrette, qu'est-ce qui est le plus
fort.
Moi, j'ai bien hâte de voir les dispositions
sur les entreprises. Parce que, les acteurs, au Québec, qui ont contribué à
l'anglicisation progressive du marché du travail, là, ce n'est pas les
immigrants puis les immigrantes, c'est les grandes entreprises qui maintenant
demandent l'anglais pour n'importe quelle job à n'importe quelle raison. Ça va
être ça, le vrai test pour Simon Jolin-Barrette demain.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que François Paradis, dans sa façon de gérer la période des questions, favorise
le gouvernement?
M. Nadeau-Dubois : Non, je ne
pense pas. Moi, je pense qu'on a un bon président qui est neutre, qui a appris,
quand même, son métier dans les premiers mois, c'est normal, hein, ce n'est pas
une job facile. Mais, moi, j'ai tout à fait confiance en François Paradis. Je
pense qu'il fait un bon travail et je sens qu'il est neutre dans ses
interventions. Est-ce qu'il y a des gens qui le remettent en question? Je ne
sais pas, moi.
Mme Côté (Claudie) : Bien, à
cause d'hier, avec Marwah Rizqy, elle n'a pas pu poser sa question…
M. Nadeau-Dubois : Oui. Le
travail du président, à l'Assemblée nationale, il n'est pas facile, hein? Il
doit prendre des décisions sur le moment, sur-le-champ, se lever en Chambre. Ça
chahute, les députés, au salon bleu, ça interpelle le président, directement.
Moi, je ne m'attends pas à ce qu'il soit parfait à chaque coup. Mais, de
manière générale, on a un président qui est neutre, puis nous, on est
satisfaits de son travail.
Mme Côté (Claudie) : Hier, son
intervention, est-ce qu'elle était justifiée, d'empêcher Mme…
M. Nadeau-Dubois : Bien oui,
je me suis moi-même levé pour plaider certaines choses. C'est mon rôle, comme
leader parlementaire, hein, de faire des représentations auprès du leader…
auprès du président de l'Assemblée nationale pour qu'il y ait un équilibre
général dans ses interventions. Le président a été très strict, hier, avec Mme
Rizqy. Moi, je me suis levé pour lui demander d'être au moins aussi strict avec
le ministre des Transports, qui était en train d'enfreindre exactement le même
règlement que le président alléguait que Mme Rizqy enfreignait. Ça fait que,
moi, ce à quoi je m'attends, c'est à de la constance. Si on est plus sévère, il
faut être plus sévère pour tout le monde, puis, si on est moins sévère, il faut
être moins sévère pour tout le monde.
M. Larin (Vincent) : Sur la
contamination à l'extérieur, hier, il y a une question qui a été posée à M.
Arruda pour lui demander sur quoi est-ce qu'il se basait, tu sais, pour
maintenir les mesures, par exemple la fermeture des terrasses. Est-ce que les
réponses qui vous ont été fournies, qui nous ont été fournies à tous, vous ont
satisfaits, à savoir qu'il y a quelques cas de contamination, on ne sait pas
où, on ne sait pas quand, qui sont survenus à l'extérieur?
M. Nadeau-Dubois : C'est
correct d'être prudent, c'est même une bonne idée. Mais la contamination à
l'extérieur, la science nous indique qu'elle est très faible. Donc dans une
perspective, là, de réduction des méfaits, hein, c'est-à-dire de donner des
soupapes aux gens, là où c'est le moins dangereux, je pense qu'il faut aller de
l'avant, éventuellement, avec des assouplissements à l'extérieur.
Et ça, c'est un discours que vous entendez
Québec solidaire tenir depuis des mois. Parce qu'encore une fois, s'il faut
relâcher, et là je pense que ça va devenir incontournable, il faut le faire
d'abord dans les endroits où c'est le moins dangereux, et l'extérieur, c'est un
des endroits où c'est le moins dangereux. C'est pour ça que les directives sur
le masque à l'extérieur étaient aussi difficiles à comprendre et qu'il y a eu
aussi peu d'acceptabilité sociale. C'est pour ça que le gouvernement a dû
reculer là-dessus. C'est une bonne chose.
Moi, je m'attends à ce que, quand on va
nous présenter le plan de déconfinement, qu'on attend avec impatience, bien,
que la question des activités extérieures soit abordée dans les premières
étapes de ce plan-là. Parce que, s'il faut lâcher du lousse, c'est là qu'il
faut le faire.
M. Larin (Vincent) : Mais sur
la réponse de M. Arruda, est-ce que le gouvernement devrait être plus
transparent sur ce qu'il y a comme information concernant les cas de
contamination à l'extérieur?
M. Nadeau-Dubois : Est-ce
qu'il devrait être… Parce qu'honnêtement je n'ai pas la réponse, tu sais, je ne
me rappelle pas par coeur, exactement, là, ce que le Dr Arruda a dit, là. Moi,
ce que je sais, c'est que, depuis un moment déjà, les réponses du gouvernement
sur les activités extérieures, elles sont ambiguës. Et l'imbroglio total sur le
masque à l'extérieur, c'est le plus bel exemple de ça. Il ne s'agit pas de dire
que les rassemblements extérieurs sont banals et ne représentent aucun risque,
mais il faut donner des indications claires.
Il y a une province canadienne, je pense,
dans l'Ouest, qui a lancé un slogan qui s'appelle : Fewer Faces,
Outdoor Spaces. Donc, c'est de la communication, mais c'est de la
communication qui vise à envoyer des messages clairs aux gens sur le fait que,
si vous voulez vous voir, voyez moins de monde puis privilégiez l'extérieur.
Alors, ça, je pense que c'est un type de communication dont le Québec pourrait
s'inspirer pour envoyer le message que, si vous voulez de la socialisation, il
y a des moyens sécuritaires de le faire, et les voici. Ça m'agace de ne pas me rappeler
de laquelle province a lancé ce slogan-là, on vous reviendra, mais…
Une voix : …
M. Nadeau-Dubois : C'est la
Colombie-Britannique? Donc, ça, je pense que c'est un bel exemple duquel on
pourrait s'inspirer pour envoyer des messages clairs. Il commence à faire beau,
envoyez les messages au monde de : Voici ce que, si vous voulez voir des
gens, vous devriez privilégier comme type de rassemblement.
M. Bergeron (Patrice) : …vous
appuyez Mme Plante quand elle demande l'ouverture des terrasses pour le 1er
juin à Montréal, pour qu'elle puisse faire notamment sa campagne électorale,
là, mais…
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
n'a pas mis de date, là, on ne dit pas le 1er juin ou le 31 mai. Ce qu'on dit,
c'est : Dans le plan de déconfinement qui va nous être présenté, je
m'attends à ce que les activités extérieures soient bien présentes dans les
premières phases du plan. Et ça pourrait, oui, inclure les terrasses, mais on
n'a pas de date fixée, là.
La Modératrice
: Une
dernière question en français.
M. Larin (Vincent) : ...toujours
justifié d'avoir un couvre-feu au Québec? À la vue, là…
M. Nadeau-Dubois : C'est
l'autre grande attente que l'on a à l'égard de ce plan de déconfinement. Ce
plan de déconfinement, c'est incontournable, doit contenir des indicateurs
objectifs clairs sur quand est-ce que le couvre-feu va être retiré. Ce n'est
pas une mesure banale, le couvre-feu, c'est une mesure particulièrement musclée
qui a des impacts sur certaines catégories de la population plus que d'autres.
C'est essentiel, donc, que, dans le plan de déconfinement, on indique
clairement en fonction de quels critères scientifiques objectifs on va retirer
le couvre-feu au Québec.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'on doit aussi inclure là-dedans, dans le plan de déconfinement, la fin des
mesures d'urgence sanitaire, c'est-à-dire, de dire : Bien, à partir de
telle date, là, la loi sur les mesures sanitaires, sur les mesures d'urgence
sanitaire s'arrête...
M. Nadeau-Dubois : L'état
d'urgence.
M. Lacroix (Louis) : ...l'état
d'urgence, excusez-moi, sanitaire s'arrête?
M. Nadeau-Dubois : L'état
d'urgence comme telle? C'est une bonne question. Honnêtement, là, je ne sais
pas si c'est dans le plan de déconfinement qu'il faut l'inscrire. Ce que je
sais, c'est que le gouvernement, là, doit ouvrir son jeu et doit dire quel est
son plan de match avec l'état d'urgence sanitaire. Ça fait une soixantaine de
fois maintenant qu'on le remet en place simplement par une décision du Conseil
des ministres, ça fait de plus en plus jaser, ça crée une impression de manque
de transparence, d'opacité. Le gouvernement doit préciser c'est quoi, sa
feuille de route pour retirer l'état d'urgence sanitaire. Que ça soit dans le
plan de déconfinement ou pas, honnêtement, rendu là, ça m'indiffère un peu.
Mais, il faut un plan de match sur quand est-ce que l'état d'urgence sanitaire
va être retiré au Québec.
La Modératrice
: On va
devoir…
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que ça serait acceptable qu'à l'automne prochain, lors de la reprise des
travaux parlementaires, qu'on soit encore en état d'urgence sanitaire?
M. Nadeau-Dubois : Ça va
vraiment dépendre de la situation épidémiologique, je ne suis pas en mesure de
répondre à ça.
M. Gagnon (Marc-André) :
…cette semaine? Ils annoncent beau, là, en fin de semaine.
M. Nadeau-Dubois : Le plus tôt
sera le mieux, le plus tôt sera le mieux. Il faut une feuille de route, et
c'est ce qu'on demande depuis le début de la pandémie, hein, une feuille de
route avec des indicateurs scientifiques, objectifs et prévisibles.
M. Gagnon (Marc-André) :
...cette semaine. Le plus tôt possible.
M. Nadeau-Dubois : Le plus tôt
sera le mieux.
M. Gagnon (Marc-André) : Parce
qu'à trop attendre est-ce qu'il n'y a pas un risque de pousser les gens à
désobéir aux consignes?
M. Nadeau-Dubois : Le manque
de clarté, le manque de transparence, ce n'est pas bon pour l'adhésion. Là, on
sent un enthousiasme avec le progrès de la vaccination, ça fait que le meilleur
moyen de canaliser cet enthousiasme, c'est d'avoir un plan de déconfinement
rapidement sur la table. Si c'est cette semaine, tant mieux. En début de
semaine prochaine, c'est bien aussi. On ne jouera pas sur deux, trois jours,
là, mais il le faut rapidement, ce plan-là. Ça va canaliser l'enthousiasme,
puis ça va éviter que l'enthousiasme devienne un problème.
M. Gagnon (Marc-André) :
Donc, au plus tard, au début de la semaine prochaine…
M. Nadeau-Dubois : Le plus tôt
sera le mieux.
La Modératrice
: Merci.
On va passer en anglais.
M. Grillo
(Matthew) : Yes. Good morning. So, what is
your opinion on this removing bilingual status of
municipalities? I mean, what does Québec solidaire, you know, think of this issue?
M. Nadeau-Dubois : I think it's normal that some municipalities have a bilingual status. The question is : By which
criteria? And we will wait to see the proposal of Simon
Jolin-Barrette. We don't know yet what he will put forward in terms of criteria
for a city to have that bilingual status. If it's OK
for some, maybe some do not deserve it. But to do that exercise, we need to see
the bill, and I hope it will be tabled tomorrow.
M. Grillo (Matthew) : But for a community who has maybe less than 20%, maybe less than
10% of its population that consider themselves Anglophones, do you think they
should have bilingual status?
M. Nadeau-Dubois : I do not have the bill in front of my eyes. Is it 25%, is it 20%,
is it 30%, is it 50%? We will need to see the bill to react on the bill. It's a
very frustrating habit from the Government to leak into the media elements of a bill, trying to force the Opposition
party to react to it. Because what we need to see is the general economy of
that bill, the general equilibrium of the measures on one side and on the other
side. And it's very difficult to have a radical opinion on one measure that is
extracted from a bill that we don't know.
M.
Grillo (Matthew) : Would you say expectations
are high for tomorrow?
M. Nadeau-Dubois : Expectations are really high. We will see what are the real
priorities of that Government in terms of protecting
French. Will this Government have the courage to rein in big corporations that
are now asking the knowledge of English for any number of reasons, including
totally illegitimate reasons? That's the litmus test for Simon Jolin-Barrette
tomorrow.
Mme Senay (Cathy) : Regarding the fact that we have bites of… pieces of this proposed
legislation in the media for a number of months, it does foster some fears among
English-speaking Quebeckers. How do you see this? Because, just today, they
might be thinking : OK, what's going to happen to me?
M. Nadeau-Dubois :
Well, you know, I think that fear is fuelled by the communication strategy of
the Coalition avenir Québec. Because you need to present your whole plan for
people in all communities, including the anglophone community, to understand
what the approach is, what the general approach is. When you extract one
measure, it creates apprehensions, fears, reactions,
and it's a bad way to have that debate.
The debate around French
is not necessarily a divisive debate, it can be a unifying debate for Québec society. And for example, I know that
a lot of young Anglophones in my generation totally agree with the spirits of
the Bill 101, which says that French is the official and common language in Québec. They want to make sure that the
anglophone community has its historical rights protected, and there is a strong
political consensus on that in Québec, and Québec solidaire will be the guardian of that consensus. But, when they extract like
that a few measures, trying to fuel the debate, I think it's a very bad way to
start that debate.
Mme Senay (Cathy) : And just last week, when the debate was brought on the status of
bilingual municipalities and the Government's budget... Jolin-Barrette kept
responding that we'll look into this. But then he was saying again that the
Bill that the Government will present will preserve and protect the rights of
the English-speaking community in Québec, but it's as if the message doesn't come across.
M. Nadeau-Dubois : Yes. I understand that a lot of Anglophones in Québec see that debate coming and are
stressed or are fearful. And it's OK. But I want to tell them that Québec
solidaire will be there to make sure we progress in
that debate in a unifying way for Québec society. I think we should not make a caricature of the anglophone
community as people who are against Bill 101 and don't want to hear about
anything close to protecting French. I don't think it's the case. It's not my
experience of the anglophone community in Québec, especially in Montréal. So, I think there is a way to have that debate in a good way, in a
healthy way, in a democratic way. The anglophone community will have its voice
heard in that debate, and I am confident that there is a strong proportion of
the Anglophones in Québec who
totally understand that the right to work in French is fundamental and that
it's normal for Francophones to hold on to that right, just like it's
legitimate for them to hold on on their linguistic historical rights in Québec.
La Modératrice
:
Une dernière question.
M. Verville
(Jean-Vincent) : What does the breach of Place
0-5 says about the Government...
M. Nadeau-Dubois : Honestly, the data breach regarding Place 0-5 is just a symptom.
It's just the last example of the huge mess we're in in terms of protecting the
personal data of Quebeckers.
It's not the fault of that coop. I don't know, even, if it's the fault of the
Government. We're all in this together. We have a very big mess to solve. We're
in a position where our laws protecting personal data are completely out of
date with the new technologies that are now in place.
You know, two weeks ago,
it was the Tribunal administratif du logement who was placed in a very similar
position because the laws that protect personal data do not take in
consideration the fact that you can now program an artificial intelligence
robot to gather public data, put them inside a box and create a black list of
bad renters for apartments. So those are all examples that we need, we really
need to modernize our laws, and that's what we will do today.
M. Verville
(Jean-Vincent) : There is two bills that are
now currently studied. Are they enough or will they be enough to prevent other
breaches?
M. Nadeau-Dubois : The first bill is about personal data. We are working on it right
now. The basis of that bill is a good basis, but we need to make it better.
I've told you about three proposals we will do today to make it better. I can
be, this bill can be a huge step forward if the Coalition
avenir Québec accepts our proposals.
The second bill,
Bill 95, is still not yet being studied. We're still looking into it.
There is also a potential in that bill, but we will need to work on it more to
really see if it's the good solution to our problem.
M. Verville
(Jean-Vincent) : Can you repeat the three most
important proposals?
M. Nadeau-Dubois : Yes. So we have to end the, you know, free for all in terms of
grabbing personal data of Quebeckers in the private sector. The first proposal is to ban the commercial
use of data recolted from children. We have made a collective choice, in
Québec, to ban targeted ads for children, well, we should do the same for
collecting the data of children and using it for commercial purposes.
Second, we are proposing
to ban the… «profilage». How would you say that?
Une voix : …
M. Nadeau-Dubois :
Let's say tracking. It's close. We will put a proposal, an amendment to the
bill to ban tracking of individuals based on biometrics data. For example,
facial recognition is having a boom in Québec in the private sector. Frankly,
it's around the world. Those technologies should not be
used for commercial purposes to do targeted ads. This should not be legal in Québec.
And third proposal is to
affirm that fundamental
principle of privacy by default, which means that our apps on our cell phones
should be programmed as such as tracking or localization features should be
deactivated by default, and users should opt in on those features. It's not the
case right now. Apple did a step in the right direction a few days ago. All
corporations should do the same, and we will propose that today.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 16)