(Neuf heures quarante-trois minutes)
M. Legault : Oui, bonjour,
tout le monde. Bien, je vais être très bref. Écoutez, la situation reste très
stable au Québec. On voit même une petite diminution du nombre de cas actifs.
Le nombre d'hospitalisations aussi est stable quand on regarde hier.
Donc, c'est encourageant, mais, en même
temps, avec les différents variants, il faut être extrêmement prudent. Donc, on
n'est pas à l'abri d'une explosion dans les prochains jours, mais disons qu'on
va au moins se satisfaire que la situation ait arrêté de s'empirer, là. On a
même atteint un plateau, puis même une petite baisse. Donc, c'est très
encourageant.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il faut fermer les frontières avec les autres pays, avec l'Inde, entre
autres choses, et les frontières interprovinciales, M. Legault, pour
essayer de limiter le déplacement des variants?
M. Legault : Bon, j'ai eu des
discussions, effectivement, entre autres, avec Doug Ford, puis on est tous les
deux d'accord pour dire… Un, il faut être plus prudent encore avec les vols
internationaux, donc, entre autres, les vols qui proviennent de pays comme
l'Inde ou le Brésil.
Ensuite, on doit en faire beaucoup plus
sur les mesures pour les passagers qui arrivent au niveau terrestre, entre
autres, des États-Unis. Donc, on est en train de préparer une lettre, peut-être
qu'elle est même déjà envoyée, avec quelques premiers ministres, là, entre
autres l'Alberta, Colombie-Britannique, l'Ontario, une lettre à M. Trudeau
pour dire : Il faut en faire plus sur les vols internationaux, sur les
entrées terrestres. Et entre nous aussi, les provinces, on s'est entendus pour
tout faire pour réduire les voyagements entre les provinces.
Donc, j'en profite pour le dire aux
Québécois, là, ce n'est pas une bonne idée d'aller en Colombie-Britannique ou
d'aller en Ontario. Bon, d'ailleurs, il y a des barrages puis des
interpellations aléatoires entre le Québec et l'Ontario.
Mme Lajoie (Geneviève) :
…pour les vols internationaux?
M. Legault
: Bien, ça
relève d'Ottawa, donc on demande à M. Trudeau d'en faire plus. On veut
s'assurer, entre autres, que… Il y a des gens qui ont trouvé des façons de
contourner la quarantaine en se disant : Bien, je paierai l'amende, et
puis ils ne vont pas nécessairement suivre la quarantaine. Ensuite, bien, on
peut se poser des questions aussi : Est-ce que, sur un vol de New Delhi à
Montréal ou à Toronto, est-ce qu'il y a des passagers qui peuvent être
contaminés puis que les passagers pourraient être testés négatifs à l'arrivée,
mais ensuite développer le virus? Il y a aussi, on me dit, des faux certificats
de tests négatifs, là. Donc, il y aurait des passagers qui sont embarqués avec
des faux tests, qui étaient contaminés. Donc, on demande à M. Trudeau d'en faire
encore plus surtout à l'égard des passagers qui viennent de pays où on est
inquiets.
Mme Prince (Véronique) : M.
Legaut, depuis le début de la pandémie, ça fait combien de fois que vous
demandez à M. Trudeau d'en faire plus pour les frontières? On a l'impression un
peu que c'est le jour de la marmotte, là, aujourd'hui, vous demandez d'en faire
plus pour les frontières, alors qu'on vous a déjà senti plus incisif.
M. Legault : Bien, écoutez,
moi, j'ai des rencontres puis des appels réguliers avec M. Trudeau. En plus,
vous le savez, c'est moi qui est le président du Conseil de la fédération.
J'étais très content d'apprendre, hier ou avant-hier, M. Trudeau a accepté de
reporter au 31 mai... bien, de poursuivre, finalement, les mesures jusqu'au 31
mai pour la quarantaine puis tous les vols internationaux, réduire dans
certains aéroports. Je pense qu'il y a déjà beaucoup qui a été fait par M.
Trudeau. Mais, avec le variant indien et le variant brésilien, il faut encore
être plus prudent.
Mme Prince (Véronique) :
Avez-vous des indications comme quoi ça pourrait être… votre demande, il
pourrait l'acquiescer, là, dans les prochaines heures? Avez-vous des
indications?
M. Legault : Je l'espère, je
l'espère, là, mais ce n'est pas moi qui contrôle.
M. Laforest (Alain) : M.
Legault, en politique, tout est une question d'apparence. Il y a un contrat de
gré à gré, là, qui a été donné en évoquant l'urgence, qui n'est pas urgent,
puis c'est un de vos cofondateurs de la CAQ qui est actionnaire, pas l'actionnaire
principal, là-dedans, là. Dans l'apparence, là, vous perdez au change, là, non?
M. Legault : Bon, regardez,
d'abord, M. Sirois a des investissements dans plus 50 entreprises
québécoises. Lionel Carmant, le ministre, n'était pas au courant quand il a été
terminé que c'était le seul programme qui était sécuritaire puis qui était
disponible rapidement. Puis, oui, il y avait un lien avec la pandémie. Ce qu'on
voulait, c'est qu'il y ait moins de citoyens qui se rendent à l'urgence puis
qu'ils aillent voir leur médecin de famille en passant par ce site, là, de
réservation. Puis, Louis Têtu, président de Coveo que plusieurs connaissent,
disait ce matin : «C'est une technologie formidable et qui fait sauver
énormément d'argent au gouvernement. Sous l'ère Barrette, le Québec achetait
des technologies étrangères à coup de centaines de millions, et ça ne marchait
pas.»
Donc, à partir du moment où c'était le
seul programme disponible, M. Carmant n'était pas au courant qu'il y avait
un intérêt de 5 % de la part de M. Charest, donc il a fait une
demande à la Commissaire à l'éthique qui a dit : Il
n'y a aucun conflit d'intérêts et même aucune apparence de conflit d'intérêts.
M. Carabin (François) : À
quel point est-ce que la situation avec le variant indien vous inquiète pour la
région de Montréal, M. Legault? On sait que c'est un pôle aéroportuaire
important. Donc, à quel point est-ce que ça vous inquiète?
M. Legault : Bien, écoutez,
personnellement, ça m'inquiète. Là, cet après-midi, à 13 heures, là, il y
aura un point de presse avec le ministre de la Santé. Vous pourrez peut-être en
profiter pour lui demander. Évidemment, quand il y a des nouveaux variants…
Puis ce n'est pas le dernier variant, là, il va y avoir des mutations dans le
virus. Évidemment, l'inquiétude qu'on a toujours, c'est de savoir est-ce que
nos vaccins sont efficaces contre ce variant-là. Ce qui me réjouit, c'est de
savoir qu'on l'a détecté. Donc, ça veut dire qu'on fait bien le travail de
détection.
M. Carabin (François) :
Est-ce que ça ne risque pas de faire augmenter les hospitalisations qui,
jusqu'à maintenant, étaient stables à Montréal?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, on parle d'un cas. Donc, on va suivre. Puis, comme je disais tantôt, là, ça
va bien pour l'instant, mais il ne faut rien prendre pour acquis, entre autres,
à cause de ces variants qui se multiplient et qu'on connaît évidemment moins. Les
nouveaux variants, est-ce qu'ils sont tous… Est-ce que nos vaccins seront tous
efficaces contre les nouveaux variants? C'est ça qu'il faut voir.
M. Lacroix (Louis) : Mais ce
variant-là a été détecté en Haute-Mauricie. Est-ce qu'il faut essayer de limiter
encore davantage les déplacements interrégionaux pour éviter, justement, que ce
variant-là puisse se promener d'une région à l'autre?
M. Legault : Bien, écoutez,
d'abord il y a des gens qui travaillent, il y a une question, là, de vie
économique. Deuxièmement, bien là, il y a un cas, puis ce cas-là, il est suivi
de près. Donc, s'il y en avait plusieurs, à un moment donné, qui s'étaient
concentrés dans certaines régions, on pourrait se poser des questions comme ça,
mais, pour l'instant, non.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron, Fanny Lévesque, Olivier Bossé.
M. Bergeron (Patrice) :
...bien, étant donné que La Tuque, c'est déjà quand même un peu séparé,
là, est-ce qu'il n'est pas possible, justement, de créer comme une bulle à
La Tuque, le temps qu'on règle ce problème-là ou...
M. Legault : Bien, écoutez,
là, pour l'instant, on suit les indications de la Santé publique. Si la Santé
publique nous le demande, on va accepter, mais, pour l'instant, ce n'est pas
une demande de la Santé publique.
M. Bergeron (Patrice) :
...étant donné ce qu'on apprend dans le journal ce matin, est-ce que vous êtes
en mesure de rassurer les Québécois? Vous avez toujours dit que vous n'étiez
pas achetable. Est-ce que vous avez la même éthique aujourd'hui que celle que
vous aviez il y a deux ans, quand vous avez été élu?
M. Legault : Franchement, là,
il n'y a absolument rien, même pas d'apparence. M. Sirois a des investissements
dans plus d'une cinquantaine d'entreprises. Les choix qui sont faits concernant
les approvisionnements, je ne me mêle pas de ça. Je ne suis pas au courant,
même, de ça. Et c'est fait au mérite, point final. Puis jamais je ne serai
achetable.
Mme Lajoie (Geneviève) :
…pendant la pandémie?
M. Legault : Je ne pense pas.
Je pense que, quand on dit : Il y a trop de patients dans les hôpitaux
puis qu'il y a des cas, là, qu'on appelle P4, P5, qui devraient être traités en
première ligne dans des cliniques privées ou des CLSC, bien, c'est important de
prendre tous les moyens pour que ces patients-là ne viennent pas engorger nos
hôpitaux.
Mme Lévesque (Fanny) : Au
sujet de la une du Journal de Montréal, votre ministre de la Lutte
contre le racisme a dit qu'il craignait que ce genre de une là alimente les
préjugés envers les minorités. Est-ce que vous partagez son opinion? Qu'est-ce
que vous en avez pensé, vous, personnellement?
M. Legault : Bien, écoutez, il
faut être prudent pour ne pas stigmatiser certaines communautés.
Mme Lévesque (Fanny) : ...le
journal a été imprudent, à votre avis?
M. Legault : Bien, écoutez, je
pense qu'il faut toujours être prudent quand on parle de certaines communautés.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, une question?
M. Bossé (Olivier) : Vous
dites : Il faut être prudent. Est-ce que les médias participent à… Est-ce
que les médias manquent de prudence?
M. Legault : Je ne vois pas de
complot des médias.
M. Laforest (Alain) : …vous
entendre sur Benoît Pelletier, quelqu'un que vous avez fréquenté ici, à
l'Assemblée nationale, qui est très malade, actuellement, de la COVID.
M. Legault : Bien, écoutez,
Benoît, effectivement, c'est quelqu'un avec qui j'ai travaillé à l'Assemblée
nationale, même si on n'était pas dans le même parti. C'est quelqu'un qui est
très apprécié aussi au point de vue constitutionnel. Je dirais que c'est
peut-être un des rares nationalistes qu'il y avait au Parti libéral.
Ceci étant dit, c'est l'être humain. Il a
61 ans, Benoît. Donc, on voit que même quelqu'un de relativement jeune,
61 ans, puisse se retrouver dans le coma et avoir peur, même, d'en mourir.
Là, heureusement, il est sorti du coma. Ça semble mieux aller, puis on lui
souhaite un prompt rétablissement. Mais en même temps je pense que c'est un
message qu'on envoie à tous les Québécois. Personne n'est à l'abri de ce
virus-là, même les personnes de 61 ans.
M. Lacroix (Louis) : …la
laïcité, Mme Anglade a répété ce matin que, si elle était au pouvoir, elle ne
renouvellerait pas la clause dérogatoire. Mais en même temps elle n'a pas été
capable de nous dire s'il y avait une alternative à la Loi sur la laïcité
qu'elle pourrait amener. Qu'est-ce que ça vous inspire, cette réponse-là?
M. Legault : Bien, je pense
que Dominique Anglade vient d'échouer son test de leadership. Elle est
incapable de défendre les valeurs des Québécois. On le sait, il y a une grande
majorité des Québécois qui sont d'accord avec la loi n° 21. Il y a une
grande majorité de Québécois qui disent : Les personnes en autorité ne
devraient pas porter de signes religieux. On sait maintenant que le jugement…
que, pour y arriver, on a besoin de la clause dérogatoire. Puis Mme Anglade
laisse tomber les Québécois, a peur de son caucus, et, au lieu de défendre les
Québécois puis ce que souhaitent les Québécois, bien, elle vient de défendre
une petite minorité dans son caucus.
Le Modérateur
: Une
dernière question en français, Mylène Crête.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour, M. Legault. Allez-vous… la clause…
Des voix
: …
Le Modérateur
: On
n'entend absolument rien. Mylène Crête.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour, M. Legault. Comptez-vous utiliser justement la clause dérogatoire pour
renforcer le projet de loi sur la Charte de la langue française comme Mme
Anglade, justement, est prête à le faire?
M. Legault : Bien, on ne
l'exclut sûrement pas, là. Mais je ne veux pas scooper notre annonce, donc,
mais il ne faut sûrement pas l'exclure. Mais vous allez le voir quand on va déposer
le projet de loi.
Mme Crête (Mylène) :
Pas l'exclure, ça veut dire l'inclure?
M. Legault : Ça veut dire
qu'on peut l'utiliser. Il y a des bonnes chances qu'on l'utilise.
Le Modérateur
: Bon,
très bien, Patrice Bergeron, une question fermée, s'il vous plaît, puis après
on va passer en anglais.
M. Bergeron (Patrice) : M.
Jolin-Barrette avait dit que le Parti libéral avait manqué son rendez-vous avec
l'histoire quand il y a eu l'adoption de la loi 101. Est-ce que Mme Anglade
manque encore un rendez-vous avec l'histoire du Parti libéral concernant la Loi
de la laïcité?
M. Legault : Bien, écoutez,
moi, je pense qu'elle vient d'échouer son test de leadership parce que, dans le
fond, elle a, d'un côté, une majorité de Québécois qui sont d'accord avec
l'interdiction des signes religieux pour les personnes en autorité, puis, de
l'autre côté, elle a quelques députés qui sont contre, et là elle a penché du
côté de ses députés en disant : Je n'utiliserai pas la clause dérogatoire.
On sait que la clause dérogatoire est renouvelable à tous les cinq ans.
Donc, ça sera dans le prochain mandat du prochain gouvernement. Donc, Mme
Anglade vient de nous annoncer que, si jamais il y avait un gouvernement
libéral, bien, elle ne va pas appuyer la majorité des Québécois, elle ne va pas
défendre les valeurs québécoises.
Le Modérateur
: On va
maintenant passer aux questions en anglais avec Raquel Fletcher, à distance.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning, Premier. I'd like to
hear you…
M. Legault :
Yes, good morning.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning. I'd like to hear you
in English about your concern, first of all, with the variant that we're seeing
from India. But also you mentioned how you want Ottawa to proceed with closing
borders and controlling interprovincial travel.
M. Legault :
OK. First, I would like, regarding the variant, that you ask your question, if
you're available, at 1 :00 p.m. because I'm not a specialist. But we
worry, and the main reason why we worry is we're never sure that all new
variants... that for those variants, the vaccine will be efficient. So, we are
looking at that. I'm happy to see that we were able to detect the variant.
Regarding the boarders,
I'm asking, and we are asking, some Premiers, Mr. Trudeau, for a few
things. First, we would like to reinforce the measures regarding international
flights coming from countries like India and Brazil. Second, for people coming
from United States, on the ground, we would like to see more measures,
including quarantine, to make sure that we prevent the increase in the number
of people infected in Canada.
Le Modérateur
:
Deux dernières questions en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : OK. Well, good. Can I ask you,
Premier Legault, your first reaction when you saw the headline of Le journal
de Montréal? Your first reaction.
M. Legault :
OK. I think we have to be careful not to stigmatize a certain community. So, we
have to be careful.
Mme Senay
(Cathy) : And regarding… You wrote in your
book, in 2013, that you would consider using the notwithstanding clause with Bill 101
and the reform. So, what message do you send to English-speaking Quebeckers
today?
M. Legault :
But I don't want to scoop myself or scoop Simon, but he will table very soon
our bill. And, of course, we don't exclude that, and we will probably use the
notwithstanding clause. I think that, with the judgment we had this week about
the Bill 21, it's clear that the interpretation of the Canadian
Constitution, that we didn't sign, is sometimes giving us some answers that are
not representing what the majority of Quebeckers want.
M. Authier
(Philip)
: So, there's no… nothing to be ashamed of in using the notwithstanding clause?
M. Legault : To protect our collective rights, no.
Le Modérateur
: Rapidement. Angela Mackenzie.
Mme MacKenzie (Angela) : ...really showed up for the AstraZeneca vaccine yesterday. I'd like
your thoughts on that. And also, they are almost no spots left in Montréal for this vaccine. How many doses
approximately are left of AstraZeneca? How soon are we going to run out?
M. Legault : First, I'm very happy to see 85,000 doses that have been given
yesterday. It's incredible. Regarding AstraZeneca, all the slots that were
opened have been filled. So, I'm happy about that. But, of course, we have to
remember that, starting next time… next week, we'll have an increase in the
number of Pfizer doses. So, I want to reassure everybody. And, by June the 1st,
we'll receive even more. So, we'll have doses for everybody of either Moderna,
Pfizer or AstraZeneca.
Le Modérateur
:
C'est ce qui met fin à cette mêlée de presse...
Mme MacKenzie (Angela) : Eventually reducing…
M. Legault : But ask your question to Christian, this afternoon, he'll give you
some figures.
Le Modérateur
:
Merci. Vous êtes attendu en Chambre. Bonne journée.
M. Legault : Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 1)