(Huit heures deux minutes)
La Modératrice
: On va
commencer. Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Alors,
ce matin, M. Sylvain Gaudreault, notre porte-parole en matière d'environnement
et de lutte aux changements climatiques, qui sera suivi de M. Paul St-Pierre
Plamondon, le chef du Parti québécois. La parole est à vous.
M. Gaudreault : Oui. Bonjour.
Et député de Jonquière, parce qu'il y a un enjeu qui touche ma région et ma circonscription
mais qui touche l'ensemble du Québec, dont nous voulons vous parler aujourd'hui.
Vous avez vu hier l'annonce gouvernementale d'un soutien de 20 millions de
dollars à une technologie verte, une technologie absolument révolutionnaire et
intéressante. C'est la quête, hein, du Saint-Graal en matière d'aluminium,
c'est de produire de l'aluminium sans carbone.
Cependant, nous nous... Bon, nous nous
réjouissons de cette annonce, mais, cependant, il faut s'assurer d'une transition
juste pour les travailleurs et les travailleuses du secteur de l'aluminium pour
que l'implantation de cette nouvelle technologie ne conduise pas à des pertes
et à des diminutions d'emploi industriel dans une région industrielle comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Donc, vous savez que nous parlons, depuis plusieurs
semaines déjà, de cette idée de transition verte et juste pour les travailleurs
et les travailleuses dans un contexte de transition écologique. Ce que je vous
annonce aujourd'hui, comme on l'a déjà dit lors du dépôt du budget, on avait
dit qu'il fallait puiser dans le Fonds des générations pour permettre cette transition
juste pour les travailleurs qui seront touchés par la transition écologique.
Alors, ce que je vous annonce aujourd'hui,
c'est qu'avec mon collègue Martin Ouellet, député de René-Lévesque, porte-parole
en matière de finances, nous allons déposer un projet de loi. On est en train
de travailler là-dessus. Je ne vous dis pas qu'on va le déposer aujourd'hui ou
cette semaine, là, parce qu'on est en train de travailler là-dessus, mais, dans
les prochaines semaines, nous allons déposer un projet de loi modifiant le Fonds
des générations pour permettre de puiser jusqu'à 1 milliard de dollars par
année dans le Fonds des générations pour pouvoir planifier, travailler,
préparer cette transition juste pour les travailleurs et les travailleuses.
Ça veut dire faire de la concertation
régionale sur les prochains chantiers économiques, sur les prochaines
opportunités économiques d'emploi, d'économie verte, préparer également, avec
ce fonds-là, des enveloppes pour permettre la formation, la requalification des
travailleurs qui devront transiter vers des milieux différents, des secteurs de
l'économie verte. Et, pour le financer, bien, il faut aller chercher l'argent à
quelque part. Il y en a dans le Fonds des générations, et il s'adonne que, justement,
le Fonds des générations est alimenté en bonne partie par les redevances sur
les ressources naturelles, et ces mêmes ressources naturelles qui viennent des
régions qui seront touchées par la transition écologique.
Et la région pionnière, la région pilote
pour faire ça, il n'y a pas mieux que le Saguenay—Lac-Saint-Jean, surtout dans
un contexte où on a une annonce comme hier qui fait en sorte que 20 millions
du gouvernement, où il y a une partie qui est... une prise de participation,
là, du gouvernement dans le projet Elysis, bien, va conduire, oui, à de
l'innovation technologique, oui, à une réduction des GES, on en est fiers, mais
il ne faut pas que ça soit avec des pertes d'emploi.
Donc, aluminium sans carbone, oui. Aluminium
sans emploi, non. Alors, c'est ce qu'on va faire pour nous assurer que nos
travailleurs et nos travailleuses ne seront pas pénalisés par des technologies
comme ça. Là-dessus, je laisse la parole au chef Paul St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci beaucoup, Sylvain. Très difficile de ne pas parler à nouveau ce matin de
ce jugement qui invalide une bonne partie de la loi n° 21
sur une base que je qualifierais à nouveau de créative, c'est-à-dire considérer
que les droits linguistiques vont jusqu'à soustraire une bonne partie des
Québécois en raison de valeurs et de généralisations, là, qu'on appliquerait à
ce groupe-là.
Je veux souligner que je m'inquiète
énormément. J'ai été extrêmement surpris d'entendre la position de Dominique
Anglade et du Parti libéral du Québec sur cette question-là, qui, plutôt que de
nous dire : Nous, au Parti libéral, on est contre la laïcité et donc on veut
abolir démocratiquement cette loi-là avec les pouvoirs que nous conférerait
l'Assemblée nationale, si jamais on était élus, nous dit plutôt : On ne va
simplement pas renouveler la clause dérogatoire.
Et ça, c'est grave parce qu'on est en
train de dire que la clause dérogatoire, qui aura servi à plusieurs reprises
depuis 1982 et qui est un rempart essentiel par rapport un régime juridique
auquel on n'a jamais consenti, ce principe qui a d'ailleurs été celui de Robert
Bourassa, dont... On entend souvent Mme Anglade se réclamer de Robert Bourassa.
En principe, jamais le Parti libéral n'a consenti au régime juridique de 1982,
le Parti libéral a toujours respecté le droit du Québec de se soustraire à ce
régime-là à travers la clause dérogatoire. Donc, moi, je ne comprends pas, je
ne vois pas comment un ou une aspirante premier ministre pourrait ne pas
défendre le droit du Québec de s'autodéterminer démocratiquement vis-à-vis un
régime juridique, celui de 1982, auquel on n'a jamais consenti.
Donc, la clause dérogatoire, elle est
essentielle, vous le savez, pour plusieurs lois, dont la loi 101. Est-ce qu'on
devrait comprendre que le Parti libéral serait prêt à remettre en question la
clause dérogatoire pour d'autres lois comme la loi 101? Moi, je pense que c'est
une position qui n'est pas tenable. Si les libéraux sont contre la laïcité puis
sont contre cette loi-là, donc contre la volonté de la grande majorité des
Québécois, qu'ils le disent et qu'ils agissent à la face du jour avec une loi
pour abolir la Loi sur la laïcité.
C'est pourquoi aujourd'hui, pour clarifier
les choses, nous allons déposer une motion qui parle d'elle-même :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que la
nation québécoise n'a jamais consenti à l'ordre constitutionnel imposé en 1982
par le gouvernement canadien;
«Qu'elle affirme que la nation québécoise
peut légitimement établir ses règles de vivre-ensemble, dans le respect de son
histoire, de sa culture et de ses institutions;
«Qu'elle réitère que tous les Québécois
sont égaux devant la loi, et qu'elle s'applique à tous;
«Qu'elle rappelle que les lois adoptées
par l'Assemblée nationale s'appliquent sur tout le territoire du Québec.»
Ça semble très de base, là, ça semble très
évident comme motion, mais j'ai bien hâte de voir comment les libéraux vont
voter suite à la position, à mon avis, intenable qu'ils ont prise hier sur
cette question-là.
Un mot également sur la CAQ et la langue
française. Donc, pour une septième fois hier, la CAQ nous annonce qu'elle va
revenir sur son engagement de déposer son projet de loi de renforcement de la
langue française. Sept fois, on dit à la population : Il est prêt, notre
plan, on le dépose la semaine prochaine ou on le dépose dans quelques semaines.
Sept fois, on aura menti, on sera revenu sur notre parole. Si ce n'était pas de
la pandémie, là, un comportement, comme celui-là, sur une question aussi
fondamentale que celle de la langue, un comportement comme celui-là, de la part
d'un gouvernement ferait beaucoup plus jaser.
Et l'excuse qu'on nous sert, c'est :
Bon, on est en pandémie donc on n'a pas le temps. Bien, je rappelle à la population,
qui ne suit pas dans le détail tout ce qu'il se passe à l'Assemblée nationale,
qu'on est maintenant rendu à environ 40 projets de loi déposés par la CAQ
puis dont les suivants, là : la Loi modifiant la Loi sur la fonction
publique et d'autres dispositions, ça, on avait du temps pour ça à la CAQ; la
Loi modernisant des dispositions en matière de protection des renseignements
personnels, ça, on a du temps pour ça; la Loi concernant l'accélération de
certains projets d'infrastructures, le fameux p.l. 66, qui à l'origine était
le p.l. 61, là, ça, on a du temps pour ça à la CAQ. Il y en a 40 comme ça,
des projets de loi sur des sujets pas mal moins urgents et pas mal moins
fondamentaux que celui de la langue.
Donc, c'est risible mais, en même temps, c'est
d'une tristesse sans nom de voir la CAQ tergiverser, manquer d'initiative,
manquer de leadership au point où, pour une septième fois, on nous annonce
qu'on n'est pas prêt à déposer le projet de loi qui permettra à la langue
française, en temps utile, de reprendre de la vigueur, qui permettra au Québec
de renverser une tendance qui est lourde, qui a lieu présentement, celle du
déclin de la langue française au Québec.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...c'est quoi, l'urgence? Quel est le préjudice, si on attend, si le
législateur attend quelques mois avant de renforcer la Charte de la langue
française?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, ce n'est pas quelques mois, là. Rappelons qu'ils sont au pouvoir depuis
maintenant presque trois ans, là. Donc, pendant trois ans, à sept reprises, on
pellette par en avant. Qu'est-ce que ça dit sur les priorités de ce
gouvernement-là, qui ont mis toutes leurs énergies sur d'autres dossiers, comme,
d'ailleurs, le financement de Dawson, là, qui contribue à l'anglicisation, mais
toutes sortes d'autres sujets? Qu'est-ce que ça dit sur leurs priorités? Puis
quelle est l'urgence? Nous sommes en urgence linguistique. C'est la première
motion que j'ai déposée à titre de chef quand je suis arrivé ici.
La tendance a lieu maintenant. Lorsqu'il y
a une dynamique qui est urgente, qui a lieu de manière accélérée, un
gouvernement qui s'en préoccupe puis qui a le moindrement d'intérêt pour le
sujet va réagir, quitte à perfectionner ou à agir à plusieurs reprises. Mais c'est
l'inaction la plus complète et c'est jumelé à une forme d'hypocrisie où je ne
sais pas combien de fois la CAQ nous aura dit que, le français, c'est important
pour eux, je veux que mes petits enfants parlent français, j'aime la langue
française, c'est donc beau, la langue... Moi, je ne suis plus capable, là.
Il y a une forme de malhonnêteté qui doit
être décriée partout, à savoir : ce n'est pas normal qu'un gouvernement, à
sept reprises, promet que, dans les prochaines semaines, on dépose notre projet
de loi... Ils nous ont même dit qu'il est prêt, le projet de loi. Ils l'ont
dit, c'est prêt. On est prêt, là. Qu'est-ce qu'ils font? Qu'est-ce qui se
passe?
M. Laforest (Alain) : ...pas
un avantage? Parce que ça risque d'être un enjeu de la prochaine campagne
électorale.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, mais, en même temps, c'est parce qu'on veut que ça aboutisse, là.
M. Laforest (Alain) : On
veut que ça aboutisse. Ça fait 30 ans que ça décline, là. 2012,
Pauline Marois a essayé, elle n'a pas fait grand-chose non plus, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, à cause que la CAQ, notamment, bloquait le projet de loi, là. Mais tout
ça pour dire que, moi, c'est important de vous dire que le Parti québécois en
fait une priorité, que, pendant que la CAQ tergiverse, nous, on agit. Puis un
gouvernement du Parti québécois va faire de cette question-là une question
qu'on ne pellette pas par en avant, une question qu'on n'évite pas à répétition
mais une question qu'on prend à bras-le-corps, qu'on prend de front pour
renverser la tendance et redonner au français la place qu'il mérite. Il me
semble, c'est tout simple. Et je trouve ça vraiment spécial.
Mme Gamache (Valérie) : Outre
la pandémie, qu'est-ce... selon vous, quelle est votre lecture, qu'est-ce qui
empêche la CAQ de déposer ce projet de loi là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Rien, il n'y a absolument rien qui empêche la CAQ d'agir, ne serait-ce que son
manque de conviction. La seule hypothèse-là, c'est qu'on est devant un
gouvernement où est-ce qu'il y a plus de libéraux que de péquistes, c'est une
coalition qui est basée sur l'opportunité électorale d'il y a quelques années,
et donc ils n'ont pas nécessairement des idées puis une vision commune du
Québec de demain.
Et les libéraux ou les gens d'idéologie
fédéraliste, on l'a vu dans le cas de la monarchie britannique, c'était
pourtant dans leur programme, là — en principe, quand tu as quelque
chose dans ton programme, ce n'est pas difficile à passer — ils
n'étaient même pas capables de voter pour une motion où on se mettait d'accord,
sans aucun engagement concret, là, on voulait juste se mettre d'accord sur
l'abolition de la monarchie. Puis on a eu plein de députés caquistes nous
chanter les louanges de la monarchie britannique en Chambre.
Je veux dire, il est là, le problème,
c'est que c'est une façade. La doctrine caquiste, la vraie, là, c'est le
fédéralisme, puis c'est un fédéralisme d'échec parce qu'ils n'avancent pas au
sein du Canada depuis qu'ils sont au pouvoir.
M. Lacroix (Louis) : Je
voudrais vous poser une question sur... revenir sur le budget de
Mme Freeland, lundi, où elle annonce la création du programme national de
garderie, là, à la grandeur du Canada. C'est clairement un empiétement dans les
compétences des provinces. Or, hier M. Legault a dénoncé ça en disant que
M. Trudeau jouait au papa avec les provinces, là, puis qu'il mettait
encore une fois le pied dans les compétences provinciales. Mais en même temps
il ne va pas contester ce programme-là parce qu'on reçoit évidemment un montant
d'argent assez important, là, on parle de 6 milliards sur cinq ans, là.
Est-ce que le Québec devrait, à votre avis, même si on n'est pas touchés
directement parce qu'on a déjà notre programme à nous puis qu'on va recevoir de
l'argent, contester cet empiétement-là dans les compétences provinciales?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On doit contester tous les empiétements. Il y en a trois, là, qui apparaissent
très clairement : la santé mentale, les CHSLD, pour la santé, et les
garderies. On doit tous les contester.
Et moi, j'interprète la réaction de
M. Legault de la manière suivante. François Legault sait qu'il n'a aucun
pouvoir de négociation avec le fédéral. Il l'a testé une vingtaine de fois,
depuis son arrivée au pouvoir, ce ne sont que des échecs : le pouvoir en
immigration, le rapport d'impôt unique, le contrôle des frontières, les
demandes pour que l'armée reste plus longtemps. Chacune de ses interactions
avec Justin Trudeau, même lorsqu'à titre de président de la confédération, là,
de représentant de toutes les provinces, même lorsqu'il a essayé de liguer les
provinces au complet contre le pouvoir fédéral, le pouvoir fédéral s'en est
lavé les mains.
Donc, François Legault est très conscient
qu'il n'a aucun pouvoir de négociation, donc on va le voir garder un profil
très bas, alors que c'est inacceptable. Il va prendre l'argent puis il n'en
fera pas beaucoup de publicité de ça parce qu'il est confiné dans sa doctrine
de gain dans le Canada, au nom d'un fédéralisme renouvelé. Ça ne fonctionne
pas. Il ne veut pas faire de publicité. Puis il sait que Justin Trudeau n'en a
rien à cirer des représentations du Québec, qu'il n'a accumulé que des échecs à
date. Et donc il ne fera pas...
En fait, c'est la même position que
Philippe Couillard, lorsqu'ils ont déposé le rapport québécois, Notre
manière d'être Canadiens, puis qu'il voulait s'engager dans une négociation
avec Ottawa. Rapidement, les libéraux de Couillard ont compris qu'il n'y avait
pas d'influence ni d'espace pour une négociation. Qu'est-ce qu'ont fait les
libéraux? Ils ont mis ça sous le tapis, ils ont gardé ça sous silence, et,
malheureusement, c'est l'avenir qui attend la CAQ parce qu'ils n'ont pas de
pouvoir de négociation
M. Lacroix (Louis) : Mais on
devrait contester malgré le risque. Parce que, si on conteste, à un moment
donné, on a gain de cause. On pourrait perdre le fameux 6 milliards sur
cinq ans ou le 1,8 milliard, à terme, là, que ça pourrait...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, non, parce que c'est notre argent. Donc, on est devant une tricherie de
l'esprit de la Constitution. La Constitution séparait, à l'origine, des
pouvoirs pouvoir pour le fédéral puis des pouvoirs pour le provincial. Ce que
fait le fédéral pour tricher l'esprit de cette Consitution‑là, c'est de prendre
notre argent, les ponctions faites à même le Québec, et les dépenser dans les
champs de compétence du Québec. Donc, si on conteste cette manière de faire là,
si on proteste contre leur tentative de légiférer dans notre champ de
compétence, à mon avis, viendrait une obligation corrélative de nous rembourser
l'argent qu'ils ont l'intention d'utiliser, alors qu'ils n'ont pas le droit de
le faire.
Donc, je ne pense pas que c'est l'argent
ou la contestation. Je pense que la contestation, elle est juridique, elle doit
avoir lieu dans tous les cas. Et ensuite il y a une négociation qui, de toute
façon, va avoir lieu. Parce que, quand le fédéral nous dit : Vous allez
avoir l'argent, là, un instant. Tout l'historique récent nous démontre que le
fédéral négocie après, puis donne une fraction de ce qu'il veut bien donner, et
ensuite le présente comme un cadeau aux Québécois, alors que c'est notre argent
qu'on essaie d'obtenir, ouis on ne l'obtient pas en entier. Donc, il ne faut
pas tomber dans ce piège‑là non plus.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que 6 milliards sur cinq ans c'est assez?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je ne sais pas si ça correspond à la quote‑part. Ce que je sais, par contre,
c'est que le 6 milliards, pas sur cinq ans, par année de transferts en
santé qu'on n'obtient pas, là, ça, ce n'est pas assez. Puis c'est là que le bât
blesse dans tous les cas. Donc, tu sais, même si on arrivait à une
détermination différente, ça c'est regarder une infime partie du problème. Le
problème dans son entier, là où le bât blesse, c'est que notre système de santé
est malade parce que le fédéral sous finance ce système‑là. Les demandes ont
été répétées par François Legault, et on ne l'obtient pas. Et ça, ça vaut
6 milliards de manière récurrente et non pas sur cinq ans. Donc, c'est sûr
que ce n'est pas assez dans tous les cas.
M. Pilon-Larose (Hugo) : En fin
de semaine, M. St-Pierre Plamondon, vous avez dénoncé le dérapage «woke» de l'administration
Plante concernant la piétonniaire Camille Laurin. Or, il s'avère que ces faits
étaient détournés par certains chroniqueur et que l'histoire, peut-être, se
dégonfle. Est-ce que vous retirez les paroles que vous avez prononcées en fin
de semaine?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, pas du tout. L'histoire ne se dégonfle pas. La preuve, c'est que la
mairesse est intervenue pour corriger la situation, ce qu'elle aura pu faire. Et
ce qui m'aura surpris aussi, parce qu'évidemment nous, on se fie, comme politiciens,
à l'information disponible dans l'espace public, ce qui m'a surpris, c'est que
j'ai essayé de voir s'il y avait un démenti de cette situation-là,
formellement, avant d'intervenir, puis il n'y avait pas de démenti. Là, c'est
ce qu'on apprend ce matin dans les médias. Mais de la part de l'administration
Plante, moi, ce que j'ai lu, c'est : On est ouverts à d'autres projets
pour M. Camille Laurin. Et là ce qu'on voit, c'est qu'en fait la mairesse s'est
prévalue de son droit de gérer ces questions-là et elle fait atterrir le
projet. Donc, non, ce n'est pas une intervention qui était inutile.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...l'administration
Plante a fait preuve d'idéologie «woke» dans sa gestion préalable de cette
affaire-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
En général, ce qu'on constate... Par exemple, en ce moment, il y a le projet de
donner un droit de vote à des résidents qui, en fait, ne sont pas citoyens. On
l'a vu avec la nomination d'un commissaire au racisme systémique, on a vu
toutes sortes d'initiatives qui, à mon avis, rend le commentaire sur la place
que l'idéologie «woke» prend dans l'administration de cette ville-là... Le commentaire
est légitime. Et je me rends compte que l'intervention qu'on a faite dans le
cas spécifique de Camille Laurin a entraîné un résultat, celui que, finalement,
la voix des citoyens va être entendue, et ce sera une avenue qui s'appelle
Camille-Laurin.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Appuyez-vous la course à la direction de...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, absolument pas, je n'appuie personne, là, dans le sens... Ce n'est pas mon
rôle, comme chef d'un parti d'opposition, de commencer à appuyer un candidat à
la mairie d'une ville, là, ça, je ne peux absolument pas faire ça.
La Modératrice
:
Dernière question en français, s'il vous plaît.
Mme Gamache (Valérie) :
...tests rapides, on voit, par exemple, l'Institut de cardiologie en donne de
façon volontaire à ses employés, là, des tests. Est-ce que le gouvernement,
sachant qu'il y en a des millions, de tests qui dorment dans des entrepôts,
devrait les remettre, ces tests-là, à des entreprises?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Les tests rapides, c'est le jour de la marmotte de la politique québécoise. Je
ne sais pas c'est la combientième fois qu'on me pose cette question-là :
Le gouvernement ne devrait-il pas faire quelque chose avec les tests rapides?
Trouvons ensemble... faisons cet exercice-là, trouvons la première fois que
vous m'avez posé cette question-là. Ça doit être quelque part en octobre ou
novembre dernier. Et cette question-là a été posée 15, 20 fois.
Malheureusement, en date d'aujourd'hui, on est toujours à la case départ. Pourquoi
le Québec est si hésitant à utiliser ces tests rapides là, alors que, partout
dans le monde, c'est une façon de procéder qui est quand même efficace dans la
manière de réduire le nombre d'infections et de prévenir les infections?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
…rapidement, est-ce que la liberté linguistique anglophone a trop de pouvoir au
Québec? On peut peut-être fermer la porte…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
J'aimerais vraiment ça.
Une voix
: C'est une
bonne question.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que la minorité linguistique anglophone a trop de pouvoir, selon vous,
au Québec, à la lumière du jugement, là, de Marc-André Blanchard d'hier?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, ce n'est pas la conclusion qu'on doit en tirer. La conclusion qu'on doit
en tirer, c'est qu'on a repoussé la créativité d'interprétation juridique des
droits linguistiques à un niveau jamais égalé. Et cette interprétation-là
amènerait le Québec à avoir deux poids, deux mesures, des lois qui s'appliquent
à certains et pas à d'autres. Je pense qu'on va être obligé d'attendre le
jugement en appel, là, parce que ce raisonnement-là m'étonne. Je vais m'arrêter
là, là. Donc, ne tirons pas non plus d'inférence sur la base d'un juge qui a
ses opinions, de toute évidence, et qui, ne pouvant pas statuer sur le droit à
la religion, en raison de la clause «nonobstant», est passé par les droits
linguistiques, là, pour faire des inférences qui, à mon avis, feront l'objet
d'une réflexion en appel par la Cour suprême.
M. Laforest (Alain) : …George
Floyd, quel signal ça envoie…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, sur George Floyd, c'est un signal important dans l'histoire des
États-Unis parce que le système judiciaire a réagi différemment que, par
exemple, lors des émeutes de Los Angeles en 1992. Vous vous souviendrez ce qui
avait déclenché l'émeute, c'était un système judiciaire où un jury avait refusé
de rendre justice. Donc, dans le contexte des États-Unis, c'est un geste qui, à
mon avis, est porteur, qui a été salué, d'ailleurs, par les politiciens
américains. Maintenant, ce n'est pas… c'est le début d'une réflexion puis c'est
le début d'un processus, là. Mais c'est un pas dans la bonne direction.
M. Laforest (Alain) : …
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je pense qu'il faut distinguer le contexte américain du contexte du
Québec. Ça ne veut pas dire qu'on n'a pas d'enjeu relativement au racisme au
Québec, je l'ai souvent dit. Mais il faut faire attention de prendre
l'actualité américaine, le contexte américain, les solutions américaines et de
faire du copier-coller aveugle dans le contexte du Québec. Moi, je pense que
c'est très important, si on veut avancer sur certaines questions sociales,
qu'on se donne le droit de faire notre propre diagnostic factuel sur la base du
Québec et de générer nos propres solutions sur la base des faits qui ont cours
au Québec.
Et ça, ce n'est pas de nier qu'on a des
défis qui sont les nôtres, c'est simplement de dire que le Québec, ce n'est pas
le Minnesota et que, par exemple, sur la question de la justice, mon degré de
confiance envers notre fonctionnement de système de justice est plus grand
qu'il ne le serait dans certains États américains. Puis ça, c'est une réalité
sociologique, comme celle des inégalités sociales qui ne sont pas les mêmes, le
taux de criminalité n'est pas le même. Donc, il faut prendre ça en compte avant
de faire des copier-coller, là.
La Modératrice
:
Questions en anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning. I will follow up on
Alain's question because I don't know if you do remember, but the group against
racism was created following the death of George Floyd last year.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes.
Mme Senay (Cathy) : And there are groups, since last evening, that are hoping that,
basically, Chauvin's guilty verdict is the catalyst for change, here in Québec.
What are your expectations on those 25 recommendations... 24 now, because
there was a minister in charge, Benoit Charette, who is also the Minister
responsible for the Environment?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I think I'm very much interested in
what's happening in the U.S., because it's good for the U.S. But, we have to
understand that, if we want to come up with solutions that are effective in Québec, with regards to racism, we need to take the situation of
Québec and the challenges that are our own challenges, specific to our society
and our context, we have to take them into account.
If we use everything
that's happening in several States of the United States, that are very
different in many ways, and we come with their solutions applied to Québec
without considering anything, without making our own studies, our own
reasonings, coming up with solutions that are specific to our context, I think
we're making a mistake. That doesn't mean that we don't have our own challenges,
our own... So, I expect the Government to move forward with all the questions
of racism. They have a committee that is in charge of that, and I expect
results.
Mme Senay (Cathy) : …a minister now in charge of that.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, so I expect results.
Mme
Senay (Cathy) : …24 recommendations.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes. I expect results.
Mme Senay (Cathy) : Some of them are really basic.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Exactly.
Mme Senay (Cathy) : Training.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Exactly.
Mme Senay (Cathy) : Training for police officers.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes. You're correct. I expect results. The only place that
I'm not totally in agreement is, it's not at every event that we see in the
United States. The United States are so large, are so big, they have
inequalities that are different, a criminality rate that is different, they
have issues, a history that is different. I fully agree that we need to face
our own challenges with respect to racism, but we can't use every single event
in the U.S. and act as if it happened in Québec, without any context and without
any specific analysis of what are our challenges, and what are our solutions.
Mme Senay (Cathy) : …what is the danger of this if it can just be a catalyst for
change?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Well, if you make the diagnosis based on another society,
chances are the solution based on that society are not well fitted with your
own context. So, it's maybe a lack of confidence in ourselves. We have our
challenges, that's obvious, but we need to come up with a specific diagnosis as
to what does not work well in Québec and come up with our own solutions. And
you're correct to say once the solutions are identified, the Government has a
responsibility to move forward and to come up with results. That's not in question.
Mme MacKenzie (Angela) : You seem to take issue… I just want to go back with the
Bill 21 ruling yesterday. You took issue with how Dominique Anglade
responded to that ruling. Could you explain that?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Québec never consented to the legal
regime that was imposed in 1982, and it was always the position of Robert
Bourassa and the Liberal Party to say : It is a
legitimate stance to say that we use the «clause dérogatoire» to make our own
democratic choices. We have never consented to the 1982 regime of Pierre
Elliott Trudeau.
And what Dominique
Anglade said yesterday is : I'm not gonna tell you upfront that I oppose
this law and I'm gonna break, if I come into power, what I'm gonna do is that
I'm gonna deny Québec the right to use the «clause dérogatoire». And that's
very serious. Because Bill 101 relies on that «clause dérogatoire». Many
bills have been passed using «clause dérogatoire», and it's based on the right
of Québec to self-determination, from a democratic standpoint.
So, when Dominique
Anglade uses that, she… it triggers all sorts of questions, such as : Is
she going to make similar reasonings toward Bill 101 or other laws? Does
she recognize the 1982 «rapatriement de la Constitution» as something that is
legitimate?, because Robert Bourassa didn't think that. So, it would be a big
step backwards, and that's why we come up with a motion to make things clear.
And we'll see how each party votes.
Mme MacKenzie (Angela) :
What is the motion exactly? What are you going to be asking?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : The motion says that the Québec nation never gave consent to
the constitutional order of 1982. It says that the Québec nation can
legitimately establish rules that govern every Quebecker, that every Quebecker
are equal before the law and that law applies to everyone and every part of our
territory.
It seems very obvious,
very basic, as a statement, but unfortunately, when we open the door to a legal
regime that obviously does not respect the right of the National Assembly to
make its own laws that apply everywhere on the territory, when the principal of
«clause dérogatoire» is attacked, we're dealing with serious issues, here,
especially coming from someone who believes she should be premier. I think it's
a big step backwards if we open that door. The 1982 order is not legitimate, we
never consented to that, and it triggers many problems today, and we should
respect the right of the National Assembly to make its own choices. And
that's very important to me.
La Modératrice
: On va
terminer ici. Merci beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 8 h 30)