(Neuf heures vingt-deux minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue au point de presse de Mme Christine Labrie, députée de Sherbrooke
et porte-parole de Québec solidaire en matière de famille.
Mme Labrie : Merci,
Mélanie. Donc, vous connaissez l'ampleur de la pénurie de places dans le réseau
de services de garde et de la pénurie d'éducatrices. Je ne vous en referai pas
le bilan aujourd'hui, mais sachez que, chaque semaine, les fermetures de
milieux familiaux se multiplient encore et que des parents désespérés
s'ajoutent à la liste d'attente continuellement. Et on n'a toujours pas de plan
en ce moment, du côté du gouvernement, pour recruter davantage d'éducatrices et
répondre à cette pénurie-là.
Moi, j'ai multiplié les propositions, dans
les derniers mois, pour vaincre la pénurie d'éducatrices, la pénurie de places.
Notamment, j'ai plaidé à plusieurs reprises pour qu'on s'inspire de ce qui a
été fait pour les préposés aux bénéficiaires, pour mettre sur pied un plan de
recrutement intensif d'éducatrices, en particulier en milieu familial, parce
que ça nous permet de pouvoir ouvrir des places rapidement. Pour ça, ça prend
une augmentation substantielle des salaires. On a vu que ça a marché pour les
préposés. Je persiste à soutenir que c'est ce qu'on doit faire pour résoudre la
pénurie de places en service de garde.
J'ai également proposé au ministre qu'on
autorise davantage de projets de CPE que ce qu'il avait anticipé au départ avec
son appel de projets et qu'on lance des appels de projets dans les régions qui
n'avaient pas été ciblées jusqu'à maintenant mais qui vivent une crise énorme
de pénurie de places eux aussi. Et, jusqu'à maintenant, on n'a pas eu de signal
favorable de sa part comme quoi il allait autoriser davantage de projets que
prévu.
Le ministre, il nous a dit, il y a plusieurs
semaines, qu'il n'était pas capable de développer des places en CPE à une
vitesse acceptable. Il vient de faire une sortie ce matin pour nous annoncer
quelques allègements bureaucratiques. Tant mieux si ça fonctionne, mais je vous
dirais qu'en plus des allègements bureaucratiques ça va aussi prendre une mise
à jour des fonds prévus pour la construction de CPE, parce que, sur le terrain,
on le sait, que les coûts de construction ont augmenté énormément, puis il y a
un écart magistral entre les coûts réels pour réaliser les projets et les coûts
prévus au plan de financement des infrastructures. Donc, c'est ce qui ralentit en
ce moment les projets. Il faut faire concorder la réalité avec les enveloppes
prévues. Donc, les allègements bureaucratiques, ils ne donneront pas
grand-chose tant qu'on n'aura pas augmenté ces enveloppes-là.
Ce que je voulais vous dire aujourd'hui,
c'est qu'en plus de développer le réseau de CPE et de recruter des éducatrices il
y a un angle mort qu'on n'a pas beaucoup abordé jusqu'à maintenant, et pour
lequel le ministre ne semble pas avoir de solution, c'est celui des enjeux spécifiques
dans les régions, dans les petites communautés qui dépendent essentiellement
des milieux familiaux pour leur offre de places en service de garde. On le sait,
que, dans les petites communautés, il y a de la demande pour des places, mais
pas une demande qui justifie ou qui rend viable un projet de création de CPE,
qui demande une demande de plus de 20 enfants. Donc, c'est un angle mort en
ce moment.
Et l'exode, l'hémorragie des éducatrices
en milieu familial, en ce moment, qui ferment leurs milieux les unes après les
autres, ça frappe tout le Québec, mais ça frappe vraiment de plein fouet toutes
les petites communautés qui ne dépendaient souvent qu'exclusivement sur les
milieux familiaux pour avoir des services. Et là, en ce moment, on a des
familles vraiment désespérées qui doivent souvent faire plus de 30, parfois
45 minutes, parfois plus, de route pour pouvoir trouver une place pour
leur enfant. On a des municipalités qui nous disent que des employeurs ne vont
pas s'installer là parce qu'elles savent qu'il n'y a pas de service de garde et
qu'elles vont donc avoir de la difficulté à trouver de la main-d'oeuvre. On a
des emplois qu'on ne réussit pas à combler dans ces régions-là parce qu'il n'y
a pas de place en service de garde. Et ça, c'est le véritable angle mort en ce
moment.
Alors, aujourd'hui, j'arrive avec une proposition
qui est celle des micro-CPE. C'est une formule qui nous permettrait, justement,
de répondre aux besoins spécifiques des régions, des petites communautés, une
formule qui permettrait d'offrir un service stable dans le temps, comme celui
des CPE, mais vraiment adapté aux besoins des petites communautés.
Donc, on parle d'installations prévues
pour recevoir entre 10 et 20 enfants avec entre deux et quatre éducatrices
sur place, avec les mêmes normes de qualité, de programmes éducatifs, de
ratios, d'exigences de formation pour les éducatrices qu'en CPE, mais dans un
local qui serait, par exemple, fourni par une municipalité, un centre de
services scolaire, un employeur et mis à la disposition d'un bureau
coordonnateur pour développer un micro-CPE. Ça nous permettrait d'ouvrir des
milieux dans un délai assez court, parce qu'il y en a déjà, des municipalités
qui souhaitent faire ça en ce moment. Malheureusement, dans l'état actuel des
règles, ce n'est pas possible pour une municipalité, par exemple, de mettre à
la disposition un local de son centre communautaire, par exemple, pour ouvrir
un service de garde. Il y en a qui se le font refuser. Donc, c'est ce que je
propose au ministre de la Famille.
La loi prévoit déjà une disposition pour
faire des projets pilotes. Je lui propose de développer un projet pilote de
micro-CPE où on pourrait travailler en collaboration avec les bureaux
coordonnateurs, les municipalités, les partenaires locaux pour développer une
offre de micro-CPE adaptés aux besoins des petites communautés. Puis, vraiment,
je pense que c'est ce que ça prend pour entretenir la vitalité de notre
territoire.
Pour continuer d'occuper notre territoire,
maintenir nos villages en vie, il faut s'assurer de pouvoir y retenir les
familles. Il faut s'assurer que les familles qui veulent aller s'y installer
vont y trouver les services également. Et, en ce moment, c'est critique dans
ces régions-là. Elles ont subi de plein fouet la vague de fermetures de milieux
familiaux. Et on a besoin des micro-CPE, vraiment, pour répondre aux besoins
des familles dans les régions et s'assurer de maintenir la vitalité de toutes
nos petites municipalités.
Mme Gamache (Valérie) :
Visiblement, vous ne croyez pas à la réforme administrative qu'a présentée le
ministre Lacombe ce matin, là, de dire… de réduire, par exemple, de 17 à neuf
étapes les dédales administratifs pour pouvoir, finalement, ouvrir un CPE.
Mme Labrie : Bien, écoutez,
j'y croirai quand je le verrai, mais, pour le moment, moi, je constate des
écarts sur le terrain, importants, là. Il y en a un, projet de CPE, par
exemple, dans ma circonscription, qui est en développement en ce moment, là.
Quand on m'a montré l'écart qu'il y avait entre l'évaluation des coûts par
l'entrepreneur et l'enveloppe prévue par le gouvernement, c'était pratiquement
du simple au double.
Donc, moi, ce que je constate, c'est que,
même avec des allègements bureaucratiques, il va y avoir un problème. Et moi,
je n'ai pas entendu le ministre ce matin nous dire qu'il allait aussi bonifier
les enveloppes pour s'adapter à l'inflation majeure qu'il y a eu dans les coûts
de la construction dans les dernières années.
Mme Gamache (Valérie) : Puis
est-ce que c'est une espèce d'aveu d'échec d'arriver, deux ans et quelques plus
tard, avec cette réforme-là, alors que, visiblement, quand on vous entend, le
problème n'est pas là, le problème, il est dans la pénurie de main-d'oeuvre,
là?
Mme Labrie : C'est
certainement un aveu d'échec et un échec d'autant plus flagrant pour un
gouvernement qui se présentait comme le gouvernement de l'efficacité. On se
souviendra qu'ils nous ont dit que c'était important pour eux, l'efficacité, ça
allait y aller par là puis ça allait aller vite. Et malheureusement ça a pris
plus de deux ans au ministre pour se rendre compte qu'il n'était pas capable de
développer des CPE dans un délai raisonnable.
S'il l'avait demandé au réseau, en début
de mandat, il se le serait fait expliquer très, très rapidement, que les règles
actuelles n'étaient pas adéquates. Et on a perdu beaucoup de temps. Et
effectivement, ce qu'on a entendu ce matin au niveau des allègements
bureaucratiques, moi, je le croirai quand je verrai des places inaugurées.
Et puis il ne suffira pas de construire
des bâtiments. Il va falloir trouver des éducatrices pour y travailler. Et, à
ce jour, on n'a pas de plan du ministre pour contrer la pénurie de
main-d'oeuvre en service de garde. Donc, c'est sûr que ça prend plusieurs mois
construire des nouveaux CPE, il a toujours le temps devant lui, en ce moment,
pour en recruter et en former, mais il faut qu'il commence maintenant, par
exemple.
Mme Gamache (Valérie) : Puis,
quand on parle de faire une espèce de copier-coller de ce qui s'est fait pour
les PAB, pour les préposés aux bénéficiaires, est-ce que c'est autant en termes
de salaires qu'en termes de création, là, rapide, là, une espèce d'opération 10 000 postes
à combler, etc.?
Mme Labrie : Oui. Moi, ce que
je propose, c'est vraiment de s'en inspirer. Ça prend définitivement une
augmentation salariale. Ces femmes-là gagnent à peine plus du salaire minimum
en ce moment. C'est méprisant pour le travail qu'elles font.
Et, en plus du salaire, il faut faire
comme on a fait pour les préposés, mettre sur pied des formations accélérées,
rémunérer, accompagner les éducatrices aussi dans leurs projets pour se
conformer aux normes de milieux familiaux régis, c'est-à-dire les aider à
mettre sur pied leur programme éducatif, les aider à se conformer aux normes
pour adapter leur domicile.
Moi, j'ai proposé qu'on offre des
subventions de démarrage, par exemple, pour soutenir financièrement les
personnes qui souhaitent se lancer là-dedans puis ouvrir un milieu. Il faut
adapter sa maison. Il faut acheter du matériel. Donc, j'ai proposé qu'on les
soutienne financièrement pour ça. Ça fait partie de ce qui doit être mis en
place rapidement pour recruter des éducatrices.
Et, vous savez, au Québec, des gens qui veulent
travailler auprès des enfants, il y en a beaucoup. C'est très valorisant, sur
le plan humain, de travailler auprès des enfants. Il y a énormément de gens qui
voudraient faire cette carrière-là. Le problème, c'est qu'on est incapables de
les retenir, parce qu'en l'espace de quelques années elles réalisent à quel
point c'est dévalorisant financièrement puis au niveau des conditions de
travail de faire ça. Donc, elles quittent. On a besoin de les retenir. Donc,
l'augmentation salariale est nécessaire en plus du plan au niveau de la
formation accélérée.
M. Verville
(Jean-Vincent) : Mme Labrie, in English maybe?
Can you just make a brief statement on what you just said?
Mme Labrie :
About?
M. Verville
(Jean-Vincent) : About day care…
Mme Labrie :
About day care. OK. Well, I said that today I was here to talk about micro-CPE,
which is a proposition that I make to the Minister, to make a response to the
important needs in regions, in small communities, for day cares.
Actually, what we have,
in the regions, is that there is no CPE, because this is small communities,
there is not enough children to have CPEs, and we only
have familial day cares, and they are all closing. They are closing. So, those
small communities have nothing. They have to go 30 minutes, 45 minutes
far from their homes to find a place for their children.
So, I'm suggesting today
to the Minister to create micro-CPEs, which is a proposition that will be very adapted
to the needs of the small communities.
M. Verville (Jean-Vincent)
: …Mr. Lacombe just said in… that, by the end
of their mandate, the CAQ will be… he will be happy of the result that he will
have done in the day-care system. Do you agree with that? Does he have time to
do better?
Mme Labrie :
Well, honestly, the question is : Will the 50,000 persons on the
waiting list be happy of what the CAQ made on this? That's the question.
M. Verville
(Jean-Vincent) : …he will achieve the goal that you
just said, that, at the end of the mandate, he will be proud, he won't be
ashamed of what he accomplished in terms of the places, in terms of workers?
Mme Labrie : To be honest, that's not important for me if the Minister is proud of himself. I want all the families
to have a place in day cares for their children. I want all the women who want
to go back to work… that they can go back to work if that's what they want.
M. Verville
(Jean-Vincent) : …he says that he will achieve the
goals.
Mme Labrie : I will believe it when I see it.
(Fin à 9 h 34)