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Point de presse de Mme Manon Massé, cheffe du deuxième groupe d’opposition, et Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de condition féminine

Version finale

Le mardi 9 mars 2021, 11 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures quinze minutes)

La Modératrice : Bon matin. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole tout d'abord Manon Massé, suivie de Christine Labrie, députée de Sherbrooke.

Mme Massé : Oui. Bonjour, tout le monde. Contente d'être là avec vous ce matin. Il y a un an aujourd'hui, une première personne décédait de la COVID-19 au Canada. Des milliers de familles ont vécu ce deuil-là depuis dans des circonstances souvent extrêmement difficiles. Ma première pensée, aujourd'hui, va bien sûr à ces personnes.

Quand on repense à la dernière année, aux sacrifices que tous et toutes ont faits, il faut parler, on ne peut pas passer sous silence de contributions essentielles des femmes. Le visage de la lutte à la pandémie au Québec, il est féminin. Ce sont une majorité de femmes qui ont attrapé le virus dans le réseau de la santé, des soignantes qui étaient mal protégées depuis le jour un et qui, aujourd'hui, sont à bout de souffle. Ce sont ces femmes qui ont vu le retrait de l'application de leur convention collective et tous ses impacts. Ce sont une majorité de femmes qui ont gardé nos écoles, nos garderies ouvertes durant tout ce temps-là. Ce sont une majorité de femmes qui ont perdu leur emploi depuis le début de la pandémie, beaucoup de jobs payées, d'ailleurs, au salaire minimum. Les femmes ont pris sur elles, comme les femmes prennent toujours sur elles quand il y a une crise, quand il faut soigner, accompagner, s'occuper des autres. Maintenant, il me semble que c'est au tour du gouvernement de prendre soin.

Dans ses actions, M. Legault a montré que les femmes étaient loin d'être la priorité de son gouvernement. Après ce qu'on a vécu, il faut que ça change. Le budget s'en vient, on s'attend à un budget féministe, rien de moins. Pas quelques millions à côté, comme ci, comme ça, pendant que les gros sous vont du côté des secteurs d'emploi masculin, on s'attend à ce que le premier ministre appelle le Conseil du trésor et qu'il leur dise : Retournez à la table de négociation, là, les économies sur le dos des femmes, c'est fini, ça.

Je pense que tout le monde s'attend à ce que les femmes soient au coeur de la relance économique parce que c'est des jobs partout sur le territoire québécois. Les Québécoises autant que les Québécois s'attendent à ça. Plus personne ne peut nier le rôle essentiel joué par les femmes au quotidien. Mais, il faut le souligner, on ne peut pas seulement le rappeler une fois par année, il faut que ça se traduise par des actions.

Mme Labrie : Merci, Manon. Ma collègue vous a dit à quel point les femmes nous ont aidés à passer à travers la pandémie. C'est vrai que le visage de toutes les personnes qui nous ont aidés à passer à travers, c'était souvent un visage féminin. La CAQ a passé son temps, d'ailleurs, à les remercier, toutes les femmes qui ont oeuvré sur tous les fronts, mais leur manque de considération pour toutes ces travailleuses-là est quand même flagrant.

Je vais vous en donner quelques exemples. Ils refusent toujours, à ce jour, de verser des bonus à toutes les personnes qui sont au front. Ils ont attendu de se faire forcer par la CNESST pour fournir des N95 aux soignantes. En ce moment même, il y a des enseignantes qui sont en train de demander une injonction pour s'assurer que les tests de qualité de l'air vont être faits décemment, parce que, non, ça a été fait tout croche, puis, en ce moment, on n'est pas en train de mesurer pour vrai la qualité de l'air dans nos écoles. Les offres patronales dans les négociations du secteur public sont absolument insultantes. Elles ne nous permettent pas de retenir, de recruter le personnel dont on a besoin pour assurer nos services publics.

Et puis là, hier, la CAQ est arrivée avec un pseudo-plan pour contrer les impacts de la pandémie sur les femmes, et c'était absolument hallucinant de voir ça. Par rapport à l'ampleur qu'on n'aurait même pas pu imaginer, de tous les impacts de la pandémie sur les femmes, ce plan-là, c'était véritablement une insulte. Ils sont en train de préparer un plan de relance qui va se chiffrer vraisemblablement en milliards, et là, hier, ils nous ont annoncé mettre 23 millions sur la table pour les femmes. C'est des grenailles. Ce n'est rien. Ce n'est rien par rapport à l'ampleur des besoins des femmes.

Les femmes doivent être absolument au coeur du plan de relance parce que ce plan de relance là, il doit reposer sur un investissement massif dans nos services publics. Ça prend une amélioration significative des conditions de travail et des salaires en santé, en soins à domicile, en éducation, en petite enfance, dans le communautaire. C'est ça que ça nous prend pour atteindre l'équité salariale, c'est de rémunérer les secteurs traditionnellement féminins à la hauteur du caractère essentiel de tous ces secteurs d'emploi là. Puis, s'il y a encore une seule personne au Québec qui doute que ce sont des secteurs essentiels, je pense que cette personne-là n'a pas suivi l'actualité des derniers mois.

Donc, ça nous prend un plan de relance avec des investissements massifs pour atteindre l'équité salariale dans tous ces secteurs-là.       Ça nous prend un plan de relance avec des investissements en logements abordables dans des maisons d'hébergement aussi pour que les femmes puissent se loger en toute sécurité, comme les hommes le font déjà. Les hommes ne craignent pas de se faire agresser sexuellement dans leur logement, par exemple, en général, hein, c'est plutôt rare. Les hommes ne craignent pas de se faire violenter dans leur foyer; c'est beaucoup plus rare, du moins, hein, on va se le dire. Ça prend aussi un plan de relance avec des investissements en CPE pour que les femmes puissent s'épanouir professionnellement autant que la majorité des hommes le font déjà.

Donc, ça nous prend un plan de relance qui va nous permettre, véritablement, d'avancer vers l'équité entre les hommes et les femmes, et ce plan de relance là, on ne l'a pas vu du tout. Et ce n'est certainement pas le pseudo-plan de 23 millions annoncé hier pour contrer les impacts de la pandémie sur les femmes qui va nous permettre d'atteindre une équité entre les hommes et les femmes.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va prendre vos questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît.

M. Bergeron (Patrice) : C'est quoi, le rôle d'Isabelle Charest, d'abord, dans le Conseil des ministres?

Mme Labrie : Aux dernières nouvelles, Isabelle Charest était toujours responsable du dossier de la condition féminine.

M. Bergeron (Patrice) : Ça paraît-u?

Mme Labrie : Je ne sais pas si elle a pris la mesure de l'écart entre les hommes et les femmes, là, au niveau de l'équité; je ne sais pas si c'est au niveau de l'engouement de ses collègues. Moi, j'ai du plaisir à travailler avec elle sur le dossier de l'accompagnement des victimes dans le système de justice, je la sens mobilisée par ce dossier-là. Mais je vous dirais que ça m'a profondément insultée, là, son annonce d'hier. Ça ne valait même pas une annonce, là, c'était absolument ridicule.

M. Larin (Vincent) : Écoutez, est-ce que c'est donc toujours la personne qu'il faut?

Mme Labrie : On aurait beau mettre la plus grande féministe du Québec au poste de ministre de la Condition féminine, si on n'a pas un gouvernement qui se soucie d'atteindre l'équité entre les hommes et les femmes, cette personne-là n'y arrivera pas toute seule, là.

M. Larin (Vincent) : Bien, quand même, la ministre responsable de la Condition féminine, elle est en charge de pousser ces dossiers-là au sein du gouvernement. C'est à se demander, peut-être, si quelqu'un d'autre ne le ferait pas mieux que Mme Charest, non?

Mme Labrie : Elle est en charge, assurément, de convaincre ses collègues de l'importance de travailler à l'égalité entre les hommes et les femmes. Moi, je doute que tous les députés de la CAQ, en ce moment, ont compris l'ampleur du fossé qui est encore persistant entre les hommes et les femmes. Je pense qu'il y a encore du travail très important à faire pour les sensibiliser à cette question-là et au fait qu'on ne se contentera pas d'un plan de relance comme ça a été fait, là, dans les siècles derniers pour relancer l'économie, là. On a besoin d'un plan de relance qui va mettre au coeur les femmes, les services publics.

Écoutez, ce n'est pas moi qui ai choisi ça, là, que la majorité des services essentiels soient dans des... soient offerts par... soient des métiers traditionnellement féminins, mais c'est le cas. Ces services-là, il faut réinvestir dans tous ces services-là; santé, éducation, petite enfance, services à domicile, communautaire, j'en ai nommé, on doit réinvestir là-dedans. On le sait, c'est clair, ce sont des secteurs majoritairement féminins. Le fait qu'on traîne de la patte dans ces secteurs-là au niveau des salaires, c'est ce qui nuit à atteindre l'équité salariale. Moi, je m'attends à un plan de relance qui va nous permettre de l'atteindre.

M. Bergeron (Patrice) : Vous voulez que le Conseil du trésor... que le gouvernement envoie un message au Conseil du trésor dans les négociations actuelles. Je présume que, si vous étiez, donc, au gouvernement, votre message au Conseil du trésor, ce serait d'accepter tout ce qu'on vous demande ou ce serait dire oui à tout ce que les groupes de travailleurs et travailleuses demandent?

Mme Labrie : Écoutez, moi, je ne suis pas à la table de négociation, là, mais il y a une chose qui est très claire, c'est que, dans nos services publics, en ce moment, on est au bord d'un précipice immense, et c'est très inquiétant. C'étaient des centaines de classes, là, devant lesquelles il n'y avait pas de titulaire à la dernière rentrée. Et ça continue, là, les démissions d'enseignants. On n'est pas en train de recruter tout le personnel que ça nous prend pour offrir les services, en ce moment, dans nos écoles, là. L'exode, dans les services de santé, il se continue aussi, il se continue dans les services de garde. Donc, à un moment donné, là, il va falloir négocier de bonne foi puis il va falloir arriver avec des offres qui sont plus intéressantes.

Je comprends qu'il y a une capacité de payer des Québécois à respecter, mais il y a aussi, assurément, une responsabilité de l'État de fournir des services publics, et pour ça, ça prend des humains, et ces personnes-là, essentiellement, sont majoritairement des femmes. Donc, à un moment donné, il va falloir investir ce qu'il faut pour les retenir, les garder en santé dans leur travail aussi, hein, en améliorant leurs conditions, pas juste salariales, mais aussi les conditions normatives de leurs emplois pour ne pas qu'elles s'épuisent au travail. Et il va falloir prendre les moyens d'en attirer, des gens, aussi parce que ce n'est pas des robots qui vont offrir ces services-là.

Journaliste : Mme Massé.

Mme Massé : …ça va permettre aussi de répondre à votre question. Le premier ministre reconnaît que les libéraux ont laissé des services publics en état lamentable. Vous l'avez entendu comme moi. Le premier ministre reconnaît qu'il a... dans la dernière année, il a pu s'appuyer sur des anges gardiens, anges gardiennes. S'il reconnaît ça, là, bien, il faut qu'il envoie un message à la table de négociation. Il faut que ça se traduise en argent sonnant. Il faut que ça se traduise en conditions de travail. C'est fondamental pour toutes les raisons que ma collègue a évoquées, mais aussi pour quelque chose d'encore plus profond. Les services publics, là, dans la dernière année, on a vu tout le rôle fondamental que ça joue dans notre société. Quand notre filet social est troué, bien, c'est la population qui mange la claque.

Alors, des solutions pour aller chercher de l'argent, là, Québec solidaire en a pour plus de 12 milliards. Mais ce gouvernement-là ne veut même pas en discuter. Alors, moi, je vous dirais qu'un plan de relance

féministe, tel que le propose Québec solidaire, s'appuie aussi sur de la contribution, du nouvel argent qui permet de s'offrir les services publics, pas parce qu'on est rêveurs, mais parce que la population du Québec, nos aînés méritent ça.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mme Massé, est-ce que les juges...

Mme Labrie : …je vais vous donner un exemple très concret pour illustrer le fait que, quand on ne les donne pas au secteur public, les conditions de travail adéquates, là, ça se passe autrement. Les agences en santé. Ça nous coûte beaucoup plus cher de faire affaire avec des agences privées en santé pour avoir du personnel qui offre nos soins en ce moment que si on offrait des meilleures conditions à travers les conventions collectives.

Et ça, là, les agences en santé, c'est un fléau en santé. C'est probablement la pire affaire qui pourrait se produire, s'il se développait une industrie similaire en éducation. Pouvez-vous seulement imaginer ce que ça ferait si on avait un roulement de personnel comme ça, là, à cause des agences en éducation? C'est lamentable, les résultats de ce que ça crée dans le réseau de la santé. Et ça, c'est parce qu'on n'a pas offert les conditions adéquates dans les conventions collectives. Pour se sauver la peau, les travailleuses quittent, s'en vont au privé par les agences.

Donc, c'est un investissement qu'on a à faire, de passer par les conventions collectives pour offrir des conditions décentes. Oui, ça va coûter quelque chose, mais ça nous coûte encore plus cher quand on ne le fait pas. Puis, après ça, on a quand même besoin d'elles puis on va les chercher au privé. Puis je vais vous laisser poser votre question.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Concernant les juges dans le Grand Montréal, est-ce que vous jugez que les juges doivent être bilingues?

Mme Massé : Concernant les juges?

M. Pilon-Larose (Hugo) : À la Cour du Québec.

Mme Massé : Écoutez, définitivement, au Québec, ça prend des juges bilingues. Est-ce que ça prend systématiquement des juges bilingues? Non, pas du tout. Alors, dans ce sens-là, je pense que l'idée n'est pas d'exclure les juges bilingues, l'idée n'est surtout pas de dire systématiquement des juges bilingues, mais définitivement, des juges qui parlent français, c'est essentiel.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais, quand la juge en chef de la Cour du Québec demande d'ouvrir un poste dans le palais de justice du Grand Montréal et dit : Ce poste-là doit être pourvu par un juge bilingue, est-ce qu'il est de l'autorité du ministre de la Justice de ne pas accéder à sa demande?

Mme Massé : Bien, écoutez, j'ai vu comme vous cet échange entre le ministre de la Justice et la responsable au niveau de la juge en chef. Ce qui est, pour moi, fondamental, c'est que nos concitoyens puissent avoir accès à ce qu'on dit qu'ils ont droit, c'est-à-dire d'être desservis, qu'ils puissent avoir accès en français ou en anglais aux services.

Ceci étant dit, quand le ministère exécutif vient enligner ce que le juridique demande en disant : Bien, dans le fond, je vais faire à ma tête, c'est sûr qu'on peut s'inquiéter parce que notre démocratie a voulu, justement, distinguer le juridique du politique.

Mais, sur la question du bilinguisme, je pense que, là, il faut être clair. Le Québec, principalement, c'est en français, mais, oui... pas systématiquement des juges bilingues, mais, oui, il peut y en avoir dans notre grande famille de juridiques.

La Modératrice : Une dernière question en français.

M. Bossé (Olivier) : Une petite dernière. Il y a des... En fait, sur le sujet de tantôt, il y a des infirmières qui demandent que le gouvernement paie leur cotisation à l'ordre comme récompense ou comme reconnaissance. Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne idée? Est-ce que c'est juste accessoire ou c'est véritablement un vrai geste utile que le gouvernement pourrait faire?

Mme Massé : Moi, je pense qu'actuellement, à la table des négociations, là, ce n'est pas à la pièce qu'il faut gérer les choses comme gouvernement, c'est de façon globale. Puis on l'a vu avec les PAB. Quand on donne... Quand le gouvernement a donné des conditions particulières aux PAB en CHSLD, bien, c'est d'autres PAB qui font des services tout aussi essentiels, en maintien à domicile ou en services à domicile, etc., qui eux autres se sont retrouvés à dire... puis même encore aujourd'hui, je crois, n'ont même pas encore la prime COVID.

Ça fait que, donc, il ne faut pas gérer ça à la pièce. Ce qu'il faut... Les négociations sont là. Ça fait un an et demi maintenant que les discussions sont en cours. En pleine crise, comment se fait-il que ce n'est pas simple pour un gouvernement de dire : C'est vrai, hein, les autres gouvernements avant nous autres ont fait de la chnoute. Bien, nous autres, on va rétablir les choses parce qu'on reconnaît que les femmes qui sont sur le plancher, c'est elles qui sont actuellement en train en sauver le Québec, c'est elles qui sont actuellement en train d'écoper, de façon particulière, de cette pandémie-là parce qu'elles sont au front, mal protégées, etc. Ça fait que, dans ce sens-là, pour moi, c'est à la table de négos que ces choses-là doivent se faire.

Et d'ailleurs il y a encore beaucoup de travail à faire. Puis tantôt, on entend qu'il y a de la résistance, le gouvernement ne s'assoit pas. Le gouvernement nous dit que c'est les syndiqués qui demandent trop. Moi, j'ai l'impression de jouer dans un vieux, vieux, vieux film. Sauf que, jusqu'à maintenant, une pandémie comme on vient de vivre, on ne l'avait jamais vécue. Il me semble qu'on doit arriver à l'évidence.

La Modératrice : On va passer en anglais, s'il y a des questions? Génial. Bonne journée.

(Fin à 11 h 33)

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