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Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, et Mme Marie Montpetit, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé

Version finale

Le mardi 9 février 2021, 10 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures quarante-neuf minutes)

La Modératrice : Alors, bonjour à tous. Bienvenue au point de presse de la cheffe de l'opposition officielle, Mme Dominique Anglade. Ce matin, Mme Anglade est accompagnée de Mme Montpetit, porte-parole en matière de santé.

Mme Anglade : Alors, bonjour. Bonjour à tous. Et je le répète, je suis accompagnée de Marie Montpetit ce matin.

Alors, cette fin de semaine, nous avons dépassé le cap de 10 000 Québécois qui sont décédés dans cette pandémie. C'est 50 % de tous les décès que nous avons eu au pays. Chaque jour, depuis le début de la pandémie, on reçoit des alertes, le nombre de contaminations, d'hospitalisations, de décès puis on a tendance à ne plus voir que les courbes qui montent puis des courbes qui descendent. Mais, au fond, derrière ces chiffres, il faut se rappeler que ce sont des familles, ce sont des amis, souvent des gens qui n'ont pas pu dire au revoir convenablement et qui n'ont pas eu de funérailles appropriées. Et toutes les personnes qui sont autour se demandent certainement comment en sommes-nous arrivés là et surtout ce que nous devrions faire à l'avenir pour tirer toutes les leçons à apprendre de cette crise.

Alors qu'on commence à peine le déconfinement partiel et que le nombre de cas semble baisser, le temps est venu d'entamer ou du moins d'annoncer un examen rétrospectif de la crise de la COVID-19. L'Ontario et la France ont déjà entrepris cet exercice fondamental, et la nature même de la crise sanitaire devrait nous obliger à avoir une certaine ouverture. Par exemple, la commission d'enquête française a déjà entendu deux anciens ministres de la Santé et un ancien premier ministre, l'ancien et le présent ministre de l'Intérieur. Ils ont déjà conduit une table ronde sur les communications gouvernementales en temps de crise. Ils ont étudié les aspects numériques de la crise. Ils ont entendu les divers groupes, notamment les représentants des employés du réseau de la santé. Ils ont examiné l'implication de l'armée. Ils ont fait l'examen des politiques de dépistage. Et la liste n'est pas exhaustive.

Alors, comme je le disais la semaine dernière, la transparence gouvernementale n'a jamais été aussi fondamentale en cette période de crise et elle le sera encore après la crise. Le premier ministre prend tous les jours des décisions importantes sans débat public, en vertu de pouvoirs exceptionnels qu'il s'est lui-même octroyés. Ces décisions ont des impacts sur la santé, sur les droits et libertés, sur l'économie, sur le fonctionnement du Québec dans son ensemble. Le gouvernement dépense des millions de dollars sans aucune obligation de respecter certaines règles, et on met en place de nouveaux programmes d'urgence. Le gouvernement s'est doté de pouvoirs extraordinaires. La transparence gouvernementale doit être également extraordinaire.

Personnellement, je crois que la plus grande crise de santé publique de l'histoire du Québec depuis l'épidémie de la grippe espagnole en 1918 mérite un examen qui soit lucide et exhaustif. Dans l'histoire du Québec, nous avons tenu des commissions d'enquête d'intérêt public : le viaduc de la Concorde, le verglas, le déluge au Saguenay, Bastarache, Charbonneau, commission sur la police ou le saccage de la Baie James. Et pour la plus grande crise de santé publique de notre histoire, on ne tiendrait pas d'enquête publique indépendante. Ça me paraît absolument inconcevable.

Pour moi, cette demande-là, c'est une obligation morale. C'est un devoir de transparence et un geste de respect à la mémoire des 10 046 Québécois décédés jusqu'à présent dans cette crise. Ceci ne doit pas être une chasse aux sorcières. Ce qu'on veut arriver à faire, c'est faire toute la lumière, c'est véritablement établir la vérité, une démarche pour comprendre ce qui a été fait, ce qui a été bien fait, ce qui a été mal fait et surtout ce que l'on ne veut plus faire au Québec. Les questions auxquelles nous devrons répondre ne seront pas faciles, mais c'est de notre responsabilité collective de les poser et c'est au gouvernement d'avoir la responsabilité d'y répondre.

La crise n'est pas terminée, mais il y a une accalmie présentement, et on espère qu'elle va durer. Mais on ne pourra pas faire comme si rien ne s'était passé. Alors, je demande au gouvernement de se montrer ouvert, ouvert au changement, et de voir la crise comme une opportunité de faire les réformes qui s'imposent et de faire évoluer nos façons de faire, parce qu'en somme c'est peut-être ça, véritablement, le vrai changement.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous croyez que...

Mme Anglade : Je vais répondre à votre question tout de suite après. Je vais faire un autre point, également, aujourd'hui. J'ai deux points aujourd'hui. Je voulais parler des 10 000 décès et je veux également vous parler du tramway de Québec.

M. Lacroix (Louis) : Pas de problème. Il y avait une pause, ça fait que je pensais que c'était...

Mme Anglade : Je vais essayer de raccourcir mes pauses, M. Lacroix.

Tramway de Québec. Je voulais en parler quelques minutes parce que j'ai quand même eu une petite réaction en regardant la sortie très spontanée du député de Chauveau pour briser le silence des élus caquistes sur le tramway. Alors, en bon soldat, le député est allé défendre l'inertie de son gouvernement dans le dossier de la Capitale-Nationale en reprenant textuellement les propos qui avaient été tenus par le premier ministre.

Alors, plus le dossier avance, plus on se demande si la CAQ n'avait pas donné son appui au tramway avant l'élection simplement pour faire en sorte de le faire avorter après. Le maire de Québec a les appuis de plusieurs personnes pour aller de l'avant avec un projet de transport collectif structurant, et la ville sait exactement où elle s'en va, mais nous, ce qu'on ne sait pas, c'est où s'en va la CAQ. Et nous ne comprenons pas la vision des élus de la Capitale-Nationale, qui ne semblent pas vouloir desservir les citoyens de leur propre comté. La CAQ bloque actuellement le développement global de la région en bloquant des projets et en n'aidant pas l'industrie.

Quand la CAQ a promis la mise en chantier du troisième lien pendant le présent mandat et son appui au projet du tramway, les gens de Québec les ont crus, les gens de Québec ont fait confiance à François Legault. Qu'on soit pour ou qu'on soit contre l'un ou l'autre de ces projets, là n'est pas la question. Aucun des deux n'est en voie de se réaliser avec la CAQ au pouvoir. Les gens de Québec, autant les partisans du tramway que ceux du troisième lien, doivent avoir l'impression de s'être fait passer un véritable sapin. Le bilan de la Coalition avenir Québec à Québec, ce n'est tout simplement rien.

Une chose est certaine, les gens de Québec ont la mémoire, ils vont se rappeler qu'ils ont donné leur confiance à un parti qui était prêt à promettre toutes sortes de choses, des licornes, des arcs-en-ciel, toutes sortes de choses pour se faire élire. Mais, au bout du compte, les gens de Québec connaissent la valeur d'une promesse et de la parole donnée. Ils ont préféré la CAQ en 2018, mais ils se rappellent qu'avec le PLQ on a toujours livré ce qu'on leur promettait, à Québec. Alors, j'ai bien hâte d'entendre les propos du premier ministre pour bien comprendre sa vision par rapport au tramway.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que, là, c'est correct?

Mme Anglade : C'est correct, M. Lacroix. Je suis toute à vous.

M. Lacroix (Louis) : Quelle est la part de responsabilité du gouvernement dans les 10 000 morts qui franchissent la barre? Si vous demandez une enquête publique, comme vous le faites depuis plusieurs mois, ça doit être parce que vous pensez, quelque part, qu'il y a eu des mauvaises décisions qui ont été prises. Sinon, on se dirait : Bien, on n'a pas besoin d'enquête, tout va bien dans le meilleur des mondes. Mais là on se rend compte qu'on est la province la plus touchée par la pandémie. Quelle est la part de responsabilité du gouvernement?

Mme Anglade : Bien, d'entrée de jeu, je vais dire que l'exercice de la commission d'enquête, là, ce n'est pas une chasse aux sorcières. O.K.? Je vais vraiment, vraiment le préciser, parce qu'il faut se tenir loin des tons accusateurs : C'est de la faute d'un tel, c'est de la faute de ceci, c'est de la faute de cela, surtout qu'on ne le sait pas. La réalité, c'est qu'on ne le sait pas.

Mais, avec les résultats qu'on obtient, avec le pire bilan au pays, avec 50 % des morts qui se retrouvent chez nous, le gouvernement, s'il y a une responsabilité qu'il a, c'est de faire la lumière, et toute la lumière, sur ce qui s'est passé. Et il y a plusieurs réponses pour lesquelles on a… plusieurs questions pour lesquelles on n'a aucune réponse. Je vous ai donné des exemples concrets de ce qui se passe ailleurs, des gens qui se disent : On sait l'importance de la crise et on sait qu'on doit vraiment faire la lumière, ne serait-ce que pour honorer la mémoire des 10 000 personnes.

Alors, c'est sûr qu'il y a une part de responsabilité du gouvernement. Quelle est-elle? Je ne le sais pas. Mais, encore une fois, c'est la recherche de la vérité qui va être importante pour nous éviter de vivre une pareille situation à l'avenir.

M. Lavallée (Hugo) : ...M. Legault va vous dire : Ah! Nous, on veut des résultats rapides; une enquête publique, ça va prendre une éternité, ça ne va mener nulle part; il faut agir maintenant, maintenant?

Mme Anglade : Bien, la France, elle agit maintenant, maintenant, puis l'Ontario, ils agissent maintenant, maintenant. Ils agissent en période de crise avec une commission d'enquête et ils posent les véritables questions. Ça fait un an qu'on est dans cette situation-là, un an. Je pense qu'on a le droit à un certain nombre de réponses, et ce n'est certainement pas ce que présente le gouvernement, qui est capable de répondre à ces questions-là, absolument pas.

M. Bergeron (Patrice) : Par ailleurs, pourquoi le seuil... Expliquez-nous pourquoi le seuil psychologique du 10 000 est si frappant, choquant, là, dans vos mots à vous. Et pourquoi, si ce chiffre-là est... Les chiffres sont importants. Le gouvernement, d'ailleurs, ne fait plus de bilan statistique, souvent, quand il commence ses présentations. Est-ce qu'on ne veut pas glisser ça sous le tapis, justement, le fait que les chiffres ne mentent pas et sont assez accablants?

Mme Anglade : Vous poserez la question de la raison pour laquelle ils ne veulent pas mettre ces chiffres-là. Mais 10 000, 10 000, c'est...

Moi, je me souviens, là, à un moment donné, là, je pense qu'on était au mois de mai, on était à 3 000 puis on était sidérés. On est rendus à 10 000. Ça ne peut pas être une statistique, ce sont des vies, jour après jour, des gens qui ont été touchés.

Puis rappelons-nous d'une chose : c'est que ce n'est pas seulement les personnes qui sont décédées, en plus de ça, il y a les proches autour, ce qu'ils vivent, la détresse qui a été amenée par ça. Il y a des conséquences énormes à la crise que l'on vit aujourd'hui. Et ce ne sont pas uniquement des conséquences... Ce n'est pas... C'est les 10 000 décès, mais c'est toute la conséquence sur la société civile. C'est énorme. La plus grande crise de santé publique qu'on n'ait jamais eue dans l'histoire du Québec. Je pense qu'on a besoin de se poser les vraies questions pour s'outiller, pour se donner les moyens de réussir pour une éventuelle pandémie.

Mme Lévesque (Fanny) : …que la CNESST recommande maintenant le port du masque N95 à tous les travailleurs de la santé en zone chaude, après, vous l'avez dit, presque un an de pandémie, la Santé publique ne dit pas la même chose encore que la CNESST, qu'est-ce que ça vous dit sur, justement, la gestion de la crise?

Mme Anglade : Ça me dit qu'il y a beaucoup d'incohérences. Il y a eu beaucoup, beaucoup d'incohérences dans la gestion de la crise. Il y a beaucoup de décisions qui ont tardé à être prises. Il y a beaucoup de décisions qui ne sont toujours pas prises. Vous regardez l'exemple de personnes qui sont affectées qui vont donner des vaccins, etc., je veux dire, il y a toute une gestion autour de ça qui est extrêmement essentielle. Et ça, on a besoin de revenir en arrière puis de se dire : Qu'est-ce qu'on devait apprendre de la première vague? Qu'est-ce qu'on devrait apprendre de la deuxième vague? Et il y a une accalmie, et on souhaite... je veux dire, on se souhaite qu'elle dure, cette accalmie-là, mais on va être encore dans une période difficile pour la prochaine année. Donnons-nous les moyens de réussir. On dirait qu'on refuse de se donner les moyens de réussir.

M. Lacroix (Louis) : Il y a une élection dans deux ans... dans moins de deux ans. Si jamais le gouvernement Legault ne la fait pas, cette enquête publique là, et que vous êtes portée au pouvoir, est-ce que vous vous engagez à le faire?

Mme Anglade : C'est sûr. C'est certain. Pour moi, c'est un devoir. Ah! je vous fais même échapper votre cahier en disant ça, M. Lacroix. Je vous surprends.

C'est un devoir moral. C'est un devoir... Cette enquête publique indépendante, c'est un devoir moral. On ne peut pas avoir eu, au Québec, des commissions d'enquête sur toutes celles que je vous ai nommées plus tôt et de décider qu'avec une pandémie aussi dramatique pour nous, avec des résultats aussi dramatiques, qu'on n'ait pas une enquête publique indépendante…

M. Larin (Vincent) : L'enquête du coroner, l'enquête de Mme Castonguay, la Protectrice du citoyen, ça, ça ne vous satisfait pas? Vous n'avez pas confiance en...

Mme Anglade : Moi, j'ai passé près de deux heures avec Mme Castonguay, je peux vous en... Absolument pas.

M. Larin (Vincent) : Et puis? Non?

Mme Anglade : Absolument pas.

M. Larin (Vincent) : Vous n'avez pas du tout confiance en...

Mme Anglade : Je veux dire, ce n'est pas du tout… Les questions que j'ai posées là, elle ne va pas y répondre. Elle a quelque chose de très, très spécifique qu'elle veut regarder dans les CHSLD dans le cadre de la première vague. Elle n'a pas les outils, elle n'a pas les outils pour faire une enquête publique indépendante.

M. Larin (Vincent) : C'est elle qui le dit?

Mme Anglade : Vous poserez la question. Mais ils ne sont pas outillés. Ils ne sont pas outillés pour faire le travail d'une enquête publique indépendante.

M. Larin (Vincent) : Vous avez eu une rencontre de plusieurs heures avec elle.

Mme Anglade : On a posé toutes nos questions. On n'a pas…

M. Larin (Vincent) :  Vous dites qu'elle n'a pas les outils.

Mme Anglade : Bien, elle n'a certainement pas prouvé qu'elle avait les outils. Ça, je peux vous dire ça. Clairement, elle n'a pas tous les outils pour faire une enquête publique indépendante, et son mandat est très circonscrit, très, très, très circonscrit.

M. Bossé (Olivier) : Quel est le niveau d'imputabilité du P.D.G.  du CISSS de Chaudière-Appalaches dans le cas de mauvais traitements constatés au Manoir Liverpool sachant maintenant que ce monsieur-là est rendu en charge de la vaccination?

Mme Anglade : Écoutez, c'est lui qui était en charge quand tout ça s'est produit. C'est pour ça qu'il faut avoir des réponses aux questions, c'est pour ça qu'il faut faire des enquêtes. Puis là on a l'impression que, chaque fois, on demande... on a l'impression que, chaque fois, on est obligés de demander une enquête puis demander une ouverture, mais c'est parce que, de manière générale, si on prend toute l'histoire de la pandémie, si on était capables de faire la lumière sur l'ensemble de ce qui s'est passé, je pense qu'on s'en porterait mieux.

M. Bossé (Olivier) : …de M. Paré, est-ce que...

Mme Anglade : Il a certainement une part de responsabilité. Laquelle, je ne peux pas vous le dire.

Journaliste : ...le CISSS de Chaudière-Appalaches sous tutelle ou... un accompagnateur, compte tenu du fait qu'il y a des problèmes de…

Mme Anglade : Bien, il faut certainement poser des gestes qui vont faire en sorte que des événements comme ça ne se reproduisent pas, certainement. Ça pourrait être ce que vous mentionnez. Mais, encore une fois... Pour moi, là, je reviens encore, vous allez me dire, à la question initiale, mais, dans toute cette pandémie-là, ce que l'on voit, c'est la nécessité de voir comment les décisions sont prises, comment cette personne-là a été nommée en charge de la vaccination. Tout ce processus-là, tout ça devrait faire partie d'une enquête publique indépendante.

M. Carabin (François) : Et la deuxième vague n'est même pas terminée, Mme Anglade, que certains commencent déjà à parler d'une troisième vague. Est-ce que le Québec est prêt? Et qu'est-ce que vous souhaitez voir de la part du gouvernement, avec l'arrivée des variants, notamment, avec les vaccins qui arrivent au compte-gouttes?

Mme Anglade : D'ailleurs, ma collègue pourrait certainement parler de l'arrivée des variants, puis je pourrais lui laisser dire un mot là-dessus. Mais ce que je peux vous dire, c'est que, et on l'a mentionné, se préparer, ça veut donc dire être proactif. Toute la question des tests rapides, qui n'est toujours pas résolue... Si vous êtes capables de faire passer des tests rapides en amont d'employés qui vont aller travailler dans des CHSLD, vous avez réponse en 15 minutes, vous pouvez prévenir des éclosions. On voyait encore, cette fin de semaine, d'autres juridictions se précipiter sur les tests rapides. Ça, c'est un exemple concret.

Pour les variants, l'idée d'avoir des prévisions, de savoir où ça s'en va, les scénarios par rapport aux variants, ça va être extrêmement important. Je ne sais pas si, Marie, tu veux ajouter quelques points sur les variants, par exemple.

Mme Montpetit : Oui, certainement. Merci, Dominique. Oui, bien, est-ce qu'on est prêts? Je pense que poser la question, c'est y répondre. Moi, j'ai beaucoup de questions par rapport à ces éléments-là. L'arrivée des variants, c'est extrêmement, extrêmement préoccupant quand on voit la vitesse à laquelle ça se multiplie en Europe, à l'heure actuelle, et à laquelle vitesse ça va devenir un des variants... que ça va devenir le virus dominant, la vitesse à laquelle c'est en train de se multiplier aux États-Unis, le fait que c'est arrivé dans les autres provinces, également.

Encore la semaine dernière, on était à seulement 3 % de séquençage au Québec. Pourquoi avoir attendu vendredi dernier pour monter à 8 %? On le savait, là, les variants, ça fait plusieurs semaines qu'on est au courant qu'ils vont arriver. Le ministre nous a dit que son objectif, c'est de passer à 10 % d'ici la fin de l'année. Ce n'est pas très ambitieux dans la situation où les…. Les variants, ils ne sont pas à nos portes, ils sont déjà, déjà présents.

On a posé des questions la semaine dernière. Vous vous rappellerez qu'en Chambre le ministre me disait que le séquençage puis le criblage, c'est la même chose, donc ça donne déjà un niveau d'information sur sa connaissance du dossier.

Pourquoi on ne fait la même chose, à l'heure actuelle, que l'Ontario est en train de faire? Pourquoi on ne prend pas... On est à 1 000 cas, à peu près, par jour. Pourquoi on ne fait pas du criblage sur les 1 000 cas pour avoir vraiment une photo de la situation? C'est utopique de penser, à l'heure actuelle, qu'il y a seulement 10 cas. On peut penser qu'il y en a plus. Alors, pourquoi on ne s'assure pas tout de suite, maintenant, de les identifier, de les tracer, les isoler avant que ça continue de se multiplier?

Donc, la réponse, elle est : On est encore en retard. Et je vous référerai au microbiologiste en chef de l'INSPQ, qui disait lui-même, dans une entrevue, avant-hier, il disait : Bien oui, on est en retard, on est en retard. Donc, on se retrouve dans la même situation qu'il y a un an, où, dès janvier, dès février, on a posé des questions ici, au salon bleu, en disant : Il y a des cas en Asie, il y a des cas en Europe, il y a des cas aux États-Unis. On nous disait : Oui, oui, on a un plan, on est prêts, on est prêts. Et on voit ce que ça donne aujourd'hui avec un bilan de plus de 10 000 décès. Alors, la question : Est-ce qu'on est prêts, bien, je pense que, malheureusement, on est encore... le gouvernement est encore en retard.

Des voix :

M. Larin (Vincent) : Non, non. Je vais poser une question. Je pensais que vous alliez ajouter quelque chose. O.K. Juste peut-être savoir concernant le nouveau nom de... Excusez-moi. Le nouveau nom de la circonscription de Bourget, changer pour Camille Laurin, est-ce que c'est quelque chose que vous appuieriez?

Mme Anglade : On serait, bien sûr, ouverts. Évidemment, ça doit faire partie de la commission qui s'occupe de changer la toponymie. Mais oui, on serait ouverts. D'ailleurs, c'est une bonne question pour ma collègue, qui elle-même... dont le comté a elle-même... elle a piloté justement le changement de nom de son comté, donc on est bien familiers avec le processus.

Une voix : Merci.

M. Gagnon (Marc-André) : Concernant le projet de tramway, Mme Anglade, pour être certain de bien comprendre. Ce que vous reprochez, dans le fond, à M. Lévesque, c'est de s'être...

Mme Anglade : Lévesque? Quel lapsus.

M. Gagnon (Marc-André) : M. Sylvain Lévesque.

Mme Anglade : Ah oui! Lévesque?

M. Gagnon (Marc-André) : Oui.

Mme Anglade : Ah! O.K. De Chauveau, le député.

M. Gagnon (Marc-André) : Le député.

Mme Anglade : Ah! bon, O.K., parfait. Excusez-moi.

M. Gagnon (Marc-André) : Oui, exact. Oui. Donc, vous lui reprochez, donc, d'avoir, quoi, simplement répété les lignes que le cabinet du premier ministre lui a fournies ou...

Mme Anglade : Bien, il a dit exactement la même chose qu'il y avait dans le... Est-ce qu'il a publié ça sans l'accord du bureau du premier ministre?

M. Gagnon (Marc-André) : Donc, vous voyez là une stratégie...

Mme Anglade : Bien, je veux dire, sérieusement, là, il a repris exactement les mêmes termes puis il cautionne l'inertie du gouvernement. Donc, je ne pense pas que ce soit une sortie qui soit de... Je ne pense pas que ce soit une sortie qui soit non coordonnée, non planifiée, d'autant que les propos... bien, les propos reprennent les propos qui ont été tenus par le premier ministre.

M. Gagnon (Marc-André) : Une des choses qu'il a ajoutées, puis je vais le citer, là, il dit : «On a des doutes sur les choix qui ont été faits, le BAPE aussi et, il faut bien l'admettre, la population aussi.» Est-ce qu'il n'y a pas une partie de vérité là-dedans? Parce que c'est quand même vrai, on entend des citoyens exprimer publiquement des doutes sur les modifications qui ont été apportées au projet ou au projet lui-même, avec ou sans modifs, là.

Mme Anglade : Mais, vous savez, tout grand projet de transport structurant, de transport collectif suscite des vagues de réaction. Puis c'est normal, ce sont des gros projets. Ils ne vont pas avoir l'unanimité. Mais il faut avoir le leadership de l'assumer, il faut avoir le leadership d'avancer. Et François Legault s'est fait élire à Québec en promettant deux choses : le tramway et le troisième lien. Ce que je constate, c'est que ni l'un ni l'autre ne sont en voie d'arriver.

Alors, ce que ça prend présentement, là, c'est un leadership fort pour faire avancer les projets. On l'a vu dans le cas du REM : quand tu décides d'aller de l'avant, tu décides de foncer, tu décides de mettre les outils, tu es capable de livrer la marchandise. Ce n'est pas ce qu'on a vu présentement à Québec avec le gouvernement de la CAQ.

Mme Côté (Claudie) : Peut-être sur les résultats scolaires, Mme Anglade. Bon, visiblement, c'est un peu mieux que ce à quoi on s'attendait. Ce n'est pas très bon non plus. Est-ce qu'on n'est pas en train de niveler vers le bas, là, dans cette situation-là?

Mme Anglade : Pour les élèves du primaire et du secondaire, vous voulez dire, hein? Bien, c'est la raison pour laquelle on pense qu'il va falloir qu'ils mettent des mesures de l'avant. Et c'est la raison pour laquelle, la semaine dernière, on est arrivés avec trois mesures, notamment la bonification du tutorat, du soutien aux familles pour qu'elles puissent accompagner leurs enfants dans le retard accumulé avec un crédit d'impôt, puis finalement un véritable forum qui nous permettrait de penser l'éducation au-delà des deux, trois, quatre prochains mois.

Donc, c'est pour ça, c'est dans ce contexte-là que nous, on pense qu'il faut prendre les devants par rapport à la situation. On pense qu'il faut agir maintenant pour préparer les prochaines années. Je n'ai pas encore entendu le gouvernement se prononcer sur les trois propositions que nous avons faites.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va passer en anglais maintenant.

Mme Senay (Cathy) : Mrs. Anglade, Premier Legault, in spring 2020, was saying that the number of deaths, that will be the signal, the indication of how he managed the crisis. That's the important figure. So, now that we have more than 10,000 deaths in Québec, it's the worst data across the country, you come back to this idea of having an independent public commission on the Legault Government's management through the crisis. What will it take for the Legault Government to approve and say yes to this request that you've been repeating for months now?

Mme Anglade : I think people have to realize that this is a moral responsibility that we owe to Quebeckers. 10,000 people, 50% of the people that passed away in Canada are in Québec. When you look at other inquiry… public inquiries, we've done them for «le déluge au Saguenay», we've done it for Bastarache, for Charbonneau. I believe that in such a pandemic, the Government has a moral responsibility. And we will, as Official Opposition, hold them accountable for that. It is unconceivable that we wouldn't proceed with such an inquiry. Unconceivable. There are so many questions that cannot be answered today and there are so many other questions that we don't even… we can't even fathom… we can't even imagine what they are. That's why we need to have such a process in place, like other jurisdictions, such as France, such as Ontario.

Mme Senay (Cathy) : Ontario is conducting a commission that is not all public, its independent commission on what happened in long term care facilities. But for you, what's the mandate you want the Legault Government to approve?

Mme Anglade : It's a public inquiry, independent public inquiry, but that would touch not only the CHSLDs, the long term senior homes, but also the other segments, how decisions were being made, how Public Health was involved, all those questions that need to be answered, how the contracts were distributed. We're talking about billions in contracts that were given last year. Billions. So, we need to have those answers. So, it needs to be much wider than simply focusing on senior homes.

Mme Fletcher (Raquel) : I wanted to ask you about Dawson College and where the Liberal Party stands on the Dawson College expansion.

Mme Anglade : Well, the project that is at stake is a project that doesn't increase the number of students, it's to make sure that they're actually operating in a good and healthy environment. And we were in favor, I think the current Government is in favor, the Ministry was in favor, so.

Mme Fletcher (Raquel) : The PQ isn't though.

Mme Anglade : The PQ wants to… probably wants to have a… pickup a fight with the English community. I don't think we need to do this. If the PQ wants to focus on French language and the fact that there is more work to be done, I completely understand that, and we'll work gladly on those issues. But this has nothing to do with the project that is at stake with Dawson.

M. Authier (Philip) : Are you done, Raquel?

Mme Fletcher (Raquel) : Yes, yes. Go ahead.

Mme Anglade : Do you have a question for me, Phil?

M. Authier (Philip) : Yes, I do. I wanted to tell you that…

Mme Anglade : So, are you supportive of another inquiry? I'm not sure what you're saying.

M. Authier (Philip) : You were talking about the moral duty to act… It doesn't seem to be working… long time to do an… an inquiry, and yet, it doesn't seem to take… Is it pointless?

Mme Anglade : I don't think it's pointless. I think we have reached 10,000 people this weekend. I certainly don't think it's pointless. The Government has been stubborn on a number of topics, this is one of them. But at the end of the day, I believe that Quebeckers will want to see… will want to have answers to those questions, will want to know why it happened, why it happened, what can be fixed, what can't be fixed. And we need to have those answers.

So, the moral duty… I mean, I'm not naïve, I know that the first time you ask for a public inquiry, the answer from the Government is not necessarily going to be yes. But, right now, with the numbers that we're seeing, I really believe that it's a moral duty from the Government. And we'll keep asking for it.

M. Authier (Philip) : And how would you assess… for a potential third wave?

Mme Anglade : My colleague, Marie Montpetit, just answered this. Well, we can see that we're not ready as much as we could. That's definitely the case. And we see it because, if you look at the variant, the Minister, Minister Dubé, doesn't even provide us with a minimum of information. He seems to be confusing some of the concepts, doesn't seem to really take this... He said that it was something that was an issue that he's looking at.

But beyond that, we don't have scenarios, we don't have actions from the Government. Rapid testing is still something that they haven't figured out, and it's been months. Last week, it was a complete confusion regarding rapid testing. So, it doesn't look like a government that is prepared to fight, to be ready to fight for the variant.

Mme Fletcher (Raquel) : Was does this number mean, 10,000, other than it means, you know, another zero, another... number? It seems like there's a difference between 9,000 and 10,000. Do you get that...

Mme Anglade : Well, for sure, it's a mental barrier that we've just passed. And it's not only the 10,000. When it comes to 10,000, imagine, 8 million people, like... We know, you know people that were infected. Maybe you know the people passed away. It has an impact on everybody. And our system, whether it's our school system, whether it's mental health, it has repercussions on the whole society. And beyond this number, it's just the implications that it has for the future of Québec. So, that's why, I think, it's a big number to digest.

But our responsibility is to make sure that we go through a public inquiry, and understand what happened, and understand that we can put things in place in order for this not to happen again. We need to learn from this.

And I don't understand why you have other jurisdictions, such as France, such as Ontario, that decide to, at least, go ahead with a commission and propose something, whereas, in Québec, we're not doing anything.

La Modératrice : Merci beaucoup.

Mme Anglade : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 17)

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