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Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de fiscalité, et Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation

Version finale

Le jeudi 26 novembre 2020, 8 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante-trois minutes)

Mme Labrie : Bonjour. Donc, ce matin, on a vu que le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, commençait à manifester de l'ouverture pour faire des ajustements au niveau des examens ministériels au secondaire. Moi, je voudrais lui lancer un appel aujourd'hui. Je voudrais qu'il comprenne que ce n'est pas seulement la pondération qu'il faut modifier, mais, vraiment, il faut prendre en compte la réalité de ce qui se passe dans les classes et il faut envisager d'annuler complètement ces examens ministériels là.

Le ministre a dit que, pour une raison d'équité, il voulait les maintenir. Mais, au contraire, pour une raison d'équité, il faudrait les annuler parce que ce n'est pas vrai que le contexte d'apprentissage vécu par les élèves est pareil partout au Québec en ce moment. Donc, d'imposer une épreuve qui serait uniforme à tous les élèves, en ce moment, ça va faire en sorte qu'on va évaluer la même chose partout, alors que les élèves n'auront pas nécessairement eu la même qualité d'enseignement. On peut penser, par exemple, qu'il y a des élèves qui vont avoir passé beaucoup plus de temps en mode virtuel que d'autres. On peut penser qu'ils n'auront pas eu accès à tous les contenus qui étaient prévus au programme. Et, s'ils doivent se soumettre à une même évaluation ministérielle que les autres, ils risquent d'en être pénalisés.

Donc, ce qu'il faudrait faire, c'est plutôt laisser aux enseignants le droit d'élaborer eux-mêmes des évaluations de fin d'année qui vont tenir compte de ce qui a effectivement été vu en classe avec les élèves pour pouvoir évaluer ce qui a vraiment été fait en classe, et ça, ça garantirait une équité pour tout le monde. Donc, j'invite le ministre à considérer cette option-là. Puis ça viendrait enlever une pression énorme en ce moment sur les enseignants et sur les élèves, les enseignants qui se rendent compte qu'ils ne seront pas nécessairement en mesure de passer à travers tout le programme de cette année, par exemple en sciences, en mathématiques, en histoire, des enseignants qui viennent à peine, dans certains cas, de rattraper ce qui avait été retardé, là, avec la dernière année scolaire.

Donc, évidemment qu'en ce moment ils sont inquiets de ne pas être capables de passer tout le contenu d'ici les examens ministériels. Voilà.

M. Marissal : Merci, Christine. Bonjour. Merci d'être là. Ça, c'est un matin typique de café de travers quand j'ai lu ce matin les histoires touchant le casino. C'est le genre de matin où ça passe mal, et tu te dis : Mais, bon sang, on a vraiment laissé faire ça et on a vraiment encouragé ça? Vous avez vu comme moi les reportages, là, des médias de Québecor, ce matin, qui nous apprennent que le crime organisé est infiltré au Casino de Montréal pour toutes sortes d'activités, notamment de blanchiment d'argent.

Soyons clairs, là, l'ombre de la mafia plane sur tous les casinos de la planète. Le jeu attire la mafia, c'est connu. Ça, c'est comme vous dire qu'il va faire noir à soir. Ce qui n'est pas normal puis ce qui est totalement inacceptable, c'est que, sachant cela, non seulement on a laissé faire, mais on a encouragé, avec des petites cartes VIP, des cartes privilège, des cartes bijoux — il faut le faire, ils sont même créatifs, à Loto-Québec, pour attirer les gens de la mafia — le blanchiment d'argent. On connaît ces gens-là. Ils sont fichés. Il y a probablement des enquêtes qui ont eu lieu vu qu'on a toutes ces informations-là. On le savait, que ça allait arriver.

Moi, j'étais journaliste ici, là, quand on a fait le débat sur le rapatriement des activités de jeu, notamment des casinos, dans le giron de l'État. J'étais ici, je m'en souviens. Il y avait notamment Claude Ryan qui débattait de ça, les libéraux de Daniel Johnson fils, après ça le gouvernement de Jacques Parizeau. On a débattu de ça. Et l'argument principal de l'État à l'époque… il y en avait deux, mais le principal, c'était de dire : On va éliminer l'activité occulte et la mafia, le crime organisé, des activités de jeu. Le deuxième, évidemment, c'était de faire de l'argent pour les services publics. C'était comme le deal qu'on faisait. Bien, de toute évidence, il y a juste une partie du deal qui a été respectée. Oui, ça fait de l'argent, mais on a laissé volontairement le crime organisé s'infiltrer et, en plus, on l'a encouragé. Vraiment, là, à matin, là, je lis ça, là, j'avais l'impression de voir un remake cheap du Parrain. C'est scandaleux.

Alors, sans grande surprise, on va réagir. Je vais déposer une motion, ce matin, à l'Assemblée nationale demandant que la lumière soit faite, qu'elle soit faite publiquement, en toute transparence, donc, par une commission d'enquête publique parce que ce genre de chose, personne ne va me faire croire que ce n'était pas su, que ce n'était pas connu en haut lieu. Ça s'est fait jusqu'à récemment avec du monde, là, qui sortait de prison, puis il y avait presque une porte tournante qui les amenait au casino. En bon latin, là, «come on, come on», je pense que, là, vraiment, on a dépassé les bornes et on doit faire absolument la lumière là-dessus. Merci.

M. Lacroix (Louis) : Je me souviens de ce débat-là. Moi aussi, j'étais journaliste à l'époque, puis l'idée... On parlait, en même temps, des casinos, d'enlever toutes les machines vidéopokers. Vous vous souvenez que c'était dans le même encadrement, parce qu'on faisait ce constat-là à l'époque. Comme vous l'avez dit, ça a été débattu ici même, en cette Chambre, à de nombreuses reprises. Qu'est-ce qui s'est passé depuis pour que tous les gouvernements successifs se ferment les yeux et ne fassent absolument rien?

M. Marissal : Je ne sais pas ce qui s'est passé dans la tête des gens qui le savaient, là, notamment à Loto-Québec. Et est-ce que c'est monté jusqu'au politique.? C'est pour ça que ça prend une enquête. Qui savait quoi là-dedans?

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que l'appât du gain a été plus fort que la raison sociale?

M. Marissal : Pourquoi traiterait-on des gens comme ça aux petits oignons avec des rondes de golf, avec des soupers, avec des cartes bijoux? Je présume que c'est parce que ces gens-là dépensaient beaucoup, beaucoup d'argent, en effet.

M. Laforest (Alain) : ...est-ce que c'est les dirigeants de Loto-Québec? Est-ce qu'il y a des têtes qui doivent rouler parce que, sciemment, là, on a laissé le crime organisé s'infiltrer, là? C'est impossible qu'on ne savait pas que le dirigeant principal de la mafia de Montréal était traité aux petits oignons dans le casino, là. Est-ce qu'il y a des têtes qui doivent rouler ou on doit juste demander des explications?

M. Marissal : Non, je suis d'accord avec vous que c'est impossible qu'on ne le sache pas. Je veux dire, au Casino de Montréal puis dans les casinos au Québec, il y a un programme d'auto-exclusion pour des gens qui sont malades du jeu puis qui flaguent Loto-Québec en disant : Arrêtez-moi quand je rentre dans un casino, je ne veux plus jouer, je veux me protéger de moi-même.

Puis la sécurité du casino… J'ai déjà visité les installations du casino, là. Il y a des caméras partout. Ils ont un service d'enquête interne. Ils sont capables de spotter Joe Bleau qui rentre, puis qui s'est auto-exclu, puis ils vont le reconduire à la porte en disant : Monsieur, vous n'avez pas le droit de jouer. Pendant ce temps-là, par le garage, il y a des gens qui rentrent de l'argent plein les poches puis qui vont dépenser des millions de dollars en quelques années. Vous avez parfaitement raison, c'est impossible. Mais là on est sur des rapports de presse qui sont étoffés. C'est pour ça qu'on a besoin d'une commission d'enquête. On a besoin de poser toutes les questions.

Alors, avant de sortir la guillotine, M. Laforest, on doit faire une enquête. Mais, de toute évidence, il y a des gens qui savaient, qui ont encouragé ça, qui ont mis des programmes sur pied. Alors, je pense qu'à la fin, oui, il est fort possible qu'il y ait des gens qui soient totalement responsables. Moi, j'aimerais savoir jusqu'où c'est monté. Loto-Québec, c'est une société d'État. Donc, à la fin, la responsabilité, elle est aussi politique. Où l'information s'est arrêtée? Pourquoi est-ce qu'on n'est pas allés plus loin? Comment ça se fait qu'on a toléré ça pendant des années? On parle quand même, là, d'un temps d'une dizaine d'années. Mais une bonne enquête publique, là, pour aller faire la lumière là-dessus… Ensuite, on prendra les décisions.

Mme Gamache (Valérie) : Mais, selon vous, est-ce que c'est possible et pensable qu'un jour, dans ces 10 ans là, là, plus ou moins, ça soit monté justement jusqu'au politique?

M. Marissal : La réponse théorique à votre question est oui. Il est probable ou possible... Il est possible, mais je ne le sais pas, je n'ai pas cette réponse-là. C'est pour ça qu'on doit entendre les gens qui ont été en charge notamment du service de sécurité, notamment la direction de Loto-Québec. Qui a organisé ces beaux programmes de gratification des mafieux? À ce moment-là, on aura une idée beaucoup plus claire.

M. Lacroix (Louis) : Mais, M. Marissal, je veux bien, là, présumer du fait que les politiciens n'étaient pas au courant, mais moi, je n'ai rien appris dans l'article en question, qui est très bien fait. Puis ce n'est pas pour minimiser le travail des journalistes, là, qu'on soit bien clairs, là, mais c'est des choses dont moi, j'avais déjà entendu parler, dont vous aviez entendu parler, visiblement, ce que vous dites, etc. Si nous, là, on en a entendu parler, comment ça se fait que les politiciens, eux autres, regardaient ailleurs puis ils ont décidé de ne rien faire?

M. Marissal : Même réponse. C'est pour ça que prend une enquête. C'est pour ça que ça prend une enquête publique pour être capable de tourner toutes les pierres et puis de voir qui était responsable, qui était au courant. Y a-t-il eu des enquêtes? Où se sont-elles arrêtées? Ont-elles été arrêtées? Combien de temps ça a duré? Est-ce qu'il y a d'autres choses qu'on ne sait pas? Je pense qu'il est plus que temps de faire la lumière sur les activités de casinos au Québec.

M. Larin (Vincent) : Si, par exemple, il est prouvé que la P.D.G. de Loto-Québec savait que ça se déroulait dans les casinos, est-ce qu'elle doit démissionner? Est-ce qu'elle doit être renvoyée?

M. Marissal : Je n'ai pas dit que la P.D.G. du casino ou de Loto-Québec le savait. Je dis que ça prend une enquête publique justement pour déterminer ça. Et puis je pense qu'on se rendrait service en le faisant parce que, là, la confiance est sérieusement ébranlée. Ça se peut qu'il y ait des gens, comme M. Lacroix ou comme moi, qui ont déjà travaillé dans ce domaine-là… On n'est pas totalement renversés de savoir que la mafia tourne autour des casinos. Et je l'ai dit d'entrée de jeu, l'ombre de la mafia est au-dessus de tous les casinos de la planète.

M. Laforest (Alain) :

M. Marissal : Bien, c'est aussi tout ce que le gouvernement a fait pour encourager ça. C'est un volontariat, ma foi, assez surprenant. Mais je pense que le commun des mortels et le public, la population, là, qui veut avoir confiance en ses institutions. Loto-Québec, ce n'est pas une binerie, là, c'est quand même une immense société d'État. La population veut avoir confiance. Puis là, en ce moment, si vous lisez ça, bien, votre confiance, elle est sérieusement ébranlée.

La Modératrice : Une dernière question.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Concernant la DPJ à Granby, je ne sais pas si... la commission Laurent ne rendra pas son rapport avant plusieurs mois encore, en 2021. Entre-temps, on lit encore des histoires d'horreur, notamment ce matin. Qu'est-ce que vous demandez au gouvernement de faire dès maintenant pour s'assurer de la protection des enfants?

Mme Labrie : Bien, écoutez, des rapports, il y en a déjà eu dans le passé. Donc, effectivement, je pense, c'est des choses qu'on peut mettre en place avant d'attendre d'avoir le rapport de la commission Laurent. Moi, je suis affligée chaque fois que je vois une histoire comme celle-là. En plus, ce n'est pas la première fois à Granby. C'est sur le territoire du CIUSSS de l'Estrie, où je siège.

Ce qui m'inquiète, notamment, actuellement, c'est qu'on nous a avisés, dans les dernières semaines, qu'il y avait une hausse des signalements à la protection de la jeunesse, et qu'ils avaient des inquiétudes à savoir s'ils allaient être en mesure de les traiter parce que, même s'ils ont réussi à réduire la liste des dossiers en attente dans les derniers mois, la hausse des signalements, en ce moment, est importante.

Donc, évidemment, les mesures qui ont été prises dans les derniers mois, depuis la première histoire qu'on a eue à Granby, n'ont pas été suffisantes pour résoudre le problème à long terme. Ça, c'est clair. J'avais déjà, justement, une rencontre prévue avec la direction de la protection de la jeunesse de l'Estrie et avec le syndicat aussi, l'APTS, qui représente beaucoup de travailleurs du centre jeunesse. C'est vendredi, là, la rencontre prévue. Donc, évidemment, on va discuter de ça. Moi, je veux savoir quelle piste de solution on peut et on doit mettre en oeuvre tout de suite pour les aider à traiter les signalements rapidement.

Ce qu'on sait, c'est que, souvent, les intervenantes, elles ont beaucoup, beaucoup de dossiers sous leur responsabilité, ce qui fait en sorte que c'est très difficile, quand elles ont plusieurs dizaines de dossiers, d'en faire un suivi qui va être rigoureux, qui va leur permettre d'aller en présence, sur place, voir ce qui se passe dans la famille. C'est presque impossible lorsqu'on leur met entre les mains, là, de réaliser tout ça puis de le faire avec le professionnalisme qu'on attend d'elles. Ce n'est pas possible quand on a trop de dossiers. Donc, il faut trouver des solutions pour ça.

La Modératrice : On va passer en anglais.

M. Giroux (Stéphane) : Good morning. Mr. Marissal. Ça va bien?

M. Marissal : Good, and you?

M. Giroux (Stéphane) : Excellent. Écoutez, je vais commencer... Minister Boulet, the Employment Minister, he's announcing a plan he talked about earlier this year about convincing workers to requalify in other jobs, those who are unemployed now because of COVID, hotel workers, restaurant workers. All of the workers will say: Wait a second, I don't want to be requalified to start a new career. Do you think the Government is sending the right message by telling workers currently unemployed : You really should be… try something else in life?

M. Marissal : No. I mean, in the fiscal update two weeks ago, the Government tabled like half a billion dollars for doing just that. We said it was a good idea. We still think that it is a good idea, but it's not one-size-fits-all. You cannot tell someone who was working in the cultural industry, all of a sudden, you know, you will requalify as a plumber. It doesn't work this way. So we should not see people and unemployed people just like a workforce that is waiting for the money to requalify. It is more complicated than that.

But, for some people, I mean, to switch from one sector to another, it might be possible. We should do it with respect of these people and not just see them as a workforce in waiting, you know. So I think it's still a good idea. I'm still waiting for the detail of the plan from Mr. Boulet. But, at this time, I will keep our position that it is probably a good idea in some sectors. But, don't get me wrong, I don't want the Government to hide behind that and say we have nothing to do else for people who are suffering, especially in the cultural industry, in the tourism industry, fisheries, agriculture, and so on.

M. Giroux (Stéphane) : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 9)

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