(Quinze heures quarante-cinq minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à ce point de presse de la cheffe de
l'opposition officielle, Dominique Anglade, ainsi que des députés André Fortin
et Carlos Leitão. Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Anglade : Merci beaucoup.
Alors, au Parti libéral du Québec, nous croyons fermement que la crise de la
COVID va amener des bouleversements qui vont être importants dans l'équilibre
mondial, et beaucoup des changements, comme on l'a dit par le passé, sont des
changements qui vont être permanents. Et, en conséquence, on avait demandé au gouvernement
de la CAQ de faire preuve de vision dans les documents, dans la mise à jour
qu'ils allaient nous présenter.
Nous avons demandé au gouvernement de
faire preuve aussi de créativité, d'imagination afin de proposer aux Québécois
un plan de relance qui ferait en sorte que notre économie soit résolument
moderne. Ce que nous avons devant nous, c'est davantage une vision
conservatrice. En fait, ils sont conservateurs dans les dépenses, mais assez
jovialistes, étonnamment, dans les prévisions.
Alors, nous avions demandé au gouvernement
de M. Legault de proposer un plan qui remettrait le Québec au premier rang des
nations prospères, comme elle l'était, prospère, lorsque M. Legault a pris les
rênes du gouvernement en 2018. Le premier ministre avait monté les attentes de
façon démesurée, comme il l'avait fait avec la forêt, comme il l'avait fait
avec le troisième lien ou la santé mentale, mais on s'attendait à peu et on a quand
même été déçus. Le premier ministre avait l'occasion de faire comme d'autres
l'ont fait, de démontrer qu'il pouvait construire l'économie autour d'une
véritable vision de développement économique.
Lorsque l'on regarde ce qu'ont fait les
Français, ils ont mis en oeuvre un plan de 10 ans avec des investissements
importants pour moderniser l'économie. La CAQ nous avait promis un plan
ambitieux sur cinq ans. Les Québécois, aujourd'hui, vont devoir se contenter
d'un bilan comptable à court terme sur trois ans. L'économie du Québec est à un
moment charnière de son développement, et la CAQ manque un rendez-vous qui est important
pour l'avenir économique du Québec.
Au Parti libéral du Québec, nous avons
fait une série de demandes essentielles à court terme pour la suite des choses.
Nous avons demandé au gouvernement de faire preuve de vision, et, je le répète,
ce qu'on nous a présenté, c'est encore une fois conservateur dans les dépenses,
mais jovialiste dans les prévisions qui sont faites. Je le répète, le gouvernement
devait se préparer à faire face à un bouleversement de l'économie mondiale qui
allait apporter des changements importants et permanents. Ils ont fait le choix
de ne pas le faire.
Vous allez me permettre maintenant de
céder la parole à mon collègue Carlos Leitão.
M. Leitão : Merci. Merci, Dominique.
Alors, bonjour. À mon tour, écoutez, pour revenir aux perspectives économiques,
perspectives de croissance économique qui sont incluses dans le point, dans la
mise à jour, comme Dominique a mentionné, c'est très jovialiste, et pourquoi,
parce que le gouvernement s'attend à une croissance du PIB de 5 %, en
2021, basée entièrement ou essentiellement sur les dépenses de consommation et l'investissement
privé des entreprises.
Or, dans un cas comme dans l'autre, pour que les
ménages dépensent au rythme qui est prévu, il faudrait que le taux de chômage
soit beaucoup plus bas que ce qui est prévu dans ce même document. Donc, il y a
une incohérence dans leurs prévisions. Et aussi, pour que soudainement les
entreprises investissent énormément, pourquoi, comment, ce n'est pas clair du
tout.
Ce qui est particulièrement questionnable,
à mon avis, c'est le changement qu'il y a eu depuis le mois de juin. En juin,
lors de la première mise à jour pour 2021, le gouvernement s'attendait quand
même à une hausse assez modeste de l'investissement privé. Là, trois mois plus
tard, soudainement l'investissement privé va augmenter beaucoup plus
rapidement. Comment? Pourquoi? On ne le sait pas.
Donc, ce sont des prévisions qui ne sont
pas... qui sont beaucoup trop optimistes. Et puis, du côté des dépenses, je
pense que mon collègue André Fortin va y arriver, mais du côté des dépenses, je
pense qu'ils ont raté une occasion de vraiment se démarquer et de pouvoir
répondre aux attentes de la population.
M. Fortin :
En fait, les attentes de la population étaient particulièrement élevées envers
la mise à jour économique. Le premier ministre s'en était assuré lui-même. Il
avait monté les attentes au cours de la semaine. Mais les attentes étaient
élevées parce que les besoins sont grands dans la population en ce moment. La
situation qu'on vit fait en sorte que les besoins sont plus grands qu'à
l'habitude. Et ceux qui avaient des attentes, malheureusement, n'ont pas eu
réponse aujourd'hui à ces demandes.
Si on est un travailleur de la santé ou si
on a des besoins particuliers en matière de santé, il n'y a aucun nouvel
investissement aujourd'hui. On avait les projets ratios, on avait demandé des
investissements dans le soutien à domicile, entre autres. Il y a une demi-mesure
pour la santé mentale, qui avait déjà été annoncée. Si on est entrepreneur
aujourd'hui, si notre entreprise ne va pas particulièrement bien, si on est
dans un secteur qui est touché et on a de la difficulté à obtenir l'aide du
gouvernement, bien, le gouvernement nous souhaite bonne change,
essentiellement, nous dit qu'il n'y a pas de nouvelles mesures pour ces
entrepreneurs-là et qu'il n'y a pas non plus un changement à la façon que cette
aide sera distribuée. Les gens qui souhaitaient, par exemple, faire des
investissements ou des dépenses à leur résidence, qui souhaitaient un programme
comme RénoVert, qui avaient des attentes envers des programmes comme ceux-là,
encore une fois, se retrouvent sans réel investissement.
Donc, dans le fond, là, ce qu'on a vu,
c'est une série de demi-mesures qui fait en sorte que... en fait, qui est dû au
fait que le gouvernement s'est imposé lui-même de revenir à l'équilibre
budgétaire rapidement. Éric Girard s'est passé lui-même les menottes
aujourd'hui en n'admettant pas qu'il serait préférable, étant donné les
besoins, de repousser l'équilibre budgétaire. À la fin de la journée, là, ce
que le gouvernement a fait, c'est qu'il a commencé l'exercice en disant :
Bon, comment on arrive avec l'équilibre budgétaire?, plutôt qu'en commençant
l'exercice en disant : Bon, comment on répond aux besoins des Québécois et
des Québécoises? Et c'est ça qui est malheureux aujourd'hui.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Anglade, M. Leitão et M. Fortin répondront maintenant aux
questions des journalistes d'abord en français, ensuite en anglais. Hugo
Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
J'aimerais revenir justement sur cette question du retour à l'équilibre
budgétaire. Vincent Marissal, de Québec solidaire, reprochait essentiellement aussi
la même chose, dire : Ce n'est pas nécessaire de revenir à l'équilibre en
cinq ans comme le prévoit la loi. Le ministre aurait pu changer la loi. À ce
moment-là, de façon responsable, c'est quoi, l'horizon qui aurait été
responsable pour revenir à l'équilibre budgétaire? Je ne sais pas qui veut
répondre à ma question.
M. Leitão : …excusez-moi, mais
je... C'est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question parce qu'on ne
sait pas encore quel est le... On n'a pas encore atteint le creux de ce cycle.
On est encore en récession. Moi, je prétends que le quatrième trimestre de
cette année va être plus bas en termes de PIB que le troisième. Donc, je ne
pense pas qu'on puisse s'engager d'ores et déjà à revenir à l'équilibre sur
cinq ans quand on ne sait même pas quand est-ce que la récession elle-même va
être terminée.
Donc, c'est un contexte qui est très, très
différent, par exemple, de celui auquel nous faisions face en 2014. Ce sont
deux mondes différents. L'équilibre budgétaire comme tel, il n'y a rien, à mon
avis, de dogmatique là-dessus. Mais, quand on est dans une récession profonde
comme c'est le cas maintenant, bien, l'équilibre budgétaire viendra quand
l'économie reviendra à une situation un peu plus normale. On est loin d'être à
la normale.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur
le déficit structurel aussi que l'on voit, comment est-ce qu'on se sort de ça
lorsqu'on semble dire : Bien, on compte sur une hausse des transferts
fédéraux en santé, une hausse de la croissance économique? Là, le troisième
m'échappe, là, mais, bref, comment est-ce qu'on se sort d'un déficit
structurel?
Mme Anglade : Bien, je vais
juste commenter. Une chose qui est claire, par contre, par rapport à la
situation actuelle, c'est que, si on veut se sortir de ça, si on veut
véritablement avoir une relance économique, il faut que tu aies des entreprises
qui survivent à ce qu'on a présentement comme crise. Or, ce que l'on constate,
c'est que, là, ce n'était pas le temps de se dire : Voici quel est
l'équilibre budgétaire qu'on va avoir sur cinq ans, c'est quels sont les
besoins actuels, les investissements massifs que l'on doit faire aujourd'hui
pour faire en sorte que nos entreprises passent à travers la situation, passent
à travers les prochains mois et arrivent à faire partie de la relance
économique.
Alors, ce que l'on voit, c'est qu'on ne se
préoccupe pas de cet enjeu de court terme qui est imminent, là. Nos entreprises
peuvent fermer les portes demain matin. Il y en a qui le font. On ne se
préoccupe pas de ça puis on se dit : La relance économique va arriver à un
moment donné. De manière réaliste, déjà, si on veut penser à notre déficit, il
faut que ces investissements-là se fassent tout de suite pour nous assurer
d'une réelle croissance économique. C'est pour ça qu'on dit qu'ils sont
extrêmement, notamment, jovialistes sur les prévisions.
Je ne sais pas si, Carlos, tu veux ajouter
quelque chose, mais...
Le Modérateur
: Mylène Crête,
Le Devoir.
Mme Crête (Mylène) :
Bien, justement, M. Leitão, quand vous dites que c'est jovialiste, est-ce
que vous ne pensez pas que le ministre tient compte de l'effet de stimulus que
son 1,5 milliard aura pour justement relancer l'économie?
M. Leitão : Il dit qu'il prend
ça en considération, mais disons que son effet multiplicateur est multiplié énormément.
Non, je ne pense pas que...
Mme Crête (Mylène) :
Vous pensez qu'il mise un peu trop là-dessus?
M. Leitão : Ah! beaucoup trop.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, M. Leitão, l'ancien premier ministre Philippe Couillard vous
décrivait comme le meilleur prévisionniste de l'univers intersidéral. Là, vous
nous dites aujourd'hui que vous anticipez une baisse... un ralentissement du
PIB pour le quatrième trimestre, mais vous dites que vous ne savez pas quand la
récession va se terminer.
M. Leitão : C'est ça.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
C'est un peu inquiétant, de la bouche du meilleur prévisionniste, d'entendre
ça.
M. Leitão : Bien, écoutez, je
ne sais pas si c'est inquiétant, ce n'est certainement pas ça, mon objectif,
mais je veux surtout être réaliste. Je pense qu'il faut regarder la réalité en
face. Et d'ailleurs, dans le document, le gouvernement, M. Girard le
mentionne aussi, que c'est une récession qui est très atypique et une récession
qui est très sérieuse, profonde. Je ne sais pas quels sont les termes qu'il
utilise, mais il juge que c'est une situation difficile.
Seulement, il pense qu'on est déjà sortis,
et donc qu'au quatrième trimestre on va commencer le retour à la croissance, et
puis ça va s'accélérer en 2021. J'espère que ça soit le cas, mais je trouve ça
extrêmement jovialiste de penser aujourd'hui, avec ce qu'on a vu au mois
d'octobre, une baisse de l'emploi, ce qu'on voit en novembre avec les chiffres
de la pandémie, le nombre de nouveaux cas qui augmente... Dans un tel scénario,
comment est-ce qu'on peut dire que l'économie va revenir à son potentiel
rapidement? Je trouve ça très hasardeux.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, si les Québécois vous avaient fait l'honneur de vous réélire au
gouvernement, qu'auriez-vous écrit dans la mise à jour économique? Vous
n'auriez pas laissé des cases blanches?
M. Leitão : Non, non, non. Au
contraire, je pense que c'est une occasion manquée. Le moment étant maintenant
d'annoncer des dépenses massives. Donc, je pense que c'est ça, l'erreur.
M. Girard est beaucoup trop proche de son portefeuille, de ses sous, et ce
n'est pas le moment. C'était maintenant qu'il fallait investir massivement, comme
mon collègue André avait mentionné, dans tous les programmes, que ce soit en
santé, que ce soit en éducation, de soutien aux entreprises. C'est maintenant
qu'il fallait dépenser massivement. Parce que, si on ne le fait pas maintenant,
plus tard, en 2021, si entre-temps il y a une cascade de faillites, ça va être
beaucoup plus difficile de reconstruire le tissu économique, qui risque de se
détruire maintenant.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...qu'on investisse massivement, quitte à ce qu'on retrouve l'équilibre
budgétaire aux calendes grecques?, sans mauvais jeu de mots.
M. Leitão : Pas aux calendes
grecques, mais on le retrouvera quand on le retrouvera. Je ne sais pas si ça
prendra cinq ans, six ans, sept ans. Luc Godbout, qui n'est quand même pas quelqu'un
qu'on pourrait accuser d'être jovialiste, lui, il parlait de peut-être
considérer un horizon de sept ans, par exemple, mais toujours à partir de la
fin de la récession. La récession n'est pas terminée encore.
Le Modérateur
: O.K.
Valérie Gamache, Radio-Canada.
Mme Gamache (Valérie) : Au
dernier budget, vous avez dit : Ce budget-là est déposé puis il est déjà
passé date. Il n'est déjà plus bon parce que, bon, trois jours plus tard, on
était en crise sanitaire. Là, vous avez de l'air à dire : Il dépose une mise
à jour économique, mais, encore une fois, qui ne tiendra pas la route, en
quelque sorte, parce que les investissements ne sont pas là?
M. Leitão : Oui. Et la seule
différence qu'il y a, c'est qu'au moins, cette fois-ci, il y a un 3 milliards
de provisions qui est incorporé dans les prévisions. Mais c'est un peu ça… Je
ne sais pas si mes collègues veulent y aller aussi...
Mme Anglade : Je vous dirais, il
y a beaucoup de choses que l'on ne sait pas avec la pandémie, mais il y a des
choses que l'on sait, par contre. On sait qu'on a des besoins importants maintenant.
Et ce qui est particulier dans ce qui est présenté, c'est que ce que l'on sait,
ce qui sont des faits aujourd'hui, on n'agit pas là-dessus, puis après ça on se
fait des prévisions sur la suite des choses. Et c'est ça qui est troublant dans
la manière de penser la relance.
Je vous prends l'exemple de la France
parce que c'est un bon exemple, où ils ont décidé d'investir sur le long terme…
mais, disons, bien, investir, dans les 10 prochaines années, massivement parce
qu'ils savent très bien qu'on ne va pas renaître… On ne va pas bâtir l'économie
du Québec, là, si c'est un champ de ruines qu'on a en avant de nous. Alors, on
ne peut pas arriver à un champ de ruines. Pour éviter ça, il faut que toute
notre économie passe à travers, puis qu'après ça on fasse les investissements,
l'innovation et puis le... avec une vision d'avenir, et ce n'est pas ce qu'on
fait présentement. Donc, effectivement, ça limite le réalisme de ce qui nous
est présenté.
Mme Gamache (Valérie) : Parmi
les trois vecteurs évoqués par M. Girard, il y a les transferts en santé. Est-ce
que ça, c'est quelque chose à laquelle vous croyez? Est-ce que ça, c'est quelque
chose sur laquelle on peut véritablement se baser puis avoir confiance que ça
arrive?
Mme Anglade : Bien, écoutez,
premièrement, c'est clair que nous aussi, nous souhaitons avoir les transferts
en santé. On va s'entendre là-dessus. Mais il y a une raison pour laquelle
les... On parle de différents scénarios, de différentes possibilités pour
évaluer ce qui pourrait arriver. Là, présentement, une des raisons pour
lesquelles on parle d'une mise à jour qui est jovialiste, c'est justement parce
qu'il n'y a pas de différents scénarios. Il y a un scénario, puis c'est un
scénario qui est jovialiste, qui est jovialiste sur les transferts, qui est
jovialiste sur la croissance économique. Et donc c'est la raison pour laquelle
on maintient qu'effectivement... Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on
avait demandé qu'il y ait, comme en Ontario, trois scénarios de présentés, et
vous remarquerez qu'ils ont décidé de prendre le scénario le plus jovialiste.
Le Modérateur
: Mylène
Crête.
Mme Crête (Mylène) :
Quand vous dites, là, que M. Girard est beaucoup trop proche de son
portefeuille, ça aurait pris... Avez-vous évalué ça aurait pris un montant de
combien pour justement offrir une aide directe aux entrepreneurs comme vous le souhaitez?
Ça aurait pris combien de milliards, là? Parce que déjà...
Mme Anglade : Bien, déjà, on
avait estimé, à l'époque, ça, c'était au début de la crise... au début de la
crise, on avait estimé autour d'un demi-milliard, qu'on avait déjà estimé, en
aide directe. Puis je me souviens très bien que, dans les discussions que nous
avons eues entre collègues, on disait : Bien, ça va dépendre de l'ampleur
de la crise; est-ce qu'il va falloir aller plus ou moins? Mais on était prêts à
ouvrir le portefeuille à court terme. Et ça, on le dit depuis le mois d'avril,
je veux dire, depuis le mois d'avril, on n'a pas cessé de répéter l'importance
de cette aide directe là pour nos entreprises. Je ne sais pas si, André ou
Carlos, vous voulez commenter.
M. Fortin :Il y a plusieurs demandes qu'on avait formulées qui étaient tout
à fait chiffrées. L'aide pour des gens en santé mentale, entre autres, c'est
une demande d'environ 200 millions à 300 millions, l'aide pour les
projets ratios, c'est un projet d'environ 350 millions. Donc, il y avait plusieurs
parties qui étaient chiffrées.
L'aide aux PME, c'est un peu différent
parce que ça dépend de comment on le fait. Il y a aussi une mesure d'accessibilité
qui est manquante ici. Donc, dépendamment de l'évolution dans des différentes
zones, dépendamment de l'évolution de la pandémie, il faudra voir exactement le
chiffre qui devrait y être associé, mais, en même temps, il y a surtout un
enjeu d'accessibilité. Quand il y a des entrepreneurs qui disent : Bien,
je devrais être éligible au programme, mais je ne le suis pas, le gouvernement
aurait beau mettre des milliards et des milliards, s'il ne rend pas cette
aide-là disponible aux Québécois, comme c'est le cas actuellement, il ne
réglera aucun enjeu.
Mme Crête (Mylène) :
Avez-vous l'impression que le gouvernement laisse tomber des pans de l'économie
qui sont peut-être... qui, justement, ont moins un effet de stimulant?
M. Fortin :
Bien, je vous dirais qu'il y a un grand...
Mme Crête (Mylène) :
Quand on laisse mourir les entreprises qui ont moins... qui rapportent moins,
là.
Mme Anglade : On n'a pas
l'impression, c'est ça qui arrive. Ce n'est pas une impression.
M. Fortin :
Bien, le gouvernement est clairement moins intéressé. M. Fitzgibbon lui-même
est moins intéressé par certains pans de l'économie, il est plus intéressé par
des grands investissements que par des gens qui travaillent sur la rue
principale. Et ça paraît dans son approche, dans son approche quotidienne.
Au niveau des perdants, je vous dirais
qu'il y en a un, grand perdant, c'est les gens qui habitent en région, qui
n'ont pas accès à Internet haute vitesse, que ce soient les entreprises ou les
citoyens qui ne se sentent pas, surtout dans le contexte actuel, partie
prenante complète de la société. Si vous n'avez pas accès à Internet haute
vitesse à la maison en ce moment, vous ne pouvez pas faire du télétravail, vous
ne pouvez pas faire vos études à la maison. Alors, de ne pas prévoir une
accélération des investissements dans la mise à jour économique, alors que le
gouvernement fédéral lui-même a cette semaine annoncé des investissements, ça
nous apparaît évident que tous ces gens-là en région rurale sont les grands
perdants aujourd'hui.
Mme Anglade : ...peut-être
ajouter la chose suivante. Vous avez posé la question : Est-ce que vous
avez l'impression que le gouvernement laisse tomber certains pans? Ce n'est pas
qu'on a l'impression, là, c'est exactement ce qui se produit aujourd'hui sur le
terrain. Et je vous dirais la chose suivante. Dès le début de la pandémie, au
mois d'avril, nous avions des discussions avec le ministre de l'Économie, et on
disait la nécessité, tout de suite, d'accompagner les entreprises en aide
directe, les soutenir.
Et le message a été pendant des
mois : Ce sera des prêts, ce sera des prêts, ce sera des prêts. Et on est
rendus au mois de novembre présentement, puis encore une fois les annonces qui
vont être faites, là, je veux dire, probablement des prêts puis ça va être
détaillé plus tard. C'est probablement encore et toujours cette notion de
prêts. À un moment donné, il faut changer ta vision des choses parce que le
monde change, parce que l'économie est en train de se transformer sous nos yeux
et qu'on a besoin de la regarder de manière différente. Et ce n'est pas ce qui
se produit.
Le Modérateur
: Nous
allons maintenant passer aux questions en anglais avec Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good afternoon. On the
$1.8 billion that is going towards the economic restart, can you explain
why you don't think that that's enough?
Mme Anglade : Because it depends how you break it down. If you look at the
breakdown, you realize that, fundamentally, directly going to companies,
directly supporting the needs of companies, one, it's very minimal. Second,
we're not talking about helping companies survive. We're talking about projects
that could be done in the future. The reality is that there are needs today.
There are companies that have actual needs today that
are not being met. They haven't been met in the last six months. They're not
being met with this «mise à jour», update on the budget. So it's not a matter
of... You can say, like, any big number you want. When you look at the details,
you realize that there's nothing. And actually the CEO of la Fédération de
l'entreprise indépendante, earlier today, said : Well, yes, we are
disappointed. And, of course, they are disappointed, there's nothing.
Mme Fletcher
(Raquel) : There is this preoccupation, I
guess, of getting back to a balanced budget in five years according to the law.
If the Government decided to invest more in whatever program, for instance aid
to companies, and they were not able to get back to that balanced budget in
five years, would you, as an opposition party, support changing the law or how
would that work?
Mme Anglade :
I don't think the decision needs to be made today. What's critical right now is
for us to... We know some key elements. We know that we have to invest today to
support the economy short term, to support the companies. In terms of balancing
the budget, whether it's in five years, six years, seven years, I mean, we'll
have to see because it's going to depend on how long the pandemic lasts, the
impact on our people, the impact on different projects. It will depend on that.
The reality is they say, you know : We know that we have to balance the
budget in five years, therefore we're making those
choices. This is definitely the wrong approach to think about the pandemic.
Mme Fletcher
(Raquel) : Because, at the end of 2023, we'll
be looking at a $30 billion dollar deficit, which is massive. So are you not
worried about what this will mean for future generations that will have to, you
know, carry the financial burden?
Mme Anglade : I've been worrying about this for years. I worry about this all the
time. But the reality is, if you don't... It's a matter of vision. If you think
that you're going to build the future with no companies in all the regions that
we have, you're not thinking about it the right way. The reality is... The
reason why it's extremely optimistic is because they say : Well, it's
going to pick up, the growth is going to pick up. But, in order for the growth
to pick up, you need the companies to pick up. And, if they're closing, if they
shut down, you won't see the economy going up. So we don't believe that they're
going to be able to achieve it because of the decisions that they're making
today. We would have a better chance of success by investing now. We would have
a better chance of success in balancing the budget in the long term.
M. Fortin : The big problem behind this whole exercise is that Minister Girard
started the exercise by saying : How do I get back to a balanced budget?,
instead of thinking : How do I meet the needs of Quebeckers right now, during the pandemic? If you're a health care worker,
there's nothing for you in this minibudget. If you're somebody who lives in a
rural region and is hoping for better Internet access, there's nothing for you
in this budget. So, if you're a small business owner, there's nothing for you in
this budget, and you're certainly no further ahead in saving your business. So,
really, they took the whole process back. They started by thinking about the
balanced budget instead of thinking about the needs of Quebeckers, and that's what really is a shame in this whole thing.
Le Modérateur
:Justement, Cathy
Senay, qui ne peut être ici présentement, se demande, donc, en bref : Is the Finance Minister realistic
in his plan to go back to a balanced budget in five years and without cutting
services and raising taxes?
Mme Anglade : …answer is no. Do you want us to elaborate? The short answer to the
question is no. I don't know if one of my colleagues…
M. Fortin : The long answer or the medium-sized answer, I guess, is that the
only way he can possibly get back to it is by counting on $6,2 billion a
year in additional funding from the federal Government, which is Minister Girard's opening negotiating position. I'm sure
the federal Government will
help him too, but you don't base your projections based on your own negotiating
position. And he's also banking on the fact that there's going to be a vaccine
and that the economy is just going to kick-start back again really quickly.
That, we don't know that. There's too much uncertainty right now to really
think that he can get back to it. So, unfortunately, he didn't address the needs of Quebeckers and he's kind of in between: Well, do I address
the needs or do I make the balanced budget? He didn't have to pick one or the
other today.
M. Leitão : And if I just may, for the real long, long, long answer, but just
one example of that. 2022... I know it's far away, 2022, but in 2022, the Government is currently forecasting a rate of real GDP growth of 3%,
3%, without telling us how we're going to get to that 3%, other than saying
there will be some spontaneous huge increase in productivity. Sorry, I'm old
enough to not believe in Santa Claus. I don't see how you can have such a huge
increase, a sudden increase in productivity that will lead us to a GDP growth
of 3% in 2022. That is just one example of the unrealistic foundations of this
update.
M. Bélair-Cirino
(Marco) : But $6 billion in increase and
in health transfers, is it too much? Is it asking too much?
Mme Anglade :
It's not a matter of too much, because we actually need the funds and we are in
favor of getting the funds transfer from the federal Government. So let's be
clear on that. But, if you are actually making a prevision, you are making a
budget, you have to also be realistic and you have to say: You know, these are
the options that I have on the table right now, and I'm counting on this
specifically. And you can't base everything on one scenario, and that's also
why we ask for three different scenarios.
Le Modérateur
:
OK. Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 11)