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Conférence de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, M. André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de finances publiques, et M. Carlos J. Leitão, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie

Version finale

Le jeudi 12 novembre 2020, 15 h 45

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Quinze heures quarante-cinq minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à ce point de presse de la cheffe de l'opposition officielle, Dominique Anglade, ainsi que des députés André Fortin et Carlos Leitão. Mme la cheffe de l'opposition officielle.

Mme Anglade : Merci beaucoup. Alors, au Parti libéral du Québec, nous croyons fermement que la crise de la COVID va amener des bouleversements qui vont être importants dans l'équilibre mondial, et beaucoup des changements, comme on l'a dit par le passé, sont des changements qui vont être permanents. Et, en conséquence, on avait demandé au gouvernement de la CAQ de faire preuve de vision dans les documents, dans la mise à jour qu'ils allaient nous présenter.

Nous avons demandé au gouvernement de faire preuve aussi de créativité, d'imagination afin de proposer aux Québécois un plan de relance qui ferait en sorte que notre économie soit résolument moderne. Ce que nous avons devant nous, c'est davantage une vision conservatrice. En fait, ils sont conservateurs dans les dépenses, mais assez jovialistes, étonnamment, dans les prévisions.

Alors, nous avions demandé au gouvernement de M. Legault de proposer un plan qui remettrait le Québec au premier rang des nations prospères, comme elle l'était, prospère, lorsque M. Legault a pris les rênes du gouvernement en 2018. Le premier ministre avait monté les attentes de façon démesurée, comme il l'avait fait avec la forêt, comme il l'avait fait avec le troisième lien ou la santé mentale, mais on s'attendait à peu et on a quand même été déçus. Le premier ministre avait l'occasion de faire comme d'autres l'ont fait, de démontrer qu'il pouvait construire l'économie autour d'une véritable vision de développement économique.

Lorsque l'on regarde ce qu'ont fait les Français, ils ont mis en oeuvre un plan de 10 ans avec des investissements importants pour moderniser l'économie. La CAQ nous avait promis un plan ambitieux sur cinq ans. Les Québécois, aujourd'hui, vont devoir se contenter d'un bilan comptable à court terme sur trois ans. L'économie du Québec est à un moment charnière de son développement, et la CAQ manque un rendez-vous qui est important pour l'avenir économique du Québec.

Au Parti libéral du Québec, nous avons fait une série de demandes essentielles à court terme pour la suite des choses. Nous avons demandé au gouvernement de faire preuve de vision, et, je le répète, ce qu'on nous a présenté, c'est encore une fois conservateur dans les dépenses, mais jovialiste dans les prévisions qui sont faites. Je le répète, le gouvernement devait se préparer à faire face à un bouleversement de l'économie mondiale qui allait apporter des changements importants et permanents. Ils ont fait le choix de ne pas le faire.

Vous allez me permettre maintenant de céder la parole à mon collègue Carlos Leitão.

M. Leitão : Merci. Merci, Dominique. Alors, bonjour. À mon tour, écoutez, pour revenir aux perspectives économiques, perspectives de croissance économique qui sont incluses dans le point, dans la mise à jour, comme Dominique a mentionné, c'est très jovialiste, et pourquoi, parce que le gouvernement s'attend à une croissance du PIB de 5 %, en 2021, basée entièrement ou essentiellement sur les dépenses de consommation et l'investissement privé des entreprises.

Or, dans un cas comme dans l'autre, pour que les ménages dépensent au rythme qui est prévu, il faudrait que le taux de chômage soit beaucoup plus bas que ce qui est prévu dans ce même document. Donc, il y a une incohérence dans leurs prévisions. Et aussi, pour que soudainement les entreprises investissent énormément, pourquoi, comment, ce n'est pas clair du tout.

Ce qui est particulièrement questionnable, à mon avis, c'est le changement qu'il y a eu depuis le mois de juin. En juin, lors de la première mise à jour pour 2021, le gouvernement s'attendait quand même à une hausse assez modeste de l'investissement privé. Là, trois mois plus tard, soudainement l'investissement privé va augmenter beaucoup plus rapidement. Comment? Pourquoi? On ne le sait pas.

Donc, ce sont des prévisions qui ne sont pas... qui sont beaucoup trop optimistes. Et puis, du côté des dépenses, je pense que mon collègue André Fortin va y arriver, mais du côté des dépenses, je pense qu'ils ont raté une occasion de vraiment se démarquer et de pouvoir répondre aux attentes de la population.

M. Fortin : En fait, les attentes de la population étaient particulièrement élevées envers la mise à jour économique. Le premier ministre s'en était assuré lui-même. Il avait monté les attentes au cours de la semaine. Mais les attentes étaient élevées parce que les besoins sont grands dans la population en ce moment. La situation qu'on vit fait en sorte que les besoins sont plus grands qu'à l'habitude. Et ceux qui avaient des attentes, malheureusement, n'ont pas eu réponse aujourd'hui à ces demandes.

Si on est un travailleur de la santé ou si on a des besoins particuliers en matière de santé, il n'y a aucun nouvel investissement aujourd'hui. On avait les projets ratios, on avait demandé des investissements dans le soutien à domicile, entre autres. Il y a une demi-mesure pour la santé mentale, qui avait déjà été annoncée. Si on est entrepreneur aujourd'hui, si notre entreprise ne va pas particulièrement bien, si on est dans un secteur qui est touché et on a de la difficulté à obtenir l'aide du gouvernement, bien, le gouvernement nous souhaite bonne change, essentiellement, nous dit qu'il n'y a pas de nouvelles mesures pour ces entrepreneurs-là et qu'il n'y a pas non plus un changement à la façon que cette aide sera distribuée. Les gens qui souhaitaient, par exemple, faire des investissements ou des dépenses à leur résidence, qui souhaitaient un programme comme RénoVert, qui avaient des attentes envers des programmes comme ceux-là, encore une fois, se retrouvent sans réel investissement.

Donc, dans le fond, là, ce qu'on a vu, c'est une série de demi-mesures qui fait en sorte que... en fait, qui est dû au fait que le gouvernement s'est imposé lui-même de revenir à l'équilibre budgétaire rapidement. Éric Girard s'est passé lui-même les menottes aujourd'hui en n'admettant pas qu'il serait préférable, étant donné les besoins, de repousser l'équilibre budgétaire. À la fin de la journée, là, ce que le gouvernement a fait, c'est qu'il a commencé l'exercice en disant : Bon, comment on arrive avec l'équilibre budgétaire?, plutôt qu'en commençant l'exercice en disant : Bon, comment on répond aux besoins des Québécois et des Québécoises? Et c'est ça qui est malheureux aujourd'hui.

Le Modérateur : Merci. Mme Anglade, M. Leitão et M. Fortin répondront maintenant aux questions des journalistes d'abord en français, ensuite en anglais. Hugo Pilon-Larose, La Presse.

M. Pilon-Larose (Hugo) : J'aimerais revenir justement sur cette question du retour à l'équilibre budgétaire. Vincent Marissal, de Québec solidaire, reprochait essentiellement aussi la même chose, dire : Ce n'est pas nécessaire de revenir à l'équilibre en cinq ans comme le prévoit la loi. Le ministre aurait pu changer la loi. À ce moment-là, de façon responsable, c'est quoi, l'horizon qui aurait été responsable pour revenir à l'équilibre budgétaire? Je ne sais pas qui veut répondre à ma question.

M. Leitão : …excusez-moi, mais je... C'est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question parce qu'on ne sait pas encore quel est le... On n'a pas encore atteint le creux de ce cycle. On est encore en récession. Moi, je prétends que le quatrième trimestre de cette année va être plus bas en termes de PIB que le troisième. Donc, je ne pense pas qu'on puisse s'engager d'ores et déjà à revenir à l'équilibre sur cinq ans quand on ne sait même pas quand est-ce que la récession elle-même va être terminée.

Donc, c'est un contexte qui est très, très différent, par exemple, de celui auquel nous faisions face en 2014. Ce sont deux mondes différents. L'équilibre budgétaire comme tel, il n'y a rien, à mon avis, de dogmatique là-dessus. Mais, quand on est dans une récession profonde comme c'est le cas maintenant, bien, l'équilibre budgétaire viendra quand l'économie reviendra à une situation un peu plus normale. On est loin d'être à la normale.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur le déficit structurel aussi que l'on voit, comment est-ce qu'on se sort de ça lorsqu'on semble dire : Bien, on compte sur une hausse des transferts fédéraux en santé, une hausse de la croissance économique? Là, le troisième m'échappe, là, mais, bref, comment est-ce qu'on se sort d'un déficit structurel?

Mme Anglade : Bien, je vais juste commenter. Une chose qui est claire, par contre, par rapport à la situation actuelle, c'est que, si on veut se sortir de ça, si on veut véritablement avoir une relance économique, il faut que tu aies des entreprises qui survivent à ce qu'on a présentement comme crise. Or, ce que l'on constate, c'est que, là, ce n'était pas le temps de se dire : Voici quel est l'équilibre budgétaire qu'on va avoir sur cinq ans, c'est quels sont les besoins actuels, les investissements massifs que l'on doit faire aujourd'hui pour faire en sorte que nos entreprises passent à travers la situation, passent à travers les prochains mois et arrivent à faire partie de la relance économique.

Alors, ce que l'on voit, c'est qu'on ne se préoccupe pas de cet enjeu de court terme qui est imminent, là. Nos entreprises peuvent fermer les portes demain matin. Il y en a qui le font. On ne se préoccupe pas de ça puis on se dit : La relance économique va arriver à un moment donné. De manière réaliste, déjà, si on veut penser à notre déficit, il faut que ces investissements-là se fassent tout de suite pour nous assurer d'une réelle croissance économique. C'est pour ça qu'on dit qu'ils sont extrêmement, notamment, jovialistes sur les prévisions.

Je ne sais pas si, Carlos, tu veux ajouter quelque chose, mais...

Le Modérateur : Mylène Crête, Le Devoir.

Mme Crête (Mylène) : Bien, justement, M. Leitão, quand vous dites que c'est jovialiste, est-ce que vous ne pensez pas que le ministre tient compte de l'effet de stimulus que son 1,5 milliard aura pour justement relancer l'économie?

M. Leitão : Il dit qu'il prend ça en considération, mais disons que son effet multiplicateur est multiplié énormément. Non, je ne pense pas que...

Mme Crête (Mylène) : Vous pensez qu'il mise un peu trop là-dessus?

M. Leitão : Ah! beaucoup trop.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, M. Leitão, l'ancien premier ministre Philippe Couillard vous décrivait comme le meilleur prévisionniste de l'univers intersidéral. Là, vous nous dites aujourd'hui que vous anticipez une baisse... un ralentissement du PIB pour le quatrième trimestre, mais vous dites que vous ne savez pas quand la récession va se terminer.

M. Leitão : C'est ça.

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est un peu inquiétant, de la bouche du meilleur prévisionniste, d'entendre ça.

M. Leitão : Bien, écoutez, je ne sais pas si c'est inquiétant, ce n'est certainement pas ça, mon objectif, mais je veux surtout être réaliste. Je pense qu'il faut regarder la réalité en face. Et d'ailleurs, dans le document, le gouvernement, M. Girard le mentionne aussi, que c'est une récession qui est très atypique et une récession qui est très sérieuse, profonde. Je ne sais pas quels sont les termes qu'il utilise, mais il juge que c'est une situation difficile.

Seulement, il pense qu'on est déjà sortis, et donc qu'au quatrième trimestre on va commencer le retour à la croissance, et puis ça va s'accélérer en 2021. J'espère que ça soit le cas, mais je trouve ça extrêmement jovialiste de penser aujourd'hui, avec ce qu'on a vu au mois d'octobre, une baisse de l'emploi, ce qu'on voit en novembre avec les chiffres de la pandémie, le nombre de nouveaux cas qui augmente... Dans un tel scénario, comment est-ce qu'on peut dire que l'économie va revenir à son potentiel rapidement? Je trouve ça très hasardeux.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, si les Québécois vous avaient fait l'honneur de vous réélire au gouvernement, qu'auriez-vous écrit dans la mise à jour économique? Vous n'auriez pas laissé des cases blanches?

M. Leitão : Non, non, non. Au contraire, je pense que c'est une occasion manquée. Le moment étant maintenant d'annoncer des dépenses massives. Donc, je pense que c'est ça, l'erreur. M. Girard est beaucoup trop proche de son portefeuille, de ses sous, et ce n'est pas le moment. C'était maintenant qu'il fallait investir massivement, comme mon collègue André avait mentionné, dans tous les programmes, que ce soit en santé, que ce soit en éducation, de soutien aux entreprises. C'est maintenant qu'il fallait dépenser massivement. Parce que, si on ne le fait pas maintenant, plus tard, en 2021, si entre-temps il y a une cascade de faillites, ça va être beaucoup plus difficile de reconstruire le tissu économique, qui risque de se détruire maintenant.

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...qu'on investisse massivement, quitte à ce qu'on retrouve l'équilibre budgétaire aux calendes grecques?, sans mauvais jeu de mots.

M. Leitão : Pas aux calendes grecques, mais on le retrouvera quand on le retrouvera. Je ne sais pas si ça prendra cinq ans, six ans, sept ans. Luc Godbout, qui n'est quand même pas quelqu'un qu'on pourrait accuser d'être jovialiste, lui, il parlait de peut-être considérer un horizon de sept ans, par exemple, mais toujours à partir de la fin de la récession. La récession n'est pas terminée encore.

Le Modérateur : O.K. Valérie Gamache, Radio-Canada.

Mme Gamache (Valérie) : Au dernier budget, vous avez dit : Ce budget-là est déposé puis il est déjà passé date. Il n'est déjà plus bon parce que, bon, trois jours plus tard, on était en crise sanitaire. Là, vous avez de l'air à dire : Il dépose une mise à jour économique, mais, encore une fois, qui ne tiendra pas la route, en quelque sorte, parce que les investissements ne sont pas là?

M. Leitão : Oui. Et la seule différence qu'il y a, c'est qu'au moins, cette fois-ci, il y a un 3 milliards de provisions qui est incorporé dans les prévisions. Mais c'est un peu ça… Je ne sais pas si mes collègues veulent y aller aussi...

Mme Anglade : Je vous dirais, il y a beaucoup de choses que l'on ne sait pas avec la pandémie, mais il y a des choses que l'on sait, par contre. On sait qu'on a des besoins importants maintenant. Et ce qui est particulier dans ce qui est présenté, c'est que ce que l'on sait, ce qui sont des faits aujourd'hui, on n'agit pas là-dessus, puis après ça on se fait des prévisions sur la suite des choses. Et c'est ça qui est troublant dans la manière de penser la relance.

Je vous prends l'exemple de la France parce que c'est un bon exemple, où ils ont décidé d'investir sur le long terme… mais, disons, bien, investir, dans les 10 prochaines années, massivement parce qu'ils savent très bien qu'on ne va pas renaître… On ne va pas bâtir l'économie du Québec, là, si c'est un champ de ruines qu'on a en avant de nous. Alors, on ne peut pas arriver à un champ de ruines. Pour éviter ça, il faut que toute notre économie passe à travers, puis qu'après ça on fasse les investissements, l'innovation et puis le... avec une vision d'avenir, et ce n'est pas ce qu'on fait présentement. Donc, effectivement, ça limite le réalisme de ce qui nous est présenté.

Mme Gamache (Valérie) : Parmi les trois vecteurs évoqués par M. Girard, il y a les transferts en santé. Est-ce que ça, c'est quelque chose à laquelle vous croyez? Est-ce que ça, c'est quelque chose sur laquelle on peut véritablement se baser puis avoir confiance que ça arrive?

Mme Anglade : Bien, écoutez, premièrement, c'est clair que nous aussi, nous souhaitons avoir les transferts en santé. On va s'entendre là-dessus. Mais il y a une raison pour laquelle les... On parle de différents scénarios, de différentes possibilités pour évaluer ce qui pourrait arriver. Là, présentement, une des raisons pour lesquelles on parle d'une mise à jour qui est jovialiste, c'est justement parce qu'il n'y a pas de différents scénarios. Il y a un scénario, puis c'est un scénario qui est jovialiste, qui est jovialiste sur les transferts, qui est jovialiste sur la croissance économique. Et donc c'est la raison pour laquelle on maintient qu'effectivement... Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on avait demandé qu'il y ait, comme en Ontario, trois scénarios de présentés, et vous remarquerez qu'ils ont décidé de prendre le scénario le plus jovialiste.

Le Modérateur : Mylène Crête.

Mme Crête (Mylène) : Quand vous dites, là, que M. Girard est beaucoup trop proche de son portefeuille, ça aurait pris... Avez-vous évalué ça aurait pris un montant de combien pour justement offrir une aide directe aux entrepreneurs comme vous le souhaitez? Ça aurait pris combien de milliards, là? Parce que déjà...

Mme Anglade : Bien, déjà, on avait estimé, à l'époque, ça, c'était au début de la crise... au début de la crise, on avait estimé autour d'un demi-milliard, qu'on avait déjà estimé, en aide directe. Puis je me souviens très bien que, dans les discussions que nous avons eues entre collègues, on disait : Bien, ça va dépendre de l'ampleur de la crise; est-ce qu'il va falloir aller plus ou moins? Mais on était prêts à ouvrir le portefeuille à court terme. Et ça, on le dit depuis le mois d'avril, je veux dire, depuis le mois d'avril, on n'a pas cessé de répéter l'importance de cette aide directe là pour nos entreprises. Je ne sais pas si, André ou Carlos, vous voulez commenter.

M. Fortin :Il y a plusieurs demandes qu'on avait formulées qui étaient tout à fait chiffrées. L'aide pour des gens en santé mentale, entre autres, c'est une demande d'environ 200 millions à 300 millions, l'aide pour les projets ratios, c'est un projet d'environ 350 millions. Donc, il y avait plusieurs parties qui étaient chiffrées.

L'aide aux PME, c'est un peu différent parce que ça dépend de comment on le fait. Il y a aussi une mesure d'accessibilité qui est manquante ici. Donc, dépendamment de l'évolution dans des différentes zones, dépendamment de l'évolution de la pandémie, il faudra voir exactement le chiffre qui devrait y être associé, mais, en même temps, il y a surtout un enjeu d'accessibilité. Quand il y a des entrepreneurs qui disent : Bien, je devrais être éligible au programme, mais je ne le suis pas, le gouvernement aurait beau mettre des milliards et des milliards, s'il ne rend pas cette aide-là disponible aux Québécois, comme c'est le cas actuellement, il ne réglera aucun enjeu.

Mme Crête (Mylène) : Avez-vous l'impression que le gouvernement laisse tomber des pans de l'économie qui sont peut-être... qui, justement, ont moins un effet de stimulant?

M. Fortin : Bien, je vous dirais qu'il y a un grand...

Mme Crête (Mylène) : Quand on laisse mourir les entreprises qui ont moins... qui rapportent moins, là.

Mme Anglade : On n'a pas l'impression, c'est ça qui arrive. Ce n'est pas une impression.

M. Fortin : Bien, le gouvernement est clairement moins intéressé. M. Fitzgibbon lui-même est moins intéressé par certains pans de l'économie, il est plus intéressé par des grands investissements que par des gens qui travaillent sur la rue principale. Et ça paraît dans son approche, dans son approche quotidienne.

Au niveau des perdants, je vous dirais qu'il y en a un, grand perdant, c'est les gens qui habitent en région, qui n'ont pas accès à Internet haute vitesse, que ce soient les entreprises ou les citoyens qui ne se sentent pas, surtout dans le contexte actuel, partie prenante complète de la société. Si vous n'avez pas accès à Internet haute vitesse à la maison en ce moment, vous ne pouvez pas faire du télétravail, vous ne pouvez pas faire vos études à la maison. Alors, de ne pas prévoir une accélération des investissements dans la mise à jour économique, alors que le gouvernement fédéral lui-même a cette semaine annoncé des investissements, ça nous apparaît évident que tous ces gens-là en région rurale sont les grands perdants aujourd'hui.

Mme Anglade : ...peut-être ajouter la chose suivante. Vous avez posé la question : Est-ce que vous avez l'impression que le gouvernement laisse tomber certains pans? Ce n'est pas qu'on a l'impression, là, c'est exactement ce qui se produit aujourd'hui sur le terrain. Et je vous dirais la chose suivante. Dès le début de la pandémie, au mois d'avril, nous avions des discussions avec le ministre de l'Économie, et on disait la nécessité, tout de suite, d'accompagner les entreprises en aide directe, les soutenir.

Et le message a été pendant des mois : Ce sera des prêts, ce sera des prêts, ce sera des prêts. Et on est rendus au mois de novembre présentement, puis encore une fois les annonces qui vont être faites, là, je veux dire, probablement des prêts puis ça va être détaillé plus tard. C'est probablement encore et toujours cette notion de prêts. À un moment donné, il faut changer ta vision des choses parce que le monde change, parce que l'économie est en train de se transformer sous nos yeux et qu'on a besoin de la regarder de manière différente. Et ce n'est pas ce qui se produit.

Le Modérateur : Nous allons maintenant passer aux questions en anglais avec Raquel Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. On the $1.8 billion that is going towards the economic restart, can you explain why you don't think that that's enough?

Mme Anglade : Because it depends how you break it down. If you look at the breakdown, you realize that, fundamentally, directly going to companies, directly supporting the needs of companies, one, it's very minimal. Second, we're not talking about helping companies survive. We're talking about projects that could be done in the future. The reality is that there are needs today. There are companies that have actual needs today that are not being met. They haven't been met in the last six months. They're not being met with this «mise à jour», update on the budget. So it's not a matter of... You can say, like, any big number you want. When you look at the details, you realize that there's nothing. And actually the CEO of la Fédération de l'entreprise indépendante, earlier today, said : Well, yes, we are disappointed. And, of course, they are disappointed, there's nothing.

Mme Fletcher (Raquel) : There is this preoccupation, I guess, of getting back to a balanced budget in five years according to the law. If the Government decided to invest more in whatever program, for instance aid to companies, and they were not able to get back to that balanced budget in five years, would you, as an opposition party, support changing the law or how would that work?

Mme Anglade : I don't think the decision needs to be made today. What's critical right now is for us to... We know some key elements. We know that we have to invest today to support the economy short term, to support the companies. In terms of balancing the budget, whether it's in five years, six years, seven years, I mean, we'll have to see because it's going to depend on how long the pandemic lasts, the impact on our people, the impact on different projects. It will depend on that. The reality is they say, you know : We know that we have to balance the budget in five years, therefore we're making those choices. This is definitely the wrong approach to think about the pandemic.

Mme Fletcher (Raquel) : Because, at the end of 2023, we'll be looking at a $30 billion dollar deficit, which is massive. So are you not worried about what this will mean for future generations that will have to, you know, carry the financial burden?

Mme Anglade : I've been worrying about this for years. I worry about this all the time. But the reality is, if you don't... It's a matter of vision. If you think that you're going to build the future with no companies in all the regions that we have, you're not thinking about it the right way. The reality is... The reason why it's extremely optimistic is because they say : Well, it's going to pick up, the growth is going to pick up. But, in order for the growth to pick up, you need the companies to pick up. And, if they're closing, if they shut down, you won't see the economy going up. So we don't believe that they're going to be able to achieve it because of the decisions that they're making today. We would have a better chance of success by investing now. We would have a better chance of success in balancing the budget in the long term.

M. Fortin : The big problem behind this whole exercise is that Minister Girard started the exercise by saying : How do I get back to a balanced budget?, instead of thinking : How do I meet the needs of Quebeckers right now, during the pandemic? If you're a health care worker, there's nothing for you in this minibudget. If you're somebody who lives in a rural region and is hoping for better Internet access, there's nothing for you in this budget. So, if you're a small business owner, there's nothing for you in this budget, and you're certainly no further ahead in saving your business. So, really, they took the whole process back. They started by thinking about the balanced budget instead of thinking about the needs of Quebeckers, and that's what really is a shame in this whole thing.

Le Modérateur :Justement, Cathy Senay, qui ne peut être ici présentement, se demande, donc, en bref : Is the Finance Minister realistic in his plan to go back to a balanced budget in five years and without cutting services and raising taxes?

Mme Anglade : …answer is no. Do you want us to elaborate? The short answer to the question is no. I don't know if one of my colleagues…

M. Fortin : The long answer or the medium-sized answer, I guess, is that the only way he can possibly get back to it is by counting on $6,2 billion a year in additional funding from the federal Government, which is Minister Girard's opening negotiating position. I'm sure the federal Government will help him too, but you don't base your projections based on your own negotiating position. And he's also banking on the fact that there's going to be a vaccine and that the economy is just going to kick-start back again really quickly. That, we don't know that. There's too much uncertainty right now to really think that he can get back to it. So, unfortunately, he didn't address the needs of Quebeckers and he's kind of in between: Well, do I address the needs or do I make the balanced budget? He didn't have to pick one or the other today.

M. Leitão : And if I just may, for the real long, long, long answer, but just one example of that. 2022... I know it's far away, 2022, but in 2022, the Government is currently forecasting a rate of real GDP growth of 3%, 3%, without telling us how we're going to get to that 3%, other than saying there will be some spontaneous huge increase in productivity. Sorry, I'm old enough to not believe in Santa Claus. I don't see how you can have such a huge increase, a sudden increase in productivity that will lead us to a GDP growth of 3% in 2022. That is just one example of the unrealistic foundations of this update.

M. Bélair-Cirino (Marco) : But $6 billion in increase and in health transfers, is it too much? Is it asking too much?

Mme Anglade : It's not a matter of too much, because we actually need the funds and we are in favor of getting the funds transfer from the federal Government. So let's be clear on that. But, if you are actually making a prevision, you are making a budget, you have to also be realistic and you have to say: You know, these are the options that I have on the table right now, and I'm counting on this specifically. And you can't base everything on one scenario, and that's also why we ask for three different scenarios.

Le Modérateur : OK. Merci beaucoup.

(Fin à 16 h 11)