(Onze heures cinquante-trois minutes)
Mme Anglade : Alors, bonjour. Bonjour,
tout le monde. Aujourd'hui, je suis accompagnée, donc, de notre leader, André
Fortin, de même que Carlos Leitão et de Monsef Derraji. Alors, il y aura
beaucoup de questions d'actualité, j'en suis certaine, mais, dans un premier temps,
j'aimerais parler de la mise à jour économique qui s'en vient ce jeudi.
Le jeudi 29 octobre, j'ai signifié au
premier ministre que son gouvernement ne peut plus simplement assurer la
gestion au jour le jour de la crise de la COVID et qu'il devrait mettre en
place un plan de relance véritablement à long terme. Comme lorsque nous
parlions au début de la deuxième vague, on a eu droit à des railleries du
personnel politique de la CAQ sur les médias sociaux, même le premier ministre
s'est surpris à ce qu'on lui pose des questions sur le plan. Il m'a même
répondu en Chambre : Des plans, des plans, des plans! Mais, une semaine
plus tard, le premier ministre s'est ravisé, il changeait son discours et
prévoit donc un plan lors de la mise à jour de ce jeudi.
Alors, avec cette épiphanie économique, le
gouvernement de M. Legault nous fait la démonstration qu'on parle en
termes de réaction, que c'est un gouvernement qui est réactif, et on cherche
encore une fois la réelle vision de développement économique pour le
XXIe siècle. Le gouvernement va donc annoncer son plan jeudi, mais il
faudra que ce plan… qui soit annoncé, soit à la hauteur des ambitions des
Québécois.
À très court terme, nous demandons dans ce
plan qu'il y ait : un financement des projets ratios, alors, pour réduire
une fois pour toutes le nombre de patients pris en charge par les infirmières;
la psychothérapie pour tous, on en a beaucoup parlé, nous demandons au
gouvernement qu'il donne suite à notre proposition de mettre en place une
couverture universelle en psychothérapie; une meilleure prévisibilité également
pour nos entreprises, le gouvernement doit mettre en place des programmes d'aide
directe pour les entreprises qui ne peuvent pas opérer durant la crise
sanitaire; et finalement de l'aide directe pour les entreprises, que ce soient
des entreprises qui se retrouvent dans la zone jaune, orange ou dans la zone
rouge.
La relance et la construction de notre
économie à long terme, on doit la commencer maintenant. Et le premier ministre
a largement monté les attentes la semaine dernière. C'est donc un test, pour le
gouvernement, qui s'en vient ce jeudi. Le gouvernement devra voir à protéger et
à investir des secteurs stratégiques comme l'aérospatial, comme la culture,
comme l'hôtellerie, l'hébergement, le tourisme, la santé, l'éducation. Et,
au-delà des montants qui seront investis, c'est la vision qui va déterminer la
véritable valeur du plan qui va être présenté par la CAQ.
Vous le savez, les changements qui vont
découler de la crise seront des changements qui seront importants, et certains
seront permanents. Le gouvernement ne peut pas se contenter de reconduire de
manière identique ce qu'on faisait par le passé. Et les Québécois souhaitent de
l'audace, de la modernité, ils veulent un gouvernement qui sait transformer les
risques en opportunités de développement économique et en opportunités de
création d'emplois pour demain.
Alors, on souhaite voir, mais c'est ce que
souhaitent les Québécois également, un gouvernement qui va accélérer la transition
environnementale, la modernisation de notre agriculture, des investissements
dans les énergies nouvelles, les investissements dans la modernisation de nos
infrastructures, dans les technologies d'avenir, dans la mobilité durable, dans
la décarbonisation de notre économie et, évidemment, dans les secteurs de la
santé et de l'éducation. Également, on va vouloir qu'il nous parle de la
modernisation dans le domaine de la forêt, et qu'il repense les politiques d'approvisionnement
afin de favoriser les Québécoises et les Québécois pas comme on l'a vu avec Le
Panier bleu, de réellement favoriser les entreprises québécoises et également
le secteur de l'économie sociale, et qu'on place le progrès environnemental et
le progrès social au coeur de la mission.
Nous proposons également au gouvernement
de profiter de la mise à jour pour réfléchir à comment taxer équitablement les
GAFAM et augmenter ses propres revenus dans une période où, évidemment, le
niveau de dépenses gouvernementales va être particulièrement important. Nous
proposons, comme nous l'avons fait ce matin, l'implantation d'un code de
conduite pour encadrer les relations entre les fournisseurs et les grands
détaillants comme les Walmart et les Costco de ce monde afin de protéger la
vitalité de nos régions, et de nos agriculteurs, et nos producteurs.
Et, en conclusion, nous demandons au
gouvernement un plan qui va reconstruire mieux, qui va protéger nos
entreprises, leurs employés, qui va soutenir les secteurs les plus touchés par
la COVID-19 et une relance durable de l'économie du Québec.
Nous voulons aussi, comme nos voisins, avoir
un plan qui présente trois scénarios de prévisions économiques. Le Québec est à
une période charnière de son développement. Le gouvernement de M. Legault doit
sortir de son conservatisme économique et commencer à penser le développement
économique de façon différente, de façon moderne. Le monde est en train de
changer, et si le gouvernement ne pense pas le développement économique de
façon différente, les autres vont le faire, et le retard que l'on attrape aujourd'hui
ne pourra pas, justement, se rattraper. Merci. On va prendre les questions.
La Modératrice
: Merci.
On va passer aux questions.
M. Larin (Vincent) :
Concernant le tramway, Mme Anglade, qu'est-ce que vous pensez de la position de
M. Bonnardel, ce matin, qui était de rencontrer la ville pour discuter à
nouveau du projet de tramway? Est-ce que c'est la bonne chose?
Mme Anglade : Je vous dirais que…
la première chose que je vais vous dire puis je vais être très claire là-dessus :
pour que le projet du tramway voie le jour, il faut une réelle volonté politique,
une réelle volonté politique et un réel leadership politique que l'on n'a
jamais vu à la CAQ pour ce projet. Jamais on n'a vu que la CAQ avait un réel
intérêt, et ça se démontre. Moi, je vous dirais que, quand on veut tuer son
chien, on l'accuse de la rage. C'est exactement ce qui est en train de se faire
avec le projet du tramway. Regardez ce qui s'est fait avec le REM. Le REM
aussi, le BAPE est allé à l'encontre, mais on a décidé d'aller de l'avant. Et
je vous rappelle que la CAQ, à l'époque, avait voté en faveur. Pourquoi est-ce
qu'on serait capable de faire le REM à Montréal, mais on ne serait pas capable
de faire le tramway à Québec?
M. Larin (Vincent) : Donc, le gouvernement
libéral irait à l'encontre de l'avis de…
Mme Anglade : On ferait de la même
manière qu'on a fait, dont on a procédé avec le REM. Parce qu'au bout du compte
est-ce qu'il y a des ajustements à faire? Comme le REM, il y avait des ajustements
à faire, mais ça ne nous a pas empêchés d'aller de l'avant avec le projet. Et
là c'est l'heure d'aller de l'avant avec le projet.
M. Larin (Vincent) : Je veux
juste comprendre, vous êtes d'accord, donc, qu'il y a des ajustements à faire
dans le projet de tramway pour qu'il puisse aller de l'avant?
Mme Anglade : En rien qui ne
reporterait le projet, en rien qui ne créerait un report du projet. Je pense
qu'il faut absolument aller de l'avant avec le projet comme, dans le REM, il
fallait aller de l'avant avec le projet. Maintenant, s'il y a des modifications
à apporter... C'est certain que, dans tout projet, il y a des modifications à
apporter, mais ça ne doit absolument pas entrer en contradiction avec le fait
qu'il faut aller de l'avant avec le projet du tramway.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
pour bonifier le projet, est-ce que vous seriez d'accord pour mettre plus
d'argent?
Mme Anglade : Je n'ai pas
entendu le maire Labeaume nous dire qu'il avait besoin de plus d'argent. Moi,
ce que j'ai entendu…
M. Lavallée (Hugo) : …avec la
contrainte, là, donc il en…
Mme Anglade : Écoutez, moi, je
pense, le maire devrait nous revenir avec des propositions par rapport à ça,
mais je pense que le message qu'il faut envoyer de manière très claire aujourd'hui,
c'est qu'il y a une décision du BAPE qui a été prise, mais qu'il faut une
volonté politique pour aller de l'avant. Québec est une ville... est notre
capitale nationale et a besoin d'un réseau structurant.
M. Lavallée (Hugo) : Donc,
vous seriez d'accord à mettre plus d'argent si le maire le demandait?
Mme Anglade : C'est totalement
hypothétique, ce que vous avez comme question. La question, c'est : Est-ce
qu'on est prêts à aller de l'avant avec ce que nous avons déjà entre les mains
comme projet? La réponse, c'est oui. Après, est-ce que les projets peuvent être
bonifiés? Tous les projets peuvent être bonifiés, puis on pourra en discuter le
moment opportun.
M. Lacroix (Louis) : Radio-Canada
a retiré un épisode de La petite vie qui date d'il y a 25 ans parce
que c'est un épisode dans lequel, en fait, on personnifie, c'est Normand
Brathwaite qui personnifie un sociologue ougandais, puis il y a finalement
plein de caricatures qui sont faites relativement au fait qu'il soit Africain,
etc. Popa est déguisé en espèce de tigre, etc. Est-ce que c'est justifié, à
votre avis, de retirer des oeuvres qui ont été faites il y a 25 ans, à une
époque où les débats qu'on a aujourd'hui sur le racisme, et tout ça, n'étaient
pas les mêmes, n'étaient pas présents? Qu'est-ce que vous pensez de ça?
Mme Anglade : Bien, de manière
générale, je suis pour la liberté d'expression. Je vais établir ça d'entrée de
jeu. Je suis pour la liberté d'expression et je pense qu'il est hasardeux, je
vous dirais, de voir ce qu'on enlève, ce qu'on retire, etc. C'est hasardeux. Par
contre, on peut contextualiser. Radio-Canada peut contextualiser, peut
expliquer. C'est une satire, hein? Il n'y a pas juste la question, d'ailleurs,
de ce sociologue ougandais, il y a beaucoup d'autres éléments qui ont…
l'homosexualité est traitée d'une certaine manière, également, il y a beaucoup
de thèmes qui seraient traités autrement aujourd'hui. Mais il pourrait choisir
de le contextualiser. Je pense que c'est une meilleure approche, je vous
dirais.
M. Bossé (Olivier) : Sur la
pandémie…
Journaliste
: Est-ce
que ça vous faisait rire il y a 25 ans?
Mme Anglade : Est-ce que ça me
faisait rire il y a 25 ans? Bien, il y avait un certain humour, là-dedans,
il y avait un certain humour, une certaine satire. Je n'ai pas regardé tous les
épisodes de La petite vie, si c'est votre question.
M. Lacroix (Louis) : Mais
celui-là, vous ne l'avez jamais vu?
Mme Anglade : Non, je ne l'ai
pas vu spécifiquement, cet épisode-là, donc je ne peux pas répondre à cet
épisode-là en particulier, je ne l'ai pas vu.
M. Bergeron (Patrice) : Sur
la pandémie, Mme Anglade, les chiffres sont sortis aujourd'hui, il y a, je
pense, 38 morts. Est-ce que le gouvernement est encore en contrôle de la situation?
Parce que, là, il y a beaucoup d'éclosions communautaires, ça touche même les
CHSLD, le nombre de morts augmente.
Mme Anglade : Bien, ce qui est
très clair, c'est que, dans la première vague, on a eu toute la question des
CHSLD et on aurait dû aujourd'hui avoir des apprentissages très clairs sur les
CHSLD, c'est-à-dire le transfert de patients, qui ne devrait pas se faire, le
matériel, l'équipement de protection, on devait avoir des éléments qu'on ne
devrait pas revoir aujourd'hui. Or, ce qu'on apprend, c'est qu'il y a des patients
qui dorment dans les mêmes chambres, il y a des gens qui ont un repas dans les
mêmes endroits. C'est difficile de comprendre comment ces protocoles-là, les
protocoles qui auraient pu prévenir ces situations-là, n'ont pas été mis en
place
On avait dit qu'on devait apprendre de la
première vague. On avait demandé à ce qu'une commission d'enquête indépendante…
Et ça, ça justifie pleinement la commission d'enquête indépendante et la
demande que nous avons faite par rapport à la première vague. Et voilà le résultat,
on rejoue dans le même film que la première vague, puis ce n'est pas
acceptable.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
je repose ma question. Ma question, c'était : Selon votre lecture à vous,
est-ce que le gouvernement est en contrôle de la situation actuellement ou pas,
là?
Mme Anglade : Bien,
écoutez, pour qu'il y ait un contrôle, j'aimerais ça qu'il n'y ait plus de
décès, hein? Aujourd'hui, aujourd'hui, nous avons le pire nombre de décès
depuis longtemps au Québec. Alors, avant de parler de contrôle, quand même, on
est loin de la coupe aux lèvres, là.
M. Carabin (François) :
Pour revenir à la mise à jour économique, rapidement, Mme Anglade,
qu'est-ce que vous souhaitez voir en investissements précis pour… Excusez-moi,
mon masque est particulièrement épais. Qu'est-ce que vous souhaitez voir comme
investissements précis pour la ville de Montréal et plus particulièrement son
centre-ville?
Mme Anglade : Ah! bien,
tout est… évidemment, il y a beaucoup de questions au sujet de l'itinérance, il
y a beaucoup de questions au sujet de nos entreprises qui ont besoin de
soutien, nos entreprises, oui, dans le secteur touristique, mais nos PME
également. Il y a énormément… je vous dirais qu'il n'y a pas de jour qui passe
sans que nous n'ayons pas des entreprises qui sont basées à Montréal, mais
également dans les régions du Québec, qui nous appellent pour nous dire
qu'elles vont mettre la clé sous la porte aujourd'hui. Alors, je pense qu'il y
a beaucoup de soutien qui doit être apporté là-dedans.
Je reviens avec la question de la santé
mentale, l'accès, l'accès, l'accès pour les personnes qui souffrent
aujourd'hui. Les enjeux d'itinérance sont beaucoup liés à des enjeux de santé
mentale. Ça aussi, il va falloir que ça soit pris en considération de manière
beaucoup plus forte que ça l'est présentement. On s'attend à de nouveaux
investissements.
M. Larin (Vincent) : Sur
Herron, Mme Anglade, est-ce que c'est la bonne chose à faire pour le
gouvernement?
Mme Anglade : Alors,
j'entends sur Herron, hein?
M. Larin (Vincent) :
Herron, oui.
Mme Anglade : Ce qui est
important, honnêtement, dans ce cas-ci, c'est vraiment que les patients soient
pris en charge, que l'on s'en occupe, qu'on arrive à leur trouver un milieu de
vie qui soit acceptable. Donc, c'est vraiment cet élément-là sur lequel on doit
insister au-delà de la fermeture de Herron.
La Modératrice
: Merci.
On va passer aux questions en anglais maintenant.
Mme Senay (Cathy) : 38 deaths, that shows… what does that show you?
Mme Anglade :
That shows that we haven't learned as much as we thought we had of the first
wave of the pandemic. The situation is not improving. And the Government said
we've learned, and we know that we are not going to go through this phase the
same way. But we're reliving the same movie, we're going through the same
situation again with our CHSLDs and with the fact that some of the rules should
be applied right now. And we still have people eating in the same places,
sharing the same bedrooms. It's not acceptable. It is not acceptable. It's
really hard to fathom how could we not have implemented those protocols by now. It's really hard to fathom.
Mme Senay (Cathy) : Premier Legault talked about the second take of the 28
challenges...
Mme Anglade :
Could you start the question
again, sorry, I…
Mme Senay (Cathy) : Premier Legault just speak about that we're half way through the
second 28 days challenge today. How come we cannot curve that... flatten that
curve with all those restrictions? Do you have the impression that Québec
should have taken more seriously the aerosols, as the federal Government is doing?
Mme Anglade : Well, the reason why we're in this situation is also because we
haven't anticipated the way we should have. As I was saying earlier, when we
entered the second wave, they did not even think that we were in a second wave.
So, there are a number of things that were not clear when they presented their
plan : level of transparency; every time we asked questions in order to
look at what happened during the first wave : It's all under control, we
have a plan. But the reality is, clearly, we have issues and we haven't
learned.
Again, the things that we
are mentioning here about people sleeping in the same bedrooms, about people
having lunch together in some of the places, transferring patients or
transferring employees, I mean, these are the things that were identified way
back when. The fact that we're still going through this is really unbelievable,
is really unbelievable. And the Government has to answer those questions.
M. Authier (Philip)
: What would be your short-term fix for the ventilation issue, which
is becoming a big thing now?
Mme Anglade : There are equipments that are available. Equipments are available.
You know what, even in my place, my own home, I've used those. I mean, they
exist, you buy them and you put them in those locations. Period. And money should
be no object. No object.
M. Authier (Philip)
: So, keeping windows opened all winter doesn't make sense?
Mme Anglade : I don't know. If you want to go back 100 years ago, I mean, that
would be... that might be the way to think about it. But, honestly, there is
equipment available today to do this in a more modern way. And this should've
been implemented and thought of, like, at the beginning of the school year. We
know that ventilation... we knew that ventilation was an issue, we knew that
cleaning was an issue, we mentioned this, actually, the
whole cleaning situation was brought up back in June. We're now in November.
So, the ability for the Government to anticipate is really fundamental, and
they lack this, they clearly lack this ability.
Mme Senay (Cathy) : So, 100 years ago, this is Émilie Bordeleau's schools?
Mme Anglade : That's what it is. That's what we're talking about. Thank you for the reference.
Mme Senay (Cathy) : ...in mind. A couple of words about the tramway. Do you have the
impression that the will is there so this...
Mme Anglade : There is no will, there is absolutely no
will from the Government to go ahead with the tramway. It was clear at the very
beginning, it is clearer even today. They're finding a reason not to go ahead
with the project. The reality is that Québec is a large city, is our national
capital, and we should have a tramway that is consistent with what you see
everywhere in the world. And now the Government has no political will to do
this. But it's not you, it's just completely apparent today.
Mme Senay (Cathy) : ...the same way they did for the REM...
Mme Anglade :Absolutely. We should act exactly the way we did it
with the REM. And, if there are things that need to be changed and modified,
like any project, of course, we need to be open to that. But this should not
justify in any way a delay in the project, so we should go ahead with the
project.
Des voix
:
Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 10)