(Huit heures une minute)
Le Modérateur
: Donc,
bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Va s'adresser à
vous aujourd'hui M. Pascal Bérubé, chef parlementaire du Parti
québécois, ainsi que M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti
québécois. M. Bérubé, la parole est à vous.
M. Bérubé : Bonjour. Mon nom
est Pascal Bérubé et je vais assurer la première partie de cette présentation.
Je veux revenir sur les questions que j'ai
posées hier au premier ministre concernant la gestion politique de la pandémie.
Souvenons-nous que le Parti québécois a été le premier à poser la question de
l'indépendance de la santé publique versus le politique, demander les avis
publics — on a demandé ça — demander une commission
d'enquête publique indépendante. Le premier ministre a refusé encore hier.
Donc, pourquoi il fait ça? Pour éviter
d'être blâmé, très clairement. Donc, s'il ne peut pas être blâmé, bien, il s'en
tire à bon compte. Mais le gouvernement du Québec a un piètre résultat en
matière de gestion de la pandémie. C'est dommage. Mais je veux que les gens
soient au courant qu'on ne lâchera pas. La pétition est toujours en ligne. Et
la seule raison pour laquelle le premier ministre refuse que les avis soient
publics, les avis de la Santé publique, pour vous comme pour moi, et qu'il y
ait commission d'enquête publique indépendante, c'est pour ne pas être blâmé.
C'est la seule raison. Donc, ça a été clair encore hier en Chambre.
Le nouvel ami de M. le premier ministre,
Doug Ford, le premier ministre ontarien, lui, en a lancé une en juillet
dernier, une commission d'enquête publique indépendante. Et le premier ministre
a les yeux davantage tournés vers, je dirais, 2022 que vers, je dirais, la
nécessaire transparence dont il doit faire preuve pour créer de l'adhésion. Si
on partage l'information, on crée de l'adhésion, et c'est notre conviction.
Je termine là-dessus et je laisse le soin
au chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, à continuer.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Pascal. Donc, ce matin, deux points, pour vous, importants.
Je veux revenir sur le débat qui continue
sur la liberté académique. Je propose... Et on va aller de l'avant, au Parti
québécois, avec la proposition suivante aujourd'hui, celle de créer une
commission spéciale transpartisane qui se penchera sur la liberté d'expression,
la liberté de débattre, dans le cadre de nos universités, et qui poursuivra les
trois propositions, notamment, que j'ai faites hier, à savoir, on a besoin
d'une politique en matière de protection de la liberté d'expression, une politique
en matière de libre circulation des oeuvres et une politique en matière de
prévention de l'intimidation et des représailles dans le milieu universitaire.
Donc, cette commission transpartisane
permettra à des recteurs, des professeurs, des étudiants, mais surtout des gens
qui se sont penchés sur le phénomène qui existe maintenant en Occident depuis
un bon nombre d'années… permettra à ces gens-là d'être entendus dans un
contexte où les députés de tous les partis participeront à l'élaboration, au
moins, de ces trois politiques-là proposées par le Parti québécois, mais probablement
aussi davantage de recommandations ou de propositions, pour s'assurer qu'au Québec
on réagisse rapidement devant cette tendance, ce dérapage qui menace les
universités québécoises.
Je veux également vous parler, dans un
deuxième temps, de notre motion, dont je suis très fier. C'était un engagement
pour moi lors de la course à la direction du Parti québécois, à savoir que ma
première motion serait celle sur le français, et aujourd'hui c'est la première
motion qui permet un débat.
Et je veux attirer l'attention sur le fait
que, tel que promis, notre motion demande au gouvernement de reconnaître
l'urgence linguistique, et que cette reconnaissance-là doit s'appliquer à la
ville de Montréal, et qu'on demande explicitement au gouvernement de reculer
sur l'investissement de 750 millions de dollars destinés à Dawson et McGill
pour les attribuer à l'agrandissement de cégeps francophones parce que les
cégeps francophones ont eux aussi des besoins urgents. Et, dans la mesure où est-ce
que le nombre de places en cégep anglophone va excéder le nombre de places de
cégeps francophones à Montréal, on veut tout de suite renverser la tendance.
On demande donc au gouvernement de poser
un geste cohérent. On demande également au gouvernement de reconnaître la
bonification, l'amélioration, le renforcement de la loi 101, de la Charte
de la langue française, tel qu'on l'a mis de l'avant au cours des derniers mois.
Donc, on demande, en d'autres mots, dans le cadre d'une motion, au gouvernement
de poser des gestes concrets, de cesser de faire de belles paroles en matière
de langue française, mais d'arriver avec des gestes qui sont cohérents et
structurants pour assurer la relance de la langue française.
Donc, c'est les deux points d'importance aujourd'hui.
M. Lavallée (Hugo) :
...concernant le collègue Dawson, est-ce que vous pourriez aussi faire
dérailler le projet de loi n° 66, là, qui inclut le
collège...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Exactement. Ce n'est pas tant de le faire dérailler que de demander une
modification dans le cadre du projet de loi n° 66 de manière à ce que la
relance économique… Parce que c'est ça, l'objet de ce projet de loi là. Il va y
avoir autant de relance économique sur le plan de la construction d'un édifice
si c'est un cégep francophone qui a plus de places ou si c'est un cégep
anglophone qui en bénéficie. Seulement, en ce moment, le gouvernement est en
train de faire le choix d'accélérer l'anglicisation. Il peut corriger le tir,
dans le cadre du p.l. n° 66, en disant : Non, en fait,
ce sera davantage de places en cégep francophone qu'on privilégie. Et, sur le
plan de la relance économique, il n'y a pas de perte, il n'y a pas de gain. C'est
la même chose.
M. Lavallée (Hugo) : Est-ce que vous êtes prêts à sacrifier le reste si on ne vous concède
pas ça, là, à bloquer le projet de loi dans son ensemble à cause de…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Donc, évidemment, on demande… Il n'est pas question de
concession, là. On parle de la langue française, qui est un sujet fondamental,
transpartisan. Et je demande à la CAQ d'être tout simplement cohérente et je ne
ferai pas… On n'est pas à l'époque, là… dans une mentalité de concession, là. On
amène une motion fondamentale et très claire sur la promotion de la langue
française, puis je m'attends à ce que le gouvernement collabore.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous allez filibuster 66?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je n'ai pas compris. Filibuster?
M. Lacroix (Louis) :
Filibuster, prolonger indûment, est-ce que vous allez faire ça, vous allez
faire de l'obstruction?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, on n'est pas là pour faire de l'obstruction. Je m'attends à une réponse
positive de la part du gouvernement. Donc, regardons comment le gouvernement va
réagir aujourd'hui puis on pourra parler des conséquences après, là. Mais
voyons quelle est la réaction.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous allez faire quoi sur 66 s'il n'y a pas de concession, puis on continue
avec Dawson?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On ne lâchera pas le morceau.
M. Lacroix (Louis) : Vous
allez faire quoi concrètement?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Concrètement, on commence par cette première étape là. Regardons c'est quoi, la
réponse du gouvernement, puis je vous reviens ensuite sur les étapes
subséquentes en fonction de leur réaction.
M. Carabin (François) : Quels
projets, en enseignement supérieur, de langue française, bénéficieraient d'un
soutien financier supplémentaire? Vous pensez à Montréal…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bon, évidemment, mais on parle de Montréal lorsqu'on parle de dynamique
linguistique. Donc, le constat, c'est que plusieurs cégeps et plusieurs institutions,
aussi, universitaires ont leurs propres projets d'agrandissement. Donc, le
principe qu'on demande aujourd'hui, là, ce n'est pas nécessairement combien de
millions à quel cégep. C'est tout simplement de s'entendre sur le principe fondamental
que, dans la mesure où le nombre de places en anglais s'apprête à excéder le
nombre de places en français à Montréal, les sommes prévues pour
l'agrandissement d'institutions d'enseignement se doivent d'être dirigées vers
le réseau francophone. Une fois qu'on sera d'accord avec le gouvernement puis
que le gouvernement aura été conséquent, bien, à ce moment-là, ce sera au
gouvernement de regarder, dans les nombreuses demandes venant des cégeps et des
universités francophones, lesquelles sont priorisées.
M. Carabin (François) : …des
nombreuses demandes. Est-ce qu'il y a vraiment des projets que vous avez
encerclés, encadrés comme étant plus urgents?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On n'est pas à cette étape-là. On est à la première étape, de dire : Ça
doit aller vers le réseau francophone. On sait que plusieurs cégeps disent
explicitement : Nous avons également besoin de places. Puis ça va de soi
parce que le nombre de places dans le réseau francophone est en chute libre par
rapport au réseau anglophone. Donc, ça va de soi que le réseau francophone a
besoin de s'agrandir. Maintenant, commençons par le commencement, obtenons que
les 750 millions prévus pour élargir le réseau anglophone soient plutôt
dirigés vers le réseau francophone, puis ensuite on ira à la deuxième étape.
M. Bergeron (Patrice) : Dans
le monde de l'éducation, on vient de nommer un nouveau sous-ministre, là, pour
diriger le ministère de l'Éducation, qui est un administrateur issu du monde
des gaz de schiste, des hydrocarbures, qui n'a pas un parcours particulier en
éducation, là. Est-ce que cela, à votre avis, est un choix pertinent pour
diriger un ministère aussi stratégique que l'Éducation?
M. Bérubé : …si vous me
permettez?
M. Bergeron (Patrice) : Je
vous en prie, allez-y.
M. Bérubé : J'ai pris habitude
à cette tribune. Pour compléter sur le projet de loi n° 66, moi, je mets
au défi le ministre responsable de la Langue française de nous dire qu'il est
d'accord avec le financement de Dawson. Essayez d'obtenir ça de lui, là, puis
le premier qui l'obtient, là, aura peut-être, je dirais, une révélation. Moi,
je suis convaincu qu'il est contre cette mesure-là. Alors, il y a trois groupes
à l'intérieur de la CAQ qui s'affrontent, il y a les nationalistes, il y a les
affairistes puis il y a les fédéralistes, mais les nationalistes sont de plus
en plus minoritaires. Et, sur cet enjeu-là, moi, je suis convaincu qu'il y a
des gens qui sont isolés là-dessus et que le ministre, qui aura à se lever cet
après-midi pour la motion, est contre.
Quant à votre question sur M. Sans Cartier,
c'est la quatrième personne issue de la filière politique qui accède à un poste
de sous-ministre, quatrième fois. Pour un gouvernement qui disait qu'il
n'allait pas faire de nominations partisanes, le problème, il est d'abord là.
Le gouvernement de la CAQ cherche à mettre à sa main l'ensemble de l'appareil
étatique dans tous les domaines. Et là c'est le quatrième sous-ministre. C'est
du jamais vu, même les libéraux ne faisaient pas ça. Alors, on est rendus à un,
comme on dit en latin, «next level». Alors, l'arrivée de M. Sans Cartier… Évidemment,
avec ce bagage-là, il était au Conseil exécutif. D'ailleurs, à l'étude des
crédits du premier ministre, il était assis devant moi, là. Je le voyais.
Alors, qu'il devienne sous-ministre, ça démontre une volonté même de rendre la
fonction publique plus politique, et ça, c'est inquiétant.
Alors, c'est l'information que je voulais
vous donner. Et, à titre de député de Matane-Matapédia, je vais vous donner un
exemple d'un projet, sur 50 collèges publics, là, qui n'est pas priorisé.
Le complexe aquatique du cégep de Matane, ils sont en attente. Lui, il regarde
ça, l'accélération de Dawson, ils sont 800 au cégep de Matane puis ils sont
10 000 à Dawson, puis encore eux qui auraient de l'argent. Je suis sûr qu'on
fait le tour de tous les cégeps, y compris ceux des députés de la CAQ, on peut
sortir un projet par cégep.
Alors, quant à votre question, également,
sur quelle sera notre attitude sur le projet de loi n° 66, notre intention
est déjà connue sur cet enjeu-là. Pour la suite, bien, on va faire notre
travail de façon responsable.
M. Larin (Vincent) : …bon
moment pour que le gouvernement fédéral retourne en élections?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ce n'est pas à nous de se prononcer sur le moment d'une élection. Par contre, c'est
à nous de se prononcer sur les nombreuses révélations douteuses émanant du gouvernement
Trudeau. C'est du Parti libéral du Canada classique. On a exactement ce à quoi
on doit s'attendre lorsqu'on a le Parti libéral du Canada.
Et sachez que ça a un impact également sur
le Québec parce que, dans des dossiers comme le chantier naval de la Davie, où
est-ce que, dans l'affaire Mark Norman, on voyait toutes sortes de
conflits d'intérêts qui se traduisent par des milliards de dollars de contrats
qui vont dans les Maritimes au lieu d'avoir une juste part au Québec, ça a un
impact économique sur le Québec.
Et c'est ça, le Canada, c'est qu'on prend
nos impôts, on l'envoie à un gouvernement qui n'a pas d'intérêt pour nous et on
est toujours pris avec ce genre de scandale libéral qu'on apprend ce matin, là,
mais qui s'ajoute à WE Charity puis à… C'est du classique Parti libéral du
Canada. Ça, on peut se prononcer là-dessus. Maintenant, sur le moment précis de
l'élection fédérale, ça, c'est…
M. Larin (Vincent) : Mais,
dans un contexte pandémique, où le gouvernement du Québec a à négocier avec le
fédéral pour recevoir des sommes pour plusieurs programmes, vous ne pensez pas
que ce serait contre-productif?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est parce que la vérité, c'est qu'on n'obtient rien. Peu importe ce qu'on
demande au fédéral, on sait ça va être quoi, la réponse. La CAQ n'a obtenu que
des refus, et ce ne sera pas différent la veille d'une élection, ça ne sera pas
différent le lendemain. On ne compte pas. On n'a pas de poids démographique
suffisant au Canada pour compter dans l'équation. Ça va être le cas durant
l'élection. Là, le Parti libéral va nous sortir une autre chanson la main haute,
en français qui est inintelligible, parce que le Québec ne compte pas dans
cette équation-là. Donc, attendez-vous à des refus. Peu importe ce que vous dit
la CAQ sur son nationalisme, attendez-vous à ce que la CAQ n'obtienne que des
refus. C'est ça, le Canada. Puis, tant qu'on n'en sortira pas, bien, on aura ce
genre de résultat là, que ce soit la veille de l'élection, le lendemain ou
plusieurs mois avant ou après.
M. Lavallée (Hugo) : …la
liberté d'expression, hier, tous les partis ont condamné ce qui s'est passé à
l'Université d'Ottawa. Mme McCann a dit qu'elle va prendre des mesures,
qu'elle va parler avec les recteurs. À quoi ça servirait, une commission?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, parce que c'est une chose de dire : On s'indigne, mais ce n'est pas
une solution, ça. Le seul parti qui est arrivé avec des solutions concrètes
hier, c'est le Parti québécois, en disant : Il y a minimalement trois
mesures qui sont nécessaires. La première, c'est une politique commune de
toutes les universités sur la liberté d'expression, une autre sur la libre
circulation des oeuvres et une autre sur la prévention de l'intimidation.
Maintenant, si on veut bien orchestrer ça
parce qu'on veut que toutes les universités aient la même politique, si on veut
également que notre politique soit basée sur du savoir puis une réflexion
intelligente, bien, faisons une commission spéciale non partisane et assurons-nous,
donc, que, tout de suite, on se mette au travail et qu'on arrive rapidement à
une politique qui aura été réfléchie par des experts et qui sera applicable
dans toutes les universités. Je pense que c'est le point de départ pour quelque
chose de plus constructif que, malheureusement, ce que la CAQ fait souvent, là,
c'est-à-dire faire de bonnes communications en disant : Ça me touche
beaucoup, c'est important. Un peu comme ils font pour la langue française, là :
Ah! c'est important, la langue française, ça nous touche beaucoup… mais après
zéro résultat, zéro initiative, zéro action.
Le Parti québécois est dans l'action. Et
ce qu'on dit ce matin, c'est : Commençons tout de suite une commission
spéciale et transpartisane, amenons les gens qui connaissent ça à la table
rapidement, faisons une politique puis mettons-la en oeuvre. Et à ce moment-là
on aura avancé et on n'aura pas juste témoigné de nos sentiments.
M. Bergeron (Patrice) : Mais,
outre l'exemple de Concordia, est-ce qu'il y a plusieurs exemples qui vous ont
été rapportés d'intimidation qui a lieu dans les universités québécoises? C'est
bien beau, se pencher sur un phénomène, mais c'est à savoir est-ce qu'il existe
vraiment, ce phénomène?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il existe sans l'ombre d'un doute. Rappelez-vous un reportage à Radio-Canada sur
l'organisation... ça date d'il y a trois ans, c'était sur l'organisation de
conférences dans certaines universités, et, dépendamment de la thématique qu'on
mettait sur le babillard, l'intimidation commençait par certains groupes.
Donc, c'est un phénomène qui est documenté
au Québec et qui, beaucoup plus largement, partout en Occident, en Europe comme
aux États-Unis, est vraiment une problématique, là. Donc, ce n'est pas comme si
on commence à jouer avec une tendance, un phénomène qu'on ne connaît pas. Il
est connu. On a eu le bénéfice, au Québec, d'en être peut-être protégés
quelques années de plus, mais ça ne rend pas le phénomène antidémocratique
moins dangereux.
Et là, moi, c'est pour ça que je vous
parle de gestes concrets. Je pense qu'on a le devoir de bouger rapidement et de
montrer aux étudiants, comme au corps professoral, que le gouvernement du
Québec puis l'Assemblée nationale, sur une base transpartisane, s'en occupe, de
ce sujet-là, prend ça au sérieux. Et je pense que la commission spéciale va
donner la chance d'entendre tous ceux qui connaissent ça. Donc, les gens vont
comprendre qu'on s'en occupe puis on prend ça au sérieux.
M. Pilon-Larose (Hugo) : …de
la violence qu'on peut voir justement dans certains propos lorsqu'on débat d'un
sujet clivant comme celui du racisme peut devenir, à long terme, un propre
obstacle pour votre parti puisque vous proposez un projet clivant, qui est quand
même de faire l'indépendance du Québec? En 1995, la dernière fois qu'on s'est
posé la question, le Non a gagné, puis tout le monde est allé se coucher dans
la paix. Mais là, si on recommence aujourd'hui, éventuellement, sous votre gouvernement,
une campagne référendaire, est-ce que cette question-là, si le climat se
poursuit, pourrait mener à des violences?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je ne le vois pas comme ça. En fait, dans notre approche, dans nos
propositions, au Parti québécois, on n'est pas un parti clivant, on est un
parti constructif. On a le mérite, notamment durant la pandémie, d'avoir pris plusieurs
initiatives, d'avoir proposé des choses qui, éventuellement… est retenue puis
fait avancer les choses. Puis, dans notre approche vers l'indépendance, ce sera
la même chose. On n'est pas dans une polarisation. On est dans un projet
constructif, un projet de société, puis c'est comme ça qu'on présente
l'indépendance.
Donc, est-ce que les dynamiques récentes
sur les médias sociaux sont un obstacle à l'indépendance? Pas du tout. Est-ce
que, par contre, on a le devoir de se pencher sur cette polarisation-là, qui, à
mon avis, nuit un peu, beaucoup, là, à la démocratie? Je pense que oui. Ça,
c'est un sujet qui est pertinent. Mais, pour le Parti québécois, notre approche
n'est pas dans la polarisation, du tout, sur aucun des enjeux. Puis notre
projet fondamental, ce n'est pas un projet polarisant, c'est un projet
constructif, c'est un projet d'avenir. C'est comme ça qu'il est présenté puis
c'est comme ça qu'on va rallier le plus grand nombre à notre projet.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Good morning.
Mme Senay (Cathy) : Regarding a potential federal election, so there's this new scandal
that we can see in the Journal de Montréal about ventlators and an ex-MP, liberal MP. What does that tell you?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : That we're just in a classic, typical
Liberal Party of Canada style
of management. It has to be expected. I'm not even surprised. That's how they
operate. And it's a part of being part of Canada. It's our taxes, it's our
money sent to Ottawa, but what impact do we have, what control do we have over
that kind of contract? Just like the sponsorship scandal, just like WE Charity,
just like the contracts sent in the Maritimes for naval construction instead of
having our fair share here in Québec, what power do we really have? We have none, and that's because our
weight in the federation is not big enough, and the consequences that we're not
in the equation… We're not counting for Canada. And that will be the case for the next decade. So we need to get
out of there.
Mme Senay (Cathy) : Well, on another topic, yesterday, the Minister for Higher
Education, Danielle McCann, was saying, in different interviews, that she
would be speaking with the heads of the universities in Québec to see what kind of new measures
should be put in place to protect the academic freedom and the freedom of
speech in the universities. Well, is it not enough for you that…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : The word in French is «brouillon». And
that's the problem, most of the time, with la CAQ, it's sloppy, it's
«brouillon». The word for «brouillon» in English would be… Sorry?
M. Authier (Philip)
: A
draft.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Draft?
M. Authier (Philip)
:
It's like a draft, it's not concrete.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Yes, exactly, you throw something at the corner of the table
and you say : I'm going to
talk to the «recteurs». That's not how you do a solid job. There are experts,
there are students, there are teachers that need to be heard, and you can do
that in a limited amount of time, but it's not by saying : Oh! yes, sure,
I'll be talking to a few «recteurs», and we'll see what we do. That's not the
way to achieve good work. And that's the case, during the pandemic, on many topics.
P.l. 66 used to be Bill 61. It's the exact same pattern all the time.
And I want the job, on this topic of preserving democracy, to be done correctly
through a special commission on that topic.
Mme Fletcher (Raquel) : On CHSLDs, we're seeing more and more cases of infections in
CHSLDs. Yesterday, the Minister said that he wasn't really sure… that these
outbreaks happened really fast, and he wanted to look into why they were
happening. What is your take on what's going on in the…
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : My take is that it's the second wave.
I mean, what did we not know this time? The first time, everybody was open-minded,
saying : Well, that's true, you can't predict everything, you can't plan
for everything because the delays are very short. We had the whole summer to
prepare. Like, what's new in terms of patterns? It's the same virus, the same institutions, the same problem, and we are
not further… We're doing exactly the same mistakes. There are no excuses for
that.
Mme Fletcher (Raquel) : …what the Government needs to do now that there are infections in CHSLDs? What are the
first steps to take now?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : The first step, if we want to
understand why we are making the same mistakes over and over again, is to get
the data, get the information
from Public Health. What was the recommendation? How long did it take? And why
are we not implementing those recommendations correctly
right now in CHSLDs, like, basic principles such as: you shouldn't move workers
from one place to another, you shouldn't move patients from one place to
another knowing that the risk of infection is very high? We need that basic
data from the Public Health so that we can evaluate what is the performance of
the Government in the circumstances.
Mme Senay (Cathy) : …that some CHSLDs are used as hot zones for cases from the wider
community. It's happening now in the CHSLD in Châteauguay, for example.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes. I have no explanation as to what's going on, and it's a
problem of information. Things are happening right now that are absolutely not
logical, and it's not acceptable. It's not excusable because it's the second
wave. We should have been prepared. But it's very hard to understand why
certain decisions are being made right now, and we lack information. That's why
I come back to the principle of transparency. If, at least, we get the data and
we get from Public Health what is recommended, we'll have a shot at
understanding what's going on.
Le Modérateur
:
Last...
M. Authier (Philip)
:We're coming up on the anniversary of the 1995 referendum. What is
your opinion? What did you think of the outcome of the vote in 1995 and did you
vote? Were you old enough?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, I voted at 18 years old and I voted yes. My parents
voted no. They refused to send me to the poll, to the voting place, because we
disagreed, so I walked. I walked. I voted yes.
I published a letter
yesterday, that was in many newspapers, about corruption. I'm very, very
surprised and I think it's really unacceptable that, 25 years later, people who
cheated, who didn't respect laws about elections,
people who sabotaged democracy are bragging about it today, are proud enough to
have cheated that they go in newspapers to say : I'm so glad I did that.
And that reminded me of witnesses that came to the Gomery Commission, saying : Yes, I cheated, yes, I did fraud, I did
all sorts of things, but I'm so proud of it because it was for Canada.
This is nonsense.And, 25 years later, my point is we should
not normalize corruption. We should not accept that people who cheated and who
sabotaged democracy are being treated as heroes, are bragging publicly about
it. It's illegal. And that's the future of independence. Independence is about
getting out of a political system that not only is not in the interest of
Québec, but that, like any colonialist system, is based on a part of corruption
to make sure that certain lands are controlled by people who are not
well-intentioned. And that's what I wrote yesterday, about the… 25 years later,
the «bilan».
M. Authier (Philip)
: Thank you.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Thank you.
Journaliste
:
Est-ce que vos parents vous parlent toujours aujourd'hui?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
En fait, mes parents ont voté PQ puis ils ont fait des appels tout le long… comme
quoi des choses changent, là. Mais, tu sais, moi, c'était à ce point que, quand
j'étais jeune, en 1997, 1998, je commençais l'université, puis, quand je me
chicanais ou quand il y avait des tensions avec mes parents, je prenais des
posters de Lucien Bouchard puis je les collais par-dessus leur lit. La chicane
pognait, mais solide, là.
Mais, je finis là-dessus, ça démontre
quand même qu'il y a des gens qui ont voté non en 1995 puis, en rétrospective,
ils se disent : Premièrement, les raisons pour lesquelles j'ai voté non,
je me suis fait avoir, ce n'était pas vrai. Puis, quand je regarde le bilan de
la langue française, de la culture québécoise, mais surtout aussi de nos
intérêts économiques, puis on parlait de scandales au fédéral et tout ça, il y
a bien des gens qui ont changé d'idée ou qui regrettent leur vote puis qui se
disent : On serait bien plus avancés si on avait réglé cette question-là
pour de bon en 1995.
Et, dans ce contexte-là, la corruption du
résultat me semble complètement inacceptable. Je vais me battre bec et ongles
sur cette question-là parce que, le jour où est-ce qu'on accepte puis on
normalise la corruption qui a permis ce résultat-là, qui était très serré, là,
on est foutus sur le plan de l'avenir de notre société. Ne jamais, jamais,
jamais accepter la fraude et la corruption. Dans une société, comme principe de
base, toujours être ferme sur le fait que c'est inacceptable. Merci.
(Fin à 8 h 27)