(Neuf heures quinze minutes)
Le Modérateur
: Bonjour
à tous. On vous amène pas mal de visite ce matin. Prendrons la parole M. Pierre
Arcand, porte-parole libéral en matière de transports, Mme Marie
Montpetit, porte-parole libérale en matière de santé, M. André Fortin,
leader parlementaire du PLQ et porte-parole en matière de finances, et, pour répondre
à vos questions en lien avec les crédits, Mme Kathleen Weil, Mme Jennifer
Maccarone et M. David Birnbaum. M. Arcand, à vous.
M.
Arcand
:
Merci. Bon matin à tous. Alors, simplement vous dire que, hier soir, j'ai passé
plus de quatre heures évidemment avec le ministre des Transports, M. Bonnardel.
Inutile de vous dire que les questions sont demeurées encore une fois les
mêmes, c'est-à-dire qu'on a posé des questions sur le troisième lien, sur le
tramway. L'ensemble de ces questions-là n'ont pas eu de réponse, évidemment. Et
je référais aux crédits d'il y a un an et demi, maintenant, parce que les
crédits, auparavant, s'étaient faits en avril 2019. Un an et demi plus
tard, on n'a absolument pas de réponse. On ne connaît pas le coût du troisième
lien à Québec. On ne connaît pas… on ne sait pas à quel moment le Conseil des
ministres va approuver les appels d'offres pour le tramway à Québec. On ne sait
pas si le gouvernement du Québec va aider les sociétés de transport de ce
côté-là. Donc, il n'y a pas de vision. Il y a une abdication de leur
responsabilité, c'est ce que j'ai cru voir.
Et, pour le sommet sur le transport
régional et la situation qui existe, le ministre a carrément dit que la
solution passe par Air Canada, qu'Air Canada était le joueur
inévitable. Donc, il n'a pas l'intention, en tout cas, de... semble-t-il, il
n'a pas fermé la porte à une aide gouvernementale, mais disons que ce n'est pas
quelque chose qui, pour lui, est très important.
Donc, simplement vous dire qu'il y a quand
même une abdication de la responsabilité gouvernementale. C'est un ministère
également qui continue d'être extrêmement opaque, c'est-à-dire qu'on n'a pas,
jamais, de réponse très précise sur ce qui se passe, mais on va continuer de
harceler le gouvernement, parce que je crois, encore une fois, que c'est
quelque chose d'absolument inacceptable d'avoir un ministère des Transports qui
ne nous donne jamais de réponse sur des projets, d'ailleurs, qui impliquent des
milliards et des milliards de dollars.
Alors, c'est un peu le constat que je fais
aujourd'hui. Et j'espère que, quand la session va reprendre, on aura d'autres
questions et que le ministre pourra enfin nous donner des réponses. Merci.
Mme Montpetit : Alors,
bonjour, tout le monde. Je vais vous faire ça brièvement, je sais que vous avez
toujours des journées bien chargées, particulièrement en ce moment avec les
crédits.
Donc, simplement pour résumer, hier, on a
eu deux heures d'échanges avec le ministre délégué à la Santé et aux Services
sociaux, M. Lionel Carmant. On parle de responsabilité ministérielle. Imputabilité
était le mot du jour hier. J'aurais envie de vous dire que, bien, ce n'était
pas... ça ne s'est pas rendu jusqu'à notre période de crédits de
19 h 30. C'est un ministre qui est bien, bien gentil, bien aimable et
bien sympathique, mais ce n'est pas ce qui donne le ton et l'action gouvernementale
dans son ministère. On l'a questionné sur différents éléments, et on a eu des
réponses, somme toute, si je vous la résumerais, qui est : Ce n'est pas
mon département. C'est à peu près ça qu'on s'est fait répondre sur chacun des
éléments.
Donc, il y a eu ma collègue Kathleen Weil
qui a abordé la question de la protection de la jeunesse. Vous l'avez vu, il y
a beaucoup d'inquiétudes en ce moment sur la baisse des signalements des
enfants pendant la pandémie. Donc, on s'attendait à avoir des précisions sur un
plan très clair pour le retour à l'école, qui est la semaine prochaine, à
savoir comment le gouvernement, comment le ministre entend faire un peu plus de
dépistage, justement, auprès des enfants, et comment il entend encadrer, les
accompagner. On n'a pas eu de réponses, pas eu de précisions par rapport à ça.
On n'a pas senti une approche globale du gouvernement non plus, alors que c'est
lui, comme ministre, qui devrait être l'instigateur avec l'ensemble de ses
collègues.
On l'a questionné également sur la question
des personnes handicapées. Vous l'avez vu, le dossier de Jonathan Marchand a
fait les manchettes au cours des derniers jours. Essentiellement, dans ce
dossier-là et dans l'ensemble du dossier qui concerne les personnes
handicapées, le ministre, encore une fois, nous a répondu que ce n'était pas de
son ressort ni les enfants handicapés à l'école. Ma collègue a posé plusieurs
questions là-dessus, il nous a dit : Bien, c'est à l'école, donc ça ne me
concerne pas, alors que c'est sa clientèle, c'est sa responsabilité.
Dans le cas du dossier de Jonathan
Marchand, il était incapable de nous dire qui siège sur le comité qui a été mis
en place. Il nous a répondu à plusieurs reprises aussi que ce comité n'était
pas de son ressort parce que ça concerne les soins à domicile, alors qu'encore
là on parle de près de 3 000 personnes qui sont directement sa
clientèle. Donc, c'est un peu triste et dommage de voir qu'il ne s'occupe pas
de sa propre clientèle.
Ma collègue Jennifer Maccarone a aussi
demandé de siéger sur ledit comité. Je pense que ce serait très louable. On
connaît son amour, sa passion et sa connaissance du dossier. Le ministre
n'était pas trop capable de répondre. Finalement, il nous a répondu que ce n'était
pas non plus sa décision, comme s'il n'avait aucune implication dans le
dossier. Et ça demeure dommage parce qu'il ne faudrait pas que ça devienne un
comité à nature partisane, comme il y a une députée de la CAQ qui y siège.
Et dernier dossier qui a été abordé avec
lui, la question de la santé mentale. On a beaucoup de préoccupations. Vous
m'avez vu, mon collègue et moi, David Birnbaum, sortir dans la semaine dernière
pour demander une commission, un mandat d'initiative sur la santé mentale. On
est extrêmement préoccupés. Les indications... il y a des chiffres qui sont
sortis qu'il pourrait y avoir une augmentation, jusqu'à 130 %, des
consultations en santé mentale auprès des médecins, auprès des psychologues
également. On sait qu'il y a déjà une pénurie dans ce domaine-là. On aurait
souhaité que le ministre ait un début d'indication à nous donner sur un plan.
Il nous a dit qu'il était préoccupé par la question, mais aucune précision sur
ce qu'il allait faire, alors qu'on est tous à même de le constater, comme
députés, les implications de la pandémie sur la détresse psychologique, que ce
soit sur les aînés qui se sont retrouvés complètement isolés pendant la
pandémie, qui le sont encore pour plusieurs parce que les familles hésitent à
aller les voir pour les protéger, les impacts sur les enfants, sur les élèves
aussi, qui ont vu leurs parcours scolaires interrompus du jour au lendemain.
C'est des grosses transitions aussi, ceux qui terminaient le primaire, ceux qui
terminaient le secondaire, ceux qui commencent le cégep, à l'université en
ligne, qui perdent quelque chose. Donc, on le voit de façon quotidienne, cette
détresse psychologique chez les parents qui ont fait de la conciliation
travail-famille en télétravail, du jour au lendemain aussi, à jongler avec tout
ce travail-là. Et on est très préoccupés par les incidences de la pandémie. On
ne voudrait pas ça devienne une deuxième épidémie, une épidémie de troubles
mentaux.
Et donc on en profite pour... on a réitéré
au président la nécessité de convoquer rapidement la commission pour qu'on
puisse se saisir du mandat d'initiative, mais on souhaiterait aussi en
parallèle que le ministre ait... dépose un plan et ait un plan très précis, dans
le fond, dans les actions qu'il va poser pour les prochaines semaines à ce
niveau-là. Merci.
M. Fortin :
Merci, merci à vous, merci collègues. Hier soir, on a terminé l'étude de
crédits du ministère des Finances. Le ministre des Finances a commencé
l'exercice un peu en se pétant les bretelles et en disant : Vous savez, au
cours de la pandémie, j'ai personnellement, avec le président du Conseil du
trésor, évalué l'impact économique de chacune des dépenses qu'on a faites au gouvernement
du Québec. Et il nous a dit qu'il avait le plan de relance le plus audacieux,
celui où on injectait le plus de sommes dans l'économie du Québec, mais, en
même temps, quand on s'est mis à regarder des chiffres dans son portrait
économique avec lui, on s'est bien rendu compte que ces sommes-là n'étaient pas
toujours, un, injectées dans l'économie québécoise ou, deux, injectées dans
l'économie, point. Le ministre a été incapable de nous dire quelle proportion,
par exemple, du matériel médical, qu'il considère comme une injection dans
l'économie, est dépensée au Québec versus est dépensée aux États-Unis, en Chine
ou ailleurs. Pourtant, ce sont toutes des sommes qu'il considère comme étant
injectées dans l'économie québécoise.
Ensuite, il considère le report d'impôts…
bonne mesure, excellente mesure, les Québécois en avaient besoin, mais il
considère le report d'impôts de quelques semaines, de quelques mois, comme une
mesure d'injection dans l'économie québécoise. Quand on doit retourner ces
sommes-là d'ici quelques semaines, quelques mois, on est bien loin de l'action
gouvernementale pour injecter des sommes dans la relance économique du Québec.
Dernière chose par rapport à l'étude
d'hier soir. Le ministre des Finances a répété son engagement d'un retour à
l'équilibre budgétaire d'ici trois à cinq ans. Malheureusement, et c'est
normal, mais il n'a que des hypothèses pour savoir quel sera le niveau de croissance
économique du Québec et quel va être le niveau de croissance des revenus du
gouvernement du Québec. Alors, sans savoir, sans avoir un portrait précis des
revenus que le gouvernement aura, de la croissance des revenus, il s'engage
déjà à avoir une croissance des dépenses qui sera plus faible que la croissance
des revenus. Ça nous dit… Le ministre est en train de jouer un jeu dangereux en
disant très ouvertement et très clairement aux Québécois : On va retourner
à l'équilibre budgétaire d'ici trois à cinq ans. Une approche plus graduelle
serait beaucoup plus prudente selon nous.
Enfin, parmi les sujets qui ont été
abordés à l'étude des crédits Finances, il y a évidemment eu le dossier de la
Caisse de dépôt et de placement du Québec. La caisse est venue lundi soir, et
malheureusement on pourrait utiliser une toute nouvelle séance de crédits avec
la Caisse de dépôt et de placement du Québec à la lueur des dernières
informations. Il est incroyablement malheureux que l'aventure québécoise du
Cirque du Soleil se termine ainsi. Il y a encore énormément de questions à
poser aux dirigeants de la Caisse de dépôt, toutes les réponses n'ont pas été
fournies en deux heures de crédits. On aimerait, bien évidemment, là, pouvoir
poser davantage de questions aux gens de la Caisse de dépôt et au ministre des
Finances en lien avec les décisions qui ont été prises récemment.
M. Laforest (Alain) :
Est-ce qu'on vient de perdre un autre fleuron québécois?
M. Fortin :
Bien, le Cirque du Soleil va demeurer un fleuron québécois, va demeurer une
fierté québécoise. Je pense que tous les Québécois, lorsqu'ils verront des
spectacles du Cirque du Soleil à l'étranger, lorsqu'ils verront le Cirque du
Soleil, le nom Cirque du Soleil, vont demeurer fiers de ce que c'est. C'est
malheureux, cependant, que ça se termine...
M. Laforest (Alain) :
...CSeries.
M. Fortin :
...c'est malheureux que ça se termine de la sorte, c'est malheureux que ça se
termine en perdant, pour les Québécois et les Québécoises, 228 millions de
dollars.
M. Laforest (Alain) :
Mais ce n'est pas mieux que la CSeries. La CSeries... Bombardier est disparu,
là.
M. Fortin :
Oui, mais chaque... Je pense que, dans ces dossiers-là, il faut les prendre
chacun pour ce qu'ils sont, là. L'aventure du Cirque du Soleil, elle est
différente de toutes les autres entreprises, et, dans ce dossier-là,
malheureusement, ça se termine avec une perte de 228 millions de dollars,
une décision financière de la part de la Caisse de dépôt endossée par le
ministre des Finances, qui a répété hier qu'il ne blâmait pas la Caisse de
dépôt pour son investissement. Une décision douteuse, une décision qui soulève
encore beaucoup de questions.
Le Cirque du Soleil… Le P.D.G. du Cirque
du Soleil, avant même l'achat des parts, des actions de Guy Laliberté,
affirmait ouvertement que le cirque voulait et répétait toujours que... la
caisse, pardon, répétait toujours au cirque, lors de ces rencontres du conseil
d'administration, qu'elle voulait devenir encore un plus grand actionnaire. Ça,
c'est comme dire à son voisin : J'aime ta maison, je veux acheter ta
maison, j'aimerais ça, vraiment, acheter ta maison, tu me le diras, quand elle
sera à vendre. C'est sûr que le prix de vente a reflété cette action-là.
Mme Gamache (Valérie) :
Est-ce que c'est terminé, pour vous, le Cirque du Soleil en tant qu'entreprise
québécoise? Pour vous, il n'y a pas de retour en arrière. C'est fini, fini?
M. Fortin :
Bien, il faudra voir avec le temps, là, comment ça se dessine. C'est certain
que, s'il y a des actionnaires québécois qui, un jour, se manifestent pour
cette entreprise-là comme pour toutes les autres, ce sera à considérer à ce
moment-là. Mais ce qui nous importe aujourd'hui, c'est d'avoir réponse aux
questions qui sont toujours soulevées par rapport à la dernière transaction,
par rapport à comment ça s'est passé, par rapport à la perte de
228 millions de dollars américains qui sera épongée par tous les Québécois
et Québécoises.
Mme Richer (Jocelyne) :
Qu'est-ce que le gouvernement n'a pas fait ou aurait dû faire, selon vous, là,
rétroactivement pour conserver le Cirque du Soleil dans des mains québécoises?
M. Fortin :
En fait, la question n'est pas tant ce que le gouvernement aurait dû faire,
plutôt que de savoir si toutes les bonnes actions ont été prises par la Caisse
de dépôt pour s'assurer que son investissement, un, était judicieux à ce
moment-là, deux, à savoir si le montant qui a été versé était le bon. Mais c'est
certain que le Cirque du Soleil, là, se retrouve devant une situation très
difficile en ce moment. Le nombre de gens qui sont intéressés à se porter
acquéreurs du Cirque du Soleil est probablement plus faible qu'à une certaine
époque, ne serait-ce que par le contexte pandémique. Mais ce qui nous intéresse
aujourd'hui de notre côté, c'est de savoir : Est-ce que la maison-mère va
demeurer à Montréal? Quelle sorte de garantie le gouvernement du Québec a
demandée… va demander, va exiger envers cette demande, et surtout c'est de
savoir qu'est-ce qui s'est passé avec l'investissement de la Caisse de dépôt.
M. Bergeron (Patrice) :
Mme Montpetit, j'aurais une question pour vous, si vous permettez. Vous
avez donc résumé, donc, l'étude des crédits d'hier et vous avez fait écho à de
nombreuses critiques qui ont été souvent émises concernant le ministre Carmant
et le fait qu'il semble souvent dépassé par les événements. Est-ce qu'il est
encore à sa place, le ministre Carmant, avec tout ce qui s'est passé dans les
deux dernières années, là?
Mme Montpetit : Bien,
écoutez, comme je le disais d'entrée de jeu, mon coeur balance. C'est vraiment
une bonne personne. C'est un peu triste à dire, mais, en termes de
responsabilité ministérielle, puis mes collègues pourront vous le dire, toutes
les questions qu'on lui a posées hier, comme je vous dis, sa réponse, c'était :
Ce n'est pas chez moi. C'est vraiment un oui, c'est important pour moi, la
santé mentale, oui, c'est important pour lui les enfants, oui, c'est important,
tout est important, mais, quand on lui demande concrètement qu'est-ce qu'il
veut faire, comment il va s'en occuper, bien là, il est un peu dépassé, dans le
fond, puis c'est… Je ne sais pas quelle est sa dynamique avec ses collègues au
niveau du Conseil des ministres, mais force est de constater… Puis ça, c'est le
propre de tous les ministres, on a été plusieurs à siéger sur des conseils des
ministres, il y a plein de dossiers qui se retrouvent à cheval entre… dans la
responsabilité de deux ministres. Donc, si tu ne travailles pas ensemble, puis
si tu ne parles pas à ton collègue, puis si tu ne vas pas faire des
représentations pour ton dossier, bien, ça se peut qu'il soit un petit peu plus
en bas de la pile dans les priorités, ton dossier.
Donc, j'en reviens à la question des
personnes lourdement handicapées. Qu'il nous réponde, après une semaine où
Jonathan Marchand est dehors et demande qu'on s'occupe de lui, qu'il nous
réponde : Bien, écoutez, ce n'est pas de ma responsabilité, je trouve que
ça démontre beaucoup de manque d'imputabilité, puis c'est pour ça que je
revenais sur ce mot-là. On a entendu Christian Dubé hier parler énormément
d'imputabilité, mais on ne l'entend jamais parler d'imputabilité
gouvernementale, d'imputabilité des ministres, hein?
Hier, avec… C'est un peu la chasse aux
sorcières, de qui va être le prochain coupable dans le réseau de la santé pour
la pandémie. Le premier ministre, la semaine dernière, se promenait en disant :
C'est la faute des travailleurs de la santé, ils n'ont pas mis de masque, ils
ne savaient pas qu'ils avaient besoin de mettre un masque, alors qu'il n'y
avait pas de matériel disponible. Là, finalement, ce sera la faute des
gestionnaires, alors qu'on sait très bien que les gens qui prennent les
décisions, ce sont les ministres, ce sont le politique, ils ont à être
imputables, ils ont une imputabilité gouvernementale, ministérielle, ils ne
peuvent pas s'en dédouaner.
Donc, si vous me posez la question sur
Lionel Carmant, clairement, bien, les questions qu'on lui a posées hier, il
nous a répondu : Ce n'est pas de ma responsabilité, je ne m'en occupe pas,
à l'heure actuelle. Donc, s'il ne s'en occupe pas comme ministre, est-ce que ça
veut dire qu'on n'a pas besoin de lui dans ce poste-là? Est-ce que quelqu'un
d'autre devrait y être mis? Je ne sais pas. Poser la question, c'est peut-être
y répondre, là.
Mme Gamache (Valérie) :
Concernant la DPJ, Mme Montpetit, qu'est-ce que vous souhaiteriez, à cette
rentrée-là? Est-ce que des gens de la DPJ devraient être dans les écoles — ou
Mme Veil, là — est-ce qu'il y a des gens de la DPJ qui devraient
être dans les écoles? Ils connaissent, de toute façon, leur clientèle.
Qu'est-ce qu'il doit être fait?
Mme Weil
: Moi, ce
que je vous dirais, c'est qu'en tant que ministre responsable d'aller chercher
des budgets, ça, le ministre le fait, mais quand on a une situation complexe
comme la pandémie, ça prend un chef d'orchestre, avec ses collègues, et ça
prend un plan d'action qui implique d'autres ministères, pour que tous sachent,
il y a un enfant chez nous, un jeune chez nous, et que ce n'est pas à l'enfant
ou son milieu direct d'aller courir après les ressources, non, c'est au
gouvernement de se mobiliser autour de cet enfant.
Donc, qu'est-ce que le ministre, dans ses
discussions avec le ministre de l'Éducation, par exemple… C'est vraiment là que
les signalements normalement émanaient parce que les profs sont en contact
direct avec des enfants, mais, avec la pandémie… Il y a eu plusieurs études qui
ont été faites, même, je vous dirais, après la période où le ministre avait
convoqué les directeurs de protection de la jeunesse. Deux semaines plus tard,
les directeurs de la protection de la jeunesse ont exprimé leurs inquiétudes
par rapport à la baisse de signalement. L'Université de Montréal parlait de la
région de Montréal, c'est évident, mais c'est tout le Montréal francophone
qui... Au Centre-Ouest, le CIUSSS—Centre-Ouest regroupe tous les directeurs de
la jeunesse du Montréal francophone, et ils parlaient de baisse drastique, et
ils ont dit : Le plus
dramatique, c'est qu'on a observé que c'est des
jeunes garçons, entre 11 et 16 ans, qui manquent à l'appel.
Alors, la question était : Comment
vous allez vous préparez, bon, comment vous vous étiez préparé et comment
aller... Et ça, il a quand même répondu par des ajouts de ressources, etc., mais
on n'a pas senti, comme ma collègue le dit, ce travail d'équipe. Parce que ce n'est
pas un ministre qui pourra... Il doit être le chef d'orchestre. Et donc qu'est-ce
qu'on fait pour la formation des profs au retour?
Moi, j'ai vu d'autres exemples dans
d'autres provinces où, souvent, c'est difficile pour le prof de s'occuper de
cette question de signalement, même pour ceux qui ont fait de la
télé-éducation. J'ai vu dans d'autres provinces où on leur dit : Faites
appel à une ressource spécialisée, si vous avez de la misère, eux, ils sont
capables d'identifier, quand vous parlez avec l'enfant, que cet enfant est à
risque, et même si vous n'êtes pas à l'aise de faire un signalement, faites le
signalement. Donc, c'est un peu cette volonté de faire, de vraiment aller
chercher dans tous les coins toutes les ressources et une stratégie globale.
Et là, moi, mon inquiétude, c'est que
quand on va voir ces jeunes qui vont retourner à l'école, comment est-ce que
les profs vont repérer, ils vont voir qu'il y a quelque chose qui va mal? Quel
appui qu'on donne à ces profs? Pensez à ce jeune de 14 ans qui s'est fait
tabasser plus d'une fois et qu'on n'a pas pu faire de signalement. On a fait
des appels, je comprends, mais on le sait par les chiffres qu'ils ont manqué à
l'appel. C'est la préoccupation.
Alors, si on sent que les gens... le gouvernement
est mobilisé parce qu'il y a un chef d'orchestre, et qu'on nous dise
précisément... Parce qu'on dit toujours, et je l'ai vu répété et répété : Ça
prend un village pour prendre soin d'un enfant, mais le village n'est pas
encore équipé parce qu'on ne sait pas ce que le gouvernement nous demande de
faire. Oui, on a reçu cette brochure, c'est très bien : Faites des
signalements. Mais c'est tous les acteurs qui touchent et qui sont près de
l'enfant. Comment est-ce qu'on mobilise ce milieu-là? C'est vraiment ça qu'on a
besoin d'entendre. Et je pense que c'est... les écoles vont ouvrir bientôt, le gouvernement
devra annoncer un plan plus global et plus précis.
Le Modérateur
: Alors,
des questions en anglais, Cathy Senay.
Mme Senay
(Cathy) : Yes. I would like to speak to you
about the Cirque du Soleil. You want to question Premier Legault about
this this afternoon, I guess, like, with Dominique Anglade. Is it, like, a
topic that you have in mind?
M. Fortin : We're not going to tell the Premier exactly what we're going to be
questioning him on. But I think you can obviously tell it's on the minds of a
lot of Quebeckers today, the investment that was made by the Caisse de dépôt in the Cirque du Soleil. We still have a lot of
questions and it's unfortunate that the Caisse de dépôt was here Monday, and
not today. We would have used much more than the two hours at our disposal to
get some answers about why this investment was made, was it the best investment
at the time? What did the Caisse know at the time? Why was that still backed by
the Finance Minister as worthwhile investment? There is still a ton of questions to be
asked.
Mme Senay (Cathy) : The way that M. Emond's words were explained, it was as if it
was game over. Is it game over for Québec and the Cirque du Soleil?
M. Fortin : You can never say game over, there is no timeline on this. And, as
with any other business, I would hope that any Québec investor would look at it from a financial standpoint, from an
investment standpoint. Obviously, from a patriotic standpoint, we are all kind
of disappointed this morning but, from an economic standpoint, we still have a
ton of questions to ask about
the investment that was made in the past and that $228 million that Quebeckers no longer have in their pockets.
Mme Senay (Cathy) : But what are the guarantees you can get? What is left to get out of
the Cirque du Soleil in Québec?
M. Fortin : Well, the one thing that matters now... And, like I said, from a
patriotic standpoint, I mean, everybody is sad by the news, but from an economic
standpoint, what we need is to make sure that the headquarter stays in Montréal, that those quality jobs stay in Montréal, that the decision-making ability
on the part of the company stays in Montréal. It's been part of the fabric of our city for a long time, and we
want to keep it that way.
Mme Fletcher
(Raquel) : What is your reaction to the Government's plan that they announced yesterday on a potential
second wave?
M. Fortin : Well, I think one of the big problems that we have with the second
wave plan that was announced by Minister Dubé yesterday is that it's coming
now. Experts have been warning for months and months now that there is a
potential second wave that could be coming in the fall. The fall is at our
door, September is coming. And obviously, to say now that it is going to take another six weeks to implement
this plan is simply ludicrous.
My question is : When he came into office
a couple weeks ago, was there anything on his desk? Were they already working
on this? Why did they start so late? Because the second wave could hit any day
and, if we're not ready, which is what I'm hearing from the fact that we still
need six weeks to put this in place, that is a big problem.
Mme Fletcher
(Raquel) : We heard from Québec solidaire and the Parti québécois on Bill 101 and Simon Jolin-Barrette... to his plan to
attract to the French language. They say they are very skeptical that he is
going to actually pull through
with his plan. What is your takeaway from that debate yesterday?
M. Fortin : I don't know. We made a proposition to Simon
Jolin-Barrette and to the CAQ Government about the French language. A number of
months ago, our colleague Greg Kelley put forward a bill, a private Member's
bill, which is ready to adopt still today if the Government wanted to, which
was a long-standing demand on the part of people who want to speak better
French, who want to improve their French language ability
to provide every Quebecker with
free French classes. If you want to improve the quality of the French language
in Québec, if you want to make
sure that more Quebeckers are able to speak in French,
that's a very simple way to do it. And for some reasons, for some unexplained
reasons, it's still on the table, and even yesterday the Minister was still non
committal about that proposal.
So, if you ask us what's
the first measure that you should do, obviously, that one is top of mind, but
in terms of what the CAQ Government is proposing, and they're still saying that
they want to strengthen the requirements on the French language, we'll take a
look at what they have to propose. But if they want to do something quickly,
our bill is on the table and ready to adopt.
Le Modérateur
: Thank you. Merci.
(Fin à 9 h 40)