(Neuf heures cinquante-neuf minutes)
Le Modérateur
:
Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de l'aile parlementaire
du Parti québécois. M. Bérubé va vous adresser quelques mots, ensuite, on
prendra les questions.
M.
Bérubé
:
Merci, Mathieu. Aujourd'hui, je veux vous parler des décisions importantes que
prend le gouvernement du Québec, qui ont un impact sur notre santé publique,
sur nos droits et libertés et sur les fonds publics, et relever un certain nombre
d'enjeux importants, donc... excusez-moi, je suis un peu étourdi.
Alors, on a vu dans un quotidien en fin de
semaine, un certain nombre de contradictions, notamment sur le port du masque,
notamment sur la présence, à Montréal, du gouvernement, et aussi sur la
réouverture des écoles. Alors, je suis disponible pour répondre à vos
questions.
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce qui vous dérange dans le port du masque?
M.
Bérubé
:
Bien, on avait parlé de cet enjeu-là du port du masque — excusez-moi,
je suis vraiment étourdi, je suis descendu vite un peu, excusez-moi. On avait
posé la question du port du masque, et on se demandait pourquoi ce n'est pas
obligatoire, et la Dre Liu a dit, dans un quotidien, que les explications
étaient farfelues. Alors, on nous avait dit, au début, que c'était une question
de droits et libertés, ensuite, c'était une question de disponibilité. Mais il
y avait une question de nécessité, et je trouve, là, qu'il y a un enjeu important.
M. Laforest (Alain) :
Concernant le grand, le vaste plan que le gouvernement va lancer aujourd'hui,
là, pour embaucher 10 000 préposés aux bénéficiaires, est-ce que c'est
trop ambitieux? Est-ce qu'on ne risque pas, justement, de faire un déplacement
de personnel? Entre autres, les petits salariés, là, qui vont perdre leur
emploi ou qui ne...
M. Bérubé : Mais on
souhaite que le gouvernement réussisse, bien sûr. Mais, il n'y a pas seulement
la question salariale, il y a les conditions de travail aussi. Et les gens ne
vont pas s'engager pour répondre à l'appel du premier ministre. Ils vont
s'engager parce que ça répond à, je dirais, à une mission, à une volonté de
travailler dans le domaine de la santé avec des aînés. Oui, il y a les
conditions salariales, mais les conditions de travail. Puis, je dirais qu'il y
a de la publicité qui va être faite par le gouvernement du Québec, mais il y a
tellement de mauvaise publicité qui se fait lorsqu'on découvre comment que ça
se passe pour vrai, que ça va être difficile.
Alors, moi, je souhaite sincèrement que le
gouvernement du Québec puisse atteindre son objectif, mais il y a aussi un
enjeu de déplacement de personnel qui va donner une apparence, disons, d'avoir
réglé un certain nombre d'enjeux. Je vous ai parlé du privé la semaine
dernière, vous vous souvenez? Bien, cet enjeu-là existe, et il est clair qu'il
y a déjà un mouvement de transfert d'employés du réseau de la santé vers le
secteur public. Alors, je vous ai dit également que, dans la crise actuelle, le
gouvernement du Québec s'assure qu'il y a une rémunération supplémentaire dans
le privé. La question que je me pose, c'est : Est-ce qu'il l'a prévue
pour palier au fait qu'il y a des aînés, qui ont autant besoin de soins et
d'attention, puissent obtenir toute l'attention nécessaire par le personnel qui
va être présent aussi dans les ressources privées?
M. Lacroix (Louis) :
Mais ils vont les prendre où, à votre avis, ces 10 000 là, là? Ça fait des
années qu'ils cherchent des ressources dans des CHSLD puis dans le secteur de
la santé, puis ils ne trouvent nulle part. Puis là, tout à coup, ils vont
tomber du ciel?
M. Bérubé : Je
pense qu'ils misent beaucoup sur la rémunération. L'élément nouveau, c'est la
rémunération et le contexte. Alors, soit qu'on compte sur le fait que des gens
se disent : Je ne pensais pas être préposé aux bénéficiaires, mais,
là, vous me payez plus, je vais y aller, ou : Les conditions se sont
tellement améliorées que je vais y aller, ou : Bien, je me sens
porté vers un appel d'aider les aînés, je veux y aller. Il y a de ça aussi, il
y a des gens qui vont vouloir s'engager pour ça.
M. Lacroix (Louis) :
Mme Blais disait la semaine passée que ça allait venir du... Elle, elle
donnait des exemples, là, elle a dit : Il y a des gens qui ont perdu
leur emploi dans le milieu de la restauration et de l'aéronautique. Pensez-vous
vraiment qu'un technicien qui a perdu sa job chez Pratt & Whitney
va aller travailler dans un CHSLD?
M. Bérubé : Quelles
sont les nouveautés? Le contexte difficile et l'argent. Je souhaite vraiment
que le gouvernement du Québec puisse réussir, mais ça va être difficile, et je
ne sais pas d'où ils vont provenir. Dans ma circonscription, moi, je n'ai pas
vu de mouvement significatif de personnes qui ont perdu leur poste qui ont
décidé spontanément de devenir préposé aux bénéficiaires ou dans un autre
domaine de la santé.
Mme Crête (Mylène) :
Mais, là, le 26 $ de l'heure, vous ne pensez pas que ça va faire une
différence?
M. Bérubé : Moi,
j'ai vécu pendant deux ans et demi avec mon père en CHSLD. C'est quoi, en tout
cas, de ma perception, le travail de préposés aux bénéficiaires, et je disais,
à l'époque, qu'il n'y a pas beaucoup de métiers qui mériteraient une plus
grande augmentation que celui-là. Mon père est décédé en 2017. Mais ce que les
préposés me racontaient, c'est qu'il n'y a pas que l'argent, il y a les
conditions, il y a la fatigue, il y a la charge mentale, il y a les conditions
de travail qui sont épouvantables. Donc, il faut agir là-dessus aussi, sur les
conditions de travail.
Puis la valorisation, ce n'est pas
seulement des remerciements à nos anges gardiens. L'argent, c'est un bon pas.
On le disait avant la crise qu'il fallait augmenter les conditions de préposés
aux bénéficiaires, c'est important. Mais il y a les conditions puis il y a
aussi... Quand les gens ont des choses à dénoncer, là, est-ce qu'on les écoute
vraiment? Est-ce que les sonneurs d'alerte, que ces personnes-là deviennent
malgré elles, sont vraiment écoutés, puis il y a des changements significatifs?
Moi, j'en ai des cas, dans ma circonscription, de personnes qui me disent que
le principal facteur qui les décourage de poursuivre leur carrière, c'est le
fait qu'ils évoquent des enjeux qui sont potentiellement dangereux pour les
bénéficiaires, puis ils ne sont pas écoutés.
Alors, trois enjeux. L'argent, c'est
correct, c'est un bon pas dans la bonne direction. Conditions de travail, le
problème demeure entier. Puis aussi, lorsqu'on voit des situations
potentiellement dangereuses, il faut vraiment que les correctifs arrivent très
rapidement. C'est la vie des gens qui est en jeu.
M. Larin (Vincent) :
Concernant le sondage dans Le Journal de Québec en fin de semaine sur
l'appui au tramway puis au troisième lien qui diminue, est-ce que vous pensez
que ça ne serait pas le moment, justement, pour le gouvernement de revoir les investissements
en infrastructure dans un contexte où les rapprochements... où ce n'est
peut-être pas justifié d'avoir des moyens de transport où on est tous collés en
sardines?
M. Bérubé : Non
seulement ils ne les remettent pas en question, mais ils vont accélérer les
infrastructures. On a appris récemment que le gouvernement du Québec va déposer
un projet de loi en accéléré pour tout ce qui est infrastructure, puis il y a
beaucoup d'argent en jeu, puis il va y avoir moins de surveillance. En tout cas,
on ne voudrait pas vivre une deuxième commission Charbonneau, là, on veut
s'assurer qu'il y ait un contrôle très strict sur l'augmentation significative
des investissements publics en infrastructure, à la fois dans le tramway, le
troisième lien, le REM, les tramways à Montréal, etc., prolongement du métro,
nommez-les tous.
Moi, c'est un enjeu qui me préoccupe, là,
sincèrement. Parce que, là, on va accélérer tellement les procédures avec ce
que le ministre Dubé, le président du Conseil du trésor, va nous amener que
j'ai l'impression, là, qu'on va tourner les coins ronds, potentiellement. On
aura l'occasion d'échanger avec lui là-dessus, mais on a appris que ça allait être
déposé incessamment. D'ailleurs, le premier ministre vous l'avait dit à la
faveur d'un point de presse. Donc, il y a un enjeu là important.
M. Lacroix (Louis) :
Quelles sont les indications qui vous font dire ça, M. Bérubé?
M. Bérubé : Bien,
c'est un projet de loi presque sans précédent qui va être traité de façon
accélérée par les parlementaires, et je présume que le gouvernement va vouloir
l'adopter avant le 12 juin prochain. Donc, énormément d'argent en jeu,
procédure accélérée, écoutez, chaque fois qu'il y a des montants importants en
infrastructure d'investis, c'est clair qu'il y a de l'avidité qui va être créée
chez certains. Et j'ai l'impression que toutes les mesures de surveillance des
contrats ne seront pas nécessairement en place, à moins qu'on nous rassure.
J'aime mieux partir de cette hypothèse-là puis être rassuré, mais c'est une préoccupation
qu'on a.
Et quant aux infrastructures, je vous en
rajouterai une qui n'est pas dans la liste. Le premier ministre s'est engagé en
2018, lors de l'élection, à prolonger l'autoroute 20 vers l'est. Il l'a
fait également lors de son caucus de Rivière-du-Loup l'an dernier où plusieurs
d'entre vous étiez là, et ce n'est toujours pas dans la programmation. Donc,
quand Mme Guilbault dit que le troisième lien, c'est un projet pour l'Est
du Québec... le projet pour l'Est du Québec, c'est le prolongement de la 20.
M. Larin (Vincent) :
Est-ce que c'est toujours justifié d'accélérer ces grandes infrastructures,
alors qu'on sait que ça va prendre des investissements dans les CHSLD, dans le
réseau de santé?
M. Bérubé : Bien,
questionnons davantage les maisons des aînés, tant qu'à ça. Le gouvernement
fait ses choix. Il considère que la relance économique passe par les
investissements dans les infrastructures. C'est son choix. Moi, je questionne
le troisième lien quant aux coûts. Je trouve ça incroyable qu'on ne connaisse
toujours pas les coûts.
Mais si on veut questionner des
investissements importants qui proviennent d'une autre enveloppe, la Santé
notamment, bien, les maisons des aînés, ça m'apparaît un enjeu fort
questionnable. J'ai lu Jean-Paul Gagné, dans le journal Les Affaires,
qui disait essentiellement les mêmes choses. Ça va coûter une fortune par
place. Est-ce que c'est l'investissement le plus justifié, est-ce qu'il ne faut
pas investir davantage dans les ressources humaines, dans les conditions de
travail pour les aînés, des aînés actuels, là, qui en ont besoin? Ça, c'est
beaucoup questionnable, quant à moi, les maisons des aînés.
M. Lacroix (Louis) :
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement a accéléré un paquet
d'investissements, là, notamment en santé, de l'achat d'équipement, etc. Il y
avait... je pense que ça tombait sous le sens de le faire, parce qu'il y avait
une urgence, là. Est-ce que vous craignez que, dans cette précipitation-là, il
y ait eu justement des gens qui en ont profité et qu'il pourrait y avoir eu de
la malversation, par exemple, dans certains contrats? Parce qu'on a
complètement aboli ou à peu près les appels d'offre, parce qu'il fallait que ça
aille très vite.
M. Bérubé : En tout
cas, on n'a manifestement pas précipité l'achat des masques au Québec, parce
qu'on était les derniers. Pendant que d'autres provinces canadiennes, notamment
dans l'Ouest, commençaient à acheter le matériel en janvier, on a été dans les
derniers à acheter des masques. Alors, on était les derniers. Je ne sais pas pourquoi,
qu'est-ce qui explique ce manque de préparation du gouvernement du Québec, de
la Santé publique face à ce qui s'en venait, mais clairement on était dans les
derniers de classe pour la prévision. Il faut le dire.
Pour le reste, je n'ai pas de raison de
croire que des gens ont pu profiter de la situation pour s'enrichir indûment ou
pour tenter d'augmenter les prix par le truchement de contrats de gouvernement
du Québec. Je n'ai pas de raison de croire ça, mais, pour l'achat du matériel,
je peux vous dire qu'on était les derniers et j'espère qu'on a pris des
dispositions pour que dans... s'il y a une éventuelle deuxième vague, qu'on ne
souhaite pas, bien, qu'on soit prêts cette fois-ci.
Mais quand on fait l'analyse... puis là,
maintenant que mon souffle est repris, je vais vous dire ce que je voulais vous
dire au début. Trois enjeux importants sur la différence entre la Santé
publique et le politique. Je veux parler de la Dre Joanne Liu sur les
masques. Tu sais, le Dr Arruda nous disait : Ah! Enjeu légal.
Puis après : Oui, on n'en a pas assez. Mais après, il en donnait
dans les sociétés de transport, puis maintenant, c'est fortement suggéré.
La plus grande sommité qu'est la
Dre Joanne Liu le dit : On a perdu du temps précieux. Puis
je n'ai pas entendu le Dr Arruda ni le premier ministre contester ce que
la Dre Liu a dit dans un quotidien en fin de semaine. Elle dit que c'était
des explications qui étaient farfelues. Ensuite, quand j'entends la
Dre Mylène Drouin — en fait, je ne l'entends pas, mais la
journaliste qui, elle, l'a interviewée, l'a entendue puis l'a même enregistrée — quand
je lis la Dre Mylène Drouin, qui dit que toute l'attention aurait dû
être sur Montréal, bien, on dit ça depuis longtemps, que les points de presse
doivent servir essentiellement pour des raisons de santé publique. Et j'ai
l'impression que plus ça va, plus il se fait de politique puis moins il se fait
de la santé publique.
Et l'autre enjeu, pour terminer, ce n'est
pas anodin, là, j'apprends dimanche, par l'entremise du Dr Arruda, que ce
n'est pas la santé publique qui a dit : Ne réouvrez pas les écoles
de Montréal. C'est le gouvernement du Québec, donc c'est une décision
politique. Pourquoi on nous ne l'a pas dit?
M. Laforest (Alain) :
Il a dit le contraire, hier.
M. Bérubé : Bien
là, les affaires ne marchent pas, là. Dr Arruda l'a dit puis c'est
enregistré. Je veux dire, la Dre Drouin aussi puis Dre Liu aussi. Là,
à un moment donné, là, c'est bien beau dire : Ce n'est pas arrivé,
là, mais ils l'ont dit. Alors, le Dr Arruda a dit au mot, dans le texte,
qu'ils auraient pu réouvrir puis le gouvernement du Québec a pris la décision
politique de ne pas réouvrir.
M. Lacroix (Louis) :
Mais sur les masques, là, quand... la première fois que cette question-là a été
soulevée en conférence de presse, c'était le 6 avril. Je le sais parce que
c'est moi qui ai posé la question. Puis à ce moment-là, on nous avait dit qu'il
n'y avait pas d'étude scientifique qui démontrait l'utilité du masque, alors
que l'INSPQ en avait produit une en 2007.
M. Bérubé : Mais
partout dans le monde, entre avoir un masque puis ne pas avoir de masque, je
vais prendre avoir un masque. Bien voyons! c'est l'évidence même. Regardez
Taïwan, ce qui se passe là-bas, aucun cas, à peu près. Il y a une tradition de
port du masque. Je ne vois pas qu'est-ce que ça enlevait de porter le masque.
Puis au début, souvenez-vous, là, quand j'ai évoqué cette question-là, j'ai eu
des critiques très, très dures, hein : Ah! Là, on ne peut pas faire
ça parce qu'il y a un argument juridique. Julius Grey, c'est quelqu'un qui
surveille ça pas à peu près, il a dit : Non, non, c'est correct.
O.K. là, ça a... il faut changer d'argument : Oui, mais il n'y en a
pas pour tout le monde puis ça va créer un déséquilibre entre ceux qui ont le
moyen de s'acheter un masque puis ceux qui n'ont pas le moyen. Celui-là, il a
coûté à peu près 1 $ à faire. C'est une dame de mon comté qui me l'a
offert. Pour des questions aussi fondamentales, je pense qu'on est capables de
s'organiser.
Des voix
: ...
M. Bergeron (Patrice) :
M. Bérubé, qui est en faute actuellement? Qui est en faute? Est-ce que c'est...
Parce que là, souvent, vous encerclez Dr Arruda, là.
M. Bérubé : On se rapproche.
M. Bergeron (Patrice) :
Oui, donc, ça serait Dr Arruda, selon vous, qui serait responsable de ce
cafouillage-là?
M. Bérubé : Bien,
le gouvernement du Québec et la santé publique sont difficilement dissociables
maintenant.
M. Bergeron (Patrice) :
Il est trop collé au gouvernement. Comment...
M. Bérubé : Voyons!
c'est une évidence depuis le début. Alors, ils prennent des décisions de façon
solidaire. Mais, dans l'enjeu des masques, on a perdu du temps précieux. Alors,
si vous ne prenez pas ma parole, prenez celle de Joanne Liu, qui est une
sommité indiscutable dans le domaine, qui a dit que c'étaient des positions
farfelues, puis ça aurait dû être la première chose à laquelle le premier
ministre aurait dû répondre, et le Dr Arruda, au point de presse, hier,
avant même vos questions. C'est majeur, là. Puis là, maintenant, c'est
fortement encouragé, puis on en distribue dans le métro. J'ai vu la ministre
responsable de Montréal dans le métro. Je veux dire, rendu là, on dit la même chose,
sauf qu'on s'est fait critiquer pour avoir posé une question qui était une
évidence, puis là, maintenant, bien, on réalise qu'on a perdu du temps
précieux.
M. Lacroix (Louis) :
Est-ce que c'est de la négligence, ça, M. Bérubé, d'avoir... on avait...
tout ce que vous dites, c'est qu'on avait tout en main pour pouvoir prendre la
décision dès le départ, de dire : Portez le masque. Il faut... ça a
pris au moins un mois, un mois et demi avant qu'on le recommande fortement, là.
M. Bérubé : Je vais
vous le poser de façon différente, puis si vous trouvez que je n'ai pas assez
bien répondu, je vais me ressayer.
Il fallait donner les vraies raisons. Si
les raisons c'était qu'on n'en avait pas assez, il fallait le dire dès le
départ, mais il ne fallait pas dire que le masque n'était pas une protection
adéquate pour protéger les autres puis se protéger si l'autre en porte aussi.
On a perdu du temps précieux, notamment à Montréal, c'est évident, dans les
transports en commun, dans les lieux publics, dans les rassemblements.
Imaginez, Montréal, c'est Laval aussi, et c'est ailleurs au Québec. Donc, c'est
un enjeu qui était important pour nous. Ça ne nous rend pas populaires, ça, de
dire aux gens : Il devrait y avoir une protection que
supplémentaire, mais c'était la position la plus responsable, et je suis
heureux de l'avoir évoquée au niveau de notre formation politique.
M. Laforest (Alain) :
C'est qui qui est fautif?
M.
Bérubé
:
Mais là on fera l'évaluation après.
M. Laforest (Alain) :
Mais vous venez pas mal de le faire, là, mais c'est en tournant autour du pot.
Rentrez dedans ou arrêtez de tourner, là. C'est qui, c'est la santé publique ou
c'est le premier ministre? C'est qui qui est coupable, là?
M. Bérubé : Bien,
aucun des deux ne s'est dissocié de cette position-là. Alors, à la fois la
santé publique et le gouvernement du Québec sont interpellés parce que la
Dre Joanne Liu a dit dimanche, en tout cas ce qui a été publié dimanche,
à l'effet que la position était farfelue, et on a perdu du temps précieux.
Puis, pour les écoles, c'est très
important ce qui s'est passé. Le ministre nous a dit, là — puis
Mathieu, là, tu m'avais la déclaration tout à l'heure — que le
ministre disait qu'on n'a pas l'autorisation de la santé publique pour réouvrir
les écoles. Ce n'était pas ça. Ce n'était pas ça, finalement, c'est une
décision qu'ils ont prise politiquement.
Moi, ce que je demande essentiellement, c'est
qu'il y ait une distinction entre si c'est la santé publique, dites-le, puis si
c'est le politique, dites-le, puis on pourra être d'accord ou pas. Il faut
juste que ça soit clair. Puis là, pour les écoles, ce ne l'était pas, puis on l'a
appris au point de presse de 13 heures, puis je trouve ça regrettable.
M. Lacroix (Louis) :
Dans Côte-St-Luc, ça va être obligatoire à partir du...
M. Bérubé : Oui,
j'ai vu ça, oui.
M. Lacroix (Louis) :
...du 1er juillet, le port du masque.
M. Bérubé : Une
municipalité qui va exercer sa souveraineté territoriale. Est-ce que la ville
de Montréal pourrait le décréter elle-même? Je pense qu'ils vont vouloir se
fier à la Santé publique, mais...
M. Lacroix (Louis) :
Mais si Côte-Saint-Luc l'a fait?
M. Bérubé : Je ne
connais pas l'état du droit là-dessus, du droit municipal. Est-ce qu'ils
peuvent vraiment l'imposer? Je ne le sais pas. Mais il y a véritablement une
préoccupation à Montréal, puis avec le rassemblement qui a eu lieu dimanche,
disons qu'il y a de quoi inquiéter aussi. Alors... Puis, vous savez que les
craintes que vivent des gens à l'extérieur de Montréal, elles sont notamment
liées à ce qui se passe à Montréal comme protection, et à Laval.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant la manifestation de dimanche, justement, il y a beaucoup de
Québécois qui demandent des mesures concrètes contre le profilage. Vous avez
déjà été critique en matière de sécurité publique. D'abord, est-ce que vous
pensez qu'il y a un problème? Puis, de deux, qu'est-ce qu'on doit faire?
M. Bérubé : De
profilage, bien, c'est documenté, il y a des rapports là-dessus, notamment de
la commission des droits de la personne et de la jeunesse qui s'est prononcée à
cet effet-là. Est-ce qu'il y a du racisme au Québec? Oui. Est-ce qu'il y a des
actes racistes au Québec? Oui. Est-ce qu'ils méritent d'être combattus,
dénoncés, jugés, condamnés? Oui. Est-ce qu'il y a du racisme systémique au
Québec? Je n'y crois pas. Alors, la société québécoise n'est pas raciste. Nous
ne sommes pas les États-Unis d'Amérique, mais il existe des racistes, ils
existent des actes racistes, et il faut les combattre, mais je refuse de croire
qu'une des sociétés les plus ouvertes au monde quant à la diversité, quant aux
droits et libertés, qui est la société québécoise, produit un système qui crée
du racisme, je ne suis pas de cet avis.
M. Lavallée (Hugo) :
Mais concernant la question spécifique du profilage au sein...
M. Bérubé : Mais ça
se... Bon, c'est... Il y a un exercice qui est un livre vert, qui a été amorcé
par la ministre de la Sécurité publique. Elle a dit, dans les derniers jours,
que ça serait un des éléments de la réflexion. Je ne me souvenais pas de l'avoir
vu dans la table des matières, mais évidemment que l'occasion est belle de se
poser cette question-là, si, systématiquement, des policiers en patrouille, par
exemple, interpellent davantage la population noire, la population autochtone,
la population arabe ou toute minorité visible, c'est fortement préoccupant et c'est...
M. Laforest (Alain) :
C'est documenté ça, M. Bérubé, on n'a pas...
M. Bérubé : Bien,
alors... C'est documenté, mais alors, là, j'interpelle les corps de police qui
sont les responsables de cela. Quelles mesures ont été prises depuis le rapport
de la commission des droits de la personne et de la jeunesse, notamment? Et c'est
M. Caron au SPVM ou la directrice de la Sûreté du Québec qui vont devoir y
répondre. Mais là ce n'est plus entre les mains du politique. Je pense que les
corps de police ont des responsabilités puis ont des réponses à nous apporter.
M. Lavallée (Hugo) :
Donc, le gouvernement n'a rien à faire si ce sont...
M. Bérubé : Bien,
le gouvernement doit s'assurer que les... comment dire, doit s'assurer que les
corps de police ont bien entendu ce message et ont pris des mesures qui donnent
des résultats, notamment au SPVM. Puis le SPVM, on a une influence sur lui, quand
même, le Conseil des ministres, qui doit valider la nomination du patron du
SPVM, qui est M. Caron présentement. Donc, qu'est-ce qui a été fait au
SVPM depuis ce temps-là? Combien d'actes répréhensibles ont été faits?
Alors, évidemment, certains sont
documentés, mais d'autres non, il y a beaucoup de personnes qui étaient sur les
réseaux sociaux, qui se font suivre en voiture, qui se font interpeller,
demander leurs papiers. Ça, si on a des bonnes raisons, quelle que soit la
personne qui est interpellée, oui, mais si c'est abusif puis c'est lié à la
couleur de sa peau, à son origine, c'est inacceptable. Moi, je ne veux pas voir
ça au Québec.
Mme Krol (Ariane) :
Sur la loi sur les lanceurs d'alerte, on a un rapport du Conseil du trésor qui
dit que, finalement, c'est les patrons, dans bien des endroits, qui reçoivent
et traitent les plaintes.
M.
Bérubé
:
Absolument.
Mme Krol (Ariane) :
Est-ce que c'est la façon la plus efficace qu'on peut avoir d'appliquer cette
loi?
M.
Bérubé
:
Une partie de la réponse est dans votre question : bien sûr que non.
Depuis l'affaire Louis Robert, il me semble qu'on devrait s'assurer qu'il y a
une étanchéité importante pour ne pas que ces dénonciations-là soient connues
dans le milieu de travail, ce qui fait en sorte qu'il y a des gens qui se préparent
une défense, il y a des gens qui peuvent exercer des représailles, il y a des
gens qui peuvent décider de banaliser un certain nombre de dénonciations. C'est
évident que ce n'est pas la façon de procéder.
Puis, quant à... Je vais faire un lien
quand même avec le courriel qui a été lancé récemment par la ministre de la
Santé, qui répond un peu à la même exigence. On nous parle qu'il y a beaucoup
de courriels qui ont été reçus, mais la question, c'est : Combien de
ces courriels-là, sérieux, ont conduit à des modifications rapides de
situations dangereuses? Ça, c'est la question importante. De dire :
On en a reçu beaucoup puis ça fonctionne, oui, mais ça fonctionne si quelqu'un
du Centre Marie-Anne-Ouellet de Lac-au-Saumon, dans mon comté, un vrai cas qui
a été écrit, là, à ce courriel-là... bien, c'est quoi la modification qui a été
faite rapidement pour s'assurer qu'il n'y a personne en danger? C'est là-dessus
qu'on devrait mesurer le degré de réussite des dénonciations sérieuses qui
reposent sur des situations réelles.
Mais, quant à ce que vous évoquez, qui est
dans un quotidien ce matin, c'est évident que ça ne va pas encourager les
lanceurs d'alerte, puis on en a besoin dans la fonction publique. Il y a
beaucoup d'argent en jeu, il y a des jeux de pouvoir, il y a des jeux
d'influence, et, moi, je serai toujours du côté de ceux qui veulent promouvoir
les meilleures pratiques possible et la vérité.
Mme Krol (Ariane) :
Est-ce que vous y voyez de l'inexpérience ou quelque chose de relativement
délibéré, là? On regarde d'ailleurs pour...
M.
Bérubé
:
Le gouvernement n'aime pas beaucoup se faire critiquer, ce gouvernement n'aime
pas beaucoup se faire critiquer. Alors, j'espère que ce n'est pas lié à ça,
mais là, maintenant que c'est entendu, là, ils vont l'entendre, mon message,
là, puis votre question. J'imagine qu'ils vont faire des modifications, sinon,
où réside l'intérêt du gouvernement du Québec à ne pas resserrer les mesures
pour faire en sorte que les gens qui ont des choses sérieuses à dire puissent
les dire sans représailles? Alors, c'est important.
Puis sur les lanceurs d'alerte, on avait
des propositions très sérieuses. D'ailleurs, on a fait une motion — c'est
la semaine dernière qu'on a fait une motion? — dans le domaine de la
santé, ils ont refusé. Ils veulent une seule version, la version du show de
13 heures. Prenez cela, puis le reste c'est, disons, des données
divergentes du discours principal.
Le Modérateur
:
D'autres questions? On passe en anglais. En anglais.
Une voix
: ...
Mme Senay (Cathy) : Good morning...
Une voix
:
...
Mme Senay (Cathy) : I can see this, you're a very lucky man, good for you. So, I have
to wait.
So, orderlies, the fact
that they are launching this advertisement... I don't know if you saw the two
advertisings, but it's a young woman and they're saying : Well, we
need the best of you, and there is a parallel with Thérèse, who's an elderly...
M. Bérubé :
Who's Thérèse?
Mme Senay (Cathy) : Thérèse is an elderly, and then, you have this young woman that can
take care of Thérèse, and then, you have another young man that can take care
of Henri. I mean, they're using the human touch. Is this the right strategy?
M. Bérubé :
Well, it's not about what the Premier wants : I want
10,000 people to be involved in our CHSLDs. It's not about that, it's
about the working conditions of those people, money too, sure, it's a good
thing that the salary is going to be increased, but it's about a lot of things
and we have... It might be a good publicity, but we have a lot of bad publicity
through the years about what is going on in the CHSLDs. And a lot of people
said : We work in dangerous conditions, people that we are in charge of
are in danger or in bad conditions. And they keep telling this to the Minister
of Health and nothing happens.
So, it's a good thing
that they increased the salary. Good thing, we agree with that, but it's about
the conditions of work and it's about when they have something to say, please
listen to them, then fix quickly what's going on, what is not working. But it's
not about what the Premier wants, we're not in a... it's not because the
Premier said : I want 10,000 people that people are going to say :
OK, I was not supposed to work in this area, but since the Premier says so, I'm
going to go there. It's now working that way.
And the other thing that
I want to point is that some people work in the private sector, so their salaries
are less than the salary in the public sector. So, on a 10,000... «objectif»...
Mme Senay (Cathy) : Well, the goal of recruiting...
M. Bérubé :
...the goal is 10,000 people. You might have maybe 1,000 or 2,000 people coming from the private sector. So you have 2,000
more in the public sector when you have less people in the private one.
Mme Senay (Cathy) : So can it cause an imbalance? Even some nurses are...
M. Bérubé : It's half of a good news. So one of your colleagues,
M. Lacroix, he is just in front of me, said a good thing. He said :
Do you see people from the restauration area or the hotel area saying : I
want to go there? It might happen, but I am not seeing that. But the publicity
is new since today. Let's see if it works.
Mme Senay (Cathy) : As of July 1st in Côte-Saint-Luc, it will be mandatory to wear a
mask in indoor spaces. That means stores, businesses, municipal buildings. And
if you don't wear a mask and you're being caught, well, there is a fine. There
is a fine between 100 $ and 500 $ for
residents. What do you think about this bylaw?
M. Bérubé :
It is serious, it is certainly serious. And it shows us that the situation on
the Island of Montréal is... it's serious stuff. And since months we question
the Government about the fact that we should wear a mask. It is better for the
health of everyone. And the Premier and Dr. Arruda told us that first it
was a legal thing, then it was that we don't have enough masks, then it was...
they decide to give away masks in the subway. So it is hard to follow them. But
I don't see that in a bad way. If Côte-Saint-Luc
decides that this is the way they want to protect the people, my question is :
Montréal can do that too? And do they have to wait
until they have a permission of Dr. Arruda? So I have some questions about
this issue.
Mme Senay (Cathy) : At the same, if a municipality does that, is there a violation of...
M. Bérubé :
I don't know.
Mme Senay (Cathy) : ...freedoms and liberties for individuals?
M. Bérubé :
I guess they are going to check those kinds of matters. It is serious matter.
So it's a legal thing, but what I want to show you is that they take this
matter seriously. And that's the first thing I have in mind when I read those
kind of news.
Mme Senay (Cathy) : They are kind of alone so they go ahead?
M. Bérubé : Yes, they have their own city — that was not our choice, back in the days — but they are doing what they think is the good thing to protect
their population.
Mme Senay (Cathy) : And my last question is about Côte-des-Neiges, NDG, they are calling on Montréal to make sure that police officers
have body cams...
M. Bérubé : Body cams?
Mme Senay (Cathy) : Body cams. Oui. It is used in some...
M. Bérubé : ...
Mme Senay (Cathy) : Well, police officers are using body cams so you have an idea about
what you do all the time, so... But there are some police officers in the U.S.
that do have body cams. I am not sure if it does work since we can see what
happened in Minneapolis, but it does exist, this measure does exist in the U.S.
for some police officers. So NDG is coming back to this. Montréal has said no first, a few months
ago, for body cams. What do you think? Police officers should wear body cams or
that is too much?
M. Bérubé : I don't have any reflection about that. It's new to me, so thank
you for the news. I will get back to you.
Mme Senay (Cathy) : OK. Good. Fair enough.
Le Modérateur
:
Dernière question parce qu'il y en reste...
M. Bergeron (Patrice) :
Concernant le projet de loi n° 44, le gouvernement a choisi, donc, de le
prioriser, celui-là, à travers tous, là. Pourquoi selon vous? Puis qu'est-ce
que vous lisez de cette décision-là du gouvernement?
M. Bérubé : Bien,
le projet de loi n° 44 sur le Fonds vert. Bon, alors, c'est un fonds qui
avait besoin davantage de surveillance. Résultat : on va moins le
surveiller, et ça va devenir le budget discrétionnaire du ministre de
l'Environnement. Pas mal!
Alors, vous réalisez que, dans un ensemble
de secteurs, le gouvernement s'arroge des pouvoirs exceptionnels. Que ça soit
le ministre de l'Économie sur Investissement Québec, que ça soit le ministre de
l'Environnement sur le Fonds vert, que ça soit le ministre de l'Éducation avec
la réforme qui lui permet d'écrire directement aux parents puis d'éliminer tout
intermédiaire qui pourrait contester son pouvoir, c'est un gouvernement qui
essaie au maximum de réduire les intermédiaires qui pourraient le questionner,
qui veut beaucoup de pouvoirs, et qui trouve toujours de nouvelles façons de
s'en arroger davantage.
Il m'apparaît, il m'apparaît que ce n'est
pas souhaitable, vous connaissez notre position sur cet enjeu-là. Le Fonds
vert, c'est important, il doit plutôt être resserré pour servir directement
pour des enjeux environnementaux, ce qui n'était pas le cas sous le
gouvernement libéral. Alors, notre surprise, c'est qu'au lieu de resserrer ça
pour une meilleure gestion ça devient politisé. Alors, c'est le ministre de
l'Environnement qui va en faire une gestion discrétionnaire, d'une certaine
façon, et ça ne passe pas avec nous, essentiellement, et je pense qu'on n'ait
pas les seuls non plus.
Alors, il faudra se questionner sur tous
les pouvoirs nouveaux que ce gouvernement s'est arrogés depuis octobre 2018 et
son impact sur la reddition de comptes, sur notre démocratie, sur ce que ça
représente comme idéologie gouvernementale de faire ça aussi. Alors, il se
passe beaucoup de choses, de bousculer un projet de loi sur les
infrastructures, là, qu'on va devoir adopter en toute vitesse d'ici le 12 juin.
Donc, c'est un trait de caractère, c'est un trait de caractère, pour ne pas
dire en anglais — for Cathy, a pattern.
Le Modérateur : Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 30)