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Point de presse de M. Pascal Bérubé, chef du troisième groupe d’opposition

Version finale

Le mardi 2 juin 2020, 10 h

Salle Louis-Hippolyte-La Fontaine (RC.184), hôtel du Parlement

(Neuf heures cinquante-neuf minutes)

Le Modérateur : Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de l'aile parlementaire du Parti québécois. M. Bérubé va vous adresser quelques mots, ensuite, on prendra les questions.

M. Bérubé : Merci, Mathieu. Aujourd'hui, je veux vous parler des décisions importantes que prend le gouvernement du Québec, qui ont un impact sur notre santé publique, sur nos droits et libertés et sur les fonds publics, et relever un certain nombre d'enjeux importants, donc... excusez-moi, je suis un peu étourdi.

Alors, on a vu dans un quotidien en fin de semaine, un certain nombre de contradictions, notamment sur le port du masque, notamment sur la présence, à Montréal, du gouvernement, et aussi sur la réouverture des écoles. Alors, je suis disponible pour répondre à vos questions.

M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce qui vous dérange dans le port du masque?

M. Bérubé : Bien, on avait parlé de cet enjeu-là du port du masque — excusez-moi, je suis vraiment étourdi, je suis descendu vite un peu, excusez-moi. On avait posé la question du port du masque, et on se demandait pourquoi ce n'est pas obligatoire, et la Dre Liu a dit, dans un quotidien, que les explications étaient farfelues. Alors, on nous avait dit, au début, que c'était une question de droits et libertés, ensuite, c'était une question de disponibilité. Mais il y avait une question de nécessité, et je trouve, là, qu'il y a un enjeu important.

M. Laforest (Alain) : Concernant le grand, le vaste plan que le gouvernement va lancer aujourd'hui, là, pour embaucher 10 000 préposés aux bénéficiaires, est-ce que c'est trop ambitieux? Est-ce qu'on ne risque pas, justement, de faire un déplacement de personnel? Entre autres, les petits salariés, là, qui vont perdre leur emploi ou qui ne...

M. Bérubé : Mais on souhaite que le gouvernement réussisse, bien sûr. Mais, il n'y a pas seulement la question salariale, il y a les conditions de travail aussi. Et les gens ne vont pas s'engager pour répondre à l'appel du premier ministre. Ils vont s'engager parce que ça répond à, je dirais, à une mission, à une volonté de travailler dans le domaine de la santé avec des aînés. Oui, il y a les conditions salariales, mais les conditions de travail. Puis, je dirais qu'il y a de la publicité qui va être faite par le gouvernement du Québec, mais il y a tellement de mauvaise publicité qui se fait lorsqu'on découvre comment que ça se passe pour vrai, que ça va être difficile.

Alors, moi, je souhaite sincèrement que le gouvernement du Québec puisse atteindre son objectif, mais il y a aussi un enjeu de déplacement de personnel qui va donner une apparence, disons, d'avoir réglé un certain nombre d'enjeux. Je vous ai parlé du privé la semaine dernière, vous vous souvenez? Bien, cet enjeu-là existe, et il est clair qu'il y a déjà un mouvement de transfert d'employés du réseau de la santé vers le secteur public. Alors, je vous ai dit également que, dans la crise actuelle, le gouvernement du Québec s'assure qu'il y a une rémunération supplémentaire dans le privé. La question que je me pose, c'est : Est-ce qu'il l'a prévue pour palier au fait qu'il y a des aînés, qui ont autant besoin de soins et d'attention, puissent obtenir toute l'attention nécessaire par le personnel qui va être présent aussi dans les ressources privées?

M. Lacroix (Louis) : Mais ils vont les prendre où, à votre avis, ces 10 000 là, là? Ça fait des années qu'ils cherchent des ressources dans des CHSLD puis dans le secteur de la santé, puis ils ne trouvent nulle part. Puis là, tout à coup, ils vont tomber du ciel?

M. Bérubé : Je pense qu'ils misent beaucoup sur la rémunération. L'élément nouveau, c'est la rémunération et le contexte. Alors, soit qu'on compte sur le fait que des gens se disent : Je ne pensais pas être préposé aux bénéficiaires, mais, là, vous me payez plus, je vais y aller, ou : Les conditions se sont tellement améliorées que je vais y aller, ou : Bien, je me sens porté vers un appel d'aider les aînés, je veux y aller. Il y a de ça aussi, il y a des gens qui vont vouloir s'engager pour ça.

M. Lacroix (Louis) : Mme Blais disait la semaine passée que ça allait venir du... Elle, elle donnait des exemples, là, elle a dit : Il y a des gens qui ont perdu leur emploi dans le milieu de la restauration et de l'aéronautique. Pensez-vous vraiment qu'un technicien qui a perdu sa job chez Pratt & Whitney va aller travailler dans un CHSLD?

M. Bérubé : Quelles sont les nouveautés? Le contexte difficile et l'argent. Je souhaite vraiment que le gouvernement du Québec puisse réussir, mais ça va être difficile, et je ne sais pas d'où ils vont provenir. Dans ma circonscription, moi, je n'ai pas vu de mouvement significatif de personnes qui ont perdu leur poste qui ont décidé spontanément de devenir préposé aux bénéficiaires ou dans un autre domaine de la santé.

Mme Crête (Mylène) : Mais, là, le 26 $ de l'heure, vous ne pensez pas que ça va faire une différence?

M. Bérubé : Moi, j'ai vécu pendant deux ans et demi avec mon père en CHSLD. C'est quoi, en tout cas, de ma perception, le travail de préposés aux bénéficiaires, et je disais, à l'époque, qu'il n'y a pas beaucoup de métiers qui mériteraient une plus grande augmentation que celui-là. Mon père est décédé en 2017. Mais ce que les préposés me racontaient, c'est qu'il n'y a pas que l'argent, il y a les conditions, il y a la fatigue, il y a la charge mentale, il y a les conditions de travail qui sont épouvantables. Donc, il faut agir là-dessus aussi, sur les conditions de travail.

Puis la valorisation, ce n'est pas seulement des remerciements à nos anges gardiens. L'argent, c'est un bon pas. On le disait avant la crise qu'il fallait augmenter les conditions de préposés aux bénéficiaires, c'est important. Mais il y a les conditions puis il y a aussi... Quand les gens ont des choses à dénoncer, là, est-ce qu'on les écoute vraiment? Est-ce que les sonneurs d'alerte, que ces personnes-là deviennent malgré elles, sont vraiment écoutés, puis il y a des changements significatifs? Moi, j'en ai des cas, dans ma circonscription, de personnes qui me disent que le principal facteur qui les décourage de poursuivre leur carrière, c'est le fait qu'ils évoquent des enjeux qui sont potentiellement dangereux pour les bénéficiaires, puis ils ne sont pas écoutés.

Alors, trois enjeux. L'argent, c'est correct, c'est un bon pas dans la bonne direction. Conditions de travail, le problème demeure entier. Puis aussi, lorsqu'on voit des situations potentiellement dangereuses, il faut vraiment que les correctifs arrivent très rapidement. C'est la vie des gens qui est en jeu.

M. Larin (Vincent) : Concernant le sondage dans Le Journal de Québec en fin de semaine sur l'appui au tramway puis au troisième lien qui diminue, est-ce que vous pensez que ça ne serait pas le moment, justement, pour le gouvernement de revoir les investissements en infrastructure dans un contexte où les rapprochements... où ce n'est peut-être pas justifié d'avoir des moyens de transport où on est tous collés en sardines?

M. Bérubé : Non seulement ils ne les remettent pas en question, mais ils vont accélérer les infrastructures. On a appris récemment que le gouvernement du Québec va déposer un projet de loi en accéléré pour tout ce qui est infrastructure, puis il y a beaucoup d'argent en jeu, puis il va y avoir moins de surveillance. En tout cas, on ne voudrait pas vivre une deuxième commission Charbonneau, là, on veut s'assurer qu'il y ait un contrôle très strict sur l'augmentation significative des investissements publics en infrastructure, à la fois dans le tramway, le troisième lien, le REM, les tramways à Montréal, etc., prolongement du métro, nommez-les tous.

Moi, c'est un enjeu qui me préoccupe, là, sincèrement. Parce que, là, on va accélérer tellement les procédures avec ce que le ministre Dubé, le président du Conseil du trésor, va nous amener que j'ai l'impression, là, qu'on va tourner les coins ronds, potentiellement. On aura l'occasion d'échanger avec lui là-dessus, mais on a appris que ça allait être déposé incessamment. D'ailleurs, le premier ministre vous l'avait dit à la faveur d'un point de presse. Donc, il y a un enjeu là important.

M. Lacroix (Louis) : Quelles sont les indications qui vous font dire ça, M. Bérubé?

M. Bérubé : Bien, c'est un projet de loi presque sans précédent qui va être traité de façon accélérée par les parlementaires, et je présume que le gouvernement va vouloir l'adopter avant le 12 juin prochain. Donc, énormément d'argent en jeu, procédure accélérée, écoutez, chaque fois qu'il y a des montants importants en infrastructure d'investis, c'est clair qu'il y a de l'avidité qui va être créée chez certains. Et j'ai l'impression que toutes les mesures de surveillance des contrats ne seront pas nécessairement en place, à moins qu'on nous rassure. J'aime mieux partir de cette hypothèse-là puis être rassuré, mais c'est une préoccupation qu'on a.

Et quant aux infrastructures, je vous en rajouterai une qui n'est pas dans la liste. Le premier ministre s'est engagé en 2018, lors de l'élection, à prolonger l'autoroute 20 vers l'est. Il l'a fait également lors de son caucus de Rivière-du-Loup l'an dernier où plusieurs d'entre vous étiez là, et ce n'est toujours pas dans la programmation. Donc, quand Mme Guilbault dit que le troisième lien, c'est un projet pour l'Est du Québec... le projet pour l'Est du Québec, c'est le prolongement de la 20.

M. Larin (Vincent) : Est-ce que c'est toujours justifié d'accélérer ces grandes infrastructures, alors qu'on sait que ça va prendre des investissements dans les CHSLD, dans le réseau de santé?

M. Bérubé : Bien, questionnons davantage les maisons des aînés, tant qu'à ça. Le gouvernement fait ses choix. Il considère que la relance économique passe par les investissements dans les infrastructures. C'est son choix. Moi, je questionne le troisième lien quant aux coûts. Je trouve ça incroyable qu'on ne connaisse toujours pas les coûts.

Mais si on veut questionner des investissements importants qui proviennent d'une autre enveloppe, la Santé notamment, bien, les maisons des aînés, ça m'apparaît un enjeu fort questionnable. J'ai lu Jean-Paul Gagné, dans le journal Les Affaires, qui disait essentiellement les mêmes choses. Ça va coûter une fortune par place. Est-ce que c'est l'investissement le plus justifié, est-ce qu'il ne faut pas investir davantage dans les ressources humaines, dans les conditions de travail pour les aînés, des aînés actuels, là, qui en ont besoin? Ça, c'est beaucoup questionnable, quant à moi, les maisons des aînés.

M. Lacroix (Louis) : Depuis le début de la pandémie, le gouvernement a accéléré un paquet d'investissements, là, notamment en santé, de l'achat d'équipement, etc. Il y avait... je pense que ça tombait sous le sens de le faire, parce qu'il y avait une urgence, là. Est-ce que vous craignez que, dans cette précipitation-là, il y ait eu justement des gens qui en ont profité et qu'il pourrait y avoir eu de la malversation, par exemple, dans certains contrats? Parce qu'on a complètement aboli ou à peu près les appels d'offre, parce qu'il fallait que ça aille très vite.

M. Bérubé : En tout cas, on n'a manifestement pas précipité l'achat des masques au Québec, parce qu'on était les derniers. Pendant que d'autres provinces canadiennes, notamment dans l'Ouest, commençaient à acheter le matériel en janvier, on a été dans les derniers à acheter des masques. Alors, on était les derniers. Je ne sais pas pourquoi, qu'est-ce qui explique ce manque de préparation du gouvernement du Québec, de la Santé publique face à ce qui s'en venait, mais clairement on était dans les derniers de classe pour la prévision. Il faut le dire.

Pour le reste, je n'ai pas de raison de croire que des gens ont pu profiter de la situation pour s'enrichir indûment ou pour tenter d'augmenter les prix par le truchement de contrats de gouvernement du Québec. Je n'ai pas de raison de croire ça, mais, pour l'achat du matériel, je peux vous dire qu'on était les derniers et j'espère qu'on a pris des dispositions pour que dans... s'il y a une éventuelle deuxième vague, qu'on ne souhaite pas, bien, qu'on soit prêts cette fois-ci.

Mais quand on fait l'analyse... puis là, maintenant que mon souffle est repris, je vais vous dire ce que je voulais vous dire au début. Trois enjeux importants sur la différence entre la Santé publique et le politique. Je veux parler de la Dre Joanne Liu sur les masques. Tu sais, le Dr Arruda nous disait : Ah! Enjeu légal. Puis après : Oui, on n'en a pas assez. Mais après, il en donnait dans les sociétés de transport, puis maintenant, c'est fortement suggéré.

La plus grande sommité qu'est la Dre Joanne Liu le dit : On a perdu du temps précieux. Puis je n'ai pas entendu le Dr Arruda ni le premier ministre contester ce que la Dre Liu a dit dans un quotidien en fin de semaine. Elle dit que c'était des explications qui étaient farfelues. Ensuite, quand j'entends la Dre Mylène Drouin — en fait, je ne l'entends pas, mais la journaliste qui, elle, l'a interviewée, l'a entendue puis l'a même enregistrée — quand je lis la Dre Mylène Drouin, qui dit que toute l'attention aurait dû être sur Montréal, bien, on dit ça depuis longtemps, que les points de presse doivent servir essentiellement pour des raisons de santé publique. Et j'ai l'impression que plus ça va, plus il se fait de politique puis moins il se fait de la santé publique.

Et l'autre enjeu, pour terminer, ce n'est pas anodin, là, j'apprends dimanche, par l'entremise du Dr Arruda, que ce n'est pas la santé publique qui a dit : Ne réouvrez pas les écoles de Montréal. C'est le gouvernement du Québec, donc c'est une décision politique. Pourquoi on nous ne l'a pas dit?

M. Laforest (Alain) : Il a dit le contraire, hier.

M. Bérubé : Bien là, les affaires ne marchent pas, là. Dr Arruda l'a dit puis c'est enregistré. Je veux dire, la Dre Drouin aussi puis Dre Liu aussi. Là, à un moment donné, là, c'est bien beau dire : Ce n'est pas arrivé, là, mais ils l'ont dit. Alors, le Dr Arruda a dit au mot, dans le texte, qu'ils auraient pu réouvrir puis le gouvernement du Québec a pris la décision politique de ne pas réouvrir.

M. Lacroix (Louis) : Mais sur les masques, là, quand... la première fois que cette question-là a été soulevée en conférence de presse, c'était le 6 avril. Je le sais parce que c'est moi qui ai posé la question. Puis à ce moment-là, on nous avait dit qu'il n'y avait pas d'étude scientifique qui démontrait l'utilité du masque, alors que l'INSPQ en avait produit une en 2007.

M. Bérubé : Mais partout dans le monde, entre avoir un masque puis ne pas avoir de masque, je vais prendre avoir un masque. Bien voyons! c'est l'évidence même. Regardez Taïwan, ce qui se passe là-bas, aucun cas, à peu près. Il y a une tradition de port du masque. Je ne vois pas qu'est-ce que ça enlevait de porter le masque. Puis au début, souvenez-vous, là, quand j'ai évoqué cette question-là, j'ai eu des critiques très, très dures, hein : Ah! Là, on ne peut pas faire ça parce qu'il y a un argument juridique. Julius Grey, c'est quelqu'un qui surveille ça pas à peu près, il a dit : Non, non, c'est correct. O.K. là, ça a... il faut changer d'argument : Oui, mais il n'y en a pas pour tout le monde puis ça va créer un déséquilibre entre ceux qui ont le moyen de s'acheter un masque puis ceux qui n'ont pas le moyen. Celui-là, il a coûté à peu près 1 $ à faire. C'est une dame de mon comté qui me l'a offert. Pour des questions aussi fondamentales, je pense qu'on est capables de s'organiser.

Des voix : ...

M. Bergeron (Patrice) : M. Bérubé, qui est en faute actuellement? Qui est en faute? Est-ce que c'est... Parce que là, souvent, vous encerclez Dr Arruda, là.

M. Bérubé : On se rapproche.

M. Bergeron (Patrice) : Oui, donc, ça serait Dr Arruda, selon vous, qui serait responsable de ce cafouillage-là?

M. Bérubé : Bien, le gouvernement du Québec et la santé publique sont difficilement dissociables maintenant.

M. Bergeron (Patrice) : Il est trop collé au gouvernement. Comment...

M. Bérubé : Voyons! c'est une évidence depuis le début. Alors, ils prennent des décisions de façon solidaire. Mais, dans l'enjeu des masques, on a perdu du temps précieux. Alors, si vous ne prenez pas ma parole, prenez celle de Joanne Liu, qui est une sommité indiscutable dans le domaine, qui a dit que c'étaient des positions farfelues, puis ça aurait dû être la première chose à laquelle le premier ministre aurait dû répondre, et le Dr Arruda, au point de presse, hier, avant même vos questions. C'est majeur, là. Puis là, maintenant, c'est fortement encouragé, puis on en distribue dans le métro. J'ai vu la ministre responsable de Montréal dans le métro. Je veux dire, rendu là, on dit la même chose, sauf qu'on s'est fait critiquer pour avoir posé une question qui était une évidence, puis là, maintenant, bien, on réalise qu'on a perdu du temps précieux.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que c'est de la négligence, ça, M. Bérubé, d'avoir... on avait... tout ce que vous dites, c'est qu'on avait tout en main pour pouvoir prendre la décision dès le départ, de dire : Portez le masque. Il faut... ça a pris au moins un mois, un mois et demi avant qu'on le recommande fortement, là.

M. Bérubé : Je vais vous le poser de façon différente, puis si vous trouvez que je n'ai pas assez bien répondu, je vais me ressayer.

Il fallait donner les vraies raisons. Si les raisons c'était qu'on n'en avait pas assez, il fallait le dire dès le départ, mais il ne fallait pas dire que le masque n'était pas une protection adéquate pour protéger les autres puis se protéger si l'autre en porte aussi. On a perdu du temps précieux, notamment à Montréal, c'est évident, dans les transports en commun, dans les lieux publics, dans les rassemblements. Imaginez, Montréal, c'est Laval aussi, et c'est ailleurs au Québec. Donc, c'est un enjeu qui était important pour nous. Ça ne nous rend pas populaires, ça, de dire aux gens : Il devrait y avoir une protection que supplémentaire, mais c'était la position la plus responsable, et je suis heureux de l'avoir évoquée au niveau de notre formation politique.

M. Laforest (Alain) : C'est qui qui est fautif?

M. Bérubé : Mais là on fera l'évaluation après.

M. Laforest (Alain) : Mais vous venez pas mal de le faire, là, mais c'est en tournant autour du pot. Rentrez dedans ou arrêtez de tourner, là. C'est qui, c'est la santé publique ou c'est le premier ministre? C'est qui qui est coupable, là?

M. Bérubé : Bien, aucun des deux ne s'est dissocié de cette position-là. Alors, à la fois la santé publique et le gouvernement du Québec sont interpellés parce que la Dre Joanne Liu a dit dimanche, en tout cas ce qui a été publié dimanche, à l'effet que la position était farfelue, et on a perdu du temps précieux.

Puis, pour les écoles, c'est très important ce qui s'est passé. Le ministre nous a dit, là — puis Mathieu, là, tu m'avais la déclaration tout à l'heure — que le ministre disait qu'on n'a pas l'autorisation de la santé publique pour réouvrir les écoles. Ce n'était pas ça. Ce n'était pas ça, finalement, c'est une décision qu'ils ont prise politiquement.

Moi, ce que je demande essentiellement, c'est qu'il y ait une distinction entre si c'est la santé publique, dites-le, puis si c'est le politique, dites-le, puis on pourra être d'accord ou pas. Il faut juste que ça soit clair. Puis là, pour les écoles, ce ne l'était pas, puis on l'a appris au point de presse de 13 heures, puis je trouve ça regrettable.

M. Lacroix (Louis) : Dans Côte-St-Luc, ça va être obligatoire à partir du...

M. Bérubé : Oui, j'ai vu ça, oui.

M. Lacroix (Louis) : ...du 1er juillet, le port du masque.

M. Bérubé : Une municipalité qui va exercer sa souveraineté territoriale. Est-ce que la ville de Montréal pourrait le décréter elle-même? Je pense qu'ils vont vouloir se fier à la Santé publique, mais...

M. Lacroix (Louis) : Mais si Côte-Saint-Luc l'a fait?

M. Bérubé : Je ne connais pas l'état du droit là-dessus, du droit municipal. Est-ce qu'ils peuvent vraiment l'imposer? Je ne le sais pas. Mais il y a véritablement une préoccupation à Montréal, puis avec le rassemblement qui a eu lieu dimanche, disons qu'il y a de quoi inquiéter aussi. Alors... Puis, vous savez que les craintes que vivent des gens à l'extérieur de Montréal, elles sont notamment liées à ce qui se passe à Montréal comme protection, et à Laval.

M. Lavallée (Hugo) : Concernant la manifestation de dimanche, justement, il y a beaucoup de Québécois qui demandent des mesures concrètes contre le profilage. Vous avez déjà été critique en matière de sécurité publique. D'abord, est-ce que vous pensez qu'il y a un problème? Puis, de deux, qu'est-ce qu'on doit faire?

M. Bérubé : De profilage, bien, c'est documenté, il y a des rapports là-dessus, notamment de la commission des droits de la personne et de la jeunesse qui s'est prononcée à cet effet-là. Est-ce qu'il y a du racisme au Québec? Oui. Est-ce qu'il y a des actes racistes au Québec? Oui. Est-ce qu'ils méritent d'être combattus, dénoncés, jugés, condamnés? Oui. Est-ce qu'il y a du racisme systémique au Québec? Je n'y crois pas. Alors, la société québécoise n'est pas raciste. Nous ne sommes pas les États-Unis d'Amérique, mais il existe des racistes, ils existent des actes racistes, et il faut les combattre, mais je refuse de croire qu'une des sociétés les plus ouvertes au monde quant à la diversité, quant aux droits et libertés, qui est la société québécoise, produit un système qui crée du racisme, je ne suis pas de cet avis.

M. Lavallée (Hugo) : Mais concernant la question spécifique du profilage au sein...

M. Bérubé : Mais ça se... Bon, c'est... Il y a un exercice qui est un livre vert, qui a été amorcé par la ministre de la Sécurité publique. Elle a dit, dans les derniers jours, que ça serait un des éléments de la réflexion. Je ne me souvenais pas de l'avoir vu dans la table des matières, mais évidemment que l'occasion est belle de se poser cette question-là, si, systématiquement, des policiers en patrouille, par exemple, interpellent davantage la population noire, la population autochtone, la population arabe ou toute minorité visible, c'est fortement préoccupant et c'est...

M. Laforest (Alain) : C'est documenté ça, M. Bérubé, on n'a pas...

M. Bérubé : Bien, alors... C'est documenté, mais alors, là, j'interpelle les corps de police qui sont les responsables de cela. Quelles mesures ont été prises depuis le rapport de la commission des droits de la personne et de la jeunesse, notamment? Et c'est M. Caron au SPVM ou la directrice de la Sûreté du Québec qui vont devoir y répondre. Mais là ce n'est plus entre les mains du politique. Je pense que les corps de police ont des responsabilités puis ont des réponses à nous apporter.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, le gouvernement n'a rien à faire si ce sont...

M. Bérubé : Bien, le gouvernement doit s'assurer que les... comment dire, doit s'assurer que les corps de police ont bien entendu ce message et ont pris des mesures qui donnent des résultats, notamment au SPVM. Puis le SPVM, on a une influence sur lui, quand même, le Conseil des ministres, qui doit valider la nomination du patron du SPVM, qui est M. Caron présentement. Donc, qu'est-ce qui a été fait au SVPM depuis ce temps-là? Combien d'actes répréhensibles ont été faits?

Alors, évidemment, certains sont documentés, mais d'autres non, il y a beaucoup de personnes qui étaient sur les réseaux sociaux, qui se font suivre en voiture, qui se font interpeller, demander leurs papiers. Ça, si on a des bonnes raisons, quelle que soit la personne qui est interpellée, oui, mais si c'est abusif puis c'est lié à la couleur de sa peau, à son origine, c'est inacceptable. Moi, je ne veux pas voir ça au Québec.

Mme Krol (Ariane) : Sur la loi sur les lanceurs d'alerte, on a un rapport du Conseil du trésor qui dit que, finalement, c'est les patrons, dans bien des endroits, qui reçoivent et traitent les plaintes.

M. Bérubé : Absolument.

Mme Krol (Ariane) : Est-ce que c'est la façon la plus efficace qu'on peut avoir d'appliquer cette loi?

M. Bérubé : Une partie de la réponse est dans votre question : bien sûr que non. Depuis l'affaire Louis Robert, il me semble qu'on devrait s'assurer qu'il y a une étanchéité importante pour ne pas que ces dénonciations-là soient connues dans le milieu de travail, ce qui fait en sorte qu'il y a des gens qui se préparent une défense, il y a des gens qui peuvent exercer des représailles, il y a des gens qui peuvent décider de banaliser un certain nombre de dénonciations. C'est évident que ce n'est pas la façon de procéder.

Puis, quant à... Je vais faire un lien quand même avec le courriel qui a été lancé récemment par la ministre de la Santé, qui répond un peu à la même exigence. On nous parle qu'il y a beaucoup de courriels qui ont été reçus, mais la question, c'est : Combien de ces courriels-là, sérieux, ont conduit à des modifications rapides de situations dangereuses? Ça, c'est la question importante. De dire : On en a reçu beaucoup puis ça fonctionne, oui, mais ça fonctionne si quelqu'un du Centre Marie-Anne-Ouellet de Lac-au-Saumon, dans mon comté, un vrai cas qui a été écrit, là, à ce courriel-là... bien, c'est quoi la modification qui a été faite rapidement pour s'assurer qu'il n'y a personne en danger? C'est là-dessus qu'on devrait mesurer le degré de réussite des dénonciations sérieuses qui reposent sur des situations réelles.

Mais, quant à ce que vous évoquez, qui est dans un quotidien ce matin, c'est évident que ça ne va pas encourager les lanceurs d'alerte, puis on en a besoin dans la fonction publique. Il y a beaucoup d'argent en jeu, il y a des jeux de pouvoir, il y a des jeux d'influence, et, moi, je serai toujours du côté de ceux qui veulent promouvoir les meilleures pratiques possible et la vérité.

Mme Krol (Ariane) : Est-ce que vous y voyez de l'inexpérience ou quelque chose de relativement délibéré, là? On regarde d'ailleurs pour...

M. Bérubé : Le gouvernement n'aime pas beaucoup se faire critiquer, ce gouvernement n'aime pas beaucoup se faire critiquer. Alors, j'espère que ce n'est pas lié à ça, mais là, maintenant que c'est entendu, là, ils vont l'entendre, mon message, là, puis votre question. J'imagine qu'ils vont faire des modifications, sinon, où réside l'intérêt du gouvernement du Québec à ne pas resserrer les mesures pour faire en sorte que les gens qui ont des choses sérieuses à dire puissent les dire sans représailles? Alors, c'est important.

Puis sur les lanceurs d'alerte, on avait des propositions très sérieuses. D'ailleurs, on a fait une motion — c'est la semaine dernière qu'on a fait une motion? — dans le domaine de la santé, ils ont refusé. Ils veulent une seule version, la version du show de 13 heures. Prenez cela, puis le reste c'est, disons, des données divergentes du discours principal.

Le Modérateur : D'autres questions? On passe en anglais. En anglais.

Une voix : ...

Mme Senay (Cathy) : Good morning...

Une voix : ...

Mme Senay (Cathy) : I can see this, you're a very lucky man, good for you. So, I have to wait.

So, orderlies, the fact that they are launching this advertisement... I don't know if you saw the two advertisings, but it's a young woman and they're saying : Well, we need the best of you, and there is a parallel with Thérèse, who's an elderly...

M. Bérubé : Who's Thérèse?

Mme Senay (Cathy) : Thérèse is an elderly, and then, you have this young woman that can take care of Thérèse, and then, you have another young man that can take care of Henri. I mean, they're using the human touch. Is this the right strategy?

M. Bérubé : Well, it's not about what the Premier wants : I want 10,000 people to be involved in our CHSLDs. It's not about that, it's about the working conditions of those people, money too, sure, it's a good thing that the salary is going to be increased, but it's about a lot of things and we have... It might be a good publicity, but we have a lot of bad publicity through the years about what is going on in the CHSLDs. And a lot of people said : We work in dangerous conditions, people that we are in charge of are in danger or in bad conditions. And they keep telling this to the Minister of Health and nothing happens.

So, it's a good thing that they increased the salary. Good thing, we agree with that, but it's about the conditions of work and it's about when they have something to say, please listen to them, then fix quickly what's going on, what is not working. But it's not about what the Premier wants, we're not in a... it's not because the Premier said : I want 10,000 people that people are going to say : OK, I was not supposed to work in this area, but since the Premier says so, I'm going to go there. It's now working that way.

And the other thing that I want to point is that some people work in the private sector, so their salaries are less than the salary in the public sector. So, on a 10,000... «objectif»...

Mme Senay (Cathy) : Well, the goal of recruiting...

M. Bérubé : ...the goal is 10,000 people. You might have maybe 1,000 or 2,000 people coming from the private sector. So you have 2,000 more in the public sector when you have less people in the private one.

Mme Senay (Cathy) : So can it cause an imbalance? Even some nurses are...

M. Bérubé : It's half of a good news. So one of your colleagues, M. Lacroix, he is just in front of me, said a good thing. He said : Do you see people from the restauration area or the hotel area saying : I want to go there? It might happen, but I am not seeing that. But the publicity is new since today. Let's see if it works.

Mme Senay (Cathy) : As of July 1st in Côte-Saint-Luc, it will be mandatory to wear a mask in indoor spaces. That means stores, businesses, municipal buildings. And if you don't wear a mask and you're being caught, well, there is a fine. There is a fine between 100 $ and 500 $ for residents. What do you think about this bylaw?

M. Bérubé : It is serious, it is certainly serious. And it shows us that the situation on the Island of Montréal is... it's serious stuff. And since months we question the Government about the fact that we should wear a mask. It is better for the health of everyone. And the Premier and Dr. Arruda told us that first it was a legal thing, then it was that we don't have enough masks, then it was... they decide to give away masks in the subway. So it is hard to follow them. But I don't see that in a bad way. If Côte-Saint-Luc decides that this is the way they want to protect the people, my question is : Montréal can do that too? And do they have to wait until they have a permission of Dr. Arruda? So I have some questions about this issue.

Mme Senay (Cathy) : At the same, if a municipality does that, is there a violation of...

M. Bérubé : I don't know.

Mme Senay (Cathy) : ...freedoms and liberties for individuals?

M. Bérubé : I guess they are going to check those kinds of matters. It is serious matter. So it's a legal thing, but what I want to show you is that they take this matter seriously. And that's the first thing I have in mind when I read those kind of news.

Mme Senay (Cathy) : They are kind of alone so they go ahead?

M. Bérubé : Yes, they have their own city — that was not our choice, back in the days — but they are doing what they think is the good thing to protect their population.

Mme Senay (Cathy) : And my last question is about Côte-des-Neiges, NDG, they are calling on Montréal to make sure that police officers have body cams...

M. Bérubé : Body cams?

Mme Senay (Cathy) : Body cams. Oui. It is used in some...

M. Bérubé : ...

Mme Senay (Cathy) : Well, police officers are using body cams so you have an idea about what you do all the time, so... But there are some police officers in the U.S. that do have body cams. I am not sure if it does work since we can see what happened in Minneapolis, but it does exist, this measure does exist in the U.S. for some police officers. So NDG is coming back to this. Montréal has said no first, a few months ago, for body cams. What do you think? Police officers should wear body cams or that is too much?

M. Bérubé : I don't have any reflection about that. It's new to me, so thank you for the news. I will get back to you.

Mme Senay (Cathy) : OK. Good. Fair enough.

Le Modérateur : Dernière question parce qu'il y en reste...

M. Bergeron (Patrice) : Concernant le projet de loi n° 44, le gouvernement a choisi, donc, de le prioriser, celui-là, à travers tous, là. Pourquoi selon vous? Puis qu'est-ce que vous lisez de cette décision-là du gouvernement?

M. Bérubé : Bien, le projet de loi n° 44 sur le Fonds vert. Bon, alors, c'est un fonds qui avait besoin davantage de surveillance. Résultat : on va moins le surveiller, et ça va devenir le budget discrétionnaire du ministre de l'Environnement. Pas mal!

Alors, vous réalisez que, dans un ensemble de secteurs, le gouvernement s'arroge des pouvoirs exceptionnels. Que ça soit le ministre de l'Économie sur Investissement Québec, que ça soit le ministre de l'Environnement sur le Fonds vert, que ça soit le ministre de l'Éducation avec la réforme qui lui permet d'écrire directement aux parents puis d'éliminer tout intermédiaire qui pourrait contester son pouvoir, c'est un gouvernement qui essaie au maximum de réduire les intermédiaires qui pourraient le questionner, qui veut beaucoup de pouvoirs, et qui trouve toujours de nouvelles façons de s'en arroger davantage.

Il m'apparaît, il m'apparaît que ce n'est pas souhaitable, vous connaissez notre position sur cet enjeu-là. Le Fonds vert, c'est important, il doit plutôt être resserré pour servir directement pour des enjeux environnementaux, ce qui n'était pas le cas sous le gouvernement libéral. Alors, notre surprise, c'est qu'au lieu de resserrer ça pour une meilleure gestion ça devient politisé. Alors, c'est le ministre de l'Environnement qui va en faire une gestion discrétionnaire, d'une certaine façon, et ça ne passe pas avec nous, essentiellement, et je pense qu'on n'ait pas les seuls non plus.

Alors, il faudra se questionner sur tous les pouvoirs nouveaux que ce gouvernement s'est arrogés depuis octobre 2018 et son impact sur la reddition de comptes, sur notre démocratie, sur ce que ça représente comme idéologie gouvernementale de faire ça aussi. Alors, il se passe beaucoup de choses, de bousculer un projet de loi sur les infrastructures, là, qu'on va devoir adopter en toute vitesse d'ici le 12 juin. Donc, c'est un trait de caractère, c'est un trait de caractère, pour ne pas dire en anglais — for Cathy, a pattern.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 30)

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