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Point de presse de M. Christian Dubé, président du Conseil du trésor

Version finale

Le mardi 26 mai 2020, 13 h 18

Salle Louis-Hippolyte-La Fontaine (RC.184), hôtel du Parlement

(Treize heures dix-neuf minutes)

M. Dubé : Alors, bonjour, tout le monde. Premièrement, très content de vous revoir puis de voir que les gens, on peut les voir en personne de temps en temps. Ça fait du bien de ne pas toujours être dans le domaine du virtuel.

Trois choses. Particulièrement sur la négociation des conventions collectives, j'aimerais vous dire que, par le dépôt que nous avons fait dans les derniers jours par l'intermédiaire de Mme Lapointe, qui est notre négociatrice en chef… j'aimerais faire trois remarques.

Premièrement, on est très satisfaits d'avoir pu déposer des offres qui respectent nos principes, à savoir des offres différenciées qui, particulièrement pour les préposés aux bénéficiaires et pour les enseignants, respectent les engagements que nous avons pris depuis la campagne électorale, mais qui ont été, je dirais, affinées, améliorées au cours des discussions intensives que nous avons eues dans les dernières semaines.

Et, à ce titre, je tiens à remercier la collaboration des syndicats parce que ce n'est pas toujours facile de faire des négociations à l'intérieur de ce que l'on vit présentement. Donc, je tiens à les remercier parce qu'ils ont embarqué avec nous quand on a dit qu'on voulait faire un blitz de négociation. Même si on ne s'est pas encore entendus aujourd'hui, vous savez qu'on s'est beaucoup rapprochés. Et je voulais mentionner que les deux parties, la partie patronale et syndicale, ont vraiment bien collaboré au cours des dernières semaines, je tiens à le préciser, pour bien définir justement comment on pouvait en arriver à des offres différenciées.

Mon deuxième point, bien, qui suit le premier, c'est qu'on ne s'est pas encore entendus. Donc, il reste du travail à faire. Puis autant, je pense, que du côté des dollars, ce qu'on appelle le monétaire, je vous dirais que, du côté du normatif, il nous reste du travail à faire. Et je vous donnerais, à titre d'exemple, le travail qu'il nous reste à faire avec les infirmières encore une fois, où on a eu, avec Mme Bédard, il y a plusieurs semaines, un blitz important. On s'est rapprochés beaucoup des préoccupations qu'ils avaient non seulement au niveau sécuritaire, mais en termes de normes.

Puis on peut parler de ratios. Vous avez vu que, dans le document qui a été déposé ce matin, on parle de mesures pour mieux stabiliser les ressources. Puis ce n'est pas parce que je veux jouer sur les mots entre le ratio ou stabilisation de ressources, mais la raison pour laquelle je le mentionne, puis je termine là-dessus, c'est que, lorsqu'on parle de ratios, on pense à une catégorie d'emploi. On pense aux infirmières. Mais, pour que ça fonctionne bien, tout le monde le sait, sur un étage, il y a des infirmières, il y a des infirmières auxiliaires et il y a des préposés aux bénéficiaires. Et il faut avoir cette vue-là globale pour en arriver au bon nombre de ressources que ça prend pour soigner des patients.

Alors, ça, c'est mon deuxième point. Il nous reste du travail. Vous avez vu qu'on a cette terminologie-là dans ce qui nous reste à faire. On l'a clairement déposé.

Et mon troisième point, bien, je pense qu'on va, au cours des prochaines semaines, être capables de tout attacher ça ensemble parce qu'il nous reste des éléments qui sont peut-être importants pour certains, mais moi, je vois vraiment une perspective d'entente. Et c'est pour ça qu'exceptionnellement nous avons décidé de publier les offres pour que les gens puissent apprécier tout le chemin qu'on a parcouru dans les quatre ou cinq derniers mois, là, depuis qu'on a déposé nos offres en décembre.

Alors, c'étaient les quelques mots que je voulais dire avant de commencer puis je suis ouvert à prendre vos questions.

M. Laforest (Alain) : La FTQ parle de recul. Ça a été leur réaction immédiate. Et la CSN dit qu'on n'a rien réglé au niveau des conditions de travail.

M. Dubé : Bon, alors on va les prendre un par un. Je vais commencer par la CSN. Le commentaire que j'ai entendu de la CSN ce matin... Puis c'est pour ça que c'est important de mettre les offres par écrit, parce qu'on négocie beaucoup, on parle, mais à un moment donné c'est important de mettre les choses très claires. Vous savez que les écrits restent. Quand on dit qu'on n'a pas avancé… J'ai entendu le commentaire de Mme Senneville, qui dit : Oui, mais ce n'est pas une augmentation de salaire, c'est juste des primes. Écoutez, on fait une augmentation de 12 % en sus du 5 %, et ce 12 % là, il a deux composantes. Il y a une composante salaire, 4 %, puis il y a une composante prime, qui est permanente. Pour vous montrer que cette prime, elle est permanente et non temporaire, comme une prime COVID, c'est que cette prime-là, elle est cotisable. Vous pouvez avoir des bénéfices sur votre fonds de pension.

Donc, nous avons trouvé la voie de passage que je vous expliquais la semaine dernière, d'être capables de donner le 12 %, qui était recherché, en sus du 5 %, qui est le salarial, qui va avec l'inflation. Donc, moi, ce que je dis à Mme Senneville de la CSN : Il faut appeler un chat un chat. On a 12 %. On a trouvé une voie de passage pour ne pas avoir l'effet de domino. Moi, je pense qu'une offre de 18 % d'augmentation de salaire et de rémunération pour les préposés aux bénéficiaires, qui passent de 42 000 $ à 51 000 $, c'est très raisonnable. Et ça respecte la capacité de payer de nos citoyens.

M. Lavallée (Hugo) : Mais, avec cette offre-là, est-ce qu'il y aurait une obligation pour le gouvernement en tout temps de maintenir certains ratios? Parce que le Parti libéral proposait d'enchâsser ça dans une loi, là, qui soit dédiée à ça. Est-ce qu'on aurait une garantie?

M. Dubé : Je vais juste terminer, parce que ce qu'on disait… Si vous me permettez, je vais revenir sur les ratios. Je n'ai pas de problème. Mais je veux juste terminer avec M. Laforest. Donc, la CSN dit : Ce n'est pas des vraies augmentations, c'est des primes temporaires. Je dis : Au contraire, soyons très clairs, ces primes-là, exactement comme les primes que les infirmières reçoivent depuis des années, des primes permanentes lorsqu'on est en salle d'op, mais il n'y a plus personne qui conteste ces primes-là. La prime qu'on parle, c'est une prime…

Concernant le commentaire de la FTQ, puis j'apprécie beaucoup… Quand je vous dis qu'on a avancé, moi, je pense que c'est peut-être difficile pour eux de voir comment on peut avancer sur toutes les professions en même temps ou les catégories d'emploi. Moi, je pense que, sur les PAB, on a fait des avancées majeures. Puis je laisserai aux employés, je laisserai aux PAB, de discuter avec leurs représentants syndicaux si 18 %, dans les circonstances que l'on vit aujourd'hui, c'est raisonnable. Moi, je pense que oui. Puis, je pense, je le répète, la capacité des citoyens de payer est importante.

Maintenant, sur votre question des ratios, je l'ai expliqué dans mon introduction, mais je vais le refaire, régler le nombre de personnes qu'on a besoin pour bien servir les patients, ce ne se règle pas uniquement par un ratio d'infirmières. Il faut avoir trouvé toutes les infirmières qu'on a besoin. On a besoin d'ajouter des effectifs, peu importe le ratio que vous auriez besoin de trouver, premièrement. Et ça, on n'est pas capables de trouver en ce moment le bon nombre d'infirmières. Il y a toutes sortes de raisons derrière ça. Il y a la sécurité. Il y a le temps supplémentaire obligatoire. Il y a une foule de raisons sur lesquelles il faut travailler.

Ce que nous avons dit, puis c'est dans le document écrit qu'on a déposé ce matin, vous pourrez aller le voir, on a dit aux infirmières qu'on était ouverts à discuter la stabilisation des ressources. Pour moi, c'est exactement ça qu'on est prêts à discuter avec eux. Mais il faut s'entendre que, sur le même étage, il va y avoir aussi des préposés aux bénéficiaires puis il va y avoir aussi des gens qu'on appelle… qui vont avoir… les infirmières auxiliaires. C'est tout ce groupe-là, de personnel, sur lequel il faut s'entendre puis dire : Qu'est-ce que c'est, qu'avoir un personnel suffisant pour un étage ou pour un établissement?

Alors, moi, je vous dirais, on ne peut pas être plus clairs que ça. Et c'est pour ça que je vous l'ai dit en rentrant, il nous reste ça à discuter notamment avec les infirmières. On est prêts à le faire. Ça prendra le temps qu'il faudra au cours des prochaines semaines. Mais, en termes monétaires, on est rendus au bon endroit.

M. Lavallée (Hugo) : Et donc, pour être… Parce que vous dites : Il faut en discuter, on est ouverts à en discuter. Mais est-ce qu'il faut que ce soit enchâssé dans la convention…

M. Dubé : Et voilà.

M. Lavallée (Hugo) : Mais vous, vous êtes prêts à aller jusque-là, là…

M. Dubé : On est prêts à jusque-là.

M. Lavallée (Hugo) : …les ratios dans la convention?

M. Dubé : Bien, écoutez, ce qu'on a dit, c'est : Venez-vous asseoir avec nous, parce que c'est beau, demander des ratios, mais il faut qu'ils soient assis à la table. Rappelez-vous il y a quelque mois, quand on disait : Bien, voyons, les forums, ce n'est pas la bonne façon de discuter, bien, c'est grâce aux forums qu'on s'est entendus à avoir des offres… On s'est entendus sur la hauteur parce qu'on a bien défini qu'est-ce que c'était, un poste de PAB, comparé à d'autres.

M. Lacroix (Louis) :  Ça coûte combien, M. Dubé, ce que vous proposez, à l'État? Vous l'avez chiffré évidemment?

M. Dubé : Oui. La règle du pouce, M. Lacroix, elle est simple. Chaque pourcentage, 1 %, vaut 400 millions parce qu'on a une masse salariale de 40 milliards. Alors, lorsqu'on donne l'équivalent, premièrement, de 5 % sur trois ans, on augmente la masse salariale de 2 milliards. Premièrement.

Deuxièmement, on a deux montants forfaitaires. Vous savez, on a dit qu'on paierait un montant forfaitaire en 2020 de 1 000 $. Ça aussi, c'est l'équivalent de 1 %, donc un autre 400 millions. Il y a un deuxième montant forfaitaire qu'on met dans la deuxième année, 600 millions, un petit peu plus, 600 $ par employé. Donc là, on est rendus à 3 milliards. Et là, après ça, il faut chiffrer spécifiquement ce qu'on donne aux PAB, qui est, minimum, de l'ordre de 300 millions.

Alors, on peut voir que, sur une masse salariale de la santé, qui est à peu près la moitié du 40 milliards dont je parlais tout à l'heure, c'est que le 3 milliards est un montant excessivement important. Donc, je pense que, quand je fais l'équilibre entre — ce que je disais tout à l'heure — la capacité de payer des citoyens puis les augmentations qu'on donne dans le cadre de ce qu'on connaît aujourd'hui, c'est plus que raisonnable.

M. Lacroix (Louis) : 3 milliards sur cinq ans…

M. Dubé : Non, on a fait… Les gens nous avaient dit que c'était peut-être plus intéressant pour eux de régler seulement pour trois ans. Alors… Non, il n'y a pas de problème. Alors, l'offre qui est sur la table, c'est 5 % pour trois ans.

M. Bergeron (Patrice) : Quand vous parlez de stabilisation des effectifs des infirmières, là, dites aux gens, là, qu'est-ce que ça signifie, stabilisation des effectifs. Qu'est-ce que vous voulez dire par là?

M. Dubé : Bien, j'apprécie la question. On s'entend bien en ce moment que, quand il y a… M. Legault l'a dit à tous les points de presse, il manque 10 000 personnes. Avant de penser à mettre des ratios, il faut combler ce premier 10 000 personnes là. Ça, ça veut dire que, dans des CHSLD, particulièrement en zone rouge, ou dans des centres hospitaliers, il manque des gens. Ça fait que, nous, ce qu'on s'engage envers les différentes centrales syndicales, c'est qu'on va tout faire pour faire pour ramener ce personnel-là au niveau voulu.

Une fois qu'on va avoir déterminé le bon niveau voulu pour que ça fonctionne normalement, puis pas toujours en temps supplémentaire, d'avoir assez de place pour avoir l'absentéisme normal de 2 %, 3 %, et non de 7 %, 8 %, 9 %, qu'on connaît aujourd'hui, lorsqu'on aura établi ces paramètres-là, bien là on va être capables de dire : Bon, bien, maintenant, qu'est-ce que ça prend, comme infirmières, qu'est-ce que ça prend, comme PAB, qu'est-ce que ça prend, comme infirmières auxiliaires? On est prêts à discuter ça et on a dit qu'on allait le faire au cours des prochaines semaines.

Mme Crête (Mylène) : Ce serait quoi, l'échéancier pour la stabilisation des effectifs?

M. Dubé : Bien, moi, je vous dirais, le plus rapidement possible. On s'est donnés jusqu'au mois de décembre pour le faire. Mais je pense qu'avec ce qui est... Puis c'est dans le document que vous avez ce matin, ce qu'on a dit puis ce qu'on est prêts à faire, c'est le faire le plus rapidement possible parce que c'est tout le monde qui va en bénéficier. La journée qu'on s'entend là-dessus, notamment avec la FIQ, il va être bien plus facile d'engager du personnel parce que les gens vont voir que les conditions de travail vont être meilleures, pas juste les dollars, mais le nombre d'infirmières ou de préposés aux bénéficiaires va être meilleur. Donc, nous, on est intéressés à le faire le plus rapidement possible.

M. Larin (Vincent) : Est-ce qu'il est toujours prévu qu'on «close the deal» en juin?

M. Dubé : Bien, écoutez, moi, ma... C'est beaucoup plus aux syndiqués de... Puis c'est pour ça qu'on l'a mis par écrit. Je me répète. Là, au moins, c'est très clair, ce qui est sur la table. S'ils sont prêts à négocier… Puis c'est toujours une offre qui est là pour un règlement. Donc, on se comprend, c'est qu'on veut régler, et le plus rapidement possible. Bien, tout le monde va avoir ça derrière eux. Tant mieux si on est capables de le faire d'ici la fin juin. Je l'apprécierais.

M. Lavallée (Hugo) : Votre document se termine par une phrase assez claire : «En raison des circonstances exceptionnelles, la capacité gouvernementale de maintenir cette proposition pourrait évoluer rapidement.» Qu'est-ce que ça signifie concrètement? C'est un ultimatum? Il faut régler ça d'ici quelques semaines?

M. Dubé : Moi, je n'ai jamais parlé de... Je pense qu'il y a une chose qu'on n'a pas faite, c'est qu'on n'a jamais mis d'ultimatum. On a toujours été très clairs. On a déposé ces offres-là, écoutez, en décembre. On les a améliorées au cours des dernières semaines. Ce qu'on dit, c'est qu'il y a une capacité de payer, là. On est en train d'encourir des déficits qui sont très importants. Le ministre Girard l'a dit, on parle d'un déficit de 12 à 15 milliards. Nous, ce qu'on dit, c'est : Ces offres-là sont bonnes en ce moment. Puis j'espère qu'elles seront toujours là pour être capable de… en fonction de la capacité de nos citoyens à payer.

M. Bergeron (Patrice) : Mais là vous êtes en train de dire, M. Dubé, qu'il n'y a plus de marge monétaire, comme on dit, là. Vous êtes au maximum de ce vous pouvez…

M. Dubé : Ce que je dis, c'est qu'on a fait une proposition d'entente pour règlement. Ce que ça veut dire, c'est : Venez vous asseoir avec nous, dites-nous ce qui manque, puis on va être très ouverts à vouloir régler. Mais il n'y a pas juste des dollars. Puis, je le répète, ça prend des conditions normatives pour améliorer les conditions de travail, particulièrement en santé, avec nos infirmières puis les infirmières auxiliaires. Quand ils voudront venir nous parler de ces éléments-là, on va être prêts à régler.

Merci beaucoup, tout le monde.

Le Modérateur : On va maintenant passer aux questions en anglais.

M. Dubé : I'll switch to English just for you.

Mme Senay (Cathy) : The other opposition parties have been asking… wondering if the Government is ready for the second wave, and that includes health care workers. Do you have enough? Are they moving from one place to the other? So how it is important for you, Mr. Dubé, you have a few weeks left, to reach a deal so that the Government can get better prepared for the second wave?

M. Dubé : Absolutely, I would say two things. Until we solve the collective agreement, we have those temporary measures. They're very costly. We are willing to move them into permanent measures, but it is up to the union to accept that. In the meantime, we'll have to leave… and we'll have to pay those temporary measures. We're willing to do that because what we've seen in the last few weeks, people are coming back. Is it because they feel more secure? Is it because the premiums are there? We're trying to understand that and we'll see the evolution. But, until we have those permanent measures, we'll have the temporary measures. But, if you ask me, as soon as we can have those measures permanent, I'll be the most happy person. That's what we offer.

Mme Senay (Cathy) : And what do you say to unions saying : Well, this is not what we want? Like, those bonuses are, basically, not like a real proper wage increase.

M. Dubé : OK. You see, I've said that last week and I'll repeat it, we agree on the height. They said 12%. That's what they wanted. They wanted $25 an hour. We offer $26. So, on the height, we agree, OK? We agree that it's a differentiated offer. We agree on that as well. Now, it's how we do it. Do we do it by an increment of 4% on salary and premium of 8%? That's the only thing we need to solve, and I think that's the way we'd like to solve it.

Le Modérateur : Une dernière question? Ça va?

Mme Senay (Cathy) : Ça va.

Le Modérateur : Merci, M. Dubé.

M. Dubé : Merci, tout le monde.

(Fin à 13 h 35)

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