(Douze heures trente-deux minutes)
Mme Guilbault :Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Donc, un petit bilan
rapide. Vous le savez, on vient de terminer la deuxième période des questions
qui était prévue aujourd'hui, ce matin, à cette reprise des travaux parlementaires,
cette rentrée parlementaire, en quelque sorte. Donc, pour avoir regardé la
première et participé à la deuxième, j'estime que, dans l'ensemble, ça s'est très
bien passé. C'était plaisant aussi, là, il y avait quelque chose de plaisant au
fait de retrouver les collègues, aujourd'hui, de se retrouver entre collègues
du gouvernement, mais aussi de retrouver les collègues des oppositions. Ça nous
a notamment donné l'occasion de féliciter en personne à nouveau la nouvelle
cheffe de l'opposition officielle, la nouvelle cheffe du Parti libéral, une
femme, la première femme, Mme Anglade, et de remercier aussi M. Arcand pour sa
fonction par intérim, la fonction par intérim qu'il a occupée dans les derniers
mois.
Et on le voit aussi à travers les questions
qui ont été posées, bien sûr, ça a été... elles ont été des questions essentiellement
sur la gestion de la pandémie, c'était prévisible, et c'est normal aussi, je
crois, que des questions se posent. C'est un exercice légitime, hein? On a dû
mettre, en quelque sorte, l'exercice démocratique qui se déroule couramment à
l'Assemblée nationale sur pause en même temps que le reste des activités, au Québec,
pour pouvoir nous concentrer exclusivement à la gestion de la pandémie. Mais le
fait de pouvoir reprendre graduellement, là aussi, comme dans tous les secteurs
qu'on reprend graduellement, de reprendre graduellement ces échanges parlementaires,
bien, je pense que c'est bon pour tout le monde, incluant pour, bien sûr, les citoyens
qui nous écoutent un petit peu partout. Alors, un exercice que je considère
fructueux.
Et donc on sera de retour sous peu, dans quelques
jours, pour une dizaine de jours, un petit peu plus, pour reprendre aussi les
travaux au salon bleu et poursuivre les échanges. Je suis certaine qu'on aura
encore là des échanges intéressants et pertinents pour l'avancement des débats
au Québec.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, Mme Guilbeault. À titre de ministre de la Sécurité publique, donc,
vous êtes au courant de ce qui se passe sur le territoire. Savez-vous s'il y a beaucoup
plus... maintenant que les régions sont déconfinées, s'il y a beaucoup plus de
déplacements interrégionaux qui se passent actuellement? Est-ce qu'on vous a
rapporté, par exemple, une augmentation des déplacements qui pourrait, par
exemple, poser des risques aussi sur le plan de la pandémie?
Mme Guilbault :
C'est sûr que, dans la mesure où on déconfine et donc qu'on retire les points
de surveillance policière des déplacements, on n'a pas de comptabilisation ou
de recensement systématique, justement, de ces déplacements-là parce qu'ils ne
sont plus surveillés. C'est sûr que, vous l'entendez comme moi, il y a des
lieux qui sont un petit peu plus inquiets que d'autres, qui sont un peu plus
réticents ou qui étaient un peu plus réticents que d'autres. Mais, à mesure que
les endroits sont rouverts, je vous dirais que l'écho qu'on a et les réactions
qu'on a dans l'ensemble sont assez positives.
Et il y a des endroits qui, oui,
continuent d'avoir certaines réserves, dans le sens où ils disent : Bon,
les gens vont revenir à nouveau chez moi, tant mieux, parce que tout le monde
aussi est conscient qu'il faut que les activités reprennent, qu'on ne peut pas
rester confinés éternellement, que l'économie aussi, à un moment donné, les
petits commerces, et tout ça, doit reprendre. Mais à mesure que les secteurs
économiques prévus reprennent et que les déplacements aussi s'effectuent à
nouveau, bien, je pense que les gens, les élus des régions, notamment,
municipaux, préfets, tout ça, démontrent une belle ouverture, démontrent une
participation constructive aussi aux échanges qu'on peut avoir.
J'ai personnellement beaucoup d'échanges,
évidemment, avec les élus de la Capitale-Nationale, et l'ouverture de
Charlevoix s'en vient, et, si je regarde la façon dont ils, elles se comportent
par rapport à ça, bien, ils sont très ouverts, et très réceptifs, et très
constructifs aussi, en disant : Oui, c'est normal que les gens reviennent.
Mais il faut travailler à sécuriser notre monde. Il faut surtout travailler à
ce que les mesures de santé publique puissent continuer d'être respectées. Parce
que, oui, on déconfine, mais — est-ce qu'on le dit assez, je pense
que oui — il faut continuer de respecter les mesures de santé
publique.
Donc, les commerces de détail, les chantiers
de construction, bientôt le manufacturier, tout ça doit se dérouler avec des
consignes de distanciation, d'hygiène. Il y a désormais le couvre-visage, aussi,
dont le port est fortement recommandé. Alors, les élus municipaux et l'ensemble
des gens dans les régions concernées ont vraiment été des alliés, jusqu'à
maintenant, et je leur demande de continuer à l'être parce que c'est important
de sécuriser notre monde et surtout de s'assurer que tout est mis en place pour
la sécurité de notre monde.
Mme Lévesque (Fanny) : Mme Guilbault,
imposer, par exemple, le port du masque à Montréal ou ailleurs, est-ce que ça
pose un enjeu supplémentaire pour les forces policières, à votre avis? Est-ce
qu'il y a un problème, là, à votre avis, pour l'application de cette mesure-là
si elle se concrétise?
Mme Guilbault :
Oui. Bien, aujourd'hui, c'est une recommandation qu'on fait pour le port, donc,
il n'est pas question d'obligation au moment où on se parle. Donc, la
recommandation du port, bien sûr, n'a pas de lien, là, avec l'intervention des
forces policières, puisque c'est une recommandation. Si jamais ça devait
changer dans le futur, ce sera une décision de la Santé publique, et, comme à
toutes les décisions de la Santé publique, on s'adaptera en conséquence dans
l'ensemble des secteurs concernés. Mais, pour l'instant, il s'agit d'une
recommandation.
Mme Crête (Mylène) :
Est-ce que le gouvernement a l'intention, par exemple, de fournir du matériel
de protection à la prison de Bordeaux pour les détenus, là, qui travaillent, par
exemple, dans les cafétérias, tout ça?
Mme Guilbault :
L'accès...
Mme Crête (Mylène) :
...le nombre de cas a encore augmenté.
Mme Guilbault :
Oui. Bien, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on est à 69 personnes qui sont
infectées, 69 personnes incarcérées. Il y a aussi 31 personnes
membres du personnel, à l'établissement de Bordeaux, qui sont testées positif,
donc, qui ont la COVID. Mais l'accès à du matériel de protection, l'accès à des
tests aussi, ça n'a jamais été un enjeu. Je dis «jamais», je devrais faire
attention, peut-être qu'il y a des moments où il y a eu des enjeux pour
l'équipement, là, comme ailleurs. Mais, dans l'ensemble, ça s'est bien passé,
l'accès à des équipements et l'implantation des mesures aussi de santé publique
depuis le début.
Il y a un cas plus aigu à Bordeaux, à
l'Établissement de détention de Montréal, mais, dans l'ensemble du réseau
carcéral, ça se déroule relativement bien pour l'instant. Il pourrait y avoir
de nouvelles éclosions, on ne fait pas d'aveuglement volontaire. Ce sont des
milieux d'hébergement fermés. Donc, comme d'autres milieux d'hébergement
fermés, ils sont à risque. Des fois, ça peut être plus difficile, là,
physiquement, dans certains secteurs, d'avoir de l'éloignement. Il y a des gens
plus vulnérables aussi pour toutes sortes de raisons, donc... Mais, dans
l'ensemble, ça va bien jusqu'à maintenant.
J'ai annoncé la semaine dernière les
permissions de sortie à des fins médicales, qui vont être tranquillement
accordées, là, au fur et à mesure des évaluations médicales, notamment. Et donc
ça, ça va permettre de réduire sensiblement la population carcérale. Donc,
c'est une des nombreuses mesures qui sont mises en place pour essayer de
limiter au maximum la propagation, conjugué aux équipements de protection
contre les infections, conjugué aux mesures de distanciation, d'hygiène,
conjugué aussi au fait qu'on avait interdit les visites, qu'on fait en sorte
que toutes les activités, là, juridiques et autres se déroulent à distance, là,
à travers la visioconférence. Donc, il y a un ensemble de mesures comme ça qui
ont permis, somme toute, de bien contenir la contagion jusqu'à maintenant.
Espérons que ça va se poursuivre dans cette même veine.
Ceci étant dit, on ne minimise pas
l'importance de ce qui se déroule à Bordeaux, bien au contraire. Au moment où
on a senti, là, qu'il commençait à y avoir peut-être plusieurs cas potentiels,
au moment où on testait, donc on n'avait pas encore les résultats nécessairement,
on s'est rendus à Bordeaux avec la Santé publique, avec le CIUSSS local pour
aller rencontrer, justement, les dirigeants de l'établissement, puis tout ça,
puis de prendre la situation en charge. Très rapidement, ça a été fait. Et donc
je suis confiante que tout est fait correctement, toujours selon les consignes
de la Santé publique évidemment.
Ce ne sont pas des décisions qui sont
prises nécessairement par le ministère de la Sécurité publique. Nous, on les
opérationnalise, ces décisions, mais elles sont prises par la Santé publique.
Ce sont eux qui nous suggèrent ce qui devrait être fait dans les établissements
de détention comme ailleurs.
Journaliste
: Et donc
le matériel de protection, il y en a qui est fourni aux détenus qui sont en
contact avec les autres, là, de par leur travail à l'intérieur de l'établissement?
Mme Guilbault :
Le matériel de protection est accessible pour les membres du personnel. On peut
revérifier, mais, à ma connaissance, ce sont les membres du personnel pour
l'instant qui y ont accès. Est-ce que certaines personnes incarcérées peuvent s'en
voir fournir dans des contextes très particuliers, des personnes qui seraient
infectées, par exemple? Il faudrait que je vérifie, et on pourrait vous revenir
avec la réponse précise. Mais, chose certaine, les membres du personnel qui
doivent avoir accès à de l'équipement ont accès à de l'équipement.
Le Modérateur
: On doit
accélérer le rythme, puisqu'il va y avoir une collision entre les points de
presse pour les députés de l'opposition et celui de 13 heures. Patrick
Bellerose, dernière question.
M. Bellerose (Patrick) :
Oui. Mme Guilbault, bonjour. J'aimerais vous entendre sur la journée historique,
quand même, qu'on vit, là, cette rentrée avec la distanciation, les masques,
etc. Donc, j'aimerais vous entendre, de façon générale, comment vous avez vécu
ce début de journée et savoir si vous comptez porter le masque. Je vous ai vu
arriver sans masque, donc je me demandais si vous comptez le porter en d'autres
circonstances.
Mme Guilbault :
Oui. Bien, la journée qu'on vit, effectivement, elle est historique, j'en ai
parlé un petit peu dans mon mot d'ouverture. Je trouve ça plaisant de retrouver
les collègues. Bien sûr que les circonstances sont tragiques, là, on est tous
dans cette gestion de la pandémie. Et j'ai senti, malgré le caractère un peu toujours...
il y a toujours une certaine adversité latente dans les échanges au salon bleu,
puis c'est normal, c'est le système qui est ainsi fait, mais je sens quand même
néanmoins beaucoup de solidarité entre les élus de l'Assemblée nationale et que
ce soit ici, ce matin, ou même dans les conversations que j'ai pu avoir encore
avant-hier — je parlais avec la députée d'Acadie, justement, de la
situation à Bordeaux. Donc, on a plusieurs échanges comme ça entre élus de tous
les partis, et je sens beaucoup de solidarité malgré tout.
Donc, au-delà de la joute parlementaire
qui se redessine ce matin et qui se poursuivra éventuellement, bien, je pense
qu'on est tous solidaires puis on est tous conscients que, cette pandémie-là,
personne ne l'attendait. Et il n'existe pas de manuel pour gérer une pandémie,
on fait tous au mieux, et je pense que tout le monde en est conscient ici. Il
n'y a rien de parfait, surtout pas le gouvernement. On n'a pas la prétention d'être
parfaits, mais on fait de notre mieux depuis le début. Et tout est perfectible,
tout est en évolution. Donc, on s'adapte au fur et à mesure de la situation.
Pour ce qui est du couvre-visage, j'ai le
mien, il est dans mon bureau, donc, je ne le porte pas à l'intérieur de
l'Assemblée nationale parce que je suis capable de respecter le deux mètres. Tu
sais, on circule tous avec beaucoup de précautions. Mais je vais certainement
le porter à diverses occasions, entre autres dans des lieux publics et quand je
sais que je devrai être confrontée à des distances de moins de deux mètres
d'autrui, excluant ma famille immédiate, bien sûr.
Le Modérateur
: Merci,
Mme la vice-première ministre.
Mme Guilbault :
Merci.
(Fin à 12 h 42)