(Treize heures cinq minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à tous. Bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur
la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec,
M. François Legault, est accompagné de la ministre de la Santé et des
Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé
publique, Dr Horacio Arruda.
M. le premier ministre, à vous la
parole.
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Je commence par le bilan de la dernière journée. On a 97 nouveaux
décès, un total de 1 340. Donc, évidemment, mes pensées sont avec ces
décès qui, malheureusement, s'accumulent, donc je pense aux familles puis aux
proches de ces personnes. On a maintenant 29 616 cas confirmés,
incluant les personnes guéries. C'est une augmentation, pour la journée, de
778. On a 1 460 personnes hospitalisées, une augmentation de 49. On a
227 personnes aux soins intensifs, c'est une augmentation de 20.
Je veux tout de suite apporter une
précision concernant, justement, les chiffres que je viens de donner sur le
nombre de personnes hospitalisées puis le nombre de personnes aux soins
intensifs. Les chiffres que je vous donne sont plus élevés que ce qu'ils
devraient être. Donc, ils sont gonflés par le fait qu'il y a des personnes qui
n'ont plus besoin d'être hospitalisées ou qui n'ont plus besoin d'être aux
soins intensifs, mais que, volontairement, on garde à l'hôpital plutôt que de
les retourner dans les CHSLD. Donc, c'est une décision qui est prise pour
éviter de venir surcharger le travail dans les CHSLD. Mais juste vous dire que
ça vient un peu fausser les données.
Donc, ça veut dire que techniquement — et
puis on va essayer de le faire à partir de la semaine prochaine — quand
on regarde le nombre de personnes en soins hospitaliers ou en soins intensifs, il
y en a moins que le nombre que je vous donne à cause de ces personnes qui sont
techniquement guéries de la COVID-19, mais qui ne sont pas retournées dans les
CHSLD.
Je veux revenir, là, je vous le dis depuis
quelques jours, sur le fait qu'on vit vraiment deux mondes séparés dans le même
monde, là. On a, d'un côté, la situation dans les résidences pour aînés, qui
est difficile, puis on a, de l'autre côté, tout le reste de la société, qui est
relativement stable.
Je veux juste vous dire, ce n'est pas
unique au Québec, ça, beaucoup d'endroits dans le monde, puis, si vous lisez un
peu, vous allez voir, beaucoup d'endroits dans le monde... il y a un grand pourcentage
des décès qui viennent des résidences pour aînés. Je vous donne des exemples,
là, c'est le cas en Espagne, en Italie, en France, en Irlande, en Belgique, au
Portugal, aux États-Unis, à Singapour, en Écosse, en Australie. Donc, ça
n'excuse absolument pas la situation dans laquelle on se retrouve dans les
CHSLD, mais c'est juste pour vous dire, je pense que c'est partout dans le
monde qu'on s'est rendu compte... mal préparés, pas seulement au Québec mais un
peu partout dans le monde, que, lorsque ce virus rentre dans une résidence pour
aînés, c'est un peu comme mettre le feu dans le foin, là, tout brûle rapidement,
ou, en tout cas, une bonne partie des gens dans les CHSLD deviennent infectés,
et ça devient comme... facilement hors contrôle. Donc, c'est une bien petite
consolation, là, mais c'est juste dire, ce n'est pas unique au Québec.
Et personnellement, là, je vais parler
pour le Québec, moi, j'en tire une grande leçon. Vous savez qu'on travaillait déjà
sur les maisons des aînés. J'ai demandé aux gens qui s'occupent de ce
dossier-là de l'accélérer. Donc, dans les prochains mois, vous allez voir, je
veux qu'on corrige cette situation-là dont on n'est, personne, fier, au Québec
puis qui existe depuis trop longtemps. Donc, bien sûr, mieux payer les gens,
donc avoir aussi plus de personnel dans les nouvelles maisons des aînés, mais
ce n'est pas suffisant, de parler du personnel. Il faut qu'il y ait plus
d'espace pour éviter que le feu prenne comme, un peu, dans une grange où il y a
du foin, là. Il faut absolument qu'il y ait plus d'espace. Il faut qu'il y ait
plus d'espace pour séparer les personnes, plus d'espace pour le personnel.
C'était déjà le concept qu'on avait dans les maisons des aînés, mais là j'ai
demandé, entre autres au président du Conseil du trésor, de vraiment accélérer
les choses pour qu'on soit capables et de mettre tout le personnel nécessaire,
mais aussi d'avoir, le plus rapidement possible, des lieux qui évitent qu'on
vive ce qu'on vit actuellement au Québec et partout ailleurs.
Je reviens sur le feu qu'on doit éteindre
à court terme, parce que c'est ça qui est notre priorité. Même si, en
parallèle, on travaille sur des mesures pour changer les choses à moyen terme,
il reste qu'à court terme il y a un problème de manque de personnel dans nos
CHSLD. Et je veux vous dire, là, quand on a commencé à répondre aux gens qui
s'étaient inscrits sur Je contribue!, on exigeait deux choses : qu'elles
soient qualifiées puis qu'elles acceptent de venir travailler à temps plein
pour éviter d'avoir trop de monde qui rentre et sorte dans les CHSLD.
On est en train de revoir la liste, et là,
aujourd'hui, je veux demander aux gens qui ne se sont pas inscrits sur Je
contribue! de s'inscrire pour venir nous aider dans les CHSLD publics. C'est important.
Même si vous n'avez pas de qualifications, si vous êtes disponibles à temps
plein, bien, moi, je vous le demande, là, on a besoin de vous autres pour venir
s'occuper de nos personnes les plus vulnérables. Et je veux juste vous dire,
évidemment, là, ce n'est pas du travail bénévole qu'on vous demande. Toutes les
personnes, même les personnes qui ne sont pas qualifiées, vont gagner le
salaire qu'on donne, qui est le salaire le moins élevé dans les CHSLD pour ce
qu'on appelle les aides de service. Donc, j'ai demandé qu'on me sorte le
montant incluant les primes, là. Ça donne un montant de 21,28 $ de
l'heure, 777 $ par semaine, 3 368 $ par mois. Donc, on est prêts
à offrir ces salaires à toute personne qui veut venir travailler à temps plein
même si c'est une personne qui n'est pas qualifiée en santé, donc qui est prête
à venir donner un coup de main. On a besoin de vous autres.
Donc, je reviens sur nos deux mondes. Il
reste que, si on met de côté les CHSLD, la situation est sous contrôle. C'est
ce que nous disent les scientifiques. La situation est sous contrôle. Ça ne
veut pas dire qu'il ne faut pas être prudent, mais ça veut dire qu'on va
réouvrir la société graduellement. On l'a dit, on va vous déposer, la semaine
prochaine... Ce n'est pas la semaine prochaine que ça va commencer à ouvrir,
mais on va vous déposer, la semaine prochaine, un plan pour réouvrir les
écoles, réouvrir les entreprises.
C'est important, par contre, que les
mesures dont on vous parle depuis longtemps restent, là. Ça veut dire, entre
autres, rester toujours à deux mètres, donc à six pieds, des autres personnes.
Puis, dans les cas où ce n'est pas possible, oui, on va recommander fortement
de porter un masque. Donc, quand vous n'êtes pas capable, que ce soit dans le
transport en commun ou dans votre travail, de rester toujours à deux mètres des
autres personnes, oui, on va suggérer fortement de porter un masque.
Juste vous dire, revenir, là... parce que
je sais qu'il y a encore des gens qui sont inquiets, qu'on va faire ça
graduellement puis qu'on va tester aussi au fur et à mesure pour être certains
que le feu ne reprend pas, là, donc qu'on soit capables de rester en contrôle.
Par contre, ce que je veux vous dire, c'est qu'il restera toujours des risques.
Mais, si les personnes restaient à la maison encore pour des mois, il y aurait
aussi des risques de problèmes de santé mentale.
Donc, je le sais que moi, le premier,
depuis des semaines, j'essaie d'entrer dans la tête de tous les Québécois qu'il
faut rester à la maison. D'ailleurs, ça a bien réussi. Puis je vous remercie,
là. Je suis vraiment fier de voir comment les Québécois ont respecté les
consignes. Mais là il faut comme un peu se déprogrammer, moi le premier, mais
vous autres aussi, pour être capable de rechanger encore d'approche,
d'attitude. Donc, la vie va être différente. On va rester à deux mètres,
pendant plusieurs mois, des autres personnes. Mais on a besoin que le Québec
renaisse, là, on a besoin que la vie, entre guillemets, normale reprenne. On a
besoin de nos amis. On a besoin, tranquillement, en étant prudents, de
recommencer la vie en société. Et c'est vrai que ça ne sera pas la même vie
qu'avant. Donc, on va être différents, on ne sera pas tout à fait pareils comme
avant, mais je pense qu'on va sortir grandis de cette épreuve collective. Puis
c'est important plus que jamais de rester unis.
Puis, oui, il reste un gros chantier dont
on doit s'occuper, les résidences de nos aînés. Ce n'est pas le temps d'être
découragé, là, c'est le temps de se relever les manches, régler ce problème-là
puis, en même temps, reprendre tranquillement, graduellement la vie normale,
retrouver l'espoir, retrouver la fierté. Et je suis certain qu'on est capables,
les Québécois, de passer au travers puis de revenir graduellement à une société
qui reste unie, qui reste fière. Merci, tout le monde.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
quelques mots en anglais.
M. Legault : Good afternoon. We have now two different situations in Québec. We
have our national emergency in the senior residences, where we continue to do
everything we can to bring in more staff, and we have the rest of Québec where
the contagion rate seems to be under control.
As I've said yesterday,
we won't reopen next week, but we'll announce the timeline so everyone can
prepare themselves. Everybody will have to follow the Public health
instructions. We'll need to continue to keep our distances. Wearing a mask in
public will also be recommended, when you cannot stay at least two meters of
other people.
I know we are going
through a tough situation right now, but we must prepare ourselves for the
coming weeks and months. We are winning the battle against the first wave of
contagion, but the war against the virus is only beginning. We must continue
our efforts. We will get through this together. Thank you all.
Le Modérateur
: Merci, M.
le premier ministre. Alors, pour la période des questions en français, nous
allons débuter aujourd'hui avec Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour,
M. Legault. C'est très intéressant ce que vous dites sur le fait de se
déprogrammer. Effectivement, vous êtes conscients que, depuis six semaines,
vous venez ici, à 1 heure, chaque jour, dire : C'est dangereux, c'est
dangereux, faites attention. Et là comment convaincre les gens que c'est encore
dangereux, mais il n'y a pas vraiment d'autres façons que de sortir?
M. Legault : Bien, c'est ça,
c'est un gros défi, là. Puis c'est vrai que je suis comme, d'une certaine
façon, victime...
M. Bossé (Olivier) : De votre
succès.
M. Legault : De notre succès,
de mon succès ou de notre succès ensemble. Les gens ont bien écouté, puis je
suis fier de ça, de voir que les Québécois, là... On se rappelle du rapport qui
montrait que, dans les 60 États et provinces, c'était au Québec que les gens
étaient le plus confinés, donc ils avaient accepté de changer leurs habitudes.
Puis là on arrive, puis il faut leur redemander encore de changer leurs
habitudes puis d'avoir une certaine ouverture à se déconfiner mais
graduellement. C'est ça qui est important de dire puis c'est là qu'on peut
contrôler le risque. C'est qu'en ressortant graduellement on va être capable de
garder la situation sous contrôle, s'assurer que ça ne déborde pas dans nos
hôpitaux.
Mais on ne peut pas attendre un vaccin.
Les spécialistes sont d'accord, là, ça va prendre six, 12, 18, 24 mois
avant d'avoir un vaccin. Donc, si tout le monde reste à l'intérieur pendant
tout ce temps-là, il y en a qui vont avoir des problèmes de santé mentale, donc
on n'aura rien réglé, donc... Mais je comprends que c'est un défi qu'on a, là,
de reprogrammer notre façon de penser.
M. Bossé (Olivier) :
M. Arruda, pouvez-vous nous dire où est-ce qu'on en est sur l'immunité des
gens qui l'ont eu? Je sais que vous en avez glissé en mot hier. On sait qu'ils
sont immunisés, on ne sait pas combien de temps. Où est-ce qu'en sont les
connaissances ou les recherches là-dessus?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, elles continuent à être faites, mais on n'a pas nécessairement les
réponses qu'on aimerait avoir. Puis premièrement, je voulais vous dire, pour
aller dans le sens de la déprogrammation qu'a dit notre premier ministre, vous
vous souvenez, je vous ai dit depuis le début que ce qui était vrai, là, je
vous le disais en date d'aujourd'hui. Je savais déjà qu'un jour on allait dire :
Il va falloir revenir en arrière, donc, puis c'est vrai, puis ça va être vrai
aussi selon les connaissances. Puis ce plan de réouverture là, aussi, il a des
conditions. Le premier ministre est bien au fait. Si, en ouvrant, on se rend
compte qu'on est en train de se réchauffer puis qu'on est en train de
recommencer, bien, on va peut-être avoir à ralentir la cadence ou faire même un
«step back». Mais c'est vrai qu'on ne peut plus tolérer cela. Les pédiatres
sont d'accord. Il y a des phénomènes de santé mentale qui s'installent puis des
problèmes de toxicomanie et autres, les enfants battus, etc. Ça fait qu'il faut
faire attention.
Pour votre question, écoutez, ce qu'on
sait, c'est que, probablement, quand on l'a fait récemment, on a une certaine
immunité. Donc, je pense que probablement que les gens qui l'ont fait à cette
saison-ci, s'ils font quelque chose à l'automne, ils vont le faire beaucoup
moins fort probablement que ceux qui sont complètement vierges par rapport au
virus. Mais est-ce que ça va persister un an, deux ans, ne pas persister du
tout après, en 2022? Je pense qu'il n'y a pas assez de recul pour ça. Il n'y a
pas assez de cas. Mais on va le voir en fonction particulièrement des pays qui
vont avoir des deuxièmes vagues, si vous me permettez, parce qu'on n'ira pas
faire une inoculation chez des personnes qui l'ont eu pour juste checker, au
cas où...
Le Modérateur
:
Prochaine question, Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : M. le
premier ministre, le premier ministre canadien a évoqué, et vous l'avez
probablement entendu, qu'il serait peut-être souhaitable de ramener la gestion
des CHSLD sous la loi canadienne — oh! je vous vois lever les yeux,
là — de la santé. Qu'est-ce que vous lui répondez là-dessus?
M. Legault : Bien, écoutez, on
se rappelle, quand le système de santé a été mis en place, le gouvernement
fédéral en finançait 50 %. Donc, c'était 50 % le fédéral, 50 %
les provinces. Aujourd'hui, le fédéral finance seulement 23 % des réseaux
de la santé des différentes provinces. Donc, si j'ai une demande à faire à
M. Trudeau, c'est qu'il revienne à 50 %. Nous autres, on va s'occuper
de gérer le réseau. Mais je pense que, si le fédéral peut faire quelque chose,
là, c'est de ramener les transferts en santé au niveau original.
M. Laforest (Alain) :
Actuellement, on nous rapporte, Mme McCann, qu'il y a des médecins qui
vont dans les CHSLD et qui sont rappelés dans les hôpitaux. Puis c'est ce qui
s'est passé, là, dans les CHSLD, le premier ministre a évoqué, là, allumer le
feu dans le foin, là. Il n'y a pas un risque dans les hôpitaux actuellement?
Mme McCann : Bien, écoutez,
moi, je pense que ce qui est important, c'est que le matériel de protection
soit bien porté, hein? Puis on sait que les médecins, ils ont de bonnes
connaissances dans l'utilisation du matériel de protection. Donc, ça, c'est la
première chose.
Évidemment, ça dépend aussi... puis je
vais demander à Dr Arruda d'ajouter quelque chose là-dessus parce que ça
dépend où le médecin a travaillé et dans quel département il travaille à l'hôpital.
Il y a peut-être des mesures additionnelles à prendre, mais, à la base, c'est
de bien porter le matériel de protection, et les conseils d'usage, là... quand
on sort de la zone chaude, il y a des mesures à prendre. Alors, pour la
transition, je vais donner la parole à Dr Arruda là-dessus.
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, effectivement, c'est évalué, je vous dirais, au cas à cas, tout
dépendamment de la clientèle, si elle est à haut risque ou pas. C'est sûr que
dès que le médecin a des symptômes, on ne voudra pas qu'il aille travailler. Par
contre, vous allez me dire, il y a des gens qui sont asymptomatiques, c'est tout
à fait vrai, mais, dans le contexte de soins, je vous dirais, les gens vont
porter une attention particulière à l'équipement puis, je vous dirais, aux
mesures de précaution. En contexte de soins, c'est plus facile que dans un
contexte, même, de soins aigus, plus facile que dans un contexte de CHSLD, où
les soins sont d'une autre nature.
Et puis je pense aussi, quelque part, qu'il
y a quand même de la circulation communautaire aussi, là, donc ça ne veut pas
dire que... Il y aura des risques, même aux médecins qui ne sont pas allés dans
les CHSLD, de l'attraper dans le cadre de leurs activités communautaires, d'où
l'importance, à mon avis, encore, tant pour les médecins, que pour les travailleurs
de la santé, que pour la population, que ce déconfinement-là se fasse de façon
progressive. Mais aussi ça ne veut pas dire que, le jour où on fait le
déconfinement, tout le monde se retrouve avec des soupers le dimanche avec
grand-papa, grand-maman, et puis le bon rôti de boeuf, etc. On a tous le goût
de ça bientôt, mais on n'est pas encore rendus après la phase intensive, donc
j'invite encore tout le monde à garder... Il y a un dosage, on réouvre, on
réouvre dans certains secteurs, on réouvre avec des personnes qui ne sont pas nécessairement
à risque, mais n'allons pas tout mêler en même temps. Parce que c'est sûr que
ça va amener un vent de liberté attendue, puis ça va être difficile pour ceux
qui vont avoir encore à rester un peu plus enfermés, mais il va falloir le
faire comme ça.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci. Maintenant, si je peux me permettre de poursuivre un peu sur le même
thème. Marc-André Gagnon, du Journal de Québec, Journal de Montréal.
Et la question est bonne autant pour M. Legault que pour Dr Arruda.
Donc, vous insistez maintenant sur le besoin d'immunité collective, hein, pour
justifier le déconfinement graduel. Bon, maintenant, il y a cette recommandation
pour le port du masque et la distanciation, là, afin de limiter la propagation.
Mais s'il faut que les personnes moins vulnérables attrapent le virus, pourquoi
il faudrait porter un masque, là, à l'école, par exemple?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, on sait que, d'emblée, si on porte les choses, mais qu'il y a toujours...
les gens ne vont pas le porter parfaitement, là, il va y en avoir, de la
contamination, mais on ne veut pas non plus que ça circule trop vite parce que,
si ça circule trop... On ne voudrait pas se retrouver dans une situation, par
exemple, dans la région de Montréal, là, où actuellement il y a plus de
transmission, que les hôpitaux de Montréal aient de la difficulté à prendre
soin des patients.
C'est sûr que la difficulté qu'on a, c'est...
on ne peut pas prédire qui est la personne en bonne santé qui va faire la
maladie, là. Les chances sont beaucoup plus faibles que les personnes âgées...
que les gens ont des problèmes. Mais on y va en fonction d'une gestion du
risque.
Puis, je tiens à vous dire, là, oui, on
veut que les gens s'immunisent, puis ça va nous aider à diminuer la
transmission, mais il y a aussi des questions d'effet pervers de confinement qu'il
faut prévenir, là, de santé mentale, de gens qui n'ont pas accès... qui
habituellement ont accès à des services alimentaires, des enfants qui
mangeaient... qui avaient des repas dans les écoles, qui étaient servis, mais
qui ne l'ont plus actuellement. Donc, il y a aussi ça qu'il faut prendre en
considération dans la balance.
Ça fait que, dans le fond, c'est un peu
comme un mélange de oui, on veut que ça immunise, surtout des gens qui n'ont
pas de facteurs de risque, qui ne seront pas des bassins pour d'autres plus
tard, mais aussi remettre un équilibre dans le confinement versus toutes les
autres problématiques de santé qui peuvent survenir. Les pédiatres pourront
vous le dire, ils ont des préoccupations parce... pour certaines clientèles
d'enfants vulnérables.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci. Maintenant, en 2006, là, dans le plan de lutte à une pandémie
d'influenza, le ministère de la Santé mentionnait que les établissements de
santé devaient dresser des listes de personnes pouvant être appelées en renfort
pour le remplacement, là, de milliers de travailleurs qui seraient absents en
cas de pandémie. Est-ce qu'à votre connaissance c'est quelque chose qui a été
fait? Et puis, en même temps, est-ce que finalement, là, Je contribue!, ce
n'est pas un peu un exemple, un autre exemple d'échec de centralisation?
Mme McCann : Bien, écoutez, je
pense que, d'abord, on avait une pénurie de personnel, là, dans le réseau de la
santé. Je dis «avait», avant la pandémie. Évidemment, avec les absences, ça
s'accentue.
Pour ce qui est de Je contribue!, comme le
premier ministre l'a dit, au départ, on cherchait des gens avec des expertises
en santé, services sociaux. Mais là, évidemment, ce qu'on dit, c'est qu'on va
faire un autre tour de roue. Puis l'appel du premier ministre, aujourd'hui, je
pense et je l'espère, là, que ça va attirer beaucoup plus de gens. Et là,
évidemment, on pourrait avoir, encore une fois, je l'espère, des milliers de
personnes pour venir nous aider. Alors, je pense que Je contribue! prend un
autre angle, à ce moment-ci, parce que la situation a changé. Au départ, on
avait besoin d'expertise en santé et services sociaux; là, on a besoin de bras
pour vraiment nous aider à prendre soin des personnes âgées. Donc, Je
contribue! a une fonction très importante.
M. Arruda (Horacio)
:
J'aurais un point à ajouter. Oui, il y a un gros problème dans les CHSLD, puis
on le reconnaît. Mais il faut comprendre que les plans de mobilisation existent.
Ils existent dans le cadre de la Loi de santé publique, ils existent dans le
cadre de la pandémie, des textes de pandémie.
Mais, juste pour vous donner un exemple,
dans les équipes de santé publique, pour faire des enquêtes, à Montréal, alors
qu'ils sont moins de 100... on est 800 personnes actuellement. Je veux
dire, dans les équipes de santé publique de la Montérégie, ailleurs, on
mobilise des ressources puis on est en train de les remobiliser encore plus
pour la phase de mesure sur les effets de nos interventions. Puis dans le système
de soins, on n'a pas eu d'enjeux, mais il y aurait eu des... on aurait ici à
protéger notre système de soins de façon équilibrée.
Mais, à un moment donné, ça devient...
comment je pourrais dire, on ne peut pas non plus tricoter les individus ou les
cloner, mais on a des mobilisations. On a des «backups» d'équipe pour permettre
aussi aux gens, comme ça dure longtemps, de ne pas tomber malade et puis de
pouvoir prendre une journée de repos par semaine ou une demi-journée. Puis,
dans cette demi-journée-là, on travaille pareil, mais au moins on est à la
maison. Ça fait qu'il y a ce genre d'éléments là, qui...
Donc, oui, ça a été utilisé, les plans de
mobilisation comme tels.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, prochaine question, Alex Boissonneault, Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) :
Bonjour. Je me pose des questions sur les courbes qu'on utilise pour essayer de
voir un peu l'état de la situation au Québec. Lorsqu'on parle du nombre
d'hospitalisations, on se rend compte qu'il y a toujours une augmentation, des
fois plus importante que d'autres fois. Or, selon ce qu'on disait, on aurait
atteint le plateau de la première vague de l'épidémie, même qu'on l'aurait
passé.
Comment se fait-il qu'il y ait toujours
cette augmentation-là du nombre de cas d'hospitalisations et même des cas
rapportés aussi d'infection à la COVID-19?
M. Legault : Je vais
commencer en expliquant ce que j'ai dit tantôt, là. On va identifier combien
qu'il y a de personnes qui sont hospitalisées ou même dans les soins intensifs
qui ne devraient pas être là, mais qu'on a choisi de garder là parce qu'on ne
voulait pas les retourner dans les CHSLD. Je pense que, si on tient compte de
ça, bien, non seulement il y a une stabilisation mais il y a une baisse. Mais
on va vous revenir avec des chiffres qui viennent confirmer ça la semaine
prochaine.
M. Arruda (Horacio)
:
Puis, si vous me permettez, M. le premier ministre, c'est qu'il y a eu les
cas... Les cas, on a probablement eu le «peak». C'est contaminé par l'histoire
des CHSLD, là, parce qu'il faut regarder le communautaire puis les CHSLD. Le
«peak» a été atteint, on dit, dans la région de Montréal, autour du
4 avril. Par contre, c'est 15 jours plus tard que les
hospitalisations apparaissent, puis les décès, encore un peu plus tard, parce
que ça dépend de la durée moyenne de séjour.
Et là ce qui se passe, et c'est ça qui est
arrivé aussi, au tout début, il y avait même des gens qui étaient aux soins
intensifs qui, dans un contexte, entre guillemets, habituel, ne seraient pas
allés aux soins intensifs. On a eu même des cas de soins intensifs au début
que, quand on compare avec d'autres pays, ils n'auraient pas été aux soins
intensifs, mais disons qu'on avait de la place, il y a des meilleurs soins,
puis on les a placés là.
Après ça, il y a des personnes aussi âgées
qui sont arrivées, notamment des CHSLD comme tels, qui ont été soit aux soins
intensifs ou dans l'hôpital puis qui, pour des raisons où ça... il y a des feux
de forêt dans certains CHSLD, on a dit : Plutôt que de les renvoyer là où il
y a un manque de personnel de soins, on va les maintenir à l'hôpital. Là, ces
personnes-là vont probablement aller dans des endroits de transition où ils
vont avoir des soins adaptés à leurs besoins, là, qui n'est pas les soins
aigus. Puis ça, c'est venu artificiellement, je vous dirais, monter, en fin de
compte, le nombre de gens qui sont hospitalisés. Et donc on va recorriger ça.
On va refaire une collecte spécifique auprès des gens, puis on aura ces
chiffres-là de façon plus réaliste. Ça fait qu'on pense vraiment que c'est ça
comme phénomène, et c'est pour ça qu'on a comme un genre de plateau, alors que,
probablement, on est en train de redescendre.
Le Modérateur
:
Sous-question?
M. Boissonneault (Alex) :
Est-ce que vous avez des indications... Parce que vous parlez de la lourdeur du
fardeau pour les Québécois, du fardeau du confinement, que ça peut avoir un
impact sur la santé mentale, sur le traitement des enfants, la violence faite
aux femmes, est-ce que vous avez des indications, à la santé publique, de cette
lourdeur-là, des cas de violence faite aux femmes, des cas d'enfants qui
n'auraient pas les services dont ils ont besoin? Est-ce que vous le sentez, ça,
dans ce que vous avez comme informations?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, ce n'est pas nécessairement la santé publique seulement, là,
mais je peux vous dire qu'on fait des sondages, hein, puis on voit l'état
mental des personnes, des signes de dépression. Il y a des sondages qui sont
faits par différents mécanismes, soit avec la direction des communications chez
nous ou d'autres sondages qui sont faits. On sent qu'il y a des indices, là,
comme tel. Il semblerait qu'il y aurait eu une diminution des déclarations à la
DPJ. Ça, c'est un autre phénomène parce que pour déclarer, des fois, il faut
voir, hein? Puis ça, si tout le monde est confiné, c'est là. Donc, on a
certains indices, là, qu'on semble voir, peut-être certains éléments d'appels
au 8-1-1, en termes d'informations. Et puis, bon, les cliniciens aussi, soit du
domaine psychologique ou autres, nous donnent des «inputs» de cette nature-là.
Puis, de toute façon, c'est connu, là, dans la littérature, que d'enfermer les
gens... Puis isoler les gens les plus vulnérables aussi, qui n'ont pas de
soutien familial, c'est aussi un problème important.
Mme McCann : Mais on
prépare un plan. Il est terminé d'ailleurs. On a quelques étapes encore à faire
pour donner davantage de réponses dans le volet santé mentale. On veut
augmenter les possibilités de réponses, que les gens puissent avoir des suivis
téléphoniques aussi, bien entendu, ou en personne quand c'est requis, en santé
mentale. On va vraiment bonifier notre offre de services en santé mentale à
court terme.
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous me permettez, un autre élément. Ma collègue, Mme Maltais, qui
s'occupe des services sociaux, est aussi en train de voir un plan pour
supporter les familles endeuillées parce que, qu'on le veuille ou non, il y a
les problèmes de santé mentale, mais il y a des gens qui ont vécu des deuils
dans un contexte qui est très différent du contexte habituel, et puis il faut
probablement, à mon avis, avoir des approches auprès de ces familles-là.
Mme McCann : On va vous
donner davantage d'informations, parce que ce sera un programme spécial pour
les familles endeuillées parce qu'effectivement la situation est extraordinaire,
actuellement, pour ces familles-là.
Le Modérateur
: Très
bien. Au tour de Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M. le
premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. M. le premier ministre, compte
tenu de ce qui s'est passé dans les CHSLD, notamment, bon, on pense beaucoup à
ce qui s'est passé au Herron, CHSLD privés, dans d'autres établissements
également, compte tenu de ce qu'a dit M. Trudeau ce midi concernant les CHSLD, est-ce
que vous songez à nationaliser les CHSLD, de dire : Dorénavant, là, c'est
l'État qui va s'occuper de tout pour s'assurer qu'on ait, à tout le moins, un
minimum de standards d'État?
M. Legault : Je n'exclus pas
ça. Je pense qu'effectivement, dans les CHSLD, on a des personnes fragiles qui
ont besoin de soins. Au Québec, les soins, c'est un système public. Donc, est-ce
qu'on devrait avoir tous les CHSLD qui soient publics? Je n'exclus pas ça. On
va regarder la situation comme il faut dans les prochaines semaines, mais il ne
faut pas exclure ça.
M. Lacroix (Louis) : Et
est-ce que vous avez demandé justement qu'il y ait des évaluations qui soient
faites en ce sens-là? Est-ce que vous avez une idée de quelle façon ça pourrait
s'orchestrer? Combien ça coûterait, par exemple? Est-ce qu'il y a des démarches
qui sont entreprises en ce sens-là?
M. Legault : Oui. On est en
train de regarder aussi quand les contrats se terminent, parce qu'il y a des
CHSLD privés conventionnés, donc il y a des durées de contrat. Puis on me dit
qu'il y a quand même beaucoup de contrats, là, qui viennent à échéance bientôt.
Donc, il y aurait une opportunité de transférer ces CHSLD au public de façon
relativement facile. Donc, oui, on regarde ça puis on est en train de chiffrer
ça.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. M. le premier ministre, la Fédération québécoise des
municipalités vous interpelle directement. Elle dit qu'il en va de la survie de
beaucoup de petits commerces dans des villages et même de la survie de ces
villages-là qui en dépendent, donc des stations-services, petites épiceries. Et
on dit que ces commerces-là n'ont pas besoin d'un prêt. Ils ont besoin d'une aide
directe d'argent, d'une petite enveloppe pour passer à travers, des
5 000 $, des 10 000 $, des 15 000 $. Est-ce que
ce serait possible, pour ces petites municipalités-là, de faire un programme de
ce genre-là?
M. Legault : On n'exclut pas
ça. Déjà, il y a des programmes qui existent, soient gérés par les MRC, avec
les FLI, soit directement chez Investissement Québec, au ministère de
l'Économie. Je pense aussi que ce qui est important, c'est de les réouvrir
rapidement, les petits commerces. Donc, on travaille fort là-dessus, mais, oui,
on regarde pour de l'aide. Puis je suis très conscient qu'il y a des petits
commerces qui en arrachent, comme on dit, au Québec actuellement puis qui ont
besoin d'aide financière.
M. Bergeron (Patrice) : Par
ailleurs, vous avez régulièrement fait allusion à des nouvelles politiques d'achat
local, notamment en matière d'autonomie alimentaire, en matière d'achats d'équipements
médicaux. Est-ce qu'il n'y aurait pas des problèmes de conformité par rapport à
tout ce qu'on a comme accords internationaux en matière d'achats,
d'approvisionnement? Si on fait une préférence nationale dans les achats,
est-ce qu'on ne va pas en contravention des accords internationaux auxquels on
souscrit?
M. Legault : Il ne faut pas
négliger, effectivement, le respect des accords internationaux. Par contre, il
y a possibilité d'acheter beaucoup plus local, puis je pense que le
gouvernement, et ses ministères, et ses organismes devraient beaucoup plus
acheter local que ce qu'on voit actuellement.
Il faut aussi ne pas être naïf. Je vais
parler de la Chine, par exemple, où on exporte 4 milliards, mais où, eux,
nous en exportent 12 milliards de produits. C'est très difficile de percer
certains marchés comme la Chine. Donc, il ne faut pas être naïf. Si le marché,
l'autre côté, n'est pas accessible par nos entreprises, je ne vois pas pourquoi
on se priverait de le rendre plus difficilement accessible aussi à ces pays-là.
Donc, il y a toutes sortes de manières de
contourner ces lois internationales, mais c'est certain qu'il faut davantage
produire au Québec avec nos entreprises puis nos travailleurs québécois.
Le Modérateur
: Au tour
d'Hugo Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bonjour. Des agences privées de placement de personnel, présentement, gonflent
leurs prix depuis le début de la pandémie. Certaines agences, même, font du
maraudage dans les résidences pour aînés pour ensuite revendre leurs services
de travailleurs recrutés avec une facture, bien sûr, plus élevée. On comprend
que vous voulez adopter des mesures pour contrer le phénomène, mais qu'est-ce
que, concrètement, vous pouvez faire pour les empêcher de faire ça?
M. Legault : Effectivement, ça
n'a pas de bon sens, entre nous, que des agences profitent de la situation pour
prendre un immense profit puis de profiter du fait qu'on a une pénurie de
main-d'oeuvre. Donc, j'ai demandé à Danielle, en qui j'ai totalement confiance,
de régler rapidement ce problème-là. Peut-être que tu peux, oui...
Mme McCann : Oui, et on
n'exclue rien, on regarde tout, hein, que ce soit réglementaire, juridique. C'est
inacceptable. Alors, on va procéder rapidement.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Concernant les maisons des aînés, vous nous dites que vous voulez accélérer le
déploiement de ces nouvelles maisons là, mais les maisons des aînés ne
remplaceront pas les CHSLD, là, qui existent déjà au Québec, dans lesquels il y
a des usagers. Le vieillissement de la population va également se poursuivre au
cours des prochaines années. On peut penser que la demande, donc, va être plus
élevée pour avoir ce type de services là.
Comment est-ce que vous allez faire pour
vous assurer qu'il n'y ait pas deux classes d'aînés : les aînés qui vont
avoir accès aux services AAA de la maison des aînés puis les autres qui vont
avoir accès aux services qui datent d'un siècle dernier?
M. Legault : O.K. Bon,
effectivement, d'abord, je n'aime pas le nom, moi. CHSLD, là, ça fait très
bureaucratique, là. J'aime mieux maisons des aînés. En plus, ça fait plus
personnel, puis on veut que les maisons des aînés, tout en ayant plus d'espace,
aient moins de résidents au total pour que ça soit plus semblable à ce qu'on
retrouve autour d'une maison. Donc, ça, c'est la première chose.
Deuxième chose, là, les gens sont trop
tassés dans les CHSLD. Donc, au fur et à mesure, puis on va y aller rapidement,
qu'on va construire des maisons des aînés avec plus d'espace, ça va aussi libérer
des espaces dans les CHSLD actuels, où on va changer les normes, où on va aussi
les embellir, les rénover. Mais, effectivement, il faut compter un certain
temps. Mais je veux quand même qu'on procède très rapidement dans la prochaine
année, dans les deux prochaines années, pour construire le maximum de maisons
des aînés puis, le plus rapidement possible, offrir enfin à nos aînés ce qu'ils
méritent, c'est-à-dire un endroit agréable où il y a de l'espace, où on ne crée
pas de feu dans un paquet de foin comme on l'a vécu, là, avec le virus, donc où
il y a de l'espace. Et ça va se faire le plus rapidement possible. Puis le président
du Conseil du trésor travaille très fort, là, à ce que ça se mette en branle
dans les prochains mois, puis qu'on se mette à l'ouvrage pour construire ces
belles maisons des aînés, là, qu'on doit enfin avoir.
Mme McCann : M. le premier
ministre, si vous le permettez. Alors, j'ajouterais aussi qu'on est en train de
réorganiser tout le travail dans les CHSLD, notamment d'avoir des équipes
dédiées, dédiées pour un CHSLD et être vraiment organisé par unité. Ça, c'est
fondamental pour la prochaine année mais pour le futur parce qu'on peut parler
de différentes infections aussi comme l'influenza, la gastro, etc. Donc ça, ça
va rester, hein, ça, c'est une grosse réorganisation qu'on est en train de
faire, et évidemment avec le personnel nécessaire. Et on est en train de mettre
les conditions nécessaires pour avoir davantage de personnel.
Et j'ajouterais aussi qu'étant donné que
notre population vieillit, qu'on va avoir plus de besoins, bien, il va falloir
aussi qu'on donne davantage de maintiens à domicile parce qu'il faut que les
gens restent le plus possible à domicile, il faut tout faire dans le plan, là,
au niveau des maisons des aînés, c'est fondamental. Et, en même temps, il faut
permettre le plus possible aux gens de rester à domicile. Donc, ça va être
très, très important. Déjà, comme gouvernement, on a beaucoup investi dans
notre première année au pouvoir, là, très important budget, et il faut
continuer à permettre aux gens de rester à domicile, avoir des services
importants.
M. Legault : On regarde aussi
toutes sortes de solutions de transition, par exemple, l'Hôtel-Dieu, entre
autres. Donc, on est en train actuellement d'utiliser l'Hôtel-Dieu rénové, donc
ça aussi, ça peut donner des espaces, là, plus agréables, temporairement, le
temps que toutes les maisons des aînés soient construites.
Le Modérateur
: Merci.
La prochaine question nous provient par courriel de Marie-Michèle Sioui, du
journal Le Devoir. Les enfants, les jeunes et les personnes moins
vulnérables seront appelés à se déconfiner progressivement, cet été. Est-ce que
les grands-parents et les arrière-grands-parents vont pouvoir serrer leurs
petits-enfants dans leurs bras? Qu'est-ce que vous leur demandez de faire
pendant l'été?
M. Legault : Bien,
malheureusement, là, je ne conseille pas aux gens qui ont plus de 60 ans de
serrer leurs petits-enfants dans leurs bras, encore pour un certain temps. Je
sais que c'est dur, c'est triste, là. Bon, est-ce qu'on sera capable, dans les
prochaines semaines, au moins, qu'ils se voient à deux mètres de distance, là?
Ça, c'est peut-être plus envisageable. Mais de serrer dans leurs bras des
enfants... surtout le fait qu'on veut réouvrir graduellement nos écoles. Moi,
la crainte la plus importante que j'ai, en réouvrant les écoles, c'est que les
enfants aillent voir non pas leurs parents, mais leurs grands-parents, puis les
infectent, là. Il faut protéger les personnes de plus de 60, 70 ans, c'est
très, très, très important, parce qu'elles sont vulnérables. Donc, il y a des
risques réels d'aller jusqu'à un décès, si elles attrapent la COVID-19, là.
Donc, c'est pour les protéger qu'on fait ça, ce n'est pas parce qu'on ne les
aime pas.
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous permettez, M. le premier ministre. On sait le sacrifice que ça
représente, parce que c'est comme un élan naturel de les prendre dans nos bras.
Mais, en même temps, ce qu'on veut, comme vous l'avez, dit, c'est qu'ils
puissent les prendre dans leurs bras le plus longtemps possible. Si cette
hâte-là se transforme en un décès, bien, ça va devenir un drame, puis l'enfant
ne pourra pas profiter de cet amour pendant quelques années de plus.
Le Modérateur
: Merci.
Et, en sous-question, toujours pour Mme Sioui. Selon vos estimations, combien
de Québécois pourraient mourir de la COVID-19 durant la phase de déconfinement,
du retour en classe jusqu'à la fin de l'été?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, combien, le chiffre est difficile à dire. Mais c'est sûr, c'est
quelque chose qu'on va monitorer. Je voudrais que vous compreniez, là, que les
premières étapes qui vont être faites vont être faites aussi dans des
conditions qui ne sont pas du tout les mêmes que ce qu'on est, habituellement.
On n'aura pas l'école qu'on a vue, ce n'est pas du tout la reprise de ce qui se
passait en janvier ou antérieurement. Donc, ça va être un modèle qui va
diminuer le risque d'exposition, on espère. C'est sûr que, dès qu'on remet du
virus en circulation, il peut y avoir des personnes qui vont l'attraper, des
personnes qui vont aller à l'hôpital. Mais on va mettre toutes les conditions
pour diminuer l'exposition des personnes.
Puis je vais en profiter, si vous me
permettez, pour parler du masque, parce que... Je vais en profiter parce qu'il
faut que j'en parle.
M. Legault
: ...M.
Laforest va en avoir une.
M. Arruda (Horacio)
:
M. Laforest, avez-vous une question sur le masque ou je peux y aller, là?
M. Legault : Non, allez-y.
M. Arruda (Horacio)
:
Je peux y aller? Vous aurez une autre question boni, si vous êtes chanceux.
Écoutez, juste pour vous dire que... je
vous l'ai dit, je vais radoter encore, le masque, dans la communauté... Les
masques ou les couvre-visages artisanaux, ça ne remplace pas le lavage des
mains, la distanciation. Puis, si vous avez des symptômes, vous restez à la
maison, vous appelez le 8-1-1, vous allez vous mettre un couvre-masque sur le
visage ou un couvre-visage, vous allez aller vous faire évaluer, puis ils vont
vous donner un vrai masque.
Ce que je veux vous dire, c'est que, par
contre, on comprend maintenant que si... dans le contexte où on va revenir, que
dans les moyens de transport, qu'à l'épicerie ou qu'à certains endroits, on ne
pourra pas respecter le deux mètres, donc on va vous proposer d'utiliser un
masque que vous pouvez même fabriquer vous-même, avec couture ou sans couture.
O.K.? Il y a différents modèles, pour que, si vous étiez quelqu'un qui avait
des symptômes ou qui... avant les symptômes, vous vous couvriez le visage...
puis, quand vous vous rapprochez des personnes, vous allez le porter et vous
allez faire attention parce que ça va empêcher vos gouttelettes d'aller
rejoindre les autres. Ça ne vous protège pas nécessairement, mais c'est une
façon, en fin de compte, de s'aborder.
Donc, ça va devenir probablement... Il
faut bien le mettre, il faut bien l'enlever, il faut laver les choses puis,
pour ça, il y a des explications dans un pamphlet qu'on a fait en anglais et en
français. La première partie vous rappelle les consignes, la deuxième partie
vous rappelle comment en fabriquer un. Il y aura des vidéos, et Dr
Vadeboncoeur, vous le connaissez, Dr Vadeboncoeur, va être dans un vidéo qui va
vous expliquer comment le mettre, comment l'enlever, l'utiliser, de vous laver
les mains avant de mettre le masque, de vous... puis de ne pas le toucher, de
bien le placer sur son nez, de ne pas l'avoir décroché sur l'oreille, de ne pas
l'avoir sous le menton. Il va vous dire quoi faire comme tel, puis on va voir,
puis on va suivre ça en termes de recommandation. Alors, la question des
masques, là, j'espère que les gens vont répondre.
Et il y a plein de vidéos sur le Web pour
vous dire comment on peut fabriquer un masque fait maison avec un bandana. Ce
qui est important, c'est d'avoir un tissu comme un coton assez tissé serré,
mais qui laisse passer l'air, parce que... Un, les enfants en bas de deux ans,
il n'est pas question qu'on porte des masques, les personnes qui ont de la
difficulté à l'enlever eux autres même non plus. Puis les gens qui ont des
problèmes pulmonaires importants, là, vous allez voir que le masque, ça enlève
de l'oxygène puis etc.
Donc, vous le faites avec différentes
techniques, un tissu qu'on peut laver facilement, qui ne se déforme pas... un
coton, en fin de compte, comme tel. Il peut avoir... ajouter une touche de
design par la couleur si vous voulez. Et puis, à ce moment-là, vous le portez,
puis vous le mettez, puis vous le lavez adéquatement. Mais tout ça va vous être
expliqué, vous allez pouvoir avoir un vidéo, puis il y a plein de méthodes pour
le faire. Les couturières peuvent en faire, ceux qui n'ont pas de couture
peuvent en faire, puis, au pire, un bon foulard plié deux places autour du
visage, ça peut vous servir aussi.
Le Modérateur
: On n'a
plus le temps pour d'autres questions en français. Par contre, je ne sais pas
si, M. Legault ou Mme McCann, vous souhaitez ajouter quelque chose sur la
question des masques? Ça complète? Alors, à ce moment-là, je vous proposerais
peut-être, Dr Arruda, de répéter en anglais, résumer votre proposition
concernant les masques.
M. Arruda (Horacio)
: OK. So everybody was asking
about masks in the community. As we told you, mask is not replacing hand
hygiene, distanciation... or, if you're sick, you don't go take the bus, you
call 8-1-1, you put something over you face and you go consult your doctor.
But, as we're going to be
more people outside, actually,
as it won't be easy to have a two meter distance everywhere, especially in
buses, or metros, or even when you go to grocery, what we will suggest you is
to use a mask which is we call a cover of the face. We have published, I would
say, a two-side pamphlet in English and in French.
Dr. Vadeboncoeur is
doing a video to explain to you what to do. You wash your hands, you put your
mask, how to put your mask, what not to do with the mask, if you touch it, you
have to wash your hands, and the way you put it in the garbage. So, you're
going to have this information.
And you will find in
different videos, if you Google «mask», all kinds of recipes to do it. We have
chosen one... two : one with «sewage», one without «sewage». So, it's easy
with elastics that you can use for your hair. You can use them with, I would
say, a piece of cotton. It's nice to be... it's two-side pieces, something that
you can have some air in between. It's easy to do. You put it in your face and
you use it.
But don't forget, I'm
going to be a crazy guy always repeating the same thing, wash your hands, wash
your hands, keep your distances. But, if you cannot, wear that kind of mask.
That will be OK for you.
Le Modérateur
: Thank you very much. So, now, for a question, we'll start today
with Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : After this colorful presentation, good afternoon. Premier Legault, the crisis in the CHSLDs was hard
enough for you to watch that you say : OK, I'm thinking about taking over all CHSLDs, even the private ones.
You're at that stage?
M. Legault : I think I don't exclude that. So, I'm looking at this scenario to
bring back all CHSLDs in the public sector. A reason for that is there's a part
to the services that is about health care. We're proud to have, in Québec, a strong public health care sector.
Everybody, rich or poor, they have access to those services. And that's why
we're looking, because I want to make sure that, in the future, we'll have nice
places with a lot more space. We will call them «maisons des aînés». We'll have
a lot more nurses and workers. And I want to make sure that the quality of
service is the best. I think that our elderly, we owe that to them.
Le Modérateur
: Second question.
Mme Senay (Cathy) : Second question is
regarding what you said about keeping patients that should be returned to
CHSLDs. We're keeping them in the hospitals. Don't you think you're just
basically putting the source of the fire somewhere else, and there are dangers
to this?
M. Legault : No. We were expecting up to 7,000 people in our hospitals having
the COVID-19. We're only at 1,400 at this time. And honestly, in the 1,400, we
have many of them that are ready to go back to CHSLDs. But, because of the situation in CHSLDs that is tough and
because we have so few numbers of people in our hospitals, I think, for now,
short-term, it's better to keep some of them in the hospitals.
Mme Senay (Cathy) : ...the situation
under control?
M. Legault : Yes, and it's under control.
Le Modérateur
: The next question
has been sent by Phil Authier, Montreal Gazette. It's a question
for Mr. Legault and Mr. Arruda. For some Quebeckers, your message, Thursday, about mass immunization is hard to
understand. After telling Quebeckers to stay home, now the message, is it : We'll be OK for the virus to spread, even among
children? What more can you say to ease the fears of many people?
M. Legault :OK. I think that
the reason why, since six weeks, I'm asking people to mainly stay at home is
because the evolution was too fast of the number of cases, the number of
deaths, and we needed, for a certain period of time, to slow the spread of the
virus. But we know very well that we won't have a vaccine until a year or two,
most probably, so we cannot ask people to stay inside for a year or two. But
what we need to do is to gradually, and that's the important word, gradually,
let people going out, let children going out, let the people that are not at
risk, which means under 60 years-old, because, still, in all the deaths we have
in Québec, 97% are people of 60 years-old or more. So what we are doing is to
gradually reopening life, reopening companies, reopening schools and we'll test
every week to see if we are not going too fast. But you'll see, in the plan
that will be tabled next week, that it will be done gradually. We are not
talking about opening next week, we are talking about a plan to reopen over many
weeks.
Le Modérateur
: Thank you. Phil's second question is for Minister McCann. Many
families are concerned about their parents and grandparents living in
residences. We have asked the ministry for a breakdown of deaths in specific
residences. Your officials say they do not have this information, which seems
quite basic. Can you fix this problem so that the Government is more
transparent?
Mme McCann : Yes, we do have it and Public Health has the information too, so we
can provide that information by residence, certainly.
Le Modérateur
: Thank you. Next question is from Raquel Fletcher, Global News, for
Mr. Legault. You really, really scared people into staying home. Quebeckers have respected the order to stay
home better than all other Canadians. How do you get people to go back to
school and work now?
M. Legault : OK. I'll try to re-explain what I said, maybe with my figures. Six
weeks ago, we were... the virus was spreading very fast, at least two for one.
So it means one people infecting two, then four, then eight, then 16, then 32.
So what we wanted is to stop that, to stop this too fast increase. But it
doesn't mean we have to stop completely everything because there is no vaccine.
So what we want is to have more people that are immunized.
So it means that, if, for
example, we have 50% of the population that are immunized, supposing that the
factor is two, it means that then, we would have one people infecting one
people, infecting another one people. So, then, the situation is under control.
But it doesn't mean that we stop everything. We just have to slow the spread,
slow the increase that was too fast.
Mme McCann : If I may add, from a health care perspective, that people over 60,
as you mentioned, Mr. Prime Minister, and also people with chronic disease of
all ages should be extra careful and follow the guidelines that we've given
from the beginning.
Le Modérateur
: Thank you. And now the second question. Stores are using very
different safety protocols in the name of protecting clients and staff. Are
stores allowed to ban healthcare workers to protect other clients and staff?
What can be done to make it clear to merchants what... can and cannot do?
M. Legault : Well, it's a question of judgment. We want that everybody in stores
respect the two meters between people, so sometimes you have to close the door
in order to maintain this two meters. But it's a question of judgment.
Sometimes, you can... everybody... it depends on the size of the store. But the
key is really : Make sure that employees and customers, they always keep
two meters between them.
Le Modérateur
: Dr. Arruda.
M. Arruda (Horacio)
: Let me add also that all kinds of enterprises or workplaces will
have specific information about what they can do. Experiences from one good
place, best practices can be shared with others. And, if there is no compliance
to that issue, CNESST inspectors could stop or close something. So, I think
we're going to help the industry, we're going to help those places to know what
to do, and there's going to be sharing of good experiences. And, if there are
some issues, we will have the power of the CNESST to do inspections and make
sure that people respect those recommendations.
Le Modérateur
: Thank you. And now two last questions for CTV News.
CTV Montreal has spoken with a healthcare worker who has recovered from
COVID-19, but it has taken more than a week for him to get an appointment for a
test to prove he is COVID-free. In the meantime, he can't work. Should
healthcare workers be given priority for testing?
Mme McCann : Absolutely, healthcare workers, but also people who are in
hospitals and in CHSLD. I find it's very long, a week. So, maybe I'll look into
that a little bit more. Dr. Arruda?
M. Arruda (Horacio)
: Yes, I think it's not acceptable. And we've got the capacity. I
don't want to comment on a specific story, what it was exactly what happened,
but they must have the results as soon as possible.
Le Modérateur
: Thank you. And as a very last question, the CIUSSS Centre-Sud is
not allowing caregivers into its CHLSDs. How can this be allowed when there are
staff shortage and when the Government announced earlier this month that
caregivers will be allowed?
Mme McCann :
Well, it's a case-by-case or a situation-by-situation, but the general message
is that care workers can be allowed to come in and help, and it's a
case-by-case because every organization has to see the implications. But we
discussed this with Dr Arruda, Mr. Legault, this morning and we have to be
«souple», open, more open for the «proches aidants» to come in.
So we'll discuss this
again with the people responsible of the organizations. And I understand that
in Montréal... because the Montréal and Greater Montréal is living a different
situation than elsewhere in the province. There are issues. So we will make a
point to really talk with the directors general again and really stress that
they have to open up a little bit more to the «proches aidants». I think...
M. Arruda (Horacio)
: ...I just want to tell you that by 11 :30, as we met with the
PDGs, we tell them. So as we... The decision that we have taken this morning is
always... already a share. We are going to action after...
Le Modérateur
: So thank you all. Merci à tous. C'est ce qui complète pour ce point
de presse. On vous souhaite un bon weekend et à lundi.
Des voix
: Merci.
(Fin à 14 h 4)