(Treize heures quatre minutes)
Le Modérateur
:
Mesdames messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse,
donc, pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le
premier ministre du Québec, M. François Legault, est, comme d'habitude,
accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux,
Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé publique, Dr Horacio
Arruda.
M. le premier ministre, à vous la
parole.
M. Legault : Merci beaucoup.
Bonjour, tout le monde. Avant de vous donner le bilan de la journée, je veux
apporter une précision. Vous allez voir, le nombre de décès est élevé. Par
contre, ce ne sont pas des décès, pour la majorité, qui viennent des dernières
24 heures. Il y a eu un changement de méthode, de la part de la Santé
publique, dans la saisie des données puis il y a eu aussi beaucoup d'analyses
épidémiologiques qui ont été faites sur des patients qui sont décédés au cours
de la dernière semaine.
Et, bien, juste vous dire aussi, puis
c'est important, là, parce qu'il y a beaucoup de gens qui comparent avec
ailleurs dans le monde, ici, au Québec, le choix qu'on a fait, c'est de
déclarer tous les patients, même les patients qui n'ont pas été testés, mais
qui ont tout le... les définitions, là, pour être des patients qui sont décédés
de la COVID-19. Donc, on veut effectivement avoir le vrai nombre de décès de la
COVID-19, testés ou non. Je pense, c'est important par transparence, mais c'est
important aussi pour avoir le portrait exact. Ça ne veut pas dire que c'est
comme ça que c'est fait ailleurs dans le monde.
Donc, aujourd'hui, on a malheureusement
143 décès. On a maintenant un total de 630. Donc, bien sûr, je veux offrir
toutes mes condoléances aux familles des personnes qui sont décédées. On a maintenant
15 857 cas confirmés, c'est une augmentation de 997. On a
1 018 personnes hospitalisées, c'est une augmentation de 34. Et on a maintenant
209 personnes qui sont aux soins intensifs, donc c'est une diminution de neuf.
Donc, comme vous le voyez, si on regarde
juste la situation dans les hôpitaux, la situation est vraiment sous contrôle,
vraiment en train de se stabiliser. Par contre, ça reste difficile, comme on le
dit depuis quelques jours, dans les CHSLD, donc, les personnes aînées qui sont
vulnérables.
Hier, j'ai fait un appel spécial à tous
les médecins spécialistes et généralistes de venir nous donner un coup de main
dans les CHSLD, pas nécessairement comme médecins, mais comme personnes qui
peuvent, avec leurs connaissances, aider nos infirmières, nos préposés aux
bénéficiaires. Et... très content de voir que depuis hier soir, on a
2 000 médecins qui ont accepté de répondre à mon invitation. Donc, je
suis très content, très touché, puis je les remercie, les médecins, de venir
nous donner un coup de main dans les CHSLD, ça va nous aider beaucoup.
Évidemment, ça va être un gros défi de
faire travailler tout ce monde-là ensemble, des gens qui ne sont pas habitués
de travailler ensemble. Ça ne va pas être facile, il va falloir bien s'entendre
sur la définition des tâches de chacun, ça ne va pas être parfait, on le sait
déjà, là, d'arriver tout à coup puis d'ajouter 2 000 personnes dans
les CHSLD, mais on va s'ajuster au fur et à mesure. Et l'important, c'est de se
dire : Bon, mettons tous chacun un petit peu d'eau dans notre vin, ça ne
sera pas facile nécessairement, surtout dans des conditions qui sont vraiment
exceptionnelles, mais, moi, je suis convaincu qu'avec la bonne foi, la bonne
volonté de tous les Québécois, on est capables de faire travailler tous ces
gens-là ensemble puis de s'occuper de l'urgence nationale, qui est d'aider nos
aînés, les plus vulnérables du Québec.
Donc, je demande à tout le monde de faire
un effort. Je vous préviens déjà, je suis certain que dans les prochains jours,
on va entendre des histoires où les tâches ne seront pas assez bien définies ou
bien définies, et on va s'ajuster, mais je pense qu'on doit ça à nos aînés, de
faire cet effort collectif exceptionnel.
Un mot sur nos discussions avec le gouvernement
fédéral. Bon, d'abord, ce qu'on a demandé au gouvernement fédéral, c'est
d'avoir des employés de l'armée qui sont qualifiés en santé. Là, ce n'est pas
clair, combien il y en a. Il y en aurait peut-être entre 60 et 100, donc ce
n'est pas les 1 000 dont on parlait hier. Les 1 000 dont on parlait
hier, c'est un site fédéral qui est un peu comme notre site au Québec, Je
contribue, où les gens qui veulent venir aider déposent leur C.V. Mais la
majorité des personnes, des 1 000 personnes qui étaient sur le site
fédéral, étaient aussi sur notre site à nous autres.
Donc, je veux juste qu'on mette en
perspective, là… On n'aura pas 1 000 personnes qui vont arriver du
fédéral dans nos CHSLD. Il va peut-être y en avoir 60, une centaine. Mais on ne
refuse personne. Puis on a demandé au fédéral de nous envoyer toutes les
personnes qu'il pouvait nous envoyer, là, qui sont capables d'aider dans les
CHSLD.
Je veux aussi profiter de ce sujet-là pour
faire une mise au point. Je vois, comme vous, sur Twitter et ailleurs, que des
personnes disent : J'ai déposé mon C.V., je n'ai pas eu de nouvelles. Bon,
d'abord, vous dire : Déjà, on a demandé à des milliers de personnes de
venir nous aider quand ces personnes-là avaient les qualifications qu'on a
besoin dans la région où on en a besoin. C'est certain, là, qu'une infirmière à
Montréal, là, qui est qualifiée, on n'ira pas faire exprès pour la refuser. Ça
se peut qu'il y ait eu quelques cas qui sont tombés entre deux chaises, entre le
ministère qui a reçu des C.V. puis qui les a envoyés aux établissements. Mais
je peux vous dire, là, qu'on ne fait pas exprès pour refuser des gens
qualifiés. On en a besoin plus que jamais.
Je veux aussi dire aux finissants des
écoles en soins infirmiers puis en santé, là : Vous devriez aujourd'hui
recevoir un appel. Ça a tout été bien attaché. Donc, vous allez pouvoir, les
plus jeunes, venir nous donner un coup de main dans les CHSLD au cours des
prochains jours.
Une autre précision que j'ai eue. On avait
dit que toutes les résidences avaient été visitées. Ce n'est pas le cas. On m'a
précisé que tous les CHSLD publics ont été visités. Les autres sont en train
d'être visités. Ça devrait être terminé bientôt, mais il y en a encore qui
n'ont pas été visités, dans les résidences autres que les CHSLD publics.
Maintenant, mes remerciements du jour. Je
veux remercier toutes les personnes qui travaillent dans l'ombre. Je pense,
entre autres, aux télécommunicateurs d'urgence, là, ceux qui reçoivent les
appels d'urgence 24 heures sur 24. Je pense aux premiers répondants,
pompiers, policiers, ambulanciers, paramédics, qui sont là 24 heures par
jour, sept jours par semaine. Je veux leur dire un immense merci, là. On est
chanceux de vous avoir dans cette situation qui est exceptionnelle.
Je termine en vous disant que même si la situation
est critique dans certains CHSLD, on le voit que dans les hôpitaux la situation
est pas mal sous contrôle et nous permet, maintenant qu'on a aplati la fameuse
courbe, d'aller préparer un plan de déconfinement, un plan de réouverture.
Donc, on va commencer. On commence avec les entreprises, on veut le faire d'une
façon très graduelle, d'une façon intelligente, avec toutes les règles que le
Dr Arruda nous donne. Donc, on travaille sur ce plan-là. On va pouvoir vous en
parler dans les prochains jours, mais on commence vraiment par les entreprises.
Donc, pour l'instant, il n'est pas question à court terme de réouvrir les
écoles.
Donc, je veux vous dire, on est en train
de passer au travers. Les beaux jours s'en viennent. Il faut avoir du courage
et persister.
Le Modérateur
: Maintenant,
en anglais.
M. Legault : Good afternoon. Today's numbers show us that the situation is under control in our hospitals.
So we're concentrating our efforts in nursing homes, where the situation is critical. The lack of staff
remains our biggest concern.
I want to thank
especially the 2,000 physicians who answered my call
for help since yesterday. We're doing everything we can to get through the
emergency. It won't always be perfect, but it's time to unite all together and
win this collective battle. So, courage everyone, good days will return. Thank
you all.
Le Modérateur
:
Merci, M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions en
français, nous allons débuter aujourd'hui avec Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. le premier ministre, Mme McCann. M Arruda, je tiens à vous offrir toutes mes
sympathies, mes plus sincères condoléances pour la perte d'un de vos collègues,
un confrère de la Montérégie de 44 ans qui était spécialiste de la santé
communautaire, qui est décédé de la COVID-19. Est-ce que vous pouvez nous
expliquer dans quelles circonstances? On me dit qu'il y a un problème
particulier en Montérégie. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire à ce sujet?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, écoutez, je voudrais vous dire que, quand je parle de chiffres ici, je
sais aussi que derrière chacun de ces chiffres-là, pour tous les cas, c'est un
drame pour toutes les familles et puis tous leurs proches. Je tiens à vous le
dire.
Par ailleurs, pour des raisons de
confidentialité et de respect des familles, je ne commente pas les cas
individuels, je trouve ça important de ne pas le faire. Mais, par contre, comme
c'est dans les médias actuellement, je voudrais juste vous dire une information
qui peut-être pourrait mieux aider à ce que les gens comprennent certaines
choses et éliminer certaines inquiétudes, c'est que ce travailleur de la santé
là ne travaillait pas en milieu de soins. Donc, ça n'a pas été acquis en milieu
de soins. C'est l'information que je peux partager avec vous puis, pour le
reste, je vais demeurer là-dessus.
Donc, ce que ça veut dire, ça nous
rappelle l'importance, à mon avis, d'appliquer les mesures à la fois, je vous
dirais, en milieu de soins, qui est un milieu où il y a des personnes à haut
risque, particulièrement dans les CHSLD, mais que le virus peut aussi frapper
ailleurs, notamment dans la communauté, soit en retour de voyage, ou etc. Donc,
ça nous rappelle à tous qu'on est tous susceptibles, et c'est important, à mon
avis, d'avoir... respecter les consignes. Je vous remercie pour votre geste et
je le partage avec toute la communauté de mes collègues du Québec.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il y a une enquête particulière qui va être faite dans ce cas-ci ou si on le
traite comme... Parce que, bon, vous dites qu'il ne travaillait pas en milieu
de soins. Est-ce que ça implique qu'on le traite comme un autre décès ou s'il
va y avoir une enquête particulière?
M. Arruda (Horacio)
:
Ça sera traité exactement... Tous les décès sont traités de la même façon,
qu'ils proviennent... de façon générale, qu'ils proviennent d'un élément ou un
autre, tout est traité de la même façon. Si la cause de décès... le constat de
décès se fait à l'hôpital, ça se ferait d'une certaine façon. Si ça se fait
dans un CHSLD, ça se fait aussi de la même façon, mais avec un médecin qui doit
porter diagnostic. Puis, s'il y a des situations où ça prend une enquête du
coroner, ça se fait. Mais ce n'est pas parce que c'est un cas particulier, ça
se fait exactement comme d'habitude. On n'a pas le résultat, bien entendu.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Fanny Lévesque, LaPresse.
Mme Lévesque (Fanny) : Oui,
bonjour à vous. M. Legault, ça fait... on peut nommer plusieurs initiatives,
décrets qui ont été faits dans les derniers jours, dernières semaines, que ce
soit la possibilité d'aller chercher du personnel enseignant... Vous avez parlé
qu'il y en aurait 2 000 qui auraient des compétences en soins médicaux.
Là, il y a le décret pour les finissantes. Donc, ça fait des jours, des
semaines que vous vous donnez les moyens pour aller chercher des renforts dans
la société.
Comment se fait-il que ces gens-là ne
soient pas encore à pied d'oeuvre dans le réseau? Est-ce qu'on est devant un
problème de renfort ou un problème de bureaucratie?
M. Legault : Moi, je pense que
la grande majorité des gens qui répondent à nos besoins sont actuellement dans
le réseau. On peut, comme je le disais tantôt, peut-être avoir échappé quelques
cas, mais ceux qui peuvent vraiment aider, qui ont les qualifications pour
aider sont déjà dans le réseau. Moi, je suis très encouragé, évidemment, que
les 2 000 médecins qui acceptent de venir mettre l'épaule à la roue
dans les CHSLD, pas nécessairement faire du travail de médecin, mais venir
épauler les infirmières, les préposés aux bénéficiaires, moi, je suis très
encouragé qu'on va être capables, dans les prochaines semaines, de reprendre le
contrôle dans les CHSLD.
Mme Lévesque (Fanny) : Parce
que, par exemple, si on prend l'exemple des enseignants, il y a eu le décret
vendredi, les cégeps attendent la fameuse liste des CIUSSS pour savoir c'est
quoi, le besoin. Les gens sont prêts, sont prêts à être mobilisés, mais ils ne
reçoivent pas l'appel pour y aller ou ils n'ont pas la liste encore des CIUSSS.
Est-ce qu'on est bien organisé pour que l'information descende et que les gens
soient déployés dans le réseau?
Mme McCann : Oui. En fait, on
fait ça de façon régionale puis je pense que c'est important de dire qu'on a
trois volets, au niveau de l'éducation, là, puis on salue d'ailleurs les gens
de l'éducation qui viennent nous aider. Alors, comme vous l'avez mentionné, on
a les gens qui sont formés en santé, mais on parle des finissants, et c'est
l'arrêté, là, qu'on a passé hier. Les infirmières, les infirmières auxiliaires,
les travailleurs sociaux, les inhalothérapeutes, les technologues médicaux,
tous... un profil en santé et services sociaux, on voulait qu'il ne perde pas
leur année. Il leur restait un stage. Alors, on s'est entendu avec l'éducation,
ça a été fait hier, complété. Alors, on va pouvoir bénéficier de tous ces gens
qui vont faire partie des ordres professionnels ou des associations, et ils
vont pouvoir venir nous aider. Ça, c'est beaucoup de monde.
Ensuite, on a, comme vous l'avez
mentionné, les professeurs et le personnel de soutien. C'est en cours
actuellement. Les liens sont faits au niveau régional, là, avec les
établissements d'enseignement. Il y a différentes initiatives qui sont prises.
Alors, ça, c'est vraiment en cours.
Et on fait un appel à tous les étudiants,
tous les étudiants des autres programmes. Et il y a des courriels qui vont être
envoyés à tous les étudiants des établissements d'enseignement dans tous les
programmes, qui pourraient venir travailler avec nous comme préposés aux
bénéficiaires. Alors, ça, c'est en cours actuellement. C'est un grand effort de
collaboration avec le secteur de l'éducation.
Le Modérateur
:
Prochaine question... Oui, allez-y.
M. Legault : Je veux juste
ajouter peut-être un point, là. Comme vous le savez, là, j'essaie d'être le
plus transparent possible. C'est certain qu'il y a certaines personnes qui
peuvent craindre de venir travailler dans les CHSLD, qui ne savent pas comment
utiliser les équipements de protection comme les masques. Donc, un des gros
avantages des médecins, c'est qu'ils savent comment utiliser ces équipements-là.
Mais quelqu'un qui a enseigné, qui a étudié, qui n'a pas utilisé les
équipements de protection, bien, je peux comprendre que leurs représentants
veuillent poser beaucoup de questions puis s'assurer qu'on ne met pas en danger
leur vie, là. Donc, ça a fait partie des discussions des derniers jours aussi.
Mme McCann : Et moi, je
compléterais ce que dit le premier ministre en disant que c'est prévu, hein,
une formation pour les gens, là, qui n'ont pas nécessairement une formation en
santé, notamment les étudiants des autres programmes, puis les
professeurs, puis le personnel de soutien. Une formation en accéléré, là, pour
leur donner vraiment tout ce qu'il faut pour les équipements de protection puis
pour, aussi, l'organisation. Alors, on n'envoie pas quelqu'un, là, à froid
comme ça ou à chaud, là, on va former ces personnes-là avec des capsules qui
ont été préparées, là, exactement pour cette clientèle.
Le Modérateur
:
Merci. Maintenant, au tour de Patrick Bellerose, Le Journal de Québec,
Journal de Montréal.
M. Bellerose
(Patrick) : Oui, bonjour à tous. M. Legault,
le maire Régis Labeaume semble très mal à l'aise à l'idée de réouvrir les
écoles d'ici la fin de l'année scolaire. Est-ce vous envisagez toujours un retour
en classe d'ici la fin de l'année scolaire? Et, si oui, comment est-ce qu'on va
s'assurer de garder une distance physique entre les élèves?
M. Legault : Bon, ça fait
partie des discussions qu'on a. Comme je le disais tantôt, on ne prévoit pas, à
court terme, réouvrir les écoles, mais on n'exclut pas de les réouvrir avant la
fin de l'année scolaire actuelle. Donc, on va, bien sûr, s'assurer qu'on prenne
toutes les mesures nécessaires pour protéger nos jeunes. On va y aller d'abord
avec des raisons de santé. Donc, ce que je veux dire par là, il y a toutes
sortes de théories. Est-ce qu'on doit être immunisé, les personnes qui sont
moins à risque, pour éviter une trop grosse vague à l'automne? C'est toutes ces
discussions-là qu'on a, mais c'est d'abord des discussions qui sont en fonction
de la santé, la santé des enfants, la santé des enseignants.
M. Bellerose (Patrick) : Et
M. Trudeau affirme avoir reçu une demande de Québec seulement hier pour
l'aide de l'armée. Je sais qu'il y avait des discussions auparavant. Pourquoi
avoir attendu jusqu'à hier pour faire une demande? Mais qu'est-ce que vous
attendez précisément comme aide du fédéral?
M. Legault : Bien, ce qu'on
discute avec le gouvernement fédéral… Puis, bon, ce n'était pas clair, à la même
heure hier, on pensait qu'il y avait peut-être 1 000 personnes de
l'armée qui avaient une formation en santé. Là, on n'a pas le chiffre, mais on
entend dire que c'est peut-être entre 60 et 100. Donc, nous, s'il y en a 60, on
est prêts à prendre les gens de l'armée qui ont une formation. Mais on ne veut
pas envoyer dans les CHSLD des gens qui n'ont aucune formation médicale.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Patrice Bergeron, La Presse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. Il y a deux tiers des Québécois atteints d'un cancer qui ont
répondu à un sondage de la Coalition Priorité Cancer, et ils disent que la
gestion de la crise sanitaire nuit à leurs soins. Ils sont anxieux. Quand
allez-vous en faire plus pour les personnes atteintes d'un cancer, plus de
traitements et de chirurgies?
Mme McCann : On est très
conscients de ce que ça peut provoquer chez les gens qui ont le cancer, une
crise comme la pandémie de la COVID-19. Mais je peux vous dire que moi, j'ai
été beaucoup en contact avec la sous-ministre adjointe et aujourd'hui aussi
avec le directeur national de la cancérologie au Québec. Et on a suivi ce
dossier-là à la trace parce qu'on sait combien c'est important, les traitements
en cancer. Donc, comme on a toujours dit, tout ce qui est urgent a été fait. Et
on a ouvert un petit peu, quand on a pu, sur, par exemple, des chirurgies
semi-urgentes, hein, en cancer. Mais, au niveau des traitements, tout s'est continué.
La chimiothérapie, la radiothérapie, ça s'est poursuivi. C'est des traitements
qui peuvent continuer. Par rapport aux chirurgies, quand on pouvait, on a donné
des traitements alternatifs pour faire en sorte qu'on peut conserver, hein, l'état
de santé, protéger l'état de santé des personnes en attendant la chirurgie.
Aujourd'hui, il y a encore eu des
discussions parce que, comme vous voyez, la situation évolue toujours, et on va
ouvrir complètement le secteur de l'imagerie médicale. Donc, pour tous les
patients qui ont un diagnostic de cancer, qui ont besoin du CT scan, de
l'IRM, ça va être complètement ouvert à partir de maintenant.
Donc, on évolue avec la situation. On le
faisait pour les situations plus urgentes, mais maintenant on va le faire pour
l'ensemble des patients. Mais je peux vous assure que, s'il y a un dossier qui
est suivi vraiment très, très soigneusement, c'est bien le dossier de la
cancérologie. Et je veux dire aux patients qu'on prend bien soin d'être en
contact avec tout le monde, les médecins par téléconsultation, les équipes par
téléconsultation, par téléphone, et qu'on veut vraiment les rassurer qu'on va
faire le maximum.
M. Bergeron (Patrice) : Maintenant,
une question pour le premier ministre. M. le premier ministre, il y a beaucoup
de Québécois qui ont l'impression qu'il n'y a personne qui a des comptes à
rendre sur l'hécatombe qui se déroule actuellement dans les CHSLD. Qui doit
répondre, au bout du compte, de cette espèce de désastre là qu'on a pu voir
comme étant une tempête parfaite avec le manque de préposés et le manque de
financement? Qui doit répondre de ça?
M. Legault : Bien, je
pense que la priorité actuellement, là, ce n'est pas de trouver des coupables,
c'est de s'occuper des aînés, s'occuper des aînés qui sont les plus
vulnérables, parce que c'est de ça qu'on parle, dans les CHSLD. Il faudra
ensuite faire un bilan puis effectivement se questionner. Je l'ai dit, on le
sait depuis plusieurs années qu'il manque de personnel dans les CHSLD, on le
sait qu'il y a beaucoup de postes qui sont affichés, mais pas comblés parce que
ce n'est pas attractif financièrement. Donc, il faut revoir à la hausse les
salaires des préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD. Donc, les bilans puis
les réformes proposées, on fera ça après que la crise sera réglée. Pour
l'instant, là, il faut régler la crise puis s'occuper de notre monde dans les
CHSLD.
Le Modérateur
:
Maintenant, au tour d'Andrée Martin, TVA Nouvelles.
Mme Martin (Andrée) :
Oui. Bonjour, vous trois. On sait que, depuis le début de la crise, vous avez
mis en oeuvre plusieurs plans de recrutement. Vous avez reçu
40 000 candidatures sur le site jecontribue.ca. Nos informations
indiquent que seulement 3 000 candidatures ont été retenues.
Pourquoi? Est-ce qu'il y a tant de candidatures qui ne conviennent pas? Est-ce
qu'il y a toute cette lourdeur bureaucratique qui peut expliquer?
Mme McCann : Bien, moi, je
pense que d'abord, là — puis je vais vous donner un exemple concret,
là, vous allez comprendre — d'abord, il faut saluer les gens qui se
sont inscrits à Je contribue!. Je pense qu'il y avait un élan du cœur. Mais
effectivement, il faut qu'il y ait une équation, hein, il faut que ça
équivaille au besoin qu'on a dans le réseau, puis on a fait vraiment toute la
démarche avec beaucoup de soin. Je vais vous donner un exemple : au CISSS
de la Montérégie-Est, on a communiqué avec les 1 668 personnes, hein,
qui ont été données comme information à ce CISSS-là, qui provenaient de Je
contribue!, on a fait des entrevues avec 538 personnes, qui ont mené à 256 confirmations
d'embauche. Il y a 80 personnes qui se sont désistées et on a embauché
176 personnes.
C'est un processus qui a été fait complet,
ça a été fait partout au Québec et spécialement dans les régions où on avait
beaucoup besoin, mais ça, ça parle du fait que les gens veulent contribuer,
mais il y a des besoins dans le réseau. Il faut qu'il y ait une équivalence, en
termes de ce qu'on peut offrir, et les besoins qu'il y a. Et tout le processus,
on l'a fait, on a contacté les personnes, ça se peut qu'il y en ait qui soient tombés
entre deux chaises, là, ça, je le reconnais, mais effectivement, on a traité
les 40 000 demandes.
M. Legault : Peut-être juste
deux autres exemples. Il peut y avoir des gens des régions qui voudraient
travailler dans leur région, mais les besoins sont beaucoup à Montréal. Ça,
c'est un exemple. Il y a des gens qui voudraient travailler de jour, mais les
besoins, à certains endroits, c'est pour travailler la nuit. Donc, il y a tous
ces exemples-là aussi au-delà de : Est-ce qu'ils ont les qualifications?
Est-ce qu'ils ont vraiment le diplôme qui est nécessaire pour donner les
services qu'on s'attend à avoir de cette personne-là? Donc, il y a tout ça, là,
mais je le répète, là, je ne vois pas pourquoi on ferait exprès pour refuser
une infirmière qui est qualifiée à venir travailler à Montréal.
Mme McCann : C'est pour ça
qu'il est encore là, le site Je contribue! Et s'il y a des personnes qu'on n'a
pas appelées, moi, je les invite à nous refaire signe sur le site, et on va
s'organiser pour les contacter rapidement. Donc, on veut quand même dire aux
gens, là, allez-y, inscrivez-vous à Je contribue! parce qu'on va continuer de
soigneusement, là, faire le travail pour voir si on peut avoir des gens qui
peuvent venir faire une contribution.
Mme Martin (Andrée) : Vous
parlez de rapidité, M. Legault, vous nous parlez de l'urgence dans les
CHSLD. Depuis hier, il y a 2 000 médecins spécialistes qui ont levé
la main pour venir en renfort. Combien sont à pied d'œuvre aujourd'hui même?
M. Legault : Bien, il y en a
plusieurs, mais il faut dire... bon, il y a certains médecins qui se sont
proposés à temps plein, il y en a d'autres qui se sont proposés pour deux
jours, il y en a d'autres qui se sont proposés au mois de mai ou au mois de
juin, donc on ne peut pas dire qu'il y en a 2 000 qui sont prêts à
travailler aujourd'hui, à temps plein, là. Mais tous ceux qui sont prêts à
travailler à partir d'aujourd'hui, là, on est en train de déployer. Ce ne sera
pas simple, comme je le disais tantôt, là, de prendre un médecin spécialiste,
de le faire travailler, ils ne sont pas habitués... les infirmières et les
préposés aussi, tout ce beau monde là n'est pas habitué de travailler ensemble.
Donc, ça va être beaucoup essais-erreurs, mais on doit ça à nos aînés, donc on
va les intégrer dans le réseau rapidement. Puis on a besoin de ces
2 000 médecins.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
J'aimerais savoir... Vous avez effectué plusieurs appels à l'aide, c'est le cas
de le dire. Combien de personnes depuis, mettons, le 15 mars, combien de
nouvelles personnes sont venues travailler dans les CHSLD, en tout, là? On en a
2 000, là, pour les médecins, mais au total, ça fait combien?
Mme McCann : Bien, écoutez, on
va faire l'évaluation, là, bientôt, parce qu'on a… Je peux vous dire, là, la
liste des appels qu'on a faits, hein, parce qu'on a fait beaucoup de choses, on
a les étudiants, dont je vous ai parlé, ça, évidemment, on va le comptabiliser;
il y a également les EESAD, hein, les entreprises d'économie sociale, on a
réglé, évidemment, une entente avec eux, et ils vont commencer maintenant, là,
à travailler dans les CHSLD. Alors, ça, c'est probablement des centaines de
personnes, là, parce qu'il faut voir qui va arriver sur le terrain. Mais ça,
c'est très intéressant parce que ce sont des gens qui sont formés, qui
travaillent en maintien à domicile habituellement, donc ils sont formés pour
travailler auprès des personnes qui sont en perte d'autonomie. On a parlé des
médecins, on a parlé de Je contribue!, évidemment, on est allés chercher
3 000 personnes avec Je contribue! Et les proches aidants aussi, on a
ouvert, cette semaine, sur les proches aidants, et là aussi on va avoir des
personnes, évidemment, qui vont nous aider, là, dans les CHSLD.
Alors, on va faire un bilan de tout ça,
mais c'est sûr qu'avec les 2 000 médecins, avec les 3 000 Je
contribue!, ça fait déjà 5 000 personnes. Mais on doit vous dire
qu'il y a quand même 6 000... plus de 6 000 travailleurs de la
santé qui sont absents actuellement. Je pense qu'on est à 7 000
actuellement, aujourd'hui, donc il faut les remplacer. Et puis, aussi, on a un
manque à gagner. Alors, on n'avait pas suffisamment de personnel en partant, alors,
évidemment, on veut tout prendre les personnes qui veulent faire une
contribution. Parce qu'aussi, avec la COVID-19, ça prend davantage de temps
pour s'occuper des personnes, hein, il faut mettre le matériel de protection,
il faut l'enlever, il faut prendre plus de soin avec les personnes qui ont la
COVID-19. Donc, on a besoin de plus de personnel.
M. Bossé (Olivier) : Mon
autre question est sur un cas plus précis qu'on a rapporté ce matin. Un
résident d'une résidence privée, de 79 ans, avec des problèmes de santé
mentale, qui refuse de se confiner. Il n'a pas de symptôme. Donc, la police et
le CIUSSS disent : On ne peut rien faire. Mais là, en même temps, il sort,
il rentre dans la résidence. Il met en danger, en quelque sorte, les autres
résidents. C'est quoi, les recours pour empêcher cette personne-là de mettre
les autres résidents en danger?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, il y a une ordonnance qui a été faite en termes de confinement des
personnes dans les résidences comme telles. Le directeur de santé publique,
après avoir... va évaluer la situation, là, pour voir exactement c'est quoi,
l'histoire, là, parce qu'il faut faire attention non plus de ne pas embarquer
dans des gens qui font de la délation de personnes qui ne sont pas à risque.
Mais, s'il y a une menace appréhendée dans l'établissement ou dans cette
résidence-là, bien, le directeur pourrait l'obliger à être confiné même de
force. On essaie toujours quand même de le faire par... convaincre avant de
contraindre, mais les moyens sont là. La Loi de santé publique le permet pour
une période de 14 jours, et c'est réévalué comme tel. Donc, ça prend véritablement
une évaluation par le directeur de santé publique, qui a ce pouvoir-là.
Le Modérateur
: Alex
Boissonneault, Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) :
Bonjour. J'aimerais ça revenir sur les proches aidants qui pourront aller
prêter main-forte dans les CHSLD. Vous avez dit mardi que ça pourrait
commencer, que les gens pourraient commencer à rentrer. Selon les informations
qu'on a, entre autres dans l'Ouest-de-l'Île de Montréal, on a dit qu'on a mis
ça sur la glace parce qu'on n'était pas prêts. On a été pris par surprise.
J'aimerais ça savoir comment ça se passe sur le terrain. Est-ce que cette situation-là
se répète ailleurs? Est-ce qu'il y a plusieurs endroits où on met ça sur la
glace parce qu'on n'est pas prêts à recevoir les proches aidants? Et est-ce que
vous êtes allés trop vite en l'annonçant? Est-ce que vous auriez dû consulter
les CIUSSS avant?
Mme McCann : Bien, on va
s'informer, parce que je comprends qu'il faut faire bien attention. Il y a des
conditions qui ont été invoquées par la santé publique, qu'il faut respecter.
Quand on est dans un CHSLD où est-ce qu'il y a une éclosion, le proche aidant
ne pourra pas y entrer. Alors, il faut voir, au CIUSSS—Ouest-de-l'Île, quelle
est la situation. On va faire contact avec eux. On va leur donner tout le
support. Mais, moi, ce n'est pas venu à mes oreilles qu'il y avait d'autres
endroits où on a mis un frein à cette initiative. Alors, on va appeler le
CIUSSS—Ouest-de-l'Île et on va s'informer.
M. Boissonneault (Alex) :
Toujours pour les CHSLD, on a fait cet appel aux médecins. Et ce qu'on me dit
sur le terrain, c'est que ça a eu un effet démobilisant pour deux raisons, d'abord
parce qu'on s'est rendu compte qu'avec les médecins on ne pouvait pas
fonctionner par décret comme avec le personnel de la santé ou le personnel dans
les écoles, où on a l'impression qu'on peut facilement redéployer des gens sans
leur demander vraiment ce qu'ils pensent, alors que, pour les médecins, il faut
presque les supplier ou, en tout cas, leur demander de venir prêter main-forte,
et l'autre raison, c'est parce qu'effectivement il y a une entente pour le
salaire, jusqu'à 2 500 $ pour une journée, donc 211 $ de
l'heure, et il y a des gens qui trouvent que c'est sans commune mesure avec ce
que vont faire les préposés ou ce que vont faire les infirmières, qui seront
payées beaucoup moins, et considérant le fait que le programme d'aide fédéral
est de 2 000 $ par mois.
Qu'est-ce qu'on doit comprendre? Qu'est-ce
que les gens doivent comprendre sur le terrain ou quel message vous aimeriez
envoyer aux gens sur le terrain, qui vivent ça présentement?
M. Legault : Bien, d'abord,
là, ce qu'on veut, c'est que les médecins viennent donner un coup de main parce
qu'on n'est pas capables de trouver assez d'infirmières puis de préposés aux
bénéficiaires. Donc, on veut qu'ils viennent nous aider à faire, entre autres,
du travail d'infirmière. Donc, ce n'est pas simple.
L'entente de rémunération dont vous
parlez, ce n'était pas pour les CHSLD, c'était pour les médecins qui font des
urgences dans les hôpitaux plutôt que d'opérer des patients à cause de la
COVID-19. Donc, ce n'est même pas clair si ça s'applique ou non dans les CHSLD,
puis je sais qu'il y a beaucoup de médecins qui se sont offerts de venir faire
du travail dans les CHSLD de façon gratuite, là.
Donc, moi, je pense qu'actuellement, là,
plutôt que de faire des gros débats sur la rémunération, là... on va régler ça,
mais actuellement, là, moi, j'ai besoin de ces 2 000 paires de bras
là de médecins qui savent comment mettre un équipement de protection puis qui
vont venir nous aider à reprendre le contrôle dans les CHSLD. C'est ça qui est
important puis c'est là-dessus qu'on se concentre actuellement.
Le Modérateur
: Merci.
La prochaine question nous provient par courriel de Marco Bélair-Cirino du
journal Le Devoir. Elle porte également sur votre site Web Je
contribue!.
Donc, quelque 40 000 personnes
ont offert leur aide aux infirmières et aux préposés aux bénéficiaires dans les
CHSLD par le biais de ce site Web. Donc, pourquoi presser les médecins
spécialistes à mettre l'épaule à la roue, notamment dans la mesure où vous en
parliez, là, leur rémunération de 210 $ de l'heure ne semble pas
bénéficier de l'acceptabilité sociale et dans la mesure où ils pourraient être,
là, à risque de contracter la COVID-19?
Mme McCann : Bien, écoutez, la
première chose, je pense, qu'il faut dire, puis, comme je le disais, là, c'est
que... Encore une fois, moi, je salue l'effort des gens qui veulent contribuer,
mais on a vraiment fait... surtout dans les zones chaudes, hein, les régions où
est-ce qu'on a beaucoup de cas, on a fait tous les contacts avec les gens qui
se sont inscrits sur Je contribue! et comme... Je vous donnais l'exemple d'un
territoire où est-ce que, quand on a fait toute la démarche, on a contacté
presque 2 000 personnes puis on est arrivés à, je pense, c'est 200 embauches.
On voit qu'il y a une équation à faire, là, selon les besoins qu'il y a sur le
terrain.
Ça n'empêche que les gens, moi, encore une
fois, je les remercie de s'inscrire, mais vous savez, là, par exemple, dans les
CHSLD, c'est des préposés aux bénéficiaires, des infirmières, l'équivalent dont
on a besoin. C'est des horaires, aussi, de soir, de nuit, la fin de semaine.
Donc, il y a toute une évaluation à faire avec la personne qui veut contribuer.
Donc, on a eu 3 000 personnes sur les 40 000 qui sont arrivées
avec nous sur le terrain. Les besoins sont très grands. On a
7 000 travailleurs qui sont absents actuellement. On était déjà en
pénurie de main-d'oeuvre, et ça prend davantage de temps pour traiter des
personnes qui ont la COVID-19 et réorganiser les CHSLD en unités froides,
unités chaudes, et avoir suffisamment de personnel. Donc, on a besoin des
médecins, et je pense qu'ils ont répondu à l'appel, avec 2 000 d'entre eux
qui arrivent en renfort. Et on les salue aussi.
Le Modérateur
: Et
sous-question de M. Bélair-Cirino, encore pour vous, Mme la ministre de la
Santé. Les médecins qui se présenteront dans les CHSLD à travers le Québec,
comme votre prédécesseur, le Dr Barrette, est-ce qu'ils vont travailler sous
les ordres des infirmières et les préposés aux bénéficiaires, là, déjà sur
place? Quelle va être, donc, la chaîne de commandement, comment tout ça va
fonctionner dans les établissements?
Mme McCann : Bien, moi,
je veux vous dire que, d'abord, je pense qu'il faut avoir un esprit de
collégialité, hein? C'est des circonstances absolument exceptionnelles. Ce
n'est pas ce qu'on fait traditionnellement. Et je compte là-dessus, moi, je
pense qu'on a un esprit, au Québec, très interdisciplinaire, et la personne qui
est aux commandes habituellement, dans les établissements, et les médecins sont
habitués à ça aussi, c'est la gestionnaire ou le gestionnaire. Et c'est lui ou
elle, là, qui organise, qui coordonne. Mais il demeure que nos professionnels,
les médecins, les infirmières et les préposés aux bénéficiaires, ce sont des
gens qui sont très autonomes et qui sont capables, vraiment, de mettre la main
à la pâte et d'organiser en interdisciplinarité les services avec les
gestionnaires. Alors, c'est une gestion collégiale qu'on souhaite, surtout dans
un contexte comme celui de la pandémie.
Le Modérateur
: Merci.
Je peux prendre peut-être deux questions additionnelles, à commencer par
M. Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) :
Mme McCann, on me dit que certains hôpitaux ont donné des directives aux
médecins qui se sont portés volontaires pour aller dans les CHSDL à l'effet
qu'ils ne pourront pas réintégrer leur hôpital avant une semaine après la fin
de leur travail en CHSLD pour éviter de la contamination. Est-ce que vous êtes
au courant de ces directives-là? Et quels seront les moyens, justement, à
prendre pour éviter que ces médecins-là, qui ont peut-être été exposés à la
COVID-19, ramènent le virus dans les hôpitaux?
Mme McCann : Moi, je vais
vous dire une chose là-dessus puis je vais laisser Dr Arruda vous
répondre, parce que c'est un volet santé publique. Mais je vais vous dire
qu'avec les 2 000 médecins qui lèvent la main on va vraiment faire
des vérifications, être sûrs, là, qu'on n'affecte pas des secteurs hospitaliers
qui vont reprendre, là, graduellement. Alors, on va s'assurer de ça. Moi, je
pense que ceux qui ont levé la main, c'est probablement ceux qui peuvent se
libérer. Alors, j'ai confiance.
Quant à la mesure, là, de sept jours, je
vais me tourner vers Dr Arruda, vu que c'est un volet santé publique.
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, c'est clair que c'est l'enjeu de la transmission en étant
asymptomatique. Il faut voir que les médecins qui vont avoir pratiqué en CHLSD
ou dans certains centres vont avoir utilisé des méthodes de précaution, donc ce
n'est pas... et donc ils vont s'être protégés... et tout dépendamment dans quel
département ils pourront aller, là. Il y a peut-être des départements qui vont
être, je vous dirais, avec des plus grandes consignes à cause du potentiel
d'exposition de personnes très immunosupprimées. Mais, s'ils reviennent, ils
vont revenir aussi avec du matériel de protection, là, et je pense que c'est
une orientation qui peut varier un peu selon l'établissement et selon la
situation particulière des individus.
Donc, ça ne sera pas appliqué partout de
la même façon. C'est important aussi compte tenu, un, de l'histoire, est-ce
qu'il a travaillé dans un centre où il y avait éclosion ou pas. Tout ça, ce
sont des facteurs qui vont être pris en considération.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boissonneault, rapidement.
M. Boissonneault (Alex) :
Rapidement, à quand le dépistage sérologique? Parce que, là, on parle d'un plan
de déconfinement. Il y a des gens qui disent qu'il n'y a pas suffisamment
d'immunisation collective mais, en même temps, pour en avoir, il faut encore
qu'on déconfine. Ça fait que, là, on est pris un peu dans une espèce
d'entre-deux, là.
À quand on va pouvoir mesurer qui est
immunisé ou, en tout cas, avoir une idée plus juste de qui est immunisé dans la
collectivité québécoise?
M. Arruda (Horacio)
:
Le Québec fait partie d'un consensus canadien d'études séroépidémiologiques.
D'ailleurs, c'est intéressant de voir qu'est-ce que qui se passe chez nous et
le comparer ailleurs. Les discussions sont en cours.
La date précise, je dois vous dire que je
ne l'ai pas actuellement, mais ça va se faire au cours des prochains jours ou
semaines, mais pas tardivement comme tel. Il y a certains enjeux en lien avec
les réactifs et en lien avec le test lui-même qui peut être utilisé mais ça
s'en vient assez rapidement et le Québec va participer. Si ça commence au
Canada, on va être aussi dans ces études-là.
Le Modérateur
: Merci.
Avant de passer en anglais, une question qui nous provient de l'extérieur, aujourd'hui,
d'Henri Ouellette Vézina du Journal Métro, qui s'adresse à la ministre
de la Santé, Danielle McCann. Un rapport publié jeudi révèle que plus du deux
tiers des patients en oncologie ont subi un report ou l'annulation d'un
rendez-vous et qu'une majorité d'entre eux se sentent abandonnés par le
système. Des organismes demandent que le gouvernement prépare un plan de
relance pour l'après-COVID 19. Qu'est-il prévu à ce chapitre?
Mme McCann : Oui. Bien,
écoutez, comme je le disais précédemment, c'est un volet, toute la
cancérologie, qui est suivi de façon systématique. J'ai encore parlé au
directeur national de la cancérologie, Dr Latreille, aujourd'hui. Je parle
régulièrement à la sous-ministre adjointe qui s'occupe aussi du dossier. Mais
ce que je veux dire, c'est que, oui, il y a eu des choses qui ont été
retardées, mais, d'un point de vue clinique, qui n'avaient pas d'impacts sur
l'état de la santé du patient. Et, là-dessus, il y a des comités de
surveillance, des comités de suivi en cancérologie qui sont très, très actifs,
avec des cliniciens et qui évaluent toutes les situations.
Alors, par exemple, on a traité, et sans
les mettre à risque, des personnes. On a, par exemple, pris une semaine de plus
pour éviter qu'il y ait des contacts avec d'autres personnes, là, qui
pourraient avoir la COVID-19. Donc, on a vraiment fait très attention, et là la
situation évolue. On a donné des traitements alternatifs avant la chirurgie
parce qu'on a des délais au niveau de la cancérologie, mais évidemment, dans le
contexte actuel, on ne pouvait tout faire de la même façon. Tout ce qui était
urgent a été fait. On est d'ailleurs en train de faire du semi-urgent. Mais
effectivement on a pris beaucoup de précautions.
Mais, à ce moment-ci, en plus de la
chimiothérapie et de la radiothérapie qui a toujours, toujours continué, on va
rouvrir davantage le secteur de la radiologie et de l'imagerie médicale pour le
suivi des investigations, pour l'ensemble des patients qui ont le cancer. Donc,
ça, ça va faire du bien, je pense, ça va aider les patients. Puis je veux dire
aussi que les médecins, les cliniciens, par la téléconsultation ou le téléphone
ont été en constant, constant contact avec eux.
Le Modérateur
: Merci. So we'll now switch in English and we'll start today with Cathy
Senay, CBC News.
Mme Senay
(Cathy) : Good afternoon to all of you.
Dr. Arruda, I'm sorry for your loss of this young colleague of yours in
the health... community health. You said it, the news is out, and with this
news comes lots of fears. What do you say to Quebeckers and healthcare workers?
M. Arruda (Horacio)
:
OK, first of all, I want to say that when I talk about numbers of people dying,
I know the drama that is going in each family for each colleague and loved
ones, first of all. And I think this case is like, I would say, the impact in
families that is the same as others, even if they are older than that.
First of all, for the
reasons of confidentiality, I don't used to comment about one specific case,
but what I want to say, because it's already in the media and because people
are going to healthcare… people are going to CHSLD's, they will think that the
healthcare worker is at a higher risk when he's giving caring, and it's clear,
but they protect themselves too with different things. This health worker
didn't work in, I would say, hospitals or long-term care facilities. He got the
disease somewhere else.
So,
that's what I want to say, that we must remember that those regions are at risk
for people who are very sick and are... but you can get the disease elsewhere,
so be careful and just listen to the recommendations we give, so... because the virus is transmitting inside of health
care settings, especially long-term care facilities. And we see the big impact
on the elderly. But, at the same time, you can get it at work if you don't
respect «distanciation» and if the people are asymptomatic. So, that's why we
are telling people : Please listen to this thing. And, if we do reopen
things, we'll do that in the way to protect everybody.
Mme Senay
(Cathy) :OK, second question. With cancelling of non-urgent surgeries and
clinic visits, you've been saying that hundreds of beds are available for
COVID patients. There is a V.P. with the FIQ, her name is Denyse Joseph, she
says that that means that nurses are being sent home because there's no work.
So, why, in this strategy, these nurses that were available have not been
called first instead of sending messages that we need people, that we need
orderlies, that we need specialists, that we need general practitioners? Why
have we not focused on nurses that were available, according to the FIQ?
Mme McCann : Well, the information I have is that we have called on nurses who are in the hospital
sector to come and help in the long-term facilities. And I have concrete
examples where it's been done. So, we've done everything we can to get those
nurses to come and help in the long-term facilities, and they have done that.
So, the outpatient clinics, we want to reopen them gradually, and also some of
the nurses may be in the first line. But some of the nurses in the first line,
they are in the «clinique d'évaluation» also. But yesterday I asked the «sous-ministre» to call upon the «P.D.G.» and ask if there are some more nurses that could be available in
the outpatient clinics. Of course, it's a balance, because the outpatient
clinics will probably reopen gradually. But we're doing everything to get as
many nurses as we can in the long-term facilities.
Le Modérateur
: Next question, Samuel Pouliot, CTV News.
M. Pouliot
(Samuel) : Hi. There are many former nurses
and others with health care experience who have volunteered to help in the
pandemic, but they didn't get any answer. Why is that, and why did Québec ask
doctors to help when so many were available and volunteered, especially now
that unions are criticizing the plan because it's an unfair pay for those who
do the job...
Mme McCann : Well, the first thing, I think, to say is that what the physicians
will be paid is inside their envelope. It's not an additional budget, it's
already in their envelope. So we're not, you know, putting out more money. That's the first thing I want to say.
The other thing is that
we need thousands and thousands of people, not just a few hundreds, thousands
and thousands. So, of course, maybe some of the nurses, they fell between the
cracks, but I invite them if, you know, they want to be on Je contribue!, if they are outside of the
network, for instance. We will, of course, follow up on their offer. But we did
contact everybody we could, and there are a few, probably, that we missed, but
we want them. So, if they want to contact us through Je contribue!, we will
contact them for sure.
M. Pouliot
(Samuel) : OK. And how
can care givers prove that they don't have COVID-19 to be able to enter senior
homes to safely take care of an elderly or when testing... facilities will not
test them unless they don't... they're not showing any symptoms?
Mme McCann : Maybe I'll ask Dr. Arruda this.
M. Arruda (Horacio)
: ...you must understand that they will work with a mask, and so, if they
were asymptomatic and trying to spread, they will do... If they got a story of
exposition, they're going to be
tested, but if they are getting... and have no symptoms, they will wear masks
and so they will not contaminate. And they will use, I would say, the hygiene
issues. It's not only wearing masks... a whole survival menu. It's a way to put the mask, it's a way of
take it out, it's a way of taking out your gloves and wash your hands.
Le Modérateur
:Thank you. So now
the next questions are from Raquel
Fletcher, Global News. First one is for Mr. Legault. Alberta and B.C. have
stopped staff at senior residences from moving between facilities weeks ago.
Ontario stopped it as of yesterday. Why is it still happening here?
M. Legault : First, we've asked all the people that were able to stop it to stop
it since weeks. Of course, when we're short of staff, sometimes, it's
impossible, but every time it's possible not to have somebody going at more
than one place, we're already doing it.
Le Modérateur
:Thank you. The next
question is for Dr. Arruda.
We're hearing about many people staying positive for a long time after symptoms
disappear. Why is that? Is enough being done to test health care workers?
M. Arruda (Horacio)
: Well, first of all, it's clear that we can detect some virus with
tests, even for a long time, but it doesn't mean that the dose... Because, for
getting infectious, you must have a certain dose of infection. Most of the
transmission seems to be done just before getting the disease, I would say,
less than one day before, it's what this new study's telling, and I would say,
during the symptomatic phase. And, most of time, those persons are at least
seven days without having any symptoms before they can get it. So with
this, I think we can lower the risk. And don't forget that a test is sometimes
good, but it could be false negative, false positive, and when it's not during
the catching-up period of high circulation, it's more difficult to interpret
the test.
Le Modérateur
: Thank you. Now, question from Phil Authier, Montreal Gazette, for
Minister McCann and Dr. Arruda. We are again getting questions about
testing. You have the capacity to test 6,000 people a day. How long will
it take to test all the health care workers in residences, in CHSLDs? It was
promised a week ago, but does not seem to be happening. Can you explain why?
Mme McCann : Well, we're giving priority to the CHSLDs where there are
«éclosions» and to CHSLDs where there are a certain number of cases. So that's
being done now. And gradually I hope we get to all the CHSLDs, but we have to
give priority to those who have cases of COVID-19.
Le Modérateur
: And a very last question for Mr. Legault and Dr. Arruda.
Theories are emerging about why Québec, and Montréal in
particular, have become the epicenter of COVID-19 in Canada. Why do you think
this is the case? What are the factors to explain this?
M. Arruda (Horacio)
: I think, first of all, based on the data, there could be, I would
say, some higher declaration in Québec because we have a bigger, I would say, test capacity. But, I would
say, there is probably not only one factor. There's going
to be a combination of factors. It could be in relation
with, I remember it again... to school break that arrived before, I would say,
frontiers were closed. It's also the kind of travels that Quebeckers are used
to be. As I told, in B.C., it's almost China who contaminated, I would say,
Vancouver, and then China stopped the airplanes, so the transition was not
there. We used to go to France, to Italy, which are in Europe, a lot, so this,
probably during the school break, infected a lot of persons, and even after
coming back, before the frontiers had been closed. And also there is this New Yorksituation, where we have some communities and we see a lot of people from
Québec go into New York.
So it's all probably that
mixed up that make things... One thing is sure, is that we had made a very
early decision to stop the spread. I think, even if we are observing a lot of
cases, it would have been worse, and very worse. And probably our health care
system would have been, I would say, in big tension if we had not taken those
decisions.
And now, I would say,
probably, we will see, with a seroprevalence study, what was the rate of
seroprevalence here, in Québec, compared to others. And it's only in months
from now that we're going to be perhaps answering the reasons why Québec is
more attacked. But it's probably all that kind of combination, because we do
practise... I want you to remember that Quebeckers were the ones who were respecting more the physical distanciation.
So, in fact, it's probably related to the rate of, I would say, the virus
getting in a place. You cannot do the disease if the virus is not there. You
can do the disease if it's coming.
Le Modérateur
: Thank you. Donc, c'est ce qui complète pour ce point de presse. Merci beaucoup et à demain.
(Fin à 13 h 59)