(Dix heures cinquante-neuf minutes)
M. Girard (Groulx) :
Alors, bonjour à tous. Je suis accompagné de Carl Gauthier, qui est le président-directeur
général de Revenu Québec, et M. Pierre Côté, sous-ministre des Finances,
est également dans la salle. Puis ça me permet de souligner l'excellente
collaboration entre le politique et l'administratif face à l'adversité.
Alors, j'annonce aujourd'hui le report de la
date de paiement de l'impôt à payer et des acomptes provisionnels au
31 juillet, et ce sera évidemment sans frais, sans intérêt. Cette mesure
va permettre d'injecter 7,7 milliards de liquidités dans l'économie du
Québec.
Pour les particuliers, on parle de près de
2 millions d'individus. Alors, le paiement de l'impôt à payer est reporté
au 31 juillet. Cela représente 4,5 milliards. L'obligation de
produire la déclaration de revenus est amenée au 1er juin, mais, bien sûr,
nous encourageons tous les contribuables à produire leur déclaration de revenus
pour le 30 avril, notamment pour ceux qui anticipent un remboursement et
également pour les prélèvements... pour les programmes socioéconomiques. Alors,
la date officielle pour produire sa déclaration de revenus sera le 1er juin,
mais nous encourageons tous les citoyens à néanmoins produire leur déclaration
de revenus pour le 30 avril, et, pour ceux qui ont des acomptes
provisionnels et de l'impôt à payer, le 31 juillet.
Pour les entreprises, plus de
500 000 entreprises au Québec, alors, la production des rapports
annuels d'impôt se fera de façon usuelle, mais il y a suspension des paiements
de l'impôt des sociétés et des acomptes provisionnels au 31 juillet. Cela
représente 3,2 milliards de liquidités.
Donc, au total, plus de 2 millions de
particuliers, 500 000 entreprises auront plus de temps, d'oxygène, de
liquidités, en fait, trois mois, et ça représente 7,7 milliards de
liquidités dans l'économie québécoise.
Il me ferait plaisir de prendre vos
questions.
Le Modérateur
:
Parfait. Alors, on va commencer avec Michelle Lamarche, TVA.
Mme Lamarche (Michelle) :
Bonjour, M. Girard. Pouvez-vous me dire... Est-ce que c'est davantage des
particuliers, des entreprises qui ont communiqué avec Revenu Québec pour faire
part de ce besoin, absolument, cette année, retarder?
M. Girard (Groulx) : Je
vous dirais que ça a déjà été fait dans le passé. C'est une mesure efficace
pour donner de la liquidité dans l'économie. On surveille aussi ce que les
autres font dans l'ensemble de la communauté internationale. On n'est pas,
évidemment, la seule juridiction qui fait cela. Puis je peux souligner, là, que
j'ai été en discussion, excellente collaboration avec le gouvernement fédéral,
Revenu Canada, Mme Lebouthillier, M. Morneau. Eux, évidemment, c'est
pancanadien, alors ils ont besoin de plus de temps, mais nous, nous sommes
prêts, puis c'est une mesure qui va être bénéfique.
Mme Lamarche (Michelle) :
Sous-question : Vous pensez qu'Ottawa va emboîter le pas? Sinon ça
pourrait devenir compliqué, là, pour les contribuables québécois.
M. Girard (Groulx) :
Bien, c'est-à-dire que j'ai eu plusieurs discussions. En fait, je parle
fréquemment, presque tous les jours, avec M. Morneau, M. Phillips, de
l'Ontario, Mme Lebouthillier. Nous avons commencé des communications le
week-end dernier, et Revenu Québec, l'Agence du revenu du Canada se parlent.
Ils ont des considérations nationales. Vous savez, on est, avec l'Alberta, là,
la seule province qui a son propre régime d'impôt. Et donc ils feront leurs
annonces en temps et lieu, mais je confirme, là, que nous leur parlons, puis
que la collaboration est excellente.
Le Modérateur
: Merci.
On poursuit avec Patrice Bergeron, La Presse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, M. Girard. Dites-moi, donc, il s'agit donc d'un manque à gagner
temporaire pour le gouvernement, des sommes qui équivalent à des milliards de
dollars. À ce moment-là, est-ce que le gouvernement doit procéder à des
emprunts pour des liquidités? Comment ça fonctionne?
M. Girard (Groulx) :
Bien, le gouvernement a déjà un bassin de liquidités importantes à sa
disposition. Mais, si on veut regarder la mécanique financière d'une telle
opération, effectivement, on pourrait estimer ça comme un emprunt de 7,7 milliards
pour trois mois, et, puisque, dans la gestion de la situation de la crise, il y
a injection de liquidités des banques centrales, baisse des taux d'intérêt...
En fait... Puis je pourrai en parler peut-être dans une autre question, de
l'évolution des réactions des banques centrales et des gouvernements face à
l'adversité, mais ce sera assez facile pour nous d'emprunter ces sommes, si nécessaire,
mais ce n'est pas nécessaire, nous avons déjà les liquidités.
M. Bergeron (Patrice) :
O.K. Donc, vous estimez qu'il ne sera pas nécessaire d'emprunter de l'argent.
Si vous devez emprunter, les coûts seront minimes, si je comprends bien.
M. Girard (Groulx) : Les
coûts sont inférieurs à 1 % puisque le taux de la Banque du Canada est maintenant
de 0,75 point de base, la Réserve fédérale est à 0,25 et, bon, il y a
toutes sortes de programmes de liquidités qui ont été annoncés. La semaine
dernière, le ministre des Finances fédéral, la banque centrale du Canada, le
Bureau du Surintendant des institutions financières et, chez nous, l'Autorité
des marchés financiers ont annoncé des mesures importantes, là : baisse
des taux d'intérêt, injection de liquidités pour les grandes institutions
financières qui ont... pour toutes les institutions financières qui ont accès à
la Banque du Canada, et tout ça injecte des liquidités dans le système, aide à
la stabilité du système financier.
Et là ce qu'on... Nous sommes à l'étape,
là, où les banques centrales essaient de stabiliser les marchés financiers. Et
tout ça, c'est important. Pourquoi on fait ça? Ou pourquoi ils essaient de
faire ça? C'est parce que l'économie impacte les marchés financiers, mais les
marchés financiers impactent l'économie aussi, alors c'est circulaire, et on
essaie de briser ce lien négatif où la chute des marchés boursiers crée une
incertitude supplémentaire. On a déjà une incertitude... une inquiétude de
santé publique. Et l'injection de liquidités, les efforts des banques
centrales, des gouvernements visent à briser le lien de cause à effet, puis
c'est dans les deux sens, là, entre les marchés financiers et l'économie
réelle.
Le Modérateur
: Merci.
Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) :
Bonjour, M. Girard. Est-ce que les chèques vont rentrer, les chèques qui
vont découler des remboursements d'impôt? Est-ce qu'ils vont arriver plus vite,
moins vite?
M. Girard (Groulx) : Ils
vont... C'est-à-dire que vous avez... Si vous produisez votre déclaration pour
le 30 avril, ils vont arriver aussi vite que c'était prévu.
M. Dion (Mathieu) : Je
peux-tu poser une autre question?
Le Modérateur
: Une
autre question, oui, allez-y.
M. Dion (Mathieu) : Est-ce
que... On sent le besoin de produire une mise à jour économique, selon ce qu'a
dit Simon Jolin-Barrette ce matin. Est-ce à dire que le budget de la semaine
dernière est, dans une certaine mesure, périmé?
M. Girard (Groulx) :
Juste pour préciser, puis, je pense, il y avait une certaine incertitude sur ce
que Simon a dit, là. Qu'est-ce qui se passe, c'est que présentement on est dans
la gestion de la crise, et les entreprises et les individus ont besoin de nous,
et on est là pour eux. Il y aura d'autres annonces. Le gouvernement fédéral va
faire des annonces, le gouvernement du Québec va continuer à faire des
annonces. On sera là pour les entreprises et les individus. Ensuite, lorsque la
situation se stabilisera, on va regarder pour des mesures de relance.
Et, bien sûr, il y aura un moment où on
devra donner... faire une évaluation de la situation des finances publiques et
de l'économie. Et un moment qui est possible, c'est lorsqu'on va donner le
solde révisé pour l'année 2019‑2020. Alors, avec le rapport mensuel du
31 mars, qui normalement est publié à la fin juin... on verra s'il est
publié à la fin juin, mais on donne un estimé du solde 2019‑2020, une
révision de la prévision 2020‑2021, et, pour faire une révision de la
prévision 2020‑2021, viendra une révision de la prévision économique.
Le budget visait à donner des moyens au
Québec en santé, en Éducation, d'aider les entreprises à être plus
compétitives, productives, répondre aux besoins des personnes en situation de vulnérabilité.
Alors, en ce sens, l'augmentation des dépenses à 5,3 %, l'augmentation du
PQI, est toujours pertinente.
Le Modérateur
: Mylène
Crête, Le Devoir.
Mme Crête
(Mylène) : Les crédits supplémentaires viennent d'être adoptés,
puis je me demandais... Dans le budget que vous nous avez présenté la semaine
passée, c'était déjà alloué dans certains postes budgétaires. Est-ce que ça, ça
change?
M. Girard (Groulx) : Les
crédits supplémentaires ne sont pas désignés, là, c'est simplement un coussin
qu'on se donne, une marge de manoeuvre. À ce stade-ci, on n'a pas besoin de ces
crédits supplémentaires, mais il y a aujourd'hui procédure extraordinaire à
l'Assemblée nationale. Et tant qu'à... puisqu'on faisait adopter les crédits
supplémentaires qui étaient liés à la mise à jour économique du mois de
novembre, et les gestes qu'on voulait faire avant la fin de l'année, qu'on veut
toujours faire, on a rajouté un 500 millions de marge de manoeuvre. On
verra si on a besoin de les utiliser. On est quand même très avancés, là, dans
l'année financière.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Dans la mise à jour économique, là, qu'on comprend que vous ferez au cours des
prochains mois, en ce moment, quelles sont vos prévisions de croissance
économique? Vous pensez qu'on va réviser ça à combien?
M. Girard (Groulx) :
Bien, qu'est-ce qui se passe, là, c'est qu'au mois de février, on était au
Québec essentiellement au plein emploi, à 4,5 % de chômage, et c'est pour
ça que lorsqu'on a préparé le budget, à la deuxième page du budget, on a mis un
encadré pour dire : Oui, il y a des nuages, oui, il y a de l'incertitude
économique, mais le Québec n'a jamais été en aussi bonne position au niveau des
finances publiques et au niveau économique pour faire face à l'adversité.
Là, le mois de mars, c'est évident qu'il y
a contraction de l'économie mondiale. L'économie mondiale s'est arrêtée. Et là
avant de dire : Ah! bien là, si le reste de l'année est comme le mois de
mars, quel est l'impact, etc., on doit voir quelle va être la durée de cette
période de contraction. Alors, plus la période d'arrêt, de contraction, est
courte, moins l'impact sera grand et plus il y a possibilité d'un rebond
prononcé.
Alors, c'est vraiment prématuré de
dire : Voici ma nouvelle prévision économique parce qu'on est avant tout
dans la question de l'évolution de la pandémie. C'est certain que, si la
situation a évolué très positivement au mois de juin, la situation de santé
publique, bien, l'effet sur l'économie va être moindre, et si la situation
continue à se détériorer au niveau de la santé publique, bien, les impacts
économiques seront plus grands.
Alors, moi, à chaque semaine, je suis les
révisions des prédictions économiques avec précision, puis je fais ça depuis 25 ans,
pays par pays, et les facteurs économiques, financiers fondamentaux.
Effectivement, la prévision pour l'économie mondiale a été révisée à la baisse
cette fin de semaine par rapport à la fin de semaine qui précédait mon budget,
c'est indéniable. Mais tout ce que ceci reflète, c'est la contraction qui se
passe au mois de mars. C'est vraiment l'évolution de la pandémie qui va
déterminer ce qui va se passer avec l'économie.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Si la pandémie s'accélère, est-ce que vous pourriez suspendre éventuellement la
Loi sur l'équilibre budgétaire?
M. Girard (Groulx) :
Écoutez, la Loi sur l'équilibre budgétaire, elle est pertinente. En fait, qu'est-ce
qui se passe, puis là on est vraiment dans la comptabilité, puis le message qui
est important pour les Québécois, c'est qu'on a les marges de manoeuvre puis
qu'on va être là pour aider les entreprises et les Québécois, qu'on n'a jamais
été en aussi bonne position pour faire face à un ralentissement économique et
que toutes les ressources qui sont nécessaires pour la santé vont être
disponibles.
Mais s'il y avait un déficit après
contribution au Fonds des générations, alors, que ce montant soit supérieur à
la contribution du Fonds des générations, c'est-à-dire si on avait un déficit
comptable ou inférieur, c'est-à-dire uniquement un déficit après contribution
au Fonds des générations, c'est la réserve de stabilisation qui vient équilibrer
les finances publiques. C'est-à-dire qu'on prend une partie des surplus passés
pour équilibrer les finances publiques de l'année courante. Et ça, ça permet de
ne pas engendrer une situation de contrôle ou d'imposer un retour à l'équilibre
budgétaire.
Les surplus passés des cinq dernières
années vont venir d'abord absorber toute détérioration des finances publiques.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Oui, bonjour, M. Girard. On imagine bien que c'est des choses qui prennent
du temps à mettre en place, mais pouvez-vous expliquer ce qui fait qu'on tarde
un petit peu à annoncer l'aide aux entreprises?
M. Girard (Groulx) :
D'abord, il faut bien voir, là, que ce qui a été annoncé par le gouvernement
fédéral la semaine dernière concernant les entreprises, c'était positif, O.K.?
On a augmenté l'argent disponible pour la Banque de développement du Canada. Je
pense, ils ont un nouveau nom, là, ce n'est plus la Société pour l'expansion
des exportations mais Développement Canada ou Exportation et Développement
Canada. Alors, ces deux entités fédérales là vont avoir la capacité de faire
10 milliards de prêts supplémentaires.
On a vu aussi que les grandes banques
canadiennes et Desjardins ont annoncé qu'ils allaient avoir des mesures
d'assouplissement pour leurs clients, puis ça, c'est très positif, puis je les
félicite. Et puis je suis en contact avec les dirigeants de Desjardins et de
nos institutions financières, notamment la Banque Nationale. Alors là, le
gouvernement du Québec va annoncer un programme d'aide aux entreprises
prochainement. Je suis en collaboration là-dessus avec le ministre Fitzgibbon,
avec le premier ministre. Et l'idée, c'est d'être complémentaires aux
institutions financières privées, à l'effort du gouvernement fédéral et de
coordonner l'aide. Et puis, si je pouvais juste vous simplifier ça, là, puisque
la BDC, Investissement Québec, les banques sont déjà habituées de travailler
ensemble, on veut éviter, par exemple, qu'un dossier doive être analysé trois
fois.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil...
M. Bellerose (Patrick) :
Juste une petite question en suivi, si on me permet. La FCEI a annoncé qu'en
fait, selon un sondage interne, il y a le quart des entreprises et des PME qui
pourraient devoir fermer en raison de la crise. Est-ce que vous pouvez les
rassurer? Et quelle est l'évaluation que vous faites, là, du nombre de PME qui
pourraient devoir fermer?
M. Girard (Groulx) : En
fait, les PME, les grandes entreprises, les citoyens, c'est difficile pour tout
le monde, O.K.? C'est difficile dans le secteur agricole, c'est difficile au
niveau du tourisme, de la restauration. Je suis certain que les propriétaires de
gyms, c'est difficile. Donc, on doit bien analyser. Il est important que nos
actions soient précises, bien attachées et efficaces. Et là je fais confiance au
ministre Fitzgibbon pour annoncer, au moment approprié, l'aide, et que cette
aide-là apporte l'aide qui est nécessaire. Je suis conscient que les PME ont
des défis différents des grandes entreprises, des individus. On va aussi
prendre acte de l'effort du fédéral. Je sais que le gouvernement fédéral avait
un Conseil des ministres aujourd'hui. Je parle à M. Morneau. On a eu un
appel, hier, de l'ensemble des ministres des Finances du Canada. Ça permet de
savoir ce qui se passe, qu'est-ce qui est fait. Donc, annonce du fédéral,
annonce du Québec, et je vous confirme que le ministre Fitzgibbon est au
courant des enjeux des PME québécoises.
Le Modérateur
: Donc,
M. Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) :
Bonjour. Peut-être la question est plus pour M. Gauthier, là, à vous de
voir. Est-ce que, pour la date des impôts, vous avez été en contact avec les ordres
professionnels de comptables? Parce que peut-être que certains de leurs membres
ne voulaient pas recevoir de clients dans leurs bureaux ou des choses comme ça.
Est-ce que ça s'est fait?
M. Gauthier
(Carl) : Oui, effectivement, on a eu beaucoup de représentations,
là, parce que, du point de vue de la santé publique, comme vos le savez, là, on
suit toutes les mesures de prévention. Donc, pour Revenu Québec, il y avait un
enjeu particulier, c'est sûr, là, entre les représentants, les contribuables,
toutes ces choses-là. Tantôt, quelqu'un a posé la question, entre les
entreprises et les particuliers également. Donc, le vent venait du même côté
partout, je vous dirais, et la meilleure solution, là, c'est que
Revenu Québec adapte toutes, toutes ses politiques et directives en
fonction de la situation actuelle, puis on essaie de suivre les politiques
d'isolement, là, pour éviter... Donc, vous l'avez vu dans la documentation
qu'on vous a remise également, la question de la signature électronique, là,
qui est le lien entre le particulier contribuable et son représentant, on va,
cette année, faire exception et on ne la demandera pas. Donc, c'est un exemple
parmi tant d'autres de l'ensemble des choses qu'on va faire à
Revenu Québec pour s'adapter à cette situation exceptionnelle.
M. Bossé (Olivier) :
Puis je suppose aussi que, pour votre personnel, ça devenait difficile, là,
dans les prochaines semaines, de tout gérer ça.
M. Gauthier
(Carl) : Il y a deux enjeux, oui, parce que, nous, à Revenu
Québec, il y a des enjeux organisationnels importants, vous avez raison de le
souligner. Donc, d'abord prendre soin de notre santé des gens, effectivement. Donc...
M. Bossé (Olivier) : De
la maison, ils ne peuvent pas...
M. Gauthier
(Carl) : ...on applique toutes les orientations du
gouvernement, mais également, comme vous le savez, il faut fournir nos services
essentiels, les grandes priorités en fonction de nos clients. Donc, on va tout
adapter, puis le ministre en a fait l'annonce de plusieurs aujourd'hui. Mais,
nous, administrativement aussi, on va s'adapter à la situation actuelle pour
faire preuve de beaucoup souplesse. Vous l'avez vu dans le communiqué, on va
suspendre, pour une période indéfinie, les activités de vérification. On va également
accorder beaucoup de souplesse dans nos activités de recouvrement. Donc, c'est
un grand changement pour Revenu Québec aussi pour s'adapter à la situation
actuelle.
Le Modérateur
: Louis Lacroix,
Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Je
voudrais juste que vous me précisiez l'impact financier pour le gouvernement.
C'est 7,5 milliards, c'est bien ça?
M. Girard (Groulx) : Ça,
c'est des liquidités, là. Ce n'est pas un impact financier.
M. Lacroix (Louis) : Des
liquidités, en fait, qui vont être retardées.
M. Girard (Groulx) :
C'est comme si nous empruntions. L'impact financier, là, c'est le coût
d'emprunt pour trois mois de 7,7 milliards.
M. Lacroix (Louis) :
O.K. Mais vous...
M. Girard (Groulx) :
Parce que, cet argent-là, on ne l'a pas. Si j'avais... Par exemple, le
7,7 milliards de liquidités que j'ai présentement, là, il est placé pour
trois mois. Alors ça, ça génère un revenu. Alors, l'impact financier de ça,
étant donné les taux d'intérêt à court terme aujourd'hui, c'est marginal.
M. Lacroix (Louis) :
O.K. Merci.
Le Modérateur
:
Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui. Bonjour, M. Girard. Une précision technique, là, dans la même veine.
D'abord, est-ce qu'on comprend que l'adoption de 500 millions de dollars
de crédits additionnels aujourd'hui vient grever d'autant le surplus qui était
prévu pour l'année en cours, là, de 1,9 milliard?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire,
seulement s'il est dépensé. Alors là, on est vraiment dans une provision pour
éventualité avec deux semaines à faire. Et puis c'est quand même une situation
particulière, là, où le... On vous a donné une prévision d'un surplus
budgétaire à 1,9 milliard avec un mois à faire, alors, généralement, il y
a quand même un très haut niveau de confiance sur ce chiffre-là avec un mois à
faire. Là, le mois de mars, c'est évidemment un mois exceptionnel, alors on va
tout réévaluer ça. Et c'est pour ça que je dis que, lorsqu'on va réviser le
solde 2019‑2020, ce sera le bon moment de donner un aperçu de 2020‑2021.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant, donc, votre budget déposé il y a exactement une semaine, est-ce
qu'à la lumière des derniers événements il pourrait y avoir des mesures qui
étaient contenues dans ce budget-là qui soient révisées? Par exemple, il y a de
nombreuses mesures environnementales qui étaient contenues dans le budget. Est-ce
que ça pourrait être opportun de reporter certaines mesures dans la mesure où
c'est peut-être moins urgent que des actions immédiates en santé publique, par
exemple?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, je pense que ce que vous devez voir, là, le dernier budget, c'était
l'anticipation de 121 milliards de revenus, 118 milliards de
dépenses, des revenus qui croissent à 3 %, des dépenses qui croissent à
5,1 %, puis un surplus au Fonds des générations, 2,7 milliards. La
capacité du gouvernement du Québec de réaménager ses dépenses ou d'accélérer
des dépenses est grande. Alors, par exemple, là, un programme qui a été pensé
pour le développement touristique, pourrait-il être... est-ce que les fonds qui
avaient été prévus pour ça pourraient être utilisés à d'autres mesures comme
soutenir l'industrie, puis etc.? On a la flexibilité de réaménager, d'accélérer
les dépenses, et on est en situation exceptionnelle. S'il faut le faire, on va
le faire.
Le Modérateur
: Fanny
Lévesque, La Presse.
Mme Lévesque (Fanny) :
Il y a le Manufacturiers et exportateurs du Québec, là, qui demande par exemple
au gouvernement qu'on songe à imposer un moratoire comme ce qui a été fait en
France, là, pour un moratoire sur les impôts, les paiements de services
publics, les charges sociales, fiscales, pour assurer la survie des
entreprises. Est-ce que c'est un scénario qui est envisagé de votre part?
M. Girard (Groulx) :
Bien, c'est-à-dire que, nous, on étudie tous les scénarios puis, bien sûr, on
regarde ce qui se fait en Suisse, en France, en Chine, aux États-Unis. Ce que
j'annonce aujourd'hui, c'est le report de la date de paiement de l'impôt à
payer et des acomptes provisionnels pour trois mois. C'est une mesure
importante. Ça va donner 7.7 milliards de liquidités. Puis je comprends
que la situation est exceptionnelle puis vous voulez avoir plus d'information
sur d'autres scénarios. C'est notre responsabilité d'étudier tous les
scénarios. Ce que j'annonce, aujourd'hui, c'est vraiment le report de l'impôt à
payer et des acomptes provisionnels.
Mme Lévesque (Fanny) :
Donc, il n'est pas exclu qu'il pourrait y avoir d'autres mesures par la suite,
c'est ça qu'on comprend?
M. Girard (Groulx) : Bien,
le gouvernement fédéral va annoncer des mesures, le ministre de l'Économie va
annoncer des mesures, la situation va évoluer. Tout ça est lié, la situation de
santé publique, la situation de l'économie.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Juste une question. Le premier ministre — bonjour — nous a
habitués à beaucoup de transparence depuis jeudi dernier. Selon vos scénarios,
ça va coûter combien à l'État québécois, cette crise-là?
M. Girard (Groulx) : Je
n'ai pas de chiffre pour vous, puis je veux vous dire pourquoi : je ne
connais pas la durée de la crise. Alors, c'est vraiment ce qui va se passer
avec la santé publique qui va déterminer la longueur ou la durée de l'impact
économique. Je vous l'ai dit, février, plein emploi, excellente situation,
mars, contraction de l'économie mondiale. Et combien de mois vont ressembler au
mois de mars? C'est extrêmement important pour pouvoir répondre à votre
question.
M. Gagnon (Marc-André) :
Alors, si je peux m'en permettre une également...
M. Girard (Groulx) : Bien
sûr, bien sûr.
M. Gagnon (Marc-André) :
Marc-André Gagnon, du Journal de Québec. Les chanceux qui, eux,
attendent un retour d'impôt et puis qui vont faire leur déclaration d'impôt...
M. Girard (Groulx) : Le
30 avril.
M. Gagnon (Marc-André) :
... oui, donc, dans les temps, est-ce qu'ils doivent s'attendre à ce que
l'émission ou leur... à obtenir, finalement, leurs remboursements d'impôt en
retard, avec un certain délai? Parce qu'on sait qu'à Revenu Québec, hein, il y
a des gens qui ne peuvent pas travailler en ce moment, là.
M. Girard (Groulx) : On
va tout faire pour que ça ne soit pas le cas.
M. Gauthier
(Carl) :Présentement, tout est prévu, que
les remboursements se fassent dans les délais, et même, je vous dirais, en
fonction des priorités parce qu'à Revenu Québec on a des priorités, là. Notre
priorité, présentement, c'est d'accélérer le remboursement, autant pour les
particuliers, pour les impôts, autant pour ceux qui reçoivent des programmes
sociofiscaux et également pour les entreprises qui demandent des crédits
d'impôt. Donc, c'est notre priorité présentement.
Le Modérateur
: Très
clair. Parfait, merci. On passe maintenant aux questions en anglais, à moins
qu'il y en ait une autre en français. Ça va? Donc, Raquel Flectcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Yes. Good morning. This $7.7 billion
of liquidity that will be in the economy because people... you've given us
extension, for people, to pay their taxes, can you put that into context for
us? What does that mean? What will that... What does that... I mean, it sounds
like a large number, but what will that permit in the
economy?
M. Girard
(Groulx) : Yes. It's an excellent question. It will help all businesses. So,
we're speaking of 500 000 businesses,
500 000 businesses that are eligible for this. We assume that
2 million Quebeckers would have to pay taxes on April 30th. So, when
you have a measure that helps 2 million people and 500 000 corporations,
it's helpful.
In terms of quantifying
the $7.7 billion, it's an excellent question. I was looking for reference
in terms of size and I was looking at the size of the GDP of Québec, size of
the monetary base of the province. And so it's in percentage point of
additional liquidity. But $7.7 billion... And if the federal decides to do
the same, the impact is going to be twice, so it's an extremely positive
measure.
Mme Fletcher
(Raquel) : Are there things that everyday
Quebeckers can do to support small businesses that are really struggling? I
know, on social media, it's been suggested to buy gift cards for, say, you
know, yoga studios, or gyms, or whatever, now, because obviously, they're
closed.
Would that be a good
idea? Are there measures that Quebeckers can take to support small businesses
to make sure that they don't go under because of this crisis?
M. Girard
(Groulx) : I'm sure the answer is yes, but I'm in a position where I'm
serving the whole economy and I'm really looking at this in terms of what do we
need to do, what first the Government needs to do with respect to public
health.
Then, we need to
stabilize the financial system, and that was done last week with the federal
Government, the Bank of Canada. We are in the process of trying to break the
feedback loop between financial markets and the economy.
Next is helping
businesses and individuals. And the announcement today is: This is where we
are. We are at helping individuals and businesses that are impacted by what's happening. The liquidity measure is there to support these people
meet their payments. When better times come, we will be looking at stimulating
the economy and providing economic updates, etc.
Are there gestures that
can be done? I know, for example, in the arts, cultural events or the arts
sector of the economy, it has been suggested not to ask to be reimbursed for
your events that are canceled to help theaters and producers. Yes, there are
gestures. I don't have a list for you.
Le Modérateur
: Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : One clarification first. The
$2.6 billion that is available now is to pay... well, partly to pay for
the expenses for COVID-19, like daycare, urgent daycare services, health care
expenses, new expenses, salaries, this is part of the money...
M. Girard
(Groulx) :OK, no...
Mme Senay
(Cathy) : ...this is what M. Jolin-Barrette
explained us, that there are 500 added. So, it's....
M. Girard
(Groulx) : So, when we tabled budget 2020‑2021, OK, the surplus of 2019‑2020 would have been higher than $1.9 billion,
unless we decided to spend an extra $947 million in the last month of the
year. So this $947million that we're spending in the last month of March is
clearly identified, line by line, in budget 2020‑2021, it's identified what we will spend in the last month of
2019‑2020.
On top of that, once we
saw interest rates going down during the year — remember, a year ago, we were expecting rate hikes, we got rate cuts — we add substantial margins to
reduce interest payments on our debt. We decided, at the fall economic update,
to invest this money in the citizens, OK, to give money back to Quebeckers. So because of the money that we gave to Quebeckers at the economic update, because of the $947 million that we
had planned to spend, because of the ride down that we took on Bombardier, we
needed additional credits for the year 2019‑2020. Knowing that we're adopting
this today, knowing the condition, we decided to add a provision for $500 million, which we may or may not use,
given that there's two weeks left in the year.
Mme Senay
(Cathy) :O.K. How do you feel, as the Finance Minister of Québec? You're in a seat that you have no
idea where you're going with the outbreak?
M. Girard
(Groulx) : Actually, I'm really honored to
serve. I think the... I wanted to do public service. I'm trained as an
economist and in finance. I've lived through four recessions, I've seen the
impact on the economy, on financial markets. I know what crises look like and I
think it's very important to stay calm, do the right things, do the... We're
going to need to do additional spending. We want to make sure that this
spending is efficient, effective, and I'm working really closely with the
Treasure Board President making sure that all our interventions are precise,
effective. And it's a responsibility, and I'm honored to serve.
Le Modérateur
: All right? Thank you very much. Merci, tout le monde.
(Fin à 11 h 34)