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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’environnement, M. Sylvain Gaudreault, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, et Mme Marie Montpetit, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques

Version finale

Le jeudi 20 février 2020, 8 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante minutes)

La Modératrice : Bonjour. Bienvenue à ce point de presse. Prendront la parole, tout d'abord, Mme Ghazal, suivie de Marie-Ève Caron, Julie-Christine Denoncourt, Félix Giroux, Marie Montpetit. Merci beaucoup.

Mme Ghazal : Merci. Alors, bonjour, tout le monde. Écoutez, je suis très, très heureuse d'être ici. Je suis fébrile depuis le temps qu'on en parle, d'avoir des jeunes qui ont participé à la COP25 à Madrid. Je veux les remercier d'être ici, à l'Assemblée nationale. Je veux aussi remercier Marie d'être avec nous.

Donc, la semaine passée, l'Assemblée nationale, à l'unanimité, a adopté une motion qui reconnaît la déclaration sur les enfants, la jeunesse et l'action climatique, qui avait été lancée à Madrid, donc, dans le cadre de la COP. Et donc moi, quand j'ai rencontré les jeunes qui sont ici à la COP, qui vont vous adresser la parole, bien, j'ai eu un coup de foudre, un vrai coup de foudre. Et on a parlé de cette déclaration-là qui est quand même importante, où est-ce que les jeunes ont quand même une voix importante, qu'il faut la connaître, la reconnaître. Et non seulement ils sont les plus vulnérables par rapport aux changements climatiques, mais aussi ils sont des acteurs.

Et donc je vais me taire tout de suite parce que mon objectif, c'est de leur donner la parole, de faire une demande très, très, très précise au gouvernement de la CAQ, au ministre Benoit Charette. Donc, je vais vous laisser la parole.

Mme Caron (Marie-Ève) : Bonjour. Marie-Ève Caron, déléguée de l'AQOCI-YMCA pour la COP25.

Je suis arrivée à la COP25 remplie d'espoir, l'espoir de pouvoir être témoin d'un véritable changement, mais aussi de l'opportunité que constitue la transition juste, une transition qui passe par l'adaptation de nos modes de vie et de notre mode de gouvernance vers un modèle durable. Plein de belles promesses et d'engagements qui ne font que refléter une façade de responsabilité sociale derrière laquelle se cachent des intérêts strictement économiques. Désillusion politique totale.

Je conserve cependant un espoir pour la justice climatique de par la présence des organisations de la société civile mondiale, les groupes de jeunes, les organisations de coopération internationale, et les communautés autochtones, et j'en passe. Cette diversité d'organisations porte l'essence de ce changement, et c'est pourquoi il est important de leur donner une voix. C'est en écoutant les revendications des jeunes, comme le réflexe climat et générations futures, qui représente le présent et le futur, en finançant les organisations de promotion des droits humains et en revalorisant des savoirs autochtones comme l'instrument d'articulation de gestion de l'environnement que le Québec peut devenir un leader.

J'ai rencontré tellement de gens à la COP25 qui sont déjà victimes des changements climatiques, mais surtout sur lesquels reposent les solutions. Faites une place plus importante aux populations vulnérables et à la société civile. Ce sera un signe clair de la part du gouvernement que nous avons à gagner en travaillant ensemble vers une justice climatique et pour un Québec dont les Québécois seront fiers. Sur ce, on se retrouve à la COP26.

Mme Denoncourt (Julie-Christine) : Je m'appelle Julie-Christine Denoncourt. Puis moi, je faisais partie de la délégation de l'Université de Sherbrooke, à laquelle participaient aussi sept autres étudiants et étudiantes de deuxième cycle.

On le sait, nous, les jeunes, on subit déjà de plein fouet les impacts des changements climatiques, puis on va les subir encore plus directement dans les années à venir, de même que les prochaines générations. Pourtant, on n'est pas dépourvus de solutions puis on veut non seulement que nos voix soient entendues, mais aussi prises en considération.

La semaine dernière, le gouvernement a pris l'engagement de respecter le principe d'équité intergénérationnelle et de se joindre aux autres États signataires à la déclaration sur les enfants, la jeunesse et l'action climatique. C'est donc pour toutes ces raisons qu'on demande aujourd'hui au gouvernement du Québec d'intégrer un réflexe climat et générations futures au projet de loi n° 44 sur la gouvernance climatique, qui fait actuellement l'objet d'une étude détaillée à l'Assemblée nationale. On veut qu'il soit imposé à tous les ministères la production d'une analyse d'impact sur le climat et les générations futures pour chaque politique, stratégie et règlement, comme c'est déjà le cas pour les entreprises depuis 2014 avec le mécanisme d'impact réglementaire. On demande aussi que cette analyse soit rendue publique et qu'un ministère qui déciderait de ne pas en prendre compte se justifie publiquement.

Dans le contexte de la crise climatique actuelle, qui est devenue une crise sociale et humaine, on ne peut pas se permettre d'approuver des projets ou de prendre des décisions qui mettent en péril le droit à un environnement sain des prochaines générations du Québec.

M. Giroux (Félix) : Bonjour. Je m'appelle Félix Giroux. Je fais partie de la délégation d'ENvironnement JEUnesse qui était à Madrid avec Marie-Clarisse Berger, de Rivière-du-Loup, Rodrigue Turgeon, d'Amos, Sandrine Giérula, de Laval, Léa Ilardo, de Montréal. Et donc on était tous ensemble à la COP25. Je souhaite présenter deux mythes qu'il faut déconstruire, que le gouvernement nous répète ad nauseam.

Le premier est l'idée que le gouvernement est un leader en matière d'environnement. Le Québec n'est pas un leader. Notre gouvernement se base surtout sur des initiatives du passé comme l'hydroélectricité et le marché du carbone. Il manque d'ambition, et ce, à deux niveaux en particulier. Les actions, les projets et les politiques ne contribuent pas à garder le réchauffement à l'intérieur de 1,5 °C. Et, deux, dans son ton, dans sa rhétorique, notre gouvernement... n'est pas celui d'un leader. Un vrai leader n'attend pas qu'un autre agisse pour ensuite lui emboîter le pas. Un vrai leader initie le changement. Il ne s'assoit pas sur ses lauriers.

Le deuxième mythe est celui que le Québec n'a pas les moyens de s'engager dans une transition qui est immédiate et transformatrice. Après avoir rencontré des délégués de partout sur la planète à la COP25, je veux dire au gouvernement qu'on a tout ce qu'il faut pour agir au Québec. Je suis gêné quand j'entends le gouvernement d'une des nations les plus riches et développées du monde nous dire qu'on n'a pas les moyens. Il faut se donner les moyens de nos ambitions. On a accès à une éducation qui est hors pair, à des expertises incroyables, à la technologie qu'il faut. Et surtout on a un consensus de la population sur la crise climatique et sur la nécessité de s'engager encore plus. Ce n'est pas vrai qu'on n'est pas assez riches. Avec un tel discours, le gouvernement nous met des bâtons dans les roues pour une meilleure société.

Le Québec n'est pas un leader, mais il a tout pour l'être. Et je crois que nous avons les moyens de se doter d'un plan qui est transformationnel pour le Québec et pas juste des mesures à la pièce. Merci.

Mme Montpetit : Merci, Félix. Bien, un grand plaisir d'être ici avec des jeunes. Merci, Ruba, pour l'invitation. J'ai eu l'occasion d'en rencontrer plusieurs quand on était à la COP. Ça a été un beau coup de coeur. Petite confidence, mes deux parents sont professeurs et m'ont toujours dit : Si tu veux vieillir intelligemment, et rester moderne dans tes idées, puis rester connectée sur ce qui se passe, puis, c'est ça, vieillir intelligemment et avec ton temps, bien, entoure-toi de jeunes et comme ça tu t'assures d'être très bien connectée sur les réalités du moment. Puis c'est ce qu'on fait aujourd'hui.

Vous l'avez vu, on a commencé l'étude du projet de loi n° 44 hier. C'est une grosse semaine, là, pour l'environnement. J'en reviendrais au message qu'ils font. Puis on est vraiment là pour les supporter parce que c'est un message qui est extrêmement important, justement, de mettre en place un test climat ou un réflexe climat pour tout l'appareil gouvernemental. Et on se retrouve dans une situation où on a un ministre, le ministre Charette, le ministre de l'Environnement, jour un où il est arrivé en poste, a dit tout de suite : Moi, je baisse les bras, les cibles 2020, on ne les atteindra pas, alors qu'il y avait encore de nombreux experts qui disaient : Si on redouble d'efforts, si on continue, on est capables de les atteindre. Cette semaine, il a écrit une lettre ouverte dans les journaux où ce qu'on comprend, c'est qu'il est en train de mettre la table pour dire : Gérez vos attentes, on n'atteindra pas non plus celles de 2030, ce qui est absolument déplorable.

Le projet de loi n° 44 abolit Transition énergétique Québec, abolit le Conseil de gestion du Fonds vert, qui sont deux organisations extrêmement importantes. Transition énergétique Québec, c'est l'outil le plus efficace au Québec pour la lutte aux changements climatiques, pour la diminution des GES. Ça nous a permis de diminuer de 60 % nos GES avec seulement 18 % du Fonds vert depuis 2016. Et donc ça, déjà, ça nous indique qu'on ne va absolument pas dans la bonne direction. Le ministre nous l'a dit : Ce n'est pas une loi climat, il n'y a pas de cibles, les cibles ne sont pas intégrées. Donc, ça donne une idée du sérieux qui est fait.

Moi, je garde bon espoir de la suite des choses, sur comment on pourra bonifier, comment on pourra améliorer le travail, mais il faut que ce soit un travail sérieux. Il faut que ce soit un travail rigoureux qui soit à la hauteur de la crise climatique. On a déclaré l'urgence climatique dans cette Assemblée nationale. Il faut qu'on soit conséquents de ce qui a été déclaré par les 125 parlementaires et qu'on mette des lois en place qui nous permettent de répondre à cette urgence. Mais je suis très, très contente de vous avoir avec nous aujourd'hui. Puis on supporte évidemment leur demande. Merci.

M. Gaudreault : O.K. Bon, écoutez, premier message à l'endroit des jeunes qui sont ici : Merci, félicitations de venir ici pour venir nous bousculer, venir bousculer le gouvernement, venir faire des revendications. J'ai moi aussi eu l'occasion de rencontrer ces groupes à l'occasion de la COP25 à Madrid et je suis extrêmement fier. Et je veux dire à eux qui sont ici, eux et celles qui sont ici, mais aussi à toute la jeunesse québécoise : Ça marche, de s'impliquer, ça marche, de s'engager politiquement, ça marche, de participer à des conférences internationales et de faire retomber les revendications à l'échelle nationale. Il ne faut pas lâcher, ça marche.

Sur le fond des choses, quant à ce qui concerne le réflexe climat, et le Parti québécois est entièrement d'accord avec ça, nous avons inclus un mécanisme semblable dans le projet de loi que nous avons déposé sur le respect des obligations climatiques il y a un an. Mais je ne suis pas ici pour faire de la partisanerie. Moi, je suis ici pour avoir des résultats. Nous sommes présentement à l'étude du projet de loi sur, soi-disant, la gouvernance efficace des changements climatiques, mais le projet de loi qu'on a devant nous est tout sauf efficace. Mais il faut qu'on avance avec ce que nous avons.

La demande qui est faite par les groupes ici, d'avoir un réflexe climat et de générations futures, peut s'articuler de différentes manières via des amendements dans le projet de loi n° 44. On peut penser, par exemple, à un budget climat qui intégrerait des éléments qui sont demandés par les jeunes. On peut demander un genre de grille d'analyse dont l'ensemble du Conseil des ministres et les comités ministériels tiendraient compte avant d'autoriser un projet.

Alors, soyez assurés qu'en ce qui me concerne, puis je comprends que c'est la même chose pour mes collègues des autres partis, on va faire tout le travail pour que ces revendications-là soient entendues. La pression, la pression, elle est sur le gouvernement, elle est sur le ministre Charette, qui ont dit et qui répètent publiquement que 2020 sera l'année de l'environnement. Alors, on ne peut pas dire une chose d'un côté de la bouche puis faire le contraire ou dire le contraire de l'autre côté. Donc, vous êtes entendus. On va continuer de se faire le porte-voix de ces jeunes. Et vous pouvez revenir pour maintenir cette pression. Merci.

Mme Ghazal : Donc, à la COP, quand j'ai rencontré les jeunes, j'ai été témoin des discussions qui ont eu lieu entre le ministre Benoit Charette et les groupes de jeunes que vous voyez ici. Et ce que j'ai constaté puis ce que je déplore, c'est le ton un peu de... Je qualifierais de mononcle le ton paternaliste qu'il emploie avec les jeunes, où il dit : Bravo, continuez, c'est bien «cute», ce que vous faites. Nous, on s'en va vers là, mais continuez à nous pousser puis on va vous regarder de temps en temps puis vous applaudir. Même, il y a eu des jeunes qui sont venus en consultations particulières pour le projet de loi n° 44, et ça a été le même ton paternaliste et qui est extrêmement dérangeant.

Ce que vous avez entendu aujourd'hui, ce que les jeunes ici viennent présenter, c'est une proposition pragmatique, une proposition qui ne tombe pas du ciel comme ça et fleur bleue. Ce qu'ils disent, c'est qu'en ce moment il existe déjà une pratique qui existe au gouvernement depuis 2014, qu'on appelle l'analyse d'impact réglementaire. Ça, ça veut dire que, comme ils vous l'ont expliqué, n'importe quel règlement, n'importe quel projet, comme par exemple GNL, le troisième lien, n'importe quelle stratégie gouvernementale, bien, est analysée pour s'assurer que ça n'a pas beaucoup d'impact sur les entreprises. On appelle ça l'allègement réglementaire. Bien, je pense que le climat mérite la même chose, le même traitement qu'on donne aux entreprises.

Moi, je m'engage à cette demande réflexe climat et générations futures, où il y ait une analyse systématique sur l'impact sur le climat de toute politique, règlement, etc. Bien, je m'engage à proposer, dans le cadre du projet de loi n° 44, un amendement pour proposer cela. Le ministre Charette, le gouvernement ne nous écoute pas parce qu'ils disent que les oppositions s'opposent. Bien, j'espère maintenant, au moins, qu'il va écouter les jeunes qui sont ici puis qui ont fait ce travail et cet effort. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va prendre les questions seulement sur le sujet. Donc, si vous avez des questions, je vous inviterais à vous approcher du micro. Est-ce qu'il y a des questions en anglais? Merci beaucoup.

Mme Ghazal : Merci.

(Fin à 9 h 4)