(Treize heures trois minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Merci beaucoup d'être présents à ce point de presse. Prendront la
parole, tout d'abord, le chef de l'APNQL, Ghislain Picard, suivi d'un
représentant des familles, dont Pierre-Paul Niquay, Thérèse Dubé. Ensuite, il y
aura M. David Birnbaum du Parti libéral du Québec et Sol Zanetti de Québec
solidaire. Merci beaucoup.
M. Picard
(Ghislain) :Merci beaucoup. (S'exprime
dans une langue autochtone). Écoutez, extrêmement privilégié d'être devant vous
aujourd'hui et surtout d'être accompagné par finalement une représentation
quand même assez limitée d'une situation qui prévaut chez plusieurs nations à
l'échelle du Québec, une situation préoccupante et qui a d'ailleurs fait
l'objet de recommandations précises dans le rapport spécifique au Québec de
l'enquête nationale sur les femmes et jeunes filles autochtones assassinées et
disparues et, plus précisément, les appels à la justice n° 20
et 21, qui touchent les enfants disparus ou décédés ou enlevés. Et, écoutez,
c'est une longue histoire et les familles qui sont avec nous qui sont
principalement de la nation... qui sont de la nation attikamek, comme je le
disais, sont représentatives d'autres situations qui touchent d'autres nations
et qui ont été relevées dans le contexte des témoignages devant l'enquête
nationale sur les femmes et jeunes filles autochtones assassinées et disparues.
Rapidement, le contexte. Le gouvernement a
reçu, comme nous tous, le rapport de l'enquête nationale en juin dernier. Le
gouvernement de la CAQ a promis de réagir rapidement. On a été informés qu'il y
avait un processus qui serait rapidement mis en branle pour passer à la mise en
oeuvre rapidement. Par la suite, bien, il y a eu un peu ce projet de loi qui
touche la pharmacie qui est à l'étude... qui était à l'étude lors de la
dernière session, le projet de loi n° 31, et auquel on a inséré un certain
nombre d'amendements qui touchent... qui visent à répondre aux appels à la
justice n° 20 et 21.
Écoutez, je tiens aussi, à ce moment-ci, à
remercier MM. Birnbaum et Zanetti, respectivement du Parti libéral et de
Québec solidaire, qui... sans eux, finalement, on n'aurait pas été mis au courant
de ce processus-là. Et donc tout s'est produit très rapidement dans les
semaines précédant la fin de la session de l'année 2019, la dernière
session de l'Assemblée nationale. Et entre-temps, bien, il y a eu évidemment
des processus assez expéditifs pour permettre à ces familles-là et plusieurs
autres de se consulter et de voir quel serait le meilleur véhicule pour
répondre à leurs attentes. Et je pense que tout le monde a jugé qu'être inséré
comme accessoire dans un projet de loi comme celui sur la pharmacie n'était pas
le meilleur véhicule, et principalement dû au fait que les familles trouvaient
que ça n'apportait pas la dignité nécessaire devant les drames que ces
familles-là ont vécus; on peut reculer jusqu'à 40, 50 ans.
Donc, c'est la raison pour laquelle nous
sommes ici, comme Assemblée des Premières Nations, d'abord en soutien aux
familles mais aussi pour insister devant le gouvernement qu'il y a une belle opportunité
aujourd'hui, pour le gouvernement de M. Legault, de passer de la parole
aux gestes, de passer des excuses du 2 octobre à un premier geste concret
qui démontre sa sincérité. Et on ne demande pas grand-chose, là. On demande,
les familles demandent un projet de loi qui soit distinct et qui réponde
amplement à leurs attentes parce que les amendements qui sont proposés dans
l'actuel projet de loi ne vont pas assez loin, selon les familles, et ça, je
pense que c'est aussi quelque chose qui mérite d'être compris.
Donc, à ma connaissance, jusqu'à maintenant,
la position reste maintenue du côté des familles. Et la demande, c'est vraiment
d'avoir un projet de loi distinct, qui soit conforme à leurs attentes et qui
soit conforme également aux appels à la justice de l'enquête nationale. Je vais
passer la parole maintenant aux représentants des familles.
M. Niquay (Pierre-Paul) :
O.K. Bonjour. Pierre-Paul Niquay, de la nation attikamek, membre du
regroupement des familles attikameks ayant des enfants disparus, enlevés.
Nous, on veut respecter les autorités qui
ont été... les structures d'autorité qui ont été mises en place. Nos chefs
constituent nos porte-parole, et l'APNQL, qui représente officiellement... ils
sont des interlocuteurs très valables pour les gouvernements.
Concernant le projet de loi n° 31, il
y a... les amendements qui ont été rajoutés dans le mois de novembre, nous les
avons lus, étudiés, et ça ne nous convient pas. Donc, on demande au gouvernement
qu'il y ait une loi distincte, dans sa forme et son contenu, puis ça, c'est en
respect de la dignité des enfants qu'on a perdus, qui sont disparus, qui sont
enlevés. Et pour la nation attikamek, il y a 32 familles concernées pour
47 enfants disparus.
Maintenant, il y a d'autres premières
nations, comme les Innus, les Cris, les Algonquins qui, eux aussi, ont des
enfants disparus. Aujourd'hui, on ne veut pas parler pour eux parce qu'ils ont
les habiletés, la majorité, les connaissances et les compétences, ils ont leur
propre histoire, c'est eux qui doivent prendre parole et affirmer leurs
besoins, mais je crois qu'on converge tous vers le même sens, c'est qu'il y a
une nécessité. Et c'est l'histoire qui nous invite, qui invite à nouveau le gouvernement
à corriger des erreurs qu'eux ne l'ont pas fait, mais les prédécesseurs. Et on
est dans l'ère de la réconciliation, et les gouvernements ont tout à gagner,
notre confiance, on est ouverts de ce côté-là. Donc, c'est dans ces termes-là
que je vais passer la parole à Mme Thérèse Dubé.
Mme Dubé (Thérèse) : (S'exprime
dans une langue autochtone).
M. Birnbaum : Vous venez
d'entendre les paroles du grand chef Picard ainsi que deux représentants des
familles attikameks, et il nous semble que la voie est claire. Nous étions, ce
matin, en interpellation avec la ministre responsable des Affaires autochtones,
et voilà une des questions primordiales qui faisait sujet de plusieurs de nos
interventions. Et nous avons dit, au nom des familles autour de nous, qu'il y a
une solution à la portée, une solution qui va prendre le temps que ça va
prendre. On parle d'une situation déchirante des enfants disparus ou décédés,
et les familles qui n'ont pas juste à vivre leur deuil, ils continuent de ne
pas avoir accès à l'information sur le sort de leurs propres enfants. Il y
avait une solution de proposée, j'espère, en bonne foi, avec des amendements
dans une loi sur les pharmaciens. Vous entendez clairement, et c'est notre avis
aussi, que c'est un processus qui n'était pas à la taille, c'est des
amendements qui ne répondent pas aux questions suffisamment de ces familles.
Donc, il y a une option à la portée de ce gouvernement, c'est-à-dire d'écouter
les gens autour de nous, de retirer ces amendements mal ficelés et de déposer
sans délai un projet de loi désigné à résoudre ce problème, un projet de loi
qui va, cette fois-ci, assujettir à une consultation digne et respectueuse, qui
va donner le temps à la Protectrice du citoyen de commenter, comme il faut, sur
les amendements et au processus parlementaire de faire son chemin.
Et voilà une solution qui va être digne
des excuses prononcées par le premier ministre le 2 octobre, et la
solution qui est évidente... je continue à avoir de l'espoir, la ministre
responsable, ce matin, n'avait pas l'air d'être prête à écouter le monde autour
de nous, mais on ne lâche pas et on s'attend à ce que ces amendements soient
retirés et qu'un projet de loi, comme je dis, uniquement désigné à ce problème
soit abordé dans un bref délai. Merci.
M. Zanetti : Notre position, à
Québec solidaire, elle est claire. Nous, on appuie ces revendications-là de
faire un projet de loi qui est distinct pour cet enjeu-là, le mécanisme,
d'avoir accès... qui permettrait aux familles d'avoir accès à l'information
concernant leur enfant disparu, enlevé. Et il n'y a aucun obstacle
bureaucratique, technocratique, de forme à faire ça, tout se peut. Le projet de
loi, là, si les gens de la commission consentent, on peut enlever les choses
qui font problème. Il peut y avoir un autre projet de loi déposé. Il n'y a
aucun obstacle technique à ces revendications-là. Ces revendications-là ne
coûtent rien, elles ne coûtent absolument rien. Et ce que je pense qui doit
cheminer chez la ministre D'Amours en ce moment, c'est l'idée que la façon de
faire les choses, le moyen est aussi important que le résultat du projet de loi.
De dire : Ah! mais, on a fait un petit pas, c'est bien, ça va arriver rapidement...
Le moyen, la façon de faire, la façon de consulter est tout aussi important, et
c'est ça qu'il faut qui passe, je pense, comme message aujourd'hui.
La Déclaration des Nations unies sur les
droits des peuples autochtones et qui... donc, la Commission Viens mais aussi
l'ENFFADA recommandent l'application, là, cette déclaration-là dit qu'il faut
qu'il y ait une consultation des peuples autochtones en amont sur les sujets
qui les concernent. Alors, c'est ce qu'on veut. Un projet de loi distinct, qui
va être élaboré avec les autochtones du Québec, là, il va aller très
rapidement. Ce qui prend du temps, c'est quand on ne consulte pas puis qu'après
ça il faut réparer les choses qu'on a faites sans connaître le sujet.
Quand on était sur le projet de loi
n° 31, sur la commission, là, j'y étais avec M. Birnbaum aussi, ils
nous ont amené les amendements, puis là on s'est fait présenter ça un jour,
puis là on a contacté nos contacts à l'APNQL et ailleurs, puis on a dit :
Mais qu'est-ce que vous en pensez? Qu'est-ce que vous en pensez? Personne n'a
eu le temps d'analyser ça. Puis là tout le monde a dit : Bien, écoutez, ça
a l'air d'être un bon pas, on est pressé, on va embarquer là-dedans. Mais,
après analyse, comme de raison, bien, les gens se sont rendu compte qu'il y a
des choses qui ne marchaient pas là-dedans.
Donc, il faut prendre le temps de faire
les choses comme il faut. Il faut prendre le temps de faire les choses
dignement et de façon respectueuse, puis c'est le message qu'on est venus
livrer ici aujourd'hui. Je vous remercie.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre les questions sur le sujet en premier, après ça vous
pourrez posez vos questions d'actualité. On comprend, pour cette fois-ci, que
d'avoir M. Picard est pertinent pour l'actualité. Merci.
M. Larin (Vincent) : Moi,
j'aurais une question pour M. Picard peut-être. Je comprends que vous
faites valoir que c'est important de consulter en amont les Premières Nations
dans le cadre d'un projet de loi. Peut-être nous exprimer, mais clairement, qu'est-ce
que permettrait justement le projet de loi distinct dans ce cas-ci. Puis,
deuxièmement, vous avez mentionné, entre autres, que... ça a été aussi
mentionné par la ministre que l'amendement répondait aux appels à la justice 20,
21. Est-ce que vous vous attendez à ce que tous les appels à la justice ou une
majorité soient répondus dans un seul projet de loi?
M. Picard
(Ghislain) : Non, parce qu'il y a, de toute évidence, des cas
extrêmement précis et spécifiques, et je pense que ça prend une démarche pour
en faire une analyse un peu plus approfondie. Mais la chose que je dirais,
c'est que la ministre et ses collègues se mettent à la place des familles qui
sont ici ce matin et comprennent qu'il est extrêmement important... je veux
dire, la dignité humaine, là, ça n'a pas de prix et je pense que c'est
important qu'on puisse faire valoir uniquement ce principe-là comme point de
départ. Et c'est là que... Écoutez, je suis extrêmement préoccupé, frustré, à
la limite, là, d'une démarche, comme l'expliquait M. Zanetti un peu plus
tôt, là, qui nous a pris de court tout le monde, à un tel point qu'il n'y a pas
eu les analyses nécessaires de notre côté. Et, en parlant d'analyses, bien,
avec le peu de temps qu'on avait, on a quand même réussi à faire valoir que des
amendements à l'intérieur de la loi... du projet de loi n° 31, Loi sur la
pharmacie, faut-il le répéter, ne sont pas... ne vont pas assez loin.
Un exemple que j'aimerais citer, c'est
juste sur la question de l'accompagnement. Pendant toute la durée des audiences
de l'enquête nationale, même de la commission Viens, c'est un volet qui était
vraiment incontournable, comment on fait en sorte d'accompagner des familles qui
ont des témoignages à livrer parce que c'est extrêmement lourd et émotif comme démarche.
Donc, il y a uniquement cet aspect-là qui n'est pas contenu dans les
amendements qui sont à l'étude en ce moment.
Donc, on pourrait... on aurait l'opportunité
d'avoir un projet de loi qui soit beaucoup plus complet et qui sera beaucoup
plus complet à la lumière de ce que les communautés consultées et les familles
consultées auront apporté, je dirais, comme information. Donc, c'est des
aspects qui, à mes yeux, là, n'ont pas été complétés jusqu'à maintenant, et on
a encore le temps de le faire.
M. Larin (Vincent) : Si vous
permettez, je vais demander... je reprendrais la métaphore qui a été exposée
par Mme D'Amours ce matin, de dire : On n'a pas besoin de faire la
marche tout d'un... de traverser la rue tout d'un coup. On fait un premier pas
avec ces amendements-là. Selon vous, c'est important, justement, que tout le processus
se fasse publiquement et en un seul... d'une seule shot, là, je pourrais dire?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, écoutez, on va prendre la métaphore de notre
point de vue à nous. Il y a eu des excuses qui ont été prononcées, qui ont été
solennelles, qui ont été acceptées le 2 octobre dernier. Et le gouvernement
Legault aujourd'hui a une belle opportunité de passer des excuses à un premier
acte, qui serait celui de proposer, pour la dignité des familles qui sont ici
ce matin, un geste hautement significatif et qui va venir, justement, non
seulement, je dirais, offrir un peu de l'énergie à une relation politique qui
est loin d'être l'idéal en ce moment et de poser un geste qui va, j'en suis
sûr, non seulement pour les familles qui sont ici ce matin, mais pour
l'ensemble des familles qui sont directement concernées, un geste qui va être
applaudi. C'est ça qu'on demande.
M. Laforest (Alain) : Grand
Chef, bonjour. Grand Chef, je ferais un lien entre le blocus puis ce qui se
passe actuellement. Il y a eu des excuses d'Ottawa, il y a eu des excuses de Québec.
Est-ce que les gouvernements manquent de sensibilité, encore et trop, à l'égard
des autochtones?
M. Picard
(Ghislain) : Non, bien, écoutez, là, le regard des
gouvernements est juste... est à court de la réalité et, pour moi, bon, ce qui
se passe sur la côte Ouest en ce moment... Et, je veux dire, il faut faire le
lien avec ce qu'on discute ce matin. Et, pour moi, je pense que, quelque part,
on l'a dit souvent depuis hier, depuis les 48 dernières heures, c'est que,
pour le premier ministre canadien, il n'y a pas de relation plus importante que
celle avec les peuples autochtones, mais on peut-u, une fois pour toutes, vraiment
compléter le portrait puis regarder un peu de la façon que se présentent les
choses de notre perspective? C'est que, quelque part, là où on fait fausse
route, c'est qu'il semble toujours y avoir une primauté des valeurs canadiennes,
des lois canadiennes. Tout le monde parle du respect de l'État de droit ici, et
encore faut-il que le respect soit réciproque, que le respect puisse également
s'exprimer du côté du gouvernement canadien à l'endroit de trop nombreuses
décisions de la Cour suprême, qui viennent justement renforcer la revendication
actuelle des des Wet'suwet'en.
M. Laforest (Alain) :
Donc, il y a encore une rivière qui vous sépare.
M. Picard
(Ghislain) : Un fleuve. Il y a énormément de terrain à couvrir.
Je pense qu'au-delà des excuses qui sont prononcées de façon périodique, il y a
les gestes aussi qui sont à poser. C'est vrai pour la situation qui nous
préoccupe ce matin comme c'est vrai pour la situation qui est à l'autre bout du
pays, mais qui a également des incidences ici, comme on le sait, parce que ce
qui se passe en B.C. pourrait très bien se passer n'importe où au Québec aujourd'hui.
M. Laforest (Alain) : Le
blocus, vous le cautionnez?
M. Picard
(Ghislain) :Tout à fait, oui. Écoutez, ça
prend malheureusement, malheureusement, des rappels à l'ordre de temps à autre,
et c'est... Écoutez, les peuples que nous représentons vivent dans l'adversité,
sont confortables dans l'adversité parce qu'on dirait qu'il y a toujours un
retour à cette triste réalité là, de temps à autre, pour... On souhaite toujours
que les gouvernements soient rappelés à l'ordre sur leurs obligations.
Mme Richer (Jocelyne) :
Oui, bonjour. Jocelyne Richer, LaPresse canadienne. Pour
M. Picard, aussi : Est-ce que vous craignez que la situation se
dégrade encore ou si vous anticipez une solution à court terme? Comment vous
voyez la suite des choses?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, la première condition, c'est que ça prend du
courage politique. Il y a des premiers ministres, notamment celui de la Colombie-Britannique,
M. Horgan, qui en a fait une belle démonstration, se disant disposé à
rencontrer les chefs héréditaires de la nation wet'suwet'en. Et donc on va
garder espoir qu'il puisse y avoir un terrain d'entente.
Et ce qui est entendu, et ce que j'entends
aujourd'hui, c'est que, bon, encore une fois, on met les nations autochtones au
pied du mur en disant que les nations autochtones doivent se compromettre, mais
ce n'est pas vraiment dans la mentalité des nations qui sont directement touchées
ni dans les nations qui les appuient aujourd'hui.
Donc, on va souhaiter qu'il puisse y avoir,
quelque part, une porte de sortie, mais il faudra comprendre qu'il y a une
vigilance extrême du côté des Wet'suwet'en comme des nations qui les appuient, et
il faudra qu'on aille au-delà de la sincérité des paroles.
Mme Richer (Jocelyne) :
Est-ce que ce serait une erreur de demander à la police d'intervenir pour faire
appliquer les injonctions?
M. Picard
(Ghislain) :
Excusez-moi, je n'ai
pas compris.
Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce
que ce serait une erreur politique de demander à la police d'intervenir pour
appliquer les injonctions?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, tout à fait. Écoutez, cette année, en 2020,
c'est 30 ans depuis la crise d'Oka. On sait comment on peut également
faciliter et encourager l'escalade. Et, dans ce cas-ci, s'il y a une
intervention forcée, qui n'est d'ailleurs pas encouragée par le premier
ministre du Québec, c'est très possible que ça puisse dégénérer parce
qu'aujourd'hui la mobilisation est telle qu'il y a des gestes qui sont posés un
peu partout à travers le pays. Je doute qu'il y ait un recul à ce stade-ci, à
moins qu'il y ait vraiment une démonstration politique d'une volonté d'aller
vers des solutions qui seront acceptables.
Mme Richer (Jocelyne) :
Est-ce que, selon vous, le premier ministre Trudeau est le seul intervenant
politique qui a l'ascendant nécessaire pour trouver une solution à cette
impasse?
M. Picard
(Ghislain) : C'est tous les gouvernements.
Mme Richer (Jocelyne) :
Tous les gouvernements.
M. Picard
(Ghislain) : Il n'appartient pas uniquement au gouvernement
fédéral. Je sais que, depuis trois jours maintenant, tout le monde se lance la
balle, mais c'est une responsabilité qui est collective à tous les
gouvernements provinciaux, territoriaux et le gouvernement fédéral.
M. Dion (Mathieu) :
Bonjour. Mathieu Dion, de Radio-Canada. M. Picard, juste pour revenir
là-dessus, M. Trudeau ne reviendra pas de son voyage pour faire partie des
discussions là-dessus, est-ce que vous avez pleinement confiance en
Mme Bennett pour mener la discussion et en arriver à une certaine entente?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, écoutez, c'est le premier, je dirais, test
véritable pour la ministre, hein? On sait que Mme Bennett est devenue
ministre responsable de la relation politique entre la couronne et les
Premières Nations, les peuples autochtones. Donc, ça confirmait, à mon avis,
l'intention du gouvernement fédéral de vraiment rendre un peu plus spécifique
cet aspect-là de la relation politique. Moi, écoutez, je pense que c'est tout
le gouvernement finalement qui est interpelé. Il ne faut pas diminuer ou
chercher à négliger l'importance du dossier qui nous préoccupe actuellement.
C'est quand même assez ironique que
M. Trudeau soit en campagne internationale pour essayer d'aller chercher
un siège au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU alors qu'au Canada, bien, on
n'a même pas rien trouvé pour garantir la sécurité de milliers de femmes
autochtones. Et c'est là que, des fois, là, entre ce que fait le gouvernement
et ce qui se passe au niveau domestique, là, il n'y a pas de logique. Et c'est
vrai aussi pour le dossier qui nous touche parce qu'encore une fois, là, dans
ce cas-ci, la nation wetʼsuwetʼen, mais plusieurs autres
nations se retrouvent confrontées à un vide politique en ce qui concerne les
solutions à trouver pour, je dirais, des questions hautement préoccupantes liées
au territoire et aux ressources, notamment.
M. Dion (Mathieu) : J'ai envie
de vous poser la question parce que l'impact sur la population se fait de plus
en sentir — on l'a vu dans les dernières heures avec Via Rail,
qui annule ses voyages pour l'ensemble du Canada : Ne pensez-vous pas que
ça va peut-être même nuire au message, de façon plus globale, des autochtones,
dans les prochains mois, cette situation-là qui est utilisée aujourd'hui?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, écoutez, il faut sans doute faire la
comparaison entre la légitimité des gestes qui sont posés aujourd'hui, et on a
fait le même exercice, il y a 30 ans, avec Oka, et il y a quelque chose
qui n'a jamais, jamais, jamais été remis en question, c'est la nécessité d'une
solidarité des peuples autochtones envers les nations qui étaient au front à ce
moment-là. C'est encore vrai aujourd'hui.
Et ce qu'il faut sans doute noter ici, et
c'est extrêmement, extrêmement important, c'est que la mobilisation est encore
beaucoup plus présente chez les jeunes autochtones qui ont déjà manifesté, je
dirais, leur impatience par rapport à la lenteur des processus politiques, là,
qui donnent très, très peu... pas assez de résultats probants. Donc, pour moi,
là, c'est... On l'a vu avec Idle No More en 2012‑2013. Donc, c'est des
mouvements qui sont beaucoup plus populaires à la base et qui, en plus, sont
soutenus par les dirigeants du côté autochtone.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Fletcher
(Raquel) : Can we just start with some of the
opening statements? I don't know who went first, I think, Mr. Birnbaum, if
you could just start with why we are here today, what you're pushing for.
Des voix
:
...
Mme Fletcher
(Raquel) : It doesn't matter, whoever wants to
go first.
M. Birnbaum : Yes. You'll surely want to hear from the «grand chef» as well. You
have, before you, families who've been touched by tragedies, and their
tragedies are one of the key subjects in the two reports, both federal and provincial,
that talk about access to services in an equitable fashion for our First
Nations and Inuit communities.
And, one of the things
they talk about, as one of the key injustices to be corrected, is simple access
to information for families who've had children taken away from them, for
families who might have lost children and still, many years later, don't know
the full story.
This Government chose, in a rather quick and
poorly organized fashion, to address this real priority through amendments in a law about pharmacies. What
you have here today, and it's not the first time it's been expressed, is...
Grand Chief of the Assembly of First Nations of Québec and Labrador, families
of the Attikamek community directly concerned, you also have «la Protectrice du citoyen», you have all three parties of the
opposition at the National Assembly noting very clearly that this is the wrong
way to go.
We had, at my request, a
two hour debate with the Minister responsible for Indigenous Affairs this
morning, and this subject, which is so central to the notion of nation to
nation discussions and moving forward in meaningful dialogue, that it's
absolutely the right place to have things done correctly. And you have all the
key players, most centrally the families, telling the minister and thus telling
the Premier of Québec that you are not doing this in a proper fashion and that
there is a clear and evident solution, which is to remove these amendments,
deposit a law, a bill designated to deal with this specific situation, go
through the proper process of consultation with the families, with experts,
with partners in this National Assembly involved, and come to a dignified,
meaningful and effective solution.
So, you have a first
test, here. Extremely disappointed that the minister basically said no, not
only to the Official Opposition, but to the Grand Chief and the families today.
It's not too late. We expect, in the coming days, and hope, in the coming days
that the Premier of Québec, in what he prides himself as his pragmatic fashion,
will understand that there's a solution available, and that is to immediately
remove these amendments and deal with this serious, profoundly humane problem
in a humane and effective fashion.
Mme Fletcher
(Raquel) : Can we hear from some of the
families? I know, Mr. Picard, you want to speak, so I don't know who wants
to go first.
M. Picard
(Ghislain) : Well, I think Mr. Birnbaum has said probably
everything that needs to be said about, you know, the reason why we're here
this morning along with the families. And again, as we've seen too many times
in the past, we're sort of caught in a situation where, you know, we're being
informed at the eleventh hour that there's a process currently taking place.
And thankfully, in this case, we were informed by the opposition, we're very
appreciative that… the fact that, you know, they rang the bell and said :
Well, maybe it's something that would be of interest to First Nations. So, and
I take you back to December, just the last few days and few weeks before the
recess, before the holidays, and, if it hadn't been for the opposition, you
know, we wouldn't have been aware of what was going on, so... And, again, preventing us from adequately consulting with the families,
which is something that we took the time to do. And, based on those
consultations, the families said : Well, the Government is missing the point.
You know, to be an
accessory to a bill like 31, which has nothing to do with, you know, the drama
and the emotions that they have gone through, and the tragedies, you know, it's
totally inadequate. So, the families said : What we want... And this is supported, by the way, by Mme Rinfret, who is
the Protectrice du citoyen, who stated in a letter, on December 20th to
Minister... the ministers responsible, including Mme D'Amours, that it's
totally unacceptable. And the Government must seriously consider a specific
bill to address the issues of these families.
So, we're just in support
of what has been expressed to us, which is very, you know… more than logical
that, you know, the Government should be proceeding in this manner. And, you
know, the first and foremost condition is the dignity for these families and
the situations that they've lived. So, that's where we're at, and what I would
add as well is, you know, a specific bill would give us the opportunity to
address the shortcomings of the amendments as suggested in Bill 31.
Mme Fletcher
(Raquel) : Do you, any of the families, speak
English?
M. Picard
(Ghislain) : Non.
Mme Fletcher
(Raquel) : No? In French, then?
Une voix
:
I would say something after, if you want.
Mme Fletcher
(Raquel) : OK. Is there a spokesperson I...
Je peux poser mes questions en français si quelqu'un veut répondre.
Une voix
: ...elle peut
poser ses questions en français.
M. Niquay (Pierre-Paul) : Un
bon français, s'il vous plaît.
Mme Fletcher (Raquel) : O.K.,
parfait. Pouvez-vous juste vous présenter pour les caméras?
M. Niquay (Pierre-Paul) : Pierre-Paul
Niquay, de la nation attikamek, membre du regroupement des familles attikameks
ayant des enfants disparus.
Mme Fletcher (Raquel) : Et
madame?
Mme Dubé (Thérèse) :
Thérèse Dubé de Manawan. Je fais partie de la famille des enfants
disparus.
Mme Fletcher (Raquel) :
Peut-être vous pouvez commencer par parler de vos histoires personnelles, puis
pourquoi vous êtes ici aujourd'hui.
M. Niquay (Pierre-Paul) :
Pourquoi...
Mme Fletcher (Raquel) :
Pourquoi vous êtes ici aujourd'hui?
M. Niquay (Pierre-Paul) :
O.K. Dans notre famille, il y a... j'ai deux frères, un qui était né en 1959,
l'autre... non, en 1957, l'autre en 1958. Les deux, à des moments différents,
ont été évacués vers un service... bien, c'est un centre hospitalier. Quelques
jours, à peine quelques semaines plus tard, on a informé mes parents que les
enfants étaient décédés. Ils n'ont jamais pu voir le corps ni le cercueil. Et
aujourd'hui, on veut connaître la vérité. Est-ce qu'il y a eu réellement décès?
Et j'ai eu des certificats de sépulture. Toutefois, on m'a écrit une lettre me
disant qu'il était impossible d'identifier le lieu exact où ils auraient été
inhumés.
Ce n'est pas facile à le vivre, mais je
garde espoir qu'aidé d'autres familles, des chefs, des assemblées des chefs et
des gouvernements... Tu sais, je demande simplement, tu sais, de la bonne
volonté, du coeur pour qu'on puisse connaître la vérité. On a le droit de
connaître la vérité sur où est... Puis je ne suis pas... On a plusieurs
familles qui sont dans des situations presque semblables, là, mais
classiques : les enfants sont évacués vers des centres hospitaliers;
ensuite de ça, on annonce aux parents que leur enfant est décédé; ils n'ont pas
vu le corps, pas vu de cercueil. Quelques familles ont reçu des certificats de
décès, des actes de décès, mais on remet en doute parce que ça soulève trop de
questions. Donc...
Mme Dubé (Thérèse) : Je vais
vous montrer la photo de mes parents quand Violetta est née. Puis aujourd'hui,
c'est la photo de ma mère âgée de 87 ans maintenant. Et moi, je voudrais
vous dire que je suis ici parce que nous avons perdu aussi ma soeur suite à sa
naissance. Nous avons eu des certificats, des papiers de l'hôpital, mais il y a
les codes qu'on ne comprend pas encore, les codes de diagnostic. On voulait... On
veut aller plus loin, on veut trouver la vérité. Puis ma mère est avec nous
autres. Elle ne pouvait pas être présente ici, parce qu'elle est malade, et
nous voulons l'aider à trouver la vérité.
Puis, comme je disais tantôt, mon souhait
le plus... Bien, ce que je veux, ce qu'on veut, c'est que nos dirigeants nous
aident. On veut que Mme D'Amours travaille avec nos dirigeants. On veut
que la loi n° 31 change, on ne veut pas la loi comme telle, qui est écrite
sur papier. C'est pour ça que je suis venue ici pour appuyer les familles ayant
des enfants disparus. «Meegwetch».
Mme Fletcher (Raquel) : Merci
beaucoup.
Journaliste :
«Meegwetch». Merci beaucoup d'avoir partagé ça avec nous. Je ne sais pas,
M. Niquay, Mme Dubé, si vous voulez juste nous dire leurs noms, le
nom de votre soeur puis le nom... c'était un frère ou deux frères, pardon?
M. Niquay (Pierre-Paul) : Un
frère, 1957, Paul-Émile Niquay, et 1958, Joseph-Jean Antonio. Puis je
vais rajouter quelque chose. Dans ces années-là, naître avec un petit handicap
physique pouvait nous mener vers des hôpitaux, là, pour des enfants qui avaient
des besoins spéciaux. Je suis né avec un pied bot puis, quand j'y pense, là,
aujourd'hui, je tremble parce peut-être que j'e n'aurais pas été ici, devant
vous, pour témoigner, accompagner les autres familles. Heureusement, il y a eu
un bon médecin, on a eu un bon hôpital et mes parents m'ont visité
régulièrement parce qu'ils avaient déjà perdu deux enfants. Donc, Dieu merci,
je suis presque normal, mais j'ai un pied bot qui est parfois douloureux, là,
mais beaucoup moins douloureux que la perte des deux frères, là.
Mme Dubé (Thérèse) :
Violetta, ma soeur, elle a été baptisée à l'Hôpital d'Amos au nom de
Violetta Dubé. Les certificats que nous avons reçus disaient que mes
parents étaient présents, alors que c'était faux.
Journaliste
: Est-ce
que je peux vous demander... Je ne sais pas, j'imagine, peut-être que vous avez
livré vos témoignages pendant la commission fédérale. Quel genre de suivi ou
quel genre d'accompagnement vous avez eu du gouvernement du Québec depuis ce
temps-là pour peut-être vous aider justement à retrouver ces documents-là?
Mme Dubé (Thérèse) : Nous
n'avons pas reçu encore d'aide, d'accompagnement. Nous y avons été par
nous-mêmes avec l'aide des enfants... Je ne sais pas comment qu'on appelle ça,
mais c'est avec la famille des enfants disparus, là, Québec, je ne sais pas exactement
le nom. C'est eux autres qui nous ont aidés à nous déplacer pour aller faire
nos recherches nous autres mêmes.
Journaliste
: Puis ce
matin, la ministre D'Amours a dit qu'elle faisait ça, elle voulait ajouter cet
amendement-là pour que ça aille plus vite, pour que vous puissiez avoir des
réponses plus vite. Qu'est-ce que vous pensez de cet argument-là?
M. Niquay (Pierre-Paul) :
Très vertueux comme argument. On ne peut rien contre. Toutefois, on aurait
souhaité être informés puis être consultés, et c'est ce qu'on souhaite
toujours. Puis avoir l'accompagnement de nos leaders. Ils ont beaucoup de...
C'est des anciens routiers. Ils connaissent bien les rouages des gouvernements
et ils ont de la sagesse et beaucoup de patience; parfois, on dit un peu trop.
Donc, vous posiez la question : Quel
accompagnement qu'on a reçu de Québec? Évidemment, il y a eu l'unité québécoise
de liaison à l'intention des familles qui avait été mise en place. Les argents
viennent du ministère de la Justice du Canada, qui ont été donnés au ministère
de la Justice du Québec. Et l'UQLIF, il fait le lien avec les familles. L'UQLIF
a été appelée à communiquer, donner des renseignements, là, sur les... ce qui
avait pu être recueilli lors de l'Enquête nationale sur les femmes et les
filles autochtones disparues et assassinées. Mais l'accompagnement, on en a eu
plus de l'enquête nationale. Ça, ça a été fort apprécié et ça a été fort
salutaire.
Et aujourd'hui, on n'a presque pas de
ressources, puis on aurait besoin... on est fatigués et on aurait besoin d'un
accompagnement juridique. Et vous savez combien ils sont onéreux, les frais
juridiques, les frais d'avocat. Et il le faut, tu sais, ce sont des
professionnels. Évidemment, là, on va avoir besoin des médecins qui sont
retraités qui connaissent les anciennes cotes de diagnostics.
La Modératrice
: Merci beaucoup.
On vous demanderait peut-être de faire des suivis individuels pour clore le
point de presse. Ça va faire plaisir aux familles de vous parler. Puis merci beaucoup.
Journaliste
: Oui, je
vais avoir des questions en anglais pour M. Birnbaum et...
M. Flamand (Réginald) : Moi,
j'aurais quelque chose à ajouter. Dernièrement, lors d'une... ils appellent ça
un dialogue pour la vie, c'est une conférence destinée aux gens, tu sais, pour
la prévention du suicide. Puis les gens de la communauté de Manawan ont quand
même trouvé une personne qui ressemblait beaucoup à un de nos... d'un membre de
notre famille. Donc, on s'est approché de lui, on lui a posé la question :
Quel est ton nom? Parce qu'il y avait une ressemblance frappante d'un de mes
cousins. Donc, ma mère, ici, à côté, puis ma tante en arrière me disaient,
l'autre fois, qu'elle avait perdu le frère de ma mère, du nom de Maxime Ottawa.
Puis il est né le 31... 1954... oui, 1954, je crois, un mois de février ou bien
un mois de janvier...
Une voix
: Janvier.
M. Flamand (Réginald) : Janvier.
Et donc on a fait passer un test d'ADN avec le médico-légal de la SQ. Ça s'est
avéré négatif. Mais nous, dans notre impression, je crois qu'il y avait une
concordance dans les dates de naissance puis dans le certificat que
M. Rich aurait reçu. Son nom, c'est Andrew Rich maintenant, il habite à
Sheshatshit, au Labrador. Je ne sais pas s'il avait été déplacé par train à
partir d'ici, de Québec, jusque là-bas. Donc, on s'est dit : C'est notre
oncle, parce que tout... juste l'approche avec lui, c'était vraiment frappant,
là, tu sais, c'était vraiment touchant aussi, tu sais, contact humain, là, et
il y avait une connexion, là, vraiment, là. Et, lorsqu'on a eu la réponse, tout
le monde était déçu, mais on va le refaire encore parce qu'on ne sait pas ce
qui s'est passé avec, tu sais, tout ce qui se passe, tu sais. Dans chaque pays,
tu sais, il y a des... on ne veut pas mettre à terre quelqu'un qui est déjà
debout, donc, mais nous autres, ce qu'on veut faire, c'est vraiment revérifier
avec le monsieur, recommencer les tests d'ADN. Merci.
La Modératrice
: C'est
quoi votre nom, monsieur?
M. Flamand (Réginald) : Mon
nom est Réginald Flamand. Ma mère s'appelle Cécile Ottawa Flamand, Cécile
Jacqueline Flamand Ottawa.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
Mme Fletcher
(Raquel) : Can we just... in English, on the blockades,
quickly?
La Modératrice
:
OK. Really quickly, please.
Mme Fletcher
(Raquel) : OK, yes. M. Picard, do you
think...
M. Picard
(Ghislain) : Do I support? Yes.
Mme Fletcher (Raquel) : What is a... Do you think there is a peaceful way to end these blockades?
M. Picard
(Ghislain) : Well, to me, you know, it's all in the hands of all
parties involved, you know, as much our side, and it is true for governments as
well. And, I've been hearing, over the last three days, you know, just this
back and forth between the provinces and the federal government. To me, it's a
responsibility for all because it is more than a regional issue, as some
premiers have stated.
You know, the
Wet'suwet'en is just a reflection of many other situations across the country,
especially true for B.C. and Québec because, from a geopolitical point of view,
the two provinces are the same when it comes to land and resources. So, to me,
it just... I think, somewhere, governments should have been aware that there
was a potential for this to happen. And, you know, why wait for it? I think
that's the question that needs to be addressed, and, for me, governments... you
know, nobody will deny that Mr. Trudeau has, you know, done well on many
fronts, including, you know, the water issue, and, you know, boiling advisory
in many communities, but there is still, I guess, many situations that need to
be addressed, even on the water front, but where they have really sort of loss
ground, it's in terms of addressing these very outstanding and key issues
regarding lands and resources.
You know, we have wall-to-wall
Supreme Court decisions for the last 50 years when it comes to lands,
resources and aboriginal title, but yet we seem to be caught up in a situation
where the courts will say : Well, this is what we see. Yes, there is aboriginal
title, but, at the end of the day, they say : Well, people, the parties
should go back to the table. So it's like a... it becomes a vicious cycle and that's what needs to be addressed.
So, to me, Wetʼsuwetʼen
will have their own internal discussions as to how they want to see this situation end, but I think the governments as well. We have to look at themselves
in the mirror and say : Well, where have we failed? Where can we do
better, in terms of a process that would be fair and just for indigenous
people?
Mme Fletcher
(Raquel) : Are you personally involved or have
you been asked to help?
M. Picard
(Ghislain) : No, no. As I said, it really… it's
a Wetʼsuwetʼen issue, we respect that, we respect their authority and they'll
have their discussions, and I understand the clans have already agreed to meet,
and then the next step would be a meeting with Premier Horgan.
Mme Fletcher (Raquel) : Merci
beaucoup, tout le monde.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 13 h 52)