L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Point de presse de M. Sol Zanetti, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé et services sociaux

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Point de presse de M. Sol Zanetti, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé et services sociaux

Version finale

Le mercredi 5 février 2020, 12 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures quarante-sept minutes)

M. Zanetti : Alors, bonjour. Je viens ici pour réagir aujourd'hui à la motion qui a été déposée, proposée par le Parti libéral, concernant l'état du système de santé et l'état aussi de la main-d'oeuvre dans le système de santé.

On le sait, il manque de monde. Il manque de monde pour les infirmières, c'est pour ça qu'ils font du temps supplémentaire obligatoire, il manque des préposés. Il manque du personnel de soins, là, de façon générale. Et cette situation-là, elle est grave, puis la ministre McCann, en ce moment, elle n'agit pas assez vite. Elle est là depuis un an et demi, et on ne voit pas les résultats concrets.

Par contre, je dois souligner aussi le caractère ultraparadoxal du fait que ce soient les libéraux qui dénoncent ce désastre-là alors que c'est eux-mêmes qui ont créé les situations qu'on connaît aujourd'hui. Les libéraux, là, ils sont arrivés, ils ont fait des années d'austérité. Ils ont coupé dans la santé, ils ont instauré des systèmes de mesures quantitatives de la performance qui a fait en sorte que, tout à coup, là, un bon employé, ce n'est pas quelqu'un qui prenait son temps pour donner des soins de façon humaine, c'est quelqu'un qui faisait le plus de choses dans le moins de temps possible, peu importe. Et ça, c'est très grave. Ils ont cette responsabilité-là, et je trouve ça assez paradoxal qu'ils veuillent tout à coup, là, se montrer comme ceux qui ont les solutions pour sauver le système qu'ils ont contribué à détruire.

En ce moment, là, la solution qui doit être appliquée, là, c'est de rendre ces professions-là attractives. Ce qu'on entend, depuis des années, c'est quoi? C'est le temps supplémentaire obligatoire, c'est l'épuisement professionnel, la surcharge puis, dans certains cas aussi, des très mauvaises conditions de travail, quand on pense particulièrement aux préposés aux bénéficiaires aux ASSS. Donc, il faut améliorer ces choses-là, et ça passe par l'instauration de projets ratios, mais pas juste des projets ratios pour les infirmières, des projets ratios pour l'ensemble du personnel soignant et des projets ratios pour l'ensemble du réseau, à la fois public et privé, parce que ce qu'on vise, au-delà de ça, de donner ces meilleures conditions là puis réduire la charge des gens, c'est d'avoir des meilleurs soins, puis on veut des meilleurs soins partout. On ne veut pas juste des meilleurs soins dans le public, on veut des meilleurs soins dans le privé, dans le public, partout, et, pour ça, il faut avoir, donc, une proposition de projet ratio négociée avec le milieu qui soit beaucoup plus ambitieuse.

Puis on ne peut pas remettre ça, là, aux négociations du secteur public, parce que ça presse, parce que ça fait longtemps que ça presse, et là, en ce moment, là, c'est la vie des gens qui est en jeu; d'une part, la vie des gens qui sont des employés, du personnel soignant, mais aussi ceux qu'ils traitent parce qu'ils dépendent d'eux entièrement. Donc, voilà, un peu, ce que... la réaction.

M. Boissonneault (Alex) : Vous dites qu'on ne peut pas s'en remettre aux négociations dans le secteur public. Ce n'est pas l'occasion, justement, peut-être, d'améliorer leurs conditions de travail?

M. Zanetti : C'est une occasion, certainement, sauf qu'on ne peut pas attendre tout ce temps-là. La question des ratios, c'est quelque chose qui devrait très certainement être négocié avec le milieu, mais qui devrait prendre la forme d'une loi-cadre pour l'ensemble des réseaux public et privé. Ce n'est pas... Les ratios, ça ne concerne pas juste la négociation du secteur public qu'on vit actuellement puis ça ne concerne pas juste les infirmières, les infirmières auxiliaires et tout ça. C'est plus vaste parce que, le problème, il est généralisé.

Alors, il faut une loi-cadre, une loi qui va établir des ratios pour tout le monde. Puis, parallèlement à ça, on est capable de dire quelles seront les conditions salariales et autres conditions de travail parallèles, mais on n'est pas obligés d'attendre. Parce que, si on tombe dans le piège de réduire la négociation des ratios à la négociation du système public, qu'est-ce qui va se passer? Bien, il va y avoir une partie du réseau de la santé qui va avoir des charges acceptables puis une autre partie qui va être dans la même situation qu'aujourd'hui.

M. Boissonneault (Alex) : Si vous me... Ah oui! J'aurais aimé ça vous entendre sur les 83 % de médecins de famille qu'on a, là, en ce moment, là. Le gouvernement se félicite du fait que ça a augmenté, l'accès aux médecins de famille. Est-ce que vous vous réjouissez aussi de cette nouvelle-là?

M. Zanetti : Quand on regarde ce chiffre-là de façon isolée, on peut trouver que c'est une amélioration, que c'est intéressant. Mais ce que ce chiffre-là ne dit ça, c'est la difficulté qu'il y a à avoir accès à un médecin en première ligne quand on en a besoin.

Parce que quand on appelle un médecin de famille, ils ont beaucoup de monde à leur charge, hein? Ce n'est pas de leur faute, mais il y en a qui ont 3 000 patients, des médecins. Alors, imaginez, ça prend du temps, avoir un rendez-vous. Le plus souvent, les gens ne vont pas voir le médecin de famille, ils vont voir... Ils veulent avoir un rendez-vous dans la journée, ils veulent avoir un rendez-vous le lendemain, ils veulent avoir un rendez-vous le soir, la fin de semaine, et ça contribue au fait que les gens vont à l'urgence. Donc, il y a beaucoup de gens qui ont un médecin de famille, mais ces médecins-là ont beaucoup de monde, et puis ils ne sont pas disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Donc, il y a un... On demeure avec un gros problème d'accès.

Et une autre chose aussi que ça ne dit pas, ça, c'est qu'il y a, en ce moment, une épée de Damoclès qui pèse sur le Québec par rapport à l'accès à un médecin de famille dans les prochaines années. Moi, c'est des médecins de la région de Québec qui m'en ont parlé. Ils m'ont dit : Le corps médical, les médecins de famille, il est vieillissant. Il y a beaucoup de gens qui ont énormément de patients à charge. On parle de gens qui ont 3 000 patients, qui sont sur le bord de la retraite, et la relève n'est pas quantitativement suffisante pour, d'une part, les remplacer, mais en plus, même s'il y avait le même nombre de nouveaux médecins que de médecins qui prennent leur retraite, les médecins qui arrivent sur le marché, ils ne peuvent pas prendre... sur le marché, c'est triste de dire «marché» — qui arrivent dans le réseau, évidemment, et qui... Ils ne peuvent prendre 3 000 patients d'un coup. Ils doivent y aller graduellement, parce que les nouveaux patients, ça prend plus de temps. Alors, on va se retrouver, dans les prochaines années, si on ne fait pas quelque chose par rapport à ça, avec un problème grandissant. Puis les chiffres, on peut penser qu'ils vont diminuer.

M. Boissonneault (Alex) : Dans un autre dossier, là, sur la loi n° 21, on a appris que la commission scolaire English-Montréal a obtenu du financement d'un programme fédéral pour la contestation judiciaire. Qu'est-ce que vous pensez de ça, vous?

M. Zanetti : Moi, je suis assez tanné qu'on soit encore en train, au Québec, de gérer les suites du projet de loi n° 21. Le gouvernement avait présenté ça comme une affaire qui allait clore le débat au Québec. On allait, là, tout régler, l'harmonie allait revenir, le vivre-ensemble allait être formidable. Ce n'est pas vrai.

On savait que ça allait faire ça, qu'il allait y avoir des contestations judiciaires, que le monde allait faire tout ce qu'ils peuvent pour défendre leurs droits. C'est quelque chose qu'on doit régler ici, au Québec, cette question politique là. Et moi, je trouve ça scandaleux que le gouvernement, là, bien, il mette les droits et libertés des gens en vulnérabilité, puis qu'il ne les défende pas, puis qu'il les force à aller en cour pour se défendre.

M. Boissonneault (Alex) : Mais est-ce que vous trouvez qu'indirectement c'est une espèce de déclaration de guerre du gouvernement fédéral, ça, qui arrive directement dans les juridictions québécoises, dans les lois adoptées par l'Assemblée nationale puis qui dit : On intervient, au moins directement, là?

M. Zanetti : Nous, on est contre toute intervention politique du gouvernement canadien là-dedans. Ce qu'il faut voir, c'est que ce fonds-là, c'est un fonds... tu sais, l'argent du Canada, là, il vient des provinces, puis cet argent-là, c'est de l'argent du Québec. Alors, que les gens qui sont dans cette situation-là, qui sont obligés d'aller en cour pour défendre leurs droits, utilisent toutes les ressources qui sont à leur disponibilité, je comprends ça. Je le comprends, et ça, c'est de l'argent, pour moi... je refuse de dire que l'argent, parce qu'il vient d'Ottawa, c'est de l'argent qui ne vient pas de nous autres, parce que c'est de nous que vient cet argent-là.

Maintenant, clairement, la solution à ce problème-là, pour nous, ultimement, elle sera politique et elle sera québécoise, mais c'est ça qu'on veut pour le Québec, c'est ça qui va mettre fin aux chicanes puis aux obstinages. Si on transforme ça en conflit entre deux États, là, ça va vraiment envenimer les choses, et ce n'est pas ce qu'on souhaite.

M. Boissonneault (Alex) : Mais là, vous autres, ça vous place quand même dans une position paradoxale à Québec solidaire, dans le sens que vous êtes un parti indépendantiste, on a une intervention du gouvernement fédéral, mais, en même temps, vous vous opposez à la loi n° 21 sur la laïcité, et là vous vous retrouverez à être un peu l'allié objectif du gouvernement fédéral qui aide des gens à contester une loi adoptée par l'Assemblée nationale, là. Ça vous place quand même dans une position un peu contradictoire, non?

M. Zanetti : On n'est pas l'allié objectif du gouvernement canadien là-dedans, et les fonds qui sont utilisés là-dedans sont des fonds qui, ultimement, viennent des poches des contribuables québécois, et c'est normal que les gens, au Québec, utilisent leur propre argent pour défendre leurs droits quand le gouvernement ne le fait pas. Mais clairement, pour nous, la solution, là, je comprends que les gens aillent en cour et tout ça, et c'est normal, mais la responsabilité est au gouvernement du Québec. C'est lui qui, en ce moment, abdique sa responsabilité.

M. Boissonneault (Alex) : Mais les gens, par exemple, qui contestent la loi sur la laïcité n'auraient pas cette ressource-là, si le gouvernement fédéral n'était pas là. Donc, si le Québec était indépendant, ils n'auraient pas accès à cette ressource-là. Ils seraient désavantagés pour contester, comme vous dites, peut-être légitimement la loi n° 21.

M. Zanetti : Bien non, parce que, d'une part, je veux dire, il ne faut pas perdre de vue que c'est l'argent du Québec. Tu sais, ce serait comme dire, tu sais, dans un Québec indépendant, les pensions fédérales qu'on paie avec notre argent, bien, on va les avoir puis on va payer ça... il va y avoir une fleur de lis à place de la feuille d'érable. L'idée, c'est qu'un Québec indépendant peut tout à fait avoir décidé d'avoir des fonds pour aider les gens à se défendre lorsqu'ils estiment que leur gouvernement, bien, porte atteinte à leurs droits et libertés.

M. Boissonneault (Alex) : Bien, ça, c'est intéressant, parce que ça, c'est une autre alternative, mais, en réalité, les gens, normalement, dans un Québec indépendant, n'auraient pas accès à des ressources pour aller contre des lois adoptées par leur propre gouvernement. Mais, à la limite, ce serait peut-être une possibilité, ça, dans un Québec indépendant, d'avoir ce genre de programme là pour lutter contre des lois adoptées par l'Assemblée nationale?

M. Zanetti : Le Canada n'est très certainement pas le seul pays du monde à voir des fonds qui servent à ça. Je n'ai pas fait l'étude, là, mais ce serait bien étonnant que ce soit une spécificité canadienne. Tous les pays peuvent avoir ça. Je pense que c'est normal, dans un État de droit, qu'on dise qu'on aide les citoyens à poursuivre le gouvernement lorsque c'est nécessaire. Ça s'est avéré très nécessaire dans bien des cas.

Maintenant, cet argent-là, moi, je refuse de le considérer comme de l'argent qui est un cadeau du Canada. C'est de l'argent qui vient de nos poches, et c'est correct que ça nous serve à nous. Et ce qui est déplorable là-dedans, c'est le fait que le gouvernement du Québec mette en vulnérabilité, justement, là, vulnérabilise les droits des gens.

M. Boissonneault (Alex) : I'm going to ask you in English, if you don't mind, for my colleagues at CBC. Do you think this would be... You think we could consider that as an indirect act of war of the Canadian jurisdiction to the Québec one?

M. Zanetti : We don't see it that way. We don't see it as a political intervention. We think that Québec should put an end to this debate by itself politically here, and we are able to do it, and that's what we should do, and that's what we want. Now, the... Yes, that's it.

M. Boissonneault (Alex) : But, at the same time, you have some people who are actually using resources that are coming from another government to go against a law that was adopted by the National Assembly, so... by the Québec Parliament.

So where does that... Where does that place you, in terms of being independentist, in that fight right now? You're kind of stuck in between those two positions here, aren't you?

M. Zanetti : In the end, the money that comes from Ottawa is the money that comes from Québec also and all the other provinces. So it's people in Québec using money coming from people in Québec, and I completely understand those people to take all the means they have at their disposition to fight for their rights and… That's it. Merci.

(Fin à 12 h 59)

Participants


Document(s) associé(s)