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Point de presse de Mme Manon Massé, cheffe du deuxième groupe d’opposition, M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition, et Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’énergie

Version finale

Le mardi 28 janvier 2020, 14 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures trente-six minutes)

Mme Massé : Oui, alors, bonjour, tout le monde. On commence une année bien spéciale. 2020, vous le savez, c'est une année charnière, notamment en matière de changements climatiques. Pour François Legault, ce n'est pas compliqué, ce que ça veut dire, 2020, c'est de prendre l'année 2019 puis de faire exactement l'inverse de ce qu'il a fait ou de ce qu'il n'a pas fait. Ça veut dire abandonner GNL, ça veut dire abandonner le troisième lien, évidemment mettre une croix sur le pétrole et le gaz «made in Québec» et le faire une fois pour toutes. Surtout, surtout, et on l'attend avec impatience, nous présenter un plan à la hauteur de l'urgence climatique actuelle. La population du Québec est inquiète, et ce plan-là doit nous permettre de voir que le gouvernement a choisi le bon camp, le bon bord.

Quand tu fais un plan, hein, il faut d'abord savoir où tu t'en vas, c'est quoi ta cible. Le plan du... ce qui s'appelle le PECC, le Plan d'électrification et de changements climatiques, est dû dans les prochaines semaines. C'est le plan de la CAQ, et je veux vous mettre en garde dès maintenant : Pour que le plan marche, bien, il faut que la cible qui est visée soit la bonne. La cible de la CAQ pour 2030, c'est 37,5 % de réduction de gaz à effet de serre. C'est la vieille cible des libéraux de Philippe Couillard, d'ailleurs cible qui déjà, lorsqu'elle a été fixée en 2015, n'était pas la bonne. On est rendu en 2020, 2030 est à nos portes, 2030 est demain matin, et la CAQ s'appuie sur la vieille cible de Philippe Couillard, alors que le GIEC, le groupe d'experts, et l'ONU nous disent que c'est au minimum 45 % qui devrait être atteints par l'ensemble des pays de la planète.

Alors, vous savez, c'est un peu... Le reste du monde, là, ont aussi le même 45 % à atteindre, puis ces gens-là, bien, plusieurs sont rendus ailleurs. Je prends comme exemple, il y a déjà, à ce jour, une centaine de pays qui ont dit qu'ils allaient rehausser leurs cibles pour justement répondre aux impératifs de l'urgence climatique et aux impératifs des spécialistes et des experts au GIEC et à l'ONU. Il y a déjà d'ailleurs, dans ces pays-là, cette centaine de pays là, plusieurs pays qui sont comparables au Québec. Je pense notamment au Danemark. Le Danemark s'est fixé comme cible, va se fixer sous peu... non, le Danemark s'est fixé comme cible 70 % d'ici 2030. La Finlande, on parle de 55 % d'ici 2030, mais la carboneutralité d'ici 2035; le Royaume-Uni, 57 % d'ici 2030; l'Écosse, 75 %; la Suède, 63 %. Pourquoi M. Legault nous annonce que, lui, il va rester à 37,5 %, la cible fixée par Philippe Couillard? On va se le dire, là, ça fait dur. Je pense que les gens, au Québec, s'attendent à mieux que ça.

Et d'ailleurs mon message pour M. Legault aujourd'hui, c'est : Vous savez quoi? On peut faire mieux, c'est possible de faire mieux. Pour ça, par contre, il faut dire bye-bye à la façon de voir de Philippe Couillard, et ça commence par réduire de 45 %, d'avoir ça comme cible. Si on veut s'y rendre, il faut avoir ça comme cible. Personne n'a dit que ce serait facile d'arriver à ça. Et d'ailleurs à chaque minute qu'on attend, à chaque minute, ça devient de plus en plus difficile.

37,5 %, bien sûr, hein, j'entends déjà le ministre dire : Ambitieux, cible ambitieuse. C'est parce qu'actuellement ce n'est pas la cible qu'on devrait avoir, c'est ça que la science nous dit. François Legault, il le sait qu'on est capables au Québec. Il est fier, c'est un Québécois qui est fier de ce que le Québec a fait. Mais, ceci étant dit, s'il veut continuer à être fier, il va falloir qu'il mette la barre plus haute, c'est clair. Il vise bas parce qu'on dirait qu'il n'est pas prêt à regarder la réalité en face. Puis la réalité qui est en face de nous, là, c'est qu'en matière d'urgence climatique, bien, il faut inévitablement que notre cible soit à la hauteur des attentes que nous impose la science. Il va falloir que son plan, bien, réponde à ça. Il ne peut pas passer à côté de ça, ça n'a pas de bon sens. Puis ça va prendre des actions dès hier. Ça, malheureusement, ce n'est pas fait.

Alors, si on veut se dire, là, mettre la barre plus haute, ça commence par abandonner cette mauvaise cible définie par les libéraux en 2015, puis l'exemple qui me viendrait, puis je pense que ça, M. Legault, il va comprendre... C'est un gars d'économie, c'est un gars qui voit clair... en tout cas, c'est ce qu'il nous répète constamment. Alors, quand on vise la coupe — je parle de la coupe Stanley, là, et non pas de la coupe aux lèvres — quand on vise la coupe, ça ne veut pas dire qu'automatiquement on va se retrouver en séries.

Bien, il faut que tu vises la coupe pour faire les séries puis, si tu fais les séries, là, et seulement là, tu as une chance de gagner la coupe. Alors, j'invite M. Legault à viser la coupe.

Mme Ghazal : Merci, Manon. Donc, le Québec gagne à mettre la barre plus haute, parce que ce qu'il faut, c'est commencer le plus tôt possible. Plus on est capable... Donc, plus on commence tôt, plus on est capables de créer des bons emplois verts, plus on est capables de soutenir nos régions et nos travailleurs dans la transition et plus on est capables d'être des leaders mondiaux et de bénéficier des retombées et des innovations qu'on va mettre en place.

Donc, plus on met la barre haute maintenant, plus ça va être possible et réaliste d'atteindre la prochaine cible, c'est-à-dire celle de 2050, c'est-à-dire zéro émission.

Vous savez, quand le bateau coule, on ne peut pas dire qu'on va enlever juste la moitié de l'eau dans la cale. Puis on ne peut pas juste dire aux matelots de travailler très, très fort pendant que le capitaine, lui, bien, se pogne le beigne. Quand même bien que tous les Québécois décidaient demain matin de se mettre au compostage, eh bien, on n'arriverait pas à destination. Les choix qu'on fait, vous et moi dans notre quotidien, ça fait une différence, ça, c'est sûr, mais les choix que le gouvernement, lui, fait, eux autres structurent nos propres choix.

Donc, on attend que ça bouge en haut, mais, avec la cible de Philippe Couillard, eh bien, on va attendre longtemps. Si la CAQ pellette encore une fois le problème en avant, c'est nos enfants qui vont devoir faire les mêmes efforts, mais ça va être encore pire pour eux, parce que ça va être avec 10 ans, 10 ans de retard, et je peux vous dire que ça va faire mal, parce qu'on sait, dans une économie, si on veut tout changer, on ne peut pas la revirer sur un 10 cents.

Ce qu'on attend du plan d'électrification et des changements climatiques du ministre Charette, c'est qu'il soit réaliste. Un plan réaliste, ça commence par une cible réaliste. L'automne dernier, à notre demande, la CAQ a déclaré l'urgence climatique à l'Assemblée nationale. Ça, ça veut dire quelque chose. Eh bien, maintenant, on est rendus à l'étape encore plus difficile, c'est-à-dire l'étape de l'action. En 2020, avec Manon, avec toute l'équipe, on ne va pas lâcher le morceau pour qu'il livre la marchandise et pour qu'on puisse, tout le monde ensemble, regarder nos enfants dans les yeux. Merci.

La Modératrice : On va prendre les questions sur le sujet.

Mme Gamache (Valérie) : Je vais revenir sur la question de ce matin. Cette cible à 45 % de réduction des GES, est-ce que ça, ce sera le point de non-retour pour Québec solidaire? Et si le ministre de l'Environnement refuse de l'inclure dans son plan, est-ce que ce sera le début du blocage pour Québec solidaire?

Mme Massé : C'est clair que, si le ministre ne nous permet pas, par son plan, d'atteindre les objectifs du GIEC, c'est clair que nous, on va regarder ce plan-là avec attention et on va poser les gestes qu'on va poser. Parce que, vous savez quoi, la cible de 45 %, ce n'est pas nous qui la mettons, c'est l'urgence climatique qui la met et Québec solidaire va être cohérent dans son action.

Mme Gamache (Valérie) : Donc, le blocage pourrait commencer dès le dépôt de ce plan-là, à quelque part, au début du printemps, là?

Mme Massé : Écoutez, nous on avait demandé, dans nos trois conditions, qu'il y ait un plan qui soit déposé avant le 1er octobre. Ce plan-là, il appert assez éminemment qu'il va l'être, déposé, et à partir du moment où on va étudier ce plan-là, on va procéder à la suite des choses. À quel moment les choses vont exactement se passer? Attendons de voir le plan. Nous allons regarder le plan, et je redis au ministre, de s'appuyer sur les libéraux, là, ce n'est pas une bonne idée, ils n'ont rien fait pendant 15 ans.

La Modératrice : Louis Lacroix.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour. Je comprends l'idée de demander au gouvernement de présenter un plan pour réduire les gaz à effet de serre pour l'impact écologique du gouvernement, mais est-ce que vous en appelez aussi à l'ensemble des Québécois? Parce qu'il n'y a pas juste le gouvernement qui doit faire un effort pour y arriver, les Québécois aussi ont leur part à faire. Est-ce que le message que vous lancez au gouvernement s'adresse aussi à l'ensemble de la population?

Mme Massé : Vous savez, M. Lacroix, la transition, les gestes qui doivent être posés, ils sont multiples. Ils doivent venir de partout, mais il y a un levier qui se traîne les pieds depuis des années. On avait une cible pour 2020, le Québec, hein? Elle était de 20 % en 2020. On a baissé à peine... un petit peu moins que 9 %. Ça, là, c'est parce qu'il y a des choix que nos gouvernements n'ont pas faits et, dans ce sens-là, les choix que pose un gouvernement sont structurants. Je vous donne un exemple...

M. Lacroix (Louis) : Mais, je pense, vous ne répondez pas directement à ma question. Je comprends l'implication des gouvernements et du manque d'implication des gouvernements. Moi, je vous pose la question : Est-ce que vous lancez un message aussi à la population de faire sa part pour réduire les gaz à effet de serre? Parce que tout le monde peut avoir un impact sur l'émission de gaz à effet de serre sur l'environnement, sur l'écologie.

Mme Massé : J'étais en train de répondre à ça, je vous ai dit : la transition, ça relève de tout le monde. Oui, ça relève de tout le monde, donc vous avez eu votre réponse, mais il y a des gens, et nous, les élus, en sommes, qui avons une grande responsabilité par rapport à ça, et c'est les gestes structurants qui sont nécessaires pour atteindre réellement les cibles.

M. Lacroix (Louis) : Je vous posais la question parce qu'il y a... au Québec, il y a différentes industries. On parle beaucoup d'électrification des transports, on parle beaucoup des véhicules polluants, etc. Il y a une industrie, au Québec, il y a... en fait, il y a des centaines de milliers de motoneiges au Québec, qui sont des véhicules à moteur deux-temps qui dégagent énormément de pollution, de gaz à effet de serre, beaucoup plus qu'une voiture, que d'autres types de véhicules. Est-ce qu'on ne devrait pas être prudents avec cette industrie-là? Est-ce que... parce que ça a un impact environnemental.

Mme Massé : Oui, tout à fait. D'ailleurs, c'est pour ça que j'ai déposé, l'automne dernier, un projet de loi sur la question des véhicules à essence, véhicules au sens large... bien sûr, on pense toujours voitures, mais véhicules au sens large, et je pense qu'effectivement en matière de... je pense que la population doit aussi faire leur part, mais doivent aussi continuer à faire des pressions sur les fournisseurs pour qu'eux autres arrivent aussi avec des nouveaux modèles des nouvelles choses. Et une des choses qui m'a beaucoup frappée, c'est que, quand j'ai vu qu'Harley-Davidson arrivait avec sa... voyons, son bicycle à gaz, là... oui...

Une voix : Son bicycle à gaz.

Mme Massé : Son bicycle à gaz... sur son... voyons, c'est quoi le bon mot?

Une voix : Sa moto.

Mme Massé : Sa moto, voilà, j'ai... avec sa moto électrique, bien, je me dis : Voilà, voilà le genre de pression qui fait pression sur les concepteurs, et, bien, là-dessus, on a un beau projet de loi qui attend.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce qu'on a trop de motoneiges au Québec? Est-ce qu'on en fait trop, est-ce que... Parce que ça pollue quand même assez...

Mme Massé : Écoutez, là, ce que je veux vous dire, là, c'est que vous me demandez : Les choix individuels ont un impact? Je vous dis oui, vous avez raison.

Ceci étant dit, il va falloir aussi qu'on mette la pression sur les concepteurs, les producteurs, et c'est clair que ça ne peut pas se multiplier à l'infini, ces choses-là. Ça ne consomme pas juste parce que ça brûle du pétrole, mais construire des voitures, des motoneiges, des... ça consomme beaucoup. Mais il y a des gens qui en ont besoin pour leur travail, et c'est toujours cet équilibre-là... À Québec solidaire, on ne veut pas... on souhaite profondément que cette transition-là ne se fasse pas sur le dos des gens les plus pauvres, sur le dos des travailleurs, travailleuses. Je pense que, collectivement, il y a un réalignement même de l'économie qu'il faut faire.

M. Lacroix (Louis) : Et ceux qui l'utilisent pour leurs loisirs?

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le sujet?

M. Lacroix (Louis) : Et ceux qui l'utilisent pour leurs loisirs, par exemple?

Mme Ghazal : Vous savez, je veux dire, quand on parle de transition, il y a un plan. On ne peut pas mettre des priorités un peu partout puis aller un peu à gauche et à droite. Il faut que ça soit fait, la transition, de façon structurée. Et on le sait qu'aujourd'hui, un des secteurs les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, c'est les transports, c'est plus de 40 %, Après ça, c'est les industries, etc.

Donc, il faut commencer... mettre un point de barre par rapport aux transports. On entendait le ministre Julien vous parler des comportements individuels, dire : Ah! mais il faudrait que les gens fassent un effort puis qu'ils achètent moins de VUS, etc. Encore faut-il que les gens aient aussi d'autres options pour pouvoir prendre le transport en commun puis qu'on le rende plus facilement. Puis ça, on ne peut pas demander à chacun de faire énormément d'heures de... en transport, des deux heures et trois heures. Ce n'est pas efficace.

C'est là que le gouvernement a un rôle extrêmement important à jouer, qu'il doit mettre en place des mesures de transport collectif structurant. Ça fait que c'est comme ça qu'il faut y aller, puis on ne peut pas, à la dernière seconde... Le temps urge, on a 10 ans. Il faut le faire de façon structurée, et c'est pour ça qu'on appelle ça une transition, qu'il faut le... Mais là on est dans une situation urgente, il faut commencer ça très, très rapidement, parce qu'on a beaucoup, beaucoup de retard.

M. Lacroix (Louis) : Mais les gens qui font de la motoneige pour leurs loisirs ne sont pas obligés d'en faire. Ils peuvent faire... ils peuvent jouer aux quilles pour leur plaisir...

Mme Ghazal : Bien, commençons par...

La Modératrice : Je pense qu'ils vous ont répondu. On peut passer à une autre question sur le sujet.

Mme Ghazal : ...la question des transports.

M. Lacroix (Louis) : Pourquoi? Elle est intéressante, ma question, je trove.

La Modératrice : Bien, je pense qu'on en a assez discuté. Il y a-tu quelqu'un d'autre qui a une question sur le sujet? Sinon, on peut passer aux autres sujets. On va passer aux autres sujets, alors. Merci.

M. Zappa (Pierre-Olivier) : Bonjour, Mme Massé. Question pour vous. Vous vous décrivez évidemment comme une féministe. Aujourd'hui, est-ce que vous vous sentez bien représentée par la Fédération des femmes du Québec?

Mme Massé : Bien, premièrement, la Fédération des femmes du Québec représente ses membres. Moi, mon parti pris pour le féminisme, je le trouve dans Québec solidaire. Alors, c'est ce que je peux vous répondre là-dessus, là, je...

M. Zappa (Pierre-Olivier) : Qu'est-ce que vous avez pensé de la sortie de la présidente de la fédération qui remettait en question... qui proposait de songer à l'abolition des relations amoureuses entre les hommes et les femmes?

Mme Massé : Bien, écoutez, c'est sûr que... Bien, moi, je ne pense pas ça, premièrement. Je veux juste être très claire. Mais ce que je veux vous dire, c'est que dans la vie il y a différentes tactiques, il y a différentes façons, puis on m'a dit juste avant de rentrer que déjà elle avait souligné que peut-être qu'elle s'était mis un peu les pieds dans les plats. Là, je ne veux pas la citer, parce que ça s'est fait vite tantôt, mais, pour moi, c'est comme... Tu sais, je préfère le féminisme que défend Québec solidaire, les tactiques qu'on utilise à Québec solidaire. Ça nous ressemble, ça me ressemble.

M. Zappa (Pierre-Olivier) : Parce que la Fédération des femmes du Québec, c'est une institution quand même qui a défendu... qui a participé à plusieurs combats au fil des dernières décennies, depuis sa création dans les années 60. Aujourd'hui, cette institution-là et sa directrice disent : Il faut que, socialement, on réfléchisse à éventuellement abolir, interdire les relations hétérosexuelles. Ce n'est quand même pas rien, là?

Mme Massé : Bien, vous irez poser la question. Pour moi, elle doit répondre devant ses membres, pas devant moi ou vous, là, hein? Mais c'est sûr que, vous savez, j'étais à la Fédération des femmes du Québec pendant plusieurs années, avec Françoise David. C'est sûr que nous, on était plutôt dans des actions du type la Marche mondiale, tout ça. Et ceci étant dit, c'est toujours devant nos membres qu'on répond de ce qu'on fait ou de ce qu'on ne fait pas.

M. Zappa (Pierre-Olivier) : Êtes-vous encore membre?

Mme Massé : Je ne suis plus membre ni de la fédération ni d'aucune organisation, sauf Québec solidaire, bien sûr.

La Modératrice : Je vais répéter qu'on se concentre à une question, une sous-question. Fanny.

Mme Lévesque (Fanny) : Oui. La ministre de la Condition féminine, Mme Charest, a condamné, a qualifié les propos de Mme Bouchard d'inacceptables. Est-ce que vous abondez dans le même sens?

Mme Massé : Bien, écoutez, moi, je ne pense pas ça. Ce n'est pas à moi de condamner, pas condamner. Je veux dire, c'est un groupe, ce groupe-là a des membres, et elle aura à... c'est aux membres de dire s'ils considèrent que les tactiques de sa présidente sont intéressantes. Moi, ce n'est pas mes tactiques, et je ne crois pas ça.

La Modératrice : Charles Lecavalier.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour. Je reviens sur l'environnement. Bon, vous l'avez bien dit, là, le Québec, entre 1990 et aujourd'hui, 2020, on a diminué d'un peu moins de 9 %, là, le pourcentage de GES par rapport à 1990, puis vous, vous demandez qu'on fasse à peu près 36 % ou 37 % en 10 ans. Ça fait que c'est quand même un gros choc. Puis je comprends que vous dites, c'est le gouvernement qui doit lancer la marche, mais ça va demander des changements importants dans les comportements des Québécois.

Est-ce que vous pouvez donner des exemples, là? Parce qu'on voit, par exemple, là, qu'année après année il se vend toujours plus de VUS au Québec. Quand on sait l'impact que ça a pour le climat, est-ce que c'est irresponsable de s'acheter un VUS en 2020 puis est-ce qu'il faut arrêter de s'acheter des VUS pour atteindre les cibles?

Mme Massé : Bien, ma collègue le disait, le transport, c'est majeur dans la lutte aux changements climatiques pour atteindre les cibles de diminution, mais il y a d'autres choses. Et je pense sincèrement, pour y être sur le transport, ce qui est triste, quand vous dites, ça va demander des changements importants, vous avez raison, l'enjeu, c'est qu'on a tellement tardé que ces changements-là vont devoir arriver assez rapidement, là. 2030, en tout cas, je ne sais pas...

M. Lecavalier (Charles) : Pouvez-vous donner des exemples de changement de comportement?

Mme Massé : Bien, moi, les exemples que je souhaiterais, c'est des exemples plus structurels par rapport au gouvernement du Québec. Par exemple, ça fait des années qu'on parle d'efficacité énergétique, alors ce qu'on ne dépense pas comme énergie, bien, c'est sûr qu'on vient... Alors, nos bâtiments, nos bâtiments publics, nos écoles, nos hôpitaux, nos CHSLD, pour beaucoup, sont encore chauffés au mazout. Il me semble que le gouvernement n'a pas fait ses devoirs par rapport à ça. On est le pays de l'électricité. Voici un exemple très simple. Quand les gouvernements font des choix de ne pas revoir, par exemple, la fiscalité des municipalités et de tout mettre sur les épaules des municipalités et qui a fait en sorte que les municipalités vont accepter, par exemple, que des maisons se construisent sur des terres humides, sur le bord des cours d'eau, etc., on est encore en train de laisser les municipalités remplir leurs coffres avec une vieille façon de fonctionner.

Alors donc, la transition, ça va être une multitude de gestes, tant au niveau de l'habitation, de l'alimentation. Je ne vous ai pas parlé de l'agriculture. Je pourrais vous en parler aussi au niveau de l'efficacité énergétique. Bref, c'est à tous les niveaux, et ça, il faut que tout le monde, on avance main dans la main. Et le meilleur exemple que je vous donnerais, c'est e main dans la main que les groupes comme le Pacte, par exemple, avec Québec ZéN sont arrivés pour nous dire : Bien, on va être capables, si on le fait ensemble.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va passer à une autre question.

M. Lecavalier (Charles) : Non. Bien, attends un petit peu, là. Je voudrais quand même...

La Modératrice : Vous avez déjà posé votre sous-question.

M. Lecavalier (Charles) : Oui, mais je veux... C'est parce que j'ai l'impression que vous ne voulez pas vraiment dire quels changements les Québécois devront faire dans leurs comportements à eux. Parce qu'il va y avoir... Vous le dites, là, il faut des changements rapides, puis je comprends, bon, le main dans la main, je comprends l'efficacité énergétique et tout, mais, en ce moment, on comprend que, par exemple, il s'achète trop de VUS au Québec, c'est-à-dire qu'on en achète trop comme Québécois. Puis je reprends l'exemple de la motoneige, là. Il y a plein de gens, leur loisir, c'est de brûler du gaz en partant de Labelle, pour aller à Saint-Michel-des-Saints, pour aller au Lac-Saint-Jean en VTT ou en motoneige. Ça, est-ce que c'est bon pour l'environnement?

Mme Massé : Entre moi et vous, est-ce que c'est bon, brûler du gaz, pour l'environnement? La réponse est non. Qu'est-ce qu'on offre comme alternative? Je ne suis pas certaine qu'on offre grand-chose.

La Modératrice : Mme Sioui.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour. Est-ce que, selon vous, Gabrielle Bouchard est une bonne porte-parole pour les femmes? Est-ce qu'elle sert bien la cause des femmes au Québec?

Mme Massé : Écoutez, ça, c'est aux membres de la fédération d'en juger. Elle n'est pas la porte-parole des femmes du Québec, elle est la porte-parole des membres de la Fédération des femmes du Québec. Ça sera à elles de voir si elles jugent les tactiques de Mme Bouchard... que ça convient, là.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais donc la Fédération des femmes du Québec ne représente pas l'ensemble des femmes au Québec, pour vous, là. Ce n'est pas une organisation qui est représentative pour la majorité ou plusieurs des femmes au Québec.

Mme Massé : C'est-à-dire que bien sûr que la fédération porte des dossiers qui concernent l'ensemble des femmes, mais les stratégies qui sont prises par la Fédération des femmes, comme groupe de défense de droits, ça appartient à la Fédération des femmes. Et je réitère, quand moi, j'y étais, on était plutôt dans des stratégies larges de Marche mondiale. Ça a eu les impacts que ça a eu, hein?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Puis est-ce que c'est à ça que vous faisiez... Tantôt, vous disiez : Mes tactiques ne sont pas les mêmes que celles de Gabrielle Bouchard. En quoi elles sont différentes, vos tactiques?

Mme Massé : Bien, mobiliser la planète entière pour lutter versus faire un genre de tweet comme celui-là, c'est très différent, là.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Puis tout à l'heure votre collègue demandait...

La Modératrice : Merci beaucoup. On va passer à votre collègue. Merci beaucoup.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...davantage d'explications de la part de Gabrielle Bouchard. Elle a dit en entrevue avoir été maladroite pendant un, deux, trois, quatre, cinq, six tweets, là, je ne sais pas combien, mais est-ce que c'est satisfaisant, pour vous, comme explication?

Mme Massé : Écoutez, moi, je réitère, là, moi, là, je ne vais pas me mettre à porter un regard sur l'ensemble des groupes communautaires qu'il y a au Québec, là. O.K.? Mme Bouchard a fait ses choix, les membres feront leur critique ou leur... Ils réagiront à ça.

Moi, je suis dans un parti féministe qui, lui, tente constamment, à sa façon, de faire progresser la cause des femmes et notamment des femmes en politique.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous trois. Patrice Bergeron, La Presse canadienne. Dites-moi, Manon Massé, vous étiez, en 2015, à Paris lors des négociations qui ont mené à l'Accord de Paris, avec aussi le premier ministre Philippe Couillard lorsque... D'ailleurs, M. Couillard a entièrement adhéré à ces cibles-là qui étaient les cibles convenues par tout le monde.

Il me semble que, dans ce que vous avez présenté tout à l'heure, vous attaquiez Philippe Couillard pour les cibles qu'il avait présentées, qui étaient les cibles convenues de l'époque. Pourquoi vous en prendre particulièrement à Philippe Couillard dans le contexte, là, actuel?

Mme Massé : Bien, c'est parce que ça ne vous frappe pas comment il y a une continuité actuellement? La CAQ, qui se voulait un gouvernement de changement, sur l'enjeu le plus important de son mandat, dit : Je reprends les mêmes cibles que le PLQ d'il y a quatre, cinq ans. Alors, d'une part.

Et, d'une autre part, si... Quand vous dites : C'étaient des cibles qui étaient entendues, moi, je me souviens très bien d'avoir dit, à l'époque : C'est bien beau d'avoir des cibles, mais ça prend un plan, et ça prend des actions, et ça prend du financement, et tout ça, la réponse a été : Pas présent. Et là, quand on voit, dans le projet n° 44, aller la CAQ, on est en train de se dire : Bien, il y a peut-être quelque chose dans l'histoire qui se répète.

Ça fait que voilà pourquoi. Je veux que les gens ne soient pas dupes. Ce qui est là sur la table, c'est copié-collé, comme cible, que ce qu'avait dit le PLQ il y a quatre ans.

M. Bergeron (Patrice) : Merci. Et j'aimerais revenir sur une déclaration que vous avez faite ce matin, lors de votre préambule. Vous avez dit : L'économie va bien, les coffres sont pleins, il faut que tout le monde puisse bénéficier de ces efforts collectifs qu'on a faits par le passé.

Est-ce que, par conséquent, l'austérité qui a marqué les dernières années au Québec a donné des résultats qui sont, dans le fond, positifs pour le Québec?

Mme Massé : Bien, pour Québec solidaire, la réponse, c'est non, au contraire.

M. Bergeron (Patrice) : Mais quand vous parlez, donc, d'efforts qui ont donné... qu'on puisse bénéficier de ces efforts collectifs là.

Mme Massé : Bien, je ne suis pas sûr que je saisis bien votre question, parce qu'essentiellement, moi, ce que je disais ce matin, qui m'apparaît une logique implacable, c'est que l'austérité, ça a permis de remplir les coffres, mais il y a des gens qui ont souffert de ça et qui souffrent encore au quotidien. Et c'est pourquoi je dis, à cette étape-ci : Il faut donc, pour que nos services publics puissent retrouver un souffle, pour que nos travailleurs, travailleuses dans les services publics puissent retrouver une partie de santé mentale, de dignité, pour que nos enfants dans nos écoles puissent avoir les ressources essentielles, bien, c'est ce que je veux dire par : Il faut que ces dollars-là puissent servir au bien-être collectif.

M. Bergeron (Patrice) : Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a des questions en anglais? Merci. Bonne journée.

Mme Massé : Merci.

(Fin à 15 h 4)