(Huit heures trois minutes)
Le Modérateur
: Bon
matin. Donc, nous allons avoir, dans l'ordre, M. Pierre Fitzgibbon, M.
Alain Rousset, puis suivi de M. Sébastien Bougon. Vous pouvez y aller.
M. Fitzgibbon : Alors, bonjour,
tout le monde. Alors, mes salutations à Alain Rousset, président du Conseil
régional de Nouvelle-Aquitaine, en France, et M. Sébastien Bougon, le P.D.G. de
Flying Whales SAS. Mesdames, messieurs, distingués invités, alors, tout
d'abord, j'aimerais souhaiter la bienvenue à nos invités français. C'est un
honneur de vous accueillir ici, au Québec.
En juin dernier, lors du salon de
l'aéronautique et de l'espace de Paris-Le Bourget, le gouvernement du Québec a
signé une importante entente de principe avec l'entreprise française Flying
Whales. C'était une première entente qui allait être le prélude d'un grand
projet d'investissement au Québec et qui se concrétise aujourd'hui.
J'ai donc le plaisir de confirmer une
prise de participation en capital de près de 30 millions de dollars canadiens
dans le capital-actions de Flying Whales et sa filiale québécoise, Les dirigeables
Flying Whales Québec. Ce partenariat permettra au Québec de réaliser une partie
importante du développement d'un nouveau dirigeable à charge lourde et de
s'assurer, à terme, de l'exclusivité de la production pour les Amériques.
Parmi les différents volets du projet, je
me réjouis de la réalisation, dès 2020, d'un volet de recherche et
développement, dont les solutions, développées au Québec, demeureront la
propriété intellectuelle de la filiale québécoise. À terme, ces solutions
seront commercialisées en France, en Chine et, bien sûr, ici. Cette initiative
générera également des partenariats avec des entreprises québécoises de
l'aérospatiale pour des activités de recherche et développement dans le cadre
du présent projet.
De plus, Flying Whales implantera au
Québec une société opératrice de dirigeables pour l'Amérique nommée Flying
Whales Services America. Enfin, l'entreprise implantera aussi au Québec une
usine de production de dirigeables pour le marché américain. En tout, une
centaine d'emplois spécialisés et bien rémunérés verront le jour ici d'ici
quatre ans.
Les retombées au Québec de ce projet
structurant et stratégique seront multiples. La prise de participation du
gouvernement du Québec concrétisera un partenariat stratégique dans un
programme de développement aéronautique majeur. L'implantation de Flying Whales
en sol québécois permettra de renforcer la position du Québec dans le secteur
de l'aérospatiale et du transport à l'échelle mondiale. Flying Whales pourrait
aussi devenir un acteur important au sein des industries aérospatiales et du
transport au Québec et générer d'importantes retombées économiques.
J'ajouterais aussi que les perspectives
commerciales de ce projet sont prometteuses pour le transport des charges
lourdes à moindre coût, notamment où il y a absence d'infrastructures de
transport, comme les sites miniers, les forêts et le Grand Nord. Il favorisera
ainsi le développement économique et l'essor de certaines régions, notamment le
Nord-du-Québec.
Enfin, il faut souligner que les
dirigeables seraient une option peu polluante comparativement aux autres moyens
de transport pour les charges lourdes.
Par sa situation géographique et son environnement
d'affaires francophone et compétitif, le Québec est naturellement prédisposé à
accueillir les grands projets d'investissement de la France et de l'Europe.
Mais le Québec a beaucoup plus à offrir aux investisseurs étrangers, et l'entreprise
Flying Whales sera à même de le découvrir maintenant qu'elle a choisi de
s'implanter ici, au Québec.
M. Bougon, M. Rousset, je suis très fier
de votre choix d'avoir choisi le Québec. Vous pouvez compter sur notre appui
pour vous aider à réussir votre implantation et ainsi assurer notre succès
collectif. Merci.
Le Modérateur
: M.
Rousset.
M. Rousset (Alain) : M. le
ministre, M. le président de Flying Whales, cher Sébastien, je suis très
heureux de clore cette visite au Québec et à Québec par cet engagement et cette
signature parce que, d'une certaine manière, nous sommes, en
Nouvelle-Aquitaine, très attachés à une complicité économique, industrielle,
sociale aussi, avec le Québec.
Depuis près de 20 ans maintenant, d'une
manière parfois discrète, en tout cas efficace, nous avons engagé des
coopérations dans la foresterie, dans l'agroalimentaire, dans la recherche,
dans le laser et l'optique, un peu dans l'aéronautique. Et là il y a
aujourd'hui un spot assez exceptionnel sur le co-investissement du Québec, du
gouvernement du Québec, à travers son institution financière, et de la
Nouvelle-Aquitaine dans cette aventure industrielle qui, je l'avoue, au départ,
m'a interrogé.
Un de mes métiers a été, pendant une
dizaine d'années, de faire du développement industriel et j'ai eu beaucoup de
propositions de relancer les dirigeables. L'histoire des dirigeables est une
histoire fascinante. Après le grand incendie du Hindenburg à New York, cette technologie
a été quasiment arrêtée. Et, à chaque fois, tous les 10 ans, revenait un
projet, sauf qu'il n'y avait pas de modèle économique.
Là, lorsque nous nous sommes rencontrés,
avec Sébastien Bougon, il y avait la signature, en France, avec l'Office national
des forêts... Vous l'avez dit, M. le ministre, un dirigeable dédié aux charges
lourdes, et notamment pour la France, comme pour vous, d'ailleurs comme pour la
Chine, d'une certaine manière, sortir les bois dans des zones difficiles... qui
aujourd'hui se font dans des conditions et très coûteuses et inacceptables pour
les infrastructures locales. Charge lourde, la forêt, avec, en plus, ce
paradoxe français. Nous avons la plus importante forêt d'Europe et en même
temps nous sommes déficitaires, dans la balance du commerce extérieur, sur le
bois et dans sa transformation. Donc, un enjeu assez exceptionnel.
Et puis les charges lourdes, c'est aussi
les grands pylônes, c'est aussi les mâts des éoliennes, c'est aussi tout cela.
Et, vous l'avez dit aussi tout à l'heure, non seulement ce système est, à mon
avis, extrêmement prometteur, pour tout ce qui est charge lourde, versus
entretien des routes, versus le transport par camion, mais aussi pour des
raisons purement écologiques. Comment je réalise un transport qui,
progressivement, par une énergie propre, électrique, demain l'hydrogène peut-être,
deviendra un système de transport neutre à l'égard du réchauffement climatique?
La région travaille avec Sébastien Bougon
et ses équipes depuis plus de trois ans. L'assemblage et une partie des briques
technologiques se feront en Nouvelle-Aquitaine. Et ce partage industriel que
vous avez évoqué pour ce qui concerne le Québec est un partage qui devrait se
traduire par des innovations de rupture, plusieurs centaines d'emplois, une
structuration industrielle extrêmement forte. Et vraiment je suis à la fois
fier et j'ai une certaine gourmandise, cher ministre, de signer et de m'engager
devant vous sur ce projet.
On parle, mais Sébastien Bougon le dira
mieux que nous tout à l'heure, de faire voler le premier engin en 2021, 2022.
Je gage que, lors de son premier envol, il y aura énormément de monde. On verra
si le premier dirigeable vole en Aquitaine ou au Québec. Peu importe. J'espère
qu'il volera en premier en Aquitaine, mais on vous invitera. On fera une grande
fête. C'est un enjeu, et Sébastien le dira mieux que moi tout à l'heure, sur la
modernisation des appareils de mesure et des appareils de contrôle et de
pilotage, en matière de sécurité, en matière de développement du modèle
économique.
Et, vraiment, moi, je suis très heureux de
pouvoir lancer avec vous ce projet. Au-delà des laboratoires communs que nous
avons historiquement créés ensemble, des projets que nous avons créés ensemble,
c'est le premier grand dossier industriel sur une technologie de rupture que
nous aurons lancée entre la Nouvelle-Aquitaine et le Québec ou le Québec et la
Nouvelle-Aquitaine. Et ça, ça n'a pas de prix. Merci.
Le Modérateur
: M.
Bougon.
M. Bougon (Sébastien) : Bien,
bonjour à tous. D'abord, je suis... M. le ministre, pardon, M. le président de ma
région, je suis très heureux d'être là aujourd'hui parce que j'ai à mes côtés
mes deux actionnaires les plus importants maintenant. Donc, c'est à la fois un
grand respect que j'ai pour eux, un grand devoir et puis une grande fierté pour
l'entreprise.
Alors, je vais surtout vous parler de
notre relation avec le Québec, mais en un mot, parce que, quand on parle
dirigeable, malheureusement, c'est le même mot que celui que vous avez tous en
tête et qui fait référence à la technologie du siècle dernier. Sachez que ça
n'a absolument plus rien à voir. C'est un petit peu comme si, aujourd'hui, on
vous disait qu'on allait concevoir un tramway, bien, on ne va pas s'inspirer du
vieux tramway en bois, si charmant soit-il, de San Francisco; ou que, si Tesla
allait développer une voiture électrique, elle ne va évidemment pas s'inspirer
des premières voitures électriques du siècle dernier, qui ont existé, d'ailleurs,
avant les voitures thermiques.
Donc là, c'est la même chose. Et alors
pourquoi est-ce que je fais cette petite parenthèse? C'est parce que c'est une
machine qui est gorgée de technologies plus modernes les unes que les autres et
dont beaucoup vont se faire ici. Voilà. Je ne dis pas ça parce que je suis là,
mais je pense que c'est aussi ce qui a motivé le ministère de l'Économie. C'est
une machine, par exemple... je ne vais pas toutes vous les citer, mais, par
exemple, qui disposera d'une propulsion hybride, donc à la fois thermique et
électrique. Ce sera la machine la plus puissante au monde à voler en propulsion
hybride, quatre mégawatts. Ça n'existera pas encore dans l'avion et
l'hélicoptère. Or, c'est les technologies d'avenir de l'aéronautique.
Deuxième exemple. C'est une machine qui a
besoin d'intelligence artificielle sur ses commandes de vol parce qu'elle est
particulièrement complexe à piloter du fait de son inertie, de ses degrés de
liberté, etc. Et là, à nouveau, c'est avec Ivado Labs, SCALE.AI, le CRIAQ et
tout son consortium qu'on va développer ces technologies.
Voilà. Je ferme la parenthèse sur la
description de l'objet. Et maintenant je voudrais revenir une seconde sur nos
vieilles relations, finalement, à l'échelle de Flying Whales, avec le Québec.
Le Québec s'est intéressé à notre projet
dès 2017, à juste titre, parce que le ministère avait déjà regardé quelques
études de marché et l'opportunité de développer ces technologies pour des
applications au Québec et, plus largement, au Canada. Et donc, dans sa grande
sagesse, le ministère nous a observé pendant les deux années qui se sont
écoulées, comme dirait l'autre, pour s'assurer que je faisais ce que je disais
et que je disais bien ce que je faisais. Et ensuite, en confiance, bien, les
équipes de Mario Bouchard ont proposé à M. le ministre de procéder à cet
investissement et à entrer au capital.
L'accord que nous avons signé, il a quatre
composantes.
M. le ministre, vous avez parlé de
l'accord en équité. Je crois que c'est très important et très judicieusement
vu, d'ailleurs, par le ministère, d'être à la fois actionnaire de la maison mère,
ce qui a deux avantages. Un, le ministère va pouvoir suivre ce qui se passe,
contrôler ce qui se passe, s'assurer qu'il n'y a pas de dérive dans
l'entreprise, même si j'en suis le garant. Et puis la deuxième chose, c'est de
récupérer les retombées économiques, puisque c'est un actionnaire très
important de la maison mère, qu'il y aura sur l'Europe et sur la Chine et puis évidemment
être actionnaire de la filiale québécoise. C'est là où nous allons transférer
beaucoup de nos «work packages», c'est-à-dire, comme on dit dans le secteur, de
la R&D. Je parlais de propulsion hybride, mais ça va être le cas sur
l'avionique, sur les commandes de vol, sur la structure, etc. La filiale est
d'ores et déjà créée à Québec. Ça, c'est la première composante.
La deuxième composante, après l'équité,
c'est justement ces développements de recherche et développement avec un
consortium qu'on a découvert au Québec. Alors, pardon seulement de le
découvrir, mais c'est vrai qu'en France on a une richesse de notre écosystème
aéronautique telle qu'on ne regarde pas forcément ailleurs, et c'est à tort.
C'est-à-dire que le Québec est doté d'un écosystème, pas simplement vos grands
groupes, mais y compris des PME et des ETI extrêmement riches dans
l'aéronautique. Et donc nous avons déjà signé pas moins de six conventions avec
des entreprises locales.
La troisième composante, on en a parlé,
c'est le site de production. Donc, on va ouvrir un site de production, dès que
la machine sera prête et certifiée, au Québec qui va adresser la totalité du
continent américain.
Et enfin le projet Flying Whales, en fait,
a deux composantes majeures, Flying Whales Industries, qui est le constructeur
aéronautique, mais aussi Flying Whales Services, le ministre en a parlé, qui
est l'opérateur, parce qu'il faut... Si vous voulez, la compagnie aérienne, il
faut un opérateur pour opérer ses machines. Et l'engagement que nous avons pris
dans l'accord d'actionnaires, c'est que toutes les machines et toutes les
opérations qui seront faites sur la totalité du continent américain viendront
du Québec. Donc, la totalité des jobs et des taxes qui seront créés au travers
de ça le seront ici.
Voilà un petit peu pour vous décrire globalement
cette opération. Et nous sommes extrêmement enthousiastes. Les équipes sont
dans les «starting blocks» pour commencer à travailler dans la région.
Et que vous dire de plus? Bien, vous avez
vécu, vous, les journalistes, là, la petite crise médiatique qu'il y a eu au
travers de la Chine. Je pense qu'il faut apprendre à vivre avec le deuxième
marché du monde, hein, et peut-être, un jour, le premier. Nous avons, très
judicieusement, monté un partenariat — quand je dis nous, c'est
Flying Whales, aidé par le gouvernement français — dès 2015 avec la
Chine pour pouvoir bénéficier d'une exclusivité mondiale sur ces technologies.
Ça veut dire que la Chine ne peut pas développer ces technologies autrement que
par le biais de Flying Whales et, du coup, préempter ce très grand marché.
Donc, c'est ça, les tenants et les aboutissants.
Quant aux technologies, bien, on a bien
verrouillé ensemble que l'IP développée au Québec reste au Québec et développée
en France reste en France. Et il n'y a pas d'entreprises chinoises dans le
consortium industriel. Quoiqu'il pourrait y en avoir. Je crois qu'il faut
oublier ces tabous. Mais, en tous les cas, voilà, je tenais à rassurer ceux qui
ont encore un petit peu d'inquiétudes là-dessus : Ne vous inquiétez pas,
les Français savent y faire aussi pour ce qui est de protéger leurs intérêts.
Voilà.
M. Fitzgibbon : Merci
beaucoup.
Le Modérateur
: Merci.
Donc, nous allons passer à la période des questions des journalistes
accrédités.
M. Laforest (Alain) : Bonjour,
M. Bougon. J'aimerais ça parler de la petite crise médiatique, comme vous venez
si bien de le dire. Quelles sont les garanties que les Chinois ne feront pas
d'espionnage? Parce que les Américains sont inquiets...
M. Bougon (Sébastien) : Alors,
parce que, tout simplement, ce n'est pas une joint venture comme ont été
montées, par exemple, entre Bombardier et AVIC. Bon, AVIC a monté des joint
ventures avec la totalité des grands groupes de l'aéronautique dans le monde, à
commencer par les grands groupes américains, évidemment les grands groupes
français. Et, pour votre information, nous en avons cinq en France avec Airbus,
et ça se gère très bien.
Bon. Donc, dans notre cas, ce n'est pas
une joint venture, c'est un investissement financier. Ce qui intéressait le
gouvernement chinois, c'est de disposer de la solution pour ce qu'elle appelle
sa «go west campaign». La Chine est parfaitement développée dans sa partie est.
Mais, dans la partie ouest, il y a beaucoup de déficits d'infrastructures,
télécoms, transports, énergétiques, alors que les villes continuent à pousser
comme des champignons.
Et les Chinois, d'ailleurs, ont identifié
avant nous que le meilleur rendement capacité-coût était le dirigeable charges
lourdes. Ils ont essayé de s'entendre avec Lockheed Martin. Lockheed Martin
étant principalement financé par du militaire, ce n'était pas possible. Ils ont
été voir le projet russe, qu'ils ont jugé trop farfelu. Ils ont même essayé de
racheter Zeppelin, en Allemagne, mais qui était trop iconique pour les
Allemands pour être vendu. Et c'est ainsi que le gouvernement chinois est venu
nous voir. Voilà.
Et donc on a travaillé avec Bercy. Ce qu'on
appelle Bercy, c'est l'équivalent du ministère de l'Économie français. On a
travaillé avec Bercy pendant deux ans à sécuriser nos accords d'actionnaires. Et
il n'y a absolument aucun transfert d'IP qui remonte à la Chine. Il y a cette
exclusivité mondiale qu'on a obtenue de leur part et il y a le fait qu'ils ne
participent pas aux travaux de R&D.
M. Laforest (Alain) :
Comme vous avez parlé de Lockheed Martin, est-ce que les Américains tentent de
crier au loup pour déstabiliser votre entreprise? C'est ce que vous laissez
entendre?
M. Bougon (Sébastien) :
Alors, je n'osais pas le dire, mais c'est très clairement, de mon point de vue,
le cas. Lockheed a identifié, comme nous, un très beau marché sur le Canada. J'ai
oublié de dire ça, mais, là aussi, dans la sagesse du ministère de l'Économie,
on a procédé ensemble, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, à une étude de
marché, hein, dès 2018, assez profonde pour s'assurer qu'il y avait un vrai
marché sur le Canada, et Lockheed ne s'y est pas trompé. Donc, il y a des
applications majeures. Lockheed a développé sa solution pour des applications
militaires, mais cherche à avoir des applications civiles au Canada. Donc, il
est clair, voilà, qu'ils nous perçoivent comme un concurrent.
M. Laforest (Alain) :
Donc, les Américains tentent de vous nuire?
M. Bougon (Sébastien) : Ah
non! Je n'irais pas jusque-là. Je n'ai pas cette prétention. Enfin, après, on
peut imaginer, oui, certaines choses.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de gauche.
M. Larin (Vincent) : Oui.
M. Bougon, peut-être avoir une idée... Est-ce qu'on sait où est-ce que sera
implantée l'usine de développement puis, éventuellement, de fabrication au
Québec?
M. Fitzgibbon : Non, pas
encore. Il est trop tôt encore. Il faut comprendre que, là, c'est le plan de développement...
Le Modérateur
: Juste
vous mettre derrière le...
M. Fitzgibbon : Le plan
va se concrétiser sur le développement de l'appareil. Et la première usine va
être en Aquitaine. Et après ça on va regarder... La Chine en veut une. On en
veut une aussi. Donc, on va le regarder en temps et lieu. On parle de 2023, à
peu près, ici, au Québec. On a encore du temps. On travaille pour les 100 emplois,
pour le développement conjoint avec Flying Whales.
M. Larin (Vincent) : O.K.
Donc, les 100 emplois seraient à l'horizon 2023?
M. Fitzgibbon : Là, on va
commencer en 2020. On signe l'entente. En 2020, ça, c'est le développement. On
va faire du codéveloppement avec la France. L'intérêt de ce projet-là pour le
Québec, c'est qu'on va investir en recherche, en développement ici, au Québec,
avec notre chaîne d'approvisionnement aéronautique, de concert avec les Français.
Et, quand on va être rendus à la première usine, qui va être en France en 2022,
après ça, on va aller en Chine et concomitant au Québec.
M. Larin (Vincent) : Peut-être
une autre question pour M. Fitzgibbon. Mais qu'est-ce qui vous a convaincu
que cette fois-ci serait la bonne avec les dirigeables, étant donné que, comme
messieurs l'ont expliqué, mais ça revient périodiquement et ce n'est toujours
pas implanté, là?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
je pense que j'ai toujours dit qu'il fallait avoir de la vision pour le Québec,
hein? On a une chaîne d'approvisionnement importante en aéronautique. On a
40 000 employés ici. On fait de la motorisation avec Pratt. On fait un peu
de tout. On fait du contrôle électronique avec CMC. On a plusieurs sociétés. Je
pense que ce projet-là, c'est un projet structurant.
La revue diligente qu'on a faite, pas seulement
sur les Chinois, sur aussi notre partenariat en France, l'expérience de
Stéphane, le groupe est impliqué avec ça. Moi, je pense qu'on a les bons
ingrédients. Puis, écoutez, il y a toujours des risques à tout projet. Mais je
pense que ce projet-là peut être très structurant pour le Québec et pour nous
permettre de rayonner en Amérique parce qu'on va avoir l'exclusivité pour
toutes les Amériques. Alors, moi, je pense, c'est un projet qui est superexcitant.
M. Larin (Vincent) : Merci.
Le Modérateur
: Mylène.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour, M. Fitzgibbon. Donc, est-ce que vous pouvez m'expliquer, là... Vous
dites : Au Québec, ça va être surtout de la recherche et développement. Donc,
quelles retombées est-ce que vous entrevoyez pour la province?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
le plan ultime, c'est d'avoir une usine ici, au Québec, qui va fabriquer les
dirigeables. On va aussi avoir une société qui va opérer les dirigeables. Donc,
tout va se faire ici, du Québec.
Dans un premier temps, pour le côté développement
de l'appareil avec nos collègues français, on parle de 100 emplois ici dans les
prochaines années pour conceptualiser le programme. Quand on aura une usine qui
va fabriquer... Il n'y a pas de détails encore très, très précis, mais on parle
de peut-être 300 personnes additionnelles qui seraient dans la fabrication de
ces appareils-là. Il y aurait aussi tout le côté du service parce que les
appareils vont être loués à des opérateurs. Alors, je pense, ça peut être très,
très, très majeur comme impact.
Il faut comprendre qu'on investit 20 millions
d'euros. Vous vous rappelez, on a 15 millions d'euros dans la mère puis on
a 5 millions d'euros au Québec. Bien, il y a beaucoup de ces argents-là
qui vont être réinvestis au Québec pour la R&D. Donc, l'impact est
quasiment automatique en termes des retombées. Mais ce qu'on veut, c'est un
projet qui va fonctionner, évidemment.
Mme Crête (Mylène) :
Les avez-vous chiffrées, les retombées?
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
c'est un multiple de ce qu'on investit. Pensez à 400 emplois à
100 000 $ et plus, c'est majeur. Je ne l'ai pas dans la tête, mais c'est
exponentiel, si le projet fonctionne.
Mme Crête (Mylène) :
Et donc ce que j'ai compris de la réponse de monsieur, là, donc il n'y a pas
d'inquiétude par rapport à la propriété intellectuelle puis le fait qu'on fait un
partenariat avec les Chinois.
M. Fitzgibbon : Bien, il faut
comprendre aussi... Vous vous rappelez que la filiale québécoise est en codétention
avec le gouvernement du Québec à 49 %, et 51 %, c'est Flying Whales
France. Donc, c'est une coentreprise d'une société française et du gouvernement
du Québec. Ça fait que, quand on parle d'Invest in Canada, parce qu'il y a des
règles canadiennes sur l'investissement étranger, on respecte les règles.
Maintenant, c'est sûr qu'il faudrait
regarder, comme on a mentionné, tout le côté espionnage industriel. Mais il
faut comprendre qu'AVIC, c'est le sixième plus grand joueur mondial dans la
chaîne de l'aérospatiale. Il fait affaire avec Airbus, avec Boeing. Ils ont
acheté deux compagnies américaines récemment. Alors, tu sais, c'est une société
qui est quand même respectée de son milieu. Mais, au niveau du Québec, la propriété
intellectuelle, nous sommes en copropriété avec Flying Whales Europe et le gouvernement
du Québec. Les Chinois ne sont pas actionnaires de l'opération québécoise.
M. Bougon (Sébastien) : Si je
peux...
M. Fitzgibbon : Oui, peut-être...
M. Bougon (Sébastien) : Je
voudrais juste compléter sur le mécanisme de protection.
D'abord, vous posiez la question sur les
retombées. Nous nous sommes engagés à dépenser en R&D au moins 40 millions
de dollars dans la filiale, hein? Donc, c'est significatif. Et, pour votre information,
mon ambition va bien au-delà puisque j'ai déposé un dossier au FSI, donc au
niveau fédéral, pour 90 millions.
Bon, ensuite, le ministre vous parlait du
nombre d'emplois. C'est sans compter ce que nos partenaires du consortium vont
générer comme emplois, hein? Je prends les équipes qui vont faire les
structures en composite, etc., tout ça, ça va créer des jobs. Et notre
estimation, c'est que, in fine, ce sera 200, 300, 400 emplois qui seront créés
au Québec pour ça.
Ensuite, pour ce qui est de la protection,
et pour revenir sur la filiale, imaginons qu'on arrive effectivement à
développer cette chaîne de propulsion hybride à l'intérieur de Flying Whales Québec,
codétenue ensemble, eh bien, c'est Flying Whales Québec qui vendra à Flying
Whales France, voire à l'usine chinoise, son système de propulsion. Donc, elle
n'a pas besoin de transférer la propriété intellectuelle, et ce sera la même
chose sur l'intelligence artificielle, sur l'avionique, sur les structures,
etc.
Donc, comme l'a très bien dit le ministre,
tout reste dans la filiale, et c'est la filiale qui va commercialiser. Donc,
elle aura un double business, finalement, à la fois le business de Flying
Whales Monde, c'est-à-dire développer des machines, les vendre et les opérer,
et, en même temps, développer des technologies qu'elle va commercialiser à sa
maison mère.
Le Modérateur
: M.
Lacroix.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
messieurs. Combien de vos dirigeables volent en ce moment?
M. Bougon (Sébastien) : Alors,
je reviens à ce que vous a dit le ministre. Vous savez qu'un programme en aéronautique,
c'est toujours une dizaine d'années. Donc, c'est assez long. On a démarré dès
2016. On est à mi-chemin de l'ingénierie. Il reste encore deux ans et demi
d'ingénierie. Et la première machine va être faite en 2022. Donc, aujourd'hui,
il n'y a pas de machine qui vole. On est encore en plein développement
aéronautique.
M. Lacroix (Louis) : Et, M.
Fitzgibbon, est-ce que ça ne vous inquiète pas un peu d'investir, en fait, dans
une machine qui ne vole pas, qui n'a jamais volé, qui n'a jamais prouvé qu'elle
pouvait fonctionner, en fait?
M. Fitzgibbon : Bien non,
parce que je pense que c'est le rôle du gouvernement... Pourquoi Airbus et
Boeing ont été créés? Ils ont été créés parce que le gouvernement a supporté
des projets novateurs et transformateurs. Je pense que le Québec mérite
d'investir dans de tels projets. On a 40 000 emplois au Québec. On a une
notoriété, je pense, pour construire des choses. Je pense qu'il est temps qu'on
commence à faire des choses.
Alors, moi, je trouve que c'est un projet
superintéressant. On investit 20 millions d'euros. Ce n'est pas banal, je
l'avoue. Il y a des risques à ça. Il y a des retombées immédiates en termes de
R&D. Alors, moi, je pense que le risque est, entre guillemets, minime par
rapport au potentiel. Puis je pense qu'on doit, comme société, avoir des
projets structurants comme ça. Il faut les contrôler. On ne peut pas en avoir
un par semaine. Alors, on a choisi, dans le ministère, que ce projet-là était
structurant. Il y a des risques, mais je pense qu'il y a des bénéfices
incroyables aussi.
M. Lacroix (Louis) : Il y a
combien de clients, en ce moment, potentiels, là, qui ont dit : Bien, nous
autres on en achèterait, là, si la machine existait, on ne serait pas capables
de s'en passer?
M. Fitzgibbon : Bonne
question. Il y a eu des études de marché faites en 2018. Bien, évidemment, le
gouvernement du Québec, de par le Plan Nord, hein... Je voyage dans toutes les
mines du Québec de ce temps-ci. Les routes arrêtent à un moment donné, le
chemin de fer... À quelque part, là, c'est sûr que, juste pour le gouvernement,
on voyait un potentiel énorme. J'ai eu un contact avec mon homologue en
Colombie-Britannique, qui ont aussi des terres rares. On pense aux matériaux
stratégiques, hein, du Québec, les terres rares. Moi, je pense qu'il y a un
potentiel énorme.
M. Lacroix (Louis) : En
clair, il n'y a pas de client?
M. Fitzgibbon : Non, non, non,
il n'y a pas de client. Il y a des gens qui ont dit : Oui, ça va arriver,
ça va être le fun, là, de juste voir le vidéo, ce qu'on peut faire avec ça. On
peut transporter des maisons, on peut transporter des... on pense à la
construction de villages, dans les mines. Moi, je pense, c'est énorme. Mais on
n'est pas rendus au point d'avoir signé des contrats. Et avant qu'on investisse
pour construire une usine, quand le premier ballon dirigeable va être en
opération en France, c'est sûr qu'on va aller plus loin dans l'analyse. Mais, à
ce moment-ci, on a assez de confort qu'il y a un marché potentiel.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que c'est admissible à des subventions du Fonds vert? Parce que, là, vous avez
parlé tout à l'heure de...
M. Fitzgibbon : C'est une
bonne question. Je n'ai pas les réponses. Possiblement, mais on n'a pas fait
l'exercice dans le contexte que le Fonds vert était pour le financer. C'est sûr
que c'est un appareil qui va être assez neutre au niveau émissions de CO2.
On parle d'un moteur hybride, propulsion hybride, qui va être la nouvelle
tendance dans les aéronefs, dans les avions. C'est sûr qu'il y a peut-être une
composante intéressante pour le Fonds vert. Mais, à ce moment-ci,
l'investissement a été purement un investissement financier et d'avoir les
retombées économiques pour la chaîne d'approvisionnement de...
Le Modérateur : C'est beau?
Merci beaucoup.
M. Rousset (Alain) : Est-ce
que je peux, monsieur... Je veux dire, vos questions...
M. Lacroix (Louis) : ...à
Bordeaux, avec M. Couillard, il y a quelques années. Vous n'aviez pas aimé mon
intervention non plus.
M. Rousset (Alain) : Non, non,
votre question, elle est...
M. Lacroix (Louis) :
Excellente?
M. Rousset (Alain) : Non,
non, non, pas du tout, elle n'est pas excellente.
M. Lacroix (Louis) : Elle est
pertinente?
M. Rousset (Alain) : Elle est
intéressante. Elle est intéressante parce que vous commencez à dire : Mais
va-t-on créer quelque chose qui n'existe pas? C'est ce que le monde industriel
fait, que ce soit pour les médicaments, pour les voitures, depuis le début,
parce que, si on n'est pas en avance, un pont plus loin, eh bien, on se fait
avoir par les Chinois. Aujourd'hui, on importe 98 % des batteries de Chine
et 100 % des cellules photovoltaïques. Donc, imaginons demain que nous ayons
ces problèmes, avec le refus — je parle de la France — de
nos petites communes de voir passer les camions de 56 tonnes pour sortir
le bois, ici même, par rapport aux zones marécageuses ou aux zones pleines
d'eau où on ne pourra pas aller sortir le bois... Et le bois est quand même,
dans le... par rapport au réchauffement climatique, a un double intérêt, un
intérêt de capter le CO2 et un intérêt de
pouvoir développer des systèmes de bioénergie, de biochimie ou de
biodéveloppement. Donc, si on...
M. Lacroix (Louis) : Mais,
sauf votre respect, moi, je parle de capital de risque et de gestion du risque.
M. Fitzgibbon : Ah! mais il y
a toujours du risque. Mais, à partir du moment où le monde politique ne risque
rien, ça donne Google, ça donne tous les GAFA, et on se fait manger par les
grands capitalistes. Est-ce qu'on va être capables, aujourd'hui, nous,
politiques, de comprendre ce qu'est l'avenir, de comprendre l'avenir de la
société et de pouvoir co-investir? C'est ça, le problème. Si on ne fait rien,
on a Google, on a... Je ne sais plus comment... les GAFA, on a tous les GAFA et
on est pieds et poings liés.
Là, en l'occurrence, ce que nous faisons,
avec le gouvernement du Québec, le gouvernement de la région Aquitaine, les
entreprises, on co-investit sur un projet d'avenir, d'autant plus cohérent avec
la lutte contre le réchauffement climatique, que sa motorisation, progressivement,
va devenir totalement neutre à l'égard du réchauffement climatique, qu'il y
aura des technologies extrêmement performantes pour stabiliser l'appareil,
parce qu'un des problèmes, une des critiques, vous auriez pu la faire tout à
l'heure, mais comment allez-vous stabiliser ces grands engins? Bien, avec de
l'intelligence artificielle, avec de l'intelligence embarquée, comme on le fait
pour la bionique aujourd'hui, parce que la bionique, aujourd'hui... Prenez le
cas du Rafale, pour citer un véhicule militaire. Il ne pourrait pas rester en
vol s'il n'y avait pas des contre-mesures ou s'il n'y avait pas des
contre-appuis.
Donc, on va intégrer beaucoup de
technologie là-dedans, qui tombera en pluie fine sur chacune de nos entreprises
et du Québec et de l'Aquitaine, pour des investissements qui, quand on les
compare, pardon de... vous avez interrogé longuement pendant... quand on les compare
aux investissements que font les grandes entreprises comme Google, comme les
GAFA, sont, pardon de le dire, dérisoires.
M. Lacroix (Louis) : Mais ce
que moi, j'avais compris, M. Fitzgibbon, de la nouvelle orientation
d'Investissement Québec, c'était de dire que c'est un fonds en capital de
risque. Là, je comprends que vous êtes dans vraiment ce volet-là de capital de
risque. Mais je ne vois pas, comment dire, le débouché commercial en ce moment.
Vous investissez, autrement dit, de l'argent qui vient du fonds de capital de
risque dans une entreprise qui n'a pas de client pour l'instant.
M. Fitzgibbon : Bien, écoutez,
il faut voir ça...
M. Lacroix (Louis) : ...à M.
Rousset. Quels sont les clients?
M. Rousset (Alain) : Il y a
des clients...
M. Lacroix (Louis) :
Nommez-moi des clients. Quels sont les clients?
M. Rousset (Alain) : Le bois,
tout le système d'exploitation du bois.
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais ils sont qui, les clients? Qui sont les clients?
M. Rousset (Alain) : Mais comment
voulez-vous signer des contrats de clientèle si vous n'avez pas votre machine
en vol?
M. Lacroix (Louis) : Ah bien!
Ça, je suis d'accord avec vous. Mais ce n'est pas de ça dont on parle. Moi, je
parle du fonds de capital de risque d'Investissement Québec.
M. Fitzgibbon : On va revenir
un peu en arrière, O.K.? La chaîne des capitaux, si on investit... On investit
1 milliard l'année prochaine. Je pense qu'il faut avoir une
diversification en investissement. Ce n'est pas vrai de dire qu'Investissement
Québec est une boîte de capital de risque. Sur les argents qu'on va investir, il
y aura peut-être 10 %, 15 % qui vont dans des projets structurants.
On va aider des compagnies qui sont déjà opérantes puis on va aider des
compagnies qui sont déjà très profitables, qu'on veut accélérer le
développement.
Alors, je pense qu'il faut regarder
Investissement Québec comme étant un mécanisme d'investissement dans toute la
chaîne de développement. Et je pense qu'il faut, comme société, investir
prudemment dans des projets structurants qui sont encore à la table à dessin
parce que ces projets-là, si on a un succès avec, le retour qu'on ferait sur
Flying Whales serait démesuré par rapport à d'autres retours. Mais c'est clair
qu'on ne peut pas seulement faire des projets comme ça. On mettrait l'argent du
gouvernement, de la société, à risque. Et puis, je pense, c'est notre devoir...
Puis on va le faire dans quels créneaux?
Dans des créneaux où nous sommes bons. Je pense, dans le domaine... parce que
Flying Whales est venu au Québec pas à cause de l'argent du gouvernement
seulement. Stéphane est venu au Québec parce que... l'intelligence artificielle.
On a des motoristes. On a des gens qui font de l'avionique électronique. Ils
sont venus au Québec parce qu'on a de quoi à offrir aux Français. Alors, ce n'est
pas juste de l'argent qu'ils sont venus chercher.
Moi, je pense que, dans des créneaux où on
a de l'expertise sectorielle, électrification, sciences de la vie,
l'aéronautique, l'agroalimentaire, nous, comme gouvernement, on doit être
agressifs sur des projets structurants. Des projets comme ça, où on n'aurait
aucune expertise, je pense que ce serait juste d'être plus sévère puis dire :
Où on s'en va avec nos skis? Ici, je pense qu'on a un potentiel.
M. Lacroix (Louis) : Mais, M.
Fitzgibbon, c'est parce que je fais référence... Vous avez parlé, la semaine
dernière... On était en mêlée de presse, la semaine dernière, sur GNL Québec,
où vous avez mentionné, entre autres... parce que je vous amenais sur le fait
que GNL Québec n'a pas de client en ce moment. On ne sait pas à qui on va
vendre. Et vous avez dit que c'était une des conditions de votre appui, de
savoir à qui on allait vendre ce gaz-là, finalement, qui va être du gaz de
schiste, vraisemblablement. Alors, je fais un peu le même parallèle en disant :
Mais là, O.K., vous donnez un appui à un projet, mais, dans ce cas-ci, on ne
sait même pas qui sont les clients.
M. Fitzgibbon : Bien, comme
j'ai dit tantôt...
M. Lacroix (Louis) :
Comprenez-vous ce que je veux dire?
M. Fitzgibbon : Je comprends,
mais en même temps il faut voir où on est dans la chaîne. Moi, je pense, les
clients, c'est un potentiel incroyable. Il faut juste comprendre ce que
l'appareil fait. Parce que je reviens encore à nos compétences. On a des gens,
au Québec, je pense qu'ils vont pouvoir s'assurer que le projet fonctionne.
Moi, je pense que tout le monde à qui on parle dans la chaîne de l'aéronautique
est excité de dire : Au moins, on va faire une patente, parce que, jusqu'à
récemment, on fait la patente des autres.
Alors, moi, je pense que, comme société,
on mérite ça. Mais il faut être prudent, je suis d'accord avec vous. On met
20 millions d'euros. Ce n'est pas banal. Si j'avais mis 500,
300 millions, on aurait eu une autre conversation. Je pense qu'il faut
faire des projets comme ça. Il n'y en aura pas à toutes les semaines. Moi,
j'aimerais en avoir une couple par année comme ça dans des secteurs où on est
pertinents. La question est valable, mais je veux rassurer le monde en disant
qu'on ne prendra pas du risque indu dans tous les projets d'Investissement
Québec. Ça ne serait pas approprié parce qu'on gère l'argent de la population.
Ça, je vous l'accorde.
Mme Crête (Mylène) :
J'avais une question sur le risque...
M. Fitzgibbon : Oui, une
dernière question?
Mme Crête (Mylène) :
Une dernière. Mais justement pourquoi est-ce que ce serait ultimement aux Québécois
d'assumer un tel risque?
M. Fitzgibbon : Parce que le
bénéfice est immense. Pensez à si cet appareil-là fonctionne, là. On met
20 millions d'euros. Du 20 millions d'euros, il y a une grande partie
qui revient déjà en recherche et développement. On va avoir un motoriste qui va
travailler sur le modèle hybride. Il va y avoir des brevets qu'on va récolter.
Et je ne parle même pas du bénéfice futur, là. 400 emplois à vendre des
dirigeables, là, je pense, le potentiel, il est énorme dans une grappe
industrielle où on veut attirer du talent. On veut bâtir une expertise
mondiale. Moi, je pense que c'est phénoménal. Mais il faut choisir qu'est-ce
qu'on va faire. Il faut choisir les projets où on va investir comme ça. Puis,
sur les montants qu'on va investir chez Investissement Québec dans les
prochaines années, il faut se limiter à un 10 %, 15 % de projets
risqués comme ça, mais il faut en faire. Moi, je pense que c'est notre devoir
comme société.
Mme Crête (Mylène) :
Puis, si jamais ça ne fonctionne pas comme vous pensez que ça va fonctionner,
qu'est-ce que vous allez dire aux Québécois qui ont de la misère à avoir accès
à un médecin spécialiste? Il y a des écoles qui tombent en décrépitude.
M. Fitzgibbon : Écoutez, on va
en faire 10, projets comme ça, O.K., dans les prochains trois, quatre ans. Il y
en a deux qui ne marcheront pas, c'est clair. Il y en a trois, quatre qui vont
marcher de façon extraordinaire. Net, net, dans le bassin de ce qu'on va
investir, on pense que ça va être positif. Ça va être positif pour
l'investissement, mais aussi pour les répercussions parce que le gouvernement...
Comme j'ai toujours dit, Investissement Québec a deux critères d'évaluation. Il
faut que l'argent qu'on a investi, qu'on le retrouve avec un rendement
intéressant. Mais il faut voir l'impact sur le reste de la société. Et je pense
que, dans ce secteur-là, on mérite d'avoir des projets audacieux.
Mme Crête (Mylène) :
Merci.
M. Fitzgibbon : Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 41)